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** COLLECTIF DE REALISATION DE L’ENCYCLOPEDIE ET DU MEMORANDUM**

LA SOCIETE SAVANTE
DES ENCYCLOPEDISTES
AFRICAINS
et LE CONSEIL MONDIAL
DE LA DIASPORA
PANAFRICAINE
et
L’ŒUVRE DE
CHEIKH ANTA DIOP

• Contributions diverses

COLLECTIF DE REALISATION DE L’ENCYCLOPEDIE ET DU MEMORANDUM


CONSEIL MONDIAL DE LA DIASPORA PANAFRICAINE
85, Bd Saint - Michel – 75005 PARIS - Tél /Fax : (+33) 143.258.050.
Site Internet : http://africa.smol.org
SOMMAIRE

- « Ce que doivent retenir les générations futures


et la conscience universelle » Cheikh Anta Diop. Page 03

- Les Membres Fondateurs de la Société Savante


des Encyclopédistes Africains. Page 04

- Liste provisoire sélective des postulants


pour les différents tomes de l’Encyclopédie politique,
économique, sociale et culturelle
de l’Afrique Contemporaine et des Peuples Noirs Page 07

- Liste provisoire sélective des conseillers


scientifiques et techniques pressentis auprès
du Concepteur responsable de l’orientation générale. Page 09

- Structure provisoire d’orientation


des 12 tomes en 240 volumes Page 12

- Cheikh Anta Diop : Savant et Humaniste ». page 13

- Jalons bibliographiques et bibliographiques


de Cheikh Anta Diop. Page 18

- Conférences et Interviews de Cheikh Anta Diop.


et articles de presse. Page 24

- Bibliographie de Cheikh Anta Diop. Page 27

- Cheikh Anta Diop par Makuzaki Masaki. Page 28


CE QUE DOIVENT RETENIR
LES GENERATIONS FUTURES
ET LA CONSCIENCE UNIVERSELLE

« On mesure alors combien est impropre, quant au


fond, la notion si souvent ressassée, d’importations
idéologiques étrangères en Afrique : elle découle
d’une parfaite ignorance du passé Africain. Autant
la technologie et la science modernes viennent
d’Europe, autant, dans l’Antiquité, le savoir
universel coulait de la vallée du Nil vers le reste du
monde, et en particulier vers la Grèce, qui servira de
maillon intermédiaire.
Par conséquent, aucune pensée, aucune idéologie
n’est par essence, étrangère à l’Afrique, qui fut la
terre de leur enfantement. C’est donc en toute liberté
que les Africains doivent puiser dans l’héritage
intellectuel commun de l’Humanité, en ne se laissant
guider que par des notions d’utilité, d’efficience ».

(Cheikh ANTA DIOP, Introduction à


Civilisation ou Barbarie)

-3-
**COLLECTIF DE REALISATION DE L’ENCYCLOPEDIE ET DU MEMORANDUM **

MEMBRES FONDATEURS DE LA S.I.A.E.A.C.

Société Internationale Africaine pour la réalisation de l’Encyclopédie politique,


économique, sociale et culturelle de l’Afrique Contemporaine.

-4-
MEMBRES FONDATEURS DE LA S.I.A.E.A.C.
**COLLECTIF DE REALISATION DE L’ENCYCLOPEDIE ET DU MEMORANDUM**

LISTE DES MEMBRES FONDATEURS


de la S.I.A.E.A.C.
• Cabinet Contact – Coopération – Relations Internationales (Professeur Kapet
de BANA) 85.Bd Saint – Michel. 75005 Paris ( France) Tél/Fax :
01.43.25.80.50.
• Madame Danièle RATSIRAKA. Diplômée des Hautes Etudes de Gestion et
d’Informatique.
• Monsieur R.G. NICOLO. Ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique.
• Madame Sofia STRIL REVER. Philosophe. Ecrivain et critique d’histoire.
• Institut des Peuples Noirs. B.P. 7045 Ouagadougou (BURKINA FASO)
• Monsieur André MASSAKI. C.P. 10404 Luanda B/G (ANGOLA)
• Maître Mohamed GHALI. B.P. 1673 Nouakchott (MAURITANIE)
• Maître Mbam N’douré DIARRA. Avocate à la Cour d’appel de Bamako
(MALI)
• Melle Delphine MULAMBA. B.P. 111 Kinshasa 11 ( ZAIRE)
• Sheila JONES. Fondation Martin Luther King. Chicago (Etats Unis
d’Amérique)
• Dr Emmanuel DJOUMBI. BP. 121 Douala (CAMEROUN)
• Fernando GOMEZ. B.P.599.Bissau ( GUINEE BISSAU)
Tél : (245) 201598 ou 202168 Fax : 245201598.
• Grégoire BIYOGO. Directeur de l’Institut Cheik Anta Diop.
Professeur à l’Université Omar Bongo. Libreville (GABON)
• Abbé Marc BARENGAYABO. B.P. 600. Bujumbura (BURUNDI)
Tél : (557) 227075 ou 226220 Fax : 557 223288.
• Judes CHERON « Tour Alphonsine Geneviève » Résidence Poinsettia .
Rue Anatole Leger. 97110 Pointe-à-Pitre (GUADELOUPE)
• Tiédé BEH 11, Rue Antoine Dumont 69008 Lyon (France)
Tél : (16) 72.72.98.31. ou 78.72.88.69.

Consultation Scientifique et Pédagogique : Professeur Kapet de BANA


85, Bd Saint – Michel – 75005 PARIS - Tel/Fax : (+33) 143.258.050.
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LISTE PROVISOIRE SELECTIVE DES POSTULANTS

POUR LES DIFFERENTS TOMES

- Monsieur Greg BAKANDEJA WA MPUNGU (tomes 8 et 9)


Professeur à l’Université du Zaïre. B.P. 14383 Kinshasa 1. ZAIRE

- Docteur Abdel Hamied SHALABY . ( tome 12)


Président de l’Université Canal Suez. Ismalia. EGYPTE.

- Docteur IBA KONE.


Directeur de African Academy of Sciences de Nairobi. KENYA.

- Monsieur Faliou DIALLO ,


Docteur en Histoire
Résidence Lucien Laye. 45, Boulevard Jourdan. 75014 PARIS. FRANCE.
B.P. 10486 Dakar Liberté. SENEGAL
Tél : (221) 25.07.84/23.04.28/24.21.56. Fax : (221) 22.07.02/24.33.33.

- Monsieur DIBALA- BANAYI MPOLESHA-


Docteur en Théologie
Evêque Président du CO.E.ZA (Centre Œcuménique du Zaïre)
Centre Œcuménique du ZAIRE – A.S.B.L. Interconfessionnelle Chrétienne
B.P. 1415 Kinshasa 1 . ZAIRE.

- Docteur Samuel N. KASAPU (tome 8)


Linguiste – Spécialiste de Science et Technologie
Représentant régional de la F.A.O. (Nations Unies) pour l’Afrique

- Monsieur Isso KODO (tomes 8 et 9)


Linguiste
4, rue Pierre Termier. 69009 Lyon. FRANCE.

- Monsieur André MASSAKI (tome 9)


Linguiste – Historien – Politologue – Théologien
C.P. 10404 Luanda B/G/ ANGOLA

-7-
- Révérend Timithy M. NJOYA.
Théologien
P.O. Box 53258. Nairobi. KENYA

- Monsieur Philippe NOUDJENOUME


Historien – Linguiste – Juriste Théologien,
Professeur à l’Université du BENIN
B.P. 013397. Cotonou. BENIN.

- Professeur MOLEFI KETE ASANTE (tome 1)


Directeur du Département d’Etudes Africaines-Américaines
Université de Temple. Philadelphie, Pa. 19 122.
Etats-Unis d’Amérique

- Professeur Théophile OBENGA (tome 8)


Egyptologue
Association KHEPERA
B.P. 11 91192 Gif-sur-Yvette Cédex. FRANCE

- Professeur LARA de la Martinique. Antilles.


Auteur d’ouvrages sur le Panafricanisme.

- Monsieur le Recteur de l’Université de LIBYE

- Monsieur le Recteur de l’Université du LESOTHO

- Monsieur le Recteur de l’Université d’Addis-Abéba. ETHIOPIE.

Fait à Paris, le 1er Décembre 1992.


Le Secrétaire Administratif et de Rédaction.

Consultation Scientifique et Pédagogique : Professeur Kapet de BANA


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LISTE PROVISOIRE SELECTIVE DES CONSEILLERS
SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES PRESSENTIS
AUPRES DU CONCEPTEUR RESPONSABLE DE
L’ORIENTATION GENERALE

1. Docteur Stéphen NZITA KIAKU


Recteur de l’Université Chrétienne
Internationale du ZAIRE (U.C.I.ZA.)
2. Lily TRENT
Professeur à l’Université de Marne-la-Vallée.
3. André MASSAKI
Chercheur.
4. Docteur Kathérine NAMUDDU
Chercheuse à la Fondation Rockefeller
De Nairobi. KENYA.
5. Professeur Tigani Hassan ALAMEEN
Vice-Chancelier de l’Université de Gezira. SOUDAN.
6. Professeur George BENNETH
Vice-Chancelier de l’Université du GHANA.
7. Ampah G. JOHNSON.
Ancien Recteur de l’Université de Bénin. Lomé. TOGO.
8. Docteur DIBALA-BANAYI MPOLESHA
Evêque président du Centre Œcuménique du ZAIRE.
9. Ali Ahmed Mohamed BABIKER
Vice-Chancelier de l’Université Islamique de Omdurman. SOUDAN.
10. Professeur Hassan Mohamed SALIH
Université du SOUDAN.
11. Professeur Sémi-Bi ZAN
Recteur de l’Université Nationale de COTE D’IVOIRE.
12. Maurice NTAHOBARI
Recteur de l’Université Nationale du RWANDA.
13. Tebohu MOJA
Directeur du Centre de Développement Académique de l’Université de
Bophuthaswana. AFRIQUE DU SUD.
14. Professeur A.T. GANA.
Université de Jos. NIGERIA.
15. Professeur Jean-Pierre FAYE
Président de l’Université Européenne de la Recherche (U.E.R.)
16. Docteur Charles – Poisset ROMAIN
Recteur et Chargé de mission de l’Université de HAITI.
17. Docteur Samuel N.KASAPU
Spécialiste de Science et Technologie.
Représentant régional de la F.A.O. (Nations Unies) pour l’Afrique.
18. Le Recteur de l’Université de Tripoli. LIBYE.

-9-
19. Le Recteur de l’Université du LESOTHO.

20. Amadou Toumani TOURE


Ancien Président de la République du MALI.
Président de la Fondation Internationale de l’Enfance.
Membre d’Honneur du C.R.E.M.
21. Professeur TOLNO
Ministre de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique de la
République de GUINEE (Conakry).
Président de l’Association Panafricaine des Ecrivains.
Membre d’Honneur du C.R.E.M.
22. Maître VERGES. Avocat au Barreau de Paris.
Membre d’Honneur du C.R.E.M.
23. Maître SANDO. Avocat au Barreau de Paris.
Chargé de mission du C.R.E.M.
24. Maître DEMBA. Avocat.
Ancien Bâtonnier au Barreau de Bamako (MALI)
Président de l’Union Internationale des Avocats.
Membre d’Honneur du C.R.E.M.
25. Pierre PEAN Journaliste.
26. Laura HOEMEKE
Présidente de l’AFRICARE. Washington. U.S.A.
27. Julie LIRUS GALAP
Professeur de Sciences Humaines.
Délégué de la S.I.E.A.C. pour les Caraïbes.
28. Isac N’GUEMA
Président de la Commission des Droits de l’Homme et des Peuples de l’O.U.A.
Ancien Ministre.
29. Roberto HOLDE
Grande figure historique.
Fondateur du Mouvement de Libération pour l’Indépendance de l’ANGOLA.
Député à l’Assemblée Nationale Angolaise.
Membre d’Honneur du C.R.E.M.
30. Professeur Greg BAKANDEJA WA MPONGU,
Kinshasa. ZAIRE.
31. Sheila JONES.
Fondation Martin LUTHER KING. Chicago. U.S.A.
32. Grégoire BIYOGO.
Directeur de l’Institut Cheikh ANTA DIOP
Professeur à l’Université Omar BONGO. Libreville. GABON.
33. Mohamed GALI.
Juriste.
Avocat à la Cour de Nouakchott. MAURITANIE.
34. Béchir BEN YAMED.
Fondateur du Groupe JEUNE AFRIQUE.
Journaliste. Ecrivain.
Ancien Ministre de la République de TUNISIE.
35. Pascal GAYAMA
Secrétaire Général Adjoint de l’O.U.A.
36. Professeur Ibrahim IDRISS
Doyen de Faculté de Droit de l’Université d’Addis-Abéba.
Directeur du Centre des Droits de l’Homme de l’Université d’Addis-Abéba. ETHIOPIE.

