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Chapitre IV

Applications linéaires

56
1. Espace vectoriel ( rappels ) 57

1 Espace vectoriel ( rappels )

Définition 1.1 (combinaison linéaire)


Soit IK = IR ou C,
I soit E un espace vectoriel sur IK.
Soit S = (u1 , · · · , up ) une famille de p vecteurs de E.
On appelle combinaison linéaire de ces p vecteurs, tout vecteur de la forme :

λ1 u1 + λ2 u2 + ...... + λp up

Où λ1 , · · · , λp sont des scalaires dans IK.


Un vecteur w dans E est combinaison linéaire de ces p vecteurs u1 , · · · , up , s’il existe
des scalaires λ1 , · · · , λp dans IK tels que : w = λ1 u1 + λ2 u2 + ...... + λp up .

Définition 1.2 (Sous espace vectoriel engendré)


On appelle sous espace vectoriel engendré par une famille finie S = (u1 , · · · , up ) de E,
l’ensemble des combinaisons linéaires de ces p vecteurs et l’on note :

vect(S) = vect{u1 , · · · , up } = {λ1 u1 + λ2 u2 + ...... + λp up : λ1 , · · · , λp ∈ IK}

Définition 1.3 (Familles libres - Indépendance linéaire) Une famille finie {u1 , · · · , up }
de p vecteurs de E est libre si et seulement si :

λ1 u1 + λ2 u2 + ...... + λp up = 0E ⇒ λ1 = · · · = λp = 0

Les éléments d’une famille libre sont dits linéairement indépendants.


Une famille qui n’est pas libre est dite liée, il existe (λ1 , · · · , λp ) 6= (0, · · · , 0) tel que :
λ1 u1 + λ2 u2 + ...... + λp up = 0E .
Une famille est liée si et seulement si au moins l’un de ses éléments est une combi-
naison linéaire des autres éléments de la famille.

Propriétés :
a) Toute famille non vide extraite d’une famille libre est libre.
b) Toute famille qui contient une famille liée est liée.
c) Si {u1 , · · · , up } est une famille libre et {u1 , · · · , up , w} est une famille liée, alors w
est combinaison linéaire de u1 , · · · , up .

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58 Ch. IV: Applications linéaires

Définition 1.4 (Familles génératrices)


Soit F un sous espace vectoriel de E. Une famille finie S = (u1 , · · · , up ) de p vecteurs
de E est une famille génératrice de F si et seulement si vect{u1 , · · · , up } = F , on
dit que S engendre F

Propriétés :
a) Toute famille qui contient une famille génératrice est génératrice.
b) Si S = (u1 , · · · , up ) est une famille génératrice et si up est combinaison linéaire de
u1 , · · · , up−1 , alors u1 , · · · , up−1 est génératrice.

Définition 1.5 (Bases)


Soit F un sous espace vectoriel de E. Une famille finie B = {u1 , · · · , up } de p vecteurs
de E est une base de F si et seulement si B est libre et génératrice de F .

Proposition 1.1 .
Soit B = {u1 , · · · , up } une famille de p vecteurs de F .

∀ u ∈ F ∃ !(λ1 , · · · , λp ) ∈ IK p :
B est une base de F ⇔
u = λ1 u1 + λ2 u2 + ...... + λp up

Définition 1.6 (Espace vectoriel de dimension finie)


On dit que l’espace vectoriel E est de dimension finie s’il possède une base finie, sinon
on dit que E est espace de dimension infinie.

Théorème 1.1 (Théorème de la base imcomplète)


Soit B = {e1 , · · · , en } une base de E, si S = (w1 , · · · , wp ) est une famille libre, alors
p ≤ n et l’on peut compléter la famille S en une base de E en rajoutant n − p vecteurs
extraits de B, (ie) il existe {w1 , . . . , wn−p } ⊂ B tel que S ∪ {w1 , . . . , wn−p } soit une
base de E.

