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8-004-M-10

ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 8-004-M-10

Antifongiques
O Lortholary R é s u m é. – Des progrès substantiels ont été réalisés au cours des 10 dernières années
M Tod dans le domaine de la thérapeutique des mycoses systémiques. Ceux-ci sont liés à une
B Dupont meilleure connaissance de l’épidémiologie de ces infections et à un diagnostic plus précoce
d’un certain nombre d’entre elles, mais également à une meilleure utilisation des
antifongiques existants. Face à l’extension de la résistance, notamment chez les levures, et
pour améliorer la tolérance des traitements antifongiques, de nouvelles molécules ont été
récemment développées. Elles appartiennent ou non aux classes thérapeutiques existantes,
et sont en cours d’investigation microbiologique, pharmacologique et clinique. Enfin, de
nouveaux produits, efficaces et bien tolérés, ont été commercialisés pour le traitement des
mycoses superficielles.
© 1999, Elsevier, Paris.

Introduction représenté des étapes importantes dans l’amélioration de l’efficacité, mais


également de la tolérance des antifongiques systémiques. De nouvelles
molécules, appartenant ou non aux classes thérapeutiques déjà disponibles,
La pathologie fongique a subi des changements importants au cours des
sont en cours de développement in vitro, en expérimentation animale, et pour
10 dernières années. Un des faits marquants est l’augmentation du nombre certaines d’entre elles, dans de larges protocoles thérapeutiques
des mycoses systémiques. Celles-ci sont nosocomiales, à la faveur de multicentriques internationaux.
l’intensification des protocoles d’immunosuppression en oncohématologie,
en transplantation et en immunopathologie. Elles sont également La constitution anatomique et la physiologie des champignons (levures ou
communautaires, notamment au cours de l’infection par le virus de filamenteux) sont bien particulières, différentes entre autres de celles des
l’immunodéficience humaine (VIH) et à la faveur des voyages pour les bactéries ; de ce fait, la plupart des antibactériens ne sont pas antifongiques.
mycoses endémiques. De nouveaux agents fongiques ont émergé La composition de la paroi cellulaire, du matériel qui l’entoure et de la
parallèlement chez des patients aux défenses immunitaires amoindries, tels membrane cytoplasmique joue un rôle considérable dans la perméabilité de
Trichosporon sp., Scedosporium sp. et Fusarium sp.. Les mycoses la cellule. Toute substance susceptible d’agir sur les cellules fongiques doit
cutanéomuqueuses ont été également en pleine expansion chez les sujets d’abord traverser ces enveloppes formées de chitine (absente chez les
infectés par le VIH, sauf au cours des 2 dernières années, où l’arrivée des bactéries et les actinomycètes), de polyosides (glucanes, mannanes) liés à des
antirétroviraux antiprotéases s’est accompagnée d’un effondrement des protéines, de phospholipides et de stérols (absents chez les bactéries).
infections opportunistes en général et des mycoses en particulier. Ces La chimiothérapie des mycoses date de 1903, quand De Beurmann et
dernières n’ont cependant pas complètement disparu et surviennent alors chez Raymond préconisent l’iodure de potassium par voie orale dans le traitement
des patients en échappement thérapeutique, ou inconnus comme séropositifs. de la sporotrichose. Aux anciens agents chimiques actifs sur les mycoses
L’usage extensif des antifongiques azolés disponibles par voie orale s’est superficielles, comme les sels de métaux lourds (mercure [Hg], argent [Ag],
accompagné de l’apparition de résistances microbiologiques avec des échecs cuivre [Cu], zinc [Zn]), les métalloïdes (F1, C1, Br, I, Se...), les composés à
cliniques et un risque de transmission de telles souches aux sujets contacts, en base de soufre, les dérivés benzoïques, phénoliques, les quinones, les
milieu hospitalier ou non. colorants, de nouveaux composés à base d’ammonium quaternaire, d’acides
gras (acide undécylénique), de tolnaftate (naphtiomate) et des dérivés azolés
La thérapeutique antifongique est longtemps restée cantonnée à un petit ont été ajoutés.
nombre de médicaments, en particulier dans les mycoses systémiques.
L’amphotéricine B (AmB) par voie intraveineuse, chef de file chronologique Dans le traitement des mycoses systémiques, pendant une période de 50 ans,
des antifongiques systémiques, reste la première en efficacité, notamment les seuls médicaments utilisables, mais d’efficacité discutable, étaient les
chez les sujets immunodéprimés. L’arrivée de la flucytosine, des dérivés sulfamides dans la paracoccidioïdomycose, les mycétomes actinomycosiques
azolés, et de manière plus récente, des formes lipidiques d’AmB ont et les diamidines aromatiques dans la blastomycose. La découverte en 1951
par Hazen et Brown de la nystatine, polyène dérivé de Streptomyces noursei,
active par voies orale et locale dans les candidoses digestives et
cutanéomuqueuses, a véritablement marqué le début de la chimiothérapie
antifongique efficace. Après la candidine (Lechevalier, Waksman, 1952) et la
Olivier Lortholary : Professeur des Universités, praticien hospitalier, unité de mycologie et trichomycine (Hosoya, 1952), plus de 60 autres polyènes produits par les
centre national de référence des mycoses et des antifongiques, Institut Pasteur, Paris et actinomycètes ont été découverts. L’AmB (Gold, Vandeputte, 1955) était
service de médecine interne, hôpital Avicenne, 125, route de Stalingrad, 93009 Bobigny
cedex, France.
jusqu’à une date récente le seul polyène utilisable par voie veineuse, au prix
Michel Tod : Professeur associé au collège de pharmacie, praticien hospitalier, département d’une toxicité importante. La griséofulvine, découverte dès 1939 (Simonart,
de pharmacotoxicologie, hôpital Avicenne, 125, route de Stalingrad, 93009 Bobigny cedex, Raistrick), n’a trouvé une application thérapeutique qu’en 1958 (Gentles),
France. lorsqu’elle a été administrée par voie orale dans le traitement des teignes. Par
Bertrand Dupont : Professeur des Universités, praticien hospitalier, unité de mycologie et voie locale, d’autres antifongiques comme la variotine, isolée de
centre national de référence des mycoses et des antifongiques, Institut Pasteur, 209, rue de
Vaugirard, 75724 Paris cedex 15, France.
Paecilomyces variotii, ont été ajoutés à l’arsenal thérapeutique
© Elsevier, Paris

