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HISTOIRE DES DOCTRINES DE L'ANTIQUITE CLASSIOUE Directeur : Jean Pepin — 9 APOLLONIUS DYSCOLE DE LA CONSTRUCTION (epi evreitens) ‘TEXTE GREC ACCOMPAGNE DE NOTES CRITIQUES INTRODUCTION, TRADUCTION NOTES EXEGETIQUES INDEX PAR JEAN LALLOT. VOLUME IL ee NOTES Er INDEX ‘Owvrage publié avec le concours du Contre National de la Recherche Scientifique PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, V° 1997 TABLE DES MATIERES: DU VOLUME I NOTES 5 [Notes du livre 1 7 [Notes du livre Iho ectaieceaen 81 ‘Notes du livre It 157 [Notes du live TV sco aaa a 207 Notes des Adverbes di lieu. 327 INDEX. z 38 Index technique frangais 345 Index technique gre cnn an oh 48 Mots grecs étwdiés dans ia Synnaxe 4a ‘Auteurs et passages cités dans la Syntace 489 TTextes anciens mentionnés dans introduction et dans les notes 453 ‘Auteurs modernes mentionnés dans introduction et dans les notes 459 BIBLIOGRAPHIE ccc verennnn iti 463 NOTES DULIVREI 1. En tats proekdotheisais hemin skholais; le sens habituel du vb. ekdidénai {diter, publier’ et du subst. correspondant ékdosis ‘édition’ (cf. P. 80,22; A. 144.4; 5. 215.9; 228,2) inviterait & comprendre: “dans les trités que j'ai précédemment publiés". Mais usage que Tait A. de ekdidonai (toujours at at. proekdotheis: $. 129.1; 134,5: 476,11), ainsi que certains emplois de ekdosis (1,3; 449.2), suggere que, appliqués & sa propre activité, ces mots renvoient aussi bien a des ‘exposés' (oraux) qu’a des ouvrages publiés (Cf, Unlig ad ioe. et p.X ; Exbse 1959:291s) 2. Phonds; ce mot, qui signfie d'abord le ‘son vocal’, la ‘voin’ (cf le dérivé honéen ‘voyelle’), désigne en principe, chez A., une ‘forme’, ¢-i-d..un mot ‘en tant qu’entité phono-morphologique, dane appréhendé dans sa mateialité e signifiant (Eventuellement opposée au signiié, . ex. C.213,16;4. 119,2; $38.14 14, ete. ef Skrzeezka 1853:3). lei copendant on aurait tort de op urcir ce sens: dans le présent contexte on effet ‘forme’ ne s"oppose pas ‘Comme le ‘signifiant’ au ‘signfié’, mais se détermine par rapport stineaxis ‘construction’ et oppose les formes comme signes isolés aux ensembles Cconstruts dont elles sont les constituants. Grice sox monographies d°A. qui nous soat parvenues, on peut se faire tune idée du contenu des ‘lesons’ auxquelles il fait allusion ie, Consacrées chacune & une partie du discours, elles expossient la ‘tradition’ (parddosis) oncernant chacune d' elles ~ et cela dans les deux sens, pour nous au moins bien distincts, que prend le terme parddosis chez les grammaitiens: @'une part, la doctrine grammatical tclle qu'elle s'est formée et transformée a ours des générations (Gtablissement et définition des parties du discours, Gtude de leurs ‘accidents’, etc-; pour ce sens, ef. P. 66,15; C.2131 5. 53.16), et, d'autre par, le stock des formes transmises par le tradition linéraire (pour ce sens, ef. , 156,20; $.51,4; 12, ete) 3..Nom d'action comespondant au vb. suntdssein “disposer ensemble, arranger, assembler’, suntazis, peut s'appliquer & toute opération de mise-ensemble items linguistiques, quel que soit lear niveau, et l'ensemble qui résulte de fette opération. Ainsi dans la Syntaxe, on trouvera sintaxis appliqué (1) a la formation d'un mot (@ partir de phonéimes, ef. § 2, ou d'autres mots, ef IV. § 56 (478,10) ct n. 136); (2) la formation d'un syntagme ou d'une phrase par juxtaposition de mots (passim); (3) 3 un ouvrage, ov a un expose formant partie d'un ouvrage (ef. § 93 (78,3), IL, §§ 141 (390,12). 