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Le tiers moyen de la face correspond à la portion située au-dessus des arcades dentaires supérieures et
au-dessous de la ligne passant par les rebords orbitaires supérieurs et la jonction nasofrontale. Les reliefs
qui la constituent (os nasal, os zygomatique) encadrent des zones de fragilité (orbite, cavités sinusiennes
maxillaires). Les lésions traumatiques du tiers moyen sont le plus souvent le fait d’accidents de la voie
publique ou d’agressions. Elles peuvent être complexes, et intéresser ou non l’articulé dentaire. Elles
peuvent compromettre les grandes fonctions oculaires, respiratoires, olfactives du fait des lésions
associées. Les procédés de réparations font appel le plus souvent à des ostéosynthèses. L’usage de
microplaques est devenu prépondérant.
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2 Oto-rhino-laryngologie
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Les signes cardiovasculaires de détresse vitale sont : le L’interrogatoire du blessé recherche enfin les doléances :
collapsus cardiovasculaire défini par une tension artérielle • la douleur, notamment son siège et son irradiation qui ont
systolique inférieure ou égale à 80 mmHg (pouvant être un état une valeur d’orientation ;
de choc si la tension ne remonte pas au remplissage et pouvant • l’impotence fonctionnelle : ophtalmologique et oto-rhino-
avoir des répercussions sur les organes hypoperfusés tels que le laryngologique (ORL) ;
cerveau, le rein, le foie, le cœur), la tachycardie (supérieure à • un éventuel déficit sensitif et/ou moteur associé.
90 battements par minute), voire la bradycardie (inférieure à
50 battements par minute) au stade précédent l’arrêt Examen clinique
cardiocirculatoire.
Un patient, surtout s’il est polytraumatisé, présentant au Examen ORL [1, 7, 8]
moins deux signes de détresse vitale doit faire réaliser des gestes
d’urgence visant à stabiliser son état avant de poursuivre le L’examen local recherche, en inspectant et en palpant, les
bilan facial spécialisé. déformations évocatrices de fractures visibles au stade initial
mais qui sont rapidement masquées par l’œdème. L’examen
doit être réalisé le plus précocement possible de façon bilatérale
Gestes d’urgence et symétrique. Il examine la face et ses confins crânioencépha-
La liberté des voies aériennes doit être assurée en toutes liques et cervicofaciaux.
circonstances. Caillots sanguins, dents et autres corps étrangers
Examen maxillofacial (Fig. 2) [9]
sont retirés au doigt et à l’aspiration de la cavité buccale et de
l’oropharynx. Si le patient est inconscient, une canule de Examen exobuccal.
Guedel est mise en place et le patient est mis en position Inspection. Elle se fait de face, de profil, en vue plongeante
latérale de sécurité en respectant bien l’axe tête-cou-tronc afin (l’examinateur se plaçant en arrière) et à jour frisant, étage par
de ne pas aggraver une potentielle lésion du rachis (les patients étage : tiers supérieur, tiers moyen, tiers inférieur dans un plan
blessés au thorax sont quant à eux mis en position demi- horizontal ; tiers médian et tiers latéraux dans un plan vertical,
assise). Des obstructions majeures des voies aériennes se au repos et lors de la mimique. Elle permet de préciser :
rencontrent dans les fractures complexes des maxillaires • l’état des téguments à la recherche de plaies, de morsures, de
supérieurs ou de la mandibule, en particulier dans les fractures contusions, d’ecchymoses ou hématomes en précisant leur
de Le Fort avec enfoncement du massif facial et dans les siège ;
fractures bi-para-symphysaires de la mandibule avec glossoptose. • les déformations du massif facial et le point d’impact souvent
Dans ces cas, la mise en place d’un fil de traction lingual rapidement masqués par l’œdème, à type d’asymétrie, de
permet de surseoir à la trachéotomie. En cas d’échec de ces déviation de l’axe médian, d’enfoncement, ou bien au
manœuvres et en extrême urgence, une trachéotomie ou deux contraire de saillie d’un fragment osseux sous la peau orien-
cathéters de bons calibres perforant la membrane inter-crico- tant vers une fracture sous-jacente ;
thyroïdienne peuvent permettre de sauver le blessé. • les écoulements de sang, salive ou de liquide cérébrospinal
Une oxygénothérapie au masque à haute concentration est par les orifices naturels ou par une plaie ;
installée. • les plaies, dont on note le siège, la taille et la direction. En
Les hémorragies sont contrôlées à l’aide de pansements effet, certaines localisations ont valeur d’orientation : le nerf
compressifs, voire d’une pince bipolaire si disponible. Une facial et ses branches de division pour les régions géniennes
épistaxis peut nécessiter un tamponnement antérieur et/ou et parotidiennes, à savoir les branches temporofaciale et
cervicofaciale et leurs rameaux, le canal de Sténon pour les
postérieur.
