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Dans l’actualité
Alitalia, Finmeccanica, Riva, Monte
Paschi : des idées pour les comités
d’audit ?
Idées et débats
L’auditeur interne face à
l’émergence de « l’informatique
mobile »
International
Ce que l’avenir nous réserve
Mémoire d’étudiant
Guide d’audit de la mise en
conformité du middle office des
dérivés de gré à gré : Nouvelle
règlementation EMIR
Fiche technique
>> « Gérer efficacement les LES RÉPONSES DE L’AUDIT
identités et les accès »
INTERNE AUX ATTENTES
DES PARTIES PRENANTES
N°216
Septembre-Octobre 2013
Marquez des points ...
avec la nouvelle certification
professionnelle
Professionnels de l’audit et du contrôle internes, cette nouvelle certification vous permettra de dé-
montrer votre professionnalisme dans le domaine de l’évaluation de la gestion des risques, et plus
particulièrement votre capacité à :
évaluer la maîtrise des risques et la gouvernance des processus métiers de votre organisation ;
sensibiliser la direction et le comité d’audit aux concepts liés aux risques et à la maîtrise des
risques ;
vous centrer sur les risques stratégiques de l’organisation ;
apporter encore plus de valeur ajoutée à votre organisation.
Disponible, à la fin du premier semestre 2013, sous la forme d’un examen, le CRMA™ est ac-
cessible dès aujourd’hui via un processus de Reconnaissance de l’Expérience Profes-
sionnelle (REP). Ainsi, toute personne justifiant d’une expérience professionnelle
dans les cinq domaines couverts par la certification CRMA™, et titulaire de di-
plômes et/ou de tout autre certificat dans le domaine de l’audit, sera en mesure
de faire une demande de REP en vue d’obtenir la certification CRMA™.
L
DIRECTEUR DE PUBLICATION ’audit interne doit répondre aux attentes de
Farid Aractingi ses parties prenantes qui sont, pour l’essentiel,
RESPONSABLE DE LA RÉDACTION la direction générale et le comité d’audit
Philippe Mocquard même si les audités, les auditeurs externes, et les
RÉDACTEUR EN CHEF autorités de supervision sont des parties prenantes à
Louis Vaurs ne pas sous-estimer.
RÉDACTION - RÉVISION
Jean-Loup Rouff - Béatrice Ki-Zerbo La norme 1110 de la profession édicte que « le respon-
sable de l’audit interne doit relever d’un niveau hiérar-
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
Eric Blanc - Tél. : 01 40 08 48 02 chique suffisant au sein de l’organisation pour permettre au service d’audit interne
Mel : eblanc@ifaci.com d’exercer ses responsabilités », et de recommander un double rattachement à la direc-
tion générale et au comité d’audit.
RÉALISATION
EBZONE Communication
Dans le dossier du présent numéro, la direction générale apparaît très largement
32, avenue de Beauregard
94500 Champigny-sur-Marne dominante. Pour le groupe Arcade, important groupe immobilier, et le Secrétariat
Tél. : 01 48 80 00 56 général pour l’administration du Ministère de la Défense, il n’existe pas, à propre-
Mel : ebzone@ebzone.fr ment parler, de comité d’audit. Le responsable de l’audit interne de cette dernière
structure s’en émeut et n’hésite pas à faire des propositions innovantes pour faire
IMPRESSION bouger les lignes. Pour le groupe AG2R La Mondiale, un double rattachement existe
Imprimerie de Champagne
Rue de l’Etoile de Langres - ZI Les Franchises
mais la direction générale reste la partie prenante la plus importante comme cela
52200 Langres est observé le plus souvent en France.
En quelques mots, tout est dit et je vous laisse méditer ces propos.
DANS L’ACTUALITÉ
DOSSIER
6 Alitalia, Finmeccanica, Riva, Monte
Paschi : des idées pour les comités
d’audit ?
Antoine de Boissieu Les réponses de l’audit
interne aux attentes de ses
IDÉES ET DÉBATS
parties prenantes p. 17 à 34
8 L’auditeur interne face à l’émergence
de « l’informatique mobile »
Jean-Claude Hillion
12 Ce que l’avenir nous réserve L’audit interne : une fonction exigeante aux multiples
Graig Guillot
23 facettes
Benoît Harel
LA PROFESSION EN MOUVEMENT
37 Evénements
38 Lu pour vous
L
’actualité nous fournit ment, ces difficultés ne sont Analysons rapidement les économique a imposé le
plusieurs exemples de pas différentes de ce qui se points communs entre ces maintien de 2 hubs à Rome
sociétés italiennes passe ailleurs, mais c’est situations à priori très diffé- et Milan, des activités
prestigieuses en proie à de l’accumulation sur une rentes. court/moyen/long courrier,
sérieuses difficultés. courte période qui est frap- Rétrospectivement, il appa- d’un réseau d’escales ita-
pante. raît que toutes ces sociétés liennes surdimensionné et
Alitalia est en quasi-faillite, ont suivi une stratégie inte- sous-productif : cette straté-
pour la seconde fois depuis Le groupe Riva est peu nable ou très risquée. Cette gie a pesé sur la rentabilité
2008, malgré des années de connu en France : c’est une stratégie a été validée, voire de la compagnie dès qu’il y
restructurations. Un nou- société familiale, le 4ème imposée, par les conseils a eu ouverture du marché.
veau plan de sauvetage doit sidérurgiste en Europe avec d’administration. Le conseil Alitalia n’a donc pas pu être
être monté. 20 000 employés et et la direction générale ont moteur dans les mouve-
11 Mrd € de CA. Son aciérie souvent fonctionné trop en ments de consolidation du
Finmeccanica, le géant ita- géante de Tarente, qui osmose : pour des raisons secteur depuis 2005, et a fait
lien de l’industrie aéronau- compte 12 000 employés, est capitalistiques chez Riva, qui une première fois faillite en
tique et de défense, connaît partiellement fermée depuis est une société familiale ; 2007/2008.
des difficultés en chaîne : 2012 pour des problèmes de pour des raisons de consan-
annulation pour corruption pollution. La justice italienne guinité chez Monte Paschi, Finmeccanica, dont le pre-
d’une vente d’hélicoptères à vient de mettre sous séques- Alitalia et Finmeccanica. mier actionnaire est l’état
l’armée indienne, accusation tre 8 Mrd d’actifs du groupe Pour ces dernières, diri- italien avec le tiers du capi-
de réseaux de caisses noires pour faire face au passif geants et administrateurs tal, est présente dans de
en Afrique passant par un environnemental ; ses diri- étaient issus des mêmes nombreuses activités1 dans
financier notoire de la mafia, geants ont été mis en exa- milieux politico-économi- les secteurs de pointe. Elle
problèmes de qualité sur des men. ques, avec un tissu de liens emploie 60% de son person-
TGV livrés par sa filiale personnels où s’entremê- nel, soit près de 40 000 per-
Ansaldo (et finalement refu- Monte dei Paschi di Siena, laient intérêts privés et sonnes, en Italie. Là encore,
sés par les clients, qui ont enfin, est la plus vieille publics, économiques et il y a eu une volonté poli-
annulé la commande), banque encore en activité, politiques. tique de maintenir un large
démission et mise en exa- avec plus de six siècles spectre d’activités en Italie,
men de deux PDG en 2 ans. d’existence. Elle est contrô- Ce contexte a pesé dans les pour des raisons de souve-
A cela s’ajoutent des pro- lée par une fondation muni- mécanismes de prise de raineté, de prestige, d’in-
blèmes stratégiques, le cipale. Elle se trouve désor- décision, en imposant le fluence, de pouvoir (une
groupe n’ayant sans doute mais au bord de la faillite à maintien ou le développe- activité = une filiale avec un
pas la taille critique dans la suite d’opérations spécu- ment en Italie d’activités PDG, un conseil d’adminis-
certaines activités (énergie, latives ratées, dissimulées non rentables ou trop ris- tration, des dirigeants, un
construction aéronautique, jusqu'à ce que la crise finan- quées. siège social, etc.). Les joint-
spatial, transports…), et cière de 2012 ne permette ventures ou anciennes joint-
deux années consécutives de plus de les cacher. Ainsi, chez Alitalia, jusqu’en ventures de Finmeccanica
pertes. Prises individuelle- 2008, le monde politique et avec des partenaires étran-
© alphaspirit - Fotolia.com
continuer sa stratégie multi-
activités tout en maintenant
une forte implantation en
Italie.
L’auditeur interne
face à l’émergence
de « l’informatique mobile »
Jean-Claude Hillion - Inspecteur général honoraire de la Banque de France
L
’emploi de terminaux mobiles techniques et/ou organisationnelles – au savoir technique dont dispose ledit
(ordinateurs portables et organi- lors de l’utilisation de terminaux tiers averti et malintentionné.
seurs, smartphones et autres mobiles.
tablettes, ainsi que les supports d'infor- Tandis que les normes de sécurité pour
mation et les accès au réseau qui leur Les risques induits par les ordinateurs utilisés dans l’entreprise
sont associés) est en constante augmen- l’informatique mobile imposent un verrouillage complet
tation, tant dans la sphère privée, que (authentification « pré-boot » – avant
professionnelle. L’origine de cette situa- Perte d’informations de l’entreprise démarrage), on ne retrouve pas ce
tion réside, à l’évidence, dans le fait que niveau de protection pour les smart-
leur mise en œuvre est facilitée par une Les terminaux mobiles sont particuliè- phones. C’est ainsi que, si pour ces der-
multitude de services d’information et rement concernés par la perte ou le vol. niers le système d'exploitation livré avec
de communication, très souvent sous Pour les entreprises, au-delà des risques l’équipement propose une fonction d’ef-
forme d’applications intégrées. L’audi- intrinsèques liés à la protection des don- facement à distance (« remote wipe »), le
teur interne ne peut ignorer plus long- nées, il existe aussi un risque d’image délai susceptible de s’écouler entre la
temps ce phénomène. dans la mesure où la mémoire interne perte et la mise en œuvre effective de la
du terminal mobile contient des procédure d’effacement, voire tout sim-
Les appareils et les services proposés adresses, des e-mails et leurs pièces plement son efficacité réelle, laisse, de
disposent déjà de fonctions de sécurité jointes, ainsi que des rendez-vous, des fait, le temps à un pirate de copier les
intégrée. Cependant, en cas de perte ou notes confidentielles, etc. données de l'appareil avant que celle-ci
de vol d’un appareil, celles-ci se révèlent n’intervienne.
très (trop) souvent insuffisantes pour Un usage professionnel conduit au
protéger efficacement les données stockage d’informations concernant, par Absence de contrôle des flux
confidentielles (à caractère personnel ou exemple des clients, des produits, voire d'information échangés via les
sensibles à l’égard de l’entreprise) des données relatives à des appels d'of- dispositifs de connexion du terminal
stockées sur ces équipements. Il fres. De surcroît, sont conservés, par
convient donc de mettre en œuvre des définition, les identifiants et mots de Les terminaux mobiles sont dotés de
mesures de sécurité supplémentaires – passe associés, permettant d’accéder diverses techniques, tel que Bluetooth,
nage ») visent à obtenir du destinataire taller et d'exécuter des applications pour logiciel malveillant dans le réseau de
qu’il envoie ses données d'accès secrètes smartphones et tablettes (« apps ») certi- l'entreprise. C’est le cas lorsque les
vers une page Web falsifiée. (NDT : En fiées, provenant de leur propre magasin smartphones piratés sont synchronisés
effet, les données stockées sur un smart- en ligne (« App-Store »). Les utilisateurs avec des ordinateurs insuffisamment
phone sont, aujourd’hui, moins bien pro- peuvent toutefois contourner cette res- protégés des attaques de logiciels mal-
tégées que celles stockées sur un PC ; triction avec le mécanisme dit de veillants.
