L. OUAZZANI CHAHIDI
La discrétisation est le processus de remplacement d’un problème exact continu régit par une
EDP à un problème approché discret. Après avoir subdivisé le domaine de calcul en un certain
nombre de sous-domaines ou d'éléments (de sorte qu'une hypothèse de profil distincte puisse
être associée à chaque sous-domaine), les équations différentielles gouvernantes sont
remplacées par des équations algébriques simples, qui peuvent être résolue avec une relative
facilité.
Trois grandes familles de méthodes de discrétisation peuvent être utilisées, selon le cas, pour
remplacer les fonctions continues du modèle en leurs équivalents discrets : méthode de
différence finies, méthode de volume finis, méthode des éléments finis.
Méthodes de discrétisation
La méthode des éléments finis consiste à approcher un problème écrit dans un espace de
dimension infinie dans un sous-espace de dimension finie. La solution approchée est dans ce
cas une fonction déterminée par un nombre fini de paramètres (ses valeurs en certains points
ou nœuds du maillage).
Dans le présent cours on s’intéressera aux méthodes de différences finies et volumes finis.
III. Conditions aux limites
Les problèmes aux limites sont souvent des problèmes compliqués, et dont la résolution peut à
chaque fois conduire à des considérations différentes. Il existe plusieurs types de conditions aux
limites permettant de bien poser un problème différentiel :
I. Définition
La méthode des différences finies consiste à remplacer les dérivées partielles par des différences
finies ou combinaisons de valeurs ponctuelles de la fonction en un nombre fini de points discrets
ou nœuds du maillage.
II. Principe
La méthode des différences finies consiste à approximer les dérivées des équations de la
physique au moyen des développements de Taylor et se déduit directement de la définition de
la dérivée.
𝜕𝑓
L'erreur de troncature 𝜊(∆𝑥) tend vers zéro et l'approximation de la dérivée est alors d'ordre
𝜕𝑥
1.
La puissance de ∆𝑥 avec laquelle l'erreur de troncature tend vers zéro est appelée l'ordre de la
méthode.
III. Notation indicielle
𝑓(𝑥) 𝑓(𝑥𝑖 ) 𝑓𝑖
0 𝑖−1 𝑖 𝑖+1 𝐿
…
𝑓𝑖−1 𝑓𝑖 𝑓𝑖+1
𝑦
…
𝑓𝑖,𝑗+1
j+1
j
𝑓𝑖−1,𝑗 𝑓𝑖,𝑗 𝑓𝑖+1,j
j−1
𝑓𝑖,𝑗−1
𝑥
0 𝑖−1 𝑖 𝑖+1 …
𝑛
Considérant le temps, et de façon similaire, dans le cas 2D instationnaire, on notera 𝑓𝑖,𝑗 la valeur
discrète de la grandeur 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑡) au nœud(𝑥𝑖 , 𝑦𝑗 ) et au temps 𝑛∆𝑡. Et dans le cas 3D
𝑛
instationnaire, on notera 𝑓𝑖,𝑗,𝑘 la valeur discrète de la grandeur 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) au nœud (𝑥𝑖 , 𝑦𝑗 , 𝑧𝑘 )
et au temps 𝑛∆𝑡.
