Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
1. Le droit et les hommes, deux êtres inséparables. Le droit est aussi ancien que les
hommes, et Il est enraciné dans leur conscience et même dans leur inconscience. Son
importance se fait remarquer déjà dans notre langage quotidien: les deux expressions "vous
avez le droit " et "vous n'avez pas le droit" qui s’énoncent presque habituellement dans notre
vie en est l'illustration. Et les hommes sont en contact avec lui dans les diverses domaines
1
concernant leur vie: les rapports entre institutions politiques, entre les époux, bailleurs et
locataires, employeurs et salariés, associés d'une société, entreprises, l’administration et les
citoyens, etc. Incontestablement, le droit, comme le résume un auteur, est « inhérent au
quotidien. Il est en lui. Il est dans la réalité quotidienne ».
2. Ubi societas, ibi jus. Cet adage latin affirme une donnée fondamentale : l'existence d'une
société suppose l'existence du droit. La présence du droit, comme règles conçues pour régir
les rapports sociaux, remonte aux périodes historiques les plus lointaines, notamment dans les
sociétés archaïques ayant connu l'écriture. En Mésopotamie, grande partie de l'Irak actuel et
une partie de la Syrie actuelle, des lois furent gravées sur des stèles de pierre dans les lieux
publics afin que toute la population en prît connaissance. Mais, c’est le code de Hammurabi,
vers 1750 avant J.-C, qui a été considéré comme le plus ancien et important texte juridique
tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Conçu sur ordre du Roi Hammurabi, afin de
soumettre les diverses régions du pays au pouvoir unique et d’y établir l'unité et la stabilité, ce
code contenait une introduction, 282 articles et une conclusion régissant un ensemble
important de sujets relatifs au contrat, le mariage, l'organisation judiciaire, le droit pénal,
biens, la famille, la succession, etc.
2
Partie I. L’existence du Droit
Partie II. Les droits subjectifs
Le droit comporte des règles qui couvrent un nombre très important d'aspects de l'activité
humaine. Le droit est partout. Mais, il y a du droit qui ne se voit pas qui se devine. Ex. :
3
télécharger une thèse
À partir du moment où il y a plusieurs individus dans un même endroit, il est nécessaire
d'ordonner leur conduite, définir leur droit et leur limite. Le droit finalement nait avec la
société. Le droit est malheureusement souvent perçu comme un moyen de « déranger ».
Cette façon de voir les choses est souvent un peu exagérée. Rôle du juriste :
reconnaitre le droit, faire appliquer la loi. Le droit est une discipline, une activité
intellectuelle fondée sur une connaissance et servie par un savoir-faire (connaitre les termes
et mécanismes juridiques).
4
concernent chacun et ne désignent personne en particulier.
Dans ce sens, on distingue deux acceptions du droit : le droit objectif et le droit subjectif.
Le Droit objectif : Le droit est défini sous l'angle de son objetàsavoir l’organisation de la vie
en société des personnes. Le droit c’est l'ensemble des règles, définies et acceptées par les
personnes, afin de régir les rapports sociaux, et garanties, sanctionnées, par l'intervention
de la puissance publique, c'est-à-dire de l'État. L'ensemble de ces règles constitue le droit
objectif. Ainsi, quand on fait référence au Droit marocain on s’inscrit dans la conception
objective du motdroit. Ces règles sont répertoriées selon des domaines spécifiques : droit
civil, droit commercial, droit de travail, droit pénal, droit des sociétés….
Le Droit subjectif : Le mot droit a une seconde signification qui est
rattachée au sujet du droit et non à la règle de droit elle-même. En effet, le
droit objectif reconnaît aux personnes, qui sont des sujets de droit, des
prérogatives à l'égard d'autres personnes ou sur certains biens : le code de
la famille (droit objectif) reconnaît au père le droit d’exercer son autorité
parentale sur ses enfants (droit subjectif) de même le droit civil reconnaît
aux personnes le droit de propriété.
Le droit dans son sens subjectif désigne alors une prérogative accordée à une personne
par le droitobjectif.
En fait, c'est à la conception subjective du droit qu’on fait référence quand on parle du
droit de propriété d’une personne, droit de vote, droit au travail, droit à la vie et droit à
l'intégrité corporelle.
Ainsi, le mot droit peut avoir deux définitions distinctes selon la référence à son objet ou à
son sujet. La nuance entre ces deux conceptions est plus marquée en arabe et en anglais qui
utilisent deux notions différentes:
- Le droit objectif= = القانونlaw.
- Le droit subjectif= = الحقrights.
Illustration :
"Le droit marocain reconnaît le droit de vote à toute personne majeure" Quant au «
droit positif » par opposition au « droit naturel » il est défini comme l’ensemble des
règles en vigueur dans un État à un moment déterminé.
La règle de droit est une règle de conduite qui régit les rapports entre les personnes.
Toutefois, la vie en société est encadrée également par d’autres règles qui ne sont pas
juridiques ou ne sont pas considérées comme telles mais qui ont vocation à régir les
rapports entre les individus. Il s'agit principalement de la règle morale et la règle religieuse.
Cependant, la règle de droit s’en distingue aussi bien par sa finalité que par ses caractères
spécifiques.
5
Le droit ne peut constituer une exception à ce constat puisqu’il reste rebelle à toue définition
précise et convaincante, et la doctrine essaye de l’appréhender à travers quelques approches se
rattachant essentiellement à trois conceptions : droit objectif (Section I), droits subjectifs
(Section II) et l’approche du droit comme étant un système de normes (Section III).
L’approche doctrinale la plus répandue du droit l’aperçoit comme étant "un ensemble de
règles de conduite qui, dans une société donnée, - et plus au moins organisée -, régissent les
rapports entre les hommes", ou encore « C’est l’ensemble des règles destinées à organiser la
vie sociale ». Cette définition, d'ailleurs la plus habituelle, renvoie à l'idée du droit objectif.
Le droit est décrit comme objectif par ce que ces règles, destinées à organiser la vie en
société, ont vocation à s’appliquer à toutes les personnes qui forment le corps social, d’une
manière générale et impersonnel. Les règles formant le droit objectif visent toutes les
personnes et donc ne désigne personne en particulier. A titre d’exemple, les deux articles 77 1
et 782 du Code des obligations et des contrats (DOC), qui édictant le principe de la
responsabilité du fait personnel, et l’article 2093 du Code de la famille constituent des règles
juridiques qui ont vocation à s'appliquer à tous.
Les droits subjectifs sont les prérogatives juridiques dont une personne, physique ou morale,
peut se prévaloir4et comprennent deux catégories : les droits subjectifs patrimoniaux (§I) et
les droits subjectifs extrapatrimoniaux (§II).
Ils sont de droits ayant de valeur économique, cessible, saisissable et prescriptible. Ils sont
classifiés en deux divisions: droits réels et droits personnels. Les droits réels portent sur les
choses; ils donnent à une personne un pouvoir direct sur une chose (ex: le droit du
1
L'article 77 du DOC dispose que : " Tout fait quelconque de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause
sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit
dommage, lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe".
2
L'article 78 du DOC dispose que : " Chacun est responsable du dommage matériel ou moral qu'il a causé, non
seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe".
3
L’article 209 du Code de la famille dispose que : « L’âge de la majorité légale est fixée à dix-années
grégoriennes révolues »
4
Le professeur François Terré appréhende les droits subjectifs comme étant des « prérogatives que le Droit –ou
Droit objectif- reconnaît à un individu ou à un groupe d’individus et dont ceux-ci peuvent se prévaloir dans leurs
relations avec les autres, en invoquant, s’il y a lieu, la protection et l’aide des pouvoirs publics, disons, au sens
large, de la société : droit de propriété, droit de créance, droit de vote… ». F. Terré, op.cit, p. 3.
6
propriétaire d'une maison), alors que les droits personnels - appelés également droits de
créance- confèrent à une personne, appelée créancier, le droit d'exiger une certaine prestation
d'une autre personne, appelée le débiteur.
Les droits subjectifs extrapatrimoniaux ne font pas, comme leur nom l’indique, partie du
patrimoine des personnes et donc ils n'ont pas de valeur pécuniaire. Dit autrement, ces droits
ne sont pas des biens et ne sont pas évaluables en termes économique. En principe, ils sont
incessibles et ils ne se transmettent pas aux héritiers. Ces droits se divisent, à leur tour, en
deux: droits familiaux et droits de la personnalité. Les premiers comprennent le droit au
mariage et au divorce, droit au respect à la vie familiale (art. 8 CEDH) 5, etc. Les deuxièmes
sont inhérents à la personne: droit à la vie (art. 2 et 3 CEDH), à la nationalité, à la justice, au
respect de la vie privée (art. 8 CEDH), droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion
(art. 9 CEDH), droit au vote, etc.
Selon son acception générale, le système désigne "un ensemble cohérent de notions, de
principes liés logiquement"6, ou encore "un ensemble organisé de règles, de moyens tendant à
une même fin"7. Cette description du système correspond, nous semble-t-il, à la réalité du
droit: le droit est organisé en système et celui-ci "fonctionne d'autant mieux qu'il est plein,
c'est-à-dire apte à engendrer les solutions pour les situations qui le requièrent quand bien
même celles-ci seraient nouvelles, le vide juridique signant une défaillance du système". La
construction et le fonctionnement du système juridique repose sur un principe observé par le
5
Convention européenne des droits de l’homme.
6
Dictionnaire Hachette, éd illustrée 2003, p. 1564.
7
Ibid.
7
juriste Hans Kelsen : la hiérarchie des normes. Il s'agit d'une conception hiérarchique des
normes juridiques prenant la forme d'une pyramide au sommet de laquelle se positionne la
constitution. Le droit est un système de normes dont la validité des unes résulte de
l'habilitation des autres. Ainsi, la loi émise par le Parlement constitue une norme valide parce
qu'une autre norme supérieure, la constitution, lui autorise ce droit. Selon ce schéma
pyramidal, Il n'existe aucune norme au dessus de la constitution.
8
vise la réalisation d’un nombre important d’objectifs dont deux nous apparaissent les plus
fondamentaux : le maintien de l'ordre et la justice (Section I), et la sécurité des personnes et
des biens (Section II).
L'absence du droit conduit indéniablement au désordre. Un auteur observe que "tout ordre
social est exposé à des contestations, à des infractions et à des antagonismes, en raison de la
diversité des intentions et des relations entre les hommes. Le droit est une activité au service
de l'ordre, non pas pour lui-même, mais d'un ordre considéré comme chose juste". Dans le
même esprit, un autre auteur affirme que "le droit fournit un certain nombre de règles de
conduite destinées à faire régner, tout à la fois, l'ordre, le progrès et la justice". Dans le même
esprit, le droit permet la réalisation de la justice. Les Romains l'ont aperçu déjà de cette
manière: le droit est l'art du bien et du juste dont la finalité est la réalisation d'un idéal de
justice et d'équité. La justice est un idéal jugé fondamental pour la vie sociale. Jugée idéal
parce qu'elle permet le maintien de l'ordre et donc son absence entraîne le désordre ou le
chaos social.
Selon la théorie de la hiérarchie des normes, une règle - ou norme- juridique se caractérise par
son intégration dans un système juridique et son production suivant les exigences établies par
les autres normes dudit système. En d’autres termes, une règle n’est pas juridique lorsqu’elle
appartient à un système extra- juridique (moral ou religieux).
Le deuxième critère qui permet la distinction de la règle de droit porte sur l’autorité
compétente qui la crée. La règle de droit procède de l’Etat qui se charge de l’imposer aux
citoyens. Plus précisément, se sont les institutions compétentes de L’Etat que sont le pouvoir
législatif (Parlement) et le pouvoir exécutif (gouvernement) qui ont la légitimité de créer la
quasi-majorité des règles juridiques. Tandis que les autres règles sociales ne sont par crées par
l’Etat, mais par Dieu (en ce qui concerne les règles religieuses) ou la conscience collective du
groupe social (au sujet des règles morales).
Egalement, suivant cette démarche, la règle de droit est habituellement discernée à travers sa
fonction sociale. Ceci signifie que cette règle est destinée à régir la vie sociale : régir les
rapports entre les personnes. Néanmoins, ces deux fameux critères, que l’on peut les
considérer comme étant des critères se rapportant au fond, se révèlent insuffisants pour
distinguer parfaitement la règle juridique des autres règles extra-juridiques. Ces dernières sont
à leur tour des règles générales, abstraites et ayant une fonction sociale. Cette distinction peut
cependant se baser sur deux critères : le premier part du constat que la règle de droit ne vise
pas la perfection de la personne (§I), tandis que le deuxième, souvent rappelé par la doctrine,
établit un rapport entre cette règle et la sanction étatique (§II).
La règle de droit a pour objet l'organisation des relations qui se nouent entre les personnes au
sein de la société afin d’y établir l’ordre et la paix, alors que le domaine des règles extra-
juridiques apparaisse plus vaste que celui du droit. Les règles religieuses et morales ne
s’intéressent pas uniquement à l’organisation des rapports sociaux, mais elles portent
également un intérêt fondamental à l'individu. Plus précisément, ces règles réservent une
attention particulière à la purification et perfection intérieur des fidèles dans la perspective
qu’ils arrivent au degré de la piété. Les règles religieuses et morales se révèlent plus
exigeantes par rapport aux règles juridiques en termes de finalité.
En effet, il est remarquable que la sanction des règles extra-juridiques se distingue des règles
juridiques par deux traits relatifs à l’autorité qui assure la sanction et le temps d’application de
celle-ci. Si l’on prend la règle religieuse comme exemple, nous allons constater que la
11
sanction de cette règle provient du Dieu, et donc n’émane pas de l’Etat, et elle est retardée en
termes du temps d’application.
Sur le plan pénal, les sanctions pénales frappent les délinquants qui causent des troubles à
l’ordre social. Plus précisément, ces sanctions ne visent pas tous les faits et omissions jugés
antisociaux, mais uniquement les actes criminels élevés par la loi au rang des infractions.
