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DSCG UE 1 - CHAPITRE 3 - L’ENTREPRISE ET LA

CONCURRENCE
La grande majorité des E évoluent dans un milieu concurrentiel, de compétition, qui trouve sa plus forte
manifestation juridique dans le principe de la liberté du commerce et des prix.
Aussi, le droit intervient-il, d’une part :
 pour protéger le marché, en assurant les conditions d’une concurrence saine et non faussée
 et, d’autre part, pour protéger les concurrents les uns contre les autres.

SECTION 1 : LES CONCENTRATIONS D’ENTREPRISES


On peut définir la concentration, au sens commercial du terme, comme toute opération juridique tendant
à créer une unité de décision entre des E autonomes, dans le but d’en accroître la puissance économique.
Afin d’éviter des abus et afin d’assurer l’effectivité d’une concurrence, un contrôle des concentrations est
opéré. Il consiste en l’examen, par une autorité publique, du rapprochement d’E, jusqu’alors autonomes,
susceptibles d’accroître une position économique sur un marché et supprimer ou réduire corrélativement
le caractère concurrentiel d’un marché.
 Le contrôle est exercé a priori : il vise à autoriser ou non (ou à autoriser sous condition) une opération de
concentration qui n’existe pas encore. Ce contrôle est d’autant plus notable qu’il s’agit de l’un des rares
contrôles a priori exercés par les autorités publiques sur les activités des E.
 Le contrôle est effectué par le droit interne (Autorité de la Concurrence pour la France) et par le droit
communautaire (Commission européenne de Bruxelles).

A : LES CONDITIONS DU CONTRÔLE DES CONCENTRATIONS


 Quelles E ? le contrôle des concentrations porte sur tous les types d’activité économiques ; la présence dans
l’opération de contrôle, d’au moins une E publique, n’empêche nullement le contrôle.
 Quelles opérations ? sont concernées les opérations de :
 fusion par absorption, par création d’une société nouvelle (pas une fusion au sein d’un groupe)
 prise de contrôle d’une E par une autre E (par le biais de prise de participation au K, achat d’éléments
d’actif …bref l’exercice d’une influence véritable).
 création d’une E commune autonome en contact direct avec le marché.
 Les seuils ? le droit communautaire comme le droit français prévoit des seuils de contrôle en volume de
chiffre d’affaires réalisé. Ces seuils ont une double finalité :
 au-delà des seuils, la concentration est contrôlée.
 ils délimitent la compétence des autorités communautaires et nationales de contrôle :
 Si la concentration est communautaire, seules les autorités communautaires sont
compétentes.
 Si la concentration est réalisée en France, c’est l’Autorité de la Concurrence
# Les seuils français ( L 430-2 Ccom)
 les E concernées réalisent ensemble un CA mondial global, hors taxes, > 150M€
 2 de ces E au moins réalisent ensemble en France un CA, hors taxes, > 50 M€
# Les seuils européens (règlement européen n° 139/2004)
 les E réalisent ensemble un CA mondial global > 5 milliards€
 2 des E concernées au moins réalisent individuellement un CA > 250M€ au sein de l’Union
européenne
 aucune des E concernées ne doit réaliser plus des 2/3 de son CA européen à l’intérieur d’un
seul et même État (pour vérifier le caractère réellement transnational de l’opération càd que ça dépasse bien le
cadre national).
Le règlement communautaire de 2004 prévoit la méthode de calcul du CA :
 doivent être déduits la TVA et les autres impôts directement liés au CA
 le calcul du CA prend en considération des comptes vérifiés établis selon les normes comptables
en vigueur au jour de leur établissement.
=> Les seuils visent donc des E de « grande taille ». Aussi, le règlement européen a prévu d’autres critères (au
nombre de 5) plus souples si le projet ne remplit pas tous les seuils, le contrôle aura quand même lieu au niveau
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européen car même si le projet ne représente pas de danger pour l’UE, il peut affecter le(s) pays concernés au
niveau de la concurrence.

B : LA PROCÉDURE DE CONTRÔLE DES CONCENTRATIONS


Pour faciliter les contrôles, est instauré un système de guichet unique visant à orienter correctement les
dossiers vers la procédure communautaire ou plutôt vers la procédure nationale en fonction des seuils atteints.
 Et notamment, la dimension communautaire d’une opération exclut la compétence des autorités
nationales
 Si un projet est présenté à Bruxelles et finalement ne remplit pas les critères européens mais
nationaux, Bruxelles garde le dossier pour traiter les 3 dossiers par exemple (si projet entre 3 E
par ex) de la même façon plutôt que chaque E présente dans son pays son dossier.

 Le projet de l’opération de concentration de dimension communautaire doit être notifié à la


Commission européenne (Bruxelles). Une 1ère décision de la Commission portant sur l’ouverture du contrôle
doit être rendue 25 jours ouvrables (environ 4 semaines) à compter du lendemain de la réception de la
notification. Lors de cette phase 1, il y est jugé que :
 l’opération ne relève pas du règlement de 2004
 elle relève du règlement mais ne soulève pas de doutes sérieux quant à sa compatibilité avec le marché
commun (elle est déclarée compatible)
 il existe des doutes sérieux quant à sa compatibilité et, en conséquence, la Commission engage la
procédure de contrôle proprement dite (phase 2) car l’opération doit être expressément autorisée. Les
parties reçoivent alors communication des griefs.

S’ouvre alors la phase 2 :


Lors de cette phase, la Commission doit se prononcer dans les 90 jours ouvrables, voire 125 jours sur
accoord des parties. Elle juge alors que la concentration envisagée est :
 compatible avec le marché commun,
 compatible avec des conditions
 ou incompatible.
Pour décider s’il y a lieu ou non de s’opposer à une opération de concentration, la Commission fait une sorte de
bilan avantages/inconvénients en tenant compte de la nécessité de la concurrence effective dans le marché
commun
Ex : La Commission a refusé en 02/2019 la fusion d’Alsthom et de Siemens car cela serait contraire aux intérêts des consommateurs.

 L’opération de concentration française doit être notifiée à l’Autorité de la Concurrence à Paris.


