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L’ÉVOLUTION DU TERRITOIRE FRANÇAIS DE 843 À 1789 

:
L’ÉDIFICATION PROGRESSIVE D’UN ÉTAT MODERNE

I- La progressive construction du royaume de France

A- Deux références anciennes permettent de délimiter le royaume de France

1. Les descriptions de Jules César ont posé les limites de la Gaule à l’Océan Atlantique, aux Pyrénées et
au Rhin.

2. Le partage de Verdun en 843 :

1. Qu’est-ce que le partage de Verdun ?


2. À quoi donne-t-il naissance ?
3. Qui est à la tête de la Francie occidentale  ?

En 843, le traité de Verdun a partagé l’empire de Charlemagne en trois royaumes. En effet, selon la
coutume franque, à la mort du roi, le royaume devait être partagé entre ses héritiers, comme une simple
propriété privée (contrairement au droit de primogéniture qui fit loi ensuite). En juin 842, au terme d’un long
conflit, les trois petits-fils de Charlemagne, Lothaire, Louis et Charles, acceptent le principe d’un partage en
trois lots de l’immense empire. À cet effet, 120 « experts » travaillent pendant plus d’un an pour définir les
limites de chacun. Le but était d’équilibrer les parts de chacun des héritiers afin de leur composer un territoire
produisant à la fois des céréales, des fourrages pour les bestiaux, de l’herbe pour les moutons, des fruits.

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Le plus à l’ouest de ces royaumes, la Francie, était délimitée par quatre fleuves  : l’Escaut, la Meuse,
la Saône et le Rhône. Au-delà s’est formé l’ensemble de terres du Saint-Empire-Romain-Germanique,
appartenant à Lothaire, qui garde le titre d’empereur, au centre, et à Louis le Germanique plus à l’est (Francie
orientale). C’est Charles le Chauve qui reçut la Francie occidentale, d’une superficie d’environ 400 000 km².

B- De Hugues Capet à la fin du XVe siècle : une évolution décisive de la place du roi dans le royaume

1. Qu’est-ce que le domaine royal ?


Le domaine royal est l’ensemble des terres sur lesquelles le roi dispose d’un pouvoir réel. Il regroupe les
villages, les forêts, les vignes, les moulins, mais aussi les péages et les droits de justice qui sont la propriété
directe du roi et qui lui procurent les revenus nécessaires à l’entretien de sa famille et de tous ceux qui sont à
son service. La puissance d’un domaine ne dépend pas en fait de son étendue mais de sa prospérité
économique.

2. À quelle dynastie appartient -il ? Même petit, quels sont les deux principaux avantages de la situation
géographique du domaine royal en 987 ?
En 987, il appartient aux Capétiens. Mais il est très limité.
L’avantage du domaine royal des Capétiens est qu’il se rassemble autour de Paris, alors l’une des villes les
plus grandes d’Occident. Il bénéficie alors de l’essor des échanges économiques. D’autre part, les campagnes
alentour sont des terres à blé particulièrement prospères.

3. De quoi se constitue le reste du territoire du royaume  ? Quelle réflexion cela vous inspire -t-il
concernant l’autorité royale ?
Le reste du royaume est formé de fiefs indépendants, comme la Flandre, l’Aquitaine ou la Bourgogne, aux
mains de familles très puissantes (ducs). Certes, le roi domine toujours la pyramide de ces grands seigneurs qui
doivent lui prêter hommage, mais ces derniers se sentent assez forts pour le choisir eux -mêmes. La monarchie
est donc élective et non héréditaire jusqu’à Hugues Capet. Ainsi, le 3 juillet 987, lorsque les grands vassaux du
royaume élisent Hugues Capet comme roi des Francs, son autorité apparaît alors bien faible au sein du

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royaume. Certes, Hugues Capet descend d’une puissante famille qui a déjà donné deux rois au pays, mais son
domaine se réduit à des terres éparses qu’il a du mal à parcourir et il se heurte aux prérogatives de nombreux
seigneurs locaux.

4. Que dire de l’évolution du domaine royal entre 987 et 1461  ? Quel fut le rôle d’Hugues Capet dans cette
évolution décisive ?
987 apparaît bien comme une date capitale dans l’histoire de France. Elle marque, en effet,
l’installation au pouvoir de la dynastie des Capétiens qui, pendant plus de huit cents ans, par la diplomatie, les
mariages ou les guerres, construisent la France.
Grâce à la richesse du domaine royal, on assiste à une augmentation progressive du pouvoir royal. En
effet, bénéficiant du développement des échanges économiques, le roi devient de plus en plus riche, et même,
en 1180, le plus riche seigneur du royaume. Il peut s’appuyer sur un trésor lui permettant d’entretenir une
armée et une administration de plus en plus nombreuses.
Aux XIIe et XIIIe siècles, sous l’action de Philippe Auguste, de saint Louis et de Philippe le Bel, cette
administration devient de plus en plus efficace.

