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Séquence n°2 : comprendre l’engagement au XXe siècle

Objectif : Analyser des poèmes dénonçant la Deuxième Guerre mondiale


Problématique : la poésie est-elle adaptée à l’expression d’une opinion ?

Etude de la langue :
-Vocabulaire de la guerre, de la révolte, de l’indignation.
-Expression d’une opinion ; vocabulaire de l’éloge et du blâme.
-Mise en relief : les tournures emphatiques.
-Figures de style : tableau.

Compréhension écrite :
-Comprendre la nature de l’engagement de l’artiste.
-Comment le poète peut-il influencer le peuple ?

Expression écrite :
-Ecriture d’imitation : écrire un poème engagé.
-Exprimer son opinion dans un texte argumentatif.

Compréhension orale :
-Ecouter et comprendre des chansons engagées.

Expression orale :
-Lire de façon expressive un poème.
-Réciter un poème.
Corpus :

-Robert Desnos, « Ce cœur qui haïssait la guerre », L’Honneur des poètes, 1943 ;

Destinée arbitraire, 1975.

-Louis Aragon, « J’écris dans ce pays », Le Musée Grévin, 1943.

- Jacques Prévert, « Barbara », Paroles, 1945.

- Jean-Paul Sartre, Les Mots, autobiographie, 1964.

- Jean Tardieu, « Oradour », Jours pétrifiés, 1947.

Prolongements :
-Ecouter des chansons engagées : « Le Chant des partisans », d’Anna Marly ; « Le
déserteur » de Boris Vian ; « Aux rêves citoyens » de Yannick Noah.
CHRONOLOGIE : LES GRANDS EVENEMENTS DU XXEME SIECLE

1870 : chute de l’Empire, début de la IIIème République en France


1885 : découverte du vaccin contre la rage par Louis Pasteur
1894 : Affaire Dreyfus
1900-1914 : Belle Epoque
Août 1914-11 novembre 1918 : Première Guerre Mondiale
1917 : Révolutions russes
1919 : Traité de Versailles
29 octobre 1923 : fondation de la République turque par Atatürk
1929 : Collectivisation des terres en URSS / 24 octobre : Krach boursier de Wall Street
Janvier 1933 : Hitler chancelier
1934 : Droit de vote des femmes en Turquie
1936-1939 : Guerre civile espagnole
1er Septembre 1939 : Invasion de la Pologne
1939-8 mai 1945 : Seconde Guerre Mondiale
1944 : Droit de vote des femmes en France
Février 1945 : Conférence de Yalta
6 août 1945 : Bombe atomique d’Hiroshima
1945 : Procès de Nuremberg / Création de l’ONU
1946 : Rideau de fer, début de la guerre froide
1947 : Plan Marshall (programme d’aide américaine) / Indépendance de l’Inde
1946-1975 : Trente Glorieuses
14 mai 1948 : Création d’Israël
1er octobre 1949 : Naissance de La République Populaire de Chine
1950-1953 : Guerre de Corée
1954-1962 : Guerre d’Algérie
1957 : Traité de Rome (Communauté Economique Européenne à 6)
Août 1961 : Construction du mur de Berlin
1962 : Crise des missiles nucléaires soviétiques à Cuba
22 novembre 1963 : Assassinat du Président Kennedy
1966-1969 : Révolution culturelle en Chine
1967 : Guerre des six jours
Mai 1968 : Manifestations étudiantes et contestation sociale en France
21 juillet 1969 : Premier pas de l’homme sur la Lune
1973 : Choc pétrolier / Guerre du Kippour
1975 : Fin de la guerre du Vietnam
1979 : Révolution islamique en Iran / Accords de Camp David / Guerre d’Afghanistan
1983 : Découverte du virus du SIDA
26 avril 1986 : Accident nucléaire de Tchernobyl
1987 : Krach boursier
9 novembre 1989 : Chute du mur de Berlin
1990-1991 : Première guerre d’Irak
1991-2001 : Conflits en ex-Yougoslavie
1991 : Dissolution de l’URSS
1994 : Génocide au Rwanda
11 septembre 2001 : Effondrement des Twin Towers à New-York
LES MOUVEMENTS LITTERAIRES ET CULTURELS

LES LUMIÈRES – LE SYMBOLISME – LE ROMANTISME – L’HUMANISME – LA COURTOISIE – LE


-
t

-
NATURALISME – LE CLASSICISME – LE BAROQUE – LE REALISME –-
LE MOYEN-ÂGE – LA RENAISSANCE –
-
-
LA REVOLUTION
Associer les mouvements aux définitions.