ainsi, par exemple, les dispositifs de « débridage » pour le système d'exploi-
cryptage sont peu déployés sur les tation iOS (Apple), et de « routage » Les différentes réponses
smartphones. En complément, on pour le système d'exploitation Androïd pouvant être apportées
constate, à l’utilisation, que la vigilance (Google), ce qui a pour effet de neutra- aux enjeux de sécurité
du détenteur d’un smartphone est plus liser le système de sécurité installé par
faible que lorsqu’il traite les mêmes le fabricant. Une telle manipulation peut Des solutions techniques
données sur son PC). donc provoquer des failles techniques
de sécurité qui faciliteront des prises de En raison des différents usages, du
Introduction clandestine de logiciels contrôle abusives des fonctions du ter- grand nombre d'interfaces et de leur uti-
malveillants (« malwares ») minal mobile par des logiciels malveil- lisation dans des environnements non
lants et/ou des pirates / hackers. sécurisés, les terminaux mobiles doivent
Avec leurs différentes interfaces de com- être sécurisés. Encore faut-il vérifier si,
munication et de services (clef USB, Commande à distance des fonctions et dans quelle mesure, les solutions rete-
Bluetooth, SMS ou MMS, et même les des appareils par des tiers nues sont appropriées.
méls…), via le navigateur d’accès (télé-
chargement), les terminaux mobiles Les applications ont souvent accès aux Les vendeurs de terminaux mobiles
offrent différentes voies de pénétration identifiants de l'appareil, aux données équipent ceux-ci avec différentes fonc-
aux logiciels malveillants. Face à cette de géolocalisation, aux e-mails et tions de sécurité. Force est de remarquer
menace, il n'est pas possible de réaliser contacts téléphoniques, au numéro de cependant que, même dans les der-
pour les smartphones, a contrario des PC carte SIM et autres données à caractère nières versions livrées, aucun construc-
et des ordinateurs portables, un système personnel, pour être transmis, à l’insu de teur ne propose de solution en matière
de protection en plusieurs couches, l’utilisateur, aux fabricants d'appareils, d’exigences de sécurité, telle que anti-
composé par exemple d’un anti-mal- fournisseurs et bien autres services de malware, anti-spam, filtre URL ou pare-
ware, d’un anti-spam et d’un filtre URL. diagnostic… Sur la base de cette faculté, feu personnel.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant il est possible, grâce à un logiciel mal-
de constater une augmentation du veillant, de transformer de manière Il est toutefois possible de se procurer
nombre de logiciels malveillants sur les cachée le terminal mobile en une instal- pour certaines plates-formes techniques
smartphones. En outre, l’implantation lation d'écoute ou une caméra de sur- des applications de sécurité du même
d’un logiciel de sécurité spécifique qui veillance. En l’absence de possibilité fabricant, ou de vendeurs de logiciels de
n'émanerait pas du constructeur lui- d’installer de pare-feu personnel sur les sécurité, qui peuvent être mises en place
même, s’avère impossible en regard de smartphones, iI est possible de suivre les localement. Ces produits de sécurité
la diversité des systèmes d’exploitation conversations en temps réel, et/ou de les contiennent en général les fonctions
existants. (NDT : En effet, les construc- enregistrer sur un fichier afin de les suivantes : antivirus, protection anti
teurs de solution de sécurité, dont l’effi- retransmettre ultérieurement, sans que spam, protection du navigateur, liste
cacité repose sur une connaissance fine le possesseur de l'appareil ne s’en rende d’applications, protection contre le vol,
du code et de l’architecture des systèmes compte. etc. Cette dernière protection permet
d’exploitation (IOS / Androïd / Windows d'effacer toutes les données person-
Mobile…), ne sont pas aujourd’hui en L'appareil mobile comme moyen nelles à distance et de remettre l'appa-
mesure de développer, et surtout de d’intrusion pour des pirates reil volé (ou égaré) avec son paramé-
maintenir, des solutions efficaces sur des trage d’origine, de le bloquer ou de le
dizaines de version de ces systèmes, Les collaborateurs de l'entreprise peu- géolocaliser.
dont certains sont par ailleurs notable- vent se connecter au WLAN avec un
ment instables.) smartphone ou une tablette, et ainsi accé- Il existe des « profils de protection »
der aux mêmes données qu’avec un (officiels) conformes aux standards
Contournement ou neutralisation des appareil agréé par l'entreprise. Si la internationaux pour la sécurité des sys-
mécanismes de sécurité connexion repose uniquement sur le tèmes (Common Criteria). Ces profils de
couple identifiant/mot de passe, c'est-à- protection peuvent servir de référence à
La plupart des prestataires de services dire sans identification renforcée, ces une communication mobile sécurisée ;
smartphone permettent seulement d'ins- accès peuvent permettre d’introduire un des smartphones appliquant ce standard
Tom Peters
D
ans les dix années à venir, les Selon lui, pour survivre dans ce nou-
entreprises évolueront dans vel environnement économique, les
un environnement de plus Si le monde a rapidement évolué ces dix salariés devront constamment se
en plus compétitif où le pouvoir rési- dernières années, le rythme risque demander quelles compétences leur
dera dans la connaissance, et où les encore de s'accélérer dans les années à reviennent encore et comment ils
capacités à changer et s'adapter venir. Selon Tom Peters, consultant en peuvent se montrer plus efficaces
seront essentielles. Avec la réduction management, co-auteur du best-seller In que des machines ou des logiciels.
des marges sur les prix repères, les orga- Search of Excellence, nous sommes Cela requiert un apprentissage et
nisations devront trouver des proposi- actuellement confrontés à une une formation continus, deux dimen-
tions de valeur uniques pour se démar- « mutation technologique sans précé- sions qui ont commencé à prendre du
quer de la concurrence. Elles devront dent » et nous allons continuer d'être retard ces vingt dernières années. Les
également mettre davantage l'accent sur inondés de nouveaux appareils et de entreprises ont dû se concentrer sur des
l'identification et l'anticipation des nouveaux logiciels. Que ce soit à avantages compétitifs, et selon Tom
risques inhérents à une activité dans l'échelle de l'organisation ou du simple Peters, elles ont oublié certains fonda-
l'économie mondiale, et sur le recours à employé, les entreprises doivent s'adap- mentaux, comme le management et la
des technologies en constante évolu- ter et apprendre en permanence. Pour qualité de leurs collaborateurs.
tion. Dans ce contexte, les auditeurs Tom Peters, la technologie ne modifie
internes auront probablement un pas seulement la manière dont nous Pour lui : « Ce ne sont pas les choses com-
rôle central à jouer pour aider les travaillons, elle transforme l'ensemble pliquées qui posent problème. Ce sont en
dirigeants à identifier les risques, for- de notre économie. général les choses les plus élémentaires qui
muler des solutions et se préparer à Les robots ont commencé à remplacer mettent en difficulté, comme lorsqu'on
ce que leur réserve l'avenir. les ouvriers industriels dans les années oublie de rentrer le rideau de douche et que
1980 et 1990, tandis qu'aujourd'hui, l'on met de l'eau partout. »
À l'heure où les organisations cherchent selon Tom Peters, les fonctionnalités
à prévoir et à anticiper les changements avancées des logiciels et ordinateurs Connaissances et compétences
qui les attendent, trois experts prospec- supplantent davantage les « cols
tifs – un expert en management blancs ». De nos jours, même certaines Par conséquent, selon Tom Peters, les
renommé, un leader d'opinion dans le tâches d'analyse parmi les plus pointues employeurs devront mettre davantage
domaine de la technologie et un respon- sont réalisées par des algorithmes infor- l'accent sur la formation et l'apprentis-
sable de l'audit interne du classement matiques. sage continus, et les universités devront
Fortune 500 – livrent leurs points de vue proposer autre chose qu'un simple exa-
sur l'avenir du monde des affaires et sur D'après Tom Peters : « De la comptabilité men supplémentaire. Il envisage un
celui de la profession d'audit interne. à l'ingénierie en passant par le droit, nous monde dans lequel les entreprises for-
© alphaspirit - Fotolia.com
mentation, l'efficacité de la gestion des entre les salariés. bre de problèmes, et il faut des personnes
risques, et les aspects opérationnels. Les rencontres hebdomadaires en salle bien précises pour les résoudre. À l'avenir,
de réunion et les espaces de travail col- nous allons réaliser une part de plus en plus
Gestion d'une population active laboratifs sont de plus en plus souvent importante de notre travail de manière vir-
virtuelle remplacés par des « équipes virtuelles », tuelle. »
composées de collaborateurs disséminés Selon lui, puisque les jeunes générations
La technologie transforme également dans tout le pays. Scott Klososky estime ont grandi avec l'essor des réseaux
la manière dont les gens travaillent. que les managers qui sont de plus en sociaux, elles seront beaucoup plus
Dans de nombreux secteurs, la localisa- plus amenés à gérer des équipes vir- enclines à travailler dans des équipes
tion géographique est en train de perdre tuelles devront rester à la pointe de la virtuelles. Habituées aux relations vir-
de son importance. Selon une étude technologie pour améliorer les proces- tuelles sur Facebook et sur Twitter, elles
récente réalisée auprès de 1 000 salariés sus de gestion du travail. Ils devront faire ne seront pas gênées de travailler en
américains par ORC International, un plus de choses avec moins de ressources équipe avec des personnes qu'elles
cabinet d'études indépendant, 11 % des et atteindre plus rapidement leurs objec- n'ont jamais rencontrées.
participants sont en télétravail, et 16 % tifs.
l'ont déjà été. S'il est prévu que la part Pour Scott Klososky : « Les salariés seront
du télétravail augmente, il en va de D'après Scott Klososky : « La gestion capables de travailler de n'importe où,
même pour la collaboration virtuelle d'équipes virtuelles soulève un certain nom- n'importe quand, quand ils le souhaitent.
