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Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Titre I STATUT DU COMMERÇANT

Chapitre IV

PRESCRIPTION

Art. 16 Les obligations nées à l'occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre commerçants et
[anc. art. non-commerçants, se prescrivent par cinq ans si elles ne sont pas soumises à des prescriptions plus
18 mod.] courtes.
Cette prescription extinctive est soumise à la loi régissant le droit qu'elle affecte.

JURISPRUDENCE OHADA

I. Obligations concernées

A. Loyers d'un bail commercial


L'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG ayant prévu une prescription de cinq ans pour les obligations
nées à l'occasion de leur commerce entre commerçants ou entre commerçants et non commerçants,
le bailleur qui n'a pas reçu paiements de loyers disposait d'un délai de 5 ans à compter de l'exigibilité
de chaque loyer, pour réclamer le paiement. Il s'ensuit que les loyers de septembre 1983 à novembre
1994 sont frappés par la prescription, étant entendu que la sommation du 28 décembre 1999 est le
premier acte de réclamation du bailleur ; mais les loyers de décembre 1994 à février 1995 ne sont pas
concernés par la prescription quinquennale (CA Abidjan, n° 683, 31-5-2002 : Z. G. c/ E. J., Ohadata J-
03-27). De même, la demande en paiement d'arriérés de loyers d'un bail commercial allant d'octobre
1982 à octobre de 2004 se trouve frappée par la prescription quinquennale prévue à l'article 16 de
l'AUDCG et le jugement rendu ne peut être confirmé que pour le surplus (CCJA, 2 e ch., n° 073, 21-4-
2016 : SCI Choucair et Frères c/ SGBCI SA, Ohadata J-17-22).

B. Obligation de droit commun en remboursement d'une lettre de change ou d'un chèque


Les porteurs d'une lettre de change détiennent également une action en remboursement de droit
commun contre les endosseurs, distincte de celle prévue par le règlement n° 15/2001/CM/UEMOA du
19 septembre 2002 relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l'UEMOA, qui se
prescrit par cinq ans, conformément à l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG (CA Bobo-Dioulasso
(Burkina Faso), ch. com., n° 08/08, 23-4-2008 : S. D. c/ B.O.A., Ohadata J-12-109).
La créance souscrite le 30 novembre 1974 et conclue suivant accord transactionnel, dans le cadre de
leurs relations d'affaires, entre une société et un commerçant, ayant fait l'objet de diverses traites
revenues impayées doit être considérée comme étant une créance commerciale conclue entre une
société commerciale par la forme et une personne accomplissant habituellement des actes de
commerce au sens des dispositions de l'article 2 de l'AUDCG. Le jugement entrepris sera donc infirmé
sur ce point et la créance déclarée prescrite pour les mêmes raisons (CCJA, 3 e ch., n° 115, 11-5-2017
: Guetat Ehouman Noël c/ Guetat Eugénie épse K et 16 autres).
De même, le créancier qui a déclenché une procédure d'injonction de payer environ huit ans après
l'émission de titres de paiement en cause (chèques) ne peut pas échapper à la forclusion et la cour
d'appel qui a déclaré sa créance prescrite après avoir retenu la prescription quinquennale n'a pas violé
l'article 16 de l'AUDCG (CCJA, 1e ch., n° 124, 18-5-2017 : Sté Côte d'Ivoire Télécom c/ Sté Intel
Afrique).

C. Obligation en paiement de factures


L'action en paiement de factures datant de plus de cinq ans à la date de l'introduction de l'instance est
prescrite (CA Abidjan (Côte d'Ivoire), 27e ch. civ. et com. A, n° 554, 27-5-2005 : SIVOA c/ Sté T3 A
SARL, Ohadata J-08-61).

D. Actes mixtes
C'est par une mauvaise interprétation de l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG, dont les dispositions
sont péremptoires, qu'une cour d'appel a décidé d'exclure les relations d'affaires d'un mécanicien
garagiste et d'une société du champ d'application de l'article précité, pour les soumettre à la
prescription trentenaire de droit commun et son arrêt encourt la cassation (CCJA, 1 e ch., n° 18, 29-11-
2011 : CATRAM SARL c/ D., Juris-Ohada, 2011, n° 4, oct.-déc., p. 24, Ohadata J-13-11, J-13-162).

