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Déjà paru de l’auteur :

Le foulard islamique (roman)

La parfaite secrétaire (autobiographie professionnelle)

Le cri des mouettes (nouvelles)

Le frérot (théâtre)

Mal d’aimer (poésie multilingue)

Temps de femmes (poésie en français)

J’aime la vie (poésie multilingue)

Poésie en arabe :

Nabadates

Zamanou annissae

Al hobbo ale majenoun

Kachafetou asserarak
La veste en jean rouge

Dans ma penderie, il y a une veste en jean rouge. C’est un caprice que je me suis permise l’autre jour
malgré le prix plutôt élevé. J’ai horreur de réfléchir aux chiffres de tout genre bien que je suis
scientifique ainsi que le montre mon diplôme de baccalauréat.

Il aurait très bien pu indiquer « rêveuse » et j’en aurais été ravie. Dans ces temps d’éveil à la
démocratie, je ferai des efforts pour modifier un tas de choses.

Quelques heures plus tard, je suis à mon bureau de super assistante avec des ondes rouges qui
émanent du corps et de la tête. Oui, j’ai aussi mis un châle rouge. Mes lecteurs pensent que je dois
ressembler à un coquelicot en ce début de printemps. La comparaison est loin de me déplaire.

Je demande à une collègue et amie adorable de me prendre en photo avec mon téléphone.
Intéressante invention des temps modernes qui permet de prendre les photos d’une tenue neuve et
élégante.

Je ne me lasse pas de me regarder. Les personnes âgées disent qu’il ne faut pas se regarder trop
souvent pour éviter de prendre un coup de achak, un djinn amoureux. J’ai l’habitude de prêter l’oreille
aux personnes âgées pour n’en faire qu’à ma tête.

Comme une illumination. Cela vient. Un courant magnétique printanier me révèle une vérité.

Aujourd’hui, j’ai décidé de vivre. Pour moi.

Demain aussi et après demain. Vivre au maximum.

Vivre sans plus attendre quoi que ce soit.

Je n’attends plus rien et même si j’attendais quelque heureux événement, faire des confidences sur
un ouvrage imprimé comme les autres à compte d’auteur serait un scandale.

Scandale ? Après mon recueil de poésie en arable Al 7obbou ale majenoune, l’amour fou, je me
demande s’il reste un scandale. Ne me dites pas que vous ne l’avez pas lu. Vous ne savez pas ce que
vous ratez.

Laissons mes écrits de côtés. Si vous êtes femmes, vous saurez bien que j’écris souvent pour les
femmes. Si vous êtes femmes, achetez-vous une veste en jean rouge. Vous aurez la même envie que
j’ai en ce moment de dévorer la vie. De n’épargner aucun moment pour être heureuse.

Le bonheur, le chercher, le trouver, le conserver, évidemment c’est un art.

Je vous l’ai dit l’autre 26 mars 2011 à la salle Kobbah de l’Hôtel Minzah quand j’ai décidé de commencer
mon récital avec dix personnes dans la salle. La prochaine fois, il faut être à l’heure. Pour être à l’heure,
il faut venir d’abords.

Sinon, je ne vais plus vous parler des secrets de bonheur et j’en connais un tas.
Donc, leçon numéro un, une veste rouge dans la penderie, mesdames. Le châle je sais que vous ne
l’acceptez pas toutes sur la tête. Toutefois, autour du cou, soyeux qu’il soit d’origine ou d’imitation, il
vous ira comme un gant. Même si, je n’aime pas du tout les gants. Des fois, vraiment, la langue
française nous attire dans des guet-apens très sorciers.

Un collègue parle au téléphone. Pour une raison que j’ignore, il crie très fort. Comme il est un
amoureux de printemps comme moi, je lui pardonne du fond du cœur. Il a coupé avec une scie le fil
de mes idées. Pour peu, il allait me faire perdre mon entrée en matière.

Mesdames, si vous vous réveillez un matin avec le morale au dessous du zéro, si vous êtes tout
simplement fatiguées des responsabilités de la vie et que les hommes ne viennent pas me dire qu’ils
ont en autant parce que ce n’est pas vrai. Portez du rouge. Vif. Criard. Il n’y aucune contre indication.

Maintenant, messieurs. Je sais que vous êtes là et que vous lisez en cachette ce que j’écris même si
vous faites semblant du contraire. Offrez à vos compagnes des vestes rouges. Elles en seront ravies
surtout après avoir lu ce chapitre de ma décision de vivre sans retour. Ne me parlez pas de la crise, je
vous en prie. Je sais que les hommes sont tenaces. Donc, si vous insistez pour parler de crise, achetez
en solde.

Les hommes disent que je ne les aime pas. Bon, enfin, je ne peux pas les aimer tous. C’est une évidence.
Ceux que je n’aime pas sont pourtant peu. Cela dit j’aspire à les voir sous un meilleur jour. J’aimerais
qu’ils connaissent la plénitude du partage et de l’offre. Je sais bien qu’ils n’ont pas été éduqués à ces
valeurs. Ce n’est pas une raison pour ne pas faire des efforts tous pour conclure à une société meilleure
sur tous les plans.

Je ne suis pas sortie manifester le 20 février. Pourquoi ? C’est une longue histoire.

Je manifeste maintenant avec ma décision de vivre.

J’ai décidé de vivre. Et vous avec moi.


La noix de coco

L’heure est à 18h46.

L’amie adorable qui m’a prise en photo le jour de la veste en jean rouge m’attend. Nous allons partir
comme deux grandes filles faire les magasins de mobilier.

Nous sommes contentes de quitter le bureau après plusieurs heures de travail égayé par des blagues
et des anecdotes.

Dans ces bureaux du boulevard Pasteur, il fait bon passer sa journée ouvrable dans une ambiance
amicale.

La rue nous attend. Avec son bruit et son excitation.

J’ai en tête une liste d’articles dont je dois voir la qualité avant de m’engager à acheter quoi que ce
soit. Sage habitude de consommateur salarié décidé à mettre ses sous là où il faut.

La rue de Mexique est pleine de monde. Des jeunes, des moins jeunes, des femmes, des hommes, avec
des habits de toutes les couleurs. La mondialisation et l’arrivée des marchandises chinoises dans de
nombreux marchés ont fait le bonheur des citoyens.

Les mauvaises langues disent que les articles chinois manquent de qualité. Les chinois disent qu’ils
fabriquent de la qualité aussi parallèlement à la camelote. Moi je dis que je veux un article qui me
plaise qu’il soit chinois ou américain. Je compte mes billets. Non, américain serait plutôt cher. Donc,
j’opte pour marocain. Oui, marocain.

Made in mon pays peut s’avérer très intéressant. Des fois. Une fois n’est pas coutume.

La Clio gris métal est stationnée dans la rue de Murillo encombrée de voitures. Trouver son chemin
entre les gens et les voiture, est facile. Nous parlons de chiisme, conversation entamée au bureau.

Ce 12 avril 2011, le printemps des peuples arabes souffle sur nous. Chacun a le droit de dire son mot
et tout le monde doit être écouté et aucunement exclu. Belle attitude à adopter pour deux dames qui
partent voir les magasins.

Allez, nous avons assez évoqué la politique. Parlons plutôt des chansons à la mode, des couleurs idéales
pour les couettes, des endroits où nous nous dirigeons. D’abords, il faut mettre la Clio dans un lieu sûr
idéalement proche du domicile.

Je ne conduis plus. Pour des raisons que je vous expliquerai un jour si l’envie est là. Je suis donc assise
au siège passager droit à rêvasser comme d’habitude. L’heure d’été commence à me plaire. Nous
terminons notre journée et il fait grand jour. C’est très agréable !

Normalement mon amie met la radio Sawa. Aujourd’hui, c’est plutôt silencieux. Nous meublons tout
de même le silence avec nos propos éparpillés et nous sautons du coq à l’âne. J’aime bien parler avec
des personnes positives qui ne donnent pas la migraine.
Je suis en train de développer une allergie au stress qui me fait fuir les têtes de morts. La vie est courte.
Il faut la traverser gai et léger comme une plume.

J’ai été surprise l’année dernière en lisant le Coran, pour la nième fois, de voir combien de fois Dieu
nous demande de ne pas nous attrister et de ne pas avoir peur.

Pourtant la tristesse et la peur habitent les cœurs.

Dans les nôtres, ce mardi, il y a de la joie avec quelques frustrations inachevées au goût de miel. Mon
amie gare sa voiture près de sa maison et nous revenons vers la place Médina à pieds. La place Médina
vous allez la voir souvent apparaître dans mon livre. C’est mon Time Square à moi avec les enfants qui
jouent, ceux qui sortent de la mission française et ceux plus grands qui viennent à l’école privée de la
rue Gibraltar.

En longeant la rue, nous prenons le plaisir de marcher sur le pavé récemment installé. Dans les jardins
avoisinants les fleurs ont plié bagage. Il est difficile d’entretenir les fleurs avec le chergui très fréquent.

Nous ne tardons pas à arriver au premier magasin. Une visite rapide des lieux nous montre qu’il n’a
pas ce qui m’intéresse. On dirait que la crise est arrivée ici. Les étalages ne sont guère intéressants.

Nous entamons la rue du Prince Héritier et nous nous faufilons entre les passants nombreux.

Dans un coin, un marchand ambulant présente un étalage de morceaux de fruits exotiques. Mon amie
m’a dépassée. Je reste à regarder l’étalage avec intérêt. Il y a des morceaux de noix de coco, d’ananas
et même de kiwis.

J’ai toujours eu envie de goûter à la noix de coco naturelle. A Tanger, je la trouve rarement
dernièrement. Ce sont ces mêmes morceaux qui m’ont attirée de longues années durant sur la rue de
Fès la plupart du temps.

Je les voyais des fois. Seulement, je n’étais pas habituée à acheter des morceaux de fruits dans la rue
même quand l’envie me prenait.

Cela c’est du passé.

L’année dernière, un soir d’hiver, j’ai acheté un morceau de tarte tangéroise « caliente » (gâteau
traditionnel Tangérois à la farine de pois chiche mélangé à de l’eau et du sel). J’ai levé le drapeau, je
fais ce que je veux.

Maintenant, c’est le printemps des peuples arabes. J’ai déjà demandé le prix de la tranche de noix de
coco assez fine. Un prix modeste de un dirham est annoncé. J’en prends deux.

En un instant, je me retrouve avec deux morceaux que je dois déguster en pleine rue.

Je trouve cela naturel puisque j’ai déjà décidé de vivre.

Je goûte le fruit. Il a l’air congelé et j’ai du mal à lui trouver une saveur.

Lorsque je décide de vivre, il se peut que je tombe sur un fruit qui n’a pas de saveur.

Cela rentre dans le fait de vivre.


Les autres

Le café Savoye se situe à la place Médina de Tanger.

Je suis attablée devant mon légendaire thé à la menthe avec une très agréable compagnie, une femme
cultivée et artiste comme il y en a bien peu à Tanger ou ailleurs.

Le nom du café, je le cite pour la deuxième fois dans mes écrits. Il va falloir que le gérant me dresse
une statue à l’intérieur de l’établissement parce que je suis en train de faire sa publicité et sa gloire.

Je suis d’humeur bavarde. Nous papotons agréablement en parlant de mon travail et de la vie en
général. Une autre artiste se joint à nous. Notre bavardage continue de plus belle.

J’aime le bavardage entre femmes qui ne se connaissent pas. Il est spontané et gai. Une femme absente
atterrit dans notre conversation. Elle est venue habiter à Tanger, seule.

Et alors ? Dis-je.

On me répond : la société.

Un bonhomme du nom de Sartres a dit pas mal de vilaines expressions dont « l’enfer c’est les autres ».

Moi, je répète une expression qui ne me semble pas vilaine, c’est, les autres, c’est nous, c’est vous,
c’est moi. La société n’existe pas dans le sens négatif.

Philosophons un peu puisque le livre ne fait que commencer et ensemble nous allons faire du chemin.
Un long chemin.

Un sociologue a été pris pour cible par mon humour pointu dans la comédie de Nour alias le foulard
islamique qu’on n’a pas voulu appeler islamique et qu’on a appelé autre chose alors qu’il est ce qu’il
est. Il m’a été volé par la suite. Alerte aux voleurs !

J’ai une chanson sur les voleurs. Ceux qui volent les tableaux accrochés au mur bien avant que l’idée
de mon exposition ne murissent dans ma tête. Si vous avez envie de chanter, je pourrais peut être vous
la céder contre des droits d’auteur exorbitants. Vous imaginez ? Vous pourriez participer à Studio 2M
et gagner le gros lot. La célébrité est à un pas.

Les autres ?

Nous plutôt. L’échange, la pluralité et la diversité font toute la différence. De l’entente, du partage et
de la tolérance.

Ce sont là des épices qui manquent à notre tagine culturel pourtant délicieux. Vous ne voyez pas
Chehiwates de Choumicha ? Vous devriez. Surtout vous messieurs. Je ne répéterais jamais assez que
les hommes doivent savoir cuisiner et cuisiner quand l’occasion se présente.

Je prends ma télécommande un samedi soir. Je passe par nos chères chaînes marocaines que nous
regardons tous de temps en temps sans cesser de les critiquer.
L’horloge marque quinze minutes après vingt et une heures. Sur la Une, il y a un film marocain. J’ai un
faible pour ceux-là surtout ceux teintés d’humour. L’humour marocain, il n’y a pas mieux et ne me
dites pas le contraire.

Sur 2M, la soirée avec les fanfares et toute l’animation nécessaire accompagné de bruit que mes
pauvres tympans ne peuvent supporter à cette heure-là.

Sur Assadissa, des chants religieux très beaux pour ceux qui souhaitent une soirée mystique qui se
termine assez tôt.

La diversité et la tolérance.

Une devise. Une identité à préserver avec précaution.

Je cours après mon esprit qui galope comme les moutons de la Panthère rose et je reviens à mon siège
du café pour me rappeler que j’ai décidé de vivre.