Le Class!cne
1- ………………………………………………………………. (1660-85) cherche à atteindre le « Beau » en art et en
fabrique les règles strictes. Rationalité, équilibre, simplicité définissent le « Beau ». Le but est de plaire et
instruire. Il fait l’éloge de la clarté et de l’harmonie.

le
symbol!sme
2- ………………………………………………………………. (XIXe) revient à une approche plus sensible de la réalité. Il
cherche à percer les secrets du monde. Mouvement qui joue essentiellement sur les images et les
sensations.

3- carenc!ssence
………………………………………………………………. (XVIe) prend son essor dans la référence à l’Antiquité,
l’élargissement du monde qui entraîne une conception relativiste des cultures et la diffusion des idées
grâce à l’imprimerie. Période de grandes découvertes diverse telles que l’Amérique, le système solaire
etc…

4- últuman!sme
………………………………………………………………. (XVIe) place l’Homme au cœur de sa vision du monde. Il croit
en sa perfectibilité, grâce à l’éducation, pour construire une société nouvelle.

5- Changement dans les relations homme-femme : La courto!s!e (XIe) codifie les


………………………………………….
comportements sociaux et exalte le sentiment amoureux qui place la Dame au centre, chantée par les
troubadours (la fin’amor).

Le
Moger Age
6- ………………………………………………………………. (Ve - XVe) période où la société est organisée en 3 ordres :
ceux qui prient (les oratores, les hommes d’Eglise), ceux qui combattent (bellatores, les nobles / les
seigneurs / les chevaliers / les princes) et ceux qui travaillent (laboratores, les paysans / les tenanciers /
les vilains / les serfs). Le suzerain domine son vassal.

7- Despotisme éclairé de Louis XV qui répand les idées favorables à un gouvernement plus libéral. Mais les
plus privilégiés résistent alors que le déficit de l’Etat s’alourdit et que la contestation populaire gronde. La
ca revolut!on est alors prête à éclater.
…………………………………………………….

Le romont!sme
8- ………………………………………………………………. (XIXe) se caractérise par la révolte de l’artiste contre un
monde décevant. Il exalte la puissance de l’imagination et de la sensibilité, particulièrement au contact de
la nature. L’expression des sentiments, la subjectivité (le « moi ») et le mélange des genres le
caractérisent.

neturd!sme
9- ………………………………………………………………. (XIXe) est la poursuite du Réalisme, de façon radicalisée. Il
s’agit de décortiquer le réel de manière quasi scientifique. Il restitue dans ses romans la nature de
l’individu, ainsi que l’influence de l’hérédité et du milieu sur l’évolution du personnage.
Le real!sme
10- ………………………………………………………………. (XIXe) revendique de traiter tous les sujets de la vie réelle
sans les idéaliser, quitte à choquer. Il se soumet à l’exactitude des informations.

11- Les lum!ères


………………………………………………………………. (XVIIIe) Mouvement fondé par les écrivains philosophes du
XVIIe (Voltaire, Diderot, D’Alembert, Rousseau). Ils rédigent une Encyclopédie qui a pour but de vulgariser
le savoir. Ils combattent les injustices et les intolérances de leur société par la raison, l’expérience et les
sciences.
Ils dénoncent l’esclavagisme, la guerre, les abus de la religion (= le fanatisme).

LeBaroque
12- ………………………………………………………………. (XIXe) Courant architectural puis artistique et littéraire
caractérisé par un style outrancier et irrégulier. L’extravagance et l’ornementation sont omniprésentes. La
frontière entre réalité et illusion devient poreuse : on ne sait plus où s’arrête l’une ni où commence
l’autre. Repose sur des illusions d’optique, des exubérances, des jeux de miroirs. Quelques exemples :

• La narration enchâssée : dans l’histoire, un personnage se met à raconter une autre histoire. Le
niveau de fiction traditionnel de l’histoire du narrateur se nomme « récit cadre » et le niveau de
fiction supplémentaire de l’histoire racontée par le personnage « récit enchâssé ».
• Le théâtre dans le théâtre : dans une pièce de théâtre, certains personnages sont des acteurs
et jouent éventuellement une pièce de théâtre (dans la pièce de théâtre que nous lisons /
regardons).
Texte 1 :

Comment ce poème expose-t-il le dilemme entre les idées pacifistes de l’auteur


et son engagement dans la guerre ?

