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MÉDITATIONS DE PRISON
(Yaoundéé, Cameroun)
(Yaound
 

KARTHALA  sur internet: http://www


http://www.karthala.com
sécuris
(paiement sécuriséé)

Couverture:  Montage Simon Gléonec.

©  É
 Éditions
ditions
Karthala, 2012
ISBN : 978-2-8111-0627-0
 

Titus Edzoa

Méditations
de prison
(Yaoundé, Cameroun)
Échos de mes silences

Préface
d’Odile Tobner,  é pouse de feu Mongo Beti
Présidente de  « SURVIE-FRANCE  »

Éditions Karthala
22-24,
22-24, boulevard
boulevard Arago
Arago
75013 Paris
 

Pour magn
Pour magni󿬁i󿬁er
er leur
leur dign
dignit
ité,
é, à tout
toutes
es ces
ces
 femmes, à tous ces hommes qui, quelque part 
dans
da ns le monde
onde,, pou
pour quelq
uelque
ue rais
raiso
on ou de
quelque manière que ce fût, ont été privés de
leur liberté...
 

Remerciements

Toute mon in󿬁nie gratitude à toutes celles et à tous ceux


près ou de loin, et de quelque maniè
qui, de prè manière que ce f ût,
spontanément fait don de leur soutien, en pensé
m’ont spontané pensée ou
en acte, brisant ainsi progressivement les lourdes cha î nes
nes
de ma f éroce captivité
captivité...
(Comité   de libé
Au COLICITE (Comité libération du citoyen Titus
Edzoa),pré
civile, sidééeèpar
prhomog
ésid ne structure
Mongo Beti, icôéne
spontan
icô élites
e d’de dde
la dééfense deéla
la soci té
Libertéé  et des Droits humains. À
Libert humains.  À la
 la barbarie primaire, vous
opposé   votre courage et votre dé
avez opposé détermination par la
non-violence et la puissance de vos idé id ées. Votre pré
précieuse
initiative est à jamais inscrite en lettres d’Or dans les
d’agr éer
archives de l’Histoire de notre pays. Je vous prie d’agré
mon admiration et mon in󿬁nie gratitude...
À  mes Conseillers juridiques1, 󿬁dèles compagnons de
lutte, toute ma déférente et pérenne gratitude! Dé󿬁ant
périls, vous vous 
risques et pé spontanément et gratuite-
vous   êtes spontané
ment identi󿬁és à la cause, vous faisant les défenseurs
opiniâtres du Droit, de la Justice et de la Vérité. Grâce à
votre professionnalisme, la science juridique a triomphé de
la basoche. L’aura jurisprudentielle du Barreau de notre
illuminée de vous..
pays s’est illuminé vous.... Je vous
vous honor
honoree !..
(Comité  interna-
Une vibrante reconnaissance au CICR (Comité
tional de la Croix-Rouge)
Croix-Rouge) qui, à travers
travers ses extraordinaires
extraordinaires
et dévou
vouéés serviteurs, m’avait redonné lumière vivi-
redonné   une lumiè

1. Me Odile Mballa Mballa, Léonard Ndem, Akere Muna, Martin


Ngongo Otthou, Pauline Kamdem, Magloire Désolice Piendjio, et de
regrettée mémoire, Me Viviane Ndengue Ngongo, Oyie Tsogo, Paul
Hanack, Francis Nteppe...
 

8 MÉDITATIONS DE PRISON

󿬁ante, au moment où, asph󰁹xié de tout mon être, j’avais


touché  le fond de l’ab î me...
touché me...
 Genevièève, ma merveilleuse et infatigable compagne,
À  Genevi
à mes enfants, Alexan
Alexandre
dre si proche
proche et si loin, Paul-Stève
Paul-Stève et
Raymond, trop tôt heurtés par l’infamie, la délation, l’in-
 justice et la violence gratuite humaine : l’immensité de
votre amour, à tout moment, a su me protéger et m’encou -
rager; en retour, ma gratitude est tout simplement gon󿬂ée
d’autant d’amour...
Une profonde gratitude à Christian Roland, adepte de la
perfection, et dont la patience et la permanente disponibi-
litéé  ont permis la mise en pages de mes silences, me faisant
lit
surmonter, non sans peine, les nombreux écueils techni-
mon  écriture...
ques de mon é criture...
En󿬁n, une particulière pensée de par sa puissance d’in-
󿬁nie reconnaissance à tous ces êtres lumineux qui, dans le
uvréé  avec dé
secret le plus absolu, ont   œuvr dévouement, abné
abnéga-
liberté  au nom de
tion et patience, au recouvrement de ma liberté
la Paix, de l’Amour et de la Fraternité... En toute con󿬁-
dence, je garde jalousement notre secret en partage... et à
 jamais !
 

é
Pr face

Du fond de sa prison le Professeur Titus Edzoa nous


envoie ce texte saisissant intitulé Méditations de prison. Ce
texte s’impose par sa puissance née d’une très grande
maîtrise de l’expression dans le fond et dans la forme. L’un
très
intensément retenus, ce qui est le secret, trè
et l’autre sont intensé
suggèrent
peu connu et compris, des   œuvres durables, qui suggè

bienEnau-delà
art ende ce qu’elles
effet la litotedisent.
  –   l’understatement , dit l’an-
glais – est la pratique la plus dif󿬁cile, tant, spontanément,
on a tendance à en faire trop. Et c’est ce qui était le plus
attendu dans une situation qui prêtait à l’h󰁹perbole. Mais,
dans une situation si excessive que toute h󰁹perbole aurait
été faible pour la signi󿬁er, le grand art est de recourir à la
litote: dire le moins pour signi󿬁er le plus, faire comprendre
l’indicible.
qualités qui en ré
Les qualité résultent sont aussi les plus rares et
les plus précieuses, celles qui se résument plutôt à l’ab-
sence des défa faut
utss les
les plus
plus comm
commununss : au
aucu
cun
n ba
bava
vard
rdag
agee
oiseux mais la densité d’un langage d’une extrême simpli-
cité qui n’exprime que l’essentiel; aucun   ego  envahissant
vanité  du moi;
sincère de qui conna î t la vanité
mais la modestie sincè
aucu
aucune
ne en󿬂u
en󿬂ure
re redo
redond
ndan
ante
te mais
mais la disc
discré
réti
tion
on voir
voiree le
murmure
murmure avec lequel
lequel on articule
articule les plus grandes choses.
Et le propos est en effet très ambitieux. Comment oser
parler de la vie, de la mort, de l’amour, du destin, du temps,
sans courir le risque majeur d’être inférieur à son sujet
et, 󿬁nalement, ridicule? Titus Edzoa affronte ce risque,
comme il a affronté  sa situation et il faut bien dire qu’il en
triomphe.
 

10 MÉDITATIONS DE PRISON

Les méditations qu’il nous livre, sur son expérience de


la captivité th èmes spé
captivité, de la solitude, mais aussi sur les thè spécu-
latifs des nombres, de Dieu, sont toutes marquémarquées par la
luciditéé, la limpidité
lucidit limpidité, la clarté
clarté   résultant de la ma î trise
trise de
l’esprit et de la parole qui sont les siennes, loin des fan-
des   élucubrations que des esprits faibles peuvent
tasmes et des 
concevoir au contact de ré réalit
alitéés qui les é
les  écrasent.
crasent.
C’est ainsi que Titus Edzoa dé décrit la lourde stupidité
stupidité   de
la sorcellerie avec ses pratiques monstrueuses, croyances
des âmes basses îvres de jouissance et de peur – le plus
nocif des amalgames – opposée à la sérénité de la contem -
platio
plat ion
n de
dess myth es,, révéla
mythes late
teur
urss de sa
sage
gess
ssee proc
procur
uran
antt la
supéériorit
sup rioritéé  du détachement.
Il poursuit sa quêquête intellectuelle et spirituelle sur les
chemins de la sagesse de l’É l’Égypte, mè
mère de l’Afrique et de
celle de l’Inde issue de l’Orient profond. Il sait allier l’in-
telligence, sans laquelle la spiritualité tourne vite à l’illu-
minisme, à l’esprit, sans lequel l’intellect reste stérile. Son
lang
langag
agee renc
rencon
ontr
tree alor poési
alorss la poé commee   medium   d’un
siee comm
niveau si ambitieux qu’il est rarement suf󿬁sant. Et là aussi
sobriéété  du lyrisme,
il ne s’en montre pas indigne dans la sobri
qui irrigue ses vers comme sa prose.
Tous ce
cess tra
rait
itss admi
dmirabl
rables
es pour
pour tou
ouccher
her pa parf
rfo
ois au
sublime, mais aussi pour la plus extraordinaire esquive de
vécu personnellement  avant , qui reste le
soi, de ce qu’il a vé
secret bien gardé  qui sous-tend son  é criture.
Odile TOBNER
 

Avant-propos

« Adh
Adhucuc sub ju
judic
dicee lis est »
(le procès est encore devant le juge).
Horace

Bagnar
Bagn ard,
d, chio
chiour
urme
me,, taul
taular
ard
d ! Pr osaa ïqu
Pros ques
es syno
synony
nyme
mess
d’attributs dont seules savent s’habiller la dé décadence et la
déch
chééance socié
sociétales, avec un brin d’hypocrisie et d’acri-
monie.
Bagnard,
Bagna rd, chiourme,
chiourme, taulard ! Particulièère race, humaine
Particuli
même, aussi universelle qu’hé
tout de mê qu’hétéroclite. Une sous-
espèèce qui a perdu tous ses droits, fors celui de racheter sa
esp
propre dignité. Et à quel prix? Et pour cause? Qu’im -
porte!
Bagnard, chiourme, taulard! Tous se ressemblent; ils
ê
Dans le subconscient
partagent tous le m menébuleux
monde, unde monde
la collectivité, ils sont
hors du monde.
tous des ordures dans la poubelle. Sous l’in󿬂uence fati -
dique et malé󿬁que des divinités chtoniennes, ces divinités
régissent le monde sous-terrain des gnomes si redouté
qui ré redout és !
Ils ont indûment joué les Rocambole et les Rambo; en
méritent le malheur, le châtiment, la malé
retour ils mé malédiction
éternelle..., avec comme seule consolation, celle des dam-
nés de se savoir ensemble...
À ce pandé accède par tous les moyens, sauf 
pandémonium, on accè
par la grâce. La « justice humaine », orgueilleuse de son
cara
caract
ctèr
èree théa
théand
ndri
riqu
que,
e, s’af
s’af󿬁c
󿬁che
he avec
avec mépr
mépris
is en un art
art
consommé, doublé   d’une
consommé d’une pseu
pseudo
do-s
-sci
cien
ence prétendument
ce pré
 

12 MÉDITATIONS DE PRISON

trisée: c’est l’imperium! Impé


ma î trisé Impétuosit
tuositéé  comique et dra-
mati
matiqu
quee à la foi
foiss ! ! !
malgré  cet amalgame pué
Et pourtant, malgré puéril et complaisant
de la société, chaque bagnard reste jaloux de sa propre
histoire, dontappréhendées
entièrement la dimensionque
et lapar
spéci󿬁cité neàpeuvent
lui-même, être
moins qu’il
ne veuille bien vous la faire partager, tout en prenant le
précieuse pré
soin, pré précaution, de ne point casser les   œufs de
la pudeur... C’est ce que je me propose, armé d’un peu de
réaliser
courage et soutenu par beaucoup de modestie, de ré
en ces pages. Partager quelques ré󿬂exions issues d’une
intensité intérieure, où le temps, notion illusoire de notre
insuf󿬁sance, a cessé d’être la référence, le silence déchi -
rant le voile de certains de ses secrets; où la torture, par la
souff
souffran
rance enduréée, a   éveill
ce endur veilléé   l’ha
l’harm
rmon
onie
ie soud
soudan
antt le
less
contraires; où la solitude, multipliée par elle-même, s’est
métamorphosée en la plus 󿬁dèle amie, la haine se liqué -
󿬁ant d’elle-même; et où le détachement a dé󿬁nitivement
rapproché  des mondes antagonistes, tandis que l’é
rapproché l’émotion a
détruire...
ennobli sans dé
À   traverser avec moi ce Rubicon de granit froid qui
sépare deux mondes, celui extérieur, le vôtre, et celui inté-
rieur, le mien, le nôtre, celui du bagnard, je vous convie
avec le moins de bruit possible, car si le bruit ne fait pas de
bien, le bien ne fait pas non plus de bruit.

en Do
Dois
is-j
-jee vous
apparence vous fair
fairee pres
presse
si contraires,sent
ntir
ir que
queavoir
peuvent les
les deux
deux mond
mondes
vocation à es,
se,
rejoindre sur le chemin de l’ascèse humaine? Et si cette
herméti
barrière, qui se veut hermé
barriè tiqu
que,
e, se fais
faisai
aitt quel
quelqu
quee pe
peu
u
pore
po reus
usee et os
osmo
moti
tiqu
que,
e, octr
octroy
oyan
antt ainsii au téméra
ains rair
iree une
une
prise de conscience, la prison ne pourrait-elle pas devenir
liberté, la vraie, celle construite par et dans
une porte de la liberté
une souffrance toute particulière, ferment prodigieux de
l’âme ? Pourquoi ne deviendra
deviendrait-ell
it-ellee pas un socle, un block-
starting, sur lequel le vrai Homme en soi dé d écouvert pren-

drait son envol


encombrants de pour scruter, terrestre,
contingence léger de l’univers
tous ces fardeaux
dans ses
arcanes et secrets m󰁹stérieux, et appréhender ainsi avec
 

AVANT-PROPOS 13

sérénit
plus de recul et de sé problèmes quotidiens qui le
nitéé, les problè
taraudent?
Mais c’est un long vo󰁹age, un périlleux vo󰁹age. Tantôt
dans un désert ogre, omnivore, impito󰁹able, où le feu
mythique de l’épreuve brûle et la gorge et la peau et les
󰁹eux; et où, comme breuvage d’apaisement passager, l’on
doit quelquefois choisir entre l’amertume et la ciguë...
Tantô
Tant ôt dans un océ
océan ivre
ivre de va
vagu
gues
es houl
houleu
euse
ses,
s, qu
quii
fracassent avec une extrême violence la coque ph󰁹sique et
mentale de votre récif, entourée de requins déjà repus de
sang, mais paradoxalement encore avides de haine et de
vengeance...
Tantô
Tant forêt touff
ôt dans une forê touffue,
ue, inh
inhosp
ospitalièère, abyssa
itali abyssall
lab󰁹rinthe, où les animaux prédateurs, animés d’une 󿬁èvre
obsidionale, hurlent à tue-tête leur folie et leur férocité...
Et pourtant, paradoxe
paradoxe!! Il peut s’󰁹 cacher
cacher une voie paral-
lèle; celle qui conduit vers un jardin, un merveilleux jardin,
󿬂euri de pétales rutilantes de roses, aux parfums de fra-
grance enivrante, de gardening aux couleurs apaisantes,
dans une parfaite harmonie; où le l󰁹s ro󰁹al se drape de
son manteau hiératique; où des touffes d’anémones, d’au-
briètes, de jacinthes, d’hélénies et d’orchidées bordent des
rivières sinueuses aux re󿬂ets d’argent, dans une ambiance
féerique... Les contraires n’existent-ils pas pour se rencon -
trer dans une fusion cré troisième entité
créatrice d’une troisiè entité   sup
supéé-
rieure?
Pour apprécier la paix, il faut avoir connu l’éruption
volcan
volcaniqu intéérieure ; pour vibrer de béat
iquee int atit
itud
ude, s’êêtre
e, s’
douché des ra󰁹ons ardents de l’enfer. Deux états de cons-
cience qui se côto
toie
ient
nt pour
pour ensu
ensuit
itee se supe
superp
rpos
oser
er,, que
que
dis-je, se fondre l’un dans l’autre, déchirant ainsi ce voile
illusoire de la séparation des deux mondes.
La prison? Une barrière! Ma barrière. Notre barrière.
vôtre! Elle m’attendait avec impatience, pour
Mais aussi la vô
être escaladée pour vous, à défaut de le faire avec vous,
a󿬁n
a󿬁n dede vous
échos vous multiples
mes fair
fairee tout
toutsilences...
simp
simple
leme
ment
nt déco
découv
uvri
rirr quel
quelqu
ques
es
 

PROLOGUE

L’onde
’onde de cho
chocc !
(20 avril 1997)

«   J’estime que la vérit


ritéé   qu’
qu’un homme a
découverte, ou la lumière qu’il a projetée sur
quelque point obscur, peut un jour frapper un
autre être pensant, l’émouvoir, le réjouir et le
consoler: c’est à lui qu’on parle comme nous
ont parlé d’autres esprits semblables à nous et
qui nous
qui nous ontont cons
consololéés no
nous-mêêmes dans ce
us-m
désert de la vie...  »
Schopenhauer

La pens
dé󿬁nir ée, deune
comme parextraordinaire
son essence transcendante, pourraitsta-
force, une énergie se
concentrée; mais une fois mise en mouvement, elle
tique concentré
déployer en une puissance 
est susceptible de se dé puissance   étonnante
parr de
pa dess effe
effets
ts tout
tout auss
aussii surp
surpre
rena
nants, dès lors que sont
nts,
réunies certaines conditions spatiales et temporelles pour
sa manifestation.
De cette énergie potentielle, je me suis fais une arme
redoutable, mais exclusivement bienfaisante, en la subju-
guan
guantt au se
serv
rvic
icee d’un
d’unee nobl
noblee ca
caus
use,
e, au se
serv
rviice d’u
d’une
société exsangue, en permanence terrorisée, à moitié ense-
velie dans un ténébreux et profond h󰁹pogée glacial, après
qu’elle ait   été  meurtrie d’une d
dééliquescence cyniquement
 

16 MÉDITATIONS DE PRISON

programm système primaire et ré


programméée, de la part d’un systè rétro-
grade. Sans répit, l’extrême misère mentale collective a
rimé   et rivalisé
rimé rivalisé   avec une pré
précarit
caritéé   mat
matéérielle individuelle
tout aussi aiguë. Amertume et dé déréliction dans les esprits,
dépit et désespoir dans les cœurs!
Parr un ac
Pa acte
te poli
politi
tiqu
quee sising
ngul
ulie
ierr, fort
fort de sa pert
pertin
inen
ence
ce
idéelle et dépouillé de la moindre velléité de violence, j’en -
gageai
gageaiss un tit
titanesquee   «  combat  »   d’idé
anesqu d’idées et de vale
valeuurs,
rs,
inaugurant ainsi une houleuse et vertigineuse saga socio-
politique, dont les ondes de choc n’auront pas 󿬁ni d’in -
vestir les consciences de si tôt, et par lesquelles nos
archives, en peintures 󿬁dèles de notre histoire commune,
seront peut-être à l’avenir le dépôt privilégié de ce qui n’a
pu être
pas pu ê révélé  en son temps...
tre ré
Et ce jour pas comme tous les autres où se déchira le
voile, ce fut un dimanche gon󿬂é de soleil, le 20 avril, en
l’an 1997...,
1997..., par l’allocution
l’allocution que voici « in extenso » :
« Il 󰁹 a environ 15 ans, je m’engageais en politique
système de valeurs sociales bien
idééal, pour un systè
pour un id
dé󿬁nies. J’󰁹 consacrais ma vie professionnelle et privée,
avec foi, sans regret, m’impliquant nuit et jour avec géné -
rosité, quelquefois même avec obstination, 󿬁er de servir
mon pays.
Je fus ainsi tour à tour
tour,, sans interrupti
interruption
on::
 – Ministre chargé de mission à la PRC,
 – Conseiller Spécial à la PRC,
 – Ministre
 –  Ministre de l’Enseignement Supé
Supérieur,
 – Secrétaire Général à la PRC et Ministre de la Santé
Publique.
Aujourd’hui, à l’heure du bilan du s󰁹stème, le constat,
bien  être
pour peu qu’on veuille bien ê honnête, est hé
tre honnê hélas drama-
tiquem
tiq ent déso
uement sola
lant
nt sur
sur le
less plan
planss inst
instit
itut
utio
ionnel,,   écono-
nnel
mique, social, culturel...
Pers
Person
onne
nelle
lleme
mentnt,, pour
pour mes
mes conv
convic
icti
tion
onss poli
polititiqu
ques
es,,
 j’aurai été très tôt combattu par une minorité soi-disant
pensante et in󿬂uente, mais ô combien h󰁹pocrite et limitée
du système. J’aurai été combattu par des tentatives perma-
inavouées d’intimi-
nentes d’humiliation, des manœuvres inavoué
 