187 (429,14), TV, § 22 (454,1)). Le sens (2), correspondant a Vobjet méme de la Syntaxe, domine massivement dans ce traité: je le rendrai par le mot ‘construction’ ‘en ferai autant pour le sens (1), dans lz mesure ob, comme on le voit ii, la 8 DE LA CONSTRUCTION ‘construction’ d'un mot par assemblage d'éléments et de syllabes sert de paradigme 2 la construction des phrases par assemblage de mots. L'étude révélant que ces assemblages sont normés, la notion de stintaxis tend & se charger d'une connotation positive et & désigner un assemblage correct, congruent (d’oi la trad. que j'adopte plus bas, § 2, pour tof kata suintaxin 16gou, i. “a phrase selon la Construction’: ‘la phrase bien construte’). Sur la ccomposante‘signfige’ du concept de simaxis, voir § 99, n. 224, 4. La notion de ‘congruence’, karallelétes, centrale dans la Syntaxe d°A. (le mot n'apparalt que rarement dans les monographies consacrées aux ‘formes’, est Gtrojtement solidaire de celle de ‘construction’. Dérivé abstrat de I'ad} datallelos, katalleldts signfie ala lettre la ‘convenance mutuelle" des parties dun ensemble le mot se préte donc bien & désigner la bode formation, avant tout sémantique (cf. §2 etn. 11; § 101 et n. 226), dun assemblage de mots, {'une construction (cf. Blank 1982:28ss.). Déja en usage chez les Stoiciens (cf- leur definition du solécisme, citée IT, n. 19), kadllelos et sa famille - 0X les formations privauives, désignant les fautes contre la karalll6ié, tiennent ‘une grande place ~ ont été d'un usage courant dans la litérature grammaticale pré-apollonienne. Blank, qui met bien la chose en évidence (1982:57), souligne chez A. la fréquence des emploisabstrats ~ substantifs karalelores, cakatallelér8s, akatallalic, adjectifs substantivés 19 kardlalon, 10 akatéllélon ~ ‘eta met en rapport avec le souci d'A. “not jut to point out or even to explain individual instances of irregularity, but io show what causes syntactical irregularity in general”. — La traduction que j'adopte de kazallalétes par ‘congruence’, terme insolite en francais (mais qui rappelle le sermo congruus des Latins et calque congruentia choisi par Portus éans sa traduction latin de IaS.), voudrait parer a la banalisation d'un concept clé de la théorie syntaxique d°A. (Pour une analyse plus approfondie du concept de “congruence”, cf Introduction 2.3.1.2.) 5.L'ad}. autotelés, que je traduis par ‘complet’, est hérité de la tradition lo- gique. Aristote, Top. 102 13, 'applique & une définition ‘autosuffisante” ddans lz mesure oi elle contient elle-méme tout ce qui est nécessaire a sa compréhension. Les Stoiciens, selon Diog. La, VII 63-64, en faisaient une epithets de leur led et l'opposaient dellipes“incomplet’; exemple de lekton incomplet: grdphei ‘i) ri’, car on se demande: qui?, de lekton auiotelés ‘Socrate écrit’. C'est done une notion d’autosuffisance sémantique qui est exprimée par autotelés. Epithate privilégiée de logos cher A., autotelés confére i légos, mot éminemment polysémique en grec, une détermination qui Jjustifie sa traduction par ‘phrase’ ~ que je retiens ici. Dans l'expression Ssintaxin eis katalléléita tou autotelots légou, la ‘phrase complete’ apparalt ‘comme l'objet par excellence dans lequel s'atteste la congruence qui régle opération de construction: ainsi ‘polarisée’, la construction des formes (1én ek toiton ginoménén sintaxin) dont A. fait objet spécifique de son ouvrage se donne d’emblee comme la mise en cuvre dune combinatoire sémantgue (Ci. 3,2: ‘la congruence des contenus de pensée') tout autant que formelle. (Considérations complémentaires sur Ia ‘complétude": Introduction 2.3.1.1. et Lallot 19963.) 