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faut pas regarder seulement si le sys- du contrôle interne et de l’audit. Le risques ; beaucoup plus fort que ce que
tème comptable est bien fait, il faut contrôle et l’audit doivent être orientés l’on trouve habituellement dans une
regarder aussi si les chiffres sont justes, par la connaissance des risques : le repé- entreprise. Il faut donc prendre des pré-
et s’ils sont appuyés par des pièces rage des risques et le niveau de maîtrise. cautions particulières dans ce secteur et
idoines. Ceux qui sont mal maîtrisés appellent protéger spécialement l’audit, et pour
une action pour mieux les cerner et des cela le séparer. Dans les entreprises non
Si je prends l’exemple de Renault, il a actions pour essayer de les maîtriser. financières, il faut aussi que l’audit soit
été mis en place une nouvelle organisa- indépendant, dans son appréciation,
tion. La gestion des risques fait partie L. V. : Dans le secteur bancaire, il y a une qu’on ne puisse pas lui imposer le plan
d’une direction qui comprend égale- « muraille de Chine » entre l’audit qui est d’audit. Le plan d’audit, c’est l’entreprise
ment le contrôle interne et l’audit le contrôle périodique, et le contrôle perma- qui le fait, mais il faut que l’audit puisse
interne. L’audit interne ayant quand nent qui couvre les risques, la conformité, et dire : « il y a tel problème dans telle
même un statut spécial parce qu’il est le contrôle au fil de l’eau. Ce qui est une entité, il faut faire une mission ». Enfin,
branché directement sur le directeur bonne organisation pour les banques n’est l’audit doit être totalement indépendant
général et sur le président du comité pas nécessairement applicable pour les dans les conclusions, quitte à ce que
d’audit. Cette direction procède au repé- autres secteurs d’activité. Qu’en pensez- l’entreprise prenne la responsabilité de
rage des risques et à l’évaluation de ce vous ? ne pas suivre les recommandations. Il
que l’entreprise fait pour les maîtriser. Il doit conserver son indépendance de
ne s’agit pas d’une simple cartographie, Ph. L. : Dans le secteur bancaire, il y a jugement et pouvoir accéder directe-
mais d’une évaluation du caractère cri- une ambiance particulière. Dans toutes ment au directeur général s’il a quelque
tique et du degré de maîtrise de chaque les activités de marché de capitaux, il y chose à dire. Et au président du comité
risque identifié. Le comité d’audit s’oc- a des gens qui poussent beaucoup pour d’audit.
cupe donc en même temps des risques, faire des résultats, en prenant plus de
prise périodiquement mais en hiérarchi- pas refaire ce qui a été fait, et tirer le Ph. L. : C’est leur responsabilité.
sant leur importance. Si la direction juri- meilleur parti possible des travaux des
dique vous donne un monceau de docu- auditeurs externes. L. V. : Est-ce que le fait d’être certifié,
ments juridiques, vous risquez de Autre point très important, l’audit comme la direction de l’audit interne de
n’avoir aucune idée de ce que sont les externe peut parfois constater des ano- Renault l’est, est un signe de qualité ?
vrais risques. Il faut qu’elle vous parle malies mais ne pas les faire remonter
franchement, en disant : « telle affaire dans la hiérarchie de l’entreprise parce Ph. L. : Oui. Je n’ai pas d’expérience
est compliquée, mais nous sommes sur que ce n’est pas un problème prioritaire. générale, mais je suppose qu’il doit y
une assez bonne position ; sur telle Par exemple, le système comptable de avoir des différences de niveau assez
autre, notre position est délicate, etc. ». l’entreprise n’est pas bien tenu dans grandes dans la qualité des services
Pour un président du comité d’audit il telle filiale, même si les chiffres sont d’audit interne des entreprises. Cela
est important d’avoir une relation de exacts. L’audit externe ne devrait pas peut-être lié au secteur d’activité ou à la
confiance avec les personnes de l’entre- s’en tenir aux chiffres, mais signaler qu’il culture même de l’entreprise mais c’est
prise qui agissent dans le domaine du y a des faiblesses dans la tenue du sys- peut-être aussi lié à d’autres questions
contrôle. tème comptable. S’il ne le fait pas, ces telles que la carrière des auditeurs. Qui
faiblesses ne seront vraisemblablement sont-ils ? D’où viennent-ils et où vont-
L. V. : Doit-il y avoir des relations étroites jamais corrigées. ils ?
entre audit interne et audit externe ? Mon sentiment, c’est qu’il y a plusieurs
L. V. : Est-ce que les commissaires aux systèmes qui peuvent fonctionner. L’au-
Ph. L. : Les travaux des commissaires comptes doivent s’appuyer sur les travaux dit peut être une étape valorisante dans
aux comptes sont à la fois utiles et de l’audit interne ? une carrière comme souvent dans les
nécessaires. Ils voient les choses dans un banques. Les jeunes gens brillants vont
état d’esprit différent. Ils travaillent Ph. L. : S’ils le veulent, oui. passer quelques années à l’audit. Cela
d’abord pour eux-mêmes, pour fiabiliser complète leur formation et leur connais-
les chiffres, les comptes qu’ils certifient. L. V. : Leurs normes disent qu’ils peuvent le sance de l’entreprise. Et ensuite, ils sont
Ils n’ont pas le même point de vue que faire. Encore faut-il qu’ils aient une certaine mis en orbite pour occuper des postes
l’audit interne de l’entreprise. Dans un assurance de la qualité des travaux de l’au- plus importants.
schéma idéal, l’audit interne doit se dit interne. Faut-il recruter des auditeurs qui vien-
coordonner avec l’audit externe pour ne nent d’ailleurs ? Ou bien faut-il prendre
© Renault
très majoritairement des agents qui ont tence. Deuxièmement, il faut qu’il De plus en plus dans les entreprises, il y
déjà des expériences dans l’entreprise ? connaisse l’entreprise, ou qu’il apprenne a des directeurs de l’éthique. Je crois que
Je pense que les deux sont possibles. à la connaître rapidement. Troisième- c’est une bonne tendance, et que
Mais s’ils viennent d’ailleurs, il faut ment, Il doit savoir distinguer l’impor- l’éthique a été un peu négligée. La
qu’ils apprennent l’entreprise. Et peut- tant du moins important. Sinon, on peut réglementation ne peut pas tout faire. Et
être l’audit aussi parfois, s’ils sont très être très vite noyé dans les observations, les réglementations internes dans les
jeunes. Mais après tout, les cabinets les recommandations, etc., et ne pas entreprises doivent être appliquées avec
d’audit font de la formation et le sys- projeter sur le management des mes- un état d’esprit éthique positif, dans le
tème fonctionne. Si l’on prend des sages clairs et centrés sur l’essentiel. souci du bien de l’entreprise, de ses
agents internes à l’entreprise, il faut Cela suppose un esprit tourné vers l’ef- clients, de ses salariés et des autres par-
qu’ils aient suffisamment l’envie de ficacité. Quatrièmement, il faut qu’il ties prenantes.
prendre la position de l’auditeur et de se fasse preuve de caractère, sache gérer les
former. conflits avec les services audités ou le L. V. : Faites-vous une différence entre la
management, et sache résister aux pres- conformité et l’éthique ?
Pour revenir à la certification de la direc- sions le cas échéant.
tion de l’audit interne de Renault, cette Ph. L. : Oui. La conformité : quand il y a
démarche a eu aussi le mérite de mettre L. V. : Doit-il jouer un rôle particulier dans des règles claires : on les respecte ou
l’organisation sous tension et de lui faire le domaine de l’éthique ? pas. Le besoin d’éthique apparait dans
aspirer aux meilleurs standards de la toutes les autres circonstances, lorsque
profession. Ph. L. : Bien sûr. L’éthique est un état les règles ne dictent pas strictement le
d’esprit qui doit imprégner tout le comportement ; l’éthique se réfère à des
L. V. : Qu’attendez-vous du responsable de monde. L’audit doit projeter une image valeurs supérieures, qui aident à distin-
l’audit interne ? de bon comportement. Et il peut repérer guer ce qui est souhaitable et ce qui ne
beaucoup de choses et réagir en consé- l’est pas.
Ph. L. : Premièrement, le responsable de quence. Si c’est de la fraude, elle doit
l’audit interne doit être compétent dans être traitée par des spécialistes de la L. V. : Merci Monsieur le Président de nous
le métier d’audit. Les certifications sont fraude. avoir accordé ce long entretien.
un bon moyen de jauger cette compé-
© Renault
L’audit interne :
une fonction exigeante
aux multiples facettes
Benoît Harel, Directeur, IFACI Certification
Pour atteindre ses objectifs, le directeur général doit pouvoir s’appuyer sur une entre- fréquemment mise en avant dans les
appréciations formulées.
prise en bon ordre de marche. L’audit interne est une des fonctions essentielles sur
lesquelles compte ce directeur pour compléter son orientation externe par une vision Des rapports orientés vers la
interne. Que demande celui-ci aux auditeurs ? Des conclusions spécifiques (éviter décision et l’action
les considérations d’ensemble) ; des rapports orientés vers la décision et l’action ;
des réactions rapides, en cas de coups durs ; des informations sur les pratiques de Les synthèses des rapports, orientées
vers la décision et l’action, doivent clai-
gouvernance et d’audit d’organisations comparables ; la capacité à démontrer la
rement mettre en regard probléma-
couverture adéquate des activités de maîtrise des risques majeurs de l’organisation, tiques relevées et solutions envisagées,
et bien d’autres choses encore, qui font l’objet de cet article. sur lesquelles le directeur général
conserve un droit de regard et de suite
dans son pilotage managérial. La syn-
B
ien des préoccupations exté- vent être généralisés que lorsque cela est thèse doit attirer l’attention d’un haut
rieures retiennent l’attention d’un vraiment pertinent. Il est préférable pour dirigeant sur les points clés de son
directeur général. Les interactions un haut dirigeant de disposer de conclu- champ de responsabilité et sur lesquels
avec les investisseurs et actionnaires, les sions spécifiques sur une entité précise ce dernier peut s’impliquer. Plus préci-
clients, les fournisseurs et les banques que de considérations d’ensemble mais sément, le dirigeant apprécie une ana-
sont souvent délicates ; afin de disposer trop vastes pour responsabiliser les lyse solide des sources de déficiences,
d’une marge de manœuvre suffisante, le managers concernés. En revanche le une mise en ordre et une connexion des
directeur général doit pouvoir s’appuyer partage et la dissémination de bonnes causes multiples, souvent connues mais
sur une entreprise en bon ordre de pratiques identifiées lors des audits font entremêlées dans plusieurs champs de
marche pour atteindre les objectifs partie des requêtes habituellement pré- responsabilité.
annoncés. L’audit interne fait partie de sentées au responsable d’audit interne.
ces fonctions essentielles sur lesquelles Bien sûr, l’audit interne doit s’attacher à
ce directeur général doit pouvoir comp- La remontée d’informations du terrain, prévenir les mauvaises surprises, surtout
ter pour compléter son orientation analysées et mises en perspective mais lorsqu’il s’agit des sécurités fondamen-
externe par une vision interne. Plusieurs sans le filtre du management intermé- tales d’une organisation. Tous ses efforts
enseignements émergent en ce sens de diaire, est un atout apprécié de l’audit doivent porter sur le maintien d’un
nos entretiens avec les directeurs géné- interne. Assurer, sans déformation ni contrôle de base sur les activités opéra-
raux qui ont soutenu leur département censure, une boucle de retour aux déci- tionnelles. Il doit disposer de méca-
d’audit interne vers la Certification pro- sions et orientations déployées est indis- nismes pour capter les signaux faibles et
fessionnelle IFACI. cutablement une source de valeur pour synthétiser ces faisceaux. En cas de coup
le dirigeant. L’application ferme des dur, l’audit interne doit pouvoir être prêt
Les enseignements des missions ne doi- principes d’honnêteté et d’intégrité est à réagir rapidement pour limiter les
conséquences d’une faiblesse mal anti- schématiser et structurer l’information hésiter à poser des questions déran-
cipée et non détectée. Dans le même correspondante, il apparaît que cette geantes au management, de façon cour-
ordre d’idée, le rapport d’audit doit faire information n’a pas un caractère de toise, mais directe et ferme. Savoir se
l’objet d’un portage oral, souvent appré- conviction et d’attention suffisante pour rendre indispensable ; en faire toujours
cié du directeur général pour lui éviter être utilisée voire comprise par le diri- un peu plus que demandé, notamment
de sur-réagir à une conclusion négative, geant. Il est souvent noté que, s’il n’y a sur la bonne application des stratégies
tout en montrant aux audités que le rap- pas bijection systématique entre les et l’utilisation des ressources, sans
port est lu et que le message essentiel actions stratégiques et opérationnelles contribuer au désengagement du mana-
est bien passé. de l’organisation et leur audit, un lien gement opérationnel de ses responsabi-
clair est à mettre en évidence. lités, constitue un facteur clé de succès
Se tenir informé pour l’audit interne. A contrario, savoir
Le reporting de tendances plurian- se restreindre et rester modeste sur les
Le responsable d’audit interne doit éga- nuelles des conclusions d’audit fait par- sujets inédits ou complexes, puis définir
lement se tenir informé des pratiques de tie des points d’attention : mettre en évi- les points clés en allant jusqu’au bout du
gouvernance et d’audit des organisa- dence les évolutions des différentes raisonnement d’audit, fait partie des exi-
tions comparables. Le directeur général, entités entre deux audits est une infor- gences d’un dirigeant vis-à-vis de son
souvent administrateur d’autres organi- mation recherchée. Souligner les pro- service d’audit interne.
