Chapitre IV
PRESCRIPTION
Art. 16 Les obligations nées à l'occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre commerçants et
[anc. art. non-commerçants, se prescrivent par cinq ans si elles ne sont pas soumises à des prescriptions plus
18 mod.] courtes.
Cette prescription extinctive est soumise à la loi régissant le droit qu'elle affecte.
JURISPRUDENCE OHADA
I. Obligations concernées
D. Actes mixtes
C'est par une mauvaise interprétation de l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG, dont les dispositions
sont péremptoires, qu'une cour d'appel a décidé d'exclure les relations d'affaires d'un mécanicien
garagiste et d'une société du champ d'application de l'article précité, pour les soumettre à la
prescription trentenaire de droit commun et son arrêt encourt la cassation (CCJA, 1 e ch., n° 18, 29-11-
2011 : CATRAM SARL c/ D., Juris-Ohada, 2011, n° 4, oct.-déc., p. 24, Ohadata J-13-11, J-13-162).
JURISPRUDENCE COMPAREE
France
JURISPRUDENCE OHADA
Jurisprudence rendue en application de la version antérieure de l'AUDCG (article 18 devenu 16 et s.) mais transposable.
A. Loyers
Conformément à l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG, les obligations nées à l'occasion de leur
commerce entre commerçants ou entre commerçants et non commerçants se prescrivant par cinq ans
si elles ne sont pas soumises à des prescriptions plus courtes. Et il est de principe qu'« une citation en
justice, même en référé, un commandement ou une saisie, signifiés à celui qu'on veut empêcher de
prescrire, interrompt la prescription ainsi que les délais pour agir ». En l'espèce, les arriérés de loyers
étant dus depuis la conclusion du bail (le 28 septembre 1983) jusqu'à sa dénonciation le 23 février
1995, la cour d'appel qui a retenu que « [le bailleur] disposait d'un délai de 5 ans à compter de
l'exigibilité de chaque loyer pour réclamer le paiement ; ainsi les loyers de septembre 1983 à
novembre 1994 sont frappés par la prescription étant entendu que la sommation du 28 décembre
1999 est le premier acte de réclamation [du bailleur et qu']il suit que les loyers de décembre 1994 à
février 1995 ne sont pas concernés par la prescription quinquennale », n'a en rien violé les normes
mentionnées ci-dessus et le pourvoi doit être rejeté. Il en est ainsi car, le contrat ayant prévu un différé
de trois mois non payables et non compris dans sa durée, les loyers dus au titre de la période allant
du 28 décembre 1983 au 28 décembre 1993, qui sont deux périodes consécutives de cinq ans,
auraient dû être réclamés pour interrompre la prescription avant chaque échéance de cinq ans (CCJA,
n° 20, 17-6-2002 : Affaire : E.A.J.C.I c/G., Le Juris-Ohada, n° 3/2004, juill.-oct. 2004, p. 6, note Brou
Kouakou Mathurin - Rec. jur. de la CCJA, n° 3, janv.-juin 2004, p. 69, Ohadata J-04-381).
C. Protocole d'accord
Lorsqu'une banque créancière a dénoncé le protocole d'accord conclu avec le débiteur et imparti un
délai de quinze jours à ce dernier pour payer sa créance sous peine de poursuites judiciaires, ces
termes non équivoques ne donnaient aucune autre opportunité de maintenir son compte en activité
dans les livres de la créancière, qui entendait par là recouvrer sa créance par voie judiciaire à l'arrivée
du terme de 15 jours. Le point de départ de la prescription se situe à ce délai imparti dans le protocole
d'accord qui est devenu la loi des parties. Plus de cinq ans s'étant écoulés, il y a lieu de confirmer le
jugement qui a déclaré la créance prescrite (CA Ouagadougou (Burkina Faso), ch. com., n° 028, 19-3-
2010 : BICIA-B c/ S. F., Ohadata J-12-186).
Obs. : cette formulation laisse penser qu'il y a eu un délai imparti dans le protocole d'accord et un second délai de quinze
jours imparti après la dénonciation du protocole d'accord ; si c'était bien le cas, la prescription aurait dû courir à compter de
l'expiration du second délai, puisque le premier a été « neutralisé » par la dénonciation du protocole. Dans tous les cas, la
prescription de cinq ans était acquise en l'espèce.
Obs. : décision rendue en application du droit interne sénégalais ; le point de départ fixé par le Code sénégalais au jour de
la naissance de la dette est incomplet par rapport à l'art. 17 de l'AUDCG qui prévoit le jour où le débiteur a connu ou aurait
dû connaître les faits permettant d'exercer son action. De plus, s'agissant du paiement d'une traite, il aurait dû être précisé
par les juges s'il s'agissait de l'action cambiaire en paiement ou de l'action de droit commun en paiement de la créance
constatée par la traite.
Art. 18 La prescription se compte par jours et non par heures. Elle est acquise lorsque le dernier jour du
terme est accompli.
JURISPRUDENCE COMPAREE
France
B. Non-application des règles relatives aux délais de procédure au calcul des délais de prescription
S'agissant de la prescription annale applicable aux actions nées du contrat de transport, ce délai étant
un délai de prescription, les règles du Code de procédure civile relatives aux délais de procédure,
notamment celle prévoyant la prorogation du délai expirant un samedi, lui sont inapplicables (T. com.
Paris 9-12-2004, SA Safter c/ SAS Rézéenne de Transport : BTL 2005.14).
Art. 19 La prescription ne court pas à l'égard d'une créance qui dépend d'une condition jusqu'à ce que la
condition arrive, à l'égard d'une créance à terme jusqu'à ce que ce terme soit arrivé, à l'égard d'une
action en garantie jusqu'à ce que l'éviction ait eu lieu.
Art. 20 La suspension de la prescription a pour effet d'en arrêter temporairement le cours sans effacer le délai
déjà couru.
Art. 21 La prescription ne court pas ou est suspendue à l'égard de celui qui est dans l'impossibilité d'agir par
suite d'un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force majeure.
Elle est suspendue à compter du jour où, après la survenance d'un litige, les parties conviennent de
recourir à la médiation ou à la conciliation ou, à défaut d'accord écrit, à compter du jour de la première
réunion de médiation ou de conciliation. Le délai de prescription recommence à courir, pour une durée
qui ne peut être inférieure à six mois, à compter de la date à laquelle soit l'une des parties ou les deux,
soit le médiateur ou le conciliateur déclarent que la médiation ou la conciliation est terminée.
Elle est également suspendue lorsque le juge accueille une demande de mesure d'instruction
présentée avant tout procès. Le délai de prescription recommence à courir, pour une durée qui ne
peut être inférieure à six mois, à compter du jour où la mesure a été exécutée.
JURISPRUDENCE COMPAREE
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