{ MINISTERE DE LEQUIPEMENT, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT.
, DIRECTION DES AFFAIRES ECONOMIQUES ET INTERNATIONALES
i
|
|
{ ieee Berta:
[
|
sous la direction de
Jean-Yves PERROT et Gautier CHATELUS
4. FINANCEMENT
“|. DES INFRASTRUCTURES
| ET DES SERVICES
a COLLECTIEFS
LE RECOURS AU PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE
tT LES ENSEIGNEMENTS
DES EXPERIENCES FRANGAISES
| DANS LE MONDE
L TESSCS Kiana aa
€ SLe code de la propriété intellectuelle du 1* juiller 1992 interdit éxpressément
la photocopie 3 usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pra-
tique sest généralisée, notarament dans Venscignement, provoquant une baisse
brutale des achats de livres, au point que la possiblité méme pour les auteurs | |
de créer des ceuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui‘!
menacée. Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, du
présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, est interdite sans autorisation |
de auteur, de son éditeur ou du Cencre francais d’exploitation du droit de copie
(CEC, 20 ruc des Grands-Augastins, 75006 Paris).
ISBN 2-85978-329-6
28, rue des Saints-Peses
75007 Paris
- \Avant-propos
Jean-Yves PERROT
En 1993, le ministtre francais de PEquipement et des Transports avait coordonné
autour de mon prédécesscur Claude Martinand la publication d'un premier ouvrage
collectif sur l'expérience frangaise!, déja enracinée depuis longtemps dans une tes
longue pratique du financement et de la gestion privés des infrastructures publi-
ques.
A cette époque, cet ouvrage permettaic d’ouvrir et de développer un débat sur les
méthodes pour associer le secteur privé a lexécution de missions de service public.
Lexpérience frangaise, multiséculaire et appliquée des services et infrastructures
tres variés, était alors originale, voire singulidre, dans une économie mondiale qui
présentait encore largement et parfois de fagon dogmatique la privatisation intégrale
comme seule voie alternative 4 la gestion publique.
Depuis lors, le champ d’application tant géographique que sectoriel du partena-
iat public privé nla cessé de s'éendre dans le monde. Des pays nombreux et trés
divers, sur tous les continents, ont en effet lancé des appels dofires internationaux
pour la réalisation d’équipements et la gestion de services collectifs en partenariat,
notamment dans les domaines de l'eau et des transports. La production d’énergie,
le traitement des déchets ct, plus généralement, le domaine de Penvironnement, les
télécommunications, la gestion de parcs de logemenss font aussi désormais objet de
partenariats dans le monde entier, avec une grande diversité de montages juridiques
et financiers.
Le recours & la gestion déléguée, ou aux concessions, ou & toute autre forme
de partenariat public-privé, pour améliorer la qualité des services publics sest ainsi
imposé¢ comme un des outils fondamentaux de la modernisation des économies. Ce
partenariat contribue d'ailleurs & recentrer le r6le et les moyens de la puissance publi-
que vers ses missions régaliennes,
En outre, le débat mondial, économique et juridique, sur la gestion déléguée de
services publics s'est & la fois enrichi et apaisé, Il ne porte plus tellement sur la légi-
timité d'une intervention conjointe publique et privée pour satisfaire la demande
d’équipements ou de services collectifs, mais pluxét sur la manire la plus efficace de
construire et de gérer ces équipements et services, au moyen d'un véritable partena-
iat équilibré entre pouvoirs publics et opérateurs privés. Dans le méme temps, de
nombreux travaux — ouvrages, conférences, séminaizes, manuels, etc. — ont permis
approfondir le sujet.
1. DAE sous la direction de Claude Martinand, Le financement privé des infrastructures publiques, Pats,
1994,FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
Les entreprises frangaises ont largement participé & cette ouverture mondiale en
mettant au service de nombreux pays leur longue tradition d’intervention dans les
services publics. Ces entreprises se sont appuyées sur leur pratique de partenariat avec
la puissance publique en France, et leur mattrise technologique pour développer des
montages originaux, adaptés & chaque contexte et & chaque projet. Le propos de ce
livre est de tirer parti de cette richesse Pexpérience.
Par sa nature méme, le partenariat public-privé, ne peut étre issu @un modéle
contractuel unique, mais doit au contraire se batir autour des expériences acquises,
Il nous a-donc paru important de partager cette expérience avec les autres acteurs
publics et privés dans le monde, afin de développer des échanges qui seront profi
tables pour tous. Les autorités publiques, en particulier, poutront trouver dans ce
livre :
— des recommandations qui sont le fruit de cette pratique et sa réalité contempo-
raine;
— les processus de préparation, passation et déroulement d'un contrat;
~ la description de particularités par grands secteurs d’application
~ des exemples de partenariats menés dans différents secteurs, un peu partout dans
le monde.
A travers ce nouvel ouvrage, qui regroupe des contributions dorigines trés diver-
ses, venant d'hommes d’entreprises, de consultants, d’autorités publiques, de finan-
ciers, la DAEI veut donc contribuer & élargir le spectre géographique et sectoriel
des réflexions relatives au partenariat public-privé, tenter de discerner les tendances
daveni des partenariats public-privé, prendre en compte Pévolution des références
européennes et francaises en la matigre, mais sertout les réussites constatées dans le
monde entier, pour proposer aux autorités délégataires potentielles, sinon un manuel
de mise en ceuvre, du moins une mise en perspective sectoriclle des principes régis-
sant les partenariats,Sommaire
Avant-propos Beet 3
Sommaire ..... 5
Introduction ean 7
Résumé .. tne D
I. Le PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE DANS LA REALISATION ET LA GESTION
DES GRANDES INFRASTRUCTURES ET SERVICES COLLECTIRS
A. Pour une approche pragmatique du partenariat public-privé 15
B. Dix ans de réformes des réseaux : sept enscignements
(des privatisations au partenariat public-priv8) coo. Geet 29.
AL, Conprtions DE REUSSITE D°UN PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE
A. Le contrat de concession : un cadre d’accueil, un processus
et des contrats .... eee eee wow AL
B. Lanalyse et le parcage des risques, clé de la réussite un partenariat,
public-privé Soe aa ao 55
C. Lavie du contrat
D. Vencadrement juridique Bee
E. Lapproche financiére .. oe
IIL. Les CONCESSIONS DANS LE DOMAINE DES TRANSPORTS
A. La route et les ouvrages de franchissement ..
B. Les systémes de transport collectif ..
CLL Ports oan nn :
D. Les a€roports ..... csrEEEEES
TV. La GESTION DELEGUME DES SERVICES COLLECTIFS URBAINS
A. Services urbains, les enjeux de la délégation is ree
B, Leau et Passainissement i -ceeennnnnnn mn 273
C. Lagestion des déchets —_ 7 He 305
V. Pour EN SAVOIR PLUS # REFERENCE THEORIQUE EF
POSITION D’ORGANISMES MULTILATERAUX
A. Essai de typologie des partenariats public-privé ......
B. Le point de vue de la Commission européenne ..
C. Financements du type partenariat public-privé en faveur
des infrastructures européennes : le réle de la Banque européenne
Pinvestissement .crnmnmneen ae menmnnsannnneee 351
D. Le point de vue de la Banque mondiale _.. 361
LISTE DES CONTRIBUTEURS ooeeeranert ~ venennnee BT
TABLE DES MATIERES ........ Seep eot Pero eoIntroduction
Objectifs
Lautorité publique en France, dés le xvi sitcle, a envisag¢ de recourir & des
prestataires privés pour assurer pour son compre, et sous son contréle, une activité
économique, qui procure un service collectif aux citoyens ou 4 Péconomie. Crest
ainsi que la premitre concession en France fut accordée & Adam de Craponne, en
1554, pour la réalisation d’un canal.
Ces partenariats entre les secteurs publics et privés ont pris leur premier essor
véritable en France das le début du x1 sitcle, avec apparition de nouveaux services
collectifs & la population, en particulier dans le domaine de l’eau, Des sociétés privées
assurent le service de traitement et de distribution de l'eau la population comme
une activité économique pour le compte et sous le contrdle de la collectivité publi-
que. Il en ira de méme pour d'autres services, comme les transports collectifs.
Depuis le débur des années 1990, le principe de partenariat public-privé a connu
dans le monde entier un regain d’intérét. De nombreux facteurs expliquent ce renou-
veau, mais les principaux en sont sans doute le besoin accru de services publics asso-
cigs & la nécessité de limiter les prélévements publics, d'une part, et, d’autre part,
une meilleure analyse de la répartition des réles entre la puissance publique et les
opérateurs privés, Aussi, une approche pragmatique s'est développée, qui permet de
faire converger les intéréts des deux sphéres pour moderniser et améliorer les services
publics, tout en transférant une partie de leur charge des contribuables vers les usa-
gers.
Le recours au partenariat public-privé trouve sa légitimité dans les réles respectifs
de la puissance publique ct des opérateurs privés. La premitre a la responsabilité
de faire en sorte que les services essentiels a la population sont bien mis en ceuvre
conformément aux besoins exprimés par la société. Les seconds ont pour nature de
xéaliser des prestations au meilleur rapport colit-bénéfice. Le partenariat public-privé
permet done d’allier ces deux roles. Mais il faut le faire avec discemement, et la puis-
sance publique, avant d’y avoir recours, doit bien appréhender les avantages qu'elle
peut en tirer, les éventuels risques qu'il comporte, et maitriser le processus qui permet
aboutir & des partenariats réussis.