Théorème 1.2 (Théorème de la dimension)


Dans un IK-espace vectoriel E de dimension finie toutes les bases ont le même nombre
d’éléments. Ce nombre , noté dim E, s’appelle la dimension de E

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2. Rang d’une famille de vecteurs 59

Théorème 1.3 .
Soit E un IK-espace vectoriel de dimension finie avec dim E = n.
 
B est composée de n vecteurs B est composée de n vecteurs
B est une base de E ⇔ ⇔
B est libre dans E B est génératrice deE

Théorème 1.4 .
i) Soit E un IK-espace vectoriel de dimension fini. Si F est un sous espace vectoriel
de E, alors dim F ≤ dim E.
ii) Soient F1 et F2 deux sous espaces vectoriels de E

F1 ⊂ F2
⇒ F1 = F2
dim F1 = dim F2

2 Rang d’une famille de vecteurs

Définition 2.1 .
On appelle rang d’une famille S de vecteurs de E, noté rang(S), la dimension du sous-
espace F = vect(S) engendré par S : rang(S) = dim vect(S)
Le rang d’une famille S est le nombre maximum de vecteurs linéairement indépendants
que l’on peut extraire de S.

Propriétés :
Soit S une famille de p vecteurs d’un espace vectoriel E de dimension finie n, alors :
a)
rang(S) ≤ min(p, n)

b)
rang(S) = p ⇔ S est libre et p ≤ n

c)
rang(S) = n ⇔ S est génératrice de E et n ≤ p

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60 Ch. IV: Applications linéaires

Définition 2.2 .
Soit A ∈ Mnp (IK) et soit

S = {Ci ∈ Mn1 (IK) : i = 1, . . . , p}

la famille des p colonnes de la matrice A : A = (C1 , . . . , Cp ). On appelle rang de


la matrice A , noté rang(A) la dimension du sous-espace F = vect(S) de Mn1 (IK)
engendré par S :
rang(A) = rang(S) = dim vect(S)

Théorème 2.1 .
Soit E un IK-espace vectoriel de dimension finie n et B une base de E.
Soient S = (u1 , . . . , un ) est une famille de n vecteurs de E, P la matrice représentant
S dans la base B et R sa réduite de Gauss, alors :

S est une base de E ⇔ P inversible ⇔ la réduite de Gauss R admet n pivots

Preuve :

l’équation λ1 u1 + · · · + λn un = 0
S est une base de E ⇔ S est libre ⇔
admet l’unique solution λ1 = · · · = λn = 0
donc S est une base de E si et seulement si le système :
   
λ1 0
 ..   .. 
P  .  =  .  admet l’unique solution λ1 = · · · = λn = 0
λn 0
D’après le thórème 7.1 et le corollaire 7.1 du chapitre II :

S est une base de E ⇔ P inversible ⇔ R admet n pivots

Proposition 2.1 ( Méthode pratique de recherche du rang ).


Soit S = (u1 , · · · , up ) une famille de p vecteurs d’un espace vectoriel E de dimension
finie n. Soit B une base de E
Soit A la matrice représentant la famille S dans la base B. Soient R une réduite de
gauss de A et r le nombre de pivots non nuls de R, alors :
Le rang de S est égale au nombre de pivots de R non nuls, rang(S) = r.
Les vecteurs corespondants aux pivots forment une base du sous espace vectoriel vect(S).

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2. Rang d’une famille de vecteurs 61

Preuve : On peut admettre le résultat.

Corollaire 2.1 (Famille libre de vecteurs)


Soient E un IK-espace vectoriel de dimension finie n
et B = {e1 , · · · , en } une base de E.
Considérons la fammille S = (u1 , · · · , up ) de p vecteurs de E.
Soient A la matrice de format (n, p) représentant la famille S dans la base B et R sa
réduite de Gauss. Alors : la famille S est libre ⇔ R admet p pivots

Théorème 2.2 Soit A ∈ Mnp (IK) et R une réduite de Gauss de A. Alors :


i) rang(A) = r ⇔ R admet r pivots .
ii) rang( t A ) = rang( A )

Preuve : On peut admettre le résultat.