6. La mention dans ce contexte programmatique de I'explication (exégesis) des textes postiques (poiémata) met d'emblée en évidence que, pour A. comme NOTES DU LiVRE 1 9 pour Denys le Thrace, son prédéesseur de quae sitles, ln grammaire technique se conoit toujours comme une dsciline anlage dese te ce et ya pour bet pcp eae mas Gel owe ets aon fete eae das gu spose: bongs 7. Swibheta, designation, bien abl a ‘ designation, bien able au moins depuis Plato, det lees de alphabet evou des sas qu'les nen; rise, Pod ese 24 sens "tsment comme son vet indivisible. Cete nisi amerar ce it “qui éehappe aa parton’ signe les Siemens comme ies constr lies de toute ent lingustquecomplens don il son emma remit’. Ax (1986-285) solige que nods devens aoe na aes a Abrégée de Ia deiniion aollontenae du stikelon coasts pe es aires cetedfinton put eve econstite avec une crane pba le coupement de dvr tenoigages Pande, Gaza sch ene, gut It matte premibre et inisble dea vor humaise™ Chg ie ammaiies, I mot soitheon ex onous mis ea rapposymarrcies tne ots ‘ge pontine nae oa an ne me caractéistigue de I''lementalpabsique er Tecios See Gh, 6.6/8 L), Pour An ordre augue! les flzmens doient lar oe ore aytagmaigue foie sur sees dee cnsouton (don ead ee as el el egal ST apn rel erm on ne ccs ae oe ed a. tn Gul vec elmer ape Cet re ont oe a Sas OST asu ae Conus monn re ea tne Sa angi Dt cao a's sien chao me unc ttn Tce ae ae mete comme (cf. ak6louthon, 28, traduit par ‘dans la méme logique") none prnepe See denn tm mea enone cde comme pare dela pase, mero io ligase ee fea ante he il Rr te es toch ate aerate mae ae tte ha a Se dc anne i mot SNe Senne pace ony Meee ei it i tia met is ae sage fer ere on tp paca Lambe Sista cant a 10 DE LA consTmUCTION présence de l'article 10d devant 16gou était étroitement comrélée, chez A. et chez Hérodien, & la détermination de méros lui-méme par un article (les trés fares contre-exemples sont, A tort ou 8 raison, éliminés par les éditeurs, que je Suis sur ee point: ef. 461,1; 482,7; 491,9]. On peut etre tenté de mettre cette ‘éparttion en rapport avec la “régle’ énoncée par A. au § 140 du I. 1: cf la 1.297 ad loc.) 10. To ex hekdstés Iéxeoe paruphistdmenon nosién. La phrase n'est pas seule- tment un assemblage de mois, ou pluto, étant cela elle est plus spécifiquement tune totalité sémantigue faite de assemblage ordonné des signifiés associés Aux mots. Le terme nogtén, “contenu de pensée’, qui se lit ois fois dans ce §, ne réapparaftra pas dans laS.; son emploi n'en est que plus remarquable: en ‘bonne partie redondant aux cbtés de paruphistémenon ‘signifié conjoint” (ici le signifié global du mot; pour un emploi plus spécifique ~ et plus fréquent ~ ddece terme, voir lan, 62), iL solennise en quelque sorte I'apparition du sens aut niveau du mot comme partie intégrante de la phrase. Il marque aussi, au seuil ‘de Touvrage, que la théorie de la construction est de plein droit une théorie Ssémantique, Nuchelmans (1973:93) souligne avec raison dans ce texte 1a fexibilité du terme Jégos, dont le sens osclle entre celui de ‘pensée exprimée" (est & elle qu'appartient ou non la complétude) et celui de ‘construction jcale exprimant une pensée, phrase’ rede (1987 {1977]:384s.), Blank (1982:30ss.), Sluter (1990:43-46) ont cchacun leur fagon atti ['atention sur le fortes connotations stoiciennes de e§ programmatique, Frede en particulier suggére que, moyennant la substitution des lektd sioiciens aux noetd