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CHAPITRE III :
Cette partie est volontairement davantage technique. Elle vise à justifier suc-
cinctement la scientificité des résultats du PASEC. A ce titre, il est tout à fait
légitime pour le lecteur davantage intéressé par les propositions pratiques de
sauter ce chapitre et de passer directement au chapitre IV, qui a été conçu de
façon à constituer un tout autonome.
Dans l’autre hypothèse, ce chapitre a pour but de proposer au lecteur
une analyse des effets propres des variables de politique éducative sur cinq
pays (Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Madagascar et Sénégal), d’en
évaluer la robustesse et de voir s’ils permettent des interprétations sensées.
On se situe donc pour le moment sur le plan de l’analyse ; le chapitre IV
envisagera les conséquences politiques.
1. Le modèle estimé
Il faut dans un second temps noter les limites inhérentes aux données lorsque
des variables de niveau classe interviennent. Car pour distinguer les effets
des différentes caractéristiques du maître et de la classe, soit pas moins de 15
variables dans le modèle retenu, on ne dispose, dans chaque pays et à chaque
niveau, que de 100 à 120 observations différentes. Cela pose deux problè-
mes.
Voici rassemblés les résultats pour les deux variables de livres pour les qua-
tre pays en 2ème et en 5ème année :
L’élève a livres
de français et de +12** +19*** +0,5 +1 +8** +8***
mathématiques (7) (6) (5) (4) (5) (2)
12
Notes pour ce tableau et ceux qui suivent :
• Les coefficients se lisent en pourcentages d’écart type gagnés sur les scores de fin d’an-
née (français et mathématiques cumulés) ; les coefficients sont présentés dans des ta-
bleaux distincts mais sont tous issus des mêmes régressions présentées en annexe sous
leur forme complète.
• Les nombres entre parenthèses sont les écarts types des coefficients. Les seuils de
significativité retenus sont de 5% (***), 10% (**) et 15% (*).
p. 60 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
L’élève a livres
de français et de +12*** -8* +0,6 +14*** +10*** +5***
mathématiques (5) (5) (5) (4) (5) (2)
Autre point qui manque d’éclaircissements : aucun impact des livres n’est
discernable en Côte d’Ivoire.
Pour le Cameroun, il est difficile de trouver une logique dans les coefficients
estimés.
Il n’est donc pas évident que le modèle à effets fixes rassemblant les cinq
pays apporte beaucoup s’il impose une condition de constance de l’effet se-
lon les pays qui n’est pas vérifiée. Peut-être a-t-il surtout valeur de résumé de
l’information et fournit-il un moyen commode de synthèse. L’ajout d’obser-
vations supplémentaires permet aussi en principe de réduire les intervalles de
confiance, ce qui est bénéfique car les estimateurs par pays manquent juste-
ment de précision – il reste à juger si ce gain n’est pas annulé par le problème
de spécification lié à l’empilement de régressions pays pas toujours cohéren-
tes entre elles.
Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p. 61
B. L’encadrement pédagogique
1. Les problèmes
elles représentent une évolution possible pour l’avenir. Les résultats présen-
tés ci-dessous vont permettre de voir comment ces espoirs d’analyse ont dû
être en partie révisés.
2. Les résultats
13
Il semble cependant possible d’interpréter cela en termes de déclassement : des bacheliers
employés dans le primaire obtiennent des salaires nettement moins élevés que ceux qu’ils
auraient pu espérer ailleurs. Ils seraient alors moins efficaces parce que moins motivés, quoi-
que compétents. Mais cette histoire permet-elle d’expliquer des coefficients négatifs aussi
élevés ? Pourquoi ne se retrouvent-ils pas en 2ème année ?
Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p. 65
Voici comment nous tendons à lire ces graphiques, qui nous semblent plutôt
plus éclairants que les régressions14 . Il semble qu’on ne peut exclure un effet
“ moyen ” faiblement positif, grosso modo linéaire dans la durée de forma-
tion. Cela ressort à peu près des graphiques de deuxième année si on consi-
dère les catégories pour lesquelles les observations sont nombreuses.
14
Mais les régressions restent nécessaires pour obtenir véritablement la corrélation partielle
entre scores et formation professionnelle initiale ajustés tous les deux sur les autres variables
du modèle. Les graphiques ne permettent d’ajuster que les scores ; mais la différence s’avère
négligeable.
p. 66 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
4
Cameroun
Sénégal
année
Moyenne
ème
STADJ//FPI, 2
RELATION ENTRE SCORES AJUSTÉS ET
DURÉE DE FORMATION INITIALE
4
Côte d’Iv.
Burkina
STADJ
0
0
0
.5
.5
-.5
-.5
Notes : Une observation correspond à une classe. Les scores moyens, ajustés sur toutes les
variables du modèle du modèle sont donnés en ordonnées (échelle tronquée pour plus de
visibilité, l’unité est l’écart type du score de fin d’année). Les différentes durées de forma-
tion professionnelle initiale (d’aucune, noté 0, à plus d’un an, noté 4) sont en abscisses. Le
graphique donne donc une idée des corrélations partielles.
Moyenne
STADJ
Burkina Cameroun
.5
-.5
-.5
0 4 0 4
p. 67
ème
STADJ//FPI, 5 année
p. 68 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
Finalement, il apparaît clairement que le fait stylisé retenu (un effet faible-
ment positif à peu près proportionnel à la durée de formation) n’est émis que
sous réserve d’un contrôle attentif de la qualité des formations. C’est un point
sur lequel de futures recherches seraient particulièrement bienvenues.