Phase 1 : L’A de la C, qui doit elle aussi se prononcer dans les 25 jours ouvrés, peut prendre 4 types de
décision :
 l’opération n’est pas soumise à son contrôle
 l’opération est autorisée
 l’opération est autorisée mais aux parties de prendre toute mesure propre à assurer une concurrence
suffisante ou en les obligeant à observer des prescriptions de nature à compenser les atteintes à la
concurrence.
 l’opération de concentration est incompatible : s’ouvre alors la phase 2.
Phase 2 : l’A de la C a 65 jours pour se prononcer.
Elle peut décider que le projet est :
 possible
 accepté avec réserves (car il y a des atteintes à la concurrence)
 interdit.
Ex : en 09/2012, l’A de la Concurrence a autorisé le rachat du groupe Flammarion par Gallimard
Ex : en 11/2012, elle a autorisé Eurotunnel à prendre le contrôle de certains actifs de SeaFrance (transporteur maritime qui a fait
l’objet d’une liquidation), mais avec des conditions concernant les prix proposés aux clients pour assurer une bonne concurrence avec
les autres transporteurs locaux
Ex : en 07/2013, Casino est autorisé à prendre le contrôle de Monoprix sous réserve d’engagements structurels.

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RMQ : A titre exceptionnel, le Ministre en charge de l’économie peut évoquer une affaire lorsque celle-ci revêt
une dimension stratégique. Il pourra ainsi passer outre la décision de l’Autorité de la Concurrence en adoptant
une décision motivée par des raisons d’intérêt général.

SANCTIONS :
 Non respect de l’obligation de demander une autorisation préalable à l’Autorité de la
Concurrence, s’exposent à une amende de 5% du CA HT réalisé en France, lors du dernier
exercice clos (1,5 M€ pour les PP)
 Les Stés qui entrent dans le cadre de la dimension européenne et qui ne respectent pas la
procédure s’exposent à une amende administrative de :
o 1% CA total en cas de renseignements donnés faux
o à 10% CA total en cas de non-respect de la procédure
La commission peut aller jusqu’à prononcer la dissolution de la concentration, sous astreinte si nécessaire.

SECTION 2 : LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES


I : LES ENTENTES
Certaines ententes sont prohibées et lourdement sanctionnées car elles n’ont qu’un but : produire toujours plus
d’argent sur le dos du consommateur ; d’autres sont, par exception, justifiées.
A : LES ENTENTES ILLICITES
Au niveau français : Une entente illicite est une concertation qui a pour objet ou pour effet d’entraver le
jeu de la concurrence sur un marché pertinent.
Au niveau européen : Une entente illicite est une concertation qui est susceptible d’affecter le commerce
entre états membres et qui a pour objet ou pour effet d’entraver le jeu de la concurrence sur un marché
pertinent à l’intérieur du marché de l’UE.
1) Les formes de l’entente
L’entente doit intervenir entre entreprises autonomes et concurrentes.
La notion d’E est entendue largement : une entité exerçant une activité économique, quel que soit son statut
juridique.
Sont visées par l’interdiction toutes les formes d’accord : ententes, coalitions, engagements, clauses
contractuelles, décisions d’associations d’entreprises ou de GIE, accords tacites (pratiques alignées) ou
express (contrat signé), accord verbal (gentleman’s agreement), …
 Il peut s’agir d’un OK, d’un contrat entre concurrents et entre non-concurrents.
Ex : l’Autorité de la Concurrence a sanctionné 7 syndicats de médecins pour s’être concertés sur l’augmentation du tarif des
consultations (amendes de 34 000€ à 220 000€ en tenant compte de la gravité des comportements en cause, de l’importance du
dommage causé à l’économie et des circonstances propres à chaque organisation ainsi qu’à ses capacités financières).
Ex : l’A de la C a sanctionné en 02/09 Adecco, Manpower, Adia et VediorBis pour s’être concertés à plusieurs reprises sur la
tarification à adopter à l’égard de gros clients comme la Poste, EDF, Alstom … (Manpower = 42 M d€ d’amende, Adecco = 32,5 et
VediorBis = 18,2 et Adia = 1 ,7 Md’€).

 Il peut s’agit d’un groupement constitué en vue de faciliter ces ententes


Ex : en 12/08, l’A de la C a sanctionné un cartel dans la sidérurgie : 11 entreprises (dont Descours et Cabaud dont le siège social est à
Lyon) et le principal syndicat de la profession, la Fédération de Distribution des Métaux (FFDM), pour avoir mis en place – entre mi
1999 et mi 2004 – un cartel de grande ampleur portant sur les prix, les clients et les marchés. Ce cartel fonctionnait grâce à l’action de
« parrains » et de « pilotes » qui agissaient sur tout le territoire national, lui-même découpé en 11 régions, avec à leur tête un
« président ». Les E qui ne respectaient pas les accords faisaient l’objet de « sanctions » pouvant aller jusqu’à l’exclusion temporaire
de ce cartel.
Groupe Arcelor Mittal a eu une amende de 301 780 000€, la Sté Ferren Fers = 100 000€.
 Un appel a été formé devant la CA de Paris qui a réduit de près de 90% le montant de ces amendes !!
Ex : L’autorité de la Concurrence a sanctionné en 06/09 19 entreprises de déménagement pour s’être entendus sur la production de
devis de complaisance en vue de fausser la concurrence sur le marché des militaires.

 Il peut s’agir d’une action ou d’une pratique concertée càd l’hypothèse où les E ont adopté le même
comportement sciemment : en augmentant par ex les prix au même moment du même pourcentage.
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Ex : SFR, Bouygues et Orange + facturation dès la 1ère mn et non la 1ère seconde : 534M€ à eux 3.
Ex : ententes entre les banques sur la tarification pour le traitement des chèques, entre vendeurs de lessives, d’endives, de farines (les
minotiers + le cours du blé qui ne cesse d’augmenter), entre les réparateurs de véhicules, … la FNAC, France Billet et Ticketnet se
sont entendus pour évincer un concurrent, Digitick, en s’entendant sur les prix qu’elles demandaient aux organisateurs de spectacles
pour commercialiser les places de spectacle (plus de 9 M€ à elles 3 ; les 3 ont reconnu les faits et ont obtenu une réduction de
l’amende).
Ex : 07/2021, la Commission européenne a infligé une amende de 273 M€ à BMW et de 502 M€ à Volkswagen pour s’être concertés
pendant plus de 5 ans sur le développement technique dans le domaine de l’épuration des émissions d’oxyde d’azote des voitures
diesel (et mentir ainsi au monde entier en affirmant que ces voitures étaient « propres » !)

