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Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Chapitre IV PRESCRIPTION

Art. 22 L'interruption de la prescription a pour effet d'effacer le délai de prescription acquis. Elle fait courir un
nouveau délai de même durée que l'ancien.

Art. 23 La reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait interrompt le délai de
prescription.
La demande en justice, même en référé, interrompt le délai de prescription comme le délai de
forclusion. Il en est de même lorsque la demande est portée devant une juridiction incompétente ou
lorsque l'acte de saisine de la juridiction est annulé par l'effet d'un vice de la procédure. L'interruption
produit ses effets jusqu'à l'extinction de l'instance. Elle est non avenue si le demandeur se désiste de
sa demande, s'il laisse périmer l'instance ou si sa demande est définitivement rejetée.

JURISPRUDENCE OHADA

Interruption de la prescription
En application de l'article 277 de l'AUDCG du 17-4-1997, il y a bien interruption du délai de
prescription lorsque des paiements partiels ont été effectués par le débiteur à la suite d'interpellations
du créancier (TGI Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), n° 166, 5-6-2002 : GECER-SARL c/ BURKINA
MOTO, Ohadata J-09-60).

Obs. : décision rendue en application de la version antérieure de l'AUDCG, mais transposable. Voir aussi sous l'art. 301.

Lorsqu'il résulte des pièces de la procédure que, dans son dernier courrier daté du 24 novembre 2011,
la débitrice a reconnu que « le solde de la société [créancière] dans ses livres s'établissait en date du
16 novembre 2011 à 57 519 312 FCFA en faveur de cette dernière » sans distinction de date des
actes générateurs de ladite créance, la cour d'appel qui a retenu « qu'il résulte des dispositions
combinées des articles 301 et 23 du Traité OHADA sur le droit commercial général qui disposent
respectivement que “le délai de prescription en matière commerciale est de deux ans” et “la
reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait interrompt la prescription”,
… qu'il résulte des pièces du dossier que du fait de l'échéance de la créance qui arrivait à expiration le
30 septembre 2009, la prescription intervenait le 2 octobre 2011 ; que par les différents courriers en
date des 11 mars et 24 novembre 2011, la [débitrice] a établi des reconnaissances de dette au profit
de la [créancière] qui ont effet d'interrompre la prescription ; qu'ainsi conformément à l'article 23
susvisé un nouveau délai de deux ans a été acquis à la [créancière], prolongeant ainsi la date
d'expiration de la prescription au 26 novembre 2013 ; qu'ainsi, au moment de l'introduction de
l'instance en recouvrement le 8 mai 2013 l'action de la [créancière] n'était pas prescrite », a
légalement justifié sa décision ; rejet du moyen (CCJA, 1 e ch., n° 083, 27-4-2017 : SOTRA c/ DPI
Sarl).
Pour une autre illustration de l'interruption de la prescription, voir CCJA, 1e ch., n° 115, 31-5-2018 :
SOTRA c/ Sté Industrie Diffusion (retenant que la cour d'appel qui, pour décider qu'une créance n'est
pas prescrite, s'est fondée sur toutes les pièces du dossier dont les lettres de change, les chèques
constatant que la débitrice a reconnu les droits de la créancière en réglant ses factures outre la lettre
du 20 avril 2010 reçue le même jour et par laquelle le directeur général de la société créancière
réclamait à la débitrice le règlement de ses créances, n'a en rien violé l'article 23 de l'AUDCG, la
prescription ayant été interrompue par les différents actes invoqués ci-dessus ; rejet du moyen).

JURISPRUDENCE COMPAREE

I. Allemagne

Demande d'arbitrage
Une requête d'arbitrage a été reconnue comme interruptive de la prescription par des arbitres,
appliquant le droit allemand (sentence CCI n° 7374 en 1995, Chronique de jurisprudence arbitrale de
la Chambre de commerce internationale par E. Jolivet : GP 2002.946).

II. Belgique

Citation devant un juge étranger incompétent


Une citation devant un juge étranger incompétent est interruptif de la prescription (Rechtbank Van
Koophandel Te Antwerpen 27-3-1990 : DET 1991.783).

III. France

A. Reconnaissance du droit par le débiteur

1° Règles générales
La reconnaissance peut émaner du mandataire du débiteur, à condition que celui-ci le soit réellement
(cf. Cass. 1e civ. 4-5-2012 n° 11-15.617 : D. 2012.1661 note Dondero).
Elle n'est soumise à aucune forme : notamment, il n'est pas nécessaire qu'elle soit faite au cours d'une
instance (Cass. civ. 23-10-1984 : Bull. civ. III p. 137), ni que le mot « aveu » soit employé (Cass. civ.
13-11-1974 : Bull. civ. I p. 245). Il suffit qu'elle intervienne avant l'expiration du délai de prescription
(CA Paris 13-1-1984 : BT 1984.416).
L'interruption vaut pour les obligations tant délictuelles que contractuelles (Cass. req. 3-6-1893 : DP
1894.1.17 note Planiol). Mais elle ne peut pas jouer à l'égard d'une prescription justifiée par une raison
d'ordre public de direction (n° 17940).

