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Contexte
En première année d’étude à l’ENSAIA (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie et
des Industries Alimentaires) située à Nancy, nous devons travailler sur un projet dit
professionnel. Le but de ce module est de nous former à travailler en groupes d’effectif
important afin de nous initier aux différents outils de gestion de projet. Il permet aussi
d’aborder plus concrètement le monde du travail pour comprendre ses enjeux et apporter
aux étudiants que nous sommes des compétences techniques et scientifiques en lien avec le
sujet du projet. Notre groupe, composé de dix étudiants, a choisi d’appréhender un sujet
concernant la méthanisation pour répondre à une problématique posée par EMC2, une
coopérative agricole du Grand Est. Le projet est réalisé sous la tutelle de Laurent LEGAND
(Responsable de la spécialisation MAPI à l’ENSAIA et responsable prévention des risques
chez EMC2).
Introduction
EMC2 est une coopérative agricole basée à Verdun. Cette coopérative souhaite
agrandir son panel d’offres et de services auprès de ses agriculteurs adhérents. Ils
souhaiteraient définir la manière de se lancer dans le domaine de la micro méthanisation en
voie liquide. L’intérêt serait, pour les agriculteurs, de valoriser leurs effluents d’élevage en
utilisant le biogaz dégagé et transformé comme source d’énergie pour leur propre
exploitation où en le vendant, ce qui leur apporterait un complément de revenu. Cette
démarche apparait comme un objectif clair des coopératives actuelles : pouvoir dispenser
auprès de ses adhérents une gamme de services la plus étendue possible. Cette aspiration
s’exprime avec un développement conséquent ces dernières années des conseils techniques
dans plusieurs domaines (nombreux essais agronomiques pour les productions végétales,
technologies de précisions pour le matériel…). C’est donc dans cette dynamique que s’inscrit
notre projet. Deux contraintes, ou plutôt orientations, ont été initialement fixées : se
restreindre à de la « micro-méthanisation » et avec des procédés en voie 100% lisier. La
coopérative a seulement eu au préalable un contact avec Bioléctric, une entreprise belge
proposant des unités de méthanisation standardisées et à petite échelle. La mission qui nous
a été confiée par EMC2 est de s’informer sur les procédés de micro méthanisation existants
dans le contexte agricole, des prestations qu’ils peuvent fournir pour accompagner leur
adhérents et les diverses entreprises proposant la vente d’unités de méthanisation. La
problématique dégagée pour ce projet est « Quels pourraient être les intérêts de
l’intervention des coopératives dans la méthanisation auprès de leurs adhérents ? Comment
engager les coopératives dans la méthanisation pour que ce soit profitable aux deux partis ?
En quoi la méthanisation peut-elle constituer une source de diversification d’activité viable
pour la coopérative EMC2 ? ». La restitution de ces recherches fût présentée lors d’une
réunion-conférence organisée au sein du siège de la coopérative. Le poster produit pour la
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journée de colloque est fait à destination des agriculteurs adhérents à la coopérative EMC2
afin de leur présenter ce qu’est la méthanisation et les moyens d’intégration à une
exploitation agricole.
I. Présentation de EMC2
EMC2 est la plus grosse coopérative agricole de Lorraine. Le siège principal de la société
est situé à Bras sur Meuse, dans le département de la Meuse. La coopérative, créée en 1928,
est aujourd’hui très diversifiée. En effet elle regroupe de nombreuses activités variées :
céréales, élevage, approvisionnement, agronomie, machinisme, jardinerie, transport et
carburant. [26]
En 2017, le chiffre d’affaire s’élevait à 100 millions d’euros. EMC2 est organisé en un réseau
de 36 magasins. En 2017, elle collecte 95089 bovins à 3€/kg. La coopérative réalise
également de la vente en magasins grand public comme Gamme Vert et mise sur une
redistribution maximale des bénéfices aux agriculteurs. [1]
La coopérative déjà largement diversifiée dans son champ d’action, souhaite élargir de
nouveaux ses horizons en mettant en place pour ses adhérents la commercialisation de
micro-méthaniseurs avec un suivi en amont et en aval du projet. C’est dans ce cadre que
nous avons étudié la méthanisation et les différentes possibilités d’unités disponibles à ce
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jour sur le marché afin de pouvoir leur offrir une idée plus précise de ce qu’un tel projet
représente et de leur présenter les projets et unités qui pourraient au mieux correspondre à
leurs attentes.
