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Section 1 : les tribunaux administratifs

Les tribunaux administratifs ont été institués par la loi n° 41-90 du 12/07/1991.
Cette dernière a été promulguée par le Dahir n° 1-91-225 du 10/09/1993. Le
nombre des tribunaux administratifs a été fixé à sept : Rabat, Casablanca, Fès,
Marrakech, Meknès, Agadir et Oujda 1. La loi n°41-90 détermine leur composition,
leur organisation, leur mode de fonctionnement (paragraphe 1) ainsi que leur
compétence (paragraphe 2)

Paragraphe 1-Composition, organisation et fonctionnement des


tribunaux administratifs

Le tribunal administratif comprend : Un président, plusieurs magistrats et un


greffe. Le tribunal administratif peut être divisé en sections suivant la nature des
affaires. Le président du tribunal administratif désigne pour une période de deux ans
parmi les magistrats de celui-ci et sur proposition de l'assemblée générale un ou
plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit 2.

Conformément aux dispositions de la loi n° 41-90 : -Les audiences des tribunaux


administratifs sont tenues et leurs jugements rendus publiquement par trois
magistrats assistés d'un greffier.

-La présidence de l'audience est assurée par le président du tribunal


administratif ou par un magistrat désigné à cette fonction par l'assemblée générale
annuelle des magistrats du tribunal administratif3.

Le tribunal administratif est une juridiction collégiale.

Suivant les dispositions de l’article 5 de la loi instituant les tribunaux administratifs :

➥La présence du commissaire royal de la loi et du droit à l'audience est obligatoire.

➥Le commissaire royal de la loi et du droit expose à la formation de jugement, et en


toute indépendance, ses conclusions écrites et orales sur les circonstances de fait et
les règles de droit applicables.

1
Décret n° 2-92-59 du 03/11/1993 pris en application des dispositions de la loi n° 41-90 instituant les tribunaux
administratifs, B.O n° 4229 du 17/11/1993
2
Article 2 de la loi n° 41-90
3
5 Article 2 de la loi n° 41-90
➥Les conclusions du commissaire royal de la loi et du droit sont développées sur
chaque affaire en audience publique.

➥Les parties peuvent se faire communiquer, à titre d'information, copie des


conclusions du commissaire royal de la loi et du droit.

➥Le commissaire royal de la loi et du droit ne prend pas part au jugement. La loi n°
41-90 permet ainsi au commissaire royal de la loi et du droit de mener ses missions
d’une manière indépendante et sans contraintes. Le commissaire royal de la loi et du
droit contribue, à travers ses missions et interventions, à la consolidation et au
développement des tribunaux administratifs « La réflexion à laquelle il se livrera, les
recherches jurisprudentielles et doctrinales en droit local et en droit comparé
devraient permettre à la juridiction administrative de progresser et à la spécialisation
du juge de s’affirmer »4 Le président du tribunal administratif ou la personne
déléguée par lui est compétent, en tant que juge des référés et des ordonnances sur
requête, pour connaître des demandes provisoires et conservatoires. 5 L'exécution des
décisions des tribunaux administratifs s'effectue par l'intermédiaire de leur greffe. La
Cour de cassation peut charger de l'exécution de ses arrêts un tribunal administratif. 6

Paragraphe 2- Les compétences des tribunaux administratifs

Les problèmes de compétences juridictionnelles sont souvent irritants, on ne


comprend pas la difficulté à identifier le juge qui est habilité à statuer sur une affaire,
le justiciable y perd son temps, la justice, son crédit.

Or, une juridiction ne peut connaître que les affaires pour la solution desquelles elle a
été instaurée chargée de dire le droit, elle doit d’abord avoir le droit de le dire.

Parmi les nouveautés du projet de loi 38.15 relatif à l'organisation judiciaire du


Royaume, on peut citer la création au niveau des tribunaux de première instance de
sections spécialisées dans le droit administratif, compétentes pour statuer en vertu de
la loi, sur les affaires administratives confiées à des tribunaux administratifs. Au
niveau des cours d’appel, le projet de loi prévoit également la possibilité d’inclure des
sections spécialisées dans le droit administratif.