J’ai décidé de vivre avec les autres, au milieu des autres, en étant moi-même. Sans masque. Surtout
pas de masque de plantes ni de légumes parce que j’ai l’impression d’être une soupe.

Hoda Saâd chante dans mon oreille qu’elle ne voulait pas l’aimer. Je murmure au fond de moi, moi non
plus. Quand Cupidon frappe ma jolie, il n’y a plus rien à faire.

Le printemps est là et je sens les gens proches. Les autres.

Ceux qui comme moi, existent. Aspirent à accomplir des rêves. Ceux qui peut être n’ont plus de rêve
tout en ayant une rage de vivre aigue.

Je me reconnais dans ces personnes qui bougent avec des idéaux peut être bien différents. Je sais
qu’elles convergent toutes vers la même soif de paix et de prospérité.

Le café est loin. Les deux femmes sont rentrées chez elles. La statue n’a pas encore été préparée. Je
pense que cela ne va pas tarder.

Mes pas retentissent sur le pavé.

Aujourd’hui, j’ai marqué un point sur Sartres. C’est normal, puisque j’ai atteint mon âge de raison.

Elle est belle la vie avec les autres.

Elle est belle ma vie et j’aime les autres.


L’admirateur

La matinée est belle ce 12 avril 2011. Elle donne envie de travailler aux amoureux du beau temps.

Mon châle est vert pistache et j’ai une tenue plutôt sport.

Sur mon bureau, les documents se mélangent. Un parapheur jaune vif. Un autre bleu vif. Un agenda
rouge. Un agenda sur carton avec quelques photos. Je reconnais aisément Merzouga, le lion de Ifrane
l’air bien passif et ma bien aimée Menara. Marrakech i love you ! Malgré cela, je dois rester là et remplir
mes tâches avec le sourire.

Je m’affaire entre mon bureau et la photocopieuse lieu idéal de rencontre avec les collègues femmes
où il est possible de raconter quelques anecdotes sur les os qui craquent et les chutes des cheveux.

Il y a un autre point de rencontre, c’est la fontaine. Nous allons puiser de l’eau et moi je fais souvent
le trajet entre mon beau bureau éclairé et l’appareil plein à volonté d’eau. Je bois beaucoup. Surtout
depuis que je prends des sels. Quels sels ? Pourquoi vous voulez tout savoir au deuxième chapitre ?
Laissez un peu de suspens pour les pages suivantes !

J’ai fait combien d’aller-retour ? Je dois monter un calculateur de calories. Toutes les calories de moins
sont les bienvenues. Et puis, cela soude mon régime de bouger souvent.

Je parlerais peut être de mes secrets de régime un peu plus loin. Je n’aime pas garder les secrets pour
moi. Je crois fiévreusement au partage du savoir. Donc, si vous avez des kilos à perdre, ne posez pas le
livre.

J’ai déjà terminé de répartir le courrier. Il me reste à rentrer des données sur un certain tableau de
bord. Je n’ai pas envie de le faire tout de suite.

Assise, les traits détendus, je me murmure que je peux prendre le temps de faire mes obligations tout
doucement sans pourtant laisser quelque chose au lendemain.

Je ne laisse rien au lendemain sauf en cas de maladie. J’ai parlé de maladie ? C’est là un lapsus bien
révélateur. Parlons de santé alors ! Donc, en cas de santé, je prends le soin de terminer les choses le
jour même.

Je me souris pour me dire que j’ai raison. Ce qui n’est pas une surprise, j’ai toujours raison. Quand je
n’ai pas raison, j’ai raison. Voir ma source : les dix commandements du chef.

En levant la tête, je croise le regard d’un homme qui a dû dépasser la cinquantaine depuis un bout de
temps. Le monsieur vient vers mon bureau avec une chemise bulle. En le voyant, je le prends pour un
agent du tribunal qui amène quelque litige routinier.

Je le salue et lui demande comment il va. L’homme est aux anges. Il sourit jusqu’aux oreilles. Pour un
peu, il montrait danser sur la chaise que je lui montre du doigt.

Il me dit :

« Ah, tu t’es souvenue moi ! » Le vouvoiement n’est pas de coutume en arabe.


J’ai honte de lui dire que je l’ai confondu avec une autre personne et qu’il n’est pas quelqu’un de
spécial. Je ne pouvais pas lui dire qu’on pouvait facilement le confondre avec une personne travaillant
au tribunal. Surtout, dans un tribunal marocain. Allez, ne faites pas cette tête, le tribunal marocain va
changer et il deviendra le tribunal juste que nous attendons tous. Main dans la main. Allez, pour le
Maroc de demain. Chanson du frérot, tu as vu le jour ou pas encore. Patience, patience, cela va venir.

Pour l’instant, il y a un monsieur bien calé sur son siège qui est très content de me regarder. C’est vrai
que j’ai un châle pistache vieux de quelques années qui fait encore l’affaire. J’ai aussi un jean gris qui
ne réunit pas vraiment les chouroutes (conditions des savants pour le voile). Il est tout de même
largement caché avec une chemise. D’ailleurs je suis assise et l’homme ne voit que le haut de mon
corps.

Pourtant il continue à sourire.

Il me raconte sa vie entre les voyages et me demande déjà pourquoi je ne suis pas partie en congé. Je
lui explique poliment que je suis bel et bien partie en congé.

Alors, il me pose la question clé :

« Tu es partie où ? »

Je réponds que j’ai passé une petite semaine à me balader dans les environs de Tanger. Je ne lui ai pas
parlé de mon art à la noix de coco et de mon récital qui a secoué toute la ville. Alors, il me pointe du
doigt.

« Tu es tangéroise, c’est pour cela que tu ne veux pas voyager. Les tangérois ne voyagent pas. »

J’essaie de détourner la conversation pour ne pas entrer dans les détails de mes origines. Il insiste. Par
courtoisie et parce que je n’ai pas de secrets, je lui réponds. Oui, je n’ai pas de secrets. Devrais-je en
avoir ?

Je suis tentée de ne pas lui répondre. Mais, j’ai décidé de vivre.

Cet homme en face de moi va disparaître de mon quotidien pour toujours peut-être. Je veux lui causer
une bonne impression.

Alors, je lui réponds que je suis un mélange. Un peu zayelachi, un peu marrakechi, naissance à Tanger,
enfance à Fès, études à Rabat… De quelles études je parle, enfin, j’ai fait des études quand même. Du
moins j’étais inscrite et le professeur de biologie nous disait : vous allez passer sur mon cadavre pour
réussir et l’assistante de travaux pratiques nous disaient : je vais vous tuer tous, un par un. Sans oublier
le professeur de physique qui venait ivre et nous parlait de son laboratoire qui avait explosé. Et d’autres
calamités.

L’homme est toujours là. Il n’a toujours pas ouvert la chemise bulle de couleur saumon. Il sourit
béatement devant moi. Je suis donc devenue irrésistible.

Normal, puisque j’ai décidé de vivre.


Il avoue enfin pourquoi il est à l’aise devant moi. Il m’avoue que sa femme ne sourit jamais. Vous les
hommes des fois vous dites des choses qui ne sont pas vrais sur vos femmes. Il faut faire attention
messieurs à ne pas mentir trop parce que votre nez peut s’allonger comme celui de Pinocchio.

Mon admirateur de bonne fortune joue avec la chemise bulle. Je tends la main pour la prendre. Il est
déçu. Il aurait volontiers prolongé ce moment privilégié avec une femme souriante qui a décidé de
vivre.

Je cachète l’accusé de réception et le lui rend avec la chemise bulle.

Il avoue qu’il n’a pas envie de partir. Il se lève pourtant en chantant le refrain de :

« Ma sekhina ya lalla we wa sekhina » que je traduirais par « j’ai envie de rester madame »

Cet homme qui a dit être originaire de Zerhoun aux environs de Meknès m’a chanté une sérénade
marocaine qui a ajouté des couleurs sur ma journée.

Merci, mon admirateur de plusieurs minutes, enfin beaucoup trop de minutes.

Les papiers sont là, ils m’attendent. Moi aussi, je les attends.
202

Fadwa commençait à avoir mal aux pieds après plus d’une heure en station debout. Comme
d’habitude, elle portait un jean délavé et arborait un look révolté.

Le train entrait en gare de Rabat. Le haut-parleur annonça la gare de Rabat-Ville. Fadwa regarda le flux
de voyageurs qui descendait rapidement du train. Elle caressa de la main son sac à dos neuf et portant
l’empreinte parisienne. Elle pensa avec mélancolie à la gare de Paris qu’elle avait quitté à peine deux
semaines auparavant. Le temps d’avoir encore deux petites pensées pour les Champs Elysées qu’elle
n’avait vu en tout et pour tout que deux fois et le train entrait déjà à la gare d’Agdal.

A part son joli sac à dos, elle avait un grand sac marron en faux cuir et qui lui plaisait très peu. En ce
mois de septembre, le train était plein d’étudiants. Elle reconnaissait à vue d’œil les anciens, sûrs
d’eux-mêmes et décontractés. Les nouveaux, eux, avaient son aspect à elle d’il y a une année. Un
aspect inquiet et le regard un peu flou.

Elle allait presque oublier le porte-bagage, ce vieux compagnon. Elle descendit péniblement les
marches du train et prit un peu d’écart pour installer ses affaires sur le porte-bagage.

Cela reprend, pensa-elle avec dépit. Tanger, taxi, Rabat, taxi, cité, gare, taxi, bus…

Les rêves de grandeur étaient oubliés ou se murmura-t-elle avec un brin d’espoir, reportés à plus tard.
Les passagers se ruaient vers la sortie comme toujours.

« Ruons-nous ! »

En tirant ses affaires, elle trouva difficilement une issue mais dehors une autre course était nécessaire
vers les taxis. Elle fût presque tentée de faire le trajet à pied mais c’était trop loin.

Un taxi vide se présenta, elle se hâta de l’arrêter. Elle ne savait pas si les taxis bleus lui avaient manqué
ou pas et elle n’avait pas le temps de se poser la question. Mais, elle se demandait si elle allait trouver
à la cité ses amies de l’année dernière. Elle avait quitté à la hâte la cité l’année scolaire d’avant et
n’avait eu aucune nouvelle de ses compagnes. Le taxi traversa en hâte les longues avenues la séparant
de la cité universitaire Souissi II.

Le gardien de la porte avait changé, elle ne le connaissait pas. Sa carte de l’année dernière lui permit
d’entrer sans problèmes.

Les fleurs et les petits arbustes étaient toujours là. Les pavillons aussi s’alignaient avec obstination.
Combien de rêves inachevés cachaient-ils, combien d’endurance ?

Elle avait toujours sa place dans une chambre à quatre du pavillon 6. Elle fit une grimace. Elle n’avait
guère pu continuer l’année dernière dans cette chambre-là.

Ses compagnes de chambre lui rendaient la vie impossible. C’étaient des villageoises, étudiantes en
médecine. Elles la réveillaient à 5 heures du matin sous prétexte que si elle continuait à dormir, elles
ne pourraient pas étudier. Depuis l’année dernière, elle avait cultivé un certain dédain des étudiants
de médecine qui avaient tous l’air venu d’ailleurs, l’œil braqué sur les cahiers de cours et l’esprit fermé
avec une grille en fer. Elle avait l’air d’une étrangère au milieu des trois autres filles qui ne pensaient
qu’à une seule chose, apprendre le maximum de cours en une seule journée.

Par exemple, elle, au début de l’année, elle se prenait à essayer de découvrir ce qui l’entourait, les
murs, les couloirs, les couleurs… Mais, apparemment, elle était la seule à avoir cette préoccupation.

Cette année encore, elle aurait à partager sa chambre avec les mêmes personnes sauf miracle. Elle se
présenta à l’administration, remplit les formalités de rentrée et se retrouva bientôt avec sa clé, sa
couverture grise et ses draps en toile.

Un changement de chambre a été effectué aisément après l’autorisation du directeur de la cité.

Nouvelle destination : pavillon 7 et chambre 202. Un chiffre qu’elle se rappela longtemps après.

A qui elle ressemblait ? Elle l’ignorait, de toutes les façons, elle n’avait voulu ressembler à personne.
Elle était là et elle avait une envie folle de vivre.

Voilà pourquoi Fadwa se retrouve dans ma décision de vivre.

C’est loin d’être une coïncidence me direz-vous ?

202, la chambre gaie d’où la musique retentissait toute la journée et une bonne partie de la nuit. Soâd
la voilée du haut qui qualifiait la musique de pêché descendait souvent de son troisième étage pour
diminuer le son.

202, réunissait trois filles gaies qui voulaient profiter de la vie et une fille grincheuse qui est devenu
médecin par la suite. Voilà pourquoi les médecins au Maroc sont souvent grincheux sauf rares
exceptions.

Les filles avaient des voisines. Amal d’origine turque, de famille bourgeoise venait souvent demander
de l’huile, du lait, du café sans jamais rien rembourser.

Au fond du couloir se trouvaient Meriem et Bahija qui ont mal tourné avant la fin de l’année. Pauvres
filles. Dieu est clément et miséricordieux.

Dans la chambre d’en face vivait une fille qui devint écrivaine des années après et traita Fadwa
d’excessive. Cette dernière pensa qu’elle n’avait rien d’excessive. Elle était vraie.

Fadwa était inscrite en première année de biologie pour la deuxième fois. La première année elle n’a
pas terminé l’année pour partir à la ville des lumières tenter des études de stylisme. En voyant une fois
sur place qu’elle allait terminer comme femme de ménage, elle a pris son sac marron, son porte bagage
célèbre et a pris la route du bled.

Mon pays, je t’aime.


Donc retour de l’enfant prodigue et 202. Une énergie de changement incite la jeune fille à se présenter
à la faculté de lettres pour s’inscrire en littérature française. Assez de science comme ça.

Un jeudi après-midi, elle est accompagné de B. son amie et compagne de chambre. Elles se présentent
à la prestigieuse faculté de lettres.

Elles sont reçues par le vice doyen sans nom. Mais, avec un visage de crocodile.