« Ce cœur qui haïssait la guerre… », Robert Desnos

Publié clandestinement dans la revue L’Honneur des poètes le 14 juillet 1943, ce poème est
ensuite publié à titre posthume dans Destinée arbitraire (1975). D’abord influencé par le
surréalisme, Desnos s’oriente ensuite vers une poésie plus accessible. Pendant la Deuxième
Guerre mondiale, il s’engage dans la Résistance ; arrêté par la Gestapo, il meurt en juin 1945
dans le camp de concentration de Térézin.

Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui
des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre
et de haine
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,
Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la
campagne,
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant
comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube
proche leur imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme
même des saisons et des marées, du jour et de la nuit.
Texte 2 :

Par quels procédés d’écriture le poète dénonce-t-il l’occupation allemande lors


de la Deuxième Guerre mondiale ?

« J’écris dans un pays dévasté par la peste », Louis Aragon.

En 1943, alors que la France est militairement défaite par les Allemands et qu’une victoire
française semble à tout jamais impossible, Louis Aragon (1897-1982) trouve encore la force
de crier sa colère, d’appeler à la vengeance et au sursaut patriotique libérateur. C’est d’ailleurs
sous le pseudonyme fort révélateur de François-la-Colère qu’il publie clandestinement, aux
Éditions de Minuit, un long poème intitulé Le Musée Grévin, dont le texte suivant est un extrait.

J’écris dans ce pays qui souffre mille morts


Qui montre à tous les yeux ses blessures pourprées
Et la meute sur lui grouillante qui le mord
Et les valets sonnant dans le cor la curée

J’écris dans ce pays que les bouchers écorchent


Et dont je vois les nerfs les entrailles les os
Et dont je vois les bois brûler comme des torches
Et sur les blés en feu la fuite des oiseaux

J’écris dans cette nuit profonde et criminelle


Où j’entends respirer les soldats étrangers
Et les trains s’étrangler au loin dans les tunnels
Dont Dieu sait si jamais ils pourront déplonger

J’écris dans un champ clos où des deux adversaires


L’un semble d’une pièce armure et palefroi
Et l’autre que l’épée atrocement lacère
À lui pour tout arroi sa bravoure et son droit

J’écris dans cette fosse où non plus un prophète


Mais un peuple est parmi les bêtes descendu
Qu’on somme de ne plus oublier sa défaite
Et de livrer aux ours la chair qui leur est due

J’écris dans ce décor tragique où des acteurs


Ont perdu leur chemin leur sommeil et leur rang
Dans ce théâtre vide où les usurpateurs
Ânonnent de grands mots pour les seuls ignorants

J’écris dans la chiourme énorme qui murmure


J’écris dans l’oubliette au soir qui retentit
Des messages frappés du poing contre
les murs Infligeant aux geôliers
d’étranges démentis

Comment voudriez-vous que je parle


des fleurs Et qu’il n’y ait des cris dans
tout ce que j’écris De l’arc-en-ciel
ancien je n’ai que trois couleurs Et les
airs que j’aimais vous les avez proscrits

Louis Aragon, Le Musée Grévin, VII, vers 1 à 56, 1943.

Questions :

1. Observez la composition de chaque strophe : quelles sont les


différences et les similitudes ? Quelle est l’effet de l’anaphore « j’écris »
?
2. A quelles références culturelles (Histoire, Bible, genre littéraire, réalité
sociale…) les différentes strophes renvoient-elles ?
3. Quelle image récurrente les strophes donnent-elles des relations entre
la France et l’Allemagne ?

Ecriture : à la manière de :

Composez, en vers ou en prose, un texte dans lequel vous utiliserez l’anaphore


« J’écris » pour prendre position sur un problème qui vous tient à cœur. La
première personne peut être vous ou quelqu’un à qui vous donnez la parole et
qui fait connaitre son point de vue.

Louis Aragon lisant son poème Le Musée Grévin en 1946


à l’occasion de l’anniversaire de la mort de
Danièle Casanova, militante communiste et
résistante française mort en déportation à
Auschwitz le 9 mai 1943.
Texte 3

