Vous êtes sur la page 1sur 19

 18-063-B-20

Conduite de l’hémodialyse et prévention


de ses complications
B. Canaud, H. Leray-Moragués, L. Chenine-Koualef, L. Patrier

L’hémodialyse est la forme la plus évoluée de suppléance rénale artificielle. Elle assure la survie de près de
3 millions de patients dans le monde. Des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années
grâce à une meilleure compréhension de l’urémie, à une amélioration quantitative et qualitative des
méthodes de suppléance et la correction d’anomalies telles que l’anémie. L’augmentation des capacités
d’épuration des toxines urémiques de haut poids moléculaire, l’amélioration de la tolérance hémodyna-
mique des séances et la réduction des réactions de bio-incompatibilité à caractère pro-inflammatoires
contribuent à l’amélioration de la qualité de vie et de survie des dialysés. Les technologies nouvelles
prometteuses (nanotechnologie, biotechnologie, microélectronique) devraient permettre de nouvelles
avancées, notamment en miniaturisant les dispositifs et en les dotant d’une « intelligence artificielle »
capable d’interagir avec le patient. Les principaux freins demeurent le patient urémique, dont l’âge ne
cesse de progresser et les comorbidités de s’alourdir, et le système social et économique peu propice aux
innovations. Une hémodialyse plus physiologique, plus longue et plus efficace serait probablement une
option à évaluer d’un point de vue médicoéconomique.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Insuffisance rénale chronique 5D ; Traitement de suppléance rénale ; Épuration extrarénale ;


Urémie chronique ; Principes basiques de l’hémodialyse

Plan  Introduction
■ Introduction 1 L’hémodialyse est une thérapie éprouvée de l’insuffisance rénale
■ Principes physiques de l’hémodialyse 2 chronique (IRC) au stade ultime qui assure la survie de près
Accès vasculaire 2 de 3 millions de patients dans le monde. C’est une alterna-
Circulation sanguine extracorporelle 3 tive aux autres modalités que sont la dialyse péritonéale et la
Hémodialyseur 4 transplantation rénale. Hémodialyse et dialyse sont des termes
Dialysat et infusat 5 synonymes qui qualifient des modalités d’épuration extrarénales
Moniteur–générateur de dialyse 6 extracorporelles. L’hémodialyse et ses variantes (hémofiltration,
Clairances et dose de dialyse 7 hémodiafiltration) sont les modalités les plus fréquemment uti-

lisées chez près de 90 % des patients, les 10 % restants étant
Conduite et réalisation pratique de l’hémodialyse 11
représentés par la dialyse péritonéale [1, 2] . Dans ce chapitre, seule
Quand débuter l’hémodialyse ? 12
l’hémodialyse et ses variantes seront abordées, la dialyse périto-
Comment prescrire une séance de dialyse et un traitement
néale étant traitée par ailleurs.
de suppléance rénal ? 12
L’incidence et la prévalence des patients dialysés varient large-
Comment débuter le programme d’hémodialyse ? 12
ment d’un pays à l’autre comme l’indique le rapport annuel de
Comment adapter le programme d’hémodialyse ? 12
l’United States Renal Data System (USRDS) [3] . En 2008, la préva-
Quels sont les critères d’efficacité ? 13
lence des patients dialysés s’échelonnait entre 157 par million
Quelle structure de traitement pour quel patient ? 14
d’habitants pour la plus faible en Russie et 2 311 par million
■ Risques et complications de l’hémodialyse 14 d’habitants pour la plus forte à Taiwan, avec des valeurs de
Réaction anaphylactique 14 1 752 par million d’habitants aux États-Unis, 2 126 par million
Embolie gazeuze 14 d’habitants au Japon et 1 052 par million d’habitants en France.
Hémolyse intravasculaire 15 Le nombre de patients dialysés augmente néanmoins de façon
Hémorragie extériorisée 15 régulière et lente (2 à 6 % par an) en Europe et en Amérique du
Manifestations de maltolérance des séances d’hémodialyse 15 Nord. Il en est tout autrement dans les pays émergents (Asie, Amé-
Complications au long cours 15 rique du Sud, Europe de l’Est) où la prévalence augmente de façon
■ Morbidité et mortalité des patients hémodialysés plus rapide et importante (plus de 10 % par an), traduisant un
au long cours 16 rattrapage de prise en charge plus qu’une prévalence accrue d’IRC.
■ Perspectives thérapeutiques et avenir de la suppléance rénale 16 Le traitement de suppléance rénale ne se résume pas à

l’hémodialyse. Il comporte d’autres aspects qui permettent de cor-
Conclusion 17
riger les désordres métaboliques et hormonaux de l’urémie non

EMC - Néphrologie 1
Volume 11 > n◦ 2 > avril 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S1762-0945(13)60801-3

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

couverts par l’hémodialyse tels que l’anémie, la carence martiale, à court et moyen termes, représentés par les cathéters veineux, et
les désordres du métabolisme minéralo-osseux, les désordres lipi- les accès à long terme, représentés par les fistules artérioveineuses
diques et oxydatifs et l’hypertension artérielle volorésistante (anti- à partir de vaisseaux natifs et les pontages artérioveineux réalisés
hypertenseurs). Bien que faisant partie intégrale du traitement à partir de greffon veineux saphène ou de matériel prothétique
optimal de l’IRC ces différents aspects ne seront pas abordés ici. (polytétrafluoroéthylène [PTFE]). Avantages et inconvénients de
L’hémodialyse représente dans près de 90 % des cas le traitement ces différents accès vasculaires, de même que leur stratégie de créa-
de première intention de l’IRC ultime. Elle permet en effet une tion, sont résumés dans le guide européen de bonnes pratiques
prise en charge immédiate et efficace de l’urémie. L’hémodialyse en hémodialyse [8] . Les cathéters veineux sont en fait subdivisés
est également la plaque tournante du traitement de l’insuffisance en deux catégories : les cathéters temporaires « aigus » implantés
rénale et en facilite la gestion. Elle s’inscrit à toutes les étapes dans une veine profonde, préférentiellement la veine fémorale
du parcours de soins du patient urémique. Elle permet d’attendre pour des raisons de commodité et de sécurité, utilisés sur de
la transplantation rénale dans de bonnes conditions. Elle facilite courtes périodes (6–10 jours) représentent la voie de l’urgence par
le repli des patients en échec de dialyse péritonéale ou de trans- excellence ; les cathéters permanents dits « chroniques » implantés
plantation rénale. Elle assure enfin le traitement au long cours de également dans une veine profonde (jugulaire interne princi-
patients qui sont en contre-indications temporaires ou définitives palement) qui bénéficient d’une tunnelisation avec amarrage
de transplantation rénale. sous-cutanée peuvent être utilisés sur de plus longues périodes
(1 mois–10 ans). La création d’une fistule artérioveineuse (ou d’un
pontage artérioveineux) doit être anticipée et réalisée dans les
 Principes physiques mois ou années qui précédent la prise en charge en dialyse (stade 5
de l’insuffisance rénale). Le recours aux cathéters est habituelle-
de l’hémodialyse ment réservé aux prises en charge tardives non-programmées, aux
échecs chirurgicaux répétés, à certaines indications spécifiques
L’hémodialyse et ses variantes ont en commun un accès vas- (patients âgés, cardiaques, dénutris, etc.) ou dans des situations
culaire (accès au milieu intérieur), une circulation sanguine compassionnelles. La gestion de l’accès vasculaire répond à des
extracorporelle (interface milieu intérieur/milieu extérieur), un protocoles de soins et de surveillance bien codifiés qui consistent
hémodialyseur (module d’échange), une solution vectrice des à surveiller le débit de fistule, à détecter précocement des dys-
solutés (dialysat ou infusat/ultrafiltrat) et un appareil de dialyse fonctionnements (recirculation, faible débit) dus à des sténoses
(Moniteur–générateur) (Fig. 1). Les principes physiques condition- ou des thromboses partielles et à les corriger afin de préve-
nant les échanges de solutés en hémodialyse sont rappelés sur nir l’insuffisance de dialyse et les complications thrombotiques.
la Figure 2. Le programme d’hémodialyse est établi sur prescrip- La surveillance routinière des performances de l’accès vasculaire
tion médicale et répond aux besoins métaboliques du patient et (débit sanguin, recirculation) et de l’efficacité des séances béné-
à la tolérance individuelle des séances. Le schéma convention- ficie d’explorations simples et non invasives qui peuvent être
nel d’hémodialyse courte établi dans les années 1970 pour des réalisées pendant les séances de dialyse [9] . Les mesures des per-
raisons essentiellement logistiques et économiques repose tou- formances de l’accès vasculaire (taux de recirculation et débit
jours sur trois séances de dialyse de 4 heures en moyenne (soit de fistule) par appareillage ultrasonique de type Transonic® se
12 heures par semaine) [4] . Des schémas différents sont actuelle- sont imposées comme les méthodes de référence (Fig. 4). Ces
ment évalués (hémodialyse plus fréquente et/ou plus longue) chez mesures reposent sur le principe de dilution sanguine obtenu
des patients plus fragiles ou inobservants, dans certaines situa- après injection d’un bolus de salé isotonique dans la ligne vei-
tions (grossesse, pathologie cardiaque intercurrente) ou dans le neuse (lignes sanguines en position normale pour la recirculation
cadre d’études visant à améliorer l’efficacité de la dialyse [5–7] . C’est ou inversée pour le débit de fistule) et enregistrement des per-
dans cet ordre que les éléments conditionnant l’efficacité de la turbations induites par des capteurs ultrasoniques clippés sur les
dialyse seront abordés. lignes artérielles et veineuses [10, 11] . Cette méthode permet éga-
lement la mesure du débit cardiaque [12] . L’analyse de variation
Accès vasculaire thermique induite par une variation thermique calibrée du dia-
lysat sur les lignes artérielles et veineuses, permet également de
L’accès vasculaire donne accès au sang et permet l’épuration mesurer le taux de recirculation global (accès vasculaire et cardio-
extracorporelle du patient. Le débit sanguin requis pour une pulmonaire) et de calculer le débit de fistule après avoir interverti
séance de dialyse est élevé et compris entre 300 et 400 ml/min les lignes sanguines [13, 14] . L’analyse des variations de dialysance
(Fig. 3). C’est à ce prix que l’efficacité de la séance sera obtenue. ionique spontanées et induites après interversion des lignes san-
Schématiquement, il y a deux types d’accès vasculaires : les accès guines peuvent être utilisées pour évaluer le taux de recirculation

Débit sanguin Débit dialysat Figure 1. Principe des échanges survenant au cours d’une
séance d’hémodialyse dans le système patient/dialyse. SIC :
secteur intracellulaire ; SEC : secteur extracellulaire.
Débit
Accès vasculaire sanguin

Toxines
urémiques
HCO3, K, Ca,
Mg, etc.

SIC Débit
SEC dialysat

Patient Hémodialyseur Machine de dialyse

2 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

A B C
Figure 2. Principes physiques impliqués dans les transferts de solutés en dialyse.
A. Diffusion/dialyse : gradient de concentration.
B. Ultrafiltration/convection : gradient de pression.
C. Adsorption membranaire : gradient affinité.

Figure 3. Principaux types d’accès vasculaires.


A. Accès veinoveineux. Cathéters veineux centraux tunnelisés.
B, C. Accès artérioveineux. Fistule artérioveineuse native et variantes (B) et fistule artérioveineuse avec pontage prothétique (polytétrafluoroéthylène, allogreffe
veineuse, etc.) (C).

et le débit de l’accès vasculaire [15, 16] . En dehors des séances entre 350 et 400 ml/min [17, 18] . En d’autres termes, cela signifie
de dialyse, des explorations complémentaires non-invasives, par que 70 à 100 litres de sang sont traités au cours d’une séance
échodoppler, ou invasives, par imagerie vasculaire contrastée de 4 heures. Le sang circule dans une tubulure en plastique
(artériographie, phlébographie, angiotomodensitométrie), sont souple inerte après insertion d’aiguilles de gros calibres dans
utiles pour confirmer et guider les gestes thérapeutiques visant la fistule artérioveineuse ou après connexion aux cathéters. De
à restaurer les performances de l’accès vasculaire [8] . façon conventionnelle et indépendamment du type d’accès vas-
culaire, la circulation extracorporelle est réalisée en boucle et
comporte un pôle artériel (sortie patient) et un pôle veineux
Circulation sanguine extracorporelle (retour patient). Le volume sanguin hors de l’organisme est faible
(150–200 ml) et la circulation sanguine est entretenue par une
Le débit sanguin extracorporel optimal pour perfuser un hémo- pompe à sang occlusive et calibrée. Une anticoagulation à base
dialyseur haute perméabilité et maximiser les échanges de solutés d’héparine ou d’héparine de bas poids moléculaire prévient la
compte tenu des conditions de circulation du dialysat se situe thrombose du circuit sanguin. La sécurité du circuit extracorporel

EMC - Néphrologie 3

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

Sondes ultrasonique de Figure 4. Mesure du débit de fistule artérioveineuse par dilu-


détection de dilution tion ultrasonique et lignes sanguines interverties.