Le partenariat public-privé est ainsi devenu l'un des enjeux majeurs de la gestion
publique dans le monde pour le début du troisitme millénaire. Sa mise en ceuvre
nécessite une préparation approfondie, afin de développer une approche globale. Ce
livre vise & mettre en lumitre les caractéristiques principales de la gestion déléguée
et de la concession, d’en montrer la structuration économique, les conditions de
préparation, la passation du contrat et son exécution. Il le fait & la fois d’un pointFFINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
de vue théorique général et & travers une analyse par secteurs, et propose quelques
recommandations aux autorités publiques désireuses de s'y engager.
Contenu
Dans cette optique, nous avons cherché & réaliser un ouvrage & plusieurs niveaux
de lecture. Sur le fond, d'une part, le contenu des articles permet dans la partie II
daborder les principes essenticls pour la réussite des partenariats, sur le plan écono-
mique, juridique et financier. Les parties III et IV déclinent ces conditions de réussite
de fagon conctéte, par secteurs économiques, pour les différents modes de transport
et les différents types de services urbains, La partie V permet d’approfondir le sujet
sur le plan théorique, et d’avoir le point de vue des organismes multilatéraux,
Dans la forme, d’autre part, ce livre cherche a offtir au lecteur des possibilités de
lecture rapide ou plus approfondie. Ainsi, chaque article de fond est-il précédé Pun
court résumé qui permet d’avoir un apergu de son contenu. Un encadré accompagne
également ces articles, afin d’en faire ressortir les recommandations qui pourraient
acre faites & une autorité publique désizcuse de se lancer dans des partenariats avec des
opérateuts privés, Les articles sont également accompagnés, lorsque cela est néces-
saire, de tableaux ou de schémas récapitulatifs des principaux points abordés. Dans
plusieurs articles, des « encadrés » permettent d'approfondir un sujet précis. Dans les
articles sectoriels, de nombreux exemples permertent d’illustrer le propos.|
|
|
|
[
|
~ Résumé
Gautier CHATELUS
Partie I- Introduction
La premire partie — introductive ~ de Pouvrage permet de cerner les enjeux du
partenariat public-privé. Le premier article (I-A) dresse tun tableau sur les avantages
{que peuvent procurer les partenariats public-privé, rout en rappelant quiil faut évicer
den avoir une vision trop idéaliste, et que leur réussite dépend avant tout du degré
implication des partenaires et de la qualité intrinséque des projets.
Le second article présente, quant 2 lui, sept conclusions générales que l'on peut
tirer des dix demitres années 'expérience de partenariats. On en retire en particu-
lier : une pression accrue des besoins qui légitiment de plus en plus le recours aux
partenariats public-privé; la montée en puissance des approches pragmatiques par
rapport auxc« modes » de partenariat public-privé; importance d'une approche ad
oc du partenariat public-privé répondant & des problémes précis; le réle essentiel
de l'environnement institutionnel; la vie des partenariats public-privé; la nécessité
d'un régulateur; et le besoin de mettre en ceuvre rapidement les partenariats public-
privé.
Partie Il - Conditions de réussites d’un partenariat, public-privé
Cotte partie est dédige & une analyse transversale tous secteurs des conditions
essentielles pour la réussite d’un partenariat, Elle est introduite par un article (TI-A)
présencant le processus de contractualisation et le contrat lui-méme. Le processus
de contractualisation doit commencer pat la définition d'un cadre d’accueil pour les
partenariats public-privé, et par la définition de ce contrat. Il est essentiel de faire la
distinction entre contrat de concession contenant une délégation de service public,
et marché public classique. Le processus de coatractualisation doit alors étre clair et
prendre en compte des objectifS de performance. Larticle revient alors sur le contrat
lui-méme qui doie reposer sur une description détaillée des travaux, la définition des
conditions de fonctionnement du service public, et les conditions de terminaison
du contrat. Les principes essenticls doivent demeuter I’équilibre du contrat entre les
parties et la garantie de réalisation du service public.
On sattache, dans un deusiéme article (IB), au cceur de Panalyse des projets,
qui est l’évaluation des risques, leur limitation et le partage de ceux que l'on ne
peut pas citconscrire, Cette analyse, valable pour tout projet en partenariat public-
privé sinscrivant dans la durée, est un élément fondamental pour la structuration du
projet. De nombreux risques peuvent étre rédvits, grice & des mesures d’environne-
‘ment et un montage du projet adéquats. Les aucres devront ensuite étre répartis entre
9FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
les partenaires, selon le principe d’affectation du risque & celui le plus & méme de le
supporter, en fonction des bénéfices qu’ils peuvent tirer du projet et suivant la notion
d'équilibre du contrat.
Larticle II-C est consacré au parametre essentiel et spécifique du partenariat qui
est la vie du contrat, Au contraire d'un marché public, un partenariat s‘inscrit dans
le long terme et induit des relations entre la puissance publique et Popérateur privé
pour plusieurs années, et souvent des décennies. Un tel contrat doit done étre envi-
sagé comme capable de adapter aux évolutions inévitebles du contexte de son appli-
cation, Cet article revient donc sur les caractéristiques de cette vie du contrat et ce
que cela signifie pour la préparation du cadre économique et institutionnel avant la
passation du contrat, et sur les possibilités d’évolution aprés sa passation.
Larticle I-D permet de décliner ces préoccupations au nivean juridique ct
décrt les clauses juridiques essentielles pour préparer Penvironnement réglementaize
ct institutionnel & la passation et & la réussite de partenariats. Il détaille également les
clauses essentielles que doit contenir un contrat pour pouvoir réussir. Mais il souli-
gne quiil nYexiste pas de modele unique de partenariat public-privé, et que la notion
de partenariat et les clauses qui en résultent peuvent et doivent s'adapter aux diffé-
rents types de droits nationaux, tout en conservant des possibilités de faire évoluer le
contrat en fonction de environnement.
Enfin, l'article IIE a pour objet d’exposer 'approche financitre des partenatiats,
Cette approche ne peut se baser seulement sur les outils bancaires classiques, en
raison des niveaux de risques pour les banques, et de la durée des contrats. Les orga-
nismes financiers développent donc de nouveaux outils complexes. Mais une bonne
structuration financiére ne permet de bonifier que des projets justifiés économique-
ment.
Partie HI - Les concessions dans le domaine des transports
Les parties III et IV développent une approche sectorielle articulée autour de
deux grands thémes: les transports et les services urbains. Les partenariats public-
privé ne recouvrent pas une forme unique, mais doivent étre adaptés & chaque cas.
Chaque secteur d’application a ainsi des spécificités propres, et lexpétience acquise
permet de décliner pour chacun de ces secteurs Papplication des principes généraux
décrits dans la premidre partie.
La partie III Sattache plus particulitrement aux transports, Il s'agit d’un grand
secteur qui, par essence, est & la fois une activité économique en tant que telle, mais
aussi un service support de l'économie. Pour cela, en raison de timportance des
investissements concernés, et du fait de la possibilité de faire payer Pusages, le parte-
nariat public-privé y est particulidrement adapté. Quatr: secteuts des transports sont
analysés spécifiquement: la route, les transports collectifs, les aéroports et les ports.
Le chapitre III-A traite des routes et des ouvrages d'art. Ce secteur est & la
fois simple dans son approche (Lobjectif essentiel du partenariat public-privé est de
10Résumé
financer infrastructure), mais également difficile, car les investissements sont trés
dlevés et les projections de revenus trés difficles et aléatoires. Lapport d'une contri-
bution publique est souvent justifié et indispensable. Un élément fondamental pour
les ouvrages routiers & péage, en particulier en zone urbaine, est l'acceptabilité du
péage par les usagers.
Le chapitre III-B décric les syst8mes de transport collectif. Dans ce cas, 'activité
sur laquelle peut porter le partenariat concerne non seulement Pinfrastructure, mais
aussi les services d’exploitation. Ces services sont souvent assez peu rentables globale-
ment, mais indispensables pour la collectivieé (du moins pour les transports collectifs
urbains). Les contrats de concession peuvent alors porter sur différents éléments. Les
franchises d'exploitation ferroviaire peuvent permettre doptimiser l'utilisation des
infrastructures, Les systémes de nouveaux trains & grande vitesse doivent étre congus
globalement, afin d’optimiser P'adéquation entre V’infrastructure, le matériel roulant
ct exploitation, mais requitrent a priori d’importantes subventions. Les systémes de
tramways ou de métros peuvent étte Pobjet de différents types de montages, dans
lesquels la délégation est plus ou moins importante.
Le chapitre III-C sattache aux systémes portuaites. Il s'agit de systémes comple-
xes, dans lesquels interviennent de nombreux accords, autour de deux fonctions :
les fonctions d’autorité portuaire (régaliennes) et celles d’opérateur (industrielles et
commerciales). Trois types de ports existent, en fonction du niveau de délégation de
activité : port opérateur, port outil ex port propriétaire. Le modéle choisi doit étre
adapté aux conditions locales de concurrence, de volume traité, ete.
Le chapitre III-D expose les caractéristiques des systémes aéroportuaires. Il ‘agit
sans doute actuellement des infrastructures de transport les plus rentables financié-
rement, et pour lesquels le recours & la concession est le plus facile. Le concession-
naire se voit déléguer le réle de laucoricé aéroportuaire, et doit traiter avec quatre
types d’interlocuteur: les compagnies aéricnnes, les passagers (et accompagnants), les
services commerciaux non aéronautiques, et les services publics régaliens (sécurité,
douanes, contrdle aétien, etc.). Lensemble nécessite un véritable partenariat multiple
et un engagement de long terme.
Partie IV — La gestion déléguée des services urbains
La partie IV, décline les principes des partenariats public-privé pour les services
urbains. Ces services collectifs 4 la population ow 3 la collectivité sont pout la plupart
locaux, de la responsabilité de Pautorité publique, mais sont des activités économi-
ques qui peuvent érre déléguées. Is associent souvent & une infrastructure locale la
prestation d'un service, qui est en général au cocur de activité. Le terme générique
de gestion déléguce est sans doute le meilleur pour les partenariats public-privé dans
ces services,
Le chapitre IV-A concerne Pensemble des services urbains. En effet, en raison
de leur diversité, il état difficile de consacrer un chapitre & chaque type de service.
ILFINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIES
Quatre grandes catégories ressortent : les services d’hygidne et d’environnement (eau
et déchets, qui sont chacun traités dans un chapitre particulier); les services écono-
miques généraux (énergie, télécommunications), ou garticuliers (foites, tourisme,
abattoirts, etc.) et tous les services ligs & la voirie (éclairage public, mobiliers urbains,
etc.); la construction et la maintenance des batiments publics; les services récréatify
(sportifs, culturels, etc.). Un encadré de ce chapitre permet plus particulitrement de
faite le point sur les services d’électricité et de télécommunication.
Le chapitre IV-B traite plus spécifiquement des services d’eau (production, dis-
tribution et assainissement). Ce secteur illustre largemeat de nombreuses probléma-
tiques pour le partenariat public-privé dans les services. En effet, on y retrouve des
fonctions de production (usine de production d'eau oa de traitement de Peau par
exemple). On y rencontre également et surtout le service & Pusager d'un bien vital
Peau, avec Pensemble des questions essenticlles de relation & Pusager, d'acceptabilié
sociale du prix de Peau, de qualité de service, etc. Enfin, on y trouve des services
plutée destinés @ la collectivité avec l'assainissement, Aussi, une grande variété d’ap-
proche de la gestion déléguée est-elle possible allant du simple build operate transfer
(BOT) pour une usine, ou du contrat de service pour gérer la distribution, & la con-
cession globale du systéme, avec un plus ou moins grand niveau d'investissement.
Le chapitre IV-C conceme les services environnementaux et, plus précisément,
tous les services liés aux déchets. Ce secteur est en pleine croissance, et implique de
nombreuses innovations et beaucoup d’investissements. Les services sont fournis aux
populations, mais souvent via la collectivité (au contraire de 'eau qui est un service
direct au client). On y retrouve aussi, comme pour l'eau, des activités de service (col-
lecte) et des activités plus industrielles (traitement des déchets). De plus, ces activités
industrielles impliquent un fort niveau de valorisation du produit, et peuvent faire
objet dela combinaison d'une activité de services aux collectivités et de services aux
entreprises.
Partie V — Pour en savoir plus
a demitre partie permet @approfondir le sujet. Un chapitre plus théorique
permet de développer les raisons et la nécessité de pouvoir utiliser un vaste éventail de
types de partenariats public-privé, adaptés aux contextes économiques et politiques,
‘mettant en avant certains des invariants. Ce chapitte est accompagné du point de
vue d’organisations internationales sur le sujet. Les témoignages de la Banque mon-
diale, de la Banque européenne Finvestissement et de la Commission européenne
ont été regroupés ici.
12LE PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE
DANS LA REALISATION ET LA GESTION
DES GRANDES INFRASTRUCTURES
ET SERVICES COLLECTIFSA. Pour UNE APPROCHE PRAGMATIQUE DU PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE
Corinne NAMBLARD
1. Le partenariat public-privé : un équilibre & trouver
pour des gains mutuels
Vous aver dit partenariat, Partenariat : ¢ partenaires, vient de anglais Partner
personne avec laquelle on danse », puis « personne avec laquelle on est associé contre
autres, dans un jeu » et, finalement, « perscnne, groupe auquel on sassocie pour la
résolution d'un projet». La définition donnée par un grand dictionnaire frangais est
assez intéressante dans son périmétre et dans son évolution.
« So, it sakes two to tango? », selon Vexpression consacrée
Dans le livre de la DAEI réalisé sous la direction de Claude Martinand en 1993,
le partenariat public-privé était comparé & un mariage. Etymologiquement, on pour-
rait aussi le comparer & une danse, un tango, D’une grande utilité pour la moderni-
sation des services publics d'un pays, et comportant de nombreux avantages pour
Paucorité publique comme pour les entreprises privées, le partenariat public-privé
ne doit pas néanmoins apparaitre comme une panacée idéale et exempte de tout
risque.
‘Une premitre utopie serait de penser qu’un partenariat public-privé est un « équi-
libre parfait » d’une harmonie trouvée entre partenaires. En danse, au-dela de l'ex-
pression visuelle d’harmonie, il n'ya pas d’égalité entre les partenaires, il ya toujours
un leader, celui qui « impulse » donne le rythme, le pas.
La seconde utopie est de croire ou de donner & croire que le partenariat public-
privé serait une sorte « d'état de grice » (objectif) que les intervenants, tant publics
que privés, auraient atteint a force de sagesse et d’expérience.., Il n’en est rien, et la
perspective historique proposée dans cet ouvrage est un cruel rappel pour ceux qui
font ce métier et militent souvent en faveur des partenariats public-privé, qu'il ne
Sagit l& que de l’énitme épisode d’une roue qui se réinvente sans cesse.
Ces deux préalables ne doivent pas rebuter lautorité publique d’avoir recours au
partenariat public-privé, Ils soulignent surtaut que chaque partenariat public-privé
doit se concevoir ct sappréhender comme unc des solutions les plus efficaces & un
probléme multiple de réalisation d'une infiastructure ou d’un service public sous
contrainte financiére, mais que sa mise en ceuvre nécessite une volonté et un inves-
tissement important et durable des deux partenaires.FFINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
« New name but same game?» : le PPP (partenariat public privé), un nouvel
acronyme?
Quels que soient les noms et les formules trouvées, on a finalement toujours
recherché les mémes objectifs. D’ailleurs, l'expression méme de partenariat public-
privé (ou PPP) n'est quune locution récente pour chercher englober un vaste
ensemble de formules qui permettent d’associer des entreprises privées et lautorité
publique pour lexécution de missions de services publics. On y retrouve par exemple
les différents syst#mes de concessions d infrastructures introduits dés le xvr siécle en
France ou la gestion déléguée de services urbains qui ont pris leur essor a la fin du
x0X*sidcle, mais aussi toutes les formules développées en cette fin de xx* sidcle un peu
partout dans le monde pour s'adaprer aux différents contextes locaux, aboutissant
parfois au choix extréme de la privatisation totale.
Crest donc sur les bénéfices apportés par les partenariats public-privé répondant
4 ces objectifs de toujours que nous nous étendrons dans la deuxitme partie de cet
article.
Mais comme nous l'avons rappelé, il faut aussi abardonner toute tentative d'idéa-
lisation. Un exercice de démystification serait & cot égard salutaite, afin de retomber
sur une approche pragmatique qui tence de trouver des points @appui tangibles qui
permettent d’avancer et de réaliser ces projets petits ou grands, difficiles ow non
dont nos sociétés (pays développés ou émergents) ont tant besoin. C'est ce que nous
essaierons de faire dans la troisi¢me partie.
Enfin, on ne peut pas ne pas s'interroger sur I'existence et l’évolution de modé-
les de partenariat public-privé, et en particulier sur le positionnement (P’évolution)
tant en France qu’ Pinternational du « modéle frangais » — bien que le terme de
modéle soit abusivement employé pour traduire une expérience conerite et efficace
issue d'une longue tradition. La dernitre partie de cet article revient sur ces notions
et tentera de proposer quelques axes de réflexions ou mieux encore, d’actions four le
facur
2. Les principaux avantages du recours au partenariat public-privé
pour Pautorité publique
2.1, Un partenariat pour assurer des services publics de meilleure qualité
au moindre cotit pour la société
Test fondamental d’observer d’emblée que le recours au partenariat public-privé
pour la fourniture de services et d’infrastructures publics est une solution qui offre de
nombreux avantages, mais qui reste complexe & mettre en ceuvre et & accompagner
sur la durée.
Les partenariats public-privé sont par essence des partenariats entre des autorités
publiques, et des entreprises et des investisseurs du secteur privé, dans le but de con-
16
Co eePour une approche pragmatique du partenariat public-privé
cevoit, planifier, financer, construire et opére: des projets d'infrastructures habituel-
Jement fournis par le biais de mécanismes traditionnels comme les marchés publics.
Le partenariat public-privé ne signifie pas seulement de recourir au secteur privé
pour financer des projets d’investissement sur la base de revenus générés par Pinfras-
tructure, mais aussi de faire appel aux compétences ct au savoir-faire de gestion du
secteur privé pour réaliser et opérer des projets publics de fagon plus efficace pendant
leur durée de vie. Ainsi, le cocur du partenariat public-privé englobe plus la notion
de prestation de services que simplement celle du financement et de la réalisation
d'infrastructures.
A partir de ce constat, on peut alors décrire les avantages essentiels que peut pro-
curer le recours au partenariat public-privé, et les implications de ce recours en terme
de rdle pour la puissance publique.
2.2. Les bénéfices financiers et budgétaires pour Peat
2.2.1. Alléger les contraintes budgétaires
En permettant de faire appel & des fonds privés, le partenariat public-privé permet
parfois de développer des projets avec peu, voire pas de dépenses pour lautorité
publique (méme si un certain niveau de subventions est souvent nécessaire). Le cotit:
du service peut, dans de nombreux cas, étre alors transféré aux usagers (péages rou-
tiers, facturation de Peau, etc.) en leur faisant payer un prix proche des cotits réels,
moyennant une campagne d’acceptation — travail que se doit d’effectuer Pautorité
publique. Cervains projets financiérement rentables permettent méme de créer de
nouvelles ressources par un partage des bénéfices entre opérateur et Pautorité publi-
que (péages, taxes, etc.).
Le projet peut ainsi étre développé sans alourdir le fardeau de la derte ou grever le
budget national. Les ressources publiques sont alors disponibles pour d'autres objets
comme l'éducation ou la santé. Limage du pays, voire son rating, en sort renforcée,
lui perniettant d’avoir un acces moins cofteux aux marchés des capitaux, et donc
@attirer plus facilement des investissements étrangers.