Fadwa parla de ses rêves. Des histoires pour enfants qu’elle écrivait. De ses poèmes. De son premier
recueil qui a été déchiré.

Le vice doyen se montra compréhensif. Il dit à Fadwa qu’il allait la changer de la faculté de sciences à
la faculté de lettres. Avant d’effectuer ce changement de routine, elle devra passer chez lui à la maison
le faire profiter de ces charmes.

Retour, larmes, tristesse, nuit blanche.

Fadwa ma fille, reprend toi.

Souviens-toi ! Tu as décidé comme moi de vivre.

Ce n’est pas un crocodile obsédé qui va t’en empêcher.

Sèches tes larmes et bas-toi.

Les années vont se poursuivre à la queue leu-leu et tu participeras au concours littéraire prestigieux
de la Mamounia. Ils vont t’ignorer royalement et toi tu vas les envoyer balader parce comme toi, ça
n’existe pas et n’existera pas. Le concours ne vaut pas un clou comme la plupart des concours littéraires
anti islamiques.

Fadwa sèche ses larmes bien évidemment et marque à l’encre bleu sur son cahier parisien : 202,
personne ne m’arrêtera !
Les grands yeux

L’artiste a en général une panoplie de secrets.

Je suis artiste donc j’ai des secrets. Cependant, les miens je vais les révéler au fur et à mesure.

Je peins comme j’écris des sentiments.

J’ai commencé à être intéressée par l’art à un âge très précoce. A peine haute comme trois pommes,
bien avant la maternelle, j’ai été attirée par les caricatures des revues Saba7ou al Khayere et Rose el
Youssef que lisaient ma mère. J’ai commencé à dessiner des visages aux cheveux bouclés avec l’aide
de pièces d’un franc disponibles à l’époque. Je leur ajoutais au stylo des boucles épaisses. Chaque
matin, je me réveillais très tôt et je réveillais ma pauvre maman pour lui demander de me dessiner
Miss monde. Elle n’avait pas le choix et Miss monde se présentait sur le papier en tailleur veste et
pantalon pattes d’éléphant.

Mon intérêt pour le dessin a continué. Quand j’ai écrit mes premières histoires pour enfants, j’en ai
fait moi-même les illustrations au tout début de mon adolescence. Puis vers mes 16 ans j’ai commencé
à m’intéresser concrètement à la mode et j’ai réalisé de nombreux dessins de femmes en robes de
soirée. J’ai caressé un moment l’idée d’un cycle de beaux-arts à Barcelone, mais une offre de travail
intéressante à Casablanca m’a été proposée et j’ai laissé tomber cette idée. N’empêche que l’art était
au rendez-vous. J’ai réalisé des peintures à la gouache variées.

Ces peintures à la gouache je les ai offertes comme cadeaux quelques années après. Du temps, où
j’ignorais que les cadeaux s’offrent à ceux qui le méritent. Surtout les œuvres d’art.

Des personnes proches à qui j’ai offert une série n’ont pas tardé à enlever mes peintures de leurs
cadres et à mettre des découpes de journaux avec des images de voitures.

Des années après, dans le patio andalou de l’hôtel Minzah, je me déplace d’une toile à l’autre avec
mes invités dans un vernissage réalisé avec un public réduit tout en étant très intime.

Ma peinture ne suit aucune loi. J’ai essayé de lui trouver une appartenance dans les différentes écoles
officielles. Je me perds dans les termes un peu sorciers des livres spécialisés alors je retourne à ma
propre définition poétique : je suis un peintre de sentiments, je peins ce que je ressens.

Certains de mes écrits sont liés à mes peintures et vice-versa. Pour moi c’est le même moyen
d’expression variant par ses outils et son aspect final. Le charme de la peinture c’est qu’elle laisse plus
de mystère surtout s’agissant d’abstrait que j’apprécie grandement. L’art pictural est plein de
mystères.

J’ai réalisé une série de visages de femmes. Des connaisseurs disent que ces femmes me ressemblent.
Peut-être bien que c’est moi qui leur ressemble. Après tout pourquoi pas ?

Parmi les visages de femmes, il y en a un qui me plaît le moins. L’unique raison c’est que je me
représente sous mon triste jour d’une période révolue où la mélancolie m’habitait parce que je n’avais
aucune veste en jean rouge.
J’ai appelé ce tableau « les grands yeux ».

La femme aux grands yeux me regarde. Elle est en train de me dire que je n’ai pas de grands yeux.
Effectivement, j’ai fusionné mes yeux et les lunettes que j’avais de l’époque.

Je lui réponds que je ne sais pas ce qu’elle fait suspendue avec mes femmes gaies et mes fleurs.

Quelques jours plus tard, un premier acheteur se manifeste. L’appel matinal me donne satisfaction et
joie. Je suis bien évidemment ravie de vendre une première toile de ma première exposition.

Avec courtoisie, je lui demande quel est le tableau qui l’a intéressé.

Il me répond qu’il est intéressé par « les grands yeux ». Il est même inquiet qu’il ne soit déjà vendu. Le
tableau a plu à son épouse et il tient à le lui offrir.

Je n’en crois pas mes oreilles et mes oreilles sont ravies de ce qu’elles écoutent.

J’ai vendu la toile « les grands yeux » une représentation personnelle que je trouvais peu flatteuse.

Comme Van Gogh, il m’arrive de me peindre. Mais, je n’ai pas l’intention de couper mon oreille parce
que j’en ai besoin pour écouter les bonnes nouvelles.

Nos états de mélancolie peuvent avoir du charme.

Avec les vertus de l’art-thérapie, la mélancolie prend la poudre d’escampette et devient une œuvre
d’art qui peut être convoitée.

La toile « les grands yeux » a décidé comme moi, de vivre. Ailleurs, chez l’acheteur Espagnol qui a su
l’apprécier mieux que je ne l’aie fait.

Je me suis aisément repentie. Voilà pourquoi les grands yeux trouvent une place dans ma décision de
vivre.
L’amour

Je suis à la maison, attablée devant un repas qui va certainement nuire à mon régime.

Ma maman adorée est en face. Au milieu, il y a Zohra.

Vous vous souvenez de l’héroïne de la nouvelle « Zohra » du recueil « le Cri des mouettes ». Elle est
revenue finalement. Elle est avec nous depuis juillet dernier, une année presque.

Je regarde le visage de Zohra. Il est altéré. Makhetouf comme on dit chez nous. Je flaire un chagrin
d’amour. Je reconnaîtrais ce dernier à cent kilomètres à la ronde.

J’évite de lui poser des questions trop précises pour ne pas la gêner. On n’a pas besoin de poser des
questions à Zohra. Il suffit de la mettre à l’aise et de la laisser parler.

Elle est contente de déguster un de ses plats préférés et se met très vite aux confidences.

Il l’a laissé pour aller au jbel, la montagne, aux alentours de Tétouan. Il est parti seul, sans elle.

Vous vous rappelez qu’elle a quatre enfants et qu’elle est femme de ménage. Son mari ne travaille pas,
prétextant la fatigue. Tout de même, il reste à la maison et garde les deux enfants en bas âge.
Seulement, il a fait sa révolution de jasmin. Il a dit qu’il ne s’est pas reposé depuis un an et il est parti
au jbel.

Reposer de quoi si c’est elle qui travaille et non lui ?

Je ne vais pas lui permettre de m’entraîner dans un écrit féministe. Je ne suis pas féministe, je suis
fantaisiste.

Je continue à dévisager Zohra avec mes yeux opérés d’écrivain. Elle a le regard éteint. Elle dit qu’il ne
va pas revenir tout de suite et qu’elle ne lui manque pas.

Je suis sous le charme de voir que Zohra est encore amoureuse de son mari après dix ans de mariage
et quatre enfants. Elle est amoureuse de son mari alors que c’est elle qui travaille et lui qui reste à la
maison comme beaucoup de nordiques.

L’amour de cette femme pour son mari m’a réveillé. Nous avons tendance à prendre les personnes
démunies pour des personnes qui ne vivent pas. Ce n’est pas vrai.

Les personnes pauvres vivent aussi bien sinon des fois mieux que nous. Zohra aime son mari comme
elle aime ses enfants et elle veut le voir rentrer, chez lui.

Les personnes qui ont moins d’argent par la force des choses ont aussi leurs façons de s’amuser et de
passer du bon temps. Elles ont des sentiments alors que beaucoup d’autres personnes ont beaucoup
de moyens et très peu de sentiments.

Elle aime son foyer, sa famille et ses voisins. Elle a une grande dose d’amour notre Zohra et une grande
sensibilité.
Le mari va revenir, je suppose, la semaine prochaine. A moins qu’il ne souhaite passer plus de journées
printanières dans la nature.

J’ai envie de plonger moi aussi dans la nature et de faire le tour du Maroc en essayant de capter au
maximum des images de contrées fleuries.

Le weekend est encore loin et là je dois préparer en vitesse un café décaféiné pour me préparer à
reprendre le chemin du bureau une nouvelle fois. Zohra s’offre une pause. Elle vient prendre son café
avec moi en parlant de choses et d’autres. Elle dit qu’elle n’a pas envie de rentrer chez elle tôt. Je
traduis, elle ne veut pas rentrer et ne pas le trouver.

Il a de la chance cet homme, vous ne trouvez pas.

Sans travail, il trouve une femme qui l’entretient et l’aime en plus. Il prend en plus le luxe de disparaître
faire du chichi au jbel, de la région de Tétouan.

Une citation connue dit que l’amour est aveugle. Je lui préfère de loin l’amoureux voit avec des lunettes
roses. Il y a de nombreuses choses que nous ferons mieux de ne pas voir.

Essayez de voir la vie avec un microscope. Elle serait invivable.

Zohra aime son mari. Je n’ai pas à m’inquiéter pour elle.

L’amour lui donnera la force d’avancer dans la vie avec ses hauts et ses bas. L’amour la poussera à
supporter les intempéries.

Avant, cette journée, je m’inquiétais pour Zohra.

Plus maintenant.

Celui qui aime, décide de vivre.


Zanga zanga

Ce printemps n’est pas comme les autres.

C’est le printemps promis avec sa verdure et ses coquelicots. Ses fleurs multicolores, ses mimosas et
ses senteurs sans égales.

On me parle d’une page de Facebook. On me dit qu’il est temps que j’en ai une. Pour me faire
connaître. Je ne suis pas pressée. Cela va venir. Quand j’en aurais assez envie.

Pour l’instant, je me contente de regarder mes livres édités, déjà au nombre de dix. Vous ne les
connaissez pas tous ? Qu’à cela ne tienne. Je suis en train de me découvrir et ils seront lus.

J’aurais peut-être même droit à un hommage vivant. Contrairement aux hommages qui se font souvent
aux morts, j’ai horreur du mot « posthume ».

Un jour j’ai été interviewé par une journaliste de la revue Madarik paraissant en arabe. L’interview a
duré trois heures où nous avons parlé de beaucoup de points sur mon travail littéraire.

Au moment de l’approbation de l’article, il a été découpé en morceau et une demi-page m’a été
consacrée. Sur les deux pages qui suivaient, un reportage sur Ibn Khaldoun qui est mort depuis six
siècles.

Enfin, vous allez dire que je ne peux pas prétendre être aussi importante qu’Ibn Khaldoun. Je vous
répondrais peut être pas. Cependant, moi je suis vivante. Je me pince. Oui, je suis vivante. Je ne pense
pas qu’Ibn Khaldoun là où il est se réjouit de m’avoir pris une demi-page.

Méchante, moi ? Disant que cela m’arrive. Lorsqu’on me découpe les quatre-vingt pour cent d’une
interview.

Nous avions parlé de l’amour dans la littérature et de l’amour dit par une femme voilée. J’avais souligné
que les femmes voilées aussi ont un cœur contrairement à ce que l’on croit.

Maintenant, nous n’avons pas demandé l’opinion des islamistes sur une femme voilée qui parle
d’amour. A croire un docteur barbu et très moderne qui fait une émission intéressante sur une chaîne
connue, cela n’a rien de mal. Ce dernier a même parlé d’une chanson de Fayeza Ahmed « lettre d’une
femme ». Ce serait permis.

Je vous conseille d’écouter la chanson. C’est un poème de Nizar Qabbani. Le texte est d’une beauté et
d’une sensibilité sans pareil. C’est tout de même triste. Si vous avez des états d’âmes un peu crispés,
préférez une chanson de Amrou Diab. Celui-là surtout ne le critiquez pas devant moi, je suis une de ses
fans attitrés et il sera le mien quand il lira « Al Hobbou ale majenoune », l’amour fou le jour où il cassera
les frontières. Ce qui est pour bientôt.

Il était temps. Autrement la censure aurait découpé ce que je fais de tous les côtés. Islamistes,
socialistes, appartenances toutes multiples qui censurent mes écrits fantaisistes.

Je souris d’indulgence ce matin. Un jeudi.


Fantaisistes, c’est le mot qui sied à mes écrits. Mes écrits, ma peinture et moi nous sommes la
coqueluche des négateurs d’opinions que j’affirme en ce printemps magnifique.

Je n’ai aucun souci à me faire. Mes écrits et mon art pictural verront la lumière et ils ne tarderont pas
à avoir la reconnaissance qu’ils méritent dar be dar, derb be derb, zanga zanga.

Un artiste au foulard
Aux mots sans fards
Est un hors la loi
J’ai la propre à moi
Tôt ou tard
Le monde des arts la reconnaîtra

Je ne vous dirais pas le titre du poème de ces vers. Cherchez-le dans mes recueils avant de prendre la
décision de me boycotter.

Le 21 mars, j’ai été invitée à un récital collectif à l’occasion de la journée internationale de la poésie.
Par courtoisie, j’ai répondu à l’invitation.

Un confrère m’a présenté. Il a dit que je faisais partie des poètes libertins.

Poétesse libertine, moi ? Il a dit lui aussi qu’il n’écrivait plus « ces choses-là » depuis bien longtemps.