2° Reconnaissance de la dette par la compensation


La compensation vaut reconnaissance si le débiteur l'a invoquée entre sa dette et celle du créancier
(Cass. com. 27-5-2008 n° 07-13.565 : RJDA 12/08 n° 1336 ; CA Versailles 6-10-2011 n° 10/06614 :
BTL 2011.620) ou si les parties sont convenues, avant le terme de la prescription, de compenser leurs
créances réciproques (Cass. 1e civ. 22-10-2002 n° 1472 : RJDA 2/03 n° 212).
Elle n'est pas interruptive si elle a été demandée après l'expiration de la prescription, les conditions
légales en auraient-elles été réunies avant, car le débiteur n'a pas reconnu alors à temps la créance
du créancier (Cass. com. 6-2-1996 : RJDA 5/96 n° 725) ou si celui à qui on oppose la compensation
par laquelle il aurait reconnu sa dette n'a pas eu une volonté certaine de s'en prévaloir (Cass. com. 6-
7-2010 n° 09-16.681).

3° Existence de la reconnaissance
Il y a reconnaissance :
- lorsque le débiteur a demandé et obtenu de son créancier un délai de trois mois pour régler le
montant de sa dette (CA Aix 20-5-1981 : Bull. Cour d'Aix 1981/2 p. 25) ou lui a demandé une remise
de sa dette (Cass. 2e civ. 15-6-2004 : Bull. civ. II n° 297) ;
- lorsque le débiteur n'a soulevé formellement dans ses écritures aucun moyen tendant à établir que
sa dette n'est pas du montant allégué par le demandeur (CA Paris 17-4-1985 : BT 1985.246) ;
- en cas de correspondance du déménageur adressée à son client par laquelle il s'engage à faire «
tout son possible » pour assurer la réparation des dommages (CA Paris 10-5-1985 : BT 1985.509) ;
- en cas de reconnaissance de dette inconditionnelle (Cass. com. 14-3-1995 : RJDA 8-9/95 n° 980) ;
- en cas de demande de remise de la somme réclamée par le Fonds national de solidarité (Cass. 1e
civ. 15-6-2004 n° 03-30.052 : Bull. civ. II n° 297) ;
- en cas de maintien par le débiteur du gage entre les mains du créancier ou du tiers convenu (Cass.
com. 31-10-2006 n° 1177 : RJDA 3/07 n° 290).

4° Absence de reconnaissance
Ne vaut pas reconnaissance de la part du débiteur de l'obligation :
- la simple exécution de travaux à l'amiable par un entrepreneur de construction, sans que la nature
et l'étendue de ces travaux soient déterminées, pas plus que la connaissance des désordres et le
financement de travaux par l'assureur au titre de la police maître d'ouvrage, celui-ci n'étant pas un
entrepreneur tenu à garantie (CA Paris 2-3-1988 : D. 1988.IR.96) ;
- la lettre du vendeur adressée à son acquéreur accusant réception de l'évaluation faite par ce dernier
des pénalités de retard et mentionnant une erreur commise dans son calcul (cour d'arbitrage de la
Chambre de commerce extérieur de la RDA 11-7-1977, Yearbook 1978.210, transposable) ;
- l'offre d'une transaction (CA Paris 13-6-2007 n° 05/23361 : DMF 2008.720 obs. Tassel).

