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École Nationale des Sciences Appliquées d’Al-Hoceima

Université Abdelmalek Essaadi

Génie Civil (S5) 2020 - 2021

Barrages en Béton
Pr. Zakaria TAHRI
Sommaire

I. Généralités
Introduction
Les différents types de barrages en béton
Impact sur l’environnement

II. Bases pour l’élaboration et la réalisation d’un


barrage
Identification des conditions liées au site
Actions et sollicitations
III. Dimensionnement des barrages en béton
Barrage-poids
Barrage à contreforts
Barrage-voûtes
Généralités

I. Introduction
Les barrages sont parmi les constructions humaines les plus importantes et les plus complexes, à
la fois à leurs dimensions parfois exceptionnelles et à leur utilité sociale. Ils sont notamment
indispensables à l’alimentation en eau et à l’irrigation, ils concourent, de façon importante, à la
production d’énergie et ils protègent les populations et les paysages contres les effets destructeurs
de l’eau.

Les premiers barrages important sont nés avec les premières civilisations de l’Antiquité, en
particulier dans la vallée du Nil, en Mésopotamie, en Chine et en Asie du Sud.

Au cours du temps, la technique des barrages s’est bien développée et des progrès sensibles ont
été réalisés en ce qui concerne, entre autre, le mode d’exécution et la sécurité. Le nombre et la
hauteur des ouvrages de retenue n’ont pas cessé de croître, et la maintenance et la surveillance de
ces ouvrages constituent des enjeux majeurs pour la sécurité des populations.
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Les barrages jouent deux rôles principaux :

1. Stocker les apports d’eau afin de répondre aux besoins vitaux et économique des
populations : eau potable, irrigation, fourniture d’énergie, navigation.

2. Protection contre des effets destructeurs de l’eau (maîtrise des crues, rétention de
sédiments, protection contre les avalanches).

Ce cours présente d’une manière claire les différents types de barrages en béton, leur conception
générale, leur dimensionnement et les pathologies les plus fréquemment rencontrées. Il expose en
détail un concept de sécurité basé sur trois piliers :

§ les différents type de barrage en béton ;


§ leurs impact sur l’environnement ;
§ l’étude de fondations et les modalités de surveillance et d’entretiens.

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II. Différents types de barrages en béton
Selon la nature du matériau de construction utilisé, les barrages sont classés en deux grandes
catégories :

1. Barrages en béton (rigide) ;

2. Barrages en remblai (digues).

Les barrages en béton sont généralement envisagés chaque fois que les ouvrages hydrauliques
ont une importance significative dans le projet (souvent le cas pour les barrages de prise d’eau sur
les aménagements hydroélectriques). Parmi les raisons pour lesquelles on choisit un barrage en
béton sont généralement les suivantes :

§ Nécessité d’évacuer des crues importantes ;

§ Présence de fonctions hydrauliques complexes dans l’ouvrage : ouvrage vanné pour assurer,
par exemple, l’évacuation des sédiment, le vidange de fond de fort débit, etc ;

§ Incertitude sur l’hydrologie : les ouvrages rigides sont généralement moins sensibles au
déversement que les ouvrages en remblai.
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Les barrages en béton sont le plus souvent fondés sur une fondation rocheuse, de module de
déformation élevé. On distingue trois grandes familles de barrages en béton, chacune comporte
un certain nombre de sous-familles.

Barrages en béton

Barrage-poids Barrage à contreforts Barrage-voûte

Barrage-poids massif Barrage à contreforts à tête Barrage à voûte épaisse


élargie
Barrage à voûte mince
Barrage-poids évidé
Barrage à contreforts à
dalles planes Barrage à voûtes
Barrage-poids voûte cylindrique
Barrage à voûtes ou dômes
Barrage-poids incurvé multiples Barrage à voûte à double
courbure
Barrage en béton Barrage évidé
compacté au rouleau
(BCR)

Les trois types de barrages en béton se distinguent par leur forme, la nature de leur système
statique et leur manière de s’opposer à la poussée d’eau. 6
Les barrages en béton, quelque soit leur type, sont construit en plots (ou blocs) individuels de 12
à 19 m de largeur séparés par des joints de contraction. L’épaisseur du barrage fixe la dimension
du plot dans la direction longitudinale (entre 3 et 30 m). Chaque plot est bétonné en levées de 1,5
à 3,5 m, conduisant à des étapes de bétonnage pouvant atteindre les 1500 m3.

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Ce mode de construction permet de :
§ faciliter le bétonnage en adoptant le volume des étapes à la production journalière ;
§ Contrôler et faciliter le dégagement de la chaleur d’hydratation ;
§ éviter la fissuration de retrait en permettant l’ouverture des joints.

Les barrages en béton ont des points communs :

§ l’ouvrage est constitué de béton de masse, non armé ;


§ la géométrie optimisée de sorte à éviter l’apparition de traction dans le béton en quelque point
de l’ouvrage.

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1. Barrage-poids

Le barrage poids est l’un des types les plus anciens. Construits en maçonnerie jusqu’au XIXe
siècle, puis en béton au début du XXe siècle, ils ont connu une certaine désaffection en raison de
leur volume et de leur coût relatif, jusqu’au développement récent de la technique du béton
compacté au rouleau (BCR) qui leur a donné une nouvelle jeunesse depuis 1980.

Comme son nom indique, il résiste à la poussée de l’eau par son propre poids. La plupart des
barrages-poids sont massifs et pleins avec un profil triangulaire. Le parement amont est vertical et
légèrement incliné (moins de 5%). Le parement aval est incliné avec un fruit de 75 à 80 %. Cette
géométrie lui permet de résister par son poids au renversement et au glissement sous l’action des
forces extérieures. Il est fondé sur rocher.
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Le barrage-poids n’est pas limité dans sa longueur et s’adapte bien aux vallées larges. Il peut être
rectiligne, polygonal ou légèrement incurvé pour s’adapter aux besoins de la géologie et de la
topographie.