Ligne veineuse Ligne artérielle

Injection brutale
de salé isotonique

Zone de mélange Fistule artérioveineuse (QA FAV)

Lignes artérielles et veineuses interverties

est primordiale. Elle est assurée de plusieurs façons : monitorisa-


tion des pressions artérielles et veineuses permettant de détecter
une thrombose ou un problème mécanique sur le circuit, sur-
veillance optique et ultrasonique du piège à bulles veineux de
retour (niveau du sang et présence de microbulles) permettant
de détecter une fuite de sang ou la présence d’air dans le circuit. HCO3 +
Ces différents capteurs bénéficient de seuils d’alarmes optimaux et – Urée
leur réaction est instantanée. Ils sont de plus couplés à des disposi-
tifs mécaniques permettant un isolement et une mise en sécurité – Créatinine Dialysat
Patient Ultrafiltrat/infusat
quasi instantanée du patient. Cela se traduit par un arrêt de la
– K, PO4, etc.
pompe à sang (occlusion du circuit artériel), par une fermeture
du clamp veineux (occlusion du circuit veineux) et par une mise
– Toxines urémiques
en alarme sonore et visuelle du moniteur. D’autres dispositifs de Ca, G +
sécurité sont également installés sur le circuit sanguin et le circuit
dialysat, ils visent à prévenir l’hémolyse intravasculaire (perte de
charge de la pompe à sang, mesure de la pression transmembra-
naire [PTM]), à éviter les dérives de température ou de composition
électrolytique du dialysat et à détecter une rupture de membrane
du dialyseur (détection de sang dans le dialysat). Figure 5. L’hémodialyseur est un bioéchangeur qui permet au cours
d’une séance de dialyse de restaurer l’homéostasie du milieu intérieur
en permettant l’épuration des toxines urémiques, en assurant la déplé-
tion hydrosodée et en corrigeant les anomalies électrolytiques du patient
Hémodialyseur urémique.
L’hémodialyseur est le cœur du dispositif d’épuration extracor-
porel. C’est le bioéchangeur qui assure l’interface patient/dialyse
au travers duquel tous les échanges de solutés et de solvant tran- de les classer en trois catégories : les membranes cellulosiques
sitent (Fig. 5). C’est dire le rôle essentiel que joue le dialyseur dans (substituées ou non substituées), les membranes synthétiques
l’efficacité du programme de dialyse et dans la genèse des réactions (polymères : polysulfone, polyacrylonitrile, polyméthylmethacry-
de biologiques à l’interface sang/dialyseur. late, polyaryléthersulfone, polyéthersulfone, etc.), les membranes
Les hémodialyseurs contemporains sont des modules synthétiques bioactives (greffées vitamine E, héparine). Les mem-
cylindriques qui comportent un faisceau de fibres creuses branes synthétiques représentent près de deux tiers du marché de
(15–20 000 capillaires), empoté aux deux extrémités (résine la dialyse. Elles se sont imposées naturellement par leurs proprié-
composite époxy, polyuréthane et silicone) et enfermé dans une tés : performance, biocompatibilité, résistance, compacité, coût.
coque rigide cylindrique (polycarbonate). La coque du dialyseur Il est très important de souligner que la nature du polymère ne
est fermée à ses deux extrémités par des couvercles hémisphé- suffit pas à qualifier les performances d’un dialyseur. La maîtrise
riques donnant attache à des ports de connexion sanguine technique d’extrusion et d’empotage des fibres et la fabrication
(artériel et veineux) sécurisés par des systèmes vissés (Luer-Lock). de l’hémodialyseur conditionne aussi grandement ses perfor-
Le corps du dialyseur possède deux ports d’attache pour le mances. Ainsi, le terme générique de membrane polysulfone,
dialysat situés à ses deux extrémités (dialysat entrée et sortie). couvre des dialyseurs de biocompatibilité et performances très
Soulignons que le sang et le dialysat circulent à contre-courant hétérogènes [20, 21] . La production de ces membranes synthétiques
dans le dialyseur ce qui optimise les gradients d’échange. a largement bénéficié des nouvelles technologies industrielles
La membrane de l’hémodialyseur conditionne ses capacités issues de la nanotechnologie notamment. La maîtrise totale de
intrinsèques d’échange et sa bioréactivité [19] . Les membranes de l’extrusion des fibres par électrocentrifugation (electrospinning)
dialyse sont classées en fonction de leur nature chimique et a déjà permis de réduire considérablement la taille des dialy-
de leur perméabilité à l’eau (perméabilité hydraulique) et sur- seurs, d’accroître leurs performances et d’assurer une très grande
tout aux solutés (perméabilité aux toxines urémiques). De façon sélectivité des solutés épurés [22] . Les membranes sont également
schématique, la composition chimique des membranes permet classées en fonction de leur perméabilité hydraulique et de leur

4 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

Tableau 1.
Classification des dialyseurs en fonction de leur perméabilité.
Classification Critère de perméabilité Low-flux (basse Mid-flux (moyenne High-flux Super-flux (très haute
dialyseurs perméabilité) perméabilité) (haute perméabilité)
perméabilité)
Ultrafiltration Kuf (ml/mmHg/hr) < 20 20–30 30–50 > 50
Urée KoA (ml/min) < 500 500–600 700–1000 > 1000
Créatinine KoA (ml/min) < 200 200–400 400–600 > 600
␤2-microglobuline Coefficient de tamisage < 0,1 0,2–0,5 0,5–0,8 > 0,8
Albumine Perte (g/séance) 0 0 1–2 >5
Indication HD HD HFHD, HDF, HF HD haut point de
coupure

Conditions opérationnelles : débit sanguin (Qb) = 350–400 ; débit de dialysat (Qd) = 500–700 ; débit d’ultrafiltration (Quf) = 100–200. KoA : coefficient de transfert de masse
par unité de surface ou clairance maximale ; Kuf : coefficient d’ultrafiltration ; HFHD : hémodialyse high-flux ; HDF : hémodiafiltration ; HF : hémofiltration ; HD : hémodia-
lyse.

60 60
Pression Pression
sanguine dialysat
Pression Pression
40 sanguine dialysat 40

20 20

0 0

–20 –20

–40 –40
Ultrafiltration Rétrofiltration Ultrafiltration Rétrofiltration
0 L/2 L 0 L/2 L
A B
Figure 6. Hémodiafiltration interne provoquée par l’accroissement des phénomènes d’ultrafiltration et rétrofiltration (A, B).

perméabilité aux solutés. Une confusion est souvent faite entre sont résumées dans le Tableau 1. En fonction de la perméabi-
haute perméabilité hydraulique et haute perméabilité aux solutés. lité hydraulique on peut définir schématiquement trois groupes
Il est donc important de rappeler que perméabilité hydraulique et de membranes : les basses perméabilités hydrauliques (Kuf < 20),
perméabilité aux solutés ne sont pas synonymes. La perméabilité les hautes perméabilités hydrauliques (Kuf = 30–50) et les très
hydraulique d’une membrane est caractérisée par son coefficient hautes perméabilités (Kuf > 50). Soulignons que la géométrie du
d’ultrafiltration (Kuf) exprimée en ml par heure et par mmHg dialyseur peut modifier considérablement ses performances. La
de PTM. Dans les méthodes diffusives (hémodialyse) la perméa- bonne distribution du sang dans l’ensemble des fibres sanguines,
bilité aux solutés est exprimée par le coefficient de transfert de l’absence de thrombose des fibres et l’augmentation des tur-
masse (KoA, ml/min/m2 soit la clairance maximale théorique bulences du dialysat dans le compartiment dialysat sont de
pour le soluté) de la substance considérée ou à défaut par une nature à améliorer les performances du dialyseur en hémodialyse
clairance instantanée établie dans des conditions standardisées conventionnelle. L’augmentation des résistances à la circulation
(débit sanguin, débit dialysat). Dans les méthodes convectives sanguine (dialyseur allongé et de section réduite, fibre capil-
(hémofiltration, hémodiafiltration) la perméabilité aux solutés laire de lumière interne réduite), la diminution de l’épaisseur des
est caractérisée par leur coefficient de tamisage (sieving coeffi- fibres (augmentant leur perméabilité) et la maîtrise de la balance
cient). Ce coefficient traduit la facilité avec laquelle un soluté volumétrique du dialysat affluent/effluent sont propices aux phé-
peut traverser une membrane (0 exprimant une imperméabi- nomènes d’ultrafiltration et de rétrofiltration dans le dialyseur.
lité totale et 1 indiquant un passage sans restriction du soluté Cette configuration augmente significativement la part convec-
considéré). Le seuil de coupure d’une membrane (cut-off point) tive des échanges (hémodiafiltration interne) et accroît de ce fait
à l’opposé traduit la taille maximale (par exemple 25 Kdaltons l’élimination des solutés de haut poids moléculaire (Fig. 6).
pour des membranes synthétiques) des solutés capables de fran-
chir cette membrane. En fonction de leur perméabilité aux solutés
on peut définir quatre types de membranes : les membranes de Dialysat et infusat
basse perméabilité (low-flux), les membranes de moyenne per-
méabilité (medium-flux), les membranes de haute perméabilité Le dialysat est la solution électrolytique d’échange avec le sang
(high-flux), les membranes de très haute perméabilité (super high- du patient. L’ultrafiltrat peut remplacer ou compléter le dialysat
flux ou à haut point de coupure [HCO]). Ces caractéristiques dans son rôle vecteur de toxines urémiques dans des techniques

EMC - Néphrologie 5

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

d’hémofiltration ou d’hémodiafiltration. Dans ce dernier cas, il glucidique améliore l’état nutritionnel et la tolérance des séances
est nécessaire de remplacer de façon isovolumétrique l’ultrafiltrat de dialyse en particulier chez les sujets âgés et les diabétiques.
produit par une solution de substitution (infusat) de composi- D’autres substances à visée nutritives (acides aminés, phosphate
tion équivalente à celle de l’eau plasmatique idéale du patient. inorganique, fer, etc.) ont été évaluées dans des études cliniques
Cela est assuré grâce à des poches de substitution provenant de visant à corriger des pertes excessives induites par des méthodes à
l’industrie pharmaceutique ou plus simplement par production haute efficacité ou prolongées (nocturnes ou quotidiennes) mais
en ligne à partir du dialysat frais stérilisé à froid par filtration. pour le moment elles ne sont pas applicables en routine pour des
Le dialysat (ou l’infusat sur les machines en ligne) est produit raisons de coût [24, 25] .
de façon extemporanée par le générateur de dialyse à partir d’un Le dialysat circule en permanence à haut débit
mélange proportionné fixe d’eau traitée et de concentrés électroly- (500–800 ml/min) au contact du sang du patient à travers une
tiques [23] . Cela est représenté sur les Figures 7 et 8. Les concentrés membrane semiperméable peu sélective. Le débit dialysat optimal
électrolytiques se présentent sous forme de concentrés liquide pour des débits sanguins compris entre 350 et 400 ml/min et un
ou en poudre. L’acide (concentré A) se présente habituellement hémodialyseur à fibres haute perméabilité de 2 m2 est compris
sous forme liquidienne en bidons de 5 à 6 litres. Le bicarbonate entre 500 et 600 ml/min. L’augmentation du débit dialysat à
(concentré B) se présente le plus souvent en poudre (cartouche) 800 ml/min n’apporte qu’un gain de l’ordre de 15 à 17 % aux
et plus rarement sous forme de liquide. Le mélange d’eau traitée clairances des solutés (urée, phosphate ou béta2-microglobuline
par osmose inverse et des concentrés est réalisé extemporanément [␤2-M]) alors que la consommation de concentrés est augmentée
par le générateur en respectant des proportions fixes extrêmement de 60 % [26, 27] . Le patient dialysé se trouve exposé de façon
précises. La composition électrolytique du dialysat est contrôlée répétée (trois fois par semaine) à de grandes quantités (120 à
en permanence par mesure de conductivité (le sodium repré- 200 litres par séance) de dialysat potentiellement contaminé par
sentant le principal électrolyte) et parfois par mesure du pH du des bactéries aquatiques ou des dérivés bactériens (endotoxines,
dialysat frais produit. La composition électrolytique répond à une etc.). C’est la raison pour laquelle l’utilisation de dialysat ultrapur
prescription médicale personnalisée du sodium et des autres com- (stérile et apyrogène) est recommandée dans les guides de bonnes
posants électrolytiques du dialysat. Un exemple de composition pratiques français et internationaux pour minimiser les réactions
électrolytique du dialysat est donné dans la Figure 7. Le réchauffe- de bio-incompatibilité en prévenant l’activation cellulaire et la
ment (35–37 ◦ C) et le dégazage du dialysat sont également assurés production de médiateurs pro-inflammatoires (Fig. 8) [28–30] . La
en permanence par le générateur de dialyse. Le dialysat est sou- majorité des générateurs de dialyse contemporains proposent
vent enrichi en glucose (5,5–11 mmol/l) afin de limiter les pertes en standard une stérilisation à froid du dialysat par filtration en
ou de supplémenter en glucose les patients dialysés. La charge ligne du dialysat affluent. Les degrés de pureté et la qualification
microbiologique de l’eau et des liquides de dialyse en fonction
des guides de recommandations internationales ont été résumés
sur le Tableau 2.
NaCl
CaCl
Concentré KCl Composition dialysat moyenne Moniteur–générateur de dialyse
(acide) MgCl [extrêmes] en mmol/l
L’appareillage de dialyse s’est enrichi au cours de ces dix
Acide acétique dernières années de nouvelles fonctionnalités particulièrement
Na 140 [136–142]
Glucose
K 3,0 [2,0–3,5] intéressantes pour la gestion des patients dialysés fragiles et justifie
Cl 100 [98–105] largement son appellation de Moniteur–générateur. Le généra-
Concentré
Ca 1,50 [1,25–1,75] teur assure la production à débit régulier et ajustable du dialysat.
ou poudre NaHCO3
Mg 0,50 [0,25–0,75] Il maintient la composition électrolytique du dialysat dont il
(bicarbonate)
HCO3 35 [33–37] assure le contrôle thermique. Ces éléments sont ajustables sur
Acétate 4,0 [3,0–5,0] prescription médicale. Le moniteur permet de réguler le débit san-
Eau traitée H2O Glucose 5,5 [0–11,0] guin extracorporel, de mesurer le régime de pression (sanguine
et dialysat) du circuit, de calculer le gradient de PTM s’exerçant
sur le dialyseur et d’établir précisément la durée du traitement.
En termes de sécurité, le moniteur est en mesure de détecter
Figure 7. Composition électrolytique du dialysat (et de l’infusat en des fuites sanguines ou des fuites de dialysat, de détecter des
hémodiafiltration en ligne). pertes de charge dans les circuits, des anomalies de composition

Figure 8. L’hémodialyseur se comporte comme un bioréacteur : l’interaction du sang avec les membranes de dialyse et le dialysat induit une activation
cellulaire et des réactions biologiques variées. IL : interleukine ; TNF-␣ : tumor necrosis factor-alpha ; ROS : reactive oxygen species ; EDRF-NO : monoxyde d’azote ;
LTB4 : leucotriène B4 ; ␤2-M : bêta2-microglobuline.

6 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

Tableau 2.
Définition quantifiée de la qualité microbiologique de l’eau et des liquides de dialyse utilisés en hémodialyse et hémodiafiltration avec production en ligne
de l’infusat.
Eau traitée Dialysat standard Eau ultrapure Dialysat ultrapur Dialysat et infusat stérile
Contamination bactérienne a (UFC/ml) < 100–200 < 100–200 < 0,1 < 0,1 < 10−6
Teneur endotoxinique b (UE/ml) < 0,25–2 < 0,25 < 0,03 < 0,03 < 0,03
a
Culture par méthodes sensibilisées : milieu nutritif pauvre TGEA, R2A – 17–23 ◦ C – période d’observation de sept jours.
b
Dosage endotoxinique par méthode LAL, seuil de détection à 0,03 UE/ml.