d°A., les remarques d'A. se laissent aisément traduire en langage stocien: “In translation, Apollonius would say corresponding to each word there is an element in the lekron; in putting the ‘words together we put the elements of the lekzon together, 'e., construct a Tekion. Whether Wwe get a syntactically proper sentence depends on whether the lelion we construct satisfies the symtax ofthe leka.” L'exercice auquel se livre ici Frede est doublement révélateur: il met en Evidence tout & la fois la tradition stoicienne dans laquelle s‘inscrit la syntaxe d'A., et la distance {qu'instaure le grammairien entre son point de vue et celui de ses modes en ftbandonnant le lektén qui ait au cer de leur doctrine pour lui substiuer un ‘autre terme... qu'il n'utlisera plus dans son ouvrage. Pour importante que soit la dette - parfois avouée, cf. C. 214.2 ~ de la grammaire apollonienne envers [Panalyse linguistigue stoicienne, on ne saurat en conclure que le grammairien est lheritier fidéle, et docile, des philosophes: sur latitude fondamen- talement indépendante d'A. & I'égard des analyses linguistiques du Portique, cf, P. 630; 9,1; C.2138: 1, §S0 (etn. 142); IIL, § 155 (et n. 370), § 187 (etn. 453), Pour caracténser, d'un point de vue plus général, la position ¢”A. ‘par rapport 8 ses sources stoiciennes, je retiendrai "heureuse formulation de Sluiter (1990:40): “Far from being a Stoic philosopher doing technical {grammar as a sideline, Apollonius is @ grammarian whose work is based on Scientific principles which happen to be philosophical in origin” 11. Coute demnigre phrase met bien en évidence le double statut du mot 1) segment phonique engagé dans la concaténation (epiploke) comme I'éiaient vant lui les éléments, pus les syllabes; 2) porteur d'un sigifié engags dans une construction réglée parla congruence, c-i-d. parla convenance mutuelle ores DU Live 1 a des signifigs concourant & former lentité sémantique complete qu'est la pirate (On touve une bonne analyse de ee 2 dans Lambert 19ES119.122) 12. En grec: ek tin parepoménon, expression de Sens assez vague: ‘d'aprés ce qui arrive’. Mais les §§ qui suivent (311) sont exelusivement consacres a des phénoménes daltération’, athe le mot appara au début du § 5). Les athe sont, en grammaire, les accidents qui altgrent une forme réputée normale sans affecter son sens: cf. *4, $30. Sur la ‘pathologie’, qui propose par Langs). L'imporant et de not gun ctempe ie de nyse Se pee compoe eens oe termes de Wet, ce gu, pourun moder, pss ope et ses Tanne De as thos Ser pus Cones rennet Soto qh avatn ang aver soins vac de wen or Ota, pee Setiinata eh hal “popostens san simples gee ae "persis 6£ Dog. La. VIT173 bes amination Ate Cota Gin pal ou wae us cooncton) resem Cette Senge ano en on exclu logis Das fas dy igenen eens Fen nonmdnon des Sens ots ise casa Canc eta, condone pg (fa or, y's ante’) es seats fet ten inden as gel spun eos Shriya prtnente que le ves oe vee cnseee e iret (Sh Tectne 383); on owes Ef es cbserenionspplinuce ax caus Aen pus dott Asa ee gusto da pre pre des Conoco oar ra res Seppo de grammainon i logge. Bay Debonee SB ‘te Rt ow tect pthc in| sat asec sean por A essen 6 ir noaseaon ct u'en tn ge oan ‘signifiés il est mal construit.”) eee eee 37-0 ners gu. ppgn le notion de “be propenen cte a eu nova weaigie~ dipanmatqne iota ylabs lv” Foencar sna igh ayant aun nfluene nr Is actos stamina Ses example Adee (t api gue hema onepa Ses 385 fur tian eon lemon ge eae aioe vay eon eye Daves dae ge Se iit bi, 0a); ase trae een eee St G25 le