- 10 -
37. Docteur Seyoum TEFERRA.
Doyen de la Faculté d’Education de l’Université d’Addis-Abéba. ETHIOPIE.
38. René BEGNI-SEGUI
Doyen de la Faculté de Droit d’Abidjan.
Président de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (L.I.D.H.)
Abidjan. COTE D’IVOIRE.
39. Abdoulaye WADE
Président de la République du SENEGAL.
40. Mandéra KEITA
Père Fondateur du Rassemblement Démocratique Africain.
41. Paulo TJIPILICA.
Avocat. Ministre de la Justice de la République d’ANGOLA.
Membre d’Honneur du C.R.E.M.
42. Abdel Basser BEN HASSEN
Directeur de publication, Institut Arabe des Droits de l’Homme.
22, Avenue Mohied Klibi El Mananr III 1004 Tunis. TUNISIE.
43. Charles NDLOVU
Directeur de Publication. Centre des Droits Communautaires.
249 Berea Road Durban 4001. AFRIQUE DU SUD.
44. Cheikh Saad Bouh KAMARA
Professeur de Sociologie à l’Université de Nouakchott.
Expert Consultant International.
B.P. 5012. Nouakchott. MAURITANIE.
45. IOKUNDO IGE
Directeur Exécutif de « Legal Research Resource Development Centre ».
P.O. BOX 75242 Victoria Island. Lagos. NIGERIA.
46. Archevêque J.K. KIMANI.
Député. P.O.BOX 10096 Nakuru. KENYA.
47. Julien RANDRIAMASIVELO
Représentant de Madagascar à l’Organisation de Solidarité
des Peuples Afro-asiatiques (O.S.P.A.A.)
89, rue Abdel Aziz Al-Saoud Manial. Le Caire. EGYPTE.

- 11 -
**COLLECTIF DE REALISATION DE L’ENCYCLOPEDIE ET DU MEMORANDUM**

STRUCTURE PROVISOIRE D’ORIENTATION


DES 12 TOMES EN 240 VOLUMES

PRESENTATION GENERALE Tome 7 - STRUCTURE DES SOCIETES


AFRICAINES ET L’ETAT DE LA
Préface et introduction CULTURE EN 1884.
Importance de cette initiative. Diversité, inventaire, identification,
Mission Historique des Elites et Intellectuels classification.
Africains.
Tome 1 - L’AFRIQUE DE 1884 à 1945. Tome 8 - LES LANGUES AFRICAINES.
Première partie 1884 à 1914 : Les Evénements, Diversité, inventaire, classification.
Les Hommes, Les Faits.
Deuxième partie 1914 à 1945 :Les Tome 9 - LES LITTERATURES
Evénements, Les Hommes, Les Faits. AFRICAINES.
Les sources, inventaire, les conteurs, les
Tome 2 - L’AFRIQUE DE 1945 à 1960. écrivains.
Première partie 1945 à 1955: Les Evénements,
Les Hommes, Les Faits. Tome 10 - LES ARTS AFRICAINS A
Deuxième partie 1955 à 1960. Les PARTIR DE 1884.
Evénements, Les Hommes, Les Faits. Diversité, les modèles, signification
(expression de la civilisation...)
Tome 3 - L’AFRIQUE DE 196O à 1981.
Première partie 1960 à 1963 Les Evénements, Les Tome 11 - LE PILLAGE ET LA
Hommes, Les Faits. DESTRUCTION DES ARTS AFRICAINS
Deuxième partie 1963 à 1974 . Les PAR LA COLONISATION.
Evénements , Les Hommes, Les Faits. Inventaire et récupération, dédommagements.
Troisième partie 1974 à 1981. Les
Evénements, Les Hommes, Les Faits. Tome 12 - LES CONDITIONS DE LA
RESTAURATION ET DE RENOUVEAU
Tome 4 - INVENTAIRE ET ETAT DE SOCIO-CULTUREL DU CONTINENT
L’ECONOMIE AFRICAINE EN 1884. AFRICAIN.
Ressources humaines, ressources naturelles, La promotion nationale et internationale des
niveau de développement. arts et de la culture africaine.
L’éveil et l’essor du génie artistique généralisé.
Tome 5 - LES STRATEGIES DE Le progrès scientifique et la culture
DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE technologique.
AFRICAINE.
Stratégies coloniales, stratégies nationales. CONCLUSION GENERALE.

Tome 6 - L’ECONOMIE AFRICAINE


DANS L’ECONOMIE MONDIALE.
Les conditions de l’indépendance économique
et de la coopération internationale.
Les moyens du développement de l’économie
africaine intégrée.
Les matières premières, les banques et les
institutions monétaires et financières.

- 12 -
Cheikh Anta Diop
savant et humaniste

Cheikh Anta Diop naît en 1923 dans un petit village du Sénégal, Caytou. L'Afrique est sous la
domination coloniale européenne qui a pris le relais de la traite négrière atlantique commencée au
16ème siècle. La violence dont l'Afrique est l'objet, n'est pas de nature exclusivement militaire,
politique et économique. Théoriciens (Voltaire, Hume, Hegel, Gobineau, Lévy Bruhl, etc.) et
institutions d'Europe (l'institut d'ethnologie de France créé en 1925 par L. Lévy Bruhl, par exemple),
s'appliquent à légitimer au plan moral et philosophique l'infériorité intellectuelle décrétée du Nègre. La
vision d'une Afrique anhistorique et atemporelle, dont les habitants, les Nègres, n'ont jamais été
responsables, par définition, d'un seul fait de civilisation, s'impose désormais dans les écrits et s'ancre
dans les consciences. L'Égypte est ainsi arbitrairement rattachée à l'Orient et au monde
méditerranéen géographiquement, anthropologiquement, culturellement.

C'est donc dans un contexte singulièrement hostile et obscurantiste que Cheikh Anta Diop est conduit
à remettre en cause, par une investigation scientifique méthodique, les fondements mêmes de la
culture occidentale relatifs à la genèse de l'humanité et de la civilisation. La renaissance de l'Afrique,
qui implique la restauration de la conscience historique, lui apparaît comme une tâche incontournable
à laquelle il consacrera sa vie.

C’est ainsi qu’il s'attache, dès ses études secondaires à Dakar et St Louis du Sénégal, à se doter
d'une formation pluridisciplinaire en sciences humaines et en sciences exactes, nourrie par des
lectures extrêmement nombreuses et variées. S'il acquiert une remarquable maîtrise de la culture
européenne, il n'en est pas moins profondément enraciné dans sa propre culture. Sa parfaite
connaissance du wolof, sa langue maternelle, se révélera être l'une des principales clés qui lui ouvrira
les portes de la civilisation pharaonique. Par ailleurs, l'enseignement coranique le familiarise avec le
monde arabo-musulman.
A partir des connaissances accumulées et assimilées sur les cultures africaine, arabo-musulmane et
européenne, Cheikh Anta Diop élabore des contributions majeures dans différents domaines.
L'ensemble se présente comme une œuvre cohérente et puissante qui fait de Cheikh Anta Diop un
savant et un humaniste.

On se propose dans une première partie de dégager de manière concise quelques-uns des traits
essentiels de son œuvre. En second lieu, on présente la poursuite de l'œuvre du savant dans le
domaine de l'histoire et de l'égyptologie.
A. L'œuvre de Cheikh Anta Diop
A1. La reconstitution scientifique du passé de l'Afrique et la restauration de la conscience historique

Au moment où Cheikh Anta Diop entreprend ses premières recherches historiques (années 40)
l'Afrique noire ne constitue pas "un champ historique intelligible" pour reprendre une expression de
l'historien britannique Arnold Toynbee. Il est symptomatique qu'encore au seuil des années 60, dans
le numéro d'octobre 1959 du Courrier de l'UNESCO, l'historien anglo-saxon Basile Davidson
introduise son propos sur la "Découverte de l'Afrique" par la question : "Le Noir est-il un homme sans
passé ?"

- 13 -
Dans son récent ouvrage Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx, Théophile Obenga montre
magistralement en quoi consiste l'originalité et la nouveauté de la problématique historique africaine
ouverte et développée par Cheikh Anta Diop :
"En refusant le schéma hégélien de la lecture de l'histoire humaine, Cheikh Anta Diop s'est par
conséquent attelé à élaborer, pour la première fois en Afrique noire une intelligibilité capable de
rendre compte de l'évolution des peuples noirs africains, dans le temps et dans l'espace [...] Un
ordre nouveau est né dans la compréhension du fait culturel et historique africain. Les différents
peuples africains sont des peuples "historiques" avec leur État : l'Égypte, la Nubie, Ghana, Mali,
Zimbabwe, Kongo, Bénin, etc. leur esprit, leur art, leur science. Mieux, ces différents peuples
historiques africains s'accomplissent en réalité comme des facteurs substantiels de l'unité culturelle
africaine". [Théophile Obenga, Leçon inaugurale du colloque de Dakar de février-mars 1996 intitulé :
"L'œuvre de Cheikh Anta Diop - La Renaissance de l'Afrique au seuil du troisième millénaire", Actes
du colloque de Dakar à paraître).
Nations nègres et Culture – De l'Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique
d'aujourd'hui– que publie en 1954 Cheikh Anta Diop aux Éditions Présence Africaine créées par
Alioune Diop est le livre fondateur d'une écriture scientifique de l’histoire africaine. La reconstitution
critique du passé de l'Afrique devient possible grâce à l'introduction du temps historique et de l'unité
culturelle. La restauration de la conscience historique devient alors elle aussi possible.