Machine d’hémodialyse à
Hémodialyseur contrôle volumétrique

D effluent

Eau traitée
Patient D affluent D frais

Ultrafiltre
stérilisant
Concentrés
électrolytiques
2
1

Figure 9. Hémodialyse avec dialyseur haute perméabilité, contrôle volumétrique de la balance des fluides et maîtriseur d’ultrafiltration. D : dialysat.
1. Concentré liquide (acide) ; 2. concentré poudre (bicarbonate).

électrolytique et de température mais également de détecter des terme grâce à ces nouvelles options techniques embarquées sur les
microbulles gazeuses dans le circuit sanguin. Ces différents dis- générateurs de dialyse, telle par exemple que l’hémodiafiltration
positifs d’alarme sont extrêmement sensibles et sont destinés à en ligne (Fig. 10).
bloquer instantanément le fonctionnement de l’appareil afin de
mettre le patient en sécurité. Plus récemment d’autres fonctions
ont été incorporées dans les appareils de dialyse. Ces nouvelles Clairances et dose de dialyse
options techniques sont destinées à améliorer la tolérance hémo-
dynamique de la dialyse, à optimiser l’efficacité des séances et à Par analogie avec la fonction rénale, la capacité épuratrice d’un
quantifier précisément les transferts de masses de substances [31] . dialyseur s’exprime par sa clairance des toxines urémiques et sa
Le maîtriseur d’ultrafiltration s’est imposé comme un standard dialysance des solutés et électrolytes (glucose, Na, Cl, K, HCO3 ,
de l’hémodialyse contemporaine et équipe tous les moniteurs- Ca). Dans un hémodialyseur, la clairance des solutés répond à
générateurs de dialyse (Fig. 9). Il assure la balance des fluides l’association de trois phénomènes physiques : diffusifs, convec-
du circuit dialysat, facilite la gestion de la perte de poids et tifs et adsorptifs (Fig. 11) [38] . Dans le cas de l’hémodialyse, ce
préserve la volémie du patient quelle que soit la perméabilité sont les phénomènes diffusifs qui prédominent et assurent prin-
de la membrane. L’utilisation de profils d’ultrafiltration et/ou cipalement les transferts de solutés de faible poids moléculaires
sodiques permet d’optimiser la déplétion sodée et la tolérance (< 500 daltons) (Fig. 12). Dans le cas de l’hémofiltration, ce sont
hémodynamique des séances. Le contrôle de la balance ther- les phénomènes convectifs exclusifs qui assurent les transferts de
mique (dialyse isotherme contre thermoneutre) fait également solutés de moyen et haut poids moléculaires (0,5–20 kD). Dans
partie des options améliorant la tolérance des séances [32, 33] . La le cas de l’hémodiafiltration, c’est la combinaison des phéno-
mesure de la dialysance ionique équivalente à la clairance de mènes diffusifs et convectifs qui assurent les transferts équilibrés
l’urée permet de quantifier en temps réel la dose de dialyse admi- de solutés de faible et haut poids moléculaires (Fig. 13). Dans tous
nistrée au patient [34] . D’autres biosenseurs placés sur le dialysat les cas, la clairance instantanée est fonction des performances
effluent permettent également de mesurer les flux de solutés éli- nominales du dialyseur (surface, perméabilité) et des conditions
minés en cours de séances. Dans le cas des biosenseurs à l’urée, d’utilisation, notamment celles des débits relatifs (sang, dialysat,
une information nutritionnelle complémentaire importante sur ultrafiltrat), de la durée (temps) et de la perte de surface d’échange
l’apport protidique oral est fournie, basée sur le calcul du cata- (thrombose partielle). En pratique clinique, le débit sanguin est
bolisme protidique lui-même dérivé de la masse d’urée soustraite le principal facteur limitant la capacité épuratrice, c’est la rai-
au patient. Les mesures différentielles de conductivité dans les son pour laquelle il doit toujours être maximisé afin d’optimiser
dialysats affluent et effluent permettent également de calculer les les transferts dans le module d’échange (hémodialyseur,
transferts de masse sodique [35] . D’autres aides à la prescription hémodiafiltre).
modélisée sont envisageables à court terme concernant le calcium, Différentes formules permettent de calculer la clairance instan-
le potassium et même le bicarbonate [36, 37] . Une personnalisation tanée d’un soluté (côté sang, côté dialysat, isovolémique soit sans
extrême des prescriptions de la dialyse est dès lors possible à court perte de poids).

EMC - Néphrologie 7

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

Module de balance
Hémodiafiltre volumétrique des fluides

D effluent + UF

Patient D affluent – INF D frais

Pompe infusat

Figure 10. Hémodiafiltration en ligne avec production d’infusat par filtration stérilisante de dialysat frais en mode post-dilution. D : dialysat ; UF : ultrafiltrat ;
INF : infusat. 1. Ultrafiltre stérilisant.

250 Débit dialysat (QD), 500 ml/min


Urée, 60 d
Débit substitution (Qsub), 100 ml/min
Clairance instantanée (KD), ml/mn

200 Créatinine, 113 d

150 Vitamine B12, 13,5 kd


KT = KD + KC + KA
100 β2-microglobuline, 11,8 kd
Totale Diffusion Convection Adsorption

Faible Haut Peptides 50


poids poids
moléculaire moléculaire
Figure 11. Principaux mécanismes intervenant dans les clairances de 0
0 100 200 300 400 500
solutés au cours d’une séance d’hémodialyse.
Débit sanguin (QB), ml/min
Figure 13. Clairances instantanées des solutés dans un hémodiafiltre :
Débit dialysat (QD), 500 ml/min rôle du poids moléculaire des substances et du débit sanguin.
250
Urée, 60 d
Clairance instantanée (KD), ml/mn

200 Créatinine, 113 d concentration du soluté dans l’artère, [CS ]vein la concentration
du soluté dans la veine et [CS ]art[C−[C
S]
S ]vein
le coefficient d’extraction) :
art

150
[CS ]art − [CS ]vein
KD = Qb .
[CS ]art
100
La clairance totale (diffusive + convective) d’un soluté en hémo-
Vitamine B12, 13,5 kd
dialyse (côté sang) avec ultrafiltration significative peut être
50 calculée par la formule suivante (où Quf est le débit d’ultrafiltration
β2-microglobuline, 11,8 kd en ml/min et CT le coefficient de tamisage) :
KD = clairance diffusive + clairance convective
0
0 100 200 300 400 500
[CS ]art − [CS ]vein
Débit sanguin (QB), ml/min
K D = Qb . + Quf· CT.[CS ]art
[CS ]art
Figure 12. Clairances instantanées (ml/min) de solutés dans un hémo-
dialyseur : rôle du poids moléculaire des solutés et du débit sanguin. La clairance diffusive de solutés en hémodialyse sans ultrafil-
tration (isovolémique), dans le cas où le dialysat affluent ne
contient pas le soluté en question, peut être calculée par la
La clairance diffusive d’un soluté en hémodialyse (côté sang) formule suivante (où Qd est le débit de dialysat et [Cd ]sortie ) :
sans ultrafiltration (isovolémique) peut être calculée par la
formule suivante (où KD est la clairance instantanée du dia- Flux entrant
Kd =
lyseur en ml/min, Qb le débit sanguin en ml/min, [CS ]art la Concentration entrée

8 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

[CS ]art − [CS ]vein patients anuriques et que celle-ci doit viser 1,4 chez les femmes
Côté sang : KD = Qb
[CS ]art et les patients à haut risque et présentant une comorbidité impor-
tante. Le calcul de l’indice Kt/V urée peut être réalisé au moyen
[Cd ]effluent de formules simplifiées. Ces formules sont applicables dans le
Côté dialysat : KD = Qd cas de programmes de dialyse conventionnel à trois séances heb-
[CS ]art
domadaire. Dans le cas de programme de dialyse plus fréquente
La dialysance de solutés en hémodialyse sans ultrafiltration (quatre à six séances) il est alors nécessaire de recourir au calcul du
(isovolémique), dans le cas ou le dialysat affluent contient le Kt/V standardisé hebdomadaire intégrant le paramètre fréquence
soluté en question, peut être calculée par la formule suivante (où accru.
D est la dialysance, [Cd ]affluent la concentration du soluté dans Des formules de référence [40–42] permettent de calculer la dose
le dialysat affluent, [Cd ]effluent la concentration du soluté dans le de dialyse administrée au patient hémodialysé (où C0 est la
dialysat effluent) : concentration en urée avant dialyse en mmol/l ou g/l, Ct la
concentration en urée après dialyse en mmol/l ou g/l, Thd la durée
Flux entrant de l’hémodialyse en heures.)
Dd =
Gradient concentration entrée Dose de dialyse estimée par le Kt/V urée simple pool :

[CS ]art − [CS ]vein C   


Côté sang : D = Qb· sp Kt t Ct Perte poids
[CS ]art − [Cd ]affluent = ln − 0, 008 × Thd + 4 − 3, 5 × ×
V Co Co Poids sec

[Cd ]effluent Dose de dialyse équilibrée estimée après correction du Kt/V urée
Côté dialysat : D = Qd·
[CS ]art − [Cd ]affluent simple pool :
• pour un accès artérioveineux (avec recirculation cardiopulmo-
naire).
La clairance convective (KC ) d’un soluté en hémofiltra-
tion (côté sang) peut être calculée par la formule suivante (où sp Kt
CT est le coefficient de tamisage et S la concentration du soluté) : e Kt V
= ⎛ ⎞ + 0, 03
V sp Kt
 
KC = Quf· CT. S V − ⎝0, 6 × V ⎠
Thd

La contribution de la part convective à la clairance totale (KT )


en hémodiafiltration peut être évaluée grâce à la formule suivante :
• pour un accès veinoveineux (sans recirculation cardiopulmo-
naire).
KT = KD + KC
sp Kt
−3
 e Kt V
KT = KD + 0, 43 QUF + 8, 3.10 KT = KD + 0, 50 QUF ⎛ ⎞ + 0, 02
2
Q UF =
V sp Kt

La clairance corporelle est l’indicateur de référence dans V − ⎝0, 47 × V ⎠


Thd

l’évaluation de l’efficacité du programme de dialyse. La clai-


rance corporelle traduit en effet la capacité réelle d’épuration du
patient et non celle uniquement de l’hémodialyseur. Elle intègre
l’ensemble des phénomènes qui affectent et limitent les transferts Les formules permettant d’estimer l’apport protidique du
de masse de substances : les caractéristiques anthropométriques patient hémodialysé à partir de sa dose de dialyse et de son taux
du patient comprenant le volume de distribution et les résistances d’urée prédialytique (où nPNA est le taux de catabolisme proti-
intracorporelles spécifiques des solutés (coefficient de transfert dique obtenu à partir du taux d’apparition de l’urée normalisé
de masse interne), les problèmes de circulation sanguine (phéno- par rapport au poids [g/kg/j]) sont les suivantes :
mène de recirculation, débit sanguin réel inférieur à celui prescrit), • en début de semaine
la perte de performances du dialyseur (gazage, thrombose, etc.) et
la réduction du temps effectif de dialyse (alarmes, arrêt prématuré, C0
dysfonction de l’accès vasculaire). Les phénomènes de recircula- nPNA =  Kt  + 0, 168
sp
tion cardiopulmonaire et de l’accès vasculaire sont représentés sur 36, 3 + (5, 48) + 53,5
V sp Kt
la Figure 14.
La clairance corporelle de l’urée, ou son équivalent la dialysance V
corporelle ionique, est utilisée en pratique clinique comme indi-
cateur de performance de la séance de dialyse intégrant l’ensemble • en milieu de semaine
des phénomènes de résistance aux transferts de soluté (Fig. 15).
La clairance de l’urée est utile dans le cadre d’un contrôle de
qualité mais ne peut pas se substituer aux autres indicateurs C0
nPNA =  Kt  + 0, 168
d’efficacité du programme de dialyse. La dose de dialyse admi- sp
25, 8 + (1, 15) + 56,4
nistrée à un patient est quantifiée par l’indice Kt/V urée, dans V sp Kt
lequel K est la clairance corporelle de l’urée, t la durée effec- V
tive de la séance et V le volume de distribution de l’urée (eau
totale du patient compris entre 50 et 60 % du poids). Kt/V est
équivalent à la clairance fractionnelle corporelle de l’urée et tra-
duit le volume d’eau totalement épuré de cette substance par • en fin de semaine
séance de dialyse. Les guides de bonne pratique suggèrent que
le minimum requis est de 1,4 par séance avec une formule de
type compartiment unique ou 1,2 avec une formule à double C0
nPNA =  Kt   Kt  + 0, 168
compartiment ou équilibrée (ou eKt/V) avec un programme de sp sp
16, 3 + (4, 3) + 56, 6/
dialyse comportant trois séances hebdomadaire [39] . Soulignons V V
qu’il s’agit là de la dose de dialyse minimale ciblée chez des

EMC - Néphrologie 9

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

Débit sanguin Débit dialysat

Toxines
urémiques

SIC
SEC

A
Débit sanguin Débit dialysat

Toxines
urémiques

SIC
SEC

B
Sang artériel
aspiré

Fraction sang veineux


Aiguille artérielle
épurée et recirculée
Patient
Aiguille veineuse Sang veineux
épuré rejeté
C
Sang artériel
aspiré

Fraction sang veineux


Branche artérielle épurée et recirculée
Patient
Branche veineuse Sang veineux
épuré rejeté

D
Figure 14. Phénomène de recirculation cardiopulmonaire induit par les accès artérioveineux (A, B), de recirculation survenant au niveau de l’accès vasculaire
(C, D). SIC : secteur intracellulaire ; SEC : secteur extracellulaire.
A. Accès vasculaire artérioveineux : recirculation cardiopulmonaire.
B. Accès vasculaire veinoveineux : absence de recirculation cardiopulmonaire.
C. Aiguilles dans fistule artérioveineuse.
D. Cathéters dans une veine profonde.

10 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

Patient Hémodialyseur Machine de dialyse Figure 15. Clairance corporelle : principaux facteurs impli-
qués dans la résistance aux transferts internes des solutés.
Débit sanguin Débit dialysat SIC : secteur intracellulaire ; SEC : secteur extracellulaire.