Remarque 2.1 .
Le rang de la matrice A est égale au rang de sa transposée t A, cela signifie que le rang
des colonnes et le rang des lignes de la matrice A sont égaux.

Exemple 2.1 Soit S = (u1 , u2 , u3 , u4 ) une famille de IR4 où

u1 = (1, 3, −1, 2); u2 = (−1, 2, 1, 2); u3 = (3, −1, −3, −2) et u4 = (−1, 0, 1, 3).
 
1 −1 3 −1
 3 2 −1 0 
La famille S est représentée par la matrice A =   −1 1 −3 1 

2 2 −2 3
 
1 −1 3 −1
 0 5 −10 3 
La matrice R =   0 0 1  est une réduite de Gauss de A.

0 5
0 0 0 0
Montrons que {u1 , u2 , u4 } est libre et une base de vectS.
• {u1 , u2 , u4 } est libre :

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62 Ch. IV: Applications linéaires

Soit (λ1 , λ2 , λ4 ) ∈ IR3 tels que : λ1 u1 + λ2 u2 + λ4 u4 = 0E .


donc
 
   1 −1 −1 
   
λ1 0  0 5 λ 1 0
3 
MatB {u1 , u2 , u4 }  λ2  =  0  ⇔ 
 0 0

1 
 λ 2
 =  0  ⇔ λ1 = λ2 = λ4 = 0
λ4 0 5 λ4 0
0 0 0
• {u1 , u2 , u4 } est génératrice de vectS :
Montrons que u3 est combinaison linéaire de u1 , u2 , u4 .
Soit (λ1 , λ2 , λ3 , λ4 ) ∈ IR4 tels que : λ1 u1 + λ2 u2 + λ3 u3 + λ4 u4 = 0E .
   
  1 −1 3 −1
 λ1 0
λ1 0  0 5 −10 3   λ2
 =  0 
  
(MatB S)  λ2  =  0  ⇔ 
 0 0

1 
0 5
λ3   0 
λ4 0
0 0 0 0 λ4 0
Donc  
 λ1 − λ2 + 3λ3 = 0  λ1 = −λ3
5λ2 − 10λ3 = 0 ⇔ λ2 = 2λ3
λ4 = 0 λ4 = 0
 

Si on prend λ3 = 1 on obtient −u1 + 2u2 + u3 = 0E ⇒ u3 = u1 − 2u2 .


Donc vectS = vect {u1 , u2 , u4 }.

3 Applications linéaires

3.1 Définition et proriétés

Définition 3.1 (Rappel)


Soit f : E −→ F une application.
i) On dit que f est injective si

∀ x, x0 ∈ E, f (x) = f (x) =⇒ x = x0

ii) On dit que f est surjective si

∀ y ∈ F, ∃ x ∈ E f (x) = y

iii) on dit que f est bijective si f est injective et surjective.

∀ y ∈ F, ∃ ! x ∈ E f (x) = y

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3. Applications linéaires 63

Définition 3.2 Soient E et F deux IK-espaces vectoriels. Une application f : E → F


est une application linéaire si pour tous u et v dans E et tout scalaire λ ∈ IK,

f (u + λv) = f (u) + λf (v)

Remarque 3.1 .
i) f : E → F est une application linéaire ssi :

∀ u ∈ E et ∀ λ ∈ IK f (λ u) = λ f (u)
∀ u, v ∈ E f (u + v) = f (u) + f (v)
ii) f (0E ) = 0F

Notation :
On note L(E, F ) l’ensemble des applications linéaires de E dans F .
Si f ∈ L(E, F ) est bijective, on dit que f est un isomorphisme de E dans F .
Si f ∈ L(E, E), on dit que f est un endomorphisme de E, L(E, F ) = End(E) .
Si f ∈ End(E) est bijective, on dit que f est un automorphisme de E.