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a. Hydrolyse
L’étape d’hydrolyse des macromolécules est réalisée par des microorganismes qui
métabolisent en milieu anaérobie strict ou facultatif [2]. Ce sont essentiellement des
bactéries mésophiles ou thermophiles. Elles présentent des vitesses de croissance
relativement rapides, avec des temps de doublement de quelques heures.
b. Acidogenèse
Ensuite, vient l’étape de l’acidogenèse au cours de laquelle des acides organiques et
volatils sont formés. C’est une microflore fermentaire acidogène anaérobique facultative ou
stricte, qui produit des acides gras volatils et organiques, des alcools, de l’H et du CO à
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partir des molécules, issues de l’hydrolyse [2]. Les étapes d’hydrolyse et d’acidogenèse, sont
largement favorables dans le sens direct : ∆G<0 [2]. Ces réactions conduisent à la formation
de plusieurs acides organiques et volatils : Acétone, Butanol, Propanol, Ethanol, Butyrate,
Propionate, Lactate, Acétate et Formate. Seulement, « en conditions de surcharge
organique, le métabolisme plus rapide de ce groupe trophique entraîne une accumulation
d’intermédiaires en particulier d’hydrogène et d’acétate. » [2]. Ces intermédiaires
réactionnels constituent des inhibiteurs aux populations bactériennes acétogènes et
méthanogènes et peuvent conduire à un arrêt du processus de digestion anaérobie. [2].
c. Acétogenèse
L’étape de l’acétogenèse permet, à partir des intermédiaires réactionnels formés
durant les réactions précédentes, de l’acétate, du dihydrogène et du gaz carbonique. Trois
groupes de microorganismes sont impliqués dans cette étape en réalisant des réactions
différentes et qui donnent lieu à des syntrophies entre les microorganismes :
terminal d’électrons. » [2]. Le sulfate, sulfite (SO ) et, thiosulfate (S O ) sont transformés en
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2
sulfure (S ). A pH bas, ce sulfure peut former du H S, qui présente un effet néfaste sur les
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bactéries méthanogènes, en inhibant directement ou en précipitant les métaux dont
certaines bactéries impliquées méthanogenèse ont besoin pour leur croissance [2]. Ces
bactéries seraient micro-aérophiles et présentent une température optimale de croissance
comprise entre 28 et 32°C. Les BSR sont divisés en deux groupes suivant les molécules
qu’elles produisent :
• BSR du deuxième groupe : Ces bactéries peuvent oxyder complétement l’acétate, les
acides gras à longue chaîne carbonée, des molécules aromatiques et des substrats
communs aux BSR du premier groupe pour former du gaz carbonique [2].
S’il y a une concentration suffisante en sulfate dans le milieu, les BSR peuvent utiliser des
ressources au dépend des bactéries méthanogènes. Ainsi, dans ces conditions, l’hydrogène,
le dioxyde de carbone et l’acétate sont utilisés en majorité par les BSR plutôt que par les
bactéries méthanogènes car elles présentent des taux de croissance plus élevés [2].
Les BSR ont la capacité de se développer malgré une absence de sulfate dans leur milieu. En
effet, l’énergie dont elles ont besoin provient de l’oxydation de métabolites de faible poids
moléculaire tels que les acides organiques (lactate, pyruvate, formate, malate), acides gras
volatils (acétate), alcools (éthanol, propanol, méthanol, butanol) [2]. Les BSR peuvent rentrer
en compétition avec les bactéries méthanogènes qui utilisent l’acétate comme substrat. Un
indice permet de quantifier ces phénomènes de compétition entre les espèces
méthanogènes et les BSR : le rapport entre la charge organique et la charge en sulfate [2].