A2. Les principales thématiques développées par Cheikh Anta Diop

Les thématiques présentes dans l'œuvre de Cheikh Anta Diop peuvent être regroupées en six
grandes catégories :
a. L'origine de l'homme et ses migrations. Parmi les questions traitées : l'ancienneté de l'homme
en Afrique, le processus de différentiation biologique de l’humanité, le processus de sémitisation,
l’émergence des Berbères dans l’histoire, l'identification des grands courants migratoires et la
formation des ethnies africaines.
b. La parenté Égypte ancienne/Afrique noire. Elle est étudiée selon les aspects suivants : le
peuplement de la vallée du Nil, la genèse de la civilisation égypto-nubienne, la parenté linguistique, la
parenté culturelle, les structures socio-politiques, etc.
c. La recherche sur l'évolution des sociétés. Plusieurs développements importants sont consacrés
à la genèse des formes anciennes d'organisation sociale rencontrées dans les aires géographiques
méridionale (Afrique) et septentrionale (Europe), à la naissance de l'État,.à la formation et
l'organisation des États africains après le déclin de l'Égypte, à la caractérisation des structures
politiques et sociales africaines et européennes avant la période coloniale ainsi qu'à leur évolution
respective, aux modes de production, aux conditions socio-historiques et culturelles qui ont présidé à
la Renaissance européenne.
d. L'apport de l'Afrique à la civilisation. Cet apport est restitué dans de nombreux domaines : la
métallurgie, l'écriture, les sciences (mathématiques, astronomie, médecine, ...), les arts et
l'architecture, les lettres, la philosophie, les religions révélées (judaïsme, christianisme, islam), etc.
e. Le développement économique, technique, industriel, scientifique, institutionnel, culturel de
l'Afrique. Toutes les questions majeures que pose l'édification d'une Afrique moderne sont abordées :
maîtrise des systèmes éducatif, civique et politique avec l'introduction et l'utilisation des langues
nationales à tous les niveaux de la vie publique ; l'équipement énergétique du continent ; le
développement de la recherche fondamentale ; la représentation des femmes dans les institutions
politiques ; la sécurité ; la construction d'un État fédéral démocratique, etc. La création par Cheikh
Anta Diop du laboratoire de datation par le radiocarbone qu'il dirige jusqu'à sa disparition est
significative de toute l'importance accordée à "l'enracinement des sciences en Afrique".

f. L'édification d'une civilisation planétaire. L'humanité doit rompre définitivement avec le racisme,
les génocides et les différentes formes d’esclavage. La finalité est le triomphe de la civilisation sur la
barbarie. Cheikh Anta Diop appelle de ses vœux l'avènement de l'ère qui verrait toutes les nations du
monde se donner la main "pour bâtir la civilisation planétaire au lieu de sombrer dans la barbarie"
(Civilisation ou Barbarie, 1981). L’aboutissement d’un tel projet suppose :
- la dénonciation de la falsification moderne de l'histoire : "La conscience de l'homme moderne ne
peut progresser réellement que si elle est résolue à reconnaître explicitement les erreurs
d'interprétations scientifiques, même dans le domaine très délicat de l'Histoire, à revenir sur les
falsifications, à dénoncer les frustrations de patrimoines. Elle s'illusionne, en voulant asseoir ses
constructions morales sur la plus monstrueuse falsification dont l'humanité ait jamais été coupable tout
en demandant aux victimes d'oublier pour mieux aller de l'avant" (Cheikh Anta Diop, Antériorité des
civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, p. 12).
- 14 -
- la réaffirmation de l'unité biologique de l'espèce humaine fondement d’une nouvelle éducation qui
récuse toute inégalité et hiérarchisation raciales : "... Donc, le problème est de rééduquer notre
perception de l'être humain, pour qu'elle se détache de l'apparence raciale et se polarise sur l'humain
débarrassé de toutes coordonnées ethniques." (Cheikh Anta Diop, "L'unité d'origine de l'espèce
humaine", in Actes du colloque d'Athènes : Racisme science et pseudo-science, Paris, UNESCO, coll.
Actuel, 1982, pp. 137-141).
L'ensemble de ces grandes problématiques définit de façon claire et cohérente un cadre, des axes et
un programme de travail.

A3. L'apport méthodologique et les acquis du colloque du Caire


Pour sortir l'Afrique du paradigme anhistorique et ethnographique dans lequel anthropologues et
africanistes l'avaient confinée Cheikh Anta Diop adopte une méthodologie de recherche qui s'appuie
sur des études diachroniques, le comparatisme critique, la pluridisciplinarité : archéologie, linguistique,
ethnonymie/toponymie, sociologie, sciences exactes, etc.. Grâce à une approche à la fois analytique
et synthétique il lui a été possible de rendre aux faits historiques, sociologiques, linguistiques, culturels
du continent africain, leur cohérence et leur intelligibilité. La nouvelle méthodologie en matière
d'histoire africaine que préconise et met en œuvre Cheikh Anta Diop dans ses travaux est exposée
dans son livre Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, (op. cit., pp. 195-214)
et largement commentée par le professeur Aboubacry Moussa Lam (cf. bibliographie).
S'agissant de l'Égypte ancienne alors étudiée dans son contexte négro-africain, Cheikh Anta Diop
écrit :
"Partant de l'idée que l'Égypte ancienne fait partie de l'univers nègre, il fallait la vérifier dans tous Ies
domaines possibles, racial ou anthropologique, linguistique, sociologique, philosophique, historique,
etc. Si l'idée de départ est exacte, l'étude de chacun de ces différents domaines doit conduire à la
sphère correspondante de l'univers nègre africain. L'ensemble de ces conclusions formera un
faisceau de faits concordants qui éliminent le cas fortuit. C'est en cela que réside la preuve de notre
hypothèse de départ. Une méthode différente n'aurait conduit qu'à une vérification partielle qui ne
prouverait rien. Il fallait être exhaustif" (Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres – mythe
ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, 1967, p. 275).

En 1970, l'UNESCO sollicite Cheikh Anta Diop pour devenir membre du Comité scientifique
international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Son exigence d'objectivité le
conduit à poser trois préalables à la rédaction des chapitres consacrés à l'histoire ancienne de
l'Afrique. Les deux premiers consistent en la tenue d'un colloque international, organisé par
l'UNESCO, réunissant des chercheurs de réputation mondiale, pour d'une part, traiter de l'origine des
anciens Égyptiens, et d'autre part faire le point sur le déchiffrement de l'écriture méroïtique. En effet,
une confrontation des travaux de spécialistes du monde entier lui paraissait indispensable pour faire
avancer la science historique. Le troisième préalable concerne la réalisation d'une couverture
aérienne de l'Afrique afin de restituer les voies anciennes de communication du continent.

C'est ainsi que se tient au Caire du 28 janvier au 3 février 1974, organisé par l'UNESCO dans le cadre
de la Rédaction de l'Histoire générale de l'Afrique, le colloque intitulé : "Le peuplement de l'Égypte
ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique".

Ce colloque rassemble une vingtaine de spécialistes appartenant aux pays suivants : Égypte, Soudan,
Allemagne, USA, Suède, Canada, Finlande, Malte, France, Congo et Sénégal. La contribution très
constructive des chercheurs africains tant au plan méthodologique qu'au niveau de la masse des faits
apportés et instruits, a été reconnue par les participants et consigné dans le compte-rendu du
colloque, notamment dans le domaine de la linguistique : "un large accord s'est établi entre les
participants". "Les éléments apportés par les professeurs DIOP et OBENGA ont été considérés
comme très constructifs. (…) Plus largement, le professeur SAUNERON a souligné l'intérêt de la
méthode proposée par le professeur OBENGA après le professeur DIOP. L'Égypte étant placée au
point de convergence d'influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des
langues étrangères ; mais il s'agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs
milliers de mots. L'égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas
compte de sa naissance ; il est donc légitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique."[cf.
Histoire générale de l’Afrique, Paris, Afrique/Stock/Unesco, 1980, pp. 795-823].

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S'agissant de la culture égyptienne : "Le professeur VERCOUTTER a déclaré que, pour lui, l'Égypte
était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser. Le professeur
LECLANT a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des
Égyptiens."
Le rapport, dans sa conclusion générale indique que "La très minutieuse préparation des
communications des professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA n'a pas eu, malgré les précisions
contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l'UNESCO, une contrepartie toujours
égale. Il s'en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions."

Depuis 1974, les découvertes archéologiques, les études linguistiques, les études génétiques,
l'examen de la culture matérielle, l'étude de la philosophie, etc. ne font que confirmer chaque jour
davantage les grandes orientations de recherche recommandées par le Colloque du Caire.

B. La postérité intellectuelle
Dans le domaine de l'égyptologie, par exemple, une communauté d'égyptologues africains existe
désormais. Elle s’est constituée selon les étapes ci-après.
B1. La période de la recherche solitaire 1946-1970

Jusqu'au début des années 1970, Cheikh Anta Diop poursuit, dans une totale solitude intellectuelle,
ses recherches sur la parenté existant entre l'Égypte ancienne et le reste de l'Afrique noire engagées
déjà depuis plus d'une vingtaine d'années. Un veto s'oppose implacablement à ce qu'il enseigne à
l'Université de Dakar. Deux conséquences immédiates en découlent : l'impossibilité d'orienter et de
former les jeunes générations d'historiens et d'égyptologues africains, et celle de procéder au
renouvellement complet des "Études africaines" tant sur le plan du contenu de l'enseignement
(intégration des antiquités égypto-nubiennes, etc.) que sur celui des critères de compétence.

B2. Théophile Obenga rencontre Cheikh Anta Diop

Au début des années 60, Théophile Obenga, découvre le livre de Cheikh Anta Diop Nations nègres et
Culture. Théophile Obenga, est déjà formé à la philosophie et il maîtrise le grec ancien ainsi que le
latin. Il s'oriente de manière décisive vers l'égyptologie et la linguistique. Il suit les enseignements de
grands noms de la linguistique historique comme Henri Frei à l'Université de Genève et Émile
Benveniste au Collège de France à Paris. Les premiers résultats des recherches de Théophile
Obenga en histoire et en linguistique paraissent dans des articles dès 1969. C'est en 1973, qu'il publie
aux Éditions Présence Africaine son premier grand livre, L'Afrique dans l'Antiquité - Égypte
pharaonique/Afrique Noire. Le lecteur y trouvera entre autres des chapitres fondamentaux consacrés
à la comparaison de la langue égyptienne ancienne et des langues négro-africaines contemporaines,
ainsi qu'aux écritures anciennes du continent africain.

Cheikh Anta Diop n'est désormais plus seul. Il le sait et il exprime l'espoir, dans sa préface au livre de
Théophile Obenga, de voir se constituer à terme une équipe de chercheurs africains : "Il est
indispensable de créer une équipe de chercheurs africains où toutes les disciplines sont représentées.
C'est de la sorte qu'on mettra le plus efficacement possible la pensée scientifique au service de
l'Afrique.", avec la mise en garde préalable suivante : "Puissent-ils comprendre qu'à la maîtrise des
connaissances il faut ajouter l'efficacité de l'organisation pour se maintenir".

Le colloque du Caire (1974) évoqué plus haut consolide la collaboration entre les deux hommes pour
la réécriture de l'histoire de l'Afrique et partant de l'humanité, sur des bases strictement objectives.
Les acquis du colloque du Caire provoquent des fissures dans le dispositif d'isolement dressé autour
de Cheikh Anta Diop. La technicité du débat scientifique, dévoile jour après jour, l'incompétence et
l'imposture africaniste qui se réfugie de manière malsaine, hier comme aujourd'hui encore, dans une
pseudo critique à caractère psychanalytique ou dans le procès d'intention.
Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga se sont attachés, parallèlement à leurs recherches, à
sensibiliser les Africains à l'histoire de l'Afrique avant la colonisation, aux enjeux vitaux qui lui sont
associés, à faire naître des vocations, au moyen de conférences, de colloques, de longues interviews
en Afrique, en Europe, dans les Caraïbes, aux États-Unis.
Au fil des années des Africains se sont engagés dans la voie de l'égyptologie, tout en se heurtant,
d’une part à l’hostilité du milieu universitaire, notamment francophone, où une telle orientation est
"politiquement incorrecte" et d’autre part à la faiblesse des moyens matériels.