PROLOGUE 17

dation et de délation. Grâce à Dieu, je restai impertur-


bable, m’évertuant à donner, comme beaucoup d’autres
Camerounais, du souf󿬂e à un s󰁹stème qui se vidait inexo-
rablement de sa substance.
Aujourd’hui dans notre société, le rêve et la foi en
l’avenir ont disparu, laissant la place au désespoir, à la
résignation collective.
Mesdames et Messieurs,
Trèès chers compatriotes,
Tr
Aujourd’hui, contre le Ministre de la Santé Publique
que je suis, ces basses manœuvres d’hier ont redoublé de
per󿬁die, d’intensité et d’audace, ne me permettant pas de
mener à terme, dans la sérénité et la sécurité, la mission
qui m’aura été con󿬁ée.
générale de dé
Devant cette situation gé dépit, et dans l’im-
possibilité personnelle de participation libre et active à la
construction de mon pays, droit et devoir de tout Came-
rounais; après une profonde ré󿬂exion, loin de toute pres-
sion et en harmonie avec ma conscience, j’ai décidé:
 – de mettre un terme, à partir de cet instant, à mes
foncti
fonction
onss de Mini
Minist
stre Santéé   Publi
re de la Sant Publiqu
que.
e. Dans
Dans le
less
d émission sera transmise
heures qui suivent, ma lettre de dé
à Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement
Gouvernement;;
 – libre désormais de tout engagement politique, j’ai
décidé de me déclarer candidat aux prochaines élections
présidentielles. Je donne ainsi aux Camerounais une autre
possibilité d’alternance. De mon droit le plus légitime, je
fais un devoir.
J’aii cru
J’a cru né
néce
cessa
ssair
iree d’
d’an
anno
nonc
ncer
er ces
ces deux
deux déci
décisi
sion
onss
avant l’échéance des élections législatives, a󿬁n de lever
toute équivoque et surtout de réaf󿬁rmer la transparence  de
mes convictions politiques. Que les militants et les non-
militants des partis politiques, les femmes et les hommes,
les jeunes et les moins jeunes de la Société civile, qui ont
apprécier au cours de ces longues anné
pu appré années mon action
et mes
mes conv
convic
icti
tion
onss veui
veuill
llen
entt bien
bien te
teni
nirr comp
comptete de ce
message au cours de ces   élections lélégislatives. Dans les

semaines
muniquer et mois
avec à venir,
clart
clartéé  et enjedé
dprendrai le soin de
étail le contenu de leur
moncom-
pro-
gramme.
 

18 MÉDITATIONS DE PRISON

Pour terminer, devant les lois républicaines, je prends


à témoin, dès cet instant, toutes les Camerounaises, tous
sécurit
les Camerounais, pour ma sé curitéé   personnelle, celle de
ma famille et de tous ceux qui voudront œuvrer avec moi.
Je me battrai
battrai pour vous tous, pour mon pays, mon beau
pays, rien que par la conviction des idées. Je ne dispose
armée, d’aucune fortune.
d’aucune milice, d’aucune bande armé
Que la majorité des Camerounaises et des Camerounais
qui 󰁹 croient veuillent bien me suivre, me soutenir, a󿬁n
qu’ensemble nous sortions notre beau pays de ce long et
profond sommeil!
Ainsi,   éveill
veilléés, avec
vec une
une nou
nouvell
vellee foi
foi et un nou
nouvel
vel
espoir, entrerons-nous, dans la paix, dans le 3 e mill
milléénaire,
grati󿬁és d’un nouveau rêve pour nous-mêmes et pour nos
enfants.
mériter!
Le Cameroun a tout ce qu’il faut pour le mé
Vive la Démocratie!
République!
Vive la Ré
Cameroun !  » ...
Vive le Cameroun

Aujourd’hui impavide, mais de temps en temps cha-


véritable troubadour des
touillant d’un peu d’humour, en vé
temps modernes, je m’en vais décocher de mon arc, en
guise de 󿬂èche combattante, ma plume encore toute fraîche
indélébile, pour vous retracer les sillons inso-
de son encre indé
lites de mon aventure, en partage d’une vévéritable
ritable   épop
popéée

aux allures quelquefois


allèègrement
all contée, maism󰁹thiques,
conté dignes
émentd’une
surtout intensé
intens légende
vécue...

 

1
Mon rubicon

« Ale
Aleaa jacta
jacta est
est »
(Le sort en est jeté).
César
Jules Cé

Il 󰁹 a plus de vingt siècles, le Grand Jules César, déjà


impe
im pera
rato
torr et popont
ntif
ifex
ex mamaxi
ximu
mus,
s, ap
aprrès av
avoi
oirr fr
fran
anch
chii le
Rubicon, ce petit 󿬂euve boueux de Ravenne, lança à ses
légion
légionnai
naires
res : « Ale
Aleaa jacta est » (le sort en est jeté
jeté),
), avan
avantt de
s’engager à la conquête 󿬁nale de Rome et de son peuple.
Les lois universelles sont impersonnelles et se manifes-
tent par fractance dans l’espace et dans le temps, selon les
circonstances. Parbien
sion miniaturisée correspondance analogique,
entendu, je décidai en dimen-
de traverser mon
démission d’un gouver-
modeste Rubicon, par une simple dé
nement,t, assortie
nemen assortie d’une simple déclaration
déclaration de candidature
candidature à
une   éle
lect
ctio
ion prési
n pré side
dent
ntie
iell
lle.
e. Tre
remb
mble
leme
ment
nt de la terrterre,
e,
ouragan dans les airs. Tout de mê même !
D’un côcôté, des chars avec des canons en mire, de l’autre,
une foule aux mains vides, mais gon󿬂ée de courage. Le fer
contre des pots de terre. L’airain contre de la porcelaine. Et
pour
pour caus
causee ? La prov
provid
iden
ence
ce dépl
déplaç
açaa ce virt
virtue
uell comb
combat
at
supposé   neutre: le mensonge
inique sur un autre terrain supposé
contre la vérité.   «  Le mensonge pouvait faire le tour de la
terre, le temps que la vévérit
ritéé  mette ses chaussures  » .
 

20 MÉDITATIONS DE PRISON

aussitôt suivie avec beaucoup de passion par des


Affaire aussitô
chro
chroni
niqu
queu
eurs
rs hâtif
hâtifs,
s, en atte
attend
ndan
antt qu’e
qu’ell
llee revi
revien
enne
ne aux
aux
érudits au tempé
tempérament plus mesuré
mesuré, de pré
préf érence histo-
rien
rienss et poli
polito
tolo
logu
gues
es de prof
profes
essi
sion
on,, do
dont
nt l’
l’an
anal
alys
ysee plus
plus
objective
Pour lecomblera
bien-êtresans doute lapour
collectif, postérité...
la cause publique, je
sacri󿬁ais mes droits les plus élémentaires: je sacri󿬁ais,
partagé  de l’amour
avec un pincement au cœur, le bonheur partagé
familial; je sacri󿬁ais, sans réserve, la chaleur et l’attache-
ment de l’amitié; je sacri󿬁ais, sans peine, sans regret, les
honneurs d’une profession prestigieuse; je sacri󿬁ais, sans
et   éph
effort, l’apparent et  phéémère confort d’une socié
société  hypo-
crite et égoïste... Tout cela, je l’ai fait sans amertume. En
avais-
is-je le droit ? Peut-êtr
-êtree pas ! Mais assurément le
devoir!
« Alea jacta
jacta est »:
» : à partir
partir de là, le
le sort en était jeté,
jeté, et la
métamorphosa en une longue, trè
suite se mé très longue et capti-
vante épopée...
épopée... aux allures tantôt ubuesques,
ubuesques, tantôt drama-
tiques
tiques...
... een
n l’ho
l’honne
nneur
ur de la Politi
Politique
que en Afr
Afriqu
iquee ! ! !
 

2
Première lettre   à  la nation

« Le temps est venu pour s’engager dé󿬁niti-


vement  » .
L’auteur

Mes Chers Compatriotes,

Le 20 avril 1997. Un dimanche pas comme tous les


autres! Seul devant ma conscience, je décidai de prendre
en une seule fois, deux actes politiques importants: ma
démission du Gouvernement et ma candidature aux Élec -
présidentielles. J’é
tions pré J’établissais ainsi un nouveau rapport
avec vous.
Aujourd’hui, au-delà d’une volonté longtemps entre-
discrétion, il me para î t légitime de lever un pan de
tenue de discré
voile sur l’homme que je suis, à travers mes idées, mes
conv
convic
icti
tion
onss et mon
mon parc
parcou
ours
rs prof
profes
essi
sion
onne
nel.
l. Le ni
nive
veau
au
balbutiant de notre démocratie l’exige et je me soumets
volontiers à cet exercice pour être, je crois, mieux compris.
Scrutant l’horizon du passé, me voilà, enfant de New-
bell, quartier populaire de Douala par excellence, 󿬁ls d’un
Papa   «  boy cuisinier  » , partageant avec mes amis et cama-
Papa
rades, toutes tribus confondues, les joies et les angoisses
des ruelles
maman, fébriles,
sans les aucun,
protocole repas conviviaux
sinon celui de telle ou telle
d’appartenir au
une   «  tiss-
groupe, les matches de football, pieds nus, avec une
 

22 MÉDITATIONS DE PRISON

d’égal que le carnaval


ball  », dont l’enthousiasme n’avait d’é
«   des championnats du monde  » . Ces ré
réalit
alitéés sont encore
présentes dans mon esprit. J’ai appris très tôt à partager,
sans distinction de religion ni de tribu, le peu dont nous
disposions.
ce terroir parAu fond deombilical
le cordon mon âme,desjeamitié
me sens
amiti encore lié à
és d’enfance.
Jeun
Jeunee ho
hom
mme, sout
souten
enu
u par
par la seul
seulee volontté   divine,
olon
 j’étais destiné à une carrière professionnelle particulière :
la chirurgie. Celle-là même qui doit allier Science, Art et
Humanisme. Je l’ai apprise de mon mieux en Italie pendant
12 ans. L’exigence de la perfection et de la compétence
dans ce domaine professionnel m’a invité plus tard à Paris
pour un test 󿬁nal, sanctionné par le titre de Professeur
Agrégé  de Chirurgie. Cette alliance franco-italienne a 
Agré a   été,
pour moi, une richesse inestimable sur les plans profes-
sionnel, culturel et humain.
J’ai exercé mon métier au Cameroun avec générosité,
dans les hôpitaux d’arrondissement, de département, de
province et d’Université. J’󰁹 ai appris à partager l’angoisse
désespoir des uns et des autres. J’ai connu le bonheur
et le dé
de redonner de la joie, de la santé, de l’espoir de vivre.
Sportif par instinct au départ, l’Art martial m’a appris à
allier l’humilité à la détermination, le respect des autres au
dépassement de soi, le sens profond de la spiritualité à la
tolérance, le succès à l’échec, le travail à l’effort. J’ai
essa󰁹é d’insuf󿬂er ces valeurs aussi bien aux jeunes qu’aux
adul
ad ulte
tes,
s, tout
toutes
es clas
classe
sess conf
confon
ondu
dueses.. Je sais
sais aujo
aujour
urd’
d’hu
huii
qu’ils portent en eux ce germe de vie martial, l’énergie
prête à éclore dans la maîtrise du corps et de l’esprit.
En󿬁n homme d’État, j’ai appris à découvrir l’impor-
tance de la chose publique. J’ai connu la joie de servir dans
l’ombre et l’exaltation de servir en public. J’ai connu les
déboires,
boires,   ô  combien amers, du milieu: calomnie, humilia-
tion, intimidation, délation, haine, jalousie, etc. C’est aussi
cela, hélas le monde politique! Tour à tour, sans interrup-
tion, j’ai été pendant
la Présidence 12 ans: Ministre
de la République, chargé de
Conseiller Mission
Spécial à laà
Préésidence de la Ré
Pr République, Ministre de L’Enseignement
 

LETTRE À   LA NATION
PREMIÈRE LETTRE À 23

Supérieur, Secrétaire Général à la Présidence de la Répu -


blique et en󿬁n Ministre de la Santé. Comme c’est beau et
noble de se battre pour son pays, pour le bien individuel et
collectif! Voilà le parcours de votre candidat.
Je etsuis
fond animé aujourd’hui
inconditionnel parpays.
pour mon un amour intense,
J’ai besoin pro-
de votre
complicitéé pour qu’ensemble nous le sortions de l’impasse,
complicit
du désespoir. Comme promis, mon projet de société trace
la s󰁹nthèse du chemin à parcourir. Vos suggestions sont les
bienvenues et je souhaite établir dorénavant, avec vous, un
liberté  et en toute franchise.
dialogue permanent, en toute liberté
Le temps est venu pour s’engager dé󿬁nitivement. N’a󰁹ez
plus peur! N’acceptez plus l’intimidation, le mensonge!
C’est vous qui devez décider du destin de notre pa󰁹s. Que
chacun
chacun de nous
nous assu
assume
me ses
ses re
resp
spon
onsa
sabilittés. Je voud
bili voudrarais
is
éma
mane
nerr de vo
vous
us,, pour
pour go
gouv
uver
erne
nerr non
non pa
pass au
au-d
-des
essu
suss de
vous, mais avec vous! Le but 󿬁nal et l’essence de mon
programme c’est: « Un jeune, un Emploi »!
relance   économique, il n’y a point d’emploi; sans
Sans relance 
nécessite un
bien-être; et tout ceci né
emploi, il n’y a point de bien-ê
environnement politique de sécurité, de justice et d’ouver-
ture. Je me donne sept ans pour remettre le Cameroun sur
pied et je me battrai pour cela sans relâche.
Mes chers compatriotes, je vous invite à vous joindre à
moi, a󿬁n qu’ensemble nous gagnions le pari, dont l’enjeu
est un avenir meilleur pour notre pays.
Au moment même où je vous écris, je viens d’être
informé par la Police judiciaire, de mon assignation en
garde à vue administrative. Cependant je demeure serein et
con󿬁ant en l’avenir, pour le triomphe de la liberté et de la
démocratie.

Yaoundéé, mai 1997.


Yaound
T. E.
 

3
Une nuit particulière

«  Delenda Carthago  »
détruire Carthage).
(il faut dé
Caton l’Ancien

première nuit vide et é


«  Ma premiè et  écumante
cumante de noir,
Hantéée par autant d’hydres que de dragons,
Hant
D’ogress avides de sang, avides
D’ogre avides de mort !
première nuit, en cellule, aussi vide que pleine de
Ma premiè
noir!

s’éclipse, et en silence,
Furtif, mon corps s’é
Mon âme puri󿬁ée, légère et patiente,
Attend déjà, alerte, le jour de lumière,
Aprèès cette terrible nuit aussi vide que lourde de noir.
Apr

dérob
La terre s’est dé robéée sous mes pieds;
tangué, vacillé
J’ai tangué vacillé, sans honorer la chute tant atten-
due.
Sa fermeté j’ai dompté, et sans vacarme, de sa force,
développ
J’ai développéé  la puissance de mon arme pour toutes
qu’ épaisses de noir.
ces nuits futures aussi vides qu’é

Pour breuvage, de l’amertume j’ai bu.


Dans
Commecetpar
océan houleux
miracle, j’ai
la fra plongé.
 î cheur
cheur m’a englouti,
 

26 MÉDITATIONS DE PRISON

Et de se
sess embr
embrun
unss apa
apaisa
isants,
nts, doux
doux s’es
s’estt fait
fait mon
mon
grabat
grab at,, pour
pour tout
toutes
es ces
ces nuit
nuitss futu
future
ress auss
aussii vide
videss
qu’éécrasa
qu’ crasantes
ntes de noir
noir !

Le ventdésormais,
Mais, en terrible
terrible tempête
tempêt
il s’este apaisé,
a souf󿬂éle; roseau toujours
debout;
Comme une berceuse, j’ai entendu son carillon loin-
tain.
Et de sa vitalité, je me suis revivi󿬁é, après cette nuit
aussi vide que lourde de noir.

Au bout
bout de mes
mes long
longue
uess nuit videss et   épai
nuitss vide paisse
ssess de
noir,
L’aurore, en󿬁n, apparaît à l’horizon! Mais je ne puis
encore la voir.
Mon âme, grisonnante mais de neuf vêtue, s’apprête à
prendre son envol,
Apaiséée dans une ascendante spirale,
Apais
Projetée en parfaite fu
fusi
sioon avec la lumière des
lumières.
lumiè
Ô  nuit noire, secrè
secrète gardienne de ma lumiè
lumière !
Ô  myst
 mystéérieuse nuit, la plus longue de ma vie,
Matrice protectrice de l’innocence et de la justice,
Tu demeures ma 󿬁dèle demeure, complice silencieux
rêves!  »
de mes rê

Avec le temps, j’ai encore mieux déchiffré l’énigme de


ce précieux et réconfortant message de cette particulière
nuit, à savoir l’entrée dans le monde vertigineux de la
captivité, où s’apprend ce qui ne peut l’être autrement.
La vie, une permanente leçon! Tous ses compartiments
peuvent être
peuvent ê même des plus inatten-
honorés de nos visites, mê
tre honoré
dues!..
 

4
La prison, ma prison

«  Carcere duro  »
(dur cachot).

«  La prison, ma prison,


glacés de cercueil en bé
Ce sont ces murs glacé béton
Qui ont réduit à l’extrême
l’extrême mon espace vital!
vital !
Non sans peine, j’ai 󿬁ni par les intégrer,
Comme des cloisons vivantes de ma nouvelle demeure.
J’󰁹 ai re󿬂été l’aura de mon âme,
mêmes murs sont devenus mon miroir,
Et les mê
Ma protection, jaloux de toute intrusion intempestive.