segment monospibigue vam ou apts Gatien oe ne Dottie (tends gu as ese drama an 34: Les cing exemples onnés dane ce dabut de cosntent ex copes de formes ates concanemment crete de pgs Bea shen es gers tras ln) eg dn pr ae Bae, 16 DE LA CONSTRUCTION ‘voyelles contigués: soit monosyllabique (par contraction ou diphtongaison), soit disyllabique. Je symbolise par une flache Ie sens du processus signalé par ‘A. mais on prendra garde que cette fléche n’indique pas une évolution historique’ les granamairiens anciens sont & peu prés totalement insensibles ‘aux évolutions historiques de Ia langue, et leur attitude de base, en face de ‘deux formes concurrentes, est de présenter Ie forme rare comme résultant synchroniquement d'une altration de la forme plus courante (le plus souvent, Ja forme usvelle en Koind). Faut-il préciser que, cette demiere étant, dans la quati-totalité des cas, une forme évoluée de l'autre, les propositions, fréquentes, du type “kilos vient de koflos par altération” (Hérod. Ip. 162,14) sont & peu prés toujours fausses historiquement: en fait, elles n'ont jamais eu la prétention d'@tre vraies dans ce sens-la. (Sur ie (non) rapport du grammairien grec & Ihistoite, voi Lallot 1989182.) Dans les exemples cités ici, il se uouve que bélea -- bélé contredit la regle générale que je viens énoncer: la forme courante est béle et c'est pourtant elle qui est donnée comme le produit dune altéation. Cette présentation, qui est également celle {es Canons de Théodose pour toute la flexion des neutres en -os (GG IV 1, 1. 35,243; ef, Cheeraboscos, ibid, p. 359,8), s'explique non par l'histoire, ‘ver laquelle elle se trouve par hasard éure en accord, mais par la théorie aanalogiste de la flexion des neutres selon laquelle la désinence de nomin -acc. pi doit étre uniformement -a. (On ferait des rélexions analogues, quoique un peu plus complexes, sur le couple géral » gérai d'aprés les données de ‘Théodose, Le, p. 35,955. e£ Charrob. 1, p- 253,205.) 39, Si ’on se demande ici sur quel crtére (impliite) repose le diagnostic de dissociation ou de regroupement, on observe que les deux formes illustrat le regroupement sont ce que les modemnes (Meillet-Vendryes, § 632) appellent, ‘par opposition aux composés, des ‘juxtaposés’: leur particularté, d'avoir ‘comme premier terme une forme fléchic (pdsi et kéressi sont des datifs existant comme mots autonomes) qui garde dans le mot unifié la fonction sémantico-syntaxique qu'elle avait dans le syntagme, rend évident le fait qu'il ¥.a.eu univerbation (huph’ hen) ¢'un syntagme (signalée graphiquement par le Giacritique justement appelé Auph’ hen, lt. ‘en un’, notre “trait d°union’) pasimélousa = pasi mélousa, épithete célebre du navire Argo, ‘objet ’intéét pour tous’, keressiphoréious = kéressi phor2ious “livres aux Kéres (2) ‘Mais, en raison méme du caractere fléchi du premier terme, les srammairiens nadmettaient pas unanimement la lecture en un seul mot; en I'adopiant, A. s‘aligne sur la position d’Aristarque. Quant aux composés comparés @ un ‘yntagme plus ou moins synonyme et présentant les mémes éléments lexicaux = akropolis‘acropole’ » pélis dkré ‘ville haute’, kalltkhoros ‘aux-beaux- espaces-de-danse’ -» khordi kalé “belle & la danse’ (le toisitme exemple est arrangé par les éditeurs) — leur forme en fait des composés incontesiables, bien intégrés 3 la morphologie grecaue, tandis que les formes analytiques sont ‘senties comme des réecritures Occasionnelies,sinon artificilles 40. Traductions-calques des termes techniques sunémménon ‘systzme