6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
courant anodique IA (figure 1.72). Ainsi, apparaît sur la courbe anodique un domaine dit
de passivité.
Remarque
Les remarques précédentes montrent que si l’on se situe dans un domaine de corrosion, une
augmentation du potentiel peut, dans certains cas, permettre de passer dans le domaine de
passivité, c’est-à-dire protéger le métal. C’est ce que l’on appelle la protection anodique.
93
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
Passivation
Corrosion
Immunité
1 2 7 8 pH
94
B
Alliages ferreux
B
ALLIAGES FERREUX
95
96
2 • Introduction 2.1 Définitions
2 • INTRODUCTION
B
Michel Colombié
ALLIAGES FERREUX
2.1 Définitions
Les alliages à base de fer, à de rares exceptions près, contiennent tous du carbone
comme élément d’alliage et en proportions diverses. Ainsi, les aciers titrent moins de
2 % de carbone ; les fontes, au contraire, contiennent plus de 2 % de carbone. Dans
ces deux cas peuvent être ajoutés d’autres éléments d’alliage en quantités très diverses,
sous réserve que l’élément fer reste le plus important.
Cette limite de 2 % correspond pratiquement à l’extrémité du palier eutectique γ-Fe3C
du diagramme fer-carbone (figure 2.1). Ainsi, tout au moins à l’équilibre, les aciers se
solidifient sans apparition d’eutectique c’est-à-dire en l’absence de carbures Fe3C primai-
res. Inversement les fontes contiennent toujours de tels carbures formés à haute tempé-
rature. De même dans les aciers, les carbures pourront toujours être dissouts dans le
domaine γ monophasé, à l’inverse des fontes.
Dans un souci de clarté destiné à faciliter le choix des utilisateurs, les différentes familles
d’aciers ont été classées en fonction de deux critères, l’un de composition et l’autre de
niveau de qualité1. Ainsi, distingue-t-on (figure 2.2) :
– selon l’analyse chimique : les aciers non alliés – ≤ 1 % d’alliage –, peu alliés – teneur
de chaque élément d’alliage ≤ 5 % – et très alliés (cette dernière distinction n’est pas
normalisée) ;
– selon le niveau de précision et de sévérité apporté aux garanties des propriétés
d’usage : les aciers de qualité et spéciaux.
Les aciers spéciaux sont constitués des quatre familles suivantes :
– les aciers de construction utilisés en particulier en construction mécanique, pour la
réalisation de machines ou de mécanismes très varié ; ils peuvent être alliés ou non alliés ;
à cette famille ont été associés les aciers pour appareils à pression ;
– les aciers à outils choisis pour la fabrication de tous les outillages : usinage, mise en
forme… ; ils sont non alliés ou alliés ;
– les aciers inoxydables résistant à la corrosion et toujours très alliés ; leur ont été asso-
ciés les aciers réfractaires ;
– les aciers spéciaux divers.
Les fontes sont classées uniquement selon leur structure micrographique et plus préci-
sément celle du carbone ou des carbures précipités : Fonte à graphite lamellaire, à
graphite sphéroïdal, Fontes blanches, etc.
97
2 • Introduction 2.1 Définitions
98
2 • Introduction 2.2 Désignation des aciers (NF EN 10027)
ALLIAGES FERREUX
P = acier pour appareil à pression,
L = acier pour tubes,
E = acier de construction mécanique,
etc.
– Une valeur numérique indique soit la limite d’élasticité, soit une propriété physique garantie.
– Éventuellement d’autres symboles donnent d’autres propriétés ou les conditions de
fabrication.
Exemple
S 355 N
état normalisé
Re ≥ 355 MPa
acier de construction
L 460 M L
résilience basse température
traitement thermo-mécanique
Re ≥ 460 MPa
acier pour tubes
Remarque
L’ancienne désignation française (NFA 02.025) utilisait des symboles précisant eux aussi selon
les cas les domaines d’utilisation et/ou les principales caractéristiques du produit :
S355N, ancienne désignation : E355R
P235GH, ancienne désignation : A37FP
Exemple
C35 = acier avec une teneur en carbone de 0,35 %.
Aciers non alliés avec Mn > 1 % ou aciers peu alliés dont aucun élément n’est
supérieur à 5 %
Un premier chiffre précise la teneur en carbone multipliée par 100. Les lettres suivantes,
selon les abréviations chimiques, indiquent dans l’ordre de concentration les principaux
éléments d’alliage. Le ou les chiffres suivants donnent leur teneur multipliée par 4 ou 10,
etc., selon les familles précisées au tableau 2.1.
99
2 • Introduction 2.2 Désignation des aciers (NF EN 10027)
Coefficient
Norme Éléments d’alliage
multiplicateur
EN N, S, P, Ce 100
EN B 1 000
Exemples
– 10 Cr. Mo 9 – 10 = acier peu ou non allié titrant 0,10 % de carbone, 9/4 soit 2,25 % de chrome
et 10/10 soit 1 % de molybdène.
– 100 Cr 6 = acier peu ou non allié titrant 1 % de carbone et 1,5 % de chrome.
Exemple
X 6 Cr Ni 18.9 = acier très allié titrant 0,06 % de carbone, 18 % de chrome et 9 % de nickel.
Aciers rapides
Les aciers rapides sont désignés par le symbole HS suivi de trois ou quatre chiffres
donnant dans l’ordre les concentrations en pourcentage des éléments W, Mo, V, Co.
Exemple
HS 6-5-2 = acier rapide contenant 6 % de tungstène, 5 % de molybdène, 2 % de vanadium, 0 %
de cobalt.
Remarque
L’ancienne dénomination française, à l’exception des aciers rapides, était basée sur les mêmes
règles si ce n’est que les symboles utilisés pour les éléments d’alliage n’étaient pas ceux de la
chimie mais s’en approchaient plus ou moins ; d’autre part, le symbole X était remplacé par Z :
35NiCrMo16, ancienne dénomination : 35NCD16 ;
X6CrNi18-12, ancienne dénomination : Z6CN18-12.
100
2 • Introduction 2.3 Désignation des fontes (NF EN 1560)
Exemple : X5CrNi19-10 = 1.4308, avec 1. = acier, 43 = acier inoxydable avec Ni < 2,5,
sans Mo, Nb et Ti, 08 = numéro d’ordre.
B
2.4 Inconvénients et avantages
ALLIAGES FERREUX
Les alliages ferreux définis ci-dessus présentent, par rapport aux autres matériaux,
métalliques ou non, deux points faibles :
– la densité du fer, de l’ordre de 7,8, est relativement élevée. Ceci conduit donc souvent
à des structures plus lourdes pouvant être un inconvénient pour certaines applications
telles que l’aéronautique par exemple. Ainsi s’explique la concurrence des alliages d’alumi-
nium, de titane ou des matériaux composites.
– leur résistance à la corrosion, même à la corrosion atmosphérique, est, sans autre
précaution, relativement médiocre ; le fer « rouille ». Cependant, de nombreuses solutions
ont été développées pour résoudre ce problème. Des revêtements, tels que galvanisation,
peinture, aluminisation…, améliorent considérablement le comportement des alliages
ferreux. Surtout, les aciers inoxydables ont des résistances à la corrosion exceptionnelles,
au prix d’additions d’éléments d’alliage.
Inversement, les alliages ferreux possèdent trois caractéristiques très favorables et large-
ment utilisées :
– leurs propriétés mécaniques sont élevées en conservant, toutes choses égales par
ailleurs, une bonne ténacité. Pour cette raison, ce sont, en général, des matériaux très sûrs
pour la réalisation de structures fortement sollicitées.
– leur module d’élasticité est très élevé comparé à celui des autres matériaux (tableau 2.2).
Ceci permet la construction de structures rigides, c’est-à-dire présentant de faibles déforma-
tions sous l’effet des contraintes.
– de façon générale, le prix des alliages ferreux, et tout particulièrement celui des aciers
au carbone, est relativement faible. Ce sont des produits économiques.
Module E/d
R MPa Re MPa d
MPa GPa
Acier haute caractéristique 1 100/1 800 1 000/1 700 210 000 7,8 27
101
2 • Introduction 2.4 Inconvénients et avantages
On comprend donc qu’en pratique, pour une application donnée, il soit nécessaire
d’associer ces différentes propriétés pour déterminer l’optimum technico-
économique.
À titre d’exemple, le tableau 2.3 montre la position relative des alliages ferreux par
rapport à d’autres matériaux, dans le cas d’une pièce dont la fonction est de résister à
un effort axial en prenant comme base de référence des tôles en acier ; les deux indices
de prix et de poids permettent de situer les différents matériaux.
On notera que les aciers ne sont concurrencés par les produits plus légers, tels que
l’aluminium, le titane ou les composites, qu’au prix de surcoûts notables, c’est-à-dire
dans les cas où le gain de poids peut-être largement valorisé – aéronautique,
spatial.
Inversement, les ciments ou bétons moins chers entraînent des structures beaucoup plus
lourdes et ne se développent que si la contrainte poids n’a pas d’importance. Les aciers
présentent, en général, un compromis favorable dans un large domaine d’applications.
On notera, au passage, l’intérêt du matériau bois.
Ces quelques remarques expliquent que les aciers ou alliages ferreux soient de très loin
les plus utiliser en tonnage. La figure 2.3 indique l’évolution en millions de tonnes de la
Acier ordinaire 1 1
Ciment :
– compression 0,4 6,50
– traction 3,33 58
Céramiques :
– compression 3,39 0,06
– traction 30,60 0,52
Plastiques :
– polyester 5,05 1,62
– polycarbonate 9,90 1,04
Composites :
– fibres carbone 11,10 0,06
– fibres verre 2,83 0,23
Bois :
– sens long 0,55 0,29
– sens travers 12,40 6,50
102
2 • Introduction 2.4 Inconvénients et avantages
ALLIAGES FERREUX
2001 850 800
2002 902
2003 965
700
600
500
400
300
200
100
0
1950 1960 1970 1980 1990 2000
103
2 • Introduction 2.4 Incon vénients et avantages
104
3 • Aciers d’usage général 3.1 Introduction
ALLIAGES FERREUX
Guy Murry
3.1 Introduction
L’expression « aciers d’usage général » ne fait l’objet d’aucune définition normalisée ;
les développements des techniques de la sidérurgie, dite autrefois lourde, qui produisait
ces aciers, ont contribué à rendre plus floues encore les limites d’emploi de cette
formule. Le lecteur devra donc conserver présentes à l’esprit les indications que l’on
tente de donner ci-après en essayant de préciser à quels aciers peut être appliquée
cette désignation.
Aciers de base
Ils présentent les caractéristiques suivantes :
• il n’y a pas de prescription concernant la qualité ;
• aucun traitement thermique n’est prescrit, à l’exception du recuit (détente, adoucissement
ou normalisation) ;
• la résistance minimale est ≤ 690 MPa ;
• la résilience KV en long à + 20 °C est ≥ 27 J ;
• les teneurs maximales en soufre et en phosphore sont ≤ 0,045 % ;
• la teneur maximale en carbone est ≤ 0,10 % ;
• il n’existe pas de prescription concernant les éléments d’alliage.
Aciers de qualité
Leurs caractéristiques sont les suivantes :
• aucun traitement thermique n’est prescrit, à l’exception du recuit (détente, adoucissement
ou normalisation) ;
• il n’y a pas de prescription concernant la pureté inclusionnaire ;
• il y a possibilité de prescriptions particulières quant à la résistance à la rupture fragile,
l’aptitude à la déformation ;
105
3 • Aciers d’usage général 3.1 Introduction
• lorsqu’ils sont alliés, ces aciers de qualité peuvent comporter des additions d’éléments
d’alliage dans les limites suivantes (pour les principaux éléments1) :
Mn ≤ 1,8 % Cr ≤ 0,5 % Ni ≤ 0,5 % Mo ≤ 0,1 % Cu ≤ 0,5 % Nb ≤ 0,08 % V ≤ 0,12 %.
Aciers spéciaux
Ils ont les caractéristiques suivantes :
• généralement, ils apportent une réponse régulière aux traitements thermiques ;
• il existe avec eux des possibilités de prescriptions particulières quant à :
– l’état inclusionnaire,
– les teneurs maximales en soufre et phosphore,
– la résistance à la rupture fragile,
– la soudabilité,
– la formabilité à froid : emboutissage, frappe, extrusion, tréfilage…
In fine, on peut dire que les aciers d’usage général sont des aciers qui possèdent leurs
caractéristiques d’emploi à la sortie de l’usine du producteur, et n’exigent pas
l’exécution d’un traitement thermique comportant trempe et revenu pour les acquérir 2.
Produits plats
Leur section droite est presque rectangulaire, la largeur étant très supérieure à l’épais-
seur. Parmi eux, on distingue :
• Les produits plats laminés à chaud non revêtus comportant :
– les tôles minces (épaisseur < 3 mm) ;
– les tôles fortes (épaisseur ≥ 3 mm) ;
– les larges plats (épaisseur > 4 mm, largeur > 150 mm, livrés à plat) ;
– les bandes livrées en bobines (large bande à chaud si la largeur est ≥ 600 mm,
feuillard à chaud si la largeur est < 600 mm).
• Les produits plats laminés à froid non revêtus (obtenus par une réduction de section
supérieure à 25 % réalisée par laminage à froid de produits préalablement laminés à
chaud) comportant :
– les tôles (largeur > 600 mm) ;
– les bandes livrées en bobines (large bande à froid si la largeur est ≥ 600 mm,
feuillard à froid si la largeur est < 600 mm).
Produits longs laminés à chaud
Ce sont les produits suivants :
• les fils machine, produits de dimension nominale supérieure à 5 mm enroulés à chaud en
couronnes à spires non jointives ;
• les barres : ronds, carrés, hexagones, octogones, plats ;
106
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
• les profilés laminés à chaud : rails, palplanches, pieux, poutrelles et autres profilés
(cornières, U, T, plats à boudin) ;
• les profilés soudés ;
• les profilés longs formés à froid ;
• les produits tubulaires.
Produits spéciaux
Ils sont destinés à des emplois particuliers ou à subir des transformations ultérieures. Ils
comportent :
• les armatures passives pour le béton : barres droites ou couronnes à surface lisse, B
crénelée ou nervurée ;
ALLIAGES FERREUX
• les palplanches : laminées à chaud ou profilées à froid ;
• le matériel de voies ferrées : rails, traverses, éclisses… ;
• les profilés à froid formés par pliage ou en continu de produits plats ;
• le fil machine : produit à section droite circulaire, ovale, carrée, rectangulaire, hexagonale
ou autre, à surface lisse et livré en couronnes enroulées à chaud ou à spires non rangées.
Il est généralement destiné à subir une transformation ultérieure (tréfilage mais aussi
forgeage à chaud et formage à froid).
Éléments à prendre en compte
Cette classification se recoupe avec la prise en compte des éléments suivants :
• Les conditions de mise en œuvre qui conduisent à définir les produits ci-dessous :
– tôles en aciers soudables pour formage à froid,
– tôles et feuillards pour emboutissage ou pliage à froid,
– barres et fils machine destinés à l’étirage,
– fil machine destinés au tréfilage et au laminage à froid.
• Les emplois particuliers tels que :
– tôles pour éléments de plates-formes et de structures marines,
– tôles pour chaudières et appareils à pression,
– fil machine pour treillis soudés,
– fil machine pour armature de précontrainte,
– fil machine pour ressorts mécaniques.
Dans ce contexte, les nuances d’aciers sont adaptées aux différents cas. Ce sont généra-
lement des aciers non alliés dont la teneur en carbone varie avec les propriétés recherchées
et qui peuvent contenir de faibles additions d’éléments d’alliage : Si, Mn, ainsi que Ni, V, Mo,
Cu… Le rappel de quelques données métallurgiques permettra de mieux les décrire.
Ferrite
La ferrite est constituée essentiellement de fer α qui ne peut contenir en solution solide
d’insertion qu’au maximum 0,02 % de carbone, vers 725 °C, et encore bien moins à
plus basses températures.
107
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
Par contre, ce fer α est susceptible d’admettre en solution solide de substitution des
éléments d’alliage tels que Mn, Si, Cr, Ni, Mo, Cu… ou des impuretés comme P. Par
effet de solution solide, tous ces éléments vont engendrer un durcissement de la ferrite
dont l’ampleur est décrite par la figure 3.1.
Il faut néanmoins noter que les performances mécaniques de la ferrite sont assez
modestes. Elles dépendent cependant aussi de la taille des grains. En effet, lors de la
déformation plastique, les dislocations doivent franchir les joints des grains pour se
propager et, pour ce faire, il est nécessaire d’appliquer une contrainte locale supérieure
à la contrainte critique de franchissement ; ce fait est responsable d’un durcissement qui
est traduit par la loi de Hall Petch :
Re = σ0 + k ⁄ d
avec Re : limite d’élasticité,
σo : paramètre intégrant les autres facteurs de durcissement de la ferrite et d :
diamètre moyen des grains de ferrite. Le tableau 3.1 donne des exemples de
valeurs prises par σo et k.
Une autre loi du même type, celle de Cottrel Petch traduit l’influence bénéfique de l’affi-
nement des grains de ferrite qui abaisse la température de transition du métal et améliore
de ce fait sa résistance à la rupture fragile.
Cette taille des grains de ferrite dépend des éléments suivants :
• de la taille initiale des grains d’austénité avant la formation de la ferrite au cours de la
transformation γ → α,
traction (MPa)
à la traction (MPa)
150
150 370
370
à la(MPa)
(MPa)
P
P
Si
Si
à la traction
Résistance à la traction
100
100 320
320
résistance
Résistance
Mo
Mo
résistance
50
50 Mn
Mn 270
270
Écart dede
Cu
Cu
Écart
00 Ni
Ni 220
220
– 50
–50 170
170
Cr
Cr
– 100
–100 120
120
00 11 22 Teneur
Teneur (%) (%)
108
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
Tableau 3.1 – Valeurs indicatives des coefficients σo et k de la loi de Hall Petch (a)
ALLIAGES FERREUX
(a) D’après Marc Grumbach, Techniques de l’Ingénieur, Métallurgie M 305.
109
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
11300
300
400
400
11200
200
11100
100
11000
000
300
300
900
900
800
800
700
700
200
200
600
600
00
0
0 11 22 3
3 44
Logarithme Δ t /Δ t Po
Logarithme Δt/ΔtP0
Silicium
Il est nécessaire à la désoxydation en cours d’élaboration. De ce fait, une certaine propor-
tion est fixée sous forme d’oxydes dans les inclusions ; la part non oxydée, et donc en
solution solide, participe au durcissement de la ferrite.
Manganèse
Participant aussi à la désoxydation, il fixe en outre le soufre sous forme de sulfures et
permet le forgeage et le laminage du métal à chaud. La proportion de manganèse qui
subsiste en solution solide joue plusieurs rôles :
• durcissement de la ferrite par effet de solution solide ;
• diminution de la teneur en carbone de la perlite et augmentation corrélative de la propor-
tion de celle-ci ;
• augmentation de la trempabilité qui, à vitesse de refroidissement identique, permet d’affi-
ner la structure ferritoperlitique et d’augmenter la proportion de perlite ;
• substitution partielle au fer dans la formation de la cémentite.
Azote
Les aciers étant généralement élaborés en présence d’air, ils contiennent une faible propor-
tion d’azote résiduel. Actuellement celle-ci peut varier de 0,002 % à 0,008 % environ.
110
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
Température (°C)
1 200 C% Mn % Si% S% P% Ni % Cr % Mo % Cu % V %
0,13 0,56 0,26 0,029 0,019 0,05 0,07 < 0,01 0,20 < 0,01
1 100
Austénitisation 920 °C (5 min)
1 000
900
A
Ac 3
B
800
ALLIAGES FERREUX
700 90 90 Ac 1
89
70 88 10 10
F P 11
600 40 5
12
1
1
500 20
Ms Z 40
25
400
M
300
200
100
358 204 181 183 173 157 125
0
0,1 1 10 10 2 10 3 10 4 10 5
Temps (s)
• En présence d’aluminium en solution solide, l’azote forme des précipités très fins de
nitrure d’aluminium. Solubles à haute température (> 1050 °C) ceux-ci précipitent plus
facilement en phase α et se forment donc au cours d’un réchauffage plutôt que pendant
un refroidissement même relativement lent (normalisation). Ces précipités permettent de
réduire le grossissement des grains γ au cours d’un réchauffage et facilitent donc l’obten-
tion finale de grains fins.
• En solution solide d’insertion, l’azote durcit la ferrite, diminue sa résistance à la rupture
fragile et engendre le processus de vieillissement après écrouissage.
Soufre
Impureté résiduelle, cet élément est fixé sous forme de sulfure de manganèse. Les
progrès des procédés sidérurgiques ont permis d’abaisser très sensiblement les propor-
tions présentes dans les aciers.
Phosphore
Impureté résiduelle, cet élément est présent en solution solide de substitution. Il durcit la
ferrite et dégrade sa résistance à la rupture fragile.
111
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
HV R m (MPa)
300 900
% de perlite
A
0 % 20 % 50 % 80 %
700
200
B
500
100
300 Structures ferrito-perlitiques
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
Teneur en carbone (%)
Additions particulières
Par ailleurs, les aciers d’usage général peuvent, dans certains cas, recevoir des additions
particulières :
Nickel
Le nickel peut être présent pour affiner la structure, en augmentant la trempabilité, et pour
améliorer la résistance à la rupture fragile (aciers pour emplois à basses températures).
Chrome et molybdéne
Ils participent à la formation de la cémentite de la perlite, voire de carbures spécifiques,
et augmentent la trempabilité. Ils améliorent les caractéristiques de résistance à la
température ambiante et à chaud.
Nobium et vanadium
Ils participent à la formation de carbures et carbonitrures. Ces précipités très fins, bien
dispersés dans la ferrite, engendrent un durcissement important qui est utilisé pour la
fabrication des aciers à haute limite d’élasticité. À teneur en carbone identique, le durcis-
sement obtenu est plus important ; à caractéristiques de résistance identiques, on peut
diminuer la teneur en carbone.
Les conditions particulières de mise en solution dans l’austénite (nécessité de porter le
métal à haute température, ce qui engendre un grossissement des grains indésirable), et
112
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
Cuivre B
Il prend part au durcissement par effet de solution solide et diminue la sensibilité des
ALLIAGES FERREUX
aciers non alliés à la corrosion atmosphérique – probablement en neutralisant les effets
nocifs du soufre.
3.2.2 Aciers à structure non ferrito-perlitique
Enfin il est possible de fabriquer des aciers d’usage général qui n’aient pas une structure
ferrito-perlitique. Ils subiront alors un traitement thermique visant à l’obtention de struc-
tures bainito-martensitiques revenues (on rejoint ainsi le cas des aciers spéciaux de
construction mécanique) en recourant à des procédures de fabrication particulières :
machine de trempe pour les tôles et les plaques par exemple.
Ces solutions ne sont pas encore employées systématiquement, mais font néanmoins
l’objet de certains développements qui passent parfois par la proposition d’aciers norma-
lisés et revenus, dans la mesure où la composition chimique permet d’obtenir une trem-
pabilité suffisante assurant la formation de constituants de trempe, surtout bainite, par
refroidissement à l’air.
3.3 Normalisation
La normalisation française évolue depuis plusieurs années et continuera d’évoluer pour
se placer en conformité avec les normes européennes établies par le Comité européen
de normalisation (CEN) ; l’Afnor pour la France est en effet tenue d’attribuer, sans modi-
fication, le statut de normes nationales aux normes européennes (EN). Cette règle est
respectée mais les normalisateurs européens créent petit à petit le système des EN de
telle sorte que subsistent, côte à côte, d’anciennes normes françaises (NF…) dont le
sujet n’a pas encore été traité par le CEN et de nouvelles normes issues des EN (NF
EN…). Cet état de fait peut conduire à des situations assez complexes.
Avant de détailler les normes qui définissent les aciers d’usage général, il est nécessaire
de préciser les modes de désignation de ces derniers.
Les aciers d’usage général peuvent être désignés selon des modes différents selon qu’il
est fait référence aux anciennes règles françaises ou aux nouvelles règles européennes,
d’après la norme NF EN 10027. On peut donc trouver les désignations décrites ci-
dessous.
113
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
Lettre P
Suivie d’un nombre à trois chiffres généralement suivi lui-même d’une ou de plusieurs
lettres. Il s’agit alors des aciers habituellement utilisés pour la construction d’appareils à
pression et dont la principale garantie concerne la limite d’élasticité ; le nombre (à trois
chiffres) indique alors la valeur minimale imposée pour cette caractéristique exprimée en
newtons par millimètre carré. La ou les lettres suivantes expriment certaines particularités
(selon le FD CR 10260) comme :
– l’aptitude à un emploi à basse température avec la lettre L ;
– l’état de livraison (structure métallurgique) :
• N normalisé ou laminage normalisant,
• M laminage thermomécanique,
• Q trempé et revenu ;
– la garantie de caractéristiques mécaniques à température élevée avec la lettre H précédée
de la lettre G (pour préciser que la lettre qui suit concerne une caractéristique particulière).
Lettre C
Suivie d’un nombre à deux ou trois chiffres, généralement suivi lui-même d’une ou de
plusieurs lettres. Le nombre exprime le centuple de la teneur moyenne (%) spécifiée
en carbone, les lettres qui suivent constituent des symboles additionnels apportant des
informations complémentaires (ex. : RR = acier pour relaminage). Il s’agit d’aciers non
alliés.
114
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
ALLIAGES FERREUX
3.3.2 Dans les normes NF non encore révisées
La désignation symbolique se fait avec les lettres suivantes :
Lettre E
Suivie d’un nombre à deux ou trois chiffres, éventuellement suivi lui-même d’une ou
plusieurs lettres. Il s’agit alors des aciers habituellement utilisés en construction métal-
lique et dont la principale garantie concerne la limite d’élasticité, d’où la lettre E ; le
nombre, à deux ou trois chiffres, indique alors la valeur minimale imposée pour cette
caractéristique exprimée en kilogrammes par millimètre carré ou en mégapascals. La ou
les lettres suivantes expriment certaines particularités : T pour trempé et revenu, D pour
aptitude au formage à froid, W, WA ou WB, pour une résistance améliorée à la corrosion
atmosphérique.
Lettre R
Suivie d’un nombre à deux ou trois chiffres. Il s’agit d’aciers utilisés pour la fabrication
des chaudières et appareils à pression et dont la principale garantie concerne la résis-
tance à la traction, d’où la lettre R ; la valeur minimale imposée pour cette dernière est
indiquée par le nombre, et exprimée en kilogrammes par millimètre carré ou en méga-
pascals.
Lettres FM
Suivies d’autres lettres et/ou chiffres. Il s’agit de désignations générales des fils
machine, d’où les lettres FM, suivies des indications complémentaires suivantes :
– un ou deux chiffres : teneur moyenne en carbone, en centièmes de pour-cent ;
– P et deux chiffres : fil machine destiné à la fabrication d’armatures de précontrainte, d’où
la lettre P, avec indication de la teneur moyenne en carbone, en centièmes de pour-cent ;
– R et deux chiffres : fil machine destiné à la fabrication de ressorts, d’où la lettre R, avec
indication de la teneur moyenne en carbone, en centièmes de pour-cent.
115
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
L’ensemble des normes définissant les aciers d’usage général est décrit dans les
tableaux suivants (tableaux 3.2 à 3.5).
116
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
TÔLES
ALLIAGES FERREUX
S700 MC, S260 NC,
S315 NC, S355 NC,
S420 NC,
BANDES ET FEUILLARDS
BARRES ET FILS
117
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
TÔLES
• Bouteilles à gaz
NF EN 10120, avril 1997 : P245 NB, P265 NB, Aciers non alliés
Tôles et bandes pour bouteilles à gaz soudées P310 NB et P355 NB
en acier (remplace NF A 36-211).
NF EN 10028-1 et 2, décembre 1992 : P235 GH, P265 GH, Aciers non alliés
Produits plats en aciers pour appareils P295 GH, P355 GH
à pression – Aciers non alliés et alliés avec
caractéristiques spécifiées à température élevée.
• Constructions marines
NF EN 10225, juillet 1985 : PF24, PF28, PF36 Aciers au C-Mn
Tôles destinées à la fabrication d’éléments ou micro-alliés
de plates-formes et de structures marines.
FILS ET BARRES
• Armatures pour béton armé
NF A 35-016, octobre 1996 : FeE500 Acier non allié
Armatures pour béton armé – Barres et
couronnes soudables à verrous de nuance
FeE500 – Treillis soudés constitués de ces
armatures.
NF A 35-019, octobre 1996 : FeE500-2 Acier non allié
Armatures pour béton armé – Armatures
constituées de fils soudables à empreintes.
(Remplace avec NF A 35-016 d'octobre 1996, la
norme NF A 35-019 de juillet 1984).
Partie 1 : Barres et couronnes.
Partie 2 : Treillis soudés.
118
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
• Ressorts
NF A 35-057, décembre 1979 : FMR62 à FMR86 Aciers au C
Fil machine en acier non allié destiné à la 10 nuances
fabrication des fils pour ressorts mécaniques
à haute endurance formés à froid. B
NF A 47-301, mars 1976 : Voir NF A 35-051 Aciers au C
ALLIAGES FERREUX
Fils ronds en aciers durs non alliés, patentés,
tréfilés pour ressorts.
• Protection provisoire
NF EN 10238, décembre 1996 : Aciers des normes Doivent être peints
Produits en aciers de construction grenaillés NF EN 10025 après mise en œuvre
et prépeints par traitement automatique. et NF EN 10113-2
• Une situation particulière
NF A 36-250, juin 1987 : Aciers des normes Placage en aciers
Tôles plaquées. NF EN 10028 inoxydables
ou réfractaires
119
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
120
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Allongement à rupture à 20 °C
L’allongement à rupture est actuellement la caractéristique de ductibilité qui fait l’objet
d’une garantie. Rapporté à la longueur initiale de la base de mesure, il traduit le résultat
de deux déformations successives.
• L’allongement homogène, ou réparti, qui commence dès la sortie du domaine élasti-
que et s’étend pendant toute la période de consolidation jusqu’à ce que la charge unitaire
atteigne le niveau de la résistance à la traction (point haut de la courbe de traction
F/S0 = f(Δ/)). Durant toute cette période la partie calibrée de l’éprouvette se déforme
uniformément, d’où l’appellation d’allongement réparti.
• L’allongement localisé dans la zone de striction qui représente la déformation de la
B
ALLIAGES FERREUX
partie dans laquelle apparaît la striction, c’est-à-dire la diminution localisée de la section
de l’éprouvette ; bien entendu, la contrainte vraie locale augmente mais, compte-tenu des
performances des machines d’essai, l’effort total appliqué à l’éprouvette diminue et la
zone hors striction a donc cessé de s’allonger. Cette déformation localisée dépend de la
géométrie de l’éprouvette et surtout de sa section.
Cumulant les deux déformations, l’allongement à rupture va dépendre ainsi de la
géométrie de l’éprouvette. C’est la raison pour laquelle sa valeur n’est significative
que si l’éprouvette est proportionnelle, c’est-à-dire si ses dimensions obéissent à
la relation :
L 0 ⁄ S 0 = K = 5, 65 .
L’allongement, dont la valeur est la plus importante pour l’utilisateur, est l’allongement
réparti subi avant que se déclenche l’instabilité liée à la formation de la striction ; il définit
l’ampleur de la plasticité « utilisable » en service pour assurer la sécurité d’une construction
par adaptation plastique et consolidation des zones soumises à des concentrations de
contraintes excessives.
2
Re (N/mm
R e (N/mm 2 ) ) R (N/mm 2
R (N/mm 2 ) )
RR 600
600
450
450
550
550
RRee
400
400
500
500
350
350
Log
Log V
V
––0,003
33 –– 22 –– 11 0,5 mm/min
mm/min
00 1201 mm/min 22220 mm/min 3
3 44 55 5 m/s
66
0,003 mm/min 0,5 mm/min 20 mm/min 220 mm/min 5 m/s
Figure 3.5 – Exemple d’influence de la vitesse de traction sur Re et Rm. Cas d’un acier
C-Mn. Selon Grumbach, L’Essai de traction, Otua.
121
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Re
Rm
Variation
selon le vieillissement
R
Re
122
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
plus ou moins large selon l’éprouvette utilisée, ce passage se fait par l’intermédiaire de
conditions mixtes avec une rupture partiellement fragile et partiellement ductile. Ces
considérations montrent tout d’abord que l’essai de flexion par choc est un essai de
rupture réalisé dans des conditions particulières qui le rendent très conventionnel au
point d’ailleurs que la valeur de la résilience n’est pas utilisée dans des calculs de struc-
ture. Il permet essentiellement de tester la résistance à la rupture fragile à travers
l’analyse des variations des résultats d’essais réalisés à différentes températures par
l’intermédiaire de la courbe de transition de l’énergie de rupture, et l’appréciation de la
cristallinité de la surface de rupture – proportion de la surface de rupture caractérisée par
un faciès fragile (figure 3.7) B
Les niveaux d’énergie donnés à une température déterminée ont essentiellement le
ALLIAGES FERREUX
rôle de valeurs-repères permettant de vérifier que la courbe de transition de l’acier
considéré se situe en deçà des limites imposées. C’est ainsi que l’on parle, conven-
tionnellement, de température de transition à une valeur donnée de l’énergie de
rupture : 27 J, qui donne TK27, et 40 J, qui donne TK40, pour certains aciers à haute
limite d’élasticité. Ceci est une façon de prendre en compte un point de la courbe de
transition de la résilience. C’est à ce point qui fait l’objet d’une garantie dans les normes
de produit.
Il faut signaler que certaines normes, dans certains cas, proposent à titre indicatif une
description plus complète de la courbe de transition de l’énergie ; c’est le cas, par exem-
ple, des aciers S275, S355, S420 et S460 dans la norme NF EN 10113.