B. Demande en justice
1° Demandes interruptives
a. Assignation en justice
1. Parties à l'assignation
L'assignation doit être signifiée au débiteur par le créancier lui-même (Cass. com. 11-11-1996 : RJDA
11/96 n° 1330) ou par son mandataire (cf. Cass. com. 2-11-1993 : BT 1993.795).
L'assignation par le créancier subrogé, en l'espèce l'assureur, interrompt la prescription de l'action
transmise bien qu'il n'ait pas eu au moment de la délivrance de son assignation la qualité de subrogé
dès lors qu'il l'est devenu avant que le juge du fond n'ait statué (Cass. 3 e civ. 18-9-2009 n° 08-17.012 :
Bull. civ. III n° 180) mais non de celle concernant l'action personnelle du créancier contre le débiteur
(Cass. com. 24-6-2003 : JCP G 2003.IV.2473).
Elle doit être adressée au débiteur que le créancier veut empêcher de prescrire et non pas à un tiers
(Cass. civ. 8-6-1988 n° 86-14.736 : Bull. civ. II n° 137 ; Cass. 3e civ. 15-6-2005 n° 725 : RJDA 11/05 n°
1302). Toutefois, l'acte vaut interruption même s'il n'a pas été signifié au débiteur dès lors que le
créancier a manifesté à temps sa volonté de lui réclamer son droit (par exemple en cas de plainte
contre X, n° 71759) et même si le débiteur n'en a eu connaissance qu'après l'expiration du délai
(Cass. civ. 11-12-1985 n° 84-14.209 : Bull. civ. II n° 195).
Une inexactitude de rédaction qui ne laisse aucune équivoque sur la personne assignée ne retire pas
son effet à l'assignation (CA Aix 15-2-1979 : BT 1979.352). La régularisation est possible (CPC art.
115).
Lorsque les débiteurs sont solidaires ou indivisibles, l'assignation adressée à l'un d'eux interrompt la
prescription contre tous les autres (MDC n° 50178 et 50126).
2. Assignation interruptive de la prescription
L'exploit d'huissier citant le débiteur à comparaître devant un tribunal donné vaut assignation
interruptive de la prescription :
- à la condition tant devant le tribunal de grande instance que devant le tribunal de commerce, que
copie de l'exploit soit déposée au greffe du tribunal visé dans le délai imparti car, à défaut,
l'assignation est caduque (CPC art. 757, al. 2 et 857, al. 2 ; Cass. ass. plén. 3-4-1987 n° 86-11.536 :
JCP G 1987.II.20792 concl. Cabannes ; Cass. civ. 10-11-1993 : RJDA 1/94 n° 12) ;
- si son contenu correspond à l'objet de l'action qu'il s'agit de sauvegarder (Cass. soc. 27-5-1992 :
RJS 12/92 n° 1388 ; Cass. com. 25-1-1994 : JCP G 1994.IV.854) ;
- s'il est délivré devant le juge des référés, quel qu'en soit l'objet (C. civ. art. 2241, al. 1 ; Cass. civ.
12-2-1991 : Bull. civ. I p. 38 : demande de provision ; Cass. civ. 10-5-2000 : GP 2000.1901 : demande
d'expertise ; Cass. com. 8-7-2008 n° 07-15.933 : D. 2008.2071.som. obs. Delpech : demande de
provision, précisant que l'interruption vaut aussi pour l'action en garantie qui a le même fondement
que la demande de provision) ;
- s'il est délivré devant un tribunal incompétent, quels que soient le délai en cause et le cas
d'incompétence (Cass. ch. mixte 24-11-2006 n° 04-18.610 : D. 2007.1112 note Wintgen) ;
- s'il est délivré au nom d'une association de locataires, regroupant 126 preneurs, pour une somme
globale incluant le montant des charges indûment payées par chacun d'eux (Cass. 3e civ. 21-1-2009
n° 07-18.533 : D. 2009.373.som. obs. Y. Rouquet ; RJDA 4/09 n° 311) ;
- s'il est délivré au coauteur de l'acte dont l'autre auteur est décédé, biens qu'une l'assignation ne
puisse être valablement délivrée au nom d'une personne décédée (Cass. 2e civ. 25-2-2010 n° 09-
11.820, FS-PB : D. 2010.713.som) ;
- s'il est annulé par l'effet d'un vice de procédure, par exemple en cas de mention d'une date
d'audience inexistante (Cass. com. 13-3-2012 n° 10-25.534).
Assignation visant le montant total des réclamations de plusieurs demandeurs. A produit un
effet interruptif la demande de répétition d'un indu de charges locatives émanant d'une association de
locataires, regroupant 126 preneurs, pour une somme globale incluant le montant des charges