Les élèves du collège qui nous a reçus me regardaient. Je les regardais à mon tout l’air de murmurer
que je ne sais que faire de ce monsieur. Si lui il a vieilli, moi je ne vieillirais pas de sitôt. Si son cœur est
devenu aride, le mien est comme un jardin fleuri de sensations qui se renouvellent.

S’il parle de soufisme, j’ai ma part de soufisme aussi qui m’a fait écrire un poème à mes amis sans
religions. Un poème qui a été interdit. Par qui ? Par ceux qui se reconnaîtront.

Je conclus par là que pour contourner les pièges, je dois avoir ma propre page de Facebook. Un peu
tard, c’est vrai. Pourtant, mieux vaut tard que jamais.

J’ai décidé de vivre et d’écouter les bons conseils. Les mauvais je les jette aux lions.

Donc ma page, puis mon site et vous me verrez dar be dar, derb be derb, zanga zanga.
La reprise

Pour peu, j’allais laisser tomber.

Ce n’est pas un changement d’avis. Ma décision de vivre est irrévocable. Cependant, j’ai un peu
philosophé sur la possibilité de transmission d’une telle décision. Résultat, un arrêt de plus de deux
ans.

Nous sommes aujourd’hui le 4 septembre 2013. Je réitère ma décision de vivre. Que s’est-il passé
depuis le mois d’avril 2011 et le printemps arabe ? De la pluie, des tornades et des étincelles.

Les élections ont mis aux devants de la scène les islamistes dont personne ne semble vouloir et il pleut
des morts dans certains pays. Malgré cela, chaque jour le soleil se lève et la vie continue.

Je reprends l’écriture avec un brin de mélancolie que je dois chasser avec un gros bâton comme celui
de « Gai gai l’écolier ».

J’ai toujours apprécié le mois de septembre. J’aime la rentrée scolaire et ses bonnes décisions. En plus,
cette rentrée, je vais reprendre les études. J’étudie à la fin de mes 44 ans. Yes ! Pourquoi pas ? Je vous
parlerais plus loin de mes études. Là, je veux juste raccorder la locomotive.

Dans le premier chapitre, j’avais une belle veste en jean rouge que j’ai toujours et avec laquelle j’ai fait
la révolution sans appartenance aucune à un mouvement. J’ai fait ma propre révolution et je portais
la fameuse veste. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Puis j’ai eu un admirateur le temps de quelques longues minutes dans un bureau qui n’existe plus. Et
un déménagement suivi d’une éjection miraculeuse m’ont placé à l’autre côté de la vie professionnelle
d’assistante que je menais depuis 1988. 25 ans de galère, toute une vie. Donc, pour moi, un vrai
tsunami a emporté le cadre de l’admirateur et a tracé d’autres lignes certaines d’entre elles encore
très vagues.

Le café Savoye ne m’a toujours pas placé de statue. Pourtant j’ai pensé qu’il allait le faire lorsqu’il a
réaménagé son local. Pour le punir, je ne suis pas revenue même pas pour prendre une bouteille d’eau.
Ce qui ne m’empêche pas d’aimer toujours autant les autres sans me laisser piétiner.

Fadwa de 202 a grandi, a mûri et elle tend vers le soufisme à presque 45 ans. Mes hommages Fadwa,
continue à être aussi vraie que tu l’as toujours été. Il y a toujours des médecins grincheux. Toutefois,
il y en a qui en un grand cœur et un immense humanisme.

Je n’ai plus racheté de noix de coco dans la rue et je n’ai plus acheté de tarte tangéroise. Il y a des
sensations qui ne se vivent qu’une fois. Par contre, les cacahuètes grillées, je les consomme à volonté,
surtout mixées avec des dattes. Hum, un délice.

Les grands yeux sont partis chez l’acheteur espagnol un monsieur distingué et agréable. La vente de
cette toile a fait monter en flèche les actions de mon estime personnelle. J’ai vendu une toile et j’ai
gagné en estime. C’est un exercice auquel chacun de nous peut se prêter de différentes façons.
Zanga zanga, le mot est presque démodé deux ans et demi après. Pourtant, il est toujours là pour me
dire que je ne dois pas baisser les bras même sans éditeur. J’ai choisi la voix de la difficulté et j’écris
pour moi et non pour être payée. Je ne rejette tout de même pas l’idée de me faire adopter par un
éditeur quelconque ne fut-ce que pour éviter la vue des cartons de livres que je trouve déprimante. Je
continue encore. Un jour le glas sera au rendez-vous.

L’amour de Zohra est encore parti au jbel comme par hasard il y a dix jours. La pauvre femme est donc
dans un triste état. Pourquoi les hommes font des misères aux femmes ? Je vais sortir mon drapeau
féministe caché depuis le début du livre. Je dis que moi à la place de Zohra si le mari revient je lui
tabasse la tête avec une poêle à harcha (gâteau de semoule). D’ailleurs, un homme est-il nécessaire
de nos jours pour l’épanouissement d’une femme ? Ecoutez mes amies les femmes, suivez- moi nous
allons les chasser de notre vie. Un homme en particulier me lit et sourit. Il sait que je plaisante. Arrêtons
de nous faire la guerre ! La paix, la paix et l’harmonie, messieurs-dames.

Ouf ! Je suis de retour dans ma décision de vivre. Quel soulagement pour moi !

Et vous, êtes-vous contents de me retrouver ? Puisque vous dites que oui, je continue.
Hugo et Manfalouti

Ces deux grands géants de la littérature, que peuvent-ils avoir de commun ? Ils ont tout simplement
accompagné la naissance du contre-courant qui a tout fait pour que je puisse abandonner la littérature.

L’âge que j’avais ? Treize beaux printemps sur le dos et le dossier d’orientation scolaire à remplir. Je
n’avais pas encore adopté la formule « les frères et les sœurs sont un hasard génétique ». Cependant,
je n’en étais pas loin. Je voulais m’orienter lettres. A l’époque, dans ma ville Tanger, il était de coutume
que les élèves ayant de bonnes notes en matières scientifiques soient orientés sciences malgré leurs
penchants littéraires et artistiques.

Cela dit, un étudiant en littérature ne pouvait prétendre à un futur heureux ni à se distinguer. Dieu
merci, j’avais une sœur ainée seulement et un seul frère. Les deux me répétaient : tu veux t’orienter
lettres, est-ce que tu te prends pour Victor Hugo ou bien pour Mostafa Lotfi al Manfalouti ?

A l’époque, je n’étais pas sûre de la réponse. Trente ans et quelques poussières après, je regarde la
vidéo de la soirée poétique Grito de mujer joliment organisée à Tanger Metropolis. J’écoute la belle
voix rocailleuse de la célèbre présentatrice tangéroise Zhor Lghzaoui m’annoncer comme étant la
grande poétesse Moi. Olé !

Mon premier recueil de poésie était en langue française. Il avait quelques treize poèmes si ma mémoire
est bonne. J’avais choisi de créer un cahier à spirales cousues en laine blanc. Un vrai chef d’œuvre. Il
figurait dans la petite bibliothèque qui nous restait des grands prestiges Fatimides et Gayland.

Ma sœur ainée citée ci-dessus, aime par-dessus tout se débarrasser des choses qui ne lui plaisent pas.
Résultat, mon premier recueil de poésie fut ainsi déchiré de bout en bout et jeté dehors.

Qu’à cela ne tienne. J’ai réécris les poèmes un par un. Cette fois ci un simple et modeste cahier m’a
suffi. Une barque sur l’océan s’en allait vers son avenir pour ne plus revenir… Lumière de mon étoile,
pourquoi m’éclaires-tu tant ? Aurais-tu pitié de moi où est-ce ta vie qui en dépend ? C’est merveilleux
d’avoir treize ans et de réécrire sa poésie au balcon en arc de la rue Gibraltar de ma ville cosmopolite.

Quatorze ans après, je gardais toujours jalousement le petit recueil. Entre temps, j’avais jalonné les
universités de lettres de Rabat puis de Tétouan me faisant harceler sexuellement à la première et
ignorer royalement à la deuxième.

Hou hou hou, tu seras assistante de direction ma fille que tu le veuilles ou non. Si tu dis que cela ne te
plait pas, tu seras condamnée à travailler à perpétuité à moins que tu ne décides de servir d’une grande
explosion implosive. Boum.

La parfaite secrétaire a ainsi vu le jour avec de nombreuses fautes d’orthographe parce que mon
français avait souffert de l’invasion anglophone et hispanophone. Pauvre francophonie qui elle aussi
n’est plus ce qu’elle était.

J’avais pleins de poèmes répartis sur des fichiers, d’amour, de guerre, de nature, d’espoir. Mon fameux
cahier recueil cadeau de mes treize ans, les meilleurs cadeaux sont ceux que nous nous faisons, je l’ai
prêté à un soi-disant « ami ». L’amitié, mes amis, est un titre qu’il faut mériter. Je n’ai plus revu mon
recueil et ainsi mes premiers poèmes sont restés sans témoins.

Mon premier recueil officiel s’intitule « Mal d’aimer », aie. Seulement, j’ai mis trois ans à le publier.
Pourquoi donc ? Je cherchais une fatwa religieuse. Est-ce qu’une femme a le droit de publier des je
t’aime, te amo, i love you, ich liebe dich, ohibboka jiddane ?

J’ai contacté Amr Khaled devenu de plus en plus célèbre au début des années 2000. Il ne m’a pas
répondu à moi alors qu’il a répondu à une connaissance qui voulait savoir pourquoi il n’était pas barbu.

Ainsi, l’été 2003, je devins Moufti officiel. Mesdames, parlez d’amour, écrivez sur l’amour, c’est
légitime, halalane tayiba ! Je le dis en vous regardant droit dans les yeux. Parole de l’héritière des
Fatimides qui ont construit Al Azhar.

Ibn Zayedoun et Walada ont passé leur belle vie à s’écrire de beaux poèmes langoureux et cela nous
laisse un héritage andalou très beau. That’s it.

Mon entourage n’en avait pas décidé ainsi. Je fus donc persécutée par les voisines, les cousines, tout
sauf les limousines. Les voisines se sont mis d’accord pour jeter mes livres dans le débarras et mes
cousines ont donné mes recueils de poésie reçus comme cadeaux à leur bonne qui appréciait
beaucoup. Waou ! Des associations musulmanes m’ont demandé des centaines de livres à vendre à
leurs adhérents. Le stock de livres que je publiais à compte d’auteur se voyait ainsi épuiser sans que je
ne gagne un traitre dirham marocain. Le jour du dernier jugement, mes livres viendront témoigner sur
la tête de ceux qui les ont croqués.

Je pense même que mon « Mal d’aimer » viendra sur la tête du ministère de la culture marocain qui
avait osé écrire dessus « pas de subvention ». Aimer et tout donner, aimer et ne rien gagner. Avoir le
mal d’aimer. Qui sait, peut-être que le ministre de la culture de l’époque et Amr Khaled ne savent pas
ce que c’est avoir le mal d’aimer ?

C’est ainsi que je devins poétesse dans quatre langues officielles (l’arabe, le français, l’anglais,
l’espagnol et deux dialectes, le marocain et l’égyptien).

C’est dans la soirée poétique de Grito de Mujer que j’ai été proclamée Grande poétesse. Qu’à cela ne
déplaise à tous ceux qui n’ont pas cessé de me jeter des épines. Pfffff !

J’en savoure encore mieux ma victoire comme une glace Tiramisu Vanille sur notre belle corniche.

C’est parce que j’ai décidé de vivre.


Les marguerites de Fatima

Fatima avait 13 ans lorsque ses parents l'ont amené chez moi à la maison pour qu'elle travaille comme
bonne. C'était à l'époque où les petites bonnes trimaient dans les maisons se faisant voler leur enfance
et leur innocence.

Un jour Fatima est partie faire des courses chez l'épicier du quartier. Sur le chemin elle a trouvé des
marguerites jaunes et blanches. Avec sa candeur d'enfant, elle a confectionné un petit bouquet des
marguerites et elle me les a offertes.

J'ai été tellement touchée que je les ai mises dans un petit vase en terre cuite et je les ai peintes pour
les immortaliser. Pour que ces marguerites ne se fanent jamais.

Lors d'une exposition il y a deux ans, un acheteur a pris la toile "les marguerites de Fatima" qui sont
toujours vivantes dans mon cœur.

Quant à Fatima elle est maintenant bien casée avec un homme qu'elle aime et qui l'aime. Elle s'occupe
de ses enfants et de temps en temps, elle vient nous voir. Merci Fatima de ne pas nous avoir oubliées
!

Dès que je regarde la photo de la toile vendue, je repense à Fatima et des souvenirs affluent en masse.
Avec mon petit neveu espiègle, elle massacrait certaines de mes toiles et je me rappelle encore mon
premier fusain coupée en petits morceaux.

Elle avait un truc spécial pour vider les yaourts au réfrigérateur et les remettre à leur place mine de
rien. Elle était une enfant avec ses bêtises et sa joie de vivre. J’ai toujours été contre les petites bonnes.
Fatima n’était pas pour moi une petite bonne. C’était une petite sœur et je ne la grondais jamais.

Elle nous a quittées la même année. Puis, chaque deux ou trois ans, elle revenait nous donner de ses
nouvelles. Elle a travaillé à l’usine de chocolat Maruja qui contrairement à tout ce que l’on peut croire
se fabrique à Tanger. Le directeur d’usine, un espagnol sympathique laissait les filles manger autant de
chocolat qu’elles en avaient envie et Fatima s’est enrobée de beaucoup de kilos.

Elle aimait bien avoir de l’argent à elle. Pourtant, elle n’acceptait aucunement l’oppression, comme
moi d’ailleurs. Elle a englouti beaucoup de chocolat avant de connaître Jamal, un champion de karaté
qui pendant le jour travaillait durement dans un four traditionnel.

Venus s’est peinte de rose ce jour-là et la fée Cupidon a frappé. Au tournant de la vie de Fatima,
l’amour, le plus beau des cadeaux divins. Mariage et youyous ! Le père de Fatima n’a pas tari d’efforts
et puis elle nous a invités bien évidement.

