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Banques et Marchés

Chapitre 1 : Intermédiation financière

1. Qu’est-ce qu’une banque ?


1.1. Une institution financière…

Banque = est une entité financière qui s’interpose entre un ensemble de prêteurs (qui déposent ou
épargne), et un ensemble d’emprunteurs.
C’est donc un intermédiaire entre ces deux ensembles.

Activité traditionnelle d’une banque = collecter et gérer les dépôts


+ peuvent ensuite rassembler les différentes épargnes pour les mettre au service de ses clients
emprunteurs (octroi de crédits). C’est une vision très étroite et traditionnelle de la banque.

La banque a été amenée à développer d’autres activités avec l’essor des marchés financiers, comme
la gestion de titres.  Si ces titres sont détenus à long terme, cela peut permettre de contribuer au
financement de l’économie, mais ça y contribue moins lorsque ça devient une activité d’achat et de
revente.

+ Elles ont aussi développées des activités de conseil, pour s’introduire en bourse, en matière
d’achats et acquisitions etc.

+ Des activités hors bilan, sur les marchés des produits dérivés, où elles prennent des engagements à
terme, qui ne sont pas inscrit au bilan, ils le deviennent lorsque l’opération amène au paiement.

+ Activité liée à la titrisation, pour titriser ses actifs (créances).

Fonds propres d’une banque sont notamment constitués des profits non redistribués et surtout des
actions émises par les entreprises, c’est pour cela qu’ils limitent cette activité.

Les activités de marchés se sont développées, elles détiennent un portefeuille de titres, elles en
achètent certains pour les conserver et les autres pour les revendre par la suite.

De plus elles se financent désormais sur ces marchés, donc outre les dépôts, il y a au passif de son
bilan des titres de dettes émis, et cette ressource à considérablement augmentée ces dernières
années (au dépend de l’émission d’actions). Elles vont donc de plus en plus sur les marchés pour se
financer.

Les banques agissent également sur le marché interbancaire où les banques en besoin de
financement et celles en capacité de financement se rencontrent.

Il y également une partie hors bilan, qui est considérable, constitués d’engagements et d’opérations
liés au marché des produits dérivés.
Exemple : BNP, taille du bilan = PIB de la France, le hors bilan représente 24 fois le PIB de la France.
Présence également de réserve d’actifs liquide en cas de problèmes.

Voir diapo bilan, on voit bien que les banques de proximité reste majoritairement dans les activités
traditionnelles de la banque, alors que les grandes banques universelles opèrent principalement sur
les marchés financiers (portefeuille de titres 12% vs 52%).

La banque existe parmi d’autres intermédiaires financiers, qui sont-ils  ?


- Les OPCVM, plus largement des fonds d’investissements.
- Les entreprises d’assurances
- Les fonds de pensions notamment dans les pays avec un système de retraite par
capitalisation.

Mais elle s’en différencie, car :


- tout d’abord elle crée de la monnaie. Cependant aujourd’hui on voit se développer des
monnaies locales, des crypto monnaies, c’est donc une spécificité qui devient de moins en
moins exclusive.
- Elle gère les moyens de paiements, mais comme la création de monnaie, cette spécificité
s’amoindrit avec la création de nouvelles formes de banques (micro crédit), comme les
comptes nickel (qui peuvent être ouvert en moins de 5min dans un bureau de tabac).
- Elle fait de la transformation d’échéance : mais doit se différencier également dans la
transformation d’échéance, car aujourd’hui des fonds d’investissements peuvent en réaliser
également.

1.2. … qui nait de l’imperfection des marchés

La théorie bancaire s’est développée dans les années 80.

Dans le cadre microéconomique standard les marchés sont parfaits et complets, il n’y a aucun
problème d’information des agents. Donc dans ce monde la il n’y a pas besoin de banques, on ne
peut pas justifier l’existence d’une banque.

La nouvelle microéconomie de la fin des années 70, avec un cadre d’information imparfaite, des
contrats incomplets, va permettre de progresser dans la théorisation de la banque.

 Leland et Pyle en 1977, il présente dans un article, que « la banque est une réponse
naturelle aux problèmes d’asymétries d’information » et donc par extension aux
imperfections du marché.
Asymétrie d’information entre le prêteur et l’emprunteur : en effet l’emprunteur à une
meilleure information quand à l’utilisation du fond prêté.
Il y a donc un travail de sélection, de contrôle, ce qui engendre des coûts. La banque en tant
qu’intermédiaire centralisant les relations entre emprunteurs et prêteurs, va réaliser des
économies de coûts. Elle permet aussi à travers cette centralisation de mutualiser les
risques.

Deux principales asymétries d’information :


 ex-ante la signature du contrat, sélection adverse, les mauvais emprunteurs doivent évincer
les bons
 ex-post la signature du contrat, aléa moral, changement de comportement de l’emprunteur
qui peut prendre plus de risque que prévu.
 Diamond en 1984 : coûts liés aux asymétries d’information = première justification de
l’existence de la banque, car elle évite la duplication de ces coûts entre les prêteurs.
+ Il s’intéresse au problème ex-post (aléa moral), entre le prêteur et un emprunteur neutre
au risque mais avec un projet d’investissement risqué. Diamond montre que la dette est un
contrat optimal entre les deux parties mais il faut déterminer le contrat optimal de dette en
situation d’asymétrie d’information.

Hypothèses du modèle de Diamond:

 Il y a N entrepreneurs neutres au risque qui ont un projet d’investissement indivisible


et dont le rendement est aléatoire.

 La richesse des entrepreneurs est nulle.

 Chaque entrepreneur doit emprunter 1, si le projet réussi, alors il rapportera plus


que le taux sans risque qui est noté R.

 Les prêteurs sont également neutres au risque, ils peuvent placés leurs richesses
notées 1/M. Soit ils le placent avec le taux sans risque R, soit ils prêtent avec un
rendement aléatoire Y.

 Le projet d’un entrepreneur rapporte un rendement Y, qui est observé uniquement


par lui-même. Il faut l’inciter à révéler cette observation, et à rembourser les
prêteurs. Le montant de remboursement Z est compris entre 0 et Y. (En revanche,
tous connaissent la distribution de probabilité du projet et savent que le résultat
peut = 0).

 Le contrat de dette optimal est celui qui maximise le rendement espéré de


l’entrepreneur sous la contrainte que les prêteurs perçoivent au moins R.

Partant de ces hypothèses, Diamond démontre qu’il existe deux solutions possibles de
contrat de dette optimal (plus coûteux que sans asymétrie d’information):

 Un contrat avec une valeur faciale constante de remboursement H, si la réalisation


du projet est inférieure à H alors la valeur de remboursement sera Y, et
l’entrepreneur subit une pénalité. Cette solution s’impose quand Y (la réalisation du
projet) n’est pas vérifiable

 Si Y est vérifiable (par un audit par exemple), un coût de contrôle K apparaît et


permet de lever l’asymétrie d’information. Partant de là, les m prêteurs peuvent soit
engager ce coût K, soit élire et déléguer le contrôle à l’un d’entre eux qui sera le seul
à engager K. Plus m est grand, plus l’économie de coût de contrôle en déléguant ce
contrôle sera grande. Or il faut également contrôler le contrôleur, qui va engager un
nouveau coût D.
On délègue uniquement si K + D < mK.

 Diamond étudie ensuite le contrat de dette entre le moniteur délégué et les préteurs
(banques et ses déposants).

 L’intermédiaire contracte avec N entrepreneurs et mN déposants et s’expose à une


pénalité s’il ne tient pas ses engagements envers les déposants.
Conditions de viabilité de l’IF :

o Les déposants doivent recevoir R par unité de dépôt


o L’IF doit avoir un rendement qui excède le coût total de délégation
o L’entrepreneur doit dégager un rendement au moins identique à celui qu’il aurait
obtenu sans intermédiation

En supposant 1 seul emprunteur et m déposants, l’intermédiation n’est pas viable.


 La diversification des projets d’investissement est la clé de la viabilité de
l’intermédiation.  Plus l’IF diversifie les prêts qu’il accorde, plus il réduit la probabilité
d’occurrence de rendements extrêmement bas (loi des grands nombres).

L’intermédiation a donc d’autant plus de chance d’être la meilleure solution envisageable


que le nombre d’emprunteurs est grand.

Dans le modèle de Diamond, plus le nombre de projets financés par l’IF est grand et moins la
dette de l’IF vis-à-vis des déposants est risquée.

Portée et limites de ce modèle :

 L’intermédiation évite la duplication des coûts de contrôle. Le fait de déléguer le


contrôle à un seul agent évite le comportement de passager clandestin.

 Si aversion au risque, contrat de dette plus compliqué

 Rien sur la liquidité des dépôts

 Pénalité subit par l’intermédiaire financier est peu réaliste. Certains envisagent donc
une obligation pour les banques d’avoir des fonds propres (Holmstrole et Tirole,
1993) PARTIEL.

La banque ne fait pas qu’éviter la duplication des coûts de contrôle. Le fait de gérer les dépôts de ses
clients emprunteurs va lui permettre d’avoir des informations sur ses clients emprunteurs (Fama,
1985). Ce qui renforce son avantage informationnel.

La banque entretient des relations de LT avec ses clients (Sharpe, 1990), ce qui lui permet donc
d’avoir des informations sur ses clients et d’obtenir un pouvoir de marché. Et c’est pourquoi la
concurrence sur le marché bancaire sera imparfaite, chacune va chercher à avoir les meilleurs clients
(capture de la clientèle).

Avantage informationnel + capture de la clientèle + pouvoir de marché


 Concurrence imparfaite

La banque est une « solution » aux problèmes d’asymétrie d’information.


Mais elle ne fait pas disparaître les asymétries d’information et elle peut elle même en pâtir ce qui
peut conduire à un rationnement du crédit :

 Stiglitz et Weiss en 1981 :


L’asymétrie d’information est à l’origine du rationnement de crédit = situation dans laquelle
offre de crédit < demande de crédit
La banque ne connaît pas les caractéristiques des projets d’investissements de leurs clients.
 Donc elle ne peut pas ajuster le taux d’intérêt à la nature du projet financé, elle offrira le
même à ses clients.
Or il y a plusieurs types d’investissements : tous procurent le même rendement moyen mais
ne présente pas le même risque.
En matière de risque, il y a une divergence d’intérêt :
 Un risque élevé est bénéfique à l’entreprise car ses gains sont importants et les
pertes sont limitées aux capitaux propres engagés.

 En revanche pour la banque cela accroit la probabilité de défaut de son emprunteur


et ça n’augmente pas son gain car elle à fixer le même taux pour tous les projets.

Stiglitz et Weiss montrent que dans cette situation, il existe un taux d’intérêt qui maximise le
profit de la banque, au delà duquel le risque des projets qu’elle finance l’emporte sur
l’augmentation des versements qu’elle peut attendre. Au delà de ce taux, elle rationnera le
crédit.

1.3. Intrinsèquement fragile

Deuxième grande justification de l’existence des banques = Incertitude sur le besoin de liquidité des
prêteur : ils ne savent pas à quel moment ils en auront besoin.  Ceci peut les pousser à ne pas
prêter.

La banque est donc censée être un intermédiaire entre les deux parties  :
- les préteurs qui souhaitent des placements liquides pour pouvoir faire face à leurs besoins de
C°.
- les emprunteurs qui, au contraire, ont besoin de fonds à LT pour mener à bien leurs projets
d’investissement productif.

Donc banque = intermédiaire capable de transformer les ressources de CT de ses déposants en


financements de LT tout en assurant ses déposants de pouvoir récupérer leurs fonds à tout moment
(contrat de dépôts).

 Diamond et Dybvig 1983 : sont les premiers auteurs à fournir une explication formalisée du
service de liquidité que les banques offrent à leurs déposants et du caractère relativement
instable des contrats de dépôts bancaires qui en découle. = article le plus célèbre de
l’économie bancaire !

 Montrent que la banque est nécessaire  transforme des échéances ce qui permet de
prêter aux emprunteurs tout en assurant la liquidité aux prêteurs. Mais ce qui fait sa raison
d’être, fait aussi sa faiblesse avec le risque de ruée des déposants.

Les contrats de dépôts répondent aux besoins de liquidités des déposants qui ne sont pas
seulement des prêteurs mais également des consommateurs. Ils ne savent pas à quel
moment ils devront effectuer ces dépenses.
En offrant des contrats de dépôts, les banques sont supérieures au marché, car elles
permettent un meilleur partage du risque entre les déposants qui ne savent pas quand ils
devront consommer. Ce contrat de dépôt c’est l’équivalent d’un contrat d’assurance si leur
besoin de liquidité était mesurable.
Mais ces contrats sont soumis au risque de panique bancaire car ils reposent sur la
«  transformation d’actifs illiquides en passif liquide  ». Pour pouvoir fournir ce service de
liquidité elle doit elle même s’exposer à un risque d’illiquidité : la réalisation de son actif ne
se faisant qu’en T=2 (LT).
Si tout le monde se rue au guichet sans que son actif soit réalisé, elle ne pourra pas
rembourser.

 Il y a trois période, 0, 1, 2.

 L’économie est caractérisée par une technologie de production sans risque mais qui
ne se réalise qu’en t=2.
Cependant même sans risque ce modèle va montrer que la banque est
intrinsèquement fragile.