sations, souhaite fréquemment obtenir grès et alerter sur les dégradations
des éléments de positionnement et de constitue une mise en perspective utile
maturité de son gouvernement d’entre- pour le management. Elle permet de
prise par rapport à celui de ses pairs. rendre compte des efforts accomplis et
C’est pourquoi il est intéressant que les de réagir en cas de situations à risque.
synthèses annuelles de l’audit interne
donnent des éléments d’évaluation des Sauvegarder l’objectivité de l’audit
processus clés à la fois en « valeur abso- interne, dans la vision des dirigeants, ne
lue », mais également en valeur relative signifie pas de s’abstenir de préjuger au
par rapport aux bonnes pratiques de la lancement d’une mission. Au contraire,
place. Le responsable d’audit interne est un haut manager attend de son audit
considéré comme le garant de la confor- interne la formulation d’une probléma-
mité aux pratiques attendues d’une tique claire et l’établissement d’hypo-
bonne gouvernance de l’organisation. thèses favorables ou défavorables pour
mieux orienter les travaux d’audit. Il est
Dans le même ordre d’attentes, le direc- nécessaire de savoir envisager le pire.
teur général est soucieux de donner L’audit interne doit rester rigoureux pour
satisfaction, dans la mesure du possible, confirmer ces hypothèses ou les remet-
aux administrateurs membres du comité tre en cause sur la base de ses travaux.
d’audit, notamment dans leurs
demandes en matière d’audit interne. Il Dans le prolongement de ce point, le
est judicieux de bien anticiper puis cer- directeur général apprécie que figurent
ner ces demandes, implicites ou expli- parmi les objectifs de la mission les
cites, et d’en assurer un traitement par- questions qu’il se pose, interrogations
ticulier sinon privilégié, puis de rendre formulées ou non en termes managé- Dans sa relation privilégiée avec le
compte de leur bonne fin à la direction. riaux. La capacité de l’audit interne à directeur général, le responsable d’audit
D’autant que ces demandes conduisent formuler des réponses pertinentes, interne est sur la sellette : son avis doit
plutôt rarement à un bouleversement du étayées et substantielles à ces questions compter au plus haut niveau et ses opi-
plan d’audit ; il s’agit bien souvent de est considéré comme un pilier de sa nions vont éclairer le processus de prise
complément ciblé sur des préoccupa- valeur ajoutée. Sans problématique cor- de décision. Le soutien du dirigeant est
tions issues d’informations externes ou rectement cernée, la « dissertation » un atout dans la recherche d’un service
internes. d’audit à toute les chances de décevoir. à valeur ajoutée pour l’organisation ;
cette reconnaissance et ce soutien se
Parmi les desiderata fréquemment ren- Savoir se rendre indispensable conquièrent progressivement, et doivent
contrés se trouve la capacité à démon- être préservés de façon attentive dans la
trer la couverture adéquate des activités En matière d’objectivité, il n’est pas durée pour promouvoir plus d’efficacité
de maîtrise des risques majeurs de l’or- attendu du responsable d’audit interne tout en garantissant les sécurités.
ganisation. Malgré les efforts de créati- de rechercher le consensus à tout prix,
vité des services d’audit interne pour car il faut savoir déplaire, mais ne pas
Comment l’audit interne du groupe Arcade peut-il répondre aux attentes diverses
de ses parties prenantes qui sont : le comité exécutif, les directeurs généraux et les
managers, chacune de ces entités ayant ses besoins propres ? Le comité exécutif est
très attaché à la conformité, au respect des lois et règlements. Les directeurs géné-
raux demandent de la conformité ou du conseil, en fonction de la maturité du dis-
positif de contrôle interne. Les managers font passer le conseil devant la conformité.
© Groupe Arcade
Résidence MILIN – Saint-Herblain (44) – Architecte : Vincent PERRAUD – Photo : Guillaume AYER
seront en attente d’un retour sur la nir des priorités cohérentes avec les audits de conformité, avec une teinture
conformité ou bien de conseils sur le objectifs du groupe. Sur les missions de conseil. En fait, l’activité de conseil
dispositif de contrôle interne. d’audit, environ 50 % émanent du s’intègre naturellement dans les mis-
D’autres demandes de conseil peuvent comité exécutif, et 50 % des directions sions d’audit.
se traduire par des missions spécifiques générales. Cette approche équilibrée et
intégrées au plan d’audit ou bien par des voulue, a pour but que ces deux parties La satisfaction des parties
sollicitations ponctuelles au fil de l’eau. prenantes participent à la demande des prenantes
Les managers font passer le conseil missions d’audit. On veut s’assurer que
devant la conformité. la fonction audit présente une utilité Une mission d’audit a pour but d’éva-
dans le groupe, pour le comité exécutif, luer le dispositif de contrôle interne, son
Les demandes de missions sont forma- comme pour les directions générales. efficience, sa pertinence. La mission va
lisées dans le plan d’audit. Elles reposent Concernant les attentes, les audités sont également s’assurer que les lois, les
sur une analyse des risques afin de défi- prévenus que nous menons a priori des règlementations, les procédures sont
respectées. Après quoi, des recomman-
Demandes des parties prenantes dations seront émises, ce qui peut être
Evaluation du considéré comme du conseil intégré
contrôle Plan d’audit dans le corps même de la mission d’au-
interne par la Conseils dit. En fait, conseil et conformité sont
société et Audit de conformité souvent entremêlés. Si l’on dit que la
Audit
l’audit interne Ponctuels procédure n’est pas respectée et que l’on
Conseil
Volet Conformité Volet Conseil
en reste là, on fait de la conformité. Si
l’on évalue la procédure, sa pertinence,
Maîtrisé - - -
les améliorations à apporter, on fait du
conseil pour améliorer le dispositif de
A consolider contrôle interne. De fait, les attentes de
conseil des managers et des directions
A développer générales sont intégrées, même si le
besoin n’était pas identifié de façon pré- avec les deux autres membres du peux être sollicité en tant que conseil
cise au départ. comité. Par ailleurs, j’assiste aux conseils pour aider à identifier les facteurs de
d’administration de la société mère du risques pouvant affecter sa réalisation.
De façon pragmatique, comment peut- groupe et à différents comités transver- Ou bien dans une mission d’audit pour
on mesurer la satisfaction des audités et saux (comité financier, groupe de travail vérifier que les orientations données par
des demandeurs d’audit ? Il y a plu- risque et qualité…). Je peux aussi parti- le comité exécutif se déclinent bien au
sieurs niveaux de réflexion. Le premier ciper aux conseils d’administration des niveau des sociétés. C’est une phase
niveau, c’est le constat de conformité : filiales si je le souhaite. L’audit interne d’exécution et non pas une phase de
nos constats sont-ils objectifs ? Le rap- est donc impliqué de façon naturelle réflexion prospective en amont.
port donne-t-il lieu à des contestations, dans la marche de l’entreprise.
des discussions sur les constats ? L’adaptation du service
Sur les prises de décision qui reposent d’audit interne à l’évolution
Le deuxième niveau concerne les sur des réflexions liées au contrôle permanente du métier
recommandations proposées aux mana- interne, je peux être consulté, comme
gers et à la direction générale au cours pour tout sujet significatif qui relève du Pour suivre l’évolution permanente de la
d’une réunion de synthèse à l’issue de contrôle interne. profession, nous avons recours à la for-
la mission d’audit. Elles sont émises Pour tout ce qui concerne la stratégie je mation. Aussi, pour mettre à niveau nos
pour apporter une valeur ajoutée au dis- ne suis pas consulté. Est-ce que l’audit compétences, nous faisons appel aux
positif de contrôle interne. Sont-elles doit être en amont en consultation sur formations de l’IFACI pour suivre les
acceptées ou refusées ? Sont-elles vali- les grandes décisions stratégiques ? Je évolutions des normes professionnelles
dées par la direction générale. Une fois ne le pense pas. Ce n’est pas notre pra- de l’audit, des bonnes pratiques de
validées, elles sont alors inscrites dans tique. Le comité exécutif s’appuiera contrôle interne. J’ai également passé la
un plan d’actions. Le manager concerné, davantage sur des études prospectives certification professionnelle « Certified
indique la date et le responsable de sa (études de marchés, plans à moyen Internal Auditor » de l’Institut des audi-
mise en œuvre. terme...) ; il prendra ses décisions en teurs internes.
fonction d’un certain nombre de para-
Pour les missions ou les demandes mètres ; il envisagera des probléma- De plus, je participe au groupe profes-
ponctuelles de conseils, l’indice de satis- tiques organisationnelles, l’allocation sionnel « Immobilier locatif » de l’IFACI,
faction peut être mesuré à partir du des ressources, la rentabilité des pistes ce qui me permet de disposer d’un cadre
nombre de recommandations mises en étudiées. La problématique contrôle d’échange de qualité avec d’autres res-
œuvre ou bien encore la demande crois- interne ne sera pas abordée à ce niveau- ponsables d’audits sur la maîtrise des
sante de conseils à l’audit. D’ailleurs, là. risques spécifiques liées à cette activité.
l’audit interne peut être confronté à des Si un objectif stratégique est validé, je Cette ouverture globale me permet
difficultés d’équilibrage entre la confor-
mité et le conseil. Le volume croissant
de missions de conseil ne doit pas se
faire au détriment des missions clas-
siques. D’un point de vue concret, j’en
suis plutôt à limiter les conseils à un cer-
tain niveau pour pouvoir respecter le
plan d’audit.