plaies jugales et les voies lacrymales pour les plaies du tiers
Une, voire deux voies veineuses périphériques de bons
interne des paupières et de la région canthale interne. Il faut
calibres sont installées et solidement fixées. Elles permettent de
rappeler que toute plaie de la joue coupant la ligne tragus-
débuter le remplissage (par un soluté cristalloïde, voire un
aile du nez impose une exploration et une réparation chirur-
colloïde en cas de collapsus cardiovasculaire), de réaliser une
gicale immédiate, compte tenu des risques encourus pour le
analgésie par paracétamol et éventuellement titrage de mor-
nerf facial, tout comme pour le canal salivaire, source
phine, et de démarrer une antibioprophylaxie s’il y a lieu
d’infection, de fistules et d’orostomes. On examine attentive-
(tamponnement nasal en place, suspicion de brèche cérébrospi-
ment les bords libres et les lignes de jonction cutanéomu-
nale, auquel cas on réalise également une vaccination
queuses afin de déceler tout décalage disgracieux sur le plan
antipneumococcique). cosmétique, mais également afin de préserver la fonction par
Les plaies sont également lavées au sérum physiologique et une réparation chirurgicale adaptée : rôle de protection
désinfectées par un antiseptique local puis protégées par un cornéenne pour les paupières supérieures, perméabilité nasale
pansement stérile en attendant d’être suturées. et rôle essentiel des lèvres dans la continence salivaire. La
Un rappel du vaccin antitétanique est effectué si nécessaire. description des plaies doit également préciser :
C leur nombre, unique ou multiple en cas de polycriblage,
Interrogatoire [1, 7] C la profondeur : superficielle à type de dermabrasion, ou
profonde pouvant réaliser de vastes délabrements avec des
L’interrogatoire du patient, parfois difficile, voire impossible
os exposés, en particulier dans les traumatismes par armes
selon son état, doit être complété par les informations fournies
à feu ou lors des chutes d’un lieu élevé,
par l’entourage, la famille du blessé, les témoins et les premiers
intervenants de la chaîne des secours, notamment les données C l’existence ou non d’une perte de substance cutanée,
recueillies par les services d’urgence sur les fiches de transport muqueuse ou musculaire avec des berges régulières ou
et d’évacuation (Service médical d’urgence régional ou sapeurs contuses, voire déchiquetées en cas d’arrachements trau-
pompiers). matiques partiels ou complets,
Il fournit de précieux renseignements : C le degré de souillure : toute plaie est par définition conta-
• âge du blessé ; minée par les projectiles, débris telluriques, vestimentaires,
• horaire, lieu et circonstances de l’accident ; goudron et corps étrangers. Ceux-ci peuvent être à l’origine
• heure du dernier repas ; de complications précoces septiques ou tardives par
• notion de perte de connaissance immédiate ou retardée tatouage. Par ailleurs, la contamination peut également
(dépistage d’un hématome extradural) ; provenir directement de la cavité buccale lorsqu’elle
• antécédents et traitements habituels du patient ainsi que son communique avec la plaie ;
statut vaccinal (tétanos) ; • la fonction des muscles orbiculaire de l’œil et orbiculaire de
• premiers gestes effectués par l’équipe de secours qui a ramassé la bouche est ainsi systématiquement testée lors de l’examen
le blessé. afin de rechercher toute rupture partielle ou complète ;
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A B
C D
• l’étude de la motricité faciale avec contrôle de l’intégrité de Palpation. Elle doit être douce, bilatérale et symétrique, avec
la septième paire crânienne complète l’inspection par l’exa- les deux mains réchauffées, protégées par des gants en cas de
men de la mimique. On demande au patient de : plaie, en utilisant les pulpes du pouce et de l’index.