Ces températures de transition, qui sont des repères conventionnels, doivent être utili-
sées avec discernement, car la loi qui les relie aux températures minimales de service
des constructions est fort complexe ; elle fait intervenir de nombreux paramètres tels que
les caractéristiques mécaniques de l’acier, son épaisseur, son écrouissage éventuel, les
sollicitations auxquelles il est soumis et leurs conditions d’application.
KV (J) C r (%)
100
Résilience Cristallinité
0 Température (°C)
123
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Résistance au fluage
La résistance au fluage est déterminée à travers des essais dont les conditions et la
procédure sont définies par la norme NF A 03-355.
Généralement les caractéristiques considérées, qui ne font pas l’objet de garanties –
elles sont données à titre indicatif – sont les suivantes :
• charge unitaire initiale provoquant un allongement déterminé, le plus souvent 0,5 ou
1 %, à température donnée en un temps également donné (10 000 ou 100 000 heures,
voire 200 000 heures) ;
• charge unitaire initiale provoquant la rupture à une température donnée en un temps
également donné (10 000 ou 100 000 heures, voire 200 000 heures) ;
La première de ces caractéristiques correspond à une déformation maximale de 0,5
ou 1 % ; elle peut être utilisée pour définir les conditions de travail respectant les impé-
ratifs dimensionnels propres à des organes mécaniques.
La seconde définit les conditions limites de sollicitation du métal et ne doit intervenir
dans les calculs qu’après avoir été affectée d’un coefficient de sécurité convenable.
La détermination de ces caractéristiques, correspondant à de très longues durées de
sollicitation, passe par l’extrapolation dans le temps de résultats d’essais de plus courtes
durées obtenus en exécutant, à la température considérée, des essais sous des charges
plus élevées et/ou, sous la charge retenue, des essais à de plus hautes températures ;
aussi est-il nécessaire de réaliser d’importantes séries d’essais dans des conditions
qui permettent d’effectuer un dépouillement statistique des résultats.
L’influence qu’ont, sur le niveau des caractéristiques déterminées, des facteurs comme
la température, sa constance dans le temps, l’isothermie de l’éprouvette, sa charge ainsi
que la composition du métal et son état structural fait qu’un dépouillement statistique
conduit au constat d’une dispersion assez importante que les normes de produits pren-
nent en compte en donnant des valeurs moyennes indicatives pour lesquelles il est dit
qu’elles peuvent être considérées comme sûres à ± 20 %.
Résistance à la fatigue
La résistance à la fatigue d’un acier est déterminée à partir d’essais de fatigue réalisés
selon les normes NF A 03-400, 03-401 et 03-402. Généralement, l’objectif principal de
ces essais est l’appréciation de la limite d’endurance σD qui, pour un type de sollicitation
donné et pour une contrainte moyenne σm fixée, est la valeur limite vers laquelle tend
l’amplitude de contrainte σa lorsque le nombre de cycles à la rupture devient très
124
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
grand – souvent 107 cycles pour les aciers. Pratiquement, on peut estimer que ce sont
les conditions – type de sollicitation, σm, σa – en deçà desquelles le risque de rupture par
fatigue disparaît.
Mais cette limite d’endurance (σD = σm ± σa) dépend de très nombreux facteurs :
• la géométrie de la pièce à travers l’effet d’échelle et surtout l’influence des effets d’entaille,
• l’état de surface et les défauts superficiels,
• le mode de sollicitation (type et fréquence),
• les contraintes résiduelles,
• l’environnement (température et corrosion), B
• le nombre limite de cycles retenu.
ALLIAGES FERREUX
Dès lors, la limite d’endurance d’un acier ne peut être définie que dans un contexte qui
inclut tous ces paramètres extérieurs aux propriétés mêmes du métal. Toutefois, dans
des conditions comparables, on peut admettre qu’elle est liée à la résistance à la trac-
tion. Ainsi, pour le type d’acier qui nous intéresse ici, la limite d’endurance en flexion
rotative, a été estimée à 0,5 Rm par M. Lieurade tandis que le Cétim proposait la relation
suivante :
–4
σ D = R m ( 0, 56 – 1, 4 × 10 R m )
sachant que le niveau de cette caractéristique peut encore être modifié par :
• des changements d’état structural,
• des variations de l’état inclusionnaire,
• des évolutions de la géométrie des inclusions.
Par ailleurs, les limites d’endurance déterminées expérimentalement sont affectées par
une dispersion acceptée actuellement comme un fait physique qui peut être dû aux hété-
rogénéités de structure, à la complexité des processus d’endommagement, à la prépara-
tion des éprouvettes, aux conditions d’essai… Cette dispersion doit donc être appréciée
et on définit la probabilité de non-rupture associée à chaque niveau de la limite d’endu-
rance : par exemple niveau de sollicitation conduisant à une probabilité de 50 % de non-
rupture ou à une probabilité de 90 % de non-rupture.
Résistance à la corrosion
Les aciers décrits ici ne présentent pas une résistance particulière à la corrosion dans la
mesure où ils ne comportent pas d’addition d’élément d’alliage susceptible de leur en
conférer une.
Face à la corrosion atmosphérique, ils ont des comportements variables avec les condi-
tions climatiques ; en général leur aspect de surface se dégrade plus que leur tenue
mécanique, sauf pour les produits minces. Toutefois, il est judicieux de prévoir une
protection par des revêtements de types divers et adaptés aux conditions d’emploi (voir
paragraphe 3.4.3).
Certains aciers d’usage général, définis par la norme NF EN 10155, sont dits « à résis-
tance améliorée à la corrosion atmosphérique ». Il s’agit d’aciers comportant de peti-
tes additions de chrome et de cuivre et éventuellement de phosphore et de nickel que la
norme précise dans son annexe :
« La résistance à la corrosion atmosphérique dépend des conditions climatiques avec
succession de périodes sèches et humides pour la formation d’une couche d’oxyde auto-
protectrice. La protection offerte dépend des conditions d’environnement et autres
régnant là où se trouve la construction. »
125
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Vieillissement et écrouissage
Après écrouissage un acier peut durcir (à température ambiante ou mieux à température
légèrement supérieure à l’ambiante) jusqu’à 300 °C environ, et surtout perdre de sa ducti-
lité et de sa résistance à la rupture fragile par vieillissement ; celui-ci est dû à un blocage
des dislocations par des nuages d’atomes en solution solide d’insertion, azote et carbone
essentiellement.
Une grande part du vieillissement est éliminée si l’azote est fixé par précipitation de nitru-
res stables comme par exemple le nitrure d’aluminium, d’où l’introduction d’aluminium
sous l’appellation de calmage spécial à l’aluminium. Néanmoins, la part due au
carbone subsiste et doit être prise en compte.
Formage à chaud
Cette opération débute par un chauffage à haute température qui engendre une trans-
formation α → γ et modifie fondamentalement la structure métallographique de l’acier ; si
la température est trop élevée, il peut aussi provoquer un grossissement du grain austé-
nitique.
Une telle opération devra donc être réservée aux aciers pour lesquels il est certain que
les conditions de refroidissement après formage, ou les possibilités de traitement ther-
126
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Formage à froid
Il faut distinguer ici le simple formage à froid (emboutissage, profilage…) des opérations
de transformation à froid impliquant des déformations plus importantes : étirage, frappe, B
extrusion, tréfilage…
ALLIAGES FERREUX
En ce qui concerne le simple formage à froid, des produits sont proposés qui sont aptes
à le supporter ; ce sont les tôles définies par les normes NF EN 10149, NF A 36-232, 36-
301 et NF EN 10130, mais les aciers définis par les normes NF EN 10025, NF EN 10113,
NF EN 10137 sont capables aussi de subir certaines déformations plus limitées.
Dans tous les cas, il est nécessaire de prendre en compte l’effet de l’écrouissage qui
peut améliorer les caractéristiques de résistance mais détériorer la ductilité et la résis-
tance à la rupture fragile ; il pourra être nécessaire, si, approximativement, l’épaisseur
est supérieure à 30 mm et la déformation est supérieure à 5 %, de régénérer les proprié-
tés par un traitement de restauration dont il faudra vérifier qu’il conduit bien aux proprié-
tés d’emploi désirées.
Si le formage à froid fait intervenir des déformations très importantes qui participent à
la transformation du produit, on utilisera les aciers prévus à cet effet et qui sont définis
par les normes NF A 35-053 « formage à froid », 35-049 « étirage » et NF EN 10016
« tréfilage et laminage ». Ces normes prévoient les garanties nécessaires à la transfor-
mation des produits à travers les différents procédés, notamment en ce qui concerne
l’état de surface, les défauts superficiels et les caractéristiques mécaniques assurant la
formabilité.
Usinage
L’usinabilité est très complexe à définir et ne fait pas l’objet de garantie. Pour les aciers
décrits ici on peut noter simplement que l’usinabilité, c’est-à-dire la facilité avec laquelle
on peut usiner le métal par enlèvement de copeaux, croît quand la dureté diminue,
sauf pour les aciers à très faible résistance et donc à grande plasticité pour lesquels un
écrouissage, généralement par étirage, se révèle bénéfique. Elle augmente aussi très
sensiblement quand croît la teneur en inclusions de sulfures.
On peut noter ici l’existence d’aciers, barres et fils, de décolletage d’usage général,
norme NF EN 10087, à fortes teneurs en soufre (0,25 à 0,40 %), et/ou en plomb (0,2 à
0,3 %) plutôt destinés à des usages mécaniques.
Soudage
De nombreux aciers d’usage général, et notamment les tôles et profilés, sont mis en
œuvre par soudage.
La définition de la soudabilité de ces aciers est complexe car c’est une propriété qualita-
tive appréciée à l’aide de critères différents selon les réalisations envisagées ; elle met
en jeu de nombreux paramètres, l’acier n’étant que l’un d’entre eux. Elle ne fait donc pas
l’objet de garanties spécifiques mais les producteurs mettent à la disposition des utilisa-
teurs les informations nécessaires à la bonne réalisation des opérations de soudage, ceci
afin d’assurer l’intégrité de l’assemblage, intégrité indispensable pour éviter tout risque
de ruine par fissuration et rupture à partir de défauts.
127
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Fissures à froid
Celles-ci sont en fait les défauts essentiels de soudabilité métallurgique contre lesquels
le soudeur doit se prémunir ; les renseignements fournis par le producteur ont pour objet
de l’aider à éviter le risque d’une telle fissuration dont les causes sont les suivantes :
• l’introduction d’hydrogène dans le métal fondu ;
• la transformation au voisinage de la ligne de fusion (zone affectée par la chaleur : ZAC)
de la structure métallographique du métal avec formation martensite ;
• l’existence de contraintes importantes au niveau de la soudure (retrait et bridage).
Si le soudeur ne peut qu’espérer minimiser les contraintes en intervenant sur la concep-
tion de l’assemblage et sur le choix des séquences de soudage, il doit agir sur les deux
autres paramètres :
• Limiter la teneur en hydrogène du métal fondu à travers le choix des conditions de
soudage : procédé, produit d’apport, flux et gaz éventuellement ; et les précautions prises
lors des opérations : préparation, propreté, faible humidité ambiante…
• Limiter la quantité de martensite formée dans la zone affectée par la chaleur en agis-
sant sur les conditions opératoires et notamment sur l’énergie de soudage. Pour apprécier
le risque de fissuration à froid d’un acier donné, les praticiens utilisent un repère dit
carbone-équivalent qui associe au sein d’une même formule l’effet durcissant du carbone
et l’augmentation de trempabilité due aux éléments d’alliage. La formule la plus utilisée qui
fait aussi référence dans les normes européennes est celle adoptée par l’Institut internatio-
nal de la soudure, à savoir :
CEV = C + Mn/6 + (Cr + Mo + V)/5 + (Ni + Cu)/15
Cette forme d’évaluation ne conduit pas à des limites communes à toutes les nuances
d’acier soudables ; chaque classe fait l’objet de limitations différentes selon les pratiques
128
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
industrielles et les constructions considérées. Pour agir sur les conditions opératoires, les
producteurs proposent des abaques (voir FD A 36-000) du type de celui représenté à la
figure 3.8 qui définissent la soudabilité métallurgique d’un acier donné. Ils permettent
éventuellement le choix des conditions de préchauffage si l’adoption d’une énergie de
soudage assez élevée ne suffit pas à résorber le risque de fissuration à froid. Mais, dans
ce cas, le soudeur doit préalablement tout faire pour réduire la teneur en hydrogène du
métal fondu, mesure beaucoup plus efficace et plus facile à mettre en œuvre.
Un point particulier doit être pris en compte si la construction soudée doit être soumise
à des sollicitations de fatigue car sa résistance va dépendre alors essentiellement des
concentrations de contraintes engendrées par la géométrie du cordon de soudure (macro
B
et micro-géométrie). Cette influence très importante impose de réaliser l’assemblage
ALLIAGES FERREUX
avec :
• un cordon présentant un angle de raccordement faible,
• des défauts petits et en faible nombre,
• des contraintes résiduelles faibles.
Pour obtenir le comportement le meilleur il sera, par ailleurs, judicieux de mettre en
œuvre les procédures :
• d’amélioration de la géométrie du joint (parachèvement du joint) suivantes :
}
– meulage,
– refusion TIG, du pied de cordon ;
– refusion plasma
Température
Épaisseur de préchauffage (°C)
(mm)
0°
0°
°
20
15
10
80
70
60
+ postchauffage
50
Préchauffage
40
30
Électrodes
basiques
20
séchées
uniquement
10
9
8
5 6 7 8 910 20 30 40 50
E équivalente (kJ/cm)
129
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
130
3 • Aciers d’usage général 3.5 Applications
– soit relevé de contrôle, avec résultats d’essais sur des produits du même type fabri-
qués dans les mêmes conditions ;
– soit relevé de contrôle spécifique (dans le cas où le service de contrôle n’est pas
hiérarchiquement indépendant des services de fabrication).
• Contrôle spécifique effectué sur les produits faisant l’objet de la commande. Il est suivi
de la remise :
– soit d’un certificat de réception (qui peut prendre trois formes différentes selon la
personne qui le valide) ;
– soit d’un procès-verbal de réception.
B
3.5 Applications
ALLIAGES FERREUX
Les aciers d’usage général sont tout d’abord employés pour la construction métallique et
notamment pour la réalisation des structures suivantes :
• charpentes,
• ponts,
• pylônes,
• réservoirs et appareils à pression,
• charpentes pour appareils de levage et de manutention,
• trémies et silos.
Ils sont également utilisés pour divers autres usages tels que les ouvrages d’art et plates-
formes marines et peuvent aussi constituer des éléments de structures mobiles dans le
matériel ferroviaire roulant, l’automobile, le machinisme agricole, ainsi que des ensem-
bles supports (bâtis) de constructions mécaniques.
Par ailleurs, les nuances pour usages spécifiques ont des emplois prédéfinis qui sont
explicités
Dans le cadre des possibilités de fourniture d’un produit, le choix de la nuance d’acier
se fait essentiellement en fonction du taux de travail (sans oublier les sollicitations
éventuelles de fatigue) qui, affecté par le coefficient de sécurité, détermine le niveau que
doit atteindre la limite d’élasticité, ou parfois la résistance à la traction. Il peut être inté-
ressant d’examiner si l’adoption d’un taux de travail plus élevé peut permettre d’alléger
la construction en utilisant un acier à plus haute limite d’élasticité dans la mesure où
certains points telles l’amplitude des déformations élastiques ou la stabilité élastique
(flambement…), ne deviennent pas critiques. L’utilisation d’aciers à haute limite d’élasti-
cité ne pose pas toujours un problème de soudabilité car ces aciers, lorsqu’ils sont
microalliés (niobium, vanadium), ont des soudabilités souvent meilleures que celles
d’aciers au carbone manganèse ; c’est le cas par exemple de l’acier S355 M par rapport
à l’acier S355 K2G3.
Les particularités d’emploi doivent aussi être prises en compte à ce stade. Elles
peuvent imposer le choix de nuances spécifiques (appareils à pression par exemple)
choix éventuellement orienté par les conditions de mise en œuvre (formage à chaud
notamment). Mais ces particularités d’emploi peuvent aussi poser le problème de la
tenue à la rupture fragile et on en viendra alors au choix de la qualité.
Ce choix de la qualité recouvre la séléction du métal ayant la résistance à la rupture
fragile compatible avec les conditions de service. Comme il a été dit section 3.4, cette
sélection est délicate. Pour la réaliser on aura recours à la procédure décrite par le fasci-
cule de documentation Afnor, FD A 36-010. Celle-ci permet, à partir de la température
minimale de service, de la limite d’élasticité, de l’épaisseur du produit, de la vitesse de
131
3 • Aciers d’usage général 3.6 Évolution
40
40
de service
30
30
Température de service
22
20
20
Température
3
3
10
10
00
– -10
10
44
– -20
20
– -30
30
– -40
40
– -50
50
– -60
60
0
0 20
20 40
40 60
60 80
80 100
100 120
120 140
140
Épaisseur (mm)
Épaisseur (mm)
3.6 Évolution
Actuellement, l’évolution des produits a, comme il se doit, anticipé l’évolution de la cons-
truction si bien qu’on peut considérer que les aciers à haute limite d’élasticité sont des
aciers dont l’utilisation est en cours de développement. Dans ce domaine l’avenir à
moyen terme se prépare avec les aciers qui seront livrés après trempe et revenu, tels
qu’ils sont déjà décrits par la norme NF EN 10137.
Il en est de même avec les produits revêtus dont l’évolution, dans les types et la qualité
des revêtements, se fait tous les jours et permet de proposer aux utilisateurs des produits
nouveaux de plus en plus adaptés aux besoins et performants.
132
3 • Aciers d’usage général 3.7 Commercialisation
À titre d’illustration des possibilités d’évolution, on peut citer le cas des aciers définis par
la norme NF A 36-212 et destinés à la fabrication d’éléments de plates-formes et de
structures marines. Les nuances décrites sont des améliorations des anciennes nuances
classiques E24, E28 et E36 ; l’importance des différences, et donc des améliorations,
révèle l’ampleur des progrès accomplis par les sidérurgistes.
3.7 Commercialisation
Les types, les formes, les dimensions et les tolérances dimensionnelles des produits
commercialisés en aciers d’usage général font l’objet d’une abondante normalisation. B
La commercialisation de ces produits est assurée par des sociétés de négoce qui
ALLIAGES FERREUX
peuvent être :
• soit des filiales de sociétés sidérurgiques, comme, par exemple : Nozal, Longometal,
Datec, Ims, Slpm, Valor, Daval ;
• soit indépendantes ; mais qui sont toutes regroupées au sein d’un des organismes
suivants :
Syndicat national du commerce des produits sidérurgiques (Sncps) – Union des
négociants en aciers spéciaux (Unas)
65, avenue Victor-Hugo,
75116 PARIS
Tél. : 01 45 00 72 50
Fax : 01 45 00 71 37.
Syndicat national du négoce indépendant des produits sidérurgiques (Snips)
91, rue de Miromesnil,
75008 PARIS
Tél. : 01 45 61 99 44
Fax : 01 42 25 77 52.
133
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
Tôles prélaquées
ECCA Groupe Français
30, avenue de Messine
75008 PARIS
Tél. : 01 42 25 26 44
Fax : 01 53 75 02 13
Tôles revêtues
Chambre syndicale des tôles revêtues (CSTR)
Immeuble Pacific, 13, cours Valmy
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 62 10
Fax : 01 41 25 69 35
Tréfilés
Syndicat national du tréfilage de l’acier (STA)
2, rue de Logelbach
75017 PARIS
Tél. : 01 47 54 94 27
Fax : 01 47 54 94 28
134
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
Tubes soudés
Chambre syndicale des tubes soudés en acier
B
Immeuble Pacific, 11, cours Valmy
ALLIAGES FERREUX
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 83 05
Fax : 01 41 25 87 98
Il pourra aussi s’adresser directement aux producteurs d’aciers dont les adresses sont
données ci-après :
Produits longs
ADA
Rue Maurice-Perse
64340 BOUCAU
Tél. : 05 59 64 41 00
Fax : 05 59 64 41 20
Aciéries et laminoirs de Rives
BP 60
38140 RIVES-SUR-EURE
Tél. : 04 76 91 42 44
Fax : 04 76 65 37 75
Profilarbed
66, rue de Luxembourg
L-4221 ESCH-SUR-ALZETTE
Tél. : 00 352 531 31
Fax : 00 352 572 578
Europrofil
91, rue du Faubourg Saint-Honoré
75370 PARIS Cedex 08
Tél. : 01 44 71 12 12
Fax : 01 44 71 12 96
Forges et laminoirs de Breteuil
27160 BRETEUIL-SUR-ITON
Tél. : 02 32 35 64 30
Fax : 02 32 29 80 84
Laminés marchands européens (LME)
2, rue Émile-Zola, BP 2
59125 TRITH SAINT-LÉGER
135
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
Tél. : 03 27 14 20 20
Fax : 03 27 14 20 10
SMBA
Route de Coutron
24700 LE PIZOU
Tél. : 05 53 81 89 75
Fax : 05 53 81 88 66
SDEPM
Syam – BP 119
39300 CHAMPAGNOLE
Tél. : 03 84 51 61 00
Fax : 03 84 51 62 64
Société des aciers d’armatures pour béton (SAM)
54, avenue Victor-Hugo
92500 RUEIL-MALMAISON
Tél. : 01 47 16 08 99
Fax : 01 47 16 08 97
Société des forges de Clairvaux
6, rue de Saint-Petersbourg
75002 PARIS
Tél. : 01 44 70 60 50
Fax : 01 42 93 07 95
Société métallurgique de Brévilly
08140 BRÉVILLY
Tél. : 03 24 26 30 30
Fax : 03 24 26 45 42
Unimétal
BP 3
57360 AMNEVILLE
Tél. : 03 87 70 60 00
Fax : 03 87 70 71 34
Produits plats
Beautor SA
02800 BEAUTOR
Tél. : 03 23 57 71 00
Fax : 03 23 57 41 86
Creusot-Loire industrie
Immeuble Pacific, 13, cours Valmy
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 95 00
Fax : 01 41 25 95 88
Dillinger Hütte – GTS
Postfach 1580
136
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
ALLIAGES FERREUX
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 91 00
Fax : 01 41 25 87 88
Usinor grains orientés
BP 15
62330 ISBERGUES
Tél. : 03 21 63 20 00
Fax :
3.8.2. Bibliographie
Revues
Revue de Métallurgie.
Matériaux et Techniques.
Courrier technique de l’OTUA.
Ouvrages
Métallurgie de base à l’usage des utilisateurs de métaux. Éditions PYC-Livres.
Le Livre de l’acier. Tec et Doc Lavoisier.
Les Aciers thermomécaniques. AFPC et OTUA.
Tôles en aciers HLE : choix et mise en forme. CETIM.
Techniques de l’ingénieur. M2-1 de M300 à M310.
Steel. Verein Deutscher Eisenhüttenleute.
137
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
138
4 • Aciers spéciaux de
construction mécanique
4 • ACIERS SPÉCIAUX
DE CONSTRUCTION MÉCANIQUE
ALLIAGES FERREUX
Guy Murry
139
4 • Aciers spéciaux de 4.1 Principes du durcissement des aciers
construction mécanique
140
4 • Aciers spéciaux de 4.1 Principes du durcissement des aciers
construction mécanique
Durcissement HV
70
P Si
60
50
40
30
B
Mn
ALLIAGES FERREUX
Mo
20 Ni
10
Cr
où Re est la limite d’élasticité, d le diamètre moyen des grains (ce paramètre décrit indi-
rectement l’importance des joints de grain) et k est un facteur variant, avec la structure
de l’acier, entre environ 15 et 30 (pour Re exprimée en N/mm2).
Ce durcissement est difficile à mettre en œuvre car il implique des processus de recris-
tallisation à chaud au cours des opérations de laminage et de forgeage.
141
4 • Aciers spéciaux de 4.1 Principes du durcissement des aciers
construction mécanique
1 2 3
142
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Effort Effort
re s
s du
u le
r tic
Pa Cisaillement
es
dur
in s Contournement
s mo
u le
r t ic
Pa
B
ALLIAGES FERREUX
Diamètre moyen des précipités Diamètre moyen des précipités
Effort
Bilan
d op d op
Diamètre moyen des précipités
143
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Température (°C)
1 200
1 148 °C
D
Austénite
C E I 727 °C
Perlite
Précipitation
400
de Fe 3 C à partir
de la ferrite
pour les deux aciers
Ferrite + Cémentite
G
20
0,4 0,77 1,6 2,11
Teneur en carbone (%)
Le carbone change d’état avec les transformations allotropiques. En solution solide dans
le fer γ (cette solution est appelée austénite) à haute température, il précipite à l’état
d’équilibre à la température ambiante sous forme de petits grains de carbures de fer
(appelés cémentite) mélangés avec des grains de fer ne contenant pratiquement pas de
carbone (la ferrite) au sein d’un agrégat appelé perlite :
• on appelle hypoeutectoïde un acier avec une teneur en carbone inférieure à 0,77 % qui,
transformé dans des conditions proches des conditions d’équilibre, est constitué de grains
de ferrite fer (avec C % < 0,02) et de perlite ;
• on appelle hypereutectoïde un acier avec une teneur en carbone supérieure à 0,77 %
qui, transformé dans des conditions proches des conditions d’équilibre, est constitué de
grains de cémentite (Fe3C, 6,69 % de C et 93,31 % de Fe) et de perlite.
On désigne par AC1 et AC3 les limites (respectivement inférieure et supérieure) de l’inter-
valle de température dans lequel, au cours d’un chauffage lent (150 °C à 300 °C par
144
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
heure), se fait la transformation des aciers hypoeutectoïdes et par AC1 et ACm ces mêmes
limites pour un acier hypereutectoïde.
Il est donc possible de mettre le carbone en solution solide dans le fer à haute tempéra-
ture, ce qui permet de redissoudre les carbures trop grossiers formés lors de la solidifi-
cation. Mais les conditions pratiques dans lesquelles sont effectués ce chauffage et le
refroidissement qui suit sont des conditions industrielles, très différentes des conditions
d’équilibre. Dès lors, il devient nécessaire de savoir d’une part comment se fera la mise
en solution des carbures et, d’autre part, comment se fera leur reprécipitation ultérieure.
Ces évolutions sont décrites par les diagrammes de transformation au chauffage et au
refroidissement.
B
ALLIAGES FERREUX
4.2.1 Transformations au cours d’un chauffage industriel
La figure 4.6 donne un exemple diagramme de transformation en chauffage continu pour
un acier au chrome-molybdène. Ce type de diagramme est tracé dans un système de
coordonnées avec le logarithme du temps en abscisse et la température en ordonnée.
Les courbes définissent, pour chaque loi de chauffage reportée, les températures
auxquelles débute (AC1) et se termine (AC3) la transformation en austénite de la phase
stable à la température ambiante. Des courbes complémentaires définissent :
• la limite de température au-delà de laquelle la composition de l’austénite est homogène,
c’est-à-dire que les hétérogénéités dans la répartition du carbone ont disparu ;
• les températures auxquelles la grosseur des grains d’austénite correspond à certaines
valeurs de l’indice caractéristique (10 correspond à un diamètre moyen de 11 µm, 8 à
22 µm, 6 à 44 µm, 4 à 88 µm).
Ce diagramme montre que, lorsque le chauffage devient de plus en plus rapide :
• l’intervalle de température dans lequel se développe la transformation se déplace vers de
plus hautes températures. Il faut toutefois remarquer que, dans l’exemple choisi (acier
35CrMo4), un chauffage qui porterait le métal à 825 °C en 104 s, soit en un peu moins de
3 heures, permettrait de provoquer la transformation dans un domaine de température
pratiquement identique aux conditions d’équilibre ;
• l’homogénéité de composition de l’austénite n’est obtenue qu’à des températures de plus
en plus élevées. Pour l’exemple choisi, on constate que le chauffage qui porte le métal à
825 °C en 104 s permettra d’atteindre la limite du domaine d’homogénéité seulement en fin
de chauffage. Ce fait peut être aggravé si l’acier contient des éléments d’alliage carburigè-
nes (éléments tels que le molybdène, le vanadium, le tungstène, le titane, le niobium, le
chrome qui ont plus d’affinité pour le carbone que le fer). La mise en solution de ces carbu-
res, plus difficile, prend donc plus de retard au point de rester, parfois, inachevée ;
• le grossissement des grains d’austénite n’intervient qu’à des températures de plus en plus
élevées ; les chauffages rapides permettent d’atteindre le domaine de température où
l’austénite est homogène en élevant la température d’austénitisation sans engendrer pour
autant un grossissement néfaste des grains d’austénite.
Pour un acier hypereutectoïde, la rapidité du chauffage exerce la même influence mais,
en présence d’éléments d’alliages carburigènes, la difficulté à mettre en solution les
carbures spéciaux va accroître la sensibilité à l’accélération du chauffage. Ainsi, comme
le montre la figure 4.7 pour un acier du type 100Cr6, la température limite de mise en
solution des carbures s’élève beaucoup lorsque la rapidité du chauffage augmente. La
limite à franchir pour obtenir une austénite de composition homogène est déplacée vers
des températures plus hautes.
145
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Température (°C)
1 200
Grain γ
Austénite
3
homogène
4
1 100
5
7
1 000
8
Austénite 9
non homogène
10
900
Ferrite
+
Ferrite Carbures
800 + +
Perlite Austénite
+
Austénite
Ferrite + Perlite
700
2 3 4
0,1 1 10 10 10 10
Temps (s)
146
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.7 – Diagramme de transformation en chauffage continu
d’un acier du type 100Cr6.
D’après l’Atlas du Max Planck Institut.
147
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
148
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.8 – Diagramme de transformation en refroidissement continu d’un acier du
type 35Cr4 (d’après l’Atlas de l’IRSID).
149
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
sement du fer par précipitation n’est pas très efficace. Seule la martensite, qui contient
le carbone dispersé hors équilibre à l’état atomique et donc non précipité, permet une
précipitation au sein des grains par retour vers l’état d’équilibre à l’occasion d’un réchauf-
fage contrôlé, dit revenu.
Les éléments d’alliages ajoutés aux aciers et aux fontes modifient les conditions de refroi-
dissement dans lesquelles se forment les différents constituants. Ils déplacent les domai-
nes de transformation vers des lois de refroidissement plus lentes car le domaine de
refroidissement dans lequel apparaît la martensite s’agrandit. Plus la martensite se forme
à l’occasion de refroidissements lents, plus l’alliage est « trempant » et de ce fait plus sa
« trempabilité » est grande.
Pratiquement, tous les éléments d’alliage introduits dans l’acier augmentent la trempabi-
lité à l’exception du cobalt qui la diminue. Les éléments non carburigènes retardent aussi
bien la formation des structures ferrito-perlitiques que celle des bainites. Leur efficacité
peut être considérée comme :
• forte pour le manganèse,
• moyenne pour le nickel,
• faible pour le cuivre et le silicium.
Les éléments carburigènes ne produisent pas le même effet sur la formation des struc-
tures ferrito-perlitiques et bainitiques :
• pour retarder la formation des structures ferrito-perlitiques, le vanadium (à faibles teneurs),
le molybdène et le niobium agissent fortement alors que les effets du chrome et du tungs-
tène sont plus limités ;
• pour retarder la formation des structures bainitiques, le chrome a un effet fort, le molyb-
dène un effet moyen, le niobium, le vanadium et le tungstène un effet faible.
Les diagrammes de transformation en conditions isothermes (dits TTT) présentent le
déroulement des transformations des aciers, en évitant notamment les mélanges de
constituants. Ils décrivent les phénomènes qui accompagnent le passage du fer γ au
fer α dans des conditions particulières (figure 4.9) :
• l’austénite est supposée passer instantanément de sa température d’équilibre à la tempé-
rature de transformation, ce qui est pratiquement irréalisable industriellement ;
• l’évolution de la transformation n’est décrite qu’à la température considérée. De ce
fait, les conséquences du refroidissement qui suit le maintien à la température de
transformation ne sont aucunement indiquées. Si la transformation de l’austénite n’est
pas achevée à cette température, le diagramme ne donne aucune indication sur son
devenir.
En conséquence, ces diagrammes isothermes ont une utilisation industrielle assez limi-
tée puisqu’il est très difficile de refroidir très rapidement le métal depuis sa température
d’austénitisation jusqu’à la température de transformation. Néanmoins, ils permettent de
définir des procédures de traitement thermique qui conduisent à un constituant unique
(bainite notamment).
150
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.9 – Diagramme de transformation en conditions isothermes d’un acier
du type 42Cr4 (d’après l’Atlas de l’IRSID).
carbure ε, ce qui engendre une diminution des contraintes propres existant à l’échelle de
la maille quadratique de la martensite. Un tel revenu entraîne une faible baisse de la résis-
tance à la traction et de la dureté, tout en augmentant légèrement la limite d’élasticité et en
améliorant un peu le niveau des caractéristiques de ductilité. Il est donc réalisé lorsque les
conditions d’emploi exigent la conservation des caractéristiques de résistance à leur niveau
le plus élevé sans imposer de contraintes sur la ductilité. En l’absence de transformation
de l’austénite résiduelle, si ce n’est sa stabilisation, il peut être précédé d’un traitement par
le froid si l’on veut disposer du durcissement maximal.
• Entre 525 °C et 575 °C. Ce revenu, dit banal, provoque la précipitation complète du
carbone soit sous forme de Fe3C, soit sous forme de cémentite substituée dans laquelle
des atomes de fer sont remplacés par des atomes de certains éléments d’alliage (manga-
nèse, chrome, molybdène…). Il entraîne une baisse importante des caractéristiques de
résistance, mais aussi un relèvement très sensible des caractéristiques de ductilité. Prati-
quement, le compromis entre ces caractéristiques est satisfaisant pour assurer un bon
comportement mécanique de l’acier.