E. Actes de commerce par accessoire


Les actes de commerce par accessoire sont régis par l'AUDCG, notamment l'article 18 [devenu 16] de
l'AUDCG en ce qui concerne la prescription. Il en résulte que c'est cette prescription quinquennale qui
est applicable à un concessionnaire automobile qui fait de la réparation une activité rattachée à la
vente des véhicules, dès lors qu'il réalise ainsi des actes de commerce par accessoire (CA du Littoral
(Cameroun), n° 176/CC, 5-11-12 : S. née T. F. c/ SUMOCA SA, Ohadata J-14-03).

F. Redevances recouvrées par les entreprises pétrolières


Les redevances recouvrées par les entreprises pétrolières au cours de leurs ventes et qui doivent être
reversées à L'Agence de Stabilisation et de Régulation des Prix des Produits Pétroliers étant des
obligations nées à l'occasion du commerce, relèvent, en cas de contestation, de la compétence du
tribunal de commerce (CCJA, 2e ch., n° 112, 30-12-2013 : Sté Trading et d'Exploitation du Pétrole Brut
et de Produits Pétroliers (TRADEX CENTRAFRIQUE SA) c/ Agence de Stabilisation et de Régulation
des Prix des Produits Pétroliers dite ASRP, Rec. jur. n° 20, vol. 2, janv.-déc. 2013, p. 23-25, Ohadata
J-15-85).

G. Obligations entre un pharmacien et un commerçant


Un pharmacien et une banque ont tous les deux la qualité de commerçant ; les actes accomplis par
eux et les obligations qu'ils assument entre eux ou à l'égard d'autres personnes entrent bien dans le
champ de l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG. S'agissant d'une action en justice pour avoir paiement
d'une somme objet de leurs transactions, peu importe la forme en laquelle l'obligation a été constatée,
elle tombe sous le coup de la prescription quinquennale et le pourvoi doit être rejeté (CCJA, 2 e ch., n°
008, 21-1-2016 : BIAO-Côte d'Ivoire c/ TRAORE Matenin, épse COULIBALY, Ohadata J-16-217).