antidermatophyte. Plus récemment (Grunberg et al, 1963), la 5-fluorocytosine


(5-FC) ou flucytosine, un antimétabolique de la série des 5-fluoropyrimidines,
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lortholary O, Tod M et Dupont B. synthétisée dès 1957, a constitué un progrès important dans le traitement des
Antifongiques. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Maladies infectieuses, 8-004-M-10,
1999, 21 p.
infections à levures. À partir de 1957, la famille des dérivés azolés, avec
initialement le clotrimazole, l’éconazole et le miconazole, a été développée.
8-004-M-10 ANTIFONGIQUES Maladies infectieuses

Elle comporte actuellement de nombreux produits à usage local. D’autres ont cellules de mammifères, sous l’action favorisante du cholestérol, et forment
été développés comme antifongiques systémiques : le miconazole et le des canaux. Ainsi, l’action toxique de l’AmB s’exerce à une concentration
kétoconazole, suivis du fluconazole et de l’itraconazole. Les azolés les plus plus basse sur les cellules fongiques que sur les cellules de mammifères.
récents sont en cours de développement. De plus, la vectorisation par des L’AmB possède par ailleurs une activité antifongique indirecte, médiée par
lipides de molécules existantes (l’AmB, et plus récemment la nystatine) a les macrophages. L’AmB potentialise l’action de l’interféron-gamma sur les
élargi l’arsenal thérapeutique antifongique. Enfin, de nouvelles classes macrophages, action qui se traduit par une synthèse de tumor necrosis factor
thérapeutiques sont en développement, essentiellement préclinique. (TNF)-α et d’interleukine (IL)-1, et finalement par une production de
Les antifongiques actuels comprennent schématiquement deux types de monoxyde d’azote (NO). Le NO a une activité antifongique, notamment vis-
médicaments : ceux utilisés dans le traitement des mycoses superficielles, et à-vis de Cryptococcus neoformans [88]. Cette activité de l’AmB entraîne une
alors essentiellement administrés par voie locale, et ceux utilisés dans le réduction de 1 log CFU/mL en 24 heures pour une concentration de 1 mg/L,
traitement des mycoses systémiques. Il faut cependant noter qu’un même en présence de 20 U/mL d’interféron-gamma et de 106 macrophages [88]. Ce
produit peut être topique ou systémique, selon le mode d’administration. mécanisme pourrait participer à l’action de l’AmB in vivo, car son efficacité
est moindre en cas de leucopénie.
Classification : propriétés physicochimiques L’AmB peut également être incorporée dans des vecteurs lipidiques,
notamment les liposomes. Les liposomes sont des vésicules consistant en un
et cibles cellulaires environnement aqueux entouré de couches phospholipidiques. La première
formulation utilisée chez l’homme consistait en des vésicules
Polyènes multilamellaires contenant un mélange de deux phospholipides : la
dimyristoylphosphatidylcholine (DMPC) et le dimyristoylphosphati-
Les deux principaux polyènes utilisés sont l’AmB (Fungizonet) et la dylglycérol (DMPG) contenant 5 à 10 % d’AmB par rapport aux lipides [146].
nystatine (Mycostatinet). Plus de 200 molécules à action antifongique, Trois formulations en sont actuellement commercialisées ou en cours de
élaborées par les actinomycètes, appartiennent à cette famille. Elle est développement :
caractérisée par un spectre d’absorption aux ultraviolets et par un groupe
chromophore formé de doubles liaisons conjuguées (CH = CH)n, d’où le nom – l’AmB liposomale (Ambisomet), qui consiste en des vésicules
de polyènes. Les polyènes ont en outre un grand anneau lactone unilamellaires de 80 nm contenant 10 % mol d’AmB ;
macrocyclique (fig 1) et sont parfois dénommés, pour cette raison, macrolides – le complexe lipidique d’AmB (ABLC : Abelcett), contenant des lipides et