Sa visite hâtive chez nous pour annoncer l’invitation à la fête nous a fait assister à la fête de henné un
beau samedi au quartier de Masnana.

Je n’oublierais jamais la joie de ces villageoises qui dansaient sur une musique rythmée diffusée par
une chaîne stéréo louée pour l’occasion. Nancy Ajram était à l’affiche, Shirine aussi, Tamer et Amrou
Diab. Les filles étaient heureuses et le visage de Fatima radieux. Le dîner a été servi à tous les invités
sans exception en une générosité que seuls les gens qui disposent de peu ont.
Ce mariage est le plus agréable auquel j’ai assisté. J’ai été tellement heureuse de partager la joie de
ma petite Fatima qui se faisait grande déjà.

Elle est devenue maman la première année de son mariage et ses autres enfants n’ont pas tardé à voir
le jour. Elle a actuellement une belle ruée d’enfants autour d’elle. Elle en est très heureuse. Son mari
Jamal veut qu’elle s’occupe de lui et de ses enfants. Il ne veut plus qu’elle retourne travailler. Lui, avec
un voisin du quartier a ouvert une salle de karaté où il se rend après le four.

Fatima, lorsqu’elle était enfant, dévorait la vie à pleins dents. Tout ce que nous sommes est le résultat
de ce que nous pensons. Je suis sure que Fatima s’attendait à vivre des jours heureux. Cela se voyait
dans les marguerites que j’avais peintes. Elle refusait d’être une simple petite bonne. Elle vivait
pleinement l’expérience et la leçon de vie qui lui était offerte.

Loi de l’attraction ? Certainement ! Demander, croire et recevoir. Fatima a son petit bonheur sur
mesure. Un mari aimant. Des enfants en bonne santé. Des parents tendres. Un humour à toute
épreuve. Elle me manque Fatima !

Fatima n’est plus petite. Elle a fait sa vie. Je garde la photo de la peinture des marguerites qu’elle m’a
offertes.

Elle ignore qu’elle m’a fait le plus beau cadeau que j’ai reçu dans ma vie aride à l’origine et qui a su
s’épanouir avec des marguerites et des coquelicots.

La vie réussie ce n’est pas d’avoir tout. La vie réussie c’est savoir regarder ce que l’on a entre les mains,
autour des yeux.

Dans ma décision de vivre, je souligne au fluorescent que les choses les plus simples sont en général
les plus importantes. Depuis cette expérience, je regarde autour de moi. J’écoute un moineau chanter
et j’adore comme si c’était un rossignol.

Plus loin, je vais parler de mon high en avril. Sur un autre chapitre, je parlerai d’autre chose, d’autres
sentiments, des highs et des downs. De ce que c’est le milieu.

En attendant, je décide de vivre. Intensément. Chaque moment. Je m’attends à de belles choses au


tournant. Je vois d’ici la réalisation de mes rêves les plus fous, les plus grandioses.

C’est cela décider de vivre !


Au voisinage de l’enfer de Dante

C’était ma dernière année de pénitence à Guantanamo s.a.

J’étais ravie de mes études de coaching et mon appétit s’accentuait pour l’apprentissage en général.

2013 ? Je n’ai jamais été superstitieuse et le chiffre 13 est pour moi un nombre comme les autres.

Cette année-là, l’occasion m’était offerte de m’amuser comme une dingue officielle et certifiée
« zinzin ».

Lorsqu’une communauté, en l’occurrence, son altesse Guantanamo s.a. rassemblant dirigeants et


employés se met d’accord pour vous qualifier de « zinzin officiel », la sagesse de tous les sages
recommande que vous vous laissiez faire neurones et synapses liés.

Bipolaire et je me soigne. Bien évidemment !

Zinzin ? Les opinions divergent.

Avant de devenir bipolaire stressophile(1), j’ai surtout été une assistante de direction qu’on a essayé
« vainement » de piétiner.

(1) Devenu bipolaire suite au stress, le dictionnaire actuel est tellement limité que je suis obligé
d’inventer des termes adéquats. Hollande en sera très content, pour une fois. Je participe au
développement de la francophonie du fin fond de mon bled.

« On » a eu un échec retentissant.

La preuve, je suis là, sur cette page de ma décision de vivre. En chair et en os. En lettres et en mots.

Qu’il fait bon de vivre la liberté légitime d’un zinzin certifié.

Sur la table de ma cuisine, les neuroleptiques témoignent de la véracité de leurs dires.

En tout cas, les quelques mois qui me restaient à l’enfer de Dante, « Guantanamo s.a. », les collègues
avaient redoublé d’agressivité.

L’idée d’une assistante de direction, coach, ne plaisait à personne sis rue the hell.

Les pseudos cadres, portes et fenêtres, cheftaines et chauffe-service ne m’appelaient plus par mon
beau prénom de reine de Saba.

Ils m’appelaient « la secrétaire », secrétaire par ci, secrétaire par-là, la secrétaire n’a pas fait, la
secrétaire a fait, la secrétaire ne fait pas, la secrétaire ne veut pas faire.

Pourtant, en 2002, je leur avais vendu à 50,00 Dh un exemplaire chacun de mon premier roman « la
parfaite secrétaire ». Un vrai négoce, 50 exemplaires de vendus.

Onze ans après, un mois de février, les Scorpions chantent « the Wind of change » pour l’effondrement
de mon mur de Berlin et ma sortie de l’enfer de Dante.
Tiens ! Le directeur m’appelle.

Les cheftaines ont déposé une plainte officielle. Mamma !

Une dame en tailleur élégant avec un narcissisme manifeste me regarde de travers, de haut en bas et
en diagonale.

Bla bla bla.

Je proteste :

- Si vous voulez que je vous considère comme cadres, il faudrait agir comme tels ! »

Boum !

Grande explosion !

Crise d’hystérie. La cheftaine crie. Court. Sort. Entre.

Elle est vilaine la secrétaire future zinzin certifiée.

Blablabla.

La cheftaine pleure. Elle revient.

J’en profite pour lui raconter à elle et à mon supérieur de pacotille une blague Voltairienne.

« Voltaire va au théâtre. Il fixe du regard une femme de petite bourgeoisie. La femme se met dans tous
ses états.

Elle se plaint à Voltaire :

- Monsieur, pourquoi me considérez-vous ainsi ?

- Madame, je vous contemple. Mais je ne vous considère pas du tout, a rétorqué Voltaire. »

C’est alors que j’ai conclu que ma sortie de l’enfer de Dante était proche.

Le 13 mai 2013 à 17H10, j’ai ouvert la porte vitrée de l’enfer climatisé et je suis sortie. Pour toujours.

J’ignorais que cela était aussi facile.

Recommandation de coach, si un individu vit un enfer, il n’a qu’à ouvrir la porte et sortir de son enfer.
Même en dehors des cas de mobbings.

Au voisinage de l’enfer de Dante, il y a les jardins fleuris, les mers bleues, les connaissances non
imposées, les amis qu’on choisit.

Au beau milieu de la comédie divine de Dante, je suis au purgatoire et j’apprends de nouveaux outils
pour continuer à vivre.

Je me moque de ce que les pénitenciers de Guantanamo s.a. disent de moi. Ils sont loin maintenant.
J’ai décidé de vivre. Sans eux ! Bon débarras !
Les youyous

J’ai soufflé quarante-six bougies invisibles en appliquant la crème Cohérence de Lierac dont j’apprécie
la texture et le nom particulièrement.

« Single », disent les anglophones.

Chez nous, au bled, on murmure quand je suis à quelques mètres :

« Meskina, bayera (vieille fille) ! ». Peuh !

Les femmes y compris certaines connaissances se prétendant proches ignorent royalement mes
ouvrages dont onze e-books, bientôt treize, disponibles dans tout le globe pour demander
impoliment :

« Toujours rien ? Je te l’avais dit.»

« Les histoires d’amour n’aboutissent jamais. »

« On n’épouse pas l’homme qu’on aime. »

« Si tu te mariais avec n’importe qui ne fut-ce que quelques mois ? »

« Tu me fais de la peine, ma pauvre ! »

Ma mère, elle, tient absolument à me raconter pour la nième fois la fête de mariage de « felana » fille
de sa mère célébrée dans une somptueuse salle à Tétouan.

Connaissant le livre « les manipulateurs sont parmi nous » de son auteur dont j’ai oublié le nom, à la
nième fois plus une j’ai commencé à l’arrêter, chaque fois qu’elle déclenche la narration d’une
quelconque fête de mariage de felana fille de n’importe quelle mère.

« Youyous »

J’ai choisi de mon libre arbitre Ulysse et pendant que lui il s’amuse à survoler les galaxies, moi Pénélope
féministe, je m’amuse à écrire des poèmes scandaleux qui apprennent aux ignorants l’alphabet surtout
à ceux, miséreux, qui envisagent de devenir des Adams, niveau assez développé de mâles.

Résumer un rêve de femmes à des simples youyous c’est le limiter à un rêve de femelle.

N’importe quelle femelle dans n’importe quelle race, une vache, une lapine, résumerait ses attentes
de la vie à une fête extravagante, comme c’est de coutume au Maroc, et à un mâle sur lequel la femelle
aurait des pseudos droits dont ceux d’être entretenue.

« Youyous »

Je veux plus que ces misérables attentes même si je rame souvent contre les courants me faisant des
bobos polaires bis.
Je veux un monde de paix, le Perfect World dont j’ai créé la page sur Facebook. Abonnez-vous et soyez
nombreux à partager avec moi ce rêve de paix et d’amour.

Je veux un monde de paix et d’amour où je pourrais me permettre le bonheur avec Ulysse sans
égoïsme.

Je veux que tous les humains soient heureux.

Non. Non. S’il vous plaît. Je ne veux pas entendre de « mais ».

Il n’y a pas de « mais » lorsqu’on parle bonheur.

« Youyous »

Je veux attirer à moi ce rêve de femme qui devrait faire une ablation de l’utérus dans de brefs délais,
sans avoir jamais eu d’enfants, sans regrets et qui a un sentiment maternel envers tout le monde.

Mon Perfect World a décidé de vivre. Je suis dedans !


La place des fainéants

Un fainéant.

Une fainéante.

Un trio de fainéants contemple les montagnes du rivage Espagnol dans une attente exaspérante
collective.

Vous l’avez deviné, je parle de Tanger Metropolis que je ne veux plus quitter avec la clémence de Dieu.
Jesus, be with me !

La célèbre place des fainéants se situe juste au début du boulevard et offre une belle vue sur le détroit
de Gibraltar. De ce fait, c’est la place de l’attente officielle par excellence.

Les amoureux et surtout les amoureuses sont assis sis rue de l’attente à rêver de l’instant historique
qui unira Eugénie Grandet et Brave Heart qui résulteront par la suite être de simples mélanges d’harpie
et de saligaud.

D’autre se proclamant musulmans attendent le Mehdi attendu par ceux qui attendent sis rue de
l’attente une créature nommée dans d’autre contrée « le sauveur ».

Mon passage fantôme par la faculté de sciences de Rabat capitale du Maroc chéri me permet d’avancer
qu’attendre quelque chose d’attendu revient à accrocher ses espérances sur quelqu’un qui ne viendra
pas ou encore dont on ne se rendra nullement compte.

Equation banale : -1 - -1 = -1+1= 0

Vous pouvez dès lors me proclamer Einstein Napoléon Ghandi Mandela Valessa Lama fatimide au nez
et aux longues barbes des nombreux muftis musulmans qui n’ont pas arrêté de débiter des conneries
aux pauvres peuples qui ne différencie pas le alif du ba (deux premières lettres de l’alphabet arabe.

Mon diplôme de coaching m’incite à des déductions rapides, un carton qui ne diffère nullement du
carton avec lequel j’ai travaillé hand to mouth vingt-cinq longues années de ma vie qui ne fait que
commencer puisque j’ai décidé de vivre.

Les cartons n’ont pour moi aucune importance. Le savoir se trouve dans la tête et il faut le démontrer.

Le fait qu’un docteur accroche plein de papiers à l’hygiène douteuse derrière son fauteuil ne fait
aucunement de lui un bon médecin. Les médecins devraient d’ailleurs stériliser leurs certificats et
amener des shouhouds (témoins) qu’ils pourront se payer à cinq dirhams attestant de leur haute
intelligence, je veux dire hôte intelligence.

Quant aux avocats professeurs qui étalent leur savoir corrompu sans modération, ils peuvent attendre
leur heure. La statue de la liberté porte dans un bras une tablette faisant référence à un livre de droit
et ce ne sont pas des blablateurs qui ne réclament que leurs propres intérêts qui vont gagner.
Théorème fatimide du calife Almounetassir billah. Le vainqueur.
Donc, le coaching affirme que la place des fainéants réunissant tous les fainéants arabes est un cas
typique de triangle dramatique dit triangle de Karpman victime persécutée cherche sauveur.

Cela me rappelle un briquet avec l’indication « joueur cherche partenaire » du temps où le tabac ne
faisait pas mourir.

Enfin, revenons à nos épouses de l’agneau. Apocalypse now ! Brrr. Ah la terreur !

Les populations arabes rasent l’internet à la recherche de nouveautés sur ce qui va arriver en essayant
de trouver des indices nouveaux d’un lendemain meilleur oubliant ainsi de vivre aujourd’hui qui est
magnifique.

Je leur conseille de lire le roman de Gabriel Garcia Marquez « Chronique d’une mort annoncée ».

La place des fainéants en ce presque magnifique printemps 2015 réunie les jeunes rebelles arabe du
printemps 2011.

A la seule apparition de l’empereur Sissi et de sa maman parfaite à la tête des chars et des bulldozers,
la plupart ont pris la poudre d’escampette et se sont sauvés tout en essayant d’être sauvés par le
sauveur qui n’est venu les sauver.

« Oh my God ! C’est horrible de faire la révolution ! Maman, au secours ! »

Donc, les rebelles beaucoup plus Judas que Abou Bakr ont supprimé leurs comptes de réseaux sociaux
parce qu’ils donnent des artichauts à la tête, métaphore Marocaine pour dire la migraine, Hassan El
Fed ont fait une excellente démonstration dans l’un de ses sketchs de Channel TV.