La
Ce prison,
sont cesma prison,journées avares de soleil,
longues
imbibées d’obscurité
Ces longues nuits imbibé d’obscurité.
À force de m’󰁹 essa󰁹er, j’ai 󿬁ni par faire
De ma solitude, ma meilleure amie,
Et du silence, mon 󿬁dèle compagnon.
Mes journées se sont transformées en lumière apaisante,
Et mes nuits en rêves revivi󿬁ants...
La prison, ma prison,
C’est cet   épais brouillard qui de tout mon   être s’est
accaparéé,
accapar
S’évertuant à me faire croire que la vie ne valait plus
la peine d’être vécue.
Avec mon épée intérieure, j’ai 󿬁ni par la dompter,
 

28 MÉDITATIONS DE PRISON

La soumettant à mon frugal quotidien,


La métamorphosant en un obstacle illusoire,
 ô combien
Mais, ô
Mais, nécessaire, de mon ascension
 combien né
l’éveil inté
Sur la montagne de l’é intérieur.

La prison, la prison,
hélas, une arme aveugle
C’est aussi, hé
humanité  retardataire contre elle-mê
D’une humanité elle-même,
Enivréée de dé
Enivr l’ être!
détruire, d’annihiler ce qui ne peut l’ê
Hont
Ho nteu
euse
se pleu
pleutreriee ! ! !  »
treri

Ô bagnard, mon ami, ne l’oublie jamais: de ta captivité


fais un roc, sur lequel tu reconstruis ce qui a   été   indûment
détruit, et avec détermination, arme ton être pour revivi󿬁er
a  étté  assassin
ce qui, en toi, a é  assassinéé !  «
 « Sois l’Œdipe de ta vie et le
 Sois l’Œ

Sphinx
Sphin
La xprison
de ta tombe » !, seulement
n’est pas comme le stipulait Victor
Victorde
une privation Hugo.
libert é.
liberté
réelle suspension dans l’espace et le temps,
Elle est une ré
entre la vie et la mort. On 󰁹 apprend à vivre, on 󰁹 apprend
à mourir. Tout ce qui la précède doit un peu mourir; tout ce
quii lui su
qu ccèède doit
succ doit tota
totale
leme
ment
nt rena
rena î tre,
tre, ressus
ressuscit
citer
er des
cendres du passé, comme le m󰁹thique Phénix qui nous
apprend à assimiler la loi alchimique de l’immortalité,
revêtue, en l’occurrence, d’un voile   éph
revê phéémère des appa-
rences triviales.
La prison en󿬁n, c’est s’inviter soi-même à tout sus-
pendre, à se mettre en résonance avec son Soi, pour décou-
caché  de l’Univers et les arcanes de ses
vrir le biorythme caché
particulière opportunité
lois. Elle offre une particuliè opportunité  de queste che-
valeresque, qui requiert non seulement beaucoup de cou-
détermination, mais surtout une inestimable
rage, de foi, de dé
réserve d’Amour.
doit   être le verrou du passé
La prison, elle doit  même
passé  et, en mê
temp
temps,
s, la clé
clé d’or
d’or,, qui
qui ouvr
ouvree l’
l’av
aven
enir
ir lumi
lumine
neux
ux d’un
d’unee
liberté  retrouv
nouvelle liberté  retrouvéée... De dé
désolante mé
mésaventure, il
faut s’exercer
s’exercer à en faire un précieux
précieux privilège
privilège !...
 

5
Le silence brisé  de mes nuits

«  Forsan et haec olim meminisse invabit  »


(le souvenir de ces choses sera utile par la suite).
Virgile

décor froid de dé
... Dans un dé dépouillement total, quelque-
ennuyées de leur silence; elles se
fois mes nuits se sont ennuyé
aliénées sans mon pré
sont alié préalable consentement, de compa-
amènes, dans un thé
gnons peu amè théâtre surré
surréaliste, sans toute-
caractère ludique.
fois perdre leur caractè
Tantô
Tant ôt de minu
minusc
scul
ules
es sour
souris
is auss espièègl
aussii espi gles
es que
que gr
gra-
a-
cieuses de leurs petites oreilles pointues constamment aux
d’orgueil, ôtpelage
aguets, tantau de gros rats impavides
hirsute et m
répugnant.
et ré éprisants,
Leur farcis
intelligence
a dé󿬁é ma témérité, donnant lieu à des combats nocturnes
épiques, avec des victoires et des dé
défaites alternativement
des deux camps.
Tantôt des cafards, aussi résistants à l’anéantissement
que leurs 󿬁nes pattes sont dévoreuses de matière plastique,
dans un bruissement nocturne aussi dé délétère que des coups
d écouvrir que
de tonnerre dans un ciel serein. Ils m’ont fait dé
les cafards aussi se cachaient pour mourir!
Le mousti
moustiqu
quee ! Le mousti
moustiqu Aussi frêle qu’agile, aussi
quee ! Aussi
téméraire que nuisible; courageux et implacable guerrier,
il vous fonce à l’oreille, muni de son dard et de son radar,
 

30 MÉDITATIONS DE PRISON

impito󰁹able, annonçant par une rhapsodie provocatrice et


triomphante, la certitude de sa victoire! Quel ennemi!
Même seul, il vaut un bataillon! Entre nous, il n’y eut
 jamais d’armistice !
Les chiens! Avec leurs combats enragés et suicidaires
de chevaliers amoureux pour une seule élue, clabaudant à
tue-tête, comme seuls savent le faire des pré
tue-tê prétendants irré
irré-
ductibles brûlés par la passion! Leurs combats, ils ne les
engageaient que la nuit, excités par Vénus, la déesse de la
lune. Heureusement peu avant l’aurore, épuisés, exténués,
ils signaient une trêve, mettant ainsi 󿬁n à une interminable
insomnie, qu’en acteurs peu indulgents et avares de tout
scrupule, ils m’avaient sévèrement in󿬂igée...
Mais un soir, au crépuscule d’une journée encore tiède
é
blafarde,
de je reçus
sa torride uneetvisite
chaleur, aussi insolite
lourdement enveloppquee l’était mon
de sa lueur
hôte, dans mon aride petit logis de bain de soleil quotidien.
D’où venait-il? De nulle part! Son pas lent et rassuré
mettait en exergue son allant altier: une abondante crête
chatouillée par le vent exhibait sa descendance princière;
un camail brillant d’un jaune or, des plumes d’un rouge vif 
métallique, rehaussé
rehaussées de rares mè
mèches d’un bleu turquoise
cristalliséé, pa
cristallis parseméées en   éléga
rsem gant
ntee coif
coiffu
fure
re ! Supe
Superb
rbe,
e, il
déambulait au r󰁹thme de sa majestueuse faucille: c’était
un coq! Oui, un superbe coq, en chair et en os!!! Il esca-
lada lentement, une à une, sans vaciller, les sept marches
donnant accès à mon exigu logis; puis du banc réservé à
léger fré
mes rares visiteurs, d’un lé frémissement de ses ailes, il
parfait   équi-
se hissa et s’accommoda confortablement en parfait 
libre de funambule expérimenté, sur la rampe de mon petit
balcon, juste en face de moi, entre mes deux visiteurs de la
 journée, aussi ébahis que moi...
De la 󿬁ssure mobile de ses lourdes paupières mi-closes
transpirait l’intensité d’un regard soutenu, tantôt perçant et
tantôt triste et sombre. La scè
inquisiteur, tantô scène dura environ
une demi-heure;
perchoir improvispuis
improviséé  et, tout
avecdoucement, il descendit
même incroyable
la mê de son
assurance,
prit congé de nous... mais tout aussi incroyable, pour revenir
 

BRISÉ  DE MES NUITS


LE SILENCE BRISÉ 31

le lendemain, à la même heure, au même endroit, répéter le


même scé
scénario...
Cette même nuit, je devais vivre avec intensité, assisté
de mon m󰁹stérieux hôte du jour, un rêve apocal󰁹ptique où
 je me dans
acteur retrouvais non seulement
l’extinction d’un terribletémoin, mais
incendie aux principal
󿬂ammes
particulièrement destructrices... Au réveil, je décidai par
pure intuition de donner à mon auguste visiteur le nom
d’Ambroise, a󿬁n de mieux le personnaliser et ainsi l’im-
mémoire. Ce
secrèètes de ma mé
mortaliser dans les archives secr
soir-là, je l’attendis avec impatience, a󿬁n de partager avec
rêve, notre rê
lui mon rê rêve, mais en vain! Mon Ambroise,
notre Ambroise ne revint jamais plus! En messager secret,
deux surprenantes et m󰁹stérieuses visites avaient suf󿬁 pour

éveill
éveiller
er en moi la volont
des circonstances volontéé d’app
particuli désesp
d’apprendre
rendre
èrement érées, rphoser
à métamo la détr
métamorphos er, , en
esse
en bonheur
bonheur......
Souvenirs, souvenirs, souvenirs de mes silences bris briséés
singulières ! Une animati
de mes nuits singuliè animation toutee  « sui
on somme tout  «  sui
generis » , aussi curieuse que ludique, qui constituera une
belle page de mon vivant chapitre. Certainement ils m’ac-
compagneront toujours, en témoignage de mes silences
brisés, avec un brin de nostalgie...
brisé
C’est aussi cela la prison, ma prison, avec mes souris,
mess ra
me rats
ts,, me
mess ca
cafa
fard
rds,
s, mes
mes mo
moususti
tiqu
ques
es et mes
mes ch
chie
iens
ns..
....
compagnons inconscients de leur chaleureuse 󿬁délité... à
leur
leur faç
façon,
on, bien
bien ente
entend
nduu ! ! ! Sans
Sans évid
évideemmen
mmentt jama
jamais
is
oubl
ou blie
ierr mon
mon coq
coq de lign
lignée
ée prin
princi
cièr
ère,
e, notr
notree m󰁹st
m󰁹stér
érie
ieux
ux
Ambroise, dont le souvenir aura scellé à jamais une mer-
captivité...
secrète de ma captivité
veilleuse page secrè
L’illustre Socrate, avant de boire la ciguë, à la suite
d’une
d’une con
condam
damnat
nation
ion inique
inique,, n’avai
n’avait-i
t-ill pas interpelléé   son
interpell
élève en lui disant: « Criton, nous devons un coq à Asclé-
pios. Pa󰁹ez cette dette, ne so󰁹ez pas négligents!? » Notre
Ambroise, sans rien exiger en retour, nous a grati󿬁és de
son
son imme
dans im nsee générosit
mens
l’impersonnalité laé,plus
avan
avantt de di
disp
absolue. araa î extraordinaire
spar
Une tre incognito
tre incognito,,
leçon de la vie, n’est-ce pas?...
 

6
La torture

«  Ubi solitudinem faciunt, pacem appelant  »


(Où ils font un désert, ils disent
qu’ils ont donné la paix).
Tacite

Parler de la torture est une chose; l’avoir subie en est


une autre.
... Il est aussi ponctuel que rér écurrent, le rituel quotidien.
L’écho de pas lé légers et furtifs, rarement lourds et lents de
brodeq
bro dequin
uins, préécède le gard
s, pr garde-
e-ch
chio
iour
urme
me.. Un fr froi
oiss
ssem
emen
entt
métallique grince aigu en cacophonie, et mes oreilles de

bourdonner.
de tr
trois, de Des
ois, nombcliquetis
nombre
reus
uses secs,
es clé
clés quagressifs,
quii to
tour
urne
nent d’une,
nt,
, br
brui deent,
uiss
ssendeux,
t, se
retournent dans de multiples palâtres. Et mes oreilles de se
froisser. Mon cœur de brunir, de saigner, à défaut de se
s’arrêter.
briser et de s’arrê
Un bruit sourd, puis un autre, un autre encore. De lourds
portails
porta blindés s’
ils blind s’ab
abat
atte
tent
nt l’un aprrès l’
l’un ap l’au
autr
tre,
e, cont
contre
re des
des
murs ocres et brunis de bé béton. Et mon âme de grincer,
avant de se lover sur elle-même, en ré󿬂exe d’auto-défense
désespoir.
et de dé
Un rituel démentiel et pernicieux; le matin comme le
soir, de jour comme de nuit; et à l’ouverture comme à la
Malgré   sa récurrence, le geste
fermeture: torture oblige! Malgré
 

34 MÉDITATIONS DE PRISON

vous est toujours nouveau et produit toujours les mêmes


effets... destructeurs.
J’ai intégré le dé󿬁, non sans peine, avec le temps, mon
naguère humiliant et provocateur de
temps. De ce vacarme naguè
ma captivité,
veilleux mondej’ai fait la de
intérieur clélade l’ouverture
liberté. Et je mevers le mer-
souvins un
 jour de cette pensée que me con󿬁a, il 󰁹 a fort longtemps,
accès au royaume de la
un Sage:   «   La porte qui donne accè
Liberté est toujours ouverte par une clé en or »... Encore
faut-il savoir la chercher pour qu’elle vous soit, un jour,
donnée... gratuitem
donné gratuitement
ent !
La torture est un acte de barbarie exclusif de l’espèce
humaine, exaltant paradoxalement le bourreau qui en est
l’anéantissement brutal, cruel, total
l’auteur. Elle a pour but l’ané

dephysique,
le la victime,le dans unetheurt
mental dé󿬂agrant
le psychique deprogrammé
derni ècontre
cette derniè re...
C’est un acte c󰁹nique délibéré d’atrocité, exigeant au
moins deux protagonistes: le sujet et son objet. Le tortion-
naire, sujet dominant et à souhait dominateur, s’anime
toujours d’une euphorie h󰁹stérique et irrationnelle. La vic-
time, son objet, doit à priori tout subir dans l’humiliation et
la rési
sign
gnat
atio
ion.
n. Ains
Ainsi,
i, la tort
tortur créée-
uree cr e-t-
t-el
elle
le une
une rerelalati
tion
on
surrééaliste qui, progressivement, glisse dans une né
surr nébuleuse
contrôle. Elle nous fait accé
sans contrô accéder au rè la   «  sous-
règne de la 
humanité », bien inférieur à celui de l’animalité. Car l’ani-
mal peut agresser; mais quelque f éroce qu’il soit, il est
dr ôle d’ani-
incapable de torturer. En revanche l’homme, ce drô
mal, est la seule espèce capable, non seulement de plani󿬁er
la torture, mais de se réjouir d’en être l’auteur.
Le tortionnaire ou son mandataire est en fait un   être
faible et fragile, victime de ses propres turpitudes, carences
intérieures. Fort incapable de se dominer,
et contradictions inté
il s’évertue en vain à parfaire l’anéantissement, la destruc-
tion de l’autre. Il se méprend de sa propre image, ré󿬂échie
et projetée avec une extrême violence sur la victime. En
d écidant d’annihiler
lui-même. Son combatl’autre, inconsciemment
intérieur d ésagr
il se qu’il
perdu d’avance, ège-
exté
cruauté, le dé
riorise par la cruauté défait, le dé
détruit lui-mê
lui-même :   « Vita
 

LA TORTURE 35

sua, mors tua  » : pour qu’il vive, l’autre doit mourir. Et si


 jamais l’autre devait survivre, il tremble de mourir à cette
idée...
seule idé
À  l’issue de ce drame, la victime connaît toujours la
paix et sa 󿬁n est toujours lumineuse: soit par une mort
particulièrement enrichie,
libéératrice (sic !), soit par une vie particuliè
lib
souffrance   étant une 
la souffrance  une   échelle ascendante incontournable
vers les promontoires de l’é l’évolution de l’âme.
En revanche, le tortionnaire connaît toujours l’abîme au
théâtrale: il s’ouvre un long et
pièèce thé
dernier acte de sa pi
tumultueux cheminement, par lequel il doit connaître les
peut- être
affres de l’abus et de l’ignorance, pour retrouver peut-ê
aprèès de longs errements, comme Sisyphe, le sentier abrupt
apr
et sinueux de la Sagesse...
Il existeetd’innombrables
politique la peine de mortt󰁹pes de torture:
ont particuliè
particuli la terreur
èrement en
retenu
mon attention. La terreur en politique, c’est l’usage perma-
nent, brutal et f éroce d’une violence gratuite et dispropor-
tionnée, dont les objectifs s’inscrivent dans un marécage
dit politique, aux accents le plus souvent obscurs et contra-
dictoires. Il s’en dégage toujours une tentative absolue de
tenir sous un joug fatalement suicidaire la société et les
individus qui la composent.
La terreur politique, c’est une arme cynique, dont savent
volont
volontier
ierss abuser
abuser les faible
faibless d’espr
d’esprit
it,, pusil
pusillan
lanime
imess intro-
intro-
vertis, hantés qu’ils sont par leur fausse et prétendue supé-
rioritéé, et pourtant en ré
riorit réalit
alitéé, imbibé
imbibés de mé
médiocrit
diocritéé notoire,
en même temps qu’ils sont, à l’envi, dévorés par un virus
narcissique qu’ils s’évertuent, en vain, à dissimuler.
société, victime de cette terreur, vé
La socié végète dans l’agonie,
suffoquant par le sevrage impitoyable du rê r êve légitime de
la liberté et du mieux-être; elle 󿬁nit par se refermer sur
elle-même, dans un ré󿬂exe atonique, avorté de désespoir,
privilégi
de survie. La rumeur y est privilé giéée: dans le vent, tout
est futile, possible et impossible à la fois; elle honore,
malgré elle,chose,
à quelque la délation et ledes
à défaut fantasme;
vertus ilsociétales se réf érer-
faut bien méthodi
incinérées; elle devient la matrice de l’hypocrisie
quement inciné
 

36 MÉDITATIONS DE PRISON

et du griotisme : l’ogre, le bourreau, insatiable,


insatiable, s’en nourrit,
car il se délecte à régner sur des spectres; il ne peut exister
que par l’annihilation de l’autre. La violence, comme de la
suie, in󿬁ltre toutes les couches de la société, réalité pré-
ventivement entretenue pour une soi-disant pérennité   du
systèème.
syst
Et pourtant, la sagesse qu’enseigne l’Histoire humaine
n’aura jamais été muette sur la terreur. Énergie explosive à
souuhait
so hait,, elle
elle véhi
véhicu
cule
le tou
toujour
jourss en son
son sein
sein sa propr
ropree
espèce d’auto-rad
destruction, une espè d’auto-radioact ivitéé. Tôt ou tard,
ioactivit
elle s’épu
puiise
se,, s’es
s’esttom
omp
pe, laiss
aissan
antt avec une désolation
vec une
déconcertante, un vide, un « trou noir », pour en󿬁n exploser
supposé  essor d’hier.
en compensation dramatique de son supposé
Quelquefois, la société, dans un dernier sursaut, interpelle
é
inconsciemment l’intervention
de l’expérience des d’un nouveau
affaires de l’État, Prince,haute
et doué d’une f  ru
génie des valeurs humaines et socié
dimension et du gé sociétales.
Tr hélas, elle erre longtemps, trè
Trèès souvent, hé très longtemps,
dans un pandémonium infernal, où l’anarchie, la misère,
l’insécurité et le désespoir souf󿬂ent tel un ouragan, avant
de connaître, épuisée, la voie qui mène vers la paix et
l’épanouiss
l’épan ouissement.
ement..... Mais à quel prix?
prix ?
La peine de mort est un autre exemple, hélas courant, de
barbarie et de violence extrême de l’humanité contre elle-
même. La vie est toujours un don, un présent, dont la 󿬁na -
lité se trouve au-delà des considérations, ô combien limi -
tées de l’Homme. Contrairement à la pensée commune,
l’Homme ne donne pas la vie, l’Homme ne peut pas donner
la vie; il est tout simplement, et c’est déjà un insigne privi -
lège, un intermédiair
intermédiaire,
e, un véhicule,
véhicule, quelque précieux qu’il
véritable
soit, d’un vé ritable   «  miracle  »  des lois universelles; il ne
peut et ne doit donc en aucun cas s’arroger le droit d’ô d’ôter
autre   être humain. La ré
la vie d’un autre  répression criminelle par
la mort n’a réréduit nulle part la criminalité
criminalité, encore moins
moraliséé  une socié
moralis société.
Je partage
pionnier défenseur
dé véavocat
avec et hémence
de l’avis
vie:de Robert
  «  On
la vie:  réBadinter,
ne répond pas
à l’horreur par l’horreur ».
 