C froncer et relever les sourcils : muscles sourcilier et frontal, La palpation s’effectue par exemple de haut en bas en
C fermer les yeux : muscle orbiculaire des paupières, palpant les reliefs osseux du front, des cadres orbitaires, de la
C souffler : muscle buccinateur, pyramide nasale, des os zygomatiques, du maxillaire et de la
C siffler : muscle orbiculaire des lèvres, mandibule.
C sourire : muscles petit et grand zygomatiques. Elle permet de rechercher :
La paralysie faciale périphérique post-traumatique par • la présence des reliefs osseux normaux, masqués par l’œdème
dépressible ;
atteinte du tronc du facial en cas de plaie jugale ou
• un point douloureux électif, un décalage, un enfoncement ou
parotidienne, ou de fracture du rocher, entraîne ainsi une
une mobilité anormale, témoins d’une fracture sous-jacente ;
disparition de la motricité de toute une hémiface avec :
• des manœuvres dynamiques spécifiques :
C signe de Charles Bell : à la fermeture des paupières, l’œil
C palpation des condyles en avant du méat auditif externe
ascensionne en haut et en dehors du côté paralysé,
lors des mouvements d’ouverture-fermeture de la bouche et
C effacement des rides et du sillon nasogénien,
de propulsion-diduction pour vérifier l’absence de douleurs
C inocclusion palpébrale, source d’ulcérations cornéennes et
et la persistance de la mobilité condylienne,
de complications oculaires,
C recherche d’une mobilité des os propres du nez : le front
C signe du peaucier du cou : la bouche est attirée du côté
étant immobilisé par la paume d’une main, l’examinateur
sain avec contraction du muscle peaucier du cou lors de
tente de déplacer la pyramide nasale dans le sens transver-
l’abaissement de la lèvre supérieure.
sal à l’aide du pouce et de l’index de l’autre main,
Parfois, la plaie du nerf facial se situe en aval du tronc et
C recherche d’une douleur provoquée à distance du point
on peut alors avoir une paralysie incomplète par atteinte
d’appui orientant vers une fracture localisée à ce niveau :
de la branche cervicofaciale ou de la branche temporofron-
fracture de l’angle mandibulaire avec douleur provoquée
tale, voire plus loin encore sur l’une de leur ramification ;
lors de la pression antéropostérieure sur le menton, fracture
• la rhinoscopie antérieure peut montrer une luxation septale
ou un hématome de cloison. de la symphyse mandibulaire avec douleur provoquée lors
de la pression transversale sur les angles mandibulaires ;
Concernant les brûlures de la face d’origine thermique,
électrique, chimique ou par irradiations, on précise les facteurs • un emphysème sous-cutané, en particulier orbitaire, orientant
de gravité : localisation, surface et profondeur. Elles mettent en vers une fracture du plancher de l’orbite (communication
jeu le pronostic vital à court terme par l’œdème des voies orbitonasale). Le patient doit être informé sur la nécessité
aérodigestives supérieures souvent associé à une inhalation de d’éviter tout mouchage ;
produits toxiques altérant la physiologie de l’arbre bronchopul- • des zones d’hypoesthésie ou d’anesthésie dans les territoires
monaire, mais également le pronostic fonctionnel et esthétique cutanés des branches de division du nerf trijumeau (V) :
à moyen et long termes par leurs lourdes séquelles. région labiomentonnière innervée par le nerf alvéolaire
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inférieur (V3), territoire sous-orbitaire et hémilèvre supérieure Otoscopie. Devant une otorragie, les conduits auditifs
pour le nerf infraorbitaire (V2) et région suprasourcilière pour doivent être nettoyés. Le sang que l’on retrouve dans le méat
le nerf supraorbitaire (V1). auditif externe (MAE) peut provenir d’une blessure superficielle,
Examen endobuccal. mais il faut surtout savoir reconnaître une hémorragie liée à une
Articulé dentaire. Il s’examine bouche fermée et lèvres écartées. fracture du rocher ou de l’os tympanal.