2) L’objet de l’entente
Sont illicites les ententes ayant pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu
de la concurrence.
Les moyens utilisés peuvent être :
 le fait de limiter l’accès au marché par d’autres E (notamment nouvelles)
 le fait de faire obstacle à la fixation des prix par le libre jeu du marché en favorisant
artificiellement leur hausse ou leur baisse (lessives, endives …)
 le fait de limiter ou de contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès
technique
 le fait de répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement
Ex : fixation de zones de ventes réservées à chacune des parties, boycottage d’une E …

B : LES ENTENTES LÉGITIMÉES


Une entente réunissant toutes les conditions examinées ci-dessus peut faire l’objet d’une exemption, càd être
exceptionnellement autorisée par Paris ou Bruxelles.
1) Les exemptions catégorielles
 Le droit communautaire prévoit que des accords ou des pratiques concertés peuvent être exemptées càd
autorisés par catégories
Ex : l’automobile, le fromage, le vin, … avec la crise économique, lourdes menaces sur ces biens !
 Le droit français quant à lui prévoit que certaines catégories d’OK peuvent être autorisés par décret,
après avis conforme de l’Autorité de la concurrence, lorsqu’ils ont pour objet notamment d’améliorer la
gestion des PME
Ex : dans le monde agricole, l’État français a autorisé les ententes entre professionnels agricoles ou sylvicoles (forêts) en vue de
promouvoir une marque, un label ou une appellation d’origine contrôlée (AOC en France et en Europe => AOP = appellation
d’origine protégée) pour soutenir leur activité « sinistrée ».

2) Les exemptions individuelles


Ce sont des exceptions accordées pour une pratique bien déterminée - ou une entreprise - qui, certes, restreint la
concurrence mais apporte un progrès économique.
 Le droit communautaire prévoit que les ententes sont exemptées si elles contribuent à améliorer la
production ou la distribution ou à promouvoir le progrès technique ou économique, tout en réservant aux
utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte.
 Le droit français prévoit que les pratiques anticoncurrentielles sont exemptées si elles permettent d’assurer
un progrès économique, y compris par la création ou le maintien d’emplois, et qu’elles réservent aux
utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte.

II : LES ABUS DE POSITION DOMINANTE


La domination d’une E sur un marché peut donner lieu à 2 types de contrôle :
 un contrôle a priori, celui de concentrations (déjà vu)
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 un contrôle a posteriori, celui des abus de position dominante par l’Autorité de la Concurrence
pour la France et la Commission européenne de Bruxelles pour l’Europe.
Le droit communautaire et le droit français interdisent et sanctionnent l’abus de position dominante. Ce dernier
peut toutefois faire l’objet d’exemption.

A : L’INTERDICTION DES ABUS DE POSITION DOMINANTE


Déf : Un abus de position dominante c’est une situation de domination dont il est fait une exploitation
abusive et qui a pour objet ou pour effet d’entraver le jeu de la concurrence sur un marché pertinent.
La position dominante d’une E sur un marché n’est pas sanctionnée en elle-même.
Seul l’abus de cette position est répréhensible.
Ex : la Mairie de Paris a, en 2011, demandé à l’A de la C de vérifier si Casino avec ses enseignes Casino, Franprix, Leader Price et
Monoprix dominent ou non le marché des supérettes et en abuse ou pas => Finalement, pas d’abus, pas de sanction.

Pour caractériser l’abus de position dominante, il faut établir 3 choses :


 être en position dominante
 abuser de cette position dominante
 cet abus a pour objet ou pour effet de restreindre le jeu de la concurrence.

1) La position dominante
 Définition de la position dominante
Le droit français et le droit communautaire ne définissent pas ce qu’est une position dominante. C’est donc dans
la JP qu’il faut chercher une définition.
La position dominante caractérise le pouvoir d’une E de s‘abstraire de la concurrence des tiers, le
pouvoir de faire obstacle à une concurrence effective.
Caractériser la position dominante d’une E consiste à mesurer son pouvoir sur le marché.

 Définition du marché
 La position dominante est appréciée sur un secteur géographique déterminé.
Ce peut être celui de la communauté européenne ou une part substantielle de celui-ci = le droit communautaire
s’applique alors.
Ce peut être le marché intérieur de la France ou une partie substantielle de celui-ci = le droit français est
applicable.
 L’appréciation de la position dominante se fait sur un marché de référence ou marché
pertinent (de produit ou de service).
Un même marché comprend tous les produits et/ou services que le consommateur considère comme
interchangeables ou substituables en raison de leurs caractéristiques, de leur prix et de l’usage auquel ils sont
destinés. En somme, la position dominante sera facile à démontrer si le produit ou le service commercialisé
n’est pas substituable à d’autres.
Ex : Coca cola n’est pas en abus de position dominante car on distingue le marché des boissons gazeuses (coca, pepsi, orangina,
schweppes …) du marché des non-gazeuses, des thés glacés, des boissons énergétiques …
Ex : marché des glaces sous conditionnement individuel (cornets) est différent de celui des glaces à consommation immédiate (boules
ou à l’italienne) ou encore de celui des glaces servies dans les restaurants.

 La notion de seuil
Dans le marché de référence, il convient de caractériser la position dominante. Pour cela, les autorités de
contrôle de la concurrence, interne comme communautaire, utilisent la méthode du faisceau d’indices comme
la renommée, l’impact auprès d’un public, les parts de marché.
L’indice des parts de marché est important mais doit être appréhendé avec précaution :
# Lorsque la part de marché est faible (< 50%), la position dominante est écartée.
# Lorsqu’elle est importante (≥ 50%) :
 soit il s’agit d’une situation de monopôle
Ex : monopôle du fait d’un brevet (botox par ex), monopole légal comme la SNCF avant l’ouverture à la concurrence, monopôle des
armes pour l’État, monopôle d’EDF/GDF avant l’ouverture à la concurrence, Navette aéroport Rhône’Express qui est la seule
=> la position dominante est établie (mais pas fautive/abusive pour autant)
 soit, il n’y a pas monopole et il convient alors de regarder l’évolution de la part de
marché des concurrents

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Ex : une E détenant un quasi-monopole peut ne plus être en position dominante si ses parts de marché diminuent par l’arrivée de
nouveaux entrants, ce qui montre qu’elle est soumise à la pression de la concurrence et c’est bien !
Exemple avec l’I Phone d’Apple et celui de Samsung qui est à égalité désormais.

2) L’abus de position dominante


Le droit communautaire et le droit français édictent des comportements pouvant constituer un abus de position
dominante. La liste n’est qu’indicative, non exhaustive.
D’une façon générale, l’abus se traduit par un comportement faisant obstacle à la concurrence en
empêchant les concurrents d’accéder ou de se maintenir dans ce marché pertinent.
Outre le seuil de 50% atteint ou dépassé (qui peut l’être sans aucune mauvaise foi Ex : Microsoft), l’abus de
position dominante peut aussi s’expliquer par des comportements répréhensibles comme :
 Le droit français (C.com., art. L.420-2)
- refus de vente
- ventes liées
- conditions de vente discriminatoires
 Le droit communautaire (traité, art 82)
- imposer de façon directe ou indirecte des prix d’achat ou de vente ou d’autre conditions de
transaction non équitables
- limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des
consommateurs
- appliquer à l’égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à des prestations
équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence
- subordonner la conclusion de Cts à l’acceptation, par les partenaires, de prestations
supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien avec
l’objet de ces Cts.
Ex : la commission européenne a prononcé, en 07/2018, une amende de 4,34 milliards (la plus importante à ce jour !) pour abus de
position dominante au sujet du Smartphone Androïd.

