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GRANDE DOCTRINE JURIDIQUE

Sujet 1: La conciliation de la religion et les lois

Ou

Sujet 2: Les interactions entre la pratique religieuse et le droit

Le droit est un phénomène social et se compose du droit naturel et du droit objectif. Ce


dernier est avant tout un ensemble de règles visant à organiser la conduite de l’Homme
dans une société et dont le respect est assuré par une autorité publique. Le droit naturel,
quant à lui est formé de prérogatives dont une personne ou un groupe de personne est
titulaire en vertu d’une règle juridique. Nous détenons donc très liés. Le terme religion du
latin religio a été défini pour la première fois par Cicéron comme « le fait de s’occuper
d’une nature supérieure que l’on appelle divine et lui rendre un culte ». Elle est apparue
avant Jésus-Christ, depuis l’antiquité. Le terme religion change d’acceptation à partir du
XVIe siècle, moment auquel les Européens commencent à connaître une forme de
pluralisme religieux.

En principe, même dans un État laïque comme la France qui prône la séparation des Églises
et de l’État, on ne peut opposer Droit et Religion. Tous les deux viennent organiser, certes à
leur manière, la vie collective et tentent de régir les comportements humains, en posant des
règles. Ils sont nécessairement amenés à tenir compte l’un de l’autre. Le droit ne peut nier
l’existence de la religion, de fait elle existe. C’est une donnée qu’il doit prendre en compte.
Il ne peut pas l’ignorer et doit en assurer le libre exercice. La religion ne peut nier
l’existence du droit. Ne serait-ce que parce que tout manquement aux règles de droit emporte
sanction. Pourtant, l’actualité et les polémiques de ces dernières années, qu’en France, il y a
une séparation quasi étanche entre le droit et la religion musulmane. Comme si il n’y avait
pas de communication entre les deux. Comme si chacun s’était construit et se construisait
sans tenir compte de l’autre. Ce qui laisse un sentiment d’autant plus étrange que l’Islam est
aujourd’hui la deuxième Religion de France.

En France, le 11 Octobre 2010, la loi n°2010-1192 sur la burqa et le niqab est adoptée. Cette
loi vise à interdire le port de la burqa, l’habit traditionnel féminin et musulman qui
recouvrent l’entièreté du corps de la femme, et le niqab, un habit traditionnel féminin et
musulman, qui lui, laisse seulement entrevoir les yeux de la femme, dans les lieux publics.
En effet, ce sujet a fais débat, notamment car le port de signes ostentatoires, c’est à dire le
port d’un certain d’objet qui révèle la religion du porteur tel un crucifix, était controversé, la
question à laquelle le débat devait répondre était la suivante : « Doit-on autoriser le port des
signes ostentatoires dans les lieux publics alors que la république française est laïque ! »
Néanmoins le port de ces signes étaient déjà interdit dans les écoles, collèges et lycées
publics par la loi n°2004-228 du 15 mars 2004. Le Droit, c’est à dire ce qui constitue le
fondement des droits de l'homme vivant en société, au travers des lois peut donc interagir
avec la Religion, le système de croyances et de pratiques propre à un groupe social. Pourtant,
il est important de rappeler que depuis la loi du 9 décembre 1905, il y a séparation entre
l’Église et l’État.
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Ainsi il est intéressant de s’interroger à propos des interactions entre le Droit (les lois) et la
Religion. Que pouvons-nous dire de l’interaction entre la religion et le droit (les lois) ? Pour
répondre à cette interrogation, dans un premier temps nous verrons la conciliation de la
religion et le droit (les lois) (I) ; puis dans une seconde partie nous verrons quels sont les
divergences entre ces deux notions (II).

I. La conciliation de la religion et le droit (les lois)


La Religion et les lois sont deux notions qui sont en fait très proches. Nous verrons en
premier lieu qu’ils ont une apparence similaire (A), puis nous verrons ensuite que la religion
exerce une certaine influence sur le droit (B).