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B3. Les continuateurs. L'École africaine d'égyptologie

Une école africaine d'égyptologie s'est progressivement constituée. C'est le lieu de souligner, ici, toute
l'importance que revêt la connaissance de l'intérieur de l'univers négro-africain, particulièrement à la
langue, la culture matérielle, les conceptions philosophiques, religieuses et socio-politiques. On
touche donc du doigt les critères mêmes que doit satisfaire un spécialiste véritable de l'Afrique
ancienne.
Les grandes orientations de travail de l'école africaine d'égyptologie recouvrent les thématiques
développées par Cheikh Anta Diop, rappelées plus haut, ainsi que les recommandations du colloque
d’Egyptologie du Caire. Les résultats les plus récents des recherches linguistiques, culturelles de
manière générale sur la civilisation pharaonique alliés à ceux des recherches archéologiques illustrent
la pertinence scientifique du cadre de travail négro-africain, son caractère éminemment fécond. La
revue ANKH, Revue d'égyptologie et des civilisations africaines, a justement pour vocation de publier
de tels acquis. ANKH signifie la "Vie" en langue égyptienne pharaonique. Créée en 1992, elle est
dirigée par le professeur Théophile Obenga. Les collaborateurs de ANKH sont des chercheurs de
divers pays, marque de son ouverture internationale. On y trouvera, outre les études consacrées à
l’Antiquité égypto-nubienne (linguistique, culture matérielle, philosophie, religion, archéologie,...), des
synthèses sur l'Afrique en général, une section sciences exactes (physique, mathématiques,
informatique, ...), et une rubrique bibliographique. Parallèlement, toute une série d’ouvrages traduit la
richesse de la recherche égyptologie africaine (cf. bibliographie). Cette production intellectuelle de
haut niveau s’enrichit chaque année de nouvelles études et constitue la base nécessaire d’un
enseignement de qualité sur l'Afrique ancienne.
En 1981, Cheikh Anta Diop est enfin nommé professeur d'histoire associé à la Faculté des Lettres et
Sciences Humaines de Dakar, c’est-à-dire vingt sept ans après la parution de Nations nègres et
Culture, vingt et un ans après son Doctorat d'État. Il y enseignera en maîtrise, en DEA et dirigera des
thèses jusqu'à sa disparition en 1986. La relève est assurée aujourd'hui par Aboubacry Moussa Lam
et Babacar Sall, égyptologues à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

A partir de 1991, Théophile Obenga enseigne l'égyptologie à l'Université de Brazzaville, puis à partir
de 1995 à Temple University (Philadelphie) aux USA. A Paris (lieu : AGECA, 177 rue de Charonne,
Paris 11 ème), il assure actuellement (dans le cadre de la revue ANKH, cf. L’Autre Afrique, n°48, du 6
au 12 mai 1998, p. 34) un enseignement sur la langue de l'Égypte pharaonique et l’étude des textes
égyptiens relatifs aux mathématiques, à la philosophie et à la religion.

Sollicités par nombre de clubs, de cercles d’études, d'associations comme les Générations Cheikh
Anta Diop du Burkina-Faso, du Niger, du Mali, du Sénégal, les égyptologues africains assurent
également une vulgarisation sur l’histoire ancienne de l’Afrique à travers conférences, séminaires,
expositions organisés en Afrique, aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Europe. Un exemple peut
être fourni par le dossier magnifiquement élaboré par l'historien et égyptologue Jean Charles Gomez
sur le colloque de Dakar de février-mars 1996 intitulé : "L'œuvre de Cheikh Anta Diop - La
Renaissance de l'Afrique au seuil du troisième millénaire" (cf Racines & Couleurs, n° 126, 1997).

La jeunesse africaine du continent et de la diaspora est désormais édifiée sur la période de son
histoire qui précède les quatre siècles de la traite négrière atlantique et d'occupation coloniale,
jusqu'aux périodes les plus reculées. L'œuvre de Cheikh Anta Diop montre la nécessité pour l'Afrique
d'un retour à l'Égypte ancienne dans tous les domaines : celui des sciences, de l'art, de la littérature,
du droit, ... La démarche historique, loin d'être conçue comme un repli sur soi ou une simple
délectation du passé, permet à Cheikh Anta Diop de définir le cadre de réflexion approprié pour poser,
en termes exacts, l'ensemble des problèmes culturels, éducatifs, politiques, économiques,
scientifiques, techniques, industriels, etc., auxquels sont confrontés les Africains, aujourd'hui, et pour y
apporter des solutions. C'est pourquoi toute son œuvre se présente comme le socle même d’une
véritable renaissance de l'Afrique :
"[Et] les études africaines ne sortiront du cercle vicieux où elles se meuvent, pour retrouver tout leur
sens et toute leur fécondité, qu'en s'orientant vers la vallée du Nil. Réciproquement, l'égyptologie ne
sortira de sa sclérose séculaire, de l'hermétisme des textes, que du jour où elle aura le courage de
faire exploser la vanne qui l'isole, doctrinalement, de la source vivifiante que constitue, pour elle, le
monde nègre" (Antériorité des civilisations nègres - mythe ou vérité historique ?, op. cit., p. 12).

http://www.ankhonline.com/cheikh.htm

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CHEIKH ANTA DIOP

Jalons biographiques et bibliographiques


Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 dans le village de Caytou situé dans la région de Diourbel (en
pays Baol-Cayor), près de la ville de Bambey à environ 150 km de Dakar, au Sénégal.
Son père, (le Jeune) Massamba Sassoum Diop est décédé peu de temps après sa naissance. Sa mère,
Magatte Diop, vécut jusqu'en 1984.
Cheikh Anta Diop épousera en 1953, à Paris, une Française, Louise Marie Maes, diplômée d'Études supérieures
en Histoire et Géographie. Quatre fils naîtront de cette union.
Cheikh Anta Diop décède le 7 février 1986 ; il repose, selon sa volonté, à Caytou, auprès de son grand-père (le
Vieux) Massamba Sassoum Diop, fondateur du village.

1927 - 1937 : A l'âge de quatre-cinq ans il est envoyé à l'école coranique. Il est ensuite scolarisé à l'école
française : l'École Régionale de Diourbel. En 1937, il obtient son certificat d'études primaires.

1938 - 1945 : Études secondaires à Dakar et Saint-Louis. Il obtient, en 1945, ses baccalauréats ("brevet de
capacité colonial correspondant au baccalauréat") en mathématiques et en philosophie.
Durant ces années passées au lycée, il élabore un alphabet conçu pour transcrire toute langue africaine et il
entreprend également la rédaction d'une histoire du Sénégal. Dans cette même période apparaissent ses
premières réflexions qui plus tard déboucheront sur son projet de renaissance culturelle et d'indépendance
politique de l'Afrique noire. Il se destine néanmoins à un métier scientifique appréhendé comme un devoir de
découverte et d'invention vis-à-vis de l'humanité.

1946 : Arrivée à Paris au cours de l'année 1946. Il s'inscrit en classe de Mathématiques Supérieures, son but
étant de devenir ingénieur en aéronautique. En attente de la rentrée de l'année 1946-1947, il s'inscrit en Faculté
des Lettres de la Sorbonne en philosophie. Il suit, en particulier, l'enseignement de Gaston Bachelard.
A son initiative est créée l'Association des Étudiants Africains de Paris dont le premier président est Cheikh
Fall. Amadou Mahtar M'Bow en deviendra quelques années plus tard le président.

1947 : Cheikh Anta Diop poursuit, parallèlement à ses études, ses recherches linguistiques sur le wolof et le
sérère, langues parlées au Sénégal. Il entre en relation avec Henri Lhote (le découvreur des fresques du Tassili,
au Sahara).

1948 : Il achève sa licence de philosophie et s'inscrit en Faculté des Sciences. Il publie sa première étude de
linguistique, Étude linguistique ouolove – Origine de la langue et de la race valaf, dans la revue "Présence
Africaine" créée par le grand homme de culture Alioune Diop en 1947, qui fondera la maison d'édition
Présence Africaine puis la Société Africaine de Culture (SAC). La même année, Cheikh Anta Diop publie,
dans un numéro spécial de la revue "Le Musée Vivant", un article intitulé Quand pourra-t-on parler d'une
renaissance africaine ? en partie consacré à la question de l'utilisation et du développement des langues
africaines, et dans lequel Cheikh Anta Diop propose pour la première fois de bâtir les humanités africaines à
partir de l'Égypte ancienne.
1949 : Il fait inscrire sur les registres de la Sorbonne le sujet de thèse de doctorat ès-Lettres qu'il se propose de
traiter, sous la direction du professeur Gaston Bachelard, et qui s'intitule "L'avenir culturel de la pensée africaine".

1950 : Il obtient les deux certificats de chimie : chimie générale et chimie appliquée.
Il prend la décision d'intégrer en juillet 1950 le RDA (Rassemblement Démocratique Africain) alors dirigé par
Félix Houphouët-Boigny, tout en rappelant fermement à la direction du RDA son devoir de ne pas faillir à sa
mission historique : celle d'une véritable libération du continent africain.
Retour au Sénégal pendant l'hivernage (juillet-août) de l'année 1950. Il donne, à Dakar et Saint-Louis, plusieurs
conférences dont la presse se fait l'écho :
— "Un enseignement est-il possible en Afrique dans la langue maternelle ?",
— "Nécessité et possibilité d'un enseignement dans la langue maternelle en Afrique",
— "Les fondements culturels d'une civilisation africaine moderne".
Au cours de ce même séjour, il propose, avec des notables, dans une lettre adressée aux autorités de l'AOF
(Afrique Occidentale Française), un plan de reboisement du pays afin de faire face au danger de la sécheresse.

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1951 : Inscription sur les registres de la faculté de son sujet de thèse secondaire "Qu'étaient les Égyptiens
prédynastiques", sous la direction du professeur Marcel Griaule.
Il devient le secrétaire général de l'Association des Étudiants du RDA (AERDA), à Paris.
Il donne plusieurs conférences :
— "L'origine du wolof et du peuple qui parle cette langue", organisée à Paris au Musée de l'Homme par la Société
des Africanistes, dont le secrétaire général est à l'époque Marcel Griaule.
— "Les fondements culturels d'une civilisation africaine moderne", organisée par l'Association des Étudiants
africains de Paris,
— "Objectifs d'une politique africaine efficiente", également organisée par l'Association des Étudiants africains de
Paris.
Il organise, dans le cadre de l'AERDA, le premier congrès panafricain politique d'étudiants d'après-guerre, du 4
au 8 juillet 1951. La WASU (West African Student Union) participe à ce congrès.

1952 : C'est dans le bulletin mensuel de l'AERDA, "La Voix de l'Afrique noire" de février 1952, dans un article
intitulé "Vers une idéologie politique africaine", que Cheikh Anta Diop pose pour la première fois en Afrique
francophone, sous leurs multiples aspects, culturels, économiques, sociaux, etc., les principes de l'indépendance
nationale et de la constitution d'une fédération d'États démocratiques africains, à l'échelle continentale.

1953 : Dans le bulletin mensuel de l'AERDA, "La Voix de l'Afrique noire" de mai-juin 1953, il publie l'article "La
lutte en Afrique noire". Il quitte le secrétariat général de l'AERDA.

1954 : Nations nègres et Culture — De l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique
noire d'aujourd'hui paraît aux Éditions Présence Africaine. Ce livre est en fait le texte des thèses principale et
secondaire destinées à être soutenues en Sorbonne en vue de l'obtention du doctorat d'État ès Lettres ; mais
aucun jury ne put être formé. A propos de cette œuvre maîtresse de Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire écrit : "…
Nations nègres et Culture — [livre] le plus audacieux qu'un Nègre ait jusqu'ici écrit et qui comptera à n'en pas
douter dans le réveil de l'Afrique" (Discours sur le Colonialisme, Paris, Présence Africaine, 1955).

1956 : Il se réinscrit en thèse d'État avec comme nouveau sujet principal "Les domaines du matriarcat et du
patriarcat dans l'antiquité".
A partir de 1956 il enseigne la physique et la chimie aux lycées Voltaire et Claude Bernard, à Paris en tant que
maître-auxiliaire.
Parution dans la revue "Présence Africaine" de l'article Alerte sous les Tropiques, texte qui préfigure son futur
livre-programme : Les fondements culturels, techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique
noire (1960).
Cheikh Anta Diop donne une conférence sur le thème : "Les origines nègres de la civilisation égyptienne",
organisée par Présence Africaine, Salle des Sociétés Savantes, à Paris.
Il participe au premier Congrès des Écrivains et Artistes noirs qui se déroule à la Sorbonne. Il y apporte la
contribution intitulée : Apports et perspectives culturels de l'Afrique qui paraît dans un numéro spécial de la revue
"Présence Africaine".
Débat contradictoire avec l'égyptologue français Jean Sainte-Fare Garnot.

1957 : Inscription sur les registres de la faculté de son sujet de thèse complémentaire : "Étude comparée des
systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique, de l'Antiquité à la formation des États modernes".
Il entreprend une spécialisation en physique nucléaire au Laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France
dirigé par Frédéric Joliot-Curie puis à l'Institut Pierre et Marie Curie, à Paris. Cheikh Anta Diop nourrissait une
admiration toute particulière à l'égard du grand physicien français Frédéric Joliot-Curie avec lequel il est entré en
contact pour la première fois en 1953.