4
Michel Rousset, Mohammed Amine Ben abdallâh, Contentieux administratif marocain, REMALD, Série :
Thèmes actuels n° 118, 2018, p : 7
5
9 Article 19 de la loi n° 41-90.
6
Article 20 de la loi n° 41-90
Toutefois, on parle de deux types de compétence : la compétence matérielle, et la
compétence territoriale.

A. La compétence à raison de la matière

L’étendue matérielle du pouvoir de juger. Les tribunaux administratifs sont habilités


à statuer dans les questions qui concernent :

● recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des
autorités administratives :

Cette hypothèse peut être évoquée lorsqu’un acte administratif est pris par une
autorité non compétente, les vices de forme, le détournement de pouvoir, défaut de
motif ou violation de la loi. La personne à laquelle une telle décision fait grief peut
l'attaquer devant la juridiction administrative compétente.

● Les litiges relatifs aux contrats administratifs :

● Les actions en réparation des dommages causée par les actes ou les activités des
personnes publiques,

● Les litiges nés à l'occasion de l'application de la législation et de la réglementation


des pensions et du capital-décès des agents de l'Etat, des collectivités locales, des
établissements publics et du personnel de l'administration de la Chambre des
représentants et de la Chambre des conseillers

● La législation et de la réglementation en matière électorale et fiscale

● Le droit de l'expropriation pour cause d'utilité publique

● Les actions contentieuses relatives aux recouvrements des créances du Trésor.

● Les litiges relatifs à la situation individuelle des fonctionnaires et agents de l'Etat,


des collectivités locales et des établissements publics. Or la loi 41-90 dans son
article 9 énonce que la cour suprême demeure compétentes pour statuer en premier
et dernier ressort dans les matières qui concernent les recours en annulation pour
excès de pouvoir dirigés contre les actes réglementaires ou individuels du Premier
ministre et les recours contre les décisions des autorités administratives dont le
champ d'application s'étend au-delà du ressort territorial d'un tribunal administratif.

B. La compétence territoriale
A l’instar des autres matières, la territorialité dans la matière administrative est
répartie selon le code de la procédure civile qui dispose que la compétence territoriale
appartient au domicile réel ou élu du défendeur. Si ce dernier n’a pas de domicile au
Maroc, mais y possède une résidence, elle appartient au tribunal de cette résidence. Si
le défendeur n'a ni domicile, ni résidence au Maroc, il pourra être traduit devant le
tribunal du domicile ou de la résidence du demandeur ou de l'un d'eux s'ils sont
plusieurs. S'il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir, à son choix, le
tribunal du domicile ou de la résidence de l'un d'eux 7 sauf s’il existe des dispositions
contraires.

Or, les recours en annulation pour excès de pouvoir sont portés devant le tribunal
administratif du domicile du demandeur ou bien ou devant celui dans le ressort
territorial duquel la décision a été prise8.

Toutefois le tribunal du rabat reste compétent dans les contentieux relatifs à la


situation individuelle des personnes nommées par dahir ou par décret et le
contentieux relevant de la compétence des tribunaux administratifs mais né en
dehors du ressort de ces tribunaux9 .

Section 2 : les cours d’appel administratives.

Les cours d’appel administratives au Maroc ont été créés par la loi n° 80-03
promulguée par le Dahir n° 1-06-07 du 15 moharrem 1427 (14 février 2006) et
publiée au bulletin officiel telle qu'adoptée par la Chambre des représentants et la
Chambre des conseillers.

Les jugements rendus par les tribunaux administratifs sont susceptibles d’appel
devant les cours d’appel administratives créées par la loi n° 80-03 qui sont
actuellement au nombre de deux siégeant respectivement à Rabat et à Marrakech. Le
territoire du royaume étant ainsi judiciairement divisé en deux grandes régions
constituantes chacune le ressort territorial d’une cour d’appel.10

Paragraphe 1 : La composition des cours d’appel administratives.