• Entre 625 °C et 675 °C. Ce revenu est appliqué aux aciers qui contiennent des éléments
carburigènes tels que le molybdène, le vanadium, le tungstène, le niobium, le titane, le
chrome. À ces températures, les carbures précipitent (très finement, sauf pour le chrome,
151
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
152
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Après refroidissement, on rectifie deux méplats parallèles selon deux génératrices oppo-
sées du cylindre et, sur ces deux méplats, on réalise des mesures de dureté en des
points situés à des distances définies et croissantes de l’extrémité refroidie (1,5, 3, 5, 7,…
jusqu’à 70 mm). Le résultat de l’essai s’exprime à l’aide d’une courbe, dite courbe
Jominy, qui donne, en fonction de la distance à l’extrémité refroidie, les variations de la
dureté mesurée sur les deux méplats (figure 4.11).
Cette courbe décrit donc le résultat de la transformation γ → α d’un acier lorsque cette
dernière se développe dans les conditions de refroidissement définies par la distance à
l’extrémité trempée correspondante. L’essai Jominy apporte aussi un certain nombre de
renseignements contenus dans le diagramme TRC :
• le palier supérieur, à gauche (figure 4.11), correspond aux conditions de refroidissement
qui engendrent une transformation uniquement martensitique. Son niveau est donc en rela-
tion directe avec la quantité de carbone mise en solution au cours de l’austénitisation. Cette
relation s’exprime par la courbe bien connue reliant la dureté de la martensite à la teneur
en carbone (figure 4.12). L’extrémité droite de ce palier définit les conditions de refroidis-
153
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Dureté HRC
Dureté HRC
Aciers à 1 % Cr et 0,25 % Mo
à teneur (%) en carbone
60 60
0,50
50 50 a
a = acier 34CrNiMo6
0,42 b = acier 34CrMo4
40 40 c = acier 34Cr4
0,34
30 30 b
0,25 c
20 20
0 5 10 20 30 40 50 0 5 10 20 30 40 50
Distance à l'extrémité refroidie (mm) Distance à l'extrémité refroidie (mm)
Duret HV
1 000
% martensite
900
100
800
90
700
80
600
70
500
400
300
200
100
154
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Les traitements de surface ont pour objet d’améliorer les performances mécaniques des
pièces sollicitées principalement au voisinage de leur surface et d’accroître ainsi, par
exemple :
• leur endurance sous des contraintes non uniformes (flexion, torsion),
• leur tenue à la fatigue-roulement sous fortes charges, ce qui permet d’éviter les
écaillages,
• leur résistance à l’usure.
Ils présentent des avantages particuliers :
• ils permettent d’obtenir des caractéristiques mécaniques très élevées en surface tout en
conservant à cœur une ductilité qui assure la sécurité du fonctionnement,
• les conditions de mise en forme ne sont pas affectées par ces procédés qui n’intervien-
nent qu’aux derniers stades de la réalisation des pièces,
• le traitement des seules parties fonctionnelles permet d’économiser l’énergie et parfois
d’utiliser des aciers moins coûteux.
On peut distinguer deux grandes catégories dans ces traitements superficiels :
• le durcissement par trempe après chauffage superficiel ;
• les traitements thermochimiques qui font intervenir des modifications de la composition
du métal au voisinage de sa surface.
155
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
Cémentation
La cémentation est un traitement thermochimique d’enrichissement superficiel en
carbone pour obtenir une couche martensitique très dure (à haute teneur en carbone)
sur un cœur tenace. Les aciers de cémentation ont donc une teneur en carbone de base
limitée de telle sorte que la martensite et la bainite susceptibles de se former à cœur
conservent une ductilité suffisante ; cette limite se situe en général à 0,25 %.
L’opération est réalisée dans un milieu susceptible de céder du carbone à l’acier porté à
une température supérieure à AC3, le plus souvent entre 880 °C et 950 °C. Pour accélérer
les réactions d’apport et de diffusion du carbone dans l’acier, on opère parfois entre
950 °C et 1 050 °C sur des aciers élaborés pour conserver un grain fin à ces tempé-
ratures.
La cémentation est suivie d’une trempe réalisée soit directement à la sortie de la cémen-
tation (trempe directe), soit après refroidissement du métal et réchauffage ultérieur. La
couche cémentée atteint le maximum de dureté (environ 800 HV à 900 HV ou 64 HRC à
67 HRC) après la trempe martensitique pour des teneurs en carbone voisines de l’eutec-
toïde, soit de 0,7 à 0,9. Un éventuel revenu de détente (entre 180 °C et 200 °C) après
trempe ramènerait la dureté aux environs de 600 HV à 760 HV, ou 58 HRC à 63 HRC.
La profondeur de durcissement par cémentation dépend partiellement de la trempabilité
des aciers, mais surtout des conditions du traitement. Par contre, c’est de la trempabilité
que vont dépendre l’état structural et les performances mécaniques du cœur des pièces.
Celui-ci, relativement pauvre en carbone, conserve généralement après la trempe une
structure mixte martensite-bainite et éventuellement ferrite, d’autant plus martensitique
156
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
que la trempabilité est élevée, mais toujours plus douce et plus tenace que la couche
durcie. Ainsi les pièces cémentées trempées sont-elles à la fois dures en surface, tena-
ces à cœur et globalement peu fragiles. Leur endurance est accrue par l’existence en
surface de contraintes de compression.
L’épaisseur visée pour la couche cémentée varie avec la destination et le volume de la
pièce. Les épaisseurs importantes, de 0,8 mm à 1,8 mm ou plus, sont réservées à des
pièces devant résister à l’usure et à des pièces de forte section. Pour les pièces de
moyenne et faible sections, tels les engrenages d’automobiles, des épaisseurs de
0,2 mm à 0,8 mm peuvent être suffisantes.
B
Carbonitruration
ALLIAGES FERREUX
La carbonitruration enrichit la surface de l’acier simultanément en carbone et en azote
par un mécanisme analogue à celui de la cémentation. Elle est réalisée à des tempéra-
tures comprises entre 750 °C et 900 °C. Les durées de l’opération, de l’ordre de 30 minu-
tes à quelques heures, sont inférieures à celles de la cémentation pour des épaisseurs
de couche allant de 0,05 mm à 0,6 mm.
Le traitement, qui se fait à des températures plus faibles, supprime tout risque de
surchauffe du métal et de grossissement du grain. Comme la trempe s’effectue égale-
ment à partir de températures plus basses, elle permet réduire et de mieux maîtriser les
déformations. Dans les cas plus courants de carbonitruration, la teneur en azote des
couches carbonitrurées est le plus souvent inférieure à 0,6 %.
Les duretés de la surface carbonitrurée dépassent celles de la cémentation, de même
que sa résistance à l’usure. Corrélativement, l’élévation du niveau des contraintes de
compression dans les régions superficielles permet une meilleure tenue en fatigue.
Nitruration
La nitruration est un traitement thermochimique d’enrichissement superficiel en azote. La
solubilité maximale de cet élément dans le fer γ est très supérieure à celle du carbone
(elle atteint 0,10 % à 590 °C contre 0,022 % pour le carbone à 727 °C). Par ailleurs à
partir de 590 °C, la présence d’azote conduit à la transformation du fer α en fer γ, capable
de dissoudre des quantités d’azote encore supérieures. La nitruration peut ainsi être
réalisée à différentes températures, bien inférieures aux températures de cémentation, et
donner naissance à différentes situations :
• celle qui correspond à une simple insertion d’azote dans le réseau cristallin du fer γ et qui
forme une couche dite de diffusion. Cette insertion produit un durcissement limité de l’acier
(avec cependant une amélioration sensible de sa résistance à la fatigue), mais certains
éléments d’alliage (aluminium, chrome, molybdène, vanadium…) peuvent alors provoquer
une fine précipitation de nitrures, voire de carbonitrures, ce qui entraîne alors un durcisse-
ment complémentaire ;
• celle qui, outre la couche de diffusion, correspond à la formation vers l’extérieur de la
pièce d’une couche de combinaison (d’une épaisseur supérieure à 30 µm) très dure, consti-
tuée essentiellement, pour des aciers non alliés, de nitrures de fer Fe4N (type γ’) et/ou
Fe2,3N (type ε). Cet état apporte une amélioration très notable de la résistance à l’usure et
des propriétés de frottement.
La présence dans l’acier de certains éléments d’alliage, tels que le chrome, le molyb-
dène, l’aluminium ou le vanadium, permet la formation de nitrures bien plus durs que
ceux du fer. La surface nitrurée des aciers alliés de nitruration peut atteindre des duretés
très élevées de l’ordre de 850 HV à 1 200 HV, alors que la dureté après trempe des
aciers les plus durs ne dépasse pas 900 HV, soit 67 HRC. De ce fait, ce traitement est
157
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
particulièrement recommandé pour toutes les pièces devant présenter une très grande
résistance à l’usure par frottement, sans choc.
La nitruration élève également de façon notable la limite d’endurance des pièces grâce
à l’augmentation considérable de la dureté superficielle et à l’introduction en surface de
contraintes de compression favorables. Elle convient plus particulièrement pour des
pièces très sollicitées en fatigue.
Contrairement aux opérations de cémentation ou de carbonitruration, la nitruration n’est
pas suivie de trempe, ce qui diminue très sensiblement les risques de déformation. Le
domaine de température dans lequel elle est généralement exécutée permet souvent de
réaliser ce traitement sur des aciers préalablement trempés et revenus, dans la mesure
où cette dernière opération est exécutée à une température supérieure à la température
de nitruration. Dans certains cas, le traitement de nitruration peut aussi assurer le revenu.
La nitruration permet aux pièces de conserver de bonnes qualités de frottement jusqu’à
des températures atteignant 550 °C et 600 °C. Elle améliore également la résistance à
la corrosion atmosphérique et à celle de l’eau douce, des hydrocarbures et de certains
produits de combustion.
Il n’existe actuellement pas de norme spécifique définissant des aciers pour nitruration.
Il est en effet possible et intéressant de nitrurer de nombreux aciers de traitement ther-
mique dont notamment, parmi ceux décrits par la norme NF EN 10083-2 :
• les aciers non alliés du C22 au C60 ;
• l’acier au manganèse : 28Mn6 ;
• les aciers au chrome des types Cr2 et Cr4 ;
• les aciers au chrome-molybdène des types CrMo4 ;
• les aciers au chrome, nickel, molybdène : 36CrNiMo4, 34CrNiMo6 et 30CrNiMo8 ;
• l’acier au nickel, chrome, molybdène : 36NiCrMo16.
Autres traitements thermochimiques
Divers autres traitements thermochimiques confèrent à la surface des aciers des propriétés
particulières, notamment une amélioration du comportement au frottement.
Boruration
La boruration consiste à diffuser du bore dans l’acier. La dureté obtenue est de l’ordre
de 2 000 unités Vickers, la plus élevée de toutes celles réalisées par traitements thermo-
chimiques de l’acier. De ce fait, la boruration confère à l’acier une très grande résistance
à l’usure, particulièrement par abrasion. Elle présente toutefois le handicap de se prati-
quer à haute température, entre 800 °C et 1 050 °C, et de nécessiter ultérieurement un
traitement de trempe et un revenu dans le cas de pièces à caractéristiques élevées dans
la masse.
Sulfuration
Les sulfurations à basse température consistent à introduire du soufre à la surface de
l’acier au cours d’opérations conduites entre 150 °C et 200 °C. Après sulfuration, les
pièces ne subissent pas d’autre traitement thermique. Les procédés les plus utilisés
sont :
• l’héparisation réalisée en milieu liquide entre 140 °C et 150 °C,
• le SULF-BT réalisé en bain d’électrolyse (pièces à l’anode) entre 185 °C et 195 °C,
• la sulfuration ionique exécutée à 200 °C.
158
4 • Aciers spéciaux de 4.4 Aciers spéciaux
construction mécanique pour traitement thermique
ALLIAGES FERREUX
d’aluminium qui vont contrôler la grosseur des grains de l’austénite. De la sorte, alumi-
nium et azote vont avoir une influence conjointe, en empêchant le grossissement des
grains γ et en diminuant donc, de ce fait, la trempabilité de l’acier dans une mesure qui
est loin d’être négligeable.
Le bore augmente la trempabilité des aciers dans des conditions particulières. Il n’agit,
bien entendu, que s’il se trouve en solution dans l’austénite, mais son action se fait sentir
pour de très faibles teneurs. Par exemple, pour un acier à 0,2 % de carbone, l’effet maxi-
mal est obtenu avec une teneur en bore de l’ordre de 0,002 % à 0,003 %. Cet effet du
bore sur la trempabilité des aciers décroît lorsque la teneur en carbone augmente. La
grande affinité du bore pour l’oxygène et l’azote exige une désoxydation très soignée du
métal liquide et la fixation de l’azote avant l’addition du bore, si l’on veut que celui-ci ne
soit pas neutralisé sous forme de précipités insolubles tels qu’oxydes ou nitrures.
Les éléments en solution solide de substitution constituent ce que l’on appelle commu-
nément les éléments d’alliage (manganèse, silicium, nickel, chrome, molybdène, vana-
dium, tungstène…). Ces éléments d’alliage modifient les limites du domaine de stabilité
de l’austénite, et donc les conditions d’austénitisation. On peut distinguer :
• les éléments gammagènes, tels que le nickel et le manganèse, qui augmentent la surface
de ce domaine et abaissent donc les températures d’austénitisation ;
• les éléments alphagènes dont le silicium, le chrome, le molybdène, le vanadium, le tungs-
tène, le titane, qui diminuent cette surface et élèvent les températures d’austénitisation.
Ils augmentent tous la trempabilité de l’acier à l’exception d’un seul d’entre eux, le cobalt,
dont l’addition la diminue. Les effets sur la trempabilité varient bien entendu avec la quan-
tité d’éléments mise en solution dans l’austénite, mais aussi avec l’identité de chaque
élément. Ainsi, à des teneurs semblables, le manganèse, le chrome et le molybdène
apportent une forte augmentation de la trempabilité alors que le nickel, le cuivre et le
silicium n’ont qu’une influence plus limitée.
Par ailleurs, certains éléments d’alliage ont, pour le carbone, une affinité supérieure à
celle du fer. Ces éléments peuvent alors participer à la précipitation du carbone sous
forme de carbures différents de la cémentite (surtout le molybdène, le vanadium, le
tungstène, le niobium, le titane et plus faiblement le chrome). Ainsi pourront être présents
des carbures contenant des proportions variables de fer et d’éléments d’alliage (M3C,
M7C3, M23C6, M6C) et/ou des carbures d’éléments d’alliage (Mo2C, V4C3, W2C…).
Lorsque les teneurs en éléments d’alliage sont peu élevées, il est possible de décrire, à
l’aide de formules assez simples, la relation qui lie la température de certains points de
transformation à la composition chimique de l’acier :
• AC1 (°C) : température à laquelle l’austénite commence à se transformer au cours du
chauffage :
AC1 = 723 - 10,7 (Mn %) - 16,9 (Ni %) + 29,1 (Si %) + 16,9 (Cr %) + 6,4 (W %) ;
159
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
4.5 Normalisation
L’adoption des normes européennes et leur homologation en France ont modifié la
normalisation des aciers spéciaux pour construction mécanique. Ce processus a donné
naissance à des normes de base qui ont donc reçu l’appellation NF EN. Cependant, un
certain nombre de normes spécifiques, souvent rattachées à des emplois particuliers,
n’ont pas encore leurs homologues en EN et conservent donc leur validité en tant que
norme française NF. De ce fait, la présentation du panorama de l’ensemble des normes
d’aciers spéciaux pour construction mécanique est un peu compliquée.
160
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
tions précises de prélèvement des éprouvettes :
• à l’état normalisé pour les aciers non alliés,
• à l’état traité pour tous les aciers.
Dans ce domaine, la norme introduit la notion de « section déterminante pour le traite-
ment thermique », par rapport à laquelle sont définies les caractéristiques mécaniques.
La dimension de cette section déterminante est donnée sous forme du diamètre d’une
barre ronde qui, à l’emplacement du prélèvement des éprouvettes, s’est refroidie lors de
la trempe, de même que l’emplacement de prélèvement des éprouvettes dans la section
du produit considéré.
• La norme donne également les valeurs de dureté à l’état adouci (TA) d’une part, et à l’état
traité pour une meilleure aptitude au cisaillage (TS) d’autre part.
Les nuances peuvent être commandées dans les états de livraison suivants :
• non traité (état brut de corroyage à chaud),
• traité pour une meilleure aptitude au cisaillage,
161
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
Aciers alliés
38 C 2 38Cr2
38 C 2 u 38CrS2
32 C 4 34Cr4
32 C 4 u 34CrS4
38 C 4 37Cr4
38 C 4 u 37CrS4
42 C 4 41Cr4
42 C 4 u 41CrS4
25 CD 4 25CrMo4
25 CD 4 u 25CrMoS4
34 CD 4 34CrMo4
34 CD 4 u 34CrMoS4
42 CD 4 42CrMo4
42 CD 4 u 42CrMoS4
30 CND 8 30CrNiMo8
35 NCD 16 36NiCrMo16
50 CV 4 51CrV4
• adouci,
• normalisé,
• trempé et revenu,
• autres.
162
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
• des larges plats,
• des tôles et des bandes laminées à chaud,
• des produits forgés,
en aciers spéciaux non alliés et alliés pour cémentation.
Le tableau 4.3 indique les équivalences admises entre « anciennes nuances » et
« nouvelles nuances ». Il ne faut toutefois pas oublier que les compositions chimiques
peuvent, parfois, différer sensiblement.
Par ailleurs, la norme indique les prescriptions relatives à la dureté des produits dans
certains des états de livraison qui sont proposés :
• non traité (état brut de corroyage à chaud),
• traité pour une meilleure aptitude au cisaillage (S) avec dureté maximale,
• recuit (A) avec dureté maximale,
• recuit (TH) avec fourchette de dureté,
• traité pour une structure ferrite-perlite (FP) avec fourchette de dureté,
• autres.
163
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
XC 10 C10E
XC 18 C16E
16 MC 5 16MnCr5
20 MC 5 20MnCr5
18 CD 4 18CrMo4
16 CN 6 17CrNi6 –6
10 NC 6 10NiCr5 – 4
20 NC 6 18NiCr5 –4
20 NCD 2 20NiCrMo2 – 2
18 NCD 6 17NiCrMo6 – 4
16 NCD 13 14NiCrMo13 – 4
acier de cémentation
13 MF 4 15SMn13
B
aciers pour trempe directe
ALLIAGES FERREUX
35 MF 6 36SMn14
35 MF 6 Pb 36SMnPb14
38 MF 5 38SMn28
38 MF 5 Pb 38SMnPb28
45 MF 6.3 44SMn28
NF A 35-563 : aciers spéciaux aptes aux traitements thermiques pour trempe après
chauffage superficiel
Cette norme définit comme aptes aux traitements thermiques par trempe après chauffage
superficiel des nuances non alliées et des nuances alliées des familles M6, C2, C4, CD4,
CV4, B, MB et CB de l’ancienne norme NF A 35-552. Ces nuances ont une teneur en
carbone supérieure ou égale à 0,34 % pour posséder une capacité de durcissement suffi-
sante. Par ailleurs, des garanties complémentaires sont imposées pour la teneur en
phosphore (moins de 0,025 %), l’indice de grosseur de grain austénitique (5 à 8) et la
dureté minimale sur couche trempée.
Les différentes compositions proposées permettent de faire varier la profondeur durcie
(en dehors des réglages du chauffage) par modification de la trempabilité.
165
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
166
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
Lorsque les aciers sont utilisés après trempe et revenu, ce dernier est toujours exécuté
à température élevée. Ainsi, la structure possède une stabilité suffisante pour éviter toute
évolution néfaste au cours de l’emploi à haute température.
ALLIAGES FERREUX
Pour les nuances pour emploi à des températures variables pouvant aller jusqu’à –196 °C
la norme précise :
• la composition chimique,
• les propriétés mécaniques à température ambiante réalisables sur barres traitées (avec
des KCV imposées à –196 °C).
167
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
168
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
• 8 aciers spéciaux alliés.
Elle précise :
• la composition chimique à la coulée ou sur produit,
• la grosseur de grain (entre 5 et 8),
• la dureté et les caractéristiques de traction garanties à l’état recuit.
• les états de surface de livraison.
Des caractéristiques additionnelles peuvent être spécifiées après accord préalable à la
commande, notamment en ce qui concerne la propreté métallurgique et l’état structural.
Parmi ces 11 nuances, 6 trouvent pratiquement leur équivalence dans la norme NF EN
10084.
169
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
Les résultats publiés par Bain et Paxton permettent d’apprécier l’ampleur du durcisse-
ment secondaire apporté par de tels éléments après la trempe martensitique et le revenu
à 650 °C. Le gain en dureté d’un acier à 0,35 % de carbone ne contenant pas d’élément
carburigène est alors de l’ordre de :
• 38 HV pour une addition de 1 % de chrome,
• 54 HV pour une addition de 2 % de chrome,
• 84 HV pour une addition de 1 % de chrome et 0,25 % de molybdène,
• 104 HV pour une addition de 1 % de chrome et 1 % de molybdène,
• 138 HV pour une addition de 2 % de chrome et 1 % de molybdène.
Il est important de remarquer que si la trempe n’est pas totalement martensitique (par
défaut de refroidissement et/ou défaut de trempabilité), les performances de résistance
seront diminuées dans la section des pièces et plus à cœur qu’au voisinage de la
surface. Une telle évolution est décrite par le tracé d’une courbe en U qui représente les
variations de la dureté dans l’épaisseur de la pièce (figure 4.14).
La limite d’élasticité, dans la mesure où le revenu a été réalisé au-dessus de 500 °C, suit
une évolution assez parallèle à celle de la résistance à la traction. La figure 4.15 en
donne l’ordre de grandeur.
170
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.14 – Courbes en U après trempe à l’eau et revenu à 550 °C
de ronds de 100 mm de diamètre.
171
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
influence est donné par la figure 4.17 : l’augmentation de la teneur en soufre abaisse très
sensiblement la résilience en travers (augmentation de l’effet travers) et semble relever
sa température de transition.
Ces données expliquent la dispersion de l’allongement à rupture, de la striction et de la
résilience que montrent les figures 4.15 et 4.16. Ces caractéristiques dépendent du traite-
ment thermique par la capacité de durcissement et la trempabilité, mais varient aussi avec
les conditions d’élaboration. La figure 4.16, sur ce point, fait apparaître les conséquences
des progrès réalisés grâce à une meilleure maîtrise de l’état inclusionnaire.
4.6.3 Ténacité
À titre indicatif, la figure 4.16 décrit, en fonction de la résistance à la traction, les variations
du facteur d’intensité de contrainte K1C telles qu’on peut les apprécier à partir des résultats
expérimentaux de Bartélémy et de la corrélation proposée par Rolfe et Novak1. Si les carac-
téristiques de ténacité varient beaucoup avec la résistance de l’acier, elles sont aussi très
dépendantes de l’état inclusionnaire tout comme les caractéristiques de ductilité.
172
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.17 – Influence de la teneur en soufre sur la résilience
d’un acier XC 38 durci par trempe et revenu.
D’après Bartélémy, 1980.
État structural
Globalement, on admet que la ferrite et la martensite revenues à des températures supé-
rieures à 500 °C sont particulièrement performantes.
État inclusionnaire
Les inclusions peuvent faciliter l’amorçage et la propagation des fissures de fatigue et, donc,
affaiblir l’endurance. Cet effet fait intervenir la densité, la taille et la forme des inclusions. Ce
dernier paramètre met en jeu l’évolution des inclusions au cours de la mise en forme à
chaud et donc leur plasticité (avec possibilité de faire apparaître un effet « travers »).
Contrainte moyenne
Lorsque la contrainte moyenne augmente en traction, l’amplitude admissible des
contraintes dynamiques diminue. Inversement, en compression, cette amplitude admis-
sible augmente. Cet effet de la composante statique est décrit par des diagrammes
appropriés tels que le diagramme de Goodman-Smith.
Géométrie de la pièce
Sous ce terme, on inclut à la fois :
• la macrogéométrie, c’est-à-dire le dessin. Celui-ci intervient surtout par les effets
d’entailles que peuvent générer des variations de section qui perturbent le champ des
contraintes. Les concentrations de contraintes qui en résultent facilitent l’amorçage d’une
fissure de fatigue et altèrent donc la tenue de la pièce. Le dessin intervient aussi à travers
l’effet d’échelle ; des pièces semblables voient leur résistance à la fatigue diminuer quand
leur taille augmente ;
• la microgéométrie qui est due à l’état de surface et aux défauts superficiels. L’état de
surface, de par la rugosité, crée des microentailles dont l’effet est identique à celui des
macroentailles évoquées ci-dessus. Cet effet croît avec la résistance de l’acier. Les défauts
superficiels tels que criques, tapures, fissures de redressage, ont aussi des effets d’entaille
nocifs.
173
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
Mode de sollicitation
Des essais de fatigue, conduits dans différents conditions (flexion plane, flexion rotative,
traction-compression, torsion), ne conduisent pas aux mêmes valeurs de la limite d’endu-
rance. Des coefficients d’équivalence sont utilisés par les spécialistes.
Contraintes résiduelles
Les contraintes résiduelles présentes dans la pièce s’ajoutent algébriquement à la
contrainte moyenne et sont donc susceptibles d’affecter la tenue à la fatigue comme indi-
qué ci-dessus.
Environnement
Deux facteurs importants doivent être pris en compte :
• l’agressivité chimique du milieu qui, en provoquant un processus de corrosion, diminue la
résistance à la fatigue : la courbe de Wölher ne présente plus d’asymptote et l’on parle
alors de « caractéristiques de fatigue à x cycles » ;
• la température : la limite d’endurance évolue comme la résistance à la traction, s’abais-
sant donc quand la température s’élève. Par ailleurs, au-delà d’une limite dépendant de
l’acier, le phénomène de fluage peut aussi intervenir.
Détermination de la limite d’endurance
Globalement il a été constaté que la limite d’endurance déterminée en flexion rotative
est liée à la résistance à la traction d’un acier. Différentes formules empiriques ont été
proposées dont celles établies par le CETIM :
• avec un risque de rupture de 50 %,
σD = Rm (0,58 – 1,1 X 10–4 Rm) ;
• avec un risque de rupture de 10 %,
σD = Rm (0,56 – 1,4 X 10–4 Rm) ;
• avec un risque de rupture de 2,3 %,
σD = Rm (0,55 – 1,6 X 10–4 Rm).
Il est habituel, en matière de fatigue de parler du rapport
σD
-------
-
Rm
dont la valeur, pour les aciers, est généralement admise comme comprise entre 0,45 et
0,55 pour un risque de rupture de 50 %.
Par ailleurs, tous les traitements superficiels qui augmentent la résistance de l’acier et
créent des contraintes résiduelles de compression élèvent la limite d’endurance. Parmi
ces traitements superficiels, on compte non seulement la trempe superficielle, la cémen-
tation, la carbonitruration et la nitruration, mais aussi le grenaillage de précontrainte, le
galetage, le martelage.
174
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
4.7.1 Formage
Le formage est réalisé, sans enlèvement de métal, par déformation plastique de l’acier.
Une telle opération peut être réalisée dans trois domaines de température :
• à chaud, c’est-à-dire à des températures supérieures à AC3, l’acier, alors à l’état austéni-
tique, est de ce fait très déformable,
• à tiède ou à mi-chaud, c’est-à-dire entre 550 °C environ et AC1 ;
• à froid, c’est-à-dire à la température ambiante ou légèrement au-dessus.
Formage à chaud B
Seuls seront évoqués ici les aspects qui mettent en cause les propriétés et le comporte-
ALLIAGES FERREUX
ment des aciers.
Structure initiale
L’acier resté brut de solidification avant le forgeage conserve sa structure dendritique
(basaltique au voisinage de la peau, équiaxe dans la masse) avec les défauts inhérents
à cette dernière :
• des grains grossiers qui ont la taille des dendrites ;
• des ségrégations mineures qui affectent le volume de chaque dendrite ;
• des rassemblements d’impuretés aux joints interdendritiques avec notamment la
présence de sulfures ;
• des porosités qui sont en fait des microretassures interdendritiques généralement closes
et donc non oxydées ;
• parfois des fissures voisines de la peau, qui débouchent à l’atmosphère et dont les faces
sont oxydées.
Chauffage
Le chauffage à haute température avant le forgeage engendre un grossissement du
grain γ.
175
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
Conséquences
En conséquence on peut noter les points suivants.
Il est intéressant de forger un acier qui soit le plus homogène possible avec peu d’inclu-
sions (et des inclusions peu plastiques). Cette homogénéité initiale peut être obtenue en
forgeant des demi-produits déjà laminés.
La profondeur des défauts de surface doit être limitée afin de permettre leur élimination
lors du chauffage et de la formation de la couche de calamine.
La déformation doit être suffisante pour refermer les porosités, affiner le grain et faciliter
l’homogénéisation en diminuant les distances sur lesquelles doit se faire la diffusion
(allongement et donc amincissement des dendrites). Pour apprécier son importance, on
détermine le taux de corroyage S0/S, rapport de la section initiale S0 à la section finale
S. L’expérience a montré qu’un taux de 4 à 10 était nécessaire pour du métal brut de
solidification en lingotière. Ce taux n’est par contre que de 3 à 7 pour du métal issu de
coulée continue. Par ailleurs, en forgeage, il faut tenir compte des irrégularités locales du
taux de corroyage dues aux variations de forme de la pièce forgée. Cela peut conduire
à réaliser au cours de la même opération, dans les zones peu déformées, un préforgeage
qui assure le corroyage nécessaire.
Il peut être utile, pour affiner le grain austénitique du métal, et donc aussi son grain après
transformation, de provoquer une recristallisation et, pour ce faire, de forger et surtout de
finir le forgeage à relativement basse température.
Il est possible, à la fin de l’opération de forgeage, de réaliser un refroidissement judicieu-
sement choisi pour obtenir la structure visée (traitement thermique dit « dans la chaude
de forge » et éviter ainsi d’avoir recours à un traitement thermique ultérieur). Pour ce
faire, il est souhaitable de choisir des conditions de forgeage qui permettront d’obtenir un
grain correctement affiné et de procéder ensuite, dès la fin du forgeage pour éviter un
nouveau grossissement du grain au cours d’un séjour à haute température.
Le fibrage est une traduction des agrégations. De par son orientation, il participe à la dété-
rioration des propriétés dans le sens travers du métal et de ce fait ne peut être considéré
comme une qualité que lorsque la pièce n’est pas sollicitée selon cette direction.
Quand le métal est porté à haute température, la réaction avec l’air ambiant (oxydation
et décarburation) peut altérer sa surface.
Formage à froid
Toujours obtenu par écoulement plastique du métal, le formage à froid exige certaines
qualités du métal.
176
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
L’acier doit, tout d’abord, être très malléable. En général, il est admis que cette qualité
est obtenue si la limite d’élasticité est minimale. Pour ce faire, la structure de l’acier doit
être constituée par de la ferrite en proportion maximale et des carbures le plus possible
coalescés car leur globulisation réduit leur effet durcissant. Plus que par le niveau de la
limite d’élasticité, le résultat est généralement jugé à partir de la résistance à la traction.
Par exemple, Mathon a défini la résistance minimale théorique à laquelle doit conduire
un tel traitement de globulisation :
Rm (N/mm2) = 226 + [294 Cu % + 147 Si % + 44 Ni % + 108 Mn % (1 – C %)]
/ [1 – 0,15 C %] + 225 [C % – 0,1]
Ce résultat met en évidence l’effet nocif des éléments qui subsistent en solution solide
B
dans la ferrite et la durcissent. Un acier destiné au formage à froid doit donc contenir le
ALLIAGES FERREUX
minimum de cuivre, de silicium et de phosphore et, dans la mesure du possible de
manganèse et de nickel. La malléabilité des aciers dépend aussi de leur état inclusion-
naire. Des inclusions d’alumine (en alignements) et de sulfures (déformés au cours du
laminage à chaud) constituent, au cours du formage à froid, des sites d’amorçage de
fissures qui peuvent entraîner le rebut de la pièce mais aussi sa rupture en cours de
fabrication. Pour améliorer la malléabilité des aciers, les sidérurgistes diminuent donc la
teneur en oxygène du métal liquide (métallurgie en poche) et traitent l’acier liquide avec
des produits à base de calcium. Ceux-ci transforment les inclusions d’alumine en alumi-
nates de chaux moins nocifs et réduisent la teneur en soufre. Il n’est toutefois pas possi-
ble de supprimer totalement tout ajout d’aluminium qui doit intervenir dans le calmage de
l’acier en lieu et place du silicium prohibé pour sa capacité de durcissement de la ferrite.
L’acier doit présenter un état de surface convenable (défini par les normes). En effet, les
défauts superficiels tels que lignes, fissures, rayures, traces de manutention, constituent
des amorces de fissuration qui peuvent compromettre la mise en forme.
Les produits en acier dans lesquels sont découpés les lopins doivent avoir une géométrie
précise afin de limiter les écarts de masse et donc des écarts dimensionnels importants sur
les pièces. On évite ainsi de soumettre les outillages à des efforts exagérés en cas d’excès
de métal. Les produits sont préparés par étirage qui améliore la précision géométrique de
la section (mais l’acier durcit par écrouissage) ou par écroûtage qui offre l’avantage de
parvenir à la fois à une géométrie plus précise et à une suppression des défauts de surface.
L’acier doit être traité superficiellement pour améliorer son comportement au frottement
dans les outillages sous les hautes pressions qui apparaissent. En général il est phos-
phaté ; la couche de phosphate (de zinc ou de manganèse) est déjà lubrifiante par elle-
même, elle a aussi l’avantage de retenir les produits lubrifiants apportés pendant le
formage.