 Si on interrompt la production en t=1, on récupèrera uniquement le montant investit


en 0.

 Les agents consommateurs sont tous identiques en t=0 mais ils font face à un risque
non assurable qui se réalise en t=1, qui va déterminer si ils ont besoin de consommer
en t=1 (type 1) ou en t=2 (type 2).

 Une banque « liquide » n’apporte aucune amélioration au bien être social par
rapport à l’équilibre de marché concurrentiel. Pour fournir aux déposants une
assurance contre le fait d’être de type 1, la banque se met en position d’illiquidité,
elle investie dans la technologie et elle sera en mesure de proposer aux agents un
rendement r1 supérieur à 1 et un r2 entre 1 et R. dans ce cas elle apporte une
amélioration au bien être social.

 La banque ne peut assurer les agents qu’en leur laissant la liberté de retirer leur
dépôts lorsqu’ils le souhaitent. Or si tous les déposants retirent en t=1 la banque sera
en position d’illiquidité car elle même ne détient que 1 en cette période.

En t=1 les agents révèlent leurs types, ils vont soit venir réclamer leurs paiements soit ils
attendront t=2. Il y a alors deux équilibres de Nash possibles :

 Un « bon » équilibre « équilibre de la vérité  » tel que personne ne ment : les agents
de type 1 se déclarent être de type 1 en retirant t=1 ; les agents de type 2 déclarent
être de type 2 en attendant t=2 pour retirer.

 Un « mauvais » équilibre, « équilibre de panique » tel que tous les agents se déclare
de type 1 et donc tenter de retirer leur argent en t=1 (les agents de type 2 mentent).

Le fait d’être dans le bon équilibre (stable) ou dans le mauvais équilibre (instable), de « bank
run », dépend de n‘importe quelle variable aléatoire observable (panique sur une autre banque,
une mauvaise nouvelle conjoncturelle, etc.).

Quand une banque fait faillite, une autre se retrouvera en difficulté car elles ont des liens très
forts entre elles. Il suffit d’une mauvaise nouvelle pour déclencher une panique  effet de
mimétisme, les clients des autres banques vont également se précipiter aux guichets. La banque
est donc intrinsèquement risquée.
Même les banques en bonne santé peuvent succomber au « run ». Ces run sont donc un
problème économique majeur ! (illustré par la crise de 1929).

Deux solutions selon Diamond et Dybvig pour résoudre le problème de la panique  :

 Fermer le guichet de la banque = suspension de la convertibilité (ce qui se passe le plus


souvent, comme récemment). Mais ce n’est pas satisfaisant car c’est une solution
aveugle, au moment où on ferme le guichet on ne sait pas qui a pu retirer son argent,
ceux qui ont paniqués, ou ceux qui en ont réellement besoin.  il faut connaître avec
certitude la proportion des agents de type 1.

 La garantie publique des dépôts, ce qui a été décidé aux USA en 1933 avec la FDIC, qui
assure aux déposant de récupérer un certain montant en cas de faillite bancaire. Ceci a
pour but de rassurer les déposants, ce qui ne les pousse pas à la panique.
Une taxe est prélevée dans la période 1 ce qui lui permet de financer cette garantie.
 C’est la solution qui est préférée dans le modèle.

Portées et limites du modèle de Diamond et Dybvig  :

 Pas de risque au niveau de l’actif de la banque dans le modèle (panique = pur risque de
passif). A la fois une limite et une grande force du modèle.
Si on introduit le risque (actif à rendement aléatoire), alors la probabilité de panique
bancaire devient une fonction croissante du risque (i.e. écart-type du rendement) des actifs
bancaires.

 La contrainte de service séquentiel ne favorise-telle pas la panique ? Le fait de servir les


clients dans l’ordre, ce qui va pousser les clients en situation d’interaction stratégique.

 L’intermédiaire financier formalisé dans le modèle est-il une banque ? (rien ne permet
notamment d’établir si le passif de la « banque » est bien détenu par des déposants ou en
fait par des actionnaires)

 La nature monétaire du passif bancaire est ignorée

 Importance de l’intervention des services publics (garantie des dépôts). Mais possible aléa moral,
car si on à une solution de secours on sera plus relâché, et possible prise de risque. Ceci est valable
aussi bien pour les déposants que pour les banques.

Les banques existent car les marchés sont imparfaits, elles permettent la réalisation de
transactions financières qui ne pourraient pas avoir lieu sur les marchés à cause des problèmes
d’asymétrie d’information (dépendance des banques et des marchés).
2. La banque s’est transformée
2.1. La mutation financière

Elle désigne la profonde évolution des systèmes financiers qui :


- s’est amorcé dans les années 70 dans les pays anglo-saxons
- dans les années 80 dans les pays européen
- pour finir dans les années 90 dans les pays émergents.

La mutation financière est le résultat d’un contexte économique particulier :


 Abandon du système de Bretton Woods et donc d’un système de change fixe, en 1973, pour
passer un système de change flottants.
Ceci ce traduit donc par une volatilité du taux de change plus importante qu’auparavant 
risque de change.
Ces années 70 sont des années de choc pétrolier, ce qui va se traduire par une augmentation
très forte du pétrole ce qui va nourrir l’inflation. A la fin des années 70 aux USA, Paul Walker
devient le président de la FED, il décide de mener une politique de lutte contre l’inflation, ce
qui va se répercuter sur les autres pays avec une variabilité du taux d’intérêt.

 Suite aux deux chocs pétroliers, apparition des pétrodollars. Ils n’investissent pas dans leurs
pays ces recettes par faute d’opportunités. Ils cherchent donc à investir partout dans le
monde. Paul Walker aurait alors essayé « d’attirer » ces pétrodollars avec sa politique de
taux élevés. Les Etats-Unis ont des besoins de financement important.

Ce contexte va favoriser l’ouverture et le développement des marchés de capitaux, pour mieux gérer
le risque de change, de taux d’intérêt  appariations des produits dérivés. Les pétrodollars et le
besoin de financement des pouvoir publics vont aussi contribuer à se développement.

Deux processus moteurs :


 Globalisation financière= c’est un processus d’intégration à plusieurs échelles :
o à l’échelle des marchés nationaux et internationaux  : Décloisonnement des marchés
nationaux (marché de la dette à CT et MT qui rejoint celui du LT).
o au niveau mondial  : on peut investir à l’étranger ou même ouvrir un compte
d’entreprise par exemple. Ce décloisonnement est présent également sur les
produits, apparition de nouveaux produits.
o au niveau des institutions  : les banques vont proposer une gamme plus large de
services (gestion de patrimoine, assurance etc.).

 Innovations financières = on distingue trois grands types d’innovations financière :


 Innovation de produits, apparition de nouveaux produits (SICAV), TCN, les produits
dérivés, comme récemment les CDS. Ce sont souvent des petites innovations, car un
nouveau produit conduit souvent à l’introduction d’une nouvelle caractéristique plus
qu’une réelle nouveauté.
 Innovation de marché, création de nouveaux marchés ou de nouveaux segments de
marché.
 Innovation de procédés, qui consiste à incorporer de nouvelles techniques ou
nouvelles technologies (exemple : distributeur de billet).

Différentes vagues d’innovation :


- avec des pays leaders comme les USA, RU, Canada dans les années 70 : les innovations
viennent notamment du secteur privé
- Puis les pays suiveurs comme l’Europe dans les années 80 : les innovations viennent de
réformes décidées par les pouvoirs publics.
- puis les PE dans les années 90.

Théorie de William Silber sur le fait que l’innovation = réponse à la contrainte :


 Contrainte de risque, qui va pousser les agents à inventer de nouveaux produits pour
répondre à cette contrainte.

 Contrainte de concurrence

 Contrainte de réglementation, elle peut être un moteur de l’innovation car on ne veut pas
supporter le coût de cette règlementation.

Ces contraintes sont coûteuses pour les agents. Pour arriver à desserrer ces contraintes les agents
sont incités à innover, mais ceci à également un coût. On observe un développement de l’innovation
lorsque le coût de détournement par l’innovation devient inférieur au coût d’adhésion à la
contrainte.

Théorie de la dialectique de Kane  : il se concentre sur celle de la réglementation. Qui représente un


jeu dialectique entre l’innovation et la réglementation. Règlementation  innovation pour
contourner la contrainte  nouvelle réglementation etc.

Conséquences de la mutation financière :


 Avantages  :
 Elle a permit de développer un plus large éventail d’instruments financiers.
 Gestion du risque facilité
 Accès facilité par l’ouverture des marchés  baisse des coûts de transactions.
 Les NTIC ont permis une meilleure diffusion de l’information sur le marché.

 Inconvénients  :
 Résurgence de l’instabilité financière, avec des crises de changes, des crises
bancaires et financières avec l’apparition régulière de bulles.
 Montée de risque global, risque systémique, donc du système.

Ces transformations n’ont pas été accompagnées d’une régulation adéquate.

Zoom sur le système financier français :

Dans les années 70, système dominé par les banques, et notamment de banques publiques.
L’encadrement de ce secteur était strict, de même les autorités encadraient les crédits et les changes
Dérèglementation dans les années 80, suppression des bonifications de taux d’intérêt, suppression
de la réglementation du crédit et des changes en 1986. Décloisonnement des marchés avec les TCN,
extension de la gamme des titres offerts (OPCVM, SICAV). Déspécialisation des banques. . La crise
financière récente à pour origine le cycle du crédit, si il avait été régulé comme auparavant aurait
peut être évité cette crise. Il faut retourner à une surveillance du crédit.

2.2. La banque, acteur de la globalisation financière

Elles n’ont pas suivis passivement l’essor des nouveaux marchés et nouvelles technologies ou autres
innovations financières. Elles se sont adaptées et ont même tiré profit de ces essors, car ce sont
devenus de nouvelles sources de revenus.

A mesure qu’elles soient mise en concurrence avec d’autres intermédiaires financiers elles se sont
adaptées (apparition d’OPCVM, elles sont devenu propriétaire d’OPCVM  absorption).

Mais qui dit nouveaux revenus, dit nouveaux risques auxquels elles n’étaient pas exposée
auparavant.

Le développement de ces activités de marchés est perceptible sur le bilan des banques, qui change
de structures. Au début des années 2000 ce sont les titres qui deviennent la plus grosse partie du
bilan au détriment des crédits à l’actif. Les dépôts ont donc vu leur part bien diminuer au niveau du
passif.

Les banques se sont aussi adaptées à l’essor des NTIC en les intégrant à leur processus de production,
en informatisant leur processus, en développant des outils permis par ces  NTIC (le datamining) et à
nouveau cela a exposé les banques à un nouveau risque, le risque opérationnel (erreur humaine dans
l’application des processus, panne informatique,…).

Est-ce l’érosion des dépôts qui a poussé les banques à chercher de nouvelles ressources, ou est-ce
la recherche de nouveaux revenus ?

Les banques ont développées leur activité de marché et notamment la gestion de titres pour leur
clients mais aussi pour elles mêmes, elles ont développé des activités de conseil dans différents types
d’opération (ex : F&A, introduction en bourse,…).

Elles ont également utilisé les marchés pour trouver de nouvelles ressources, elles ont substitué ces
ressources de marchés à la place de leurs ressources traditionnelles.
L’essor des marchés de capitaux a favorisé l’essor de nouveaux intermédiaires financiers à partir des
80’s, les banques ne sont pas restées passives et ont intégré ces activités financières. Un ensemble
de nouvelles activités pour les banques liées à ces essors qui ont été source de nouveaux revenus
pour les banques. En adossant leur activité aux marchés de capitaux les banques ont augmenté leurs
risques de marchés alors qu’avant elles n’avaient que le risque de crédit.

Les banques ont été partie prenante de l’accélération des innovations financières, notamment en
surmontant les réglementations comme avec le ratio Cooke qui imposait un ratio Fonds Propres sur
actifs risqués supérieur ou égal à 8%  on voit cette contrainte de fond propre comme ce qui à
pousser les banques à développer une nouvelle technique qu’est la titrisation  car la titrisation
permet de faire sortir une masse de crédit et donc cela fait augmenter le ratio et permet plus
facilement de répondre à cette contrainte de ratio Cooke. Le crédit se trouve transformé en titre en
étant acheté par un fond de créance (véhicule de titrisation) et vend des titres auxquels sont adossés
ces crédits.

2.3. Une fragilité accrue

Ces transformations qui ont continué dans ces années là ont continuées d’augmenter le risque.
On a pas su adapter le contrôle pour en réguler les effets.
Le résultat de ces transformations c’est :
- la taille des banques s’est accrue : apparition des établissements systémiques qui font
courir le risque d’effondrement systémique.

La taille des banques s’est accrue : avec le développement des marchés de capitaux à partir
des 80’s avec le développement de nouveaux intermédiaire financier, les banques se sont
donc retrouvées concurrencées des deux cotés de leur bilan, la collecte d’épargne et de
dépôt, sur le crédit. Une concurrence accrue de toute part, ce qui aboutie à un vaste
mouvement de concentration caractérisé par des opération de F&A, et ainsi de nombreux
groupes bancaires sont devenus « too big to fail » car plus ils devenaient gros plus il était
nécessaire de les garantir pour éviter de faire tomber les autres établissements bancaires.