Suivant le principe de la légalité pénale, une action, ou abstention, ne peut constituer une
infraction qu’en vertu de la loi : la loi doit expressément prévoir cette action comme une
infraction et lui fixer explicitement une punition.
Au sujet de l’infraction, celle-ci recouvre, selon la gravité de l’acte criminelle, trois types :
crime, délit et la contravention9. Les crimes constituent les infractions les plus dangereuses et
sont, de ce fait, lourdement punies : la sanction se manifeste, comme le fixe l’article 16 du
Code pénal, la mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps pour une durée de cinq à
trente ans, la résidence forcée, la dégradation civique. Les délits sont des infractions de moyen
8
Jean Carbonnier, Droit civil, les obligations, PUF 1976, p.571.
9
Art. 111 du Code pénal.
12
gravité et sont deux types : délits correctionnels et les délits de police. Les délits
correctionnels sont les infractions que la loi punisse d’une peine d’emprisonnement dont la
durée maximum dépasse deux ans (plus de deux ans), alors que les délits de police sont punis
d’emprisonnement dont la durée maximum ne dépasse pas deux ans (deux ans ou moins de
deux ans). Les contraventions sont les infractions les moins graves et donnent lieu à des
sanctions légères : la détention de moins d’un mois, l’amende de 30 dirham à 1200 dirham.
Le droit international a pour objet l’organisation des rapports extranationaux liant les Etats
entre eux ou entre leurs ressortissants. Ce type de rapports est soumis au droit international
public lorsque les parties en causes sont des personnes morales publiques §I), et au droit
international privé lorsque les parties conflictuelles sont des personnes privées (§II).
Le droit international public a pour objet la résolution des conflits opposant les Etats, conflits
interétatiques, ou entre ces derniers et organisations internationales : il s'agit principalement
des problèmes relatives à la souveraineté sur un territoire ou le non-respect d'un traité par une
partie. Ce droit comporte des sources supranationales : conventions ou traités internationaux,
13
coutume internationale, etc. Et, il n'est pas démuni d'institutions : Assemblée générale des
Nations Unies, Conseil de sécurité, Cour internationale de justice de La Haye.
L'origine de la matière est liée à la division du monde en sociétés autonomes, en des Etats
souverains avec pour conséquence l'existence des systèmes juridiques internes autonomes
et différents les uns des autres. Les citoyens de ces Etats se déplacent, concluent des
contrats, nouent des rapports de familles, et, en conséquence, des litiges juridiques surgissent.
La question qui se pose est de savoir quelle est la loi qui sera appelée à régir leurs litiges? Et
la juridiction qui les tranche?
Les règles composant le droit international privé sont destinées à résoudre les rapports
juridiques liant des personnes privées, physiques et morales, comportant un élément
d’extranéité. Autrement dit, le droit international privé s’applique aux relations privées
ayant un caractère international, ou les relations privées internationales. Ces éléments
d’extranéité sont relatives à la nationalité, le domicile, le siège social d’une société, etc.
Le droit interne – ou national- est destiné à régir les rapports sociaux sur le territoire d’un
Etat. La doctrine repose sur plusieurs critères pour classifier les règles juridiques composant
le droit interne dont quatre nous apparaissent fondamentaux: un critère se rapportant à
l’appartenance de ces règles, à la force juridique, à la nature, et un quatrième relatif à la
forme. Le premier critère nous aide à distinguer les règles juridiques relevant du droit public
de celles relevant du droit privé (§ I), à travers le deuxième critère nous pouvons déterminer
les règles impératives et les règles supplétives (§II), le troisième permet la séparation des
règles du fond de celles de forme (§ III), et le quatrième critère nous permet à isoler les règles
écrites des règles non écrites (§ IV).
14
Les règles juridiques appartiennent au droit public ou au droit privé. Avant de mettre la
lumière sur les branches juridiques du droit public et droit privé (III), il convient au préalable
de mettre l’accent sur les critères de distinction entre ces deux disciplines (II), et de préciser,
même avant, les origines de cette distinction (I).
Cette division constitue le fruit d'une approche doctrinale ancienne dont l'origine remonte à
l'époque Romaine. Déjà les Romains constataient que les règles juridiques appartenaient à
deux grandes catégories distinguées suivant les intérêts qu'elles assurent: elles relèvent du
droit public lorsqu'elles sont orientées vers l’intérêt public, et elles appartiennent au droit
privé lorsqu'elles sont orientées vers la satisfaction des intérêts privés. Les juristes romains
ont remarqué que les règles formant le droit public intéressent et traitent la chose publique,
ou "chose du peuple". Avec l'extension de l'empire Romain, ces juristes ont conçu cette
notion de la chose publique pour protéger l'ensemble de biens, des affaires, et des institutions
qui sont" la chose du peuple", une sorte de propriété commune à tous, "la chose publique
appartient à tous en général, et à personne en particulier; chacun y participe, mais nul n'en est
titulaire"10. La chose publique fut appelée par la suite le bien commun, puis le bien public,
puis l'intérêt public, et enfin l'intérêt général. Les juristes Romains ont considéré qu'il ne
fallait pas seulement concevoir cette notion de la chose publique, mais il fallait créer de
règles spéciales pour la traiter d'une manière différente des choses privées.
Cette division du droit fut affirmée par Montesquieu qui distinguait, à son tour, entre le droit
public, appelé par lui "droit politique", dont l'objet est l'organisation des rapports entre les
gouvernants et les gouvernés, et le droit privé, appelé par lui "droit civil", ayant pou objet
l'encadrement des rapports entre les citoyens.
La distinction entre le droit public et le droit privé repose sur plusieurs critères dont quatre
nous apparaissent essentiels: critère tenant à l'objet (A), la finalité (B), au caractère de la règle
(C), et aux pouvoirs reconnus à l'Etat (D).
10
Ibid.
15
Ce critère renvoie à l'opposition de la collectivité à l'individu. Les règles de droit privé
s'intéressent aux rapports privés, alors que de droit public visent les rapports publics. Le droit
privé régit les rapports qui s'établissent entre particuliers : mariage, contrat de vente, travail
privé subordonné, rapports entre associés, etc. En revanche, le droit public organise les
institutions et établissements publics (Parlement, gouvernement, collectivités locales, etc.),
leurs actions et compétences, les rapports qu’ils entretiennent les uns par rapport aux autres, et
leurs rapports avec les personnes privées.
L'objectif du droit public est la satisfaction des intérêts collectifs de la nation, tandis que
celui du droit privé consiste à assurer la satisfaction des intérêts privés. Autrement dit, le but
du droit public est de servir la société et satisfaire l'intérêt général, contrairement au droit
privé qui vise la satisfaction des intérêts particuliers. A titre d'exemple, les règles juridiques
régissant la vente s'intéressent aux intérêts particuliers des contractants, contrairement à celles
qui organisent le service public de la justice qui visent l'intérêt général.
Les règles de droit public sont des règles de puissance publique dans la mesure où elles
s'orientent vers la défense de l'intérêt général. En cela, elles reconnaissent à l'Etat des
pouvoirs et prérogatives exorbitants pour pouvoir satisfaire l'intérêt général. Ces pouvoirs
ayant la qualité de puissance publique sont nombreux: la police administrative, actes
administratifs unilatéraux, etc.
16
III. Les divisions du droit public et du droit privé.
Nous démontrons les branches juridiques du droit public (A), et celles du droit privé (B).
Mais, il existe des branches juridiques dont la classification au sein du droit public ou droit
privé apparaît difficile, la doctrine les considère comme des branches juridiques mixtes (C).
1. Le droit constitutionnel.
L'ensemble des règles ayant pour objet l'organisation politique de L'Etat. Il organise et
retrace les pouvoirs des institutions de l’Etat : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le
pouvoir judiciaire11. Mais la doctrine considère que l'objet de ce droit ne se délimite pas dans
l'organisation de l'Etat, organisation conçue pour la limitation du pouvoir de l'Etat et donc la
garantie de la liberté, mais porte sur des domaines plus variés et plus nombreux. Domaines
économiques, sociales, identitaires sont régis par le droit constitutionnel.
2. Le droit administratif.
Si le champ du droit constitutionnel est large, traite l'organisation des pouvoirs (législatif,
exécutif et judiciaire), celui du droit administratif est limité puisqu'il s'intéresse au pouvoir
exécutif, plus précisément à l'administration. Ce droit recouvre l'ensemble des règles qui
définissent l'organisation administrative, des activités des organes administratifs, des moyens
juridiques, humains et matériels dont ils disposent ainsi que du contrôle juridictionnel auquel
ils sont soumis". Une partie de ce droit régit l'organisation administrative de l'Etat (régions,
provinces, préfectures, communes, etc). Une autre partie définit les moyens d'action de
l'administration et les biens du domaine public.
3. Droit fiscal
11
M.-J.Essaid, op.cit, p. 25.
17
Désigne l'ensemble des règles et procédures relatives à la contribution des sujets de droit aux
charges publiques, c'est-à-dire à l'impôt. Ce droit traite les prérogatives de l’Administration
pour le percevoir auprès des personnes redevables, physiques et morales, et également les
garantis dont disposent les contribuables. Au moyen de l'impôt, les sujets de droit (personnes
physiques et morales) contribuent à l'organisation financière de l'Etat et à la réalisation de sa
politique économique et sociale.
4. Finance publique.
Branche essentielle du droit public, ses règles régissent et gouvernent les finances de l'Etat,
des collectivités locales, des organismes de sécurité sociale, des établissements publics et de
toutes autres personnes morales de droit public. Cette branche est à l'intersection du droit
fiscal, droit constitutionnel ainsi que de la comptabilité publique.
1. Droit civil.
Décrit comme le droit commun du droit privé dans la mesure où ses règles régissent tous les
rapports sociaux lorsque ces derniers ne sont pas régis par des règles juridiques spéciales, le
droit civil régit des rapports de droit privé jugés ordinaires (achat pour consommer, acte de se
loger, etc) se nouant entre des personnes ordinaires : le droit des personnes ordinaires et actes
ordinaires. Le droit civil recouvre un ensemble important de matières. Il détermine tous les
éléments permettant l'individualisation des personnes (nom, l'état civil, le domicile, etc), les
droits et devoirs des parties contractantes, les droits subjectifs qui sont des prérogatives
reconnus aux particuliers et qui peuvent soit porter sur des droits réels ou personnels, la
propriété, les sources des obligations, etc.
2. Droit commercial.
18
Les spécificités du monde des affaires a conduit vers la naissance du droit commercial.
Souplesse, rapidité, confiance, constituent toutes des causes ayant contribué à l'apparition de
ce droit comme nouvelle branche juridique autonome du droit civil. Son objet porte sur les
opérations accomplies par les commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients. Il
réglemente la profession commerciale, qu'elle soit exercée à titre individuel ou sous forme de
société12, les actes de commerce, les effets de commerce (la lettre de change, chèque, billet à
ordre).
3. Le droit du travail.
Le droit du travail se compose de l’ensemble de règles juridiques régissant le travail privé
subordonné dans sa dimension individuel et collectif. Ses règles juridiques s'appliquent aux
relations individuelles et collectives qui naissent entre les employeurs et les salariés qui
travaillent sous leur autorité.
12
M.-J.Essaid, op.cit, p. 30.
19
confondent souvent avec les lois d'ordre public, ou lois de police, ce qui nous conduit à nous
interroger sur ces lois : Qu'entendons-nous par ordre public? Cette notion reste juridiquement
fuyante, insaisissable et imperceptible, elle reste essentiellement philosophique et doctrinale.
Pour l'approcher, un auteur Phocien Francescakis postule que les lois de police sont des lois
"dont l'observation est nécessaire pour la sauvegarde de l'organisation politique, sociale
ou économique d'un pays". Ces lois selon M.J. Said " traduisent des principes
fondamentaux ou des valeurs sacrées de notre société" Pour Jean Carbonnier, l'ordre public
désigne généralement l'idée de la "suprématie de la société sur l'individu". Un autre
auteur considère. "Qu’il s'agit d'une règle impérative consistant à imposer un intérêt
général auquel une volonté individuelle ne peut déroger". Encore, l'ordre public et les
bonnes mœurs forment "des interdits sociaux qui restreignent la liberté contractuelle. Ils
marquent qu'il existe, au dessus des intérêts particuliers, des intérêts généraux que le
pouvoir de la volonté ne saurait méconnaître". Généralement, l'on peut dire que la notion
de l'ordre public permet la supériorité du collectif sur l'individuel, et justifie de limiter les
droits et les libertés fondamentales qu'on pourrait penser absolus. Le juge peut invoquer
l'atteinte à une règle d'ordre public lorsqu'il tranche un litige, même si aucune des parties ne
l'a invoquée.
a. Droit constitutionnel.
Les normes formant le droit constitutionnel sont par excellence des règles impératives se
reliant à l'ordre public dans ses divers aspects: ordre public politique, économique, social.
Elles se situent au somment de la hiérarchie des normes juridiques et personne ne peut les
écarter. Au niveau politique, raison d'être fondamental de la Constitution, l'article 1 de la
Constitution, affirmant que le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique,
parlementaire et sociale, constitue une norme d'ordre public s'imposant à tous.
20
b. Droit administratif.
Les règles juridiques relevant du droit administratif sont d'ordre public. Pour pouvoir
satisfaire l'intérêt général, l'administration repose sur des moyens dont la police
administrative, service public, etc. Ces moyens dont dispose l'administration pour assurer la
satisfaction de l'intérêt général sont régis par des règles d'ordre public. Les règles encadrant la
police administrative sont d'ordre public dans la mesure où celle-ci a pour finalité la
réalisation de la paix publique et le maintien de l'ordre. Les particuliers ne peuvent les écarter
au moyen d'une convention. C'est le même raisonnement qui s'applique sur les règles qui
régissent les services publics: à titre d'exemple, le service public de la justice.
a. Droit civil.