BARBARA

Rappelle-toi Barbara Amoureusement


Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour- Est-il mort disparu ou bien encore
là vivant
Et tu marchais souriante Oh Barbara
Epanouie ravie ruisselante Il pleut sans cesse sur Brest
Sous la pluie Comme il pleuvait avant
Rappelle-toi Barbara Mais ce n’est plus pareil et tout est
Il pleuvait sans cesse sur Brest abîmé
Et je t’ai croisée rue de Siam C’est une pluie de deuil terrible et
Tu souriais désolée
Et moi je souriais de même Ce n’est même plus l’orage
Rappelle-toi Barbara De fer d’acier de sang
Toi que je ne connaissais pas Tout simplement des nuages
Toi qui ne me connaissais pas Qui crèvent comme des chiens
Rappelle-toi Des chiens qui disparaissent
Rappelle-toi quand même ce jour-là Au fil de l’eau sur Brest
N’oublie pas Et vont pourrir au loin
Un homme sous un porche s’abritait Au loin très loin de Brest
Et il a crié ton nom Dont il ne reste rien.
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à ceux que j’aime Jacques Prévert, Paroles, 1945.
Même si je ne les ai vus qu’une seule
fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Texte 4

« L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque
silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la
Commune parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher. Ce n’était pas leur affaire, dira-t-
on. Mais le procès de Calas, était-ce l’affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce
l’affaire de Zola ? L’administration du Congo, était-ce l’affaire de Gide ? Chacun de ces auteurs,
en une circonstance particulière de sa vie, a mesuré sa responsabilité d’écrivain. »

Jean-Paul Sartre, Revue Les Temps Modernes, premier numéro, 1945

« Longtemps j'ai pris ma plume pour une épée, à présent je connais notre impuissance. N'importe
: je fais, je ferais des livres ; il en faut ; cela sert tout de même. La culture ne sauve rien ni personne,
elle ne justifie pas. Mais c'est un produit de l'homme : il s'y projette, s'y reconnaît ; seul, ce miroir
critique lui offre son image. »
Jean-Paul Sartre, Les Mots, autobiographie, 1964
Texte 5 :

Dénoncer la barbarie pour qu’on n’oublie pas…

Oradour, Jean Tardieu

Le poème “Oradour” de Jean Tardieu est d’abord publié en 1944 dans des journaux
clandestins puis en 1947 dans le recueil Jours pétrifiés. Il évoque le massacre de tous les
habitants du village d’Oradour-sur-Glane par une division de soldats SS le 10 juin 1944. Ce
massacre fait 642 victimes.

Oradour n'a plus de femmes Oradour n'a plus un homme Oradour n'a plus de feuilles
Oradour n'a plus de pierres Oradour n'a plus d'église Oradour n'a plus d'enfants

Plus de fumée plus de rires Plus de toits plus de greniers Plus de meules plus
d'amour Plus de vin plus de chansons.

Oradour, j'ai peur d'entendre Oradour, je n'ose pas Approcher de tes blessures De
ton sang de tes ruines, je ne peux je ne peux pas Voir ni entendre ton nom.

Oradour je crie et hurle Chaque fois qu'un cœur éclate Sous les coups des assassins
Une tête épouvantée
Deux yeux larges deux yeux rouges Deux yeux graves deux yeux grands Comme la nuit la
folie
Deux yeux de petits enfants : Ils ne me quitteront pas.

Oradour je n'ose plus


Lire ou prononcer ton nom.
Oradour honte des hommes Oradour honte éternelle Nos cœurs ne
s'apaiseront Que par la pire vengeance
Haine et honte pour toujours.

Oradour n'a plus de forme Oradour, femmes ni hommes Oradour n'a plus
d'enfants Oradour n'a plus de feuilles Oradour n'a plus d'église Plus de
fumées plus de filles Plus de soirs ni de matins
Plus de pleurs ni de chansons.

Oradour n'est plus qu'un cri Et c'est bien la pire offense Au village qui vivait
Et c'est bien la pire honte Que de n'être plus qu'un cri, Nom de la haine des
hommes Nom de la honte des hommes Le nom de notre vengeance Qu'à
travers toutes nos terres On écoute en frissonnant, Une bouche sans
personne, Qui hurle pour tous les temps.
Jean Tardieu, Jours pétrifiés, 1947.
Procédés de mise en relief (=insistance)
1. Repérez les termes mis en relief et les procédés de mise en relief utilisés :

a. Rares sont mes jours sans travail.


b. Quant à moi, j’ai de grands projets !
c. Ce discours, nous le sûmes tous par cœur.
d. Il était bien joli, ce chemin de Provence.
e. C’est cette boutique que je cherchais.
f. Toi, tu travailles et moi, je suis fatigué.
g. Ce sont eux qui ont démarré ce projet.
h. Voilà la personne que j’attendais.