Initialement l’émergence de ces gros établissements bancaires n’était pas vue par les
gouvernements comme un risque mais plutôt comme l’idée de créer des champions
nationaux.
 Traditionnellement aux USA, les banques étaient de plus petites tailles et il y avait une
spécialisation des banques jusqu’à la fin des 90’s

 En Europe les géants bancaires ont émergés plus tôt. Les établissements bancaires
européens en moyenne plus gros que les établissements bancaires des Etats-Unis.
L’accroissement s’accélère vraiment dans les années 2000, bien que cela ait commencé dans
les années 90. On peut le voir dans le rapport Liikanen commandé par la commission
européenne pour un diagnostic des problèmes des banques. Le secteur bancaire représentait
environ 260% du PIB de l’UE et en 2011 il représente 400% du PIB de l’UE.

 Le pays qui contraste c’est l’Allemagne car on ne perçoit qu’une très faible augmentation
du secteur bancaire.
On voit également que le nombre d’établissement diminue au sein de l’UE ce qui veut bien
dire qu’il y a un mouvement de concentration dans les 2000’s, moins d’établissements
bancaires mais de plus gros. Secteur bancaire européen est le plus large mais aussi le plus
concentré. La concentration des établissements bancaire a augmenté depuis le milieu des
90’s. Emergence de grands groupes bancaires qualifiés de banque systémique.

- l’éventail d’activité des banques s’est élargi  palette de service plus large au
sein d’un même établissement pour le client.

Sur le plan de l’efficacité économique lorsque l’éventail d’activité s’accroît cela permet de
faire des économies de gammes, c’est-à-dire que lorsqu’on décide de réunir au sein d’un
même établissement plusieurs types d’activité cela permet de produire ces activités
ensembles à moindre coût plutôt que séparément.

Certains analysent cet élargissement comme quelque chose de très favorable, comme une
diversification protectrice, de mieux résister à un choc. D’autres analysent cet élargissement
comme une mise en danger des dépôts de la clientèle, c’est une des motivations des
partisans de la séparation.

+ Ce large éventail a bénéficié de la garantie publique dont bénéficie traditionnellement les


banques  est-ce-que toutes les activités des banques doivent bénéficier de cette garantie
publique ? En tout cas elles en ont profitées.

- L’activité bancaire s’est internationalisée, évolution ici aussi ambivalente car une
plus grande échelle géographique d’activité ce qui peut entrainer une meilleur capacité de
résistance aux chocs asymétriques. Cet élargissement peut signifier une meilleure capacité
de résistance au choc mais également une plus grande exposition à un choc mondial,
symétrique et un plus grand risque de contagion de ces difficultés en cas de choc global.

Cette ouverture est en soi une bonne chose mais signifie aussi une interconnexion plus
grande ce qui peut être aussi une augmentation du risque systémique.

 Les banques ont développé des techniques de transferts de risques , or si


la banque se met à transférer les risques qu’elle est censé supporter, elle perd en raison
d’être.

Externalisation du cœur de métier des banques, ici aussi il y a une ambivalence.


L’externalisation est une pratique commune de nombreuses industries et cela consiste à se
séparer d’activités périphériques et de confier à un prestataire ces activités. Dans le cas de la
banque le fait d’externaliser certaines activités à porter sur une activité au cœur de la
banque sur la gestion des risques via la titrisation ou encore les dérivés de crédits. Les
banques ont du respecter de nouvelles contraintes de fonds propres ce qui a développé ce
types de fabrication de titres financier à partir de créances négociables. La titrisation n’a pas
été perçue comme un facteur de risque au départ mais plutôt comme une nouvelle
technique de partage des risques et comme quelque chose de favorable à la stabilité
financière, or ça s’est avéré être un moyen de dilution du contrôle des risques ce qui entraine
une incitation plus forte à prendre toujours plus de risque et en les contrôlant moins, ainsi
que l’essor du « shadow banking ».

Cela a profondément transformé le modèle d’activité des banques car on est passé d’un
modèle où traditionnellement les banques prenaient des risques, les portaient et les
assumaient. Les banques faisaient naître le crédit, prenaient le risque de ce crédit,
aujourd’hui la banque fait naître la créance et elle transfert ce crédit avec ou sans le risque
adossé à ce crédit à d’autres acteurs. C’est sûrement plus vrai pour les banques américaines
car celles-ci ont été les premières à y avoir recours et notamment avec les « crédits
subprimes ». Les banques européennes n’ont pas été absentes de cette chaine de titrisation
car les banques européennes ont acheté ces titres adossés à ces crédits « subprimes ».

- Les banques ont accrue leur levier d’endettement , la part des dettes
relativement aux fonds propres a augmentée. Les banques ont pu acquérir plus d’actif avec
moins de fonds propres, ce qui est synonyme d’une prise de risque accrue mais diminue la
capacité à assumer les risques pris.

L’augmentation du levier d’endettement des banques, de moins en moins de FP et de plus en


plus de dettes et donc à une augmentation du levier d’actif (actifs/FP).
En moyenne au bilan des banques il y a 90 à 95% de dettes (à la fois dépôts et dettes de
marchés) et ce qui a considérablement augmenté c’est la part de la dette de marché. Cette
augmentation du levier d’endettement est lié au bénéfice d’une garantie en cas de défaut, ce
qui a permis aux banques de lever davantage de fonds c’est une garantie de «  bail-out » car
pour l’investisseur s’il sait que dans tous les cas le titre dans lequel il investit auprès de la
banque est garantie, il y a une sorte de déresponsabilisation des banques et des
investisseurs. Ce levier d’endettement s’est donc considérablement accru au RU et aux USA
pour les banques d’investissements.

 Plus la part des fonds propres est faible initialement au bilan de la banque moins la
banque est capable d’absorber des pertes, et plus en cas de problème l’ampleur du
deleveraging est important. Mais les ventes d’actifs durant le désendettement fait baisser
mécaniquement le prix des actifs, et de nouveau le levier d’endettement va augmenter
(ratio baisse) et à nouveau deleveraging. Tant qu’il n’y a pas un choc qui oblige une
deleveraging, les banques ne le font pas, il y a une sorte d’addiction à la dette.

L’endettement des banques s’expliquent par la protection des pouvoirs publics depuis les
années 30 aux USA (garantie de dépôt, garantie de dernier ressort) ce qui a de plus été
valorisé par les agences de notations. Ceci jusqu'à ce que les exigences en termes de fonds
propres soient renforcées, mais pas assez.

3. Pathologies bancaires
3.1. Paniques bancaires

Banques  structurellement illiquides donc risque de panique bancaire est toujours présent.
De plus que plusieurs motifs de panique sont possibles. La prévention de ces phénomènes de
panique est une justification forte de l’intervention des pouvoirs publics dans le secteur bancaire.
Soit en intervenant en tant que dernier ressort, ou en mettant en place la garantie des dépôt, ou
bien même les deux. Même si le fond n’a pas une grosse dotation, le système de garantie des dépôts
rassure les agents.

Différents modèles de panique :


 Modèle de Diamond et Dybvig (1983)  « ruée bancaire » (défaut de coordination des
déposants, pur risque de passif) : « ruée spéculative ».

 Battacharya et Jacklin (1988)  ruée informationnelle, car il y a du risque à l’actif de la


banque dans ce modèle, et les agents reçoivent un signal sur le rendement futur de l’actif. Et
si ils reçoivent un mauvais signal, ils peuvent être amené à paniquer. Le risque de panique
devient un risque d’actif.  Défaut de coordination des déposants

 Chari et Jagannathan (1988)  Confusion  : la panique se produit en raison d’un problème de


mauvais traitement de l’information des déposant. Crainte ou anticipation de l’insolvabilité
qui peut provoquer l’illiquidité.

On distingue des agents :


o patients/impatients
o informés/non-informés

Les patients et non informés prenne leur décision en fonction de la file d’attente de la
banque observée. Mais la queue est longue car il y a une forte proportion d’impatients, alors
cette panique est inefficace.

Chari et Jagannathan proposent :


o la suspension de la conversion des dépôts (fermeture du guichet)
o la garantie des dépôts, les autorités doivent intervenir avant que l’illiquidité se
transforme en insolvabilité.  en effet interaction forte entre illiquidité et
insolvabilité

 Ruées efficaces / ruées inefficaces : en information parfaite, les ruées peuvent être
rationnelles et efficaces, mais dans une situation d’information imparfaite une rumeur peut
mener à des ruées rationnelles mais inefficaces (Gorton, 1985).

Il existe une autre source de panique dès lorsqu’on ne raisonne plus à partir d’une banque
représentative mais en prenant en compte le secteur bancaire dans son ensemble :

 Défaut de coordination des banques sur le marché interbancaire

Les banques se refinancent sur ce marché, s’échange leurs excédents etc. Quand elles ont un besoin
de liquidités elles peuvent normalement le satisfaire sur ce marché. Le marché interbancaire qui
permet cet échange, permet de mutualiser le risque d’illiquidité.

Battacharya et Gale (1987)  Ils montrent le côté positif du marché interbancaire, il permet de
mieux gérer le risque d’illiquidité en faisant face aux chocs.
Cela contribue à améliorer la situation finale des déposants (Rochet et Tirole, 1996).
Elles peuvent diminuer leur réserve d’actifs pour augmenter leurs investissements de long terme car
elles ont besoin de moins de réserve d’actif grâce au marché interbancaire  effet positif.

Mais B&G montre également qu’une pénurie du marché est possible. Si il n’y a pas d’incertitude sur
le nombre de déposants impatient, alors les actifs liquides couvrant les retraits des impatients est
facile à déterminer, mais si il y a une incertitude sur cette information alors la banque peut ne pas
révéler l’information et tricher (montant de réserve insuffisant)  passager clandestin. Mais si
toutes les banques agissent de la sorte une pénurie se produira vite sur le marché interbancaire.

Flannery (1996)  il montre qu’une banque peut douter de la solvabilité de ses contreparties sur le
marché interbancaire, et donc phénomène de sélection adverse (= « effet Akerlof  »).

Les mauvaises contreparties peuvent progressivement évincer les bonnes jusqu’à ce que le marché
se retrouve gelé.
Mais suite à un choc, les banques peuvent recevoir des signaux imparfaits et avoir du mal à évaluer la
qualité des banques emprunteuses.
Quand elles ne parviennent plus à distinguer entre les bonnes et les mauvaises, soit les banques
prêteuses augmentent le taux de leurs prêts, soit elles considèrent que c’est risqué et alors elles
refusent de prêter. Le seul moyen de dégeler le marché est l’intervention du prêteur de dernier
ressort = banque centrale.

La crise des subprimes a illustré ces modèles :

 La possibilité d’une ruée aux guichets (banque britannique Northern Rock en 2007)

 Cette dépendance des banques vis-à-vis du marché interbancaire

 La rupture possible ; les banques en surplus de liquidité refusaient de prêter à celles qui en
avaient besoin, n’étant pas certaines de pouvoir elles-mêmes trouver un prêteur en cas de
manque de liquidité

 La nécessité d’une intervention des banques centrales pour injecter de la liquidité (sous
formes de prêts, de prises de titres en pension, …)

3.2. Risque systémique et contagion des paniques bancaires

Une petite banque peu interconnectée aux autres banques, ne peut pas causer une contagion.

En revanche si c’est une grande banque, et très connectée aux autres banques, il peut y avoir un
phénomène de contagion.
L’effet domino des faillites  : contagion qui peut accompagner une faillite bancaire  qui devient une
crise bancaire  qui peut devenir une crise financière  et ensuite une crise économique.
Choc systémique : « choc néfaste ou mauvaise nouvelle concernant une ou plusieurs institutions
financières ou un marché financier, qui se répercute sur d’autres institutions ou un autre marché. » ou
« un choc macroéconomique affecte simultanément les conditions financières d’un nombre important
d’IF et de marchés et induit une réaction négative commune  » (De Bandt et Hartman, 2002)
Crise bancaire  peut entraîner  effondrement du crédit  rupture donc dans le financement de
l’investissement + rupture de la gestion des moyens de paiements  paralysie des échanges  crise
de confiance.
 Conséquences lourdes pour l’économie réelle

Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff : montrent que suite aux grandes crises financières  :
- l’immobilier baisse en moyenne de 35% pendant 6 ans
- les cours boursiers chutent de 55% et mettent 3 ans à se redresser
- le chômage augmente de 7 points et se redresse au bout de 4 ans.
- P° recule en moyenne de + de 9% mais se redresse plus rapidement que l’emploi

Ces phénomènes de contagion rendent possibles la propagation des difficultés entre les banques.

3 différentes formes de contagion :

 Contagion par la ruée des déposants  : l’incertitude sur la solidité du secteur bancaire peut
entraîner des retraits massifs de la part des déposants. De ce fait la faillite d’une banque peut
par cet effet de contagion précipiter la faillite d’autres banques :
Freixas (1999) distingue 2 mécanismes de ce type :

 Contagion purement spéculative : liée à des événements complétement aléatoire et


non à l’économie réelle. Si les agents voient qu’une banque fait faillite ils vont se ruer
aux guichets de leurs banques ce qui va créer d’autres ruées etc. (mimétisme)

 Contagion par les similitudes des actifs : ceci se produit lorsque les banques
investissent dans des actifs similaires dont les rendements sont corrélés. De ce fait le
défaut d’une banque à cause de la faible rentabilité des investissements influe sur les
investisseurs des autres banques ayant financés des actifs identiques, ils veulent
récupérer leurs avoirs.