Si l’acier s’est trop écroui pendant le formage ou s’il doit être adouci, il est nécessaire de
procéder à un traitement de régénération qui sera, selon les performances attendues,
soit un traitement de restauration (vers 500 °C), soit un traitement de recristallisation
(entre 650 °C et AC1).
177
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
4.7.2 Usinage
Seuls seront évoqués ici les aspects qui mettent en cause les propriétés et le comporte-
ment des aciers, c’est-à-dire leur usinabilité.
Globalement, l’usinabilité décroît quand la dureté de l’acier (qui dépend de l’état structu-
ral) augmente. À dureté égale, les constituants et leur morphologie ont une influence sur
l’état de surface.
L’état inclusionnaire est de loin le facteur le plus important. On peut analyser son
influence en distinguant le type des inclusions : sulfures, plomb ou oxydes.
L’influence des sulfures est déterminante. De faibles variations de la teneur en soufre
font évoluer l’usinabilité dans des proportions importantes (la variation relative est
d’autant plus forte que la teneur en soufre est faible). Mais l’addition du soufre affecte
sensiblement la plasticité de l’acier dans le sens travers ; cet effet néfaste peut être
corrigé si le sidérurgiste fait en sorte que les sulfures soient globulaires.
Le plomb est utilisé pour améliorer l’usinabilité des aciers. En effet, il est pratiquement
insoluble dans le fer et constitue donc des inclusions métalliques dont l’effet est voisin
de celui des sulfures, avec une action de lubrification plus marquée. Difficiles à fabriquer
car les inclusions de plomb doivent être fines et bien dispersées dans toute la masse du
métal, ces aciers sont aussi sensibles à un effet de travers.
Les oxydes constituent des inclusions plus ou moins abrasives. Ils interviennent, en ce
qui concerne l’usinabilité :
• comme élément destructeur de l’outil par abrasion, c’est le cas surtout des inclusions à
base d’alumine ;
• comme élément protecteur des outils en carbures, c’est le cas notamment des silicates.
Aux grandes vitesses de coupe, la température régnant à l’interface outil-copeau est
voisine de la température de ramollissement de ces inclusions. Ces dernières constituent
alors un dépôt adhérent et protecteur à la surface de l’outil et ralentissent de ce fait son
abrasion par le copeau.
Ces remarques conduiraient à rejeter l’aluminium comme élément intervenant au cours
de l’élaboration de l’acier, mais son emploi présente des avantages importants. Une solu-
tion consiste en un traitement du métal liquide par le calcium qui modifie la morphologie
de l’alumine et engendre, par ailleurs, la formation d’inclusions mixtes dans lesquelles
l’alumine est enrobée par les sulfures.
Diverses solutions sont proposées à l’usineur soucieux de disposer d’aciers facilement
usinables :
• possibilité de livraison, à la demande, d’aciers traités thermiquement pour usinage ou
d’aciers adoucis ;
• possibilité, sur accord à la commande, d’obtenir une fourniture d’aciers à usinabilité
améliorée :
178
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
– avec une teneur en soufre sur produit comprise entre 0,020 % et 0,040 % (série R)
avec addition de 0,15 % à 0,25 % de plomb et possibilité d’un traitement des oxydes
par le calcium,
– avec une teneur en soufre sur produit comprise entre 0,06 % et 0,100 % avec globu-
lisation des sulfures et possibilité d’un traitement des oxydes par le calcium (et éven-
tuellement addition de plomb). La globulisation des sulfures est indispensable pour
conserver au métal les propriétés garanties avec des teneurs en soufre plus faibles ;
• possibilité d’approvisionner des aciers spéciaux de décolletage définis par la norme NF
EN 10087 en n’oubliant pas qu’ici l’addition massive d’éléments favorisant l’usinabilité
affecte certaines des propriétés d’emploi de l’acier (notamment dans le sens travers du
laminage). Ces aciers ne sont pas normalement soudables.
B
ALLIAGES FERREUX
Les nouvelles normes NF EN 10083 et NF EN 10084 ne définissent que les nuances
à basse teneur en soufre (S ≤ 0,035 %, suffixe E) et à teneur en soufre contrôlée
(0,020 % ≤ S ≤ 0,040 %, suffixe R). Elles laissent la possibilité de commander des nuan-
ces dont l’usinabilité a été améliorée soit par addition de plomb, soit par une teneur en
soufre plus élevée que 0,040 %, pouvant aller jusqu’à 0,100 % avec formation contrôlée
de sulfure et d’oxydes, par exemple par traitement au calcium. Les conditions d’une telle
livraison doivent être définies à la commande (l’utilisateur doit préciser ses exigences).
Le fascicule de documentation FD A 35-550 rassemble des indications sur l’usinabilité
de certains aciers spéciaux non alliés et alliés de construction pour cémentation et pour
traitement thermique. Il donne des indices d’usinabilité (base 100 pour XC 48) par rapport
aux possibilités qu’offraient les normes NF A 35-551 et NF A 35-552 :
• pour les aciers contenant 0,020 % à 0,040 % de soufre :
– sans traitement spécial sans plomb, nuance u = q devenue R,
– sans traitement spécial avec plomb (0,15 % à 0,25 %), nuance qPb,
– avec globulisation des sulfures sans plomb, nuance q1,
– avec globulisation des sulfures avec plomb (0,15 % à 0,25 %), nuance q1Pb,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes sans plomb, nuance q2,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes avec plomb (0,15 % à
0,25 %), nuance q2Pb ;
• pour les aciers contenant 0,060 % à 0,100 % de soufre :
– sans traitement spécial sans plomb, nuance q,
– avec globulisation des sulfures sans plomb, nuance r1,
– avec globulisation des sulfures avec plomb (0,15 % à 0,25 %), nuance r1Pb,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes sans plomb, nuance r2,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes avec plomb (0,15 % à
0,25 %), nuance r2Pb.
Le fascicule de documentation FD A 35-550 distingue l’usinage avec outil en acier rapide
et l’usinage avec outil en carbure :
• pour l’usinage avec outil en acier rapide, il classe les nuances dans l’ordre d’indice crois-
sant (et donc d’usinabilité croissante) suivant :
– les nuances u (devenues R), q1 et q2 (qui sont équivalentes),
– les nuances qPb, r1 et r2 (qui sont équivalentes),
– les nuances r1Pb ;
• pour l’usinage avec outil en carbure, il classe les nuances dans l’ordre d’indice croissant
(et donc d’usinabilité croissante) suivant :
– les nuances u (devenues R) et q1 (qui sont équivalentes),
– les nuances r1,
– les nuances q2,
179
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
180
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.18 – Conditions de préchauffage et de postchauffage des aciers
lors du soudage à l’arc.
qui limite l’amplitude des déformations et le niveau des contraintes résiduelles. Leur
apport nul (FE sous vide) ou faible en hydrogène (laser) aide à éviter la fissuration à froid.
Par ailleurs, ils peuvent convenir (surtout le FE) pour le soudage de pièces de géométrie
complexe. Ces procédés s’appliquent à tous les aciers considérés ici.
Soudage par friction
Ce procédé, très utilisé en mécanique, exige qu’une des deux parties de l’assemblage
soit constituée d’une pièce qui puisse être mise en rotation. Le joint ne contient pas de
métal brut de solidification, ce qui améliore ses performances mécaniques.
Le soudage par friction exige par ailleurs un usinage pour enlever le bourrelet. Il s’appli-
que à tous les aciers considérés ici et permet de réaliser des soudages hétérogènes.
Soudage par résistance
Le procédé de soudage en bout par étincelage est très utilisé en mécanique. Il autorise
le soudage de fortes sections avec des cycles thermiques relativement lents. Le risque
de formation de structures peu ductiles (compte tenu de certaines teneurs en carbone)
est donc atténué, mais le grossissement des grains dans la ZAC peut être important. Le
traitement thermique final permet de résorber ce défaut.
Le soudage par résistance exige par ailleurs une opération d’usinage pour éliminer le
bourrelet formé lors du refoulement. Il s’applique à tous les aciers considérés ici et auto-
rise les soudages hétérogènes.
4.7.4 Traitements thermiques préparatoires à la mise en œuvre
Si certains traitements thermiques confèrent leurs propriétés d’emploi aux aciers de
construction mécanique, les traitements thermiques d’adoucissement, au contraire, ont
181
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
pour objet d’adoucir le métal pour faciliter sa mise en œuvre. On peut distinguer ici diffé-
rentes procédures convenant chacune à des conditions de mise en œuvre particulières.
182
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
Ce résultat sera acquis en faisant subir à l’acier un traitement d’affinage structural qui
comprendra, généralement, un chauffage jusqu’à une température juste suffisante pour
que l’austénitisation soit complète, suivi d’un refroidissement dans des conditions conve-
nables pour obtenir une structure ferrite-perlite fine. Souvent, pour des aciers non ou peu
alliés, le refroidissement à l’air satisfait aux conditions imposées et l’on dit alors que l’on
réalise une normalisation.
ALLIAGES FERREUX
Ce traitement réalisé par trempe et revenu est destiné à donner à l’acier ses propriétés
d’emploi dans toute la section de la pièce si celle-ci travaille en traction ou en compression.
Mais si la pièce ne travaille qu’en flexion ou en torsion, le durcissement maximal n’est pas
nécessaire dans toute la section. Il suffit dans ce cas qu’il affecte la « couche » extérieure
comprise entre la surface et la mi-épaisseur1. Sur le plan pratique, ceci conduit à prendre
en compte la trempabilité de l’acier et les possibilités de refroidissement de la pièce et donc :
• d’une part, la taille et la forme de la pièce. On retrouve ici la notion d’effet de masse lié à
la conductivité thermique des aciers : les différences relatives des conditions de refroidis-
sement entre peau et cœur sont d’autant plus grandes que la section est plus forte et que
le refroidissement est plus énergique ;
• d’autre part, l’efficacité des moyens de refroidissement que l’on peut utiliser lors de la
trempe. Cette efficacité fait intervenir le pouvoir refroidissant, propriété difficile à quantifier
(on se réfère parfois à la sévérité de trempe, notion sommaire, mais qui permet des compa-
raisons significatives et utiles).
Les différences de refroidissement dans la section d’une pièce créent des écarts de
température qui vont être responsables :
• de déformations dues aux différences de dilatation,
• de décalages chronologiques dans le déroulement des transformations et, donc dans
l’apparition des anomalies de dilatation correspondantes.
Ces phénomènes engendrent d’une part des déformations irréversibles des pièces,
d’autre part des contraintes propres susceptibles de provoquer éventuellement des tapu-
res, et cela d’autant plus que le refroidissement est rapide et la section des pièces impor-
tante. Pour pallier ces difficultés, on peut envisager deux solutions :
• choisir une nuance requérant des conditions de refroidissement moins sévères, c’est-à-
dire une nuance dont la trempabilité soit plus grande (acier plus trempant). Mais ceci impli-
que une dépense supplémentaire due à l’utilisation d’un ajout plus important d’éléments
d’alliage dans l’acier ;
• réaliser une trempe étagée martensitique, au cours de laquelle on interrompt momenta-
nément le refroidissement par un maintien dans un milieu à température légèrement supé-
rieure à Ms, la durée de ce maintien étant assez courte pour éviter toute transformation de
l’austénite en bainite. On réduit ainsi les écarts de température dans les pièces avant de
réaliser la transformation martensitique au cours du refroidissement qui suit. Le diagramme
TRC permet de définir les conditions de refroidissement qui éviteront toute transformation
γ → α avant l’arrivée à la température de maintien choisie, et donc aussi de juger de la
183
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
Teneur en carbone
La teneur en carbone est directement responsable de l’ampleur du durcissement
puisqu’elle définit la quantité de carbures qui précipitera.
184
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
que. En effet, l’acier qui travaille « à chaud » est soumis à un maintien à une température
de service qui, thermiquement, a toutes les caractéristiques d’un revenu. Pour que ce
maintien n’affecte pas les performances du métal, il est donc indispensable de faire préa-
lablement subir à l’acier un revenu qui stabilise suffisamment son état structural. Ce
revenu sera réalisé à une température sensiblement supérieure à la température de
service que l’on calcule avec la formule d’Hollomon et Jaffé :
F (dureté) = T (f (C %) + lg (t ))
où :
• T est la température de revenu (en K),
• t la durée du revenu (en heures),
• et f (C %) = 21,3 – 5,8 (C %).
Cette formule donne des indications sur les équivalences entre température de revenu
et durée du revenu. On voit ainsi, par exemple, si C % = 0,25, qu’un service de
10 000 heures à 475 °C équivaut à un revenu de 4 heures à 600 °C. La stabilité de la
structure sera donc assurée par la réalisation d’un revenu d’au moins 4 heures à une
température supérieure à 600 °C. De même un service de 100 000 heures à 500 °C
équivaut à un revenu de 10 heures à 650 °C ; la stabilité de la structure sera donc
assurée par la réalisation d’un revenu à une température supérieure à 650 °C. Dans
de tels cas, on aura recours au complément de durcissement que peuvent apporter
les éléments carburigènes (voir chapitre 1.3.2).
185
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
minimales de revenu que devra subir la pièce. Par exemple, pour un service à la tempé-
rature ambiante, la température de revenu repère sera de 525 °C.
À partir de ces données, il pourra choisir les nuances qui, après revenu à la température
ainsi fixée, donnent les caractéristiques souhaitées. À ce stade, il devra consulter le
spécialiste qui sera ultérieurement chargé de l’exécution du traitement thermique afin de
sélectionner avec lui les nuances qui ont la trempabilité suffisante. Alors le choix pourra
être achevé en prenant en compte les coûts-matière et éventuellement les écarts de
coûts liés à des adaptations particulières des conditions de mise en œuvre et notamment
de traitement thermique.
Cette coopération avec le responsable du traitement thermique est indispensable. Elle
peut être préparée en utilisant des données particulières qui permettent d’approcher la
solution, mais qui restent généralement insuffisantes car elles ne prennent pas en
compte la complexité de la géométrie d’une pièce. Ainsi le mécanicien peut s’aider de
documents tels que :
• les figures 4.19 (aciers de la norme NF EN 10083) et 4.20 (aciers de la norme NF EN
10084) qui situent les nuances normalisées dans un système de coordonnées qui
reprend les deux principaux paramètres de l’acier ; teneur en carbone et trempabilité ;
• le tableau 4.5 qui donne les limites d’emploi des différentes nuances normalisées pour la
réalisation de cylindres traités dans la masse ou dans une partie seulement de leur section.
186
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
Tableau 4.5 – Estimation approximative des diamètres maximaux de cylindres (en mm)
pour trempe à l’eau et à l’huile.
Nuance eau (H = 0,08 mm–1) huile (H = 0,015 mm–1) eau (H = 0,08 mm–1) huile (H = 0,015 mm–1)
Pour une résistance Rm de 850 à 1 000 N/mm2 après revenu à 550°C
C22
20MnB5
12
25
4
9
14
29
4
9 B
ALLIAGES FERREUX
Pour une résistance Rm de 875 à 1 075 N/mm2 après revenu à 550°C
C25 14 4 16 4
C30 17 5 19 5
28Mn6 25 9 28 9
30MnB5 30 11 35 11
25CrMo4 35 13 40 14
27MnCrB5-2 39 15 46 16
30CrNiMo8 149 77 193 83
C35 18 6 21 6
34Cr4 26 9 30 9
34CrMo4 41 16 48 17
33MnCrB5-2 44 17 52 18
36CrNiMo4 56 23 67 24
34CrNiMo6 93 43 116 46
36NiCrMo16 237 135 321 150
C40 20 6 22 7
C45 21 7 24 7
C50 24 8 27 9
38Cr2 24 8 28 9
46Cr2 27 9 31 10
37Cr4 29 10 33 11
38MnB5 32 12 38 12
41Cr4 33 12 38 13
42CrMo4 47 18 55 20
50CrMo4 49 20 59 21
39MnCrB6-2 51 21 61 22
51CrV4 57 24 68 25
C55 25 9 29 9
C60 27 9 30 10
Ces données ne doivent être considérées que comme des indications qui permettent
d’orienter un choix. Des modifications de la température de revenu peuvent faire passer
une nuance d’une gamme de résistance à la traction à une autre.
187
4 • Aciers spéciaux de 4.9 Évolution des aciers spéciaux
construction mécanique
188
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
Actuellement on ne peut pas considérer que les emplois des aciers sont toujours optimi-
sés pour en tirer les meilleures performances. Des progrès devront être réalisés aussi
bien lors du choix que lors de la mise en œuvre (l’acier est un vieux matériau que l’on
croit bien maîtriser et face auquel on a de vieilles habitudes…).
Cet aspect de l’utilisation des aciers est encore compliqué par la nécessité de prendre
en compte tous les traitements qui modifient leurs propriétés superficielles. L’évolution
de tous ces traitements, rapide et particulièrement intéressante, conduit non seulement
à des performances plus élevées, mais peut aussi induire des gains de masse et de coût-
matière. Elle peut demander une conception adaptée des pièces.
Par ailleurs les techniques modernes de dépôt peuvent permettre la réalisation de multi-
B
matériaux constitués :
ALLIAGES FERREUX
• d’un métal de base assurant la résistance aux efforts mécaniques répartis dans la masse
ou dans une partie de celle-ci,
• de couches, chacune apportant une propriété superficielle que le métal de base n’est plus
chargé d’assumer.
Les possibilités sont ici très variées et très prometteuses.
Enfin, lorsque la fabrication d’une pièce passe par une opération de mise en forme à chaud,
il est toujours utile d’examiner s’il est possible de profiter du fait que l’acier, après celle-ci,
est à l’état austénitique pour réaliser un refroidissement adapté qui conférera au métal une
structure apte à faciliter les opérations ultérieures de mise en œuvre (acquisition d’un état
adouci) ou la structure finale d’emploi (le refroidissement après mise en forme à chaud sera
alors une trempe qui devra être suivie d’un revenu). Il y a là une source de gain de temps
et d’économie. Mais il sera alors nécessaire que le réalisateur du formage à chaud adapte
les conditions pour obtenir, en fin d’opération, une austénite à grains fins.
189
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
190
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
Tél. : 01 45 38 63 00
Fax : 01 45 38 63 30
Rives
BP 60, 38140 RIVES-SUR-FURE
Tél. : 04 76 91 42 44
Fax : 04 76 65 37 75
Sociétés de négoce filiales de sociétés sidérurgiques
CLI Paris
Immeuble Pacific, 13 cours Valmy B
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
ALLIAGES FERREUX
Tél. : 01 41 25 95 00
Fax : 01 41 25 95 88
Datec
265 ter, chaussée Jules-César
95250 BEAUCHAMPS-SUR-OISE
Tél. : 01 30 40 35 00
Fax : 01 30 40 35 97
IMS Abraservice
ZI chemin du Jacloret
95820 BRUYÈRES-SUR-OISE
Tél. : 01 39 37 41 00
Fax : 01 39 37 75 20
Mécacier
BP 14, 77290 MITRY-MORY
Tél. : 01 64 67 50 67
Fax : 01 64 67 82 92
Ugine Service
Immeuble Pacific, TSA 30003
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 60 00
Fax : 01 41 25 60 24
4.10.2 Bibliographie
Ouvrages généraux
LACY C.E., GENSAMER M. – Trans. A.S.M. vol. 32, 1944.
BAIN E.C., PAXTON H.W. – Les éléments d’addition dans l’acier, Dunod, 1968.
BARTHELEMY (B.) – Notions pratiques de mécanique de la rupture, Eyrolles, 1980.
MATHON P. – Formages Matériaux, vol. 1 et 2, 1969.
ROLFE, NOVAK – Slow-bend K1C Testing of Medium-Strengh Hightoughness Steels,
ASTM STP 463, 1970.
Les aciers spéciaux, Lavoisier, Tec & Doc.
Techniques de l’Ingénieur, volume M2-1, chapitres M 300, M 302, M 315 et M 318.
Steel, Verein Deutscher Eisenhüttenleute.
Revues
Matériaux et Techniques
Traitement Thermique
Courrier Technique de l’OTUA
191
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
192
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
5 • ACIERS INOXYDABLES
ALLIAGES FERREUX
ACIERS D’OUTILLAGE Michel Colombié
Les aciers inoxydables ont été mis au point pour résoudre les problèmes de corrosion
humide posés par les alliages ferreux. Développés industriellement à partir du début du
vingtième siècle, la croissance de leur production se poursuit régulièrement.
Ces aciers inoxydables, pour des raisons précisées ultérieurement, sont définis comme
des aciers titrant plus de 10,5 % de chrome, moins de 1,2 % de carbone et contenant
éventuellement d’autres éléments d’alliages (norme européenne NF EN 10088-1).
Il s’agit donc d’aciers spéciaux très alliés. Dans la normalisation européenne (NF EN
10027) ils sont donc désignés :
– Symboliquement par la lettre X suivie de la teneur en carbone multipliée par 100, des
principaux éléments d’alliage selon les symboles de la chimie et de leur concentration en
pour-cent (par exemple : X6CrNi18-10). Ces dénominations sont précédées de la lettre G
pour les produits moulés. À titre d’information, rappelons que cela correspond à l’ancienne
dénomination française Z6CN18-10, qui était suivie de la lettre M pour les nuances moulées.
– De façon alphanumérique par le chiffre 1 suivi de deux chiffres indiquant la famille d’acier
et d’un numéro d’ordre à deux chiffres. Dans le cas des aciers inoxydables, les familles
d’aciers sont toutes de 40 à 49. Leur désignation sera donc toujours du type 1.4XXX (par
exemple, 1.4308 = X5CrNi19-10).
Dans la normalisation des États Unis que l’on rencontre souvent, les aciers inoxydables :
– de type Fe-Cr sont désignés par un chiffre de la série 400 (exemple AISI 430),
– de type Fe-Cr-Ni sont désignés par un chiffre de la série 300 (exemple AISI 316).
193
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
comme précisées par ailleurs (voir 1.6), à l’intersection des courbes cathodique et anodi-
que. Dans le cas présent (figure 5.1) le métal ne résiste à la corrosion que si cette inter-
section est située sur le palier de passivité.
I NO
NO 3H
co
3H nc
dil en
ué tr é
SO
4
H2 E
Passivité
I
Cr = 11 %
Cr = 13 %
Cr = 18 %
Cr
Cr = 20 % E
194
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
ALLIAGES FERREUX
En revanche, contrairement au cas de la corrosion humide, ce ne sont pas les seuls. Ils
ne sont pas spécifiques ; d’autres nuances peuvent être envisagées.
5.1.2 Rappels de métallurgie
Diagramme fer-chrome
Sur l’axe des ordonnées du diagramme Fe-Cr (figure 5.3), on retrouve, bien entendu, les
températures de transformation du fer :
– 910 ˚C pour la transformation Fe α → Fe γ,
– 1 390 ˚C pour la transformation Fe γ → Fe δ.
On notera que le domaine d’existence de l’austénite, ou boucle γ est d’autant plus faible
que la teneur en chrome est élevée. Par conséquent, le chrome favorise l’existence du
fer α cubique centré ; il est dit alphagène. Cela est dû à un phénomène classique
d’isomorphisme, le chrome ayant une structure cubique centrée comme le fer α.
En l’absence de carbone, au-delà de 11 % Cr environ, la phase γ disparaît complète-
ment. Par contre, si l’on ajoute du carbone, cette boucle γ augmente (figure 5.4).
L’azote joue d’ailleurs le même rôle. Les éléments carbone et azote favorisent donc la phase
austénitique ; ce sont des éléments gammagènes. On notera donc que selon les teneurs
respectives en chrome et en carbone, on peut ou non passer à l’intérieur de la boucle γ.
Dans la partie basse du diagramme fer-chrome, entre 600 et 880 ˚C (figure 5.5), apparaît
une nouvelle phase appelée phase σ de composition comprise entre 45 et 50 % de
chrome. Ce composé de structure quadratique complexe est extrêmement fragile. En
dessous de 520 ˚C se produit une démixtion, c’est-à-dire une décomposition de la phase
α cubique centrée en deux phases α et α’ de même structure, cubique centrée, mais de
teneurs en chrome très différentes. Dans le domaine de composition qui nous intéresse,
c’est-à-dire à moins de 25 % Cr, cette réaction se produit par apparition de précipités fins
de phase α’ dans la solution solide α. Cela produit naturellement un effet de durcissement
structural qui, s’il est très poussé, entraîne une fragilisation importante.
En résumé, ces deux réactions ont pour effet de fortement fragiliser ces alliages à des
températures inférieures à 800-850 ˚C. Toutefois, leurs cinétiques sont relativement
lentes ; ces transformations ne se produisent pas, en pratique, pour les vitesses de refroi-
dissement habituelles (seules doivent être surveillées les très grosses pièces refroidies
très lentement à cœur). Par contre, lors de fonctionnements ou de maintiens de plus
longue durée (plusieurs dizaines d’heures), il faut s’attendre à un effet fragilisant très
important.
Diagramme fer-nickel
À l'inverse du précédent, le diagramme fer-nickel (figure 5.6) montre que le domaine
d’existence de la phase γ augmente avec la teneur en nickel. Le nickel est donc un nouvel
195
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
196
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
(C + N) = 0,13 %
1 500
Température (°C )
1 400
1 300 (C + N) = 0,07 %
1 200 (C + N) = 0,03 %
1 100
A A C = 0,005 %
B
+
N = 0,009 %
ALLIAGES FERREUX
F
1 000
F
900
800
0 5 10 15 20 25
Teneur en chrome (%)
900
Température (°C )
800
α σ α'
700
α+σ σ + α'
600
500
α + α'
400
0 20 40 60 80 100
Teneur en chrome (%)
197
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
198
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
À partir d’équivalent chrome Cr* pour les éléments alphagènes et d’équivalent nickel Ni*
pour les éléments gammagènes, le diagramme de Pryce et Andrew permet de prévoir
les structures d’équilibre à 1 100 ˚C (figure 5.8).
Ni*
16
14
12 B
γ α+
=γ
10
ALLIAGES FERREUX
8 % %
6 0% 5% 10 20
α= α= α= α=
4
2
0
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 Cr*
Cr* = Cr + 3Si + Mo
Ni* = Ni + 0,5Mn + 21C + 11,5N
Transformations martensitiques
Au même titre que les autres aciers, les inoxydables peuvent subir une transformation
martensitique depuis la phase austénitique. La martensite obtenue est en général de
type α, quadratique ; pour les nuances les plus chargées, il se forme une martensite ε,
de structure hexagonale et amagnétique.
Les températures MS de début de transformation martensitique dépendent des éléments
d’alliages :
MS (˚C) = 1 302 – 1 667(C + N) – 42Cr – 61Ni – 33Mn – 28Si
On notera, comme il fallait s’y attendre, que tous les éléments d’alliage alpha- ou gamma-
gènes abaissent MS. Ainsi, pour les nuances les plus chargées, sa valeur peut être très
basse, très inférieure à l’ambiante ou même proche de 0 K.
Pour les mêmes raisons, la partie en C des courbes TTT est fortement déplacée vers les
temps longs (voir 1.6). Par conséquent, les vitesses critiques de trempe ne sont en géné-
ral pas très élevées ; elles peuvent être très faibles (autotrempantes) pour les nuances
les plus chargées.
Précipitation de carbures
La présence inévitable de carbone peut donner lieu à la précipitation de carbures lors du
refroidissement. Compte tenu de la teneur en chrome, il s’agit en général de carbures
mixtes ; ils évoluent du type (Fe,Cr)3C, (Cr,Fe)7C3 jusqu’à (Cr,Fe)23C6 si la teneur en
chrome augmente.
199
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Nuances ferritiques
Les alliages fer-chrome sont ferritiques à toutes températures (figure 5.3), sous réserve
de ne pas traverser la boucle γ définie précédemment. Pour une teneur en chrome
donnée, il suffit pour cela que la concentration en carbone soit limitée. Ainsi s’expliquent
les deux familles d’aciers inoxydables dits ferritiques pour deux niveaux de chrome ; le
premier à basse teneur en chrome est bas de gamme en corrosion ; le deuxième au
contraire est considéré haut de gamme (tableau 5.2).
Dans tous les cas, ces nuances peuvent contenir des additions de molybdène pour
améliorer la résistance à la corrosion, du titane ou de l’aluminium pour augmenter le
caractère alphagène.
Nuances martensitiques
Pour obtenir une structure martensitique, il faut nécessairement, au contraire, entrer dans
la boucle γ pour tremper la structure austénitique. Par conséquent, la teneur en carbone
doit être d’autant plus forte que la concentration en chrome est élevée. Cela explique les
trois premières familles de nuances martensitiques (tableau 5.2).
Les teneurs en chrome augmentant, le premier est considéré comme bas de gamme en
corrosion, le deuxième a une résistance moyenne, le troisième est haut de gamme. Par
contre, on sait aussi que les martensites des aciers sont d’autant plus dures et fragiles
que leur teneur en carbone est élevée. Par suite, le premier groupe évoqué sera relati-
vement peu fragile, facile à mettre en œuvre, à souder ou à mouler par exemple ; le
deuxième sera beaucoup plus difficile à utiliser car plus fragile (soudage délicat avec pré-
et post-chauffage) ; quant au dernier, très fragile, il est très difficile à mettre en œuvre et
en particulier impossible à souder.
Ces trois familles ne présentent donc pas de composition haut de gamme en corrosion,
facile à mettre en œuvre. Cela explique la quatrième famille (tableau 5.2). On note une
teneur en chrome élevée, des concentrations en carbone basses. Une addition de nickel
remplace l’effet gammagène du carbone et agrandit la boucle γ.
Des additions éventuelles de molybdène et de cuivre ont pour but d’améliorer la résis-
tance à la corrosion.
Nuances austénitiques
On peut vérifier sur les figures 5.7 et 5.8 qu’une nuance titrant de l’ordre de 18 % Cr, 8 %
Ni, 0,06 % C est entièrement austénitique à 1 100 ˚C.
Un tel acier étant très chargé en éléments d’alliage, les courbes TRC sont fortement
déplacées vers les temps longs. Les vitesses critiques de trempe sont donc très faibles.
Par conséquent, même pour des refroidissements naturels, seule peut se produire la
transformation martensitique.
200
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Pour les mêmes raisons, la température MS est très inférieure à l’ambiante (figure 5.9).
Par conséquent, par refroidissement depuis 1050-1 100 ˚C, aucune transformation n’est
possible ; la phase austénitique γ sera donc maintenue métastable à l’ambiante.
On notera que la transformation martensitique se produit à basse température, en
dessous de MS. Par contre, (figure 5.9), on peut obtenir des valeurs de MS aussi faibles
que nécessaire en augmentant les éléments d’alliage, entre autres le nickel. Le
tableau 5.1 montre que la phase austénitique peut être maintenue, même pour des
températures proches de 0 K. Par suite, sous réserve de bien définir leur composition,
ces aciers inoxydables austénitiques peuvent être utilisés en cryogénie jusqu’aux très
basses températures.
B
ALLIAGES FERREUX
Tableau 5.1 – Température MS de différentes nuances austénitiques.
Composition (C + N ≈ 0,10) MS
Cr = 17,8 %
– 40 ˚C
Ni = 7,5 %
Cr = 17,5 %
– 196 ˚C
Ni = 8,3 %
Cr = 17,4 %
absent
Ni = 12,6 %
MS (°C)
20
0
– 100
– 200
4 6 8 10 12 % Ni
201
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Traitement
Familles Caractéristiques principales
de référence
Groupe 2
Limite élasticité > 250 MPa.
C < 0,10 % ; Cr = 16-18 % Trempe air
Résistance corrosion bonne à
X6Cr17 (Z8C17) (AISI 430) depuis
excellente. Soudable. Nuances
X6CrMo17-1 (Z8CD17-1) 800 ˚C
haut de gamme.
X3CrTi17 (Z4CT17)
Groupe 3
Grande dureté.
C = 0,6-1,2 % Cr = 16-18 % Trempe
Fragile.
X105CrMo17 (Z100CD17) et revenu
Non soudable
(AISI 440C)
202
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
ALLIAGES FERREUX
du domaine austénitique à 1 100 ˚C. Supposons que l’on fasse la même opération à partir
du domaine biphasé α-γ pour des compositions du même ordre. La phase γreste métastable
pour les mêmes raisons, la phase α est inchangée. On obtient donc une structure mixte
(α + γ) métastable identique à celle à l’équilibre à haute température. La proportion de phase
peut donc être directement déterminée par le diagramme de Pryce et Andrew (figure 5.8).
Les nuances austéno-ferritiques développées industriellement sont équilibrées pour
contenir entre 40 et 60 % de ferrite α.
Tableau 5.3 – Principales familles d’aciers inoxydables austénitiques. Dans chaque cas
ne sont indiquées que les nuances typiques. Pour obtenir l’ensemble des nuances
normalisées, on se reportera à la norme NF EN 10088-1, 2 et 3.
Traitement
Différentes familles Caractéristiques principales
de référence
Aciers austénitiques Grande ductilité à chaud
et à froid. Soudables.
Très large plage résistance
corrosion. Sensible corrosion
sous tension. Propriétés
mécaniques faibles à moyennes.
Présence de nickel.
203
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Traitement
Différentes familles Caractéristiques principales
de référence
2˚) Nuances de type 17-12-Mo
Nuances de base Meilleure résistance corrosion.
X5CrNiMo17-12-2 (Z7CND17- Sensible corrosion
12) (AISI 316) intergranulaire.
X3CrNiMo17-13-3 (Z6CND18- Limite d’élasticité
12) (AISI 317) limitée > 196 MPa
Nuances stabilisées
Insensible corrosion
X6CrNiMoTi17-12-2
intergranulaire.
(Z6CNDT17-12)
X6CrNiMoNb17-12-2
Limite d’élasticité
(Z6CNDNb17-12)
améliorée > 216 MPa
3˚) Nuances à l’azote
X2CrNiN18-7 (Z3CN18-07-Az) Limite d’élasticité élevée.