2. Mettez en relief les expressions soulignées en les déplaçant :

en tête de phrase
a. Peu d’élèves ont vu le proviseur.
b. Je préfère la mer à la campagne.
c. Montre-moi ces cahiers déchirés.
d. Nous avons trouvé ce voyage en voiture épuisant.
e. On m’a raconté cette histoire plusieurs fois.
f. Il faut annuler ce concours.

en fin de phrase
a. Ce caniche me plaît beaucoup.
b. Ta broche n’est pas perdue !
c. Montre-moi cette blessure tout de suite.
d. Muriel va être contente de te voir.
e. J’ai égaré les clés à la campagne.
f. Ces films sont sans intérêt.

3. Utilisez l’expression c’est...qui ou c’est...que pour mettre en valeur les termes en gras et en
italique :

Un homme courageux ne craint rien.


Tu salis et je nettoie.
J’ai perdu mon porte-cartes dans la cour du lycée.
Il faut partir en vacances en juillet.
Avez-vous pris mon stylo ?
Nous avons fourni le matériel et nos amis l’ont présenté.
Ils nous ont permis de rester.

4. Complétez avec : il y a qui (que), voici/voilà...qui (que), quant à :

a. ... le taxi ... m’emmènera à la gare.


b. ... des mois ... j’attends de tes nouvelles.
c. ... lui, il n’a jamais rien raté.
d. ... moi, j’ai de grands projets.
e. ... la personne ... m’aidera à remplir ce formulaire.
f. ... un nouveau supermarché ... ouvre dans mon quartier.
g. ... le costume ... tu porteras à cette fête.
h. ... des mots ... je ne connais pas.
i. ... la vieille femme, elle ne cessait de se plaindre.
Le vocabulaire du jugement

Pour exprimer un jugement, c'est-à-dire donner son opinion sur un sujet, il faut
employer certains termes de vocabulaire, que ce soit à l'écrit ou à l'oral.

• Pour exprimer un jugement ou un avis, on peut utiliser :

- des verbes d'opinion ;


Ex. : penser, estimer, considérer, croire que, trouver que, il me semble, etc.

Constructions :
Je pense qu’il se trompe.
J’estime que la guerre est inhumaine.
Je trouve les soldats courageux. / Je les trouve courageux.

- des expressions contenant un verbe ;


Ex. : être d'avis que, avoir l'impression que, avoir le sentiment que, etc.

- des groupes de mots ;


Ex. : d'après moi, à mon avis, selon moi, etc.

• On peut aussi tout simplement formuler des phrases affirmatives et


négatives qui laisseront apparaître son opinion.
Ex. : Cette recette est
vraiment délicieuse. Le
repas n'était pas copieux.

• Dans tous les cas, la personne qui exprime son avis peut le faire de façon plus ou moins
catégorique.
Ex. : Je suis persuadée qu'elle ment. (jugement catégorique)
Le moment me semble mal choisi pour l'appeler. (jugement modéré)

• Enfin, il faut savoir qu'on distingue, en matière de jugement :

- les termes péjoratifs (dépréciatifs), qui dévalorisent ce


qu'ils désignent ; Ex. : ennuyeux, catastrophique,
lamentable, etc.

- les termes mélioratifs (appréciatifs), qui


mettent en valeur. Ex. : magnifique,
excellent, fabuleux, extraordinaire, etc.

Pour l’expression orale :

Classez les phrases et expressions suivantes en deux catégories : Opinion positive / Opinion
négative :