 Contagion par les liens interbancaires  : La dimension de la contagion dépend de la quantité


d’actifs liquides de la banque en difficulté et du nombre de banques qui seront touchées si la
banque en difficulté retire ses dépôts interbancaires.
Les banques sont créancières les unes des autres sur le MI: la faillite d’une banque A qui ne
peut pas rembourser ce qu’elle doit à la banque B, provoque une baisse des actifs de la
banque B (contagion directe), qui peut ainsi se retrouver en difficulté, et entraîner à son tour
des difficultés pour la banque C dont elle est débitrice, etc. Une banque D peut se retrouver
aussi en difficulté si elle avait l’habitude de se financer auprès de la banque A (contagion
indirecte).
La structure du marché bancaire est déterminante :
 Structure complète : les banques sont symétriquement liées
 Structure incomplète circulaire : les banques sont liées seulement aux banques
adjacentes (A prête à B qui prête à C qui prête à A).
La structure complète est moins vulnérable à la contagion car les effets d’une crise de
liquidité sont absorbés par un nombre plus important de banques.

 Contagion par les variations de prix d’actifs : en cas de choc de liquidité, les banques sont
obligés de liquider c’est à dire de vendre des actifs. Or la vente de ces actifs va faire baisser le
prix des actifs et donc faire baisser également la valeur des actifs des banques sur leur bilan.
Ceci fait baisser la valeur des fonds propres ce qui va provoquer une vente des actifs pour la
banque B etc.  augmentation du risque d’insolvabilité et d’illiquidité.
Dans la perspective d’une contagion par les variations de prix d’actifs, le recul des cours
boursiers peut suffire à amorcer la contagion (même pas besoin d’un défaut). Les liens
interbancaires ne font qu’amplifier les difficultés.
Chapitre 2 : Financement de l’économie et systèmes financiers

1. Les modalités du financement

1.1. Autofinancement / Financement externe

Financement de l’économie = en grande partie le financement des entreprises.


 On s’intéresse également au financement des APU, et bien sûr le financement des ménages.

L’autofinancement = le financement de l’investissement par l’épargne brut.


 Cependant de nombreux agents sont en besoin de financement (entreprises, APU). Pour les APU
ceci est dû à leur épargne brute structurellement faible, et l’ampleur de leurs investissements.
 Il existe également des agents en capacité de financement, c’est le cas des ménages globalement.

1.2. Les deux formes du financement externe : financement direct et indirect

Le système financier est censé organiser les rencontres entre les agents à besoin et en capacité de
financement.
L’agent en besoin de financement émet un titre, et un autre en capacité de financement l’achète
(financement direct). Il existe également le financement indirect (ou intermédié), un intermédiaire
s’interpose entre les deux agents.

Il y a du financement externe qui s’opère en dehors du système financier : crédits inter-entreprises


(ex : une PME filiale d’un grand groupe  transfert de ressource), ou bien des crédits commerciaux.

Le financement direct était auparavant uniquement financé par marché, mais aujourd’hui d’autres
formes de financement direct ont émergées, comme le financement inter-entreprises, ou bien même
le financement par la foule (crowdfunding).

2. Les fonctions du système financier

2.1. Définition et fonction de base du système financier

Système financier = l’ensemble des intermédiaires et des marchés financiers, mais aussi des
mécanismes institutionnels (réglementations, systèmes de compensation, régime de change, etc.)
qui rendent possibles les échanges financiers et qui participent à leur bon déroulement. Il doit
permettre une allocation efficace des ressources au sein de l’économie.

2.2. Système de paiement

Ces instruments de paiements ont évolués, en passant de la monnaie métallique, puis papier et
aujourd’hui scripturale voir crypto monnaie.

Il faut une gestion de ces moyens de paiements, d’où le rôle clé de la banque. Il est possible que
l’émergence des crypto monnaies remette en cause ce rôle. Il faut qu’il y ait un système de
compensation entre les banques. Le système de paiement est devenu plus efficace notamment grâce
à la dématérialisation des signes monétaires, dématérialisation également des moyens de paiements.

2.3. Collecte de l’épargne

La mise en commun de l’épargne des ménages, permettant d’en faire une ressource orientée vers
l’investissement des entreprises. Certains se posent des questions sur une surabondance de
l’épargne, mais les marchés sont censés remplir cette fonction d’acheminement, si c’est le cas la
surabondance ne poserait pas de problèmes.

2.4. Transfert des ressources

Le système financier si il fonctionne bien permet un transfert des ressources dans le temps et entre
les agents.

Différents instruments de placement = instruments de transfert de ressources dans le temps.

La mobilité internationale des capitaux est censée participer au transfert des ressources dans
l’espace, entre les pays, et normalement elles doit aller vers là où le rendement marginale productif
est le plus élevé.

2.5. Gestion des risques

Le système financier doit permettre le transfert de risque. Ce qui permet aux agents qui ne
souhaitent pas supporter le risque de le transférer à un agent qui accepte de le transférer.

Les titres financiers tels que les actions ou obligations sont dans une certaine mesure des
instruments de partage du risque.

Les produits dérivés = par nature des instruments de transfert de risque et donc cela en fait des
instruments de spéculation intense.

2.6. Production d’information

 Le système financier doit produire les informations nécessaires pour que les agents puissent
prendre des décisions.

 Le prix qui se forment sur les marchés sont censés être des vecteurs d’informations (ils doivent
refléter l’information traitée par les agents pour prendre les décisions dont ces prix résultent).

 Mais cette information peut aussi être la production d’agence de notation ou de banques, qui
vont centraliser cette production d’information.

2.7. Résolution des problèmes d’incitation

Ce sont des problèmes qui sont liés aux asymétries d’informations relatives à la qualité de
l’emprunteur. La résolution de ces problèmes : production d’information, prises de participation,
contrats de prêt incitatifs, cautionnement.
Il y a des problèmes liés aussi aux conflits d’agence qui naissent par exemple dans le cadre de la
délégation de responsabilités des actionnaires (principal) au dirigeant de l’entreprise  solutions :
rémunérations indexées sur la performance de l’entreprises (stock options par exemple); OPA/OPE.

Ces fonctions impliquent aussi bien les intermédiaires financiers que les marchés financiers.

3. Typologie et structure des systèmes financiers


3.1. Systèmes orientés banques / systèmes orientés marché

Cette distinction peut revenir à une autre distinction établit par Hicks.
Il faisait une distinction entre :
- économie d’endettement  prédominance de financement intermédié
- économie de marché de capitaux  prédominance du financement direct

Il opérait cette distinction pour analyser les canaux de transmissions de la politique monétaire.

On glisse vers une distinction :


- système orienté banque  prédominance des financements bancaires
- système orienté marché  prédominance des financements de marchés.

3.2. Caractéristiques d’un système orienté banque

Dans l’analyse de ce clivage très marqué :


 Un système orienté banque serait un système où les agents se rencontreraient indirectement via
des intermédiaires financiers. Il serait nouer des relations bilatérales entre les agents non financiers
et les intermédiaires financiers sur la base de l’information.
Sur ce système la gestion des risques s’opérerait par mutualisation . Etant donné la
prédominance d’un financement par crédit bancaire, le capital des entreprises serait fortement
concentré, il y aurait un petit nombre de gros actionnaire. Les entreprises seraient alors étroitement
liées aux intermédiaires financiers, aux banques qui les financent (il y a une sorte de contrôle de
l’entreprise par les banques).

3.3. Caractéristiques d’un système orienté marché

Système orienté marché : Ici au contraire rencontre directe entre les agents.

 Les relations de financement prendraient la forme de relations multilatérales entre les agents (un
ensemble d’investisseur avec une entreprise émettrice).
L’information qui permet aux agents de prendre leurs décisions est une information
publique, à savoir le prix de marché. Alors que dans un système orienté banque l’information est
privé. Le risque ici s’opère par transfert de celui qui ne veut pas le porter à celui qui le souhaite, et
aussi par diversification.
Dans ce système il y a une détention directe d’action, donc contrairement au système précédent il y
a un grand nombre de petits actionnaires. Dirigeants soumis aux investisseurs (discipline de marché),
et mécanismes incitatifs type stock-options, OPA/OPE. De plus dans ce système le secteur de la
banque serait étroit et spécialisé (banque d’affaires ou banque commerciale).
3.4. Which is better ? (Levine, 2002)

Meilleur du point de vue de la performance économique des pays (PIB, PIB/Hab). Ces différences
peuvent-elles être expliqué par un système ou l’autre ? Le développement financier
dépend-t-il de la structure du système financier ?

Le développement financier peut être défini comme l’accès à une gamme étendue de services
financiers, si un système financier donne accès à une large gamme de services financiers, alors on
peut dire que ce système est développé. Comment mesure-t-on ce développement ?
On utilise une base qui offre un ensemble d’indicateurs.
Deux dimensions à prendre en compte :
 Dimension intermédiation taille, activité, efficience, concentration des intermédiaires
financiers
 Dimension marchés financiers, taille, activité, efficience des marchés de titres

On mesure ces deux dimensions à l’aide d’indicateurs :

 Pour l’intermédiation :

 Indicateurs de taille : actifs des banques / PIB, actifs des IF/PIB, …

 Indicateur d’activité : crédits / PIB, dépôts / PIB, primes d’assurance / PIB

 Indicateur d’efficience : Marge d’intermédiation / Actif total des banques (si la marge est
étroite on est alors dans un système concurrentiel); Frais bancaires généraux / Actif total
des banques (est-ce qu’elle utilise au mieux leurs ressources ?)

 Indicateurs de concentration : actif des 3 ou 5 plus grandes banques / Actif total du


secteur (plus c’est concentré plus c’est monopolistique ou oligopolistique)

 Pour le marché des titres il y aussi des indicateurs de taille :

 Capitalisation boursière / PIB

 Actions émises / PIB

 Obligations / PIB

Levine a montré que tous ces indicateurs augmentent avec le revenu. Donc les pays avec un haut
revenu se caractérisent par un niveau de développement financier plus important que les pays à
faible revenu.

Pour la Banque Mondiale, il faut aller au delà de cette coïncidence, et aller voir la causalité. Pour eux
cette causalité va plutôt dans le sens inverse, le développement financier  augmente croissance. Il
faudrait donc un développement plus élevé pour avoir une croissance plus forte.

Indicateurs d’activité et de liquidité :


 volume total des transactions / PIB
Si on contraire on le divise par la capitalisation boursière on obtient un indicateur d’efficience. Un
marché petit mais actif aura un ratio élevé, tandis qu’un marché grand mais peu actif ou peu liquide
présentera un ratio faible.

Beck, Levine & Demirgüc-Kunt utilisent ces indicateurs pour comparer le développement financier
des pays.
Résultat majeur issue de ces travaux = fait que le développement financier était plus important
dans les pays à haut revenu qu’à faible revenu, ils voulaient y voir plus qu’une coïncidence mais une
causalité.
 Ils ont ensuite classés les pays en système orienté banque vs orienté marché. Ce classement
repose l’indicateur, un de développement du système bancaire (actifs bancaires/PIB divisé par
capitalisation boursière/PIB  Actifs/capitalisation) si ce ratio est élevé alors il y a une orientation
banque et inversement. Problème : un ratio élevé peut aussi bien s’expliquer par un développement
important du secteur bancaire que par un sous-développement des marchés de capitaux.

 Banques, intermédiaires non bancaires et marchés de titres sont plus actifs et plus efficients dans
les pays riches Les systèmes sont donc plus développés dans les pays riches.

 Dans les pays à hauts revenus, les marchés boursiers tendent à être plus efficients que les
banques

 A mesure qu’ils s’enrichissent les pays convergeraient vers l’orientation marché.

Selon eux l’orientation juridique influencerait l’orientation vers un système ou l’autre :

 Au plan institutionnel, la tradition juridique de Common law (jurisprudence), la protection


des petits actionnaires, la présence de standards comptables, un faible niveau de corruption,
et l’absence de garantie explicite des dépôts favoriseraient l’orientation marché.

 A l’inverse, la tradition juridique de “French Civil Law tradition”, une faible protection des
petits investisseurs, l’absence de clauses de bonne exécution des contrats, des niveaux
élevés de corruption, l’absence ou l’insuffisance de standards comptables, l’existence de
réglementations bancaires strictes seraient des obstacles au développement financier.

Ces résultats sous-tendent une vision assez linéaire du développement financier, car si on interprète
ces résultats :
 Des pays peu développé un système juridique faible  orientation banque
 Des pays riches développé avec un système juridique importante  orientation marché
 Des pays en développement économique  orientation marché

Cette vision assez linéaire, ne permet pas d’appréhender ce qui s’est passé en Europe dans les
années 90-2000. Dans cette période on assiste à un développement des intermédiaires financiers et
on n’observe pas ce passage d’une orientation banque vers une orientation marché.