Les barrages-poids sont constitués d’une succession de plots séparés par des joints (1 à 3 m) qui
sont libres de s’ouvrir ou de se fermer selon les conditions. Ces joint de dilatation sont en fait les
joints de retrait qui s’ouvrent lors de refroidissement du béton. Ces joint sont muni d’un système
d’étanchéité à l’amont.

Le couronnement est formé par un épaississement de la forme triangulaire simplifiée, ce qui


permet de disposer d’une voie d’accès, d’augmenter la revanche et de résister à la poussée des
glaces et des corps flottants.

Dans le but de réaliser une économie de béton, il est possible de concevoir des barrages-poids
évidés, solution qui permet de réduire les sous-pressions. Pour compenser le poids de béton
supprimé, le parement amont est incliné jusqu’à 10% pour bénéficier d’une composante verticale
de la poussée de l’eau.

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11
Depuis la fin des années 1970, une nouvelle technologie s’est développée pour optimiser la
construction de barages-poids : le Béton compacté au rouleau BCR

La mise en place de béton BCR permet d’utiliser des béton très secs, très faiblement dosés en
ciment. Les résistances obtenues, particulièrement faibles, sont compatibles avec les exigences
des barrages-poids qui s’opposent à la poussée de l’eau par leur poids propre.

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Avantages :

o Faibles contraintes dans le béton ;


o Faibles contraintes transmises aux rochets ;
o Faibles contraintes dues aux variations de températures ;
o Faible gradient des sous-pressions sous la fondation ;
o Intégration facile des évacuateurs de crues.

Particularités :

o Volume d’excavation important ;


o Volume de béton important ;
o Refroidissement artificiel nécessaire lors de la prise du béton ;
o Sous-pressions importantes sous la fondation ;
o Sensibilité aux séismes et aux tassements.

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2. Barrages à contreforts
Le barrage à contrefort résiste également à la poussée de l’eau par son poids propre, mais un
certain nombre de dispositions permettent de diminuer le volume de béton par rapport au
barrage–poids. Ce type de barrage est formés d’éléments juxtaposés, nommés contreforts, dont la
géométrie est complexe. Ce barrage, toujours réalisé en béton, a une forme triangulaire et ses
faces sont inclinées.
Barrage Al Massira

Comme dans le cas des barrage-poids, les contreforts sont construits côte à côte et sont séparé par
des joints verticaux. Le volume de béton est plus faible, par contre, la surface de coffrage est plus
importante et la mise en place du coffrage plus ardue.

On distingue plusieurs types de barrages à contreforts selon la forme même du confort. Sur la
section horizontale, on distingues clairement les deux zones de contrefort : Tête et Âme. 14
q Tête

Il existe plusieurs formes de tête de contrefort dont la largeur est de 12 à 14 m :

a) tête ronde ;
b) Tête en forme de marteau ;
c) Tête en forme de T ;
d) Tête à dalle plane ;
e) Tête élargie ou tête en forme de diamant (la solution la plus répondue) .

Ces têtes sont munies d’un gousset dans leurs partie aval pour transmettre à l’âme les efforts de la
poussée de l’eau. Le changement de section est progressif pour favoriser la transmission des
efforts. Une bande d’étanchéité est située dans le joint entre deux têtes juxtaposées.

(e)

15
q Âme
L’épaisseur de l’âme est le plus souvent constante et de l’ordre du tiers de la largeur de la tête.
Dans certain cas, l’âme est élargie à l’aval pour diminuer les contraintes. Les changement de la
section doit être progressif pour limiter les concentrations de contraintes.

L’épaisseur de l’âme à l’aval peut dans certain cas atteindre la largeur de la tête, de sorte que le
barrage forme à l’aval un parement continu. Ce masque aval peut être souhaité pour rendre les
contreforts plus résistants aux sollicitations dynamiques ou pour protéger l’âme des effets du gel.

La mise en place d’étrésillons horizontaux entre les âmes des contreforts est également une
mesure pour reprendre les efforts latéraux en cas de tremblement de terre.

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Les contreforts conduisent les efforts jusqu’aux fondations, qui doivent être de qualité.

Pour assurer la stabilité au glissement du contrefort, il est nécessaire de compenser le manque de


charge vertical dû au poids propre par une composante verticale importante de la poussée de
l’eau. Cette force est mise en œuvre en inclinant très fortement le parement amont du barrage,
jusqu’à 100%.

Les contraintes dans le corps du barrage et au contact avec la fondation sont plus élevées que
pour un barrage-poids de même hauteur. Le barrage à voûtes multiples entre aussi dans la
catégorie des barrages à contrefort.

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Avantages :

o Volume de béton plus faible que pour le barrage-poids ;


o Contraintes moyennes transmises aux rochets ;
o Faible sous-pressions sous la fondation ;
o Echauffement faible lors de la prise du béton ;
o Évacuateur de crues peut facilement être intégré.

Particularités :

o Volume d’excavation important ;


o Gradient des sous-pressions sous la fondation localement très important ;
o Contraintes de température peuvent être importantes dans la tête ;
o Risque limité de tassements ;
o Grande sensibilité au séisme.

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3. Barrages-voûtes
Les barrages voûtes sont des structure tridimensionnelle agissant comme une voile ou un coque.
Il est construit en plots juxtaposés et présente une forte courbure en plan et transmet une partie
importante des efforts sur les flancs de la vallée.

Le barrage voûte présente des avantage important par rapport aux autres types de barrages :

§ Le volume de béton réduit : épaisseur de la base de l’ordre de 15-20% de la hauteur, contre


75-80% pour un barrage poids. ;

§ L’effet de sous-pressions est réduit du fait de l’épaisseur plus faible de la fondation.