« Un rapport élevé entraîne la prédominance de la méthanogenèse et la présence de BSR
utilisant des voies métaboliques différents de la sulfato-réduction » [2]. Il existe également
des BSR qui n’utilisent pas le sulfate comme accepteur finale d’électrons. Elles présentent
une activité métabolique fermentaire qui conduit à la formation d’acétate et de propionate
[2].
d. Méthanogenèse
La dernière étape du processus de méthanisation est la méthanogenèse qui se divise
en deux réactions qui, à partir de substrats différents, produisent du méthane (CH ) :
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3. Les différentes voies de la méthanisation
Actuellement, deux technologies sont utilisées pour traiter les déchets par voie de
méthanisation. La voie solide « discontinue » et la voie liquide « infiniment mélangée ». Ces
deux procédés nécessitent des installations différentes. Dans les deux cas, le processus doit
répondre à des exigences telles qu’un apport et une évacuation constante de la matière
organique, un bon brassage et des conditions annexes nécessaires à la croissance des
bactéries méthanogènes comme le pH, la température, l’absence d’oxygène, etc. [8]
a. Voie solide
La voie solide concerne les déchets de matière organique avec un taux de matière sèche
relativement élevé. Ils contiennent entre 20% et 40% d’eau. [6] C’est-à-dire pour une exploitation : le
fumier, la paille, les cultures abîmées, … Les systèmes standards mettent en place plusieurs
digesteurs à la suite pour alimenter en continu le moteur avec du biogaz. En effet, ce type de
méthanisation nécessite un remplissage puis une vidange de l’unité de méthanisation. La digestion
de la matière au sein d’une unité est de 2 mois. Il y a donc un roulement entre les différentes unités.
Celle-ci se fait, de manière générale, avec un décalage de 15 jours [5] (lorsque la structure comporte
4 unités : nombre d’unités le plus commun dans les structures actuellement en place). La charge et la
décharge des unités se fait manuellement. Ce qui implique du matériel adéquat présent sur
l’exploitation (chargeur) ainsi que de la main d’œuvre. [8]
Ce type d’installation ne nécessite pas de motorisation de forte puissance. [6] Il n’y a pas
besoin de pompe pour incorporer les intrants ou de brassage. Cela permet un rendement électrique
supérieur par rapport à la voie liquide qui sera décrite ci-dessous. En dehors de la main d’œuvre
nécessaire à la manutention des intrants, le système en voie solide nécessite peu d’intervention
humaine. [6]
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Un avantage de ce type de digesteur est qu’il est adapté à plusieurs substrats très différents
et variés du fait de sa tolérance en intrants à taux élevé de matière sèche. [4] Cependant,
l’approvisionnement se fait au rythme des intrants disponibles et, à cause de cela, la production en
biogaz n’est pas constante dans le temps. [4]
Ces installations sont en général coûteuses et nécessitent une grande surface au sol. Le prix
est très variable en fonction des matériaux choisis. [4] [8]
b. Voie liquide
La méthanisation en voie liquide concerne les déchets avec un taux de matière sèche
inférieur à 20%. [6] Dans le contexte d’une exploitation agricole, cela concerne
principalement le lisier. Au niveau agricole c’est, à ce jour, la voie la plus répandue. [7] On la
retrouve en général dans les exploitations qui font de l’élevage sur caillebotis ou, en tout
cas, sans couverture pailleuse.
L’unité comprend une cuve où sont injectés les intrants et où a lieu le processus de
méthanisation, une pompe, un mélangeur, un bloc de chauffage pour permettre le maintien
de la température optimale à la réaction de méthanisation et une partie supérieure pour
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L’investissement demandé est moins élevé qu’une installation en voie sèche. [8]
Cependant, il est parfois nécessaire de diluer les intrants afin de rester dans la gamme de
matière sèche tolérée par le digesteur. Il en résulte aussi que le digestat produit est liquide
et n’est pas toujours adapté aux pratiques d’épandage de l’exploitant. [8]
4. Dimensionnement
Pour pouvoir connaître le dimensionnement du méthaniseur adapté à une
exploitation donnée, il est nécessaire de calculer le volume d’intrant (ici, du lisier) qui
Ce calcul est valable pour le lisier mais aussi pour les autres intrants tels que le
fumier, … Cependant, ce calcul est un calcul théorique et ne reflète pas forcément la réalité.
En effet, certaines valeurs peuvent être variables : les moteurs à co-génération n’ont pas les
mêmes rendements électriques selon leur conception, la production de lisier dépend de
l’individu, le potentiel méthanogène du lisier dépend de sa teneur en matière organique
sèche et la quantité de matière organique que l’on pourra transformer en méthane est
fortement liée à l’alimentation de l’animal. Par ailleurs, une autre donnée à prendre en
compte est le fait que le biogaz ne soit pas composé exclusivement de méthane mais
également de CO2, H2S et d’autres gaz présents en faibles proportions.
