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DIAGNOSTIC 

: STREPTOCOQUES

1- Prélèvement des échantillons cliniques

Gorge : abaisse-langue + éclairage adapté + écouvillon en coton ou


synthétique.
Après élimination des contaminations salivaires, on abaisse la langue afin de
bien visualiser l'oropharynx et les amygdales. Ensuite, on frotte l'écouvillon sur
le pharynx, les amygdales et les lésions
pultacées en évitant de toucher la langue ou la luette.

Cutanés : retirer les croûtes des pustules ou le chapeau des vésicules


stérilement puis frotter fermement l'écouvillon sur la lésion.

Plaie : même manière, après avoir éliminé la flore superficielle avec une
compresse + eau ou sérum physiologique stériles.
Si vésicule fermée et contenant du liquide  aspirer le liquide inflammatoire à
l'aide d'une aiguille fine ou d'une seringue après asepsie rigoureuse.
Si liquide est en petite quantité : ajouter sérum physiologique stérile.

Autres : LCR, hémoculture, urine … : pas de précautions particulières.

2- Transport des prélèvements

Préférable d'acheminer le prélèvement au laboratoire le plus rapidement avec


un délai de 2h.

Si délai > 2h  milieu de transport (Portagerm , Cary Blair) ou flacon


d'hémoculture pour les liquides de ponction.

3- Conservation et transport des souches

Conservation à −80 °C en bouillon BHI additionné de 15 à 20 % de glycérol pour


plusieurs mois.

Conservation des souches  sur une culture récente.


4- Diagnostic rapide directement à partir du prélèvement

Trousses commerciales  détection d’Ag ou d'ADN bactérien directement sur


le prélèvement biologique.

Pour le diagnostic de l'angine à S. pyogenes :

TDR = détection directe du polyoside C de S. pyogenes (à partir d'un


écouvillonnage pharyngé) par une immunochromatographie.
Détection de S. pyogenes à une concentration de 106 UFC/ml.

Pour S. pneumoniae :

TDR avec LCR (suspicion de méningite) ou sur les urines (test Binax NOW®
Streptococcus pneumoniae)  détection du polyoside C spécifique de S.
pneumoniae.
Pas TDR sur liquide pleural  car faux positifs
Sur les urines pédiatriques  pas contributif : car les enfants sont
fréquemment colonisés par du pneumocoque au niveau du rhinopharynx et
peuvent donc éliminer dans les urines des antigènes pneumococciques en
dehors de toute infection.

Récemment  trousses de PCR en temps réel : détection de la colonisation


vaginale per partum de S. agalactiae

5- Examen microscopique direct

Examen cytobactériologique avant coloration réalisé sur : LCR, urines,


épanchement liquidien pleural, péritonéal, articulaire ou à partir des cultures
positives en milieu liquide.

Etat frais : coccis immobiles et asporulés, diamètre inférieur à 2 μm, regroupés


en diplocoques ou en courtes chaînettes

Frottis (colorés) : observer présence de PNN et/ou cellules épithéliales et


bactéries (abondance, aspect, localisation intracellulaire éventuelle)  coccis à
Gram + en diplocoques ou courtes chaînettes

Examen direct oriente le diagnostic étiologique et permet le choix de milieux de


culture enrichis et de milieux sélectifs en cas de flore polymorphe associée.
6- Milieux de culture

- Contrairement aux entérocoques, strepto sont exigeants sur le plan nutritif =


milieux gélosés enrichis tels que : milieu Columbia au sang

- Milieu au sang de cheval  meilleure expression de l'hémolyse

- Concentration de 5 % au sang est recommandée sinon  modification de l’


expression et de la qualité de l’hémolyse

- Certaines espèces : sensibles aux variations de pH  milieux tamponnés :


bouillon glucosé tamponné ou bouillon Todd-Hewitt

- Pneumo  ne survit qu'en milieu glucosé tamponné. Sinon, la fermentation


du glucose en acide lactique abaisse le pH ce qui rend le milieu hostile.

- Milieux sélectifs  pour éliminer flore associée =

 milieu ANC (type Columbia + acide nalidixique + colistine) : inhibe Gram –

 milieu à l'azide de sodium et au cristal violet : inhibe Gram - et Staph

- S. agalactiae  milieu Granada (spécifique) et milieux chromogènes

Milieu Granada : favorise expression du pigment orangé ou rouge brique =


granadène ou β-hémolysine produit par S. agalactiae après 48h d'incubation en
anaérobiose.