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Pour illustrer l’effet tridimensionnel, le barrage-voûte peut être modéliser par une série
d’éléments porteurs horizontaux et verticaux :

§ Les éléments porteurs horizontaux sont des poutres courbes à


deux appuis : les arcs ;

§ Les éléments porteurs verticaux sont des poutres consoles.

Dans un tel modèle très simplifié, la poussée de l’eau appliquée au


point d’intersection de deux éléments se réparti selon le rapport de
leurs rigidités respectives : les arc sont des éléments plus rigides
que les consoles, et les efforts dus à la poussée de l’eau sont par
conséquent guidés de manière préférentielle vers les flancs de la
vallée.

La poussée de l’eau engendre des efforts tranchants intenses, auxquels il est essentiel de porter
une attention particulière lors de l’analyse de la résistance de la base des consoles.

Plus la voûte est mince plus le rapport des rigidités tend à diriger les efforts vers les flancs de la
vallée. 20
En allant du plus simple au plus sophistiqué, on trouvera des voûtes de formes très différentes :

§ Barrages à voûte mince : épaisseur de la base est de l’ordre de 10 à 20% de la hauteur ;

§ Barrages à voûte épaisse : épaisseur de la base dépasse 25% de la hauteur ;

§ Barrages-voûte cylindriques : courbure horizontale seulement, simple courbure ;

§ Barrages-voûte à double courbure : courbure horizontale et verticale.

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Dans la conception moderne des barrages-voûtes, les arcs circulaires sont remplacés par des arcs
paraboliques, elliptiques ou spirales logarithmiques afin d’obtenir une meilleure orientation des
poussées des arcs contre le rocher de fondation. Les parements à double courbure ont été
généralisés.

Dans les barrage-poids, les joints séparant les plots sont ouverts, alors que les joints d’un barrage-
voûte sont injectés avec du colis du ciment pour rendre la voûte monolithique et assurer la
transmission des efforts horizontaux jusqu’aux rives. Cette injection s’effectue avant le premier
remplissage de la retenue et dans des conditions thermiques donnée (en général en hiver).

De part son système statique, le barrage-voûte sollicite de manière importante la fondation sur les
flancs de la vallée. Ceux-ci doivent être résistants et peu déformable.
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Alors que le barrage-poids peut s’adapter à n’importe quelle forme et n’importe quelle largeur de
vallée, le barrage-voûte nécessite des caractéristiques topographiques bien particulières et les
vallées relativement étroites sont les plus favorables. L’élancement d’un barrage est défini par :

longueur développée du couronnement (LC )


λ=
hauteur du barrage (H)

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Épaisseur de la console à la clé

Il existe plusieurs approches pour prédimensionner l’épaisseur de la console à la clé.

Epaisseur Vallée étroite (en V) Vallée large (en U)


En crête dc = H/20 dc = H/15
En base db = Lc/15 db = Lc/20

H : hauteur du barrage ;
Lc : longueur développée du couronnement ;
Lca : longueur de la corde d’un arc ;
dc : épaisseur du couronnement ;
db : épaisseur de la base ;

Des relations proposées conduisent à une forte épaisseur de la base pour une épaisseur de
couronnement relativement faible.

dc = 0,01⋅(H + 1,2 ⋅ Lca1 ) ; d0,45 = 0,95⋅ db


1
⎡ H
H ( 122 )⎤ 3
db = ⎢0,012 ⋅ H ⋅ Lca1 ⋅ Lca2 ⋅( ) ⎥
⎣ 122 ⎦
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Avantages :

o Volume de béton faible ;


o Faible sous-pressions sous la fondation ;
o Haute résistance au séisme.

Particularités :

o Contraintes importantes dans le béton ;


o Contraintes importantes dans le rochet sous fondation ;
o Efforts transmis obliquement aux appuis latéraux ;
o Sensibilité limitée aux tassements ;
o Echauffement durant la prise du béton pouvant nécessité des mesures particulières ;
o Gradient des sous-pressions sous la fondation important ;
o Difficulté d’intégration de l’évacuateur de crues dans le barrage.

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III. Impacts sur l’environnement
La structure d’un barrage influence de manière significative la zone du cours d’eau où il est érigé.
Le barrage constitue une barrière à l’écoulement naturel d’un courant d’eau, avec pour incidence
d’affecter la migration des poissons et autres organismes, ainsi que le transport des sédiments.

En créant un lac artificiel, le barrage peut avoir une influence sur la nappe phréatique et
également sur la qualité des eaux. En outre, le barrage modifie le régime hydraulique à l’aval.

L’analyse des impacts sur l’environnement englobe des aspects physiques, biologiques, humains
et socioéconomiques :

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Aspects humains et socioéconomique
• Agriculture
• Forêt
• Industrie agricole
• Industrie
• Développement urbain
• Economie
• Démographie
• Santé publique
• Héritage culturel
Aspects biologiques • institution
• Végétation
• Faune

Aspects physiques
• Atmosphère : climat, air
• Hydrosphère : eau de surface et souterraines
• Lithosphère : géologie, sol

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Bases pour l’élaboration et la réalisation d’un projet

I. Identification des conditions liées au site


Le choix du type de barrage est une tâche complexe qui nécessite la prise en compte d'un nombre
particulièrement important de paramètres et d'informations. L’objectif est de proposer la solution
la plus économique tout en garantissant le plus haut degré de sécurité.

Lors de l’identification de sites, les points principaux suivants sont examinés :

§ les conditions topographie ;


§ les connaissances géologiques et géotechniques ;
§ la disponibilité des matériaux de construction ;
§ la sismicité ;
§ les conditions climatiques ;
§ les étude hydrologique.
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1. Conditions topographiques

Un site de barrage, au sens topographique, se place sur un resserrement de la vallée (verrou)


situé juste en aval d’une cuvette naturelle, susceptible, une fois fermée, de constituer un réservoir
de volume suffisant.