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1m3 de lisier = 20m3 de biogaz
Un autre avantage, qui n’est pas des moindre, est que le digestat récupéré en sorti de
méthaniseur est en grande partie désodorisé. Les nuisances olfactives lors de l’épandage sur
les cultures sont donc réduites. [17]
Pour les agriculteurs se sentant concernés par l’environnement et, en particulier, par
la production de gaz à effet de serre, la méthanisation est aussi un moyen de réduire
l’impact de leur exploitation sur l’environnement. En effet, le méthane produit est valorisé
par combustion et ne se répand pas dans l’atmosphère. En étant valorisé il devient, aussi,
une source d’énergie renouvelable. [17]
Dans la continuité de la valorisation des déchets, on retrouve le cas d’une récolte envahie
par les « mauvaises herbes ». Dans l’exemple de l’exploitant que nous avons rencontré,
celui-ci avait une parcelle de blé complètement envahie par une culture précédente de Ray-
Grass. Ainsi, au lieu d’attendre la fin de la culture et d’en obtenir un faible rendement, il a
décidé de faucher la parcelle au stade où la plante de blé est la plus riche en sucre et
cellulose et à la fois où le Ray-Grass n’avait pas encore fait de graines. Cela a alors permis de
ne pas avoir de Ray-Grass dans la culture suivante et d’obtenir un chiffre d’affaire plus
important en utilisant les plantes fauchées pour faire de l’électricité via, le processus de
méthanisation et la valorisation du biogaz, et la vendre. La présence de méthaniseur a donc
permis à l’exploitant de nettoyer sa parcelle et de tirer un profit d’une culture abîmée. Au-
delà de ça, le méthaniseur, contrairement aux cultures, n’est pas contraint au climat. Qu’il
pleuve ou pas, qu’il fasse chaud ou froid, le méthaniseur fonctionnera toujours. Ainsi, pour
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pallier les aléas climatiques qui pourraient mener à une mauvaise récolte le méthaniseur est
un bon atout puisque ces mauvaises récoltes peuvent être introduites dans le méthaniseur.
Le méthaniseur peut permettre de faire des rotations impossibles dans une autre
situation. En effet, Mr. Adeline fait pousser du maïs chez d’autres exploitants pour leur
permettre de réaliser une culture qui favoriserait les suivantes mais qu’ils ne pouvaient pas
se permettre sans qu’il ne leurs achète pour le mettre dans le méthaniseur pour cause de
rentabilité. Cela peut être tout aussi simplement appliqué à ses propres rotations.
Enfin, le moteur utilisé pour faire de l’électricité avec le biogaz formé dans le
digesteur, est un moteur à cogénération qui produit énormément de chaleur. Or, la chaleur
ne pouvant être vendue, l’exploitant a fait en sorte de pouvoir l’utiliser. Par exemple, il s’en
sert pour sécher la luzerne ou le foin. Mais il s’en sert aussi bien pour chauffer sa maison, le
bâtiment des vaches ou encore le château présent sur le domaine. C’est le premier
méthaniseur utilisé pour chauffer un monument classé au patrimoine.
Cependant, il existe tout de même des inconvénients non négligeables mais qui
restent infimes par rapport aux avantages. Tous d’abord, un tel projet présente un
investissement important. Pour cela il faut être sûr du résultat obtenu. De plus, en cas de
panne l’exploitant peut avoir de lourdes pertes puisque, le moteur ne fonctionnant pas, la
biologie continue dans le digesteur et le biogaz ne pouvant être stocké est donc libéré par
une torchère. Il est non valorisé et donc perdu.
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6. Etat des lieux de la méthanisation en Europe
La méthanisation n’est pas seulement source d'intérêt pour l’agriculture, elle peut
également l’être pour les autres acteurs ruraux et périurbains. Elle reste cependant une
énergie locale, territorialisée. On trouve toutes tailles de méthaniseur, selon les besoins de
l’agriculteur, de la collectivité, de l’industriel. Les unités sont toutes différentes en ce
qu’elles dépendent de la nature et de la quantité des apports, mais aussi de la valorisation
de l'énergie produite et du digestat. La méthanisation est une source d’énergie tournée vers
le futur et à la croisée de différentes énergies : la chaleur, l’électricité et le carburant.