H. Obligations entre toutes parties commerçantes


L'arrêt qui, en application de l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG, a relevé qu'en raison de leur
caducité, la saisie conservatoire pratiquée par une société A sur les avoirs d'un GIE B, ainsi que
l'ordonnance l'autorisant, n'ont aucun effet interruptif de délai à l'égard d'une société C (maître
d'ouvrage et défenderesse au pourvoi), et écarté l'application de la prescription trentenaire aux
obligations nées entre commerçants à l'occasion de leur commerce, n'a violé en rien la disposition
visée au moyen et le pourvoi doit être rejeté. Il en est ainsi dès lors que, d'une part, tant devant le
premier juge que devant la cour d'appel, la société A, demanderesse, n'a pas fait état de l'existence
d'une quelconque pièce attestant que depuis le 17 novembre 2002, date alléguée de la rupture du
contrat, elle a exercé à l'encontre de la société C, défenderesse au pourvoi, une action au fond ou en
référé pour la préservation des droits dont elle se prévaut, la seule action engagée contre elle l'ayant
été au-delà du délai de cinq ans qui expirait le 17 novembre 2007 et que, d'autre part, il résulte des
productions au dossier que toutes les parties en cause sont commerçantes et que l'action initiée
devant le Tribunal de Commerce par la demanderesse porte sur une obligation née de son Commerce
(CCJA, 1e ch., n° 037, 29-2-2016 : TRANSREGIONALES SA c/ EEPCI, Ohadata J-16-239).
Les parties au litige étant toutes des commerçantes et le litige les opposant né à l'occasion de leur
commerce, c'est par une mauvaise interprétation des articles 16, 17 et 18 de l'AUDCG (ancien) qu'une
cour d'appel a décidé d'exclure le litige du champ d'application de l'article 18 précité pour les
soumettre à la prescription de droit commun, exposant ainsi son arrêt à la cassation sans qu'il soit
nécessaire d'examiner les autres moyens. Sur l'évocation et pour les mêmes raisons que celles ayant
entraîné la cassation de l'arrêt attaqué, il y a lieu de confirmer le jugement attaqué qui par une saine
application de la loi (notamment articles 16 et 17 de l'AUPSRVE anciens) au litige né de relations
commerciales entre deux commerçants, a appliqué la prescription quinquennale et déclaré prescrite
l'action introduite plus de cinq ans après la résiliation contractuelle (CCJA, 2e ch., n° 201, 23-11-2017 :
Bolloré Africa Logistics Mali, ex SDV Mali SA, dite BAL Mali SA c/ Mamadou Boundy).
La créance résultant d'un prêt consenti le 29 novembre 1978, entre un commerçant et une société
commerciale, dans le but de l'augmentation du capital social d'une société, garantie par un
nantissement des actions détenues par le commerçant dans ladite société et dont la convention de
prêt prévoyait la possibilité d'un remboursement soit en marchandise, sous conditions, soit en
espèces, et en règlement de laquelle des lettres de change émises sont revenues impayées est
commerciale. Le caractère commercial de ladite créance est attestée par la forme commerciale de la
société qui est une société à responsabilité limitée, par le but recherché à travers ladite convention de
prêt, le renflouement des caisses de la société anonyme dans laquelle ils sont tous actionnaires et
avec laquelle la créancière entretient des relations commerciales, notamment la vente de bois, et par
les lettres de change émises en vue du paiement du prêt consenti qui font de l'émetteur un
commerçant au sens des dispositions de l'article 2 de l'AUDCG non révisé. Dès lors, le tribunal qui a
déclaré la créance litigieuse prescrite en application de l'article 18 dudit Acte uniforme a fait une saine
application de la loi et sa décision doit être confirmée sur ce point (CCJA, 3 e ch., n° 115, 11-5-2017 :
Guetat Ehouman Noël c/ Guetat Eugénie épse K et 16 autres).

I. Cession de parts sociales


C'est en violation de l'article 16 de l'AUDCG qu'une cour d'appel a rejeté la fin de non-recevoir tirée de
la prescription de l'action relative à la cession de parts sociales dont le protocole d'accord a été signé
huit ans avant la requête introductive, exposant ainsi son arrêt à la cassation. Sur l'évocation et pour
les mêmes motifs que ceux ayant entraîné la cassation, il y a lieu d'infirmer en toutes ses dispositions
le jugement entrepris et déclarer irrecevable l'action en résolution du protocole pour prescription.
L'action introduite n'ayant à aucun moment revêtu un caractère abusif et vexatoire, la demande de
condamnation à payer la somme de trente millions (30 000 000) de francs CFA, sur le fondement de
l'article 6 du Code de procédure civile, à titre de dommages-intérêts pour procédure abusive et
vexatoire sera rejetée (CCJA, 2e ch., n° 150, 29-6-2017 : Fayad Nadim, Skaf Moustapha c/ Daher
Mohamed).

J. Action en réclamation d'indemnités du dirigeant d'une société commerciale


L'action en réclamation initiée par l'ancienne directrice générale adjointe d'une société et qui a pour
point de départ le 22 août 2001, date de sa démission des sociétés en cause, est prescrite et donc
irrecevable (CCJA, 2e ch., n° 130, 18-5-2017 : Aza Ngu Otay c/ Ecobank Cameroun SA).

K. Distinction entre obligation soumise à la prescription et délai de conservation de documents


comptables
C'est à tort qu'il est reproché à un jugement d'avoir prononcé l'extinction de l'obligation principale de la
société cautionnée et, par conséquent, la créance de la banque, en violation de l'article 24 de
l'AUHCE, qui fait obligation à tout commerçant de conserver les pièces comptables pendant une durée
de dix (10) ans, laissant subsister la créance comptable dont la prescription est de la même durée,
dès lors que l'obligation de conserver ces documents comptables pendant une durée de sécurité de
10 ans ne saurait être confondue avec la prescription extinctive et libératoire de l'article 18 [devenu 16]
de l'AUDCG, dont l'objectif est à la fois d'inciter le créancier à la diligence et de protéger le débiteur
contre l'accumulation de dettes périodiques sur une période très importante. En sanctionnant l'inertie
de la demanderesse et en prononçant l'extinction de l'obligation principale sur le fondement de l'article
18 précité, et celle du cautionnement hypothécaire pris par le défendeur sur le fondement des articles
25 et 124, al. 2 de l'AUS (du 17-4-1997), le Tribunal de commerce a bien justifié sa décision ; rejet du
moyen (CCJA, 3e ch., n° 154, 18-10-2018 : CAA devenue BNI c/ Kaunan Kouassi Antoine).