Dans son article de 2002, Levine aborde la question un peu différemment. Il met en avant les
différents points de vue et finit par montrer que finalement la question qui fait le titre de son article
n’est pas la question pertinente.
Il expose différent point de vue théorique en 4 grandes approches :

 “Bank-Based view” (Diamond, Rajan, Zingales, Stiglitz)

Dans ce point de vue les banques sont supérieures aux marchés dans la production d’information
(Stiglitz, 1985 avec le problème de passager clandestin  info par les prix de marché). Les banques
permettent aux ménages de s’endetter et de gérer leur risque de liquidité ce qui est donc favorable à
l’investissement et la croissance. De plus il y a une agrégation de l’épargne et réalisation d’économie
d’échelle. Pour finir les banques ont une meilleure capacité à contrôler les entreprises et à les
contraindre à rembourser car elles ont une relation de long terme.

Cependant ce point de vue admet certaines limites, notamment le fameux argument « too big to
fail  ». Il y a aussi des problèmes de collusion entre les banques et les entreprises qu’elles financent
ceci aux détriments des épargnant. Enfin il y a une « exploitation de rente » qui est défavorable à
l’innovation et un obstacle à la concurrence.

 “Market-Based view” (Tirole, Obstfeld, Jensen)

Des marchés dynamiques et profonds incitent les investisseurs à y rechercher des placements car ils
peuvent facilement en tirer profit. De plus il y a un mécanisme de bonne gouvernance sur les
marchés, effet disciplinant des OPA/OPE, avec également la possibilité d’indexer la rémunération des
managers sur la performance des entreprises cotées. Pour finir, les marchés permettent
théoriquement la diversification des risques.
Ici aussi des limites sont mise à l’évidence, en effet la révélation de l’information par les prix de
marché peut réduire l’incitation des investisseurs à rechercher de l’information (évoqué plus haut
Stiglitz). De plus la liquidité du marché peut finalement décourager les entreprises émettrices de
mettre en place un contrôle rigoureux car les investisseurs peuvent se débarrasser facilement de
leurs titres.

 “Financial services view” (Merton, Bodie, Levine) (c’est celle qui va l’intéresser le plus)

Ici ce qui importe n’est pas tant l’orientation « banque » ou « marchés » des systèmes financiers mais
l’existence d’arrangements financiers (contrats financiers) qu’ils soient conclus sur des marchés ou
avec des intermédiaires. L’ensemble de ces arrangements permettent d’améliorer la liquidité et le
partage de l’information, l’exercice du contrôle, et facilite la mobilisation de l’épargne.

 “Legal system view” (La Porta, Lopesde- Silanez, Schleifer, Vishny)

Ce point de vue souligne le rôle du système légal pour promouvoir le développement financier. Car
finance = ensemble de contrats financiers qui requièrent un cadre juridique garantissant leur bonne
exécution. Les systèmes légaux déterminent donc la plus ou moins grande facilité avec laquelle les
contrats financiers peuvent être conclus.

Levine, dans son article, va par la suite tester plusieurs relations  :

 1ère : relie la performance économique (croissance du PIB/tête) à la structure financière


(développement des marchés boursiers/développement des banques)
 2ème : relie la performance économique au développement financier dans son ensemble
(testé deux fois, une fois sans puis une fois avec instrument « variable légale »)
 3ème : fait intervenir ces deux variables explicatives dans la même équation
 4ème : teste l’interaction entre structure financière et niveau de revenu suivant Boyd et Smith
(1998) qui suggèrent que l’orientation banque serait importante à des stades peu avancés du
développement économique et qu’en devenant plus riches, les pays tendraient vers une
orientation marché.
 5ème : fait interagir la structure financière et une variable « légale » (indice du développement
du système légal) suivant l’hypothèse de Rjan et Zingales (1998) selon laquelle les systèmes
orientés banques présenteraient un avantage dans les pays dotés d’un faible système légal.

Résultats :
La structure du système financier n’est pas la variable explicative pertinente, car la distinction des
pays par la structure financière n’aide pas dans l’explication des différences de croissances observées
à long terme.
Les estimations réalisées confortent d’avantage le point de vue « financial services view », car
distinguer les pays selon leur niveau de développement financier aide à expliquer les
différences de croissance économique observées entre les pays. Les pays avec les degrés de
développement financier les plus élevés (calculés à partir du développement bancaire et des
marchés) ont des taux de croissance économiques plus importants.
La composante du développement financier expliquée par des variables légales est positivement
reliée à la croissance de long terme. Cela tend à montrer que le cadre légal influence de manière
significative le développement financier qui lui-même influence la croissance de long terme.

- Déterminants juridiques des systèmes financiers

La Porta, Lopez De Silanes, Schleifer, Vishny (1997) « Legal environment matters for the size and
extent of a country’s capital market »
Tout d’abord le cadre juridique définit le contenu des contrats et les conditions de leur exécution. De
plus la protection accordée aux investisseurs individuels est un déterminant important de la
faisabilité des contrats financiers.
Dans ce cadre :
 Le modèle anglo-saxon des «  common law  » (fondé sur la jurisprudence) favoriserait l’accès
aux financements et notamment aux financements de marchés car il permet des contrats
plus diversifiés, il est adaptable et il protège mieux les intérêts des créditeurs ou des
actionnaires minoritaires
 En revanche, le système «  french civil law  » serait un frein au développement et à
l’enrichissement de relations financières du fait de sa rigidité, moins soucieux des intérêts
particuliers que ceux de l’Etat. Ce modèle inciterait à la concentration du capital et
confèrerait plus de poids aux institutions financières mieux à même de prendre des garanties
et de faire exécuter les contrats.

Il est incontestable que la constitution et le respect d'un État de droit sont un préalable nécessaire au
développement des contrats financiers. A cet égard, la qualité de l'environnement juridique est un
facteur important de croissance (Levine, 1999).

Cependant de nombreuses expériences historiques montrent qu’il n’y a pas de lien évident entre
l’évolution de la finance et celle du droit :

 Au début du XXe siècle, divers pays d'Europe Continentale disposaient de marchés financiers
développés qui se sont ensuite contractés pour faire place à une extension de
l'intermédiation financière, sans que les fondements des systèmes juridiques aient évolué.

 Dans ces mêmes pays on a assisté, au cours de ces 20 dernières années, à un retour des
financements de marchés sans que l'on observe de changements majeurs dans les droits
nationaux.

Donc la « french civil law » n’a pas empêché la profonde transformation de notre système financier.
Un même cadre juridique peut donc s'appliquer à des architectures financières très différentes. C'est
donc qu'il n'est pas un déterminant exclusif ni même décisif en ce domaine.

- D’autres déterminants importants

 La culture (notamment en question de rapport au risque ou l’incertitude), si on est averse au


risque on se dirigera vers une orientation banque
 La religion
 La structure productive (dépendance au financement externe)
 La protection sociale, et régimes de retraites, exemple si retraites par capitalisation alors
besoin plus important des marchés financiers.

3.5. Vous avez dit désintermédiation ?!

Désintermédiation des années 90  : fait référence à une diminution de la part des intermédiaires
financiers, et notamment bancaire, dans le financement de l’économie.

Cette désintermédiation a été vu comme un moteur de la globalisation financière, en réalité ce


serait plutôt une conséquence car cela désigne un phénomène de diminution de
financement intermédié dans le financement des entreprises .

Si on mesure la part des financement intermédié (=somme des crédits et des titres émis par des
entreprises ou APU et achetés par des intermédiaires financiers) dans le total des financements des
ANF = taux d’intermédiation
On constate que cette part est restée stable, aux alentours des 70% en Europe.

Dans beaucoup de pays quand on regarde les FI accordés aux ANF, là où il y a eu baisse de la part du
crédit, cette baisse à été compensée en partie par l’achat de titres de la part des intermédiaires
financiers.
En Europe entre 1994 et 2001 la part des crédits dans les financements externes à
diminuée de 1 points (44%  43%), cette baisse a été compensée par une hausse des
achats de titres des IF (23%  25%).

La baisse des crédits concernait surtout un secteur, les APU ont substitué du financement par
emprunt bancaire par du financement par marché. De plus leur besoin de financement a augmenté,
leur part dans le total des financements externes des ANF a donc augmenté également.

Cependant l’effet de structure (changement dans la composition des FE) est supérieur à l’effet de
variation, donc si on corrige avec l’effet de structure on peut voir que la part du crédit dans le total
des financement externes des ANF est restée stable (car la variation est due majoritairement au
changement de comportement des APU et de l’accroissement de leur part).
Cette désintermédiation a souvent été confondue avec un simple effet de variation boursière.
En réalité le clivage entre l’orientation banque et l’orientation marché est peu discriminant. Quand
on compare les structures de financement par pays, les écarts tiennent bien plus aux modalités de
l’intermédiation elle même, qu’à celles des financements externes dans leur ensemble. Ce qui fait la
différence ce n’est pas la part du financement intermédié, c’est la part des crédits et celles des titres
émis au sein du financement intermédié.

Est-ce que du côté des placements ont observe cette désintermédiation   ?


Là non plus on ne l’observe pas, de même que pour le financement des ANF, le placement des
épargnants reste fortement intermédié avec surtout de l’assurance vie, de la détention de part
d’OPCVM. Au cours des années 90-2000, la part des placements intermédiés est restée à 70% aux
USA, et aux alentours de 80% en Allemagne en France et au RU. Il y a très peu de détention directe
de titres (environ 5% en France, chiffre qui baisse après la crise des subprimes). Le placement
intermédié est plus élevé aux USA.

On a donc évolué vers plus d’intermédiation de marché, ce qui amène à une mixité entre banque et
marché. La complémentarité entre les intermédiaires financiers et les marchés n’a fait que
s’accroître, car les marchés ont apportés de nouvelles sources de revenus aux IF, et les IF ont été
porteur de liquidités pour les marchés.

Toujours plus de marchés, d’intermédiations financiers etc. est-ce toujours bon pour la
croissance ?

4. Finance et croissance

Cette relation entre finance en croissance est à double sens :


 La croissance entraîne la finance
 Mais la finance entraîne la croissance.

Ce débat est ancien, il remonte à des échanges entre Schumpeter et Robinson.

 Pour Schumpeter les institutions financières sont nécessaires à la croissance (pour financer
l’innovation).
 A l’inverse Robinson pense qu’à partir du moment où il y a de la croissance il y aura de la
demande de services financiers.

Les études empiriques commencent à la fin des années 60 avec une étude de Goldsmith (1969), il
cherchait à regarder si il y a une corrélation positive entre finance et croissance. Son étude fait de la
croissance une fonction du développement financier . Il va pour ce faire régresser la croissance
moyenne de 36 pays sur la période 1860-1963 sur une variable de développement financier (le total
des actifs bancaires). Le résultat est significativement positif.

Par la suite beaucoup d’études empiriques vont essayer de sophistiquer ce genre de mesure, en
réfléchissant aux variables de développement financier. En introduisant également des variables de
contrôle, certains vont aussi chercher à faire interagir la variable de développement financier avec la
taille des firmes.
La question de la causalité reste assez présente et soulève beaucoup de débat. La question de savoir
si la corrélation est positive ou négative à également émerger notamment après la crise.

En ce qui concerne le sens de causalité   :


La plupart des études ont regardées cette causalité de la finance vers la croissance et non l’inverse.

La crise a considérablement remué cette littérature, avant la crise cette relation était simple, plus il y
avait de développement financier, plus il y avait de croissance. Après la crise cette relation s’est
complexifiée, un seuil est apparu, à partir duquel la relation entre les deux devient négative, et donc
plus de finance entraine moins de croissance.
Certaines études renseigne sur ce seuil, une étude de Jean Louis Arcand montre alors que ce seuil est
atteint lorsque le ratio crédit/PIB atteint 110%.
Etude de Rousseau sur la période 80-90, il y a bien une relation positive mais si on réplique cela sur la
période 90-2000, elle n’y est plus, car le développement financier a été principalement
quantitatif plutôt que qualitatif.
Chapitre 3 : Instabilité financière
1. La diversité des formes d’instabilité financière
1.1. Un processus historique

L’instabilité financière s’est considérablement accrue dans les années 80. Crise des caisses
d’épargnes aux USA dans ces années la, et le Krack de 1987 qui est interprété comme une crise de
croissance (d’adolescence) des marchés financiers. Car ces années sont des années de
transformation des marchés financiers. Ce Krack n’a pas eu énormément de répercussion sur
l’économie réelle, car la FED est intervenue très rapidement, ce qui la confortée dans le fait qu’elle
est capable de résoudre ce genre de problème. Ce qui n’a pas été le cas en 1929.
 1991-1992 : crise des pays scandinaves
 1992-1993 : crise du système européen
 1997 : crise asiatique
 1998 : crise brésilienne, suivie de la crise russe et argentine.
 bulle internet avec des conséquences relativement limitées sur l’économie réelle (concerne
notamment des start-up, nouvelles technologies) cela plus les attentats du 11 septembre, la
FED craint une récession  baisse des taux. Ceci à favoriser la prise de risque des
investisseurs et des banques (part de responsabilité importante dans la crise financière de
2008).

La recrudescence des crises coïncide avec le vaste mouvement d’expansion des marchés de capitaux.
Il est tentant de relier la montée de l’instabilité financière à la mutation financière. Même si cette
instabilité coïncide avec la mutation, l’histoire montre que les crises ne sont pas un phénomène
nouveau, elles ne sont pas apparues avec la mutation financière.