La quasi-majorité des règles juridiques composant le droit civil sont supplétives - ou
interprétatives- du fait de son caractère libéral. Les parties peuvent dans une large mesure
déroger aux règles fixées dans ce code. Les règles impératives fixées par ce code sont peu
nombreuses et concernent essentiellement les contrats. Au sujet du contrat de vente, le
législateur a fixé certaines règles impératives. A titre d'exemple, l'article 484 du DOC
dispose que "est nulle entre musulmans la vente de choses déclarées impures 13 par la loi
religieuse, sauf les objets dont elle a autorisé le commerce, tels que les engrais minéraux
pour les besoins de l'agriculture". Egalement, l'article 487 du DOC prévoit que : "le prix doit
être déterminé". Egalement, l'article 1092 du DOC prévoit que "Toute obligation ayant pour
cause une dette de jeu ou un pari est nulle de plein droit".
b. Droit du travail.
Les règles juridiques du droit du travail sont par excellence des règles impératives et d'ordre
public. L'ordre public social14 désigne que les normes sociales imposées par les lois et
règlements ne peuvent être, en principe, écartées par celles d'origine conventionnelles (contrat
de travail et convention et accords conventionnels) que lorsque ces dernières garantissent des
droits plus favorables aux salariés. A titre d'exemple, si l'employeur et le salarié stipulent dans
le contrat de travail que le salaire sera au-dessous du SMIC, cette stipulation serait nulle; alors
que s'ils y prévoient le contraire, la clause sera valide. L'ordre public social a pour objectif
13
Le porc à titre d'exemple.
14
Appelé aussi principe de faveur, ou principe de l'application de la disposition la plus favorable.
21
la protection minimale du salarié. Le même raisonnement s'applique sur l'accord qui prévoit
que le salarié travaille sans bénéficier des jours de repos et congés, ou plus de la durée légale
fixée par la loi.
Les règles juridiques régissant la protection de la santé et la sécurité des travailleurs dans le
lieu de travail, le salaire, le temps du travail, le licenciement relèvent toutes de l’ordre public
et les parties intéressées (employeur, salarié, syndicats et organisations des employeurs) ne
peuvent les transgresser.
Droit pénal constitue le champ d'application par excellence de la notion d'ordre public. Le
crime cause du trouble à l'ordre social, et c'est ainsi qu'il fait l'objet d'une réaction sociale au
moyen du droit pénal. Les règles relevant du droit pénal sont des règles impératives du fait
qu'elles assurent la protection d'un intérêt fondamental à savoir la protection de la vie des
hommes et leurs biens. A titre d'exemple, l'article 392 du code pénal est une règle
impérative à la quelle les particuliers ne peuvent déroger. Cet article dispose que: "quiconque
donne intentionnellement la mort à autrui est coupable de meurtre et puni de la
réclusion perpétuelle"15.
15
""كل من تسبب عمدا في قتل غيره يعد قاتال ويعاقب بالسجن المؤبد
22
va les unir et le façonnent, dans son objet, son contenu, sa durée et ses modalités, sous les
limites et les compléments que la loi impose". Ces règles supplétives sont mises à la
disposition des particuliers essentiellement pour leur faciliter la formation et l'aménagement
de leurs contrats.
A titre d’exemple, l'article 515 du DOC dispose que: "tous les fruits et accroissements de la
chose, tant civils que naturels appartiennent à l'acquéreur depuis le moment où la vente est
parfaite et doivent lui être délivrés avec elle, s'il n 'y a convention contraire". L'article 510 du
DOC dispose que :" Les frais de courtage sont à la charge du vendeur, lorsque le courtier a
conclu lui même la vente, sauf les usages locaux et les stipulations des parties".
Les règles juridiques de fond fixent les droits et devoirs des personnes juridiques les unes à
l'encontre des autres. Celles-ci se rapportent au domaine politique, économique et social. Le
droit constitutionnel, administratif, civil, travail, commercial, etc, se composent des règles
juridiques de fond.
Les règles juridiques du fond ne peuvent seuls réaliser leurs objectifs, ceux-ci requièrent
également un droit procédural - ou processuel - qui se charge à fixer les moyens
procéduraux par lesquels les personnes défendent leurs droits. En matière civile, ce droit est
appelé le droit de la procédure civile par une partie de la doctrine et le droit judiciaire
privé par une autre partie. Ce droit se définit par la doctrine comme: "l'ensemble des règles
relatives aux juridictions civiles et à la procédure civile, ou encore "l'ensemble des règles qui
gouvernent l'organisation et le fonctionnement de la justice en vue d'assurer aux particuliers la
sanction et le respect de leurs droits subjectifs en matière civile". Du point organique, ce
droit règle le problème de savoir qui est le juge apte à trancher un litige civil. Du point de
vue fonctionnel, ce droit répond à la question de savoir comment le juge tranche le litige:
question de procédure civile; c'est-à-dire comment le procès est engagé et la procédure se
déroule-t-elle.
23
En matière pénale, ce droit est appelé droit de la procédure pénale. Ce droit fixe le cadre
juridique dans lequel l'enquête, la poursuite et le jugement visant une personne soupçonnée
peuvent s'engager.
24
convient de s'intéresser à ses sources. Le terme source renvoie à l'idée d'origine, racine, de
naissance, le point de départ d'une chose: source d'eau, d'énergie, etc. Toutes les choses
retournent à leur source.
Le droit à son tour provient d'une source, d'une origine. Autrement dit, les règles juridiques
qui le composent retournent, à l'instar de toutes les choses, à leur source. A ce propos, une
question évidente se pose: d'ou vient les règles de droit? Comment sont-elles crées? Ou,
comment se forment-elles? Il convient de souligner que le mot source désigne plusieurs sens:
sources historiques du droit, sources matérielles du droit, et les sources formelles du droit, et
se sont ces dernières qui font l'objet des analyses doctrinales. Le mot source est réservé à ce
qui est appelé précisément sources formelles du droit, celles-ci sont seules aptes à créer, au
moyen de procédures d'élaborations précises, des règles de droit obligatoires. Les juges se
basent sur ces sources pour trancher les litiges.
L'étude des sources du droit nous conduit à affirmer un constat: ses sources sont nombreuses
et diverses. Ce constat s'explique par un nombre important de facteurs dont deux nous
apparaissent essentiels. D'un côté, la complexité des rapports sociaux et l'apparition, de ce
fait, de nouveaux lieux de fabrication du droit à côté des lieux traditionnelles. D'un autre côté,
le développement du droit international comme manifestation de la mondialisation. Suivant ce
constat, l'on peut diviser les sources du droit en deux catégories: sources internationales
(Section I), et sources nationales (section II).
25
droits de l'homme, adoptée par l'assemblée générale des Nations-Unies le 10 décembre 1948
à Paris, formant l'essentiel du droit international général. Ces règles font partie du système
juridique marocain en vertu de l'alinéa 3 du préambule de la Constitution de 2011 qui
affirme le respect de l'Etat marocain à ces règles16.
La même position est consacrée en ce qui concerne la Constitution française de 1958, puisque
l'article 55 de celle-ci dispose que "Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés
ont, dès leur publication, une autorité supérieur à celle des lois, sous réserve, pour chaque
accord ou traité, de son application par l'autre partie". Les engagements internationaux se
16
Il est précisé dans ce préambule que " Le royaume du Maroc, membre actif au sein des organisations
internationales, s'engage à souscrire aux principes, droits et obligations énoncés dans leurs chartes et
conventions respectives; il réaffirme son attachement aux droits de l'homme tels qu'ils sont universellement
reconnus ".
26
positionnent à un niveau intermédiaire entre la Constitution et la loi: en-dessous de la
Constitution, au-dessus de la loi.
Au sujet du droit marocain, les Constitutions qui s'étaient succédées depuis 1962 jusqu'au
1996 ne se sont pas prononcées explicitement sur cette question. Se sont les lois qui se sont
chargées de préciser cet emplacement, à titre d'exemple, l'article 1 du Code de la nationalité
du 6 septembre 1958 prévoit que : "Les dispositions des traités et accords internationaux
ratifiés et publiés prévalent sur celle de la loi interne". Pour lever l'ambigüité sur ce point,
l'alinéa 4 du préambule de la Constitution de 2011 accorde "aux conventions
internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la Constitution
et des lois du Royaume, dans le respect de son identité nationale immuable, et dès la
publication de ces conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser
en conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale".
Ces sources décrites comme nationales par ce que les règles qu'elles formulent sont produites
à l'intérieur de l'Etat. L'on peut les diviser en deux: sources étatiques (§I), et sources infra-
étatiques (§II).
I. La loi.
L'on a dit au sujet du droit qu'il correspond à un système de normes prenant la forme d'une
hiérarchie au sein de laquelle une norme quelconque n'est valide que si elle est conforme à
une norme supérieur. Au sommet de cette hiérarchie, on trouve des lois constitutionnelles (A),
on descend la pyramide on trouve les lois organiques (B), après on y trouve les lois
législatives (C), et en bas de la hiérarchie on trouve les règlements (D). L'ordonnancement de
cette hiérarchie est soumis à un contrôle rigoureux (E).
27
A. Les lois constitutionnelles: lois fondamentales
L'étude des lois constitutionnelles impose de mettre l'accent sur deux points fondamentaux:
leur création (1), le contenu (2).
1. La création de la Constitution.
Le pouvoir qui a l'autorité de créer la Constitution est appelé pouvoir constituant. Les
procédures d'adoption de la Constitution sont variables. Le texte constitutionnel peut être
adopté par une assemblée, dénommée assemblée constituante ou par un gouvernement.
Egalement, il peut être élaboré par une assemblée ou gouvernement et soumis par la suite au
référendum. C'était le cas de la Constitution marocaine de 2011, puisque sa révision a été
confiée par le Roi à une assemblée présidée par le Professeur Menouni. Cette assemblée
s'était composée de personnalités venant d'horizons divers: partis politiques, société civile,
associations, syndicats, acteurs économiques, associations représentant la jeunesse, etc.
L'initiative de la révision de la Constitution appartient, comme le précise l'article 172, au Roi,
Chef du Gouvernement, à la Chambre des Représentants et la Chambre des Conseillers. Mais,
le Roi, au visa du deuxième alinéa de cet article, peut soumettre directement au référendum le
projet de révision dont il prend l'initiative.
2. Contenu de la Constitution
Les lois constitutionnelles sont situées au sommet de la hiérarchie des normes. Elles sont
destinées essentiellement à organiser l'exercice du pouvoir au moyen de la répartition des
compétences au sein de l'Etat qui est fondée, à son tour, sur le principe de la séparation des
pouvoirs jugé comme pilier fondamental de la démocratie. Il s'agit des pouvoirs du Roi (art41
à 59), ceux du pouvoir législatif (art. 60 à 86), et ceux dévolus au pouvoir exécutif (art. 87 à
94)17, pouvoir judiciaire (art. 107 à 128), la Cour constitutionnelle, la Cour des comptes, le
Conseil économique, social et environnemental, des régions et des collectivités locales, etc.
Encore, la Constitution comporte des dispositions concernant l'organisation économique et
sociale de l'Etat, et affirme les droits et libertés des individus jugés fondamentaux, etc.
Au sujet de leur adoption, deux questions essentielles se posent: qu'il est l'organe ayant
l'autorité d'adopter les lois organiques? Et dans quelles conditions ces lois sont édictées?
Concernant le premier point, les lois organiques peuvent être élaborées par le parlement,
proposition de loi organique, et le gouvernement, projet de loi organique, mais votées
obligatoirement par le Parlement. Quant à la procédure relative à leur adoption, les projets
et propositions de lois organiques sont soumises à la délibération de la Chambre des
Représentants qu'à l'issu d'un délai de dix jours après leur dépôt sur le bureau de la Chambre.
Egalement, elles sont assujetties à la vérification par la Cour constitutionnelle qui examine
leur conformité à la Constitution.
C. Lois ordinaires20.
Souvent le terme "loi" renvoie aux lois ordinaires, celles-ci constituent la source
fondamentale de notre système juridique: elles sont les plus nombreuses. En principe, lois
ordinaires sont décrétées par le pouvoir législatif, ou le Parlement. Issue du peuple, cette
institution se compose de deux chambres: la Chambre des représentants et la Chambre des
conseillers21, et leur membre, comme le précise l'article 60 de la Constitution, tiennent leur
mandat de la Nation. Le domaine de la loi, ou les matières qui sont dévolues au Parlement,
sont fixées par l'article 71 de la Constitution. En général, le pouvoir législatif détient l'autorité
de légiférer dans les domaines se rapportant aux droits politiques, économiques et sociaux des
citoyens22, matières pénales, civiles et commerciales, etc.
19
Suivant l'alinéa 7 de l'article 7 de la Constitution, une loi organique se charge à déterminer les règles relatives
à la constitution des partis politiques, aux critères d'octroi du soutien financier de l'Etat, ainsi qu'aux modalités de
contrôle de leur financement. Egalement, la loi organique se charge en vertu de l'alinéa 3 de l'article 44 de fixer
les règles de fonctionnement du Conseil de Régence. De même, le nombre des représentants et conseillers, leur
régime électoral, conditions d'éligibilité et d'incompatibilités, sont fixés par des lois organiques. De même, les
règles relatives à l'organisation, au fonctionnement de la Cour constitutionnelle ainsi que la procédure suivie
devant elle sont déterminées, selon l'alinéa 1 de l'article 131 de la Constitution, par une loi organique.
20
أو تشريع قوانين عادية
21
Les membres de cette chambre, entre 90 et 120, sont élus au suffrage universel indirect (63).
22
Droit au travail, d'éducation.