Hypertrempe
X2CrNiMoN17-11-2 Bonne résistance corrosion
1 050-1 150 ˚C
(Z3CND17-11Az) (AISI316LN) intergranulaire.
4˚) Super austénitiques
X1CrNi25-21 (Z1CN25-20)
X1NiCrMoCu25-20-5
(Z1NCDU25-20) Résistance corrosion très
Hypertrempe
X1CrNiMoCuN25-25-5 élevée.
1 050-1 150 ˚C
(Z2NCDU25-25Az) Milieux spéciaux.
X1NiCrMoCu31-27-4
(Z2NCDU31-27)
204
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Traitement
Différentes familles Caractéristiques principales
de référence
ALLIAGES FERREUX
corrosion.
Insensible corrosion
intergranulaire.
Résistance améliorée à CST.
Fragilisation à chaud
Température < 250-300 ˚C
1˚) Teneur en chrome
Hypertrempe Résistance à la corrosion
moyenne : Cr = 21-22 %
1 050-1 100 ˚C générale au moins égale
X2CrNiN23-4 (Z3CN23-04Az)
à celle des nuances
X2CrNiMoN22-5-3
austénitiques de type 18-10
(Z3CND22-05Az)
et 18-12-Mo
2˚) Teneur en chrome élevée :
Cr = 25-27 % Hypertrempe Résistance à la corrosion
X2CrNiMoN25-7-4 1 050-1 150 ˚C générale de l’ordre
(Z3CND25-06-Az) des super-austénitiques.
X2CrNiMoCuN25-6-3
(Z3CNDU25-07-Az)
X3CrNiMoN27-5-2
(Z5CND27-05-Az)
205
5 • Aciers inoxydables 5.2 Normalisation
– Les deuxièmes, dites à trempe martensitique indirecte, sont telles que la température MS
est inférieure à 20 ˚C. Par suite, par trempe à l’ambiante, on conserve la phase γmétastable
très douce. La mise en forme est assurée à ce stade. Le produit subit ensuite un traitement
à basse température ou une opération de déstabilisation de l’austénite, pour assurer la
formation de martensite, suivi du revenu de durcissement structural.
5.2 Normalisation
Jusqu’alors, on disposait de systèmes nationaux différents pour normaliser les aciers
inoxydables. En Europe, les travaux du European Commitee of Iron and Steel Organiza-
tion ont conduit à l’établissement d’une seule normalisation commune prenant effet à
compter du 5 novembre 1995. Ces conclusions communes sont rassemblées dans les
trois normes suivantes :
– NF EN 10088-1 : Aciers inoxydables. Partie 1 : Liste des aciers inoxydables.
– NF EN 10088-2 : Aciers inoxydables. Partie 2 : Conditions techniques de livraison des
tôles et bandes pour usage général.
– NF EN 10088-3 : Aciers inoxydables. Partie 3 : Conditions techniques de livraison des
demi-produits, barres, fils machine et profils pour usage général.
Les différentes nuances d’aciers inoxydables sont désignées selon leur composition
d’après la règle évoquée précédemment. À chaque nuance est également attribuée une
désignation numérique précisée dans la norme NF EN 10027-2. Par exemple, la nuance
X5CrNi18-10 (Z7CN1809) correspond à la numérotation 1.4301.
Toutes les nuances d’aciers inoxydables d’usage général et les fourchettes de leurs
compositions chimiques sont précisées dans la norme NF EN 10088-1. Elles sont
classées suivant leurs structures métallographiques, comme expliqué précédem-
ment :
– aciers ferritiques : 21 nuances,
– aciers martensitiques : 24 nuances,
– aciers austénitiques : 50 nuances,
– aciers austéno-ferritiques : 9 nuances,
– aciers à hautes caractéristiques (durcissement structural) : 5 nuances.
Cela correspond donc à un total de 109 nuances normalisées.
Les normes NF EN 10088-2 et NF EN 10088-3 définissent les caractéristiques méca-
niques et les conditions de livraison des produits. Les dimensions nominales (épais-
seur, longueur, largeur) et le poids définissent les formats de livraison. Les conditions
de traitement thermique et d’état de surface sont définies par un système alphanumé-
rique (par exemple : 2R = laminé à froid, recuit blanc ; 2H = laminé à froid, écroui,
etc.).
Des conditions spéciales peuvent être précisées par des lettres (C = écrouissage,
QT = trempe de revenu, P = durcissement par précipitation) suivies d’un chiffre indiquant la
résistance à la traction en MPa, par exemple : QT900 (trempe et revenu 900 MPa), P1150
(durcissement par précipitation 1 150 MPa), etc. Les différences de niveau des propriétés
mécaniques, c’est-à-dire Rp0,2 et Rm pour les différents produits ont été standardisées.
L’annexe A de la norme NF EN 10088-1 précise les principales propriétés physiques des
nuances normalisées (module d’élasticité, coefficient de dilatation, masse spécifique,
capacité thermique, conductivité thermique, résistivité électrique, etc.)
D’autres normes européennes précisent les nuances d’aciers inoxydables utilisables pour
les domaines d’utilisation et le type de produit.
206
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Utilisation générale :
– NF EN 10.250-4 : Pièces forgées d’usage général.
– NF EN 10.283 : Aciers inoxydables moulés.
Appareils à pression :
– NF EN 10.028-7 : Produits plats pour appareils à pression.
– NF EN 10.272 : Produits longs pour appareils à pression.
– NF EN 10.222-5 : Produits forgés pour appareils à pression.
– NF EN 10.216-5 : Tubes sans soudures pour appareils à pression.
– NF EN 10.217-7 : Tubes soudés pour appareils à pression. B
Haute température :
ALLIAGES FERREUX
– NF EN 10.095 : Aciers et bases Ni réfractaires.
– EN 10.302 : Aciers et bases Ni et Co pour fluage.
– EN 10.269 : Aciers pour boulonneries à chaud.
Divers :
– NF EN 10.270-3 : Fil inox pour ressorts.
– NF EN 10.263-5 : Barre et fil inox pour extrusion à froid.
– NF EN 10.312 : Tubes inox pour transport d’eau.
– NF EN ISO 683-17 : Aciers pour roulements.
On notera que certaines normes françaises n’ont pas encore fait l’objet de normalisation
européenne. Elles restent donc d’usage dans cette période intermédiaire. Ce sont par
exemple :
– NF A 36711 : Inox pour produits alimentaires.
– NF A 35583 : Fil inox pour soudage.
– NF A 35595 : Inox pour coutellerie.
– NF A 49148, 207, 214, 249 : normes pour divers types de tubes en aciers inoxydables.
– NF E 25033 : Boulonneries en inoxydables.
– NF F 80109 : Inox d’usage général pour matériel roulant ferroviaire.
Aciers ferritiques
Les aciers ferritiques, en principe, n’ont pas de transformation de phase. À l’équilibre, ils
se caractérisent par une structure ferritique α (CC) et des carbures, des nitrures ou des
carbonitrures, principalement de chrome. La vitesse de diffusion du chrome étant très
grande dans la phase ferritique, la précipitation de ces derniers ne peut être empêchée.
Deux écueils doivent être évités lors du traitement thermique :
– Les températures supérieures à 900-950 ˚C qui entraînent, d’une part, une fragilisation
due à la précipitation de carbures et, d’autre part, un grossissement du grain.
– Les températures inférieures à 700-750 ˚C responsables de formation de phase σ ou de
précipités α’ (figure 5.5).
207
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Par conséquent, le traitement thermique de ces nuances ferritiques est constitué d’un
chauffage entre 750 et 900 ˚C, suivi d’un refroidissement à l’air ou éventuellement à l’huile.
Dans les nuances ferritiques stabilisées au titane ou au niobium, la précipitation de carbu-
res de chrome est évitée, ainsi que ses conséquences, telles que fragilisation et déchro-
misation. Cela explique leur bon comportement après soudage.
Aciers martensitiques
Le traitement de qualité des aciers inoxydables martensitiques est constitué, en général,
d’une trempe suivie d’un revenu.
La température de trempe est élevée, comprise entre 950 et 1 100 ˚C ; cela est dû au
relèvement du point AC3 et à la nécessité de bien dissoudre tous les carbures. Compte
tenu de leur forte teneur en éléments d’alliage, les vitesses critiques de trempe sont
relativement faibles (figure 5.10). Les nuances du groupe 1 (tableau 5.2) doivent être
trempées à l’huile ; les autres sont refroidies à l’huile ou à l’air.
Pour les nuances les plus chargées des groupes 3 et 4, on peut rencontrer de l’austénite
résiduelle. Il peut en être de même dans le cas de ségrégations, par exemple sur de
grosses pièces moulées ou dans le cas de carburation de surface. Cette austénite rési-
duelle doit être déstabilisée et transformée en martensite :
– soit par un traitement à basse température (– 80 ˚C) ;
– soit par chauffage, lors du traitement de revenu. Dans ce cas, la nouvelle martensite ainsi
formée doit subir un nouveau revenu.
Les courbes de revenu (figure 5.11), de forme classique, expliquent deux types de trai-
tement de revenu :
208
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
Figure 5.11 – Courbe de revenu d’un acier martensitique X20Cr13
après trempe depuis 1 020 ˚C.
– Entre 150 et 350 ˚C, traitement de détente. La structure du métal reste principalement
martensitique, charge de rupture, dureté et limite d’élasticité variant peu.
– Entre 550 et 750 ˚C, traitement d’adoucissement. La structure évolue fortement par préci-
pitation de carbures M23C6, apparition de phase αet donc retour à l’état d’équilibre. Dans
ce domaine, les propriétés de résistance et de résilience dépendent directement de la
température et du temps de revenu.
Entre 350 et 550 ˚C, on note un durcissement lié à une fragilisation importante. Ce
phénomène, dit de durcissement secondaire, (ou durcissement structural), est dû à la
précipitation de carbures fins de type M7C3 dans la martensite. Cette martensite très dure
et fragile est à éviter, sauf si l’on recherche une très haute dureté, en tolérant la fragilité
correspondante.
Aciers austénitiques
Nous avons indiqué que ces nuances austénitiques étaient obtenues par refroidissement
depuis le domaine γ, c’est-à-dire l’intérieur de la boucle γ (figure 5.7). Ce traitement est
appelé hypertrempe (trempe depuis une température relativement élevée).
La température d’hypertrempe, entre 950 et 1 150 ˚C, doit être suffisante pour bien redis-
soudre les carbures ou composés intermétalliques qui ont pu se former. Elle doit être
limitée pour éviter un grossissement, souvent préjudiciable, du grain γ. Cela explique que
les nuances au molybdène soient traitées plus haut pour dissoudre les composés définis
dus au molybdène ; les nuances stabilisées ne nécessitent pas la remise en solution des
carbures, ici de titane et niobium. Ainsi, les températures d’hypertrempe généralement
retenues sont (tableau 5.3) :
– 1 000 à 1 100 ˚C pour les nuances sans addition de molybdène,
– 1 050 à 1 150 ˚C pour les nuances avec addition de molybdène,
– 950 à 1 050 ˚C pour les nuances stabilisées sans molybdène.
209
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Les durées de maintien doivent être suffisantes pour assurer une bonne homogénéité de
température, compte tenu de la faible conductivité thermique de l’austénite. En pratique,
elles se situent entre 0,7 et 2,5 minutes par millimètre d’épaisseur.
Les vitesses de refroidissement doivent être suffisantes pour éviter les précipitations de
carbures de chrome ou de composés définis. En général, des refroidissements à l’air sont
suffisants. Des vitesses supérieures, telles que refroidissement à l’eau, peuvent être
nécessaires dans le cas de grosses pièces forgées ou moulées.
Aciers austéno-ferritiques
Les traitements d’hypertrempe sont identiques à ceux décrits ci-dessus pour les nuances
austénitiques. On notera seulement :
– le risque supplémentaire de formation de phase σ dans la ferrite, nécessitant une vitesse
de refroidissement suffisante entre 700 et 900 ˚C, en pratique un refroidissement à l’eau ;
– que la teneur en ferrite finale dépend étroitement de la température d’hypertrempe ; cette
proportion de ferrite varie de 10 à 15 % pour une variation de 100 ˚C de cette température
(figure 5.12).
Teneur en α
(% en volume)
60
50
40
30
1 000 1 100 1 200
T (°C)
210
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
ultérieurement par décapage.
Ces traitements oxydants peuvent entraîner des défauts de surface, souvent préjudiciables :
– décarburation superficielle pour les nuances martensitiques chargées en carbone,
– déchromisation pour les nuances ferritiques, austénitiques.
Des traitements sont aussi réalisés en atmosphères protectrices d’ammoniac craqué ou
de mélanges H2 + N2. Dans ce cas, les produits ne sont pas oxydés (recuits blancs ou
brillants) et ne nécessitent pas de décapage ultérieur.
Dans ces cas, on peut rencontrer un défaut dû à un phénomène de nitruration de surface.
Pour l’éviter, on est conduit à utiliser des atmosphères d’hydrogène ou éventuellement
de gaz neutre (argon ou hélium).
5.3.2 Propriétés physiques
Les propriétés physiques des aciers inoxydables dépendent fortement de leurs structu-
res. Le tableau 5.5 indique les valeurs typiques des principales familles définies précé-
demment.
Sans entrer dans le détail, on notera seulement :
– La phase austénitique est amagnétique, alors que les phases α et martensitiques sont
ferromagnétiques. Il est donc possible de mesurer par voie magnétique la teneur en ferrite
des austéno-ferritiques, la ferrite éventuelle des austénitiques ou la martensite formée par
écrouissage dans l’austénite.
– Les coefficients de dilatation des ferritiques et martensitiques sont proches de ceux des
aciers doux ; au contraire, ceux des austénites sont très sensiblement supérieurs. Cela
peut entraîner des phénomènes de dilatation thermique gênants sur des structures mixtes
constituées d’austénitiques et de ferritiques.
– Les conductivités thermiques des inoxydables sont très légèrement plus faibles que
celles des aciers au carbone. Ce phénomène est d’autant plus sensible pour les austéniti-
ques ou austéno-ferritiques.
Pour plus de détails, au-delà des indications générales, on se reportera à la norme
NF EN 10088-1 qui indique les caractéristiques garanties de chacune des nuances
normalisées.
211
212
Tableau 5.5 – Valeurs typiques de propriétés des différents aciers inoxydables.
5 • Aciers inoxydables
Austéno-
7,87 15 16,7 500 70 Ferromagnétique 200
ferritiques
Aciers doux
7,8 10 58,6 430 Ferromagnétique 210
au carbone
– les aciers du groupe I (tableau 5.2), contenant de 11,5 à 13,5 % Cr, ont une transition
entre 0 et 20 ˚C ;
– les aciers du groupe II ont des températures de transition supérieures à 40 ˚C. Leur rési-
lience à l’ambiante est très faible, de l’ordre de 5 J·cm–2. Les valeurs d’allongement restent
cependant acceptables, voisines de 18 %.
32
Résilience sur éprouvette
Charpy (daj/cm2) 28
24
3 %
Cr B
20 1
ALLIAGES FERREUX
%
16 15
%
%
17,5
,2
12
18
8
4
33 %
0
– 80 – 40 0 40 80
Température (°C)
Dans ces conditions, ces nuances ne sont utilisables qu’en produits minces, pour des
épaisseurs inférieures à 2-3 mm. En effet, dans ces cas-là, les effets de triaxialité sont
tels qu’il n’y a pas de rupture fragile. Cela explique que ces produits sont presque exclu-
sivement utilisés sous forme de tôles minces, de fils de petit diamètre ou de tubes peu
épais.
On peut trouver ces nuances exceptionnellement utilisées, par exemple, en produits
moulés plus épais. Il faut savoir qu’elles ont, alors, un comportement très fragile, (compa-
rable aux fontes).
Compte tenu de la remarque précédente, les propriétés mécaniques sont indiquées sur
le tableau 5.6.
Des maintiens de longue durée (plusieurs heures ou dizaines d’heures), à chaud, ont
pour effet de fragiliser ces matériaux. Dans ces cas-là, les allongements deviennent très
faibles, les duretés augmentent fortement. Cet effet est dû soit à la démixtion α-α’, soit
à la formation de phase σ, processus évoqués ci-dessus (section 5.1). On admet géné-
ralement que ces nuances ne doivent pas être utilisées au-delà de 200-350 ˚C.
Groupe I
X6CrAl13 (AISI 405) 225 à 250 420 à 620 > 20 206
X6Cr13 (AISI 403)
Groupe II
245 à 270 440 à 640 > 18 206
X6Cr17 (AISI 430)
213
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
R0,2 KCV
Rm (MPa) A (%) E (GPa)
(MPa) (daJ/cm2)
Groupe 2
Groupe 3
1 850 1 900 3 206
X80CD17 (AISI 440c)
Groupe 4
690 930-1 130 12 4 206
X6CrNiCu17-4
Pour certaines opérations (usinage, par exemple), il peut être intéressant d’adoucir le
métal. Cela peut être obtenu soit par un recuit de 1 à 3 heures entre 900 et 950 ˚C, suivi
d’un refroidissement lent (15 à 20 ˚C/h) soit par un revenu poussé de 1 à 3 heures entre
775 et 800 ˚C, les résistances et duretés sont alors les suivantes :
– Groupe 1: 440 à 490 MPa,
– Groupe 2: 540 à 680 MPa,
– Groupe 3: 250 HB,
– Groupe 4: 200 HB.
214
Tableau 5.8 – Propriétés mécaniques caractéristiques des principales nuances
5 • Aciers inoxydables
KCV
R0,2 (MPa) Rm (MPa) A (%) mini E (GPa)
(daJ/cm2)
Aciers de type 18-10
Bas C : X2CrNi18-9
176 – 200 440 – 640 45 12 – 18 193
C ≅ 0,06 : X5CrNi18-10
196 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
Stabilisée : X6CrNiTi18-10
216 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
Haut carbone : X10CrNi18-10
245 – 300 590 – 740 40 10 – 15 193
Aciers de type 18-10-Mo
Bas C : X2CrNiMo17-12-2
186 – 200 430 – 670 45 12 – 18 193
C ≅ 0,06 : X7CrNiMo17-12-2
196 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
Stabilisée : X6CrNiMoTi17-12-2
216 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
en œuvre
5.3 Propriétés d’usage et de mise
215
B
ALLIAGES FERREUX
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
R0,2 (MPa)
1 400
1)
I 30
1 200 IS R0,2 (MPa)
(A
- 8
N i17
r
1 000 12C 04
)
X IS I3
(A A (%)
-9
19
Ni
800
6Cr 80
X
600 60
X1
2C
400 rN 40
i17
X6 -8
CrN
i19
-9 A (%)
200 20
0
0 10 20 30 40 50
Taux d'écrouissage (%)
Ces nuances austénitiques peuvent être utilisées à haute température, par exemple entre
550 et 750 ˚C. Elles ne sont pas sensibles, en principe, aux phénomènes de fragilisation
par formation de phase σ. Cela explique l’intérêt de leurs caractéristiques de fluage. De
façon générale, par rapport à la nuance de base de type X5CrNi18-10 (Z6CN18-9 ;
AISI 304), les points suivants améliorent le comportement à chaud :
– addition de molybdène par effet de solution solide (AISI 316) ;
– addition de carbone ou d’azote entraînant la précipitation de carbures ou carbonitrures
(AISI 316H ou 304H) ;
– addition de titane et/ou de niobium dans les nuances stabilisées entraînant la précipitation
de carbures fins (AISI 321H et 347H) ;
– présence de 30 à 60 ppm de bore entraînant par germination la formation de précipités
particulièrement fins et répartis.
Le tableau 5.9 précise quelques-unes des caractéristiques des nuances austénitiques au
bore pour résistance au fluage, définies par la norme Pr EN 10902.
216
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Contrainte à la
Mini à 20 ˚C R0,2 (MPa) rupture en
10 000 h
R0,2 A KCV
500 ˚C 600 ˚C 600 ˚C 700 ˚C
(MPa) (%) (daJ/cm2) B
Z6CNT18-12B 200 40 12 142 127 201 71
ALLIAGES FERREUX
Z6CNNb18-12B 200 40 12 137 127 225 78
Z6CND17-12B 180 45 12 147 137 181 69
Z8CNDT17-13B 200 40 10 162 147 230 94
Z6CNDNb17-13B 200 40 12 157 147 230 94
Z10CNWT17-13B 220 35 12 157 137 191 100
L’utilisation à chaud des austénitiques est due, entre autres, à l’absence de sigmatisation
de la phase γ. Or, certains produits (produits moulés, soudage) peuvent contenir acciden-
tellement ou volontairement quelques pour-cent de phase α ; cette dernière est alors
susceptible de fragilisation. L’effet global peut être acceptable si le taux de ferrite est
faible. Dans le cas contraire, la nuance doit être équilibrée, Cr*/Ni*, pour assurer une
absence de ferrite.
217
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
KCV
Nuances R0,2 (MPa) Rm (MPa) A (%)
(daJ/cm2)
X2CrNiMoN22-5-3
(Z3CND22-05-A3)
hypertrempé 400 670 35 20
hyp + 4 h à 475 ˚C 500 800 30 15
X2CrNiMoCuN25-6-3
Z2CNDU-25-5 580 700 20 15
hypertrempé
Z3CNDAT13-08
Trempe + revenu 480 ˚C
(PH13-8-Mo) 1 400 1 500 – 1 550 6
Ces phénomènes de corrosion sont en général très rapides et dangereux. Ils doivent
donc être parfaitement contrôlés. Nous aborderons donc d’abord ces processus, leurs
mécanismes et les solutions industrielles. Nous traiterons ensuite de la résistance à la
corrosion des aciers inoxydables dans les principaux milieux rencontrés dans l’industrie.
Corrosions localisées
Corrosion intergranulaire
Aciers austénitiques et austéno-ferriques sensibilisés
Si, à l’état hypertrempé, les nuances austénitiques résistent bien à la corrosion, après
des maintiens de plus ou moins longue durée à des températures intermédiaires (500 à
800 ˚C), un phénomène de corrosion rapide apparaît, localisé aux joints de grains. C’est
en particulier le cas dans les zones affectées par la chaleur après soudage. Les courbes
de sensibilisation (figure 5.15) précisent les conditions de maintien (temps-température)
dangereuses en fonction de la teneur en carbone du métal.
Le mécanisme responsable est maintenant bien connu. Après traitement d’hypertrempe, le
carbone est maintenu en sursaturation. Par chauffage ultérieur, entre 500 et 800 ˚C, il préci-
pite aux joints de grains sous forme de carbures Cr23C6 très riches en chrome. Le chrome
218
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
1 000
800
C = 0,08 %
700
0,04 %
0,02 %
600
B
0,01 %
ALLIAGES FERREUX
500
400 –2
10 10–1 1 10 102 103 104
Durée de chauffage (h )
nécessaire à la formation de ces carbures est donc appelé à diffuser de l’intérieur des grains
γ vers les joints. On comprend alors (figure 5.16) qu’à un certain stade, les teneurs en
chrome soient plus faibles à proximité des carbures formés, c’est-à-dire des joints de grains.
Si cette déchromisation locale entraîne des teneurs en chrome inférieures à 11 %, la couche
passive n’y est plus stable et le métal se corrode le long des joints de grains.
Ce processus permet de comprendre la forme des courbes de sensibilisation
(figure 5.15). Un certain temps d’incubation est nécessaire pour que la déchromisation
soit suffisante. Cette durée est d’autant plus courte que la précipitation de carbure est
abondante, c’est-à-dire que le carbone est élevé. Enfin, des temps de maintien très longs
entraînent une « rechromisation » après la précipitation de tous les carbures.
Trois solutions permettent d’éviter ce phénomène de corrosion intergranulaire des aciers
austénitiques :
– Nuances stabilisées. Les carbures de titane ou de niobium sont plus stables que les
carbures de chrome Cr23C6. Par conséquent, des additions suffisantes de Ti et/ou de Nb
entraîneront la formation de TiC et NbC, bloquant ainsi le carbone et interdisant la précipi-
tation de carbures de chrome. Cela explique les nuances dites stabilisées (tableau 5.3), les
teneurs en titane et en niobium devant être respectivement supérieures à 5 et à 10 fois la
concentration en carbone.
– Nuances à bas carbone. Lors de soudage « dans les conditions industrielles habituelles »
(épaisseurs de l’ordre de 50 mm, procédés courants), les durées de maintien des ZAC
autour de 650 ˚C sont toujours inférieures à 1 heure. Les courbes de sensibilisation
(figure 5.15) montrent alors qu’il suffit, pour éviter la corrosion intergranulaire, d’assurer une
teneur en carbone inférieure à 0,04 %. En prenant une marge de sécurité, on a ainsi défini
les aciers dits à bas carbone (tableau 5.3) tels que C ≤ 0,030 %.
– Nuances austéno-ferritiques. Les nuances austéno-ferritiques sont insensibles à la corro-
sion intergranulaire sous réserve que leur teneur en ferrite soit suffisante et supérieure
219
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Cr (%)
Acier
austénitique 18
Cr (%)
Acier 23
austénoferritique γ α
18
Joint Précipité
dans le joint
Avant Après
Sensibilisation
à environ 30 %. En effet, dans ce cas, les joints de grains où précipitent les carbures de
chrome sont préférentiellement des joints α/γ. Or il se trouve que, d’une part, la teneur en
chrome est plus élevée dans les grains α(≅ 23 à 28 %) et que, d’autre part, la vitesse de
diffusion de ce chrome y est beaucoup plus grande. Par conséquent (figure 5.16), le
chrome provient presque exclusivement des grains ferritiques ; mais sa teneur y étant plus
élevée au départ, la déchromisation ne tombe pas en dessous de 11 %.
Trois tests de corrosion sont normalisés pour contrôler la sensibilité ou la sensibilisation
des aciers inoxydables austénitiques à la corrosion intergranulaire : test Strauss en milieu
sulfocuprique, test Streicher en milieu sulfoferrique (norme NF EN ISO 3651-2) et test
Huey en milieu nitrique (norme NF EN ISO 3651-1).
Aciers ferritiques
Les aciers ferritiques sont l’objet de ce même mécanisme de précipitation. Cependant,
comme nous venons de l’indiquer, les vitesses de diffusion du chrome y sont beaucoup
plus rapides. Par conséquent (figure 5.17), les durées de déchromisation et de rechromi-
sation sont très courtes. On ne peut donc éviter la précipitation (quelques secondes), et
quelques minutes à 700-800 ˚C suffisent à rechromiser.
Cette remarque explique le traitement de qualité appliqué à ces nuances conduisant à
des joints de grains rechromisés.
Pour éviter la corrosion intergranulaire des aciers ferritiques après soudage, il n’existe
que deux remèdes :
– stabilisation par le titane et/ou le niobium,
– diminution de la teneur en carbone à de très bas niveaux ; ici C ≤ 0,005 %. Cela explique
la famille 3 des aciers inoxydables ferritiques (tableau 5.2).
220
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
Figure 5.17 – Diagramme TTS (temps, température, sensibilisation) des aciers
austénitiques de types 18-10 (a) et des aciers ferritiques à 20 % de chrome (b).
221
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
– Aciers titrant plus de 3 % Si. Cette augmentation de la teneur en silicium (figure 5.18)
limite la différence de concentration dans les grains. Ainsi a été développée pour ces appli-
cations la nuance X1CrNiSi18-15-4 (Z1CNS17-15 Uranus S1).
Corrosion intergranulaire
Corrosion intergranulaire
;;
;;
3
600
;;
;;;;;;
2
400
Aucune attaque
200 intergranulaire 1
0
0,06 0,94 1,99 3,3 4,3
Teneur en silicium (%)
222
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
;;
en œuvre
;;
Ep (mV/ECS)
1 000
; ;
α
γ
;;;
I
500
;;
Piqûration
cC –
l
B
sC –
ALLIAGES FERREUX
l
Ave
San
Ep E Cr 18 18 18 18 20 25 29 39 28 29 36
Ni 10 10 12 12 2 2 2
Mo 3 3
Ti Ti
Dans certains cas, on peut envisager une protection cathodique, par exemple avec des
anodes d’aluminium, pour abaisser le potentiel en dessous du potentiel de piqûre. Enfin,
si les conditions le permettent, on peut envisager l’utilisation d’inhibiteurs tels que NO3–,
Cr2O4–, OH–, etc.
223
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Cl–
Milieu corrosif
Cl– + H+ ClH
Fe → Fe2+ + 2e–
224
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
moins occluses. En particulier, on limitera la formation de dépôts inertes par nettoyage
régulier des installations.
Remarque
Les normes NF EN ISO 7539-1 à 7 définissent les méthodes d’essai de la corrosion sous
tension selon le type d’éprouvette et d’essai.
Durée de vie
γ α – γ (50 % α)
225
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Milieux acides
Acide sulfurique H2SO4
En milieu sulfurique, les aciers martensitiques, ferritiques et austénitiques de type Cr-Ni
ont un comportement médiocre ; ils ne peuvent être utilisés qu’à la température
ambiante jusqu’à environ 5 %. Les éléments d’addition les plus favorables sont le moly-
bdène, par exemple entre 2 et 4 %, le cuivre autour de 1,5 % et dans une moindre
mesure le nickel.
Ainsi, les nuances d’aciers austénitiques au molybdène de type X5CrNiMo17-12-2
(AISI 316) et X3CrNiMo17-13-3 (AISI 317) sont couramment utilisées en milieux sulfuri-
ques. Les nuances austéno-ferritiques et austénitiques spéciales chargées en molyb-
dène et cuivre résistent dans les conditions sulfuriques plus agressives.
Acide nitrique HNO3
La résistance des aciers inoxydables en milieux nitriques est directement liée à leur
teneur en chrome. Ainsi :
– les ferritiques à 17 % Cr et les austénitiques de type 18-10 sont utilisables jusqu’à l’ébul-
lition pour des concentrations de l’ordre de 50 % ;
226
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
– les ferritiques à forte teneur en chrome (famille 3, tableau 5.2) et les austénitiques
spéciaux de type X2CrNi25-20 sont utilisables jusqu’à ébullition pour des teneurs en
acide de 70 % ;
– pour les fortes teneurs en acide ou en présence d’oxydants puissants, on doit choisir les
nuances spéciales au silicium de type X1CrNiSi18-15-4 (voir ci-dessus).
On rappelle que les milieux nitriques sont responsables de corrosion intergranulaire par
déchromisation, due au soudage par exemple. Seules les nuances à bas carbone ou
stabilisées doivent être utilisées.
Acide phosphorique H3PO4 B
Les solutions d’acide phosphorique sont peu agressives pour les aciers inoxydables. Les
ALLIAGES FERREUX
nuances de type X6Cr17 ou X5CrNi18-10 sont utilisables ; l’addition de 2,5 % de molyb-
dène élargit le domaine de passivité et permet une utilisation à toutes concentrations
jusqu’à 80 ˚C.
Cependant, les procédés industriels de fabrication d’acide phosphorique entraînent la
formation d’impuretés abrasives et d’impuretés très corrosives de type HF, H6SiF6 et
Cl–. Cela nécessite l’utilisation de nuances austéno-ferritiques ou super austénitiques
(tableaux 5.3 et 5.4).
Acide chlorhydrique HCl
Les solutions chlorhydriques sont très agressives ; en effet, les courbes cathodiques sont
situées à des potentiels très bas et risquent donc de couper le pic d’activité.
La résistance des aciers inoxydables est directement liée à leurs teneurs en chrome,
molybdène et cuivre. Ainsi, dans les solutions désaérées, les nuances de type
X2CrNiMoN18-15-4 (AISI 317) résistent jusqu’à 2 à 3 % à 20 ˚C. Au-delà, les nuances
super austénitiques doivent être retenues (tableau 5.3).
Milieux basiques
Les solutions de soude et de potasse sont peu corrosives en absence d’impuretés.
Les nuances ferritiques de type X8Cr17 sont utilisables jusqu’à 50 ˚C ; les austé-
nitiques X2CrNi18-9 résistent à 100 ˚C. Au-delà, les super-austénitiques de type
X2CrNi25-20 et les austéno-ferritiques présentent un comportement satisfaisant
jusqu’à 150 ˚C.
La présence d’impuretés de chlorure entraîne un risque important de corrosion sous
tension des nuances austénitiques. Dans ce cas, les austéno-ferritiques sont satisfai-
sants jusqu’à 150 ˚C.
En présence d’impuretés sulfurées, on constate la formation de complexes avec le nickel
et le molybdène, qui sont donc interdits. Les nuances ferritiques à haut chrome (famille 3,
tableau 5.2) donnent de bons résultats.
Milieux organiques
Les aciers austénitiques offrent en général une meilleure résistance que les marten-
sitiques et ferritiques. De façon générale et schématique, les nuances les plus favo-
rables sont les plus fortement alliées avec une influence favorable du molybdène et
du cuivre.
Eau de mer
Les aciers inoxydables sont très sensibles, en présence d’eau de mer, aux phénomènes
de corrosion par piqûre et par crevasse. Cela explique la nécessité d’un choix très strict
de nuances :
227
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
228
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Schématiquement :
– pour les teneurs en carbone inférieures à 0,10 % (groupes 1 et 4, tableau 5.2), le
soudage ne nécessite pas de pré- ou post-chauffage ;
– pour les teneurs en carbone comprises entre 0,10 et 0,40 % (groupe 2), le soudage
nécessite des opérations de pré- et post-chauffage, d’autant plus rigoureuses que la teneur
en carbone est élevée.
En général ne sont réellement soudables industriellement, sans difficulté particulière, que
les teneurs en carbone inférieures à 0,20-0,25 %.
Il convient d’éviter tout risque de fragilisation de la martensite formée par la présence B
d’hydrogène. Les gaz de protection ne doivent pas contenir d’hydrogène. Les laitiers et
ALLIAGES FERREUX
réfractaires doivent être soigneusement séchés.