II. Application dans le temps

A. Obligation née d'un contrat tacitement reconduit


Un contrat de représentation conclu en 1994 pour une période d'un an renouvelable par tacite
reconduction est régi par l'AUDCG car, bien qu'ayant été conclu avant l'entrée en vigueur de cet Acte
uniforme, son exécution s'est poursuivie quand ledit Acte uniforme est entré en vigueur. Il en résulte
que le délai de prescription de cinq ans prévu par l'article 18 [devenu 16] est applicable en l'espèce.
S'agissant d'une créance à jour fixe, le délai court à compter de la fin du mois et non de la
présentation de la facture. Dans le cas d'espèce, le délai a couru du 31 juillet 1996 et a expiré le 31
juillet 2001, si bien que le demandeur est forclos (CA Lomé (Togo), n° 070/09, 21-4-2009 : Sté FAN
MILK SA Laiterie internationale c/ A. K., Ohadata J-10-223).

Obs. : voir l'art. 17 à propos du point de départ de la prescription.

B. Obligation née d'un contrant de transport de marchandises antérieur à l'entrée en vigueur de


l'AUCTMR
L'AUCTMR entré en vigueur le 1er janvier 2004 ne pouvant être appliqué au litige résultant du transport
de marchandises intervenu en décembre 2003, la prescription quinquennale de l'article 18 [devenu 16]
de l'AUDCG est applicable, puisqu'il s'agit d'une obligation entre commerçants (CA Bobo-Dioulasso
(Burkina Faso), ch. com., n° 04/09, 28-1-2009, K. R. c/ La SNTB, Ohadata J-10-108).

C. Obligation née de prêts contractés antérieurement à l'AUDCG


C'est en violation de l'article 16 de l'AUDCG qu'une cour d'appel a retenu, sur le fondement d'une
disposition interne antérieure à l'entrée en vigueur de l'Acte uniforme, la prescription décennale pour
une obligation litigieuse née de différents prêts contractés en 1986 pour condamner au paiement, dès
lors que l'article 10 du Traité instituant l'OHADA prône la suprématie des Actes uniformes «
directement applicables et obligatoires dans les Etats parties nonobstant toute disposition contraire de
droit interne, antérieure ou postérieure », seules les dispositions de l'AUDCG prévoyant la prescription
quinquennale étant ainsi applicables. La lettre du 10 octobre 2005 par laquelle le débiteur
reconnaissait sa dette et demandait une dernière chance pour l'apurer constituant un acte interruptif
de prescription, la banque était fondée à solliciter le remboursement de ses créances au plus tard le
10 octobre 2010 ; l'action en paiement ayant été engagée par la banque le 9 juillet 2014, celle-ci est
prescrite en application de l'article 16 précité ; cassation de l'arrêt. Sur l'évocation pour les mêmes
motifs que ceux ayant entraîné la cassation, il y a lieu de constater la prescription de la créance
(CCJA, 1e ch., n° 084, 27-4-2017 : Gbetibouo Jean Augustin c/ BIAO-CI devenue NSIA Banque CI).

D. Inapplication de l'AUDCG à une obligation née et exécutée antérieurement à l'AUDCG


La prescription prévue par l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG est inapplicable à une obligation née en
1988-1989, l'AUDCG n'étant entré en vigueur qu'à partir de 1998. C'est donc en violation de l'article
18 ci-dessus que la cour d'appel d'Abidjan a enfermé ladite prescription dans l'article 18 et son arrêt
encourt cassation (C. sup. Côte d'Ivoire, ch. jud., civ., n° 132, 15-3-2007 : SIFCA SA c/ Y., Le Juris-
Ohada, n° 1/2010, janv.-mars, p. 52, Ohadata J-11-03).