polyéniques. La partie active de ces composés est l’anneau macrolide, avec de l’AmB à une concentration de 33 % mol ;
une partie rigide lipophile et une partie flexible hydrophile. – la dispersion colloïdale d’AmB (ABCD : Amphocilt-Amphotect) qui
contient du sulfate de cholestérol en quantité équimolaire à l’AmB, formant
Amphotéricine B des particules colloïdales.
Le mélange d’AmB et d’Intralipidet a été également proposé, mais l’absence
Propriétés physicochimiques de formulation commerciale rend difficile, en dehors d’essais thérapeutiques,
L’AmB est un heptaène (fig 1), d’un poids moléculaire de 924,09. C’est une la généralisation de cette association.
poudre jaune insoluble dans l’eau et dans l’alcool, soluble dans des solvants
organiques : diméthylsulfoxide (30 à 40 mg/mL) ou diméthylformamide Nystatine
(4 mg/mL). Combinée à des sels biliaires tel le désoxycholate de sodium,
l’AmB est facilement mise en suspension dans un soluté glucosé isotonique à La nystatine (Mycostatinet) est un tétraène d’un poids moléculaire de 926,1.
5 %, réalisant ainsi une suspension colloïdale - et non une solution - injectable C’est une substance amphotère qui subit une détérioration en milieu acide
par voie intraveineuse. (fig 1). Son mode d’action et ses propriétés antifongiques sont tout à fait
comparables à ceux de l’AmB. L’absence d’absorption intestinale et la
La poudre sèche est stable à 4 °C. En suspension dans un milieu aqueux, il toxicité en cas d’injection intramusculaire ou intraveineuse limitent sa
existe une discrète diminution d’activité au bout de 24 heures. L’exposition à prescription aux mycoses cutanées, vaginales et digestives. L’incorporation
la lumière dégrade légèrement la molécule. Ces deux paramètres sont
de la nystatine dans des liposomes a permis de l’administrer par voie
négligeables en thérapeutique humaine. Un flacon d’AmB injectable contient
intraveineuse chez la souris et de documenter son efficacité dans
50 mg de poudre d’AmB, 41 mg de désoxycholate de sodium et 25,2 mg de
tampon phosphate de sodium. l’aspergillose expérimentale de l’animal neutropénique [135]. Des études de
phase III sont en cours pour évaluer son activité dans le traitement des
mycoses systémiques humaines.
Cibles cellulaires
L’AmB est une molécule lipophile, insoluble dans l’eau à pH physiologique,
qui augmente la perméabilité transmembranaire (notamment des membranes
5-fluorocytosine
fongiques) aux cations monovalents (Na+, K+). La déplétion du potassium
intracellulaire entraîne secondairement la mort de la cellule. La relative Propriétés physicochimiques
sélectivité de la toxicité de l’AmB pour les cellules fongiques s’explique de La 5-FC ou flucytosine, est une pyrimide fluorée (fig 2). C’est une poudre
la manière suivante : en solution aqueuse, l’AmB existe à l’état de monomère blanche cristalline, faiblement soluble dans l’eau distillée à 20 °C (1,2 %),
soluble, d’oligomères solubles et d’agrégats insolubles qui se forment soluble dans l’eau à 60 °C ou dans l’alcool. La solution est relativement stable
successivement lorsque l’on augmente la concentration. Les monomères se à la température du laboratoire. La présentation orale ne contient pas de
lient à l’ergostérol de la membrane de la cellule fongique pour lequel ils ont sodium, la forme injectable de la 5-FC a pour véhicule un soluté
une forte affinité, ce qui conduit à la formation des canaux. À plus forte physiologique à 9 ‰ de NaCl. Le poids moléculaire est de 129,1. La 5-FC est
concentration, les oligomères solubles s’insèrent dans les membranes des
peu liée (10 à 12 %) aux protéines sériques et elle est dialysable.