A. La similarité de la religion et les lois


EMILE DURKHEIM écrit que « la religion est un système solidaire de croyance et de
pratiques relatives aux choses sacrées c'est-à-dire séparées, interdites qui unissent en un
même communauté morale tous ceux qui y adhèrent »

Les lois émanent de la notion de droit. Le droit et la religion sont deux notions qui peuvent
paraître très différentes mais qui sont en fait plutôt semblables. En effet, ce sont tout deux
des organismes qui impose un certain nombre de règles dominantes. Les règles religieuses
comme celles de droit ont pour but de protéger, servir, et tend à se rapprocher d’un modèle
type de recherche du bonheur. Ainsi, nous pouvons rapprocher les Commandements de
l’Eglise Catholique aux lois dans le modèle juridique. Ils poussent tout deux à suivre un
comportement type de l’être humain. Néanmoins, si ce comportement n’est pas suivi ou n’est
pas appliqué correctement, les deux notions apportent leurs lots de sanctions. La règle
religieuse vise le perfectionnement de l’homme afin d’accéder au salut, à la vie éternelle et
les lois visent à régir les rapports sociaux et la finalité de la norme juridique est de favoriser
une vie harmonieuse des individus au sein de la société, elle vise ainsi la paix sociale. C’est
pourquoi ANDRE GIDE (Ecrivain Français ; 1869-1951) nous fait cette révélation « il
m’apparut soudain que Dieu plaçait sur ma route une sorte d’obligation et que je ne
pouvais pas sans quelques lâchetés m’y soustraire». Tout ceci pour ainsi dire que
l’obligation morale traduit le sentiment de respect ou de reconnaissance que l’homme se doit
d’accorder à Dieu sous peine d’être taxer d’ingrat, d’athée par sa propre conscience.

La sanction de la règle religieuse est abstraite et spirituelle (confession, recherche du pardon)


et parfois corporelle. En d’autres termes, le non-respect d’une norme religieuse n’emporte de
conséquences qu’entre la divinité et le croyant. En revanche, l’inobservation de la norme
juridique est sanctionnée par la société, le corps social, par le biais de sanctions civiles,
administratives, pénales etc.

A plusieurs reprises, la cour européenne des droits de l’homme a insisté sur le fait qu’au
regard de la charte des droits fondamentaux la religion est « avant tout une question de
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liberté et de conscience individuelles ». Cet aspect est souligné dans l’article 9 de la
convention européenne des droits de l’homme qui protège la liberté « de pensée, de
conscience et de religion » et est illustré dans la jurisprudence de la cour de strasbourg qui
a affirmé que le but principal de l’article 9 était de protéger le droit des individus à choisir
leurs croyances. Le droit s’inspire de la religion par exemple en matière de droit naturel, les
principes moraux, droit de la famille (mariage, divorce, naissance).

B. L’influence de la religion sur le droit

Nous savons que le Droit est une notion qui instaure un ensemble de règles, nous allons donc
voir que certaines de celle-ci ne proviennent pas directement du droit. En effet la religion
impose son influence sur le droit. Ainsi, certaines règles religieuses peuvent être retrouvées
dans les textes de lois. Nous pouvons alors retrouver des commandements religieux comme
« Tu ne tueras point » ou « Tu ne voleras pas » à l’intérieur des lois françaises. Par
l’influence de l’Église Catholique, les 2 notions se voient toutes deux condamner le meurtre
ou bien le vol. Cependant, malgré cette influence de la religion, le droit tend, depuis les
années 70 à se libéraliser. Ainsi même si les grandes lois sont inspirées de la religion, le droit
peut contredire la religion. L’admission de l’IVG en 1975, la dépénalisation de
l’homosexualité et de l’adultère la même année, l’admission du PACS en 1999 ou du
mariage homosexuel en 2013 en sont la preuve même tant elles contredisent les dogmes
religieux. Ainsi les interactions entre le Droit et la Religion ont eu pour conséquences
pendant un temps de lier étroitement les deux notions. Karl Marx affirme que « la religion
est l’âme du monde sans cœur (…) c’est l’opium du peuple ».

L’article 9 de la constitution libanaise qui dispose que : «  en rendant hommage au très-haut,


l’Etat respecte toutes les confessions et en garantit et protège le libre exercice à condition
qu’il ne soit pas porté atteinte à l’ordre public. L’Etat garantit également aux populations, à
quelque rite qu’elles appartiennent, le respect de leur statut personnel et de leurs intérêts
religieux. Dans le modèle libanais l’Etat intègre dans le droit étatique les règles de la Charia
concernant le statut personnel qu’il applique à ses ressortissants musulmans par le biais de
juridictions cardiales, elles-mêmes intégrées aux juridictions de l’Etat.