Le soudage, selon le type de joint, peut être réalisé sans ou avec un métal d’apport. Dans
le deuxième cas, on peut choisir une composition soit martensitique homogène, soit
austénitique.
Après soudage, la martensite formée dans le métal fondu ou dans la ZAC peut être trai-
tée soit par recuit entre 650 et 800 ˚C, soit par traitement complet de trempe et revenu.
Les nuances à basse teneur en carbone, en particulier groupe 4 (tableau 5.2), sont en géné-
ral utilisées sans traitement post soudage. Les plus fortes teneurs le rendent indispensable.
On notera qu’un métal d’apport austénitique a l’inconvénient d’entraîner un coefficient de
dilatation sensiblement différent de celui du métal de base. D’autre part, il interdit tout
traitement thermique ultérieur qui entraînerait sa recarburation.
229
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Ces remarques expliquent que les métaux d’apport utilisés pour les austénitiques soient
équilibrés pour conduire à des taux de ferrite résiduelle de l’ordre de 5 à 10 % (AISI 308,
AISI 308L, AISI 309).
Dans le cas des austéno-ferritiques, la teneur en ferrite obtenue peut être très élevée ;
en effet, si le refroidissement est assez rapide, la ferrite formée à haute température ne
peut se transformer. Il faut cependant éviter que cette teneur en phase α ne dépasse des
valeurs de 50 à 60 %, risquant de conduire à de trop faibles résiliences. Cela explique
que les métaux d’apports soient équilibrés pour avoir de faibles teneurs en ferrite
(≈ 30 %) ; si nécessaire, des post-chauffages réduiront la vitesse de refroidissement.
D’autre part, la présence d’azote limite très fortement ce risque.
Remarque
Le diagramme de Delong joue exactement le même rôle que celui de Schaeffler évoqué ci-
dessus. La seule différence, c’est qu’il tient compte dans ses formules du rôle de l’azote.
5.3.6 Usinage
De façon générale, la conductivité thermique des aciers inoxydables est sensiblement
plus faible que celle des aciers au carbone. Cette évolution, déjà appréciable pour les
nuances martensitiques et ferritiques, devient très importante pour les austénitiques.
Cela entraîne, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de la température et
de l’usure de l’outil.
230
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Aciers martensitiques
Leur comportement, soit à l’état recuit, soit à l’état traité, dépend directement de leur
dureté, c’est-à-dire de la teneur en carbone. À dureté égale, les vitesses de coupe sont
un peu plus faibles que celles correspondant aux aciers peu alliés.
Aciers ferritiques
De façon générale, les nuances ferritiques ne présentent pas de difficultés majeures
jusqu’à des teneurs de l’ordre de 20 % Cr ; Au-delà les vitesses d’usinage doivent être
abaissées.
B
Aciers austénitiques
ALLIAGES FERREUX
L’usinage des aciers austénitiques est beaucoup plus difficile et cela pour les raisons
suivantes :
– leur mauvaise conductivité thermique ;
– ils s’écrouissent rapidement. Leur coefficient d’écrouissage n est élevé, entraînant une
augmentation très rapide de la dureté du copeau et de la surface usinée ;
– l’austénite étant très ductile, les copeaux se cassent mal et s’éliminent difficilement ;
– le coefficient de frottement outil-copeau est élevé, expliquant la tendance au collage et
au grippage ;
– les nuances au molybdène et au titane sont encore plus difficiles à usiner. Cela est attri-
bué d’une part, au fait que le molybdène augmente le coefficient d’écrouissage, et d’autre
part au fait que les carbures de titane ont une action très abrasive.
Ainsi, l’usinage des austénitiques nécessite des vitesses plus faibles, des machines rigi-
des et puissantes, l’utilisation de brise-copeaux et une lubrification importante.
231
232
Tableau 5.12 – Conditions d’usinage caractéristiques des aciers inoxydables.
Chariotage. Chariotage.
Nuances Perçage acier rapide.
Acier rapide M52. Carbure P30.
φ = 6 mm.
Avance 0,4 mm/tr. Avance 0,4 mm/tr.
Avance = 0,08 à 0,10 mm/tr.
Passe = 3 mm. Passe = 3 mm.
X12CrS13 (Z11CF13)
43 à 48 175 à 185 26 à 30
(recuits)
X8CrNiMo17-12-2 (Z3CND17-12) 18 à 23 85 à 95 12 à 16
ALLIAGES FERREUX
par skin-pass.
Enfin, les nuances de type X6Cr17 (Z8C17) sont sensibles à un autre défaut de surface
appelé cordage. Il est attribué au passage antérieur dans le domaine biphasé α-γ ; il est
donc évité dans les nuances stabilisées (X3CrTi17) ou à forte teneur en chrome (groupe 3).
Les nuances austénitiques sont généralement plastiquement isotropes, avec des coeffi-
cients r autour de 1. Par contre, leur coefficient d’écrouissage est élevé, en particulier
pour les nuances mécaniquement instables (formation de martensite d’écrouissage),
n ≈ 0,35-0,55. Ces nuances se comportent donc bien en expansion, mais nécessitent des
forces plus élevées.
Frappe à froid
Au cours de la frappe à froid, le métal s’écrouit, entraînant un durcissement et une baisse
de ductilité défavorables. On recherchera, pour limiter cet effet, des coefficients d’écrouis-
sage faibles. Dans le cas des ferritiques, il n’est pas très élevé. Pour les austénitiques,
c’est le contraire ; on s’oriente donc vers des nuances avec des additions de cuivre
jusqu’à 3,5 %, pour lesquelles nous avons déjà indiqué que l’écrouissage était moindre
(X3CrNiCu19-9-2, X3CrNiCu18-9-4, X3CrNiCuMo17-11-3-2).
Décontamination, passivation
Après les opérations de chaudronnage, emboutissage, usinage, on effectue un traitement
de décontamination pour éliminer toute incrustation ferreuse, en particulier, on utilise pour
ce faire, un bain d’acide nitrique de concentration comprise entre 25 et 50 %. Ce traite-
ment a aussi un effet de passivation, mais on admet que sur une surface propre, la
couche passive se forme naturellement à l’air.
Dans le cas des zones soudées, des pâtes décapantes ou des procédés électrolytiques
permettent une décontamination locale, évitant le traitement de toute la pièce.
Entretien, nettoyage
Une large gamme de produits, détergents et lessives, peuvent être utilisés pour éliminer
les huiles, traces de doigts et toute autre salissure. Les produits de nettoyage acides ou
basiques doivent être réservés, moyennant précautions, aux dépôts les plus résistants.
L’eau de javel doit être utilisée avec prudence et seulement avec les nuances assez
résistantes à la piqûre.
233
5 • Aciers inoxydables 5.4 Domaines d’utilisation des aciers
inoxydables
Les surfaces des aciers inoxydables utilisés dans le bâtiment, par exemple à des fins
décoratives, doivent être périodiquement nettoyées à l’aide de produits lessiviels, en
excluant l’utilisation de brosses ou éponges métalliques.
Dans le cas de grande sécurité, en particulier pour l’industrie nucléaire, on exclut les
produits de dégraissage, de nettoyage ou huiles de coupe contenant des chlorures ;
cela afin d’éviter tout risque de corrosion par piqûres ou sous tension due aux ions Cl–
résiduels.
Caractéristiques de corrosion
Résistance à la corrosion humide
Dans des milieux très divers, depuis des ambiances très peu sévères, telles que des
eaux douces, jusqu’aux plus agressives de l’industrie chimique, on trouve toutes les
nuances définies précédemment. S’il s’agit de produits minces, principalement dans les
applications « grand public » telles qu’automobile, électroménager, etc. on retiendra prin-
cipalement les ferritiques. Pour des produits épais, souvent industriels, tels que chau-
dronnerie lourde, pompes, vannes, tubes épais etc. on pourra choisir des austénitiques,
austéno-ferritiques ou martensitiques.
Aspect de surface
Soit après des opérations de recuits brillants, soit à la suite de polissage, la plupart des
aciers inoxydables prennent un très bel aspect brillant. Cet aspect de surface explique
un grand nombre d'applications, tout spécialement pour des raisons décoratives.
On trouve ainsi beaucoup de ferritiques en produits minces dans l’ameublement, dans la
carrosserie automobile, dans l’électroménager, le bâtiment, etc.
234
5 • Aciers inoxydables 5.4 Domaines d’utilisation des aciers
inoxydables
Cryogénie
Sous réserve d’équilibrer convenablement leur composition, la phase austénitique très
ductile peut être maintenue à très basse température, pratiquement à proximité de 0 K.
Parallèlement d’ailleurs, les caractéristiques de résistance augmentent. Ces aciers vont
donc trouver des applications intéressantes en cryogénie, qu’il s’agisse de réservoirs,
canalisations ou appareils divers. B
Amagnétisme
ALLIAGES FERREUX
Sous réserve d’équilibrer leur composition pour éviter la présence de phase α, à l’inverse
de la plupart des autres aciers, ces produits sont amagnétiques. Cela explique des appli-
cations très diverses, en particulier pour de nombreux appareils scientifiques.
Fluage
Nous avons indiqué ci-dessus le bon comportement au fluage des austénites et en parti-
culier celles avec addition de molybdène. Elles trouveront donc de nombreuses applica-
tions en fluage en général, jusqu’à des températures de 750 à 800 ˚C.
Nucléaire
Sous l’effet des rayonnements neutroniques, tous les métaux, les aciers en particulier,
subissent un phénomène de fragilisation inévitable. Sans entrer dans le détail, on
comprendra que la première solution consiste à utiliser un matériau ayant au départ la
ductilité la plus élevée possible. Cela explique que les nuances austénitiques, avec ou
sans molybdène, soient quasi exclusivement utilisées pour toutes les structures internes
des réacteurs nucléaires.
Groupe 2
Caractéristiques : épaisseur limitée, bonne résistance à la corrosion.
Applications : électroménager, cuisines industrielles, éviers, ballons d’eau chaude, maté-
riel de laiterie, etc.
Inoxydables martensitiques
Groupe 1
Caractéristiques : résistance à la corrosion limitée, mise en œuvre facile.
Applications : pièces mécaniques diverses, vannes, robinets, visserie et boulonnerie inox,
etc.
235
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
Groupe 2
Caractéristiques : résistance à la corrosion moyenne, dureté élevée.
Applications : ménagères inox (couteaux, cuillers, fourchettes, divers), platerie, etc.
Groupe 3
Caractéristique : dureté très élevée.
Applications : outils chirurgicaux, outillage.
Groupe 4
Caractéristiques : bonne résistance à la corrosion, mise en œuvre aisée.
Applications : grosses pièces industrielles forgées ou moulées (vannes, pompes, turbines
hydrauliques Kaplan ou Pelton, axe d’hélice marine, tubes de périscope, etc.).
Austéno-ferritiques
Caractéristiques : utilisation < 200-250 ˚C, bonne résistance à la CST.
Applications : chaudronnerie lourde, industrie chimique, industrie papetière, industrie
pétrolière, etc.
Résilience
Acier ferritique % Cr %C %N
(daJ/cm2)
236
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
ALLIAGES FERREUX
Ces aciers, ductiles en forte épaisseur, sont facilement soudables sous réserve d’éviter
toute contamination en carbone et azote. Cela nécessite des soins tout particuliers. Les
protections gazeuses, entre autres protections envers, sont extrêmement importantes
pour éviter toute nitruration des zones fondues ou affectées.
Les autres conditions de mise en œuvre, emboutissage par exemple, ne présentent pas
de difficulté particulière, sous réserve une fois encore d’éviter les contaminations en
carbone. Par exemple, toute trace de lubrifiant, huile ou produits carburés doit être
soigneusement éliminée avant traitement à chaud.
Ces nuances, en particulier les plus chargées en chrome et molybdène, présentent des
caractéristiques de corrosion remarquables dans certaines conditions. C’est en particulier
le cas en milieux chlorurés. Par exemple, leur potentiel de piqûre peut atteindre des
valeurs de l’ordre de 700 à 900 mV/ECS, comparables à celles des austénitiques supé-
rieurs les plus alliés. Cela explique que ces aciers aient un excellent comportement en
eau de mer, jusqu’à des températures élevées ; on en trouvera donc des applications :
– en tubes de condenseurs refroidis à l’eau de mer,
– en échangeurs tubulaires ou à plaques dans des installations géothermiques ou de
dessalement.
Ces produits trouvent aussi des applications dans l’industrie chimique ou pétrolière, grâce
à leur très bonne résistance, par exemple, aux acides organiques, au carbamate dans la
fabrication de l’urée, etc.
237
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
R0,2 Rm
Nuances C Cr Ni Mn N
(MPa) (MPa)
X12CrMnNiN17-7-5
0,12 17 4,5 6,5 0,20 380 780
(AISI 201)
X12CrMnNiN18-9-5
0,12 18 5,0 6,5 0,20 380 790
(AISI 202)
238
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
ALLIAGES FERREUX
Figure 5.25 – Évolution de la limite d’élasticité en fonction de la teneur
en azote d’un acier 18Cr12Ni à différentes températures.
239
;;;
;;;;;
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
R0,2 , Rm (MPa)
;;;;;
;;;
1 000
;;;;;
CN
900 0
50
+
0
55
800 =
Rm CN
0
;;;;;
50
;;;
700 +
0
30
=
,2
600 R0
fin
;;;;;
in
ra
G
500
0C NC N
5+0 +0400
4
=510
=1
400 n 0R,20,2
naiR
ro
a isngfir
G
300
200
100
– enfin, cet azote, élément gammagène, permet, toutes choses égales par ailleurs, de dimi-
nuer la teneur en nickel.
Toutes ces raisons expliquent que les nuances les plus récentes, en particulier super
austénitiques et austéno-ferritiques, sont prévues avec des additions d’azote contrôlées
pour des valeurs pouvant atteindre 0,3 à 0,4 %. Seul, le soudage sous vide par bombar-
dement électronique, peut entraîner des difficultés par dégazage et perte d’azote.
240
5 • Aciers inoxydables 5.6 Commercialisation
;;
1 000 PF polymères alvéolaires Inoxydables
à l'azote
P polymères techniques
W bois
100 Ti
Cu
Al
10
Mg
Aciers
B
W
ALLIAGES FERREUX
W C
P
1 Cp
0,1
PF
0,01
0,1 1 10 100 1 000 10 000
Limite d'élasticité (MPa)
complexes formés peuvent avoir des températures de fusion beaucoup plus faibles ; ils
peuvent alors être liquides ou très viscoplastiques à la température de coupe.
Par conséquent, sous réserve de parfaitement contrôler leur composition, lors de l’élabo-
ration, les inclusions d’oxyde peuvent avoir le même rôle que les sulfures ; elles perdent
leur action abrasive pour servir au contraire de lubrifiant et améliorer l’usinabilité.
Il faut cependant préciser que :
– Pour que ces oxydes soient assez malléables, il faut que la température soit assez
élevée. Cela nécessite et explique que cet effet soit sensible pour des usinages à vitesse
assez élevée, avec des outils carbure ou mieux céramiques.
– Les gains d’usinabilité sont inférieurs à ceux obtenus avec les nuances resulfurées. Ils
sont tout de même de l’ordre de 20 à 30 %.
Mais surtout, les autres propriétés d’usage, en particulier la résistance à la corrosion, ne
sont pas modifiées. Ces nouvelles nuances à « oxydes contrôlés » devraient donc être
amenées à se développer.
5.6 Commercialisation
Les aciers inoxydables, selon les tonnages et les produits, sont commercialisés sous
forme de demi-produits soit par les producteurs, soit par des négociants ou revendeurs.
De façon tout à fait générale, ils sont obtenus sous toutes les formes de produits :
– Produits plats, sous forme de coils ou feuillards, depuis des épaisseurs très faibles (0,1
à 0,2 mm pour des applications électroniques) jusqu’à 2 à 3 mm en ferritiques, austéniti-
ques ou austéno-ferritiques.
241
5 • Aciers inoxydables 5.6 Commercialisation
1 200
Température (°C)
Phase χ
1 000 Phase de laves
larve
M23C6
800
σ
600
1 200
Température (°C)
1 000 Phase χ
Phase de laves
larve
800
M23C6
600
– Produits plats épais, sous forme de tôles de toutes épaisseurs en austénitiques, austéno-
ferritiques et martensitiques du groupe 4.
– Tôles plaquées, principalement d’austénitiques sur aciers au carbone.
– Produits longs de toutes dimensions et formes, principalement en martensitiques, austé-
nitiques, austéno-ferritiques ou nuances à hautes caractéristiques.
– Fils de tous diamètres dans toutes les nuances, à des taux d’écrouissage variés ou
traités. On rencontrera dans ce cadre des fils très fins pour la fabrication de filtres, grilles
etc. ou des fils à très hautes caractéristiques pour la réalisation de ressorts. On trouvera
aussi dans cette famille des fils à tolérances très précises pour des applications de décol-
letage par exemple.
– Des tubes de toutes dimensions et épaisseurs, soit sans soudure, soit soudés. On peut
trouver pour certaines applications, des tubes sans soudure bimétalliques ou même de très
gros tubes soudés à partir de tôles plaquées.
242
;; ;
5 • Aciers inoxydables 5.6 Commercialisation
;;;;;
;;;;; ;; 10
SiO2
90
Domaines de fluidité du laitier
pour diverses températures
du bain à :
1 400 °C
00
;;;;;
17
1 500 °C
;;
CRISTOBALITE
20 80 1 600 °C
;;
;;;;;
30 70
TRIDYMITE
00
13
B
00
40 60
12
;;
;;;;;
PSEUDO-
WOLLASTONITE
ALLIAGES FERREUX
MULLITE
CaO.SiO2 ANORTHITE 50
RANKINITE
;;;;;
0
30
;;
1
3CaO.2SiO2 1 300
40
2CaO.SiO2
00
2 1 Ca
Co SiO
;;;;;
2 4
70 3Al2O3 .2SiO2
00
GEHLENITE
3CaO.SiO2 Cao 2
0
CORINDON
00
3 Si 9
O
0
1
80 20
80
5
21
0
1 CoAl12O19
CaAl
22
;;;;;
70
1 80
00
2 30
1
00
1 700
0
Al14O33
90 10
1 900
CoAl4O7
CaAl
2 40
CHAUX Ca
o A
2 000
CoAl2O4
CaAl
0
3 l O
2 50
2
6
0
3CaO.Al2O3
12CaO.7Al2O3
CaO.Al2O3
CaO.2Al2O3
CaO.6Al2O3
CaO 10 20 30 Al2O3
– Des pièces forgées à chaud ou matricées de dimensions et formes très diverses, princi-
palement en austénitiques, austéno-ferritiques, martensitiques ou nuances à hautes carac-
téristiques.
– Des pièces de plus petites dimensions de forme très diverses, obtenues par forge ou
frappe à froid. Il s’agit principalement dans ce cas de nuances austénitiques ou marten-
sitiques.
– Des pièces moulées de toutes formes et dimensions, principalement en austénitiques ou
martensitiques du groupe 1 et 4. On peut dans certains cas envisager des nuances ferriti-
ques moulées, mais sous réserve d’accepter une grande fragilité et une mise en œuvre
très difficile.
– Tous les produits de soudage adaptés aux différentes nuances soudables, c’est-à-dire
pratiquement toutes, à l’exception des martensitiques les plus chargées en carbone
(groupe 3). On notera à ce sujet l’utilisation très fréquente de revêtements de soudure
épais, souvent en deux couches, sur des aciers au carbone ou aciers peu alliés.
– Des poudres peuvent être obtenues, soit pour la fabrication de produits divers tels que
filtres, soit pour l’élaboration de pièces frittées, soit même pour réaliser des mélanges
polymères-inox.
243
5 • Aciers inoxydables 5.7 Renseignements pratiques
5.7.3 Normalisation
Association française de la normalisation (Afnor), 11 avenue Francis Pressensé, 93471
La Plaine Saint-Denis cedex, Tél. : 01 41 62 80 00, www.afnor.fr.
5.7.4 Bibliographie
Colombier L., Hochmann J., Aciers inoxydables, Aciers réfractaires, Dunod, Paris, 1965.
Lacombe P., Baroux B., Béranger G., Les aciers inoxydables, Éditions de physique, Les
Ulis, 1990. (Édition anglaise : Stainless Steels, 1993).
Colombié M, Aciers inoxydables, Techniques de l’ingénieur, Paris, 1990.
Colombié M. Traitement thermique des aciers inoxydables, Techniques de l’ingénieur,
Paris, 1983.
Peecknerd, Bernsteins I, Handbook of stainless steels, McGraw Hill, New York, 1978.
Les aciers inoxydables. Propriétés, mise en œuvre, emploi, normes, traduit de l’allemand
par G. David, Lavoisier, 1990.
244
6 • Aciers d’outillage
6 • ACIERS D’OUTILLAGE
ALLIAGES FERREUX
ACIERS D’OUTILLAGE Robert Lévêque
Les aciers à outils sont employés dans des domaines industriels variés comme la plas-
turgie ou la coulée sous pression des matériaux non ferreux (alliages d’aluminium, de
zinc…), le travail des métaux en feuilles sur presse (découpage et emboutissage), le
filage en tubes ou en profilés des alliages d’aluminium et de cuivre, la forge, le laminage
à chaud et à froid, la frappe à froid, l’usinage…
Or ces industries de transformation mettent en œuvre des matériaux très réfractaires (alliages
de titane, de nickel et de cobalt) tout en recherchant en permanence à augmenter leur
productivité. Les outils sont soumis par conséquent à une élévation des sollicitations méca-
niques et thermiques ; ils subissent des dégradations accrues par des phénomènes d’usure
où interviennent des mécanismes comme l’abrasion, l’érosion, l’adhésion, la déformation à
chaud et le fluage, la fatigue de surface, la fatigue mécanique et thermique, ainsi que la corro-
sion. Un outil de qualité doit donc résister à cet ensemble de sollicitations avec une longévité
aussi élevée que possible pour ne pas augmenter le prix de la pièce mise en œuvre.
D’autre part, c’est la surface de l’outil qui, dans la plupart des cas, doit supporter les
contraintes les plus sévères et il sera donc particulièrement judicieux de renforcer ses
caractéristiques mécaniques.
En conséquence, les aciers à outils ne peuvent pas être définis comme les aciers de
construction au moyen de lois de comportement simples. Les critères de choix sont inti-
mement liés aux conditions d’emploi, à la sévérité dimensionnelle ainsi qu’à l’état de
surface et à la nature des matériaux mis en œuvre : plastiques, alliages d’aluminium, de
cuivre, de zinc et de titane, aciers doux et aciers alliés, alliages à base de nickel. D’une
manière générale, les propriétés requises au niveau des aciers à outils sont les
suivantes :
– une grande dureté pour résister aux déformations lors du travail par enfoncement, par
cisaillement ou par pénétration dans le métal pour en enlever une partie sous forme de
copeaux ; suivant l’emploi auquel est destiné l’outil, on attache plus ou moins d’importance
au fait que la dureté persiste lorsque l’acier est porté à température élevée ;
– une limite d’élasticité élevée pour limiter les déformations permanentes, ainsi qu’une
excellente tenue au fluage aux températures atteintes en surface, notamment pour les
aciers de travail à chaud ;
– une bonne ténacité, c’est-à-dire une bonne résistance à la rupture brutale. Il s’agit en
effet pour l’outil de tolérer une certaine déformation plastique avant l’apparition de fissures
ou de ruptures fragiles ;
– une bonne résistance aux chocs, c’est-à-dire la conservation de la ténacité pour des
vitesses de sollicitation élevées, éventuellement en présence de zones où se concentrent
les contraintes ;
245
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
– une bonne résistance à la fatigue, aussi bien en ce qui concerne l’amorçage des fissu-
res en liaison avec les effets d’entaille ou de concentration de contraintes que la vitesse de
propagation des fissures ;
– une bonne résistance à la fatigue superficielle, consécutive à la fois aux efforts répé-
tés sous l’effet des contraintes de Hertz en sous-couche et aux sollicitations successives
de traction en surface dues aux efforts de frottement ;
– une bonne résistance à la fatigue et aux chocs thermiques, surtout pour les aciers
de mise en forme à chaud et les moules de coulée sous pression des alliages non ferreux,
qui sont soumis à des changements de température brusques et répétés ;
– une bonne résistance à l’usure sous toutes ses formes qui conduisent à l’enlèvement
de matière et à l’émission de débris (abrasion, adhésion, délamination) ;
– une bonne résistance à la corrosion dans certains cas spécifiques de mise en forme
avec le contact d’aluminium ou de zinc fondu, de plastiques fluorés, de verres particulière-
ment agressifs et de lubrifiants contenant des additifs soufrés ou du phosphore.
Toutes ces propriétés fonctionnelles ne sont pas forcément compatibles. Aussi, selon les
cas de mise en œuvre, on utilise des classes d’aciers à outils adaptées, dont les proprié-
tés superficielles et notamment mécaniques et tribologiques peuvent être améliorées par
des traitements thermiques et thermochimiques superficiels, ainsi que par différentes
familles de traitements de surface.
246
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Les progrès réalisés dans les méthodes d’élaboration permettent d’envisager des additions
d’aluminium importantes, à des taux supérieurs ou égaux à 1 %, notamment pour des
aciers à faible teneur en carbone et contenant des éléments d’alliage comme le nickel. La
précipitation de phases intermétalliques est mise à profit pour assurer un bon compromis
entre les propriétés de mise en œuvre (aptitude à l’usinage, au polissage et au soudage) et
les caractéristiques mécaniques requises après le traitement de vieillissement.
Certains aciers à outils, parmi les plus alliés, contiennent des éléments très carburigènes
comme le titane ou le niobium, éléments qui entrent dans la composition des carbures
primaires du type MC et qui contribuent à augmenter la résistance à l’usure.
B
ALLIAGES FERREUX
6.1.2 Classification
La propriété essentielle d’un acier à outil est la dureté qui exprime la résistance du maté-
riau à l’enfoncement ou à la déformation. Cette propriété doit être atteinte soit à la tempé-
rature ambiante, soit le plus souvent à chaud avec des maintiens sous charge souvent
prolongés. Suivant la composition chimique de l’acier, des niveaux de dureté compris
entre 40 et 70 HRC peuvent être obtenus après un traitement thermique de trempe et un
revenu.
Dans la mesure où les phénomènes de contact avec les matériaux mis en forme par
déformation à froid ou à chaud ou par usinage peuvent entraîner des échauffements
importants, il est nécessaire que l’acier constituant l’outillage ait en plus une résistance
à chaud suffisante pour éviter un adoucissement trop important en service.
C’est cette dernière propriété qui permet de classer les aciers à outils en quatre grou-
pes conformément à la norme ISO/DIS 4957 qui a remplacé la norme NF A 35590 1.
Cette norme s’applique à tous les types de produits laminés à chaud ou à froid, forgés
ou étirés, et ne prend en compte que les aciers qui ont acquis une certaine renommée
internationale. Elle désigne les aciers à outils suivant quatre groupes différents :
– les aciers à outils non alliés pour travail à froid,
– les aciers à outils alliés pour travail à froid (température de surface inférieure à 200 °C),
– les aciers à outils alliés pour travail à chaud (température de surface supérieure à 200 °C),
– les aciers rapides (température de surface pouvant atteindre, voire dépasser 600 °C).
Comparativement à la norme ISO/DIS 4957, la désignation américaine fait appel à des
lettres qui rappellent, soit les propriétés d’emploi (H pour chaud), soit la composition
chimique (T et M pour les aciers contenant du tungstène ou du molybdène), soit les
propriétés de mise en œuvre (W pour trempant à l’eau, O pour trempant à l’huile et A
pour trempant à l’air).
Aciers à outils non alliés pour travail à froid
Ces aciers, dont la teneur en carbone est comprise entre 0,45 et 1,2 %, sont pour la
plupart des aciers de trempe superficielle. À l’exception de la nuance à 0,45 % de
carbone, les teneurs en résiduels, manganèse et silicium, de ce groupe sont maintenues
à un niveau bas pour réduire la pénétration de trempe et par conséquent les risques de
variations dimensionnelles (C70U, C80U, C90U, C105U, C120U).
247
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Aciers rapides
Ces aciers sont caractérisés par une très grande dureté à la température ambiante, supé-
rieure à 60 HRC, et par une très bonne dureté à chaud. Leur composition chimique
comporte plus de 0,7 % de carbone et des éléments susceptibles de former des
carbures : 4 % de chrome dans tous les cas, du tungstène, du molybdène et du vanadium
1. Il s’agit d’aciers de structure martensitique à bas carbone durcis par précipitation de phases
intermétalliques.
248
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
vanadium, avec des additions de cobalt pouvant atteindre 10 % (HS 6-5-3-8, 10-4-3-10,
2-9-1-8).
D’une manière générale, il y a une certaine équivalence entre les éléments carburigènes
de ces aciers, ce qui permet de calculer le tungstène équivalent par la relation :
Wequ = % W + 2 % Mo + 4 % V + 0,5 % Cr
et de réaliser ainsi un classement rapide de la tenue à l’usure des différentes nuances
d’aciers rapides.
Ségrégations
L’importance de la solidification est très grande dans les aciers à outils hautement char-
gés en carbone et en éléments carburigènes par comparaison avec les aciers peu alliés,
car les ségrégations sont concrétisées par le réseau de carbures eutectiques qui ne peut
être remis en solution ou atténué par diffusion.
Le seul moyen pour affiner réellement la structure des produits en aciers à outils est
d’agir sur la cristallisation, c’est-à-dire de chercher à obtenir, dès la solidification, une
réduction des ségrégations des éléments d’alliage et du carbone. Les principaux
moyens employés sont :
– les artifices utilisés en métallurgie conventionnelle : vibration des lingotières, bras-
sage au moyen de gaz, introduction de germes de solidification sous forme de particules
solides ;
– les procédés de refusion sous laitier, ou sous vide qui permettent à la fois une épura-
tion, un abaissement du taux et de la taille des inclusions, une très forte réduction de la
teneur en éléments résiduels, ainsi qu’un affinage de la structure de l’acier ;
249
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
– la métallurgie des poudres préalliées, qui réduit très fortement les ségrégations par un
changement radical du processus de solidification et une augmentation très sensible de la
vitesse de refroidissement.
Veines sombres
Les veines sombres sont constituées de lignes de métal ségrégé, cristallisées indépendamment
de la masse du lingot. Ces zones peuvent contenir des microretassures et, dans le cas des
aciers à outils très alliés, des ségrégations importantes d’éléments d’alliage provoquant la
formation de carbures massifs. Ce phénomène, qui apparaît assez facilement dans les aciers à
outils très chargés en carbone, serait lié à la formation de bulles de gaz remontant dans le
liquide chargé de cristaux, le trajet de ces bulles étant comblé ultérieurement par du liquide
ségrégé. Ce défaut peut être évité si le bain d’acier liquide est bien désoxydé et si la surface
interne de la lingotière est exempte d’oxydes.
Transformation des lingots
La transformation à chaud des lingots est réalisée au moyen de gammes où sont
prises en compte les particularités des aciers à outils : la forgeabilité souvent réduite,
la sensibilité à la tapure, la tendance à la coalescence des carbures et au grossisse-
ment du grain. Cette transformation, par forgeage et par laminage, permet d’obtenir la
structure la plus homogène possible avec un agrégat de carbures sur fond ferritique.
– Pour les aciers à outils les moins alliés qui ne présentent pas un réseau de carbures
eutectiques à l’état brut de coulée, un taux de corroyage minimum de 5 est souvent
suffisant ; ce taux peut être réduit à 3 lorsque le lingot est obtenu par refusion d’électrode
consommable. Par ailleurs, le remplacement du simple étirage par un forgeage tridimen-
sionnel permet, d’une part d’améliorer l’isotropie du matériau obtenu, d’autre part d’orien-
ter préférentiellement les fibres du métal en fonction de la forme des pièces à réaliser.
– Pour les aciers à outils les plus alliés qui présentent un réseau de carbures eutectiques,
un taux de corroyage minimum de 8 est nécessaire pour briser ce réseau. Dans le cas
où il est impossible d’obtenir, à partir du lingot, la dimension du produit désiré avec le taux
de corroyage minimum pour avoir une structure correcte, un forgeage tridimensionnel est
réalisé systématiquement avec une succession d’opérations d’étirage et de refoulement.
– Certaines nuances d’aciers à outils peuvent être transformées directement par
laminage ; toutefois, le mode de transformation a son importance, notamment pour les
aciers contenant un réseau de carbures eutectiques. Dans ce cas, la forgeabilité est
médiocre à l’état brut de coulée et s’améliore avec le taux de corroyage, ce qui nécessite
l’utilisation de faibles vitesses de déformation pour les passes d’ébauchage (moins de
10 % par seconde), donc un début de transformation du lingot à la forge. De plus, le
forgeage, par son mode d’action (déformation en profondeur) conduit, à taux de
corroyage égal, à une destruction plus rapide des réseaux de carbures que le laminage.
– Le tréfilage constitue le prolongement naturel du laminage à chaud pour l’obtention de
petits diamètres. Toutefois, cette opération, délicate en raison de la faible capacité de défor-
mation des aciers à outils, ne peut être réalisée que sur des structures parfaitement globu-
lisées à l’état recuit, décrites dans le paragraphe suivant.
Structure à l’état recuit
Les carbures présents dans les aciers à outils à l’état recuit dépendent de la teneur en
éléments d’alliage :
– les carbures M3C ou cémentite substituée pour les aciers les moins alliés,
– les carbures M7C3 pour les aciers contenant plus de 3 % de chrome,
– les carbures M2C et M23C6 pour les aciers contenant plus de 4 % de tungstène ou 2 %
de molybdène,
– les carbures MC pour les aciers contenant du vanadium, du niobium ou du titane (M
associant les éléments fer, tungstène, molybdène et vanadium ou niobium/titane).