Débit Débit dialysat


Accès vasculaire sanguin effluent
+ ultrafiltrat

Toxines
urémiques

HCO3, Ca, Mg,


glucose

SIC Débit
SEC dialysat affluent
Recirculation
Débit sanguin
Résistance Résistance Résistance
corporelle dialyseur dialysat/ultrafiltrat

Clairance corporelle Clairance dialyseur Clairance globale


Transfert de masse

En cas de fonction rénale résiduelle (Kr) significative, remplacer ionique, absorptiométrie UV) [45, 46] . D’autres indices d’efficacité de
la valeur de C0 par C01 : la séance d’hémodialyse sont proposés, tels que la clairance cor-
⎡ ⎛ ⎞ ⎤ porelle totale Kt (urée ou ionique) ou le Kt rapporté à la surface
corporelle (Kt/sc) [47, 48] . Lorsque la masse soustraite de soluté est
0, 79 + 3, 08 ⎠ Kr ⎦
C01 = C0 ⎣1 + ⎝ mesurée directement par un uréomètre placé en ligne sur le circuit
sp Kt V dialysat, un indice de soustraction corporel de l’urée (solute remo-
V val index [SRI]) extrêmement précis peut en être déduit [49, 50] . Cet
indice représente le rapport de la masse d’urée effectivement sous-
Facteur de conversion urée mM/l : 0,357 = mg/dl traite à celle présente chez le patient en début de séance. De façon
La formule permettant de calculer la dose de dialyse stan- intéressante le SRI est proche du taux de réduction d’urée (ou pour-
dardisée hebdomadaire administrée au patient hémodialysé centage de réduction) obtenu à partir des taux d’urée sanguins en
en fonction du nombre de séances effectuées est la suivante pré- et post-dialyse tenant compte du rebond post-dialyse.
(où S est kt/V standardisé hebdomadaire, F la fréquence des La qualité de l’épuration doit être jugée sur des critères plus
séances hebdomadaires ; t la durée des séances en minutes, Ufw larges incluant l’épuration de toxines urémiques de haut poids
l’ultrafiltration par séance et Kr la fonction rénale résiduelle) : moléculaires d’intérêt clinique mais également la correction des
Kt/V standardisé hebdomadaire : troubles métaboliques et hydroélectrolytiques de l’insuffisance
⎛ Kt ⎞ rénale. Cela est repris dans les critères d’efficacité de dialyse.
−e
Dans ce cas, l’indice d’efficacité peut être calculé sur la base d’un
10080 · 1 − e ⎝ V ⎠ taux de réduction (ou pourcentage de réduction) de la substance
T considérée par séance de dialyse, tenant compte du phénomène
stdKt
= ⎛ ⎞ d’hémoconcentration. Tel est le cas du taux de réduction de la
V −e Kt
− créatinine, du phosphate inorganique, de la ␤2-M ou de toute
⎝1 − e V ⎠ + 10080 − 1 toxine urémique circulante [51–54] . À défaut, la concentration pré-
e Kt Ft
dialytique de la substance d’intérêt est volontiers prise comme
V
cible de référence d’efficacité en fixant des seuils de valeurs souhai-
tables. Cette approche repose en fait sur la loi de conservation de
Kt/V standardisé hebdomadaire corrigé pour les variations masse qui permet d’affirmer que la masse de substance soustraite
pondérales : par l’hémodialyse et la fonction rénale résiduelle est équivalente à
celle produite par le patient dans l’intervalle de temps considéré.
stdKt Dans ce cas, l’atteinte des valeurs cibles permet d’affirmer que
=
V l’efficacité du programme de dialyse est conforme aux prescrip-
⎛ ⎞ tions. À l’opposé, la non-atteinte des valeurs cibles fixées suggère
S 0, 974 10, 080 que le programme de dialyse est insuffisant ou que les prescrip-
+ Kr × ⎝ + 0, 4⎠ × tions ne sont pas respectées. Cette démarche doit s’inscrire dans
0, 74 Ufw spKt V
1− × + 1, 62 le cadre d’un contrôle de qualité et d’amélioration des pratiques
F V V
en hémodialyse [55] .
Au paramètre K urée, on peut actuellement substituer le
K ionique (dialysance ionique mesurée par le générateur) et dans
ce cas la dose de dialyse s’intitule iKt/V [43] . Le volume de distribu-
tion de l’urée (V), établi de façon empirique par la formule de
 Conduite et réalisation pratique
Watson, tend à surévaluer la valeur estimée de V et à réduire de l’hémodialyse
de façon artéfactuelle la valeur du iKt/V le rapprochant ainsi
du Kt/V urée équilibré. Le volume de distribution V peut être La prescription de l’hémodialyse répond à un schéma théra-
néanmoins mesuré de façon plus objective par impédancemé- peutique qui s’appuie sur des séances de dialyse dont la durée,
trie [44] . L’efficacité des séances de dialyse peut être également la fréquence hebdomadaire et les conditions de réalisation sont
surveillée de façon régulière et automatique à moindre coût grâce établies en fonction des besoins métaboliques et de tolérance du
au monitorage intégré sur les machines de dialyse (dialysance patient. Il est important de souligner que l’hémodialyse ne permet

EMC - Néphrologie 11

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

de corriger que partiellement et périodiquement les désordres dialysance ionique, taux de recirculation, débit de fistule artério-
résultant des anomalies des fonctions excrétrices rénales. Cela veineuse, etc.), des prélèvements sanguins (en cas de besoin avant
sous-entend donc que le programme de dialyse doit être indi- et après dialyse) et des thérapies adjuvantes spécifiques (médica-
vidualisé, optimisé et adapté aux changements de conditions tions per- ou post-dialytiques).
métaboliques des patients afin de leur garantir les meilleurs résul- Le programme de dialyse est établi en fonction des besoins
tats. La fonction rénale résiduelle est un élément important qui métaboliques du patient, de la tolérance hémodynamique des
peut être utilisé pour assouplir le programme de dialyse pres- séances, des performances atteintes au cours des séances de
crit. Prescrire une séance de dialyse est un acte médical qui ne dialyse, de l’observance diététique et thérapeutique, des prises
peut être délégué et engage la responsabilité de son prescrip- pondérales interdialytiques, de la diurèse résiduelle et des résultats
teur. En revanche, la réalisation pratique et la surveillance de clinicobiologiques obtenus. En phase stabilisée, la durée du trai-
l’hémodialyse peuvent être déléguées à des infirmières quali- tement hebdomadaire est de 12 heures réparties en trois séances
fiées dans la mesure où le protocole de soins est respecté et les en moyenne. Ce schéma thérapeutique peut être modulé en fonc-
cibles prescrites atteintes. Les aspects évoqués dans ce chapitre tion des résultats obtenus et de la tolérance des séances. La durée
répondent aux questions que se pose tout néphrologue face à un pourra être ainsi portée à 15 voire 18 heures par semaine en modu-
patient insuffisant rénal chronique. lant la fréquence (trois, quatre voire six séances par semaine). Ces
schémas de dialyse plus longue et/ou plus fréquente améliorent
grandement l’efficacité (notamment le contrôle de la balance
Quand débuter l’hémodialyse ? sodée, de l’hyperphosphorémie et de l’épuration des toxines uré-
Les guides de bonne pratique suggèrent de débuter miques de haut poids moléculaire) et la tolérance des séances. Ils
l’hémodialyse dès lors que l’IRC a atteint un stade critique. sont plus proches des besoins physiologiques. Un gain clinique
En d’autres termes, cela sous-entend que le débit de filtration indiscutable est obtenu, mais au prix d’une dépendance plus
glomérulaire (DFG) a chuté de façon notable et prolongée sous grande et d’un surcout qui reste à évaluer. Des études cliniques éva-
la barre des 10 ml/min/1,73m2 et s’accompagne de signes de luent actuellement le rapport coût–bénéfice de tels programmes
maltolérance urémique (perte d’appétit, fatigue permanente, thérapeutiques.
nausées et/ou vomissements, impatience des membres inférieurs, Le traitement médical adjuvant fait partie intégrale de la sup-
prurit, insomnie, etc.) ou de signes de surcharge sodée avec pléance rénale, mais ne sera pas abordé ici pour des raisons de
hypertension artérielle réfractaire à un traitement optimal [56] . Il place. Pour mémoire, certains médicaments sont administrés au
s’agit là d’une prise en charge en dialyse idéale et programmée cours ou au décours des séances (agent stimulant l’érythropoïèse,
chez un patient bénéficiant d’un suivi néphrologique et chez fer intraveineux, suppléments nutritionnels ou vitaminiques,
lequel une fistule artérioveineuse aura pu être confectionnée etc.), d’autres sont pris entre les séances de dialyse par voie orale ou
préalablement. Dans près d’un tiers des cas malheureusement, injectable afin de combler les insuffisances de la dialyse (fixateurs
la prise en charge survient dans un contexte d’urgence chez un digestifs du phosphore, vitamine D, calcium, etc.) ou de traiter des
patient urémique non suivi ou se décompensant à l’occasion troubles spécifiques (statines, médications cardiologiques, anti-
d’une complication intercurrente. Ce type de situation non diabétiques, etc.).
souhaitable conduit à l’implantation de cathéters veineux,
prolonge la durée d’hospitalisation et multiplie les risques de
complications. Dans ce contexte, il est intéressant de souligner Comment débuter le programme
que l’étude récente IDEAL (Initiating Dialysis Early and Late), d’hémodialyse ?
large étude randomisée australienne, n’a pas été en mesure de
prouver qu’une prise en charge précoce et programmée réduisait Le programme d’hémodialyse (7–10 premiers jours) doit être
la morbimortalité précoce des patients incidents pris en charge instauré de façon progressivement douce afin de limiter les
en dialyse [57] . En revanche, il est intéressant de souligner qu’un difficultés initiales (ponction, maltolérance, etc.) et en faci-
pourcentage important de patients inclus dans le bras prise liter son acceptation. Des séances courtes de 2 à 3 heures
en charge tardive (DFG supérieur à 7 ml/min) ont dû débuter rapprochées (quotidiennes ou à jours alternés) à efficacité volon-
plus précocement la dialyse en raison de l’apparition d’une tairement réduite (débit sanguin limité à 250 ou 300 ml/min,
symptomatologie fonctionnelle urémique gênante. Il est donc dialyseur < 1,5 m2 à membrane synthétique) et dialysat enri-
raisonnable de proposer une prise en charge en dialyse précoce chi en glucose et/ou à teneur sodique élevée (140–142 mmol/l)
entre 5 et 9 ml/min/1,73m2 , éventuellement plus tôt, lorsque permettent de réduire la maltolérance initiale et de prévenir
le patient est symptomatique ou présente une surcharge sodée l’apparition du syndrome de déséquilibre (œdème cérébral).
difficilement contrôlable [58] . Au demeurant cette étude souligne Des injections intraveineuses de glucose hypertonique (1–2 g)
aussi la pertinence du suivi clinique rapproché des patients itératives répétées toutes les 30 minutes permettent de mini-
insuffisants rénaux chroniques par un néphrologue. miser les fortes variations osmotiques des patients présentant
des syndromes urémiques majeurs et des taux très élevés d’urée
(> 40 mmol/l). La perte de poids est adaptée au degré de surcharge
Comment prescrire une séance de dialyse sodée, au niveau de pression artérielle et de la tolérance hémo-
et un traitement de suppléance rénal ? dynamique. La prescription de la composition électrolytique du
dialysat (bicarbonate, potassium, calcium) est également impor-
La prescription d’une séance de dialyse ne se peut se concevoir tante. Elle est destinée à prévenir les troubles rythmiques, les
que dans le cadre d’une stratégie thérapeutique globale. La séance convulsions et les manifestations liées à des transferts trop rapides
de dialyse n’est qu’un élément du programme de dialyse qui est résultants de gradients électrolytiques patient/dialysat élevés (aci-
lui-même un composant de la thérapie substitutive rénale. dose métabolique, hypocalcémie, hyperkaliémie). L’adjonction de
La prescription d’une séance de dialyse comporte plusieurs calcium (CaCl2 1 à 2 g) dans la ligne de retour veineux en début
éléments : le choix de la modalité thérapeutique (hémo- de séance est conseillée chez des patients urémiques incidents
dialyse, hémodiafiltration, hémofiltration), la durée de la qui débutent la dialyse et présentent de façon concomitante une
séance (3–5 heures), le choix de l’accès vasculaire et sa acidose métabolique sévère et une hypocalcémie.
modalité d’utilisation (cathéter ou fistule), le débit sanguin
(300–400 ml/min), le dialyseur (haute ou basse perméabilité,
surface de 1,6 à 2 m2 ), la composition électrolytique du dia- Comment adapter le programme
lysat (Na, K, Ca essentiellement), l’anticoagulation (héparine d’hémodialyse ?
standard, héparine bas poids moléculaire ou une autre moda-
lité), le poids sec (fixé individuellement) et la perte de poids Après la phase de correction (deux semaines en moyenne,
maximale (< 10 ml/kg/h), des options thérapeutiques spécifiques soit six à huit séances), le schéma thérapeutique est progressive-
(profil sodique et/ou ultrafiltration, contrôle thermique), des élé- ment adapté aux besoins métaboliques du patient. La prescription
ments de surveillance particuliers (glycémie, variation volémique, du programme de dialyse est une étape fondamentale dans la