Sous réserve des conditions géologiques, il est nécessaire de chercher la topographie la plus
favorable pour réaliser un projet fiable mais également économique.

Des plans topographiques on tirera deux sortes de graphes, les courbes hauteurs-surfacee et
hauteur-volume, dont on se servira notamment pour positionner le barrage et caler sa hauteur et
celle du déversoir.

La morphologie de la vallée a une influence significative sur le choix du type possible de barrage.

(a) Gorge ou canyon ; (b) vallée en V ; (c) vallée en U ; (d) vallée large 30
Une vallée étroite peut avoir la forme d’une gorge ou canyon, d’un V ou d’un U. cette vallée
étroite convient particulièrement bien à l’implantation de barrages-voûtes et de barrage-poids.

Une vallée large s’approche d’une section en U; elle est propice à des barrages à contreforts, des
barrages-poids élargie ou des barrages de béton compacté au rouleau.

Dans une gorge, si la largeur est presque constante sur toute la hauteur, un barrage-voûte
cylindrique peut être envisagé.

En générale, l’emplacement idéal et le plus économique est celui d’un site étroit, précédé à
l’amont par un élargissement de la vallée, à condition que les appuis du barrage soient sains.

Pour le barrage-voûte, l’élancement λ intervient aussi :

§ λ est limité à 5 (voir 6) dans une vallée en forme de V ;


§ λ est limité à 4 (voir 4,5) dans une vallée en forme U.

Si l’élancement λ est inferieur à 2, le barrage résiste comme arc ; s’il est compris entre 2 à 4, une
partie de la poussée de l’eau est prise par effet de l’arc, l’autre par effet de flexion ; enfin s’il est
supérieur à 5, la partie de la poussée d’eau prise par effet de flexion devient importante.
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La symétrie de la vallée est nécessaire au bon fonctionnement statique du barrage-voûte. Un
défaut de symétrie peut être corrigé en constituant une culée massive (passage d’un profil mince
à un profil de barrage-poids sans discontinuité).

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Courbes hauteurs-surface et hauteur-volume
A partir du plan topographique de la cuvette, on construira ces courbes qui permettent d’évaluer
facilement les surfaces noyées et les volumes correspondants pour différentes cotes. On se sert de
ces graphes pour caler la cote des différents ouvrages, mais aussi pour évaluer l’effet de laminage
ou établir des calendriers de gestion des barrages.

De manière graphique, ces deux courbes sont tracées point par point. Pour ce faire, on mesure à
l’aide d’un planimètre les surface S1 , S2 ,…, Sn , comprises entre les courbes de niveau
successive et l’axe du barrage et distances l’une de l’autre d’une hauteur h (h=1m ou 0,5m). En
partant du fond, on pourra calculer les volumes d’eau correspondant à chaque tranche.

Surface Volume
Cotes Surface Hauteur Volume
moyenne cumulé

Cotes fond 0 0 0 0 0
Cotes fond + h1 S1 h1 ---- S1h1/2=V1 V1
Cotes fond + h1+ h S2 h (S1+S2)/2 (S1+S2)h/2=V2 V2+V1
Cotes fond + h1+ 2h S3 h (S2+S3)/2 (S1+S3)h/2=V3 V3+V2+V1
… … … … … …
Cotes fond + h1+ (n-1) h1 Sn h (Sn-1+Sn)/2 (Sn-1+Sn)/h/2=Vn ΣVn
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On pourra définir le rapport Vcumulé max/hmax et noter que plus ce rapport sera grand, meilleur sera
le chois du site du point de vue de remplissage.

Détermination de la cote de la retenue normale

Le calage de la retenue normale doit permettre d’absorber le volume de la crue centennale et de


stocker 3,7 fois l’apport liquide moyen annuel.
Le volume de la retenue normal est donc :
V = 3,7 * A + Vp (100 ans)

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2. Reconnaissances géologiques et géotechniques

Les études géologies permettent de détermination la nature de différentes formations (sols ou


roches) présentes sur le site, leurs propriétés en matière de perméabilité, déformabilité, résistance
mécanique, altérabilité à l’eau, les discontinuités (failles, fractures,..). Les géologues sont amenés
à donner leurs avis en particulier sur les questions suivantes :

Site :
• Étanchéité, perméabilité et stabilité de fondation ;
• Étanchéité et perméabilité du réservoir ,
• écoulements souterrains ;

Matériaux :
• inventaire des matériaux rocheux et meubles exploitables ;
• nature des carrières ;
• volumes approximatifs des matériaux rocheux disponibles pour la construction ;

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3. Classification des matériaux

Quel que soit son type, la construction d’un barrage nécessite la mise en place de grandes
quantités de matériaux. Le coût de construction sont fortement influencé de la prélèvement, le
transport et la mise en place des matériaux. Les zones d’emprunts devront donc se trouver à
proximité immédiate du site, et les frais de traitement des matériaux doivent être optimisés.

4. Sismicité

Les tremblements de terres ont une incidence sur toutes les parties d’un ouvrage d’accumulation,
à savoir le barrage, les ouvrages annexe, la fondation et les équipement hydro-électrique.

Les types de barrages les plus résistants aux sollicitations dynamiques sont les barrages-voûtes et
les barrages-poids voûtes ;

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5. Conditions climatiques

Les conditions climatiques influencent de manière prépondérante les conditions d’exécution de


l’ouvrage, et par-là le délai d’exécution. Il peut en être de même en ce qui concerne la durabilité
du barrage.

Par exemple, pendant la période de construction d’un barrage à contrefort, la différence de


température entre la tête dont le parement amont est en contact avec l’eau froide de la retenue et
l’âme soumise au rayonnement solaire fait apparaître des gradients thermiques importants
pouvant conduire à la fissuration du béton.