7
Article 27 du code de la procédure civile.
8
Article 10 alinéa 2 de la loi 41-90.
9
Article 11 de la loi 41-90.
10
1er article du décret n° 2.06.187 du 29 joumada II 1427 (25 juillet 2006) déterminant les cours d’appel
administratives et leurs compétences.
En tant que second degré de juridiction administrative, la cour d’appel
administrative se compose d’un corps de magistrats du siège formé par un
premier président, des présidents de chambre et des conseillers. Elle se
compose aussi d’un corps de magistrats du parquet formé par un ou plusieurs
commissaires royaux de la loi et du droit. Ces derniers sont désignés par le premier
président de la cour d’appel administrative, qui doit les choisir parmi les conseillers
sur proposition de l’assemblée générale de la même cour, pour une période de deux
ans renouvelables. La cour d’appel administrative possède de son propre greffe en
plus de son propre secrétariat du parquet. Ces cours n’ont pas été autorisés à tenir
des audiences foraines. Leurs séances doivent être publiques, et ne sont valables
qu’avec la participation de trois conseillers dont un président, assistés d'un greffier en
présence obligatoire du commissaire royal de la loi et du droit 11. Ce dernier expose à
la formation de jugement, et en toute indépendance, ses avis écrits qu'il peut
expliciter oralement sur les circonstances de fait comme sur les règles de droit
applicables. Ses avis sont développés sur chaque affaire en audience publique. Les
parties peuvent se faire délivrer copie des conclusions du commissaire royal de la loi
et du droit. Le commissaire royal de la loi et du droit ne prend pas part aux
délibérations12.

Paragraphe 2 : le fonctionnement et les compétences de la cour d’appel


administrative

La procédure devant les cours d’appel administrative est également écrite mais
totalement gratuite ; le requérant ne devant verser aucune taxe judiciaire pour
l’enregistrement de son appel. Les cours d'appel administratives sont compétentes
pour connaître, en appel, des jugements rendus par les tribunaux administratifs et
des ordonnances de leurs présidents, sauf dispositions contraires prévues par la loi 13.
De la même façon que devant les cours d’appel de droit commun, le recours en appel
contre la décision du tribunal administratif soumet le jugement du fond de l’affaire
par ce tribunal au contrôle de la cour d’appel administrative. Cette cour est
compétente pour contrôler le jugement des faits examinés par le premier tribunal.
Pour ce faire, le conseiller rapporteur a le pouvoir d’ordonner la production des
pièces qui lui paraissent nécessaires à l'instruction de celle-ci, et peut aussi, sur la

11
Chakib Abdelhafid Cours d’organisation judiciaire au maroc page 151.
12
article 3 de la Loi n°80-03
13
Idem article 5
demande des parties ou même d’office. Les ordonnances ainsi rendues ne sont pas
susceptibles de recours. Lorsque le rapporteur estime que l'affaire est en état d'être
jugée, il rend une ordonnance par laquelle il se dessaisit du dossier et fixe la date de
l'audience à laquelle l'affaire sera appelée. Réunie en audience publique ou en
chambre du conseil, la cour procède à son tour au réexamen de l’affaire jugée par le
tribunal de première instance. Elle doit le faire au vu du rapport du conseiller
rapporteur sans pour autant être tenue de ses conclusions.

La chambre de conseil statue sur l’appel dans un délai de 15 jours à compter de la


date de la saisine14, les décisions rendues par défaut par les cours d'appel
administratives sont susceptibles d'opposition. 15 La cour d’appel peut confirmer la
décision du tribunal administratif tout comme elle peut l’infirmer et juger autrement
les faits qui lui sont exposés16.

14
Idem, Article 8
15
article 14 de la loi n°80- 03 instituant des cours d’appel administratives
16
Article premier du décret n° 2-97-771 du 28 octobre 1997, modifié et complété par les dispositions de l’article
deuxième du décret n° 2-00-280 du 20 juin 2000;

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