12 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

Tableau 3. Le contrôle du volume extracellulaire et de la pression arté-


Check-list et valeurs cibles souhaitées pour obtenir un programme de dia- rielle sont essentiels à la cardioprotection du patient dialysé [64] .
lyse efficace. Ces éléments sont donnés à titre indicatif et correspondent C’est un objectif essentiel chez tout patient dialysé [65] . La
au programme minimum ne tenant pas compte du traitement médical surcharge volémique aiguë comporte un risque d’insuffisance car-
annexe et de la composition du dialysat. diaque aiguë et d’œdème pulmonaire. La surcharge volémique
 Programme hémodialyse > 4 h × 3 par semaine
chronique se traduit par le développement d’une cardiopa-
thie (dilatée ou hypertrophique) et d’une insuffisance cardiaque
 Accès vasculaire Fistule artérioveineuse sévère. Le contrôle de la pression artérielle est également essen-
 Débit sanguin – recirculation > 300 ml/mn – < 10 % tiel dans ce contexte. Cet objectif doit être obtenu de façon
 Signes fonctionnels ou plaintes Absence prioritaire par déplétion sodée et volémique (composante volo-
 Delta poids sec estimé - poids atteint < 0,3 kg dépendante de l’hypertension) et éventuellement complété par
l’adjonction d’antihypertenseurs (composante volorésistante de
 Gain poids interdialytique < 3 % poids
l’hypertension). Dans près de 80 % des cas le rétablissement du
 Pression artérielle (pré-/post-dialyse) < 150/90 – <140/80 volume extracellulaire par déplétion sodée et obtention du poids
 Dose de dialyse administrée (eKt/V) eKt/V > 1,4 sec doit permettre de contrôler la pression artérielle sans recourir
 HCO3 – K (pré-/post-dialyse) 22 / 30 – 6,0/3,5 aux antihypertenseurs. Le poids sec est le poids théoriquement
obtenu en fin de séance de dialyse après déplétion sodée et res-
 PO4 , Ca, PTH 1,2–1,5 – 2,2–2,40 – 150–300
tauration de l’homéostasie du volume extracellulaire. Le poids sec
 Hb – CST – Ferritine 11–12 – >30 % – 150–300 est obtenu initialement par une baisse progressive du poids de
 Albumine > 38 g/l fin de séance, puis maintenu ensuite par titration régulière de ce
 nPNA-PCR > 1,1 g/kg/j même poids sur des arguments essentiellement cliniques. Dans
sa détermination interviennent plusieurs éléments : la présence
 Apports diététiques (calories – protides) > 30 kcal/Kg/j – >1,2 g/kg/j
ou non de signes de surcharge sodée (œdème, dyspnée, etc.), les
 CRP < 6,0 mg/l valeurs tensionnelles de début et de fin de séance, la tolérance
PTH : parathormone ; Hb : hémoglobine ; CST : coefficient de saturation de la
hémodynamique des séances (chute de tension, malaises divers,
transferrine ; nPNA : taux d’apparition de l’urée normalisée ; nPCR : taux de crampes, etc.), la prise pondérale interdialytique et l’existence
catabolisme protique normalisé ; CRP : protéine C réactive. d’une diurèse résiduelle. D’autres éléments peuvent faciliter cette
évaluation tels des biomarqueurs simples (hémoconcentration
évaluée par l’hématocrite ou la concentration des protéines) ou
prise en charge thérapeutique [59] . Il s’agit d’une phase de conso- plus complexes (peptide cérébral natriurétique [brain natriure-
lidation au cours de laquelle les principaux objectifs sont de tic peptide (BNP)], proBNP, NTproBNP, etc.) ou des indicateurs
corriger la surcharge sodée, contrôler la pression artérielle et satis- morphologiques ou fonctionnels (indice cardiothoracique, radio-
faire aux critères majeurs de dialyse adéquate. Le programme graphie pulmonaire, échocardiographie, diamètre de la veine cave
est établi de façon empirique sur la base de trois séances de inférieure, etc.). De façon plus récente, il a été proposé d’utiliser
4 heures par semaine (par exemple, patient de 70 kg sans comor- la bio-impédancemétrie (corporelle ou segmentaire) pour éva-
bidité ou facteurs de risques particuliers) d’hémodialyse (ou luer de façon objective l’hydratation et le volume extracellulaire
d’hémodiafiltration) avec un dialyseur synthétique haute perméa- des patients dialysés [66] . Ces méthodes non-invasives apportent
bilité (1,8–2,0 m2 ), des débits sanguin de 400 ml/min et un dialysat indiscutablement une aide au médecin dans sa recherche du
de 600 ml/min. L’objectif essentiel de cette période est de contrô- poids sec [67] . Elles ne remplaceront certainement pas le bon sens
ler au mieux la pression artérielle en jouant sur sa composante clinique mais s’avèrent dès à présent utiles pour résoudre des
volémique et en réduisant puis en supprimant la plupart des médi- situations cliniques complexes. La place de ces outils et leur
caments antihypertenseurs. Cela est obtenu par une éducation intérêt en pratique clinique sont en cours d’évaluation [68] . Le
diététique (réduction des apports sodés) et une baisse progressive contrôle très strict du poids sec comporte le risque d’épisodes
du poids sec [60, 61] . Soulignons que les agents bêtabloquants et/ou hypovolémiques et d’hypotensions artérielles perdialytiques aux
antagonistes du système rénine-angiotensine à visée essentielle- conséquences potentiellement délétères. La tolérance hémodyna-
ment cardiaque seront maintenus avec des doses adaptées à la mique des séances est un élément très important dans l’adaptation
situation clinique nouvelle. De même, les diurétiques de l’anse du programme de dialyse. La prévention des chutes tensionnelles
pourront être maintenus tant que la diurèse résiduelle restera perdialytiques est un objectif essentiel qui réduit les agressions
significative (> 500 ml/24 h). Les contrôles biologiques pério- cardiaques et vasculaires et les épisodes d’ischémie silencieuse
diques ont pour but de vérifier la bonne efficacité du programme. (cardiaque, digestive ou cérébrale) [69–71] . Des outils sophistiqués
L’analyse des résultats au terme des trois premiers mois permet incorporés dans les appareils de dialyse permettent de minimiser
ensuite de juger des résultats et de la tolérance et d’adapter plus ces événements indésirables. De façon commune ils comportent
finement le programme afin d’entrer dans une phase d’entretien. une mesure en ligne de la variation relative de la volémie per-
dialytique (biosenseur d’hémoglobine, blood volume monitoring)
et une adaptation, soit manuelle (infirmier), soit automatisée par
Quels sont les critères d’efficacité ? un système expert rétrocontrôlé (HemocontrolTM ) dont le but est
de faciliter la recharge volémique en réduisant l’ultrafiltration
Les critères d’efficacité du programme de suppléance rénale et/ou en augmentant la conductivité du dialysat (augmentation
sont résumés sous forme d’une check-list d’indicateurs et de leurs de la charge sodée) et/ou en induisant une perte thermique
valeurs cibles dans le Tableau 3. Il n’est pas tenu compte du (balance calorique négative) dans le but d’augmenter les résis-
traitement médical annexe (agent stimulant l’érythropoïèse, vita- tances vasculaires et l’inotropisme cardiaque (blood temperature
mine D, agents chélateurs du phosphate, etc.) ou de la fonction monitoring) [72–75] .
rénale résiduelle du patient. Ces cibles sont établies à partir des L’efficacité des séances de dialyse est évaluée sur deux cri-
données scientifiques et des recommandations de bonne pratique tères quantifiables et objectifs : la dose de dialyse estimée par le
clinique [62] . Kt/V urée [30] et l’apport nutritionnel protidique estimé par le taux
Pour des raisons de simplicité seuls les critères primaires d’apparition de l’urée (nPNA) [76, 77] . Ces deux critères représentent
d’efficacité sont discutés et regroupés en quatre catégo- le socle minimal d’évaluation de la prescription de la dialyse mais
ries principales : contrôle du volume extracellulaire et de la ne représentent en aucun cas l’efficacité globale du programme de
pression artérielle, dose de dialyse administrée estimée par l’urée, dialyse. Le Tableau 3 résume les principaux indicateurs d’efficacité
contrôle des anomalies électrolytiques (hyponatrémie, acidose et et les cibles couramment utilisées pour définir le caractère adéquat
hyperkaliémie) et contrôle du métabolisme phosphocalcique et du programme de dialyse. L’obtention de ces cibles par un pro-
magnésien. D’autres critères secondaires ne seront pas discutés ici gramme thérapeutique adapté et personnalisé permet de réduire
faute de place, et nous renvoyons le lecteur intéressé aux articles de façon significative la morbidité et la mortalité des patients
de références [63] . dialysés. La périodicité et les méthodes de mesures ainsi que les

EMC - Néphrologie 13

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

marqueurs biologiques de référence s’inscrivent dans le cadre d’un (septembre 2002) en France ont défini précisément les unités de
contrôle de qualité strict et de l’amélioration des pratiques pro- dialyse en fonction de leur environnement et de leur degré de
fessionnelles. Nous renvoyons le lecteur intéressé aux guides et médicalisation [82] . Cinq types de structures sont reconnus : unité
manuels de référence [44] . d’hémodialyse en centre (HDC) ; unité de dialyse médicalisée
La correction des anomalies électrolytiques du patient dialysé (UDM) ; unité d’autodialyse assistée ou non (UAD) ; hémodialyse
est également un objectif majeur de la restauration périodique à domicile (HDD) et unité d’entrainement à l’hémodialyse (UEH).
de l’homéostasie du patient dialysé. La correction de ces troubles Dans l’esprit du législateur, l’orientation du patient dans l’une de
repose en grande partie sur la composition électrolytique du dialy- ces structures répondait au profil médical du patient, à son choix,
sat. La correction de l’hyponatrémie, reflet de l’hyperhydratation à son besoin d’autonomie, à l’offre locale de soins et à d’autres cri-
et des apports hydriques purs interdialytiques, est obtenue par tères. Au plan économique, l’HDC est de loin la modalité la plus
alignement avec la concentration du sodium dans le dialysat. coûteuse. Le coût annuel d’un patient hémodialysé en centre en
La concentration du sodium dans le dialysat est habituellement France est de l’ordre de 81 KD par an alors que celui de l’HDD
comprise entre 136 et 142 mmol/l. Elle permet ainsi de ramener tombe à 50 KD [83] . L’HDD est sous-utilisée en France alors même
la natrémie du patient dialysé dans cette fourchette de valeurs qu’elle offre une excellente alternative en termes de qualité, de
en fin de séance. Une modulation de la natrémie ou des gra- confort et de résultats globaux.
dients patient/dialysat peut être également obtenue grâce à des
profils sodiques spécifiques préétablis par le générateur de dia-
lyse sur prescription médicale. Cela permet de personnaliser et
d’améliorer dans un certain nombre de cas la tolérance indivi-
 Risques et complications
duelle des séances de dialyse. Dans ce cadre de personnalisation, de l’hémodialyse
la dialyse isonatrémique est en cours d’évaluation, elle permet-
trait d’assurer la déplétion sodée nécessaire en alignant le sodium En dépit des progrès techniques considérables apportés aux
dialysat sur celui du patient et en évitant les grandes variations moniteurs-générateurs et au matériel de dialyse, l’hémodialyse
osmotiques propices à la soif et mal tolérées au plan cérébral [78] . demeure une procédure à haut risque. Cela est malheureusement
La correction de l’acidose dépend de la concentration du bicar- trop souvent oublié par les équipes soignantes qui ont tendance
bonate dans le dialysat. Habituellement, le bicarbonate est titré à à banaliser la méthode. L’appareillage de dialyse bénéficie de
35 mmol/l si bien que le taux de bicarbonate des patients dialysés normes de sécurité extrêmes qui ont certes minimisés les risques
est en fin de séance compris entre 28 et 32 mmol/l. La métaboli- mais ne les ont pas fait disparaître pour autant. L’infirmier doit
sation de l’acétate contenu dans le concentré acide majore cette être conscient des risques, rester vigilant et respecter des procé-
alcalose post-dialytique et peut contribuer à la maltolérance des dures très strictes de soins en hémodialyse afin d’en prévenir les
séances. Des essais sont en cours pour le substituer par un acide complications.
faiblement titré (citrate, HCl, lactate, etc.) afin de minimiser ces Au cours d’une séance de dialyse les risques et complications
effets indésirables [79, 80] . La correction de l’hyperkaliémie est essen- potentielles sont de deux ordres, certains mineurs et d’autres
tielle chez les patients dialysés. Elle dépend de la concentration majeurs. Au rang des risques mineurs on peut classer les problèmes
du potassium dans le dialysat. De façon évidente, plus la concen- survenant avant le branchement : difficultés d’accès vasculaire
tration du potassium est basse dans le dialysat, plus la déplétion (ponction, dysfonctionnement, etc.), problèmes médicaux inter-
est importante et la kaliémie basse en fin de séance. La teneur currents (fièvre, troubles rythmiques, angor, etc.), problèmes
potassique du dialysat est habituellement comprise entre 2 et techniques liés au générateur ou traitement d’eau (alarme, panne,
3 mmol/l. Ces concentrations peuvent être modulées en fonction etc.). Dans ces cas, la vie du patient n’est pas engagée par la
des besoins (hyperkaliémie en début de dialyse) et de la tolérance méthode et la séance de dialyse peut être retardée ou diffé-
cardiaque des séances. Il est à noter que des variations trop rapides rée en fonction du bilan biologique. Dès lors que le circuit
de kaliémie induites par des gradients patient/dialysat élevés sont sanguin extracorporel est lancé la situation devient alors beau-
potentiellement dangereuses car sources d’arythmies sévères. Elles coup plus critique et les risques sont potentiellement graves.
doivent donc être évitées notamment chez les patients cardiaques. La question essentielle doit être la mise en sécurité du patient :
La correction des anomalies phosphocalciques et magné- faut-il arrêter la séance ? Faut-il restituer ? Quelle attitude adop-
siennes es également importante dans le traitement des désordres ter ? Pour des raisons de place nous n’évoquerons que quatre
minéralo-osseux du patient dialysé. L’épuration du phosphate complications potentiellement graves : la réaction anaphylactique
inorganique est limitée en dialyse du fait de transferts corpo- ou anaphylactoïde, l’embolie gazeuse, l’hémolyse intravasculaire
rels intercompartimentaux lents. Ainsi, seuls des programmes de et l’hémorragie extériorisée.
dialyse longs et/ou fréquents sont capables d’épurer de façon
suffisante les phosphates inorganiques accumulés entre deux
séances de dialyse. La concentration du calcium dans le dialy- Réaction anaphylactique
sat conditionne en grande partie la balance calcique. De façon
Elle correspond à une réaction d’hypersensibilité immédiate
schématique, la balance calcique en dialyse peut se résumer de
induite par une sensibilisation antérieure à un composant du
la façon suivante : une concentration du calcium dans le dialysat
système de dialyse (résidu d’oxyde d’éthylène, composant plas-
à 1,5 mmol/l assure une balance positive et une charge minime ;
tique du circuit ou du dialyseur, désinfectant résiduel, etc.) et
une concentration du calcium dans le dialysat à 1,25 mmol/l per-
implique une réaction immune médiée par des IgE. Elle se tra-
met une balance négative ; une concentration du calcium dans
duit par une toux irritative, une sensation prurigineuse cutanée
le dialysat à 1,75 mmol/l assure une balance positive et une forte
ou muqueuse, une gêne respiratoire et laryngée spasmodique
charge calcique. La balance calcique dépend de la concentration
avec parfois malaise et hypotension artérielle. Dans ce cas, le cir-
du calcium ionisé patient (fonction de l’albuminémie) et de la
cuit ne doit pas être restitué mais jeté afin d’éviter d’aggraver la
modalité de dialyse (hémodialyse, hémofiltration ou hémodia-
situation et les manœuvres de réanimation doivent être mises
filtration). La concentration du magnésium dans le dialysat est
en place (noradrénaline, corticoïde, oxygénothérapie, bêtamimé-
habituellement de 0,50 mmol/l ce qui assure une balance néga-
tiques, remplissage vasculaire macromoléculaire).
tive minime. Des travaux récents indiquent qu’une augmentation
des apports magnésiens (oraux, dialysat) pourraient avoir un effet
bénéfique sur la prévention des calcifications vasculaires [81] . Embolie gazeuze
Elle résulte d’une intrusion massive et brutale d’air dans la circu-
Quelle structure de traitement pour quel lation sanguine. Cela peut survenir du fait d’une fausse manœuvre
patient ? au branchement ou au débranchement (interruption volontaire
des alarmes), d’une ouverture accidentelle du circuit artériel (rup-
L’hémodialyse peut être pratiquée dans différents types ture, déconnection de ligne ou de cathéter, etc.) d’une défaillance
d’unités. Les décrets qui régissent le traitement de l’IRC du système de détection d’air voire d’un gazage du circuit sanguin