2.2.2, « Value for money » : en avoir pour son argent
Aurdela de Vallégement de la contrainte budgétaire, Putilisation de bons mon-
tages en partenariat public-privé ~ & condition de les appliquer & des projets qui
s'y prérenc — permet d’optimiser les projets et d’augmenter les bénéfices pour un
invescissement donne, par rapport & un montage en natch public. Ces avantages se
retrouvent dans les éléments suivants :
= une meilleure intégration et la synergie entre les phases de conception, de cons-
truction et d’opération, & condition de faire un appel d’ofires unique pour les trois
phases;FFINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
une conception innovante, un reengineering, et une gestion efficaces
un accent mis sur la qualité du service offert & usager-client;
= une approche qui cherche & minimiser le coftt total du projet sur sa durée de vie
(investissement + entretien + opération) ;
= une meilleure exploitation du capital et la génération de revenus annexes, etc.
2.2.3, Allocation optimale et transfert d'une partie des risques au secteur privé
Les piojets en partenariat public-privé comportent presque toujours un niveau
Alevé de risques, en raison des montants financiers importants en jeu, des incertitu-
des sur les cotits de construction et d’opération, et des incertitudes sur les revenus, Le
montage en partenariat repose sur une allocation équilibrée de ces risques, une fois
quils ont bien été identifies, et permet d’en transférer une certaine partie 4 Popéra-
cur privé lorsquil est & méme de mieux les contréler que 'autorité publique. De
fa sorte, Pautorité publique peut largement réduire son exposition aux risques (bien
quil soit nécessaire qu'elle en conserve certains), rout en s'assurant de optimisation
du projet sur ce plan. Lianalyse des risques d'un projet, leur limitation, et Pallocation
des risques sont développées dans la partie II-B de Pouvrage.
‘
2.2.4. Evaluation réaliste et maitrise des cotits
Le montage en partenariat public-privé permet aux autorités publiques de mieux
évaluer le cof réel d’un projet. Une évaluation exacte et réaliste des cotits est ainsi
indispensable aux promoteurs du projet pour attirer des financements en capitaux
et en préts. Il permet également de limiter trés largement les détives des coats d'un
projet que Pon rencontre trap souvent dans les grands marchés publics d’infrastruc-
tures, En effet, en responsabilisane le consortium, partenaire privé du partenariat
public-privé, on peut éviter de sous-estimer les cots réels du projet ex ante, et en
méme temps renforcer le respect de ces cotits (ct des délais), car le constructeus, le
financeur, et lexploitant sont solidaires. Ce cotit réel permet également de réaliser
un étalonnage qui peut servir de base pour améliorer ultérieurement la qualité et
Vefficacité des autres services publics.
2,3. Les bénéfices Economiques et sociaux
Si la préoccupation des acteurs apparait comme uniquement financitre, un projet
en partenariat public-privé risque d’en patir sur la durée. En effet, les bénéfices éco-
nomiques et sociaux doivent rester aut centre du recours at partenariat public-privé,
en tout premier liew parce que le projet, qui sera financé en grande partie sur les
revenus tirés de son exploitation, doit avant tout étre songu en vue de procurer le
meilleur service au meilleur prix qui pourra satisfaire la plus grande clientele,
Le principe sous-jacent & la notion de partenariat public-privé repose sur le fait
que Pautorité publique reste responsable du service fourni au citoyen, mais quill nest
18
{
1
HMPour une approche pragmatique du partenariat public-privé
pas nécessaire qu’clle soit responsable de linvestissement lui-méme. Ainsi, par le biais
du montage en partenariat public-privé, ’auterité publique peut se décharger du far-
deau de l'investissement, pour se concentrer sur le contrdle de la qualité du service,
alors que Fopérateur privé, dont c'est le méticr, cherchera & optimiser son investisse-
ment pour fournir cette qualité de service requise. Par ailleurs, I'usager devient un
client, et opérateur devra alors optimiser la qualité du service qu’il lui offre.
2.3.1. Réalisation rapide et fiabilité de la mise en aeuvre du projet
au service du développement économique
Lorsqu’un projet est évalué comme bénéfique pour la société, un montage en
partenariat public-privé peut permettre d’accélérer sa mise en oeuvre et sa réalisation,
En effer il dépend alors beaucoup moins de la disponibilicé de ressource budgétaire,
condition qui risque souvent de le reporter. L prend alors une dimension plus poli-
tique. Cette réalisation plus rapide permet & son tour d’en retirer plus rapidement
les bénéfices pour la société, et pour les « politiques » qui attachent leur nom & ces
projets, Ceci reste valable quels que soient les niveaux de développement des sociérés
mettant en ccuvre des projets en partenariat public-privé.
2.3.2, Modernisation de Véconomie et béndfices indirects
En acoélérant la mise en oeuvre des projets, ces montages permettent une accélé:
ration de la modernisation de Péconomie. Les infrastructures sont développées, et
les nouvelles technologies introduites plus rapidement. Leur mise en cuvre tant
orientée sur la qualité de service, les projets (construction + exploitation) peuvent
mieux prendre en compte la demande, et s’adapter plus rapidement aux évolutions de
celle-ci, permettant ainsi une modernisation rapide de ’économic. I en résulte alors
des bénéfices indirects importants pour le développement économique du pays.
2.3.3, Acces aux marchés financiers et développement du marché financier local
Lappel au financement privé pour ces projets a aussi un effet tout & fait béné-
fique dun point de vue financier macroécoromique pour des pays émergents. En
effet, il permet d’améliorer Paccts aux marchés financiers internationaux, cn attirant
des capitaux internationaux, en renforant limage du pays sur ces marchés, et en
Sappuyant sur des opérateurs de grande envergure ayant un accés privilégié & ces
marchés.
Il permet aussi & terme de développer un marché financier local. Ces montages
complexes impliquent en effet de nombreuses sources de financement, et agissent
souvent comme un catalyseur sur le marché local, qui doit donc se moderniser (ou
éoluet) et Sadapter,
19FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIES
23.4. Béntfices sociaux : amélioration des services au public
En recentrant le réle de la puissance publique, en lai permettant de mieux iden-
tfier ses dépenses, et en réduisant ses dépenses budgétaires, les montages en parte.
natiat public privé de grands projets lui permettent donc de mieux focaliser es tes.
sources pour financer la partie non rentable du servize public assuré par le projet,
Mais surtout ils libérent des ressources financitres pour les autres services publics
pour lesquels le recours au partenariat public-privé niest pas ou peu possible (santé,
éducation, protection sociale, etc.) Ainsi les collectivtés publiques peuvent concen
trer leurs moyens et leur énergie sur leurs missions sociales.
Cereains exemples qui seront développés dans ce livre monttene, en oute, que
ces montages peuvent offtir des solurionstrés innovantes pour prendre en compte
des populations socialement en difficulté (eaux de La Paz ou de Manille, déchets de
Caracas, etc.).
2.3.5. Permettre un développement durable respectueux de Venvironnement
Contrairement & une idée recue assez répandue, le recours au secteur privé, dans
le cadre du partenariat public-privé, peut petmertre de mieux prendre en compte
Ja dimension tnvironnementale du développement. D’une part,
environnementaux (assainissement ec déchets essentellement) est devenu un aspect
essentiel du développement durable. Or, les infrastructures nécessaires pour opérer
ces services demandent d'imporsants investissements, et le service de collect (pour
les déchets) nécesite une souplesse dopération. Aussi les montages en partenariat
public-privé permettent-ils une mise en place plus rapide et plus efficace de ces ser,
vices, 8 un moindre cote pour les finances publiques.
Diauere pare pour l'ensemble des services publics, 'appel & des grands groupes
internationaux permet C'avoir accés aux technologies ies plus modernes et les plus
respectucuses de environnement, En effet ces groupes sont de plus en plus ’écoute
des besoins en termes environnementaux (bruit, pollution), s'adaprene aux cadres
réglemencaires les plus contraignants renconerés dans le monde, et sont capables
innover et adapter leur offre & Pévolution des exigences en la matidre, L'dlabora,
tion de partenariat entre laucorité publique et les opérateus privés permet aussi de
concevoir les solutions les mieux adaptées pour concilier les exigences de qualité de
service, de capacité économique des usagerset de Pautorité publique, et les exigences
environnementales.
‘essor des services
2.3.6. Recentrer le réle de V'Etat sur ses missions régaliennes
En libérant la puissance publique de son réle @'opé-ateus, le parcenatiat public-
privé lui permet de se recentrer sur ses missions régaliennes. Elle peut de la sorte
mieux identifier les exigences de service public, et les codts quls représentent, Flle
eu ainsi évaluer de fagon effcace le niveau optimal souhaicé pat la sociéeé pout ses
20
it
Pe eee
rote toesPree eee eee eee
oo
Pour une approche pragmatique du partenariat public-privé
services publics et le cot que cela représente, et artiver ainsi a un arbitrage entre
efficacité économique et sociale. Les montages en partenariat public-privé permet-
tent également de mieux cerner la capacité contributive des usagers et le niveau de
subvention nécessaire pour assurer les services jugés d’utilité publique, mais non ren-
tables, et ainsi d’optimiser le financement de ces services ou du moins d’enclencher
Ia réflexion sur ce sujet.
2.3.7. Bénéfices technologiques
Le partenariat public-privé permet d’attirer des experts de haut niveau ayant
acquis une grande expérience internationale : constructeurs, opérateuts, ingénieris-
tes, financiers, juristes, etc. Cette expertise de haut niveau doit se retrouver du cété
du partenaire privé, mais également en interne ou en conseil de lautorité publique.