indûment payées par chacun d'eux (Cass. 3e civ. 21-1-2009 n° 07-18.533, Association des Locataires
de la Résidence Les Buissonnets c/ société Omnium de Gestion Immobilière de l'Ile-de-France : D.
2009.373.som. obs. Y. Rouquet ; JCP G 2009 IV 1292 ; RJDA 4/09 n° 311).
Assignation devant une juridiction incompétente. La déclaration de créance, qui est assimilée à
une action en justice, interrompt la prescription même si elle a été faite devant un juge territorialement
incompétent, lorsque cette incompétence a été reconnue et a entraîné l'annulation du jugement
prononcé par la juridiction incompétente (CA Amiens, ch. sol., 23-1-2006, Recette des impôts de Calvi
c/ Chuffart : JCP G 2007 IV 1052).
Assignation délivrée au nom de deux parties dont l'une est décédée au moment de la
délivrance de l'acte : validité au regard du coauteur vivant. Si l'assignation ne peut être
valablement délivrée au nom d'une personne décédée, il n'en est pas de même en ce qui concerne
l'autre personne coauteur de l'acte (Cass. 2e civ. 25-2-2010 n° 09-11.820, FS-PB : D. 2010.713.som).
b. Autres demandes ou mesures interruptives
Vaut interruption de la prescription tout acte constituant une demande de reconnaissance d'une
prétention, tel que :
- la conclusion d'un compromis d'arbitrage (CA Bastia 18-2-1856 : D. 1856.2.141 ; cf. CA Toulouse 4-
6-1863 : D. 1863.2.108) ;
- une demande d'arbitrage, conforme à la clause compromissoire insérée dans un contrat (Cass. civ.
11-12-1985 : JCP G 1986.II.20677 note Taisne ; CA Paris 4-5-1976 : DMF 1977.305), l'effet interruptif
demeurant même après annulation de la sentence (cf. Cass. civ. 29-2-1984 : Rev. arb. 1986.43 note
Moreau), mais cessant à compter du jour où le tribunal arbitral s'est déclaré incompétent (Cass. com.
7-12-1999 : RJDA 2/00 n° 157) ;
- la demande reconventionnelle présentée devant le tribunal de commerce dans les conclusions de
l'intéressé ; elle interrompt à la date de ces dernières la prescription dès lors que le concluant a
comparu ou était représenté à l'audience (Cass. civ. 26-11-1998 2 arrêts : Bull. civ. II n° 282 et n°
283). Les conclusions reconventionnelles sont irrecevables lorsque le concluant n'a pas comparu ou
ne s'est pas fait représenté à l'audience (Cass. com. 23-11-1982 : Bull. IV n° 366) ;
- la plainte avec constitution de partie civile, même dans le cadre d'une information pénale ouverte
contre personne non dénommée, dès lors qu'elle traduit la volonté des plaignants de mettre en cause
la responsabilité de l'auteur de l'infraction (Cass. com. 28-4-1998 : RJDA 8-9/98 n° 1069 ; Cass. 2e civ.
12-12-2002 : Bull. civ. II n° 284 ; toutefois, CA Versailles 19-12-2002 n° 01/2649 : RJDA 4/03 n° 389 ;
cf. Cass. ch. mixte 24-2-1978 : Bull. civ. n° 3) ; peu important que la plainte ait visé des faits qui se
seraient par la suite révélés comme prescrits ; il s'ensuit en conséquence que c'est à bon droit que le
premier juge a considéré que cette constitution de partie civile avait interrompu la prescription et qu'un
nouveau délai avait commencé à courir à compter du prononcer de l'arrêt ayant mis un terme à la
procédure pénale (CA Agen 27-5-2008 n° 07/0014, ch. 1e civ. : Bull. inf. C. cass. 2009 n° 300) ;
- la déclaration d'une créance à la procédure collective du débiteur (Cass. com. 28-6-1994 : RJDA
1/95 n° 89 ; Cass. com. 15-3-2005 n° 446 : RJDA 8-9/05 n° 1013) ; en cas d'infirmation de la décision
d'ouverture de la procédure, l'interruption de la prescription est non avenue (Cass. com. 26-5-2010 n°
09-10.852 : RJDA 12/10 n° 1166) ;
- la demande additionnelle formée par voie de conclusions (Cass. 2 e civ. 13-7-2005 n° 1212 : Bull. civ.
II n° 196) ;
- la contestation de la demande de rétractation de l'ordonnance rendue sur requête qui a été rejetée,
de ce fait, par une ordonnance de référé contradictoire (Cass. 3 e civ. 14-12-2011 n° 10-25.178 : GP
2012.som.859 note Foulon et Strickler, rendu sous l'art. 2244 C. civ. [devenu 2241]).