Ex : la commission européenne a condamné Google à 2,42 milliards € en juin 2017


Bruxelles lui reproche sa position dominante via son comparateur de prix « Google Shopping » : il détient plus de 90% des parts de
marché dans tous les pays européens et a, de ce fait, empêché les autres de se développer !

Ex : Engie (ex EDF) a été condamnée pour abus de position dominante sur le marché du gaz (L’E vend 77% du gaz fourni en France
aux particuliers) : 100 M€ d’amende en 03/2017. Engie puisait dans son fichier de clients détenu lors de son monopôle et proposait
des prix pas forcément attractifs ; Engie jouait sur son image d’ancien EDF …

B : LES DÉROGATIONS À L’INTERDICTION


 En droit communautaire, l’abus de position dominante n’est susceptible d’aucune dérogation, ou
exemption
Ex : Bill Gates a été condamné deux fois, et ce, malgré sa bonne foi.
 En revanche, en droit français, les exemptions sont possibles et obéissent aux mêmes règles que celles
des ententes (impact positif sur l’emploi, l’économie). A ce jour, aucune exemption.
La navette Rhône-express pour aller à l’aéroport détient dans son Ct une garantie de monopôle obtenu lors de
sa mise en place ; l’exemption, c’est après avoir constaté la situation.

III : LA POURSUITE ET LES SANCTIONS DES PRATIQUES


ANTICONCURRENTIELLES
Le système de guichet unique ne concerne pas les pratiques anticoncurrentielles. La Commission européenne
applique le droit communautaire. Les autorités de concurrences nationales – l’Autorité de la concurrence pour
la France – appliquent soit le droit français, soit le droit communautaire, selon que la pratique concerne un seul
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Etat ou le marché européen. De sorte que si la pratique concerne plusieurs Etats, plusieurs procédures parallèles
peuvent avoir lieu. Pour éviter la multiplication des procédures parallèles, la Commission a mis en place un
système d’information et de coopération entre les différentes autorités de concurrence.

A : SANCTIONS EN DROIT COMMUNAUTAIRE (Commission Européenne)


 Sanctions pécuniaires
Chaque E concernée peut se voir infliger par la Commission européenne une amende (qui n’est pas de nature
pénale) d’un montant max de 10% du CA HT mondial réalisé au cours de l’exercice social précédant
l’adoption de la décision. Le montant de l’amende est déterminé individuellement en tenant compte de la
gravité de l’infraction et de la durée de celle-ci.
Ex : La Commission européenne a émis des griefs à l’encontre d’EDF, en 12/08, concernant les Cts conclus entre EDF et les grands
clients industriels français. La Commission Européenne estime que les Cts pourraient empêcher les clients de s’adresser à d’autres
fournisseurs, réduisant ainsi la concurrence sur le marché (ces pratiques pourraient avoir rendu difficiles l’entrée et l’expansion des
fournisseurs sur les marchés français de l’électricité, après avoir rendu le marché de négoce d’électricité moins liquide).
Ex : La commission européenne inflige une amende de 1,06 milliard d‘euros à Intel pour avoir d’10/2002 à 12/2007 occupé une
position dominante sur le marché mondial des processeurs x86, détenant ainsi une part de marché d’au moins 70%.
Les E concernées peuvent faire l’objet d’une mesure de clémence, càd d’une exonération totale ou partielle de
la sanction en cas de dénonciation de l’entente illicite.
Ex : pour l’affaire BMW et Volkswagen en 07/2021, Daimler (Mercedes) a bénéficié d’une exonération pour son amende fixée à la
base à 727 M€ en révélant l’affaire.
La Commission publie certaines des décisions qu’elle rend, notamment celles infligeant la sanction pécuniaire.

 Nullité
Le droit communautaire dispose que l’entente illicite et la position dominante sont nulles de plein droit.

B : LES SANCTIONS EN DROIT FRANÇAIS (Autorité de la concurrence)


 Sanctions pécuniaires
L’Autorité de la concurrence peut infliger une amende (dont la nature n’est pas pénale) immédiatement ou en
cas de non-respect des injonctions. La sanction pécuniaire doit être proportionnée à la gravité des faits
reprochés, à l’importance du dommage causé à l’économie, à la situation de l’E et tenir compte de la récidive.
Elles sont déterminées individuellement pour chaque E.
 si le contrevenant n’est pas une E mais un particulier, une E individuelle = max 1,5 M€
 si le contrevenant est une PM = l’amende pouvant aller jusqu’à 5% du CA HT le plus élevé de l’un
des exercices clos depuis l’exercice précédant celui au cours duquel les pratiques ont été mises en
œuvre.
En plus de l’amende de base, l’A de la C peut ajouter 15 à 25% de la valeur des ventes réalisées afin de
dissuader les E de participer à un abus de position dominante (loi d’août 2021).
Ex : L’Autorité de la concurrence a, en 03/09, sanctionné Gaz et Electricité de Grenoble pour abus de position dominante sur la
fourniture d’électricité pour les petits professionnels => amende de 320 000€.
Ex : L’Autorité de la Concurrence, en 12/2018, a condamné des marques d’électroménager comme Bosch, Siemens, Candy,
Electrolux, Whirlpool … pour ententes illicites à près de 190 M € pour s’être concertées sur des hausses de prix de l’ordre de 20€ à
50€ sur des produits de base de l’équipement des familles en électroménager (frigos, fours, machine à laver …).

 Mesures de clémence sur la sanction pécuniaire


Exonération totale ou partielle de la sanction, sur décision de l’Autorité de la concurrence, si l’E aide à la
découverte des faits ou reconnaît les faits ou prend des mesures de réparation à l’égard des victimes de la
pratique (ne concerne que l’infraction des ententes).
Ex : l’A de la concurrence, dans sa condamnation des marques d’électroménager, a fait application d’une mesure de clémence à
l’encontre de plusieurs E qui ont reconnu les faits

 Nullité
La nullité de la pratique anticoncurrentielle est prononcée par les juridictions civiles. Les victimes ont la
possibilité de demander des DI auprès des juridictions et non de l’Autorité de la concurrence.
Ex : UFC Que Choisir qui a attaqué devant les tribunaux français Orange, SFR, Bouygues … au sujet de la tarification des téléphones
portables à la 1ère seconde et non la 1ère mn.