LA TORTURE 37

À   la
󿬁n, permettez-moi de vous murmurer en toute
con󿬁dence ceci: « À  travers force péripéties, j’ai réussi à
faire de ma torture l’une des plus belles décorations
sacr ée. En
secrèètes de mon âme  » . La vie d’un Homme est sacré
secr
toutes circonstances, elle mérite le respect le plus absolu
autant des bandits inconscients de la rue que   «  des tout
prétendument protecteurs de l’é
puissants »   pré l’évolution de ce
monde...
 

7
Le Gendarme

«  L’on est d’abord le galon,


d’être soi-mê
avant d’ê soi-même  » .
L’auteur

... Il 󰁹 a fort longtemps, un ami me con󿬁a ceci:


« Le gendarme? Il est comme un crabe!
très vite, pour s’arrê
Il peut courir vite, trè s’arrêter net comme
un clocher!
Il peut marcher droit, tout en regardant de travers,
Comm
Co mmee il peut
peut rega
regardrder
er droi
droit,
t, tout
tout en marc
marchahant
nt de
guingois.

Le Gendarme? Il est comme un crabe!


Il sait paraître respectueux tout en sachant qu’il ne
l’est point.
d’amabilité  apparente,
Il est capable d’amabilité
cruaut é, hélas!
Mais aussi de violence, voire de cruauté
L’ordre vient toujours de plus haut que soi,
Et l’exécution, toujours par moins gradé.
En permanence, Saint Ponce-Pilate veille sur lui...
Son épaule
épaule est large pour
pour deux fusils
fusils;;
pour   écrire que pour manier
Mais sa main, plus alerte pour 
un colt 45!
Écriture qui peut construire des châteaux par la vérité,
 

40 MÉDITATIONS DE PRISON

détruire et ané
Mais aussi tout dé anéantir, par le mensonge et
la manipulation.

Le Gendarme? Il est comme un crabe!


Sa carrière,
vie? C’est
carrièr le galon!
e, c’est toujours
toujours le galon!
galon !
Pour autant, il peut de ses mains briser le roc,
Voire se cagouler pour exécuter les forfaitures les plus
inavouéées.
inavou
Alors, 󿬁er et méprisant, il sait marcher droit comme
l’orgueil
l’or gueil,, et s’arrê
s’arrêter
ter 󿬁xe comme le Sphinx!
Sphinx ! »

Mais, à force de le côto󰁹er, le Gendarme, dans une appa -


rente proximité paci󿬁que, curieusement exigée et prescrite
par d’illuminés prestidigitateurs, j’ai pu transpercer la cara-
pace de ces uniformes chamarrés de leurs passementeries.
découvert avec bonheur et admiration un autre monde,
J’ai dé
un monde lumineux et plein de dignité, d’honorabilité et
respectabilité, de sensibilité
de respectabilité sensibilité et d’intelligence, de courage
d’humanité... Le Gendarme pourrait peut-ê
et d’humanité peut-être   évoquer
un crabe,
crabe, mais il n’es
n’estt pas un crabe
crabe !
La vie est une permanente
permanente leçon;
leçon ; et à ma besace, elle en
a ajouté une autre, signe de sagesse in󿬁nie: « l’Homme,
quel qu’il soit, dépouillé de ses apparences, brille toujours
intérieur de son âme  » ...
par l’infaillible miroir inté
En répo
répons
nsee à tous
tous ces
ces resp
respec
ectu
tueeux et affe
affect
ctue
ueux
ux « café
caféss »
reçus, j’inscris ici toute ma chaleureuse reconnaissance,
accompagnée de ma profonde estime, à tous, devenus les
témoins vivants de ma captivité
captivité, et de la compagnie de qui,
peut-être demain, j’aurai la nostalgie...
 

8
La justice

« À mes dépens, j’ai connu la basoche,


impérial des basochiens  » .
royaume impé
L’Auteur

La justice, notion pivot d’équité institutionnelle, d’auto-


rité  ou de pouvoir, dans les socié
rité soci étés modernes dites dé
démo-
résulte d’un long cheminement historique, voire
cratiques, ré
onto
on tolo
logi
giqu
que,
e, ar
arbo
bora
rant
nt succ
succes
essi
sive
veme
ment
nt un
unee di
dime
mens
nsio
ion
n
morale, religieuse et en󿬁n juridique. D’ailleurs ces trois
imbriqués dans la pratique, cré
accents se retrouveront imbriqué créant
un contexte et une expression juridique extrêmement com-
plexes.
Pour un observateur quelque peu attentif, impression-
l’ééquilibre de l’univers pourtant en perma-
nant appara î t l’
nente évolution, dans l’in󿬁niment grand, l’in󿬁niment petit,
et dans un troisième monde, « l’in󿬁nie complexi󿬁cation de
la conscience humaine   ». Chacun de ces plans est en har-
lui-même, mais aussi avec les autres. De toute
monie avec lui-mê
évidence, cette extraordinaire harmonie invite à rechercher
la cause dont elle est issue, et par laquelle se cré crée et se
mainti
mai ent cet   équ
ntient quil
ilib
ibre
re : c’es
c’estt l’
l’Or
Ordr
dree par
par esse
essenc
nce,
e, une
une
énergie subtile, aussi puissante, intelligente qu’immuable,
que l’on pourrait assimiler à la loi, la Loi. Cette Loi, imper-
régit tous ces systè
sonnelle, ré systèmes et tout ce qui les constitue.
 

42 MÉDITATIONS DE PRISON

L’Ordre qui la préprécède, la contient et se manifeste donc par


elle,
ell l’ordree   étant
e, l’ordr ant ains
ainsii la cause
ause et la loi so
son
n ef
effe
fett. Ce
phén
phénom
omèène est esse
essent
ntie
iell
lleement
ment amora
morall à ce degré
egré,, la
néécessit
morale, n cessitéé  d’utilit
 d’utilitéé  sociale, relevant des considé
considéra-
tions
qui 󿬁tprotectrices, subjectives
dire sans ambages et limitées
à Pascal: « la de l’Homme;
vraie morale ce
se
moque de la morale... » La 󿬁nalité de cet Acte premier est
par conséquent le Bien par essence, c’est-à-dire l’effet
escompté   de la permanence, de la pé
escompté pérennit
rennitéé   dans l’é
l’équi-
création, par la suite cré
libre parfait de la cré créatrice elle-mê
elle-même
à l’in󿬁ni...
réalit
Cette ré alitéé  en veilleuse permanente, mais non moins
vivante des plans supésupérieurs, s’invite par une correspon-
dance analogique dans les plans inférieurs, où se manifes-
tent les expériences
être traduite quotidiennes
vécue,
et vé   épousant lesdecontours
cue,  l’Homme.
desElle doitdu󰁹
limites
phénom
monde phé noméénal que repré
représente la socié
société. Celle-ci se
conséquent, la ré
fait, par consé réplique en miniature du macro-
cosm
cosme,e, véhi
hicu
cula
lant
nt en soi
soi ses
ses pr
prop
opre
ress impe
imperf
rfec
ecti
tion
onss et
l’équilibre et de l’harmonie
carences. La Loi originelle de l’é
de l’univers 󰁹 sera conçue, interprétée, appliquée, à la base
d’une fragile connaissance, hé hélas avec des consé
conséquences
pour le moins malheureuses et souvent contradictoires...
sociétés anciennes et primitives, la Loi
Ainsi, dans les socié
se traduira-t-elle essentiellement par un code moral, entendu
comme un ensemble d’interdits issus de prescriptions rela-
Créateur, et l’Homme,
tionnelles coercitives entre Dieu, le Cré
créature, dans le but de sauvegarder ce lien et en mê
la cré même
préserver l’ordre et la cohé
temps de pré cohésion de la socié
société  elle-
même. Ce code est salvateur et salutaire à la fois, mais ses
prescriptions ont tendance à circonscrire le puissant ra󰁹on -
nement potentiel de la conscience humaine à un niveau
plutôt   émotionnel, sensoriel, mental, animé
plutô animé   par la peur et
l’angoisse, la rendant otage dédésempar
semparéé  d’elle-m
 d’elle-mêême et de
la société. Ce qui est dé󿬁ni comme « bien » n’est accompli
accompli
que par peur du châtiment, et non pour le bien lui-m ême.
En dé󿬁nitive, chaque code moral dé󿬁nira le niveau d’évo -
société, et non celui d’un individu,
lution collective d’une socié
 

LA JUSTICE 43

le bien et le mal étant arbitrairement conçus et codi󿬁és par


elle-même limité
la conscience collective, elle-mê limitée... Le bien et le
mal ne seront dé󿬁nis que par rapport au bien-être ou au
mal-être qu’un acte procure avant tout à la société aux
dépens de l’individu...
À l’aune de la religion, la relation entre Dieu et l’Homme
exigera un intermédiaire « incontournable », à savoir la
cléricale. Cette derniè
classe clé dernière fera du Code moral un puis-
sant instrument juridique, le « jus primus », non seulement
pour son rô rôle de canal privilé
privilégi
giéé, mais aussi et peut-ê
peut-être
surtout pour entretenir son héhégémonie sur une masse igno-
animée d’une foi ré
rante, animé rédemptrice. La loi pré
présum
suméée sera
utiliséée pour faire ré
utilis régner l’ordre par l’é
l’épouvantail du châti-
ment brandi par le clerc, of󿬁cier de Dieu dans la société.
 î  é
Ains
Ai
théénsi
th i ap
appa
para
andrique ra
det-gardien
il, par dele lapLoi,
ersonhumain
nage cdivinisé
l ric
rical,
al,é  par
divinis l’attr
l’attribu
ibutt
cette
autoritéé, pa
autorit parr ce pouv
pouvoi
oirr. De cett
cettee conc
concep
epti
tion
on er
erro
ronnée et
dangereuse, na î tront
tront des glissements d’abord subreptices,
puis par la suite de grossiers dé dérapages dans la cré création,
l’interprééta
l’interpr tati
tion spécu
on,, la spé culalati
tion
on et l’ l’ap
appl
plic
icat
atio
ion
n de la loi, loi,
conséquences dramatiques dans la longue histoire
avec des consé
de l’Humanité. La Loi impersonnelle est soumise à la
personnalité de la société, à travers celle d’une classe privi -
légi
giéée.
e... repréésent
.. repr sentéée par des individus de bonne ou de
mauvaise foi.
De ce « jus primus » ou « corpus canonique », dérive-
ront toutes les instances juridiques laïques de nos sociétés
modernes dites dé démocratiques, réréalit
alitéé   souvent méméconnue,
quii ma
qu main
inti
tien
entt un lilien
en disc
discre
ret, mais   ô   combien
t, mais combien puiss
puissant,
ant,
entre la morale, la religion et le droit! Les lois constituant
le droit seront perçues comme des émanations, des effu-
si
sion
onss su
surn
rnat
atur
urel
elle
les,
s, dont
dont la miss
missio
ion
n fofondndam
amenenta
tale
le est
est la
cohéésion et l’ordre de la socié
coh société, l’inté
l’intégrit
gritéé  et la protection
de l’individu. Ces lois essentiellement ré r épressives seront
toujours élaborées à posteriori, courant après des événe-
ments
plural
plu à priori
ralité
ité excessinextricables.
excessive rendanttIl imposs
ive,, rendan en résultera
imp ossible uner tendance
ible leur
leu applica de
application
tion
déséquilibre notoire entre les insti-
rigoureuse, origine d’un dé
 

44 MÉDITATIONS DE PRISON

créent et celles qui doivent les appliquer. En


tutions qui les cré
véhiculeront toutes les incohé
outre, elles vé incohérences historiques
primaires, qui magni󿬁ent et entretiennent de façon sour-
noise le dangereux glissement arbitraire de celui qui est
supposé en être le gardien. Il apparaît donc que la « justice
humaine » est une notion très complexe de par son essence
et son histoire vé vécue, né
nécessitant autant de connaissance,
de ma î tris
t risee qu
quee de mode
modest
stie
ie dans
dans sa conc
concepepti
tion
on et son
son
application.
À  la lueur de toutes ces considé
considérations, il n’est pas vain
d’af󿬁rmer qu’une société s’évalue par sa justice: la teneur
préoccupera essentiellement du bien-ê
des lois se pré bien-être, de la
sécurit
curitéé, de l’inté
l’intégrit
gritéé globale de l’individu et de sa socié
soci été,
évitant toute rigidité restrictive qui risquerait de pétri󿬁er
é  ê
une
pétrinotion protectrice. Lede
de la connaissance l gislateur doitfaire
la loi et en treson
en revanche
arme de
sagesse. Quant à leur application, elle nécessite un déta-
chement compassionnel, un équilibre intérieur, allié à une
maîtrise de la complexité du sujet et à une grande probité
intellectuelle. Décider de la liberté d’un être humain est à
ce prix! La décision d’un homme de loi, d’un « juge », doit
véhiculer autant d’art, de science, de vertu que le pré
prévenu
mérite d’ê condamné. Il est, hé
d’être condamné hélas, dé
désolant de constater
de plu
plus en plus
plus dans
dans le mondende, et part culière
partiicul reme
ment
nt en
Afrique, l’usage pernicieux et ô combien délétère, de la
basoche, cette justice ordurière, pratiquée comme norme et
sans  état
sans é véritables pré
tat d’âme par ces basochiens (sic!), vé préda-
teurs carnassiers, avides et insatiables de prébendes,
bradant à l’encan de nobles principes de vertus sociétales,
aux dépens de leurs bas instincts égotistes. Ils s’associent
très souvent à ceux-là même qui doivent créer la loi et la
systèmes phares d’un
faire respecter, structurant ainsi les systè
véritable gangstérisme d’État. Quel dommage! Il urge que
ces   égar
ces garéés de la 
la   «  Res publica  »  se dotent de courage pour
ressusciter leur « profession de foi », que dis-je, « leur pro-
fession de loi  » , par la vertu de servir, cessant ainsi d’ar-
borer avec une souilléées,
honteuse ostentation des toges souill
imbibéées qu’elles sont de l’infortune, de la dé
imbib d élinquance, de
 

LA JUSTICE 45

misère mentale et de leur dé


la hideur de leur misè défaite profes-
sionnelle. Il est ahurissant que dans ces pa󰁹s, par l’injustice
caractééris
caract riséée, tout citoyen soit en permanence un dé
détenu en
sursis qui s’ignore, contrairement à la propagande protec-
trice h󰁹pocritement
seule responsabl
brandie.
responsablee et coupable
Par l’injustice,
coupable de ses propres
l’Afrique
propres crimes !
est
Et la Prison? Les allusions 󰁹 afférent dans les précé -
dentes pages me paraissent suf󿬁santes. J’ajouterais tout
doit   être une rare et particuliè
simplement que la Prison doit  particulière
occasion que la société offre à ses concito󰁹ens pour se
reconstruire, se reconstituer physiquement, psychiquement
et spirituellement, à l’issue d’un con󿬂it juridique avec elle,
après une culpabilité prouvée, avec justice et avec justesse.
La prison ne doit plus être un enfer dont les 󿬂ammes
é é é
cons
consom
omme
société ment
nt le cond
condam
pourra-t-elle seamnn   elle-même,
juger pour l’ ternit
po non.seulement
Ainsi
nsi, tou
out
te
par
la qualité de sa justice, mais tout autant par le traitement
qu’elle in󿬂ige à ses concito󰁹ens en captivité...
La   «  Justice  »   n’est peut-êêtre pas de ce monde, mais
n’est peut-
celle qui, forcément, concerne l’Homme dans son contexte
entièrement dans sa conception, sa
sociétal et lui incombe entiè
socié
véritable entreprise qui
formulation et son application. Une vé
exige d’étendues connaissances, une rigueur et une parti -
culièr
culièree prob
probit
itéé inte
intelle
llect
ctue
uelle
lle,, une
une expé
expérie
rienc
ncee huma
humain
inee
af󿬁rmée, illuminée par beaucoup de modestie et de consi -
dération pour l’être humain. Chaque fois que ce dernier est
condamné d’une façon inique où que ce soit, c’est la Loi
brisée, l’Harmonie universelle 
universelle qui est brisé universelle   ébranl
branléée,
partagé !
le malheur collectif inconsciemment partagé
À   la 󿬁n, je me délecterai à faire un écho partisan à
Pascal, après toutes ces péripéties vécues, pour af󿬁rmer
sans ambages aussi: « La vraie justice se moque de la jus-
tice!!! » Et de lancer à l’Afrique bancale de sa justice: de
par ses États et ceux qui les gouvernent, qu’elle s’oblige,
elle-m ême ses
se fasse violence de respecter et d’appliquer elle-mê

propres lois, avant


incontournable pourdel’é
l’él’exiger des autres!
mancipation de ses C’est le choix
institutions et
de ses propres concitoyens. La Justice, c’est la fondation
 

46 MÉDITATIONS DE PRISON

sans
sans la
laqu
quel
elle
le ri
rien
en de soli
solide peut   être bât
de ne peut bâti dan
anss un
unee
société! Il est dangereux de la con󿬁er à des délinquants,
quelle que soit la splendeur apparente et trompeuse de leurs
oripeaux...
 