1959 : à Rome, il participe au second Congrès des Écrivains et Artistes noirs. Il y fait une communication portant
sur L'Unité culturelle africaine qui paraît dans un numéro spécial de la revue "Présence Africaine".
"Y a-t-il une unité culturelle de l'Afrique noire ?", est une conférence qu'il donne en clôture des Journées
Africaines de Rennes : séminaire organisé par l'Association des Étudiants Africains et l'A.G.E.R. (Association
Générale des Étudiants de Rennes) sur le thème : "Les langues vernaculaires en Afrique noire et structures
sociales de l'Afrique noire en liaison avec le problème des pays sous-développés", Rennes (France), 1er et 2
juillet 1959.

1960 : Le 9 janvier 1960, il soutient, à la Sorbonne, sa thèse de doctorat d'État en lettres. Elle est publiée aux
Éditions Présence Africaine sous les titres : L'Afrique noire précoloniale et L'Unité culturelle de l'Afrique
noire. Le préhistorien André Leroi-Gourhan était son directeur de thèse, et son jury était présidé par le
professeur André Aymard, alors doyen de la faculté des Lettres. La mention honorable lui a été attribuée. Un
reportage sur la soutenance de cette thèse, qui a duré plusieurs heures, a été réalisé par le journaliste Doudou
Cissé et diffusé sur les ondes de la Radiodiffusion d'Outre-Mer. On peut aussi se référer à l'article de Bara Diouf
paru dans "La Vie Africaine", n° 6, Paris, mars-avril 1960. Sa thèse de doctorat porte la dédicace suivante : "A
mon Professeur Gaston Bachelard dont l'enseignement rationaliste a nourri mon esprit".

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La même année, sort la première édition du livre Les fondements culturels, techniques et industriels d'un
futur État fédéral d'Afrique noire.
Retour définitif au Sénégal en 1960 : "Je rentre sous peu en Afrique où une lourde tâche nous attend tous. Dans
les limites de mes possibilités et de mes moyens, j'espère contribuer efficacement à l'impulsion de la recherche
scientifique dans le domaine des sciences humaines et celui des sciences exactes. Quand à l'Afrique noire, elle
doit se nourrir des fruits de mes recherches à l'échelle continentale. Il ne s'agit pas de se créer, de toutes pièces,
une histoire plus belle que celle des autres, de manière à doper moralement le peuple pendant la période de lutte
pour l'indépendance, mais de partir de cette idée évidente que chaque peuple a une histoire." (Cheikh Anta Diop,
interview in "La Vie Africaine", n°6, mars-avril 1960, p. 11).
Le 1er octobre 1960, il est nommé assistant à l'Université de Dakar pour travailler à l'Institut Français d'Afrique
Noire (IFAN). Il ne lui est confié aucun enseignement en sciences humaines.
Il donne plusieurs conférences, relayées par la presse :
— "Comment recréer, à partir d'une langue l'unité linguistique à l'échelle du continent ?",
— "Comment recréer, à partir d'une langue l'unité linguistique en Afrique noire ?", conférence organisée par le
Centre Régional d'Information de Diourbel (Sénégal),
— "Origine et évolution du monde noir de la préhistoire à nos jours", organisée sous l'égide de l'Union Culturelle
des Enseignants de Dakar, à l'École Clémenceau.

1961 : Cheikh Anta Diop entreprend de créer un laboratoire de datation par le Carbone 14 (radiocarbone) au
sein de l'IFAN de Dakar alors dirigé par le professeur Théodore Monod. De nombreux domaines peuvent
bénéficier de l'existence d'un tel laboratoire : l'archéologie, la préhistoire, l'histoire, la géologie, la climatologie …
Des relations de travail seront établies entre l'IFAN et le CEA français (Commissariat à l'Énergie
Atomique)/CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique français) au travers, entre autres, de Jean Le
Run, qui avait monté le premier ensemble de datation par le radiocarbone du CNRS à Gif-sur-Yvette, de
Jacques Labeyrie, Directeur du CFR (Centre des Faibles Radioactivités) et Georgette Delibrias (Directrice du
Laboratoire du Radiocarbone du CFR).
Activité politique : Cheikh Anta Diop crée, au Sénégal, un parti politique (le Bloc des Masses Sénégalaises, BMS)
d'opposition au régime en place dirigé par le Président Léopold Sédar Senghor et le Premier ministre Mamadou
Dia. Il en est le Secrétaire général.

1962 : Il dirige la construction des locaux du laboratoire de datation.


En raison de son activité politique il est emprisonné de mi-juillet à mi-août 1962 à la prison de la ville de Diourbel.
Un non-lieu sera finalement prononcé.
Il réalise en septembre de cette année, avec Jean Le Run, à Gif-sur-Yvette, la première datation de l'homme
d'Asselar.
Il achève L'inventaire archéologique du Mali, étude qui lui avait été confiée par Théodore Monod.

1963 : Achèvement de la construction du laboratoire et début de l'équipement des différentes salles du


laboratoire. Par une note de service en date du 17 avril 1963, Théodore Monod officialise, au sein du
Département d'Archéologie et de Préhistoire de l'IFAN, l'existence du "Laboratoire de Datation par le
Radiocarbone" dont le responsable est Cheikh Anta Diop.
Cheikh Anta Diop refuse les postes ministériels qui sont proposés par Léopold Sédar Senghor au BMS. Une telle
acceptation aurait signifié un renoncement au programme du BMS.
Dissolution du BMS, en octobre 1963, par le gouvernement sénégalais. Cheikh Anta Diop crée aussitôt un autre
parti qui sera à son tour dissous l'année suivante.

1965 : Théodore Monod quitte définitivement l'IFAN.

1966 : L'ensemble transistorisé de comptage de la radioactivité, après avoir été testé au Centre d'Études
Nucléaires de Saclay (CEA/CNRS), arrive en juillet au port de Dakar. Cet appareil, destiné à la datation par le
Carbone 14, bénéficie des plus récentes technologies de l'époque. Dans le cadre des accords de collaboration
technique, il a été fourni et partiellement financé par le CEA. Le laboratoire de datation commence à fonctionner.
Une commission du CEA, présidée par Georgette Delibrias, directrice du Laboratoire de Radiocarbone de Gif-sur-
Yvette, se rend au Sénégal pour tester, avec succès, les installations du laboratoire de Dakar.
Cheikh Anta Diop donne à la salle de mesure des dates le nom de Théodore Monod et le nom de Jean Le Run à
celle du traitement chimique des échantillons, en témoignage de reconnaissance à l'éminente personnalité
scientifique qui a créé et dirigé l'IFAN (jusqu'en 1965) et à l'un des pionniers du "Carbone 14" en France, devenu
son ami.
A l'exception de celui de la Rhodésie du Sud, c'est, alors, l'unique laboratoire de Carbone 14 existant en Afrique
noire. Les fondations du laboratoire ont été conçues pour supporter un étage supplémentaire car Cheikh Anta
Diop avait envisagé dès le début du projet de développer et d'élargir les activités de ce laboratoire qu'il
considérait comme le noyau, au sud du Sahara, d'un futur grand centre africain des faibles radioactivités, devant
regrouper à terme différentes méthodes de datation.
Les résultats des datations des échantillons archéologiques sont publiés dans le Bulletin de l'IFAN et la revue
internationale Radiocarbon.
Il reçoit avec feu le professeur W.E.B. Du Bois, le prix du 1er Festival des Arts Nègres, récompensant l'écrivain
qui a exercé la plus grande influence sur la pensée nègre du XXe siècle.

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1967 : Parution de Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ? (Présence Africaine).
Cheikh Anta Diop répond à l'ensemble des critiques qui lui ont été faites depuis la parution de Nations nègres et
Culture, en particulier celles exprimées par les africanistes Raymond Mauny, Jean Suret-Canale, etc.
Cheikh Anta Diop publie dans le Bulletin de l'IFAN une mise au point intitulée "A propos de la chronologie", car il
se trouve dans la nécessité de réagir aux propos tenus par l'africaniste Robert Cornevin dans un article "La
chronologie, pierre d'achoppement de l'histoire africaine", publié dans "Magazine Afrique" (n°60, 1966). Il s'agit
d'une réponse circonstanciée aux réserves pseudo-scientifiques exprimées par l'auteur à l'égard de la méthode
de datation par le Carbone 14. Il faut noter l'existence d'un climat de médisance et d'hostilité, créé par un certain
milieu africaniste, autour du laboratoire de datation de Dakar.
Il est invité, en août à Copenhague, à un colloque sur Humanisme africain - Culture scandinave, un dialogue.
Il participe au Congrès Panafricain de Préhistoire, qui se déroule à Dakar du 2 au 8 décembre 1967, et présente
aux congressistes l'installation et la mise en service du Laboratoire du Radiocarbone de l'IFAN.
Du 11 au 20 décembre 1967, à Dakar, il participe au 2ème Congrès international des africanistes, dont il préside
la Section VI : "Sciences naturelles et technologie". Il contribue à la rédaction du "Rapport et recommandations
sur la recherche scientifique dans le domaine des sciences de la nature et la technologie" et soumet une
"Résolution sur le péril atomique en Afrique".

1968 : Parution de l'ouvrage : Le laboratoire du radiocarbone de l'IFAN (IFAN, Dakar) qui est un descriptif de
l'installation mise en place et rassemble les mesures de stabilité des compteurs effectuées du 20 décembre 1966
au 30 mai 1967. Il contient également les résultats des premières dates obtenues de trois échantillons fournis
respectivement par le professeur Théodore Monod, le laboratoire de Saclay/Gif-sur-Yvette et une mission
archéologique britannique en Gambie.

1970 : Cheikh Anta Diop est sollicité officiellement par René Maheu, directeur général de l'UNESCO, pour
devenir membre du Comité scientifique international pour la rédaction de l'Histoire générale de l'Afrique. Le
secrétaire général de ce comité est le Béninois Maurice Glélé.
Il participe au colloque V. I. Lénine et le développement de la science, de la culture et de l'éducation, organisé
sous l'égide de l'UNESCO du 6 au 10 avril 1970 à Tampere en Finlande.

1971 : Il est invité à Alger au colloque ayant pour thème : l'Unité africaine.
Au VIIe Congrès Panafricain de Préhistoire et des études du Quaternaire, qui se déroule à Addis-Abeba en
Éthiopie, il expose l'ensemble des méthodes mises en œuvre au laboratoire de radiocarbone de Dakar.

1972 : Il donne une conférence publique en décembre 1972 au Campus universitaire de Lubumbashi au Zaïre
(province du Shaba) à l'issue de laquelle il est porté en triomphe par les étudiants.

1973 : Le premier livre de Théophile Obenga, L'Afrique dans l'Antiquité — Égypte pharaonique/Afrique
noire sort aux Éditions Présence Africaine. Cheikh Anta Diop en a rédigé la préface.

1974 : Parution du livre Physique nucléaire et chronologie absolue. Il s'agit d'un ouvrage de synthèse,
décrivant les diverses méthodes de datation d'échantillons archéologiques et géologiques, en particulier celles du
radiocarbone mises en œuvre dans le laboratoire de Dakar.
C'est dans le cadre de la rédaction de l'Histoire générale de l'Afrique, qu'à son initiative, se tient au Caire, du
28 janvier au 3 février 1974, un colloque international sur Le peuplement de l'Égypte ancienne et sur le
déchiffrement de l'écriture méroïtique, qui réunissait des égyptologues du monde entier, parmi les plus
éminents (cf. compte rendu publié par l'UNESCO et dans le volume II de l'Histoire générale de l'Afrique ainsi que
dans la revue "Ankh", n°3, juin 1994).
Les débats ont révélé la persistance de désaccords importants sur l'origine anthropologique des anciens
Égyptiens :
"La conclusion des experts qui n'admettaient pas la théorie d'un peuplement uniforme de la vallée du Nil des
origines jusqu'à l'invasion perse, énoncée par les professeurs Cheikh Anta Diop et Obenga, a été que le
peuplement de base de l'Égypte s'était mis en place au Néolithique, en grande partie en provenance du Sahara
et qu'il avait uni des hommes venus du nord et du sud du Sahara et différenciés par leur couleur. A cette théorie,
les professeurs Diop et Obenga ont opposé la leur, qui soulignait l'unité du peuplement de la vallée par des Noirs
et les progrès de ce peuplement du sud au nord."
Par contre dans le domaine linguistique, le professeur Jean Devisse, rapporteur du colloque, écrit qu'"un large
accord s'est établi entre les participants". "Les éléments apportés par les professeurs Diop et Obenga ont été
considérés comme très constructifs. (…) Plus largement, le professeur Sauneron a souligné l'intérêt de la
méthode proposée par le professeur Obenga après le professeur Diop. L'Égypte étant placée au point de
convergence d'influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des langues étrangères ;
mais il s'agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs milliers de mots. L'égyptien ne
peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc légitime
de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique."