Il en résulte un important transfert technologique ou de savoir-faire qui se traduit
sur de nombreux plans :
= construction et systtmes d’exploitation (les techniques les plus modernes peuvent
atre proposées, de fagon adaptée au contexte local) ;
— management des projets et de exploitation;
~ ingénierie financiéres
— inggnierie institutionnelle;
etc. 7
Ce wansfert technologique et de savoir-faire se répercute sur les entreprises loca-
les participant au projet, sur d'autres entreprises locales (par effet, d’étalonnage),
mais aussi sur 'administration qui doit suivre le projet, sur les organismes financiers
locaux, etc. Un facteur important sera également la formation des personnels locaux.
En effet, dans un partenariat avec des entreprises internationales étrangéres, celles-ci
chercherone 4 s'appuyer avant tout sur du personnel local qu’elles formeront, en ne
délégant sur place que le minimum d’encadrement nécessaire au-dela de la phase de
transition.
2.4. Les bénéfices politiques
24.1. Un nouveau réle pour la puissance publique
Les bénéfices politiques ne sont pas négligeables non plus. En recentrant Paction
de Pautorité publique sur ses missions régalicnnes, le recours au partenariat public-
privé petmet une redéfinition de son réle dune entité propriétaire et opératrice &
celui d'une entité régulatrice et contréleuse. Cela permet de promouvoir des services
efficaces, orientés par la demande, en sus des bénéfices sociaux. La puissance publi-
que en ressort alors gagnante, car elle assure uae meilleure qualité de service, tout en
recentrant ses moyens sur les aspects sociaux, Au-dela, introduction du partenariat
21FINANCEMENT DBS INFRASTRUCTURES BT DES SERVICES COLLECTIES
public-privé permet de repenser la répartition des rbles entre les secteuts publics et
privés de facon moins manichéenne.
Néanmoins, ce bénéfice politique peut se retourner si le recours au partenariat
public-privé ne se fait pas dans de bonnes conditions et, en particulier, si Etat ne se
donne pas les moyens de définir ses objectifs de facon réaliste, de préparer ses services
et ses institutions & la mise en place des partenariats public-privé, et surtout d’assurer
une régulation efficace.
2.4.2, Allocation et «.non-abdication »
Bien que lon utilise parfois abusivement le terme privatisation, un partenariat
public-privé n'est pas une privatisation. Il permet d’zttirer les investisseuts privés,
sans pour autant aliéner les missions publiques au profit du privé. En effet, le parte-
nariat public-privé se définit comme une délégation & un opérateur privé de la mise
en ceuvre d'un service public, pour une durée de temps déterminée. Il n’alitne pas
la propriété publique des infrastructures (les infrastructures déja existantes avant le
contrat, comme les nouvelles construites en concession, revenant in fine propriété
de Pautorité concédante). Lautorité publique conserve son réle de définition de ces
missions de selvice public, et assure leur régulation. Eniin, ce processus est réversible,
soit la fin de la durée prévue pour le contrat, soit exeptionnellement — en cas de
confit grave ~ en cours de contrat. approche partenariat public-privé permet donc
de conserver lessence « publique » de ces services, et d’éviter en outre les accusations
de « brader » & des étrangers ou & des tiers des actifs (ou des activités des services)
publics nationaux.
2.4.3, Stabilité
Les avantages sociaux et économiques, déja décrits, ont des répercussions éviden-
tes sur le plan de la stabilité économique, et donc politique. D’une part, les contrats
sont signés pour des durées qui dépassent celles des mandats politiques. Les services
publics considérés seront donc en général moins sensibles & des effets « lectoraux »
directs et indirects. Lentretien et la qualité de service risqueront moins d’étre soumis
A.ces aldas, et les projets doivent montrer un véritable intérét socio-économique pour
étre retenus.
Diautre part, en améliorant la qualité des services collectifs sans augmenter la
pression fiscale de fagon excessive, les partenariats public-privé engendrent un bien-
étre économique et une stabilité sociale. Encore une fois, I’écucil a éviter est d’y avoir
recours dans la précipication, Il est fondamental de prendre le temps de bien préparer
la population et administration, prévoir des pétiodes de transition, afin de faire
accepter la notion qu’il faut payer pour le service (ow une partie du service au moins)
et d’assurer aussi une bonne régulation permettant d'éviter des excts,
22
mec
a coPour une approche pragmatique du partenariat public-privé
3. Une démystification salutaire
3.1. I n'y a pas de solution miracle
On le voit, les partenariats public-privé peuvent donc apporter de nombreux
bénéfices pour réaliser des projets d'intétét public. Ce type de montage est souvent
une alternative plus efficace aux marchés publics classiques pour des projets ayant
une dimension de « service » importante. Mais attention, il ne faut pas non plus
chercher absolument a sacrifier & un effet de mode, ni croire qu'il sagit lt d'une solu-
tion miracle nouvelle qui permettra — sans autre forme de procts — aux collectivités
publiques de réaliser tous leurs projets sans que cela ne leur cofite des efforts, de
Pargent et du temps.
Le partenariat public-privé reste un outil complexe & mettre en ceuvre, et ne peut
a lui seul bonifier un projet au point d’en asurer la rentabilité. Le point minimal
intangible est quiil ne faut pas croire qu’un projet d’infrastructures et de service
public sans réel intérée socio-économique pourra étre réalisé grace & un partenariat
public-privé. Un projet en partenariat public-privé pour devenir candidat doit avant
tout remplir la condition nécessaire (mais pas uffisante) de présenter une rentabilicé
socio-économique suffisante, c’est-a-dire d’étre utile pour la société, et d’étre « faisa~
ble » économiquement.
3.2. Un contrat entre une entité publique et un opérateur privé
3.2.1. Une relation contractuelle entre une autorité publique
et une entité privée
Ce préalable écant posé, le partenariat public-privé ne reste finalement que la for-
malisation d’une relation par le biais d’un contrat entre une autorité publique et un
opérateur/constructeur privé. Comme le montre Rémy Prud’homme dans Partiéle
V-A de cet ouvrage, toute action publique implique des fournitures privées dune
maniére ou d'une autre (le minimum étant l'schat par l'entité publique de fournitu-
res).
Comme dans tout contrat entre une entité publique et une entreprise privée,
chacun des deux partenaires cherche & tirer des bénéfices de la relation. Lautorité
publique cherche & maximiser la rentabilité socio-Cconomique des investissements
publics (Cest-a-dire & ce que la société retire le maximum de bénéfice du projet, par
rapport & son cot). Lopérateur privé chercke, lui, & maximiser son profit (Cest-&-
dire la rentabilieé des capitaux investis).
Ces objectifs ont des points de convergence (la réussite du projet) et des éléments
de divergence (le partage des bénéfices), et il s‘instaure alors une discussion afin,
une part, Patteindre les objects communset, autre part, de trouver un équilibre
(un rapport de force) sur le partage des béndfices. Dans des marchés publics classi-
23FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
ques, cette dialectique est simplifiée dans le cadre de Vappel d’offres et de la mise en
concurrence. La puissance publique définit ses objectifs et son cahier des charges, et
la concurrence entre soumissionnaires détermine le niveau de prix et donc la répar-
tition des bénéfices.
3.2.2. Qué méne la danse?
Lapproche en partenariat public-privé reste complexe, car les risques et les béné-
fices sont partagés, et la relation doit s'inscrire dans la durée. Toutefois, le « tango »
s‘engagera comme une véritable lutte pour ce qui concerne les objectifs divergents.
Deux thémes communs, mais 4 linterprétation divergente, donnent alors le tempo
dela danse : le temps et I’argent (ils sont d’ailleurs assez lis).
Pour l’autorité publique, la forme partenariat public-privé doit permetere de réa-
liser les infrastructures dont elle a besoin, sans avoir & grever son budget et, si possi-
ble, mise en ceuvre plus rapidement. Pour l’opérateur/constructeur privé, il s'agit de
pouvoir exercer son activité, en étant rémunéré convenablement pour cela. Si Pusa~
get est solvable, et que sa propension & payer pour le service rendu est suffisante pour
en couvtir le coftt de production, alors on peut envisager delui faire payer l'ensemble
du cofit. On est dans le cas d'un service public rentable, et la question est plutdt de
savoir sil y a une rente & capturer et & partager entre lopérateur et la collectivité délé-
gante. C'est typiquement le cas des aéroports ou de certains services de distribution
d'eau. La lutte se circonscrira alors entre les deux partenaires au montant du droit
a payer pour pouvoir fournir et exploiter le service. Par con-re, les intéréts converge-
ront pour une mise en exploitation la plus rapide possible.
Dans d'autres cas, le service en Iui-méme est intéressant pour la société (il est
rentable socio-économiquement), mais nest pas rentable financitrement ~ c'est-i-
dire que les usagers seuls ne peuvent pas (ou ne veulent pas) couvrir le cote de pro-
duction. C'est par exemple le cas de nombreuses autoroutes & péage ou des trans-
ports publics urbains ou ferroviaires. Dans ce cas, il est nécessaire que la collectivité
apporte une subvention soit au départ dans la construction de Vnfrastructure, soit
ensuite proportionnellement au niveau d’exploitation, Dans ce cas, la lutte financiére
aura lieu sur le montant de la subvention (et corrélativement sur la prise de risque des
partenaires). Mais un second élément entre alors en compte. Il agit du temps. En
effet, dans la plupart des cas, le secteur privé investit au départ dans infrastructure,
et a donc intérét & ce que la mise en exploitation intervienne Je plus rapidement
possible, une fois es travaux démarrés. En particulier, il sera poussé & achever la réali-
sation en avance du calendrier si cela savére possible. De méme, & partir du moment
ou un appel d’offres est lancé, il sera de Pintérér du constructeur/opérateur privé que
les procédures avancent vite.