- Bouillons d'enrichissement : Todd-Hewitt ou BHI  une nuit à 37 °C

Strepto et entéro  métabolisme anaérobie mais la plupart tolèrent l'O2 et


peuvent être cultivés en aérobiose in vitro.

Mais la croissance et l’hémolyse sont favorisées par une atmosphère enrichie


en CO2 ou en anaérobiose à une température optimale de 35 à 37 °C.
7- Cultures et qualité de l'hémolyse

Après 24 heures d'incubation à 37 °C sur une gélose au sang :

- Colonies de S. pyogenes : - diamètre = 0,5 μm


- sphérique et bombée
- aspect blanchâtre ou translucide
- β-hémolyse

- Colonies de S. agalactiae : - diamètre = 1-2 μm


- bombée
- grisâtre (ou orange-saumon si en anaérobiose)
- β-hémolyse très réduite voire absente

- Colonies de S. pneumoniae : - diamètre = 0,1 à 0,5 μm


- colonies punctiformes
- colonies des pneumo capsulées : lisses et celles
. ayant perdu leur capsule : rugueuses
- α-hémolyse (parfois β en anaérobiose)

- Colonies de Enterococcus : - colonies blanches


- pas d’hémolyse
- se cultivent sur gélose ordinaire

- Pneumo = en primoculture : colonies se creusent au centre sous forme de


dôme sous l'action d'autolysines pour donner un aspect en anneau déprimé en
son centre. Cette forme ombiliquée est spécifique du pneumocoque.

- Bouillon = croissance des strepto :


 avec trouble homogène avec ou sans dépôt : S. agalactiae
 granuleuse avec surnageant limpide: S. pyogenes et S. pneumoniae
 en mie de pain : Strepto A = S. pyogenes
8- Tests d'identification

Sérogroupage de Lancefield :  par le « polyoside C »


Groupes A, B, C, F et G  par technique rapide d'agglutination sur lame

Recherche de la pyrrolidonyl arylamidase (PYR) S. pyogenes et Entéro = PYR +

 Principal substrat : L-pyrrolidonyl-β-naphtylamide (PYR).


Hydrolyse du PYR libère : β-naphthylamine  détectée par le N,N-diméthyl
aminocinnamaldéhyde

Sensibilité à l'optochine + Résistance à la vancomycine

- Pneumo  sensible à l'optochine contrairement autres streptocoques oraux


après incubation en atmosphère enrichie en CO2
- Genres Leuconostoc, Pediococcus ou Weissella  résistants à la vancomycine

CAMP-test = Test de Christie, Atkins, Munch-Petersen  S. agalactiae

M.e.e. de la production du CAMP-factor  qui exacerbe l'activité hémolytique


de l'hémolysine sécrétée par Staph aureus
Souche de streptocoque à étudier et souche de S. aureus  ensemencées en
strie sur une gélose au sang perpendiculairement mais sans contact.
Si élargissement de la zone d'hémolyse à la jonction des 2 stries  test positif

Test à l'hippurate  S. agalactiae

Inoculation du streptocoque à identifier dans un bouillon d'hippurate de


sodium à 1% et d'incuber la suspension 2h à 37°C.
Réaction révélée après ajout de ninhydrine et 2ème incubation 15min à 37°C.
Apparition d'une couleur violacée du bouillon  positif

Tests de résistance à la bile + Hydrolyse de l'esculine  Strepto du complexe


S. bovis/S. equinus et Entero
Si culture sur milieu bile-esculine avec noircissement de la gélose  test positif

Tolérance au milieu hypersalé (NaCl à 6,5 %)  Strepto du complexe S.


bovis/S. equinus et Entero
Aptitude d'une souche à se développer sur milieu hypersalé à 6,5 % de NaCl
9- Identification et épidémiologie moléculaire

- Galeries manuelles et systèmes automatisés : Api 20 Strep et Vitek 2 


identification fondée sur un panel de tests enzymatiques et de fermentations
après incubation de 4 à 18 heures.