Ambivalence de la mutation financière   :  Marché plus « complets » mais plus instables et pas
forcément plus efficaces

Charles Kindleberger recense 31 années de crises financières au cours de la période 1720-1987,


touchant l’Europe (en particulier l’Angleterre, la France, les Pays-Bas), puis les Etats-Unis à partir de
1819 (plus de dix crises boursières au cours de la période). Cette période couvre la crise de 1929 (=
crise la plus sévère) qui a débouchée sur la « Grande dépression  » qui elle même débouche sur
WWII.

Cette crise de 1929 a eu de telles conséquences car la FED n’intervient pas suffisamment
rapidement pour essayer de réalimenter les marchés et les banques en liquidité. A cette époque
elle n’a pas su jouer son rôle de prêteur de dernier ressort, cette crise à fait découvrir cette nécessité.
La BC doit intervenir en facilitant le financement des banques, soutenir la valeur des titres qui se sont
effondrés. Mais ceci ne peut pas se faire sans condition (théorie du prêteur de dernier ressort).

En 1987 elle est intervenue rapidement ce qui a permis de limiter les conséquences sur l’économie
réelle.
Kindleberger souligne :
 Vives tensions sur les marchés des changes dans les années 1950-1960 jusqu’à
l’effondrement du système de Bretton Woods en 1973.
 Essor des marchés de capitaux dans ce contexte de vives tensions
 Essor des nouvelles technologies = accélérateur de cette évolution
 Quelques années plus tard krach de 1987, puis crises bancaires, crises de change, … et …
crise des subprimes
 Les systèmes financiers semblent être naturellement exposé à ce risque d’instabilité
financière, elle fait partie du fonctionnement même des systèmes financiers.

Cependant il ne faut pas en déduire une fatalité, l’instabilité est stabilisable (Hyman Minsky).

Ces crises se répètent sans jamais se ressembler vraiment. Cependant il y a toujours des
ingrédients communs comme l‘endettement ou la spéculation. Mais malgré ces points communs
leur conjonction se révèle toujours être inédite.
«  Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel  » il y a toujours un retournement.

Trait commun souligné par Kindleberger : Les crises surviennent dans les phases hautes des cycles
économiques.

A l’origine de chaque crise il y a un boom économique favorisé par une innovation, une découverte,
une nouvelle technologie, qui va entraîner un décollage.
 Par exemple aux USA dans les années 20 application de nouvelles méthodes dans
l’organisation du travail, ce qui précède la crise de 1929.
 En 1987, ce qui précède la crise c’est le développement des NT, et notamment dans les
institutions financières et bancaires.
 Internet précède le krach de 2000.
 Pour 2008, certaines théories évoquent la modélisation, une mathématisation d’évaluation
du risque qui a guidée le comportement des agents.

Fisher rejoint Minsky sur l’idée du boom économique, qui euphorise les agents et favorise les
anticipations de profs et donc aussi les demandes de financement.
Paradoxe de la tranquillité de Minsky  : c’est quand tout va bien et que la période est à l’euphorie que
l’instabilité prend racine. (Euphorie = optimisme sur l’avenir).

1.2. Complexe et polymorphe

Les manifestations de l’instabilité financière sont très variées. On parle d’instabilité financière
lorsqu’il y a :
 Bulles financière, ou krach quand elles éclatent
 Volatilité excessive des prix d’actifs
 Diminution anormale de la liquidité sur un marché (difficulté à la revente)
 Interruptions dans le fonctionnement des systèmes de paiement
 Emballement ou rationnement excessifs du crédit
 Défaillances d’institutions financières
 Volatilité excessive du taux de change
 Etc.

« Tous ces phénomènes peuvent introduire des dysfonctionnements graves dans l’allocation de cette
ressource rare qu’est le capital et perturbent la constellation des signaux sur lesquels les agents
économiques fondent leurs décisions » (Banque de France)
Pourquoi est-ce que ca brouille les signaux ?
Car dans ces périodes le prix est faussé, estimations de profitabilité erronées, distributions des
risques déformées, primes de risques insuffisantes ou excessives.
Ce caractère polymorphe fait de l’instabilité financière un phénomène à plusieurs caractères :
 Difficile à appréhender  : risque d’une appréhension trop étroite

 Difficile à mesurer  : si on mesure à partir de risque individuel on a une vision trop


microéconomique du risque. On sous-estime le risque systémique

 Difficile à prévenir  : si appréhension trop étroite et mesure micro alors prévention nulle

Ces différents facteurs d’instabilité aboutissent à plusieurs types de crises :


- boursières
- bancaires
- de changes

Celles-ci peuvent intervenir conjointement.

Il y a également d’autres types de crises :


- obligataires
- de la dette souveraine
- immobilière

Toutes les crises n’ont pas le même degré de gravité en ce qui concerne :
- les mêmes dimensions (systémique ou non)
- leur coût économique et social
(la dernière en date fut très importante sur ces points).

Mishkin : « Toutes les bulles ne portent pas de risques sur l’économie  » (bonnes et mauvaises
bulles). Il distingue :
 Les bulles qui débouchent sur des conséquences lourdes sur l’éco réelle, sont des bulles
financés par le crédit (accompagné d’un emballement du crédit).
 Les bulles purement spéculatives qui entraînent des effets de richesses (plus de
consommation  soutient à la croissance), ces bulles sont plutôt favorable à l’économie. Si
elles ne sont pas financées, accompagnées, par des excès de crédits, elles ne déboucheront
pas sur de lourdes conséquences sur l’économie réelle.

Pour lui les mauvaises bulles commencent dans le contexte d’euphorie, il rejoint alors Fisher et
Minsky dans ce sens. Une spirale se met en œuvre, plus les agents s’endettent pour acquérir des
actifs plus le prix des actifs augmente, ce qui augmente les collatéraux sur ces actifs etc. Pour se
désendetter les agents vont vendre leurs actifs  déflation  alourdissement de la dette réelle
publique.
1933, Fisher  Déflation theory.
Pour l’autre type de bulle il n’y a pas spirales auto-entretenues entre le prix des actifs et le crédit.
Exemple : bulle internet de la fin des années 1990, crise de 1987 ne sont pas caractérisées par ces
spirales.

Les crises les plus dangereuses sont celles qui sont alimentées par le crédit.
1.3. Instabilité et pro cyclicité

Cette instabilité est étroitement liée à la pro-cyclicité du système financier. L’activité bancaire et
financière est fondamentalement pro-cyclique, c’est ce qui rend la relation croissance-finance
complexe.
Croissance  Expansion du crédit  accélération de la croissance
Récession  Restriction du crédit  recul de la demande et augmentation du nombre de faillites 
approfondissement de la récession.

 Théorie du « cycle du crédit »


Par quoi s’explique cette pro-cyclicité du crédit ?
 En grande partie car le risque de défaut :
 Augmente en période de récession
 Baisse en période de croissance, ce qui détermine l’offre de crédit.

 La valeur du collatéral suit la variation des prix d’actifs.

 Les ratios règlementaires de capital et les normes comptables, les agents ne sont pas
contraint en période de croissance ce qui renforce l’accès de crédit, en phase descendante il
y a contrainte. Pour éviter que cela renforce la pro-cyclicité du crédit il faut adapter ces
réglementations au cycle à l’aide d’un coussin contra-cyclique (augmenter les exigences en
phase ascendante et les diminuer en phase descendante).

Au niveau des normes comptables, on voit une augmentation du levier d’endettement car
les banques enregistrent dans leur bilan les titres à leur valeur de marché. Donc en période
de croissance la valeur augmente, elle augmente leur bilan et leur fonds propres ce qui
alimente le mouvement de hausse des prix d’actifs.

Toutefois, la baisse de la distribution de crédit dans les récessions ne vient pas seulement de la baisse
de l’offre de crédit.
Elle vient aussi de la baisse de la demande de crédit.
Artus (2008) : « il faut pouvoir séparer les effets d’offre et les effets de demande pour pouvoir juger
de la responsabilité des banques.  »

2. Les théories des bulles spéculatives


2.1. Définition et processus

Bulle spéculative = Phénomène d’engouement spéculatif sur un actif souvent financier mais pas
nécessairement (ex : immobilier, devise, etc…)

Toute opération de spéculation sur la hausse d’un prix ne se traduit pas nécessairement par une
bulle spéculative.
Il y a bulle quand :
 on constate une phase d’appréciation durable de la valeur d’un actif, c’est une condition
nécessaire mais non suffisante, car cela peut révéler seulement une hausse de la valeur
fondamentale.
 Il existe un écart de marché progressif entre la valeur de marché et la valeur fondamentale
de l’actif.

La valeur fondamentale d’une action  : valeur actualisée des flux de revenus qui vont être associés à
cette action (il faut une vision claire des profits attendus).
On utilise le mot bulle car la situation peut être représentée par une bulle de savon (l’écart augmente
de plus en plus jusqu'à ce que la bulle éclate).

Épisodes de bulles célèbres :


 Tulipomania  : Bulle sur les tulipes en Hollande (1634-1637)
 Bulle des mers du sud (1720)
 Bulle sur les valeurs des années folles qui a précédé le krach de 1929
 Bulle japonaise  : au maximum de la bulle dans les années 80 la valeur foncière de Tokyo
dépassait celle des USA
 Bulle internet jusqu’en 2000  : forte ascension des valeurs technologiques jusqu’en mars 2000
avant une chute de près de 75% en quelques mois.
 Bulle des subprimes

Lorsque la bulle éclate il peut y avoir une dépréciation durable de l’actif ou même de l’économie . On
reconnaît l’existence d’une bulle uniquement au moment où elle éclate, avant ce moment il est
toujours difficile de le prouver.
Soit la crise se limite au marché touché, alors le krach est relatif, soit elle se généralise à l’ensemble
des marchés on parle de krach global. Dans le cas où elle se généralise à l’ensemble de l’économie on
parle cette fois de crise systémique avec de possible conséquences sur l’économie réelle.

Dans une configuration où tout le monde considère que le prix va augmenter, si les agents sont
rationnels ils vont acheter l’actif et conduire à la bulle. Il est irrationnel de ne pas suivre le
mouvement.
Une bulle spéculative ce n’est pas nécessairement un phénomène irrationnel. Ici on considère que
l’information détenue par les investisseurs est imparfaite , ils continuent malgré ça d’utiliser
toute l’information à leur disposition mais elle est imparfaite. Elle est imparfaite car ils n’ont pas tous
la même capacité et le même accès aux informations. Cette asymétrie peut être l’origine du
comportement mimétique. Même si il identifie une surélévation de la valeur d’une action, si tous les
agents l’achètent il le fera car il en déduira que les autres agents ont des informations qu’il n’a pas
 L’agent qu’on imite est plus informé que soi.
Le gain des agents dépend des décisions de tous les agents (concours de beauté de Keynes). Le
gagnant est celui qui aura pu choisir les 6 plus belles images sur une centaine. Pour gagner il faut
donc choisir les 6 images que l’on pense être préféré par une majorité.
Il vaut mieux avoir tort collectivement contre le marché que tout seul du point de vue des gains.

2.2. Bulles rationnelles, bulles mimétiques, bulles comportementales


2.3. Validation empirique
2.4. Les banques centrales face aux bulles

3. Les théories du surendettement


3.1. La « debt deflation » d’Irving Fisher

Il y a des traits communs qui sont observable entre les crises et qui ont été analysés depuis
longtemps :
 Expansion du crédit
 Augmentation de la dette
 La recherche de rendements élevés
 Prise de risque toujours plus grande
 Inflation des prix d’actifs
 Innovations financières mal maitrisées

Fisher, 1933 : il propose une des premières contributions à la compréhension des crises financières.

Il cherche à montrer comment le cycle d’endettement des agents contribue au cycle des affaires (de
l’activité) et aux crises financières qui ponctuent ces cycles d’activités.
Il veut comprendre les racines de l’instabilité financière et comment ce phénomène s’auto-
entretient. Il va montrer que toute crise est précédée d’un surendettement, puis d’une déflation qui
va émerger d’une volonté de désendettement des agents.
Ce qui amorce la phase ascendante du cycle c’est l’innovation, c’est ce qui va pousser au
surendettement car il aura plus de perspectives de profits.

Des facteurs psychologiques vont accentuer le mouvement initial, il y a de l’euphorie et de


l’optimisme. Or plus les agents s’endettent et plus ils se rendent fragile en cas de retournement
(expliqué par Minsky). De plus d’autres facteurs vont amplifier la phase ascendante, avec la nouvelle
perspective de profit l’offre de financement augmente, la création de monnaie est donc plus
importante  inflation. Or cette inflation pousse encore plus les agents à s’endetter car celle ci
réduit le poids réel de la dette. Par la suite le surendettement va mener à des défaillances
d’emprunteurs qui va amener un signal de baisse des profits, de ce fait les agents vont vouloir se
désendetter. On entre ensuite donc dans la phase descendante du cycle, à ce stade l’offre de
financement se réduit, ce qui amène à de la destruction monétaire  déflation. De la même façon
qu’en phase ascendante ce phénomène monétaire va accentuer la phase descendante. Pour se
désendetter les agents vont liquider dans l’urgence les actifs qu’ils ont en leur possession, ce qui
entretient et accentue la déflation. La déflation au contraire de l’inflation fait augmenter le poids réel
de la dette, ce qui va accroitre le problème du surendettement.
C’est l’effort même des individus pour diminuer le poids de la dette qui l’augmente, car la course à la
liquidation à pour effet de gonfler la valeur de chaque dollars dû.
Dans cette crise on arrive dans une situation compliquée où les banques sont mises en difficulté
(retrait etc.). La BC doit alors tenir son rang de prêteur en dernier ressort.