Direction générale Plan d’audit COMEX Dans ce contexte positif, les audits de
conformité prévus au plan d’audit
consomment moins de ressources. Les
gains de temps dégagés permettent de
mieux répondre aux demandes de
1e Ligne de maîtrise 2e Ligne de maîtrise 3e Ligne de maîtrise conseil des directions générales sur la
maîtrise des risques. Des synergies entre
l’audit groupe et les acteurs de contrôle
Gestion des risques
interne des sociétés se développent ;
Audit interne retour d’expérience de l’audit sur des
Contrôle interne
bonnes pratiques…
Management Opérationnel Evalue l’efficacité du
Contrôle de gestion contrôle interne et de
la gestion des risques En résumé, l’ouverture de l’audit au
Qualité conseil porteuse de valeur ajoutée pour
les parties prenantes doit rester en cohé-
rence avec la fonction audit dont la mis-
Contrôle permanent Contrôle périodique sion principale reste de réaliser des
audits de conformité. Ces audits, rappe-
lons le, peuvent comporter un volet
d’apprécier l’évolution du métier de Sinon, si le dispositif de contrôle interne conseil plus ou moins développé en
l’immobilier locatif et d’identifier les est à développer ou à consolider, nous fonction de la maturité du dispositif de
adaptations auxquelles le service d’audit définissons alors la bonne pratique. contrôle interne. Enfin, la participation
interne peut être confronté. Nous recherchons les principaux risques des directions générales à l’élaboration
du processus et les contrôles pour les du plan d’audit constitue un facteur
Les champs d’action de l’audit maîtriser. Ensuite nous comparons les positif : leurs attentes sont exprimées, le
interne modes opératoires appliqués sur le « ter- champ d’audit est ouvert.
rain » au regard de cette bonne pratique.
L’audit interne couvre tous les champs En cas d’écarts, nous évaluons leur
d’audit possibles : l’ensemble des filiales impact. Les recommandations intègre-
et des activités du groupe, sans domaine ront la bonne pratique de contrôle 1 Avant prise en compte du dispositif de contrôle
réservé. Il n’y a pas de sanctuaire. Le interne, soit l’angle de conseil souhaité interne.
périmètre est donc large avec des par la direction générale et les mana-
thèmes de missions qui traitent des gers. Cette démarche à valeur ajoutée
risques « bruts »1 opérationnels ou stra- consomme des ressources de l’audit.
tégiques importants. Elle pourrait, si elle était trop fréquente,
affecter alors la réalisation du plan d’au-
On peut cependant rencontrer des dit, engendrant l’insatisfaction des com-
limites. Par exemple, quand l’audit n’a manditaires des missions non réalisées.
pas la compétence pour auditer un sujet Diplômé d’une maîtrise des
qui nécessite une expertise particulière. Il est à noter que les responsables sciences techniques comptables et
Dans ce cas, nous réalisons la mission risques peuvent renforcer les équipes
financières de Paris Dauphine et
en nous appuyant sur des compétences d’audit pour des missions d’audit signi-
titulaire d’un DESCF (Diplôme
externes spécialisées. ficatives après accord de la direction
D’autre part, nous avons vu que les générale concernée.
d’études supérieures comptables et
attentes des directions générales et des financières), Jean-Marc Pluzanski
managers (conseil ou conformité) pou- Au-delà, le bon équilibre repose dans la a débuté sa carrière au sein du
vaient varier selon la maturité du dispo- complémentarité existante entre les trois cabinet d’audit Mazars de 1987 à
sitif de contrôle interne. Elle impacte lignes de défense du contrôle interne : 1994, où il assurera les responsabi-
aussi le déroulement des missions d’au- les managers, les responsables risques, lités de chef de mission pendant 4
dit. Si le dispositif est maîtrisé, la mis- contrôleurs internes des sociétés…, et ans, avant d’intégrer le groupe
sion se déroulera alors sans difficultés l’audit groupe. En effet, les missions Arcade en 1994 en qualité de direc-
particulières sous l’angle de la confor- d’audits ponctuels ne se substituent pas
teur de l’audit interne.
mité. à la responsabilité des sociétés quant à
Le contrôle interne
au ministère de la Défense :
une organisation spécifique
vités de chacun (dans les autres minis- le chef d’état-major des armées qui est
tères, le contrôle interne et l’audit légitime ; pour l’équipement des forces,
interne sont directement placés sous la la préparation du futur des systèmes de
coupe du secrétaire général). Dans ce défense et les exportations, c’est le délé-
contexte, la mise en œuvre de l’audit gué général pour l’armement qui est
ministériel relève du contrôle général légitime ; pour ce qui nous concerne, la
des armées, inspection générale minis- légitimité du SGA, et donc du secrétaire
térielle. Schématiquement nous dispo- général pour l’administration, se trouve
Jean-François Charbonnier sons actuellement d’un système à deux dans le soutien général du ministère
Chef de la mission d’audit interne, étages : un système qui s’appuie d’une permettant aux autres composantes du
Secrétariat général pour part sur l’inspection générale ministé- ministère de se consacrer à leur cœur de
l’administration, Ministère de la rielle et d’autre part sur les structures métier. De plus, ce dernier exerce un rôle
Défense d’audit infra ministérielles des trois particulier en matière de modernisation
grands subordonnés, des missions d’au- du ministère. Il assure le pilotage et la
dit spécifiques aux armées (le C2A – coordination des politiques transverses,
centre d’audit des armées), à la direction délivre des prestations de service dans le
L
’organisation du contrôle interne générale de l’armement et au secrétariat cadre de politiques spécifiques et assure
au ministère de la Défense est général pour l’administration (SGA). l’interface interministérielle. Il s’appuie
régie par le décret n° 2011-775 du Dans cet ensemble, j’ai la responsabilité ainsi sur des directions et services que
28 juin 2011 qui dispose « pour le minis- de la mission d’audit interne du SGA. l’on retrouve dans tout secrétariat géné-
tère de la Défense, le contrôle interne est mis ral et sur des entités spécifiques au
en œuvre sous l’autorité du chef d’état- Le secrétaire général pour l’administra- milieu de la Défense : la DRH-MD,
major des armées, du délégué général pour tion détient la plupart des pouvoirs des DRH centrale du ministère ; la DAF, res-
l’armement et du secrétaire général pour secrétaires généraux des autres minis- ponsable budgétaire et financier ; la DAJ
l’administration, dans leurs domaines de tères sans exercer une fonction de type garante des normes juridiques ; la
compétences respectifs ». Ce qui veut dire « vice-ministre », laquelle est de fait par- DMPA, responsable de la politique de
que notre ministère, comparé à un autre tagée entre les trois grands subordonnés mémoire, de la politique immobilière,
ministère, présente la particularité d’un en fonction de leurs domaines de com- du patrimoine culturel et des archives ;
partage tripolaire, en fonction des acti- pétences : pour l’emploi des forces, c’est le SID, maître d’ouvrage en matière
d’infrastructure ; la DSN, pilote du lien bien là toute la problématique d’un que la fonction d’audit interne est à la
entre les armées et la jeunesse ; le SPAC manager des risques. Pour moi l’agréga- hauteur des enjeux et de leurs attentes.
responsable du soutien de l’administra- tion ou non des risques est un sujet fon-
tion centrale. damental. Outre sa propre analyse, l’au- Le comité d’audit
dit interne est intéressé à la fois par la
La mission d’audit interne vision globale issue de la cartographie Nous n’avons pas, aujourd’hui, de
du SGA d’ensemble et, en fonction de ses carac- comité d’audit stricto sensu. Sous cer-
téristiques, par le risque élémentaire qui tains aspects, nous faisons jouer ce rôle
J’ai créé, il y a cinq ans, la mission d’au- peut exister dans la direction A, B ou C. au comité de direction, par exemple en
dit interne du SGA, structure modeste lui demandant d’avaliser le plan d’audit.
de 7 auditeurs. L’idée de départ a été de Le rôle des parties prenantes De fait, les attentes du comité de direc-
voir comment amener les directions et tion sont sensiblement les mêmes que
les services à adhérer à la démarche On peut avoir une vision extrêmement les attentes des directions et services, et,
novatrice voulue et impulsée par le large de la partie prenante, qui peut aller comme eux, le comité est souvent en
secrétaire général, tout en recherchant à d’un directeur jusqu’au collaborateur. Si attente de missions de conseil plutôt
montrer la valeur ajoutée pour chaque je tente de définir une partie prenante que d’assurance. Il en résulte un « risque
partie prenante. J’ai demandé à chaque « c’est toute personne qui a pouvoir de déci- d’audit » à ne pas négliger de dérive vers
directeur, lors d’un entretien particulier, sion pendant la réalisation de l’audit, en des missions dans lesquelles l’auditeur
d’identifier ses principaux risques, ce qui particulier pendant la prise d’actions liées pourrait se substituer à l’audité, perdant
n’a pas toujours été aisé ; en effet, il est aux résultats de l’audit et à leur mise en son indépendance en devenant acteur
toujours plus facile, du moins en appa- œuvre. D’une manière générale, les parties de la mise en œuvre de ses propositions.
rence, d’identifier les risques de la direc- prenantes sont donc les bénéficiaires de Par exemple, une question d’audité
tion voisine. A cette date, le ministère de l’audit. » « vous avez réalisé un état des lieux du
la défense venait, en précurseur, de lan- déploiement de tel dispositif, un audi-
cer le déploiement du contrôle interne Au sein du SGA, ma première partie teur ne pourrait-il pas nous aider à
comptable et l’organisation ministérielle prenante, c’est le secrétaire général. Je déterminer les actions à mettre en
associée afin de satisfaire aux obliga- dépends de lui et c’est lui qui légitime œuvre face aux propositions ! » Les mis-
tions de la LOLF et aux demandes du mon action. sions de conseil doivent donc être bien
certificateur des comptes de l’Etat1. cernées et bien périmétrées avec un
On sent poindre de nouvelles parties mandat extrêmement clair.
A partir du matériau recueilli, j’ai bâti prenantes : le contrôle général des
une première liste de thématiques d’au- armées, l’inspection des armées, les D’une manière générale, concernant ce
dit, qui a été soumise au comité de armées, la DGA, le CGFI,… sans oublier que pourrait être un comité d’audit
direction tout en expliquant à ses mem- la Cour des comptes qui a ses propres interne au niveau infra-ministériel, il
bres pourquoi il était proposé d’auditer besoins lorsqu’elle mène ses enquêtes. importera de le définir en fonction des
tel et tel domaine. Quand on parle de la Cour, de quelle besoins du décideur dont dépend l’audit
Cour parle-t-on ? De la Cour en tant interne et qui le légitime ; ce doit être
Plus récemment, dans le cadre d’une que magistrat, juge des comptes ? Ou de avant tout, un outil à sa main. Ce n’est
démarche de « management et contrôle la Cour en tant que certificateur des pas parce que les structures d’audit sont
interne », des chargés de mission placés comptes de l’Etat ? Ce sont des rôles démultipliées que le comité d’audit de
auprès du secrétaire général ont piloté extrêmement différents exercés par les plus haut niveau doit être systématique-
l’élaboration d’une cartographie des mêmes acteurs. Dans un cas c’est le ment démultiplié. Cela mérite réflexion.