J’adore, je déteste, c’est mauvais, ce n’est pas mal, j’aime bien, j’ai horreur, c’est
super, ça me plait, c’est nul, je ne supporte pas, c’est parfait, c’est plutôt bon, c’est
horrible, ça m’ennuie, c’est pas trop mal, c’est excellent, c’est sans intérêt, c’est
chouette, c’est vachement bon
Métaphore
Figure qui établit un parallèle entre deux éléments sans l’aide d’un terme de comparaison.
Ex. : Les ailes du temps
Comparaison
Figure qui établit un parallèle entre deux éléments à l’aide d’un terme de comparaison
(comme, pareil à...). Ex. : Elle est fragile comme un oiseau. / Il est plus fort que moi.
Antithèse
Figure qui rapproche deux contraires (deux termes ou idées qui s’opposent par le sens) dans
un même énoncé. Ex. : Je l’aime et le déteste.
Gradation
Figure qui marque la progression à l’aide d'une série de termes disposés selon un ordre de
valeur (ou un niveau d’intensité) croissant ou décroissant.
Ex. : C’en est fait; je n’en puis plus; je me meurs; je suis mort; je suis enterré.
(Molière, L'Avare)
Hyperbole
Figure qui présente une nette exagération de la réalité. Ex. : Avoir des tonnes de devoirs à faire.
Euphémisme
Figure qui consiste à remplacer un mot (ou une expression) jugé déplacé ou offensant par un terme
atténué. Ex. : Il s’est endormi. (plutôt que Il est mort.)
Personnification
Figure qui consiste à attribuer une ou des caractéristiques humaines à une réalité non humaine
(objet, animal ou idée). Ex. : Le malheur est venu cogner à ma porte.
Parallélisme (phrase 1 = A-B / phrase 2 = A-B)
Figure qui présente deux phrases construites de façon semblable et portant sur un même objet ou
sur des thèmes parallèles.
Ex. : L’automne s’est annoncé. Les espoirs se sont envolés. / Il aimait la mort. Elle aimait la vie.
Anaphore
Figure qui consiste en la répétition d’un même mot ou d’un même groupe de mots au début d’un
vers ou d'une phrase. Ex. : Marcher à jeun, marcher vaincu, marcher malade […] (Victor Hugo, Le
petit roi de Galice)
Litote
Figure qui consiste à atténuer une réalité positive. Ex. : Va, je ne te hais point. (plutôt que Va, je
t’aime.) [Pierre Corneille, Le Cid]
Chiasme (A-B/B-A)
Figure qui consiste à inverser l’ordre des mots de deux groupes de mots ou de deux phrases.
Ex. : La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée […] (Victor Hugo, Melancholia)
Oxymore
Figure qui consiste à unir deux mots apparemment contradictoires dans un même énoncé, souvent
côte à côte; l’oxymore est proche de l’antithèse (voir module A).
Ex. : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles […] (Pierre Corneille, Le Cid)
Allégorie
Figure qui permet de représenter de manière concrète et animée une idée abstraite, grâce à une
histoire ou à une image. Ex. : La faucheuse (pour représenter la mort)
Synesthésie
Figure qui implique plus d’un sens à la fois (ex. : l’odorat et la vue) dans une même expression.
Ex. : Une odeur verte
Ellipse
Figure qui consiste à ne pas tout dire, à omettre volontairement un ou des mots.
Ex. : Chandelles, musique et sushis. Soirée réussie.
Métonymie/Synecdoque
Figures qui consistent à remplacer un terme par un autre terme qui lui est lié par un rapport soit
logique (dans le cas de la métonymie), soit d’inclusion (dans le cas de la synecdoque).
Ex. de métonymie : Boire une bonne bouteille. (rapport logique : prendre le contenant pour le
contenu)
Ex. de synecdoque : Une voile s’avance. (rapport d’inclusion : prendre la partie pour le tout)
LES FIGURES DE STYLE

Exercice 1 : identifiez les figures de style suivantes.


No Exemples Figures de style
1 Je ne dirais pas non à un petit café.
2 « Un silence assourdissant » (Camus)
3 C'est une décision de l'Elysée.
4 Je travaille vingt-six heures par jour.
5 Je l’aime un peu, beaucoup, à la folie, passionnément
6 « Les mariniers me voient vieillir Je vois vieillir les mariniers »
(Brel)
7 « L’enfance a des manières de voir, de penser, de sentir qui lui sont
propres. » (Rousseau)
8 Elle nous a quittés un beau matin d’hiver.
9 Mes proches sont loin de moi.
10 « Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois qui criaient ... » (Aragon)

Exercice 2 : Repérez et interprétez.


1) « là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros
rendaient les derniers soupirs » Candide, Voltaire (1759) Quelle est la figure de style
utilisée deux fois? Pourquoi l’auteur l’utilise ici ?

2) « C’était la première fois qu’elle se voyait au milieu d’une compagnie si nombreuse ; et,
intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en
habit noir et par la croix d’honneur du Conseiller » Flaubert, Mme Bovary Quelle est la
figure de style utilisée ? Pourquoi l’auteur l’utilise ici ?

3) « ce qu’il lui fallait, ce qu’elle demandait, c’était le noir bonheur du sommeil, d’un sommeil
sans mémoire et sans rêve, d’un sommeil de plomb tombant sur elle comme un coup
d’assommoir sur la tête d’un bœuf : et elle le trouvait dans ces liqueurs mêlées qui la
foudroyaient et lui couchaient la face sur la toile cirée de la table de cuisine. » Les frères
Goncourt, Germinie Lacerteux Quelle sont les figures de style utilisées (3)? Pourquoi les
auteurs les utilisent ici ?
GAY

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