condi: tionne!” (conjonction si, cf.9,6)), parasunemménon ‘sysiéme inférenticl’ (conjonction puisgue) et sumpeplégménan ‘ensemble couple” (conjonction ef) = twois types parmi d'autres de ces axidmara outh hapld recensés par les ‘Stoiciens, tous caractérisés par l'unification de deux (ou plus de deux) phrases simples & T'aide dune conjonction (sindesmos). Pour le grammairien, 1a [NOTES DU LIVRE 1 ” présence des conjonctions pour lier les phrases successives constiue la norme, ‘Comme le montrent I'exemple qui sut et sa paraphrase; I'asyndte, lt. “non conjonction’, qui introduit une ‘solution de continvité” (didlusis) dans un ensemble demandant liaison, représente un écart qui doit étre relevé (Gf §§ 107 et 143, avec les notes 238 et 305). 41 Les deux formes du nom du ‘cur’ sont bien atestées. On ne peut en dire autant de péskos et sképos, qui sont A peine atiestés (le premier une fois dans Nicandre, Ther. 549, au sens de ‘toison’ le second est un mot de glossaire); en les rapprochant ~ sans doute arbitrairement ~ les grammairiens se donnent ‘un bel exemple de mobilité des phonemes, 42, La formation de exaiphnes est éudiée IV, §§ 73-74; il n'est pas facile de préciser en quoi consiste ls transposition sllabique entre les deux formes. La chose est au contraire tes claire dans I’exemple suivant, pour peu du moins qu'on accepte de syllaber ér-or-en /ér-or-en. 43. Les deux vers d’Homére illustrent la figure de I'hypetbate (huperbatds, ‘huperbibasmés). Mais les scholiastes de la Techné (Sch. Techne 103,18: 285,10), traitant des mEmes exemples, contestent qu'on ait le droit de parler fe désordre discuss (atdkids kateilegména) parce que les verbes dans la phrase ne se succdent pas dans le méme ordre que les ations : ordre (tdxis), Gisent-ils, n'est pas pertinent dans le cas d'ensembles couplés par coordination. Cette position, qu a évidemment son origine cher les logiciens ~ pour qui rien ne différencie p er g de g et p ~, a toutes chances d'avoir 66 celle ¢'A. lui-méme dans les Conjonctions (dont la partie sur les copulatives est perdue). Mais autre es la logigue pure et ses conditions de verte, autre la Jogique du récit qui tend a calquer la succession des verbes sur celle des actions ; A. pourrait bien avoir été, selon les lieux et les moments, sensible & une comme & l'autre. Il ressort d'une schol &I'liade (b ad I. 32.468) que le vers 12.134 de 'Odyssée devat re, chez les homérisants alexandri, une sorte de paradigme de lhyperbate narrative. 44, Le texte gree n'oppose pas en termes expres Gnonciation (rhérat eis’) & prononciation (ékhei rherén rén ekphdnesin). Jajoute ‘seuls'd'apres Ia suite: kar’ idian (13,9). On observers qu’A. adopte ici une position plus sémiorique gue proprement syntaxique: en termes de syntaxe, I'unité minimale susceptible d’ére énoncée seule, en tant qu'elle exprime un sens complet, est Je couple propositionnel Nom + Verbe (§ 14). Ce qui est envisagé ici est bien plus, opposée & la déficience sémiotique des parties de phrase dites ‘consignifiantes’ (prépositions, anicles, conjonctions), quelque chose comme Vautonomie sémiotique des autres parties de phrase, qui leur permet, par exemple, d'étre énoncées seules dans une réponse: “Qui est venu? — Dion / Celui-ci', “Qu’a fait Dion? — (Il) parle", “Comment a-il parle? — Bien” Ricn de tel n'est évidemment possible avec une préposition, un article ou une conjonction. Ce point de vue sur les parties de phrase est directement henté de Ja tradition philosophique péripatéticienne: on pourra s'en convaincre en ‘comparant & notre texte Ammonius, In Ar. de int, p. 11,8-12,15 Busse (trad. Iidefonse & Laliot 1992:14s,). 