2° Demandes non interruptives de la prescription


a. Assignations en justice
1. Copie de l'assignation non déposée au greffe
C'est le cas de l'assignation non déposée au greffe du tribunal de grande instance dans les quatre
mois de celle-ci car il en résulte la caducité de l'instance, laquelle peut donc être constatée même
devant la cour d'appel ; l'instance ne peut être considérée comme introduite au motif que l'assignation
a été jointe à une autre procédure déjà ouverte et que cette jonction vaut conclusions, alors que cette
assignation était caduque (Cass. 1e civ. 10-10-1995, Mme Huille c/ Batthyany : D. 1996.534 note A.
Bottian).

Obs. : la cour d'appel avait jugé que le tribunal était valablement saisi d'une demande en résolution judiciaire d'une vente
immobilière, non déposée au greffe dans le délai de quatre mois, au motif qu'il était valablement saisi par une assignation
aux fins de validation de saisie conservatoire, « laquelle contient implicitement mais nécessairement une demande en
paiement » et que l'assignation aux fins de résolution de la vente, simplement jointe à cette procédure, valait conclusions,
toutes les parties ayant de surcroît échangé des écrits de procédure de telle sorte que le débat judiciaire avait été engagé
dans le délai de quatre mois des deux assignations et aucune d'elles n'ayant relevé en première instance la moyen tiré de
la caducité. L'application draconienne de la condition du dépôt au greffe de l'assignation est justifiée par la nécessité
d'éviter les abus commis par certains qui usaient d'assignations conservatoires afin d'interrompre la prescription jusqu'à
l'issue du procès, l'effet interruptif se doublant d'un effet suspensif du délai, et attendaient des années avant d'enrôler
réellement l'affaire devant le tribunal.
2. Assignation non conforme à l'objet de la demande
Il en est ainsi de l'assignation d'une épouse réclamant au nom de l'indivision post-communautaire, les
fruits et revenus des parts sociales perçus par le mari depuis l'assignation en divorce, bien que les
opérations de liquidation de communauté soient interruptives de prescription à l'égard de toutes les
prétentions qui s'y rattachent, car si l'épouse était recevable à rechercher les fruits et revenus des
biens indivis pour les cinq années antérieures à la date du procès-verbal de difficultés établi par le
notaire, dès lors qu'il faisait état de ses réclamations formulées de ce chef, l'assignation qu'elle avait
délivrée ne mentionnait pas une telle demande (Cass. 1 e civ. 10-2-1998 : D. 1998.IR.64).
b. Autres actes ou demandes non interruptifs
Sauf convention contraire le cas échéant, n'emportent pas interruption de la prescription :
- les requêtes : aux fins de conciliation (Cass. civ. 8-6-1988 : JCP E 1989.15511 note Taisne) ; en
injonction de payer (Cass. civ. 3-10-1995 : RJDA 6/96 n° 813) ; en désignation d'un expert en vue de
réunir des preuves (Cass. 3e civ. 9-11-2005 n° 1189 : RJDA 4/06 n° 372) ;
- la participation du débiteur à des pourparlers (cf. Cass. civ. 5-10-1988 : D. 1989.209 note Choppin
de Janvry : à propos d'une suspension) ;
- la lettre recommandée portant mise en demeure, dont l'accusé de réception a été signé par le
destinataire (Cass. civ. 26-6-1991 : RJDA 8-9/91 n° 762) ;
- l'opposition à l'ordonnance d'injonction de payer, assortie d'une demande de compensation
simplement enregistrée au greffe et non notifiée au demandeur (CA Nancy 27-1-2004 : BTL
2004.153), ni l'opposition non motivée (CA Paris 18-12-1996 : BTL 1997.295) ;
- la sommation interpellative qui ne comporte pas reconnaissance par le débiteur de sa dette ou ne
procède pas d'un titre exécutoire (Cass. civ. 6-3-1996 : Bull. civ. III p. 43).