III. Prescription interrompue par des règlements partiels d'une créance


C'est à tort qu'il est reproché à un tribunal d'avoir violé l'article 16 de l'AUDCG (de 2010) en
condamnant au paiement d'une créance prescrite, dès lors que si l'article 16 de l'AUDCG prévoit que
« les obligations nées à l'occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre commerçants et
non commerçants, se prescrivent par cinq ans… », l'alinéa 1 de l'article 23 du même Acte uniforme
dispose également que « la reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait
interrompt le délai de prescription ». Ainsi, bien que la transaction justifiant la créance poursuivie date
de 2006, celle-ci n'est nullement prescrite, dans la mesure où il est établi que le débiteur a
continuellement reconnu sa dette en effectuant des règlements partiels, dont le dernier remonte au 5
janvier 2016. Il s'ensuit qu'en condamnant le débiteur au paiement, alors qu'il a été saisi le 21 août
2017, le Tribunal de commerce de Niamey n'a pas violé le texte visé au moyen (CCJA, 1 e ch., n° 014,
24-1-2019 : YAYE ISSAKA c/ Sté EL NASSER).

JURISPRUDENCE COMPAREE

France

A. Obligations et actions visées


Ont été soumises comme relevant de la prescription commerciale spécifique (de dix ans) avant qu'elle
ne soit abrogée par la loi 2008-561 du 17 juin 2008, les obligations ou actions suivantes :
- toutes les obligations (CA Versailles 15-11-1990 : RJDA 3/91 n° 255), même celles de caractère civil
pour une partie dès lors que ces obligations sont nées à l'occasion de l'activité d'un commerçant
(Cass. civ. 29-4-1997 : RJDA 11/97 n° 1440) ;
- l'action en répétition du paiement indu (Cass. com. 23-10-2001 : RJDA 3/02 n° 228 ; Cass. com. 29-
11-2005 n° 1502 : JCP G 2005.IV.3806) ;
- les actions en responsabilité délictuelle ou quasi délictuelle (Cass. com. 14-5-1979 : Bull. civ. IV p.
121 ; Cass. com. 23-10-2001 : RJDA 3/02 n° 228) ;
- l'action en paiement d'une somme réclamée en vertu d'un titre exécutoire (Cass. 1 e civ. 11-2-2003 n°
184 : RJDA 10/03 n° 1033) ;
- les actions contractuelles (Cass. 3e civ. 24-4-2003 n° 511 : RJDA 8-9/03 n° 884) ;
- les actions contractuelles directes (CA Aix 10-10-1986 : Scapel 1986.52) ;
- les actions relatives à des obligations soumises à une prescription inférieure à la prescription
commerciale, mais qui ont fait l'objet d'un nouvel engagement de la part du débiteur emportant
novation (Cass. com. 28-2-1991 : BT 1991.308 ; CA Paris 7-2-1986 : BT 1986.410 ; CA Paris 30-5-
1997 : BTL 1997.644 ; CA Versailles 9-11-2000 : BTL 2001.542 ; et n° 1383) ;
- l'action en responsabilité du mandataire commerçant envers son mandant (Cass. com. 27-9-2005 :
RJDA 1/06 n° 23) ;
- la dette d'honoraires due par une société commerciale née des prestations d'un avocat effectuées
pour son compte (Cass. 1e civ. 4-1-2006 : D. 2006.som.303 obs. Chevrier).

B. Obligations non visées


Ne sont pas soumises à la prescription commerciale les « contestations relatives aux créances
d'impôts ou de taxes (qui) ne sauraient être considérées comme se rapportant à des obligations nées
à l'occasion de leur commerce entre commerçants ou entre commerçants et non-commerçants » (CA
Versailles, 1e ch. 2e sect., 2-6-2000 : Rev.trim.com.2001.49 n° 1 obs. J. Derruppé).
Art. 17 A la différence du délai de forclusion qui court, pour la durée fixée par la loi, à compter de l'événement
que celle-ci détermine, le délai de prescription court à compter du jour où le titulaire du droit d'agir a
connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant d'exercer son action.