• En France, au Royaume Uni et en Espagne, l’accent est mis sur les déchets pour
produire du biométhane
• En Allemagne (les champions de la méthanisation), aux Pays Bas et dans certains pays
de l’Europe de l’Est, il s’agit plutôt d’installations spécialisées à grande capacité
• La Suisse est le seul pays à produire du biométhane avec des eaux usées.
La France, fin 2012, comptait une centaine d’unité de méthanisation avec une
puissance totale de 120 MWh, on les retrouvait dans les fermes, le secteur industriel, les
stations d’épuration, le traitement des ordures ménagères. On pouvait alors décrire un
modèle moyen d’une puissance électrique de 220 kWh, 7700 t/an de matière méthanisable
(65% étant issu des effluents d’élevage) et un coût d’investissement de 7000€/kWh de
puissance installée. [27]
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Ce sont les allemands qui sont pionniers dans le domaine de la méthanisation et qui
sont les plus développés avec aujourd’hui environ 9000 unités agricoles contre seulement
600 en France. Près de deux tiers des installations européennes à injection de biométhane
dans le réseau sont allemande. Cela peut s’expliquer par des politiques allemandes
incitatives et des démarches plus légères. Mais également par un système
fondamentalement différent, en Allemagne on trouve de grandes unités de méthanisation à
partir de culture de maïs. Les agriculteurs ont une partie de leur culture réservée au
méthaniseur.
Mais, la France a affiché ses ambitions le 29 mars 2013 de tenter de combler son
retard et développer ce type de production d’énergie verte [28]. En effet, à travers le plan
EMAA (Energie Méthanisation Autonome Azote) ; qui résulte d’une action conjointe du
ministère du développement durable et du ministère de l’agriculture ; 3 objectifs ont été
fixés : voir émerger 1000 unités d’ici 2020 sur notre territoire, favoriser les unités de
méthanisation agricoles collectives (de 150 à 500 kW) et créer une filière française
d’équipement de méthanisation tout ceci dans un souci de valorisation des résidus. Les
agriculteurs sont incités à des projets collectifs de taille intermédiaire afin d’obtenir un
complément de revenu. La France a une politique de plus en plus incisive.
Le comité national de biogaz a été réuni en 2015 et 2016 afin de rassembler les
différents acteurs de la filière, partager leur expériences et attentes et permettre ainsi à
l’état d’avoir une action plus importante.
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ici proposées pour des troupeaux laitiers de 100 à 200 vaches laitières. L’association de 2
moteurs de 11kw ou 22kw permet d’obtenir les 3 standards suivant.
Avant l’installation, il est nécessaire de réaliser une analyse du lisier car celui-ci doit
avoir un pouvoir méthanogène important voisin des 25 m3biogaz/m3lisier. Il est donc
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parfois nécessaire de modifier la litière des logettes en ajoutant par exemple de la paille
broyée ou des menues pailles pour enrichir ce pouvoir méthanogène. Cependant, la
présence de grands brins de pailles est totalement proscrite car cela bouche les pompes et
les canalisations.
Avantages Inconvénients
- Installation standard - Exploitation >100 VL
- Pas de modification de l’installation - Valorisation lisier uniquement
actuelle - Pas de valorisation sur post-
- Rapidité de mise en place digesteur
- Faible contrainte journalière - Pas d’installations très vielles en
- Maintenance à distance France(2014)
- 2 à 3 installations par mois en - Système raclage de préférence
France - Pas de résidus de tiges de pailles
- Valorisation de la chaleur possible dans le lisier
par le client
b. Host
Host est une entreprise néerlandaise, c’est un fournisseur de systèmes
bioénergétiques tels que des installations au biogaz, des chaudières, des gazéificateurs ainsi
que des compléments tels que des unités de purification mais aussi des unités de
cogénération pour faire marcher les systèmes. Par son implantation dans divers pays
(Bulgarie, Allemagne, France, Irlande, …) celui-ci est un acteur de la bioénergie à l’échelle
européenne.
