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Travaux Dirigés Droit des Sociétés, par Mr. Fredis R.

ASJA2

Exercice : Commenter ce présent arrêt


Doc 1- Cass. com. 8 février 2000, 97-19283, Debellis c/ Casafina
LA COUR. - Sur le moyen unique :
Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué (CA Lyon, 12 juin 1997), que M. Debellis,
invoquant l'existence d'une société de fait entre lui-même et M. Casafina, a assigné ce dernier en
paiement d'une certaine somme représentant le solde qu'il estimait devoir lui être dû, suite à la
liquidation de cette société ;
Attendu qu'il reproche à l'arrêt d'avoir décidé qu'il n'avait pas existé de société de fait entre
eux, rejeté sa demande en paiement et fait droit à celle de M. Casafina alors, selon le pourvoi, que
l'existence d'une société créée de fait suppose des apports, un partage des bénéfices et des pertes et
la volonté de s'associer ; qu'après avoir constaté l'existence d'apports en industrie, en ne recherchant
pas si l'apparence d'une comptabilité séparée et de factures de sous-traitance ne cachait pas, en
réalité, un partage de bénéfices et ne montrait pas une volonté de s'associer, la cour d'appel a privé
sa décision de base légale au regard de l'article 1873 du Code civil ;
Mais attendu que l'arrêt retient, par motifs propres et adoptés, que n'est démontrée ni une
volonté de s'associer, ni une volonté de réaliser un partage des bénéfices et que les relations entre
les parties n'ont pas eu pour finalité de réaliser des économies ou de partager des bénéfices ou des
pertes, mais d'organiser au mieux l'exercice indépendant de leur profession ; qu'en l'état de ces
constatations et énonciations, la cour d'appel, qui a procédé à la recherche prétendument omise, a
légalement justifié sa décision ; d'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS. - REJETTE LE POURVOI.