3.2. L’analyse d’Hyman Minsky

C’est à partir du milieu des années 70 que Minsky remet la théorie de Fisher à l’honneur. Minsky
reprend le même type de schéma que Fisher, mais il va insister sur le mode de financement des
agents. Les économistes orthodoxes de l’époque ne s’intéressent pas à cet aspect.

Il met en évidence 3 modes de financement  :


 Financement couvert (prudent)  : les revenus attendus de l’investissement excèdent la charge
de l’emprunt et l’ensemble des besoins de trésorerie à chaque période.
 Financement spéculatif (plus de risque)  : les revenus attendus de l’investissement couvrent
les intérêts de la dette mais on sera capable de rembourser le capital qu’à un horizon
éloigné.
 Financement Ponzi (du nom d’un spéculateur) qui correspond au mode de financement le
plus imprudent. Caractérise les firmes qui pour rembourser les intérêts de la dette vont
devoir s’endetter de nouveau.
Plus les investisseurs sont confiants, plus ils adoptent un comportement risqué  paradoxe de la
tranquillité. Porté par l’euphorie les agents vont adopter un mode de financement spéculatif plutôt
que prudent. Les faillites une fois la crise éclatée seront donc plus nombreuses si les agents ont
adoptés des modes de financement spéculatif ou Ponzi. La crise financière se développe à partir du
moment où la méfiance se généralise et le besoin de liquidité des agents ne peut plus être satisfait.
C’est le comportement des agents qui entraîne cette instabilité ce qui la rend exogène, intrinsèque.

Claudio Borio : insiste sur le fait que les agents savent comparer les risques à un point donné du
temps, mais sont beaucoup moins en mesure de percevoir l’évolution du risque dans le temps . C’est
la raison pour laquelle en période de boom le risque est perçue comme faible alors même qu’il
s’accroît, et au contraire en récession ils jugent le risque fort alors qu’il est plus faible car il y a moins
d’endettement.

Il met également en avant le défaut de coordination des agents, les solutions qui seraient
souhaitable ne sont pas celles pour lesquelles les agents vont adopter individuellement. Il faudrait
par exemple qu’ils se retiennent de liquider dans la phase descendante mais personne ne le fait.
Il explique également l’ampleur du cycle financier, il n’y a pas de définition consensuel du cycle
financier, ce sont des séquences d’interactions auto-entretenues entre :
- d’un côté la perception du risque
- de l’autre les contraintes financières.

Ces cycles financiers se traduisent par des booms suivis d’effondrement. On les mesure par un
mouvement synchrone de plusieurs variables financières (crédit et prix immobilier). Dans la phase
ascendante forte hausse du crédit par rapport aux revenus des agents, ainsi que des prix d’actifs
financés par cet endettement et du prix des biens immobilier.
Il énonce également que le cycle financier a des mouvements plus amples et plus longs que le cycle
des affaires. Celui des affaires va de 6 à 8 ans tandis que le cycle financier va de 16 à 20 ans. Il faut
essayer de réguler ce cycle financier avec des politiques financières contra-cycliques
 Politiques macro-prudentielles.

4. Le canal de la prise de risque


4.1. L’insuffisante prise en compte du canal du crédit

L’essor des marchés de capitaux et des techniques financières ont entretenu l’illusion que :
- le crédit ne comptait plus dans le financement de l ‘économie
- et il ne peut de toute façon plus constituer un canal important de transmission des chocs, y
compris de la politique monétaire.

Les politiques monétaires ont donc été conduites, dans les pays de systèmes financiers développés,
en tenant pour négligeable le canal du crédit.

Canal du crédit = l’ensemble des répercussions que les variations de taux directeurs peuvent avoir
sur l’offre de crédit.

 Canal strict du crédit bancaire  : le changement de taux directeurs modifie les conditions de
refinancement des banques sur les marchés monétaires et financiers.  Donc aussi leur
capacité à créer de la monnaie, CAD leur production de crédit à l’économie, donc l’I des
entreprises et la C° des ménages.
Le modèle de Bernake et Blinder (1988) montre qu’en réduisant l’accès des banques aux
fonds prêtables, les opérations d’open market limitent l’offre de prêts bancaires.

 Canal large du crédit  : C’est la qualité de la structure du bilan des agents économique qui
entre en jeu, comme dans la théorie de l’accélérateur financier de Bernanke et Getler (1989)
mais en considérant non l’impact d’un choc réel mais celui de la politique monétaire sur la
prime de financement externe.
Une variation des taux d’intérêt affecte la structure des bilans, donc la prime de financement
externe. Une hausse des taux aura alors des effets dépressifs plus importants si les agents
privés sont déjà très endettés.

Tout choc qui améliore la situation financière des emprunteurs réduit leur prime de financement
externe et facilite ainsi la réalisation de leur projet et inversement. En phase ascendante les taux et
les primes exigées diminuent, ce qui a entrainé un endettement, donc un achat plus important de
titres, une hausse de la valeur des titres et donc des collatéraux ce qui entretient cette spirale.
Le canal du crédit s’est introduit dans la littérature dans les années 80, il est présenté comme un des
canaux de la politique monétaire. Avec la désintermédiation financière on a considéré que ce canal
n’était plus pertinent, alors que la crise de 2008 est précédée d’un boom du crédit. Ce canal
appréhende l’activité des banques de manière très étroite, il ne fallait pas l’évacuer aussi vite.

4.2. Du canal du crédit au canal de la prise de risque

Il montre comment le niveau des taux d’intérêts (actions des BC et politiques monétaires) vont
influer la prise de risques des institutions bancaires, sur leurs activités de crédits et de marchés. La
tolérance des agents envers le risque se modifie, en phase ascendante les agents sont plus
tolérants. Le risque est perçue comme faible, hausse du crédit et donc hausse du levier d’actifs
(actifs/fonds propres). Au delà d’un certain seuil ces déséquilibres vont se manifester sous la forme
de chocs, et l’activité économique se détériore.

Certains travaux sur le canal de la prise de risque ont commencés avant la crise de 2008 (ex  : Borio et
Lowe en 2002 ; Rajan en 2005 ; Borio et Zhu en 2009 ; Adrian et Shin en 2007). Ils veulent savoir si
des taux d’intérêts trop bas trop longtemps ne se traduisent pas par une prise de risque
accrue par les banques, ceci met directement en cause la politique monétaire
accommodante du début des années 2000. Nouveau canal de la politique monétaire qui à été
sous estimée et accrue par le nouveau système financier. Accrue également par les normes
comptables, enregistrées les actifs à leur valeur de marché participe à ce processus.

Jiménez, étude appliquée à l’Espagne entre 1984 et 2006  :


Les taux bas à CT réduisent le risque de défaut en diminuant le poids des frais financiers, à MT ça
accroît la valeur des collatéraux et pousse les banques à relâcher leurs conditions d’octroi de crédit
 ceci peut favoriser l’instabilité financière car des crédit sont accordés alors qu’ils ne devraient pas
l’être.

Gambacorta, 2009  :
600 banques cotées oeuvrant en zone euro et aux Etats-Unis (2007- 2008). Cette étude montre que
les risques bancaires sont positivement corrélés avec le niveau insuffisant des taux d’intérêt.
Altunbas, Gambacorta et Marqués- Ibáñez , 2010, 1100 banques dans 16 pays entre 1998 et
2006
Une politique monétaire accommodante réduit à CT les risques de crédit en portefeuille et incite les
banques à prendre d’avantage de risque.

5. Le canal des variations de prix d’actifs

Pendant la crise financière de 2008, la contagion s’est propagée par le canal des variations de prix
d’actifs pour les banques d’investissement ou les banques ayant une activité de banque
d’investissement.
Les bilans des banques d’investissement sont valorisés en valeur de marché, elles gèrent activement
leur bilan. Elles ont un levier cible (actifs / fonds propres = 10% par exemple) et réagissent
quotidiennement aux variations de prix. Prenons par exemple une hausse du prix d’actifs de 100 à
101, les fonds propres passent alors de 10 à 11. Nouveau levier : 101/11 = 9,18.
Or le levier cible est 10, donc elle va acheter d’autres titres pour atteindre cette cible :
(101 + X)/11 = 10  X = 9. Elle s’endette donc de 9 supplémentaire et sa dette passe de 90 à 99.
Si toutes les banques agissent de cette manière, il y aura une hausse du prix des actifs et il y aura
donc création d’un cercle vicieux auto-entretenu. Ce phénomène fonctionne également dans le sens
inverse (baisse du prix d’actifs de 1).
Ce phénomène illustre ce qui s’est produit lors de la crise de 2008.

6. La crise des subprimes


Chapitre 4 : Régulation financière

1. Les justifications de l’intervention publique dans le secteur bancaire et financier

1.1. Les défaillances de marché  : asymétries d’information et externalités

3 sources de défaillances de marchés  :


 Le monopole naturel  : ce n’est pas la justification qui ressort le plus dans les travaux
économiques. On peut considérer que l’industrie bancaire, par une technologie de
production assez spéciale, avec des coûts fixes important (auparavant les coûts de guichet,
désormais les dépenses en réseaux informatiques). Pour autant on a pas de preuves
suffisantes pour dire que le système bancaire est caractérisé par des rendements croissants
et donc d’affirmer que c’est un monopole naturel.

 Les asymétries d’informations  : les banques les prennent en charge mais elles ne
disparaissent pas. On les retrouve dans les relations entre la banque et ses déposants. Les
déposants n’ont pas la possibilité de vérifier la gestion des risques de la banque, la
diversification etc. La protection des déposants et une des justifications forte de la
réglementation bancaire, de l’encadrement par les pouvoirs publics.

 Externalités ou bien collectifs  : quand une banque fait faillite le coût social de la faillite est
très supérieur au coût privé car cela interrompt un nombre de services indispensables au bon
fonctionnement de l’économie. C’est l’ensemble de la collectivité qui en pâtie. De plus les
faillites bancaires reste peu longtemps un problème local, il se répand. Il faut donc un
encadrement des services publics pour prévenir ces faillites. Il faut d’autant plus faire
attention aux banques systémiques (qui ont les risques de contagion les plus importants).
Mais il faut les superviser sans pour autant leur assurer un sauvetage certain. Car éloigner
l’idée de la faillite dans une banque entraîne un aléa moral (c’est ce qui était le cas
auparavant : to big to fail). Si la faillite n’est plus une sanction envisageable on s’expose à un
gros problème d’aléa moral.

Il faut donc réglementer les banques :


 Pour protéger les déposants  : supervision microprudentielle, on impose des règles de gestion
prudente par le biais des fonds propres, d’obligation de liquidité etc.

 Pour éviter les crises systémiques  : il faut limiter la pro-cyclicité du système bancaire. Action
macroprudentielle.

Avant la crise il y avait essentiellement de microprudentielle et très peu de macroprudentielle.

1.2. La réglementation : substitut ou complément du marché défaillant ?

Ces justifications mettent l’accent sur deux choses : asymétries et externalités. Et c’est dans cette
perspective de pallier les défaillances du marché que les premiers cadres de réglementation bancaire
ont été mis en place dans les années 30 aux USA (Banking Act, 1933) et dans les années d ’après
guerre en Europe. Cette perspective présente deux inconvénients :
 Si la réglementation est conçue comme un substitut au marché défaillant elle se présente
comme un mode de régulation alternatif et omniscient, or aucun mode de régulation n’est
omniscient.
 De plus elle néglige une dimension fondamentale de la réglementation, celle émanant des
firmes elles-mêmes et la réaction de ces dernières à la réglementation.

« Lorsqu’il s’agit de comparer et de choisir entre différentes formes d’organisations sociales nous
devons tenir compte de l’ensemble de leurs effets ». (R. Coase, « Le problème du coût social »,
1960).
Coase souligne le fait qu’il faut évaluer correctement les défaillances mais également la
réglementation qui est le remède à cette défaillance (coûts et avantages).
Il existe différents coûts à la réglementation  :
 Coûts directs = coûts de fonctionnement en termes d’infrastructures, d’équipements et de
personnel.
 Coûts indirects = qui sont liés à de possibles effets pervers.
 Coût d’opportunité = car les fonds utilisés pour la réglementation pourraient être utilisés à
d’autres fins collectives.

Ces coûts ne remettent pas en cause l’intervention, mais il faut rechercher des modalités efficaces et
trouver le bon équilibre entre l’intervention, la discipline de marché et le contrôle interne. Avant la
crise on comptait beaucoup sur la discipline de marché.

2. Politique microprudentielle
2.1. Objectifs

Les modalités de l’intervention publique ont largement évoluée suite à la transformation financière.
L’objectif dans les années 80 était celle que la réglementation se substitue au marché défaillant en
administrant les prix (taux créditeurs versés aux déposants, taux débiteurs dus par les emprunteurs,
commissions), ainsi que les volumes (encadrement du crédit, contrôle des changes).
Le démentiellement de ce type de contrôle a laissé un vide, qui à été progressivement comblé par
une réglementation dite prudentielle et plus particulièrement microprudentielle. Elles se mettent en
place dans la fin des années 80, aujourd’hui on sait que ces règles prudentielles ne suffisent pas, il
faut remettre en place des règles structurelles ce qui n’est pas le cas.