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6. Etude hydrologique

La problématique de la crue de dimensionnement est un point particulièrement sensible dans un


projet de barrage, en raison du caractère incertain et probabiliste des valeurs retenues.

La problématique de la crue à maitriser et de l'intégration des ouvrages annexes constitue un


critère particulier du choix du type de barrage.

Les barrages en béton peuvent supporter sans dommages excessifs un éventuel dépassement des
débits de dimensionnement et donc un déversement au-dessus du couronnement.

§ Barrage-poids et barrages à contrefort : des déversoirs de grande largeur peuvent être


aménagés sur le barrage, permettant des débits d’évacuation très importants à des conditions
très avantageuses (débit d’évacuation de crue > 3000 m3/s).

§ Barrage-voûte : dans les vallées étroites, la capacité des déversoirs


situés sur le couronnement est limitée : évacuateur de crues doit être
prévu sur les rives de la retenue.

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Les débits de crue à maîtriser dépendent :

§ des caractéristiques du bassin versant et de son hydrologie;

§ de l’effet de laminage qui dépend de la retenue (surface , revanche) et des organes


d’évacuation des crues ;

§ du type de barrage.
Une crue est définie par son hydrogramme caractérisé principalement par sa pointe ou ses
pointes, son volume, ainsi que par sa durée, sa vitesse de montée, son temps de montée et de
décrue.

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Dans l’analyse de sécurité vis-à-vis des crues, il faut rechercher l’hydrogramme qui engendre la
situation la plus critique pour l’ouvrage d’accumulation, compte tenue des possibilités
d’évacuation et de rétention.

Partant de l’hydrogramme de crue entrant dans la retenue et des conditions initiales, les calculs
permettent de connaître :

§ le débit maximal évacué ;

§ La surélévation maximale du plan d’eau due à l’évacuation de la crue ;

§ La tranche de stockage de la crue.

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Revanche : distance verticale entre un niveau du plan d’eau et le couronnement ou la crête du barrage
q Crues considérées

Pour se prémunir contre une rupture de barrage et ses conséquences, il est nécessaire de pouvoir
maitriser des crues qui correspondent à des évènements exceptionnels ou extrêmes.

Evènement Fréquent Rare Exceptionnel Extrême

Période de retour 10 100 1000 n×1000


(ans) PMF (déluge)

Les crues considérées pour l'analyse de la sécurité des ouvrages d'accumulation en cas de crues
sont :

§ Crue de projet ;
§ Crue de sécurité (crue de déluge).

PME : Probable Maximum Flood / Crue Maximale Probable CMP

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§ Crue de projet :

Correspond à un évènement exceptionnel (crue millénale Q1000) et doit être évacuée dans des
conditions normales d’écoulement, sans provoquer aucun dommage (ni à l'ouvrage de retenue
lui-même, ni aux organes de décharge) et avec une marge de sécurité fixée par une revanche
ultime.

§ Crue de sécurité :

Correspond à un évènement extrême (1,5×Q1000) que l’ouvrage de retenue doit être capable de
supporter et d’évacuer. Son passage dans la retenue conduit au niveau maximal admis pour le
plan d’eau.

On s’assurera par ailleurs que la revanche de sécurité comprise entre le niveau du couronnement
et le niveau maximum du plan d’eau atteint par le passage de la crue de projet permette d’assurer
le passage de la crue de sécurité. Il consiste à fixer la valeur de la revanche de sécurité.

Hauteur du barrage 10 m < H 10 m ≤ H


revanche de sécurité
0,5 m 1,00 m
(barrage en béton)
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q Laminage

Description et principe de l'effet de laminage :

La surface de la retenue étant relativement importante, une crue fait monter le plan d'eau depuis
le N.R jusqu'au P.H.E. On dit alors que la retenue lamine la crue. Le laminage sera d'autant plus
important que la retenue sera étendue.

Pendant la crue de débit Qc, si l’évacuateur permet l’écoulement d'un débit Qe<Qc , la différence
Qc-Qe sert à élever le niveau du plan d'eau, la baisse de ce plan s'effectuant après le passage de la
crue.

Un déversoir de capacité plus faible que le débit de pointe de la crue peut suffire à protéger le
barrage de la surverse.

Niveau Normale de la Retenue : niveau maximal que peut atteindre la retenue en période normale d’exploitation, c.-à-d.
hors des périodes de crues (cote du seuil du déversoir) ;

Niveau des Plus Hautes des Eaux : niveau maximal d’eau atteint pour une crue exceptionnelle (crue de projet). 43
Chronologiquement, le phénomène de laminage se déroule de la façon suivante :

§ premier temps : augmentation de l’épaisseur d'eau au dessus du seuil du déversoir


provoquant un stockage temporaire qui correspond au volume hachuré sous le pic ;

§ deuxième temps : ce volume supplémentaire d'eau retenue est déstocké progressivement


(zone hachurée à droite). Le débit de pointe Qe max sur l’évacuateur est inferieur au débit de
pointe de la crue Qc max .

Prendre en compte l'effet de laminage revient à déterminer Qe max à partir de Qc max .

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A chaque pas de temps, le mécanisme du laminage peut être traduit rigoureusement par l’équation
différentielle suivante

Elément de volume entrant = élément de volume sortant + variation de volume dans la retenue

Qc(t) . dt = Qe(z) . dt + S(z) . dz

S(z) : surface du plan d'eau à la cote z ;


dz Qc (t) − Qe (z(t))
= Qc : débit de crue entrant dans la retenue ;
dt S(z) Qe : débit sortant de la retenue par l’évacuateur crue.

La résoudre de cette équation nécessite la connaissance :

§ du volume de réservoir en fonction de la cote.

§ de l’hydrogramme de crue de projet.

§ du débit sortant en fonction du niveau de l’eau.