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 Injonction
L’Autorité de la concurrence peut ordonner aux intéressés de mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles dans
un délai déterminé ou imposer des conditions particulières (astreintes par ex).

 Sanction pénale (tribunal correctionnel)


Le droit français édicte une infraction pénale de participation frauduleuse, personnelle et déterminante à une
entente illicite ou à abus de position dominante = 4 ans et/ou 75 000€.
Cela vise uniquement la PP càd le dirigeant qui sait bien ce qu’il fait (pas de poursuite contre la PM).

 Publication de la décision
L’Autorité de la concurrence peut ordonner la publication, la diffusion ou l’affichage de sa décision.

EXERCICE
Répondre par « vrai » ou « faux ».
1. Les opérations de concentration sont contrôlées une fois réalisées
2. Le contrôle des concentrations ne concerne pas le secteur bancaire
3. La fusion par absorption d’une filiale détenue à 100% n’est pas visée par le contrôle des concentrations
4. Les seuils communautaires de contrôle des concentrations sont cumulatifs
5. Du système du guichet unique, il résulte que la Commission européenne (Bruxelles) n’est jamais
compétente pour connaître un dossier de dimension nationale
6. Les sanctions applicables en matière de concentrations sont librement fixées par les autorités
compétentes
7. En droit français, l’octroi ou le refus d’autorisation d’une opération de concentration relève de la
compétence du Ministère de l’Économie et des Finances
8. Si un projet de concentrations d’entreprises françaises est refusé, il faut s’adresser en appel au Ministre
de l’Économie et des Finances.
9. La preuve de la participation d’une entreprise à des réunions ayant un objet anticoncurrentiel permet de
caractériser une action concertée constitutive d’entente dès lors que cette entreprise avait connaissance
de cet objet et même si ensuite elle n’a pas mis en œuvre les mesures convenues
10. Si l’objet d’une entente n’est pas anticoncurrentiel, alors cette entente n’est pas illicite, même si la mise
en œuvre de l’accord ou de la pratique a eu pour effet de fausser le jeu de la concurrence
11. En droit communautaire, l’exemption individuelle d’une entente s’effectue avant la réalisation de celle-
ci
12. Le droit communautaire ne prévoit aucune exemption des abus de position dominante
13. Le système du guichet unique s’applique aux pratiques anticoncurrentielles
14. En droit français, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles peut relever de Bruxelles (Commission
européenne).
15. Les pratiques anti-concurrentielles ne sont pas sanctionnées pénalement

SECTION III : LES PRATIQUES COMMERCIALES DÉLOYALES


On va étudier dans cette partie les comportements que l’on peut constater entre professionnels où « tous les
coups sont permis » pour capter la clientèle de l’autre !
La victime de l’attitude déloyale de son concurrent va donc l’attaquer en Justice pour faire cesser ce
comportement condamnable entre professionnels par une action en concurrence déloyale devant le juge civil

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càd Tribunal Judiciaire ou TCom du domicile du défendeur ou du lieu du dommage : ce n’est pas une
infraction entre professionnels. Alors que si un consommateur est victime d’une pub trompeuse : c’est un délit.
Les tribunaux, quant à eux, s’appuient sur les articles 1240/1241 du code civil, càd sur le fondement de la
responsabilité délictuelle (pas de contrat) pour sanctionner les actes de la concurrence déloyale : il faut donc
établir la faute – le dommage – le lien de causalité.
Enfin, la prescription est de 5 ans à compter du jour où la victime a connu ou aurait du connaître le préjudice
en lien avec le comportement déloyal.

Une pratique est considérée comme déloyale si « elle est contraire aux exigences de la diligence
professionnelle et qu’elle altère, ou est susceptible d’altérer de manière substantielle, le comportement du
consommateur normalement informé et raisonnablement attentif et avisé, à l’égard du bien ou d’un
service ».

I : LES COMPORTEMENTS CONCURRENTIELS DÉLOYAUX = LA FAUTE


Il y a toutes sortes de comportements déloyaux selon le comportement de chacun. Mais on peut isoler 4
comportements que la JP sanctionne régulièrement.

A : LE DÉNIGREMENT
Le dénigrement désigne le comportement consistant à noircir, rabaisser ou discréditer, soit la réputation
(image de marque, fait d’être honorablement reconnu d’un point de vue moral) ou la renommée (notoriété, reconnaissance d’une
personne par un public étendu) d’un concurrent désigné ou identifiable, soit un produit concurrent ou un
service ou une marque, identifiée ou identifiable.
L’objet est de détourner la clientèle, de tromper le consommateur et faire du CA !
 Le dénigrement est établi lorsqu’il repose sur la diffusion d’une information dont le contenu n’est
pas objectif ni vérifiable, càd qu’il a pour objet de fausser l’opinion de la clientèle
Ex : dire qu’un concurrent, ou ses produits, n’est pas sérieux, qu’il fait l’objet d’un procès en contrefaçon …
Ex : Fun Radio a été condamnée en 1995 pour avoir dit de NRJ « radio de merde où les administrateurs puent de la gueule et
diffusent des disques de merdre » => 1 M d’€ de DI.
Ex : en 05/2013, Free a été condamné pour dénigrement envers Bouygues pour avoir traité les clients de Bouygues de «  Pigeons » et
de « vaches à lait » => 25M€ de DI ; mais dans la riposte, Bouygues a été condamné à 5M€ de DI pour dénigrement également.
Ex : en 07/2013, Sanofi-Pasteur a été condamné pour dénigrement à l’encontre des génériques de la Sté Plavix à 40,6M€ pour avoir
prétendu que ce ne sont pas des médicaments.
 Il faut une situation de concurrence entre l’auteur et la victime sinon aucune concurrence déloyale
Ex : Télé2 a été condamné à 3000€ de DI à France Télécom/Orange pour avoir fait la pub : « Encore client chez France télécom,
comme c’est dommage …»
Ex : article sur un vin commercialisé dans une revue spécialisée ; pas de concurrence déloyale car aucune concurrence entre le
producteur de vin et l’éditeur. De même, une revue de cinéma critiquant un film.
Mais attention à la diffamation (c’est du pénal + CJ inscrit).
Ex : le petit Paumé condamné pour avoir abusivement critiqué un restaurant.
 Le dénigrement n’est constitutif de concurrence déloyale que si le concurrent est désigné directement
ou indirectement, càd identifié ou identifiable.
Ex : une marque de vêtements dont le logo est un crocodile vert, la gueule ouverte : c’est ??
Ex : Ryanair qui a diffusé un tract devant le siège social et les comptoirs d’Air France avec le slogan : « faire du ciel l’endroit le
moins cher de la Terre » (en référence au slogan d’Air France « Faire du ciel le plus bel endroit de la Terre ».
RMQ : la question s’est posée concernant la pub comparative : est-ce du dénigrement ?
Ex : « Rassurez-vous, vous êtes bien chez Orange et vous êtes facturés dès la 1ère seconde … » SFR a été débouté.
Ex : « Nous, c’est le goût » pour Quick
Ex : « Chez Lustucru, ils ne font pas des pâtes sans casser des œufs, … eux ! »
 Publicité comparative implicite à la limite du dénigrement …mais pas de condamnation.
 Mais Bodum a dénigré Nespresso alors qu’elle invoquait la pub comparative