A Jérusalem, Royaume de Dieu sur terre, les israéliens creusent sous l’Aqsa, l’Extrême pour trouver le
temple de Salomon. S’ils avaient lui les aventures de Saif Dou Yazan le roi yéménite du cinquième siècle
après Jésus, ils sauraient que le temple n’existe plus comme une graine de sel qui disparaît.

Par contre il reste les glorifications de Dieu qui ont fait que les rois David et Salamon deviennent aussi
puissants et ils sont à la disposition de n’importe quel être humain à travers le bien, la méditation, et
le murmure du nom de Dieu.

Intersection, le Zabour livre du Roi Prophète David est le livre divin de la logique, voir épistémologie
du mot en arabe et tout ce carnage sans merci au moyen orient n’a pas la moindre raison d’être.

Les théorèmes fatimides que j’adore d’abord par appartenance puis par leur simplicité évidente
puisqu’ils incluent le sens et la portée de la chose dans l’appellation. Al Aqsa détruit cinq fois par des
tremblements de terre a été reconstruit la dernière fois vers l’année 1133 et quelques poussières par
le Calife Fatimide Ali Azahir dont la traduction est Celui qui sera évident par la volonté de Dieu.
Simultanément, il a construit une église un peu plus loin que son frère fanatique avait détruit.

Je vous adore mes aïeux bien aimés. Al Aqsa qui n’est autre que l’extrême de tout, l’extrême du mal,
des morts sans raison chaque seconde, la faim, la décadence, l’injustice puis le miracle de la science,
le savoir presque complet disponible, l’héritage de toutes les civilisations qui convergent vers des
valeurs intrinsèques réunissant la raison, la spiritualité, l’art, la reconnaissance du One God Allah que
certains appellent l’univers, la justice, la reconnaissance de Mercy to everyone Muhammad qui est le
Jésus de la fin des temps, une bénédiction clairvoyante qui fera réaliser à l’ouest le fameux triomphe
cité dans le Coran dans Sourate « les romains » = « les occidentaux ».

Les romains cesseront de dire que Muhammad n’est pas le prophète de Dieu et de dire que Jésus est
mort crucifié. D’ailleurs, si cela était vrai comment reviendrait-il à la fin des temps ? Si Jésus n’a rien
dit à ce sujet, comment l’église s’entête à nier la dernière révélation de Dieu qui est le Coran ? Le Coran
cite que les arabes ne tiendront plus la chandelle parce qu’ils ne seront pas à la hauteur.

A la télévision des meurtres sataniques sont perpétrés par les injustes de toutes appartenances. Un
certain état islamique voit le jour coming from nowhere et ses disciples exécutent tout ce qui leur
passe par les mains, des statues aux hommes qu’ils habillent d’orange, couleur préférée de l’oncle Sam
à Guantanamo, comme par hasard.

Houh !

Pendant ce temps, les personnes gentilles (en dehors de je te tabasse, tu me tabasses) attendent
calmement à la place des fainéants en répétant :

« Ah, oui, c’est bien Armageddon ! Il faut surtout ne rien faire ! »

Une bipolaire fatimide passe par là et admire avec plénitude cette toile du vide de l’attente.

Avec la clarté de vision des hypomanies auxquelles elle est habituée, elle imagine un monde parfait,
un Perfect World où il n’y a pas de fainéants.

La passante bipolaire fatimide, avec une tendre pensée pour Charles Baudelaire, lui-même bipolaire,
trace dans l’espace avec sa fertile imagination de poétesse, une gravure d’un monde nouveau.

Elle choisit de ne pas utiliser l’huile sur toile. Elle choisit de graver avec son sang Gayland-Fatimide,
Hassanite et Husseinite une nouvelle réalité. Alchimiste qu’elle est, elle distille du sang Kohen qui
descend goutte par goutte et se mélange en coquelicots qu’elle n’a pas pu voir ce printemps en version
live.

Les populations s’agitent et prennent la route du social change sans me mettre la cervelle à l’envers.

Tous les terriens mettent las manos en la masa.

Les espagnols se mêlent de leurs oignons et laissent tranquille le Sahara après avoir rendu les îles
éternelles, Zaffarines, Ceuta et Melilla et mes droits qu’il est grand temps de poser sur la table avant
que les intérêts de retard n’atteignent des sommes époustouflantes.

Des valeurs sont gravées au sang rouge sur le Perfect World : le partage, l’amour, la compassion, la
gratitude, la justice, la paix et toutes les valeurs indiquées par les beaux noms de Dieu qui ne sont
autres que les valeurs universelles qui seront véritablement universelles et non pas à doubles
standards.

Comme je suis une décidée à vivre par excellence, une femme de l’apocalypse détachée des chapelles
où les moines n’ont pas cessé de prier depuis des siècles, je fais une ascension ou encore un voyage
nocturne pour me rendre à la place des fainéant de Tanger Metropolis, au détroit de Gibraltar.
J’ai préparé une plaque gravée en vert émeraude sur marbre comme ceux des marabouts Gayland. Je
porte la tenue de la statue de l’animal de légende fatimide à la ville de Mehdia Tunisienne. J’ai amené
les deux chandeliers de Jean Valjean que j’ai à la maison. En les joignant, cela donne un chandelier à
six bougies dont les synagogues et les lieux de cultes juifs regorgent.

Les bougies allumées ressemblent drôlement à celles utilisées dans les prières chrétiennes et aussi aux
cérémonies zen.

Avec l’agilité de l’animal de légende Mehdia à la coupe soleil que je suis pour l’occasion, j’accroche la
plaque immense au-dessus de la place.

Je lance un feu d’artifice. Des Mehdia se multiplient en danseuses au foulard (une gravure sur plat en
porcelaine fatimide) et font des pas de danse Flamenco sur la place comme Freddie Mercury dans le
clip de The Great Pretender qu’il a réadapté.

Par ordre du Great Pretender, le nom de la place de l’attente est devenue celui de « la place des
bienfaisants ».

Contribution, bienfaisance, paix et amour, est la nouvelle adresse où j’ai décidé de vivre.
Material World

Madonna a chanté dans ses tendres années de grand succès international un hit intitulé « Material
girl ».

Elle disait en se déhanchant avec toute la fraîcheur de ses vingt-deux ans :

« ‘cause I am a material girl in a material world.”

A l’époque, mes quinze ans ne me permettaient pas de saisir le vrai sens de « material world ».

Pour en saisir correctement le sens, il faut avoir une tignasse de cheveux blancs devenus blancs
naturellement et non avec de l’eau oxygénée, une liste interminable d’ex, des ex amis (es), des ex
Roméos, des ex-camarades, des ex-collègues, des ex-boulots, des ex-professions, des ex-santés et bien
évidemment, des ex familles.

Comme dans un jeu de PlayStation, les gens courent dans tous les sens pour posséder plus.

Un homme sage que j’apprécie de plus en plus est le Dallai Lama actuel. Avec sagesse, il montre à
l’humanité comment elle doit prendre le temps de laisser tomber le désir de posséder par la résilience,
le temps d’apprendre l’acceptation et cultiver la gratitude.

Les sufis musulmans ont parlé de cela aussi avant de s’égarer dans des zaouïas voulant s’arracher les
honneurs et rentabiliser leurs pseudos connaissances.

Je vous vois de là sourire et je lis d’avance la question que vous allez me poser tout de suite :

« Où sont les religions ? »

Elles sont en train de s’entretuer pour posséder les lieux saints.

Un neurone dans mon cerveau rebelle ne veut pas faire la sieste. Il pose une question qu’avec grande
démocratie, j’écoute :

« Pourquoi un endroit sain doit-il appartenir à quiconque ? »

La sainteté d’un endroit n’est-elle pas un niveau d’élévation qui le rend hors de la portée de tout être
humain ? De tout pays ou communauté ?

D’affilée, de nombreuses autres neurones s’assoient confortablement et du haut de leurs axones


avalent une gorgée de lait froid au sucre brun en s’écriant :

« Pourquoi donc, par tous les saints, les religieux se proclamant saints s’entretuent pour posséder les
endroits saints où il n’y a plus aucun saint car aucun saint n’aurait voulu rester avec des criminels ? »

J’ai parmi mes projets une fois la transfusion et fusion de sang Gayland-Fatimide-Kohen made in the
USA réalisée, de lancer à la cours international de justice de La Haye une demande
d’internationalisation de la mosquée Al Aqsa, l’Extrême étant moi-même une descendante vraie, pas
du toc, des fatimides l’ayant construit. Je voudrais trouver un avocat à New York pour le faire.
Il n’est pas question que je fasse le procès à partir du bled car l’avocat vendrait l’affaire pour 5 dirhams
payés par quelqu’un qui passe.

Je voulais me rendre à Jérusalem, la ville de lumières et prier dans tous les lieux de culte y existant. En
attendant de pouvoir y aller, je le fais à distance dans ma décision de vivre.

Je voudrais que les juifs ne pleurent plus dans leurs rituels, ni les chiites, ni le Hamas leurs martyrs. Je
voudrais qu’Al Qods ou Jérusalem soit continuellement en fête et que les bougies soient constamment
allumées dans les ruelles de Nazareth et Beit Lehm.

Oui, oui, je sais bien que j’ai appris sur le tas et qu’aucune institution scolaire officielle n’atteste du
« knowledge » de ma jolie tête aux cheveux bouclés.

Je sais que j’ai refusé catégoriquement de faire la maternelle et je refuse qu’on m’impose quoi que ce
soit préférant apprendre par l’observation.

Toutefois, je me donne royalement la liberté d’exprimer mes opinions dans « Ma » décision de vivre
que je veux plus contagieuse que le virus de l’Ebola des oiseaux, des vaches et pauvres cochons qu’il
est grand temps de cesser d’égorger.

Il est grand temps de cesser de faire couler le sang, bon sang !

Du côté du middle East, cela chauffe, cela se tabasse, cela s’entretue.

L’homme des pierres réagirait ainsi uniquement si cela dépend de sa survie. L’homme de maintenant
tue gratuitement à droite et à gauche, aveuglé par l’ignorance.

L’Homme oublie que Dieu, the One God, Allah où l’Univers a créé tous les mortels.

Une course sans pitié guide les gens vers des biens matériels, avec désir permanent de posséder plus
et plus.

Plus de vêtements signés, plus de voitures, plus de ravitaillement, moins de compassion, moins de
fraternité, moins de justice.

Serait-ce la fin des temps ?

Je vous invite à écouter Sign o’ the time de Prince paru vers 1987 au Maroc, vous y trouverez peut-être
bien une réponse.

Seulement, avant la clôture des « temps » il est annoncé par les philosophes, les prophètes et les
artistes qu’un Eden précédera.

N’est-il pas grand temps de le vivre et de le partager avec les autres ?

Bizarrement le monde d’Allah ou l’Univers n’a pas changé.

Chaque jour, le soleil se lève.

Le ciel est bleu.

La planète terre est magnifique.


Il y a une si grande beauté autour de nous, la verdure, les mers et les océans, les jungles, les oiseaux,
les papillons et les doux printemps.

L’Homme a construit des gratte-ciels et il a inventé des avions, des smartphones. Il a surtout inventé
l’indifférence.

« Indifférence, tu traînes tes enfants dans la boue, indifférence » Chante Serges Reggiani.

L’Homme regarde sans sourciller d’autres humains mourir froidement en réfléchissant à son compte
en banque et à ses possessions, ses maisons, ses meubles et ses prochaines vacances.

Je démissionne de ce monde-là !

J’ai jeté mon téléphone portable. Je n’ai plus de voiture.

Je fuis comme la peste les clubs de fitness qui me semblent d’un ridicule qui tue.

Je monte à dos de mulets et de chameaux.

Je remplace de nombreux repas par du lait et des dattes.

Je fréquente les jardins publics au lieu de cafés luxueux.

Vendredi matin, je suis hors de couverture et je me dédie sereinement à glorifier Allah, the One Good.

Cela me remplit de sérénité.

Si Mars le dieu terrestre de la guerre a détruit ce joli monde, moi je suis Venus, la déesse de l’amour
terrestre et je décide de basculer vers un autre monde, the Perfect World alias l’Eden terrestre.

Je trie ce que l’homme a fait de correct depuis ses débuts sur terre et je jette tous ses horribles crimes
de Caen que je renie.

Je me libère de tous les mauvaises habitudes avec la même facilité que j’ai eu à me libérer de mes
tailleurs avec mini jupes lorsque je suis devenue Nour « lumière » en 1998.

Je me libère de l’or, de l’argent, des habitudes masculines et des sociétés de consommation.

Je puise dans les sources de l’humanité la façon de ressentir la vraie beauté spirituelle qu’on atteint
par la résilience et l’effort de la contribution à rendre heureux les autres.

Material girl ? Are you kidding-me Madonna ?

C’est hors de question.

Je suis une femme du monde sans enfants qui réinvente la loi de la maternité qui est comme la loi du
nerf, tout ou rien.

Je suis la mère de tout le monde. Eve qui avec son cœur qui brûle dans les braises et pleure du sang
comme ma toile de « Mal d’aimer » veut recoller les morceaux des êtres humains éparpillés par la
haine dans tous les coins.
J’ai décidé de vivre.

Avec vous, vous et vous, puis vous, et vous !

Décidons ensemble de vivre !


Un high en avril

C’était l’année 2008 et les poules n’avaient pas encore de dents.

Moi, je n’avais pas de griffes. Cependant, de même que pour les dents des poules, mes griffes n’allaient
pas tarder à se constituer.

Je croulais sous les neuroleptiques depuis cinq ans déjà et mes crises se suivaient à la queue leu leu.
J’avais été diagnostiqué bipolaire si l’on peut parler de diagnostic avec un vulgaire toubib psy made in
Tanger.

Il m’a fallu de grands efforts pour que le toubib, un monsieur à l’allure de geôlier m’annonce cette
nouvelle.