9
La politique

«  Tous les arts ont produit leurs gé


génies; sauf 
l’art de gouverner qui n’a produit que des mons-
truositéés  » .
truosit
Saint Just

nébuleuse insaisissable aussi diffuse que


La politique, né
l’univers, aussi vieille que l’Histoire, aussi complexe que
l’Humanité!.. Elle est dé󿬁nie tantôt comme une science,
tantôt comme un art, ou les deux à la fois... L’adret pour
créée;
les uns, l’ubac pour les autres... L’Homme l’a créé e; en
retour, elle a créé espèce d’Homme, l’«
créé   une espè l’«  Homo poli-

En »son
ticus ôle d’esp
... drnom, ècecontradictions,
que de ! de heurts, de guerres ,
de tortures, de dédéfaites, de victoires!... Le bonheur des uns
faisant le malheur des autres.
Tantôt instrument pour servir, tantôt une 󿬁n en soi, se
véritables religions la ï
transformant en de vé la ïques,
ques, avec leurs
cohort
coh ortes
es de pseudo
pseudo-ar
-archo
chonte
ntes,
s, ent ouréés de thurif éraires
entour
exaltés et de force séides fanatisés. « Tous les arts ont pro-
génies; sauf l’art de gouverner qui n’a produit
duit leurs gé
que des monstruosité
monstruositéss », martela
martela un jour Saint Just... Peut-
êtree excessi
êtr excessiff ! Mais tout
tout de même
même !
Et pourtant il revient à l’Homm
l’Homme, e, et à l’Homme seul, de
donner à cette nébuleuse m󰁹thique, une forme, une fonc-
tion, une adresse, une direction bien dé󿬁nie. Apparemment
 

48 MÉDITATIONS DE PRISON

révolue l’é
l’époque  épique
poque é idéologies, l’Homme politique
pique des idé
doit d’abord dé󿬁nir avec précision, un Idéal, rêve ou utopie
néces
cessai
saire, pensée philosophique qui induit un sens
re, une pens
(entendu comme signi󿬁cation et direction à la fois), moteur
d’une action dans le manifesté  quotidien, actualisé  dans un
projet de société clair, tendu et réalisable en des pro-
grammess bien dé󿬁nis dans le temps. Ainsi l’Idéal
gramme l’Idéal engendre
engendre
et guide-t-il l’Action qui, à son tour, peut recti󿬁er, de temps
même Idé
en temps, ce mê Idéal, dans une dynamique plastique et
puissante, où la préoccupation essentielle et première se
réserve la promotion et l’é
l’épanouissement de l’ê
l’être dans sa
totalité, c’est-à-dire sur les plans matériel, ps󰁹chique et
spir
spirit
itue
uel,
l, da
dans
ns un envi
enviro
ronn
nnem
emen
entt na
natu
ture
rell
llem
emen
entt et en
permanence hostile à toute tentative de soumission et de
maîtrise...
ce rêve pa Le
part génie
rtag
agé quidoit
é   qui se toujours
cris
crista
talliseeprécéder,
llis dans
dans l’ avant
l’ac
action,, de
tion po créer
pour
ur le
développement et l’é
l’épanouissement de chacun... «
chacun... « Un Idéal
 Un Idé
n’est pas une sorte de perfection inaccessible, mais une
énergie, qui à la fois, nous attire et nous guide », stipule
James Red󿬁eld.
méthodes proposé
Les mé proposées ou imposé
imposées ont 
ont   été  innombra-
bles dans l’Histoire des peuples.   «  Malgr
 Malgréé   son imperfec-
démocratie reste le seul ré
tion bourgeoise, la dé régime, au fond,
des États
qui avoue, proclame que l’Histoire des É doit  être
tats est et doit ê tre
écrite non en vers, mais en prose  »   (Raymond Aron). Et
selon Platon, le Sage,   «  la parfaite f élicité   d’un royaume
est qu’un prince soit obéi de ses sujets, que le prince
obéisse à la loi, et que la loi soit droite et toujours dirigée
au public   ». Après vingt cinq siè l’Humanité  est encore
siècles, l’Humanité
bien loin d’avoir intégré
intégré cette sagesse. Quel dommage!
dommage !
Étonnant de savoir que de nombreux hommes d’État
dans le mon
dan onde
de,, en part
partiicul
culier
ier en Afriq
frique
ue,, pr vilégient
priivil
l’opuscule   «  De Principatibus  »   (le
comme livre de chevet, l’opuscule 
Prince) de Machiavel, interprétant d’une façon honteuse et
égoïstee des principes ponctuels,
égoïst ponctuels, en dehors
dehors de leur contexte
contexte
hist
histor
oriq
ique
ue et soci
socio-
méconnaissance duo-po
poli
liti
génie tiqu
quee : igno
de ignora
ranc
cet audacieux abusée d’une
ncee abus
précurseur de la
Rena
Renais
issa
sanc
ncee 󿬂ore
󿬂orent
ntin
ine,
e, Nicc
Niccol
olòò Mach
Machia
iave
vell
lli,i, dont
dont la
 

LA POLITIQ
POLITIQUE
UE   49

pensée politique fondamentale se retrouve plutô


pensé plutôt dans son
première décade
traitéé   plus consistant:   «  Discours sur la premiè
trait
de Tite-Live  » . L’on y dé découvre avec 
avec   étonnement ses pro-
fond
fondeses conv
convic
ictionss répu
tion publ
blic
icai
aine
nes.
s...
.. Ma
Mach
chia
iave
vell do
doit
it se
retourner dans sa tombe ! Et s’il revenait
retourner revenait aujourd’hui
aujourd’hui parmi
nous, il mourrait aussitôt pour la deuxième fois, pour ce
qui a   été   fait de son petit livre,   écrit en une semaine et
dédié aux puissants Médicis..., après sa disgrâce...
Et l’Afrique, dans tout ce maëlstrom?
«   L’A
’Afr
friq
ique
ue noir
noiree est
est mal
mal part ie » , av
partie aitt   écr
avai crit René
it Ren
Dumont il y a environ un demi siè si ècle. J’assume de dire
sanss ambag
san es : «
ambages  « L
 L’Afrique noire n’est pas du tout partie !  »
’Afrique
plutôt dans un trou sans fond, que la plupart
Elle s’enfonce plutô
de ses dirigeants s’évertuent à creuser à tout crin, animés
d’
d’un
un c󰁹ni
c󰁹nism
Horresco smee et d’un
d’un
referens!.. sado
sado-m
Ils ont -mas
faitasoc
deochi
hism
la sme
e inqu
inqual
politique ali󿬁
uni󿬁ab
able
les.
s.
enjeu
exclusif de la puissance et de la jouissance ostentatoires, et
dont la violence aveugle est la rrééf érence de valeur, que
dis-je, de « non-valeur », oubliant que « les trônes tombent,
et que les fauteuils restent; que les rois ont le jour, les
peuples le lendemain  » !
Les peuples se liqué󿬁ent dans la misère, la maladie,
l’insécurit
l’insé curitéé, la violence, la mendicité
mendicité, la corruption, le chô chô-
mage...; et pour les jeunes, le rêve d’un lendemain lumi-
neux s’est évanoui, réveillant en eux des sursauts suici-
daires de survie.
Mais
Ma is qu’i
qu’imp
mpor te !   «   Oder
orte Oderin
intt dum
dum me metu antt  » :   «  qu’ils
tuan
me ha ï  ïss
ssen
ent,
t, pour
pourvuvu qu’i
qu’ils
ls me crai craign entt !  »   Aphorisme
gnen
myth
my thiq
ique
ue de cesces   «  chefs  » ,   «  P
 Pèère
ress des
des nati
nationonss  » , mis-
sionnés par leurs dieux tout puissants qu’ils se sont eux-
mêmes crééréés ex nihiihilo. De petits soldats de plomb,
d’aucuns se sont faits Généraux, se faisant passer pour
d’extr
d’extraor
aordin
dinair
aires
es stratè
stratèges
ges de « guerre
guerre politiq
politique
ue », avec
avec
puérile pré
une pué prétention de rivaliser avec les Sun Tzu, Clau-
sewitz, Liddell et bien d’autres encore... Quelle tristesse!
 vaincre sans péril, on triomphe sans gloire  » ...
« ÀLes naguère fers de lance de l’é
intellectuels naguè l’émancipa-
tion, aux espoirs les plus autorisés, aujourd’hui bro󰁹és par
 

50 MÉDITATIONS DE PRISON

des machines et des manœuvres destructrices de la moindre


vellééité
vell après une courageuse ré
ité, aprè résistance, ont abdiqué
abdiqué   les
uns après les autres, subissant, abandonnés à eux-mêmes,
less af
le affr
fres
es de la stat
statol
olât
âtrie.   À   moins que ce ne soit une
rie.
manœuvre tactique comme l’a af󿬁rmé Mao: « Faire d’une
défaite tactique une victoire straté
stratégique » . L’optimisme est
une force certaine dont il ne faut point abuser, au risque de
la voir se trans
transforme
formerr en indolence
indolence,, en apath
apathie.
ie.
Toutes les valeurs sociétales de réf érence ont  é té  grossiè-
rement occultées par d’épais nuages de gangstérisme d’É d’État.
L’État, en effet, a été sans vergogne privatisé, liqué󿬁é; son
autorité « émasculée » et « sa souveraineté excisée », avec
des conséquences catastrophiques..., faisant de lui une proie
sans
sans déf
défens
ense,
e, de l’l’int
intér
érieu
ieurr com
commeme de l’ext
l’extér
érieu
ieurr, fo
fors
rs le
è
si ge dupays
Les prince..., den
dits dé attendant
évelopp
veloppé de voir
és (en fait venir...
très peu en sagesse,
trè
car h󰁹pertrophiés à outrance par la philosophie de l’avoir)
mépris, par la ruse et la violence, un
entretiennent avec mé
déséquilibre permanent de la planè obésit
planète. Par leur obé sitéé éco-
nomique, créatrice d’une cachexie inhumaine des démunis,
ils se gargarisent de notions de sé sécurit
curitéé   pr
prééventive et se
délectent de la domination sans partage du patrimoine uni-
sans  état
versel, clamant sans é tat d’âme, le triomphe de la marchan-
disation et de la 󿬁nance internationales. Tout leur appar-
tient, tout se fait par eux, n’existe que pour leur mieux-être,
dans une paranoïa obsidionale. La vraie paix est celle pré-
préparer la guerre: des armes
ventive; il faut pour autant pré
de plus en plus sophistiquées s’allient à la superpuissance
de leurs suprastructures, de leurs institutions, redoutables
permanent   éveil, pour leur
gendarmes incontournables en permanent 
présent et un avenir 
assurer un pré avenir   édéniques pour l’é
l’éternit
ternitéé...
À  cette discrimination économique, viennent s’ajouter des
barrières juridiques contre la libre circulation humaine. Le
message dramatique de deux jeunes enfants mineurs afri-
gelés dans un train d’atterrissage d’un avion long
cains, gelé
courrier, le temps
et simplement d’un
class
classé scoop
é  dans journalistique,
la mé
m émoire autistea été purement
de ce monde
impito󰁹able. Quel c󰁹nisme!
 

LA POLITIQ
POLITIQUE
UE   51

L’aide (sic), que les pa󰁹s du Sud apportent aux pa󰁹s


matières premiè
nantis du Nord en matiè premières et valeurs humaines,
contribue à l’épanouissement de ces derniers d’une façon
extr
extrao
aord
rdin
inaaire
ire ; en reva
revanc
nche
he « l’
l’ai
aide
de » de ces pa󰁹s
a󰁹s au
«  tiers-monde  »   revêt un caractère honteusement et fausse-
ment
me nt ob
obla
lati
tif,
f, heur
heurta
tant
nt la dign itéé   hum
dignit humai
aine
ne:: ces
ces mai
ains
ns
décharnées tendues, ces 󰁹eux blancs d’anémie, suppliants,
avant de se refermer pour toujours! Éternel appoint, de
cette   «  aide   », l’Afrique n’en a point besoin pour se dé
cette déve-
lopper, car une 󿬁ne couche d’onguent stérile ne peut guérir
phagédénique...
ulcère phagé
un ulcè
début de ce siè
Et pourtant, au dé siècl
cle,
e, tout
toutes
es les
les perf
perfor
or--
mancess tech
mance technique nouvelles   étaie
niquess nouvelles taient
nt psalm odiéées par de
psalmodi
faux messies en mal de publicité humanitaire; alors que, si
é
ces pays nantis
plani󿬁aient, et leursconnaîtrait
le monde gouvernements le d
la paix, uncidaient
bonheur,etun
le
bien-êtr
bien-ê tree partagéé, dans
partag ans un
unee harm
armon
oniie co
cont
ntag
agiieuse
euse que
mérite l’hum anitéé   tout entiè
l’humanit entière. Notre planè
planète dispose de
nécessaire, en termes de richesses humaines et maté
tout le né mat é-
rielles, pour lever ce dé󿬁, car le monde de demain, « monde
frontières  » , ne peut se ré
sans frontiè lui-même que
réconcilier avec lui-mê
solidarité  et une fraternité
par une solidarité fraternité  universelles, consciem-
vécues.
ment vé
Ce n’est point de la na ïna ïvet
vetéé, encore moins de l’angé
l’angé-
lisme! C’est plutôt une entreprise c󰁹clopéenne, exigeant
génie et intelligence de l’Humanité   entière: les premiers
concernés étant ceux qui détiennent entre leurs mains, des
pouvoirs colossaux de décision, pour l’équilibre et l’évolu-
tion socio-politique de notre monde...
En󿬁n, l’Afrique! Le jour où, ébranlée à l’extrême de
son âme, elle apprendra à essu󰁹er elle-même ses propres
larmes
larmes,, pr
pren
enan
antt cons
consci
cien
ence
ce pa
parr elle-mêême de sa propre
elle-m
force, de sa puissance et de son ggéénie, le tocsin du dé
début
de la 󿬁n de cette parodie c󰁹niquement plani󿬁ée réveillera
ses dieux et ses démons; et surpris, le monde entier pourra
conna î tre
t re un tremblement de terre, du Nord au Sud, de
l’Est à l’Ouest...
l’Ouest... Alain Pe󰁹re󿬁tte
Pe󰁹re󿬁tte l’avait prédit pour la Chine,
Chine,
il y a bien des années dans son mémorable livre: «  Et quand
 

52 MÉDITATIONS DE PRISON

la Chine s’éveillera » . Les   «  puissants   »   de


de ce monde
avaient feint de l’ignorer...
Quant au modeste Africain auteur de ces ré󿬂exions,
malgré  son ahurissement clairement dé
malgré dévoil
voiléé, il reste opti-
miste et fait siens les propos d’un vertueux Palatin de la
dièète de Pologne d’il y a bien longtemps:   «  Malo pericu-
di
losam libertatem
libertatem quam quietum
quietum servitiu
servitiumm » : « je préfère la
liberté avec ses périls à la tranquillité de la servitude ».
C’est aussi mon vœu le plus ardent pour mon pays et
libérer, c’est apprendre
entière..., car se libé
pour l’Afrique tout entiè
à n’avoir plus de maître du tout, et assumer avec dignité et
courage son propre destin... Ceci se fera, non pas par des
révolutions des armes, qui ont tant endeuill é   et anémié   le
« tiers-monde », mais par une explosion évolutive des men-
é é é
talit pour
󿬁ce s, quileprivil gie le travail
bien commun, dans l’abn
le respect gation,
des lois, le sacri--
la connais
sance et la défense de ses droits, la responsabilité  dans les
devoirs du cito󰁹en... L’Afrique, à ce prix et à ce prix seule -
ment, surprendra de se réserver ainsi un avenir   étonnant et
plein d’espoir tant rêvé, par ses multiples générations jus-
qu’ici sacri󿬁ées. Ce genre de combat est titanesque. C’est
aujo
aujour
urd’
d’hu
huii qu’i
qu’ill faut
faut l’
l’in
init
itie
ierr, « car
car il ne faut
faut jama
jamais
is
remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui »...
 

10
Le silence

«  Le silence, c’est le langage indé


indéchiffr
chiffréé
de l’in󿬁ni ».
L’Auteur

notre   être. Il doit


Le mental est le gardien, le portier de notre 
trier, traduire les expériences de l’extérieur vers notre âme
compréhensibles celles venant
même temps, rendre compré
et, en mê
intérieur. Il se caracté
de notre inté caractérise par une activité
activité  perma-
nente, en   éveil comme pendant le sommeil, durant toute
notre vie.
De cette h󰁹peractivité, il succombe à la facile tentation,
tendant à s’h󰁹pertrophier,
maître prétentieux s’évertuant,
de la maison, hélas, àavec
se déchargeant devenir
désinle-
volt
voltur
uree de sa fonc
foncti
tion
on de vigi
vigile
le.. Il s’em
s’emba
ball
llee pour
pour to
tout
ut
expliquer, anticipe, jugeant tout sur son passage, condam-
nant ceci, amnistiant cela, à la hâte. Sur tous les fronts, il
court, engageant des combats perdus d’avance, et une fois
épuisé, troublé, il revient à la base, ahanant de ses défaites
entêté, un marathon
et contradictions, pour recommencer, entê
sans 󿬁n...
accéder au royaume du silence, la ma î trise
Pour accé trise du men-
tal s’avère nécessair
nécessaire.
e. Accéder
Accéder à ce ro󰁹aume,
ro󰁹aume, c’est intégrer
intégrer
son moi au Soi en fusion vibratoire, où tout ce qui peut être
vu s’éteint, où tout ce qui peut être entendu s’estompe, où
 

54 MÉDITATIONS DE PRISON

peut  être
tout ce qui peut ê tre dit se tait. Le silence, c’est un plan, en
même temps qu’un point. Un point qui se place dans le
carré  et dans le triangle. 
cercle, qui se trouve dans le carré triangle.   «  Si
sauvés, tiré
vous trouvez le point, vous   êtes sauvé tirés de peines,
d’angoisses et de dangers », révèle une Maxime des com-
pagn
pagnon
ons.
s. Stru
Struct
ctur
uréé par
par une
une tech
techni
niqu
quee épro
éprouv
uvée
ée,, où le
malgré sa permanente activité
mental, malgré activité, est ignoré
ignoré, le silence
devient le creuset où le 󿬁ni cède la place à l’in󿬁ni, comme
une  étincelle
une é l’océan...
tincelle dans le feu, une goutte d’eau dans l’océ
s’établit alors le langage puissant du non-dit, doué
Il s’é doué   de
mille révélations jusque-là tenues secrètes, car à la 󿬁n le
silence est, par excellence, l’appel intérieur de traduction
de l’Énergie cosmique dans ses expressions. On en per-
cevra autant que son moi intérieur est exercé, sur fond de
la musique des
érieuses
mysté
myst sphères, dont
ondulations les nuances
de parfaite s’identi󿬁ent à de
harmonie.
«  Le silence est la teneur secrè
secrète des paroles de valeur.
Une âme vaut par la richesse de ses silences. On veut donc
non pas un silence qui endort, mais un silence qui restruc-
ture », con󿬁rme Sertillanges.
J’ai eu le privilège d’en connaître quelquefois l’expé-
rience
rience.. En effe
effett :

«  J’ai connu le silence


Vide d’espace, vide de temps,
Vide des rcontraintes
Vide des rê
empiriques du jour,
êves de la nuit.
J’ai connu le silence,
Langage indéchiffré de l’in󿬁ni,
Message secret de la musique des sphè sphères.
Chut
Ch ut !.. Chut
Chut ! Sile
Silenc
ncee !...
!...
Ô  toi, mon ami,
Révèle-moi les arcanes caché cachés de l’empyré
l’empyrée,
Car, désormais, je suis devenu
Ton plus 󿬁dèle compag
compagnonnon!! »

Oui,
ui, leuniverselle,
l’Énergie si
sile
lenc
ncee est
esde
t cet
ce t   écho scosmique,
l’Énergie ecret de ràéso
sona
la nanc
ncee de
portée de
chacunn et en toute permanence
chacu permanence!! Quel privilège malheureu
malheureu-
 

LE SILENCE 55

ignoré, quand il n’est pas tout simplement snobé


sement ignoré snob é...
aux dépens de ce tintouin dont bourdonne l’Humanité,
remue-ménage!!!
dans un continu et futile remue-mé
Le silence, c’est aussi cela, la prison...
 