Doc 2- CA Colmar, 9 oct. 2013, no 12/03877


Attendu qu’il résulte des dispositions de l’article 1832 du Code civil que la société entre
plusieurs personnes se caractérise par leur volonté d’affecter à une entreprise commune des biens ou
leur industrie en vue de partager les bénéfices ou de réaliser des économies, et par leur engagement
de contribuer aux pertes ;
Qu’en l’espèce, Mesdames H., H.-S., H.-V. n’ont conclu aucun contrat de société entre elles,
et qu’il convient de déterminer au vu de l’organisation interne du cabinet dans lequel elles ont
exercé, si ces conditions caractérisent une société de fait à savoir l’existence d’apports, une
participation aux bénéfices et aux pertes et un affectio societatis ;
Attendu qu’un contrat de collaboration avait été conclu le 1er décembre 1999 entre Mme H.
et Mesdames H.-S., dont l’objet était de « faciliter l’exercice de la profession d’infirmière libérale
tout en optimisant la continuité et la qualité des oins aux malades dans un climat d’entraide... » ;
Que ce contrat prévoyait que chaque infirmière exercerait sous son nom personnel,
percevrait seule les honoraires afférents aux actes quelle réaliserait, conserverait seule ses charges
sauf les exceptions concernant le local professionnel commun ;
Attendu que s’il est constant que ce contrat a cessé de régir les conditions d’exercice
professionnel de Mme H. et de Mesdames H. S. à compter de l’entrée au sein du cabinet de Mme
H.-V., pour autant il n’est pas établi au vu des circonstances de fait rapportées par les parties, que
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les conditions requises pour la reconnaissance d’une société de fait entre elles soient
cumulativement réunies ;
Attendu qu’il résulte des éléments de preuve produits que chacune des infirmières exerçait
sous son nom personnel, avait son propre numéro de téléphone, percevait directement les honoraires
liés aux actes qu’elle effectuait personnellement et supportait ses charges professionnelles
personnelles ;
Qu’exerçant au sein des mêmes locaux, les trois infirmières ont partagé les charges de loyers
et les dépenses afférentes aux locaux communs ;
Qu’il résulte de l’agenda du cabinet et en particulier du planning des soins des 1er, 3 et 4
novembre 2007 que Mme H. exerçant seule a visité les patients des deux autres infirmières ;
Qu’il résulte également de l’agenda journalier de Mme H. du 8 novembre 2007 rapproché de
la carte routière du département que les visites domiciliaires qu’elle a effectuées alors que Mme H.-
V. était absente se situaient quasi exclusivement dans le secteur Sud de Muntzenheim.
Qu’il résulte également des feuilles de soins de M. O., que lorsque Mme H., proche parente
de ce dernier ne travaillait pas, les soins étaient assurés par Mme H.-S. ou, par Mme H.-V. ;
Que pour le surplus, les agendas et plannings produits par les appelants montrent que les
infirmières ont pu se remplacer auprès de leur patientèle en cas d’absence de l’une ou l’autre selon
des modalités qu’elles ont défini entre elles, mais ne permettent nullement de considérer qu’elles
ont mis en commun leur patientèle pour être répartie par secteur géographique ;
Que le remplacement mutuel d’une infirmière par une autre durant leurs congés respectifs
procède de la nécessité d’assurer la continuité des soins et constitue une obligation déontologique
rappelée par l’article R. 4312-30 du Code de la sécurité sociale ;
Que s’il est constant que l’organisation de leurs remplacements tout comme la mutualisation
des moyens a permis une rationalisation de leur mode d’exercice et la réalisation d’économies, cette
circonstance ne suffit pas à caractériser le partage des bénéfices ni l’intention de contribuer aux
pertes, voire l’affectio societatis ;
Qu’au regard de ces observations, il est sans emport que Mesdames H.-S. et H.-V. aient, à la
suite du décès de Mme H., fait paraître un avis de décès en se présentant comme « infirmières
associées » ou qu’elles aient récupéré les plannings de Mme H. afin d’assurer la continuité des
soins;
Attendu que l’insertion d’une annonce dans la presse invitant les patients suivis par Mme H.
à s’adresser à Mme H.-S. ou à Mme H.-V. ou encore la récupération des agendas et tous documents
de Mme H. à la suite de son décès, procèdent aussi de l’obligation d’assurer la continuité des soins
et ne caractérisent ni une captation de clientèle ni une quelconque faute qu’auraient pu commettre
les intimées ;
Que le jugement déféré doit être confirmé ;
PAR CES MOTIFS : déclare l’appel recevable, au fond le dit mal fondé et le rejette,
confirme le jugement déféré, (…)
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Doc 3 - Cass. civ. 1ère, 12 mai 2004, Bull Joly 2004 n°10, p. 1284
Sur le moyen unique, pris en sa deuxième branche :
Vu l'article 1832 du Code civil ;
Attendu que pour justifier l'existence d'une société créée de fait entre M. X. et Mme Y. et
reconnaître au premier le droit de prétendre à la moitié de la valeur d'une maison et de biens
mobiliers acquis pendant leur concubinage, l'arrêt attaqué relève que Mme Y., qui s'occupait seule
de la gestion du ménage, utilisait pour ce faire soit son propre compte bancaire que M. X. alimentait
régulièrement par le versement de la moitié de son salaire mensuel, soit la procuration dont elle
bénéficiait sur le compte de ce dernier, la situation ainsi créée correspondant à une totale mise en
commun des revenus ; qu'en ce qui concerne l'immeuble litigieux, les concubins en avaient profité
ensemble et avaient réalisé divers travaux à frais communs, jusqu'à ce que M. X. fût invité par sa
compagne à quitter les lieux ; que si ce bien avait été acquis au nom de Mme Y., M. X. s'était porté
caution solidaire des deux prêts souscrits par elle à cette occasion, et qu'elle-même, inapte à
financer personnellement un tel achat, avait effectué les remboursements selon la pratique ménagère
sus-décrite, suivie également pour payer les meubles acquis au cours de la vie commune ;
Qu'en se déterminant ainsi, sans relever aucun élément de nature à démontrer une intention
de s'associer distincte de la mise en commun d'intérêts inhérente à la vie maritale, la cour d'appel n'a
pas donné de base légale à sa décision ;
PAR CES MOTIFS
Et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres branches :
Casse et annule, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 25 septembre 2000, entre les
parties, par la cour d'appel de Douai ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel
d'Amiens.

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