Considérons un cas monodimensionnel où l'on souhaite déterminer une grandeur 𝑓(𝑥) sur
l'intervalle [0,1]. La recherche d'une solution discrète de la grandeur 𝑓 amène à constituer un
maillage de l'intervalle de définition. On considère un maillage (ou grille de calcul) composé
de 𝑁 + 1 points 𝑥𝑖 pour 𝑖 = 0, … , 𝑁 régulièrement espacés avec un pas ∆x. Les points 𝑥𝑖 = 𝑖Δ𝑥
Notation : on note 𝑓𝑖 la valeur discrète de 𝑓(𝑥) au point 𝑥𝑖 , soit 𝑓𝑖 = 𝑓(𝑥𝑖 ). De même pour la
𝜕𝑓 𝜕𝑓
dérivée de 𝑓(𝑥) au nœud 𝑥𝑖 , on note (𝜕𝑥 )𝑥=𝑥𝑖 = (𝜕𝑥 )𝑖 = 𝑓𝑖′ . Cette notation s'utilise de façon
1. Approximation à droite
𝜕𝑓 ∆𝑥 2 𝜕 2 𝑓 ∆𝑥 3 𝜕 3 𝑓
𝑓(𝑥 + ∆𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) = 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + ∆𝑥 (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + ⋯
𝜕𝑥 2 𝜕𝑥 2 3! 𝜕𝑥 3
Le schéma aux différences finies d'ordre 1 présenté au-dessus, s'écrit en notation indicielle, est
une approximation à droite :
𝜕𝑓 𝑓𝑖+1 − 𝑓𝑖
( )𝑖 = + 𝜊(∆𝑥)
𝜕𝑥 ∆𝑥
2. Approximation à gauche
On s’intéresse à calculer la première dérivée d'une fonction 𝑓(𝑥) à un certain point 𝑥0 . Il est
possible de construire un autre schéma d'ordre 1, dit approximation à gauche. Si on développe
𝑓(𝑥0 − ∆𝑥) sous la forme d'une série de Taylor en 𝑥0 , on obtient :
𝜕𝑓 ∆𝑥 2 𝜕 2 𝑓 ∆𝑥 3 𝜕 3 𝑓
𝑓(𝑥 − ∆𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) = 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + ∆𝑥 (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) + ⋯
𝜕𝑥 2 𝜕𝑥 2 3! 𝜕𝑥 3
En notation indicielle on a :
𝜕𝑓 𝑓𝑖 − 𝑓𝑖−1
( )𝑖 = + 𝜊(∆𝑥)
𝜕𝑥 ∆𝑥
Des schémas aux différences finies d'ordre supérieur peuvent être construits en manipulant des
développements de Taylor au voisinage de 𝑥𝑖 . On écrit :
𝜕𝑓 ∆𝑥 2 𝜕 2 𝑓
𝑓𝑖+1 = 𝑓(𝑥𝑖 + ∆𝑥) = 𝑓𝑖 + ∆𝑥( ) + ( 2 ) + 𝜊(∆𝑥2 )
𝜕𝑥 𝑖 2 𝜕𝑥 𝑖
𝜕𝑓 ∆𝑥 2 𝜕 2 𝑓
𝑓𝑖−1 = 𝑓(𝑥𝑖 − ∆𝑥) = 𝑓𝑖 − ∆𝑥( ) + ( ) + 𝜊(∆𝑥2 )
𝜕𝑥 𝑖 2 𝜕𝑥 2 𝑖
𝜕𝑓
La soustraction de ces deux relations donne : 𝑓𝑖+1 − 𝑓𝑖−1 = 2∆𝑥(𝜕𝑥) + 𝜊(∆𝑥2 )
