Dans cette deuxième partie, notre réflexion sera basée sur l'inadaptation numérique(A) et
l'inadaptation aux comportements des opérateurs (B) de l'ARPCE.
A- L'inadaptation numérique
Dans le domaine du numérique, la tentation est très forte de constater que malgré les missions bien
definies de l'ARPCE, il existe des vrai difficultés dans le domaine qui constituent des freins au
développement du secteur.
Si la qualité des services s’améliore, bien que la faible qualité des réseaux et le coût élevé des
connexions Internet soient souvent décriés, il reste de nombreux freins au développement du secteur
du numérique. Malgré les efforts déployés ces dernières années, le pays souffre ainsi de la connectivité
Internet la plus faible de la région. Selon l’Union internationale des télécommunications, en 2018, seuls
9,7 % des Congolais avaient un accès quotidien à Internet, reléguant le Congo au 174ème rang.
De nombreux obstacles demeurent afin de parvenir à disposer d’une infrastructure technologique qui
supporte Internet et notamment la fourniture de services électriques qui reste un point noir dans le
développement du numérique. L’absence de statistiques fiables, qui permettraient d’affiner la
connaissance des habitudes et usages des consommateurs et ainsi faciliter le développement de
solutions numériques adaptées, représente également un frein important au développement du
secteur.
Il faut aussi ajouter que l'ARPCE est confrontrée a un écosystème encore peu développé. En effet,
quelques entreprises ont réussi à se faire une place dans l’économie numérique, en particulier dans le
domaine de la fourniture de services aux entreprises, mais l’écosystème demeure relativement fragile et
de nombreuses petites entreprises peinent encore à exister en l’absence de débouchés ou de
dynamique d’ensemble. De fait, L’État disposer donc d’un espace pour aider les entreprises à grandir.
Il existe quelques incubateurs privés parmi lesquels l’association Bantuhub et l’association Yékolab
lancées en 2015 à Brazzaville et en 2017 à Pointe-Noire par un entrepreneur franco-congolais. Yékolab a
déjà formé gratuitement des centaines de jeunes Congolais au développement d’applications mobiles et
de logiciels. Par ailleurs, Total a créé fin 2019 un incubateur à Pointe-Noire. Situé en plein cœur du
centre-ville, Total Startup Center est un espace collaboratif offrant un accompagnement personnalisé
aux porteurs de projets.Dans ce contexte, un certain nombre d’initiatives comme le Salon International
des technologies de l’information et de l’innovation (Osiane) organisé par l’association Pratic avec le
soutien de l’ARPCE, méritent d’être soulignées. La 4ème édition, organisée du 16 au 18 avril 2019, a
accueilli une soixantaine d’entreprises, dont 40 entreprises exposantes et près de 6 000 visiteurs.
L’association Pratic est également à l’initiative du forum Brazza Fintech qui organise des conférences
débats autour de la technologie financière.
Le manque de compétences est un vrai sujet, le secteur du numérique au Congo ne pouvant encore
s’appuyer sur le capital humain nécessaire pour développer ou conforter son écosystème. Il existe peu
de structures de formation au numérique et la plupart n’offrent que des formations générales.
L’ouverture en octobre 2016 de la « Grande école du numérique du Congo » concoure néanmoins à
élargir l’offre de formation dans ce secteur. Cette école a l’ambition de former chaque année de
nombreux jeunes aux métiers du web et du numérique.
Un incubateur universitaire sur les métiers du numérique dénommé PUITS (Programme universitaire
d’innovation en technologies et services) a aussi été mis en place par l’ARPCE en mai 2018, en
partenariat avec la Banque mondiale dans le but de développer ce secteur.
En premier lieu, force est de noter la mutation des opérateurs AIRTEL et MTN, qui ont instituant mobile
money et airtel money sont devenus non seulement les opérateurs de téléphonie mobile, mais aussi de
transaction financière électronique. À ce propos, on se pose la question de savoir si la régulation de
mobile money et airtel money dépendra de l'ARPCE ou L'ARTEF.
La seconde epine dorsale est celle de l'identification des cartes sim. En effet, l'agence de Régulation des
Postes et des communications Electroniques ( ARPCE) a interpellé le 26 Juillet 2021, les opérateurs de
téléphonie mobile exerçant au Congo à savoir MTN et Airtel, suite à une enquête sur l’identification des
abonnés de la téléphonie mobile réalisée du 18 mai au 30 juin 2021 dans les villes de Brazzaville, Pointe-
Noire, Dolisie et Ouesso.Il ressort d’après cette enquête qu’à Brazzaville, localité où le taux
d’identification est le plus élevé, 70% des cartes sont bien identifiées et 30% malheureusement ne le
sont pas dans les normes requises. La grande surprise est du côté de Pointe-Noire et Dolisie où sur 100%
des cartes Sim achetées, aucune n'a fait l'objet d’une identification. Dans le même sens on notera le fait
des agents de MTN Airtel qui sur le terrain procèdent à l'identification de plusieurs numéros par une
seule pièce d'identité mais aussi le fait de vendre les cartes sims déjà identifiées Ce qui constituent des
défaillances de l'ARPCE.
Cependant, les conséquences liées à une mauvaise identification deviennent de plus en plus complexes.
Plusieurs cartes SIM mal identifiées et non identifiées se retrouvent de plus en plus impliquées dans des
activités répréhensibles, notamment des escroqueries par Mobile Money. Ainsi, force est de constater
l’augmentation du nombre de cas d’arnaque lié aux transactions financières mobile money. En effet,
depuis plusieurs mois à Brazzaville, Pointe-Noire et dans d'autres villes du pays, un phénomène
d’escroquerie est observé dans les kiosques Mtn mobile money, usurpés par des personnes
malveillantes. La population victime de vol et par conséquent, appelle la société de téléphonie mobile
et les autorités concernées à mettre en place des mécanismes pour stopper cette mauvaise pratique. . «
Qu’il s’agisse du processus d’identification ou du système de reprogrammation, des solutions doivent
être apportées afin d’éradiquer l’arnaque et remettre les clients en confiance » a lancé Mme Minette
LIBOM LI LIKENG Ministre des postes et télécommunications du Cameroun , qui a appelé les parties
prenantes à plus de réflexions afin de contourner la malice des arnaqueurs.
Notons que dans l’optique de veiller à ce que toutes les sims soient identifiées, l’ARPCE organise
régulièrement des enquêtes sur le terrain et des réunions de restitution avec les opérateurs de
téléphonies mobiles.
Par ailleurs, on peut aussi soulever la question de la qualité de service fourni par les opérateurs. En effet,
S’il est vrai que le réseau n’est pas dégradé comme il y a quelques années, il présente néanmoins
quelques ennuis au moment où, par exemple, l’on forme l’appel avec des secondes de latence en trop,
des coupures ou perte de réseau pendant la communication.
Le rapport révèle aussi un niveau de couverture critique avec plusieurs zones blanches, c’est-à-dire des
territoires entiers qui ne sont pas desservis par un réseau de téléphonie mobile ou par Internet,
s’étalant sur des kilomètres le long des deux routes nationales ainsi que dans le mayombe. Une
anomalie grave à l’origine quelquefois des pertes de vie lors d’accidents sur ces routes, les réseaux
téléphoniques n’étant pas disponibles pour pallier l’urgence. Il existe de ce fait des localités qui sont pas
entièrement connectées aux réseaux mobiles, à l’instar de Bouaniela dans le département de la
Likouala, ville de plus de 7000 habitants.