JURISPRUDENCE OHADA

Point de départ de la prescription

Jurisprudence rendue en application de la version antérieure de l'AUDCG (article 18 devenu 16 et s.) mais transposable.

A. Loyers
Conformément à l'article 18 [devenu 16] de l'AUDCG, les obligations nées à l'occasion de leur
commerce entre commerçants ou entre commerçants et non commerçants se prescrivant par cinq ans
si elles ne sont pas soumises à des prescriptions plus courtes. Et il est de principe qu'« une citation en
justice, même en référé, un commandement ou une saisie, signifiés à celui qu'on veut empêcher de
prescrire, interrompt la prescription ainsi que les délais pour agir ». En l'espèce, les arriérés de loyers
étant dus depuis la conclusion du bail (le 28 septembre 1983) jusqu'à sa dénonciation le 23 février
1995, la cour d'appel qui a retenu que « [le bailleur] disposait d'un délai de 5 ans à compter de
l'exigibilité de chaque loyer pour réclamer le paiement ; ainsi les loyers de septembre 1983 à
novembre 1994 sont frappés par la prescription étant entendu que la sommation du 28 décembre
1999 est le premier acte de réclamation [du bailleur et qu']il suit que les loyers de décembre 1994 à
février 1995 ne sont pas concernés par la prescription quinquennale », n'a en rien violé les normes
mentionnées ci-dessus et le pourvoi doit être rejeté. Il en est ainsi car, le contrat ayant prévu un différé
de trois mois non payables et non compris dans sa durée, les loyers dus au titre de la période allant
du 28 décembre 1983 au 28 décembre 1993, qui sont deux périodes consécutives de cinq ans,
auraient dû être réclamés pour interrompre la prescription avant chaque échéance de cinq ans (CCJA,
n° 20, 17-6-2002 : Affaire : E.A.J.C.I c/G., Le Juris-Ohada, n° 3/2004, juill.-oct. 2004, p. 6, note Brou
Kouakou Mathurin - Rec. jur. de la CCJA, n° 3, janv.-juin 2004, p. 69, Ohadata J-04-381).

B. Compte courant bancaire


En présence d'un compte courant, le point de départ du délai de prescription est constitué par la date
de clôture des opérations entre les parties (CA Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), ch. com., n° 12, 20-8-
2008 : S. B. c/ B.I.B, Ohadata J-12-111).
En matière de fonctionnement de compte courant, le délai de prescription de 5 ans court à compter de
la date de clôture du compte. Dans l'espèce, il n'y a pas prescription lorsque le compte a été clôturé le
8 mai 2006 et que l'ordonnance d'injonction de payer a été signifiée le 14 février 2007 (CA
Ouagadougou (Burkina Faso), ch. com., n° 038, 19-6-2009 : SGTF SARL c/ SGBB, Ohadata J-10-
216).
La règle est applicable aux obligations d'un crédit documentaire conçu et exécuté comme un élément
du compte courant ; le délai de prescription a alors couru à partir du 14 décembre 2007, date de
clôture du compte courant et de réclamation du solde débiteur ; par conséquent l'action intervenue le 9
octobre 2008 l'a été dans le délai et le jugement doit être confirmé sur ce point (CA Ouagadougou
(Burkina Faso), ch. com., n° 82, 3-12-2010 : SGBB c/ Sté Label Informatique, Ohadata J-12-179).
Dès lors qu'il n'est pas contesté que les dernières opérations sur le compte litigieux remontent à 1991,
la banque qui ne produit aucun acte de clôture dudit compte comme ayant été régulièrement notifié au
titulaire avant la date du 12 février 2014, date marquant la première réclamation faite par voie
d'huissier, ne peut valablement reprocher au tribunal saisi d'avoir commis une erreur dans
l'interprétation des articles 16 et 17 de l'AUDCG, en jugeant que la banque ne rapportait pas la preuve
de la clôture du compte notifiée ; rejet de cette branche du moyen. L'appréciation souveraine des faits
et éléments de preuve soumis à lui qui a amené un tribunal à énoncer qu'« il est constant, comme
résultant des pièces produites notamment du livret d'épargne et des reçus, que contrairement aux
allégations de la SIB, l'auteur des demandeurs feu [X] est titulaire d'un compte dans ses livres, ouvert
sous le numéro 36 700 258 A dans son agence de Korogho ; Lesdites pièces établissent que le
compte a enregistré des mouvements de versement et est effectivement créditeur de la somme de 20
460 000 FCFA ; La SIB qui prétend que feu [X] a de son vivant effectué des retraits sur le compte ne
rapporte pas la preuve desdits retraits, alors même que les versements sont prouvés » échappe au
contrôle du juge de cassation. Il s'ensuit que, en statuant comme il l'a fait, le Tribunal de commerce
n'a pas commis le grief qui lui est fait (CCJA, 2e ch., 194, 25-10-2018 : Sté Ivoirienne de Banque dite
SIB SA c/ 1) Koulibali Brahima et 3 autres).