- 21 -
La conclusion générale indique que "La très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh
Anta Diop et Obenga n'a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire
envoyé par l'UNESCO (voir annexe 3), une contrepartie toujours égale. Il s'en est suivi un véritable déséquilibre
dans les discussions".
Ce colloque a marqué une étape capitale dans l'historiographie africaine. Pour la première fois des experts
africains ont confronté, dans le domaine de l'égyptologie, les résultats de leurs recherches avec ceux de leurs
homologues des autres pays, sous l'égide de l'UNESCO.
La légitimité scientifique de rechercher systématiquement les liens, quels qu'ils soient, pouvant exister entre
l'Égypte ancienne et le reste de l'Afrique noire a été reconnue au plan international comme en témoignent les
recommandations adoptées par l'ensemble des spécialistes présents au Caire.
Le fait que l'Égypte ancienne soit traitée dans le cadre de l'Histoire générale de l'Afrique, ainsi que la rédaction
par Cheikh Anta DIOP dans le Volume II du chapitre I intitulé "L'origine des anciens Égyptiens" (cf. l'Histoire
générale de l'Afrique op. cit. pp. 39-72), constituent deux exemples des retombées directes du colloque du Caire.
A la 9e Biennale de la A.S.O.A., Abidjan (Côte d'Ivoire) qui a lieu du 27 mars au 1er avril 1974 et dont le thème
des débats est : "un nouveau modèle politique scientifique en Afrique de l'Ouest", il envoie une communication
intitulée : "Perspectives de la recherche scientifique en Afrique", qui sera présentée par le professeur
Souleymane Niang, actuel recteur de l'Université de Dakar.
Du 25 au 30 mars 1974, il participe au XXIVe Congrès de l'Institut International de Sociologie, à Alger.

1975 : Aux USA, le 4 avril 1975, l'association "The African Heritage Studies Association" lui décerne une
plaque commémorative pour sa contribution à la préservation et au développement de la vie et du patrimoine des
peuples d'origine africaine dans le monde.
Cheikh Anta Diop prononce une conférence sur "Les origines africaines de l'Humanité et de la civilisation", dans
le cadre des réunions sur l'Histoire Générale de l'Afrique, qui se sont tenues à Cotonou au Bénin en début
septembre 1975 et qui réunissaient plusieurs historiens parmi lesquels J. Ki-Zerbo, J. Devisse, M. El Fasi, J.F.
Ade Adjayi.
Le 22 novembre 1975, il se rend en Guinée, sur invitation de Sékou Touré, pour assister, à côté des délégations
des pays progressistes, à la commémoration de la victoire du peuple de Guinée sur les forces portugaises qui
avaient agressé ce pays.
Il participe au 2e Congrès Ordinaire de l'Association des Historiens Africains, Yaoundé (Cameroun), qui se
déroule du 16 au 20 décembre 1975.

1976 : C'est l'année de parution de l'ouvrage L'Antiquité africaine par l'image co-édité par les Nouvelles
Éditions Africaines et l'IFAN de Dakar.
Il participe au Symposium Afro-Arabe sur la libération et le développement, qui se tient à Khartoum (Soudan) du 7
au 11 janvier 1976.
Un Colloque international sur le thème Afrique noire et Monde méditerranéen dans l'Antiquité, est organisé par le
professeur Raoul Lonis de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Dakar, du 19 au 24 janvier 1976, qui
rassemble hellénistes, égyptologues et spécialistes de l'Antiquité. Cheikh Anta Diop y donne une conférence dont
le titre est "Évolution de l'humanité de la Préhistoire à la fin de l'Antiquité".
Rapporteur de la Conférence régionale sur la coopération technique entre les pays africains, il effectue des
missions dans différents pays africains pour le compte de la Commission Économique des Nations Unies pour
l'Afrique.
En septembre 1976, il participe au IXe congrès de l'Union Internationale des Sciences Préhistoriques et
Protohistoriques (UISPP) qui se tient à Nice, et à l'issue duquel il est élu membre du Bureau de l'UISPP.
Il crée, le 3 février 1976, un nouveau parti politique, le RND (Rassemblement National Démocratique) dont
l'organe de presse est Siggi puis Taxaw et dans lequel Cheikh Anta Diop publiera plusieurs articles concernant la
politique intérieure sénégalaise, mais aussi la politique internationale, la question de l'énergie à l'échelle du
continent africain, celle des déchets toxiques, etc. La loi dite "loi des trois courants" — socialiste, libéral et
marxiste-léniniste — est promulguée le 19 mars 1976 et appliquée de manière rétroactive dans le but de rendre
illégal le RND. Cette loi impose à l'opposition de se référer explicitement aux trois courants précités qui devaient
désormais réglementer la vie politique au Sénégal. Le parti au pouvoir s'attribue l'étiquette socialiste, le Parti
Démocratique Sénégalais (PDS) prend l'étiquette de parti libéral. Le RND de Cheikh Anta Diop refuse de se plier
à cette exigence et s'engage alors un bras de fer politico-judiciaire entre le gouvernement de Senghor et le RND,
qui n'aura de cesse de lutter pour sa reconnaissance, pour la défense des acquis démocratiques et le progrès de
la démocratie au Sénégal.

1977 : Parution du livre Parenté génétique de l'égyptien pharaonique et des langues négro-africaines où Cheikh
Anta Diop systématise en particulier la comparaison linguistique entre l'égyptien ancien et le wolof, sa langue
maternelle.
A l'initiative du RND une pétition demandant le retour à un multipartisme véritable au Sénégal est signée par
plusieurs centaines d'intellectuels sénégalais
.
1978 : Le 13 mars 1978, le Sénégal perd Cheikh Ahmadou M'Backé. Éminent chef spirituel appartenant à la
confrérie musulmane des Mourides, c'était un homme de principes exceptionnel, d'une vaste culture, d'une
intelligence, d'une ouverture d'esprit et d'une générosité hors du commun, reconnues de tous. Une amitié
profonde unissait Cheikh Ahmadou M'Backé et Cheikh Anta Diop.

- 22 -
1980 : Il prépare le premier congrès de l'Association des Chercheurs du Monde noir dont il est le président.
Le 25 février, l'Université nationale du Zaïre lui décerne la Médaille d'Or de la recherche scientifique africaine et
le Grand Prix du Mérite scientifique africain.

1981 : Il est nommé professeur d'histoire associé à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Dakar. Vingt-
sept ans après la parution de Nations nègres et Culture, vingt et un ans après son doctorat d'État, l'Université de
Dakar s'ouvre enfin à son enseignement de l'histoire. Il y enseignera en maîtrise, en DEA et dirigera des thèses
jusqu'à sa disparition en 1986.
Parution du livre Civilisation ou Barbarie — Anthropologie sans complaisance (Présence Africaine). Ce livre,
dédié à la mémoire du grand homme de culture, Alioune Diop, lui vaudra une distinction : le Grand Prix
Scientifique de l'Institut Culturel Africain (ICA).
En 1980, l'UNESCO, alors dirigée par Amadou Mahtar M'Bow, décide d'écrire une nouvelle Histoire du
développement scientifique et culturel de l'humanité. En 1981, Cheikh Anta Diop figure avec les égyptologues
Théophile Obenga, Aboubacry Moussa Lam, Babacar Sall et les historiens Joseph Ki-Zerbo et Iba Der
Thiam parmi les spécialistes sollicités. Il fait partie de la commission internationale mise en place pour ce projet
dont le premier secrétaire général est l'historien Alioune Traoré. Il est en outre désigné co-directeur du Volume II
(Du troisième millénaire au VIIe siècle avant J.-C.).
Du 30 mars au 31 avril 1981, à Athènes, il participe au colloque Racisme, science et pseudo-science, réuni par
l'UNESCO en vue de l'examen critique des différentes théories pseudo-scientifiques invoquées pour justifier le
racisme et la discrimination raciale. Sa communication a pour titre "L'unité d'origine de l'espèce humaine".
L'écrivain Tahar Ben Jelloun en rend compte dans le quotidien français Le Monde. Le célèbre généticien Albert
Jacquard participait également à ce colloque. Les Actes de ce colloque ont été publiés par l'UNESCO avec une
préface du professeur François Jacob, Prix Nobel de Médecine .
Léopold Sédar Senghor quitte le pouvoir en décembre 1980. Son successeur est le président Abdou Diouf.
Celui-ci fait voter par l'Assemblée nationale une loi supprimant la limitation du multipartisme. Le 7 avril 1981, le
Tribunal correctionnel de Dakar met un terme aux poursuites judiciaires engagées par le gouvernement
sénégalais contre Cheikh Anta Diop. Le 18 juin 1981, le RND de Cheikh Anta Diop est enfin reconnu après cinq
années d'une lutte sans relâche.

1982 : En avril-mai 1982, à l'initiative des Éditions Sankoré dirigées par le professeur Pathé Diagne, est
organisé à l'Université de Dakar, un symposium sur l'ensemble de son œuvre. Cheikh Anta Diop répond de
manière approfondie à l'ensemble du corps universitaire qui a procédé à une analyse critique de ses écrits.
Il prononce à Alger, le 30 novembre 1982, une conférence intitulée "Les apports scientifiques et culturels de
l'Afrique à l'humanité".

1983 : Répondant à l'invitation de l'écrivain antillais Daniel Maximin et d'Ernest Pépin, directeur du Centre
d'Action Culturelle de la Guadeloupe, il donne plusieurs conférences en Guadeloupe.
Il préside, à l'Université de Dakar, du 7 au 8 juin 1982, le colloque Philosophie et Religion, organisé par la "Revue
sénégalaise de philosophie". Sa propre communication s'intitule "Science et Religion. Les crises majeures de la
philosophie contemporaine".
A l'issue des élections législatives, Cheikh Anta Diop refuse de siéger à l'Assemblée nationale en raison de
l'ampleur des fraudes constatées.

1984 : Le 28 avril 1984, dans le cadre de la Semaine culturelle de l'École Normale Germaine Legoff à Thiès au
Sénégal, il présente une communication intitulée : "Làmminu réew mi ak gëstu" (Langues nationales et recherche
scientifique), dont la transcription a été réalisée par le linguiste Aziz Diaw et la publication assurée par le linguiste
Yéro Sylla, président de l'Association des Chercheurs Sénégalais, dans la revue "Le Chercheur".
Il donne, du 8 au 13 mai 1984 à Niamey au Niger, une série de conférences à l'invitation du Gouvernement
nigérien.

1985 : Cheikh Anta Diop est invité à Atlanta aux USA ; il est reçu par le maire d'Atlanta Andrew Young et par
l'Association Martin Luther King. Il donne plusieurs conférences et interviews. Le 4 avril 1985 est proclamé "Dr.
Cheikh Anta Diop Day".
Le 7 juin 1985, il donne une conférence portant sur "L'importance de l'ancienne Égypte pour les civilisations
africaines", au Centre Georges Pompidou de Beaubourg, à Paris, dans le cadre des "Journées des Cultures
Africaines 2" organisées par l'Association Kaléidoscope et le Service des Affaires Internationales du Ministère de
la Culture français.