En revanche, la question est plus ambigué du cété de la collectivité publique.
En effet, pour des raisons socio-économiques et politiques, il est de son intérét de
voir se réaliser rapidement le projet ou, du moins, de 'annencer. Ainsi, souvent, des
24
eeePour une approche pragmatique du partenariat public-privé
projets sont annoncés, et des appels d’offres lancés alors qu’ils ne sont pas « mars ».
Du coup, Pinstruction des appels d’offres risque de s'éterniser car techniquement, le
projet est mal préparé, et la collectivité n’a pas la capacité, dans ce cas, de l'instruire
correctement. De plus, d’un point de vue budgétaite, il vaut mieux pour la collecti-
vité retarder le projet, ce qui permet d’éraler les dépenses publiques, et méme, dans
une certaine mesure, de diminuer les subventions, puisque dans la plupart des cas,
fa demande croft dans le temps sur le plan de la quantité, comme sur celui de la
solvabilité. La collectivité sera donc tentée de tergiverser soit pendant le processus
@appel d’offres (qui est parfois lancé de facon anticipée pour des raisons politiques),
soit en ne coopérant pas pleinement pour une mise en ceuvre rapide (par exemple en
retardant certaines opérations administratives indispensables).
Or, cette lutte pour le temps peut étre és dommageable pour le projet, car
il implique des surcotss importants qui se répercutent sur Pexploicant, mais.aussi
directement ou indirectement sur les usagers ct sur la collectivité. Tl faut donc cher-
cher & les éviter, en préparant bien le projet et son plan de financement & lavance.
3.3. Le partage des risques : réalité ou illusion?
‘Temps et argent sont donc les moteurs des décisions et de la négociation dans
Pétablissement du partenariat, Ces discussions se traduisent par la structuration du
projet qui est basée sur la notion de « partage des risques ». Le chapitre II-B revient
en détail sur cette notion.
Il faut simplement ici souligner Pimportance de ce principe, mals également ses
limites. Le partage des risques est bien ce qui définie un partenariat public-privé par
rapport 4 un marché public classique. Il peut prendre des formes tres diverses, allant
du simple risque de construction (BOT d’usine de traitement d’eau ou des déchets),
au risque complet de construction et commercial (autoroute SR9I en Californie).
Mais, fondamentalement, c'est le projet qui doit dicter ce partage de risques, afin
quill reste équilibré. Il faut bien se rappeler que toute prise de risque exige une con-
trepartie. Le partage des risques rest donc pas un transfert gratuit de la collectivieé
vers le partenaire privé, mais plutét une meilleure allocation des risques aux parte-
naires les mieux & méme de les supporter. Cedi signifie aussi que on cherche parfois
2 minimiser le cotte de cette prise de risque. Far exemple, le risque de construction!
opération peut étre en ues grande partie contrélé par le privé, et donc cela ne lui
cotite pas cher de se garantir contre ce risque (il le fait implicitement dans le prix de
construction). Par contre, le risque commercial est souvent important, et le cote de
Ia prise de ce tisque peut étre élevé pour le privé (ce qui se traduit par un prix élevé,
et une subvention plus élevée si le projet n'es: pas rentable). Si la collectivité prend
ce risque, elle risque de devoir payer une compensation en cas de non-réalisation
du trafic prévu. Mais sile projet a un fort intérét socio-économique, cela peut étre
justifié.
25FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SEBVICES COLLECTIFS
Finalement, le partage des risques a’est pas une solution miracle, mais plutét un
moyen d’optimiser un projet tant sur les choix techniques et la qualité ’exploitation,
que sur le cote de protection contre les risques inhérents. A ce titre, approche pré-
conisée par le biais de la démarche dans le cadre du PEI (Private Finance Initiasive)
anglais (qui par ailleurs présente de nombreuses limites) est intéressante.
lest en outre réconfortant de penser que les grands acteurs privés les plus dyna-
miques & I'international sont aujourd'hui capables de décliner les différentes « appro-
ches » en. partenariat public-privé avec lesquels ils ont dd composer. Cet entichisse-
ment et ce croisement d’expérience sont réellement béréfiques, car ils permettent de
Sappuyer sur du vécu, du concret pour aborder le partage des risques/cotits, clef de
votite du partenariat public-privé,
4. Les partenariats public-privé ne peuvent #inscrire
dans un modéle rigoureusement déterminé mais, au contraire,
doivent s’adapter au contexte et évoluer dans le temps.
Comme cela a déja été indiqué, la France a développé depuis longtemps une
expérience du partenariat public-privé sous de nombreuses formes. Rappelée dans
Fouvrage du ministére de I Equipement’, cette expérience multiple a été souvent
reprise sous la notion de « modéle francais ». Or, il est sans doute erroné de parler de
modile, car le partenariat public-privé ne se préte pas 4 a notion méme de modéle. Il
Sagit plutdt d'une expérience quril faut adapter aux différents projets et aux différents
contextes, mais au contraire des marchés publics, elle ost difficile & normer de fagon.
stricte.
Cela ne veut pas dire non plus que l'on puisse faire tout et importe quoi. Ce
livre cherche ainsi 8 démontrer qu'il est possible et méme nécessaire de développer
des approches rigoureuses, mais adaptées & chaque cas, & partir d'un ensemble de
principes économiques, juridiques, déontologiques, administratifs et financiers,
En France, la longue tradition des concessions a entrainé la mise en place d'un
systéme global efficace, mais dont certains aspects ont été progressivement critiqués
dans le cadre de 'intégration européenne, Toutefois, ce n'est pas la pertinence des
concessions et de la gestion déléguée qui a été contestée, mais plutét des habitudes
de mise en ceuvre qui n’étaient plus tout 4 fait adaptées au contexte économique et
institutionnel. Il a donc fallu moderniser le systéme afin de le mettre en cohérence,
et ceci est en cours d’ach’vement en France.
Ce processus a été facilité par le fait que les entreprises francaises les plus actives
dans les concessions se sont développées & I’étranger et ont ainsi pu faire évoluer leur
pratique de mise en ceuvre des partenatiats public-privé dans des cadres institution-
nels variés.
26Pour une approche pragmatique de partenariat public-privé
Test done nécessaite d'adapter régulitrement et de facon continue les expériences
en matiére de partenariat public-privé, sans pour autant oublier les principes fonda-
teurs qui cux doivent rester immuables.
5. Quelques recommandations pour des partenariats efficaces
Les articles suivants du livre traitent chacua de différents aspects des partenariats
public-privé, et aboutissent & des recommandations, Nous reviendrons ici unique-
ment sur approche générale quil faut retenir pour la réussite de ces partenariats
public-privé.
En premier lieu, il est nécessaire de réhabiliter le terme de partenaire. Chacun
a cerves des objectifs propres qui ne peuvent (ni ne doivent) étre similaires. Néan-
moins, lobjectif de tous et de réaliser de la meilleure fagon qui soit, & un coat le plus
faible possible, une infrastructure publique et d’en assurer exploitation qui rendra le
meilleur service possible. Il y a donc un intérét objectif commun & ce que les projets
de services publics se réalisent et fonctionnent de la maniére prévue.
Dés lors, il faut promouvoir une approche qui respecte au mieux les intéréts de
chacun, en cherchant 3 faire converger ces intéréts. Dans le méme temps, chaque
acteur doit pouvoir défendre une position claire et argumentée sur les éléments de
divergence, afin de pouvoir en débattre efficacement pour aboutir aux compromis
les plus équitables et efficaces possibles entre les perspectives de gains; les cofts &
supporter et les risques & prendre.
Ti faut donc éviter les réunions inutiles ot Pon « joue les uns contre les autres »,
les négociations trop longues oi les objectifs et désirs des uns et des autres ne sont
pas exprimés claitement ou encore les changements de positions dans les discussions.
Les montants financiers en jeu, Pallocation du temps, de Pargent, et des ressources
font quil rest plus possible de jouer bien longtemps.
Lune des évolutions récentes dans le cadrede I'internationalisation de l'économie
est stirement la nécessité croissante de renforcer les obligations respectives reprises
dans les contrats écrits. Les engagements des acteurs ne peuvent plus étre simple-
ment moraux, mais doivent pouvoir se traduire par écrit. Les résultats des négocia-
tions pour aboutir au mode de relation final doivent tre consignés dans les contrats.
Les contrats doivent prévoir également les causes d’arbitrages ou de discussions si
les hypothéses initiales du parcenariat public-privé ne se réalisent pas. Tous les cas
ne peuvent étre prévus & Pavance (comme cherche & le faire la tradition juridique
anglo-saxonnc), mais on peut anticiper qu'il yaiura des changements de contextes qui
nécessiteront des adaptations, et donc prévoirles modalités de discussions (clauses de
paysage). La jurisprudence évoluc, les contrats doivent donc le reflécer.
Mais il est nécessaire que chaque « partenaite » respecte aussi ses engagements.
Des risques existent que des partenaires en position de force dans un contrat puissent
ne pas respecter leurs engagements et changer unilatéralement les termes du contrat.
27FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIES
Ce peut étre le cas de lopérateur, si ce dernier posséde une expertise beaucoup plus
importante que celle de la collectivité. Mais ce peut aussi étre le cas de la collectivité
qui peut changer ses engagements soit sous la forme du « fait du prince » direct,
soit plus indirectement en ne réalisant pas les projets complémentaires prévus, ou en
changeant le cadre juridique et réglementaire.
Cest pour éviter ces tentations et pérenniser les engagements, en particulier poli-
tiques, que 'on pourrait recommander inscription des partenariats public-privé
dans un « grand livre des concessions/partenariat public-privé », A la manitre des
garanties financigres consenties par les Etats, garanties qui sont inscrites dans les
livtes des banques centrales.