Menu de ses bouteilles d’Haldol qu’il prenait plaisir à instiller dans ma substance grise qui se faisait
noirâtre par la force des choses. Tout en refusant catégoriquement de me fournir un certificat de
maladie. Pah ! Morrocan Doctors !

Chez nous au bled, les toubibs détestent les malades savants.

Moi, du haut de ma bipolarité acquise, j’ai décidé de devenir le toubib malgré lui, le grand toubib, celui
de lui-même.

Cela a été facile étant donné que le livret de famille de mon père regorge de toubibs. Donc, un de plus,
certifié ou pas, ne fait pas de mal.

Depuis mes tendres années que j’aspire à récupérer comme le Prophète Ayoub en calquant ce qu’il a
fait, les blouses blanches m’inspirent une grande méfiance de même que les camisoles chimiques et
en tissu.

Quant aux psys, ce n’est pas que je leur porte de l’aversion, loin de là, sinon je les trouve incompétents
et je pense bien qu’il est grand temps qu’ils apprennent à se former comme il se doit.

Je propose pour cela une vraie réforme de la médecine au Maroc et de vraies lois interdisant le vol à
main armée de la santé des pauvres marocains. Je souris en pensant au concours de la faculté de
médecine que ma famille m’avait obligé à passer en 1985.

Rien de cela n’allait se faire parce que j’étais pleinement absorbée par le concert de USA for Africa que
la télévision passait. Il n’était pas question que j’accède à 16 ans à la faculté de médecine apprendre à
longueur de journée des cahiers entiers qu’il fallait réciter après à leurs excellences les professeurs.
Peuh. De toute façon, j’allais devenir médecin malgré moi, donc à quoi perdre mes belles années de
fin d’adolescence dans un amphithéâtre alors que j’avais toute la vie à découvrir.

Le rêve de ma mère de l’époque était de faire de moi un docteur en médecine et de me faire partager
un cabinet de médecine avec mon aînée. Que Dieu me garde !

Mes poèmes et mes premiers romans étaient déchirés, piétinés avec mes rêves innocents d’amour et
de paix.
J’avais écrit à 13 ans un poème intitulé « Vive la paix » :

On s’écrira vive la paix

quand sera finie la guerre

On s’écrira vive la paix

Quand tous les hommes seront frères

Je ne me rappelle plus de la suite. Ma sœur avait déchiré toute la série de poèmes que j’avais
rassemblés dans un cahier original que j’avais cousu moi-même avec de la laine blanche. Peut-être
bien celle de l’épouse de l’agneau.

Donc, au lieu de préparer le concours que je refusais catégoriquement en silence, j’écoutais les artistes
américains chanter « We are the world, we are the children » avant le réchauffement climatique et
bordélique de la planète.

Je reviens à la médecine au Maroc qui est complètement dépassée même si un argent fou entre au
ministère de la santé pour ne plus en sortir.

Les patients marocains devraient entamer leur révolution de malades.

C’est le Che bipolaire qui parle.

Je sais bien qu’ici au bled, les personnes qui ont les moyens se permettent des soins à des prix
exorbitants dans des pseudos conditions d’hygiène et de dignité tout en étant plumés à volonté.
N’empêche que Sayidouna Ozrael l’ange de la mort fauche leurs âmes gâtées dès qu’ils figurent sur la
liste.

La psychiatrie, elle, c’est un autre monde, de fous, englobant le personnel soignant incapable de
soigner une fourmi souffrant de fièvre. Alors de là, à soigner une cigale comme moi ! Ha !

Un high en avril, un down en mars, sept ans après et le tour est joué.

Un rapport que le respectable ministère de la santé a publié, cite des chiffres alarmants. Bien sûr que
je ne l’ai pas lu. Vous me voyez lire des rapports, moi ?

Il faudrait faire une actualisation de ces données que je n’ai pas lues et que je ne veux pas lire en
incluant l’état psychique des toubibs marocains à commencer par Dr. Cactus mon psy de l’époque qui
refusait de me fournir un certificat médical alors que j’étais en high et qu’il m’a envoyé chez son copain
le neurologue qui prenait mille dirhams par certificats. Dieu, quelle clique !

Pour aboutir à des conclusions pertinentes, il m’a fallu une longue expérience du domaine de patient,
beaucoup de lectures sur internet où je me suis réellement formée comme une fourmi assoiffée de
savoir. En tout cas assez de savoir pour lever la tête et faire la révolution. No ! Je ne suis pas un légume !

Il m’a fallu du temps pour constater que les vraies pathologies n’étaient pas les malades internés
puisque ces derniers recevaient des soins.
Les vraies pathologies ce sont les triades noires qui ont envoyées les patients à l’asile, où ils reçoivent
des ombres de soins faisant honte au dernier pays sur la liste du tiers monde.

De constatation à constatation, j’ai plongé avec ma tenue de sirène fatimide dans l’univers de la
psyché.

De lectures en lectures, mon instruction se faisait incluant les conseils du Coran et de la tradition
prophétique de Muhammad.

J’étais en manque d’un traitement adéquat, parce que Dr. Cactus ne voulait pas changer mon
traitement et insistait pour me maintenir sous un traitement qui n’en était pas un et ne m’allait pas.
Parce Dr. Psy femme aux yeux verts ne voulait pas non plus changer le traitement de Dr. Cactus car les
cactus ont toujours raisons.

Par la force des choses, mes idées s’accéléraient de temps en temps me faisant atterrir devant une
blouse blanche qui avait un porteur à la tête allongée témoignant d’une dépression majeure.

Il y avait le psy qui se plaignait de trop travailler et ne pas avoir le temps de manger correctement en
dépit du centre qu’il a fondé après sa démission de la direction de l’hôpital psychiatrique de Tanger
avec pas moins de 8 millions de dirhams. Il se contentait de déjeuner avec un petit hamburger de Eric’s.

Le pauvre !

J’en avais les larmes aux yeux parce que je devais lui payer 500 Dh, pour l’avoir écouté une heure.

Les fois où les toubibs m’ont fait des radios électrococococ sont nombreuses.

Cela a permis à leurs comptes en banques d’épaissir.

Le dernier, Dr. International a profité d’une consultation pour me faire une dissertation sur les mille et
une nuit et leur côté érotique. Il s’est exprimé comme il a pu sur le sexe en vrai opprimé.

J’ai payé ma consultation de 200 Dh.

Quand je suis revenue des mois plus tard, il m’a demandé brutalement : qu’est-ce que tu viens faire
ici ?

Je lui ai répondu : vous avec un cabinet médical il me semble ouvert ?

Alors il m’a prescrit 2000 Dh d’analyses et s’est fait payer la consultation 250 Dh. Celui-là est le plus
jeune, séduisant, activiste et pseudo correct.

Le fait de m’approfondir dans les sciences de la psyché n’a pas empêché la maladie d’avancer. Chose
qui ne me dérange pas. J’ai appris à la connaître et à l’apprivoiser.

C’est une belle leçon de vie.

La vie entière est un cadeau. Un beau cadeau.

Cela m’a permis de constater que nous vivons dans un grand asile ouvert surtout dans les pays où
l’ignorance se teinte d’intolérance.
Révérence !

Béni sois-tu high d’avril !

J’ai décidé de vivre. Je suis bipolaire et je me soigne.

Le destin heureux qui a fait de moi une malade psychiatrique m’a poussé à creuser, à me connaître
mieux et à comprendre ce qui se passe autour de moi.

J’ai étudié le coaching personnel et de vie, la science du bonheur et j’en suis à une introduction de la
psychologie.

Se connaître et arrêter de faire du mal autour de soi est en fait le plus grand des exploits.

Dans la psyché si X a un bobo c’est Y ou Z qui le lui a fait. Pour que X guérisse il faudrait soigner Y et Z.
Ainsi X guérira.

En attendant cette révolution de la psychanalyse, je vis comme un ermite dans ma tour à calquer la
gaité des pigeons, des mouettes, des oiseaux migrateurs et des cigognes qui survolent le ciel.

Je voudrais grandir. Encore. Sans manie. Evoluer et aider à soulager les souffrances, surtout celles que
j’ai expérimentées et dont je connais les remèdes pour avoir été un rat de bibliothèque depuis l’âge
de quatre ans.

C’est ce à quoi j’aspire.

That’s it! En high ou en down, qu’importe !

C’est cela décider de vivre !

La grenouille
Couac couac, s’écrit-elle en grimpant sans faute la tour du succès.

Derrière-elle les autres grenouilles laissent tomber la course découragées par les commentaires du
public aligné en deux rangées parallèles, des êtres vivants de l’espèce supérieure qui croit détenir les
secrets du savoir du haut de leur deux jambes.

Les humains, vous l’avez deviné, crient : « elles n’y arriveront jamais ! ». Se mêlant de tout ce qui ne
les concerne pas, ils s’octroient la permission d’être arbitres et spectateurs, orateurs et même muftis,
profession valant de la devise en quantité qui permet de renseigner le peuple sur le « haram » licite et
« non haram » illicite surtout quand personne ne pose la question et que le peuple s’en moque
royalement.

Tape-la !

Notre héroïne, madame la grenouille a escaladé ce qui lui restait de distance et dans l’ici maintenant,
elle est juchée en position Buddhas sur le sommet de la tour en train de faire un exercice de méditation
pleine conscience. Elle tourne sa jolie tête vert aquatique le temps de tirer la langue joyeusement à
l’attroupement resté au bas fond de l’échelle de la pyramide de Maslow.

Les muftis n’en croient pas leurs longues barbes. Nombreux sont ceux qui murmurent que c’est un
blasphème et qu’une lapidation en bonne et due forme s’impose.

Or, le reste de public qui adore se prosterner devant les stars, grenouilles ou autres, chante déjà « viva
couac couac ». Hourrah ! Quelle belle victoire !

La banque Spanish Santander brandit sa flamme et décide de sponsoriser l’escalade de la victorieuse


grenouille Cairo la fin de ce printemps de la somptueuse statue de la liberté à New York, la ville de l’art
contemporain.

« Fame, I wanna live forever ! » Dira encore une fois Irène Cara.

« Muemeti we jemeata », s’écrit la grenouille en dialecte standard Marocain.

Les journalistes débarquent devant la forteresse Gayland à quelques trente mètres de l’hôtel
Movempick qui ferait mieux de transformer son luxueux Casino en une « Vegetarian Disco » sans alcool
et sans drogue avec de la bonne musique internationale digne de la ville de Tanger Metropolis, actuel
Eden de paix et d’harmonie.

Donc les professionnels du bla bla sont arrivés. On voit la barbiche de Ahmed Mansour, témoin de son
temps sur le triomphe de madame grenouille. Fayçal Al Qassim est perplexe, il se demande qui il va
mettre en face de Cairo, la grenouille victorieuse. Il faudrait que l’émission chauffe comme du temps
des arènes de l’Empire Romain permettant ainsi à l’île de la haine de s’en faire plein les poches.

Al manar a dépêché un correspondant qui ne tardera pas à être incarcéré pour chose de la chose que
la chose à la chose n’a jamais fait. Ayat du ayat iranien a déjà proclamé que Cairo, la grenouille
victorieuse est bel et bien le sauveur tant attendu et que bien sûr Cairo est chiîte.

Après la diffusion de la déclaration du Ayat, des manifestations de manifestants souhaitant se


manifester sont sortis dans toutes les villes du monde. Chaque manifestant de chaque manifestation,
se manifestant répète que Cairo est du même courant idéologique, philosophique et religieux que lui.
Anonymous ont conçu un masque spécial grenouille pour dissimuler le visage de Cairo, la grenouille
victorieuse.

Les chrétiens sentent la présence de Jésus ici-bas.

Ahl sunna wa al jama3a, soit les sunnites de l’union qui disent être les seuls à avoir raison demandent
à Cairo, la grenouille victorieuse une déclaration claire de ses appartenances religieuses avant de
continuer à l’appuyer.

Le Dallai Lama lui n’a pas voulu dépêcher ses moines surtout qu’il a déjà publié qu’aucun Dallai lama
ne va lui succéder. Il est heureux que Cairo pratique des exercices de méditation pleine conscience et
dans son temple du Tibet, il lui fait un clin d’œil sympathique. Ses recherches en psychologie ont donné
des fruits.

Sa sainteté Francis premier, le pape, a décidé de se séparer du voile fatimide de Sainte Anne et d’en
faire cadeau à Cairo qui en retour envoie un email à sa sainteté lui annonçant son souhait de visiter le
Vatican. De ce côté, que du bonheur !

Des séparatistes daichiens ont mis pied sur le rivage de Ghandouri dissimulés en palmiers en
mouvement. Ils ont entendu dire que le calife Omar était du toc. Sachant Cairo fatimide, ils se sont
dits, une grenouille ? Pourquoi pas ? Après tout, au point où ils ont sont ? Tuer cela fatigue et puis être
les disciples d’une super star grenouille, it’s amazing ?

Sissi soigne sa calvitie et teint ses cheveux d’ultra noir. Il regarde son miroir et il lui dit : miroir, Ô miroir
dis-moi que c’est moi le plus beau et non les frérots que j’ai tous mis au cachot et que j’exécute un par
un. Il décide de convertir la place Rabia en fontaine spéciale grenouille pour plaire à Cairo, la grenouille
victorieuse.

Holland lui est plutôt jaloux que la ville de Tanger Metropolis attire autant de lumières. Il aimerait venir
lui faire ses hommages, seulement, il fait la chasse aux voilées (burqa, nikab, foulard) et aux barbus,
fruit de l’intolérance semée depuis un certain ministre de l’intérieur du nom de Sarkozy.

Le palais royal à Rabat a choisi de ne pas se mêler de l’histoire. Sa majesté le roi Mohamed VI continue
son travail axé sur le développement durable, la paix et la tolérance faisant du Maroc un pays de liberté
qui installe l’Eden terrestre dans le monde. Les marocains l’aiment beaucoup. Mohamed VI est un
monarque qui a choisi de régner avec le cœur et non avec la raison. Sa majesté règne avec sa partie
de souffle divin qui fait passer le message de l’amour par tous ses actes.