Cependant, depuis les années 70 le Droit dans ses interactions avec la Religion est de plus en
plus divergent.

II. Les divergences entre la religion et les lois

Les interactions entre les deux notions les poussent donc à être de plus en plus divergentes.
Nous verrons en premier lieu que la Religion et les lois ont une finalité et des sanctions
différentes (A), puis dans un second temps nous verrons que les Lois font preuves d’une
indifférence envers la Religion (B).

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A. Finalité et sanctions différentes

Malgré leurs liaisons étroites, le Droit et la Religion peuvent diverger sur certains points. En effet,
la finalité de ces notions est bien différente, les règles ne sont donc pas éditées avec le même
objectif. La religion, elle, instaure ses règles pour rechercher la paix de l’âme du religieux. Ainsi
elle concerne la personne, son rapport à lui-même et donc la vie intérieur de l’Homme en général.
Plus généralement, les règles religieuses ont pour but de s’adresser à la conscience de l’Homme. Le
Droit, lui, est bien différent. En effet, le Droit est plus modeste, il n’a pas la prétention de dire à
l’Homme ce qu’il devrait être face a son rapport à lui-même. A l’inverse, le rôle du droit est de
structurer les rapports sociaux de l’Homme, c’est à dire l’Homme dans son rapport à autrui et non à
lui même. Le droit a donc pour objectif la paix sociale, la pacification des rapports humains dans
une société là ou la religion recherche la paix intérieure de chaque être humains. Les sanctions pour
les personnes qui transgressent sont aussi différentes. En effet, les sanctions sont choisies selon le
même constat. La Religion, elle punit par le châtiment, l’individu sera libre au point de vue de la
société, il pourra avoir une maison, un travail mais sera châtier, c’est à dire qu’au point de vue
interne à la personne, il ne sera pas libre, il sera punis et ne pourra pas connaître la paix de l’âme et
ne pourra pas, dans la religion Catholique par exemple avoir accès au paradis. En revanche, la
sanction dans le Droit est tout à fait inverse. L’intériorité de la personne n’est pas sanctionnée mais
plutôt son rapport à autrui. Une personne qui tue sera considérée comme dangereuse et ira donc en
prison pour éviter une récidive, la paix sociale est ici préservée par la prison. Dans une affaire qui
n’inclue pas une sanction de peine de prison, la paix sociale est préservée par une sanction équitable
comme une amende ou des interdictions contraignantes. Ainsi la finalité et les sanctions entre le
Droit et la Religion tendent à montrer une divergence entre elles.

B. Indifférence du droit face à la religion

Le Droit diverge avec la Religion tant bien qu’il exerce une indifférence envers à elle. En effet, le
Droit ne se soucis pas de la religion malgré qu’il la tolère et la respecte. Le principe de laïcité en est
la preuve, il en retourne que le droit tolère toutes les croyances et leur pratiques. Le principe de
laïcité signifie d'abord un souhait de ne pas valoriser une religion contrairement à une autre. Il
assure l’égalité des individus face à la loi sans distinction de religion, ce qui est aujourd’hui le
premier article de la Constitution. La liberté religieuse provient des libertés fondamentales comme
la liberté d’opinion et d’expression assurées par la Convention européenne de sauvegarde des droits
de l’homme et des libertés fondamentales, selon l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen, quand elles ne troublent pas l’ordre public. L’article 225-1 du Code pénal sanctionne
le refus de la décision de licencier à cause de l’appartenance ou de la non-appartenance à une
religion définie et l’article 225-2 sanctionne aussi plusieurs cas de discrimination pour que les
personnes soit traitées à l’identique selon leurs religions et que le droit n’ai pas défendre une
religion plutôt qu’une autre. La liberté de croyance s’accompagne de la liberté de culte, c’est-à-dire
la liberté, pour chacun, de pratiquer le culte qu’il a choisi. La règle est que toutes les religions
doivent être traitées à l'identique, le droit est indifférent.

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