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Dans son dernier roman, Les cerfs-volants, publié en 1980, Romain Gary écrit au sujet du
Nazisme : « Il faut bien se rendre à l’évidence : ce côté inhumain fait partie de l’humanité.
Tant qu’on ne reconnaîtra pas que l’inhumanité est chose humaine, on restera dans le
mensonge pieux. »
Que pensez-vous de cette citation ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur
le texte ci-dessus, vos lectures faites en classe et personnelles.

Dans son dernier roman, Les cerfs-volants, publié en 1980, Romain Gary écrit au sujet du
Nazisme : « Il faut bien se rendre à l’évidence : ce côté inhumain fait partie de l’humanité.
Tant qu’on ne reconnaîtra pas que l’inhumanité est chose humaine, on restera dans le
mensonge pieux. » Cette citation met en évidence la réalité difficile à accepter selon laquelle
l’inhumanité fait partie de l’humanité. Depuis des siècles, les gens ont essayé de résoudre
les questions d'humanité et de ségrégation qui nous divisent en catégories et divisions de
race, de religion et de statut socio-économique. L'humanité fait face à des questions
profondes à ce sujet, et la question « L'inhumanité fait-elle partie de l'humanité ? » est une
question très pertinente.Dans cette dissertation, nous allons explorer cette réalité en nous
appuyant sur des exemples historiques de l’inhumanité, les causes de l’inhumanité, les
conséquences de l’inhumanité et enfin le « mensonge pieux » qui consiste à refuser de voir
cette réalité, acte dangereux devant être dépassée afin d'améliorer la société.

L’inhumanité fait partie de l’humanité, car les actions inhumaines sont commises par
des êtres humains et reflètent les désirs, les peurs et les motivations de l’humanité. Ces
actions peuvent être le résultat de situations de conflits, de l’influence de leaders
manipulateurs, des systèmes économiques et sociaux injustes, de la peur et de la haine,
entre autres.
En effet dans l’histoire, les exemples d'humanité sont nombreux : guerre, génocides,
crime contre l'humanité. Tout un lexique s’est développé depuis le XXè s à nos jours. Le
nazisme en est un exemple tragique et extrême de l’inhumanité humaine. Selon Hannah
Arendt dans « Eichmann à Jérusalem: rapport sur la banalité du mal » , Eichmann, qui a
organisé l’extermination des Juifs, n’était pas un monstre, mais un individu ordinaire qui a
suivi les ordres et a réalisé des actes inhumains sans réfléchir aux conséquences. Les
génocides au XXe siècle, comme celui des arméniens ou des tutsis, sont d’autres exemples
de l’inhumanité humaine. Raphael Lemkin, dans « Axiom of Genocide », définit le génocide
comme l’extermination d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Ce dernier met
ainsi en avant le grand nombre de génocide, ce qui dénote d’une inhumanité à travers les
différentes sociétés.
Mais ainsi, une question sensible reste en suspens : quelles sont les causes de
l’inhumanité humaine ? Les idéologies extrêmes sont l’une des causes de l’inhumanité
humaine. Ernest Becker dans « The Denial of Death », soulignait que l’homme a peur de sa
propre mort et cherche à se donner un sentiment d’immortalité en adhérant à des idéologies
qui promettent la survie de son groupe ou de sa nation. Et ce, est illustré par l'œuvre “Les
Mains Sales”, pièce de théâtre sartrienne qui montre Hugo homme voulant à tout prix
s’engager pour une cause, en dépit de la moralité de ses actions. La manipulation de masse
est également un facteur important de l’inhumanité humaine. Comme l’écrivait Edward
Bernays dans « Propaganda », les leaders peuvent utiliser les techniques de manipulation
pour inciter les masses à accepter des actes inhumains. Cette thèse peut être confirmée par

Mathys LE BRETON T1
l'expérience de Milgram : un sujet sous les ordres de sa hiérarchie serait ainsi capable de
tuer. Ce dernier délégant la morale de ses actes à d'autres, serait capable d’exécuter un
homme souffrant sous ses yeux par ’argument m qu’il n’est seulement qu’un exécutant des
l’ordre.
Une fois les causes étudiées, nous pouvons observer les conséquences de
l’inhumanité. Les souffrances infligées aux victimes sont l’une des conséquences les plus
évidentes de l’inhumanité humaine. Viktor Frankl dans « Nos raisons de vivre : à l'école du
sens de la vie » décrit les horreurs qu’il a vécues en tant que prisonnier de guerre dans un
camp de concentration nazi et comment il a trouvé un sens à sa vie malgré les souffrances.
L’impact sur les générations futures est également considérable. Robert Jay Lifton dans «
Les médecins Nazi » montre comment les médecins nazis ont participé aux atrocités et
comment cela a affecté leur conscience et leur pratique médicale ultérieure.

A la fin de cette citation Romain Gary conclut en évoquant le « mensonge pieux ».


Ce dernier désigne l'idée selon laquelle on refuse de voir ou de reconnaître une réalité
désagréable ou difficile à accepter. Son objectif conscient ou inconscient, a pour but de se
protéger ou de protéger les autres de la vérité.
Philosophes et penseurs de tous bords attirent ainsi l’attention sur la dénégation de
l’inhumanité, représentant un risque pour l’humanité. En effet, la vulnérabilité face aux
idéologies extrêmes est l’un des dangers du refus de reconnaître l’inhumanité humaine.
Selon Zygmunt Bauman dans «Modernité et holocauste», la modernité a rendu possible
l’extermination de masse et la dénégation de l’inhumanité a rendu les individus plus
vulnérables aux idéologies extrêmes. L’incapacité à prévenir les violences futures est
également un danger de la dénégation de l’inhumanité humaine.
D’autre part, la reconnaissance de l’inhumanité humaine serait un avantage, un outil
dont l’humain pourrait se munir afin de combattre les actes immoraux et sanglants. La
reconnaissance de l’inhumanité humaine permet la prise de conscience des causes
profondes de l’inhumanité et ainsi de mieux comprendre les mécanismes qui la produisent.
Cela permet également de mettre en place des mesures pour prévenir les violences futures.
Judith Butler dans « Vie précaire - Les pouvoirs du deuil et de la violence après le 11
septembre 2001 », la reconnaissance de l’inhumanité humaine est une étape importante
pour rendre justice aux victimes et pour construire une société plus juste et plus pacifique.
Enfin, plus qu’un avantage elle devient une nécessité. La reconnaissance de
l’inhumanité humaine est une nécessité pour pouvoir comprendre les causes de l’inhumanité
et pour pouvoir prévenir les violences futures. Selon Primo Levi dans « Survival in Auschwitz
», la négation de l’inhumanité humaine est un obstacle à la compréhension de la réalité et à
la prévention des violences futures. C’est pour cette raison que Romain Gary écrit que « Il
faut bien se rendre à l’évidence : ce côté inhumain fait partie de l’humanité. Tant qu’on ne
reconnaîtra pas que l’inhumanité est chose humaine, on restera dans le mensonge pieux. »

En conclusion, l’inhumanité fait partie de l’humanité, c’est une réalité difficile à accepter mais
qui est nécessaire pour comprendre les causes profondes de l’inhumanité et pour pouvoir
prévenir les violences futures. Le « mensonge pieux » qui consiste à refuser de voir cette
réalité est dangereux car il rend les individus vulnérables aux idéologies extrêmes et il
empêche de prendre les mesures pour prévenir les violences futures. Il est donc important
de reconnaître l’inhumanité humaine pour pouvoir construire une société plus juste.

Mathys LE BRETON T1

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