C. Protocole d'accord
Lorsqu'une banque créancière a dénoncé le protocole d'accord conclu avec le débiteur et imparti un
délai de quinze jours à ce dernier pour payer sa créance sous peine de poursuites judiciaires, ces
termes non équivoques ne donnaient aucune autre opportunité de maintenir son compte en activité
dans les livres de la créancière, qui entendait par là recouvrer sa créance par voie judiciaire à l'arrivée
du terme de 15 jours. Le point de départ de la prescription se situe à ce délai imparti dans le protocole
d'accord qui est devenu la loi des parties. Plus de cinq ans s'étant écoulés, il y a lieu de confirmer le
jugement qui a déclaré la créance prescrite (CA Ouagadougou (Burkina Faso), ch. com., n° 028, 19-3-
2010 : BICIA-B c/ S. F., Ohadata J-12-186).

Obs. : cette formulation laisse penser qu'il y a eu un délai imparti dans le protocole d'accord et un second délai de quinze
jours imparti après la dénonciation du protocole d'accord ; si c'était bien le cas, la prescription aurait dû courir à compter de
l'expiration du second délai, puisque le premier a été « neutralisé » par la dénonciation du protocole. Dans tous les cas, la
prescription de cinq ans était acquise en l'espèce.

D. Règlement par traite


La prescription quinquennale des obligations entre commerçants prévue par l'article 224 du Code
sénégalais des obligations civiles et commerciales (COCC) ne court qu'à compter de la date de
l'exigibilité de la dette. S'agissant d'un règlement par traites, la créance correspondante à chacune
d'elles n'est exigible qu'aux échéances successives de ces traites (art. 218 COCC). Un
commandement de payer servi avant la date d'expiration du délai de cinq ans pour l'acquisition de la
prescription du premier effet de commerce interrompt le délai de prescription (art. 219 COCC) (TRHC
Dakar, n° 1602, 28-8-2001 : SGBS c/ FINANCO SA, Ohadata J-02-199 ; voir obs. J. Issa-Sayegh).

Obs. : décision rendue en application du droit interne sénégalais ; le point de départ fixé par le Code sénégalais au jour de
la naissance de la dette est incomplet par rapport à l'art. 17 de l'AUDCG qui prévoit le jour où le débiteur a connu ou aurait
dû connaître les faits permettant d'exercer son action. De plus, s'agissant du paiement d'une traite, il aurait dû être précisé
par les juges s'il s'agissait de l'action cambiaire en paiement ou de l'action de droit commun en paiement de la créance
constatée par la traite.

Art. 18 La prescription se compte par jours et non par heures. Elle est acquise lorsque le dernier jour du
terme est accompli.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France

A. Accomplissement du délai : appréciation au jour de l'assignation


Pour apprécier si le temps est écoulé, le juge doit se placer au jour de l'assignation et non à celui de
sa décision (cf. Cass. civ. 16-5-1974 : GP 1974.2.som.183 : à propos de la prescription acquisitive,
mais transposable).