28ea
B. Dix ans DE REFORMES DES RESEAUX : SEPT ENSEIGNEMENTS
(DES PRIVATISATIONS AU PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE)
Dominique LORRAIN
Dans un univers de monopoles publics, nationaux et spécialisés par secteur, les
privatisations des années 1980 ont été ressentiss comme un signal fort. Effectivement
elles ébranlaient des conceptions élaborées entre Ia crise de 1929 et Paprés-guerre,
s'inspirant des idées planificatrices et keynésiennes ct faisant de linterventionnisme
public un moyen efficace pour corriger les insuffisances du marché, Et 3 cette époque
Jes monopoles naturels étaient considérés comme des défaillances du marché.
A partir d’impulsions politiques venant des Etats-Unis, de Grande-Bretagne,
Australie et de Nowvelle-Zélande, les secteuts des télécommunications ont été déré-
guilds, puis est venu le tour du secteur électrique, et enfin des services urbains (utili-
ties) dont en particulier l'eau. Ces réformes artivaient & point nommé pour conforter
unc tradition francaise, trés ancienne, et pourtant mal connue, de gestion de services
publics par des entreprises privées; en effet, pour beaucoup, Fexpérience frangaise
dans ce domaine tenait & ses grandes entreprises nationalisées, ce qui n’est absolu-
ment pas le cas.
Ces premiéres années de réforme ont été celles du volontarismé politique avec
la part de débordement que cela comporte. Souvent les intentions des réformateurs
ont été confondues avec la réalité. Comme dans tou phénoméne nouveau en train
de s‘accomplir, les acteurs ont dai justifier leurs actes, argumenter, convainere. Ces
années ont été celles d'une intense production d’idées avec la mobilisation des corpus
des sciences économiques, des sciences politiques et du droit— Law and social sciences
(Demserz 1968, Stigler 1971, Kay et al. 1986, Littlechild 1986, Vickers et Yarrow
1989).
Dix ans plus tard, & Ia fin des années 1990, le parcours est trés impressionnant.
Ce qui devait étre argumenté hier simpose naturellement aujourd'hui; on sort des
passions. Tous les grands pays industriels se sont lancés dans ces politiques, et rares
sont les pays émergents restés en dehors du mouvement. Pour ces raisons, la problé-
matique générale se trouve largement déplacée. La question n'est plus de savoir s'il
faut déléguer, ni de discuter des avantages de la grande firme privée par rapport A des
établissements publics. La question principale se décale du pourquoi au comment.
Comment organiser des coopérations durables entre puissance publique et firmes?
Comment développer des services qui puissent étre accessibles au plus grand nombre
tout en respectant des obligations de service public, ou de service universel? Com-
ment concevoir des contrats assez robustes peur traverser des crises?
29FFINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
On dispose aujourd'hui d’un certain recul, fondé su: des expériences nombreuses,
réparties dans plusieurs secteurs et sur tous les continents. Il devient donc possible
den faire un bilan raisonné et d’en tirer quelques enseignements & portée générale,
Bien sr, cette histoire demeure incomplete; le bilan que chacun peut en tirer dépend
de son regard, de ses clefs d'entrées pour ces raisons, ce qui suit doit étre considéré
comme un bilan d’étape. Malgré ces précautions en suivant ces questions depuis le
début, en enquétant sur des cas réels (Lorrain 1995 et 1999) plusieurs résultats nous
semblent revenir avec une grande régularité. Nous en avons tiré sept enseignements.
1. Du volontarisme politique a la pression des besoins
La vigueur des affrontements sur les choix de gestion des premitres années a cédé
la place au pragmatisme. Hier, les réformes reposaient sur une critique des bureau-
craties en place : trop cotiteuses, pas assez. au service des usagers (responsiveness).
Aujourd’hui, [a pression des besoins suffit & imposer le recours au secteur privé.
A cela une raison trés simple. Les besoins dans les réseaux d’infrastructures sont
immenses, que ce soit pour les grands systémes techniques nationaux (télécommu-
nications, éleptricité, autoroutes ou chemin de fer) ot pour les réseaux techniques
urbains (eau, assainissement, déchets, transport). La nouvelle démographie urbaine
des grandes mégalopoles, le développement industriel des pays émergents, la protec-
tion de l'environnement, constituent trois forces qui se conjuguent pour former un
gigantesque marché : une industrie de la ville.
La montée des besoins explique donc la multiplication des termes généraux
qui permextent de nommer les nouvelles combinaisons entre puissance publique et
firmes : Public Private Partnership (partenariat public-privé), Private Finance Initia-
tive (PE), privatisation, gestion déléguée, etc. rejoignent le terme « concession » tra-
ditionnellement utilisé en France. Les budgets publics ne peuvent prendre en charge
toutes ces dépenses nouvelles. Aussi assiste-t-on a l'entrée durable de grandes firmes
dans la gestion des villes. Il Sagic d'un phénoméne majeur dans Phistoire des villes
ayant des conséquences pour leur gouvernement comme pour l’'aménagement spa-
tial.
Dans la plupare des pays (mais pas en France), jusqu’’a présent, les questions
urbaines étaient gérées par les services municipaux, par divers démembrements qui
restaient proches du pouvoir municipal, ou par de grandes entreprises publiques.
Lentrée de grandes firmes, internationales et multisecteurs, pose des questions nou-
velles, & la fois pour Ja régulation des réseaux et en terme de gouvernement des
métropoles. Le champ des privatisations sort de la conception strictement sectorielle
de ses débuts.
Hier, les expériences dans le monde étaient en nombre limité; aujourd'hui, les
demandes pour un engagement des firmes sone trés nombreuses. Donc elles peuvent
plus facilement choisit. Elles se concentrent sur les grandes villes qui proposent de
30
CaeDic ans de réformes des réseaux: sept enscignements
grands projets, et ont une population souvent plus riche que dans le reste du pays
(et des volumes permettant des économies #'échelle), La cartographie des grandes
copérations de privatisation correspond trés largement a celle des grandes métropoles.
Reste ouverte la question de la diffusion des bonnes expériences et des équilibres
spatiaux dans un méme pays.
2. De la compétition entre modéles a la résolution de problémes
Lors des premitres décisions de privatisation, ’importance des justifications par
rapport aux pratiques a parfois radicalisé 'epposition entre deux modiles : anglo-
améticain et francais. Certes des différences existent. Chaque pays a développé his-
toriquement ses propres conceptions pour organisation des réseaux urbains. Elles
different sur des éléments non négligeables comme la conception de la sélection et du
contrdle, la manitze organiser les relations contractuelles, les procédures de régle-
ment des conflits. Les architectures institutionnelles également ne sont pas les mémes
(Martinand, 1993). De plus, ces différences ont pu étre activées & certains moments
par la compétition entre les firmes car trés souvent les mises en concurrence ont
impliqué les trois majors francais, les utilities anglaises de Peau et de ’électricité et
quelques ténors américains venant de l’énergie, des déchets et de lingénierie. Mais
ces « formes » stables, appelées modéles, ayaat une certaine durée, expriment avant
tout une régularité dans les solutions apportées & des problémes passés. Elles ne lais-
sent aucunement présager des solutions trouvées & des problémes nouveaux.
Une grande legon de cette décennie tient & Patténuation des oppositions doctti-
naires entre modéles. Les acteurs adoptent des approches pragmiatiques en fonction
des problémes & réoudre.
* Is sefforcent de mettre au point des solutions techniques adaptées dont les cotits
8 équilibrent par des prix de vente pouvant éure payés par tous les usagers. C'est ainsi
que le recours & Pentreprise privée s'applique dans des pays et dans des villes qui
comptent des populations pauvres. S'il n’est pas possible pour des raisons de cotits
de leur fournir le méme service en réseau que dans les grands pays industriels, les
exploitants metcent au point de nouvelles solutions;
+ Ils innovent dans des montages financiers qui combinent des apports en capitaux
propres (equity) et des recours au marché international. Et IA aussi chaque contrat
représente un cas particulier;
+ Les contrats cux-mémes font Fobjet de montages ajustés. Quelle que soit leur
origine nationale, ils offrent une remarquable continuité de solutions, permettant
cous les apprentissages, offrant toutes les possibilités de partenariats public-privé, Cet
exemple est un élément de plus qui démontre que opposition entre les « modeles »
est loin d’étre irréductible. En utilisant des termes différents, chaque pays a mis au
point des types de contrats qui correspondent & un certain degré d’engagement de
Ja firme et & une certaine durée. De la faible implication & la privatisation totale, la
31FiiaNcesenr pes ivpRAsTRUCTURES ET DES SERVICES COLLECTIFS
gradation des solutions est parfaite. Dans chaque cas les gouvernants ont le choix
gntre des contrats qui relévent du droit américain, anglais ou frangais, Les entreprises
Sadaptent.
Faible {Operating & maintenance
Fort | Privatisation
ft ‘Concession
: BOOT
s B80T
g Lease
5 Atfermago
s Contracting out
3 Regie intéresséo
2 Gérance
S Marché c'exptoitation
5 ted management
g
2
Court torme Moyen terme __ Long terme
Durée des engagements
Les différents types de contrat.
On assisteSans doute 4 «
faits d’emprunts aux uns eta
multisecteis, internation,
le témoignage. Elles dis
Finvention » de nouveaux modéles de services urbains,
fax autres et d’apprentissages graduels, Les grandes firmes
alisées, qui se sont formées pendant cette décennie en sont
ffusent les solutions entre les secteurs, entre les pays.
3. Le partenariat Public-privé comme une solution ajustée
Aun probléme
De tout cela s'impose Pi
wa)), il existe pas un seul
ville en ville. Pour dures,
aux hommes. Ils doivent
responsabilités demandé
* Nature du réseau.
idéc simple qu’il n'y a pas de solution unique (one best
modéle qui serait reproductible d’un secteur & autre, de
les contrats doivent éxre ajustés aurx problémes, au contexte,
aussi étre congus en fonction de la nature du réseau et des
fes Ala firme.