processus qui s’enrichit de mois en magistrat qui intervient, dans l’autre Si démultiplication il y a, un axe d’étude
mois. Son objet est d’identifier les pro- c’est le certificateur. Si le magistrat a un pourrait être de définir un comité d’au-
cessus métier sur lesquels travaillent les rôle bicentenaire, le rôle de certificateur dit orienté audit interne et risques, le
directions et services, et les risques qui a moins de dix ans. Lors des entretiens, rapprochement avec les risques sem-
portent sur chacun de ces processus. La il n’est pas toujours facile d’identifier si blant inéluctable. Quelle en serait la
cartographie, réalisée par les acteurs de le questionnement de la Cour émane du composition ? Est toujours posée, pour
chaque métier, vise à être la plus perti- magistrat ou du certificateur. Même si rassurer, la question de la participation
nente possible, c’est cependant une per- c’est clair d’un point de vue dogmatique, des directions et services opérationnels
tinence toute relative. Si un regard exté- c’est plus flou dans la mise en œuvre et par rapport aux personnalités qualifiées
rieur est porté sur cette cartographie, elle dans la possible perméabilité des résul- venant de l’extérieur. De mon point de
pourrait être évaluée de manière assez tats. vue, le comité d’audit à formaliser ne
différente, surtout si les risques de doit pas se transformer en « grand-
même nature ont été agrégés pour en Quelles que soient les parties prenantes, messe » des directions et services. C’est
donner une vision macroscopique. C’est il faut démontrer, à chaque intervention, une instance de travail et non une nième
L
a première partie prenante du sident de ce comité, indépendamment
DAI, c’est la direction générale et Avec le directeur général, les relations du directeur général, qui n’assiste d’ail-
le comité exécutif (Comex). Cinq sont plus informelles. Nous faisons un leurs pas aux réunions du comité.
directeurs généraux délégués ont en point avec lui deux fois par an, de
charge chacun un secteur du groupe. Le manière officielle et, de manière Une gouvernance complexe
DAI dépend directement du directeur impromptue, sur des sujets divers. Nous
général – rattachement hiérarchique – essayons de rencontrer individuellement Pour le comité d’audit, la situation est un
avec un rattachement fonctionnel au chaque membre du comité exécutif au peu particulière : nous sommes un
président du comité d’audit et des minimum deux fois par an, en milieu et groupe de protection sociale qui a une
comptes. en fin d’année pour la préparation du gouvernance assez complexe dans la
plan d’audit. Nous pouvons également mesure où il y a, d’un côté, une partie du
d’audit, le temps soit également partagé tologique que l’on attend d’un tel Une fois par an, avant le comité d’audit
entre les arrêtés de comptes, l’avis des groupe. de janvier où est débattu le plan d’audit,
commissaires aux comptes, les sujets Les administrateurs membres des comi- le président du comité rencontre les
d’actualité, de fiscalité, d’audit interne… tés veulent avant tout comprendre les auditeurs afin d’échanger avec eux sur
Un bon équilibre est respecté avec tou- aspects souvent complexes du groupe et différents sujets : l’année d’audit écou-
jours un temps pour faire un point sur le connaitre l’ampleur des risques. Ils sont lée, les moyens déployés et l’évolution
plan d’audit. Pendant plusieurs années évidemment demandeurs d’une assu- des effectifs, les axes des futures mis-
le comité d’audit et des comptes était rance, plus que de conseil. Des inquié- sions éligibles au plan, etc.
simultanément comité des risques. tudes peuvent conduire le comité à
Lorsque le comité d’audit et la direction demander l’exécution de missions ou la Avec l’évolution de la réglementation,
générale ont pris conscience de l’impor- présentation de certains « reportings », les rapprochements dans le groupe et la
tance de tout ce qui touche aux risques qui ne soient pas nécessairement en mobilité des collaborateurs, l’effectif de
et au contrôle interne, deux entités dis- phase ou en accord avec les demandes l’audit interne varie ces dernières
tinctes ont été créées : le comité d’audit des directions opérationnelles. années entre 12 et 15 personnes.
et le comité des risques.
Le Comex et les deux présidents de Finalement au-delà même de la vérifi-
Le sentiment de responsabilité des comités (le président du comité d’audit cation de la conformité et de l’efficacité
membres du comité est de plus en plus d’AG2R Prévoyance, et le président du des processus de contrôle, je pense que
fort. Ceux-ci se sentent responsables comité d’audit de LA MONDIALE qui la direction générale considère l’audit
non seulement vis-à-vis des assurés et est en même temps président du comité comme un bon prestataire interne de
des clients, mais aussi des instances syn- d’audit et des comptes de la SGAM) conseils, qui peut donner une vision
dicales qu’ils représentent pour les reçoivent des rapports complets, avec claire de certaines situations, que l’on
administrateurs AG2R. Ils veillent à ce une synthèse reprenant les principales n’obtient pas toujours des managers
que le rôle de l’institution soit respecté, actions. Un exposé est fait en séance de respectifs, en lutte avec les problèmes
et à ce que l’on reste dans la ligne déon- comité d’audit. opérationnels quotidiens.
Le Prix Olivier Lemant est destiné à récompenser le meilleur mémoire de Master(e) consacré au
contrôle interne ou à l’audit interne et réalisé dans une université ou une grande école parte-
naire.
Un jury de professionnels, constitué d’Arnaud Miroudel (BNP Paribas), Raphaël Siffert (BNP Pari-
bas), Marc Sordello (CNP) et Philippe Thierry-Mieg (AREVA), ont ainsi primé des études ou
recherches à finalité pratique.
Les mémoires primés en 2013 sont :
• 1er prix – « Guide d’audit de la mise en conformité du middle office des dérivés de gré à gré :
Nouvelle règlementation EMIR » par Loïc Kerboas (IAE Aix-en-Provence)
• 2ème prix – « Contrôle interne et routinisation des pratiques comptables opérationnelles : un
vecteur d’apprentissage ? » par Marine Lacourte (IAE Tours)
• 3ème prix – « La maîtrise des risques liés au processus de gestion des réclamations clients » par
Loïc Kerboas Henri Fritsch (ESC Toulouse)
Auditeur, groupe Crédit
Agricole Vous pouvez consulter ces mémoires sur le site internet de l’IFACI.
D
epuis 2008, les critiques sont titres financiers subordonnés à un sous- contrepartie (survenance d’évènement
devenues de plus en plus vives jacent (les créances initiales), plus de crédit). Les CDS sont, autrement dit,
à l'égard des produits dérivés liquides et échangeables sur les marchés des assurances crédit. Les investisseurs
de gré à gré, et en particulier les dérivés financiers. Il en résulte ce que l'on qua- paient une prime, dont la valeur fluctue
de crédit. Bien qu'ils ne soient pas stricto lifie génériquement d'ABS (Asset Backed en fonction de la confiance du marché
sensu à l'origine de la crise, ils ont été un Securities) et plus spécifiquement des envers la contrepartie et sa solvabilité.
puissant vecteur de contagion, qui de CDO (Credit Default Obligation) qui sont En échange, AIG assume le risque de
l'éclatement de la bulle du crédit immo- issus de la titrisation de créances défaut pour lequel il est rétribué et met
bilier est devenue une crise systémique. diverses (immobilier, auto, consomma- régulièrement en garantie du collatéral
tion...). Ces produits sont ensuite ven- (une provision) lorsque la valorisation
Les produits dérivés de crédit mis en dus à des investisseurs, qui, grâce à des du sous-jacent témoigne d'un risque
cause dans la crise sont des produits effets de levier importants, profitent de accru de défaut.
structurés, c'est à dire une combinaison rendements élevés et a priori sans risque
de plusieurs produits financiers, créés d'après les agences de notation. L'ensemble de ces activités est hors-
grâce au principe de la titrisation et dont bilan. Les contrats sont négociés de gré
l'objectif initial est de se défaire du Par ailleurs, AIG (American International à gré, c'est-à-dire de manière bilatérale
risque de crédit. Ce principe de la titri- Group, a multinational insurance corpora- sans autre tierce-partie pour réguler le
sation permet de transformer des tion) négociait sur les marchés des CDS marché. Autrement dit, le marché n'est
créances à long terme peu liquides, en (Collaterized Debt Obligations) afin de se pas transparent et masque des engage-
majorité des créances immobilières, en couvrir contre le risque de défaut d’une ments colossaux. Entre 1987 et 2009, le
marché des produits dérivés s’est accru vement la chaîne de valeur des produits
de 497 %, atteignant, en 2011, 647 762 dérivés de gré à gré et implique parallè-
milliards de dollars en valeur nominale, lement une mise en conformité de leur
représentant à lui seul plus de 50 fois le processus de gestion, en particulier les Loïc Kerboas a effectué son par-
montant des échanges d’actifs réels et 9 activités de middle office. C'est dans ce cours universitaire en langues et
fois le PIB mondial. contexte que ce travail a été élaboré commerce international, et a tra-
pour constituer un guide d'audit opé-
vaillé dans un institut d'étude mar-
Les dérivés de crédit mis en cause ne rationnel de mise en conformité du
keting sur le secteur de la grande
représentent qu'environ 4 % du marché. middle office des produits dérivés de
Ces chiffres doivent cependant être pris gré à gré. distribution. Après un an d'expé-
avec précaution car ils représentent le rience, il rejoint l'Institut d'Adminis-
montant nominal inscrit au contrat, sans A cet effet, le règlement EMIR introduit tration des Entreprises d'Aix-en-
considérer les principes de compensa- entre autres de nouvelles obligations. Provence dans la filière « audit
tion du portefeuille, de compensation Notamment, les informations sur les interne » ainsi que le CACEIS en
entre les contreparties et de valorisation opérations des dérivés de gré à gré doi- tant que stagiaire. Depuis octobre
au prix du marché. Pour autant, l’opacité vent être collectées par les référentiels 2012, il poursuit sa carrière d'audi-
du marché ne permet pas de mesurer centraux ; les dérivés qui y sont éligibles teur au sein du groupe Crédit Agri-
objectivement l'exposition réelle. D'au- doivent être compensés multilatérale-
cole dans le secteur de l'assurance.
tre part, le marché des dérivés de crédit ment via une chambre de compensa-
Il a obtenu en 2013 le prix Olivier
de gré à gré est un marché concentré tion ; les transactions bilatérales doivent
dont les principales banques euro- être collatérisées afin de réduire le risque Lemant.
péennes et américaines représentent de contrepartie.
près de 85 % de l'activité.