B. Non-application des règles relatives aux délais de procédure au calcul des délais de prescription
S'agissant de la prescription annale applicable aux actions nées du contrat de transport, ce délai étant
un délai de prescription, les règles du Code de procédure civile relatives aux délais de procédure,
notamment celle prévoyant la prorogation du délai expirant un samedi, lui sont inapplicables (T. com.
Paris 9-12-2004, SA Safter c/ SAS Rézéenne de Transport : BTL 2005.14).

Art. 19 La prescription ne court pas à l'égard d'une créance qui dépend d'une condition jusqu'à ce que la
condition arrive, à l'égard d'une créance à terme jusqu'à ce que ce terme soit arrivé, à l'égard d'une
action en garantie jusqu'à ce que l'éviction ait eu lieu.

Art. 20 La suspension de la prescription a pour effet d'en arrêter temporairement le cours sans effacer le délai
déjà couru.

Art. 21 La prescription ne court pas ou est suspendue à l'égard de celui qui est dans l'impossibilité d'agir par
suite d'un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force majeure.
Elle est suspendue à compter du jour où, après la survenance d'un litige, les parties conviennent de
recourir à la médiation ou à la conciliation ou, à défaut d'accord écrit, à compter du jour de la première
réunion de médiation ou de conciliation. Le délai de prescription recommence à courir, pour une durée
qui ne peut être inférieure à six mois, à compter de la date à laquelle soit l'une des parties ou les deux,
soit le médiateur ou le conciliateur déclarent que la médiation ou la conciliation est terminée.
Elle est également suspendue lorsque le juge accueille une demande de mesure d'instruction
présentée avant tout procès. Le délai de prescription recommence à courir, pour une durée qui ne
peut être inférieure à six mois, à compter du jour où la mesure a été exécutée.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France

A. Empêchement d'agir ne valant pas suspension


N'emporte pas suspension de la prescription :
- le retard mis par un expert judiciaire (CA Paris 4-2-1974 : BT 1974.408) ou par un commissaire
d'avaries de la compagnie d'assurance du transporteur à déposer son rapport (CA Paris 16-2-1982 :
BT 1982.310) ou un expert judiciaire (CA Paris 4-2-1974 : BT 1974.408) ;
- une expertise amiable (Cass. com. 21-3-1984 : BT 1984.503) ;
- la conduite de simples pourparlers (CA Versailles, 1 e ch., 11-3-1993, Mme X c/ Y : D. 1993.IR.145) ;
- la contestation de son droit par le débiteur, qui discutait le prix de travaux exécutés par
l'entrepreneur hors devis, dès lors que l'entrepreneur avait réalisé les travaux litigieux en 1975, ne les
avait facturés que le 5 mai 1977 et avait engagé l'action en paiement seulement le 29 août 1987
(Cass. com. 17-11-1992, Pellier ès qual. c/ Hôtel New York : Bull. IV n° 362) ;
- l'existence d'une expertise en cours, car rien n'empêche le demandeur de délivrer une citation en
justice (CA Orléans 13-11-1996, Sté Stendal c/ SNCF : BTL 1997.731) ;
- la lettre produite par le transporteur mentionnant une suspension de trois mois accordée par son
assureur (CA Douai 19-1-2011 n° 11/02280 : BTL 2012.203).

B. Empêchement d'agir valant suspension


L'impossibilité d'agir entraînant la suspension de la prescription a été admise au profit :
- de l'expéditeur auquel le transporteur a faussement déclaré que les marchandises avaient été
livrées au destinataire pour finalement l'aviser, six mois après, que celles-ci avaient été perdues
(Cass. com. 3-5-1976 : BT 1976.319) ;
- d'un transporteur affrété qui réclamait paiement à son donneur d'ordre d'une certaine somme dès
lors que les modalités d'établissement de sa rémunération ne lui avaient pas permis, jusqu'à la date
de son assignation, de se rendre compte de la rentabilité exacte de son travail et d'apprécier
l'économie globale du contrat le liant au donneur d'ordre ; en conséquence, le transporteur avait été
dans l'impossibilité d'agir, pour avoir, de manière légitime et raisonnable, ignoré la naissance de son
droit (Cass. com. 13-4-1999 : RJDA 6/99 n° 669).

Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Titre I STATUT DU COMMERÇANT


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