En théorie, le rayon de courbure du maxillaire supérieur est En cas de fracture du rocher, la présence de sang dans la
plus important que celui de la mandibule. Les points interinci- caisse rend le tympan bleuté et bombant. On observe parfois, à
sifs supérieur et inférieur sont alignés dans le plan vertical et travers une perforation, l’écoulement de liquide cérébrospinal
l’axe de la canine supérieure passe en arrière de celui de la plus ou moins mêlé de sang.
canine inférieure. Les troubles de l’articulé dentaire post- Examen ophtalmologique. L’examen initial est réalisé, si
traumatiques, témoins d’une fracture sous-jacente, doivent être possible, par un ophtalmologiste. Les réflexes pupillaires directs
analysés dans les trois plans de l’espace. Ils orientent vers un et consensuels et les réflexes d’accommodation sont ensuite
foyer de fracture avec déplacement : transversal avec décalage, évalués.
vertical avec béance, ou contact prématuré et antéropostérieur Les ecchymoses et l’œdème apparaissent très vite après le
avec aspect de faux prognathisme mandibulaire. traumatisme. Il faut alors écarter doucement les paupières pour
Examen bouche ouverte. À l’inspection, on note : observer l’œil.
• l’étude de la cinétique mandibulaire : mobilité spontanée, Dans tous les cas, le praticien doit s’assurer de la conservation
ouverture-fermeture, propulsion-rétropulsion, diduction droite d’une acuité visuelle et de la perception lumineuse. La diminu-
et gauche ; tion de l’acuité visuelle signe une compression intraorbitaire
• l’amplitude de l’ouverture buccale : normale lorsqu’elle (par l’œdème et/ou l’hématome) réalisant un véritable syn-
mesure environ deux travers de doigt du blessé ; drome de loge avec souffrance du nerf optique (dont la
• l’état des muqueuses : la présence d’ecchymoses, d’hémato- mydriase associée est souvent le reflet). La décompression du
mes, de plaies muqueuses ou de morsures ; nerf optique par libération de la périorbite (en effondrant le
• l’état dentaire : fracture coronaire, luxation, avulsion, carie, plancher de l’orbite) doit être réalisée sans délai (il s’agit d’une
prothèse éventuelle, etc. L’intégrité, la mobilité ainsi que la urgence thérapeutique).
vitalité de chaque dent doivent être systématiquement Si l’état palpébral le permet, la statique du globe oculaire est
recherchées et notées lors du certificat médical initial, étudiée, en recherchant une position anormale dans le sens
notamment pour faciliter la réparation du dommage corporel vertical (abaissement), horizontal (double déplacement vertical
subi et l’indemnisation de la victime. et horizontal), et antéropostérieur (énophtalmie ou
La palpation endobuccale complète l’examen. Elle retrouve exophtalmie).
une douleur exquise localisée en regard d’un foyer de fracture, L’exophtalmie, liée à un œdème ou à un hématome intraor-
ainsi qu’un déplacement avec articulé déformé en cas de bitaire, disparaît le plus souvent dans les jours qui suivent le
fracture alvéolodentaire. Les mobilités anormales mandibulaires, traumatisme. En l’absence de modification de l’acuité visuelle,
maxillo- et craniofaciale sont testées : elle ne constitue pas une urgence thérapeutique.