Proposition 3.1 .
( L(E, F ), +, . ) muni de l’addition et la multiplication par un scalaire de IK est un
espace vectoriel sur IK. Si f , g ∈ L(E, F ) et λ ∈ IK alors f + λ g ∈ L(E, F ).

Proposition 3.2 .
Soient E et F deux IK-espaces vectoriels, et soit f ∈ L(E, F ) une application linéaire.
Soient G un sous-espace vectoriel de E et H un sous-espace vectoriel de F , alors :
i) f (G) = { f (u) ∈ F : u ∈ G } est un sous-espace vectoriel de F .
ii) f −1 (H) = { u ∈ E : f (u) ∈ H } est un sous-espace vectoriel de E.

Preuve :
i) Soient v1 , v2 ∈ f (G) et soit λ ∈ IK. Il existe u1 , u2 ∈ G tels que : f (u1 ) = v1 et
f (u1 ) = v2 . Alors u1 + λu2 ∈ G et w = v1 + λv2 = f (u1 + λu2 ) ∈ f (G), d’où f (G) est
sous espace vectoriel de F .
ii) Soient u1 , u2 ∈ f −1 (H) alors f (u1 ) + λf (u2 ) ∈ H, donc f (u1 + λu2 ) ∈ H. D’où
u1 + λu2 ∈ f −1 (H) et f −1 (H) est sous espace vectoriel de F .

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64 Ch. IV: Applications linéaires

Définition 3.3 Soient E et F deux IK-espaces vectoriels, et soit f ∈ L(E, F ) une


application linéaire.
i) On appelle image de f , noté Im(f ), le sous-espace vectoriel de F :

Im(f ) = f (E) = { f (u) ∈ F : u ∈ E }

On appelle rang de f , noté rang(f ), la dimension de Im(f )

rang(f ) = dim Im(f )

ii) On appelle noyau de f , noté ker(f ), le sous-espace vectoriel de E :

ker(f ) = f −1 ({OF }) = { u ∈ E : f (u) = OF }

Proposition 3.3 .
Soient E et F deux IK-espaces vectoriels, et soit f ∈ L(E, F ) une application linéaire.
i)
f est injective ⇐⇒ ker(f ) = {OE }

ii)
f est surjective ⇐⇒ Im(f ) = F

Preuve : Exercice.

Proposition 3.4 Soit f ∈ L(E, F ) une application linéaire et S = {u1 , . . . , up } une


famille de vecteurs de E.
i) f (vect{u1 , . . . , up }) = vect{f (u1 ), . . . , f (up )}.
En particulier si f est surjective alors :

S = {u1 , . . . , up } est génératrice de E =⇒ f (S) = {f (u1 ), . . . , f (up )}est génératrice de F

ii) Si f est injective alors :

S = {u1 , . . . , up } est libre =⇒ f (S) = {f (u1 ), . . . , f (up )} est libre

iii) Si f est un isomorphisme alors :

S = {u1 , . . . , up } est une base de E =⇒ f (S) = {f (u1 ), . . . , f (up )}est une base de F

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3. Applications linéaires 65

Preuve : Exercice.

Proposition 3.5 .
Soient E et F deux IK-espaces vectoriels où l’espace E est de dimension finie, dim E = n.
Soient B = {e1 , . . . , en } une base de E et f ∈ L(E, F ) une application linéaire.
Soit {w1 , . . . , wn } une famille de n vecteurs de F , alors il existe une unique application
linéaire f ∈ L(E, F ) telle que f (e1 ) = w1 , . . . , f (en ) = wn .
Une application linéaire f est entièrement déterminée par les images des vecteurs d’une
base, f (B) = {f (e1 ), . . . , f (ep )}.