B : L’IMITATION
A l’inverse du dénigrement, l’imitation ne consiste pas à se distinguer d’un concurrent mais au contraire,
à s’identifier à celui-ci. Le but est en revanche commun :
 détourner la clientèle
 tromper le consommateur

9
 faire du CA.
On dit d’ailleurs qu’imiter c’est l’art de créer la confusion dans l’esprit de la clientèle.
Il convient de distinguer 3 niveaux :
 Imitation autorisée de signes distinctifs
Le principe est que l’imitation est libre (principe de la liberté du commerce) car il faut s’adapter à la
demande de la clientèle.
Une entreprise peut légalement imiter un produit dans 3 cas :
 l’imitation résulte de la nature du produit
 l’imitation résulte de la banalité du produit
 l’imitation résulte d’exigences techniques telles que des normes standards.
Ex : Yaourt au bifidus, Smartphone, le jean porté dans le monde entier 
Ex : imitation du polo Lacoste dès sa sortie par d’autres fabricants de chemises pour hommes car concept nouveau à l’époque (avant,
que des chemises à manches longues)
Ex : imitation des rayures par Little Marcel alors qu’à l’origine c’est Sonia Rykiel qui a lancé la mode des rayures, des coutures
apparentes, mais la rayure a toujours existé … Pour éviter toute confusion, Little Marcel met son nom au milieu (pour être bien visible
aussi)

 Action en concurrence déloyale pour imitation (au civil) => TCom / TJudiciaire
L’imitation et la confusion qu’elle peut entraîner sont susceptibles de générer un détournement de clientèle et
donc un gros préjudice.
L’imitation fautive est appréciée par les similitudes et l’imitation non fautive repose sur les différences.
L’objet de l’imitation, source de confusion peut porter sur :
 l’entreprise elle-même via son logo (la virgule de Nike), son nom commercial (Michel
contre Edouard Leclerc),
 le logo (le crocodile de Lacoste ou le losange de Renault)
 la publicité
Sanction : des DI essentiellement et l’arrêt de la pratique.

RMQ : principe de spécialité = un « signe » n’est protégeable que dans son domaine de spécialité
Ex : Chanel dans la couture et l’E de ravalement de façade Chanel à Lyon
Ex : Le crocodile avec les Crocs, Lacoste, les bonbons Haribo, les yaourts des petits …
Ex : La marque Montblanc : crème glacée ou le stylo ou l’eau minérale

 Action en contrefaçon (au pénal)


On monte en puissance dans la sanction car là, on poursuit au pénal, devant le TCor.
La marque doit être à déposée à l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) qui protège :
 les brevets d’invention
 les marques
 les dessins et modèles.
On admet l’imitation à l’identique ou la copie plus grossière ; mais le dommage est toujours là !
Sanctions :
 l’auteur de la contrefaçon : fermeture de l’atelier et 400 000€ et 4 ans (x 5 pour une PM).
 le détenteur d’un produit contrefait risque la confiscation, càd la destruction et une amende (Trésor
Public) allant de 1 à 2 fois la valeur des produits authentiques
 en cas de grands trafics = confiscation et destruction + Amende de 300 000€ + 3 ans de prison/ 5 ans et
500 000€ si fait en bande organisée (on vise là les fabricants et ceux qui acheminent la marchandise vers
l’Europe). Pour la PM, l’amende est x par 5.
Dans les deux cas, des DI sont prévus pour le détenteur de la marque (Lacoste par ex) qui depuis la loi du 11
mars 2014 et peuvent être bien supérieurs aux frais de licence que l’utilisateur aurait dû payer …
RMQ : La contrefaçon représente 38 000 emplois perdus et plus de 6 milliards de manque à gagner pour la collectivité.
On agit soit au pénal, soit au civil : jamais les deux !

C : LE PARASITISME
C’est l’attitude d'une entreprise qui, bien qu'elle exerce une activité dans un domaine plus ou moins
différent, usurpe la notoriété ou les techniques qu'emploie une entreprise de renom. Et ce, pour se faire de
l’argent indûment.
On dit : parasiter ou l’art de se nourrir de la substance d’autrui.
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Le parasitisme ne suppose pas une imitation à l’identique mais consiste à se placer dans le sillage d’une E
concurrente ou non , d’une marque pour tirer parti, profit de ses efforts, de ses recherches, de ses – bonnes ! -
idées.
 Parasitisme par usurpation de la notoriété = cas classique de parasitisme avec les signes distinctifs notoires.
L’usurpation de la notoriété est fautive parce qu’elle crée un risque de confusion sur l’origine des produits ou
services concernés. Le préjudice ne résulte pas d’un détournement de clientèle, en l’absence de concurrence,
mais d’une dévalorisation du signe ou du produit par sa banalisation, par des similitudes qui créent le doute.
Ex : YSL et le parfum « Champagne » en 1993 => comportement parasitaire en utilisant l’image du luxe, de la fête, des bulles qui
pétillent, avec le bouchon en forme de bouchon de champagne

Ex : l’éditeur Arconsil, qui publie une série de BD, « Les aventures de Saint Tin et son ami Lou », librement inspirés du héros de BD
Tintin, a été condamné en 07/09 par le TGI d’Evry à 40 000€ DI aux ayants droit d’Hergé en réparation du préjudice économique
pour parasitisme mais a gagné en appel, au nom du droit à la parodie, au pastiche et à la caricature.
A chercher sur Internet !

Mais on n’admet aucune exception ou tolérance quand la parodie attaque une marque déposée
Ex : La société Christian Dior parfum a attaqué pour comportement parasitaire l’E italienne Ferragamo par rapport au parfum « Miss
Dior » pour les fortes analogies des emballages, des flacons et de la pub (forme rectangulaire + nœud stylisé, l’ambiance chic et
poudré de la pub, … même si la fragrance est différente.