3° Effets de la demande en justice


a. Demande au fond
1. Poursuite de l'interruption jusqu'à extinction de l'instance
L'interruption de la prescription résultant de la demande en justice produit ses effets jusqu'à l'extinction
de l'instance (C. civ. art. 2242) ; le nouveau délai ne commence à courir que de ce moment (Cass. 2 e
civ. 8-4-2004 n° 02-15.096 : Bull. civ. II n° 181).
2. Extinction de l'instance
L'instance est éteinte au jour :
- de la clôture de la procédure et pas seulement jusqu'à l'admission de la créance en cas de
déclaration de créance à une procédure collective (Cass. com. 31-5-1976 : Bull. civ. IV p. 156) ;
- du rejet définitif de la demande, que la demande ait été rejetée par un moyen de fond (Cass. civ. 29-
11-1988 : Bull. civ. I p. 230 : rejet d'une demande de nullité ; Cass. civ. 24-1-1996 : D. 1996.IR.81 :
débouté des parties civiles par un jugement de relaxe ; Cass. 2 e civ. 14-5-2009 n° 07-21.094 : Bull. civ.
II n° 127 : rejet d'un référé pour existence d'une contestation sérieuse) ou écartée par une fin de non-
recevoir (Cass. civ. 22-5-2002 : Bull. civ. I n° 141 ; CA Versailles 12-1-1995 : D. 1995.IR.97) ; mais
l'effet interruptif subsiste dès lors que le jugement est frappé d'appel (CA Bordeaux 14-11-1990 : BT
1992.149) ;
- du désistement du demandeur ; c'est le cas lorsqu'un armateur déclare devant le juge des référés
qu'il renonce pour l'instant à sa demande de surestaries en attente des opérations d'expertise (Cass.
com. 7-3-1995, Marfret c/ SCAC, BTL 1995.812). L'effet interruptif demeure si le désistement énonce
que l'action sera reprise ultérieurement (Cass. com. 12-7-1994 : JCP G 1994.IV.2293) ou si le
désistement est justifié par l'incompétence du tribunal saisi car il ne porte pas sur le fond même du
droit (Cass. civ. 12-12-1995 : JCP G 1996.IV.289 ; Cass. soc. 9-7-2008 n° 07-60.468) ;
- de la survenance de la péremption d'instance (Cass. soc. 21-5-1996 : RJS 7/96 n° 795) ;
- où le litige a trouvé sa solution, à savoir le jour de la signification de la décision définitive rendue
(Cass. 3e civ. 15-2-2006 n° 192 : Bull. civ. III n° 41, refusant de situer la solution du litige au jour où la
décision définitive a été rendue, l'instance n'étant pas close, en effet, tant qu'une voie de recours peut
être exercée)
3. Non-extinction de l'instance
L'effet interruptif de la demande en justice se poursuit :
- dès lors qu'il n'existe aucune circonstance permettant de regarder l'interruption comme non avenue ;
l'instance concernant le paiement d'un billet à ordre avalisé, non suivie de diligences, ayant été inscrite
dans un rôle d'attente puis réintroduite ultérieurement, viole les articles 2244 (devenu 2240, 2241 et
2244) du Code civil et 179 du Code de commerce, la cour d'appel qui retient que la prescription était
intervenue au motif que trois ans s'étaient écoulés depuis le dernier acte de poursuite juridique, sans
relever que l'instance introduite initialement avait pris fin (Cass. com. 20-10-1998, SA Lyonnaise de
banque c/ Lezier : JCP 1998.IV.3354 ; RJDA 1/99 n° 122) ;
- jusqu'à ce qu'une décision, fût-elle d'incompétence, mette définitivement fin à l'action civile engagée
devant la juridiction pénale par d'une constitution de partie civile (Cass. 1 e civ. 16-1-2001, Mutuelles du
Mans c/ Mme Ehumoana : RJDA 4/01 n° 540) ;
- après la radiation de l'instance, la radiation emportant non-extinction de l'instance mais suspension
du cours de celle-ci (Cass. 1e civ. 13-1-2004, Sté Câbles Pirelli c/ Cie Axa Global Risks : Bull. civ. I n°
11 ; BTL 2004.70 ; JCP G 2004 IV 1436) ;
- à défaut de vérification de la créance déclarée à la procédure collective ouverte contre un débiteur,
ce fait ne pouvant être assimilé à l'une des circonstances rendant, par application de l'article 2247
(devenu 2243) du Code civil, non avenue l'interruption de la prescription (Cass. com. 15-3-2005 n°
446, Maturana c/ SA Union : RJDA 8-9/05 n° 1013).
b. Demande en référé
1. Effet de la demande en référé-provision
En cas d'assignation en référé-provision, l'effet interruptif se poursuit jusqu'à la solution du litige au
fond (Cass. 1e civ. 12-2-1991 n° 88-19.826 : Bull. civ. I n° 61 ; Cass. com. 27-11-2001 : RJDA 4/02 n°
383), car ce référé oblige le juge à prendre parti sur le caractère non sérieusement contestable de
l'obligation, donc au fond.
2. Effet de la demande en référé en désignation d'un expert
L'assignation en référé pour désignation d'un expert - et par analogie pour les autres référés -
n'interrompt le délai de prescription que pendant la durée de l'instance à laquelle il est mis fin par
l'ordonnance désignant l'expert (Cass. com. 19-12-2001 : RJDA 5/02 n° 480) ou, en cas d'appel, après
l'arrêt statuant sur ce recours (Cass. 2e civ. 19-6-2008 n° 07-15.343 : Bull. civ. II n° 143, relatif à une
ordonnance de référé expertise en matière d'assurance).
Pour éviter le risque de prescription, il faut déposer une assignation au fond à toutes fins ou introduire
une action au fond dans le délai de prescription applicable à compter du jour de l'ordonnance de
désignation de l'expert (CA Lyon 17-2-2012 n° 10/02820 : BTL 2012.164).
L'effet interruptif de l'ordonnance désignant l'expert n'est pas prolongé par l'ordonnance rendue par le
juge chargé des expertises, qui n'est pas intervenue à la suite d'une citation mais d'un courrier de
l'expert demandant l'extension de sa mission (Cass. 3e civ. 25-5-2011 n° 10-19.271 : Bull. civ. III n°
85).
c. Effet de la demande au regard d'une autre demande
L'interruption joue à l'égard d'une autre demande formée hors délai qui tend au même but :
- interruption, par l'assignation en responsabilité délictuelle, de la prescription de l'action en
responsabilité contractuelle (Cass. com. 1-10-1991 : RJDA 11/91 n° 974) ;
- interruption, par l'action engagée initialement sur le fondement de la garantie décennale contre le
vendeur, de l'action récursoire de celui-ci en responsabilité contractuelle contre ses cocontractants
(Cass. 3e civ. 22-9-2004 n° 894 : Bull. civ. III n° 152) ;
- interruption, par l'exercice de l'action paulienne contre l'apport de biens en société, de la prescription
de l'action en recouvrement de la créance litigieuse engagée ultérieurement dès lors que cette action
portait sur les mêmes biens (Cass. 2e civ. 28-6-2012 n° 11-20.011 : Bull. civ. II n° 123).
L'interruption ne joue pas à l'égard d'une autre demande formée hors délai qui tend au même but :
- action initiale en nullité d'un partage d'ascendant et action ultérieure en réduction des donations
excédant la quotité disponible (Cass. 1e civ. 13-11-2003 n° 1456 : D. 2003.IR.2932) ;
- action en résiliation d'un crédit-bail et restitution du bien et action en paiement de loyers dus en
vertu du contrat (Cass. com. 4-7-2006 n° 876 : Bull. civ. IV n° 168) ;
- action initiale contre l'assureur dommages-ouvrage et action postérieure en garantie décennale
(Cass. 3e civ. 18-11-2009 n° 08-13.642 : Bull. civ. III n° 250).