11
Le mysticisme:
occultisme ou sorcellerie?

«   L’homme contemporain cherche le plaisir


sans le bonheur, le bonheur sans la science et la
science sans la sagesse  » .
Édouard Schuré
Schuré

particulièrement
Boire tout frais du sang humain, c’est particuliè
excitant pour les caprices des démons; lassé des langou-
reuses divines sirènes, trop exigeantes et jalouses, l’on se
virginit é   des nymphettes
fait incube, pour priver de leur virginité
aussi lascives que naïves: cela procure de la jouvence à
perpétuité; pratiquer comme rituel de puri󿬁cation et d’allé-
geance l’homosexualité, c’est une haute distinction discri-
l’honorabilité de la confré
minatoire pour l’honorabilité confrérie supposé
supposée pres-
tigieu
tigieuse
se ; eng
engage
agerr en astral
astral des combat
combatss noctur
nocturnesnes   épiques
et suicidaires sur des   «  avions-tapis volants  » , bourré
bourrés de
redouté  ne s’é
missiles incendiaires, l’ennemi redouté s’éliminant que
de nuit; déguster de la chair humaine faisandée à l’étouffée,
c’est de l’ambroisie pour l’éternité; livrer en sacri󿬁ce à la
confrérie et, tour à tour, le plus aimé de ses proches, c’est
solidarité  et la respectabilité
renforcer la solidarité respectabilité  du groupe; orga-
niser des messes sabbatiques, très noires en couleur, pour
dé󿬁er le Dieu tout puissant entouré de sa cohorte de saints,
de bienheureux
bienheureux et consor
consorts
ts ; pactiser avec Lucifer
Lucifer,, le diable
 

58 MÉDITATIONS DE PRISON

redouté  parce que le plus redou-


doublement cornu, le plus redouté
table, en signe de 󿬁erté d’être son 󿬂ambeau de l’incarna -
tion du mal; forniquer avec des cadavres féminins, à défaut
de harpies particulièrement décaties, ça donne de la pêche
et du courage; s’abreuver de coctions hallucinogènes, c’est
assuré  au royaume des ancê
l’accèès assuré
l’acc tres,   éternels gardiens
ancêtres,
de la sagesse; consulter de vieux grimoires, pour 󰁹 décou -
vrir des formules magiques: ainsi à la carte peut-on tuer à
l’envi, avant de périr soi-même heureux, comblé d’une
mort violente..., car para î t-il, tout   «  mystique  »  meurt tou-
t-il, tout 
 jours d’une mort violente, et toute mort violente démasque
« tout m󰁹stique camou󿬂é »...; ablutions, bains publics en
d’écorces diverses, assorties de
tenue d’Adam et lavements d’é
force piment et poivre, en cocktails explosifs, voilà qui
«  blinde  »
rendant , immunise contre
invulnérable à toutesdes sortiletèges
balles de tous
󿬂èches genres,-
empoison
nées
nées,, visi
visibl
bles
es ou invi
invisi
sibl
bles
es,, à tout
toutes
es atta
attaqu
ques
es,, de jour
jour
comme de nuit ; se rendre invisible
comme des « mots
invisible par des «  mots de passe-
faculté, le pouvoir de dé
passe  » , avec la faculté détruire pré
préventive-
ment l’autre, et cela d’une façon ostentatoire, car le secret
puissance ; posséder l’âme de l’autre, en
pourraitt occulter la puissance
pourrai
même temps jouir du privilège du pouvoir d’exorciser, car
il faut être un brin diable pour terrasser le démon; passer à
travers les 󿬁ssures des murs, les palâtres des serrures, en
démon
monstr
strat
atio
ionn du pouv
pouvoi
oirr d’ubi
d’ubiqu ité...
quit ... Et bien
bien d’au
d’autr
tres
es
prouesses, bien d’autres fadaises, encore et encore!
Décapant et fantasmagorique, c’est un empire qui, en
perm
pe rman
anen
ence voit métamorphos
ce,, se voit tamorphoséé   de l’l’il
illu
lusi
sion
on la plus
plus
étonnante à une prétendue réalité, submergé par l’igno -
rance et l’obscurantisme! Et pour causes? Pour acquérir,
paraît-il, toujours plus de pouvoir, plus de puissance, a󿬁n
posséder, accumuler force richesses, dans l’ostentation
de possé
qui terri󿬁e; dominer tout et dominer tous; accéder à des
fonctions les plus prestigieuses de la société, où argent et
biens matériels seraient l’aboutissement glorieux et miro-
bolant d’une vie réussie de préte
tend
ndu
u bo
bonh
nheu
eurr ! ! !
Ro󰁹aume de l’occultisme, empire de la sorcellerie. Voilà
Voilà
comment, hélas, est perçu le m󰁹sticisme, dans une société
 

LE MySTICISME:
MySTICISME : OCCULTISME
OCCULTISME OU SORCELLERI
SORCELLERIE
E?   59

gavée d’ignorance et sans dé


gavé défense, victime d’un empoison-
neme
nement
nt me
ment al délétère et subt
ntal subtil
ilem
emen
entt distilllé, sous un
distil
 joug déconcertant des forces obscurantistes ! « L’Homme
L’Homme
contemporain cherche le plaisir sans le bonheur, le bonheur
sans la science et la science sans la sagesse », disait déjà, il
siècle environ, É
y a un siè environ,  Édouard Schuré...
douard Schuré
Ce roroya
yaum
umee des
des fant
fantas
asm
mes compr
ompren
endd tro
roiis gra
grands
nds
interdépendants:
groupes interdé
constitué   de tous ces charlatans et
Le premier: il est constitué
m󰁹riad
m󰁹ri ades
es de sorc
sorcie
iers
rs,, aute
auteur
urss et vend
vendeu
eurs
rs d’il
d’illu
lusio
sions
ns à
l’
l’en
enca
cann ; exal
exalté
téss par
par une
une auto
auto-c
-con
onte
temp
mpla
lati
tion
on et par
par un
prétendus
narcissisme hors du commun, ils s’attribuent de pré
pouvoirs c󰁹clopéens; il se peut que certains d’entre eux
aient eu un accès furtif, à quelques moments de leur exis -
tence,
aucuneeà; certains
aucun aspects
et dans une des lois
ignorance universelles,
cara riséée, ilssans
ctééris
caract s’en maîtrise
servent,
les manipulant dangereusement à leurs risques et périls,
pour
pour ar
arna
naqu
quer
er,, hant
hanter
er,, harc
harcel
eler
er,, pr
pren
endr
dree en ot
otag
agee leur
leurss
vict
victim
imees trop
trop créd
créduules
les et sans
sans défen
éfense
se;; pour
our des
des 󿬁ns
󿬁ns
égo ï
 ïstes, patent és de la
stes, ils se font passer pour des chantres patenté
«  magie  » , obsédés pa parr leur
leurss prop
propre
ress turp
turpit
itud
udes
es,, peur
peurs,
s,
angoisses et défaites
angoisses défaites refoulées...
refoulées... Quel c󰁹nique
c󰁹nique courage!
courage !
Le deuxième groupe: il comprend des individus de tous
genres aussi, af󿬁liés à des mouvements ou organisations
religieux ou non, prétendument altruistes et charitables,
pour le moins respectables et quelquefois reconnus dans le
monde; ils se distinguent par des envolé envolées verbales vio-
lent
lentes
es et dila
dilato
toir
ires
es,, oppo
opposasant
nt foi
foi et rais
raison
on,, amamal
alga
gama
mant
nt
savo
sa voir
ir et conn
connaiaiss
ssan
ance
ce,, fana
fanatismee et vérit
tism ritéé, vi
viol
olen
ence
ce et
rédem
dempti
ption,
on, disti
distilla
llant
nt aussi,
aussi, depuis
depuis leur
leur appare
apparentente hégé-
monie et condescendance socié sociétales ou clé
cléricales, le venin
mental de la peur et de la condamnation qui   «  assassine  »
l’âme indocile. Dans une attitude honteusement hypocrite,
ils confondent deux mondes diamétralement opposés, se
délectant à diaboliser, à tout crin, le m󰁹sticisme authen-
tique,
par un dévoilant à leur tour d’êtremitoyen,
royaume fantasmagorique inconsciemment
mêmeséduits
de mê nature
prétendent pourtant dé
que le premier, dont ils pré dénoncer les
 

60 MÉDITATIONS DE PRISON

fr
fras
asqu
ques
es.. Leur
Leur extrê
extrême
me et inla
inlass
ssab
able
le viol
violen
ence
ce est
est auss
aussii
surprenante
surprenante que suspecte : l’att
l’attrait
rait permanent
permanent que susci
suscite
te le
monde illusoire charlatanesque assécherait inexorablement
théories de leurs chapelles de plus en plus parsemé
les thé parsemées.
Unee at
Un atti
titu
tude
de qu
quii prend résol
prend solume
ument
nt l’a
l’allu
llure
re d’un
d’un comcombat
bat
d’hégémonie, bien loin de la charité
sans merci d’hé charité   rédemp-
trice et oblative, psalmodiée par ces exaltés dangereux. Ce
groupe est au moins aussi nuisible que le premier.
Le troisièème et le dern
troisi dernie
ierr gro
groupe
upe : c’
c’es
estt cett
ette mas
asse
se
fragilisés par les dures
ces   êtres fragilisé
anonyme, englobant tous ces 
expériences de la vie, plongés quelquefois dans l’abîme du
désarroi et du dé
dése
sesp
spoi
oirr, et qui
qui cher
cherch
chen
entt des
des so
solu
luti
tion
onss
facile
faciles,
s, voir
voiree mira
miracu
cule
leus
uses
es à leur
leurss pr
prob
oblè
lème
mes.
s. Soum
Soumis
is
depuis leur enfance à cet environnement malsain, h󰁹pocrite
et ignorant, leur imbibé
progressivement mental
imbib é  de schèmeséd’horreur,
empoisonn
schè   et déséquilibr é   s’est
de peur, se
faisant esclave de fantasmes et otage d’une dé déconcertante
supe
su perc
rche
heri
rie.
e. Il
Ilss sont
sont des
des vi
vict
ctim
imes
es priv iléégi
privil giéées autant du
premier que du deuxième groupe, une clientèle rentable à
fort prix, au mépris de leur dignité et de leur naïve sincé -
ritéé...
rit
Voilà ce que le m󰁹sticisme ne peut pas être!
Voilà ce que le m󰁹sticisme n’est pas!
 

12
Le mysticisme
dans son authenticité

«  Gn
 Gnôôthi seauton  » ...
«  Conna î s-toi toi-même
s-toi toi-mê
tras l’univers entier  » .
et tu conna î tras
Devise de Socrate

Qu’est-ce
Qu’est-ce donc le mysticisme
mysticisme??

Le mysticisme est d’abord une philosophie.


Le savoir est un bagage, un cumul plus ou moins impor-
tant de notions cognitives enregistrées par notre mental,
limités. Le mysticisme n’est
notre intellect, essentiellement limité
plutôt de celui de la Connaissance.
pas de ce domaine, mais plutô
La Connaissance relèrelève de la Sagesse; et cette Sagesse,
universelle et absolue de par son essence, g î t dans l’âme
humaine, virtuelle, inerte, en attendant d’être accessible à
la compréhens
compréhension,
ion, à l’intelligenc
l’intelligence.
e. Pour essaimer
essaimer sur toute
la surface de la terre, elle a né n écessit
cessitéé   d’un vé
véhicule tout
aussi universel, la Tradition Primordiale; autrement dit, le
degréé  le plus 
degr plus   élev
levéé  que puisse atteindre la compré
compréhension

de
La cette Sagesse
Tradition se trouveest
Primordiale dans la Tradition
donc Primordiale.
la forme premiè
premi ère que
revêt la Sagesse pour se manifester à l’intelligence. Cette
 

62 MÉDITATIONS DE PRISON

suprême est ainsi rendue accessible et compré


Sagesse suprê compréhen-
sible aux intelligences de l’univers. Elle est donc une réa-
lité permanente, éternelle, un idéal à atteindre, aussi long-
temps qu’elle n’a pas d’expression temporelle et spatiale
dans le mond manifesté...
mondee manifest

Le mysticisme est initiation

La Tradition Primordiale, virtualité  secrèète et occulté


virtualité  secr occultée,
devait   être formuléée, tr
formul trad
adui
uite
te,, tr
tran
ansc
scri
rite perpéétu
te et perp tuéée en
diverses branches et formes, selon le temps et le lieu. C’est
la ra
rais
ison
on popour
ur laqu
laquel
elle
le,, dans
dans l’hi
l’hist
stoi
oire
re de la civi
civili
lisa
sati
tion
on
humaine, l’on retrouve  «  des centrales de préservation »  de
cette Sagesse et des organisations humaines dites   «  tradi-
tionnelles et initiatiques  » . L’Homme dans sa quê quête spiri-
tuelle s’initie chaque fois qu’il franchit une   étape sur le
sentier, chemin sinueux et ô combien aride, vers des pro-
plus   élev
montoires de plus en plus  levéés de la ma î trise.
trise. Il ne faut
surtout pas confondre ce genre d’initiation, la vraie, avec
supposée de pouvoirs personnels, car l’Initié
l’acquisition supposé l’Initié
«  a ce rang qui lui donne le minimum de droits pour un
maximum de devoirs ». « L’initiation est plus qu’un songe
creux et bien
création
la cré plusâme
d’une qu’un
par enseignement
elle-même sur scienti󿬁que;
elle-mê un plan supé c’est
supérieur,
son ef󿬂orescence dans le monde divin ».

mysticismee est   ésotérisme


Le mysticism

Les lois qui régissent l’Homme et l’univers sont secrètes;


elles résistent à l’Homme et l’Homme leur résiste. Dans
cette per
cette permamanen
nente,
te, fragil secrète tens
fragilee et secr tensio
ion,
n, c’
c’es
estt par
par la
volontéé   et non l’opiniâtreté
volont l’opiniâtreté, par une impulsion constam-
ment maîtrisée de son être profond, que ces lois 󿬁nissent
 

LE MYSTICISME
MYSTICISME DANS SON AUTHENTIC
AUTHENTICITÉ
ITÉ   63

dévoiler leurs dé
par dé sincère, té
dédales au chercheur sincè téméraire
patient.  « Pour
et patient. « en  être
 Pour commander la Nature, il faut en ê tre l’es-
clave », a af󿬁rmé jadis un Sage. De même, « cherchez le
ro󰁹aume des cieux et tout vous sera donné par surcroît », a
recommandé  le Sage parmi les Sages. Et cette recherche se
discrétion, voire dans le secret le plus
vit dans la plus totale discré
absolu, intuitivement guidé par ses propres efforts, précieux
outils grâce auxquels l’on chemine progressivement vers la
sublime.  « L
Sagesse sublime. «  L’’ésot
sotéérisme est une attitude de l’esprit
qui consiste à poser des questions sur le m󰁹stère et au
mystère lui-mê
mystè réponses,
lui-même  » . Et les ré ponses,   écloses, ne peuvent
être qu’inté
qu’intérieures et individuelles...

Le mysticisme est symbolisme

«   Les symboles ne sont pas le fruit d’une volonté


volont é   de
garder le secret, mais l’expression naturelle des étapes sur
la voie de l’accomplissement  » .
Le s󰁹mbole, « c’est la vie »: il exprime une vibration
d échif-
puissante, dans l’espace et dans le temps, lisible, dé
frable par celui qui est préparé à le comprendre.
Le sym
symbole,   «   c’es
bole, acte  » : il agit
c’estt un acte agit,, acco
accomp
mpli
lit,
t, se
répercute à la rencontre des autres, pour uni󿬁er les diffé
rences, donnant à chacun, selon ses propres efforts, la pos-
-
même temps,
sibilité  de prendre conscience de Soi et, en mê
sibilité
l’unité  de tous les ê
de l’unité les  êtres.
tres.
Le s󰁹mbole, en󿬁n, est « une énergie »; une énergie qui,
en soi, explique, éveille, crée en nous la nostalgie de notre
origine, dém󰁹sti󿬁ant les m󰁹stères apparents, qui ne sont
que des appels discrets à la Connaissance.
 

64 MÉDITATIONS DE PRISON

Le mysticisme
est une queste spirituelle permanente

L’âme humaine,   étincelle de l’Ame universelle dans sa


« chute », n’a jamais cessé d’être essence; nostalgique de
cette origine, à travers les expériences de la vie, elle prend
d’elle-même; elle se cherche
progressivement conscience d’elle-mê
au début sans le savoir, pour se découvrir à la 󿬁n, après de
longs et dif󿬁ciles vo󰁹ages, consciente de ses réelles dimen -
sion et nature, dans l’in󿬁nitude de sa propre essence...
Eu égard à toutes ces considérations, il apparaît évident
que les Organisations traditionnelles humaines, expressions
auth
authen
enti
tiqu
ques
es de la Tradi
raditi
tion
on Pri
Primord
mordia
iale relèvent du
le,, rel
domaine sacré  de
philosophiques, la Connaissance,
 é sot deues,
la Sagesse.
ériques, initiatiques,
initiatiq Elles
.. Ilsont
spirituelles...
spirituelles. est
donc absurde, voire puéril, de les assimiler à ces sociétés
marchandes
marchand d’illusions, coquilles vides, mais généreuses en
es d’illusions,
méprise et déception, qui malgré leur regrettable existence
peuven
peu ventt consti tuerr une   éventuelle   étape néces
constitue cessair
saire,
e, mais
ô combien douloureuse, dans la démarche inexorable vers
les montagnes de l’ascèse et de la ma î trisetrise véritable...
Ces Organisations traditionnelles, initiatiques, ne cré créent
en soi aucune sagesse, encore moins ne dé délivrent, en dons
supposés pouvoirs magiques. Par une
compensatoires, de supposé
technique
techn ique parti culière   éprouvée par le temps, chacune
particuli
révèle à l’adepte le chemin de la réalisation de soi, dans
une approche lente, progressive, mais sûre...
pas  être
Le mysticisme ne peut donc pas ê tre sectaire. Certes, les
mots n’ont de pouvoir que celui que l’on veut bien leur
mot   «  secte   »  peut cacher trois
donner. En l’occurrence, le mot 
signi󿬁cation
signi󿬁cationss (cf. Dictionnaire
Dictionnaire Larousse):
Larousse) :
 –  «   Ensemble de personnes professant une même
 – «
doctrine (philosophique, religieuse...)  » : le mysticisme, tel
que dé󿬁ni ci-dessus, est au-delà de toute doctrine spécula-
tive et des humeurs de croyances des individus.
 – « Groupement religieux, clos sur lui-même et créé en
opposition à des idées et à quelques pratiques religieuses
 