14 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

entraînant un passage massif de microbulles dans le piège san- indéfinissable, saignement des points de ponction, etc.) qui
guin veineux. La survenue d’une toux irritative répétée est le se corrigent habituellement spontanément dans les heures qui
premier signe d’appel qui très rapidement s’accompagne d’un suivent la dialyse et ne requièrent qu’une surveillance ainsi
malaise général avec sensation de mort imminente et oppression que des événements majeurs et graves (troubles rythmiques car-
thoracique précédent la survenue d’un déficit neurologique [84] . À diaques, syndrome coronarien, accidents vasculaires cérébraux,
noter que récemment des accidents de type embolie gazeuse retar- syndrome vasculaire périphérique, convulsions, fièvre et état sep-
dée sont survenus après administration accidentelle de résidus tique, hématome abdominal, etc.) qui à l’opposé nécessitent
de perfluorocarbone contenus dans les hémodialyseurs [85, 86] . Bien une prise en charge immédiate et une hospitalisation en milieu
que ce type de composé ne soit plus utilisé, une vigilance perma- néphrologique spécialisé.
nente du personnel infirmier doit être observée, car c’est le risque À distance d’une séance d’hémodialyse, soit dans l’intervalle
de toute circulation sanguine extracorporelle. La prévention de interdialytique, le patient insuffisant rénal chronique demeure
ce type d’accident est essentielle et relève d’une formation adé- un patient fragile et à hauts risques cardiovasculaires. Il peut
quate du personnel infirmier. En cas d’embolie gazeuse l’arrêt de la développer des pathologies intercurrentes non spécifiques (infec-
pompe à sang doit être immédiat sans restitution, suivi d’une mise tion bactérienne ou virale, troubles rythmiques cardiaques ou
en position de décubitus latéral droit puis d’un transfert en unité pneumopathie, etc.) qui peuvent être traitées en ambulatoire. À
de réanimation spécialisée avec possibilité de caisson hyperbare. l’opposé, le patient hémodialysé est exposé à trois complications
majeures qui nécessitent une prise en charge immédiate et
spécialisée : un œdème pulmonaire par surcharge sodée, une
Hémolyse intravasculaire hyperkaliémie avec trouble rythmique cardiaque, une hyperten-
C’est un accident particulièrement redouté par sa gravité. Il sion artérielle accélérée ou malignisée. Dans ces trois circonstances
correspond à une hémolyse intravasculaire brutale du sang pas- un traitement par hémodialyse et ultrafiltration s’impose de façon
sant dans le circuit sanguin extracorporel. Cela se traduit par un rapide afin d’éviter une issue fatale. Le transfert doit être réalisé
tableau de choc brutal précédé de douleurs lombaires intenses, sans délai dans une unité d’hémodialyse ou de soins intensifs
d’une pâleur marquée et de l’apparition dans le circuit extracor- néphrologiques. D’autres complications peuvent observées chez
porel d’un sang laqué. L’origine de l’hémolyse peut être chimique le patient hémodialysé. Elles surviennent plus volontiers au cours
(résidu de désinfection, présence de résidus de chlore libre dans le des longs intervalles interdialytiques (week-end) et sont plus
dialysat, hyper- ou hyponatrémie extrême induite par une erreur volontiers d’ordre cardiovasculaire (troubles rythmiques, mort
de composition électrolytique du dialysat, etc.), physique (plica- subite, œdème pulmonaire, accident vasculaire cérébral, etc.) mais
ture du circuit sanguin induisant un régime de pression extrême) peuvent être également de nature infectieuse (pneumopathie,
ou thermique (hyper- ou hypothermie extrême du dialysat). Dans infection urinaire ou viscérale, accès vasculaire, etc.) ou de toute
ce cas, le circuit ne doit pas être restitué mais jeté et les manœuvres autre nature (thrombose d’accès vasculaire, hématomes, hémor-
de réanimation doivent être rapidement instaurées avec notam- ragie digestive ou kystique, etc.) [87, 88] .
ment exsanguinotransfusion sanguine dans les formes les plus
sévères.
Complications au long cours
Hémorragie extériorisée Elles surviennent principalement au-delà de la dixième année
de traitement. Elles rentrent dans le cadre de la pathologie dite du
Elle est rare du fait de connections sécurisées des différentes « vieux dialysé » et traduisent à la fois une efficacité insuffisante
parties du circuit sanguin. Elle peut survenir néanmoins en cas de l’épuration et des réactions biologiques délétères résultant de
de rupture ou de fuite du circuit sanguin côté veineux, ou en l’hémo-incompatibilité du système de dialyse [89] . Sans entrer dans
cas de déconnection accidentelle du circuit au niveau de l’aiguille les détails physiopathologiques nous ne ferons qu’évoquer les plus
ou du cathéter veineux. Cet accident est spectaculaire mais dans fréquentes.
la mesure où il est visible il peut être facilement maîtrisé. En
revanche, une fuite de sang minime mais continue sur une décon-
Athérosclérose accélérée et athéromatose
nection partielle ou un défaut de matériel peut se révéler par
un choc hémorragique après perte sanguine massive non visua- Ce sont les complications les plus fréquentes et les plus
lisée (fuite sanguine sous un drap par exemple). C’est la raison sérieuses survenant chez les urémiques chroniques au long
pour laquelle l’accès vasculaire et le circuit sanguin extracor- cours. Elles sont la première cause de décès et d’hospitalisation
porel doivent rester en permanence visible lors d’une séance des patients dialysés. L’infarctus myocardique, la mort subite,
d’hémodialyse. les troubles du rythme, l’insuffisance cardiaque et les acci-
dents vasculaires cérébraux représentent à eux seuls 45 % des
causes de décès [90] . L’origine de cette maladie vasculaire est
Manifestations de maltolérance des séances multifactorielle [91] . Elle associe les facteurs de risques tradition-
d’hémodialyse nels (âge, sexe, tabac, ethnie, hypercholestérolémie, etc.) et les
facteurs de risques spécifiques liés à l’urémie (hypertension,
La séance d’hémodialyse peut être émaillée d’autres événe- rétention sodée, inflammation, stress oxydatif, anémie, ano-
ments qui traduisent plus une maltolérance des séances que des malies du métabolisme phosphocalcique, rétention des toxines
complications proprement dites de la dialyse. Nous ne ferons urémiques, etc.).
qu’évoquer ici les principales manifestations de maltolérance des
séances d’hémodialyse.
Au décours immédiat d’une séance de dialyse des complications
Cardiopathie hypertrophique
ou des événements secondaires peuvent survenir de façon inopi- Elle est présente chez plus des deux tiers des patients insuffisants
née et brutale. Ces événements sont liés aux perturbations rénaux chroniques. Elle peut prendre un aspect de type hyper-
métaboliques aiguës induites par les séances de dialyse (hypo- trophique concentrique ou à l’opposé de type dilaté et parfois
volémie et hypotension, variations osmotiques, hypokaliémies, de type mixte. Cette cardiopathie relève de nombreux facteurs
alcalose métabolique, etc.) à l’anticoagulation, à la fragilité du de risques. L’hypertension artérielle chronique (vasomotrice) et
patient et à ses comorbidités (sujet âgé, diabétique, cardiaque, l’excès de volume extracellulaire (hypervolémie) sont les deux
vasculaire, etc.) mais également parfois à l’agressivité du pro- principaux facteurs impliqués dans la genèse de cette cardiopa-
gramme de dialyse (hémodialyse trop courte imposant de fortes thie [92] . La correction de ces deux facteurs par hémodialyse et
pertes pondérales et des échanges rapides par exemple). Schéma- ultrafiltration intensive permet de restaurer la fonction et la masse
tiquement, on peut considérer qu’il y a deux types d’événements ventriculaire dans près de 80 % des cas. Cela confirme le carac-
dans ce contexte : des événements mineurs (fatigue, hypotension tère volodépendant et le rôle essentiel de l’excès de sel dans ces
artérielle orthostatique, crampes, céphalées, rares nausées, malaise anomalies cardiaques.

EMC - Néphrologie 15

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

Calcifications vasculaires et valvulaires L’étude DOPPS a clairement mis en évidence que les pratiques
médicales étaient déterminantes à la survie des patients hémo-
Elles sont connues de longue date chez les urémiques.
dialysés au-delà des considérations techniques et biologiques. La
Elles représentent un facteur de risque indépendant associé à
prise en charge précoce de la maladie rénale, l’utilisation prédo-
une mortalité accrue [93] . Ces calcifications tissulaires relèvent
minante de fistules artérioveineuses natives, l’allongement de la
d’un mécanisme double : actif, par transdifférenciation des cel-
durée des séances de dialyse, l’atteinte des cibles thérapeutiques
lules musculaires lisses en ostéoblastes sous la dépendance de
(Kt/V, PO4, Ca, PTH, albumine, etc.), le contrôle de la pression
l’hyperphosphatémie et de plusieurs facteurs de différenciation ;
artérielle, la correction de l’anémie et de la carence martiale, la
passif, par déposition et cristallisation des sels d’oxalate calcique
gestion rapprochée et personnalisée des patients sont en mesure
en présence de quantité insuffisante de facteurs inhibiteurs des
de réduire significativement la mortalité [107] .
dépôts calciques [94] . Les complications vasculaires sont étroite-
La répartition des causes de décès chez les patients hémodia-
ment associées aux troubles du métabolisme minéralo-osseux de
lysés varie avec les groupes d’âge et les pays. Schématiquement,
l’IRC [95] .
les accidents cardiovasculaires majeurs (infarctus myocardique,
arrêt cardiaque, accidents vasculaires cérébraux et autres événe-
Dénutrition à caractère inflammatoire ments cardiovasculaires) représentent 45 % des causes de décès
Elle est fréquente chez l’urémique. C’est un facteur de mauvais chez les patients dialysés. Les autres causes se répartissent entre
pronostic qui s’intègre dans un complexe associant une athéro- infections (14 %), les tumeurs malignes (4 %), les arrêts thérapeu-
sclérose marquée (plaques vasculaires artérielles), une dénutrition tiques (3 %) et causes variées (34 %) [91] . Chez les sujets très âgés
protéinoénergétique (baisse de l’albumine) et une microinflam- (plus de 75 ans) les principales causes de décès sont différentes :
mation biologique (CRP) [96, 97] . Le stress oxydatif est un facteur il s’agit de l’arrêt thérapeutique et des problèmes nutritionnels
amplificateur et aggravant dans ce contexte inflammatoire chro- (cachexie, sarcopénie).
nique [98] . Dans ce contexte, la sarcopénie est probablement le
facteur de plus mauvais pronostic, qui traduit la perte de masse
musculaire et la réduction de réserves azotées essentielles et
majore le risque de décès.
 Perspectives thérapeutiques
et avenir de la suppléance rénale
Amylose-␤2-M
Le traitement contemporain de l’IRC ne peut plus se conce-
Elle a été identifiée dans les années 1980 chez les patients
voir sans une thérapie séquentielle et intégrée combinant
hémodialysés [99, 100] . Elle comporte des dépôts de ␤2-M poly-
l’hémodialyse, la dialyse péritonéale et la transplantation rénale.
mérisée sous forme d’amylose dans les tissus périarticulaires et
Aucune modalité n’est capable d’apporter à elle seule une réponse
les tissus osseux s’accompagnant de douleurs diffuses et d’une
thérapeutique satisfaisante, définitive et sans risques aux patients
gêne mécanique. Cette amylose résulte de l’accumulation (épu-
insuffisants rénaux. C’est la raison pour laquelle la prise en charge
ration insuffisante, production excessive) de ␤2-M, puis d’une
de l’insuffisance rénale doit être globale, complémentaire et pluri-
modification structurelle de la ␤2-M (réactions de glycation et
disciplinaire. Dans une approche pragmatique et objective tenant
de carbamylation) facilitant sa polymérisation et sa transforma-
compte du rapport bénéfices–risques, il est évident que les patients
tion en amylose. De façon intéressante, l’utilisation prolongée de
jeunes ou sans pathologie sévère doivent pouvoir bénéficier rapi-
membranes synthétiques biocompatibles et de dialysat ultrapur,
dement d’une transplantation rénale. En revanche, la situation
a permis de faire disparaître cette complication douloureuse et
est différente chez les patients âgés ou porteurs de pathologies
handicapante [101, 102] .
sévères, dans ce cas la transplantation peut être discutée mais les
risques doivent être sérieusement évalués. Enfin, chez tout patient
 Morbidité et mortalité transplanté rénal, la perte du greffon et sa reprise en dialyse
doit faire partie des éventualités clairement expliquées, afin que
des patients hémodialysés l’heure venue le « deuil du greffon » ne soit pas perçu comme un
échec de la méthode et du médecin transplanteur. L’hémodialyse
au long cours est une plateforme thérapeutique unique dans le domaine des sup-
pléances vitales dont l’efficacité est prouvée et qui ne doit pas être
La morbidité des patients hémodialysés est habituellement éva- perçue comme le faire-valoir de la transplantation rénale.
luée sur les hospitalisations. Des études récentes indiquent que L’avenir de l’hémodialyse est déjà tracé. L’accès à du dia-
les patients hémodialysés requièrent près de deux hospitalisa- lysat ultrapur en quantité illimitée et la mise sur le marché
tions par an d’une durée médiane de neuf jours (7–14 jours) [103] . de moniteurs-générateurs spécifiques a permis de développer
Ce critère n’est pas dénué d’erreurs et doit être interprété avec l’hémodiafiltration en ligne [108] . Ces nouvelles méthodes asso-
précaution dans la mesure où il traduit des pratiques médicales ciant diffusion et convection accrue assurent une épuration plus
et une régulation des soins différentes d’un pays à l’autre. Les efficace sur un spectre très élargi de toxines urémiques [109] . Des
causes d’hospitalisations répondent pour 28 % des cas à un évé- études observationnelles et interventionnelles [110] récentes sou-
nement cardiovasculaire sévère (syndrome coronarien, trouble lignent la supériorité de l’hémodiafiltration sur l’hémodialyse
rythmique, arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral, ischémie conventionnelle en termes de survie des patients avec un gain
des membres inférieurs, etc.), pour 26 % (17,6–37,4) des cas à un voisin de 35 % [111] . La nanotechnologie a permis de miniaturiser
problème d’accès vasculaire justifiant une intervention (explora- les dialyseurs, le matériel de dialyse et d’en optimiser les per-
tion fonctionnelle et/ou par imagerie, intervention), pour 16 % formances [23] . La microélectronique a permis d’incorporer une
(20,4–36,8) des cas à une infection bactérienne (accès vascu- très haute technologie dans les générateurs de dialyse (cartes à
laire, bactériémie et septicémie, pneumopathie, etc.), pour 12 % puces ou microcircuits intégrés) leur conférant une intelligence
(13,2–20,8) des cas à une pathologie digestive et hépatique et pour artificielle et facilitant leur miniaturisation. Le développement
le reste à divers autres événements intercurrents [104] . de biosenseurs spécifiques (urée, sodium, température, hémo-
La mortalité des patients hémodialysés demeure élevée en dépit globine, etc.) permet dès à présent la surveillance en ligne de
des progrès techniques et de la meilleure compréhension de paramètres biologiques essentiels du patient. Le couplage de ces
l’urémie. Cette mortalité varie grandement d’un pays à l’autre biosenseurs au microprocesseur du générateur facilite le suivi
et souligne le rôle important de la prise en charge sociale et du patient dialysé, permet un contrôle continu d’efficacité et
de l’expertise médicale [105] . L’étude DOPPS rapporte que la mor- de tolérance et ouvre la voie à des dispositifs autorégulés (bio-
talité annuelle brute est de 7,0 % au Japon, 16,0 % en Europe feedback). La biotechnologie est également en plein essor. Le
et 22,0 % aux États-Unis [106] . De nombreux facteurs contribuent greffage de substances actives ou proactives sur les membranes
à cette mortalité, au premier rang desquels se trouvent l’âge de dialyse (bioactives) ou l’incorporation de cellules vivantes spé-
avancé des patients, la présence fréquente de comorbidités telles cifiques dans les dispositifs d’hémodialyse (tubule bioartificiel)
le diabète sucré, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires. permettent d’envisager également des thérapies plus spécifiques