Preuve :
Soit u = λ1 e1 + · · · + λn en ∈ E, comme f est linéaire, alors :

f (u) = f (λ1 e1 + · · · + λn en ) = λ1 f (e1 ) + · · · + λn f (en )

Donc f est entièrement déterminée par la donnée des vecteurs f (e1 ), . . . , f (ep ).

3.2 Théorème du rang et conséquences

Théorème 3.1 ( théorème du rang ).


Soient E et F deux IK-espaces vectoriels où l’espace E est de dimension finie n.
Soient B = {e1 , . . . , en } une base de E et f : E −→ F une application linéaire, alors :

dim E = dim ker(f ) + rang(f )

Où rang(f ) = dim Im(f ) = rang{f (e1 ), . . . , f (en )}

Preuve : ker(f ) ⊂ E donc dim ker(f ) ≤ dim E = n.


Soient q = dim ker(f ) et S = {v1 , . . . , vq } une base de dim ker(f ).
S est libre alors, d’après le théorème de la base imcomplète, on peut compléter la
famille S en une base de E en rajoutant n − q vecteurs extraits de B, il existe
{w1 , . . . , wn−q } ⊂ B tel que B 0 = S ∪ {w1 , . . . , wn−q } soit une base de E.

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66 Ch. IV: Applications linéaires

En particulier ker(f ) ∩ vect{w1 , . . . , wn−q }} = {OE }.


Par suite
Im(f ) = vectf (B 0 ) = vect{f (w1 ), . . . , f (wn−q )}

Vérifions que {f (w1 ), . . . , f (wn−q )} est libre. Soit α1 , . . . , αn−q dans IK tels que :

α1 f (w1 ) + · · · + αn−q f (wn−q ) = OF , alors f (α1 w1 + · · · + αn−q wn−q ) = OF .


Par suite

α1 w1 + · · · + αn−q wn−q ∈ ker(f ) ∩ vect{w1 , . . . , wn−q }} = {OE }

Comme α1 w1 + · · · + αn−q wn−q = 0E et {w1 , . . . , wn−q } est libre alors


α1 = · · · = αn−q = 0.
Donc {f (w1 ), . . . , f (wn−q )} est une base de Im(f ) et

dim Im(f ) = n − q = dim E − dim ker(f )

D’où dim E = dim ker(f ) + rang(f ).

Corollaire 3.1 .
Soient E et F deux IK-espaces vectoriels de même dimension n.
Soit f : E −→ F une application linéaire, alors :

f est injective ⇐⇒ f est surjective ⇐⇒ f est bijective

3.3 Matrice d’une application linéaire

Définition 3.4 Soient E et F deux IK-espaces vectoriels de dimensions finies avec


dim E = n et dim F = p. Soient B = {e1 , . . . , en } une base de E et C = {1 , . . . , p }
une base de F . Soit f : E −→ F une application linéaire.
On appelle matrice de f , notée MatB,C (f ), la matrice repésentant la famille de vecteus
{f (e1 ), . . . , f (en )} de F dans la base C = {1 , . . . , p }.
La matrice MatB,C (f ) = MatC {f (e1 ), . . . , f (en )} est de format (p, n).

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3. Applications linéaires 67

f (e1 ) · · · f (en )
 
a11 · · · a1n 1
MatB,C (f ) =  ... ..  ..

.  .
ap1 · · · apn n

Si E = F et B = C, on note : MatB (f ) = MatB,B (f ), on dit que MatB (f ) est la


matrice de f dans la base B.