LE MYSTICISME
MYSTICISME DANS SON AUTHENTIC
AUTHENTICITÉ
ITÉ   65

dominantes » : le mysticisme n’est pas une religion, quoi-


que toutes les religions puissent s’󰁹 projeter, sans pour
autant perdre leur propre 󿬁nalité, ni leur propre originalité.
En effet, tout grand mouvement religieux relève, de tout
temps, de la personnalité  puissante et particulièrement é vo-
luéée d’un Grand Initié
lu Initié  ou Avatar; pour autant, il ne para î -
trait pas illogique de le considérer comme un re󿬂et rédemp-
teur de cette Sagesse sacré sacrée, providenti
providentiellement déchue,
ellement
par l’i
l’interméédi
nterm diai
aire
re de
dess do
dogm
gmes
es qu
quii co
cons
nsti
titu
tuen
entt un co
code
de
rédempteur et salutaire lui aussi, proposé
moral et spirituel, ré proposé
et offert à la masse, pour une cohésion et une unité sociale
l’humanité, animé
de l’humanité animée par la foi. «
foi.  « Cette
 Cette foi devient le cou-
s’élance en avant, sûr de trouver la
rage de l’esprit qui s’é
vérité. Cette foi-là n’est pas l’ennemie du m󰁹sticisme, mais
son 󿬂ambeau
󿬂ambe
partie au ». Ainsi
extérieure la religion
vivante religion se révèle-t-elle
révèle-t-
de l’iceberg, elle « in dévoi
la religiosité 󿬁ne »,-
lant secrètement la spiritualité sous-jacente. Toutes les reli-
gions arborent leur côté exotérique, vigile de l’ésotérisme
Juda ïsme
correspondant. Il en est ainsi du Juda ïsme avec la Kabbale,
de l’Islam avec le Sou󿬁sme, du Bouddhisme avec le Jnana
yoga, du Christianisme avec la Mystique christique, authe-
ntiq
ntiqueue m󰁹m󰁹ststic
icis
isme
me chchré
réti
tien
en.. Le
Less con󿬂
con󿬂ititss ex
exté
téri
rieur
eurss et le
less
futile
fut iless ant
antago
agonis
nismes
mes,, alo
alors,
rs, s’a
s’anéa
néanti
ntisse
ssentnt d’e
d’eux-
ux-mêm
mêmes,
es,
pour laisser émerger les con󿬂ux secrets, réalité toujours dis-
simulée, dès lors que l’Homme, 󿬁nalement éveillé depuis
sa conscience, cesse de languir dans le monde illusoire du
sensationn
sensat ionnel l’éph
el et de l’éphéémère...
 –  «   Cla
 – « Clan
n consti tuéé   par
constitu par des
des pe
pers
rson
onne
ness ay antt la même
ayan
idééologie » : le mysticisme relè
id relève de la Sagesse sublime, et
la Connaissance 󰁹 afférent est au-delà de toute idéologie,
de toute race, de toute croyance ou religion, car elle est par
essence d’un idéal sacré, d’un but suprême à atteindre par
compréhension de tous les ê
l’intelligence, la compré les  êtres...
tres...
En conclusion, par honnêteté intellectuelle, je me garde
bien de faire allusion nommément à toutes ces Organisa -
initiatiques, spirituelles, reconnues authentiques.  éL’Homme
tions prestigieuses traditionnelles, mystiques, sotériques,
,
de par son essence, vé véhi
hicu
cule
le en soi
soi la nost
nostal
algigiee de se
sess
 

66 MÉDITATIONS DE PRISON

propres origines, jusqu’au jour où retentit le gong intérieur,


libérant et courage et dé
libé détermination né
nécessaires, pour entre-
pren
pr endr
dree l’a
’abr
brup chemiin de sa récon
uptt chem concil
ciliat
iation
ion ave
avecc lui-
lui-
même, la fusion consciente de son moi avec son Soi, autre-
ment dit, la révélation de la nature de son être à lui-même.
Dans le milieu Traditionnel, il est dit: « Quand l’élève est
prêt, le Maître est là! » L’élève, c’est le moi, et le Maître,
c’est le Soi! C’est-à-dire, l’Homme réel en soi, l’Homme
lui-mêême! Et personne d’autre! Les Organisations tradi-
lui-m
tionnelles, m󰁹stiques, initiatiques sont toujours présentes,
attentives, égales à elles-mêmes, prêtes à aider, protéger,
canali
canaliser
ser,, acc
accom
ompli
plissa
ssant
nt ainsi
ainsi leur
leur pro
prodig
digieu
ieuse
se et imper
imper--
sonnelle mission, dans la queste spirituelle de l’Homme, à
la recherche permanente du trésor qu’il pense à tort avoir
 » ...ê
perdu,
vert...
vert. maisde
.. pour qui,
 « v
de « cach é  en noces
éritables
 vé lui, n’attend que d’
chymiques tre décou-
«  Gn
 Gnô ôth
thii seau
seautoton... »   Conna
n... Connais is-t
-toi
oi to
toi-même, et tu
i-m
conna î tras
tras l’univers entier : inscription sur le fronton du
Temple de Delphes, dont Socrate en 󿬁t la devise... Elle
garde intacte encore aujourd’hui
aujourd’hui son éternelle puissance,
puissance, à
troisièème millé
l’aube de notre troisi
l’aube millénaire: permanent appel inté
inté-
vérit
rieur vers le vé ritabl
ablee et authen
authentiq
tique
ue mys
mysti
ticis
cisme,
me, pro
prodi-
di-
gieuse épopée de l’Homme vis-à-vis de lui-même! Quelle
merveilleuse
merve illeuse histoire,
histoire, n’est-ce pas
pas??
 

13
Les mystères des nombres

«  Toute
oute légen
gende
de tradit
tradition
ionnel
nelle
le n’est
n’est qu’une
qu’une
expression allégorique de la Connaissance. »
L’Auteur

Par dé󿬁nition d’usage, « le nombre est une notion fon-


mathématiques qui permet de dé
damentale des mathé décompter, de
classer les objets ou de mesurer les grandeurs, mais qui
ne peut faire l’objet d’une dé󿬁nition stricte » (Larousse). Il
peut s’exprimer par le chiffre, qui n’est qu’un caractère
spéci󿬁que servant à le représenter: chiffres indo-arabes (0,
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9), chiffres romains (I, II, III, IV, V, X
(10), L (50), C (100), M (1000), et bien d’autres encore...
En même temps le nombre est un symbole structuréstructuré,
singulièrement conventionnel, à la disposition de notre
d’interpréter une ré
entendement, permettant d’interpré réalit
alitéé intention-
nellement
nell dissimuléée. Ains
ement dissimul Ainsii le mond
mondee in
invi
visi
sibl
blee peut
peut-i
-ill
s’éépa
s’ pano
noui
uirr pa
parr sa pr
prop
opre
re insc
inscri
ript
ptio
ion
n in
inte
tell
llig
igib
iblele dans
dans le
monde manifesté, le s󰁹mbole s’identi󿬁ant dès lors à sa
représentation, à son image. Une 󿬁ssure, une lueur de plus
en pl
plus
us lu
lumi
mine
neus
usee inve
invest
stit
it alor
alorss le sens
sens littééral vers un
litt
décryptage codé
codé  de l’é
l’énigme et du secret, naturelle protec-

ti
tion
on de la Conn
Coexige
Connaissance nnai
aiss
ssan
ance
ce vis-
vis-à-
toujours à-vi
devis
s d’el
d’elle
le-m
l’effort -mêm
ême,
pour e, laisser
se car
car la
conna î tre. linéaire, requé
tre. Ce parcours est rarement liné requérant des
 

68 MÉDITATIONS DE PRISON

notions cognitives étendues, rarement magni󿬁ées par des


étincelles intuitives, dans une architecture mentale   écha-
faudéée par l’application, la té
faud témérit
ritéé  et la patience du cher-
cheur.
Comme réf érence du genre, la lecture de la Torah par
Torah   étant la Bible hé
les Talmudistes (la Torah  hébra ïque
 ïque traduite
araméenne) a suggé
du Targoum, Bible aramé suggéré, il y a fort long-
temps, une interprétation en quatre niveaux fondamentaux
du langage particulièrement crypté y contenu. L’on retrouve
décryptage analogue dans les 
d’ailleurs un dé les   écritures hié
hiéro-
glyphiques   égy
gypt
ptie
ienn
nnes
es,, avec unee   étonn
avec un tonnante
ante correspon-
correspon-
dance de langage, préve vena
nant
nt ains
ainsii totout
utee inte rprrétation
interp
hâtive, super󿬁cielle, rigide ou fanatisante. Roger Sabbah
en a fait un tableau comparatif lumineux2 :

Tableau I

Torah Hiéroglyphes

1) le sens simple (Pchat) 1) le synecdoque


2) le sens allusif (Rémèze) 2) la métonymie
3) le sen
senss 󿬁
󿬁gur
guréé ((Dra
Drach
ch ou Mid
Midrach
rach)) 3) la mét
métaph
aphore
ore
4) le secret (Sod) 4) l’énigme

Les mots deviennent des symboles représentatifs de réa-


lités cachées qui se laissent ainsi décr󰁹pter, forçant l’éton-
nement par l’extension et l’intensité de leur sens originel,
après avoir subi une réduction à des formes ou à des for-
mules accessibles à une simple anal󰁹se rationnelle, telles
allégories, etc.
les anagrammes, les hyperboles, les allé
avéré   int
Pour notre recherche, il s’est avé intééressant d’appli-
quer
qu er un
unee co
corre
rresp
spon
onda
danc numéri
ncee num riqu
quee de
dess lelett
ttre
res,
s, dont
dont le
ci-après nous aura servi d’outil de base. Il nous
tableau ci-aprè
aura
aura perm
permis
is de déco
découv
uvri
rirr d’ex
d’extr
trao
aord
rdin
inair
aires
es poss
possib
ibil
ilité
itéss
d’interprétation. L’alphabet utilisé   est latin (occidental) et
2. Roger Sabbat:  les secrets de la Bible,  Édit.
 É dit. Carnot,
Carnot, p. 120-12
120-121.
1.
 

LES MYSTÈRES DES NOMBRES 69

arab
arabees son
sont les
les chif
hiffres
fres:: puis
puissa
sant
ntee coll
collus
usio
ionn de deux
deux
complémentaires et mutuellement enrichissantes,
cultures complé
démontrant l’inanité
l’inanité  d’une pré délétère collision
prétendue et dé
de deux civilisations, thèse malheureusement entretenue
encore aujourd’hui dans certains milieux.

Tableau II  (corr
 (correspondance
espondance : nombre (chiffre)-lettr
(chiffre)-lettre)
e)

1 2 3 4 5 6 7 8 9
a b c d e f g h i
1 k l m n o p q r
s t u v w x 󰁹 z

Chaque lettre correspond à un chiffre de 1 à 9, au delà


duquel il faut recommencer à compter. En additionnant les
représentant les lettres d’un mot donné
chiffres repré donné, l’on aboutit
à un ou plusieurs chiffres, ces derniers réductibles par leur
addition à un seul chiffre: c’est ce que l’on appelle « addi -
tion ou réduction
réduction théosophique
théosophique ». En voici trois exemples
exemples::
 – Luxor = 3 + 3 + 6 + 6 + 9 = 27 = 2 + 7 =9
 – Paris = 7 + 1 + 9 + 9 + 1 = 36 = 3 + 6 = 9
 – Douala = 4 + 6 + 3 + 1 + 3 + 1 = 18 = 1 + 8 = 9
À noter que dans cette formule, tout chiffre additionné à
9 est toujours égal à lui-même: cette remarque est impor-
tante pour la suite de notre interprétation
interprétation.. Exemples:
Exemples :
 – 8 + 9 = 17 = 1 + 7 = 8
 – 5 + 9 = 14 = 1 + 4 = 5

Fort de ces prémisses singulières, je vous convie à une


insoliteElle
ques. excursion dans le silence
nous permettra de mes les
décrypter
de dé calculs
diff éthéosophi
rents sens-
littéral au sacré
d’un mot, d’un chiffre, du litté sacré, du simple au
 

70 MÉDITATIONS DE PRISON

l’intermédiaire d’une correspondance entre le


secret... par l’intermé
chiffre et la lettre.
dominè-
Parmi les   écoles   égyptiennes anciennes, trois dominè
rent
rent pa
parr la prpro
ofond
fondeeur de leur
eur phil
philos
oso
oph
phiie et par
par leur
eur
concep
con ceptio
tion
n cos
cosmomogon iquee de la création du monde. J’ai
goniqu
sacrée cité
retenu celle de la sainte et sacré cité  d’On’, cité
cité  du Dieu
RA, cité d’Héliopolis, située dans le Delta du Nil, à ne pas
confondre avec la cité d’Om, cité d’Axoum, située en
(Éthiopie), et dont l’histoire est tout aussi presti-
Abyssinie (É
gieuse et pleine de sagesse. Notre étude a pour objet la
genèse p󰁹ramidale des dieux constituant l’Ennéade origi-
l’Ennéade primordiale d’Hé
nelle, l’Enné d’Héliopolis.
... De l’Océan
l’ Océan In󿬁ni émergea le Dieu ATOUM (A
(ATUM),
TUM),
Divinité, l’Unique, l’Un qui se cré
la Grande Divinité lui-même et
créa lui-mê

nent en lui, il engendra le dieu SHOU et laé déesse


s’arrogea le nom de RA. Par le principe de la dualit  imma-
troisième phase
TEFNOUT. De l’Un, ils devinrent trois. La troisiè
de cette p󰁹ramide céleste se 󿬁t par accouplement: ainsi de

Tableau III

Océan Primordial

ATOUM (ATUM) RA

SHOU TEFNOUT

SEB NOUT

OSIRIS ISIS SETH-NEPHTYS

HORUS
 

LES MYSTÈRES DES NOMBRES 71

Shou et de Tefnout naquirent le dieu SEB (GEB) et la


dées
esse
se NOUT
NOUT.. Et la quatrièème phas
quatri phasee conn
connut
ut l’
l’ef
effu
fusi
sion
on
entre ces deux derniers, donnant naissance à quatre enfants:
deux garçons OSIRIS et SETH, et deux 󿬁lles ISIS et
NEPHTyS. Ainsi prit-elle la forme dé󿬁nitive, la Grande
Ennéadee Primordiale
Ennéad Primordiale : les neuf dieux nés de l’Un.
pouvant être
Le nombre neuf (9) ne pouvant ê dépass
tre dépasséé sans revenir
au point de départ, la naissance d’HORUS, 󿬁ls d’OSIRIS
et d’ISIS, faisait passer le nombre neuf (9) à dix (10),
nombre sacré dont la réduction théosophique revient à 1, à
l’Un, l’Unique, re󿬂et, voire indenti󿬁cation au Dieu originel
ATOUM (ATUM) ou RA, constituant la Dé Décade originelle,
lui-même. Pour plus de
le cercle se refermant ainsi sur lui-mê
clartéé, un tableau réca
clart capi
pitu
tula
lati
tiff de ce
cett
ttee divi
divine
ne genèse
gen

revient
À   ceà point,
ceci (voir ci-contre).
calculons avec patience l’addition théoso-
phique de chaque dieu inscrit, ce qui revient comme ci-des-
sous
sous : pa
parr co
conv
nven
enti
tion
on,, l’Oc
l’Océa
éan
n Pr
Prim
imor
ordi
dial
al ét
étan
antt ég
égal
al à 0
(zéro),

ATUM = 1 + 2 + 3 + 4 = 10 = 1 + 0 = 1
RA = 9 + 1 = 10
10 = 1 + 0 = 1
SHOU = 1 + 8 + 6 + 3 = 18 = 1 + 8 = 9
TEFNOUT
TEFNOU T = 11 = 1 + 1 = 2
SEB = 1 + 5 + 2 = 8
NOUT = 5 + 6 + 3 + 2 = 9 + 7 = 16 = 1 + 6 = 7

Par le principe de la dualité   im


immanent en lui, il
engendra...

OSIRIS = 6 + 1 + 9 + 9 + 9 + 1 = 8
SETH = 1 + 5 + 2 + 8 = 16 = 7
ISIS = 9 + 1 + 9 + 1 = 20 = 2 + 0 = 2
NEPHTyS = 5 + 5 + 7 + 8 + 2 + 7 + 1 = 8
HORUS = 8 + 6 + 9 + 3 + 1 = 9

En transcrivant chaque chiffre obtenu sous chaque nom


corresponda
correspondant,
nt, le tableau
tableau III ci-dessus
ci-dessus devient:
devient :
 

72 MÉDITATIONS DE PRISON

Tableau IV

résulte des ré
Il en ré résonances entre les noms et les chiffres
d’une é
d’une  étonnante
tonnante correspondance.
L’Océéan Primordial a pour symbole O: loin de repré
L’Oc repré-
senter le nénéant, il dé
désigne plutô
plutôt l’obscurité
l’obscurité  originelle, le
trou noir cosmique, où n’existe aucune forme; c’est l’es -
sence inéluctable, la source primordiale de toute existence,
d’où surgit toute expression d’énergie, de lumière et de vie.
C’est le NOUN de la philosophie   égyptienne, la circonf é-
Trismégiste dont «
d’Hermès Trismé
rence cosmique universelle d’Hermè dont « le
 le
cen
centr
tree es
estt partoutt et la périph
partou riphééri
riee null part » . C’est la
nullee part
 

LES MYSTÈRES DES NOMBRES 73

Réceptacle sacré
Vierge Noire ou Ré sacré  des Alchimistes, identi-
󿬁ée jadis à la « Grande Mère » par Platon. Le Zohar en fait
le Lévi
viat
atha
han,
n, le gran
grandd serp
serpen
entt ento
entour
uran
antt l’
l’un
univ
iver
erss en se
mangea
man geant
nt lui-mêême
lui-m me,, l’
l’Ou
Ourorobo
boroross de
dess anci
ancienenss Grec
Grecs,s, le
placenta universel...
ATUM (1)-RA (1): émergé de l’in󿬁ni sans forme, c’est
le Dieu, l’Un, l’Unique, l’Unicité Inconnaissable, l’Indé󿬁 -
nissable, l’Indescriptible. Tout est en Lui. Il est en tout et
peut   être appré
rien n’est sans Lui. Il ne peut  appréhend
hendéé  que par ses
manifestations, aussi bien dans le monde invisible que dans
manifesté, le Soleil (RA)
le monde visible. Dans ce monde manifesté
métaphore privilé
est sa mé privilégi
giéée...
ATUM enge engend
ndre
re la dual itéé   SH
dualit SHOU et TEFNOUT
9 + 2 = 2 : d󰁹ade éphémère par essence, contenue dans
l’Unicité
rit toujours
ritéés opposées
oppos prête
es,, mais
ma à mpl
is comp
co se manifester
léme
ment
ntairessà; travers
aire c’es deux
c’estt un pola
  état de
-
ténue, fragile,
tension té fragile, en permanente
permanente atte
attente
nte de fusio
fusion.
n. Ces
deux polarités s’effacent l’une pour l’autre, l’une dans
l’autre, procré troisième entité
procréant une troisiè entité : c’est l’é
l’étreinte cos-
mique,
miq ue, sub
subli
lime
me symbol
symbolee de l’Amo
l’Amourur,, cri
cristallissé   par Isis
stalli
(2), la mère aimée et toujours aimante, matrice protectrice
et f écon
conde,
de, inc
incarn
arnati
ation
on de la fertilitéé   et de la f éminit
fertilit minitéé...
Toute femme est Isis...
ATUM-
TUM-RARA,, SHOU
SHOU et et TEFN
TEFNOU
OUTT = 1 + 9 + 2 = 3 : c’es
c’estt le
trinité.   À ce deuxième stade de la genèse, le
symbole de la trinité
UN se déploie en trois, l’Unité   s’inscrit dans le multiple.
Puissant signe cosmique, il se manifeste par le Nekhakha,
le bâton-sacré à trois branches, sceptre d’Osiris, s󰁹mbole
divin et ro󰁹al du Pharaon; il s’exprime également dans
l’étoile Sirius annonçant la nouvelle vie de Lumière et dans
l’épée Excalibur du Chevalier de la Table Ronde. Il dévoile
son pouvoir dans le signe « MESS » à trois branches,
s󰁹mbole de l’enfantement d’un triple ra󰁹onnement à partir
Lumière Cosmique
de la Lumiè primordiale :   «  vé
Cosmique primordiale  véritable symbole
ternaire osirien  » . C’est la loi de la manifestation parfaite
dans les mondes visible et invisible. En󿬁n, c’est la méta
phore du Divin Trident du dieu Poséidon, la fourche à trois
-
dents, symbole de la Sagesse et de la Connaissance abso-
 