250
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
– le recuit de globulisation réalisé de manière cyclique autour du point AC1, et suivi par
un refroidissement n’excédant pas la vitesse de 150 °C par heure, qui donne à l’acier une
structure la plus homogène possible avec des carbures sphéroïdisés ;
– la normalisation réalisée à des températures comprises entre 900 et 1 200 °C dont le
but est d’effacer les précipitations de carbures aux joints de grains, néfastes pour les
propriétés d’emploi (tenue aux chocs et à la fatigue mécanique) ;
– le recuit d’adoucissement pratiqué entre 660 et 780 °C, c’est-à-dire juste au-dessous
du point AC1, qui atténue l’effet des contraintes le plus complètement possible, sans chan-
ger la structure de trempe.
– le recuit d’homogénéisation réalisé dans le but de réduire les hétérogénéités chimiques
dues au processus de solidification et de transformation à chaud pour atténuer leurs consé-
quences néfastes sur le comportement ultérieur de l’outil au traitement thermique (variations
dimensionnelles, structure de trempe hétérogène). La réduction des hétérogénéités est obte-
nue par un traitement à haute température (supérieure ou égale à 1100 °C), avec une durée
nécessaire pour assurer cette réduction par diffusion des éléments ségrégés. Ce traitement
d’homogénéisation qui a une incidence importante sur le grossissement des grains de l’acier
doit être obligatoirement suivi d’un affinage structural réalisé par un cycle thermique du type
traitement de normalisation ou trempe par étape avec revenu aux environs de 700 °C.
Traitement thermique de trempe
Lors du chauffage d’un acier rapide recuit, la structure ferrite-carbures se transforme en
austénite avec ou sans carbures selon la composition chimique de l’acier.
Température d’austénitisation selon le type d’acier
La formation de l’austénite commence vers 720 °C dans le cas d’un acier à outil non
allié ; cette température est fortement augmentée par tous les éléments alphagènes
(chrome, tungstène, molybdène, vanadium, silicium) et abaissée par les éléments
gammagènes (manganèse, nickel).
Éléments alphagènes et gammagènes
Les éléments alphagènes sont ceux qui ont tendance à augmenter le domaine d’existence de
la phase α, ferritique, dans le diagramme fer-carbone. Dans ces conditions, le domaine d’exis-
tence de la phase austénitique est réduit et la transformation α γ au chauffage est réalisée
à une température plus élevée. De la même façon, les éléments gammagènes sont ceux qui
ont tendance à augmenter le domaine d’existence de la phase austénitique et, par voie de
conséquence, abaissent le point de transformation α γ au chauffage.
Les aciers à outils peu alliés ont une structure à l’état recuit constituée par de la ferrite
et des carbures M3C. La température de trempe choisie est en général de 50 °C au-
dessus du point correspondant à la fin de la transformation α γ c’est-à-dire en moyenne
entre 800 et 900 °C. Cette température est un bon compromis entre une mise en solution
251
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
suffisante des carbures et une taille de grains correcte. La règle habituelle de 30 min de
maintien par 25 mm d’épaisseur pour des fours à atmosphère classique est tout à fait
satisfaisante dans le domaine de température 800 à 900 °C.
Pour les aciers à outils alliés, la température d’austénitisation est plus élevée car la mise
en solution des carbures M7C3, M23C6, M6C et MC est plus difficile que celle des carbures
M3C. Pour la très grande majorité de ces aciers, la courbe de variation de la dureté en
fonction de la température d’austénitisation présente un maximum qui varie, selon la teneur
en éléments d’alliage, entre 950 et 1 200 °C. Au-delà de la température correspondant au
maximum de dureté, la remise en solution du carbone et des éléments carburigènes
abaisse suffisamment Ms et Mf pour qu’il y ait de plus en plus d’austénite résiduelle.
Dans le même temps, la taille de grains croît ; la température d’austénitisation en général
choisie se situe légèrement au-delà du maximum de dureté. La règle précédemment indi-
quée de 30 min de maintien par 25 mm d’épaisseur peut convenir, à condition que les
températures d’austénitisation n’excèdent pas 1 050 °C.
Entre 1 050 et 1 250 °C, températures utilisées pour les aciers à outils les plus alliés
(aciers à outils lédeburitiques et aciers rapides), il est plus intéressant, pour éviter
l’oxydation et la décarburation, d’utiliser les bains de sels et la règle la plus habituelle-
ment adoptée est un maintien de 2 min pour 15 mm d’épaisseur lorsque la température
de trempe est supérieure ou égale à 1 200 °C et 4 min pour 15 mm d’épaisseur lorsque
la température de trempe est inférieure à 1 200 °C.
Un autre moyen d’éviter l’oxydation et la décarburation est de pratiquer le traitement
thermique en four sous vide, notamment pour les applications où les caractéristiques
mécaniques superficielles sont très importantes (outils d’emboutissage, moules de
coulée sous pression d’alliages d’aluminium, de zinc et de cuivre, moules pour la plas-
turgie). Le temps de maintien est fonction de la température d’austénitisation. Il décroît
lorsque la température d’austénitisation augmente ; à titre d’exemple, il passe de 15 min
au minimum pour 10 mm d’épaisseur à une température de 1 000 °C à 3 min pour
1 100 °C et 90 s pour 1 200 °C.
La trempe en four sous vide a subi ces dernières années de profondes évolutions tech-
niques adaptées particulièrement au traitement de pièces massives. Le refroidissement
est obtenu par circulation forcée de gaz sous pression au moyen d’une turbine et d’un
échangeur permettant de puissants transferts thermiques convectifs entre la charge et le
milieu de refroidissement. La maîtrise technologique de l’injection de gaz neutres sous
pression, ainsi que l’apport des techniques de simulation numérique pour optimiser le
transfert thermique à la surface des pièces, ont permis d’aboutir à une très bonne repro-
ductibilité de ce mode de trempe. L’utilisation de mélanges CO2-He ou N2-He à la pres-
sion de 20 bar a permis d’atteindre les vitesses de refroidissement de la trempe huile,
avec des coefficients de transfert de chaleur compris entre 1000 et 2000 W/m2.°K. En
jouant sur les paramètres pression, vitesse et nature du gaz, il est possible de réaliser,
soit des trempes directes, soit des trempes étagées de pièces massives avec une très
bonne fiabilité industrielle. La trempe étagée permet d’ajuster l’intensité du refroidisse-
ment lors des moments critiques où les déformations sont susceptibles de se produire,
par exemple avant et au moment de la transformation martensitique. L’intégration récente
du traitement cryogénique à l’intérieur même du four sous vide permet d’élargir encore
les perspectives de refroidissement possibles.
Critères de trempabilité
L’obtention de la dureté après la trempe dans le cas des aciers à outils est liée à deux
facteurs distincts : l’intensité du durcissement qui dépend essentiellement de la quantité
252
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
– aciers plus trempants : on utilise les courbes TRC avec association des critères de
dureté aux vitesses de refroidissement Δt 700/300, qui ne sont autres qu’une transposi-
tion de la courbe Jominy à des vitesses de refroidissement relativement lentes. Elles
permettent de situer les limites des possibilités offertes par les nuances d’aciers à outils
alliés pour travail à froid utilisées après des revenus à basse température, aux environs
de 200 °C, qui ne modifient que très peu la dureté à l’état brut de trempe. Le critère Δt
sur la figure 6.2 représente la vitesse de refroidissement, exprimée en °C/h. Les tempé-
ratures indiquées sur les courbes sont les températures d’austénitisation.
– aciers rapides utilisés après deux ou trois revenus à 550 °C : on peut employer les
mêmes critères : HV = f(Δt), Δt étant dans ce cas la vitesse de refroidissement exprimée
en °C/h, mais en associant conditions de refroidissement et dureté après revenu. La
figure 6.3 représente à titre indicatif les courbes HV = f(Δt) des nuances d’aciers rapides
les plus caractéristiques avec les températures d’austénitisation habituellement prati-
quées pour des utilisations en outils de coupe. Le critère Δt représente ici le temps pour
atteindre, au cours du refroidissement, la moitié de la température d’austénitisation. Ce
critère est très proche du critère Δt 700/300 classiquement utilisé pour les aciers de trai-
tement thermique. Les duretés sont mesurées sur les éprouvettes dilatométriques qui ont
servi au tracé des courbes TRC. Les températures indiquées sur les courbes sont les
températures d’austénitisation.
Figure 6.1 – Trempabilité de quelques aciers à outils alliés pour travail à froid,
mesurée par l’essai Jominy.
253
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Critère Δt 700/300
Le critère Δt 700/300 est utilisé dans le cas des aciers de construction austénitisés à des tempéra-
tures généralement comprises entre 800 et 850 °C. Il permet de caractériser la loi de refroidissement
et peut être associé, d’une part à la sévérité du milieu de trempe, d’autre part à la microstructure de
trempe par l’intermédiaire des courbes de transformation en refroidissement continu.
Lois de refroidissement
Dans le cas des aciers à outils alliés austénitisés à des températures supérieures ou égales à
1 100 °C, la loi de refroidissement est caractérisée par une vitesse exprimée en °C/h et il est
possible d’associer ces vitesses, tout au moins au-dessus du point Ms, c’est-à-dire dans le
domaine de températures où se font les transformations de phases, à des lois de refroidisse-
ment de solides cylindriques trempés dans différents milieux.
D’une manière générale, pour tous les groupes d’aciers à outils alliés, on recherche une
structure martensitique homogène après la trempe pour optimiser l’ensemble des carac-
téristiques mécaniques. Il peut subsister, après ce traitement, une quantité non négligeable
d’austénite résiduelle, étroitement imbriquée à la structure martensitique ; une transforma-
tion plus complète en martensite peut alors être réalisée avec un traitement par le froid,
pratiqué par immersion dans un mélange réfrigérant à des températures comprises entre
– 60 et – 100 °C suivi d’une remontée lente, moins de 150 °C par heure, à la température
ambiante, et d’un traitement de détente entre 120 et 180 °C selon le type d’acier.
254
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
Figure 6.3 – Courbes HV = f(Δt) pour les nuances d’aciers à outils
pour travail à froid les plus caractéristiques.
Traitement de revenu
Au cours de l’opération de revenu qui suit la trempe, des précipitations de carbures de fer
ont lieu dès 200 °C dans la martensite, ce qui se traduit par une chute de la dureté ; ces
phénomènes sont suivis, dans le cas des structures des aciers à outils les plus alliés, par
des précipitations de carbures spéciaux : chrome, molybdène, tungstène, vanadium, et des
transformations de l’austénite résiduelle qui entraînent un durcissement secondaire.
Les courbes de la figure 6.4 représentent l’évolution de la dureté HRC des aciers à outils
alliés pour travail à froid et des aciers rapides en fonction de la température de revenu :
– pour les aciers à outils de travail à froid les moins alliés (102Cr6, 90MnCrV8), la dureté
d’emploi, comprise entre 56 et 60 HRC, est obtenue par un revenu de détente à basse
température effectué entre 180 et 250 °C ;
255
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Duret Rockwell C
70
65
C
60 B
A
55
50
45
40
35
30
0 100 200 300 400 500 600 700
Temp rature de revenu (˚C)
– pour les aciers de travail à froid les plus alliés (X100CrMoV5, X153CrMoV12), la dureté
d’emploi, comprise entre 58 et 61 HRC, résulte soit d’un revenu à basse température
effectué entre 170 et 220 °C, soit d’un revenu à 500 °C. Dans ce dernier cas, il est préfé-
rable d’effectuer un double revenu pour éviter toute fragilisation causée par la transforma-
tion de l’austénite résiduelle ;
– pour les aciers rapides, la dureté d’emploi, comprise entre 62 et 66 HRC, est obtenue
après plusieurs revenus à 550 °C, c’est-à-dire au maximum du durcissement secondaire.
Dans le cadre de l’extension du domaine d’utilisation des aciers rapides en outils de mise
en forme à froid, il est nécessaire d’augmenter la résistance aux chocs de ces aciers et par
conséquent de diminuer le niveau de dureté entre 58 et 63 HRC. Cet abaissement du
niveau de dureté est obtenu par un abaissement de la température d’austénitisation aux
environs de 1 100 °C.
Les courbes de la figure 6.5 représentent l’évolution de la dureté en fonction de la tempé-
rature de revenu pour un certain nombre de nuances d’aciers à outils alliés pour travail
à chaud. Les nuances contenant 5 % de chrome ou 9 % de tungstène présentent,
comme les aciers rapides, un durcissement secondaire vers 550 °C. Une bonne stabilité
structurale de ces nuances nécessite au moins deux revenus : pour les nuances les plus
alliées, le premier revenu est effectué au maximum du durcissement secondaire pour
assurer une précipitation homogène des carbures spéciaux, et le deuxième est effectué
à la température correspondant à la température d’emploi.
256
6 • Aciers d’outillage 6.2 Normalisation
Dureté Rockwell C
55
50
45 A
40 B
ALLIAGES FERREUX
B
35
30
8h
300 400 500 600 700
25 4h
300 400 500 600 700
2h
300 400 500 600 700
20 1h
300 400 500 600 700
Température de revenu (˚C)
X37CrMoV5-1 X30WCrV9-3
40CrMoV13 55NiCrMoV7
20MoNi34-13 55CrNiMoV4
Figure 6.5 – Dureté des aciers à outils alliés pour travail à chaud
les plus caractéristiques en fonction de la température de revenu.
6.2 Normalisation
6.2.1 Désignation des nuances
La désignation des nuances d’aciers d’outillage est définie par la norme NF EN 10027 et
la circulaire d’information n° 10 de l’ECISS (European Committee for Iron and Steel Stan-
dardization) qui a été classée par l’AFNOR sous le numéro A 02-005-3 daté de mai 1993.
La norme ISO/DIS 4957 remplace maintenant la norme NF A 35590 et reprend dans ses
grandes lignes la norme NF EN 10027. Il s’agit d’un ensemble descripteur des aciers
d’outillage, de leurs compositions chimiques, de leurs propriétés mécaniques, du traite-
ment thermique et des essais de conformité. C’est ainsi que les aciers à outils sont réper-
toriés en quatre grands groupes.
257
6 • Aciers d’outillage 6.2 Normalisation
Pour les aciers alliés dont la teneur de chaque élément d’alliage est inférieure à 5 %, la
désignation est identique à celle des aciers au carbone alliés, avec nnn ab…m. nnn est
la teneur en carbone multipliée par 100 ; a, b… sont les symboles chimiques des éléments
d’alliage, m est un chiffre correspondant à la teneur pondérale multipliée par 4 pour la
plupart des éléments, sauf pour le molybdène, le cobalt, le cuivre, le titane, le vanadium
et le plomb pour lesquels le facteur multiplicatif est de 10 (par exemple 102Cr6).
Pour les aciers alliés dont la teneur en un élément dépasse 5 % : la désignation est
Xnnn a, b...m dans laquelle X est l’indication de la teneur en un élément supérieure à
5 %, nnn est la teneur en carbone multipliée par 100, a, b… sont les symboles chimiques
des éléments d’alliage et m représente la teneur en élément d’alliage majoritaire (par
exemple X37CrMoV5-1).
Aciers rapides
Pour ces nuances, on utilise une dénomination particulière avec HS n1n2n3n4 (C) dans
laquelle HS désigne l’acier rapide (High Speed), n1n2n3n4 sont les valeurs des concen-
trations en éléments d’alliage dans l’ordre suivant : tungstène, molybdène, vanadium,
cobalt, avec la désignation C (HC) pour les nuances à teneur en carbone supérieure à
la moyenne de la norme (par exemple HS 6-5-2-C) (voir 2.2).
258
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Les aciers à coupe rapide (tableau 6.4) ont une classification selon la composition
chimique des nuances :
– les aciers de base au tungstène ou au tungstène-molybdène,
– les aciers surcarburés qui présentent une plus grande résistance à l’usure,
– les aciers au cobalt qui sont caractérisés par une plus haute dureté à chaud,
– les aciers surcarburés au cobalt qui allient une très grande résistance à l’usure et une
bonne dureté à chaud.
259
Tableau 6.1 – Composition chimique, dureté à l’état recuit, température de trempe et dureté à l’état trempé et revenu des aciers à
260
outils non alliés pour travail à froid, d’après la norme ISO/DIS 4957.
Désignation Dureté
Composition chimique en pourcentage par masse a Essai de trempabilité
de l’acier (à l’état
recuit) b
C45U 0,42 à 0,50 0,15 à 0,40 0,60 à 0,80 0,030 0,030 207 c 810 W 180 54
C70U d 0,65 à 0,75 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 183 800 W 180 57
C80U d 0,75 à 0,85 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 192 790 W 180 58
C90U d 0,85 à 0,95 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 207 780 W 180 60
C105U d 1,00 à 1,10 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 212 780 W 180 61
C120U d 1,15 à 1,25 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 217 770 W 180 62
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux
destinés à l’élaboration de la coulée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production
d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéristiques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b La dureté à l’état étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 20HB à celle de l’état recuit (+A).
c Cette nuance est utilisée à l’état non traité.
d Les nuances d’acier C70U à C120U sont, par suite de leur composition chimique, des aciers à trempe superficielle. Pour un diamètre de 30 mm, la profondeur de péné-
tration de trempe sera approximativement de 3 mm. La trempe à cœur peut être pratiquée seulement en cas de diamètres inférieurs ou égaux à 10 mm.
e Milieu de trempe : W = eau
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
Tableau 6.2 – Composition chimique, dureté à l’état recuit, température de trempe et dureté à l’état trempé et revenu des aciers à
outils alliés pour travail à froid, d’après la norme ISO/DIS 4957.
Désignation Dureté
Composition chimique a b en pourcentage par masse Essai de trempabilité
de l’acier (à l’état
recuit) c
Température Milieu Température Dureté
+A
Symbolique C Si Mn Cr Mo Ni V W de trempe (°C) de de revenu (°C) minimale
maximal
(± 10 °C) trempe d (± 10 °C) HRC
HB
105 V 1,00 à 1,10 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 – – – 0,10 à 0,20 – 212 790 W 180 61
6 • Aciers d’outillage
50WCrV8 0,45 à 055 0,70 à 1,00 0,15 à 0,45 0,90 à 1,20 – – 0,10 à 0,20 1,70 à 2,20 229 920 O 180 56
60WCrV8 0,55 à 0,65 0,70 à 1,00 0,15 à 0,45 0,90 à 1,20 – – 0,10 à 0,20 1,70 à 2,20 229 910 O 180 58
102Cr6 0,95 à 1,10 0,15 à 0,35 0,25 à 0,45 1,35 à 1,65 – – – – 223 840 O 180 60
21MnCr5 0,18 à 0,24 0,15 à 0,35 1,10 à 1,40 1,00 à 1,30 – – – – 217 e e e e
70MnMoCr8 0,65 à 0,75 0,10 à 0,50 1,80 à 2,50 0,90 à 1,20 0,90 à 1,40 – – – 248 835 A 180 58
90MnCrV8 0,85 à 0,95 0,10 à 0,40 1,80 à 2,20 0,20 à 0,50 – – 0,05 à 0,20 – 229 790 O 180 60
95MnWCr5 0,90 à 1,00 0,10 à 0,40 1,05 à 1,35 0,40 à 0,65 – – 0,05 à 0,20 0,40 à 0,70 229 800 O 180 60
X100CrMoV5 0,95 à 1,05 0,10 à 0,40 0,40 à 0,80 4,80 à 5,50 0,90 à 1,20 – 0,15 à 0,35 – 241 970 A 180 60
X153CrMoV12 1,45 à 1,60 0,10 à 0,60 0,20 à 0,60 11,00 à 13,00 0,70 à 1,00 – 0,70 à 1,00 – 255 1 020 A 180 61
X210Cr12 1,90 à 2,20 0,10 à 0,60 0,20 à 0,60 11,00 à 13,00 – – – – 248 970 O 180 62
X210CrW12 2,00 à 2,30 0,10 à 0,40 0,30 à 0,60 11,00 à 13,00 – – – 0,60 à 0,80 255 970 O 180 62
35CrMo7 0,30 à 0,40 0,30 à 0,70 0,60 à 1,00 1,50 à 2,00 0,35 à 0,55 – – – f f
40CrMnNiMo
0,35 à 0,45 0,20 à 0,40 1,30 à 1,60 1,80 à 2,10 0,15 à 0,25 0,90 à 1,20 g – – f f
8-6-4 f
45NiCrMo16 0,40 à 0,50 0,10 à 0,40 0,20 à 0,50 1,20 à 1,50 0,15 à 0,35 3,80 à 4,30 – – 285 850 O 180 52
X40Cr14 h 0,36 à 0,42 1,00 1,00 12,50 à 14,50 – – – – 241 1 010 O 180 52
X38CrMo16 f 0,33 à 0,45 1,00 1,50 15,50 à 17,50 0,80 à 1,30 1,00 – – f f
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux destinés à l’élaboration de la cou-
lée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéristi-
ques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b Pour tous les aciers : phosphore 0,030 % et soufre 0,030 % (voir néanmoins la note g).
c La dureté à l’état étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 20 HB à celle de l’état recuit (+A).
d Milieu de trempe : A = air, O = huile, W = eau.
e S’il a été cémenté, trempé et revenu, cet acier peut atteindre une dureté de surface de 60 HRC.
f Cet acier est normalement livré à l’état trempé et revenu avec une dureté d’approximativement 300 HB.
g Par convention, la teneur en soufre peut être augmenté de 0,050 % à 0,100 % et Ni peut être omis.
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
h Cet acier peut également être livré pré-traité avec une dureté d’approximativement 300 HB.
261
B
ALLIAGES FERREUX
Tableau 6.3 – Composition chimique, dureté à l’état recuit, température de trempe et dureté à l’état trempé et revenu des aciers à
262
outils alliés pour travail à chaud, d’après la norme ISO/DIS 4957.
Désignation Dureté
Composition chimique a b en pourcentage par masse Essai de trempabilité
de l’acier (à l’état
recuit) c
Température Milieu Température Dureté
+A
Symbolique C Si Mn Cr Mo V W Autres de trempe (°C) de de revenu (°C) minimale
maximal
(± 10 °C) trempe d (± 10 °C) HRC
HB
Ni
6 • Aciers d’outillage
55NiCrMoV7 e 0,50 à 0,60 0,10 à 0,40 0,60 à 0,90 0,80 à 1,20 0,35 à 0,55 0,05 à 0,15 248 f 850 O 500 42 g
1,50 à 1,80
32CrMoV12-28 0,28 à 0,35 0,10 à 0,40 0,15 à 0,45 2,70 à 3,20 2,50 à 3,00 0,40 à 0,70 – 229 1 040 O 550 46
X37CrMoV5-1 0,33 à 0,41 0,80 à 1,20 0,25 à 0,50 4,80 à 5,50 1,10 à 1,50 0,30 à 0,50 – 229 1 020 O 550 48
X38CrMoV5-3 0,35 à 0,40 0,30 à 0,50 0,30 à 0,50 4,80 à 5,20 2,70 à 3,20 0,40 à 0,60 – 229 1 040 O 550 50
X40CrMoV5-1 0,35 à 0,42 0,80 à 1,20 0,25 à 0,50 4,80 à 5,50 1,20 à 1,50 0,85 à 1,15 – 229 1 020 O 550 50
50CrMoV13-15 0,45 à 0,55 0,20 à 0,80 0,50 à 0,90 3,00 à 3,50 1,30 à 1,70 0,15 à 0,35 – 248 1 010 O 510 56
X30WCrV9-3 0,25 à 0,35 0,10 à 0,40 0,15 à 0,45 2,50 à 3,20 – 0,30 à 0,50 8,50 à 9,50 – 241 1 150 O 600 48
X35CrWMoV5 0,32 à 0,40 0,80 à 1,20 0,20 à 0,50 4,75 à 5,50 1,25 à 1,60 0,20 à 0,50 1,10 à 1,60 – 229 1 020 O 550 48
38CrCoWV Co
0,35 à 0,45 0,15 à 0,50 0,20 à 0,50 4,00 à 4,70 0,30 à 0,50 1,70 à 2,10 3,80 à 4,50 260 1 120 O 600 48
18-17-17 4,00 à 4,50
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux destinés à l’élaboration de la cou-
lée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéristi-
ques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b Pour tous les aciers (sauf mention contraire), phosphore 0,030 % et soufre 0,020 %.
c La dureté à l’état étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 20 HB à celle de l’état recuit (+A).
d Milieu de trempe : O = huile. Les milieux habituels de trempe pour les outils sont l’air, le gaz ou le bain de sels.
f Pour de plus fortes dimensions, cet acier est normalement livré à l’état trempé et revenu avec une dureté de 380 HB approximativement.
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
HS18-0-1 0,73 à 0,83 – 3,80 à 4,50 – 1,00 à 1,20 17,20 à 18,70 0,45 269 1 260 560 63
HS2-9-2 0,95 à 1,05 – 3,50 à 4,50 8,20 à 9,20 1,70 à 2,20 1,50 à 2,10 0,70 269 1 200 560 64
HS1-8-1 0,77 à 0,87 – 3,50 à 4,50 8,00 à 9,00 1,00 à 1,40 1,40 à 2,00 0,70 262 1 190 560 63
HS3-3-2 0,95 à 1,03 – 3,80 à 4,50 2,50 à 2,90 2,20 à 2,50 2,70 à 3,00 0,45 255 1 190 560 62
HS6-5-2 0,80 à 0,88 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 1,70 à 2,10 5,90 à 6,70 0,45 262 1 220 560 64
HS6-5-2C g 0,86 à 0,94 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 1,70 à 2,10 5,90 à 6,70 0,45 269 1 210 560 64
HS6-5-3 1,15 à 1,25 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 2,70 à 3,20 5,90 à 6,70 0,45 269 1 200 560 64
HS6-5-3C 1,25 à 1,32 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 2,70 à 3,20 5,90 à 6,70 0,70 269 1 180 560 64
HS6-6-2 1,00 à 1,10 – 3,80 à 4,50 5,50 à 6,50 2,30 à 2,60 5,90 à 6,70 0,45 262 1 200 560 64
HS6-5-4 1,25 à 140 – 3,80 à 4,50 4,20 à 5,00 3,70 à 4,20 5,20 à 6,00 0,45 269 1 210 560 64
HS6-5-2-5 g 0,87 à 0,95 4,50 à 5,00 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 1,70 à 2,10 5,90 à 6,70 0,45 269 1 210 560 64
HS6-5-3-8 1,23 à 1,33 8,00 à 8,80 3,80 à 4,50 4,70 à 5,30 2,70 à 3,20 5,90 à 6,70 0,70 302 1 180 560 65
HS10-4-3-10 1,20 à 1,35 9,50 à 10,50 3,80 à 4,50 3,20 à 3,90 3,00 à 3,50 9,00 à 10,00 0,45 302 1 230 560 66
HS2-9-1-8 1,05 à 1,15 7,50 à 8,50 3,50 à 4,50 9,00 à 10,00 0,90 à 1,30 1,20 à 1,90 0,70 277 1 190 550 66
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux destinés à l’élaboration de la cou-
lée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéris-
tiques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b Maximum 0,40 % Mn, sauf indication contraire.
c Maximum 0,030 % P et Maximum 0,030 % S.
d La dureté à l’état recuit et étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 50 HB à celle de l’état recuit ; la dureté à l’état recuit et laminé à froid (+A+CR) peut être supérieure de 70 HB à celle à l’état recuit
(+A).
e Pour l’essai de trempabilité de référence, soit l’huile, soit le bain de sels ; toutefois, en cas de désaccord, seulement l’huile. Les milieux habituels de trempe sont en pratique l’air, le gaz ou le bain de
sels.
f La dureté minimale spécifiée pour l’essai de trempabilité doit être mesurée sur une surface préparée conformément à la norme ISO 6508. La décarburation est évitée en se conformant aux règles de
maintien en température pour les différents moyens de chauffage (voir 4.1.4.1, partie C-d).
g On peut décider d’une fourchette de teneur en soufre de 0,060 % S à 0,150 % S au moment de l’appel d’offres et de la commande pour cette nuance d’acier. Dans ce cas, un maximum de 0,80 % Mn
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
s’applique.
263
B
ALLIAGES FERREUX
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.5 – Désignation des aciers à outils non alliés pour travail à froid.
Comparaison des normes ISO 4957, EN 10027 (Europe), JIS G 4401 (Japon)
et ASTM A686 (États-Unis).
C45U 1-1730
C120U SK2 W5
Tableau 6.6 – Désignation des aciers à outils alliés pour travail à froid. Comparaison des
normes ISO 4957, EN 10027 (Europe), JIS G 4404 (Japon) et ASTM A681 (États-Unis).
105V SKSK3
50WCrV6 S1
60WCrV8 1-2550
102Cr6 1-2067 L3
21MnCr5 1-2162
70MnMoCr8 A6
90MnCrV8 1-2842 O2
95MnWCr5 O1
X100CrMoV5 SKD12 A2
X153CrMoV12 1-2379 D2
X210Cr12 1-2080 D3
X210CrW12 1-2436
35CrMo7
40CrMnNiMo8-6-1 1-2312
45NiCrMo16 1-2767
X40Cr14
X38CrMo16 1-2316
264
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.7 – Désignation des aciers alliés à outils pour travail à chaud. Comparaison
des normes ISO 4957, EN 10027 (Europe), JIS G 4404 (Japon) et ASTM A681 (États-Unis).
ALLIAGES FERREUX
X38CrMoV5-3
50CrMoV13-15
38CrCoWV SKD8
18-17-17
Tableau 6.8 – Désignation des aciers rapides. Comparaison des normes ISO 4957, EN
10027 (Europe), JIS G4403 (Japon) et ASTM A600 (États-Unis).
HS 0-4-1
HS 1-4-2
HS 18-0-1 SKH2 T1
HS 1-8-1 M1
HS 3-3-2 1-3333
HS 6-5-2 SKH51 M2
HS 6-5-3C
HS 6-6-2 SKH52
HS 6-5-4 SKH54 M4
HS 6-5-3-8
265
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Une étape importante vient d’être franchie dans ce domaine par l’usinage à grande
vitesse (UGV) qui allie vitesse de coupe et avance élevées, d’où une augmentation sensi-
ble de la productivité tout en maintenant un état de surface très satisfaisant.
À l’état recuit, l’usinabilité des aciers à outils est affectée par la teneur en carbone et en
éléments carburigènes : chrome, tungstène, molybdène et vanadium. En effet, les carbu-
res alliés constituent des éléments de renfort pour la résistance du matériau usiné à la
déformation par cisaillement lors de la coupe.
La structure optimale pour l’opération d’usinage correspond, pour les aciers à plus de
0,75 % C, à une répartition homogène de carbures globulisés et, pour les aciers à moins de
0,75 % C, à un mélange de perlite et de carbures globulisés obtenus par un contrôle du recuit.
Le classement de l’usinabilité des aciers à outils à la suite d’essais réalisés avec des
matériaux de coupe tout à fait classiques (carbures pour les opérations de tournage et
de fraisage, aciers rapides pour les opérations de perçage) peut fournir un guide de l’utili-
sateur en vue d’une évolution potentielle du matériau de coupe selon l’acier usiné. Ce
classement apparaît sur le tableau 6.9.
L’influence néfaste des carbures alliés contenant les éléments chrome, tungstène, moly-
bdène et vanadium sur l’aptitude à l’usinage des aciers à outils apparaît nettement.
Pour illustrer d’une manière plus concrète ces conditions d’usinabilité à l’état recuit, le
tableau 6.10 donne quelques valeurs des paramètres de coupe (avance, vitesse de coupe,
géométrie d’outils) pour trois aciers différents : 45NiCrMo16 (45NCD16), X38CrMoV5
(Z38CDV5), X153CrMoV12 (Z160CDV12)1.
266
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.10 – Conditions d’usinage des aciers de forte trempabilité à l’état recuit,
(600 à 800 MPa), 45NiCrMo16, X37CrMoV5-1, X153CrMoV12
(lubrification huile soluble).
Document d’origine Creusot-Loire Industrie.
ALLIAGES FERREUX
&'( &( %) (( ( (,'#(,
&'( &( %) *+ (( ( (,'#(,
Copiage et finition avec outils en carbures (plaquettes amovibles)
-)!
! !
!./
!!
"#$ %
"$
&'( &( %) ( '( (,#(,
&'( &( 0 *+
Perçage avec outils en aciers rapides
Ces valeurs sont données simplement pour aider l’utilisateur à définir les conditions
d’usinage des aciers à outils à l’état recuit.
En ce qui concerne la conduite de l’opération d’usinage, il est bon de noter que, lorsqu’on
se trouve en présence d’un outillage de forme complexe avec des épaisseurs de métal
résiduel très variables, un usinage trop brutal peut engendrer des tensions superficielles
non négligeables.
La libération de ces tensions au cours du chauffage précédant la trempe peut être un
facteur important de déformations aux traitements.
Les outillages de mise en forme tels que les moules d’injection plastique [40CrMnMo8
(40CMD8) à 1 100 MPa, 55NiCrMoV7 (55NCDV7) à 1 300 MPa], les moules de verrerie
(aciers à outils inoxydables à 1 100/1 500 MPa), les matrices de forge [55NiCrMoV7 à
1 350 MPa sur pilons, X37CrMoV5-1(Z38CDV5) à 1 500/1 800 MPa sur presses], les
poinçons et matrices de découpe et d’emboutissage [X153CrMoV12 (Z160CDV12) et
aciers rapides à des niveaux de résistance supérieurs à 1 700 MPa] s’usinent maintenant
directement à l’état traité.
En effet, une amélioration de la rigidité des machines a permis l’utilisation d’outils
coupants avec une très haute résistance à l’usure et l’intégration de l’usinage à grande
267
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.11 – Conditions d’usinage des aciers Inoxydables utilisés comme moules à
l’état prétraité (Rm 1100 MPa) : X40Cr14 (Z40C14), X35 CrMo17.1 (Z35CD17.1), X60Cr14
(Z60C14). (lubrification huile soluble) – Document d’origine Creusot-Loire Industrie.