C. Interruptions conventionnelles
Les parties peuvent, d'un commun accord, ajouter d'autres causes d'interruption aux causes légales
(Cass. civ. 25-6-2002 n° 00-14.590 : Bull. civ. I n° 174 : validité de la clause prévoyant l'interruption
par une lettre, même simple ; CA Aix 9-5-1985 : DMF 1987.som.52 : clause d'une police d'assurance
maritime réputant interruptive la remise à l'assureur des pièces justificatives de la réclamation de
l'assuré, et, sur pourvoi, Cass. com. 8-12-1987 : DMF 1990.541).

Art. 24 Un acte d'exécution forcée interrompt le délai de prescription comme le délai de forclusion.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France
Interrompent la prescription :
- la signification de l'ordonnance portant injonction de payer car elle constitue une demande en justice
(Cass. com. 9-4-1991 n° 89-16.923 : Bull. civ. IV n° 136) ;
- le commandement mais seulement s'il est parvenu à son destinataire, ce qui n'est pas le cas si,
notifié par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, celle-ci a été retournée avec la
mention « non réclamée, retour à l'envoyeur » (Cass. 2e civ. 9-6-2005 n° 03-11.185 (n° 913) : RJF
11/05 n° 1311).
Un exploit d'huissier portant sommation de payer ne vaut commandement que s'il contient une
sommation de payer en vertu d'un titre exécutoire (CA Metz 2-2-2006, SA Tradibeauce c/ SA Heppner
: BTL 2006.234).

Art. 25 L'interpellation faite à l'un des débiteurs solidaires par une demande en justice ou par un acte
d'exécution forcée ou la reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait
interrompt le délai de prescription contre tous les autres, même contre leurs héritiers.
L'interpellation faite au débiteur principal ou sa reconnaissance interrompt le délai de prescription à
l'égard de la caution.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France
L'effet interruptif se produit, que la solidarité soit conventionnelle ou légale (Cass. 3e civ. 13-1-2010 n°
08-19.075).
Art. 26 Les juges ne peuvent soulever d'office le moyen résultant de la prescription.
Sauf renonciation, la prescription peut être opposée en tout état de cause, même en appel.

JURISPRUDENCE COMPAREE

I. France

A. Absence de pouvoir du juge


Le juge ne peut soulever d'office la prescription celle-ci serait-elle d'ordre public (Cass. civ. 28-6-1988
n° 86-15.400 : Bull. civ. I n° 206).

B. Irrecevabilité de l'exception en cassation


L'exception ne peut pas être soulevée pour la première fois devant la Cour de cassation (Cass. com.
19-12-2000 : RJDA 3/01 n° 398).

C. Exception dilatoire
Le débiteur peut être privé de l'effet de la prescription s'il a frauduleusement usé de manœuvres
dilatoires dans le seul but de parvenir à l'expiration du délai de prescription (cf. CA Colmar 10-5-1996 :
Bull. inf. C. cass. 1996 n° 1013).

D. Exception soulevée par les créanciers


Peuvent invoquer la prescription les créanciers, ou toute autre personne ayant intérêt à ce que la
prescription soit acquise, même si le débiteur y a renoncé (CA Paris 30-1-2008 : BTL 2008.171, rendu
sous l'empire de l'ancien art. 2225 identique à propos de l'exception soulevée par l'assureur en dépit
de la renonciation de l'assuré mais transposable en droit commun).

II. Suisse

Abus de l'exception de prescription


L'exception de prescription est abusive lorsque le débiteur qui la soulève a un comportement qui incite
le créancier à renoncer à entreprendre des démarches juridiques pendant le délai de prescription et
que, selon une appréciation raisonnable fondée sur des critères objectifs, le retard apparaît
compréhensible (T. fédéral 21-1-2002 : GP 2003. som. 1932 obs. Y. Gunter).

Art. 27 Le paiement effectué pour éteindre une dette ne peut être répété au seul motif que le délai de
prescription était expiré.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France
Lorsque le délai de prescription est expiré, le droit qui y est soumis ne peut même pas être invoqué
par une exception à l'action en justice (Cass. civ. 29-3-1950 : D. 1950.396 ; Cass. 3e civ. 4-11-2004 :
Bull. civ. III n° 186).

Art. 28 Seule une prescription acquise est susceptible de renonciation.


La renonciation à la prescription est expresse ou tacite. La renonciation tacite résulte de circonstances
établissant sans équivoque la volonté de ne pas se prévaloir de la prescription.
Celui qui ne peut exercer par lui-même ses droits ne peut renoncer seul à la prescription acquise.
Un créancier ou toute autre personne ayant intérêt à ce que la prescription soit acquise peut l'opposer
ou l'invoquer lors même que le débiteur y renonce.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France

A. Renonciation tacite
1° Existence
Il en est ainsi :
- lorsqu'une offre de règlement intervient postérieurement à la date de prescription (CA Aix 13-10-
1978 : DMF 1980.79) ou le règlement lui-même (CA Versailles 11-1-2007 : BTL 2007.204) ;
- lorsque la dette exigible est assortie d'un gage en la possession duquel le débiteur a laissé son
créancier (TGI Paris 27-4-1980 : Banque 1980.1169).