16 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

visant à substituer (libération) des substances déficitaires ou au [19] Clark WR, Hamburger RJ, Lysaght MJ. Effect of membrane compo-
contraire à éliminer (adsorption) des toxines non épurées par sition and structure on solute removal and biocompatibility in
voie conventionnelle. De façon plus pragmatique, l’augmentation hemodialysis. Kidney Int 1999;56:2005–15.
du temps de traitement (hémodialyse longue ou nocturne) ou [20] Bommer J, Becker KP, Urbaschek R. Potential transfer of endo-
l’accroissement de la fréquence des séances (quotidienne, jours toxin across high-flux polysulfone membranes. J Am Soc Nephrol
alternés) permet dès à présent d’améliorer considérablement les 1996;7:883–8.
résultats et la survie des patients [112] . [21] Hoenich NA, Woffindin C, Brennan A, Cox PJ, Matthews JN, Gold-
finch M. A comparison of three brands of polysulfone membranes. J
Am Soc Nephrol 1996;7:871–6.
 Conclusion [22] Ronco C, Bowry SK, Brendolan A, Crepaldi C, Soffiati G, Fortunato
A, et al. Hemodialyzer: from macro-design to membrane nanostruc-
ture; the case of the FX-class of hemodialyzers. Kidney Int [suppl]
La suppléance rénale par hémodialyse a fait des progrès consi- 2002;80:126–42.
dérables au cours de ces dernières décennies. Elle demeure le [23] Canaud B. Online hemodiafiltration. Technical options and best clinical
socle thérapeutique de l’urémie et s’intègre dans le parcours de practices. Contrib Nephrol 2007;158:110–22.
soins du patient urémique en complément indispensable de la [24] Chazot C, Shahmir E, Matias B, Laidlaw S, Kopple JD. Dialytic nutri-
dialyse péritonéale et de la transplantation rénale. Ses avan- tion: provision of amino acids in dialysate during hemodialysis. Kidney
tages, ses contraintes et ses limites sont bien établies. L’avenir de Int 1997;52:1663–70.
l’hémodialyse est déjà écrit : l’hémodialyse permet de répondre à [25] Broman M, Carlsson O, Friberg H, Wieslander A, Godaly G.
un besoin sanitaire croissant non couvert par la transplantation ; Phosphate-containing dialysis solution prevents hypophosphatemia
les progrès technologiques permettent d’envisager une miniaturi- during continuous renal replacement therapy. Acta Anaesthesiol Scand
sation et une automatisation extrême du matériel de dialyse allant 2011;55:39–45.
au rein artificiel portable ou implantable. [26] Bhimani JP, Ouseph R, Ward RA. Effect of increasing dialysate
flow rate on diffusive mass transfer of urea, phosphate and beta2-
microglobulin during clinical haemodialysis. Nephrol Dial Transplant
 Références 2010;25:3990–5.
[27] Ward RA, Idoux JW, Hamdan H, Ouseph R, Depner TA, Golper TA.
[1] Grassmann A, Gioberge S, Moeller S, Brown G. ESRD patients in Dialysate flow rate and delivered Kt/V urea for dialyzers with enhanced
2004: global overview of patient numbers, treatment modalities and dialysate flow distribution. Clin J Am Soc Nephrol 2011;6:2235–9.
associated trends. Nephrol Dial Transplant 2005;20:2587–93. [28] Circulaire n◦ DHOS/E4/AFSSAPS/DGS/2007/52 du 30 janvier 2007.
[2] Jain AK, Blake P, Cordy P, Garg AX. Global trends in rates of peritoneal [29] Canaud B, Granger-Vallée A. Should ultrapure dialysate be part of
dialysis. J Am Soc Nephrol 2012;23:533–44. standard therapy in hemodialysis? Semin Dial 2011;24:426–7.
[3] USRDS 2010 Annual Report–Chapitre 12. http://www.usrds.org/ [30] Canaud B, Lertdumrongluk P. Ultrapure dialysis fluid: a new standard
adr.htm. for contemporary hemodialysis. Nephro-Urol Mon 2012;4:519–23.
[4] Cambi V, Savazzi G, Arisi L, Bignardi L, Bruschi G, Rossi E, et al. [31] Lambie SH, McIntyre CW. Developments in online monitoring of hae-
Short dialysis schedules (SDS): finally ready to become routine? Proc modialysis patients: towards global assessment of dialysis adequacy.
Eur Dial Transplant Assoc 1975;11:112–20. Curr Opin Nephrol Hypertens 2003;12:633–8.
[5] Lindsay RM, Suri RS, Moist LM, Garg AX, Cuerden M, Langford [32] Keijman JM, van der Sande FM, Kooman JP, Leunissen KM. Thermal
S, et al. International quotidian dialysis registry: Annual report 2010. energy balance and body temperature: comparison between isolated
Hemodial Int 2011 Jan 14 [Epub ahead of print]. ultrafiltration and haemodialysis at different dialysate temperatures.
[6] Ok E, Duman S, Asci G, Tumuklu M, Onen Sertoz O, Kayikcioglu Nephrol Dial Transplant 1999;14:2196–200.
M, et al. Comparison of 4-and 8-h dialysis sessions in thrice-weekly [33] Maggiore Q, Pizzarelli F, Santoro A, Panzetta G, Bonforte G, Hanne-
in-centre haemodialysis: a prospective, case-controlled study. Nephrol douche T, et al. The effects of control of thermal balance on vascular
Dial Transplant 2011;26:1287–96. stability in hemodialysis patients: results of the European randomized
[7] Susantitaphong P, Koulouridis I, Balk EM, Madias NE, Jaber BL. clinical trial. Am J Kidney Dis 2002;40:280–90.
Effect of frequent or extended hemodialysis on cardiovascular para- [34] Petitclerc T. Do dialysate conductivity measurements provide conduc-
meters: a meta-analysis. Am J Kidney Dis 2012;59:689–99. tivity clearance or ionic dialysance? Kidney Int 2006;70:1682–6.
[8] Tordoir J, Canaud B, Haage P, Konner K, Basci A, Fouque D, et al. [35] Mercadal L, Petitclerc T. Nouveautés techniques en hémodialyse.
EBPG on vascular access. Nephrol Dial Transplant 2007;22(Suppl. Nephrol Ther 2009;5:109–13.
2):ii88–117. [36] Gotch F, Evans M, Metzner K, Westphal D, Polaschegg H. An on-
[9] Locatelli F, Buoncristiani U, Canaud B, Köhler H, Petitclerc T, Zuc- line monitor of dialyzer Na and K flux in hemodialysis. ASAIO Trans
chelli P. Haemodialysis with on-line monitoring equipment: tools or 1990;36:M359–61.
toys? Nephrol Dial Transplant 2005;20:22–33. [37] Ursino M, Colì L, Brighenti C, De Pascalis A, Chiari L, Dalmastri V,
[10] Krivitski NM. Theory and validation of access flow measurement by et al. Mathematical modeling of solute kinetics and body fluid changes
dilution technique during hemodialysis. Kidney Int 1995;48:244–50. during profiled hemodialysis. Int J Artif Organs 1999;22:94–107.
[11] Krivitski N, Schneditz D. Arteriovenous vascular access flow
[38] Canaud B. Principes et modalités d’application de l’hémodialyse
measurement: accuracy and clinical implications. Contrib Nephrol
au traitement de l’insuffisance rénale chronique. Nephrol Ther
2004;142:269–84.
2009;5:218–38.
[12] Krivitski NM, Depner TA. Cardiac output and central blood
volume during hemodialysis: methodology. Adv Ren Replace Ther [39] Tattersall J, Martin-Malo A, Pedrini L, Basci A, Canaud B, Fouque D,
1999;6:225–32. et al. EBPG guideline on dialysis strategies. Nephrol Dial Transplant
[13] Schneditz D, Wang E, Levin NW. Validation of haemodialysis recir- 2007;22(Suppl. 2):ii5–21.
culation and access blood flow measured by thermodilution. Nephrol [40] Daugirdas JT. Second generation logarithmic estimates of single-
Dial Transplant 1999;14:376–83. pool variable volume Kt/V: an analysis of error. J Am Soc Nephrol
[14] Schneditz D, Kaufman AM, Levin N. Surveillance of access function 1993;4:1205–13.
by the blood temperature monitor. Semin Dial 2003;16:483–7. [41] Daugirdas JT. Simplified equations for monitoring Kt/V, PCRn, eKt/V,
[15] Mercadal L, Hamani A, Béné B, Petitclerc T. Determination of access and ePCRn. Adv Ren Replace Ther 1995;2:295–304.
blood flow from ionic dialysance: theory and validation. Kidney Int [42] Daugirdas JT, Depner TA, Greene T, Levin NW, Chertow GM, Rocco
1999;56:1560–5. MV, Frequent Hemodialysis Network Trial Group. Standard Kt/Vurea:
[16] Mercadal L, Coevoet B, Albadawy M, Hacini S, Béné B, Deray G, a method of calculation that includes effects of fluid removal and
et al. Analysis of the optical concentration curve to detect access residual kidney clearance. Kidney Int 2010;77:637–44.
recirculation. Kidney Int 2006;69:769–71. [43] Maduell F, Vera M, Arias M, Serra N, Blasco M, Bergadá E, et al.
[17] Zyga S, Brokalaki H, Virvidakis K, Baltopoulos G. The influence of Influence of the ionic dialysance monitor on Kt measurement in hemo-
varying blood and dialysate flow on haemodialysis adequacy. EDTNA dialysis. Am J Kidney Dis 2008;52:85–92.
ERCA J 2005;31:24–6. [44] Lindley EJ, Chamney PW, Wuepper A, Ingles H, Tattersall JE, Will EJ.
[18] Moist LM, Hemmelgarn BR, Lok CE. Relationship between blood A comparison of methods for determining urea distribution volume for
flow in central venous catheters and hemodialysis adequacy. Clin J Am routine use in on-line monitoring of haemodialysis adequacy. Nephrol
Soc Nephrol 2006;1:965–71. Dial Transplant 2009;24:211–6.