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La résoudre de cette équation permet donc de déterminer Qe max en fonction de Qc max , mais elle
ne peut s'intégrer analytiquement et un certain nombre de méthodes sont utilisées :

§ l’épure de Blackmore, simple mais laborieuse, à laquelle on peut néanmoins avoir recours,
surtout si l'on est dépourvu de matériel informatique ;

§ la méthode du coefficient x0 ou méthode E.LE.R. – C.L.E.H ;

§ l'utilisation des logiciels ;

§ la méthode graphique par abaques proposée par la Technique des barrages en aménagement
rural.

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L’étude hydrologique est considérée comme base de départ pour le dimensionnement des retenus
des barrages, elle a pour but d’estimer :

§ L’apport liquide.
§ L’apport solide.
§ Les caractéristiques des crues.

47
Transport solide : (ou débit solide) correspond à la quantité de matériaux transportés par un
cours d’eau à travers une section par unité de temps. On l’exprime généralement en kg/s. Suivant
le poids et la taille des particules, la forme solide comprend trois phases :

1. Charriage ou charge de fond : c’est le transport des particules grossières qui restent en
permanence au contact du lit. Leur mouvement se fait par roulage,

2. Suspension : c’est la fraction de particules qui reste en permanence en suspension au cours


du transport. La taille et la densité de ces matériaux leur permettent, dans certaines conditions
d’écoulement, de se déplacer sans toucher le fond du lit. Ce sont en général des argiles et des
colloïdes.

3. Saltation : cette phase est constituée des particules qui, au cours du transport, passent
alternativement entre la suspension et le charriage. Leur déplacement se fait par des bonds
successifs.

48
II. Actions et solicitations

1. Types de charges

Au cours de sa construction et pendant son exploitation, le barrage va être soumis à des charges
(actions) qui vont entraîner des déformation et des contraintes. Ces charges peuvent être réparties
selon leur mode d’application en trois catégories :

Charges permanentes : sont toujours présentent. Il se peut toutefois qu’elles apparaissent au


cours du temps et qu’elles subsistent sans subir de modification.

Charges variables : varient en fonction des conditions d’exploitation, d’autres sont fonction de
conditions naturelles.

Charges exceptionnelles : surviennent en général suite à des événements naturels parfois


violents dont les effets peuvent être soudain ou de durée limitée.

49
Charges prises en compte pour la vérification des barrages

Charges permanentes Charges variables Charges exceptionnelles


• Poids propre (structure, • Poussée de l’eau • Crue
vannes) • Poussée des sédiments • Séisme
• Poussée des terres (remblai) • Sous-pression • Avalanche
• Force d’ancrage • Température du béton • Lave torrentielle
• Poussée des glaces • Chute d’aéronef
• Charges roulantes

50
L

Ta
G
Plot en béton
Te Tb
Hc Dyn Eav-v
ham Eam FT hT

⅓ham P
hav
Fséd Eav-h

P : Poids propre Tb : Température du corps de barrage


Eam : Poussée de l’eau amont horizontale Ta : Température de l’air
Eav-h : Poussée de l’eau aval horizontale Te : Température de l’eau
Eav-v : Poussée de l’eau aval verticale Hc : Hauteur de barrage sur fondation
FT : Poussée des terre ham : Hauteur hydrostatique à l’amont
Fséd : Poussée des sédiments hav : Hauteur hydrostatique à l’aval
S : Sous-préssion hT : Hauteur d’un remblai à l’aval
T : Effet thermique
Dyn : Sollicitation dynamique
G : Poussée de la glace 51
2. Déscription des charges permanentes
a. Poids propre

Le poids spécifique de béton dépend également de sa compacité et de la dimension maximale des


granulats.

Matériaux Pois volumique caractéristique (kN/m3)


Béton de masse, vibré 24 à 24,5
Béton armé 25
Béton compacté au rouleau 22

b. Poussée des terre (remblai aval)


La poussée des terres peut éventuellement varie dans le temps et n’agit pas forcément comme
force stabilisante. Elle est donnée par la relation :

1 1
FT = ⋅ γ T ⋅ hT2 ⋅ K 0 ⇒ FT = ⋅ γ T ⋅ hT2 ⋅(1− sin φ )
2 2
γT : poids volumique ;
K0 : coefficient de poussée ;
ϕ : angle de frottement interne des sédiments. 52
c. Forces d’ancrages
Les ancrages permettent d’adapter le complément de force nécessaire pour renforcer la stabilité
d’un ouvrage existant si les critères usuels ne sont pas satisfait. Des ancrages sont également mis
en place lors de la surélévation de barrages en béton, stabilité insuffisante, hypothèses de calculs
non conformes aux règles en vigueur, etc.

Il existe différentes solutions pour remédier aux défauts constatés :

§ Renforcer le profil de l’ouvrage en rapportant du béton soit à l’aval, soit à l’amont ;

§ Améliorer les conditions de stabilité en recourant à la poste-contrainte ou en réalisant une


butée en béton au pied aval.

53
3. Description des charges variables

a. Poussée de l’eau

La poussée de l’eau exerce une force perpendiculaire à la surface du parement du barrage.

§ Le poids spécifique de l’eau non chargée est égal à 10 kN/m3 ;

§ le poids spécifique de l’eau de sédiments en suspension peut atteindre 10,5 à 11 kN/m3, voire
plus.