Ex : Le Sté française Undergroove qui commercialisait des teeshirts imitant le sigle Ricard transformé en Smicard a été condamnée

 Parasitisme par usurpation des investissements d’autrui = cela consiste à réaliser des économies de manière
injustifiée dans la recherche du concept, en prenant et en commercialisant les idées d’un concurrent.
Ex : CA de Toulouse a jugé que commercialiser sous la marque « 31 » des produits identiques à ceux commercialisés par un
concurrent sous la marque « 64 » (en référence aux numéros des départements français) est constitutif d’acte de concurrence déloyale
et de parasitisme. Elle a estimé que les dessins imités sont d’une extrême banalité et sont différents des motifs utilisés sous la marque
« 31 » ; mais leur reproduction sur des articles identiques à ceux commercialisés témoigne d’une volonté évidente de profiter de la
démarche commerciale, du concept …

Ex : TF1 a été condamnée pour avoir repris un type d’émission sur France 2 avec « Les marches de la gloire » qui reprenait le même
principe que « La nuit des héros » sur France 2 (des anonymes qui ont fait qqch d’extraordinaire).

Ex : Apple et Samsung : qui a inventé le fait de faire glisser l’image avec le doigt ?
Deux procès et ils sont contradictoires selon le Dt américain ou le Dt coréen !
C’est finalement Samsung qui a été définitivement condamné par la justice américaine pour parasitisme.

D : LA DÉSORGANISATION
Est une catégorie doctrinale adoptée par facilité afin d’y ranger tout ce qui n’est pas dénigrement, imitation ou
parasitisme ==> catégorie fourre-tout.
C’est toute action malveillante réalisée dans le but d’impacter négativement l’organisation d’un concurrent.
Il y a un comportement déloyal en général qui cause un préjudice et qui doit donc être sanctionné.

On dit aussi que c’est l’arme des faibles car elle est utilisée par ceux qui n’ont pas les moyens de capter
sur leurs propres valeurs la clientèle de la concurrence et qui se sert de moyens déstabilisants.
Ex : débauchage de salariés afin de déstabiliser l’E = concurrence déloyale
Ex : le fait d’annoncer la cessation anticipée d’activité d’un concurrent pour récupérer sa clientèle = acte de concurrence déloyale par
désorganisation du concurrent
Ex : ne pas respecter les dates des soldes
Ex : divulguer un secret de fabrique ou un savoir-faire/espionnage industriel
Ex : Suppression de la publicité d’un concurrent

II : LE PRÉJUDICE ET LE LIEN DE CAUSALITÉ


 Le préjudice = il est souvent d’ordre commercial/matériel et se traduit par une baisse du CA.
Il peut être aussi moral, notamment lorsque les E concernées ne sont pas en situation de concurrence de sorte
qu’aucune clientèle n’a été détournée.
On admet aussi la perte d’une chance de se développer, de faire du CA, de développer sa notoriété, …

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 Le lien de causalité = les tribunaux admettent facilement l’existence de ce lien de causalité. Le défendeur à
l’action essaie, quant à lui, d’établir que la baisse du CA est due aux difficultés économiques et non à son
comportement.

 Les conséquences de l’action en concurrence déloyale :


 la cessation des agissements/fermetures des ateliers de contrefaçon situés en France
 la saisie et destruction des objets contrefaits
 le versement de DI voire sanctions pénales en cas de gros préjudice pour la contrefaçon
 publication/diffusion de la décision de justice

EXERCICE
A) Le joaillier parisien Boucheron a créé une bague originale et reconnaissable formée par un cabochon en
saphir. Cette bague est si connue que le joaillier commercialise son parfum dans un flacon qui représente ladite
bague.
Béatrice Copitou est fabricante de bijoux fantaisie : elle s’est inspirée de la célèbre bague pour en concevoir une
en verroterie et métal doré. Elle la présente à ses distributeurs comme « un bijou très B… ».
Qu’en pensez-vous ?

B) La société lyonnaise de congélation KIGEL vient de subir un contrôle de la répression des fraudes. M. Big
Boss, son plus farouche concurrent, a fait paraître la publicité suivante dans « Le Progrès » : « Kigel prise en
flagrant délit par la répression des fraudes : attention à ce que vous achetez ».
Qu’en pensez-vous ?

C) M. Big Boss a décidé d’ouvrir un bar chic et « branché ». Il n’a pas les moyens de se payer un décorateur et
ne connaît pas la mode en la matière. Pendant un mois, il se promène dans tout le département en quête d’idées
et finalement, il s’inspire du cadre d’un bar du Vieux Lyon, appartenant à M. Primus.
Les travaux terminés, les deux bars se ressemblent beaucoup : celui de M. Big Boss se situe en plein centre-
ville et finit vite par accueillir une clientèle importante qui est persuadée que c’est le même propriétaire qui
exploite ce nouveau bar. M. Primus est informé par ses clients et est décidé à agir.
Quelle action peut-il envisager ?

SECTION IV : LA TRANSPARENCE ET LES PRATIQUES


RESTRICTIVES DE CONCURRENCE
I : LA FACTURATION
C’est l’outil de la transparence par excellence !
Car la facture remplit plusieurs rôles importants :
 un instrument probatoire de l’accord passé et exécuté entre deux professionnels
 un instrument de crédit
 un instrument justificatif des écritures comptables
 un instrument de contrôle fiscal
 un instrument de contrôle des prix.

 Dès la réalisation d’une vente ou d’une prestation de services effectuée dans le cadre d’une activité
professionnelle, le vendeur a obligation d’établir une facture au profit de son acheteur professionnel, et
ce, pour toute opération, qu’elle soit principale, ou accessoire (réapprovisionnement par ex).

 La facture doit être rédigée en double exemplaire : un pour le vendeur et un pour l’acheteur. Elle doit être
délivrée dès réalisation de la prestation. Elle doit indiquer diverses mentions comme l’identité de chaque partie,
la date, la prestation réalisée, le prix hors TVA, la date du paiement, les frais en cas d’impayé.

 Toute infraction à la facturation expose à une amende pénale de 75 000 € (jusqu’à 5 fois le montant si
c’est une PM), qui peut être portée jusqu’à 50% de la somme qui aurait dû être facturée.
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Ne pas oublier les sanctions administratives (voir dernier paragraphe).

II : LA REVENTE À PERTE (ou dumping)


L’article L.442-2 du Code de Commerce interdit la revente à perte, càd le fait pour tout commerçant de
revendre (ou d’annoncer sa revente) un produit en l’état à un prix inférieur à son prix d’achat effectif =>
on apprécie la notion par rapport au seuil de revente à perte (SRP).
 On est en dessous du SRP : c’est du dumping
 On est eu dessus du SRP : pas de dumping.