45. En régle générale, l'adverbe doit se ratacher & un verbe et ne peut done s’employer seul. Cependant, dans le cas de 'exclamation (epiphihegma, ep hingsis), oil est cens€ s'eppliquer directement &l'action en cours (et non & 18 DE La consraucTion ‘son expression linguistique par un verbe), il peut étre énoncé seul (ef. A. 121,1485,). On notera ii l'expression epilégetai tais ginoménais energeiais ‘s'appliquent aux actions en cours’, exactement paralléle & celle qui figure dans la définition dionystenne de Iadverbe: epilegmenon rhemati ‘appliqué ‘au verbe’ (Techné 72,5 U= ch. 19.2 L): lorsqu'l y a exclamation, l'action en cours occupe la place symiaxigue du verbe. (C'est en référence & une telle ‘description de I'exclamation qu’. jusife (A, loc. cit) le rattachement aux adverbes des mots que nous rangeons dan les interjections.) 46. Le fait de consignifier (sussemainein) a évidemment 2 voir avec 'Mimpossiilité de employer seul, mais (malgré Schneider, Comm. 226) ne se confond pas avec elle. La consignification est le fait, pour un mot, de se spécifier sémantiquement en fonction de son contexte d'emploi: cela ressor. clairement des exemples qui suivent. Voir aussi le passage des Conjonctions (222,12) ob, entre aues arguments prouvan le staat de conjonction de é "ou" opposé au statut adverbial de la négation oi, A. écrit: hoi stindesmoi sussimainousi, autsthen dé asis tb déloiimenon prophants élhei “les conjonctions consignifien, tandis que la négation présente d'elle-méme tun sens vident”. Sur la consignification de la préposition avec le cas régi, cf.A. 182,21: ‘la préposition prend un sens particulier en se juxtsposant & chacun des cas 47. Les conjonctions oat des valeurs propres (idias dundmei, mais le contexte joue un role pour les séiectionner ou les spécifier. Sur le probléme de la Consignification des conjonctions, voir If § 124, n. 290, Baratin (1989:42-45) ct Lallot (1989:235), Le verbo paremphainein, traduit ici par ‘ajoutent (des valeurs)’, signifie proprement: ‘manifester (emphainein) matginalement (para-y’ A ce tite il est appliqué techniquement aux formes qui, c6té d'une signification principale, en connotent une autre (Thierfelder 1935:20 rend arémphasis par ‘Nebendeutung"): P.11,28; S. 41,15; 94,1, 9 et 11; 2484; 326.1; ef. 482,2 etn. 149 ad loe.; de maniére un peu plus Icke, il peut avoir pour objet le Signifié principal de mots grammaticaux ~ consignifiants — ‘comme les prépositions (*4. 204,22) ou les conjonctions: c'est le cas ick 484,12; i peut enfin arriver que la valeur du puéverbe para- sot iotalement estompée: "A, § 28 etn. 61. Sur parémphasis et les mots de cete famille dans Ia S., voir Caujole-Zasiawsky (1978) et Van Ophuijsen (1993:765ss.); sur la proximité sémantique entre parémphasis et paruphistdmenon, v. ci-apres 1, 62, —L'exemple état néos estn & palaids est un arrangement dll. 14.108 # néos &2 palaiés: n'est donné, avec les mots qui I'introduisent, que par les mss C et B: il mangue dans le ms A eta 4 rajouté par un correcieur dans L. Si Apollonius (qui cite exactement le texte d'll. 14.108 en C. 219,20) ne I'a as éerit lui-méme ic, il ne peut s’agir que d'un oubli, puisque son propos iat ¢illuster la variation sémantique de étoi en fonction du contexte, et que les mots Adte sumplektikds mén “caniOt comme copulatif’ (14,6) Font ‘Svidemment atendre une site 48.1, §§ 28-32, 49.1, § 33; of. 1, 98 $4.55. 