1
Poussée horizontale amont ( sans déversement ) : Eam−h = ⋅ ρ E ⋅ g ⋅ ham
2

2
1
Poussée horizontale amont ( avec déversement h i ) : Eam−h = ⋅ ρ E ⋅ g ⋅( ham + ⋅hi )⋅ ham
2
1
Poussée veticale amont : Eam−v = ⋅ ρ E ⋅ g ⋅ m1 ⋅ ham
2

2
1
Poussée horizontale aval : Eav−h = ⋅ ρ E ⋅ hav2
2
1
Poussée vertical aval : Eav−v = ⋅ ρ E ⋅ g ⋅ m2 ⋅ hav2
2
54
Poussée de l’eau sans déversement
N. N. R
Eam-v

ham mi = tgϕi
ϕ2
H

Eam-h Eav-v
ϕ1
Eav-h h
av

m1.H m2.H

b
Niveau de crue
hi
Niveau normal de retenue

Poussée de l’eau avec déversement


ham

Eam-h Eav-v

Eav-h h
av

55
b. Poussée des sédiments

Des sédiments peuvent s’accumuler au pied amont d’un barrage et atteindre une épaisseur
importante (parfois équivalente à la hauteur de l’ouvrage). Ces sédiments provoquent une
poussée horizontale sur le parement amont qui s’additionne à la poussée hydrostatique. Cette
poussée a une répartition triangulaire, s’exprime par :

1
Fséd = ⋅ γ i ⋅ hséd
2
⋅K
2

γi : Poids volumique des sédiments immergés ≈ 10 kN/m3 et peut atteindre des valeurs
de 16 à 19 kN/m3 ;
hséd : hauteur de la couche sédiments ;
K : Coefficient de poussée des terres ;
ϕ : angle de frottement interne des sédiments (généralement compris entre 15° et 30°).

Fluide : K =1
Poussée au repos : K = 1- sin Φ
Poussée active : K = (1 – sin Φ ) / (1+ sin Φ )
Poussée passive : K = (1+ sin Φ ) / (1- sin Φ )
56
c. Sous-poussée

La sous-pression exerce une force hydrostatique importante. Elle s’agit tant à l’intérieur d’un
barrage en béton qu’en fondation. Elle est parfois difficile à évaluer , raison pour laquelle il existe
de nombreuses hypothèses quant à répartition.

En raison de la différence de pression qui exerce entre les parements amont et aval, l’eau pénètre
progressivement dans le béton et le rocher. Il s’établit donc un réseau d’écoulement à l’intérieur
du barrage et du massif rocheux . La pression sera voisine de la pression hydrostatique à l’amont
(100%) et proche à zéro à l’aval.

Quelque soit la qualité du roche de fondation, cette pression joue un rôle important pour la
stabilisation de l’ouvrage à la surface du contact béton-rocher et peut intéresser aussi la stabilité
des fondations ou d’un appui rocheux.

Le diagramme des sous-pressions agissant dans le corps du barrage, dans l’interface barrage-
fondation et dans les fondations, dépend des niveaux d’eau amont et aval, des conditions de
perméabilité dans le massif concerné et des dispositifs éventuels destinés à réduire les sous-
pressions.

57
Les sous-pressions sont reparties sous la forme d'un diagramme trapézoïdal. cette sous-pression
est maximale au pied amont (γw.H1) et qu'elle décroit linéairement jusqu'à une valeur égale au
niveau d'eau au pied aval (γw.H2). Cette configuration se modifie dans le cas de présence d’un
drainage en fondation et/ou d’un rideau d’étanchéité.

En pratique, on combine l’ effet d’un écran d’étanchéité (rideau d’injection) placé à l’amont du
barrage et de forage drainants placés immédiatement à l’aval.

Plusieurs règles ou recommandations ont été établies et sont en application dans les différents
pays. 58
59
Règle de Lèvy

Barrage-poids : en admettant un diagramme de sous-pression triangulaire de hauteur maximale


à l’amont (λ.ham) et nul à l’aval, la résultante de la force de sous-pression agit
verticalement et elle est située au tiers amont de la base.

En supposant que sous l’effet de l’eau Eam et malgré l’effet stabilisant du poids
propre P, le barrage vienne à se soulever un peu à l’amont. Dans ce cas :

ü La sous-pression va commencer à agir sur la totalité de la surface et le


diagramme va se modifier ;

ü La force de la sous-pression va devenir plus grande et les conditions


de stabilité ne sont plus remplies.

Règle de Lévy : En aucun point du parement amont, les contraintes résultant de poids propre et
de la poussé de l’eau ne doivent être inférieures à la pression hydrostatique
amont :

σ amont ( P + Eam ) ≥ pression hydrostatique amont 60


Coefficient de sous-pression λ

Coefficient de sous-pression λ = 1 sous-pression active sous la fondation et


et répartition de la perméabilité homogène sur
répartition triangulaire toute la largeur de la fondation.

Depuis 1970 : coefficient de sous-pression dépend de la qualité du rocher de fondation et du


traitement du contact béton-rocher par des injections.

§ λ = 1,0 : En cas de doute.


§ λ = 0,75 à 1 : Rocher de qualité moyenne, mais bien injecté ;
§ λ = 0,75 à 0,8 : Rocher saint et bien injecté ;

61
d. Température du béton
Le béton subit une augmentation de la température pendant sa prise, suivit d’un lent
refroidissement naturel effectuer principalement par les parement amont et aval, et, tant qu’elles
sont en contact avec l’air, par les faces latérales et supérieures des plots. Dans certains cas, il est
nécessaire d’accélérer ce refroidissement par des méthodes appropriées.

Pour un barrage épais, un procédé artificiel consiste à noyer des tuyaux métalliques ou
plastiques (serpentins) dans lesquels circule de l’eau froide.

Quand le barrage a atteint son équilibre thermique, les variation de température sont dues aux
échanges avec son environnement direct : insolation, température de l’eau et de l’air.

Les températures ont une incidence sur les contraintes et les déformations de la structures,
particulièrement pour les barrages-voûtes. 62
f. Poussée des glaces

La poussée des glaces est due à un effet d’expansion thermique. Elle peut avoir une incendie non
négligeable pour les ouvrages en béton de faible ou moyenne hauteur de retenue.