• recherche d’une fracture de la mandibule en tenant chaque L’énophtalmie fait d’emblée évoquer un effondrement du
hémimandibule entre pouce et index en leur imposant des plancher de l’orbite. Elle est souvent difficile à évaluer au stade
mouvements prudents en sens inverse dans le plan vertical ; initial lorsque les paupières sont gonflées par l’œdème. Il faut
• d’une disjonction craniofaciale avec mobilité anormale du alors juger le niveau pupillaire en se plaçant à la tête du malade
maxillaire supérieur dans le sens transversal, vertical et/ou et en lui relevant délicatement les paupières supérieures. Cette
antéropostérieur ; le front immobilisé par la paume d’une énophtalmie est souvent plus facile à juger une fois l’œdème
main, le pouce et l’index, l’examinateur recherche une initial résorbé mais si elle n’existe pas d’emblée à l’examen (s’il
mobilité antéropostérieure, verticale ou transversale des est bien conduit), elle n’apparaît pas dans un deuxième temps.
structures osseuses de l’étage moyen de la base du crâne en Elle est surtout le fait des fractures du plancher antérieur et/ou
maintenant l’arcade dentaire supérieure entre pouce et index. avec perte de substance importante.
Certaines anomalies sont caractéristiques : La difficulté consiste alors à dissocier un trouble de la motilité
• une béance incisive par contact molaire prématuré, associée oculaire lié à l’œdème ou à l’hématome d’un blocage musculo-
à un recul de l’arcade supérieure évoque une fracture occlu- aponévrotique ou d’une atteinte neurogène. L’étude de la
sofaciale de type Le Fort ; dynamique oculaire se fait dans les neuf positions du regard.
• un diastasis incisif supérieur évoque une disjonction inter- Elle est perturbée du côté atteint.
maxillaire ; Trois aspects cliniques sont décrits dans les fractures du
• le décalage du bord occlusal d’une arcade évoque une fracture plancher orbitaire :
partielle ou totale du maxillaire ipsilatéral. • la limitation de l’élévation du regard du côté atteint ; le globe
La mobilité du bloc incisif supérieur par rapport au reste du peut être dévié vers le bas ;
crâne caractérise la disjonction craniofaciale, et permet de • la limitation de l’abaissement du regard du côté atteint ;
classer le niveau de la fracture occlusofaciale : l’élévation reste possible. Ce cas est plus rare et traduirait des
• Le Fort I : arcade supérieure mobile ; stabilité des régions lésions plus postérieures du plancher ;
nasale et frontozygomatique ; • la limitation simultanée de l’abaissement et de l’élévation ; les
• Le Fort II : arcade supérieure mobile ; région nasale mobile et lésions parfois cicatricielles se situent près du sommet du
région frontozygomatique immobile ; cône musculaire.
• Le Fort III : arcade supérieure mobile ; mobilité des régions L’étude de la diplopie peut se faire par un examen au doigt
nasale et frontozygomatique. complété par un test de Hess-Lancaster et la mesure du champ
Prise de photographies. Pré- et postopératoires avec plusieurs de fusion binoculaire.
incidences et si possible toujours les mêmes (de face, de profil, L’existence d’une limitation des mouvements verticaux (haut
en vue plongeante, de trois quarts et bouche ouverte), elles et bas) avec diplopie dans ces directions mais surtout l’élévation
complètent habilement l’examen clinique et fournissent des douloureuse du globe oculaire doivent faire suspecter une
données de référence utiles pour la prise en charge ultérieure. Il incarcération du muscle droit inférieur qui constitue une
en est de même de la confection de modèles d’étude des arcades urgence diagnostique et thérapeutique.
dentaires en plâtre ou moulages réalisés chaque fois que
nécessaire.