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première unité Microferm aux Pays-Bas à Langeveen. Tout comme les autres micro-
méthaniseurs, Microferm est destinée aux éleveurs qui souhaitent « recycler » leur lisier.
L’unité est constituée d’un digesteur tour infiniment mélangé, d’un post-digesteur,
d’un conteneur et le moteur de cogénération à faible puissance et les pompes pour la
vidange et l’alimentation de l’unité de méthanisation qui ce dernier est relié à un puits
collecteur (cf Figure 6).
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subventions données à l’exploitation. Le montant des investissements au total est estimé à
576 000 euros HT avec un temps de retour sur investissement qui est estimé à 7,5 ans pour
l’instant.
la fosse à lisier qui a été reconvertie, une fosse de réception 45 mètres et un réservoir de
3
stockage final de 3000 mètres (cf 6-Figure 7). L’unité comporte une unité de cogénération
3
de 65 kWatt (cf 4,5-Figure 7). Concernant les aspects revendiqués par le concept Microferm :
on retrouve bien, d’après le rapport, la faible perdition thermique qui se traduit par la
consommation de seulement 4% d’électricité produite pour obtenir un fermenteur en
régime thermophile ; le temps de rétention pour le digesteur principal reste aussi faible (13
jours) pour assurer des rendements proches des unités de méthanisations agricoles avec un
rendement de 33% en production d’électricité et un rendement de 46% en production de
chaleur. La semi-automatisation de l’unité mise en valeur sur le site de l’entreprise peut se
traduire par la faible durée d’intervention humaine dans une période donnée, estimée
jusqu’à maintenant à 19,3 heures par mois pour la maintenance, le chargement des matières
entrantes et le suivi technique. A rappeler que les maintenances sont encadrées par le
constructeur au cours de la première année de fonctionnement.
Pour ce qui est des faiblesses : on peut se référer au plus gros problème rencontré
par la GAEC des Buissons, à savoir le problème du seuil du taux de matière sèche qui a été
estimé à 12% mais qui au final est à 9% ce qui a provoqué des problèmes de colmatages de
ce fait il y a eu une dilution par les eaux de lavage qui a été effectuée mais cela a abaissé le
pouvoir méthanogène. Ainsi pour remédier à cela, ils ont introduit des pommes (la pomme
qui a un pouvoir méthanogène important) parmi les matières entrantes.
Pour ce qui est des menaces : on retombe toujours sur un problème majeur qui
concerne n’importe quel micro-méthaniseur, le problème de la taille du cheptel pour faire
tourner le moteur de cogénération qui est en général estimé à 110 vaches laitières.
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Tableau 4 : Tableau STOW pour Microferm
Pour les retours sur ce concept Microferm suite à la réunion : on retient essentiellement le
problème de Microferm pour le seuil de matière sèche qu’on peut considérer comme
approximative surtout suite à l’histoire d’ajouter des pommes pour augmenter à nouveau le
pouvoir méthanogène dans le cas de la GAEC des Buissons. On retient aussi les
performances de l’unité qui sont proches d’une unité de méthanisation agricole
traditionnelle malgré la différence de taille. [19] [20]
c. La CAL
La coopérative agricole de lorraine est une coopérative « concurrente » de EMC2.
Dans le cadre de la démarche DESIR, cette coopérative a développé une partie
méthanisation dans leur filière élevage.
Ce sont des techniciens qui sont responsables des conseils que fournit la coopérative.
Ils aident les agriculteurs à réaliser des plans d’épandages et apportent les connaissances et
les compétences nécessaires à l’utilisation des méthaniseurs.
Ils font appel à un expert afin d’optimiser les projets d’installation et la rentabilité du
projet compte tenu des enjeux financiers.