La supervision prudentielle mise en place à pour but d’emmener les comportements des institutions
à plus de prudence, tout en laissant jouer les mécanismes de marchés, et en veillant particulièrement
au maintien de conditions équitables et loyales de concurrence (level playing field ).
Ce phénomène de réglementation-déréglementation illustre bien la libéralisation financière au cours
du temps : réglementation  déréglementation  re-réglementation (prudentielle).

2.2. Instruments

Cette re-réglementation à pour principal instrument le ratio de fonds propres, car ces derniers
constituent une « éponge à risque » dès lors qu’ils sont suffisamment proportionnés aux
engagements risqués. Image que « les fonds propres sont à la gestion des risques ce que l’aspirine est
à la médecine  ».
En 1988, premier ratio de fonds propres avec l’accord du Comité de Bâle : RATIO COOKE, ce comité
réunis les régulateurs bancaires des principaux pays développés. Il émet par ses accords des
recommandations, une recommandation devient une réglementation quand elle est transposée dans
les droits d’un pays signataire. Le ratio Cooke a été adopté peu après par l’ensemble des pays.
Mis en place pour renforcer la solvabilité bancaire, en obligeant les banques à proportionner leurs
fonds propres à hauteur de 8% de leurs engagements risqués (crédits). Il faut que le ratio (FP/Crédits
pondérés par les risques) > ou égal à 8%.

Comité de Bâle a été crée en 1974 (par les Banques centrales du G10, suite aux faillites de la Banque
allemande Herstatt en juin 1974, suivie en octobre par celle de la Franklin National Bank aux Etats-
Unis).

Comité de Bâle placé sous l’égide de la Banque des règlements internationaux (BRI).

En dépit de son rôle devenu important, cette institution n’a aucun pouvoir officiel de réglementation.
Les standards qu’elle définit sont des recommandations qui peuvent ensuite être reprises (ou non)
dans les réglementations nationales.

 Il aura donc fallu 14 ans pour le premier accord.

Fonds propres = une « ressource » provenant des actions émises et des réserves. Les réserves font
parties des fonds propres mais les fonds propres ne se réduisent pas aux réserves.

Les fonds propres ne sont donc pas des sommes immobilisées. Les banques les «  investissent »
comme elles l’entendent.

Fonds propres = ressource non remboursable, permettant d’absorber les pertes.

Fonds propres = « éponge ».

Différentes «  variétés  » de fonds propres, les vrais («  core equity  ») et les autres.

 Vrais fonds propres = actions + réserves


 Autres « fonds propres »= titres hybride, FRBG, participations.

La part des fonds propres avait dangereusement baissé au bilan des banques dans les années 1980.

 Bien que nécessaires, les garanties publiques explicites (GDD) et implicites (renflouement par
les pouvoirs publics, « bail-out ») ont eu pour effet de rassurer les investisseurs et de réduire
leurs exigences de rendement (cf. Admati & Hellwig, 2013) :
 La dette coûte moins cher aux banques qu’aux entreprises non financières.
 La dette bancaire est subventionnée par les pouvoirs publics + déductibilité des
intérêts d’emprunts

 Résultat : la part de la dette s’est accrue au bilan des banques et celles des FP a
fondu (de 20 à 30% au début du XXème à 6-8% dans les années 1980)

Avec le ratio Cooke (1988) le Comité de Bâle pense avoir trouvé un remède à l’érosion des fonds
propres au bilan des banques mais fait face à trois types de problème :

 La définition des fonds propres, les vrais fonds propres correspondent aux actions émises
ajouté des bénéfices mis en réserve, or d’autres éléments ont été ajoutés à cette définition.
 Les superviseurs nationaux ne s’entendent pas sur une définition homogène des FP
Résultat de cette divergence : seulement 2% de fonds propres de base exigés pour satisfaire
au ratio de 8%.

 Comment mesurer le risque des crédits  ?  le Comité dans ce premier accord a une mesure
assez frustre des risques, il rapporte le risque à la nature juridique de l’emprunteur (si crédits
à une PME considéré comme risqué, si crédits à un Etat de l’OCDE considéré comme non
risqué). Cette mesure du risque est insatisfaisante.  Poids du risque mal mesurés, trop peu
sensibles aux risques des actifs.

 La mise en place se fait en 1989 : or dès les années 80 les activités de marchés des banques
les exposent à des risques de marchés et pas seulement à des risques de crédits or le ratio de
fonds propre n’est définit que sur le risque de crédit. Les banques avec l’évolution de la
technologie sont également soumissent aux risques opérationnels. Ce ratio est donc à sa
mise en place déjà obsolète car il ne couvre que le risque de crédits, l’assiette de risque de ce
ratio est trop restreint.

Une réforme du ratio de Cooke est donc préparée par le Comité, on passe de Bâle 1 à Bâle 2 (signé
en 2003 mais entre en application en 2007). Dans ce nouvel accord il y a une volonté d’élargir
l’assiette du risque (ajouté le risque de marché, et le risque opérationnel).
+ Les banques parviennent à convaincre le régulateur de les autoriser à utiliser leurs modèles
internes d’évaluation des risques (modèles VaR).

Avec Bâle 2 le ratio devient FP/RWA > 8%.


Résultat : Les banques vont profiter de leurs modèles pour optimiser les pondérations de façons à
faire baisser le RWA et ainsi économiser des FP.

Arrivé à Bâle 2 le ratio de FP devient FP/RWA (risk rated assest) qui comprend le risque de crédit, le
risque de marché et le risque opérationnel.
Le poids de ces risques est calculé de deux manières :
- par une approche externe des régulateurs
- par une approche avancée (nouveauté Bâle 2) qui autorise les banques à utiliser leur modèle
interne pour mesurer le risque. Ce ratio doit toujours être à hauteur de 8%.

Les 3 piliers de Bâle 2 :

Pilier 1 : Exigences minimales de fonds propres

- 3 catégories de risques : risque de crédit ; risque opérationnel ; risques de marché


- 2 types d’approches : approche standard (notations externes) ; approches avancées
(notations et modèles internes)

Pilier 2 : Surveillance prudentielle : Processus d’examen individuel par le contrôleur : il est prévu une
possibilité pour les autorités d’augmenter les exigences de FP si elles l’estiment nécessaire.

Pilier 3 : Discipline de marché : Exigences de communication financière : vise à développer la


communication d’information allant des banques vers le régulateur (« reporting ») et des banques
vers les investisseurs (« disclosure »).
Les modèles internes des banques sont extrêmement hétérogènes, variant du simple au triple voir
quadruple pour des mêmes actifs. Si on compare le ratio pondéré, à un ratio simple sans pondération
de risques (sur simplement les actifs) il y a des écarts énormes car les actifs finement pondérés ne
représentent qu’une faible fraction de l’actif total : 30 à 50% selon les groupes et selon les pays.
Exemple : fin 2011, au bilan de la Deutsche Bank, les 55 milliards de fonds propres représentaient
14% des actifs pondérés par les risques de la banque (381 milliards)  FP/RWA, mais seulement
2,5% de l’actif total (2200 milliards)  FP/A. On peut alors calculer le ratio RWA/A = 17%, ce qui
signifie que la Deutsch Bank pense que seulement 17% de ces actifs sont risqués et nécessite un
recouvrement de FP  optimisation du modèle interne de mesure du risque. Cet exemple illustre le
comportement de la majorité des grandes banques européennes.

Bâle 2 est à peine entré en application que la crise a obligé à accélérer le processus Bâlois pour
mettre en place Bâle 3.

Bâle 3, le G20 demande en 2009 un accord et l’accord est signé en 2010 et en 2013 il rentre en
application. Difficulté à « innover » dans le domaine prudentiel car coûts immédiats et lourds et
bénéfices à beaucoup plus long terme et difficile à évaluer.
Les accords de Bâle 3 : il y a plus de vrai fonds propres exigés avec au sein des 8% qu’il y ait 4% à
partir de 2014 de vrai fonds propres puis 4,5% à partir de 2015 et 7% à partir de 2019 (à partir de
2014 pour l’UE). En plus de cette amélioration en qualité, il y a une amélioration en quantité de
fonds propres (coussin de conservation supplémentaire de 2,5%). Il y a un petit ratio de levier
(FP/Actif) qui est exigé > 3% et c’est en test de 2014 à 2017. Il y a beaucoup de résistance face à ce
maintient de se ratio de levier et encore plus quant à une éventuelle augmentation du ratio de levier.
Mettre en place un ratio de levier consiste à demander un niveau de fonds propre qui ne prend pas
du tout en compte le risque, mais le ratio pondéré par le risque ouvre la porte à l’optimisation et à
la manipulation de la pondération. Les américains préfèrent un ratio de levier et les européens eux
plutôt la pondération.
Bâle 3 prévoit deux ratios de liquidité :
- un de court terme pour que les banques puissent faire face à une crise de liquidité d’un mois
- et un ratio plus structurel le NSFR qui vise à faire que les ressources des banques à leur actif
soient plus stable et bien proportionné à la maturité des actifs des banques.

Les dépôts sont considérés comme assez stable car il y a un mouvement permanent d’entrée et de
sortie de dépôts. Les banques ont fortement critiqué ces ratios en disant que ces ratios les
empêcherait de transformer des dépôts en crédits or le NSFR n’empêche pas cela mais il empêche
que des ressources de marchés de court terme soit des ressources sur la base desquelles les banques
détiennent des créances de moyen long terme. Le ratio LCR de court terme a été redéfinie en 2014
car les actifs liquides de haute qualité définit comme nominateur du ratio étaient constitués de dette
souveraine or avec la crise ces actifs sont devenus risqués donc l’assiette des actifs de haute qualité a
été augmenté, de plus le ratio de 60% est augmenté chaque année de 10% pour atteindre 100% en
2019.
Dans la Bâle 3 il y a un également un peu de macroprudentiel, mise en place d’un cousin de
conservation contra-cyclique pouvant varier entre 0 et 2,5% à la discrétion du régulateur,
notamment en cas d’emballer du ratio crédit/PIB. Ce qui peut porter le ratio de FP à 13%.
Existence d’une surcharge pour les établissements systémiques, une surcharge pouvant aller jusqu'à
3,5%. En Europe les accords ont été transposés en ajoutant un coussin systémique portant sur tous
les établissements qui peut aller jusqu’à 2,5% ce qui porterait au maximum le ratio de FP à 18%. Le
niveau le plus courant se situe entre 10% et 13%.
Les USA ont tardé à transposer Bâle 3 car ils avaient déjà Dodd-Franck, qui est plus exigeant que Bâle
3.
2.3. Remise en cause du prudentiel : les règles de séparation

Il faut des exigences structurelles pour compléter le prudentielle. Mais les seules envisagées sont
celle de séparations des activités bancaires, mais elles sont très soft. Aux USA, au RU, dans l’UE, puis
en France ont été formulées différentes propositions de « séparation » des activités bancaires :
 Règles Volcker aux USA (Dodd-Frank Act de 2010) : Les règles Volcker limitent les possibilités
d’investissement des banques dans les hedge funds et dans les fonds de private equity (à
moins de 3% de leurs fonds propres au sens de tier 1) et le trading pour compte propre
(achat spéculatif des banques pour elles mêmes).
 Rapport Vickers au RU (2011) : Le rapport Vickers recommande de mettre la banque de détail
à l’abri des activités de marché.
 Rapport Liikanen pour l’UE (septembre 2012) : Le rapport Liikanen préfère cantonner le «
lion » plutôt que la « gazelle » !
 Titre 1 du projet de loi de réforme bancaire en France (décembre 2012) : La loi française de
séparation et de régulation des activités bancaires propose d’isoler séparation des activités «
utiles au financement de l’économie » de celles jugées spéculatives.

Aux USA il y a eu séparation en 1933 entre banque de dépôt et banque d’investissement, cela
conduit au développement d’intermédiaire financier moins réglementé et donc exposer le système
financier à un plus grand risque.

3. Politique macroprudentielle
3.1. Pas de macroprudentielle avant la crise

Avant la crise la stabilité financière était du ressort des autorités de supervision  exigences
microprudentielle. On cherchait à couvrir le risque individuel. On a pris conscience avec la crise qu’il
faut prévenir le risque systémique qui passe par une action contra-cyclique (pour le prévenir dans le
temps) et par une action sur les établissements systémiques en étant plus stricts à leur égard.
Les autorités se concentrait sur la stabilité monétaire ce qui à favoriser l’instabilité financière.
Aujourd’hui il faut prendre en compte les effets des politiques monétaires sur le système financier et
sur son instabilité.

3.2. La place du macroprudentiel entre microprudentiel et politique monétaire


3.3. Objectifs et instruments du macroprudentiel
3.4. Organisation institutionnelle du macroprudentiel
4. Les dispositifs nationaux de supervision : un « patchwork »
4.1. Trois grands modèles types de supervision
4.2. La proximité nécessaire entre BC et superviseur
4.3. L’union bancaire en Europe

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