EMC - Néphrologie 17

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
18-063-B-20  Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications

[45] Lowrie EG, Li Z, Ofsthun NJ, Lazarus JM. Evaluating a new method to [72] Basile C, Giordano R, Vernaglione L, Montanaro A, De Maio P, De
judge dialysis treatment using online measurements of ionic clearance. Padova F, et al. Efficacy and safety of haemodialysis treatment with the
Kidney Int 2006;70:211–7. Hemocontrol biofeedback system: a prospective medium-term study.
[46] Daugirdas JT, Tattersall JE. Automated monitoring of hemodialysis Nephrol Dial Transplant 2001;16:328–34.
adequacy by dialysis machines: potential benefits to patients and cost [73] Ettema EM, Kuipers J, Groen H, Kema IP, Westerhuis R, de Jong PE,
savings. Kidney Int 2010;78:833–5. et al. Vasopressin release is enhanced by the Hemocontrol biofeedback
[47] Lowrie EG, Li Z, Ofsthun N, Lazarus JM. The online measurement of system and could contribute to better haemodynamic stability during
hemodialysis dose (Kt): clinical outcome as a function of body surface haemodialysis. Nephrol Dial Transplant 2012 Feb 7 [Epub ahead of
area. Kidney Int 2005;68:1344–54. print].
[48] Daugirdas JT, Greene T, Chertow GM, Depner TA. Can rescaling dose [74] Schneditz D, Ronco C, Levin N. Temperature control by the blood
of dialysis to body surface area in the HEMO study explain the dif- temperature monitor. Semin Dial 2003;16:477–82.
ferent responses to dose in women versus men? Clin J Am Soc Nephrol [75] du Cheyron D, Lucidarme O, Terzi N, Charbonneau P. Blood
2010;5:1628–36. volume and blood temperature-controlled hemodialysis in critically
[49] Depner TA, Greene T, Gotch FA, Daugirdas JT, Keshaviah PR, ill patients: a 6-month, case-matched, open-label study. Blood Purif
Star RA, Hemodialysis Study Group. Imprecision of the hemodia- 2010;29:245–51.
lysis dose when measured directly from urea removal. Kidney Int [76] Depner TA, Daugirdas JT. Equations for normalized protein catabolic
1999;55:635–47. rate based on two-point modeling of hemodialysis urea kinetics. J Am
[50] Tang HL, Tsang WK, Yeung S, Chan HW, Tong KL. Solute Soc Nephrol 1996;7:780–5.
removal index correlates more with equilibrated Kt/V than with [77] Canaud B, Chenine L, Henriet D, Gontiers A, Rodriguez A, Leray-
single pool Kt/V in haemodialysis patients. Nephrology 2004;9: Moragués H. Comment évaluer l’apport protidique d’un patient
39–43. hémodialysé ? Quelles formules utiliser en pratique ? Nephrol Ther
[51] Lornoy W, De Meester J, Becaus I, Billiouw JM, Van Malderen PA, 2009;5(Suppl. 5):S323–9.
Van Pottelberge M. Impact of convective flow on phosphorus removal [78] Mercadal L, Piékarski C, Renaux JL, Petitclerc T, Deray G. Isona-
in maintenance hemodialysis patients. J Ren Nutr 2006;16:47–53. tric dialysis biofeedback in hemodiafiltration with online regeneration
[52] Krieter DH, Lemke HD, Canaud B, Wanner C. Beta(2)-microglobulin of ultrafiltrate (HFR): rationale and study protocol for a randomized
removal by extracorporeal renal replacement therapies. Biochim Bio- controlled study. J Nephrol 2012 Feb 3 [Epub ahead of print].
phys Acta 2005;1753:146–53. [79] Daimon S, Dan K, Kawano M. Comparison of acetate-free citrate
[53] Canaud B, Morena M, Cristol JP, Krieter D. Beta2-microglobulin, a hemodialysis and bicarbonate hemodialysis regarding the effect of
uremic toxin with a double meaning. Kidney Int 2006;69:1297–9. intra-dialysis hypotension and post-dialysis malaise. Ther Apher Dial
[54] Davenport A. Role of dialysis technology in the removal of uremic 2011;15:460–5.
toxins. Hemodial Int 2011;15(Suppl. 1):S49–53. [80] Sands JJ, Kotanko P, Segal JH, Ho CH, Usvat L, Young A, et al. Effects
[55] Canaud B. Adequacy target in hemodialysis. J Nephrol 2004;17(Suppl. of citrate acid concentrate (citrasate® ) on heparin N requirements and
8):S77–86. hemodialysis adequacy: a multicenter, prospective noninferiority trial.
[56] EBPG Working Group. When to start dialysis. Nephrol Dial Transplant Blood Purif 2012;33:199–204.
2002;17(Suppl. 7):10–1. [81] Kircelli F, Peter ME, Sevinc Ok E, Celenk FG, Yilmaz M, Steppan
[57] Pollock CA. IDEAL Study. A randomized, controlled trial of early S, et al. Magnesium reduces calcification in bovine vascular smooth
versus late initiation of dialysis. N Engl J Med 2010;363:609–19. muscle cells in a dose-dependent manner. Nephrol Dial Transplant
[58] Rosansky S, Glassock RJ, Clark WF. Early start of dialysis: a critical 2012;27:514–21.
review. Clin J Am Soc Nephrol 2011;6:1222–8. [82] Décret n◦ 2002-1197 & 1198 du 23 septembre 2002 relatif aux condi-
[59] Canaud B, Wabel P, Tetta C. Dialysis prescription: a modifiable risk fac- tions techniques de fonctionnement des établissements de santé qui
tor for chronic kidney disease patients. Blood Purif 2010;29:366–74. exercent l’activité de traitement de l’insuffisance rénale chronique par
[60] Charra B, Chazot C. The neglect of sodium restriction in dialysis la pratique de l’épuration extrarénale et modifiant le code de la santé
patients: a short review. Hemodial Int 2003;7:342–7. publique.
[61] Chazot C. Managing dry weight and hypertension in dialysis [83] Benain JP, Faller B, Briat C, Jacquelinet C, Brami M, Aoustin M,
patients: still a challenge for the nephrologist in 2009? J Nephrol et al. Coût de la prise en charge de la dialyse en France. Nephrol Ther
2009;22:587–97. 2007;3:96–106.
[62] EBPG Working group. European best practice guidelines on hae- [84] Muth CM, Shank ES. Gas embolism. N Engl J Med 2000;342:476–82.
modialysis (Part 2). Nephrol Dial Transplant 2007;22(Suppl. 2): [85] Canaud B. Liquid test and sudden death in dialysis patients. Nephrol
ii1–117. Dial Transplant 2002;17:1706–7.
[63] Locatelli F, Canaud B. Dialysis adequacy today: a European perspec- [86] Canaud B, Aljama P, Tielemans C, Gasparovic V, Gutierrez A,
tive. Nephrol Dial Transplant 2012 Jun 28 [Epub ahead of print]. Locatelli F. Pathochemical toxicity of perfluorocarbon-5070, a liquid
[64] Chazot C, Wabel P, Chamney P, Moissl U, Wieskotten S, test performance fluid previously used in dialyzer manufacturing,
Wizemann V. Importance of normohydration for the long-term sur- confirmed in animal experiment. J Am Soc Nephrol 2005;16:
vival of haemodialysis patients. Nephrol Dial Transplant 2012;27: 1819–23.
2404–10. [87] Foley RN, Gilbertson DT, Murray T, Collins AJ. Long interdialytic
[65] Canaud B, Lertdumrongluk P. Probing “dry weight” in haemo- interval and mortality among patients receiving hemodialysis. N Engl
dialysis patients: “back to the future”. Nephrol Dial Transplant J Med 2011;365:1099–107.
2012;27:2140–3. [88] Zhang H, Schaubel DE, Kalbfleisch JD, Bragg-Gresham JL, Robin-
[66] Chamney PW, Krämer M, Rode C, Kleinekofort W, Wizemann V. A son BM, Pisoni RL, et al. Dialysis outcomes and analysis of practice
new technique for establishing dry weight in hemodialysis patients via patterns suggests the dialysis schedule affects day-of-week mortality.
whole body bioimpedance. Kidney Int 2002;61:2250–8. Kidney Int 2012;81:1108–15.
[67] Machek P, Jirka T, Moissl U, Chamney P, Wabel P. Guided optimiza- [89] EBPG Working Group. Biocompatibility. Nephrol Dial Transplant
tion of fluid status in haemodialysis patients. Nephrol Dial Transplant 2002;17(Suppl. 7):32–44.
2010;25:538–44. [90] Hage FG, Venkataraman R, Zoghbi GJ, Perry GJ, DeMattos
[68] Hecking M, Antlanger M, Winnicki W, Reiter T, Werzowa J, Haidinger AM, Iskandrian AE. The scope of coronary heart disease in
M, et al. Blood volume-monitored regulation of ultrafiltration in fluid- patients with chronic kidney disease. J Am Coll Cardiol 2009;53:
overloaded hemodialysis patients: study protocol for a randomized 2129–40.
controlled trial. Trials 2012;13:79. [91] Drüeke TB, Massy ZA. Atherosclerosis in CKD: differences from the
[69] Burton JO, Jefferies HJ, Selby NM, McIntyre CW. Hemodialysis- general population. Nat Rev Nephrol 2010;6:723–35.
induced cardiac injury: determinants and associated outcomes. Clin [92] Patel RK, Oliver S, Mark PB, Powell JR, McQuarrie EP, Traynor JP,
J Am Soc Nephrol 2009;4:914–20. et al. Determinants of left ventricular mass and hypertrophy in hemo-
[70] McIntyre CW, Harrison LE, Eldehni MT, Jefferies HJ, Szeto CC, John dialysis patients assessed by cardiac magnetic resonance imaging. Clin
SG, et al. Circulating endotoxemia: a novel factor in systemic inflam- J Am Soc Nephrol 2009;4:1477–83.
mation and cardiovascular disease in chronic kidney disease. Clin J [93] Block GA. Screening dialysis patients for vascular calcification. Semin
Am Soc Nephrol 2011;6:133–41. Dial 2010;23:271–6.
[71] Eldehni MT, McIntyre CW. Are there neurological consequences of [94] Bhan I, Thadhani R. Vascular calcification and ESRD: a hard target.
recurrent intradialytic hypotension? Semin Dial 2012;25:253–6. Clin J Am Soc Nephrol 2009;4(Suppl. 1):S102–5.

18 EMC - Néphrologie

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Conduite de l’hémodialyse et prévention de ses complications  18-063-B-20

[95] London G, Coyne D, Hruska K, Malluche HH, Martin KJ. The new [105] Canaud B, Tong L, Francesca Tentori F, Akiba T, Karaboyas A, Gil-
kidney disease: improving global outcomes (KDIGO) guidelines - lespie B, et al. Clinical practices and outcomes in elderly hemodialysis
expert clinical focus on bone and vascular calcification. Clin Nephrol patients: results from the dialysis outcomes and practice patterns study
2010;74:423–32. (DOPPS). Clin J Am Soc Nephrol 2011;6:1651–62.
[96] Pecoits-Filho R, Lindholm B, Stenvinkel P. The malnutrition, inflam- [106] Goodkin DA, Bragg-Gresham JL, Koenig KG, Wolfe RA, Akiba T,
mation, and atherosclerosis (MIA) syndrome: the heart of the matter. Andreucci VE, et al. Association of comorbid conditions and mortality
Nephrol Dial Transplant 2002;17(Suppl. 11):28–31. in hemodialysis patients in Europe. Japan, and the United States: the
[97] Kalantar-Zadeh K, Stenvinkel P, Pillon L, Kopple JD. Inflammation and Dialysis Outcomes and Practice Patterns Study (DOPPS) J Am Soc
nutrition in renal insufficiency. Adv Ren Replace Ther 2003;10:155–69. Nephrol 2003;14:3270–7.
[98] Locatelli F, Canaud B, Eckardt KU, Stenvinkel P, Wanner C, Zoccali [107] Canaud B, Christian Combe Ch, Bragg-Gresham JL, Eichleay MA,
C. Oxidative stress in end-stage renal disease: an emerging threat to Pisoni RL, Port FK. Gain de vie potentiel pour les patients hémodia-
patient outcome. Nephrol Dial Transplant 2003;18:1272–80. lysés français attribuable aux modifications des pratiques et la mise en
[99] Assenat H, Calemard E, Charra B, Laurent G, Terrat JC, Vanel T. conformité avec les cibles recommandées : une estimation permise par
Hémodialyse : syndrome du canal carpien et substance amyloïde. Nouv l’étude DOPPS. Nephrol Ther 2008;4:256–65.
Presse Med 1980;9:1715. [108] Blankestijn PJ, Ledebo I, Canaud B. Hemodiafiltration: clinical evi-
[100] Gejyo F, Yamada T, Odani S, Nakagawa Y, Arakawa M, Kunitomo T, dence and remaining questions. Kidney Int 2010;77:581–7.
et al. A new form of amyloid protein associated with chronic hemo- [109] Maduell F, Navarro V, Cruz MC, Torregrosa E, Garcia D, Simon V,
dialysis was identified as beta 2-microglobulin. Biochem Biophys Res et al. Osteocalcin and myoglobin removal in on-line hemodiafiltration
Commun 1985;129:701–6. versus low- and high-flux hemodialysis. Am J Kidney Dis 2002;40:
[101] Schwalbe S, Holzhauer M, Schaeffer J, Galanski M, Koch KM, Floege 582–9.
J. Beta 2-microglobulin associated amyloidosis: a vanishing compli- [110] Maduell F, Moreso F, Pons M, Ramos R, Mora-Macià J, Carre-
cation of long-term hemodialysis? Kidney Int 1997;52:1077–83. ras J, et al. High-efficiency postdilution online memodiafiltration
[102] Heegaard NH. Beta(2)-microglobulin: from physiology to amyloido- reduces all-cause mortality in hemodialysis patients. J Am Soc Nephrol
sis. Amyloid 2009;16:151–73. 2013;24:487–97.
[103] Brophy DF, Daniel G, Gitlin M, Mayne TJ. Characterizing hospita- [111] Canaud B, Bragg-Gresham JL, Marshall MR, Desmeules S, Gillespie
lizations of end-stage renal disease patients on dialysis and inpatient BW, Depner T, et al. Mortality risk for patients receiving hemodiafiltra-
utilization of erythropoiesis-stimulating agent therapy. Ann Pharma- tion versus hemodialysis: European results from the DOPPS. Kidney
cother 2010;44:43–9. Int 2006;69:2087–93.
[104] Rayner HC, Pisoni RL, Bommer J, Canaud B, Hecking E, Locatelli [112] Kjellstrand CM, Buoncristiani U, Ting G, Traeger J, Piccoli GB,
F, et al. Mortality and hospitalization in haemodialysis patients in five Sibai-Galland R, et al. Short daily haemodialysis: survival in
European countries: results from the Dialysis Outcomes and Practice 415 patients treated for 1006 patient-years. Nephrol Dial Transplant
Patterns Study (DOPPS). Nephrol Dial Transplant 2004;19:108–20. 2008;23:3283–9.

B. Canaud, Professeur de néphrologie, chef de service (b-canaud@chu-montpellier.fr).


H. Leray-Moragués.
Néphrologie, dialyse et soins intensifs, Hôpital Lapeyronie, CHRU de Montpellier, 375, avenue du Doyen-Giraud, 34925 Montpellier cedex 5, France.
Association pour l’installation à domicile des épurations rénales (AIDER), 746, rue de la Croix-de-Lavit, 34192 Montpellier, France.
Institut de recherche et formation en dialyse (IRFD), Hôpital Lapeyronie, CHRU Montpellier, 375, avenue du Doyen-Giraud, 34295 Montpellier, France.
L. Chenine-Koualef.
Néphrologie, dialyse et soins intensifs, Hôpital Lapeyronie, CHRU de Montpellier, 375, avenue du Doyen-Giraud, 34925 Montpellier cedex 5, France.
Institut de recherche et formation en dialyse (IRFD), Hôpital Lapeyronie, CHRU Montpellier, 375, avenue du Doyen-Giraud, 34295 Montpellier, France.
L. Patrier.
Néphrologie, dialyse et soins intensifs, Hôpital Lapeyronie, CHRU de Montpellier, 375, avenue du Doyen-Giraud, 34925 Montpellier cedex 5, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Canaud B, Leray-Moragués H, Chenine-Koualef L, Patrier L. Conduite de l’hémodialyse et prévention de
ses complications. EMC - Néphrologie 2014;11(2):1-19 [Article 18-063-B-20].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

EMC - Néphrologie 19

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février 07, 2021.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.

Vous aimerez peut-être aussi