29
Exceptionnellement, le pouvoir exécutif, le gouvernement, peut exercer des compétences
relevant du domaine de la loi, intervenir dans un domaine fixé par l'article 71 de la
Constitution, dans deux cas: l'obtention du gouvernement d'une autorisation du
Parlement, et le cas du nécessité. Concernant le premier cas, après avoir obtenu une
autorisation du Parlement, le gouvernement peut pendant un délai limité et en vue d'un
objectif déterminé, prendre par décret des mesures qui normalement relèvent du
domaine de la loi. Ces décrets rentrent en vigueur dès leur publication, mais ils doivent être
ratifiés obligatoirement par le Parlement à l'expiration du délai fixé par la loi. Quant au
deuxième cas, le gouvernement peut prendre, dans l'intervalle des sessions, avec l'accord des
commissions concernées des deux chambres des décrets-lois qui doivent être, au cours de
session ordinaire suivante du Parlement soumis à la ratification de celui-ci . Dans ce cas, le
gouvernement a le droit de légiférer sans obtenir une autorisation du Parlement.
D. Les décrets.
Sont décrétés par le pouvoir exécutif, le gouvernement. Le premier ministre et les ministères,
acteurs du gouvernement, sont habilités à créer de règle de droit sous forme de décrets.
Autrement dit, les décrets constituent les récipients des règles juridiques arrêtées par le
gouvernement. Ils sont arrêtés dans le respect de la répartition des compétences tracée par la
Constitution. Le gouvernement ne peut intervenir sur une matière relevant de la compétence
du pouvoir législatif, du domaine de la loi.
Les décrets sont deux types: décrets d'exécution des lois, et décrets autonomes. Les
premiers tendent à assurer l'exécution des lois, la loi prévoit que le gouvernement adopte un
décret pour compléter ses propres dispositions. Décret se charge de détailler et préciser les
dispositions prévues dans une loi. Les décrets autonomes sont adoptés par le pouvoir exécutif
sans qu'il soit ordonné à le faire par le pouvoir législatif.
30
1. Le contrôle de la constitutionnalité des lois: le contrôle de la suprématie
des normes constitutionnelles.
Vu leur importance dans la hiérarchie des normes, la supériorité des normes constitutionnelles
bénéficie d'un contrôle rigoureux assuré par la Cour constitutionnelle. Cette institution se
charge de vérifier la conformité de normes inférieures à la Constitution. Selon l'article 132 de
la Constitution, les lois avant leur promulgation peuvent être différées -renvoyées- à la
Cour pour qu'elle statue sur leur conformité à la constitution. Ce droit est accordé au Roi,
Chef du gouvernement, président de la chambre des Représentants, le président de la chambre
des Conseillers, ou par le cinquième des membres de la chambre des représentants, ou par
quarante membres de la chambre des conseillers. La Cour peut, en vertu de l'article 133 de
la Constitution, statuer sur la constitutionnalité d'une loi soulevée au cours d'un litige
par l'une des parties à celui-ci.
En principe, les juridictions ont pour mission de régler les différends opposant les justiciables
sur le seul fondement de l'application impartiale de la loi25. Autrement dit, les juges ne
peuvent pas, en vertu du principe de la séparation des pouvoirs consacré et retracé
constitutionnellement, créer des règles de droit, mais leur mission consiste à en appliquer et
23
Vocabulaire juridique, Assoc.H.Capitant, V jurisprudence, cité par F.Terré, op.cit, p. 273.
24
F.Terré, op.cit, p. 274.
25
Art. 110 de la Constitution. وال تصدر أحكام القضاء إال على أساس التطبيق العادل للقانون.اليلزم قضاة األحكام إال بتطبيق القانون
31
en interpréter lorsqu'elles sont obscures ou ambiguës. Néanmoins, avec la complexité des faits
sociaux et l'incapacité des lois à fournir des solutions satisfaisantes, les juridictions,
notamment la haute juridiction, édictent des solutions très innovantes. A titre d'exemple, en
matière sociale, en l'absence d'un texte juridique explicite, la jurisprudence de la Cour de
Cassation attribue la qualité d'employeur à la société mère du groupe au même titre que la
société avec laquelle le salarié est lié par un contrat de travail.
I. Coutume.
La coutume est considérée comme la plus ancienne source du droit. Elle désigne "toutes les
règles de droit qui se dégagent des faits et des pratiques dans un milieu social en dehors de
l'intervention du législateur". La coutume est synonyme de droit non légiféré-non écrit ou
encore spontané-; elle comprend, dans son acception, large toutes les sources extra-légales:
les usages, la jurisprudence, voire la doctrine. Son importance se fait remarquer
essentiellement dans les sociétés antiques qui n'avaient pas toujours des pouvoirs publics
permanents pour édicter les lois, or qu'elles ne pouvaient pas vivre, à l'instar de toute société,
sans droit. Le rôle de la coutume est toujours important dans certains pays dans le monde, tels
que la Mongolie, le Sri Lanka. Au Maroc plus particulièrement, le droit s'appuyait largement
sur les règles coutumières avant le protectorat: règles coutumières s'appliquèrent dont les
caïds ou les chefs de tribus assumèrent l'application.
Les coutumes se transforment en des règles de droit en vertu de deux éléments: élément
matériel et élément psychologique. Le premier se rapport au fait qu'elles sont régulièrement
appliquées et répandus dans l'espace et anciens dans le temps. Dans l'espace, la coutume doit
être largement répandue dans le milieu social, dans une profession, dans une localité. Dans le
temps, la coutume implique qu'elle soit constante et s'applique de façon ininterrompue. Le
deuxième se rapport à la conviction partagée par tous du caractère obligatoire des coutumes.
La population croit que les règles coutumières sont des règles juridiques qui s'imposent à tous.
32
Les règles non écrites s'appliquent essentiellement dans le domaine commercial, droit
maritime, etc.
Les règles coutumières, à la différence de celles écrites, sont imprécises du fait de leur nature
orale et constituent, en conséquence, une cause d'insécurité pour les intéressés. Le droit écrit
est général s'imposant à tous. Le droit écrit se caractérise par son centralisme, alors que le
droit coutumier se dote d'une spécificité particulariste; il varie suivant les lieux, les
professions, les milieux sociaux, il ne sert pas l'objectif de l'unité d'un pays. En termes
d'efficacité, le droit écrit s'applique rapidement, tandis que le droit coutumier il lui faut du
temps pour qu'il devienne obligatoire.
II. Usages.
L'usage est une pratique caractérisée par sa répétition régulière. Dans certaines entreprises
des avantages sont attribués aux salariés - tel que le versement du 13 mois ou d'une prime de
pénibilité ou le bénéfice d'un congé complémentaire sont des usages.
33
Titre. Les personnes et le droit
1. Le droit distingue entre les personnes et les objets; c'est les premiers qui exercent des
pouvoirs sur les deuxièmes. Au sens juridique, les personnes sont des sujets de droit dotés
de la personnalité juridique, c'est-à-dire de "l'aptitude à être titulaire de droits subjectifs et
assujetti à des obligations". Seule une personne peut acquérir et se prévaloir d'un droit -
propriétaire, par exemple, d'une maison - et être tenue d'une obligation - réparer, par
exemple, le dommage qu'elle cause-. A l'origine, la personnalité juridique est reconnue aux
personnes physiques, des êtres humains faits de chair et de sang (Chapitre I). Toutefois, les
êtres humains ne sont pas les seuls à être considérés comme des personnes juridiques, des
groupements de personnes, des êtres n'ayant pas une réalité biologique, furent reconnus la
personnalité juridique : personnes morales (Chapitre II).
34
l'article 16 du Pacte des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques. La personnalité
juridique dont chaque personne peut se prévaloir signifie la condamnation de l'esclavage,
aboli par la quasi-majorité des pays du monde, et traduit le principe de l'égalité entre les
êtres humains. Le droit d'accéder à la personnalité juridique est confirmé implicitement par
le paragraphe 4 du Préambule de la Constitution marocaine.
3. L'animal, une chose dépourvue de la personnalité juridique. L'animal n'est pas une
personne juridique et il ne saurait être titulaire de droits et tenu d'obligations.
Contrairement aux personnes physiques, l'animal ne pourrait contracter et réparer le
dommage qu'il causerait. L'animal fait partie de biens meubles. Toutefois, le Code civil
Français aujourd'hui tout en soumettant l'animal au régime juridique applicable aux biens, il
le qualifie comme "un être vivant doué de sensibilité"26; ceci signifie que les animaux sont
capables d'éprouver des sentiments et des souffrances. Cette nouvelle appréhension de
l'animal a fait l'objet de l'unanimité de toutes les composantes politiques à l'exception de
l'UMP qui en a considéré comme une menace sérieuse sur les filières agricoles de l'élevage.
Sachant qu'un nombre important d'intellectuels ont demandé de faire dotés les animaux
d'une nouvelle catégorie entre celle des hommes et celle des biens.
§I. Nom.
6. Le Nom est une appellation qui permet d'individualiser une personne des tiers. Le Nom
comprend deux éléments: le nom de famille et le prénom. Le nom de famille rattache
l'individu à sa famille, il est à la fois un devoir et un droit subjectif. Devoir par ce que chacun
assume l'obligation de porter un nom. Le nom est soumis à des conditions strictes, l'article
20 de la loi 37-99 relative à l’état civil dispose que :" le nom choisi ne doit pas être différent
de celui du père ni porter atteinte aux bonnes mœurs ou à l’ordre public ni etre un nom
ridicule… ». Le nom aussi est également un droit subjectif dans la mesure où son titulaire
assume sa défense et d'interdire à autrui de l'utiliser.
§II. Domicile.
7. "Le domicile permet la localisation juridique de la personne: il identifie la personne par un
rattachement à un lieu"29. Le domicile présente un intérêt en droit public comme en droit
privé. En droit public, le domicile permet la localisation de la personne pour l'exercice de
certains droits (politiques, électoraux, etc) et obligations (ex: fiscales). En droit privé, le
domicile détermine essentiellement juridiction territorialement compétente.
29
Ibid, p. 109.
36
9. Les personnes capables. Le droit reconnait la capacité d'exercice aux majeurs que sont les
personnes ayant atteint l'âge de la majorité 30 . Ces personnes exercent pleinement leur
capacité juridique en concluant tous les contrats, contrat de la vente, du bail, de travail,
ouvrir un compte bancaire, être des associés dans des sociétés commerciales, ester en
justice pour faire valoir leurs droits, etc. D'un autre côté, ces personnes assument
pleinement leur responsabilité aussi bien civile que pénale.
10. Les personnes incapables. En général, les incapables sont les personnes n'ayant pas
atteint l'âge de la majorité ou atteintes par un handicap mental. Une question se pose
portant sur la capacité de ces personnes à participer à la vie juridique. Le droit distingue
entre trois catégories: le mineur émancipé, les personnes totalement incapables et les
personnes partiellement incapables. Le mineur émancipé, c'est le mineur ayant atteint l'âge
de 16 ans et émancipé par le tribunal. Après l'obtention de son émancipation, cette personne
devient juridiquement capable d'e participer à la vie juridique: conclusion des contrats, exerce
le commerce, peut avoir la qualité d'associé et donc conclure un contrat de société. Les
personnes totalement incapables sont la personne ayant perdu la raison (le dément ou le
fou) et le mineur dépourvu de discernement (n'ayant pas atteint l'âge de 12). Ces personnes
sont totalement incapables et les actes qu'elles passent sont nuls. Quant aux incapables
partiellement que sont le mineur pourvu de discernement 31, prodigue32 et du faible d'esprit.
Ces personnes sont-elles capables de participer à la vie juridique? Pour y répondre, selon
l'article 225 code de la famille, les actes passés par le mineur pourvu de discernement
reçoivent des traitements différents selon leur caractère profitable ou préjudiciable: ils sont
valables s'il lui sont pleinement profitables; ils sont nuls, s'ils lui sont préjudiciables, s'ils ne
revêtent pas un caractère profitable ou préjudiciable évident, leur validité est
subordonnée à l'approbation légal de son représentant légal". En vertu de cet article, le
mineur peut conclure un contrat de société, acte ne revêtant pas un caractère profitable ou
préjudiciable évident, mais après avoir obtenu l'autorisation de son représentant légal33.
30
18 ans révolues selon l'article 209 Code la famille.
31
Le mineur pourvu de discernement, selon l'article 213 et 214, c'est celui qui est arrivé à l'âge de
discernement (deuze ans) sans pour autant avoir atteint l'âge de la majorité.
32
Art 216 : celui qui dilapide ses biens par des dépenses sans utilité ou considérées comme futiles par les
personnes raisonnables".
33
Le tuteur légal est le père, la mère ou le juge. Le tuteur testamentaire désigné par le père ou la mère, et le
tuteur datif désigné par la justice. Art. 230 C. famille.
37
Section. V. La fin de la personnalité juridique.
11. La mort biologique, c'est-à-dire les composantes vitales cessent de fonctionner, met fin à
la personnalité juridique. Cet événement "ayant pour effet de retirer la qualité de sujet de
droits à l'être, désormais sorti de la scène juridique" 34. La mort se constate médicalement et se
déclare à l'état civil. Le décédé n'est plus une personne juridique et sa succession est ouverte.
Un problème se pose concernant une personne absente dont le doute surgit sur sa situation:
Est ce qu'elle est vivante ou morte? Souvent c'est les héréditaires qui sont pressés à savoir son
sort en raison de leur volonté de recueillir le plus tôt possible leurs parts héréditaires. A ce
sujet, l'article 327 Code de la famille dispose que: " lorsqu'une personne a disparu dans des
circonstances exceptionnelles rendant sa mort probable, un jugement déclaratif de décès est
rendu à l'expiration d'un délai d'une année courant à compter du jour où l'on a perdu tout
espoir de savoir si elle est vivante ou décédée".
12. Le droit ne reconnaît pas la personnalité juridique uniquement aux êtres humains, mais
également à certains groupements de personnes et de biens qui sont érigés en personnes
« autonomes et distinctes ». Ces groupements sont des personnes morales qui se voient
attribuer la personnalité juridique distincte de celle des personnes physiques qui les
composent. Ces groupements sont ainsi reconnus à l’instar des personnes physiques au sens
biologique.