Il est alors essentiel de couvrir les même temps la nécessité de rationaliser
Le marché immobilier américain mon- risques de mise en conformité des ser- les liquidités. La réconciliation et la
trant ces premiers signes de faiblesse a vices de gestion des dérivés de gré à gré. compression de portefeuille sont à cet
révélé la fragilité du marché des produits Notamment en mettant en place des égard des outils d'optimisation.
dérivés ainsi que son caractère systé- points de contrôle afin d’accompagner
mique. C'est ce qu'avait soulevé dès la mise en conformité et de garantir une Par ailleurs, il faut souligner le transfert
2003 Warren E. Buffet en qualifiant les gouvernance intégrée et efficace ; l'adé- du risque systémique des grandes insti-
produits dérivés de « bombes à retarde- quation de l'organisation des services de tutions bancaires vers les contreparties
ment » et d'« armes financières de des- gestion ; l'interopérabilité, l'exhaustivité centrales de compensation concentrant
truction massive ». et la fiabilité des systèmes d'informa- d’autant les risques. Les autorités de
tion ; l'encadrement juridique des tutelle devront exercer une surveillance
Les Etats-Unis et l'Europe ont alors accords de partenariats ainsi que la maî- quasi infaillible sur les contreparties
mesuré l'ampleur de la crise et entrepris trise des risques opérationnels (valorisa- centrales, au risque que la prochaine
d'encadrer ce marché jusqu'alors dérè- tion, compensation...). crise impactant, de près ou de loin, le
glementé. Les représentants du G20, marché des dérivés de gré à gré ne se
réunis à Pittsburgh en septembre 2009, Il est évident que le renforcement de la propage irrémédiablement à l’ensemble
vont dès lors prendre l'engagement de législation modifie substantiellement les des institutions financières. C’est à ce
réguler le marché des dérivés de gré à processus de gestion des produits déri- titre que l’Union européenne s’est dotée
gré avec pour objectifs de le rendre plus vés. Les nouvelles exigences de com- d’une nouvelle infrastructure de marché
transparent, de prévenir les risques sys- pensation, de valorisation et de gestion créant quatre nouvelles autorités de
témiques et de protéger les consomma- du risque de contrepartie requièrent tutelle et de surveillance du système
teurs contre les abus de marché. Dès d’importants moyens techniques et financier dont le centre européen du
2010, le Dodd-Franck Act est adopté aux humains d'évaluation des risques. risque systémique (CERS). Cependant,
Etats-Unis. En Europe, le règlement sur Néanmoins, les apports de la règlemen- les mesures règlementaires d’encadre-
les infrastructures de marché euro- tation permettent avant tout une meil- ment des contreparties centrales suffi-
péennes ou règlement EMIR est longue- leure maîtrise des risques et imposent ront-elles ? Une gouvernance euro-
ment discuté jusqu'à son adoption défi- finalement l’usage de processus de péenne du risque systémique est-elle
nitive en juillet 2012, prévoyant une réduction du risque qui, au demeurant, réellement opérationnelle ? Ces ques-
mise en conformité progressive dès existaient déjà et se sont développés tions émergeront tôt ou tard dans l’ur-
2013. depuis 2008 en raison de la volatilité du gence de la situation mais il n’est pas
marché. En outre, les exigences accrues exclu qu’un travail de fond sur ces ques-
Le renforcement du cadre règlementaire de fonds propres liés à la règlementation tions puisse être mené au travers d’une
du secteur financier impacte significati- de Bâle III mettent en exergue dans le approche par les risques.
Evénements
Quelles sont les règles Quelles sont les erreurs à niveau macro) ou sur des
d’un entretien efficace ? ne pas commettre ? Pas- composantes de l’organisa-
Un travail de préparation : ser outre les points ci-des- tion (opinion de niveau
préparer une grille d’entre- sus. Instaurer un position- micro). L’assurance positive
tien ou un questionnaire ; nement inadéquat (pas de (ou assurance raisonnable)
Comment mener un définir une structure d’en- rapport de force, pas de confère le niveau d’assu-
entretien efficace lors tretien ; mettre en place leçons…) ; négliger rance le plus élevé, c’est
d’une mission d’audit une relation avec l’audité ; l’écoute ; travailler une des opinions d’audit la
interne ? introduire le contexte de « contre » et non « avec » plus solide ; elle nécessite le
l’entrevue (thèmes, objec- les audités ; suivre son niveau de preuve le plus
Réunion mensuelle tifs, plan) ; présenter un guide d’entretien de façon élevé. Une opinion d’assu-
du 18 juin 2013 ordre du jour des sujets à rigide ; traiter des sujets rance négative (ou limitée)
aborder ; s’assurer de la décalés par rapport au constitue une déclaration
Pourquoi l’entretien est-il compréhension de ces pré- positionnement hiérar- selon laquelle rien n’a
un outil essentiel de la requis par l’interviewé. chique de l’interlocuteur. retenu l’attention de l’audi-
mission d’audit interne ? Un travail de communica- Ne pas être le déclencheur teur à propos d’un objectif
Pour « vendre » la fonction tion : laisser parler ou faire d’un entretien conflictuel, particulier ; une telle opi-
d’audit interne, créer un parler l’interlocuteur ; utili- mais savoir le gérer, et nion est moins fiable
lien préalable à la mission ser les bonnes techniques connaître les techniques de qu’une assurance positive.
et établir une qualité de de questionnement ; refor- gestion des comportements
relation (« débloquer les muler les propos de l’inter- difficiles. Comment émettre une
verrous »). Pour accéder à locuteur ; gérer le temps ; opinion ? Une opinion ne
l’information tangible et piloter son propre compor- Comment faire une doit pas être le résultat
intangible et obtenir un tement ; valider les propos bonne analyse de l’entre- d’une réflexion mais celui
maximum d’informations échangés, en fin tien et l’intégrer dans les d’un processus planifié. Le
en un minimum de temps : d’entretien : restituer les conclusions de l’audit ? besoin d’obtenir une opi-
bien entendu les informa- points forts, les faiblesses, Faire le tri entre les infor- nion d’audit et la capacité
tions reçues seront véri- les non-conformités, les mations utilisables et non de l’audit interne à expri-
fiées. possibilités d’amélioration. utilisables. Valider le mer cette opinion dépen-
Un travail de vérification : contenu de l’écrit définitif, dent de plusieurs facteurs
Comment préparer un toutes les informations dans un souci de transpa- tels que comprendre les
entretien d’audit interne ? recueillies doivent être véri- rence, et pour pouvoir ren- besoins des parties pre-
En se documentant sur l’in- fiées. Des tests seront effec- dre non opposable son nantes ; déterminer le péri-
terlocuteur, pour faire un tués, des preuves seront contenu. mètre, la nature, le calen-
travail positif. Les deux par- demandées, des données, drier et l’ampleur du travail
ties (auditeurs/audités) ont des chiffres seront colla- d’audit requis ; s’assurer
tout à y gagner, et l’organi- tionnés. Focus sur les guides que les moyens sont suffi-
sation dans son ensemble Une étape majeure, la pratiques : « Formuler sants pour accomplir le tra-
aussi. En circonscrivant le conclusion : reformuler les et exprimer une vail et en évaluer les résul-
cadre du sujet. En préparant idées force ; demander si opinion d’audit tats. Le responsable de l’au-
les conditions de l’entretien des points importants ont interne » dit interne doit préciser,
à un triple niveau : tech- été omis ; développer des avec la direction générale et
nique (gain de temps, cré- points connexes ou directe- Réunion mensuelle le conseil, les exigences des
dibilité) ; matériel (salle de ment liés à l’audit ; remer- du 12 septembre 2013 parties prenantes en termes
réunion, projecteur…) ; cier son interlocuteur pour d’opinion d’audit, y com-
mental/psychologique le temps accordé et la qua- Qu’est-ce qu’une opinion pris le niveau d’assurance
(courtoisie, cordialité…). lité de l’entretien, de la clô- d’audit interne ? C’est une souhaité.
50% de chances de réussite ture duquel dépendra l’im- assurance ou un avis sur
de l’entretien tiennent à pression sur laquelle restera l’organisation dans son L’opinion et la responsa-
une bonne préparation. l’interlocuteur. ensemble (opinion de bilité de l’auditeur. L’opi-
S’initier à l’audit interne 2j 950 € 1 125 € 10-11 5-6 14-15 4-5 16-17 6-7 1-2 5-6 3-4 7-8 2-3
Conduire une mission d’audit interne : la méthodologie 4j 1 950 € 2 150 € 14-17 11-14 18-21 8-11 21-24 10-13 1-4 9-12 7-10 12-15 9-12
Maîtriser les outils et les techniques de l’audit 3j 1 625 € 1 775 € 21-23 18-20 25-27 15-17 27-29 17-19 8-10 16-18 14-16 18-20 16-18
Maîtriser les situations de communication orale de l’auditeur 2j 1 050 € 1 150 € 24-25 21-22 28-29 18-19 30-31 20-21 11-12 19-20 17-18 21-22 19-20
Réussir les écrits de la mission d’audit 2j 1 050 € 1 150 € 28-29 25-26 25-26 22-23 30-31 24-25 11-12 23-24 21-22 25-26 19-20
Exploiter les états financiers pour préparer une mission d’audit 3j 1 525 € 30-
1 675 € 01/02 20-22 15-17 25-27 4-6
Désacraliser les systèmes d’information 3j 1 525 € 1 675 € 27-29 3-5 25-27 16-18
Détecter et prévenir les fraudes 2j 1 050 € 1 150 € 27-28 24-25 26-27 23-24 23-24 2-3
Le management
Piloter un service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 16-17 23-24 15-16
Manager une équipe d’auditeurs au cours d’une mission 1j 685 € 770 € 25 4 29
L’audit interne dans les petites structures 1j 685 € 770 € 18 28 1
Balanced Scorecard du service d’audit interne 1j 685 € 770 € 22 19 15
Le suivi des recommandations 1j 685 € 770 € 18 11 14 30 18
Préparer l’évaluation externe du service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 20-21 13-14 25-26
L’audit interne, acteur de la gouvernance 1j 685 € 770 € 12 14
Audit interne, contrôle interne et qualité : les synergies 1j 685 € 770 € 19 17 7
Les audits spécifiques
Audit du Plan de Continuité d’Activités - PCA 2j 1 300 € 1 450 € 26-27 25-26 19-20
Audit de la fonction Comptable 2j 1 300 € 1 450 € 15-16 17-18
Audit de performance de la gestion des Ressources Humaines 3j 1 525 € 1 675 € 23-25 27-29
Audit de la fonction Achats 2j 1 300 € 1 450 € 12-13 13-14 23-24
Audit des Contrats 1j 685 € 770 € 1 3 14
Audit de la fonction Contrôle de Gestion 2j 1 300 € 1 450 € 28-29 25-26
Audit de la Sécurité des Systèmes d’Information 2j 1 300 € 1 450 € 20-21 26-27
Audit des Processus Informatisés 2j 1 300 € 1 450 € 17-18 11-12
Audit de la Conformité à la Législation Sociale 2j 1 300 € 1 450 € 25-26 21-22
Audit du Développement Durable 2j 1 300 € 1 450 € 29-30 3-4
Audit des Projets et Investissements Nouveau 2j 1 300 € 1 450 € 9-10 27-28
SE FORMER DANS LE SECTEUR PUBLIC
Le contrôle interne dans le secteur public 2j 1 300 € 1 450 € 14-15 15-16 9-10 14-15
Pratiquer l’audit interne dans le secteur public 4j 1 950 € 2 150 € 26-29 17-20 8-11 10-13
SE FORMER DANS LE SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER
Le contrôle permanent et la conformité dans le secteur 3j 1 525 € 1 675 € 5-7 18-20 11-13
bancaire et financier
Pratiquer l’audit interne dans une banque ou un établissement 4j 1 950 € 2 150 € 10-13 23-26 16-19
financier
SE FORMER DANS LE SECTEUR DES ASSURANCES
Le contrôle interne dans le secteur des assurances 2j 1 300 € 1 450 € 7-8 21-22 5-6 21-22
Pratiquer l’audit interne dans le secteur des assurances 4j 1 950 € 2 150 € 19-22 24-27 15-18 3-6
SE FORMER DANS LES SECTEURS INDUSTRIE ET COMMERCE
Audit de la gestion des stocks et de la logistique Nouveau 2j 1 300 € 1 450 € 30-31 1-2
Audit du processus de ventes Nouveau 2j 1 300 € 1 450 € 3-4 24-25
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FICHE TECHNIQUE
« Gérer efficacement
les identités et les accès »
L
e guide pratique de l’IIA traitant de la « Gestion Schématiquement, il s’agit de gérer les identités et les
des identités et des accès », traduit en 2010 par accès pour maîtriser « Qui a accès à quelles informa-
l’IFACI, reste d’une actualité prégnante. En tions ? » avec comme questions subsidiaires « Pour
effet, rares encore sont les organisations qui ont plei- quel usage ? », « Qui a le droit de gérer quoi ? », « Qui
nement réussi à mettre en place des processus de a délégué quoi à qui ? », etc. Une gestion des identités
gestion des identités et des accès à la fois efficients, et des accès robuste permet donc de poser les fonda-
robustes et durablement fiables. tions d’un contrôle interne efficace en visant l’adéqua-
tion des droits d’accès avec les fonctions, une sépara- Définition et concepts clés
tion des tâches adaptée et « l’auditabilité » du dispo-
sitif. Afin de permettre aux lecteurs d’appréhender l’inté-
gralité du processus de gestion des identités et des
Une mise en œuvre, bien plus délicate accès, le guide pratique propose un rappel des
qu’il n’y paraît concepts clés à appréhender pour conduire un audit
efficace de la gestion des identités et des accès
Multiplication des composants informatiques (appli- (tableau 1) ainsi qu’une modélisation des grandes
cation, bases de données, système d’exploitation, composantes de ce processus (cf. figure 1).