Propriétés :  
x1
Soient u = x1e1 + · · · + xnen ∈ E et X =  ...  ses com-
xn
posantes dans la base B.  
y1
Soient v = f (u) = y11 + · · · + ypp ∈ F et Y =  ...  ses
yp
composantes dans la base C.

 toutj = 1, . . . , n, soient f (ej ) = a1j 1 + · · · + apj p ∈ F


Pour
a1j
et  ...  ses composantes dans la base C.
apj
Posons A = MatB,C (f ), Alors :

f (e1) · · · f (en)
 
a11 · · · a1n 1
A =  ... ...  ...
ap1 · · · apn n
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68 Ch. IV: Applications linéaires

Ecriture analytique
     
y1 a11 a1n
v = f (u) = x1 f (e1 ) + · · · + xn f (en ) ⇔  ...  = x1  ..  + · · · + x  .. 
  
.  n . 
yp ap1 apn

 y1 = a11 x1 + · · · + a1p xn

⇔ ..
 .
 y = a x + ··· + a x
p p1 1 pn n

Ecriture matricielle
   
y1 x1
v = f (u) ⇔ Y = A X ⇔  ...  = A  ... 
yp xn

Comment déterminer le noyau et l’image d’une appli-


cation linéaire f

• Pour déterminer la dimension et une base de Im f par la


méthode de la proposition 2.1. Il suffit de chercher une réduite
de Gauss R de la matrice A associée f qui fournit rapidement
une base de Im f et sa dimension.

• On utilise le théorème du rang pour déterminer la di-


mension du noyau.

• Déterminer le noyau de f consiste à chercher les vecteurs


u ∈ E de composnates X tels que :

f (u) = OF ⇔ A X = O ⇔ R X = O
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3. Applications linéaires 69

Exemple 3.1 Soit f : IR4 −→ IR4 un endomorphisme.


Soit  
1 −1 3 −1
 3 2 −1 0 
 
A = 
 −1 1 −3 1 

2 2 −2 3
la matrice de f dans la base canonique {e1, e2, e3, e4}
La matrice  
1 −1 3 −1
 0 5 −10 3 
 
R =  1 
0 0 0 5 
0 0 0 0
est une réduite de Gauss de A de rang 3 (cf. exemple 2.1).

Im f = vect{f (e1), f (e2), f (e3), f (e4)}, alors dim Im f = 3


et f {(e1), f (e2), f (e4)} est une base de Im f .

D’après le théorème du rang, on a : dim ker f = 1.


Comme (cf. exemple 2.1)

f (e1) − 2f (e2) − f (e3) = O

donc
f (e1 − 2e2 − e3) = O
par suite u0 = e1 − 2e2 − e3 ∈ ker f et ker f = vect{u0}
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70 Ch. IV: Applications linéaires

Opérations sur les applications linéaires et leurs ma-


trices correspondantes

Soient E et F deux IK-espaces vectoriels de dimensions finies


et soient B une base de E et C une base de F .
Soient f, g ∈ L(E, F ) et λ ∈ IK alors :
La matrice de la somme f + g est la somme de la ma-
trice de f et de la matrice de g .

MatB,C (f + g) = MatB,C (f ) + MatB,C (g)

La matrice du produit λ f d’une application linéaire


par un scalaire est le produit de la matrice de f par ce
scalaire.
MatB,C (λ f ) = λ MatB,C (f )

Proposition 3.6 ( Matrice de la composée de deux applica-


tions linéaires ).
Soient E, F et G des IK-espaces vectoriels de dimensions finies
et soient B, C et D leurs bases respectives.
Soient f ∈ L(E, F ) et g ∈ L(F, G) alors g o f ∈ L(E, G).
f g
E→F →G
−−−−−−→
gof
De plus on a :
MatB,D (g o f ) = MatC,D (g) MatB,C (f )
Si dim E = n, dim F = p et dim G = q on a :

MatC,D (g) ∈ Mq,p (IK) , MatB,C (f ) ∈ Mp,n (IK) et MatB,D (g o f ) ∈ Mq,n (IK)

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3. Applications linéaires 71

Preuve : On peut admettre le résultat.

Proposition 3.7 ( Matrice d’un isomorphisme ).