13. Cette conception juridique qui reconnaît la personnalité juridique à ces groupements
estime que ces derniers méritent d’être reconnus comme « sujets de droit », par ce qu’ils « ont
vocation à une activité autonome, distincte de celle des personnes qui les composent ». Cette
conception considère également que ces groupements possèdent une « âme collective orientée
34
B.Beignier, note sous Civ.1er, 7 janv.1997, JCP 1997.II. 22830.
38
vers un but », comme le décrit Josserand,35 et qu’ils veillent à la réalisation d’un « intérêt
humain ».
14. L’effet essentiel de la personnalité morale est de rendre, d’une part, ces groupements
« sujets de droit », c’est-à-dire de les rendre capables d’acquérir des droits subjectifs – devenir
propriétaire, créancier, etc.36 – et de les rendre responsables civilement et pénalement, 37
indépendamment des personnes physiques qui les composent. D’autre part, cette
reconnaissance permet à ces groupements d’obtenir un état juridique autonome, de telle sorte
qu’une société commerciale, par exemple, puisse acquérir une capacité juridique, une identité
propre, une domiciliation (siège social), une nationalité, et un patrimoine social distincts des
associés qui la composent.
35
Josserand voit que : « bien que les personnes morales ne soient pas des êtres en chair et en os, il s’en dégage
une âme collective, une volonté générale qui est orientée vers un but ». Cité par B. Dondero, op. cit., p. 33.
36
G. Chiron, La personnalité morale des sociétés depuis le XIX siècle en France, en Allemagne et en Angleterre,
p. 114, thèse soutenue le 15 novembre 2008 à l’Univeristé Panthéon-Assas (Paris II) ; J.-L. Aubert, op. cit., p.
181.
37
La responsabilité pénale des personnes morales est clairement affirmée par l’article 121-2 du Code pénal qui
dispose que : « les personnes morales, à l’exception de l’État, sont responsables pénalement, selon les
distinctions des articles 121-4 à 121-7, des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants ». La responsabilité pénale de la personne morale reste possible dans le domaine économique ou
technique. À titre d’exemple, la fabrication non-conforme, les techniques de commercialisation interdites, la
pollution par fabrication hors normes, la publicité mensongère, etc.). En revanche, cette responsabilité est
inconcevable dans certains cas où la personne morale est incapable de les commettre, comme les violences, les
homicides, les agressions, les atteintes contre les biens. M. Laure-Rassat, Droit pénal général, ellipses 2006,
p. 471.
39
Les partisans de cette théorie insistent sur l’idée que la personne morale n’est qu’un être fictif
qui ne peut exister que si elle est reconnue par le législateur, qui possède une compétence
exclusive dans ce domaine. À titre d’exemple, le législateur conditionne l’octroi de la
personnalité morale aux sociétés commerciales et aux groupements d’intérêt économique, au
respect d’une formalité obligatoire, à savoir l’immatriculation au registre du commerce et des
sociétés.
17. À l’opposé de la théorie de la fiction, la théorie de la réalité estime qu’il faut reconnaître
la personnalité morale aux groupements qui existent dans la réalité, indépendamment de
l’intervention du législateur. Les tenants de cette théorie considèrent ces groupements comme
des réalités sociales qui se sont constituées pour défendre un intérêt collectif distinct de celui
de leurs membres, et qui doivent de ce fait être reconnus comme des personnes juridiques.
18. Cette théorie a été utilisée par la jurisprudence de la Cour de cassation pour reconnaître la
personnalité morale aux comités d’établissement, en énonçant : « que la personnalité civile
n’est pas une création de la loi ; qu’elle appartient, en principe, à tout groupement pourvu
d’une possibilité d’expression collective pour la défense d’intérêts licites, dignes, par suite,
d’être juridiquement reconnus et protégés… ». Également, la reconnaissance de la
personnalité juridique au comité de groupe a été fondée sur cette conception, puisque la
chambre sociale de la Cour de cassation a décidé que « les comités de groupes sont dotés
d’une possibilité d’expression collective pour la défense des intérêts dont ils ont la charge et
possèdent donc la personnalité civile qui leur permet d’ester en justice. » 38
38
Cass. soc., 23 janvier 1990, Dr. soc., 1990, p. 326, note J. Savatier.
40
Droits subjectifs :الحقوق
2. Qu’entendons –nous par droits subjectifs ? Aux yeux d’Auber, les droits subjectifs sont
« des pouvoirs d’imposer, d’exiger ou d’interdire attribués par la loi à la personne, en
considération de leur utilité individuelle et sociale ». Le professeur François Terré appréhende les
droits subjectifs comme étant des « prérogatives que le Droit –ou Droit objectif- reconnaît à un
individu ou à un groupe d’individus et dont ceux-ci peuvent se prévaloir dans leurs relations avec les
autres, en invoquant, s’il y a lieu, la protection et l’aide des pouvoirs publics, disons, au sens large, de
la société : droit de propriété, droit de créance, droit de vote… ».
4. Les droits subjectifs extrapatrimoniaux ne font pas, comme leur nom l’indique, partie du
patrimoine des personnes et donc ils n'ont pas de valeur pécuniaire. Ces droits ne sont pas des
biens et ne sont pas évaluables économiquement. Les droits subjectifs extrapatrimoniaux se
caractérisent essentiellement par le fait qu’ils sont incessibles et ils ne se transmettent pas
aux héritiers. Au sujet des types droits subjectifs extrapatrimoniaux, ceux-ci l’on peut les
subdiviser, à leur tour, en plusieurs divisions. Naturellement, les droits visant la protection de
la vie des hommes, leur sécurité et leur intégrité physique apparaissent comme les premiers
droits fondamentaux dans la hiérarchie des droits (I). Par la suite, on y trouve un nombre
important de droits qui occupent aujourd’hui une place fondamentale pour les hommes : il
s’agit principalement de la protection de la vie privée (II), droit à la justice (III).
L’étude porte sur le droit à la vie (A) et le droit à l’intégrité physique (B).
5. La vie, une valeur sacrée. La vie occupe la première place dans l’hiérarchie des valeurs, si
l’on peut apercevoir les droits subjectifs comme étant un système hiérarchisé, dont la
protection s’impose obligatoirement aux Etats. Personne, quelle que soit sa nature, ne peut
mettre fin à la vie d’un être humain. Cette place réservée à la vie, comme valeur sacrée,
42
s’explique fondamentalement par une considération humaine. La vie désigne l’existence : il
n’y a pas d’existence s’il n’y a pas lieu de vie. Egalement, cette valeur sacrée de la vie se
justifie pas une considération économique qu’on l’on peut la détecter dans les pertes causées
par la mort d’un individu. En effet, à cause de sa mort, l’individu ne peut travailler,
consommer et participer à la création de la richesse.
8. Le droit pénal constitue l’instrument juridique permettant la protection de la vie. C’est par
le biais du droit pénal que les pouvoirs publics réagissent contre les actes criminels portant
atteinte à la vie des êtres humains. La mise en œuvre de la sacralité de la vie s’opère
concrètement par les textes composant le droit pénal et notamment les articles 392, 393, 394,
395, 396, 397, 398, 399 du code pénal.
39
Cet article dispose que : « Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi ».
40
Juridiction internationale, la CEDH assure le respect des engagements souscrits des Etats signataires de la
Convention européenne des droits de l’homme et de ses protocoles additionnels.
43
2. L’interdiction de la mort sanction : أو كجزاء-منع الموت كعقوبة-
9. Au sujet droit marocain, le code pénal autorise toujours la peine de mort par fusillade
dans certaines situations concernant l’homicide aggravé, la torture, le vol à main armée 45,
l’incendie criminel, la trahison, la désertion, mais tout en accordant aux juges la possibilité de
faire bénéficier l’accusé de circonstances atténuantes.
La mort biologique, c'est-à-dire les composantes vitales cessent de fonctionner, met fin à la
personnalité juridique. Cet événement "ayant pour effet de retirer la qualité de sujet de droits à
l'être, désormais sorti de la scène juridique". La mort se constate médicalement et se déclare à
l'état civil. Mais, une question juridique qui s’était posée et se pose toujours portant sur le
droit à la mort : une personne a-t-elle le droit de mettre fin à sa vie ?
41
Ecrivain italien (1738-17994), Beccaria fut l’un des défenseurs de l’abolition de la peine de mort.
42
Loi n° 81-908, 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort.
43
La révision constitutionnelle réalisée le 23 février 2007 a introduit dans la Constitution du 4 octobre 1958
l’interdiction de la peine de mort.
44
E.Terrier, op.cit, p. 185.
45
السطو المسلح
44
Diane Pretty, ressortissante britannique née en 1985, souffrait d’une sclérose latérale
amyotrophique, maladie neurodégénérative incurable46, et demandait une suicide assistée par
ce qu’elle était incapable à le faire toute seule. Sa demande l’avait justifiée par le niveau
avancé de sa maladie, qu’elle est paralysée du cou aux pieds, qu’elle ne s’exprime pas de
façon compréhensible, qu’on l’alimente au moyen d’un tube, qu’aucun traitement ne peut
freiner la progression de la maladie, et que ses souffrances s’accompagnent d’une perte de
dignité, et donc pour mettre fin à toutes ces souffrances et s’échappait à cette indignité elle
souhaitait pouvoir obtenir l’assistance de son mari pour mettre un terme à sa vie sans qu’une
poursuite soit engagée contre lui. Autrement dit, elle avait demandé une immunité de
poursuites à son mari s’il aidait à se suicider. La loi anglaise est claire à l’égard de cette
question: elle ne considère pas le suicide comme une infraction, mais celle-ci est établie dans
le cas où quelqu’un aide autrui à se suicider. Et donc les tribunaux anglais n’ont pas accueilli
favorablement sa demande et la requérante a introduit une requête visant la satisfaction de son
souhait devant la Cour européenne des droits de l’homme. Pour convaincre la Cour de la
justesse de sa cause, Madame Pretty avait avancé que le droit de mourir constitue un
prolongement au droit à la vie et qu’il appartient, en vertu l’article 2 de la CEDH (droit à la
vie), à chaque individu de décider s’il veut vivre et que le droit britannique aurait dû être
modifié afin qu’elle puisse réaliser son souhait. Egalement, elle s’est fondée sur le droit au
respect de la vie privée (art.8 CEDH) qui reconnait, selon elle, un droit à l’autodétermination.
Encore, elle avait allégué que le refus des juridictions britanniques de prendre l’engagement
de ne pas poursuivre son mari s’il aidait à se suicider constitue une atteinte au principe de la
non-discrimination (art.14 CEDH) dans la mesure où l’interdiction du suicide assisté
représente une discrimination contre les personnes qui ne peuvent pas se suicider sans
assistance, alors que les personnes valides peuvent légalement le faire.
Composée de sept juges, la CEDH a pris une décision 29 avril 2002, requête n° 2346/02,
Pretty c/ Royaume-Uni
46
Scrélose latéral amyotrophique ( أو التصلب العضلي- التصلب جانبي ضموري-). -أو ضعف-هدا المرض القاتل يسبب ضمور
الجهاز العصبي بسبب ضموراألعصاب الحركية و الخاليا العصبية.
45
donnerait à tout individu le droit de choisir la mort plutôt que la vie. Et conséquence, la Cour
énonce que le droit à mourir ne peut être déduit de l’article 2 que ce soit de la main d’un tiers
ou avec l’assistance d’une autorité publique.
Le fondement de l’article 3.
L’article 3 de la CEDH dispose que : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou
traitements inhumains ou dégradants ». Pour la requérante, l’Etat inflige de pareils traitements
quand il n’intervient pas à les éviter en prenant les mesures adéquates.
En l’absence d’une définition précise de ce qui est le corps humain, l’on retient une approche
doctrinale qui l’aperçoit comme étant « la partie matérielle de l’être par opposition à l’âme, à
l’esprit ». Au sujet de sa réception par le droit, ce dernier aperçoit le corps humain comme
étant une valeur sacrée et lui réserve, en conséquence, une protection particulière. Celle-ci se
concrétise essentiellement à travers deux principes : l’inviolabilité du corps humain (1) et son
indisponibilité (2).
L’inviolabilité du corps humain fait partie des principes sacrés dont le respect pèse sur tout le
monde : Etat et personnes (a). Néanmoins, loin d’être absolu, ce principe supporte des
dérogations (b).
L’inviolabilité du corps humain, appelée également droit à l’intégrité physique, désigne que
le corps de l’être humain doit être respecté et protégé. Une protection qui pèse principalement
sur l’Etat. Les textes juridiques qui consacrent ce respect dû au corps humain sont aujourd’hui
nombreux au niveau du droit national et international. Au sujet droit marocain, la protection
du corps humain est consacrée au niveau du sommet de la hiérarchie du système juridique,
puisque l’article 22 de la constitution affirme qu’ : «il ne peut être porté atteinte à l’intégrité
46
physique ou morale de quiconque, en quelque circonstance que ce soit, et par quelque partie
que ce soit, privée ou publique ». Dans le même esprit, l’article 1 de la Charte Québécoise des
droits et libertés déclare que : « Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sureté, à
l’intégrité et la liberté de sa personne ».
L’atteinte au corps humain est prohibée quel que soit l’attitude de la victime : que ce dernier
ait donné son consentement ou non. Porter atteinte au corps humain d’une personne sans son
consentement constitue une infraction pénale 47 et ouvre également le droit à réparation civile.
Si la prohibition de porter atteinte au corps d’un individu sans son accord apparait logique,
une question peut se poser dans le cas contraire ; c’est-à-dire dans le cas où la victime a donné
son consentement : ce consentement légitime-t-il l’atteinte à son corps ? En principe, le
consentement de la victime n’a pas d’effet juridique sur la qualification de l’acte, ce dernier
constituant toujours une infraction. Toute convention par laquelle deux personnes
« s’attribuent le droit de disposer mutuellement de leur vie…rentre évidemment dans la
catégorie des conventions contraires aux bonnes mœurs et à l’ordre public »48.