L’attroupement en bas de la tour Gayland a de plus en plus de consistance. La pièce de théâtre est
presque finie. Cairo est descendue de la tour. Elle regarde avec étonnement les spectateurs de toutes
appartenances venant l’accueillir. Les flashs des journalistes brillent. Les policiers rétablissent l’ordre
de la foule.

Les questions fusent de tous les côtés.

« Madame Grenouille Cairo, comment avez-vous fait pour grimper la tour Gayland de l’avenue
Mohamed VI à Tanger Metropolis ? »

Les journalistes ne se lassent pas de répéter la question espérant avoir une réponse de Cairo.
Après un bon bout de temps, ils découvrent la surdité évidente de Cairo.

Madame la grenouille victorieuse Cairo est sourde. Pour cette raison, elle ne suit que son cœur qui lui
dit là où il faut aller. C’est pour cette raison qu’elle seule est arrivée à escalader la tour Gayland.

Les gourous de développement personnel reprennent souvent cette histoire de force de caractère que
j’ai choisi d’enrober dans l’ambiance 2015.

Je choisis de faire comme Cairo, la grenouille victorieuse qui a décidé de vivre.

Décider de vivre, c’est fermer ses oreilles à tout ce qui est négatif et ouvrir son cœur à tout ce qui est
amour, gratitude, compassion et paix. C’est contribuer à aider les autres qui sont plus défavorisés que
nous. A faire rentrer dans sa tête que les êtres humains sont pareil. A quoi bon toutes ces guerres dont
l’homme des cavernes aurait eu honte.

J’ai décidé d’être sourde à tous ceux qui me diront que l’autre est différent. J’ai décidé d’être sourde
à tous ceux qui diront que ce n’est pas la peine d’escalader la tour Gayland sous prétexte que c’est
impossible.

Le mot impossible est fictif.

Vous le constatez ? J’ai décidé de vivre !


La loi de l’attraction

Quand le grand père des fourmis était jeune (voir expression en arabe « melli kan jede neml ateriss),
j’avais tout juste 21 ans et je me trouvais à Madrid à quelques vingt pas du beau Museo del Prado.

Il va de soi que je n’ai pas mis les pieds dans l’illustre musée pour la simple raison que je fouettais
d’autres chats dans un début de « hand to mouth » qui pour peu allait devenir perpétuité. Saved by
the Bell !

Je me contentais de l’observer de loin en attendant de suivre une formation en bonne et due forme
avec l’université Carlos III de Madrid quand 40 % de mes cheveux camouflés seront blancs sous une
teinte marron cannelle.

Les dimanches, je prenais plaisir à me balader sur les pavés de la ville.

Je parcourais de longues distances à pied comme l’a fait dans son temps Abassides Sinbad le Marin
avec la seule particularité que j’étais Sinbad, Yasmina, Ali Baba et le vieillard.

J’eus la confirmation de cette vérité après un siècle et une gazelle (expression marocaine, n’oubliez
pas de goûter aux cornes de gazelles en amandes, un délice de la gastronomie marocaine), en lisant
les travaux de Jung et en constatant avec quel ferveur je combattais les quarante voleurs.

La plaza de los Cibeles, un bel endroit à contempler comme de nombreux lieux à Madrid.

A l’époque, les espagnols étaient très gais. Juste avant de rejoindre l’union européenne. Les éclats de
rire fusaient dans les métros et les transports publics même entre des gens qui ne se connaissaient
pas. Même leurs clochards étaient sympathiques et les femmes d’un certain âge vous saluaient le
matin.

Je ne sais pas si c’est l’union européenne ou bien le morceau de tissu que j’ai porté par la suite sur ma
tête qui ont fait que tout ce bel aspect a basculé vers une litanie d’injustice me faisant avaler cinq litres
d’eau par jour pour éteindre le feu des comprimés de lithium dans gorge. It’s life !

Durant mes randonnées, j’étais surtout attirée par les bancs publics dans les jardins.

A l’époque, Tanger était une ville abandonné et il ne lui restait plus rien du prestige international sinon
dans le cœur de quelques tangérois fidèles qui n’ont pas voulu la quitter et aller vivre ailleurs.

Il y avait peu de café fréquentables et les jeunes gens s’alignaient à la place des fainéants en regardant
le détroit avec désespoir.

Ceux qui avaient quelques dirhams partaient au café Hafa se partager un joint avec les « khoutes »
appellation tangéroise de « frères ». Khay et Kheti à Tanger n’indique aucune affiliation ni
appartenance. C’est une appellation amicale que la population de Tanger très accueillante répète sans
modération du marchand de poisson à l’employé de banque.
La jeunesse marocaine des années 90’s dont un pourcentage a malheureusement péri en essayant de
traverser clandestinement le détroit ignoraient que leur salvation viendrait du ciel « Heaven » et d’un
jeune roi au cœur tendre qui penserait à eux.

Dieu merci, Glory to Allah, mes jambes me portent encore et en cherchant des yeux un café où
m’installer pour écrire un peu, je suis arrivée à la place Ain Ketiouet.

A côté de mon école primaire Oum Ayman, la médiathèque se dresse majestueuse et un grand jardin
regorge de bancs publics confortables en bois. Les couleurs fraîches de gazon et de fleurs changées à
chaque saison sont magnifiques.

Je choisis de m’installer avec mon cahier à spirales vert brillant et d’écrire ce passage de ma décision
de vivre.

Nous sommes le 15 février 2015 et il fait froid.

Pourtant, j’ai aimé m’installer ici et fêter la présence des bancs publics et la force de la loi de
l’attraction.

Je fête Tanger Metropolis et la montée en puissance de la renaissance Marocaine. Il n’y a qu’à écouter
les chansons de Saad Lmjared, Fnaire et Hatim Ammor qui pourraient être mes enfants et que j’écoute
à volonté. La jeunesse marocaine se réveille, cherche un style et un chemin. J’aime leur gaité, leur joie
de vivre contagieuse.

Il y en a d’autres certainement que je n’ai pas cités parce que je ne les connais pas pour la simple raison
que j’ai banni les médias de mon quotidien et ils sont certainement géniaux aussi.

Des enfants jouent.

Il n’y a pas d’odeurs nauséabondes de cigarettes ni de serveur qui me regarde l’air de dire :

- Dégage, ce n’est pas un endroit pour écrire !

Je suis fière d’être dans un endroit public à zéro dirham et je profite de l’air du temps.

Glory to the One God !

J’ai décidé de vivre.

L’univers me le répète à l’unisson.


Armageddon

Et Dieu créa la terre et les cieux. Puis il créa l’Homme. Les prophètes se succédèrent dans un processus
de leadership naturel d’Adam à Muhammad.

D’après Steven Covey, les humains sont composés de deux catégories : les guides ou leaders et les
personnes qui sont guidées.

Les prophètes ont joué le rôle de coaches, formateurs et guides sans toucher un traître sou. Pour cela,
ils sont nommés « les messagers de Dieu ».

Bien sûr, les hommes firent beaucoup de bêtises dont la plus grande fut celle de ne pas croire qu’un
déluge menaçait la planète terre du temps de Noé. L’arche de ce dernier sauva quand même ce qu’il
put sauver entre humains sages et animaux.

Rebelote sur la planète terre et on se retrouve à Babylone, belle civilisation qui vit naître la loi et la
tyrannie puis le prophète Abraham que juifs, chrétiens et musulmans citent dans leurs prières. Grosse
polémique sur le sacrifice du mouton pour Ismaël ou bien Isaac chez les adeptes des textes sacrés
anciens.

Le cerveau masculin adore ce genre de polémique.

Jacob ou Israël fils d’Isaac met au monde douze jeunes hommes dont Joseph lui-même prophète. Dans
une histoire que le Coran cite comme la plus belle des histoires, les fils d’Israël se réunissent en Egypte
où deux siècles après ils sont gravement tyrannisés par un pharaon appuyé par un homme d’affaire
Qaron ou Crésus et un militaire Haman.

Allez hop on plie bagage, il est temps de quitter l’Egypte. L’errance commence pour les enfants d’Israël,
une errance qui a dû être très difficile à vivre.

Jérusalem ou le Royaume de Dieu accueille Jésus l’enfant miracle de la vierge Mariam, bel événement
décrit dans la sourate Mariam du chapitre 19 du Coran. Persécuté comme de coutume, le Messie mène
une vie d’errance avant d’être rappelé à Dieu. Grosse grosse polémique, les chrétiens disent qu’il est
le fils de Dieu et qu’il a été crucifié.

Les musulmans lisent les versets du Coran qui renient ce fait.

L’année 570 après Jésus verra la naissance de Muhammad qui clôture la lignée de prophètes car leur
travail sur terre est terminé comme l’indique le Coran. Cette fois, le texte sacré descend d’emblée en
langue arabe parce que les arabes de la Mecque maîtrise la langue au point d’apprendre les textes très
longs sans les modifier, chose qu’un occidental ne pourrait faire avec sa propre langue, voir Sourate
Les Poètes verset 198.

Ainsi les musulmans n’auront pas à inventer des suites ou percevoir autrement la réalité du message
divin de façon à limiter les risques de déformation.
On se retrouve sur terre avec des juifs, des chrétiens et des musulmans. Plus loin en Asie, les
bouddhistes font leur culte généralement pacifiquement. C’est entre les trois premiers que cela
chauffe. Boum !

Le chandelier, la croix et le croissant de lune se font la guerre pour une raison qui m’échappe avec mon
cerveau de femme. En 2015, c’est la décadence. Pfff !

Les tempêtes se succèdent au moyen orient et les musulmans meurent comme des mouches qu’on
asphyxie avec un insecticide. Emran Hussein raconte pleins d’atrocités à venir et recommande aux gens
de rester sagement assis chez eux.

Apocalypse, pas apocalypse, je m’en fous mais faites votre part du boulot et laissez-moi revenir à mes
recettes de petits fours aux amandes et pastilla aux pigeons. Que fait sa Sainteté le Pape à parler
d’Arméniens en ce moment ? C’est une honte de tuer au Yémen des pauvres gens qui n’ont même pas
un bout de pain à mastiquer. Puis ce cinéma de danger chiite, arrêtez-le. Chiite veut dire défenseurs
de Ali, cousin et gendre de Muhammad. Sur quel fond vous vous chamaillez comme des poules dans
un poulailler de province ?

Les terres saintes musulmanes que les grosses têtes du golf disent gérer ne représentent absolument
pas une légitimité de commandement sur la tête des pauvres musulmans. Donnez d’abord à vos
femmes le droit de sortir prendre de l’air et de conduire avant de prétendre guider qui que ce soit.

De passage, réduisez un peu l’étalage de hanches et de cuisses féminines sur vos chaînes, cela devient
dégoutant à la longue. Sinon rendez-les privées comme cela a toujours été le cas.
Lisez le Coran en étant lucides et propres. Qu’avez-vous fait du monde musulman avec votre « dirty
cash » ? Les musulmans tués avec votre argent et sous vos ordres dépassent de loin ceux tués par
Israël. Les israéliens ont peut-être fait de nombreuses bêtises mais ils ne sont jamais entretués entre
eux et c’est un point positif pour eux devant Dieu.

Par tous les saints, que faites-vous dans les terres saintes à vous tuer les uns les autres au nom des
religions saintes ? Les vieilles femmes à Asilah une de mes villes d’origine (j’en ai plusieurs) appellent
« Kharebou9 merebou9 » toute chose qui n’a pas de logique. Armageddon est égale à Kharebou9
merebou9 de nos grandes mères.

Les humains, les hommes, toutes appartenances confondues, ont fait tellement de dégâts sur terre où
même les oiseaux, les vaches et les cochons ont développé des atrophies. J’ignore si c’est l’excès de
Viagra bleu, les joints de Karkoubi, le ballon de football qui les hypnotise ou l’argent de la corruption
avalé à tort et à travers qui ont exterminé les neurones de leurs substances grises, en tout cas, le film
d’horreur joué au moyen orient est de mauvais goût.

J’ai envie de faire le pèlerinage et d’aller à Médine. Puis, je veux aller à Jérusalem, le royaume de Dieu
et je veux le faire en temps de paix. Moise et Aaron , Jésus et Muhammad sont la même devise
monnayée par les valeurs de justice, de paix, de clémence et d’égalité, de comportements intègres et
de bonnes actions clairement indiquées dans les beaux noms de Dieu.

Donc, en conclusion, j’ai décidé de vivre.


J’ai décidé de vivre à l’air du temps.

Si c’est bien l’apocalypse, je suis sa femme.

Si c’est un jeu d’échec, échec et mat idées noires. Plutôt des idées vertes et des vols dans les hauteurs
avec le mouvement international de paix et d’amour que j’ai lancé avec ma page de Facebook The
Perfect World et que je compte alimenter généreusement d’informations sur le bien-être et le non
bobotage « je ne te fais pas de bobos tu ne me fais pas de bobos ».

Il y a de la bonne musique aussi sur la page, ambiance oblige, allant de Luis Miguel à Elvis Presley et
passant par Elton John, Bob Marley et Freddie Mercury mon préféré.

Rejoignez-moi sur la page et nous continuons le voyage de J’ai décidé de vivre sur le dos des cigognes
qui d’après les anciens Grecs transportaient les âmes.

Elles sont nombreuses au Maroc. Je leur fais signe les fins d’après-midi car elle passe juste en face de
mon habitation.

Décidez de vivre vous aussi. Sans haine. Sans cruauté. Sans matérialisme aveugle. Avec tolérance. Avec
Amour. Avec diversité. Avec paix.

Je sais qu’il faut plus qu’un livre et une page sur un réseau social pour changer le monde. Pourtant, j’y
crois. Fort.

Répétez avec moi : décidons de vivre ! Ensemble ! Sur la planète Earth, le grand Babylone Or, Bleu et
Vert qui est le nôtre et le restera tant que nous ne l’aurons pas détruit avec notre ignorance.

Nous avons décidé de vivre ! Vous et Moi !

Fin

Hadbaa Elfatemi

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