Les réseaux n/ont pas les mémes propriéeés techniques; les
mémes contraintes en matidre de coordination. Les premiéres années avaient mis en
avant aspect économique de la mise en compétition. On faisait parfois comme si
les mémes procédures de mise aux enchéres (compétition pour le marché), comme
si la méme structure Concurrentielle (compétition dans le marché) pouvaient étre
appliquées & tous les secteurs — de Pélectricité aux transports, des réseaux céblés aux
réseaux d'eau. La prise en compre de facteurs réels comme les coitts irrécupérables',
1, Sunk costs en anglais. Notion signifianc que, dans ce type de sec:eur, il est un niveau préalable ec
rinimal dinvesissements &réaliser ayant de pouvoir exerer toute acivite crs invetosemeats ne peu-
vent tre réemployés ailleurs sila firme se retive,
32
a
uDix ans de réformes des réseasce: sept enseignements
les questions de « non-divisibilité » de certains actifS ont conduit & rechercher des
solutions spécifiques & chaque type de réseau.
+ De méme, pendant longtemps, le schéma du marché public (public procurement)
a été largement présent dans les esprits (Laffont et Tirole, 1993), et on tentait de
Vappliquer aux rapports entre la firme et la puissance publique pour la gestion de
services. Le développement des formes diverses de privatisation a permis d'établir
que l'exploitation de services publics par des firmes privées reléve d’une autre grande
catégoric. La différence tient certainement & deux facteurs : premigrement, Pobjet de
Ja transaction ne porte pas sur un bien parfaitement paramétrable mais sur un service
aux contours plus flous; deuxigmement ces contrats se déroulent trés souvent dans
la longue durée. Pour tenir compte de ces propriétés spécifiques, les acteurs se sont
efforeés de construire des schémas institutionnels adaprés aux risques pour chacun
des partenaires. Certains nouveaux contrats sont devenus complexes, sophistiqués.
4, Limportance de Penvironnement institutionnel
A lafin des années 1980, les institutions internationales et parfois les entreprises
sont parties « la fleur au fusil » en pensant que pour gérer des services publics par des
entreprises privées il suffisaic de vendre et d’acheter les actifs de monopoles publics
ec d’exploiter. Las, certe vision n'a pas renu longtemps. Les échecs, les affaires qui
nlaboutissent pas ont rappelé & tous cette évidence : action collective n'ést possible
qu’2 la condition qu’existent des régles stables, publiques et partagées Dans les ser-
vices urbains, l’intervention entreprises privées suppose un certain ehvironnement
insticutionnel, En d'autres termes, pour quill y zit action il faut réunir des conditions
préalables a Paction, ce qui revient & rendre justice aux économistes néo-instivution-
nalistes (Coase, 1937; North, 1990; Williamscn, 1994).
Une fois reconnu cela, le probleme se trouve a demi résolu. Il est toujours possi-
ble de réformer quelques lois avant d’engager des politiques de privatisation mais
on se rendra rapidement compte que ceci ne suffit pas; il y a le texte et Pesprit du
texte, Les architectures institutionnelles ne peuvent étre dissociées de la culture et des
valeurs que mobilsent les acteurs lrsquils se srvent des lois. Or eee composante
culturelle de Faction ne se réforme pas en un instant.
De sorte que l'on évolue vers une nouvelle maniére de concevoir la réforme dans
ces secteurs, On pensait qu'il suffisaic de privatiser des monopoles publics et de signer
des contrats. S’impose désormais l'idée d’une action sur un double plan : celui du
contrat et celui de l'environnement général. Ce dernier ne peut étre que pour partie
mis au point avant la privatisation par une réforme extéticure. Le plus souvent ce
sont les acteurs qui Pélaborent pendant action & partir des problémes/solutions
quills rencontrent.
On glisse donc d’une conception instantanée de la réforme — pouvant étre con-
tenue dans la durée d'un programme politique — & une conception en termes de
33FFINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES £T DES SERVICES COLLECTIFS
processus. Il faut du temps pour construize des régles. Pour qurelles soient acceptées
ex comprises par les joucurs (acteurs politiques, usagers, firmes), il faut quils partici-
pent 2 leur élaboration, Prenant conscience de cet aspect des choses, les institutions
internationales parlent de capacity building
5. Une « bonne » séquence et ses exceptions
De gros efforts ont été consentis dans de nombreux pays et par les institutions
financidves internationales pour mettre au point les premidres expériences. Les réfor-
mateurs et leurs conseils pensaient alors qu’en respectant une « bonne » séquence —
bien préparer Poffte, bien sélectionner 'opérateur et bien le réguler — il devait étre
possible d’obtenir un déroulement harmonieux du contrat, Autrement dit, Pidée de
départ était qu’une bonne phase de lancement suffisait 4 mettre ces opérations sur
orice.
Des faits, nombreux et répétés, montrent que tout cela ne suffisait pas et quill
Savere difficile de tout prévoir et de tout calculer pour ces contrats de long terme
appliqués & des services (Annales des Mines, 1999; Defeuilley, 1999). Certes, les
études de préparation souvent importantes et donc cofiteuses représentent un pro-
gris. Elles apportent une connaissance qui faisait défaut et surtout cette connaissance
est partagée par tous les acteurs : puissance publique, institutions intemationales,
firmes. Mais elles ne peuvent apporter la précision obtenuc lors du passage en situa-
tion réelle, pas plus qu’elles ne peuvent prévoir les grandes transformations de Pen-
vionnement du contrat. Dans bien des cas, Pessenticl a été respecté mais lors de la
mise en ceuvre il a fallu s'adapter & quelques faits nouveaux : de nouvelles normes
denvironnement, de nouvelles priorités d'investissement, une dévaluation, voire une
crise sociale.
En ce qui concerne les contrats il a souvent été imaginé dans les premitres années
de privatisation qu'il était souhaitable et possible d’élaborer des contrats complets*
(Henry, 1997). Les faits tendent & éxablir que Cest une position difficile & tenir et
quill est préférable de partir dés le départ sur I'idée de contrats incomplets. Cette
conception plaide en faveur d’un rééquilibrage des moments de l’effort. Il nest pas
nécessaire de chercher la précision & tout prix, au commencement, pour garder des
ressoutces et une capacité d'adaptation en cours d’opération. Cette idée se traduit
concrétement & deux moments :
+ Lincomplétude des contrats a des conséquences pratiques au stade de la prépara-
tion. Il n'est pas souhaitable d’aller trop loin au stade des études avant la sélection
de Popérateur car elles risquent de se trouver rapidement dépassées et de faire double
emploi avec ce que lexploitant devra faire de toute facon.
2. Notion provenant des économistes pour dé&signer des contrats qui prévoient l'ensemble des cas de
figure et qui définissent toutes les obligations.
34
(
on es eosDix ans de réformes des réseau :sepe enseignements
* S'il est admis que des contrats de long terme ne peuvent tout prévoir, alors leur
révision ne doit pas étre vécue sur le registre de la crise, C’est un point important car
trop souvent Padaptation contractuelle a été pergue par la puissance publique comme
un défaut, comme le signe d’une tentative de la firme de rééquilibrer le contrat en
sa faveur, adaptation contractuelle est un mécanisme normal d’ajustement par rap-
porta des conditions initiales qui ont évolué.
6. De la nécessité d'un régulateur
Dans la compétition de départ entre firme: et entre moddles, les Francais ont
longtemps questionné l'idée d’un régulateur fort. Lexpérience nationale conduisait
spontanément a penser que les mémes résultats pouvaient étre obtenus par des méca-
nismes moins cofiteux et que la relation & la puissance publique pouvait fonctionner
autrement que sur le mode de la confrontation, D’une certaine maniére, lés expé-
riences ont montré que cette analyse avait sa part de vérité. La régulation a bien
un cotit; il peut étre élevé et il n'est pas nécessairement proportionnel aux résultats
obtenus.
Mais il est aussi clairement établi que la notion d’autorégulation fonctionnant
dans un pays comme la France devient difficilement applicable dans les pays émer-
gents. Ce qui est possible en France est parce que les rapports contractucls entre la
puissance publique locale et la firme se trouvent encadrés par tout un eniemble de
lois, de régles, de normes construit dans la longue durée par PEtat et les juridictions
administratives. Lorsque cet ensemble fait défeut, l’absence d'un tiets acteur — le
régulateur — peut laisser la puissance publique locale et la firme dans un face-a-face
stérile. Le contrat ne suffit pas & tout; il ne peut tout contenir et certainement pas ce
qui est lui est extérieur.
Une grande lecon de ces expériences est le besoin vital de régulateur dans les pays
émergents. histoire des pays industricls montre que la construction d'un cadre ins-
titutionnel dans chaque secteur a pris du temps : plusieurs décennies pour parvenir &
des régles couvrant la majorité des situations. II n’est pas possible d’imaginer que les
pays émergents fassent ce parcours en des durées accélérées; les systtmes institution
nels ne s exportent pas comme des biens industriels.
Si la présence d'un régulateur s'impose, quelle peut étre sa nature? Pour quelles
missions? Compte tenu de ce qui préctde, il faut sans doute moins le positioner
du cévé du contréle strict du contrat que d'une responsabilité dans la mise au point
des régles de Paction collective aux covés de PEt et de la puissance publique locale.
Dans le prolongement de cette idée, on peut im-aginer une régulation fonctionnant
a deux niveaux
un suivi technique permanent se faisant au niveau de la ville. I permet de régler au
quotidien les micro-problémes qui ne peuvent étre prévus et intégrés dans le contrat;
35