1986 : Du 6 au 9 janvier 1986, à Yaoundé, il préside le Colloque sur l'Archéologie camerounaise. Il donne, le 8
janvier, dans le Palais des Congrès de la capitale camerounaise, sa dernière conférence : "La Nubie, l'Égypte et
l'Afrique noire".
Cheikh Anta DIOP décède le 7 février 1986, à son domicile de Fann, quartier situé non loin de l'Université de
Dakar qui aujourd'hui porte son nom. Il laisse inachevé un travail, publié aux Éditions Présence Africaine sous le
titre Nouvelles recherches sur l'égyptien ancien et les langues négro-africaines modernes.
http://www.ankhonline.com/biograph1.htm

- 23 -
CHEIKH ANTA DIOP

Conférences de presse
Conférence de Presse, le 22 juin 1977. Lieu : domicile de Cheikh Anta DIOP, Fann, Dakar.
Thème central : présentation à la presse nationale et internationale de la pétition lancée par le RND
(Rassemblement National Démocratique) pour sa reconnaissance. Compte rendu in Taxaw, n° 4, juillet 1977, p. 6
à 9.
Conférence de Presse, le 10 août 1981. Lieu : Chambre de Commerce de Dakar.
Conférence de Presse tenue après la reconnaissance du RND.
Thèmes : L'ouverture démocratique au Sénégal, langues nationales, problèmes énergétiques, l'intégration
économique du continent africain, situation internationale.

Presse:
- L'Économiste du Tiers Monde, n° 56, octobre 1981, extraits de l'un des thèmes abordés : les problèmes
énergétiques du Sénégal et de l'Afrique, pp. XVIII-XX.
- Afrique-Asie, n° 252 du 9 au 22 novembre 1981, extraits de l'un des thèmes abordés : L'intégration
économique du continent africain, pp. 58-59.

Conférence de Presse, le 15 mars 1984. Lieu : Le Relais, route de Ouakam, Dakar.


Thèmes : Crise de l'OUA, doctrine énergétique africaine, industrialisation du Sénégal et de l'Afrique, langues
nationales, problème politique casamançais, endettement chronique de l'État sénégalais, laïcité, vers un code de
conduite de l'opposition, refus du RND de siéger à l'Assemblée nationale, le problème de l'Afrique du Sud.
Interviews
LA VIE AFRICAINE, n° 6, mars-avril 1960, "Les intellectuels doivent étudier le passé non pour s'y complaire
mais pour y puiser des leçons", pp. 10-11.

DAHO-EXPRESS, n°1739, 3 septembre 1975, (Bénin), "La jeunesse doit être à l'avant-garde de la libération
de notre continent", propos recueillis par Gisèle DA-MATHA, p. 3.

BLACK BOOK BULLETIN, Vol. 4, n° 4 winter 1976, Published by the Institute of Positive Education, Editor :
Haki R. MADHUBUTI ; traduction de l'interview par Shawna MAGLANBAYAN et Carlos MOORE, pp. 31-37.

AFRISCOPE, Vol.7, n° 2, février 1977 (Publisher : Pan Afriscope, Lagos, Nigéria), ce numéro est consacré à
une interview de C. A. DIOP sur l'ensemble des problèmes africains par Carlos MOORE, pp. 4-35.

AFRIQUE-ASIE n° 155, lundi 20 février 1978, "Il faut en finir avec la main-mise néo-coloniale", propos
recueillis par Ginette COT, pp. 12-14.

NIGRIZIA, n° 16, octobre 1980, "I Faraoni sono neri", propos recueillis par A. ZANOTELLI, pp. 20-23.

CAMEROON TRIBUNE, n° 2206, mercredi 21 octobre 1981, "L'Occident ne pourra jamais altérer l'unité
culturelle de l'Afrique", propos recueilllis par Jean NGANDJEU, p. 6.

AFRICA, n° 135, novembre 1981,"Cheikh Anta DIOP à la reconquête du moi africain", pp. 42-44.

BINGO, n° 359, décembre 1982, " La culture, un rempart pour les peuples", propos recueillis par Lanciné
CAMARA*
Interview télévisée par RFO Guadeloupe, 1983.
JEUNE AFRIQUE n° 1155, 23 février 1983, "La course au pouvoir ne m'intéresse pas", propos receuillis par
Sophie BESSIS, pp. 36-38.

DIEUF ACTION, n° 19, avril 1983, "Je ne siégerai pas à l'Assemblée nationale", propos receuillis par ELBAF,
pp. 1, 5 et 11.

BULLETIN CND, n° 5, mai 1984, Niamey (Niger), propos recueillis par Abdoulaye MAMOUDOU et Mamane
MOUSTAPHA, pp. 10-17.

LE SOLEIL, n°4457, samedi 9 et dimanche 10 mars 1985, Entretien sur l'Afrique Fédérale avec Alioune
DRAMÉ et El Bachir SOW, pp. 1, 6-8.

- 24 -
CONGO MAGAZINE, n° 5, avril 1985, "La fédération est une formule efficiente, si elle n'existait pas il
faudrait l'inventer" (Colloque international sur la Conférence de Berlin de 1885), p. 56-57.
CAMEROON TRIBUNE, n° 3472, samedi 11 janvier 1986, "Expliquez-nous, Pr. Cheikh Anta DIOP :
qu'apporte l'histoire ancienne à l'effort d'émancipation de l'Afrique actuelle ?", interview réalisée par
David NDACHI TAGNE, pp. 8-9.

AFRICA, série historique de Basile DAVIDSON sur l'Afrique, BBC, Royaume-Uni, diffusée sur la 1ère chaîne
de télévision française TF1 au cours de l'été 1986.

CHEIKH ANTA DIOP


Sciences humaines
(les articles marqués d'un astérisque sont publiés dans le recueil ALERTE SOUS LES TROPIQUES, Paris,
Présence Africaine)
Quand pourra-t-on parler d'une renaissance africaine ?*, in Le Musée Vivant, n° spécial 36-37,
novembre 1948, Paris, pp. 57-65.

Étude de linguistique ouolove. Origine de la langue et de la race walaf*, in Présence Africaine,


n°4 et 5, Paris, 1948, pp. 672-684 et 849-853.

Apports et perspectives culturels de l'Afrique noire*, in Présence Africaine, n° spécial VIII-IX-X,


1956, Tome 1 : "Premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs", Paris, 1956, pp. 339-346.

Un continent à la recherche de son histoire*, in Horizons, la revue de la paix, n° 74-75, juillet-août


1957, pp. 85-91.

L'Unité culturelle de l'Afrique noire*, in Présence Africaine, n° spécial XXIV-XXV, 1959, Tome 1 :
"Deuxième Congrès des Écrivains et Artistes noirs", Rome, 1959, pp. 60-65.

Réponses à quelques critiques (réponse au compte rendu critique de M. R. MAUNY, paru dans le
Bulletin de l'IFAN, Tome XXII, série B, nos 3-4, 1960, relatif à "Nations nègres et Culture" et à
"L'Afrique noire précoloniale", à la critique similaire de M. J. SURET-CANALE, parue dans
Recherches africaines, n° 4, 1960, et au compte rendu paru dans Preuves, juin-juilllet 1960), in
Bulletin de l'IFAN, Tome XXIV, série B, nos 3-4, 1962, pp. 542-574, et Égypte ancienne et Afrique
noire, réédition, IFAN, DAKAR, 1989.

Histoire primitive de l'humanité : évolution du monde noir, in Bulletin de l'IFAN, Tome XXIV, série
B, nos 3-4, 1962, pp. 449-541, réédition sous le titre : "Égypte ancienne et Afrique noire", IFAN,
DAKAR, 1989.

L'apparition de l'Homo sapiens, in Bulletin de l'IFAN, série B, Tome XXXII, nos 3-4, 1970, pp. 623-
641.

La métallurgie du fer sous l'Ancien Empire égyptien, in Bulletin de l'IFAN, série B, Tome XXXV, n°
3, 1973, pp. 532-547.
Introduction à l'étude des migrations en Afrique centrale et occidentale. Identification du
berceau nilotique du peuple sénégalais, in Bulletin de l'IFAN, série B, Tome XXXV, n° 4, 1973, pp.
769-792. Vers une remise en question de l'âge du fer en Afrique, in Notes Africaines, n° 152,
IFAN, octobre 1976.
Origine des anciens Égyptiens, in Histoire Générale de l'Afrique, Vol. II, Afrique ancienne, Comité
scientifique international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique, UNESCO, Jeune
Afrique/Stock/Unesco, 1980 et version abrégée, Présence Africaine/Edicef/Unesco, 1987, pp. 40-72 et
41-61 ; in Egypt Revisited – Journal of African Civilizations, New Brunswick (USA), Edited by Ivan
VAN SERTIMA, Transaction Publishers, 1989.

Les trois piliers de la culture, in Courrier de l'UNESCO, août-septembre 1982, p. 58.

Origin of Ancient Egyptians, in Journal of African Civilizations, Vol. 4, n° 2, November 1982, Editor
Ivan VAN SERTIMA, pp. 9-37.

http://www.ankhonline.com/intervie.htm

- 25 -
ARTICLES DE PRESSE
Sciences exactes
De la pyrite de fer dans la région de Khombole (Thiès), in Notes Africaines, n° 94, 1962, IFAN, pp.
61-62.
A propos de la chronologie, in Bulletin de l'IFAN, série B no 3-4, 1967, pp. 918-921.
La pigmentation des anciens Égyptiens. Test par la mélanine, in Bulletin de l'IFAN, série B, Tome
XXXV, n° 3, 1973, pp. 515-531.
Comment enraciner la Science en Afrique : exemples walaf (Sénégal), in Bulletin de l'IFAN, série
B, Tome XXXVII, n° 1, 1975, pp. 154-233.
Centre de datation de l'IFAN. Datation par la méthode du radiocarbone, séries I et II, in Bulletin
de l'IFAN, série B, Tome XXXIII, n° 3, 1971, pp. 449-460.
Centre de datation de l'IFAN. Datation par la méthode du radiocarbone, série III, in Bulletin de
l'IFAN, série B, Tome XXXIV, n° 4, 1972, pp. 687-701.
Radiocarbon Dates I, in : Radiocarbon, vol. 16, n° 3, 1974, p. 304-306.
Radiocarbon Dates II, in : Radiocarbon, vol. 19, n° 3, 1977.
Centre de datation de l'IFAN. Datation par la méthode du radiocarbone, série IV, in Bulletin de
l'IFAN, série B, Tome XXXIX, n° 3, 1977, pp. 461-470.
Centre de datation de l'IFAN. Datation par la méthode du radiocarbone, série V, in Bulletin de
l'IFAN, série B, Tome XXXXIII, nos 1-2, 1981, pp. 1-12.
Politique
Vers une idéologie politique en Afrique noire*, in La Voix de l'Afrique Noire, organe des étudiants
du RDA (Paris), 1952, pp. 5-21.
La lutte en Afrique noire*, in La Voix de l'Afrique Noire, organe des étudiants du RDA (Paris), 1953,
pp. 9-14.
Alerte sous les tropiques*, in Présence Africaine, n° 5, nouvelle série, Paris, décembre 1955 -
janvier 1956, pp. 8-33.
L'Afrique, la Chine et les USA, in Jeune Afrique, n° 240, 11 juillet 1965.
Menace nucléaire sur l'Afrique, in Africasia n° 49, du 20 septembre au 30 octobre 1971, pp. 19-21.
Coopération technique entre pays africains, rapport pour le PNUD, DP/TCDC/RAF/11, 16
septembre 1976, p. 68.
Les raisons d'un engagement, in Siggi, n° 0, décembre 1976.
Mise au point relative à la lettre ouverte parue dans Le Soleil, n° 1911, mardi 31 août 1976, p. 13 :
"Lettre ouverte à M. Cheikh Anta DIOP à propos du film La Guinée de Sékou TOURÉ", in Le Soleil,
septembre 1976.
"Siggi" ou "Sigi", Cheikh Anta Diop répond, in Siggi, n° 2, février 1977, p. 9.
Vrai visage d'une politique, in Siggi, n° 2, février 1977, p. 12.
Les motifs d'un refus, in Taxaw, n° 3, avril 1977, p. 3.
Notre conception de l'assistance technique, in Taxaw, n° 4, juillet 1977, p. 11.
La bombe de Prétoria et l'avenir de notre espèce, Taxaw, n° 5, août-septembre 1977, p. 5.
Lettre à Monsieur le Président de la République, accompagnant la liste des signataires de la
pétition pour un retour au multipartisme sans restriction, in Taxaw, n° 5, août-septembre 1977, p. 13.
Réponse de C. A. DIOP à la lettre d'un lecteur à propos de l'article "La bombe de Prétoria et l'avenir
de notre espèce" (cf. Taxaw n° 5), in Taxaw, n° 6, décembre 1977, p. 4.