74 MÉDITATIONS DE PRISON

lues, dis
lues, dissim uléées da
simul dans
ns le Sai
Saint Gra
Graal de la Chev
Cheval
aler
eriie
templièère et du Mysticisme chré
templi chrétien...
Au troisième stade, l’addition des cinq (5) dieux donne
«  9  » : le  « 5
le «  5  »  est  « la
 est « cr éatrice qui
 la grande matrice, la force cré
reno
re nouvuvelelle
le l’
l’un
univiver
erss en perm
perman
anen
ence plan médi
ce ; le plan dian
an de
l’univers primordial, le ré réceptacle qui transforme les cré
créa-
ture
tu ress ininan
animiméées en corps animés : c’est la porte des
mondes » 3. Il est aussi l’écho de la rose à cinq pétales, du
pentacle de Vénus et du pentagramme, 󿬁gure constitutive
du dodécaèdre, dont les propriétés extraordinaires ont été
révélées naguè
naguère par Platon et par Lé Léonard de Vinci...
quatrième stade, les 4 enfants: Osiris, Isis, Seth et
Au quatriè
chiffre   «  4  »  est le premier nombre du monde
Nephtys. Le chiffre 
manifestéé, symbole de la base, de la stabilité
manifest stabilit é, de la solidité
solidité
de
de toute construction
justesse. géoml’eau,
Le feu, l’air, étrique, symbole
la terre d’harmonie et
ne constituent-ils
pas les 4 éléments fondamentaux de l’équilibre de l’uni-
vers? Par une particulière disposition géospatiale de ses
constituants, en horizontal et en verticale, il constitue la
croix, s󰁹mbole de l’épreuve et de la souffrance, au centre
de laquelle se cultive un jardin à l’humus fétide, où vient
s’éépanouir l’âme en rose rutilante et parfumé
s’ parfumée...
En procédant à l’addition des 9 dieux, la réduction est
égale à « 7 ». C’est le chiffre souverain, car il n’est le pro-
duit d’aucun autre chiffre, ni ne produit lui-mê lui-même aucun
autre: c’est le chiffre royal par essence. Dans le Talmud, le
«  sept  »   est le chiffre de la royauté
royauté, et   «  sept  »   a donné
donné
«  sceptre  » , symbole du pouvoir royal et divin, comme le
sceptre osirien qu’arboraient les Pharaons, le bâton-sacré,
le bâton-serpent d’Adam, de Mo ïse... C’est le chiffre de la
Grande Ennéade primordiale d’Héliopolis, expression énig-
matiq
mat ique
ue de l’homm
l’homme-e-di
dieu
eu,, intermédia
interm diaire
ire et interlo
interlocutcuteur
eur
privilégié  entre le monde invisible et le monde visible...
Au même stade, le s󰁹mbole 8 s’identi󿬁e à Osiris: le
chiffre « 8 » est en effet formé de deux cercles superposés
l’un sur l’aut
l’autre, continuité  de l’un avec l’autre, méta-
re, ou en continuit

Yohannès C. Na Douma,  La Reine des Fées, Al.  Éditions.


3. Yohannè  É ditions.
 

LES MYSTÈRES DES NOMBRES 75

secrète entre le monde cé


phore de l’union secrè céleste et le monde
terrestre.   À   l’intersection des deux mondes se tient le
majestueux et impavide Osiris, le dieu de la vie et de la
mort. Non seulement il préside au passage d’un univers à
l’autre, il en est en même temps le protecteur contre l’Apo-
ph󰁹se, le terri󿬁ant serpent aux sept courbes, contre le
Léviathan, le monstrueux crocodile de l’au-delà. C’est le
législateur principal du jugement des âmes trépassées; il
sacré   de la mort et de la ré
incarne le principe sacré résurrection.
Pour cela, il invite l’Homme à s’identi󿬁er à lui, à se placer
comme lui à l’intersectio
l’intersectionn des deux mondes. Des épreuves
de ce monde, l’Homme conquiert le pouvoir divin de l’au-
delà, réalisant à terme la transformation de son moi en
Soi. Le nombre   «  8   », c’est la mé
métaphore de nos limites
humaines, dont le dépassement et la ma î trise
trise lui révèlent
l’immensité in󿬁nie de l’espace et l’éternité incommensu-
rable du temps: de la nécessaire illusion manifestée, à la
Réalit
alitéé   sublime. C’est aussi le symbole de la priè
pri ère par
excellence...
Horus 9 na î t d’Osiris
d’Osiris et d’Isis le  « 9
d’Isis : le «  9  » , c’est le symbole
de la perfection, de la complétude, de l’in󿬁nitude; l’abou-
tissement pour un recommencement vers un plan supé supérieur,
la limite au-delà de laquelle l’on ne peut aller sans recom-
mencer. Dans la réduction théosophique, il s’identi󿬁e en
même temps à 0, car il est une entité qui se donne en entier
sans jamais cesser d’être entier; il est immuable à jamais,
et tous les chiffres peuvent se re󿬂éter en lui sans jamais
altéérer leur propre nature, ni leur propre valeur.
alt
le   «  10e »  dieu, faisant de l’Enné
Horus est le  l’Ennéade Primor-
diale la Décade Originelle : 10 = 1 + 0 = 1, le re󿬂et de
l’ATUM-RA (1). Par mé métonymie, il se reconna î t dans le
hébreu, de valeur numé
Yod, la 10e lettre de l’alphabet hé numérique
« dix
dix ». C’es
C’estt le s󰁹mb
s󰁹mbol
olee du reto
retour
ur à l’
l’un
unic
icit
itéé par le
après une manifestation parfaite de
« Aleph  »  (valeur Un), aprè
Lumière divine dans le monde visible. Des Avatars ont
la Lumiè
été identi󿬁és à Lui,
messianique. De mê
tel que Jésus-Christ, Horus Lumière
même Amenhotep IV (appellation 
(appellation   égyp-
ti
tien
enne
ne)) ou Am
Amen
enho
hoph
phis
is IV (app
(appel
ella
lati
tion
on gr
grec
ecqu
que)
e),, alia
aliass
 

76 MÉDITATIONS DE PRISON

naton,, 10e Pharaon de la prestigieuse 18e


Akhenaton
Akhe =1+8=9
d󰁹nastie, Pharaon à partir duquel l’Humanité connut la 󿬁n
d’une ère et le commencement d’une autre de son extraor-
dinaire Histoire. En󿬁n, le X (« dix » romain) rappelle la
positi
position
on os
osir
irie
ienn
nnee (bra croissés de
(brass croi deva
vant
nt la poit
poitri
rine
ne)) des
des
Phar
Pharao
aons
ns ten
enan
antt d’un
d’unee main
ain le bât
bâton-c
on-cro
roch
chet (Héka),
et (Hé
probable origine de la crosse papale, symbole de puissance
cosmique, ro󰁹ale et protectrice, et de l’autre, le fouet à trois
l’unité  dans la multipli-
branches (Nekhakha), symbole de l’unité
cité, expression métaphorique du signe osirien trinitaire,
précédemment fait allusion...
auquel nous avons pré
En󿬁n, il ne reste plus que le chiffre (6), qui n’aura pas
été  mentionn
 mentionnéé  dans cette  manière particuliè
cette   étude d’une maniè particulière.
Et pourtant, c’est celui qui s’intègre toujours dans un (9)
inexprimé
par la loi deou3 inachevé, dans l’attente
fois les 3 points d’untel
du triangle, couronnement
le chiffre de
Jean,   «  666  » , dont la ré
la bête de l’Apocalypse de Jean,  réduction
théosophique est égale à 18, c’est-à-dire à (9)...
Le Gr
Gran
and
d Pyth
Pythagoree a   été   l’incomp
agor l’incomparabl précurseur
arablee pré
dans ce genre d’exercice. Puisse la pérennité de sa Sagesse
amener la Connaissance à maintenir toujours grands ouverts
ses portails, a󿬁n que le chercheur humble, sincère et patient
accède à cet éblouissant et sublime ro󰁹aume de la Cité de
véritable mé
l’Aurore, vé métaphore du royaume du lé légendaire
Prêtre Jean!!! Toute lé
Sacerdote, le Prê légend
gendee tradi
tradition
tionnell
nellee
n’est qu’une expression allégorique de la Connaissance,
laqu
laquel
elle
le in
invi
vite
te en perm
perman
anen
ence
ce et dans
dans le secr
secret
et le plus
plus
absolu, à se faire décr󰁹pter par tout cherchant sincère et
téméraire...
 

14
Le nombre d’or

«  Et Dieu gé
géom
oméétrisa...  »
Sagesse ancienne

Que le pèlerin que vous serez, le temps de cette brève


excursion, veuille bien s’armer d’un peu plus d’attention et
éventuellement me grati󿬁er de son indulgence, au cas où,
réfrac-
pour quelque raison que ce soit, il serait de nature ré
taire à l’univers conceptuel des théories mathématiques!
Pour vo
Pour votr
tree conf
confor
ortt inte
intellllec
ectu
tuel brèèves réf érences   y
el,, de br
serron
se ontt fa
fait
ites
es,, pe
perm
rmetetttan
antt de mimieu
eux
x ap
apprpréc
écie
ierr, vo
voir
iree de
découvrir les effets lumineux de la perfection et de la beauté
des lois universelles.
En effet, que serait l’univers s’il ne vibrait pas en par-
faite s󰁹mpathie avec lui-même, c’est-à-dire en résonance
avec ses propres
propres lois ? Lois de la relati
relativité
vité du monde in󿬁ni-
ment grand, lois quantiques du monde in󿬁niment petit, lois
de l’in󿬁niment complexe du domaine de la Conscience...
Surprenantes et paradoxales réalités qui ne sont que des
contingen
contingences
ces d’une
d’une stabil
stabilititéé   en per
perman
manent
ent mouvem
mouvement ent,,
mouvement qui se pépérennise par un   équilibre sans cesse
déséquil
quilibra
ibrant, compenséé   par un dé
nt, compens déséquilibre   équilibrant

tout aussi
parfaite permanent.
harmonie L’éternité
d’alternance est à ce prix, dans une
in󿬁nie...
 

78 MÉDITATIONS DE PRISON

Tsunami et ouragans apocal󰁹ptiques, terri󿬁ants tremble-


mentss de te
ment terr
rre, marées bo
e, mar boue
ueus
uses
es de pl
plui
uies
es dilu
diluvi
vien
enne
nes,
s,
d’éruptions volcaniques: manifes-
fournaises incendiaires d’é
tationss naturelles ô combien nocives de désolatio
tation désolation
n extrême !
Guerres de plus en plus meurtrières et cruelles, exploita -
tion sauvage de l’environnement, ané anéantissement pré
prémé-
dité de l’homme par l’homme, et bien d’autres 󿬂éaux:
irresponsabilités de l’Homme encore inconscient et
folles irresponsabilité
matérialisme primaire et effré
otage fragile d’un maté effréné ! Véri-
dérive chaotique!
table tableau d’un monde victime de dé
Et pour
pourta
tant
nt,, au-d
au-del
elàà de cett
cettee sini
sinist
stre
re appa
appare
renc
nce,
e, ce
même Univers, imperturbable, maintient son é
son équilibre
quilibre dans
secrètes et immua-
régie par des lois secrè
une parfaite harmonie, ré
bles. Des Sages, des Philosophes et des Savants en ont
déco
couv
uver
ertt de nomb
même temps ennoont
mbrereus
uses
es ; il
expliqué ilss les
les les ont
ont ap
appl
pliq
mécanismes. uées et en
iqu
L’une d’elles
spontanément de par sa puissance. En effet, de
interpelle spontané
secrète, elle engendre dans toutes ses
par son induction secrè
beauté   et
manifestations, perfection, beauté et   équilibre: c’est la loi
de la   «  Divine Proportion  » , manifesté
manifestée par le   «  Nombre
particulière de l’es-
d’or  » . Ce nombre est une traduction particuliè
senc
sencee didivi
vine
ne,, le paramètre
param tre fond
fondam
amen entatall dans
dans to
tout
utes
es les
les
proportions d’éd’équilibre de la nature, dans tous les rè r ègnes
végétal, animal et humain. Il a pu être dé󿬁ni avec préci-
sion, soit 1,61803... ou « Nombre O (PHI) », à ne point
confondre avec le signe II (PI) de valeur 3,1416, qui est un
symbole bien diff érent, repré
représentant le rapport constant de
la circonférence d’un cercle à son diamètre...
du   «  Nombre d’or  »   ou 
L’histoire du  ou   «  Divine proportion  »
estt viei
es vieill
llee comm
commee l’Unl’Univ
iver
ers.
s. Nous
Nous no nous
us pr
prop
opos
oson
onss d’
d’en
en
saisir
saisir tr
troi
oiss mome
moment
ntss part
partic
icul
ulie
iers
rs:: au Mo󰁹e
Mo󰁹en-
n-Ag
Age,
e, à la
Renaissance et à l’Ère moderne.
Au Moyen-Age, captivante est l’histoire de Fibonacci.
Voici un extrait de cette extraordinaire épopée: Bonaccio
de Pise (en terre toscane), Consul à Bougie, en Kab󰁹lie
(Algérie), 󰁹 amena
homme, plutôt son 󿬁ls Léonard
nonchalant (1175-1240);
et paresseux (d’où sonce jeune
surnom
de « bigollo » en italien), était doué d’un extraordinaire
 

LE NOMBRE D’OR 79

génie en mathématiques. « Fils de Bonaccio », soit « 󿬁lius


Bonacci » en latin, l’on en 󿬁t par contraction linguistique
c élèbre. Il
«  Fibonacci  » , pseudonyme sous lequel il devint cé
s’était converti aux chiffres indo-arabes, démontrant leur
supériorité sur les chiffres romains, et s’appliqua à l’étude
de nombreux thèmes, en l’occurrence à celle de la repro-
duct
du ctio
ionn des
des lapin
lapins,
s, espè
espèce
ce parti
particu
culi
lièr
èrem
emen
entt prol
proli󿬁
i󿬁qu
que.
e.
« Que devenait la postérité d’un couple de lapins au bout
d’une année? », se demanda-t-il. Expérience faite, il cons-
tata que chaque nouveau couple engendrait un autre couple
par mois; ainsi obtint-il les nombres de couples suivants:
1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, 233. Au total, en un
engendré  232 lapins!
an, le couple avait engendré
Par son gé particuli ère
génie, il releva d’abord une suite particuliè
des nombres, découvrant ainsi la notion mathématique de
«  Suite des nombres comme   «  S
 » , connue plus tard comme   Séérie de
Fibonacci »; ensuite il nota qu’à partir du troisième nombre
chacun des nombres de la succession était égal à la somme
des deux précédents; en󿬁n, et plus étonnant encore, il
découvrait que le rapport d’un nombre sur celui qui le pré
pré-
cède tend toujours vers:

= 1,61803 le fameux nombre d’or, dit as󰁹mptote de

ce rapport, asymptote   étant entendue en géométrie de l’es-


pace comme une droite (D) telle que la distance d’un point

D = droite as󰁹mptote de la courbe C


 

80 MÉDITATIONS DE PRISON

d’une courbeà cette droite tend vers Zéro lorsque le point


sur cette courbe s’étend à l’in󿬁ni.
possédant
En transposant ce concept dans un rectangle possé
propriété   de se reproduire par homothé
la proprié homothétie, l’on obtient
toujours la même constante par le rapport entre le grand
côté  (L) et le petit cô
côté  (l) tel
tel que :
L (L + l)
= le nombre d’or, soit 1,61803...
lL
À la Renaissance, Lé
Léonard de Vinci (1452-
(1452-1519)
1519),, encore
Léonard, complice du gé
un autre Lé génie de la terre toscane,
fut le premier à démontrer que la Divine Proportion était
«   le sceau divin dans sa cr
crééation, le traducteur parfait de
ll’«
l’a«  pe
pen
Ho sée e di
nmme
Homm divi
vine
nu,
nu  »Homm
,nel’
l’Ho. Imme démVoit
l l ee de nruve
travep »a,r elna mé
itru peéimo
m ntuire
moir ree de
de
Marc
Ma rcus
us Vit
itru
ruvi us,, célébri
vius riss
ssiime arch
archit
itec
ecte
te de la Rome ome
antique, qui avait en son temps fait l’é l’éloge de la  la   «  Divine
Proportion »   dans
dans sonson tr aitté «   De Archi
trai Architectu ra  » . Il fut
tectura
aussi le premier à démontrer le parfait rapport entre les
différentes parties du corps, rapport qui est toujours égal
au   «  Nombre d’or  » . L’éternel et incomparable tableau de
au 
la   «  Joconde  » , Mona Lisa, est le sublime ré
la résultat de l’ap-
plication parfaite de cette Divine Proportion.
Évidemment, bien avant l’ingénieux Léonard de Vinci,
l’humanité, par la   «   Divine
Divine Propor Proportio
tionn  » , a produit de
merveilleuses   œuvres tels que les pyramides de l’É l’Égypte
Obélisques ou Dames de pierres, le Parthé
ancienne, les Obé Parthénon
d’Athèènes, les sublimes cathé
d’Ath cathédrales d’Europe, les Stupas
l’Amérique du Sud, et bien d’autres merveilles
de l’Amé merveilles encore...
encore...
Le   «  Nombre d’or  »   a   été   l’essence de composition de
Le
nombreuses   œuvr
uvres
es musica
musicales les   éte
tern
rnelelle
les,
s, te
tell
lles
es que
que le
less
œuvres de Mozart, la 5e sy sympmphohoni
niee de Be Beet
etho
hove
ven,
n, le
less
œuvres de Schubert, et bien d’autres dans le monde...
Parmi les formes symboliques, on notera particuliè particulière-
ment:
 – le pentagramme ou pentacle dont les lignes se divisent
en segments qui appliquent le   «  Nombre d’or  » ; en effet,
 

LES MYSTÈRES DES NOMBRES 81

les rapports de segments du pentacle égalent tous à la


«  Divine Prop