 Conditions :
 Le prix d’achat effectif = c’est le prix unitaire net figurant sur la facture d'achat, minoré du montant de
l'ensemble des autres avantages financiers consentis par le vendeur exprimé en pourcentage du prix
unitaire net du produit et majoré des taxes sur le chiffre d'affaires, des taxes spécifiques afférentes à
cette revente et du prix du transport.
 Le dumping ne peut porter que sur un produit, pas sur une prestation de service
 Le produit doit se retrouver en l’état ; il ne doit pas être transformé.
Depuis le 1/02/2019, le SRP en matière alimentaire est majoré de 10% (pour éviter que les agriculteurs/éleveurs perdent
de l’argent à cause des grandes surfaces dans le cadre des négociations des prix d’achat et de revente).

 Sanction pénale :
La revente à perte est pénalement sanctionnée par une amende de 75 000€ (jusqu’à 5 fois si c’est une PM).
Cette amende peut aller jusqu’à la moitié des dépenses de publicité dans le cas où une annonce publicitaire,
quel qu'en soit le support, fait état d'un prix inférieur au prix d'achat effectif.
Ex : Décathlon en 2006
Ex : Intermarché en 2019 pour le gros pot de Nutella et les couches Pampers où les gens se battaient pour les avoir

Le dumping n’est plus condamné en cas :


 de cessation d’activité
 de vente de produits périssables et menacés d’altération
 de vente de produits saisonniers ou qui ne répondent plus à la demande en raison de l’évolution de la
mode ou de la technique (soldes, braderies).
La revente à prix coûtant est licite car c’est une vente à prix d’achat (pas de perte pour le commerçant).

RMQ : on rattache au dumping les prix anormalement bas.


Cela consiste à fixer un prix abusivement bas par rapport au coût de production, de transformation ou de
commercialisation dès lors que ces offres et pratiques ont pour objet d’attirer la clientèle et ainsi d’éliminer du
marché l’entreprise concurrente ou l’un de ses produits.
Dans l’absolu, ce n’est pas du dumping mais c’est presque pareil et ce, avec les mêmes conséquences !

III : LES SOLDES


 La loi Pacte de 04/2019 a redéfini les soldes.
On fixe le principe d’une date nationale pour les soldes d’été et d’hiver, avec des dérogations possibles
pour certaines zones touristiques ou frontalières.
 La durée de chacune de ces périodes « nationales » est de 4 semaines + possibilité de faire des jours
promotionnels sur 2 ou 3 jours (les Black Friday).
 Par ailleurs, les opérations de promotion de déstockage seront désormais possibles toute l’année ssi elles
restent ponctuelles et se limitent à certains produits. Idem + les ventes privées.
Ex : - 20% pour deux articles achetés pendant une semaine donnée.
IV : LES PRIX IMPOSÉS
Est puni d’une amende de 15 000€ le fait pour toute personne d’imposer, directement ou indirectement, un
caractère minimal au prix de revente d’un produit ou d’un bien, au prix d’une prestation de service.
 On revend au prix que l’on veut, mais dans la limite du dumping ou de prix anormalement bas.

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Le seul fait d’imposer un prix minimum ou une marge minimum suffit à constituer l’infraction, sans qu’il soit
nécessaire de démontrer que le revendeur s’y est plié.
En revanche, l’imposition d’un prix maximum de revente est licite.
La pratique des prix minimum conseillés est également admise à condition qu’il ne s’agisse pas en réalité d’un
prix imposé.
Ex : Volkswagen avait, en 2002, demandé à ses distributeurs de ne pas vendre son modèle Passat en dessous d’un prix de revente
imposé et de limiter les remises accordées aux clients.
Exception = le prix du livre est une dérogation à l’interdiction des prix minima imposés. La loi Lang du
10/08/81 oblige l’éditeur ou l’importateur à fixer un prix de revente au public. Les revendeurs doivent pratiquer
un prix effectif de vente au public compris entre 95 et 100% du prix fixé par l’éditeur ou l’importateur.
Et ce, pour éviter que les gros magasins comme la FNAC n’écrasent les petites librairies de quartier qui ne
tiendraient pas le coup au niveau des prix.

EXERCICE
A) L’hypermarché dont M. Big Boss est propriétaire a décidé de proposer dans son catalogue de rentrée la
vente de bureaux pour le prix de 80€ l’un alors que la centrale d’achat les a achetés à 90€ l’unité. De même, les
cartables sont vendus 8€ alors qu’ils avaient été acquis la rentrée précédente pour la somme de 10€ (ils sont en
effet un peu démodés).
Qu’en pensez-vous ?

B) M. Ranger, manager du rayon frais dans l’hypermarché de M. Big Boss a décidé de baisser le prix d’un lot
de yaourts qui seront périmés demain.
Ces derniers seront vendus en dessous de leur prix d’acquisition. Qu’en pensez-vous ?

C) La société Touléjeux est un distributeur d’articles de sport. Récemment, elle s’est fournie en consoles de
jeux électroniques (200 articles). Le tarif figurant dans les conditions générales de vente du fournisseur est de
130€ HT l’unité. Ces conditions prévoient aussi une réduction du prix en cas de commande supérieure à un
certain nombre d’articles. De la sorte, la société Touléjeux a pu bénéficier d’une remise de 10€ par article. Le
coût du transport des produits fut de 496€.
Par ailleurs, en contrepartie d’une publicité affichée à l’intérieur de ses magasins, ainsi que le positionnement
en bonne place des consoles, le fournisseur a versé une somme de 6 000€.
1. Dans l’exercice de son activité commerciale, la société Touléjeux est-elle soumise au seuil de
revente à perte (SRP) ?
2. Dans l’affirmative, quel est le seuil de revente à perte ?

V : LES SANCTIONS ADMINISTRATIVES EN MATIÈRE DE TRANSPARENCE ET


DE PRATIQUES RESTRICTIVES

La loi du 17 mars 2014 a mis en place une nouvelle procédure d’enquêtes et de contrôles pour assurer le respect
de ses règles de transparence et de pratiques restrictives.
Ces dispositions sont prévues aux articles L465-1 du Code de commerce (car cela vise le commerce et les
entreprises et pas les consommateurs).

Qui contrôle ? => des agents de l’Autorité de la Concurrence, des agents habilités du ministère de l’Économie
et des finances.

Cette procédure se fait en 2 étapes :


 L’injonction administrative
C’est une procédure visant à faire prendre conscience à l’E non respectueuse des règles qu’elle a enfreint la
loi et qu’elle doit cesser au plus ces agissements.

 L’amende administrative
Elle est due si l’E n’a pas respecté l’injonction et continue ces agissements.
Si les faits sont graves, les agents peuvent prononcer l’amende tout de suite, sans passer par l’injonction.
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Elle est de 3 000€ pour un PP ou 15 000€ si c’est une PM ; cette amende peut se cumuler avec l’amende
pénale.

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