- Identification phénotypique : compliquée due aux variations ou à l’expression


inconstante d'un caractère donné pour une même souche ou par la similitude
des profils biochimiques de souches phylogénétiquement proches.
 utilisation du : - MALDI-TOF
- sondes oligonucléotidiques spécifiques
- séquençage du gène de la superoxyde dismutase

- S. pyogenes (génotype emm)  électrophorèse en champ pulsé

- S. agalactiae  MLST

- Autres espèces  RAPD

10- Antibiogramme

Technique de diffusion  selon les recommandations du CA-SFM/EUCAST

- Sur gélose MH-F additionnée de 5 % de sang de cheval défibriné


mécaniquement + 20 mg/l de β-nicotinamide adénine dinucléotide (β-NAD).

- Pour les entérocoques  gélose de Mueller-Hinton simple

Après 16 à 24 heures d'incubation  lecture des diamètres d'inhibition et


interprétation des profils de résistance

NB : pour les streptocoques β-hémolytiques sur gélose MH-F : ne pas lire le
diamètre de la zone d'hémolyse mais la zone d'inhibition.

11- Diagnostic sérologique


Infections à streptocoque du groupe A (S. pyogenes) = suspicion RAA ou GNA
(tableau clinique évocateur d'affection post-streptococcique non suppurative)

 Rechercher les Ac spécifiques dirigés contre les enzymes produites =


- ASLO (Ac AntiStreptoLysine O)
- ASD (Ac AntiStreptoDornase)
- ASK (Ac AntiStreptoKinase) éventuellement

Interprétation délicate : variation en fonction de la technique utilisée et


d'autres facteurs (âge, saison et zone géographique)

ASLO et ASD = 200 UI/ml (enfant) et 300 Ul/ml (adulte)  non pathologique

Interprétation  à partir des résultats de deux prélèvements réalisés à 15 jours


d'intervalle et doit être comparée à la cinétique théorique d'apparition des Ac.

ASLO  : - apparaissent 8 à 10 jours après une infection aiguë


- maximum (1500 à 2000 UI/ml) vers la 3ème ou 4ème semaine

NB : ASLO pas augmenté lors d’infections cutanées car cholestérol et β-


lipoprotéines tissulaires se lient à la SLO et inhibent la production d’ASLO

On recherche les ASLO lors de complications cardiaques

ASD : - apparaissent vers la 3ème semaine


- maximum entre 6 et 8 semaines
- retour à la normale peut s'étaler sur une année

NB : ASD toujours augmenté  même lors d’infections cutanées et muqueuses


Leur production n'est inhibée ni par les β-lipoprotéines, ni par le cholestérol

On recherche les ASD lors de complications rénales

Dosage des autres anticorps (antistreptokinase et antihyaluronidase) : intérêt


limité car leur augmentation est irrégulière ou faible.

Sérologie antipneumococcique : pas utile, juste pour le suivi des vaccinations


chez les patients ID
EN PRATIQUE
JOUR 0
- Si prélèvement monomicrobien (prélèvement normalement stérile si non
infecté par exemple le LCR) : culture sur gélose au sang
- Si prélèvement polymicrobien (crachats…) : culture sur milieu sélectif : gélose
au sang + acide nalidixique
- Incubation 24h à 37°C
- Le lendemain, vérifier type d’hémolyse et faire une coloration de gram

 hémolytique non hémolytiques


 hémolytique Staph aureus
S. pneumoniae S. agalactiae
… S. pyogenes

JOUR 1
1- Résultat coloration de Gram :
si cocci gram + : staphylocoques ou streptocoques ?
Staph : si isolés, en diplocoques ou en amas
Strepto : si en chaînette, sauf le pneumocoque en diplocoques
2- Résultat sur types d’hémolyse :
Si C+ en diplocoques + hémolyse  : suspicion genre staph
Si C + en diplocoques + hémolyse  : suspicion pneumo
Si C+ en chaînettes + hémolyse  : suspicion genre strepto (pyo, agalactiae)

JOUR 2
Résultat du test à la catalase ?
Si catalase + : confirmation du genre Staphylococcus
Si catalase – : confirmation du genre Streptococcus

JOUR 3
- Confirmation par sensibilité à la bacitracine.
- Validation diagnostic : Infection à streptocoques du groupe (A, B…)
- Confirmation de la sensibilité aux antibiotiques utilisés dans l’ABG

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