La coopérative EMC2 pourrait s’orienter dans le conseil tout comme la CAL plutôt que
de développer une branche création de méthaniseur. Elle pourrait conseiller les agriculteurs
pour choisir et modifier les rations des animaux. De plus, les techniciens pourraient
conseiller sur l’alimentation du méthaniseur et ensuite créer des plans d’épandages pour
faciliter le travail des agriculteurs ayant un méthaniseur.
d. Enerpro
Enerpro est une société nantaise proposant des solutions de micro-méthanisation à
l’échelle de l’exploitation agricole. Elle a la particularité de proposer deux voies de micro-
méthanisation :
Pour ce qui est de la méthanisation en voie liquide, Enerpro propose deux sortes de
méthaniseur : un méthaniseur compact ou un méthaniseur silo-tour. Ces deux méthaniseurs
présentent des spécificités différentes et, le choix pris par l’agriculteur sur l’installation d’un
de ces deux réacteurs dépend essentiellement de la taille de son exploitation :
e. Nénufar
L’entreprise Nénufar-Biogaz est une PME française récente qui a été créée par deux
anciens élèves d’Agroparitech en 2012. Il s’agit ici d’une alternative aux systèmes de
méthanisation classiques. Nénufar propose aux éleveurs un système permettant de
transformer une fosse de stockage de lisier ou de digestat en un digesteur. Une quinzaine de
références sont actuellement en fonctionnement.
Cette innovation consiste à installer une bâche sur une fosse déjà existante pour
capturer le biogaz qui s’en échappe. Ce dernier est ensuite acheminé jusqu’à une chaudière
grâce à un surpresseur tout en subissant différents traitements pour éliminer les substances
dangereuses comme le souffre et pour conserver une bonne qualité de gaz dans un but de
pérennité de l’installation. Nous avons effectivement la présence d’une chaudière et non
d’un moteur à cogénération. Le but est ici uniquement de valoriser la chaleur et non de
convertir le gaz en électricité. La production d’électricité serait envisageable uniquement
pour d’énormes exploitations rarement rencontrées (et ne constituant pas la clientèle visée
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par cette entreprise) et qui se dirigeraient d’avantages sur des systèmes plus classiques, plus
rentables le cas échéant. Ce système peut s’adapter sur tout type de fosse grâce à un
système de boudins.
Actuellement un tiers des projets a été réalisé sur des fosses de stockage de digestat
pour récupérer le biogaz rémanent estimé entre 5 et 15%. En effet, les temps de séjour de la
matière dans une unité de méthanisation sont des temps moyens. Ainsi, les effluents
incorporés pourraient séjourner quelques jours comme plusieurs mois. Cela explique qu’une
fraction de la matière n’est pas dégradée et possède encore un certain pouvoir
méthanogène. De plus, dans les cas de ces installations on bénéficie d’une température plus
élevée à la suite du séjour dans le digesteur ce qui optimise l’action des bactéries.
Les deux tiers restants des installations se trouvent sur des fosses à lisier et
laisseraient paraître de bonnes cinétiques de dégradation même en conditions
psychrophiles, c’est-à-dire à basse température (autour de 10°C). La fosse à lisier peut être
utilisée de la même manière qu’avant la pose de la bâche, on peut notamment conserver le
système de pompage.
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Enfin, un partenariat serait envisageable entre Nénufar-biogaz et la coopérative
EMC2. Il serait évolutif : au départ plutôt sous la forme d’apporteur de clients où EMC2 se
rémunèrerait grâce à un pourcentage sur les installations vendues. Ensuite, si ce partenariat
fonctionne et fructifie il pourrait devenir plus étroit et dans ce cas plusieurs solutions
seraient plausibles : former des techniciens pour des conseils scientifiques, réaliser le
montage des dossiers, vendre les installations…
Il ressort que les solutions les plus simples telles que celles proposées par Biolectric
et Nénuphar seraient à privilégier dans le contexte agricole actuel qui ne facilite pas les
investissements. Cependant, ces différentes solutions peuvent être concurrencées par des
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installations en voie solide qui permettraient d’obtenir des productions plus importantes
avec des cheptels laitiers de taille moyenne, ce qui correspond mieux aux adhérents de
EMC2.
A l’issue de la réunion, un groupe de travail doit être formé par EMC2 pour décider
de l’avenir de l’activité méthanisation au sein de la coopérative.
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Conclusion
La méthanisation offre de nouvelles perspectives à l’agriculteur. Il n’est donc pas
étonnant qu’une grosse coopérative comme EMC2 cherche à se renseigner sur un tel sujet.
C’est, en effet, un domaine d’avenir. La méthanisation permet de répondre à des objectifs
planétaires de diminution de l’impact de l’activité agricole sur le climat en réduisant
l’utilisation d’énergie non-renouvelables. Cette démarche est encouragée par l’Etat via des
plans tels que EMAA par exemple. Au niveau de la coopérative, ce domaine en plein essor
représente le démarrage d’une activité pérenne.