2° Absence
N'a pas renoncé à la prescription :
- le transporteur qui requiert une expertise judiciaire (CA Lyon 28-1-1981 : BT 1981.408) ;
- le débiteur qui a écrit, sans qu'une quelconque offre de paiement puisse s'en dégager : « nous
sommes étonnés de nous voir réclamer des factures datant de plus de quatre ans » et qui s'est référé
à des « accords amiables pour le partage des frais d'avances entre nos deux sociétés » (CA Paris 1-
2-1985 : DMF 1985.430) ;
- l'assuré poursuivi en paiement d'une prime, qui énonce, dans des conclusions postérieures au délai
de prescription, qu'il pouvait apparaître éventuellement comme débiteur (Cass. civ. 8-7-1986 : Bull.
civ. I p. 192) ;
- le commissionnaire de transport qui n'a conclu avec le demandeur en indemnisation aucun
protocole d'accord et n'a effectué aucun versement, de simples pourparlers ayant été seulement
engagés (CA Versailles, 12e ch sect. 2, 16-12-2004 n° 03/04413 : Bull. inf. C. cass. 2005 n° 852) ;
- le créancier d'une pension alimentaire qui est resté inactif pendant sept ans (Cass. 1 e civ. 4-10-2005
n° 1314, Bouchet Fouillet c/ Boex Fontvielle : RJDA 2/06 n° 189) ;
- l'assureur qui a participé à une mesure d'instruction ordonnée en référé, car cette participation
n'implique pas, à elle seule, sa volonté non équivoque de renoncer à l'exception de prescription (Cass.
3e civ. 6-6-2007 n° 05-16027 : JCP E 2008.1745 n° 9 obs. G. Courtieu) ;
- le transporteur qui, après avoir soulevé la fin de non-recevoir de la prescription dans des
conclusions écrites, n'a plus fait figurer ce moyen dans les deux jeux de conclusions ultérieurs (CA Aix
30-6-2010 n° 08/16.766 : DMF.2011.434 obs. Humann) ;
- le locataire qui ne conteste pas des loyers et charges réclamés par son bailleur et le paiement de
certaines de ces sommes (Cass. 3e civ. 5-4-2011 n° 10-16.748, F-D : RJDA 7/11 n° 605).

B. Renonciation non établie

1° Motivation insuffisante
Ne suffisent pas à caractériser la renonciation non équivoque du débiteur à se prévaloir de la
prescription les motifs selon lesquels l'avocat du débiteur a adressé à celui des créanciers des
conclusions dans lesquelles figurait un tableau récapitulant les sommes dues par le débiteur et celles
dont il était créancier, car ce décompte même si le solde en apparaissait erroné, n'en constituait pas
moins une reconnaissance des sommes dues, et dès lors une renonciation tacite à la prescription
aujourd'hui invoquée (Cass. 3e civ. 26-5-2009 n° 08-16.570 : RJDA 8-9/09 n° 703).

2° Condition de création ou d'augmentation de l'insolvabilité non requise


Les appelés en garantie peuvent se prévaloir de l'article 2225 (devenu 2253) du Code civil aux termes
duquel « les créanciers ou toute autre personne ayant intérêt à ce que la prescription soit acquise
peuvent l'opposer, encore que le débiteur ou le propriétaire y renonce » ; l'application de ce texte n'est
pas subordonnée au fait que la renonciation du défendeur principal soit de nature à créer ou à
augmenter son insolvabilité, mais relève du droit qu'a le garant de faire valoir tous les moyens de
défense dont le garanti dispose et qu'il néglige d'invoquer, le garant n'ayant pas à supporter les
conséquences de la complaisance (ou de l'ignorance) du défendeur principal (CA Paris, 5 e ch. A, 6-12-
2000, Cie Sephoa c/ Les Terminaux de Normandie : BTL.2001.110).

3° Effet de la renonciation
La renonciation de l'assureur à une prescription acquise ne fait pas courir un nouveau délai de
prescription ; par suite, viole les articles L 114-1 du Code des assurances et 2220 du Code civil, une
cour d'appel qui, pour déclarer prescrite l'action engagée le 1er avril 1999 par un assuré à l'encontre
d'un assureur, retient que ce dernier avait manifesté qu'il n'entendait pas se prévaloir de la
prescription acquise au 17 mai 1992, qu'il attendait l'issue d'une instruction pénale, et qu'aucun acte
n'était venu interrompre la prescription biennale qui avait recommencé à courir à compter de
l'ordonnance de non-lieu rendue le 30 novembre 1995 (Cass. 2e civ. 16-11-2006 n° 05-16.082 : Bull.
civ. II n° 323).

Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Chapitre IV PRESCRIPTION


(c) 2020 Editions Francis Lefebvre

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