Soient E un IK-espace vectoriel de dimension n et B une base
de E.
Soit f ∈ End(E) un endomorphisme de E, alors :

f est un isomorphisme ⇐⇒ MatB (f ) est inversible

Dans ce cas on a :
MatB (f −1) = ( MatB (f ) )−1

Preuve :
On a :
f est un isomorphisme ⇐⇒ f −1 o f = f o f −1 = idE (∗)
Alors :
(∗) ⇐⇒ MatB (f −1)MatB (f ) = MatB (f ) MatB (f −1) = In
Donc
(∗) ⇐⇒ MatB (f ) est inversible et MatB (f −1) = ( MatB (f ) )−1

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72 Ch. IV: Applications linéaires

3.4 Matrice de passage et Changement de base

Soit E un IK-espace vectoriel de dimension finie, où dim E = n.


Soient B = {e1, . . . , en} et B 0 = {e01, . . . , e0n} deux bases de E.

La base B 0 est entièrement caractérisée par la connaissance des


composantes des vecteurs e01, . . . , e0n dans la base B

0
e 1 = α11 e1 + · · · + α1n en


 0

e2 = α12e1 + · · · + αn2en
 ...

 e0 = α x + · · · + α e

n 1n 1 nn n

Définition 3.5 ( Matrice de passage ).


On appelle matrice de passage de la base B à la base B 0, la
matrice
P = MatB B 0
représentant la famille B 0 dans la base B.
e01 e02 · · · e0n
 
α11 α12 · · · α1n e1
α21 α22 · · · α2n e2
 
P =
 
... ...  ...
 
αn1 αn2 · · · αnn en

Proposition 3.8 .
La matrice de passage P = MatB B 0 est inversible et son in-
verse
P −1 = MatB0 B
est la matrice de passage de la base B 0 à la base B.
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3. Applications linéaires 73

Action d’un changement de base sur les composantes


d’un vecteur.

Proposition 3.9 .
x01
   
x1
Pour tout vecteur u de E, soient X =  ...  et X 0 =  ... 
xn x0n
les composantes de u respectivement dans la base B et dans la
base B 0. Soit
P = MatB B 0
la matrice de passage de la base B à la base B 0, alors :
X = P X0
On a :
X 0 = P −1 X où P −1 = MatB0 B

Preuve :
On a :
u = x1e1+· · ·+xnen = x01e01+· · ·+x0ne0n ⇐⇒ X = MatB B 0 X 0 = P X 0
⇐⇒ MatB0 B X = P −1 X = X 0
D’ou le résultat.

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74 Ch. IV: Applications linéaires

Action d’un changement de base sur la matrice d’une


application linéaire.
Proposition 3.10 .
Soit E un IK-espace vectoriel de dimension finie n.
Soient B , B 0 deux bases de E et
P = MatB B 0
la matrice de passage de la base B à la nouvelle base B 0.
Soit f : E → E un endomorphisme de E. Soient A = MatB (f )
la matrice de f dans la base B et A0 = MatB0 (f ) la matrice
de f dans la nouvelle base B 0, alors :
A0 = P −1 A P

Preuve :
Pour tout vecteur u de E, soit v = f (u).
Soient X ∈ Mn,1(IK) et Y ∈ Mn,1(IK) les composantes
respectivement de u et v dans la base B.
Soient X 0 ∈ Mn,1(IK) et Y 0 ∈ Mn,1(IK) les composantes
respectivement de u et v dans la base B 0.
On a :
X 0 = P X et Y 0 = P Y, où P = MatB B 0
Alors :
v = f (u) ⇔ Y 0 = A0 X 0 ⇔ P Y = A0 P X ⇔ Y = P −1 A0 P X ⇔ A = P −1 A0 P
Donc
A0 = P A P −1

Définition 3.6 On dit que deux matrices A et A0 de Mn sont semblables


s’il existe une matrice P de Mn invesible tel que :
A0 = P A P −1

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