serveurs, poste de travail, réseau, etc.), intégration et
interconnexion des systèmes, extension au-delà des Le guide décline ainsi la notion de provisionnement
« frontières » de l’organisation, architectures distri- (processus qui part de la demande jusqu’à la création
buées, etc. sont autant de facteurs de complexité à du compte utilisateur), la notion d’administration
bien appréhender dans le cadre de la mise en œuvre (processus de surveillance et de suivi durant l’ensem-
d’une gestion robuste des identités et des accès. ble du cycle de vie du compte) et la notion de mise
L’objectif du guide pratique est d’aider à mieux en œuvre des mécanismes d’identification et d’au-
comprendre les enjeux de la gestion des identités et thentification lors de la connexion aux systèmes.
des accès pour l’organisation, et de suggérer aux audi-
teurs internes des points qui méritent un examen plus Gestion des identités / gestion des habilitations :
approfondi. Il peut aider les auditeurs internes, 2 cycles à distinguer
notamment les responsables de l’audit interne, à
comprendre, analyser et surveiller les processus de L’objectif d’un processus de gestion des identités et
gestion des identités et des accès de leur organisation. des accès est de créer, de modifier, de suivre et de rési-
lier les identifiants associés à chaque compte qu’il soit
Que visent les organisations lorsqu’elles mettent en attaché à une personne ou une machine. Les identités
œuvre des processus et des systèmes de gestion des à gérer revêtent des formes multiples et doivent toutes
identités et des accès ? être correctement prises en compte. En effet, visant
• à réduire les risques liés à la sécurité de l’informa- naturellement au premier chef le personnel interne
tion ; des organisations, la gestion des accès doit également
• à renforcer l’efficacité et la transparence des opéra- traiter des « humains » constituant l’écosystème de
tions de gestion des identités et des accès ; l’organisation (prestataires, clients, prospects, usagers,
• à se conformer aux exigences réglementaires rela- fournisseurs, etc.) mais également, dans la perspective
tives à la fiabilisation des dispositifs de contrôle de systèmes de plus en plus étendus et intégrés, de
interne (Cadre de référence de l’AMF, Sarbanes- l’identification et la gestion des accès des « machines »
Oxley, Bâle 2, protection des données personnelles, entre elles.
etc.) ;
• À améliorer le service aux utilisateurs.
Accès Il s’agit de l’information correspondant aux droits accordés à une identité. Ces droits
d’accès peuvent être affectés à des utilisateurs pour leur permettre de réaliser différents
types d’opérations, par exemple : la copie, la modification, la suppression, l’approbation,
la visualisation ou la lecture.
Habilitations Il s’agit de l’ensemble des droits d’accès nécessaires pour réaliser les opérations.
Eléments
Identité Accès
Processus
Provision Administration Mise en œuvre
Actions
• Approbation • Audit et rapprochement • Consignation des actions
• Propagation • Administration des politiques
• Communication • Elaboration d’une stratégie
• Gestion des systèmes
Figure 1 : Relations entre éléments de la gestion des identités et des accès et concepts clés
La gestion des habilitations vise, quant à elle, à créer, Lors de la création d’un nouveau compte utilisateur,
modifier, suivre et résilier les habilitations ou permis- des droits d’accès vont être associés à ce compte. De
sions d’accès attribués aux comptes utilisateurs. par leur connaissance de l’imbrication des systèmes,
Quelle que soit l’approche retenue pour regrouper les les directions informatiques jouent un rôle essentiel
comptes utilisateurs sous des fonctions similaires dans ce processus de provisionnement. Néanmoins,
(groupe de travail, rôles ou profils), l’organisation doit elles ne peuvent pas se substituer au propriétaire du
procéder régulièrement à un inventaire des droits système ou de l’application qui doit prendre la
d’accès pour vérifier que les droits attribués aux utili- responsabilité d’approuver l’attribution des droits
sateurs correspondent à leurs responsabilités effec- d’accès associés.
tives et ont bien pris en compte leurs éventuels
changements de poste. En outre, des procédures d’approbation et de provi-
sionnements spécifiques doivent être en place pour
Demande d’accès, approbation et création traiter :
du compte (provisionnement) • les comptes fonctionnels ou comptes de service
(c'est-à-dire les identités non attachées à des indi-
La gestion des arrivées (création initiale de l’identité) vidus uniques) ;
et la gestion des départs (suppression ou désactivation • les comptes « privilégiés » qui détiennent des droits
de l’identité) constituent des étapes fondamentales du d’accès étendus souvent liés à des fonctions d’ad-
cycle de vie de gestion des identités. Mobilisant diffé- ministration des applications et des systèmes. Ces
rents acteurs (manager hiérarchique, DRH, DSI), elles comptes, permettant un vaste champ d’action,
nécessitent une grande rigueur et une répartition induisent, par nature, un niveau de risque élevé s’ils
claire des responsabilités. Elles feront à ce titre, l’objet ne sont pas utilisés par des personnes fiables et
d’une attention particulière dans le cadre de la mise dûment autorisées.
en œuvre ou de l’audit de la gestion des identités et
des accès. Au cours du processus de provisionnement, les
Le processus de demande de création, suppression ou responsables en charge d’approuver les demandes
modification d’une identité doit décrire précisément, d’accès doivent déterminer si la demande risque de
pour chaque type de compte, la façon dont sont provoquer un conflit de séparation des tâches. Cette
formulées les demandes, à qui elles doivent être analyse manuelle ou automatisée est rendue plus effi-
communiquées, quels sont les délais de traitement et cace si elle s’appuie sur un référentiel de conflits pré-
quelles sont les différentes étapes d’approbation. identifiés (par exemple : enregistrement des factures
Lister et documenter les Être attentif aux différents types de « comptes d’accès » (comptes utilisateurs,
habilitations comptes de services, comptes machine, comptes batch).
Identifier les référentiels et Identifier les mécanismes d’authentification et d’autorisation mis en œuvre
annuaire d’habilitations et plus spécifiquement les « annuaires » sur lesquels vont s’appuyer ces
mécanismes. Dans de nombreux cas, les applications (par exemple un ERP)
s’appuieront sur une couche d’authentification tierce (par exemple une
authentification Windows lors de l’ouverture d’une session sur un poste de
travail).
Identifier les contrôles sur Vérifier s’il y a des écarts entre les référentiels d’habilitation dans les systèmes
les référentiels d’habilita- et l’organisation réelle et, le cas échéant, en comprendre l’origine.
tion
Évaluer comment sont S’assurer que ces contrôles sont documentés et traçables, qu’ils sont
conduites les revues pério- conduits avec une périodicité raisonnable, et qu’ils font l’objet d’actions de
diques des habilitations suivi (correction des écarts, analyse des causes source, etc.).
Tableau 2 : Principaux points de vigilance à bien appréhender lors de chacune des étapes d’un audit
• Les identités possèdent les droits d’accès corres- Le guide pratique propose à l’auditeur une base solide
pondant à ceux approuvés. lui permettant d’orienter et planifier sa revue de la
• Les identités et les droits d’accès associés n’ont pas gestion des identités et des accès. Cette planification
été revus avec le niveau de fréquence attendue. doit naturellement se fonder sur une bonne compré-
• Les identités possèdent des droits d’accès qui ne hension de l’environnement de l’organisation et de
correspondent pas aux droits approuvés. ces processus métiers mais surtout sur une robuste
• Il existe encore, dans l’environnement informatique, analyse des risques.
des identités associées à des utilisateurs qui ont
quitté l’organisation. Pour ce faire, rappelons quelques exemples de risque
• Certains utilisateurs disposent de droits d’accès à prendre en compte dans la planification d’une
sans demande d’accès préalable ou sans autorisa- mission d’audit de la gestion des identités et des
tion de cette demande. accès :
• perte de confidentialité (par exemples divulgation
Ébauche de programme de travail de fichiers de prix client, fuite de fichiers de numéro
de carte de crédit) ;
En outre, le guide pratique propose une liste de • perte d’intégrité (par exemples modification indue
quelques questions permettant à l’auditeur de définir du solde d’un compte, modification non-autorisée
un programme de travail pour couvrir chacun des d’un RIB fournisseur) ;
domaines Administration, Provisionnement et • perte de traçabilité (par exemple : suppression des
Mise en œuvre de la gestion des identités des droits journaux de consignation du nom des personnes
d’accès. ayant autorisé les mises en paiement) ;
• non-efficience (par exemple : multiples opérations
Le tableau 3 en propose une synthèse. manuelles pour réactiver le compte d’un utilisateur
en cas d’oubli de mot de passe).
* *
*
Mise en œuvre • Quelle est l’efficacité des contrôles mis en place pour éviter que certaines personnes
ne contournent les contrôles d’authentification ou d’autorisation ?
• La mise en œuvre des contrôles d’accès par les applications suit-elle toujours la même
approche ?
• Comment les informations sont-elle journalisées, collectées et analysées ?
Rappelons, enfin, que la gestion des identités et des Olivier Sznitkies est titulaire d'un diplôme d'in-
droits d’accès est un sujet d’audit clé dans le sens où génieur IT de l'E.I.S.T.I. et d'un D.E.S.S. de gestion
celle-ci constitue un socle sur lequel vont s’appuyer des entreprises de l'I.A.E. de Paris, et auditeur
bon nombre de « contrôle métiers ». Ainsi, au cours certifié en système d'information (CISA, CISM,
de la revue d’un processus métier (paye, achat, etc.),
CGEIT). Après une expérience comme consultant
dès lors qu’il souhaitera, s’assurer que les contrôles
basés sur des autorisations (autorisation de dépenses, en business intelligence, il a poursuivi sa carrière
autorisation de réviser une limite de crédit, etc.,) sont dans l'audit et le conseil au sein d'Arthur Ander-
en place, l’auditeur devra se poser la question de la sen et KPMG où il a participé au développement
fiabilité de mise en œuvre de ces contrôles dans les des offres de service gestion des risques, audit et
systèmes conformément aux décisions d’organisation contrôle internes, amélioration de la perfor-
et aux habilitations.
mance IT.
Cette dernière question nous renvoie ainsi à la lecture Olivier Sznitkies est actuellement directeur de
et à la mise en œuvre du GTAG 8 – Guide Pratique missions au sein de l'audit interne groupe
d’Audit des Contrôles Applicatifs. Lafarge. Il supervise des missions d'audit opéra-
tionnel et informatique des filiales du groupe
dans une cinquantaine de pays.