50. Pour les §§ 13-29, la présente traduction et plusieurs des notes qui ascompagnent sont largemient tibutaires de Lallot & Lambert (1985) Nomes BU LVRS 1 51, Cest pour A. un axiome intangible qu'un ordre rationnelrégue dans la Jangue, et plus spécialement encore dans les “dscours” ues particulier que sont les listes éablis par les grammuiens ~ & commencer par cel des Jeaes de I'alphabet.Le ton qu'il aopte dans ce §, en méme temps que Tin tention qu'il y annonce de rédiger un recuel sur la question (I'l amas fait, nous n’en savons ren), monte quel pont il prenait ce preblome au sérieux. — L'ordre des partir de phrase dont i ve rendre rigon dan let 48 qu suiven n'est cependant pas fe seul qu ait egné: s'est le meme que celui dela Techne (qura bin des chances en fit ene fare que consgney Ia doctrine apollonienne), les papyrus grammaticaux des quate premies sitles de notre bre recensés par Wouters (1879) atestet d'autres cssement (iy 8 ‘manifestement eu un ordre concurrent das lequel le vetbe, au leu de suivre immédiatement le nom, prenat place apres la sce des easels: ef P, Yale 1.25 = 1W. (e's de fe), 26, ete silent, PAmhe 3.21 = 14°W (debut 4°), L’autorit dA. a sans aucun douterefoulé les arguments de ceux gut Plaidaicnt en faveur de ces classement, eta fortiori ceux des mal-pensasts Gui ne eroyatent pas du tout & ore. 52, Extin ot he téxis mimma toa autorelos 1jgou. I n'est pas aisé de se Teprésenter ce qu’A. avail exactement en téte en Grivantcete phrase. En quol Vrordre des panties du discoure qu'il va présenter ~ nom, verbe, parispe, acl, pronom, preposition, adverb, conjnction ~ peull Ere dimer (nina) ia phrase complete? va sans dite qu'il est possible de faite une Dlrase grecque ob se sueoéderaint un exemplaire de chacune des huit parties de phrase prises dans cet ordre. Quant a phrase qu'A fabrque hucindnsd toutes pitees dans les lignes qui suvet pour illustex son propos, i saute au ‘yeux quelle n'est nullement travaillee de fagon& se rapprocner tnt som pet de ordre de la liste: le nom n'est méme pas en tte ete vetbe et ala hn, Lambert (1985) a suggére que lordre“imité parle liste, ne pouvant tre linéaire, etait un orere structural, mettant en jou Variculaton de toss “domaines,respectivement ceux di nom, du vebe et dela conjonction, Pat smoi-méme allot 1986) risqué Vhypothtse que eat le principe ‘ordre, osUlé pour tout gos bien formé, gui devai se reutouver, mutate mute dans Ia liste ~ cette dernitre cant waitée comine une ‘métaphrase™ dans laquelle Vordre des termes constwe un principe dvntlligibilte, Blank (1993:716), malgré ses serves mon égard(n 30), me para défendre une position inspiration assez veisine dela mienne? “He (sil Apollonius means thatthe relations of logical precedence and subsequence involved in the construction ofa sentence and leading to is completeness are the some fe toe responsible forthe order of thelist ofthe pats of speech: subwlance precedes a state of substance ets." Je ne vis simplement pat clairement comment Blank pourra développer son “ete 53. La notion d'achévement est exprimée par un verbe qui signifie“fermer* Goatleiera): 2 Vide dastonufteance inerte Jane cntureien adel pat ‘complet’ (cf.n. 5 ci-desus), s'ajoute done ici celle de clare’ une phrase ccmplate est une phrase ‘bovclée" qui ne fait place aucune bance, ne pas juverte sur aute chose. (Sur le rapport enue la phrase, conse comme complete et close, et la conjonction,définie par son rapport ai vide, 1 la beance hethends), cf allot (1989252) et ma n 56) Le que la préence

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