L’intensité de la poussée des glaces est une valeur encore mal définie. Elle varie entre 20 et
300kN/ml. Ex : Elle égale une valeur de 150 kN/ml pour une épaisseur de glace de 60 cm.

g. Charges roulantes

Dans le cas où des charges roulantes doivent être prises en compte, leurs valeurs doivent être
recherchées dans les normes en vigueur.

63
4. Description des charges exceptionnelles
a. Crue

Pour fixer la sécurité en cas de crue, le niveau du plan d’eau pris en compte est celui qui résulte
des crues de projet et de sécurité conduisant à la surélévation maximale du plan d’eau.

b. Avalanche

Ce cas concerne les ouvrages de petite hauteur contre lesquels viennent buter une avalanche. La
pression qf exercée par l’avalanche est donnée par l’expression suivante (kN/m3) :

cd : coefficient de résistance = 2 à 3 ;
qs = 0 ,5 × cd × r f × v 2f ρf : 0,3 kN/m3 ;
vf : vitesse de l’avalanche ;

c. Lave torrentielle

Ce cas est considéré si la force totale sur l’ouvrage est supérieure à la poussée hydrostatique et il
concerne les ouvrage de retenue de faible hauteur.

cd : coefficient de résistance = 1 à 1,5 ;


qs = 0 ,5 × cd × r f × v 2f
ρf : 1,8 kN/m3. 64
d. Séisme

Au cours d'un séisme, l’énergie transmise par la fondation se traduit par la mise en mouvement de
l'ouvrage. La structure qui malgré son caractère massif est susceptible de se mettre en vibration.
Les sollicitations mécaniques auxquelles un barrage est alors soumis sont de deux types :

la force d’inertie du barrage Fe : composante horizontale due à l'accélération de la structure :

Fe = P ⋅ α h
αh : coefficient sismique est pris en général égal à l'accélération maximale au sol

la force d’inertie de l’eau Ee : se traduit par une surpression


hydrodynamique exercées par la retenue sur le parement
amont du barrage et s'ajoute aux forces hydrostatiques. elle
est calculée par la méthode de Westergaard qui a formulé
une relation parabolique :

Ee ( z ) = 0,875⋅ α ⋅ γ e ⋅( H ⋅ Z )1/ 2
65
§ Analyse pseudo-statique

Dans le cadre d'un calcul simplifié, l'approche pseudo-statique est utilisée. Cette approche se
limite à évaluer l’effet d’une accélération horizontale. Le chargement dynamique se traduit par
l'application de forces statiques équivalentes aux efforts dynamiques maximaux supportés par
l'ouvrage. Cette analyse simplifiée pseudo-statique fourni des résultats satisfaisants dans le cas
d’un prédimensionnement si l’accélération du séisme est faible (a < 0,15 g).

66
Zanghar a étudié l'influence de l'inclinaison du parement amont du barrage et développé une
formulation dynamique de l’eau sur le parement amont du barrage simplifiée sous la forme :

P( y ) = C ⋅ α ⋅ h ⋅ γ e

h : profondeur totale du réservoir ;


C : coefficient de pression ;
Cm : valeur maximale de C ;
y : profondeur du point en question.

Cm ⎡ y y y y ⎤
C= ⋅ ⎢ ⋅( 2 − ) + ⋅( 2 − ) ⎥
2 ⎢⎣ h h h h ⎥⎦

67
§ Analyse dynamique

Le calcul simplifié de l’approche pseudo-statique ne reflète pas le comportement effectif de


l’ouvrage en cas de tremblement de terre. Un séisme réel est caractérisé par des accélérations et
des oscillations transitoires dans les trois directions.

L’analyse dynamique considère un système de forces variables dans le temps. Cette analyse se
base sur une modélisation du système selon la méthode des éléments finis. Cette méthode prend
en compte :

§ Le comportement dynamique d’une structure massive ;

§ L’interaction entre la masse d’eau et la structure doit tenir en compte de la compressibilité de


l’eau, qui peut être importante dans certains cas de barrages ;

§ L’interaction entre le sol et la structure est essentielle du point de vue de la dissipation


d’énergie.

68
III. Combinaison des charges

La sécurité du barrage doit être assurée dans tous les cas de charges et d’exploitation prévisible. Il
est nécessaire de fixer les charges considérées ainsi les combinaisons possibles de charge en
fonction du type du barrage.

Pour la combinaison des charges de l’ouvrage en exploitation, en distingue en règle générale les
trois groupes suivant :

§ Type 1 : cas normal ;

§ Type 2 : cas exceptionnel ;

§ Type 3 : cas extrême.

69
a. Cas normal : type 1

Concerne les charges qui sollicitent régulièrement l’ouvrage de retenue lors de l’exploitation
normale de l’ouvrage. Il combine les effets suivant :

§ Poids propre (P) ;


§ Poussée de l’eau amont et éventuellement aval (E) ;
§ Sous pression (S) ;
§ Charges thermiques dues aux variations saisonnières et aux gradients thermiques dans
l’ouvrage (T) ;
§ Poussées des sédiments à l’amont (Fséd) .
§ Poussées des terres à l’aval (FT) ;
§ Poussée des glaces (G) ;

Barrage poids : dans le cas de charges normaux, aucune de traction dans le béton n’est admise et
les contraintes de compression restent relativement modérées (2 à 8 MN/m)

70
b. Cas exceptionnel (type 2)

Cas de charges exceptionnelles correspond au cas de charges normales auxquelles s’ajoute soit
l’effet de la crue de projet, soit l’effet d’avalanche avec des légers dégâts sont tolérés.

c. Cas extrême (type 3)

Concerne les charges les plus défavorables que pourrait subir l’ouvrage de retenue. Il correspond
au cas de charge normales auxquelles s’joute soit l’effet de la crue de sécurité, soit l’effet d’un
séisme. On admettra, dans ce cas, l’apparition de légère tractions dans le béton.

Ce cas extrême ne combine pas le phénomène de crue avec celui du tremblement de terre.

71

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