La véritable promotion des langues nationales : une exigence fondamentale du peuple


sénégalais, in Taxaw, n° 6, décembre 1977 et Taxaw, n° 24, mars 1981, p. 4.
Senghor me dénigre à la télévision, Taxaw, n° 7, janvier 1978, p. 18.
Un bien grand mot, in Taxaw, n° 7, janvier 1978, p. 20.
Retour sur la question linguistique, in Taxaw, n° 7, janvier 1978, p. 23.
Pour une doctrine énergétique africaine, in Taxaw, n° 7, janvier 1978, p. 26.
Un différend politique et idéologique, in Taxaw, n° 9, mai 1978, p. 2.
Africains réveillons-nous !, in Taxaw, n° 10, juin 1978, p. 2.
Les mots et la réalité, in Taxaw, n° 12, août 1978, p. 2.
L'art de la contrefaçon, in Taxaw, n° 15, mars 1979, p. 1, et précisions dans le n° 16, p. 34.
Les armes désuètes, in Taxaw, n° 18, novembre-décembre 1979, p. 5.
Le Sénégal serait-il candidat pour recevoir des déchets nucléaires ou chimiques toxiques ?, in
Taxaw, n° 20, juillet 1980, p. 7.
La croisée des chemins, in Taxaw, n° 26, juillet 1981, p. 1.

- 26 -
BIBLIOGRAPHIE

Nations nègres et Culture, Paris, Présence Africaine, 1954, 1964, 1979.


L'Unité culturelle de l'Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1959, 1982.
L'Afrique noire précoloniale, Paris, Présence Africaine, 1960, 1987.
Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ?, Paris,
Présence Africaine, 1967,1993.
L'Antiquité africaine par l'image, Dakar-Abidjan, IFAN-NEA, Notes Africaines,
n°145-146, janvier-avril 1975.Deuxième édition quadrilingue français, anglais,
pulaar, wolof, Paris, Présence Africaine, 1998.
Parenté génétique de l'égyptien pharaonique et des langues négro-africaines,
Dakar, IFAN-NEA,1977.
Civilisation ou Barbarie, Paris, Présence Africaine, 1981, 1988.
Nouvelles recherches sur l'égyptien ancien et les langues négro-africaines
modernes, Paris,Présence Africaine, 1988.
Les fondements culturels, techniques et industriels d'un futur État fédéral
d'Afrique noire,Paris, Présence Africaine, 1960. Réédition sous le titre : Les
fondements économiques et culturels d'un État fédéral d'Afrique Noire, 1974.
Le laboratoire du radiocarbone de l'IFAN, Dakar, Catalogues et Documents n°
21, IFAN, 1968.
Physique nucléaire et chronologie absolue, Dakar, Initiations et études
africaines n°XXXI, Université de Dakar, IFAN, NEA-IFAN, 1974.
Alerte sous les Tropiques – Culture et Développement en Afrique noire –
Articles 1946-1960, Paris, Présence Africaine, 1988. Cf. ci-après articles
marqués d'un astérisque.

Traductions en langue anglaise - English Translations


The Cultural Unity of Black Africa, Translation of L'Unité culturelle de l'Afrique
noire, Présence Africaine, 1962 — Chicago, Third World Press, 1974, 1978 —
London, Karnak House, 1990
The African Origin of Civilization : Myth or Reality ? Translation of sections of
Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ? and Nations
nègres et Culture by Mercer COOK. Includes bibliographical references. New York.
Westport, Laurence Hill & Company, 1974.
Precolonial Black Africa, translated by Harold SALEMSON, New York, Wesport,
Laurence Hill & Company, 1986.
Civilization or Barbarism, translated by Yaa-Lengi Meema NGEMI, New York,
Westport, Laurence Hill & Company, 1991.
Black Africa, The Economic and Cultural Basis for a Federated State,
translation by Harold SALEMSON, New York, Westport, Laurence Hill & Company,
1978.
African Antiquity in Pictures, Dakar-Abidjan, IFAN-NEA, Notes Africaines, n°145-
146, janvier-avril 1975.Deuxième édition quadrilingue français, anglais, pulaar,
wolof, Paris, Présence Africaine, 1998.
http://www.ankhonline.com/livres.htm

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Cheik Anta Diop
Il est l'auteur de: Alerte sous les tropiques; Antériorité des civilisations nègres, mythes ou vérité historique;
Civilisation ou barbarie; l'Afrique noire précoloniale; Les fondements économiques et culturels d'un Etat
fédéral d'Afrique noire; L'unité culturelle d'Afrique noire et Nations nègres et cultures. Il est illustre, connu
et apprécié des intellectuels du monde noir. Portrait.

Le 7 février 1986 disparaissait à Dakar, à l'âge de 62 ans l'un des intellectuels les plus
illustres du monde noir, Cheik Anta Diop. En allant rejoindre ses ancêtres, l'éminent
savant africain avait laissé aux siens un héritage de libération sans précédent: la
connaissance de leur origine. C'était le fruit d'un long et patient travail de
rétablissement de la vérité historique.
C'est en 1954 que sort aux Editions Présence Africaine (Paris) le premier livre de
Cheik Anta Diop Nations Nègres et Cultures, qui va avoir un écho considérable. En
effet, s'appuyant sur une vaste érudition servie par des évidences archéologiques,
linguistiques et ethnologiques, il démontre que la grande civilisation égyptienne est
d'origine noire. Et c'est auprès de cette civilisation qui est le fait des Noirs d'Afrique,
que viendront s'abreuver les civilisations postérieures, sémite, grecque et romaine.
Cheik Anta Diop cite, en appui de son argumentation, les témoignages des
contemporains des anciens égyptiens, c'est-à-dire les auteurs grecs et romains de
l'antiquité en commençant par Hérodote le père fondateur de la science historique,
Diodore de Sicile, Straben, Eschyle, Appolodore, Sénèque et Lucien.
Tous disent sans ambiguïté aucune que les Egyptiens sont des Noirs. Le scandale que
cette thèse provoqua à l'époque dans le monde occidental appartient depuis à l'histoire.
Aujourd'hui la réhabilitation du patrimoine nègre et de son apport à la civilisation
universelle est une oeuvre accomplie. Ce livre marque aussi le début de l'oeuvre de
Cheik Anta Diop, riche de plusieurs ouvrages sur le même thème dont les plus connus
sont Nations Nègres et Cultures, Antériorité des civilisations nègres et Civilisation
ou Barbarie ?
Après avoir démontré les liens qui existent sur plusieurs plans entre l'Egypte
pharaonique et l'Afrique noire, Cheik Anta Diop recommande aux Africains de se
servir de l'Egypte pharaonique pour se forger une conscience de soi, c'est-à-dire à
partir de cet acquis, l'héritage égyptien, se forger une nouvelle conscience historique et
culturelle qui servira d'impulsion à un nouveau développement de l'Afrique. Et ce
développement ne sera rendu possible que dans le cadre unitaire. En fait Cheik Anta
Diop voulait une Afrique unie et fédérée. A l'instar des Occidentaux qui puisent la
conscience de leur passé dans les humanités grecques et latines, les Africains doivent
enseigner l'histoire de l'Egypte pharaonique à leurs progénitures. Tel est le message
qui se dégage de l'oeuvre de Cheik Anta Diop.
L'éveil de la conscience historique et culturelle
La thèse de Cheik Anta Diop sur l'origine négro-africaine de la civilisation égyptienne,
devint des années après la publication de son premier ouvrage le champ de recherche
privilégié des intellectuels africains, parce qu'il avait l'avantage de nourrir leur prise de
conscience. A voir le nombre d'ouvrages publiés depuis lors par des chercheurs noirs,
ceux du continent africain et de la diaspora, tels que Théophile Obenga, Kotto
Essone, Ivan Van Sertima, Molefi Kete Asante, Munoko Rachidi, Asa Hilliard,
pour ne citer que ceux-là, nous pouvons affirmer que la moisson a été féconde et
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l'éveil, provoqué par tous ces travaux y compris ceux de Cheik Anta Diop lui-même,
extraordinaire. Les chercheurs noirs se sont attaqués sans complexe aux domaines qui,
jusque là, étaient considérés comme la chasse gardée des chercheurs occidentaux.
L'unité culturelle de l'Afrique noire s'est encore mieux comprise à partir du fait
égyptien. Et les Africains y compris ceux de la diaspora sont fiers de l'héritage
égyptien et s'y identifient. Aujourd'hui, les Noirs des Etats-Unis ne se désignent
désormais que par le terme Africains-Américains, lequel s'est imposé dans le lexique
américain. C'est une étape importante dans le processus d'affirmation culturelle de la
diaspora africaine des Etats-Unis qui est incarnée par le courant de pensée dit
afrocentriste, regroupant universitaires, artistes, musiciens, etc. et dont le chef de file
est Molefi Kete Asante.
Les continuateurs de l'oeuvre de Cheik Anta Diop
Les retombées du travail commencé par Cheik Anta Diop sont nombreuses. D'une
part, toutes ses thèses ont été confirmées et confortées par les travaux actuels de la
science, notamment celles concernant l'origine africaine de l'humanité et l'origine
noire de la civilisation égyptienne. D'autre part, les travaux des continuateurs parmi
lesquels ses disciples Théophile Obenga et Aboubacry Moussa Lam (auteur du livre
"De l'origine égyptienne des Peuls", éditions Présence africaine) ont fait avancer la
connaissance sur l'Afrique et par ricocher sur celle de l'humanité dans beaucoup de
domaines. Il nous faut aussi signaler que c'est la pensée de Cheik Anta Diop qui a
servi de préambule inspirateur du grand projet de l'Encyclopédie politique,
économique, sociale et culturelle de l'Afrique contemporaine et du monde noir
marginalisé, projet conçu par Kapet De Bana. Ce dictionnaire encyclopédique en
douze tomes qui vont générer deux cents quarante volumes environs est, selon l'OUA,
le projet de l'Afrique pour les années 2000. Cheik Anta Diop est l'un des parrains
d'honneur à titre posthume. En honorant en 1966 Cheik Anta Diop comme
"l'intellectuel noir qui a exercé sur le XXe siècle l'influence la plus féconde", le
festival mondial des Arts Nègres de Dakar n'avait fait que lui rendre l'hommage qu'il
méritait.
Makuzayi Masaki

• Texte pris sur le site « agence des tropiques » : http://www.agencetropiques.ch

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Roi GHEZO :

« Si tous les fils du royaume


venaient par leurs mains
assemblées boucher tous les
trous de la jarre percée,
le pays serait sauvé ».

Patrice LUMUMBA : Kwamé N’KRUMAH :


« L’Histoire de l’Afrique doit être « L’Afrique doit s’unir ».
écrite par les Africains ».

« History will one day have its say. It will not be the history taughts in the
United Nations, Washington, Paris, or Brussels, however, but the history
taught in the countries that have rid themselves of colonialism and its puppets.
Africa will write its own history, and both north ans south of the Sahara it will
be a history full of glory and dignity ».

From Patrice Lumumba’s farewell letter to his wife.

From the genocidal Trans-Atlantic Slave trade to the whole sale theft of our
land and resources, to the murder to the Congo’s Ist Prime Minister,
Patrice Lumumba, the European criminal enterprise responsible for these
crimes against humanity must be held accountable and must pay.

Professeur Kapet de BANA :

« Quand l’Afrique se
libérera, le monde
s’humanisera ».

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