 Le rex francorum (roi des Francs) devient le rex Franciae (roi de France), c’est-à-dire que le roi exerce
son pouvoir non plus sur un peuple, mais sur un espace géographique.

 Compléter la carte de France : (Attention à respecter les normes cartographiques !!!)

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1. Quelle fut l’évolution du royaume de France  ? Quelles dynasties permirent le plus l’agrandissement du
royaume ? Dans quelle direction cette extension se révèle -t-elle la plus difficile ?
Les rois de France ont largement étendu leur territoire, notamment grâce à Louis XI et aux Valois.
L’extension peut désormais se porter vers l’Est, pour tenter de détruire la limite des quatre rivières
imposée par le traité de Verdun.
Mais à la fin du XVIIIe siècle, le royaume de France reste un ensemble de terres dont le statut
hétérogène traduit la diversité des conditions et des dates de rattachement. Un roi domine cet ensemble et
en forge l’unité.

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2. Que dire alors des limites « naturelles » qui lui avaient été attribuées en 843 ?
À la fin du XVe siècle, les limites du royaume sont en retrait par rapport à l’Escaut et dans une moindre
mesure par rapport à la Meuse. En revanche, elles ont dépassé le Rhône. Les repères topographiques et
géographiques (montagnes ou fleuves), ont donc joué un rôle variable au gré des circonstances. C’est
principalement le désir des rois d’augmenter les terres qu’ils comptaient soumettre à leur domination.

3. Que dire de la France en 1789 ? Notamment, par rapport à la France actuelle ?


Il a fallu près de huit siècles pour que les limites de Verdun soient partout dépassées. En 1789, les
frontières du royaume correspondent à peu près à celle de la France d’aujourd’hui, moins la Savoie et le
comté de Nice. En fait, entre 1679 et aujourd’hui, la France a vu la superficie de son territoire osciller entre
520 000 et 550 000 km², soit une grande stabilité territoriale.

II-Un royaume encore très marqué par la diversité

A- Une superposition de puzzles administratifs

1. Quel commentaire vous inspire la comparaison de ces deux cartes  ?


En effet, l’administration monarchique, telle qu’elle s’est progressivement constituée, se superposait à
d’anciennes structures qui remontaient au Moyen-Âge et faisaient du royaume un véritable puzzle.

Calonne, ministre de Louis XV :


« On ne peut faire un pas dans ce vaste royaume sans y trouver des lois différentes, des usages contraires, des
privilèges, des exceptions, des affranchissements d’impôts, des droits et des prétentions de toute espèce. »
2. À quoi Calonne peut-il bien faire allusion ? Qui est véritablement visé ?
L’existence de multiples privilèges assurent à de nombreux groupes de la société le moyen d’échapper à
l’emprise de l’administration royale. On connaît surtout ceux de la noblesse et du clergé qui échappent à la
taille ou aux corvées, mais il en existe bien d’autres. Les pays d’états, tardivement rattachés au royaume de
France (Bretagne, Provence, Languedoc, Bourgogne par exemple), conservent un droit de regard sur leur
administration et gèrent eux-mêmes la perception de l’impôt.

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3. Que révèle la répartition de l’imposition de la gabelle sur le territoire français  ?
La gabelle pesait surtout dans les pays de grande gabelle alors que le Midi, le Sud-Ouest et la Bretagne
étaient très peu imposés, ce qui provoquait une active contrebande. C’est donc une vraie inégalité territoriale,
source d’un sentiment d’injustice entre les sujets du roi de France.

B- Une très forte hétérogénéité territoriale

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1. Quels commentaires vous inspirent ces deux cartes ?
2. Quels problèmes les grandes divisions linguistiques de la carte 5 posent -elles ? Que révèle aussi cette
carte ?
Problème de communication et de compréhension des ordonnances royales entre les différentes langues,
puis entre les différentes catégories de population (le peuple ne parle souvent qu’un dialecte régional et ne
peut alors comprendre les ordonnances royales).
De plus, il existe une grande diversité dans les normes juridiques entre pays de droit coutumier et pays
de droit romain. Cela a pour conséquence une grande hétérogénéité culturelle en France.

Les temps de parcours en France en 1765

En France, jusqu’au XVIIIe siècle, les moyens de communication étaient lents et les représentants du
roi assez peu nombreux. L’emprise monarchique se révélait donc, dans certaines régions, plutôt faible. Lors de
la révocation de l’édit de Nantes en 1685, par exemple, des milliers de protestants purent ainsi quitter le
royaume sans être trop inquiétés. Difficile de faire, sans ces conditions, de la monarchie absolue, une forme de
tyrannie ou de despotisme.

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