L’intérêt général impose dans certains cas l’atteinte au corps humain. Les sanctions issues du
droit pénal sont des peines corporelles qui certainement portent atteinte au corps du
malfaiteur, mais sont justifiées par la réaction nécessaire de l’Etat contre les actes criminels.
Cependant, au cours de la procédure, certaines pratiques inhumaines sont prohibées. A titre
47
L’article 400 du Code pénal marocain dispose que : « Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte
des coups à autrui ou commet toutes autres violences ou voies de fait, soit qu’ils n’ont causé ni maladie, ni
incapacité, soit qu’ils ont entrainé une maladie ou une incapacité de travail personnel n’excédant pas vingt
jours, est puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 200 à 500 dh ».
-من ارتكب عمدا ضد غيره جرحا أو ضربا أو أي نوع اخر من العنف أو االيداء سواء لم ينتج عنه مرض أو عجز عن األشغال الشخصية أو نتج
يعاقب بالحبس من شهر واحد إلى سنة,عنه مرض أو عجز التتجاوز مدته عشرين يوما...-
48
Crim 22 juin 1837, S 1837.1.465. cité par R.Cabrillac, op.cit, p. 210.
47
d’exemple, certaines législations interdisent l’injection du sérum de vérité (pentothal) dans le
corps de l’accusé dans le but de le faire avouer, ainsi que l’identification des empreintes
génétiques d’une personne qui ne peut se réaliser qu’avec son consentement.
Le droit s’intéresse fondamentalement aux personnes, les choses et les actions en justice. Au
sujet du corps humain, son rattachement à l’une des catégories susmentionnées soulève une
difficulté. Le corps humain est-il une chose ou constitue-t-il le prolongement de la personne?
L’idée de la propriété du corps humain s’était toujours posée : Le corps humain constitue-t-
elle une chose et donc une propriété ? L’être humain dispose-t-il librement de son corps ?
L’indisponibilité du corps humain signifie que ce dernier ne peut faire l’objet d’une
convention et la doctrine dominante s’oppose à l’aperception du corps humain comme étant
une propriété, et le considère comme « le substratum de la personne », et défend
l’indissociabilité de la personne et son corps. L’exemple de la licéité des mères porteuses en
est l’illustration. Dans les années 80, cette pratique était autorisée et donc licite. Par la suite, la
48
jurisprudence en a annulé au non de l’indisponibilité du corps humain et le législateur en a
confirmé par une loi adoptée en 1994. L’article 16 du Code civil issu de cette loi dispose que :
« Toute convention portant sur le corps d’autrui est prohibé ». Dans le même sens, l’article
16-1, alinéa 3 du code civil français dispose que : « chacun a droit au respect de son corps. Le
corps humain est inviolable. Le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent
faire l’objet d’un droit patrimonial ». La prohibition des conventions lucratives portant sur
le corps est réaffirmé par l’article 16-5 du code civil qui dispose que : « Les conventions
ayant pour effet de conférer une valeur patrimoniale au corps humain, à ses éléments ou à ses
produits sont nulles ». S’alignant sur le même principe, l’alinéa 1 de l’article 25 du Code civil
du Québec énonce que : « L’aliénation que fait une personne d’une partie ou de produits de
son corps doit être gratuite ; elle ne peut être répétée si elle présente un risque pour la
santé. ». L’alinéa du même article ajoute que : « L’expérimentation ne peut donner lieu à
aucune contrepartie financière hormis le versement d’une indemnité en compensation des
pertes et des contraintes subies ».
Au sujet du droit marocain, l’on peut dire que ce droit affirme la sacralité du corps humain à
preuve sa constitutionnalisation (art.22 ) et également sa consécration légale. La loi 16-98 du
16 septembre 199949.
1. Aujourd’hui, la vie privée figure parmi les droits fondamentaux garantis aux individus et
jouit d’une protection juridique particulière. Le droit l’aperçoit comme étant une valeur
fondamentale dont la protection s’impose contre toutes les atteintes et les menaces provenant
des autres. Naturellement, des questions évidentes se posent concernant la vie privée portant
essentiellement sur sa notion, mais avant d’y arriver, il convient préalablement de s’interroger
sur son apparition.
49
Loi 16-98 du 16 septembre 1999 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et de
tissus humains. المتعلق بالتبرع باألعضاء واألنسجة البشرية وأخدها وزرعها
49
2. Certains auteurs rattachent l’apparition de la vie privée à l’élargissement du périmètre du
lectorat et la modification de la fonction de la presse à la première moitié du XXe siècle. A
partir de cette époque, les journalistes ne vont pas se focaliser sur la diffusion de l’information
et la polémique politique, mais ils vont s’intéresser aux états d’âmes des artistes et aux
fredaines des hommes politiques. Cet intérêt porté à la sphère privée des individus s’est
davantage développé avec les nouvelles technologies d’information et de communication
(NTIC). Ces outils contribuent aujourd’hui à la divulgation des données personnelles et
intimes intéressant la sphère privée des personnes avec tous les dommages qui en résultent.
3. La notion de la vie privée. Qu’entendons-nous par vie privée ? Pour y répondre, l’on
affirme que cette notion apparaisse difficilement saisissable en raison de la multiplicité de ses
aspects. En effet, la vie privée peut recouvrir un ensemble d’éléments corporels
(correspondance, domicile, donnés personnelles, état de santé, rapports, photos, etc) et
incorporels (secrets, intimités, sentiments, vie familiale, convictions religieuses, etc)
appartenant exclusivement à une personne donnée. Pour tenter sa circonscription, la doctrine
estime que la vie privée représente « la vie cachée, à tous le moins discrète », à l’opposé de la
vie publique « qui se déroule dans la rue ou dans un endroit accessible à tous ou à beaucoup ».
En somme, les limites de la notion de la vie privée se révèlent imprécises et suscitent, en
conséquence, une difficulté juridique portant sur ses aspects auxquels le droit doit protéger.
Dans cette brève étude, l’accent sera mis sur les personnes susceptibles de disposer d’une
protection de la vie privée (B). Nous nous référons à quelques illustrations jurisprudentielles
affirmant cette protection (C). Mais, il convient dans une première étape à citer quelques
textes fondamentaux consacrant le droit à la protection à la vie privée (A).
Art. 5 de la Charte des droits et libertés Québécoise dispose que : « Toute personne a droit
au respect de sa vie privée ».
50
postales, télégraphiques et autres. La limitation de ce droit n’est admise que sur la base d’une
décision judiciaire »
Art.8 de la convention européenne des droits de l’homme affirme que : « Toute personne a
droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance ».
Art.8 of the human rights Act 1998 affirms the right to respect for private and family
life.
Art.3 du Code civil du Québec de 1994 énonce que : « Toute personne est titulaire de
droits de la personnalité, tels le droit à la vie, à l’inviolabilité et à l’intégrité de sa
personne, au respect de son nom, de sa réputation et de sa vie privée »
Article 226-1 du Code pénal français : « Constitue une atteinte à l’intimité de la vie
privée, que ne légitime pas l’information du public, la captation, l’enregistrement ou la
transmission sans le consentement de leur auteur des paroles prononcées à titre privé ou
confidentiel ».
Deux questions se posent concernant les bénéficiaires du droit au respect de la vie prive :
quelles sont les personnes pouvant s’en prévaloir ? Et les héritiers ont-ils le droit d’intenter
une action en réparation du dommage résultant de l’atteinte à la vie privée de leurs proches
décédés ?
Quant au droit des héritiers d’intenter une action en réparation du dommage résultant de
l’atteinte à la vie privée de leurs proches, la Cour de cassation française considère que ce droit
ne bénéficie qu’aux seuls vivants. Dans un arrêt rendu le 14 décembre 1994, la première
chambre civile de la Cour de cassation a affirmé que : « Le droit d’agir pour le respect de la
vie privée s’éteint au décès de la personne concernée, seule titulaire de ce droit, et n’est pas
transmis à ses héritiers »52. Cette position fut confirmée par le Conseil d’Etat en affirmant
que : « le droit d’agir pour le respect de la vie privée s’éteint au décès de la personne
concernée, seule titulaire de ce droit, et n’est pas transmis aux héritiers ; que si les proches
d’une personne peuvent s’opposer à la reproduction de son image après son décès, c’est à la
condition d’en éprouver un préjudice personnel, direct et certain »
Arrêt Nikon :
L’arrêt Nikon était l’occasion pour affirmer le respect de la vie privée dans les lieux de
travail. Vu l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
51
األشخاص. يملكون لوحدهم حق إقامة الدعاوى القضائية الهادفة إلى حماية حياتهم الخاصة-أو الذاتيين-أكد هدا القرار أن األشخاص الطبيعيين
المعنويين اليملكون هدا الحق.
52
Cass.civ, 2er, 8 juillet 2004, n° 03-13260. Intitulé « Histoires des vieilles familles de Lovagny », un article,
publié dans le bulletin municipal de la commune de Louvagny, s’intéressait aux membres d’une famille ayant
vécu entre 1725 et la première moitié du siècle suivant, et particulièrement sur la vie de deux époux. Ces
derniers ont vécu, selon l’auteur de l’article « une longue vie d’errance et de misère et traversé une période
assez agitée », et allusion à « des mariages consanguins, des naissances hors mariage ». Estimant que ledit
article portait atteinte à la vie rivée de leurs ancêtres, les descendants de couple ont introduit une action en
réparation du préjudice contre son auteur et le maire de Louvagny sur les fondements des articles 9, 1382 du
Code civil et 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales. Confirmant le raisonnement de la Cour d’appel, la Cour de cassation a jugé que « le droit d’agir
pour le respect de la vie privée s’éteint au décès de la personne concernée, seule titulaire de ce droit ,et n’est
pas transmis à ces héritiers ». La haute juridiction a ajouté que « le texte litigieux ne concernait que des
personnes décédées, sans que soit cité aucun des consorts Z présents dans la procédure, de sorte qu’aucune
atteinte à la vie privée dans sa dimension familiale n’était établie ».
53
Cass.soc.2 octobre 2001, n° 99-42.942. Une société (Nikon) a licencié un ingénieur, chef du département de
topographie, pour faute grave : l’usage à fins personnels le matériel mis à sa dispostion par la société pour des
fins professionnelles.
52
fondamentales, l'article 9 du Code civil, l'article 9 du nouveau Code de procédure civile et l'article L. 120-2 du
Code du travail ;
Attendu que le salarié a droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de
sa vie privée ; que celle-ci implique en particulier le secret des correspondances ; que
l'employeur ne peut dès lors sans violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance
des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à
sa disposition pour son travail et ceci même au cas où l'employeur aurait interdit une
utilisation non professionnelle de l'ordinateur ;
Attendu que pour décider que le licenciement de M. X... était justifié par une faute grave, la
cour d'appel a notamment retenu que le salarié avait entretenu pendant ses heures de travail
une activité parallèle ; qu'elle s'est fondée pour établir ce comportement sur le contenu de
messages émis et reçus par le salarié, que l'employeur avait découverts en consultant
l'ordinateur mis à la disposition de M. X... par la société et comportant un fichier intitulé "
personnel
1.La raison d’être de la justice. La justice a été aperçue depuis toujours comme un idéal jugé
fondamental pour la vie sociale. Jugée idéal parce que son absence entraîne le désordre ou
le chaos social comme l’avait exprimé depuis des siècles lointains le philosophe
présocratique Héraclite (la fin du VI siècle avant J.-C), et ruine la civilisation comme l’avait
affirmé Ibn Khaldoune dans son introduction54. C’est pour cette raison la construction des
Etats de droit repose aujourd’hui, entre autres, sur la justice comme fondement
inexpugnable pour leur continuité, stabilité et progrès. La constitutionnalisation de la
justice dans les différents pays illustre la place cruciale qu'elle occupe dans les sociétés
démocrates. Pour la constitution marocaine du 2011, la justice est considérée comme un
pouvoir judiciaire indépendant à part entière par rapport aux pouvoirs législatif et exécutif
et dont le nombre des articles qui lui sont consacrés traduit son importance.
2.La réalisation de la justice. La justice est considérée comme un service public dont la
réalisation est assurée par l'Etat. Cette fonction juridictionnelle de l'Etat consiste à résoudre
les litiges opposant les personnes juridiques, ces dernières ne peuvent se faire justice elles-
mêmes55. Ceci signifie que toute personne se prétend créancier d’un droit subjectif doit
s’adresser à un juge pour obtenir un jugement qui lui servira de titre exécutoire, ce dernier
ne peut être arraché par la force. Cette compétence, de trancher les litiges, réservée
exclusivement aux tribunaux étatiques est explicitement consacrée par la Constitution
marocaine56. Le droit d’accès à la justice constitue aujourd’hui un droit fondamental (A)
dont la mise en œuvre pèse sur l’Etat (B).
54
الظلم مؤذن بخراب العمران- ابن خلدون أكد في أحد عناوين مقدمته أن-
55
Le fameux adage qui prévoit que : « Nul ne se fait justice à soi même ».
56
L’article 117 de la Constitution marocaine dispose que : « Le juge est en charge de la protection des droits et
libertés et de la sécurité judiciaire des personnes et des groupes, ainsi que de l’application de la loi ».
53
A.Droit d’accès à la justice, un droit fondamental : الولوج إلى العدالة حق أساسي
La consécration du droit à l’accès à la justice. Le droit d’accès à la justice est garantit à
toute personne, quelque soit sa forme, physique ou morale, ou sa nature, publique ou
privée, pour faire valoir ses droits. Sa valeur se fait remarquer à travers sa consécration par
le droit interne et le droit international.