Examen général
Recherche de lésions associées de l’extrémité céphalique
Il complète l’examen facial afin de ne pas méconnaître une
Examen du scalp. Il est effectué à la recherche d’une plaie, lésion associée cranioencéphalique, rachidienne, viscérale,
dont la suture rapide diminue la spoliation sanguine. thoracique ou squelettique.
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A B C
Figure 3.
A. Le Fort I. Représentation schématique sur une reconstruction 3D tomodensitométrique des traits de fracture réalisant une fracture de Le Fort I.
B. Le Fort II. Représentation schématique sur une reconstruction 3D tomodensitométrique des traits de fracture réalisant une fracture de Le Fort II.
C. Le Fort III. Représentation schématique sur une reconstruction 3D tomodensitométrique des traits de fracture réalisant une fracture de Le Fort III.
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C
Figure 18. Canthopexie.
A. Incisions.
B, C. Principe de la canthopexie.
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Brèches ostéoméningées [25, 27, 37, 38] • greffons osseux : pour réparer une pseudarthrose ou un cal
Elles nécessitent parfois l’aide du neurochirurgien. Parfois, vicieux ;
une voie d’abord endonasale peut suffire. Après avoir mis en • lambeaux libres ostéomusculaires ou ostéomyocutanés : pour
évidence et lissé les parois osseuses autour du defect, un reconstruire des pertes de substance ;
lambeau de muqueuse de cornet inférieur, par exemple, est collé • ostéotomies réparatrices (zygomatiques, nasale, de Le Fort,
(par biocolle) au toit de l’ethmoïde. Si le defect est très impor- mandibulaires, etc.).
tant, une tente de fascia lata placée en endocrânien peut Mais ces techniques sont difficiles et leur résultat est aléatoire,
permettre une reconstruction satisfaisante avec complément de d’où l’importance d’une prise en charge initiale optimale.
colmatage par de la muqueuse de cornet inférieur et/ou de
cartilage. Ce type de réparation plus importante peut alors
nécessiter une voie d’abord coronale et l’aide du neurochirur-
■ Conséquences médicolégales
gien. La voie coronale permet la réalisation d’un volet frontal. L’impact socioprofessionnel et psychologique est souvent
Le volet frontal est généralement médian et ouvre le sinus sous-évalué dans ce type de traumatisme. Le certificat initial et
frontal. Il peut utiliser le trait de fracture supérieur du bandeau l’incapacité temporaire de travail (ITT) prennent ici toute leur
fronto-orbitaire. Ce volet peut rarement être latéral pour mieux importance pour la reconnaissance du préjudice subi et la prise
aborder les fractures orbitoptérioniques intéressant la portion en charge ultérieure d’éventuelles séquelles. Il doit être clair et
externe de l’os frontal, la grande aile du sphénoïde ou la région absolument complet, notamment en ce qui concerne la descrip-
maxillozygomatique. L’exploration méningée est la plupart du tion de l’état dentaire.
temps extradurale, avec section des filets du nerf olfactif, et .
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Y. Pons, Assistant.
Service d’ORL-chirurgie cervicofaciale, Hôpital d’instruction des Armées Percy, 92141 Clamart, France.
E. Ukkola-Pons, Interne.
Service d’imagerie médicale, Hôpital d’instruction des Armées Percy, 101, avenue Henri-Barbusse, BP 406, 92141 Clamart cedex, France.
M. Raynal, Spécialiste.
P. Lepage, Spécialiste.
I. Hunkemöller, Assistante.
M. Kossowski, Professeur agrégé (michel.kossowski@santarm.fr).
Service d’ORL-chirurgie cervicofaciale, Hôpital d’instruction des Armées Percy, 92141 Clamart, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Pons Y., Ukkola-Pons E., Raynal M., Lepage P., Hunkemöller I., Kossowski M. Traumatismes du tiers moyen
de la face. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Oto-rhino-laryngologie, 20-480-A-10, 2011.
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