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Monsieur Éric CIOTTI

Président Les Républicains


238 Rue de Vaugirard
75015 PARIS

Paris, le 1er mars 2023

Monsieur le Président, cher Éric,

Au soir du 1er tour de notre élection interne, tu avais assuré de ta volonté d’union et de
rassemblement, prenant des engagements clairs pour que ce rassemblement si nécessaire à la
reconstruction de la droite soit réel.

Forts de cet engagement, nous t’avions alors majoritairement apporté notre soutien pour le 2nd
tour de l’élection à la présidence de notre mouvement, contribuant à ton court succès.

Dans un courrier public, tu avais par ailleurs dit ton exigence de prendre en compte les
sensibilités de chacun. Tu avais même dans ce courrier, sur le sujet aujourd’hui brûlant des
retraites, indiqué que ton orientation consisterait à laisser le choix entre durée de cotisation et
âge légal. C’était une position originale qui démontrait que le report de l’âge légal n’était pas
pour toi l’alpha et l’oméga d’une réforme.

Ta prise de position n’est pas très ancienne, puisqu’elle remonte à moins de 3 mois.

Lors de l’élection à la présidence des républicains nous avons soutenu la candidature d’Aurélien
Pradié. Sa candidature a rassemblé au premier tour près d’un quart des suffrages des militants.
Ce sont autant d’adhérents qui ont soutenu et soutiennent aujourd’hui un positionnement
politique qui ne peut être ni méprisée ni rejeté au sein de notre mouvement.

Nous avons appris par la presse ta décision unilatérale de démettre de ses fonctions de Vice-
président exécutif notre collègue. Aucun d’entre nous n’a été prévenu par tes soins de cette
décision, pas même l’intéressé.

Nous ne cautionnons en rien cette décision qui est à nos yeux une faute car elle rétrécit la droite,
mais est aussi un coup de canif dans le contrat moral et politique passé entre toi et nous.

Nous sommes nombreux depuis une semaine, à nous interroger sur la place que tu entends
désormais réserver à près d’un quart des militants des Républicains, mais aussi à la libre
expression des sensibilités politiques au sein de notre mouvement.
Ta décision est d’autant plus surprenante qu'elle intervient quelques heures seulement après
que, collectivement, nous eûmes réussi à faire plier le gouvernement en hémicycle - malgré ses
ambiguïtés - sur le dispositif des carrières longues.

La limitation stricte à 43 annuités pour ces travailleurs est inscrite mot pour mot dans la Motion
que tu as souhaité faire voter par notre Bureau Politique. C’est donc la position commune de
notre Mouvement que nous avons défendue, et non pas une lubie de quelques-uns d’entre nous.

Preuve du succès de notre combat politique collectif, l’impératif de limiter à 43 annuités la


durée de cotisation pour les carrières longues est d’ailleurs soutenu désormais par toutes les
oppositions et une partie de la majorité.

Lors des débats à l’Assemblée nationale, le gouvernement a refusé de répondre clairement sur
ce point. Dimanche, le Ministre du Travail a indiqué qu’il refusait d’assurer que toutes les
carrières longues seraient plafonnées à 43 annuités. A l’évidence, le point inscrit dans notre
Motion comme conditionnant le soutien à la réforme n’est pas respecté.

C’est un sujet central. Dès lors que la condition posée par le vote unanime de notre Bureau
politique n’est pas atteinte, la faute ne serait pas d’exprimer des doutes sur la réforme des
retraites, mais bel et bien de voter en faveur de cette réforme.

Défendre les carrières longues, c’est à la fois être fidèle à la position officielle des Républicains
mais aussi à la valeur du travail et de l’effort qui est notre ADN politique. Nous attendons donc
que tu demandes à nos collègues Sénateurs d’introduire un dispositif dans le projet de loi
s’assurant que personne en carrière longue ne travaille plus de 43 annuités.

Face à ce projet de loi sur les retraites, mal ficelé, sans véritable réflexion sur le travail,
renvoyant l’image d’un débat démocratique pitoyable de par l’alliance tacite entre
gouvernement - qui a détourné une procédure législative afin de bénéficier d’un temps
d’examen contraint faisant d’ailleurs peser un fort risque d’inconstitutionnalité - et extrême-
gauche - qui a transformé notre hémicycle en une indigne cour de récréation -, il nous paraît
essentiel de ne pas céder et de poursuivre notre défense de l’effort et du travail.

L’injustice qui pèse sur les carrières longues, c’est l’injustice qui pèse sur la France qui travaille
dur et se lève tôt. Défendre cette France-là, ce n’est en rien être de gauche, c’est être de droite.
Pleinement de droite. C’est renouer avec ce qui avait fait notre force en 1995 comme en 2007.

Nous portons une conviction que tu ne peux que partager : sans reconquête des Français les
plus populaires, la droite disparaîtra définitivement. Et nous refusons qu’elle disparaisse, car
cela serait laisser le pays dans les mains des populistes.

En 15 ans, notre mouvement a perdu près de 10 millions d’électeurs. Pour reparler à tous les
Français, le Président de notre Parti a besoin de tout le monde, de toutes les voix qui portent. Il
a besoin de rassembler, pas d’exclure.

Depuis une semaine, comme toi au siège, nous recevons massivement des messages d’adhérents
qui se demandent s’ils ont encore leur place chez nous.

Nous refuserons toujours la moindre complicité politique avec Emmanuel Macron et son
gouvernement. Ce n’est pas en devenant une version allégée de la macronie que nous relèverons
demain le défi de la présidentielle et retrouverons la confiance des Français. Nous devons avoir
la garantie qu’aucun accord politique n’a été engagé avec Emmanuel Macron.

Dans ce contexte, nous ne participerons pas à la réunion de l’équipe dirigeante que tu as


convoqué pour ce mercredi 1er mars ni au Bureau Politique des Républicains prévu le 14 mars.
Nous souhaitons, en préalable à toute réunion de nos instances, te rencontrer afin que tu clarifies
de vive voix les engagements que tu avais pris il y a quelques semaines, non seulement auprès
de nous, mais aussi auprès de tous les militants.

La décision que tu as prise a déjà des répercutions profondes. Tu ne l’ignores pas.

La poursuite de notre travail est conditionnée à ce que nous nous dirons et aux engagements
que tu prendras. Nous souhaitons ainsi pouvoir te rencontrer sous huitaine.

Notre mouvement politique a connu trop de crises et trop de revers électoraux pour se laisser
entraîner une fois encore dans des tactiques court-termismes, symbolisées aujourd’hui par un
accord avec le macronisme méprisant et finissant.

Nous partageons tous la même conviction : notre mouvement politique ne pourra retrouver les
faveurs des Français que s’il renoue avec un électorat populaire, dans la digne filiation gaulliste.

Nous devons partager une autre conviction : notre parti ne peut pas être une caserne. Il doit être
un lieu de débat et de personnalités complémentaires. Cet engagement a été le tien au lendemain
de ton élection. Il ne peut pas être oublié si vite.

Le collectif ne s’impose pas. Il se bâtit. Et il est le seul chemin possible vers la reconstruction
de la droite et de la France.

Dans l’attente de ta réponse, nous te prions de croire l’expression de nos salutations distinguées.

Signataires

Ian Boucard, Député du territoire de Belfort


Julien Dive, Député de l’Aisne
Pierre-Henri Dumont, Député du Pas-de-Calais
Christine Gavalda-Moulenat, Présidente de la fédération des Pyrénées-Orientales
Justine Gruet, Députée du Jura
Isabelle Perigault, Députée de Seine-et-Marne
Raphael Schellenberger, Député du Haut-Rhin

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