1. L’égalité :المساواة
Le fonctionnement des services publics reposent sur un nombre important de principes dont
celui relatif à l’égalité. Le service public de la justice ne déroge pas à ce principe. L’accès à la
justice est garanti, comme l’affirme l’article 118 de la Constitution, à toutes les personnes
sans distinction fondée sur un motif précis (religion, sexe, couleur, convictions politiques ou
syndicales, etc). Concrètement, l’égalité à l’accès à la justice signifie que les justiciables
dans une situation semblable ont le droit d’être jugés par les mêmes tribunaux et d’être
soumis aux mêmes règles substantielles que processuelles 58. Egalement, ce principe
57
Ce pace a été adopté à New York le 16 décembre 1966 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
58
M.Mekki, op.cit, p. 604, p. 606.
54
d’égalité impose l’existence d’une juridiction supérieure chargée d’assurer l’unité du droit 59.
Pour le système judiciaire marocain, c’est la Cour de cassation qui assure cette mission.
3.La proximité :القرب
L’effectivité du droit d’accès à la justice passe par l’existence d’un autre mécanisme à savoir
la proximité. Il faut rapprocher les justiciables des juges 60. Au Maroc, une loi 42.10 du 17
août 201161 fut promulguée pour atteindre cet objectif. Des juridictions de proximité furent
installées dans le ressort des tribunaux de première instance. Ces juridictions se composent
d’un ou plusieurs juges et d’agents de greffe ou de secrétariat. La procédure devant ces
juridictions est orale, gratuite et exempte de tous les taxes judiciaires en ce qui concerne les
demandes présentées par les personnes physiques. Côté compétence, ces juridictions
tranchent les actions personnelles et mobilières qui n’excèdent pas la valeur de cinq mille
dirhams. En revanche, elles ne peuvent pas trancher les litiges relatifs au statut personnel,
l’immobilier, aux affaires sociales et aux expulsions 62.
A l’opposé des droits extrapatrimoniaux, les droits patrimoniaux sont de droits ayant de
valeur économique –évaluables en argent-, cessible, saisissable et prescriptible. Les droits
patrimoniaux sont des biens régis par le droit patrimonial qui se décrit comme étant le droit de
59
Ibid. 606
60
Ibid. 610.
61
Loi 42.10 du 17 août 2011 relative à l’organisation des juridictions de proximité et à leur compétence.
62
اإلفراغات
55
la valeur-argent par opposition au droit extrapatrimonial qui n’est pas monétaire, mais qui
s’intéresse à la personnalité. Dans cette brève étude l’attention sera portée sur l’appréhension
du patrimoine (I) et la classification des droits patrimoniaux (II).
L’appréhension du patrimoine nécessite de mettre l’accent sur sa notion (A), ses éléments (B)
et ses caractéristiques (C).
Le patrimoine d’une personne, comme il ressort de son aperception doctrinale, comprend des
éléments actifs (1) et passifs (2) évaluables en argent : ne relève pas du patrimoine les droits
n’ayant pas une valeur économique, ou pécuniaire.
63
Universalité: réunion, intégrité, ensemble, globalité, tout, etc.
64
R. Guillien, J. Vincent, S.Guinchard, G. Montagnier, Lexique des termes juridiques, Dalloz 2005, p. 454.
56
L’actif du patrimoine comprend tous les biens, appréciables en argent, d’une personne. Les
biens se divisent traditionnellement en deux catégories : biens corporels (a) et les biens
incorporels (b).
Les biens corporels sont les choses qui existent physiquement et que l’on peut les toucher
matériellement. Les choses se divisent, à leur tour, en deux catégories : les choses immeubles
(maison, terre, etc) ou les choses meubles (véhicules, animaux, etc).
A l’opposée des biens corporels, les biens incorporels n’ont pas une existence matérielle mais
ils rentrent dans le patrimoine par ce qu’ils ont une valeur économique. A titre d’exemple,
L’on peut citer les droits d’auteur (la propriété littéraire), les parts sociales et les actions liées
à l’existence d’une personne morale (le montant des apports des associés ou actionnaires), la
clientèle65, etc.
Il rassemble toutes les dettes d’une personne, et d’une manière plus précise toutes ses
obligations et charges appréciables en argent. Pour certains auteurs le passif réunit Les
rapports juridiques qui ont une valeur négative pour une personne.
65
La clientèle constitue une composante essentielle pour le bon fonctionnement d’une activité commerciale,
industrielle ou de services.
57
Tout patrimoine suppose l’existence de son titulaire : une personne physique ou morale. Le
nouveau né a un patrimoine même s’il est vide de droits et dettes. Cette relation structurelle
entre le patrimoine et la personne signifie l’impossibilité de patrimoines autonomes.
2. Cessibilité des éléments patrimoine. قابلية العناصر المشكلة للذمة المالية للتفويت
Cette cessibilité signifie l’aliénabilité des éléments du patrimoine entre les personnes ; les
éléments du patrimoine sont dans le commerce (vendus, loués, donnés à titre gratuit).
Les éléments constitutifs du patrimoine sont transmissibles aux héritiers à cause de mort de la
personne physique ou à la dissolution de la personne morale 66. Cependant, le patrimoine en
tant que tel est intransmissible entre personnes vivantes, dans la mesure où ces dernières ne
peuvent vivre sans patrimoine.
Les éléments du patrimoine sont saisissables signifie essentiellement que le créancier est en
droit de saisir par les voies légales les biens de son débiteur et de les faire vendre
judiciairement pour être payé sur le produit de la vente.
Les droits patrimoniaux se regroupent essentiellement en deux catégories : les droits réels (A),
les droits personnels (B).
66
Les héritiers se voient attribuer les actions de la SA ou les parts sociales de la SARL dont le défunt était
titulaire.
58
Le droit réel se définit comme étant un pouvoir juridique reconnu à une personne sur une chose. Les
droits réels se divisent en deux catégories : droits réels principaux et droits réels accessoires. Les droits
réels principaux (ليةyyة األصyyوق العينيyy )الحقconfèrent à leurs titulaires une maîtrise sur les choses
indépendamment de tout autre droit 67. Les droits réels principaux, selon l’article 9 du Code des droits
réels, sont le droit de propriété ( )حق الملكية, les servitudes et les services fonciers (حق االرتفاق والتحمالت
)العقارية, l’usufruit ()حق االنتفاع, la rente viagère , le droit d’usage, le droit de superficie, l’emphytéose,
le droit de habous, le droit de zina, le droit de haoua, les droits coutumiers dont l’existence est
confirmée avant l’entrée en vigueur des présentes.
Le droit réel accessoire ( )الحق العيني التبعيc’est un droit, comme le précise l’article 10 du Code des
droits réels « qui n’est pas établi par lui-même, mais s’appuie sur l’existence d’un droit personnel et
constitue une garantie pour son paiement »68. Les droits réels accessoires sont, comme le fixe l’article
10 du code des droits réels, les privilèges ()االمتيازات, le nantissement ( )الرهن الحيازيet l’hypothèque (
)الرهن الرسمي.
Appelé aussi droit de créance, le droit personnel est le droit qu’a une personne, appelée
créancier, d’exiger une certaine prestation d’une autre personne, appelée le débiteur 69. Suivant
l’approche de Jean Carbonnier, le droit personnel apparaît « comme un lien de droit existant
spécialement entre deux personnes, en vertu duquel l’une doit faire quelque chose pour
l’autre »70. C’est la même approche adoptée par la doctrine civiliste ; l’obligation « est un lien
de droit, non pas entre une personne et une chose comme le droit de propriété, mais entre
deux personnes en vertu duquel l’une d’elles, le créancier, peut exiger de l’autre, le débiteur,
une prestation ou une abstention »71.
Ainsi appréhendée, l’on peut dégager les caractéristiques relatives au droit personnel: il
s’agit de ses acteurs, son objet. Au sujet des acteurs du droit personnel, celui-ci suppose
l’existence d’un rapport juridique entre au moins deux personnes : un débiteur et un
créancier et non pas entre une personne et une chose. Le débiteur doit quelque chose au
Créancier. A titre d’exemple, une personne ayant emprunté une somme d’argent devient
débitrice du prêteur à l’égard duquel elle s’est engagée à restituer la somme prêtée.
Egalement, en vertu du contrat de vente, les deux parties de celui-ci sont à la fois parties
, ص,2015 المطبعة و الوراقة الوطنية,الشافعي المدخل للعلوم القانونية, م- سميت أصلية ألنها – تقوم مستقلة بذاتها وليست ضمانا لحق آخر67
.131
وإنما يستند في قيامه على وجود حق, الذي اليقوم بذاته- , من مدونة الحقوق العينية10 كما يبين دلك الفصل, الحق العيني التبعي هو الحق68
-. ويكون ضمانا للوفاء به,شخصي
69
أن يطلب القيام بعمل معين من شخص آخر يسمى المدين, يسمى الدائن, هو حق يخول لشخص. الحق الشخصي.
70
J.Carbonnier, Droit civil, 4-Les obligations, PUF 1979, 17.
71
F.terré, Ph.Simler, Y.Lequette, Droit civil, Les oblogations, Dalloz 2005, p. 1.
59
créancières et débitrices : l’acquéreur exige du vendeur qu’il lui fasse délivrance de la chose
vendue, alors que le vendeur exige de l’acquéreur le paiement du prix.
Concernant l’objet du droit personnel, celui-ci peut prendre trois formes : une obligation de
donner, de faire ou de ne pas faire. Par l’obligation de donner, le débiteur s’engage à
transférer au créancier la propriété d’un bien. Le contrat de vente en est l’illustration puisque
le vendeur à l’obligation de transférer la propriété de la chose vendue à l’acheteur. Au sujet de
l’obligation de faire, le débiteur est tenu d’accomplir une prestation (ex : l’obligation pesant
sur un entrepreneur de construire un bâtiment, et l’obligation du menuisier à fabriquer un
meuble, etc). L’obligation de ne pas faire consiste, quant à elle, pour le débiteur en une
abstention. Le débiteur s’abstient de certains actes (ex : le cédant d’un fonds de commerce
s’abstient à faire concurrence au cessionnaire, ou le salarié qui s’engage, en vertu de la clause
de non-concurrence, à ne pas travailler pour le compte d’une entreprise concurrente à son
employeur).
3. L'animal, une chose dépourvue de la personnalité juridique 74. L'animal n'est pas une
personne juridique et il ne saurait être titulaire de droits et tenu d'obligations.
Contrairement aux personnes physiques, l'animal ne pourrait contracter et réparer le
dommage qu'il causerait. L'animal fait partie de biens meubles. Toutefois, le Code civil
Français tout en conservant le rattachement de l’animal au régime juridique applicable aux
biens, il l’aperçoit aujourd’hui comme étant "un être vivant doué de sensibilité"75; ceci
signifie que les animaux sont capables d'éprouver des sentiments et des souffrances. Cette
72
L'article 4 de la déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'assemblée général des Nations
Unies le 10 décembre 1948 dispose que "Nul ne sera tenu en esclavage, ni en servitude
73
L'article 1 de cette déclaration proclame que "Tous les être humains naissent libres et égaux en dignité et en
droits"
74
الحيوان هو شيء و ليس بشخص قانوني
75
L'article 515-14 C.civ, crée par la loi 2015-177 du 16 février 2015.
61
nouvelle appréhension de l'animal a fait l'objet de l'unanimité de toutes les composantes
politiques à l'exception de l'UMP qui en a considéré comme une menace sérieuse sur les
filières agricoles de l'élevage. Sachant qu'un nombre important d'intellectuels ont demandé
de faire dotés les animaux d'une nouvelle catégorie entre celle des hommes et celle des
biens.
l'enfant vivant76. Avant sa naissance, l'enfant n'a pas de personnalité juridique autonome de
sa mère. Les premiers vagissements, les allaitements et d'autres indices démontrent que
l'enfant est né vivant77. A l'inverse, la personnalité juridique n'est pas attribuée à l'enfant né
non vivant. Lorsqu'il est établi qu'il est né vivant, l'enfant a droit à la succession et au legs,
peut importe qu'il décédera après quelques instants. Le législateur français en rajoute une
autre condition à savoir la viabilité de l'enfant; ce dernier doit être né vivant et viable.
76
Art. 331 du Code de la famille.
77
M.-J. Essaid, op.cit, p. 447.
62
ridicule, ou pouvant porter atteinte à la morale ou à l'ordre public, un non étranger ou ne
présentant pas un caractère traditionnel marocain". Le nom aussi est également un droit
subjectif dans la mesure où son titulaire assume sa défense et d'interdire à autrui de
l'utiliser78.
§II. Domicile.المسكن
9. Les personnes capables. Le droit reconnait la capacité d'exercice aux majeurs que sont les
personnes ayant atteint l'âge de la majorité 83 . Ces personnes exercent pleinement leur
capacité juridique en concluant tous les contrats, contrat de la vente, du bail, de travail,
ouvrir un compte bancaire, être des associés dans des sociétés commerciales, ester en
78
Ibid.
79
Ibid, p. 109.
80
Selon l'article 27 du Code de procédure civile: "la compétence territoriale appartient au tribunal du domicile
réel ou élu du défendeur".
81
C'est l'aptitude à être titulaire de droits (ex: droit de propriété sur un bien; maison)
82
c'est l'aptitude d'une personne d'exercer sur les droits qu'il détient sans avoir besoin d'être
assistée ou représentée. A titre d'exemple, elle peut vendre, au moyen d'un contrat, un bien dont
elle dispose.
83
18 ans révolus selon l'article 209 Code la famille.
63
justice pour faire valoir leurs droits, etc. D'un autre côté, ces personnes assument
pleinement leur responsabilité aussi bien civile84 que pénale.