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Bibliographie
[1] Informations obtenues lors de la réunion-conférence avec la coopérative EMC2
[5] BioThorey, Ferme bio à énergie positive, Fonctionnement de l’unité de méthanisation par voie
sèche, [en ligne] consulté le 5 Mai 2018 sur le site https://www.bio-
thorey.fr/methaniseur/fonctionnement-de-l-unite.html
[6] La méthanisation des matières organiques, Guide à l’attention des porteurs de projets, DDT/SEA
de l’Orne, conseil général de l’Orne et chambre de l’agriculture de l’Orne
[8]Marjolaine, Système de méthanisation par voie sèche et par voie humide pour le
traitement des déchets organiques, [en ligne] mis à jour le 6 février 2018, consulté le 8 Mai
2018. Consultable sur le site de Biogas World à l’adresse
https://www.biogasworld.com/fr/news/systemes-de-digestion-anaerobie-par-voies-seche-
et-humide-pour-le-traitement-des-dechets-organiques/
[11] Biogaz Planet France, Substrats pour installation de biométhanisation, [En ligne].
Consulté le 13/03/2018. Disponible sur : http://www.bio-e-
co.fr/tinymcefilemanager/file/2013-06-17_09-11-44_potentiel_methanogene.pdf
[12] Philippe BRIAND (Chambre d’agriculture du Morbihan), Note de synthèse sur les volumes
des produits solides et liquides obtenus après séparation de phase de lisiers de bovins
(Rapport), [En ligne]. Consulté le 13/03/2018. Disponible sur :
http://agriculteurs56.com/ca1/PJ.nsf/TECHPJPARCLEF/24439/$File/Note%20de%20synth%C3
%A8se%20sur%20les%20volumes%20des%20produits%20solides%20et%20liquides%20obte
nus%20apr%C3%A8s%20s%C3%A9paration%20de%20phase.pdf?OpenElement
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[13] Chambre d’Agriculture de Haute-Loire, Méthanisation (Présentation), [En ligne].
Consulté le 13/03/2018. Disponible sur : http://www.haute-
loire.chambagri.fr/sites/agri43/IMG/pdf/methanisation1.pdf
[14] Cultivert, La micro-méthanisation 100 % lisier !, [En ligne]. Rubrique « Techniques produits »,
Février 2016. Consulté le 13/03/2018. Disponible sur : http://www.cultivert.fr/micro-methanisation-
100-lisier/
[15] Gossement Avocats, Biogaz : Publication de l’arrêté tarifaire du 13 décembre 2016 fixant
les conditions d’achat, [en ligne] consulté le 8 mai 2018, accessible via
http://www.arnaudgossement.com/archive/2016/12/14/biogaz-publication-de-l-arrete-
tarifaire-du-13-decembre-2016-5886942.html
[18] Sinoe Déchets. Carte des unités de méthanisation et de Biogaz, [en ligne] consulté le 11
janvier 2018 à l’adresse http://carto.sinoe.org/carto/methanisation/flash/
[19] Host, Bio-energy installations, Microferm, [en ligne] consulté le 12 Janvier 2018,
accessible via https://www.host.nl/fr/methanisation/microferm/
[20] Audrey EL HABTI, David GUIANVARCH, Germain L’HERIAU, Suivi technique, économique,
environnemental et social d’installations innovantes de petite méthanisation à la ferme, ADEME,
rédigé en Septembre 2015
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[26] : site internet EMC2 : http://www.emc2.coop/
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Table des figures
Figure 1 : Localisation de la coopérative sur Google Map ...................................................................... 4
Figure 2 : Schéma de la méthanisation par voie sèche. [5] ..................................................................... 8
Figure 3 : Photo digesteur par voie liquide. [6] ....................................................................................... 9
Figure 4 : Carte de la répartition des unités de méthanisation en France et en Lorraine. [18] ............ 14
Figure 5 : Exemple d’installation standardisée réalisée par biolectric .................................................. 17
Figure 6 : Schéma d’une installation de Microferm .............................................................................. 19
Figure 7 : Plan du projet dans la GAEC des Buissons à Angers .............................................................. 20
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