Ce qui permet d'obtenir le schéma d'ordre deux dit "centré" pour approximer la dérivée première
de 𝑓 :
𝜕𝑓 𝑓 − 𝑓𝑖−1
( )𝑖 = 𝑖+1 + 𝜊(∆𝑥 2 )
𝜕𝑥 2∆𝑥
Pour obtenir des ordres supérieurs, il faut utiliser plusieurs nœuds voisins de 𝑥𝑖 . Le nombre de
points nécessaire à l'écriture du schéma s'appelle le stencil. Par exemple, un schéma aux
différences finies d'ordre 3 pour la dérivée première s'écrit :
𝜕𝑓 −𝑓 + 6𝑓𝑖+1 − 3𝑓𝑖 − 2𝑓𝑖−1
( )𝑖 = 𝑖+2 + 𝜊(∆𝑥 3 )
𝜕𝑥 6∆𝑥
Le principe est identique et repose sur les développements de Taylor au voisinage de 𝑥𝑖 . Par
exemple pour construire un schéma d'approximation de la dérivée seconde de 𝑓, on écrit :
𝜕𝑓 ∆𝑥 2 𝜕 2 𝑓 ∆𝑥 3 𝜕 3 𝑓
𝑓𝑖+1 = 𝑓(𝑥𝑖 + ∆𝑥) = 𝑓𝑖 + ∆𝑥( ) + ( 2) + ( 3 ) + 𝜊(∆𝑥3 )
𝜕𝑥 𝑖 2 𝜕𝑥 𝑖 3! 𝜕𝑥 𝑖
𝜕𝑓 ∆𝑥 2 𝜕 2 𝑓 ∆𝑥 3 𝜕 3 𝑓
𝑓𝑖−1 = 𝑓(𝑥𝑖 − ∆𝑥) = 𝑓𝑖 − ∆𝑥( ) + ( 2) − ( ) + 𝜊(∆𝑥3 )
𝜕𝑥 𝑖 2 𝜕𝑥 𝑖 3! 𝜕𝑥 3 𝑖
𝜕2 𝑓
En faisant la somme de ces deux égalités, on aboutit à 𝑓𝑖+1 + 𝑓𝑖−1 = 2𝑓𝑖 + ∆𝑥 2 (𝜕𝑥2 ) + 𝜊(∆𝑥3 )
𝑖
Ce qui permet d'obtenir le schéma d'ordre deux dit "centré" pour approximer la dérivée
seconde de 𝑓.
Il est également possible de construire, par le même procédé, des schémas aux différences finies
d'ordre supérieur pour les dérivées deuxième, troisième, etc...
𝜕2 𝑓
Déterminons une approximation de la dérivée croisée 𝜕𝑥𝜕𝑦 de la fonction de 2 variables 𝑓(𝑥, 𝑦).
La discrétisation du domaine de calcul est bidimensionnelle et fait intervenir deux pas d'espace
supposés constants ∆𝑥 et ∆𝑦 dans les directions 𝑥 et 𝑦.
𝜕𝑓 𝜕𝑓 (∆𝑥)2 𝜕2 𝑓 (∆𝑦)2 𝜕2 𝑓 𝜕2 𝑓
𝑓𝑖−1,𝑗−1 = 𝑓𝑖𝑗 − ∆𝑥 (𝜕𝑥) − ∆𝑦(𝜕𝑦) + ( 2
) + ( 2
) + ∆𝑥∆𝑦( ) (2)
𝑖 2 𝜕𝑥 𝑖 2 𝜕𝑦 𝜕𝑥𝜕𝑦
𝑗 𝑗 𝑖𝑗
𝜕𝑓 𝜕𝑓 (∆𝑥)2 𝜕2 𝑓 (∆𝑦)2 𝜕2 𝑓 𝜕2 𝑓
𝑓𝑖+1,𝑗−1 = 𝑓𝑖𝑗 + ∆𝑥 (𝜕𝑥) − ∆𝑦 (𝜕𝑦) + (𝜕𝑥2 ) + (𝜕𝑦2) − ∆𝑥∆𝑦(𝜕𝑥𝜕𝑦) (3)
𝑖 2 𝑖 2
𝑗 𝑗 𝑖𝑗
𝜕𝑓 𝜕𝑓 (∆𝑥)2 𝜕2 𝑓 (∆𝑦)2 𝜕2 𝑓 𝜕2 𝑓
𝑓𝑖−1,𝑗+1 = 𝑓𝑖𝑗 − ∆𝑥 (𝜕𝑥) + ∆𝑦 (𝜕𝑦) + (𝜕𝑥2 ) + (𝜕𝑦2) − ∆𝑥∆𝑦(𝜕𝑥𝜕𝑦) (4)
𝑖 2 𝑖 2
𝑗 𝑗 𝑖𝑗
En effectuant une combinaison linéaire des quatre équations précédentes ((1) + (2) − (3) − (4)),
nous obtenons une approximation de la dérivée croisée :