10. Les personnes incapables. En général, les incapables sont les personnes n'ayant pas
atteint l'âge de la majorité ou atteintes par un handicap mental. Une question se pose
portant sur la capacité de ces personnes à participer à la vie juridique. Le droit distingue
entre trois catégories: le mineur émancipé, les personnes totalement incapables et les
personnes partiellement incapables. Le mineur émancipé, c'est le mineur ayant atteint l'âge
de 16 ans et émancipé par le tribunal. Après l'obtention de son émancipation, cette personne
devient juridiquement capable de participer à la vie juridique: conclusion des contrats, exerce
le commerce, peut avoir la qualité d'associé et donc conclure un contrat de société 85. Les
personnes totalement incapables86 sont les personne ayant perdu la raison (le dément ou le
fou) et le mineur dépourvu de discernement (n'ayant pas atteint l'âge de 12). Ces personnes
sont totalement incapables et les actes qu'elles passent sont nuls87. Quant aux incapables
partiellement88 que sont le mineur pourvu de discernement 89, prodigue ()السفيه90 et du faible
d'esprit()المعتوه91. Ces personnes sont-elles capables de participer à la vie juridique? Pour y
répondre, selon l'article 225 code de la famille, les actes passés par le mineur pourvu de
discernement reçoivent des traitements différents selon leur caractère profitable ou
préjudiciable: ils sont valables s'il lui sont pleinement profitables; ils sont nuls, s'ils lui sont
préjudiciables, s'ils ne revêtent pas un caractère profitable ou préjudiciable évident, leur
validité est subordonnée à l'approbation légal de son représentant légal". En vertu de cet
article, le mineur peut conclure un contrat de société, acte ne revêtant pas un caractère profitable
ou préjudiciable évident, mais après avoir obtenu l'autorisation de son représentant légal 92.
84
L'article 77 DOC.
85
En vertu de l'article 218 C. famille.
86
األشخاص عديمي األهلية
87
Art. 224 Code de la famille.
88
األشخاص ناقصي األهلية
89
Le mineur pourvu de discernement, selon l'article 213 et 214, c'est celui qui est arrivé à l'âge de
discernement (deuze ans) sans pour autant avoir atteint l'âge de la majorité.
90
Art 216 : celui qui dilapide ses biens par des dépenses sans utilité ou considérées comme futiles par les
personnes raisonnables".
91
La personne atteinte d'un handicap mental l'empêchant de maîtriser sa pensée et ses actes. Art. 216.
92
Le tuteur légal est le père, la mère ou le juge. Le tuteur testamentaire désigné par le père ou la mère, et le
tuteur datif désigné par la justice. Art. 230 C. famille.
64
11. La mort biologique, c'est-à-dire les composantes vitales cessent de fonctionner, met fin à
la personnalité juridique. Cet événement "ayant pour effet de retirer la qualité de sujet de
droits à l'être, désormais sorti de la scène juridique". La mort se constate médicalement et se
déclare à l'état civil. La mort n'est plus une personne juridique et sa succession est ouverte. Un
problème se pose concernant une personne absente dont le doute surgit sur sa situation: Est ce
qu'elle est vivante ou morte? Souvent c'est les héréditaires qui sont pressés à savoir son sort en
raison de leur volonté de recueillir le plus tôt possible leurs parts héréditaires. A ce sujet,
l'article 327 Code de la famille dispose que: " lorsqu'une personne a disparu dans des
circonstances exceptionnelles rendant sa mort probable, un jugement déclaratif de décès est
rendu à l'expiration d'un délai d'une année courant à compter du jour où l'on a perdu tout
espoir de savoir si elle est vivante ou décédée".
Children’s rights. are branch of human rights created specifically to protect children as a
human being: protection from violence, exploitation...
,فyyد العنyyة ضyy حماي:لyyة للطفyyة خاصyyعى إلى حمايyyان و تسyyوق اإلنسyyا من حقyyل فرعyyوق الطفyyكل حقyy تش.وق الطفلŠحق
. الخ,االستغالل
2.Droits subjectifs. Selon le professeur François Terré, les droits subjectifs constituent des
« prérogatives que le Droit –ou Droit objectif- reconnaît à un individu ou à un groupe d’individus et
dont ceux-ci peuvent se prévaloir dans leurs relations avec les autres, en invoquant, s’il y a lieu, la
protection et l’aide des pouvoirs publics, disons, au sens large, de la société : droit de propriété, droit
de créance, droit de vote… ».
65
Subjective rights. According to professor François Terré, subjective rights are prerogatives that
objective law recognizes for an individual or a group of individuals and which they can invoke in their
relations with others, invoking, if necessary, the protection and assistance of public authorities, let us
say, in the broad sense, of society: right of ownership, right to vote, etc
ة منyyا أو مجموعyyخص مy يعترف بها القانون لش- امتيازات –أو سلط-: الحقوق تشكل, François Terré بالنسبة للألستاد.الحقوق
,كyyر دلyyى األمyy إن اقتض,اعدةyy هؤالء األشخاص من حقهم االستفادة من هده الحقوق في مواجهة الغير وطلب الحماية والمس.األشخاص
. الخ, حق التصويت, حق الملكية: المجتمع, بمعنى أوسع,من السلطات العمومية أو
و غير قابلة للتقييم, ال تشكل جزءا من الذمة المالية لألشخاص, كما يوحي اسمها, هي حقوق.الحقوق الغير المالية
االقتصادي.
4.Droit aliénable. Un droit qui peut être aliéné ou cédé à autrui à titre onéreux ou à titre
gratuit.
قدرة تفويت الحق من شخص إلى اخر بمقابل أو بدون مقابل.الحق القابل للتفويت.
66
5. Droit à la vie. L’article 20 de la Constitution marocaine affirme que « le droit à la vie
est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit ».
Right to life. Article 20 of Morocco’s Constitution affirms that : “ The right to life is the
first right of any human being. The law protects this right”.
ويحمي.انyyل إنسyyوق لكyyو أول الحقyy الحق في الحياة ه- : من الدستور المغربي يؤكد على أن20 الفصل.الحق في الحياة
-القانون هدا الحق
6. Right to life. According to article 2 of human rights in UK, right to life means
that:« Nobody, including the Government, can try to end your life. It also means the
Gouvnment should take appropriate measures to safeguard life by making laws”.
Droit à la vie. D’après l’article 2 de l’acte des droits de l’homme dans le Royaume Uni, le
droit à la vie désigne que « Personne, y compris le gouvernement, ne peut mettre fin à votre
vie. Il signifie également que le gouvernement doit prendre toutes les mesures appropriées
afin de protéger la vie en élaborant des lois ».
:هyyني أنyy الحق في الحياة يع, المتعلق بحقوق اإلنسان في المملكة المتحدة1998 من قانون2 طبقا للفصل.الحق في الحياة
هدا الحق يعني أيضا أن الحكومة ملزمة باتخاد جميع. أن يضع حدا لحياة االخرين, بما في دلك الحكومة, ال يجوزألي كان-
-التدابير المناسبة من أجل حماية حياة الألفراد من خالل القوانين
Article 392 of Moroccan penal Code –or Moroccan criminal law- affirms that: « Any
person who intentionally kills another person is guilty of murder and shall be sentenced to life
imprisonment”
اقبyy ويع,اتالyyد قyyيره يعyyل غyy من مجموعة القانون الجنائي المغربي ينص على أن – كل من تسبب عمدا في قت392 الفصل
-بالسجن المؤبد
67
8.Corps humain. Le corps humain est la structure physique d’un être humain. Il est
constitué de plusieurs organes. Chaque organe assure une fonction ou plusieurs fonctions. Il
se forme du système respiratoire, qui permet la respiration, le système nerveux, le système
digestif, etc.
Human body. It’s the structure of a human being. It’s composed of many organs. Each part
of body performs- or ensure- one or more functions. It’s formed by the respiratory system,
which allows breathing, the nervous system, the digestive system, etc.
دyy فنج.ائفyyدة وظyyددة أوعyyة محyyوم بوظيفyyا يقyyد منهyyل واحyy بحيث أن ك,يرةyy يتكون من أجهزة و أعضاء كث.جسم اإلنسان
. إلخ, الجهاز الهضمي, الجهاز العصبي, الدي يمكن من عملية التنفس,الجهاز التنفسي
,رفyy في أي ظ,خصyy اليجوز المس بالسالمة الجسدية أو المعنوية ألي ش- : من الدستور المغربي تؤكد على أن22 المادة.
- خاصة أو عامة,ومن قبل أي جهة كانت
Unavailability of human body. The unavailability of human body means that this last
cannot be subject of agreement and the dominant doctrine opposes the perception of human
body as a property.
رةyy و الفقه الغالب يعارض فك, اليمكن لجسم االنسان أن يكون محال ألي اتفاق.عدم قابلية التصرف في جسم اإلنسان
.اعتبار جسم اإلنسان بمثابة ملكية
68
11. Droit au respect de la vie privée. L’article 24 de la Constitution marocaine
dispose que: « Toute personne a droit à la protection de sa vie privée. Le domicile est
inviolable. Les perquisitions ne peuvent intervenir que dans les conditions et les formes
prévues par la loi. Les communications privées, sous quelque forme que ce soit, sont
secrètes. ».
Right to privacy. Article 24 of Morocco’s Constitution declares that: “ Any person has the
right to the protection of their private live. The domicile is inviolable. Searches may only
intervene in the condition and the forms provided by law. Private communications, under
whatever form that may be, are secret”.
هyyة حياتyyق في حمايyyخص الحyyل شyy لك- : د على أنyyربي يؤكyyتور المغyy من الدس24 لyy الفص.اة الخاصةŠŠق في الحيŠŠالح
-. واليمكن القيام بأي تفتيش إالوفق الشروط واإلجراءات التي ينص عليها القانون. التنتهك حرمة المنزل.-الخاصة
10. L’article 118 de la Constitution marocaine dispose que : « L’accès à la justice est garanti à
toute personne pour la défense de ses droits et ses intérêts protégés par la loi ». Guillemet
حق التقاضي مضمون لكل شخص للدفاع عن حقوقه وعن مصالحه التي-: من الدستور المغربي ينص على أن118 الفصل
-يحميها القانون
11. L’article 117 de la Constitution marocaine affirme que : « Le juge est en charge de la
protection des droits et libertés et de la sécurité judiciaire des personnes et des groupes, ainsi
que de l’application de la loi ».
,ائيyyاتهم وأمنهم القضyات وحيyy يتولى القاضي حماية األشخاص والجماع- : من الدستور المغربي يؤكد على أن117 الفصل
-وتطبيق القانون
12. Droit à la justice. L’article 8 de la Déclaration universelle des droits de l’homme énonce
que : « Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales
69
compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la
Constitution ou par la loi ».
Right to justice. The article 8 of Universal Declaration of Humain Rights announce that: “
Everyone has the right to an effective remedy93 by the competent national tribunals for acts
violating the fundamental rights granted him by the constitution or by law”.
لك ل ش خص ح ق اللج وء إلى المح اكم- : من اإلعالن الع المي لحق وق اإلنس ان تؤك د على أن8 المادة.الحق في العدالة
-الوطنية المختصة إلنصافه الفعلي من أية أعمال تنتهك الحقوق األساسية التي يمنحها إياه الدستور أو القانون
13. La gratuité de la justice. L’article 121 de la Constitution marocaine prévoit que : « Dans
les cas où la loi le prévoit, la justice est gratuite pour ceux qui ne disposent pas de ressources
suffisantes pour ester en justice ».
يك ون التقاض ي مجاني ا في الح االت المنص وص-: من الدس تور المغ ربي ينص على أن121 الفص ل.مجانية التقاضي
-عليها قانونا لمن اليتوفر على موارد كافية للتقاضي
14. Article 9 of the civil Code states : Everyone is entitled to the resect of his rivate life
one is entitled
4.Droit réel. Il se définit comme étant un pouvoir juridique reconnu à une personne et qui
porte directement sur une chose.
. سلطة قانونية يعترف بها القانون لشخص ما على شيء ما.الحق العيني
الشخصية القانونية تبدأ مند والدة الطفل حيا, بالنسبة للتشريع المغربي.بداية الشخصية القانونية.
لكن من دون القدرة على ممارسة,> منزل, حق الملكية على مال: أهلية الشخص لتملك الحقوق <مثال. أهلية الوجوب
كراء, بيع,>سلطات عليها< مثال.
Capacité d’exercice. C’est l'aptitude d'une personne d'exercer sur les droits
qu'il détient sans avoir besoin d'être assistée ou représentée. A titre
d'exemple, elle peut vendre un bien dont elle dispose.
تعني قدرة الشخص على ممارسة جميع السلطات على الحقوق التي يملكها من دون حاجة لمساعدة أو, أهلية األداء
فالشخص الذي يملك حقا ما له الحق في بيعه بنفسه, فمثال.نيابة.
ال يع ترف الق انون بالشخص ية القانوني ة فق ط لألش خاص الم اديين أو ال ذاتيين < أف راد.ية المعنويةŠŠوم الشخصŠŠمفه
ه ؤالء. ولكن أيض ا لمجموع ات من األش خاص يس مون أشخاص ا معن ويين أو اعتب اريين,>بيولوج يين من لحم و دم
االع تراف له ؤالء.المجموع ات يحص لون على شخص ية قانوني ة مس تقلة عن األف راد البيولوج يين ال ذين يش كلونهم
واعتب ارا أنهم,المجموعات بالشخصية القانونية يستند على أساس أن لهم أنشطة مستقلة عن أنشطة األفراد الدين أنش ؤوهم
ويس عون إلى < تحقي ق ه دف,> <روح جماعي ة موجه ة إلى تحقي ق ه دف, كم ا يالح ظ دل ك الفقي ه جوس روند,يملكون
منح الشخصية القانونية لهؤالء المجموعات يجعل منهم أشخاص ا ق انونيين مس تقلين عن األف راد ال ذاتيين ال دين.>إنساني
هؤالء المجموعات يصبحون ق ادرين على تمل ك األم وال والحق وق كم ا يص بحون مس ؤولون م دنيا وجنائي ا عن:خلقوهم
تصرفاتهم بصورة مستقلة عن األفراد الذاتيين الدين أخرجوهم إلى الوجود.
95
Josserand voit que : « bien que les personnes morales ne soient pas des êtres en chair et en os, il s’en dégage
une âme collective, une volonté générale qui est orientée vers un but ». Cité par B. Dondero, op. cit., p. 33.
72
73
74