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45 677%
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45 %7&77
vitesse. Les conditions d’usinage des aciers inoxydables utilisés dans la verrerie et la
plasturgie sont données à titre indicatif dans le tableau 6.11.
Dans le domaine des moules pour injection de plastique [40CrMnMo8 (40CMD8) traité
pour un niveau de résistance de 1 150 MPa], l’introduction de l’usinage à grande vitesse
a permis de faire des progrès substantiels en terme de réduction de coût par rapport à
l’usinage conventionnel, grâce en particulier aux travaux du CETIM.
Le bilan technico-économique comparé des différentes opérations (par rapport à une
référence usinage conventionnel avec un pas de balayage élevé et une vitesse d’avance
classique) a permis d’apporter les conclusions suivantes :
– en usinage à grande vitesse, sens de travail aller et retour à pas réduit, le temps
d’usinage est diminué de 30 % et le coût de 23 % par rapport à l’usinage conventionnel.
L’intérêt de cette gamme apparaît nettement au niveau du polissage avec des temps et
des coûts divisés par trois ;
– au seul stade de l’usinage, la grande vitesse à pas conventionnel est séduisante en
termes de temps et de coût, mais la durée de polissage, aussi importante qu’en usinage
conventionnel, en diminue beaucoup les attraits ;
– en usinage à grande vitesse, sens de travail aller et retour à pas réduit, qui semble
constituer l’optimum technico-économique, l’utilisation d’outils en nitrure de bore cubique
268
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Électroérosion
Dans le cas d’aciers livrés à des niveaux de résistance supérieurs à 1 100 MPa, ou pour
la réalisation d’outillages de forme complexe, des moyens d’usinage non conventionnels
ont été développés, notamment dans le domaine de l’outil de mise en forme ; il s’agit de
l’électroérosion.
Ce procédé est un usinage par reproduction négative de la forme d’une électrode, car
l’enlèvement de matière résulte des actions thermiques et dynamiques d’étincelles jaillis-
sant entre la pièce usinée et l’électrode de l’outil (en cuivre ou en graphite).
Au cours de cette opération, l’apport thermique, important, se traduit par une fusion de
la surface avec une vaporisation partielle.
Usure en dépouille maximale
0,30
V bmax (mm)
0,25
Acier X37 Cr Mo V5-1 (Z38CDV5)
à 1 600 MPa
0,20 D = 6 mm
0,15
0,10
0,05
0
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000
Surface usinée (cm 2 )
CW + TiCN à Vc = 250 m/min
CW + TiCN à Vc = 150 m/min
CBN à Vc = 500 m/min
Figure 6.6 – Comportement du CBN dans un acier traité pour 1 600 Mpa. Évolution
de l’usure de l’outil en fonction de la surface usinée.
D’après CETIM Information, 143, Avril 1995.
269
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Ra (μm)
15
10
0
0 2 4 6 8
E 1/3 (mJ 1/3 ) pulse
Ra : rugosité définie par les norme EN 05-015
électrode de graphite
électrode de cuivre
270
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Usinage
Électroérosion
Nombre à grande vitesse
de pièces Durée/pièce Coût/pièce Durée/pièce Coût/pièce
(min) (F) (min) (F)
Tableau 6.13 – Temps et coûts de fabrication d’une matrice de forge. Les coûts (*)
sont sous-estimés (électrodes non reconditionnées).
D’après CETIM Information n° 147, février 1995.
Usinage
Électroérosion
Nombre à grande vitesse
de pièces Durée/pièce Coût/pièce Durée/pièce Coût/pièce
(min) (F) (min) (F)
Cette technologie d’usinage devient incontournable pour les outilleurs, mais seulement
pour des pièces de géométrie relativement simple et dont la dureté n’est pas excessive.
L’électroérosion restera encore longtemps imbattable dans la fabrication des pièces très
complexes ou très dures, voire pour des matériaux très difficiles à usiner (aciers à outils
à hautes teneurs en chrome et carbone, aciers rapides traités).
271
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
272
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Aptitude
Aciers
au meulage
ALLIAGES FERREUX
Aciers lédeburitiques au chrome :
X200Cr12 X153CrMoV12
;
Moyenne Aciers à 5 % Cr : X100CrMoV5
Aciers rapides classiques : HS 6-5-2 ;
HS 18-01, HS 2-9-2
273
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
10 2
Indice de meulabilité
10
1
8
6
5
4
3
10 –1
0 1 2 3 4 5 6
Teneur en vanadium (% de la masse)
aciers à 18 % W aciers à 6 % Mo
aciers à 14 % W aciers à 6 % W - 6 % Mo
Signalons également que, pour ces aciers, une réduction de la taille et une amélioration
de la répartition des carbures primaires constituent des facteurs importants de l’amélio-
ration de l’aptitude à la rectification.
C’est notamment le cas lorsque les aciers sont obtenus par métallurgie des poudres : les
aciers rapides surcarburés obtenus par métallurgie des poudres ont des niveaux d’apti-
tude à la rectification voisins de ceux des aciers rapides classiques obtenus par métal-
lurgie conventionnelle (lingot et transformation à chaud par forgeage et laminage).
274
Tableau 6.15 – Conditions de rectification plane des principales nuances d’aciers à outils utilisées
dans les industries de la plasturgie et de la forge –
Document établi à partir de données contenues dans la troisièmes édition du Machining Data Handbook, 1980.
Vitesse meule Vitesse table Profondeur de passe (mm) Avance transversale Caractéristiques
Type d’acier Dureté HRC
(m/s) (m/min) Ébauche Finition (mm) meule
6 • Aciers d’outillage
275
B
ALLIAGES FERREUX
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
8
Aciers à outils
7 de travail à froid
X100 Cr Mo V5 (Z100CDV5)
6
5 Aciers rapides
X153 Cr Mo V12 (Z160CDV12)
4
S 6-5-2
3
X200 Cr12 (Z200C12)
2
S 6-5-4
1
0
57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67
Dureté Rockwell C
Figure 6.9 – Énergie de rupture par flexion statique de quelques aciers utilisés pour le
travail à froid – D’après Techniques de l’Ingénieur, 10, 1979.
276
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
de rupture/dureté les deux classes de matériaux, et montre l’intérêt des aciers rapides
par rapport aux aciers d’outillage à froid.
ALLIAGES FERREUX
L’essai de flexion par choc sur éprouvette à entaille avec le plus fort rayon de courbure
– type Charpy C, r = 12,5 mm –, ou sur éprouvette de résilience classique – KCU ou
Charpy V – est bien adapté, dans le premier cas aux aciers tenaces de la classe 2 et
dans le second cas aux aciers de la classe 3.
Les figures 6.10 et 6.11 illustrent l’évolution de l’énergie de rupture en fonction de la
température de revenu des principaux aciers d’outillage à froid de la classe 2, et des
aciers d’outillage à chaud de la classe 3 les plus classiques.
60
50 55 W Cr 20 (55WC20)
40
51 Si7
30
X100 Cr Mo V5 (Z100CDV5)
20
10
90 Mn W Cr V5 (90MWCV5)
0
0 100 200 300 400 500 600 700
Température de revenu (°C)
277
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
KCU (daJ/cm 2 )
12
10
8
40 Cr Mo V13 (40CDV13)
55 Ni Cr Mo V4 (55CNDV4)
6
55 Ni Cr Mo V7 (55NCDV7)
2
X37 Cr Mo V5-1 ( Z38CDV5)
0 20 Mo Ni 34-13 (20DN34-13)
0 100 200 300 400 500 600 700
Température de revenu (°C)
Résistance à l’usure
La résistance à l’usure d’un outil au moment de la coupe ou de la mise en forme est un
phénomène difficile à analyser d’une manière globale car la dégradation de surface par
usure est le résultat de plusieurs phénomènes tels que :
278
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
1 000 69
Dureté Rockwell C
Dureté Vickers
900 A 67
800 B 64
700 60
B
C
ALLIAGES FERREUX
600 55
D
500 49
E
400 41
300 30
200 11
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Température d’essai (°C)
A : aciers rapides surcarburés
B : aciers rapides classiques
C : aciers d’outillage à froid
D : aciers d’outillage à chaud - au tungstène ou au molybdène
E : aciers d’outillage à chaud - au chrome
279
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
600
400
200
0
400 500 600 700
Température d’essai (°C)
55 Ni Cr Mo V7 (55 NCDV7) (R m = 1 350 MPa)
X37 Cr Mo V5-1 (Z38 CDV5) (R m = 1 450 MPa)
32 Mo Cr V28 (32 DCV 28) (R m = 1 460 MPa)
X6 Ni Cr Ti Mo V25-15 (Z6 NCTDV25-15) (R m = 1 000 MPa)
Ni Cr 20KTA (NC20 KTA) (R m = 1 200 MPa) (cette nuance
correspond à l’appellation commerciale Nimonic 90).
D’une manière générale, la résistance à l’usure d’un acier à outils sera d’autant plus forte
que le niveau de dureté sera plus élevé, la taille de grain plus fine, le taux d’austénité
280
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
résiduelle plus faible et que, pour un niveau de dureté donné, la quantité de carbures
sera plus importante, avec un classement de ces carbures dans l’ordre décroissant de
dureté comme le montre la figure 6.14.
3 000 MC
Microdureté HV 0,02 MC
M
M77C
C3
2 500
B
ALLIAGES FERREUX
M2 C
2 000 M 2C
M
M66C
C
1 500
M23C6
M 23 C 6
1 000
FE
FE33C
C
Martensite
Martensite
500
Figure 6.14 – Microduretés comparées des carbures contenus dans les aciers à outils.
D’après Techniques de l’Ingénieur, 10, 1979.
Pour une structure et un niveau de dureté donnés, la résistance à l’usure d’un acier à
outil peut être appréciée d’une manière approximative à partir de sa composition chimi-
que par le tungstène équivalent :
W = ( % W) + 2 ( % Mo) + 4 ( % V) + 0,5 ( % Cr).
281
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
282
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
tant l’épaisseur des couches échauffées pour diminuer le gradient de dureté dans la zone
de transition.
Cette opération peut être réalisée en utilisant la basse fréquence (50 à 250 Hz) et en
effectuant le chauffage soit en plusieurs passes successives, soit par un inducteur double
avec deux gammes de fréquences pour assurer tout d’abord le préchauffage, puis le
chauffage proprement dit avant trempe.
ALLIAGES FERREUX
variations dimensionnelles provoquées par les traitements thermiques ou thermochimi-
ques classiques.
Dans les deux cas, la trempe est faite par simple conduction thermique dans le substrat
métallique en raison des grandes vitesses de défilement. Le traitement par laser néces-
site une préparation de surface (sablage, phosphatation, pulvérisation de graphite) pour
améliorer le couplage laser matière.
Dans le cas du simple durcissement superficiel, les conditions optimales de traitement
se situent à des niveaux de densité d’énergie compris entre 3 000 et 6 000 J/cm2, c’est-
à-dire pour des densités de puissance comprises entre 103 et 104 W/cm2 et pour des
durées d’interaction situées entre 10 –2 s et quelques secondes.
Les profondeurs durcies dans ces conditions peuvent être supérieures au millimètre avec
des duretés superficielles comprises entre 600 et 1 000 HV0,2 selon les nuances et la
microstructure initiale.
Une structure initiale trempée revenue ou normalisée est à rechercher en raison de la
finesse des carbures précipités.
Dans le cas de la refusion superficielle, bien adaptée aux aciers à outils lédeburitiques,
il est possible d’obtenir avec des vitesses de refroidissement comprises entre 103 et
104 K/s des structures de resolidification très fines, caractérisées par des espaces inter-
dendritiques de 2 à 5 mm et des réductions d’eutectiques de 50 %.
Après revenu, les niveaux de dureté atteignent 1 000 HV0,2 avec des structures au moins
égales, sinon plus fines, que celles que l’on obtient par métallurgie des poudres. Les
densités de puissance sont alors comprises entre 104 et 106 W/cm2 et les durées d’inter-
action entre 10– 3 et 10–1 s.
Ces structures ont été mises à profit pour améliorer la durée de vie d’outils de coupe d’un
facteur trois pour le tournage d’aciers alliés à des vitesses de coupe comprises entre 18
et 25 m/min ou pour améliorer les vitesses de coupe de 50 %, notamment dans le cas
d’outils de fraisage en acier HS 2-10-1-8, pour l’usinage d’acier 30CrMoV6 (30CDV6)
traité pour Rm = 900 MPa.
Traitement thermochimique de surface
Cémentation, carbonitruration
Pour les aciers à outils réputés fragiles, la cémentation ou la carbonitruration ne sont
retenues que dans des cas tout à fait particuliers :
– aciers d’outillage à chaud utilisés pour les moules,
– aciers de travail à froid résistant aux chocs,
afin d’assurer à la surface de l’outil une très grande résistance à l’usure.
283
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Nitruration
Comparativement à la cémentation, la nitruration est employée très couramment dans la
plupart des aciers à outils des classes 2, 3 et 4 qui présentent un durcissement secondaire
vers 550 °C. En effet, ce traitement peut être utilisé comme dernier traitement de revenu
et n’entraîne pas de problèmes majeurs de déformation.
La dureté moyenne de la couche nitrurée est d’autant plus forte, et son épaisseur
d’autant plus faible, que la teneur en éléments d’alliage comme le chrome, le molybdène
et le vanadium de l’acier à outils est élevée.
À titre d’exemple, les courbes de la figure 6.15 donnent quelques cinétiques de croissance
de couches nitrurées et les profils de microdureté HV0,1 obtenus sur un certain nombre
d’aciers à outils à la température de 570 °C dans le cas d’un traitement en bain de sel.
Pour éviter l’abaissement des caractéristiques mécaniques du substrat, il faut adapter la
température de nitruration à celle du dernier revenu de l’acier à outils et respecter entre
les deux un décalage d’au moins 30 °C.
Cela est possible pour les traitements de nitruration classiques réalisés en atmosphère
gazeuse, avec ou sans assistance d’un plasma, à des températures comprises entre 480
et 560 °C. Par contre, le choix est plus limité dans le cas d’un traitement de nitrocarbu-
ration où il est recherché une couche superficielle de carboniture ε, car dans ce cas, la
température doit être voisine de 570 °C.
Dans le cas des aciers d’outillage à chaud qui subissent des revenus à des tempéra-
tures relativement élevées, de 570 à 640 °C, il est possible d’obtenir des épaisseurs de
couches nitrurées comprises entre 0,1 et 0,5 mm.
Des duretés superficielles élevées (HV0,1 > 1 000) et des épaisseurs de couches nitru-
rées relativement faibles (< 150 µm) assurent une meilleure résistance à la fatigue méca-
nique et thermique. Par contre, des couches plus épaisses (entre 300 et 500 µm)
conduisent à une bonne résistance à l’usure à chaud et au fluage.
Dans le domaine de la forge où la couche nitrurée doit répondre aux deux critères suivants :
– dureté élevée à la température de travail,
– épaisseur suffisante compte tenu de la pénétration thermique pour éviter la plastification
du métal de base ;
284
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
0,4
V7
r Mo
0,3 NiC 5-1
55 oV
X37
C rM B
r V9
0,2 WC
X30
ALLIAGES FERREUX
o V12
Cr M
0,1 X153 40 Cr 14
X
0
0 1 2 3 4
Temps (h)
Cinétique de croissance des couches à 570 °C
Microdureté HV 0,1
1200
1000
800
X153 Cr Mo V12
600
X 37 Cr Mo V5-1
400 55 Ni Cr Mo V7
42 Cr Mo 4
200
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
Distance à la surface (mm)
Figure 6.15 – Aptitude à la nitruration d’un certain nombre d’aciers à outils traités
en bain de sel. La cinétique de croissance des couches nitrurées, régie par la diffusion
de l’azote, obéit à une loi du type e = (Dt)0,5 avec t : durée du traitement et D :
coefficient de diffusion de l’azote dans l’acier.
D’après Techniques de l’ingénieur, document M 1135,10.
285
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Dans le cas des aciers d’outillage à froid les plus alliés, on peut augmenter sensible-
ment la résistance au frottement et à l’usure au moyen de couches nitrurées de faible
épaisseur (100 µm) et de haute dureté superficielle (HV0,1 > 1 000). Le traitement doit
être limité en température à 520 °C et pour des maintiens de courte durée afin de ne pas
affecter la dureté et la ténacité de l’acier de base.
Dans le cas des aciers rapides, il est possible d’obtenir des couches nitrurées de très
haute dureté (HV0,1 strictement supérieur à 1 100), mais il faut limiter l’épaisseur de ces
couches à des valeurs comprises entre 10 et 50 µm et éviter la formation d’une couche
de combinaison nécessairement fragile. Selon le mode de travail de l’outil, coupe ou mise
en forme, on recherche des épaisseurs se situant respectivement au minimum ou au
maximum de la fourchette précédemment indiquée.
On trouvera des applications de cette filière de traitement sur aciers à outils dans de
nombreux domaines de l’industrie :
– mécanique : outillages de forge et d’extrusion à chaud sur acier X37CrMoV5-1, travail
des métaux en feuilles sur acier X153CrMoV12,
– plasturgie : vis et fourreaux d’extrusion en aciers 40CrMoV12 et 40CrAlMo6-12,
– métallurgie : pièces d’usure diverses dans la transformation à chaud et à froid des allia-
ges ferreux et non ferreux.
Oxydation
Le traitement d’oxydation comprend deux variantes :
– l’oxydation seule ;
– et l’oxynitruration.
L’oxydation seule est pratiquée notamment dans les outils de coupe pour obtenir une
pellicule superficielle de Fe3O4 qui abaisse le coefficient de frottement entre le copeau et
l’outil. Cette opération se fait notamment sur des forets pour le perçage des métaux.
Le traitement d’oxynitruration est fait essentiellement dans le but d’améliorer la tenue à
la corrosion des couches nitrurées. Ce traitement peut être réalisé :
– par la voie liquide, avec des bains à base de nitrates et d’hydroxydes alcalins contenant
des activateurs d’oxydation comme des bichromates ou permanganates ;
– ou par la voie gazeuse, avec des atmosphères d’ammoniac, d’azote et des mélanges
oxydants contenant O2, CO2, N2O. Dans ce dernier cas, il est possible d’utiliser des pres-
sions réduites avec l’assistance d’un plasma.
La structure oxynitrurée est constituée par une couche de diffusion d’azote et une couche
de combinaison de nitrures de fer avec, en surface, une couche d’oxyde Fe3O4 ayant à
la fois des propriétés antigrippantes et une résistance convenable à la corrosion.
Par ailleurs, le renforcement du substrat évite l’éclatement de la couche d’oxyde par
enfoncement.
Dépôts chimiques en phase vapeur (CVD)
Il existe deux types de procédés, les procédés statiques et les procédés dynamiques. Ce
sont les procédés dynamiques qui sont le plus utilisés dans le domaine de l’outillage. Les
réactions de déposition de la phase vapeur par réduction de composés halogénés sont
facilitées par un abaissement de la pression. La maîtrise des écoulements gazeux sous
basse pression pour assurer des dépôts réguliers est l’une des difficultés du procédé.
Aussi est-il plus facile d’obtenir des résultats fiables sur des séries de petites pièces que
sur des géométries complexes avec des substrats de grande longueur.
Une optimisation de ces écoulements pour obtenir en particulier un régime laminaire au
contact des surfaces des substrats peut être réalisée par simulation numérique au moyen
286
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Le problème posé par la réalisation de ces dépôts à haute température est celui des
déformations au traitement thermique qui suit le dépôt. Ces dernières peuvent être mini-
misées par un traitement préliminaire de l’outillage consistant en une stabilisation aux
environs de 900 °C suivie par un revenu vers 700 °C.
Dépôts physiques en phase vapeur (PVD) et chimiques assistés par
plasma (PACVD)
Ces dépôts sont réalisés à des températures comprises entre 400 et 600 °C. Il est possi-
ble de les envisager sur des aciers à outils qui présentent un durcissement secondaire
dans ce domaine de température. Ils sont essentiellement utilisés pour améliorer les
fonctionnalités de résistance au frottement et à l’usure, pour satisfaire les besoins de
l’industrie mécanique. Dans le domaine de l’outillage (outils de coupe et de découpe),
ces dépôts présentent une alternative intéressante aux dépôts CVD classiques réalisés
à beaucoup plus haute température. Le tableau 6.16 donne les principales propriétés des
couches réalisées.
287
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Ce tableau illustre les domaines d’utilisation des différents types de dépôts proposés :
– le revêtement de (Ti,Al)N est celui qui résiste le mieux à l’oxydation ; il sera donc utilisé
dans des conditions sévères sur le plan thermique, par exemple l’usinage d’aciers difficiles
comme les aciers inoxydables ou les alliages de titane ;
– le revêtement de TiCN présente de bonnes propriétés de dureté, avec une assez bonne
ductilité ; il sera donc utilisé sous de fortes sollicitations mécaniques, par exemple dans
l’usinage des thermodurs, des bronzes et des laitons, ainsi que des aciers ;
– le revêtement de CrN a une assez bonne ductilité, ainsi qu’une bonne résistance à
l’oxydation ; il sera donc utilisé dans l’industrie de la plasturgie, dans la fonderie sous pres-
sion des alliages de zinc, ainsi que dans l’usinage et la découpe des alliages de cuivre.
Traitements duplex et multicouches : Les dépôts PVD et PACVD posent un double
problème : leur haut niveau de dureté et la présence de contraintes résiduelles de
compression qui, lorsque la surface est soumise à de fortes charges d’application, contri-
buent à l’écaillage du revêtement. Ainsi, il est la plupart du temps nécessaire de limiter
l’épaisseur des dépôts à quelques µm (<5 µm). La résistance à l’égrènement de la
surface peut être améliorée par deux actions :
– un renforcement du substrat par traitement thermochimique, notamment une nitruration
(traitement duplex),
– une réduction de l’état des contraintes résiduelles de compression par la réalisation de
dépôts multicouches, voire nanocouches.
Les traitements duplex sont réalisés pour des pièces mécaniques fortement sollicitées
au niveau frottement usure avec cyclage de contraintes mécaniques. Ces traitements
seront privilégiés sur des outillages destinés au travail des métaux pour de grandes
séries de pièces :
– duplex CrN pour l’emboutissage de séries d’aciers inoxydables et d’alliages cuivreux, ou
pour le forgeage d’alliages cuivreux,
– duplex TiCN pour l’emboutissage de séries d’aciers au silicium,
– duplex DLC pour l’emboutissage de séries d’aciers revêtus,
– duplex (TiAl)N pour la coulée en gravité ou sous pression d’alliages d’aluminium, cette
solution évoluant vers le duplex (TiAlCr)N pour les pièces en mouvement.
Le principe du revêtement multicouches consiste à éviter une cristallisation de type
colonnaire, à combiner les propriétés de plusieurs matériaux et à réduire les contraintes
internes de compression. Cela permet, d’une part d’augmenter l’épaisseur des dépôts,
d’autre part d’éviter les risques d’égrènement sous de fortes charges d’application. Cette
technique s’est fortement développée dans un certain nombre de domaines, notamment :
– l’industrie de la plasturgie pour le travail des thermodurs chargés fibres de verre, avec
des multicouches TiN, TiCN,
– le forgeage des aciers ou la coulée sous pression des alliages d’aluminium, avec des
multicouches TiN, (TiAl)N,
– l’emboutissage des séries d’aciers revêtus et d’alliages d’aluminium avec des multicou-
ches DLC, WC-C.
L’ingénierie des surfaces nanostructurées est née au début des années 2000 avec la
création de nouveaux revêtements conçus à la carte pour des domaines d’application
identifiés. Ces revêtements, sont passés au stade industriel avec des applications dans
un certain nombre de domaines comme l’outillage de coupe ou de mise en forme.
La réalisation d’un revêtement à partir de nanocouches élémentaires permet de doter la
surface de pièces mécaniques de propriétés fonctionnelles bien adaptées à l’utilisation.
288
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Par exemple, on pourra combiner une résistance à l’usure et une tenue à la corrosion,
une forte dureté et une plasticité suffisante, une résistance à l’usure et une tenue suffi-
sante à l’oxydation. Dans le concept nanocouches, il est possible de :
– limiter la croissance des grains,
– relâcher les contraintes à l’interface entre chaque couche,
– dévier les fissures qui ont pu s’amorcer à la surface,
– réduire la propagation des fissures par l’obtention d’une plasticité en fond d’entaille.
Il est possible d’optimiser l’ensemble de ces propriétés pour des épaisseurs de strates
comprises entre 10 et 40 nm, avec un choix plutôt centré sur 10 nm pour des surfaces B
très fortement sollicitées au niveau charge d’application (outils de coupe) et plutôt sur
ALLIAGES FERREUX
40 nm pour des surfaces sollicitées en fatigue (outils de mise en forme). Des nanocou-
ches de (TiAl)N et de (TiAlCr)N commencent à être utilisées sur les matrices d’injection
de l’aluminium avec, dans le deuxième cas notamment, une forte réduction du faïençage
et de l’adhésion du métal liquide sur l’outil.
Implantation ionique
Parmi les techniques modernes de traitement de surface applicables sur les aciers à
outils, il faut signaler l’implantation ionique d’éléments comme l’azote, l’azote et le
chrome, le carbone et le titane, l’azote et le bore.
En raison de la faible épaisseur affectée par l’implantation (fraction de micromètre), son
effet sur l’amélioration des propriétés tribologiques est d’autant plus important que le
niveau de dureté de l’acier traité est élevé.
Ce traitement présente l’avantage d’être réalisé à basse température (< 150 °C) et
n’entraîne aucune variation de cote mesurable.
Parmi les exemples d’applications industrielles actuellement développées, on peut citer
l’implantation d’azote et de bore dans les aciers à roulement qui travaillent en condition
cryogénique, l’implantation de carbone et de titane dans les outils de découpe de métaux
et l’implantation d’azote pour les outils de taraudage et d’alésage.
Dépôts par voie liquide
Parmi les techniques utilisant la voie liquide pour améliorer la résistance au frottement et
à l’usure des aciers à outils, on peut citer l’immersion dans des sels fondus, les procédés
de galvanoplastie (chromage dur) et la réduction chimique autocatalytique (nickel phos-
phore ou nickel bore).
289
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Rechargement
Il s’agit là de procédés susceptibles d’apporter dans les zones de l’outillage les plus solli-
citées une amélioration substantielle des propriétés de résistance :
– au frottement et à l’usure ;
– à la déformation à chaud et au fluage ;
290
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Signalons également le développement depuis quelques années des techniques de
rechargement laser qui permettent de réduire encore plus la zone affectée thermique-
ment et la dilution.
Dans le domaine des aciers d’outillage à chaud, les matériaux de rechargement sont des
alliages de très bonnes propriétés mécaniques à chaud : alliage 15 % Cr, 15 % Co et
0,2 % C, alliage à base de cobalt HS 21 (Stellite grade 21), alliage base nickel IN718
(NC19FeNb).
Ces solutions de rechargement seront adoptées si les températures atteintes en surface des
outillages sont élevées (au-delà de 700 °C). Des applications industrielles sont nombreuses
sur des poinçons de perçage et des outils travaillant sur presses mécaniques et hydrauliques.
Comme le montre le diagramme de la figure 6.16, le rechargement des outils de forge à
chaud est utilisé pour les plus fortes pénétrations thermiques et les températures super-
Pénétration
Type de
thermique
machine
(mm)
dépôts durs
dépôts durs
faible dépôts durs minces très
Pilons minces stables
< 0,30 mm minces stables à
à chaud
chaud Température
superficielle
moyenne
faible élevée
de 500
< 500 °C < 700 °C
à 700 °C
291
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ficielles les plus élevées, lorsque les propriétés de tenue à chaud obtenues par nitruration
deviennent insuffisantes.
Dans le domaine des outils de mise en forme à froid, les substrats seront des aciers
à moyen carbone peu alliés du type 42CrMo4 (42CD4) et les matériaux de rechargement
seront des aciers à coupe rapide (HS 6-5-2 et HS 6-5-4), des alliages à haute teneur en
carbone et en chrome (pouvant aller jusqu’aux fontes blanches), ainsi que des alliages
base nickel avec addition de bore et de silicium (alliages dits « autofusibles » raison de
la présence d’eutectiques qui abaissent leur point de fusion).
Dans ce cas, l’opération de rechargement nécessite quelques précautions au niveau du
préchauffage et du postchauffage pour éviter la fissuration des dépôts.
De nombreuses applications existent dans l’industrie sidérurgique (cylindres de laminoirs,
galets d’étirage), dans le domaine des outils de forage et d’extrusion, ainsi que dans
l’industrie verrière.
Compaction isostatique à chaud
La réalisation de revêtements par compaction isostatique à chaud peut constituer une
solution intéressante, techniquement et économiquement, pour certaines applications
dans le domaine de l’outillage.
La connaissance des contraintes d’usage de l’outil permet d’optimiser l’épaisseur du
revêtement à réaliser (2 à 10 mm). Les matériaux de renfort sont les mêmes que ceux
que l’on utilise pour le rechargement PTA ou laser (alliages base Fe, Ni ou Co).
Parmi les exemples d’utilisation de cette technique dans le domaine de l’outillage, on
peut citer les cylindres et galets de laminoirs, les paliers, les filières d’extrusion à chaud,
les pièces d’usure pour presses à injecter, les corps et vis d’extrudeuses, les organes de
broyeurs et de malaxeurs.
6.3.4 Contrôle
Un niveau élevé de qualité ne peut être obtenu d’une façon régulière que si, aux diffé-
rents stades des opérations de fabrication, sont associés les contrôles sévères suivants :
– Contrôle des états de surface : on utilise les méthodes classiques comme le ressuage
et le contrôle magnétique.
– Contrôle de santé interne : il est en général réalisé par ultrasons et courants de Foucault.
– Contrôle de la qualité du produit : les produits doivent, après recuit, satisfaire à un
certain nombre d’exigences métallurgiques, telles que grosseur de grain la plus fine possi-
ble, bonne répartition des carbures, et absence de décarburation1. Il est alors nécessaire
d’effectuer un contrôle macrographique et micrographique sur une plaquette découpée
dans le produit fini suivant des normes particulières (examen en général au quart d’épais-
seur ou à mi-rayon pour le contrôle de la macrostructure). La décarburation peut être mesu-
rée avec précision par voie métallographique.
Contrôle de la décarburation des produits
La méthode dite de l’anneau bleu s’applique exclusivement à des structures recuites consti-
tuées par des agrégats de carbures globulisés et de ferrite. Elle repose sur les teintes d’interfé-
rences créées à partir des carbures, dont l’écartement moyen est en relation avec le taux de
carbone de la matrice ferritique. Cette méthode s’applique bien aux aciers d’outillage alliés
contenant plus de 0,7 % de carbone.
1. Il existe des normes de tolérances dimensionnelles et de surépaisseurs d’usinage pour les aciers à
outils ; il s’agit de la norme NF A 45-103 pour les barres et plats laminés et de la norme NF A 45-104
pour les barres et plats forgés.
292
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
aciers constitue à terme un document précieux, aussi bien pour le producteur que pour
l’utilisateur.
Contrôle des revêtements réalisés sur outillages : Dans la filière des revêtements, les
défauts à détecter peuvent intéresser la surface revêtue, l’épaisseur du dépôt et l’inter-
face revêtement substrat. Les propriétés fonctionnelles de la surface peuvent être affec-
tées par la présence de porosités ou des hétérogénéités de structure liées à des
modifications locales de croissance de couches. Les propriétés fonctionnelles telles que
la résistance au frottement et à l’usure, ainsi que la tenue à la corrosion et à l’oxydation
peuvent être affectées par la présence de fissures au sein du revêtement, ainsi que par
des hétérogénéités de cristallisation. Ces propriétés, ainsi que la résistance aux chocs et
à l’égrènement, peuvent être fortement affectées par des défauts tels que porosités ou
fissures à l’interface revêtement substrat. Les différents points à contrôler sont donc les
suivants :
– épaisseur du dépôt,
– adhérence sur le substrat,
– présence de porosités débouchantes ou non,
– homogénéité d’aspect.
Contrôle de l’épaisseur du revêtement : Il existe un certain nombre de méthodes adap-
tées aux revêtements durs de faible épaisseur sur les outillages, notamment le calotest
et les courants de Foucault.
Le calotest consiste à réaliser dans le dépôt une calotte par usure jusqu’à apparition du
substrat avec une bille en cermet WC-Co imprégnée de poudre de diamant et animée
d’un mouvement de rotation. Cet essai de mise en œuvre relativement simple est large-
ment utilisé pour évaluer l’épaisseur des revêtements de haute dureté obtenus par voie
sèche (PVD, PACVD), avec la difficulté toutefois de limiter l’usure juste à l’interface
métal-dépôt. Dans les revêtements multicouches ou nanostructurés, il permet de bien
discerner les différentes strates et d’évaluer l’épaisseur de chacune d’elles.
Les courants de Foucault, classiquement utilisés pour évaluer l’épaisseur d’un gradient
de concentration chimique et de propriétés mécaniques (cémentation, nitruration), sont
également utilisés pour apprécier l’épaisseur d’un revêtement de quelques µm sur subs-
trat acier, sous réserve que le revêtement et son substrat présentent une différence de
conductibilité électrique suffisante. Les appareils commercialisés fonctionnent selon le
principe de la mesure des courants de Foucault induits à haute fréquence et permettent
1. Ces structures ont fait l’objet de cahiers des charges établis par les producteurs et utilisateurs
d’aciers à outils : à titre d’exemple, l’industrie automobile et les producteurs pour la fourniture
d’aciers d’outillage à chaud, l’industrie mécanique et les producteurs pour la fourniture d’aciers
d’outillage à froid lédeburitiques et d’aciers à coupe froide.
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