OH O OH OH OH OH O Cibles cellulaires
Amphotéricine B (heptaène)
C47H73O17N PM 924.09 HOOC O Les deux principaux modes d’action connus sont une perturbation de la
OH CH 3 synthèse protéique par substitution de 5-fluorouracile (5-FU) à l’uracile dans
HO H3C
HO
NH2 HO
l’acide ribonucléique (ARN) fongique, et une altération de la biosynthèse de
O OH
l’acide désoxyribonucléique (ADN) fongique par inhibition de la thymidylate
O CH 3
synthétase (fig 3). Deux étapes sont indispensables pour que la 5-FC exerce
CH3 son action : la pénétration dans la cellule fongique (en compétition avec la
cytosine), régie par la cytosine perméase, et la transformation en 5-FU grâce
à une cytosine désaminase. L’absence ou la perte de ces enzymes rend le
Nystatine (tétraène) OH O OH OH OH OH O champignon résistant à la 5-FC. Les cellules des mammifères étant
C47H75O17N PM 926.1 HOOC pratiquement dépourvues de cytosine désaminase, peu de 5-FU (toxique) est
O
OH CH 3 formée dans les cellules humaines, ou pas du tout. Dans la cellule fongique, la
HO H3C
HO 5-FU est transformée en 5-fluorouridine qui est mono-, puis di-, puis
NH2 HO O OH triphosphatée, et finalement incorporée dans l’ARN à la place de l’uracile,
O CH 3 faussant ainsi le code de la synthèse protéique. La production de
CH 3 5-fluorodéoxyuridine diphosphate, puis de 5-fluorodéoxyuridine
monophosphate, inhibiteur non compétitif de la thymidylate synthétase,
1 Structure et formule chimique des polyènes utilisés en thérapeutique.
interfère avec la synthèse de l’ADN du champignon.

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Maladies infectieuses ANTIFONGIQUES 8-004-M-10

NH2 OH2 N
F F
N N
N
Azole
HO N HO N z C x
5-fluorocytosine 5-fluorouracile
5-FC 5-FU y

CH3O O OCH3 N

O N
CH3O O
CH3 C Clotrimazole
Cl
Griséofulvine Cl

CH3 Cl

NCO O CH2 Cl Miconazole

CH3 S
2 Structure chimique de la 5-fluorocytosine, du
Tolnaftate 5-fluorouracile, de la griséofulvine et du tolnaftate. O CH2 Cl Éconazole
N
Cl
N
5 - Fluorouracile 5 - Fluorouridine
R R O CH2 Isoconazole
5-FU 5 - Fluorouridine monophosphate
5 - Fluorouridine diphosphate (FURDP) Cl
Cl
5 - Fluorouridine triphosphate (FURT)
Cytosine O CH2 Tioconazole
désaminase Cl
Synthèse
Cl S
ARN protéique
Cytosine perturbée
5 -FC
perméase
N S CH2 Cl Sulconazole
FURDP
N Cl
5-FU FdURMP (D = déoxy)
Thymidylate CH2 Cl
synthétase O
FdURMP O O
Membrane 5-Fluoro déoxyuridine monophosphate Inhibition
CH2 O N N C CH3 Kétoconazole
fongique de synthèse
ADN de l'ADN
4 Noyau azolé et dérivés azolés, biazole.
3 Modes d’action de la 5-fluorocytosine sur la synthèse protéique et la synthèse de l’ADN
(acide désoxyribonucléique).
O

Antifongiques azolés (imidazolés et triazolés) O N N N N CH CH3

O N CH2 CH3
L’utilisation, à partir de 1968, de dérivés azolés obtenus par synthèse N N CH2 C O
chimique, a constitué une étape importante de la thérapeutique antifongique. N Cl
Tous ces composés ont en commun le noyau azolé (fig 4). Le miconazole
(Daktarint) a été le premier imidazole utilisable par voie intraveineuse. Le
kétoconazole (Nizoralt) est le premier imidazole bien absorbé par voie orale. (1) Cl Itraconazole
Il est caractérisé chimiquement par un noyau dioxolanne et un noyau
pipérazine. OH N
N
Propriétés physicochimiques N CH2 C CH2 N
N F N
Il s’agit de poudres pratiquement insolubles dans l’eau, solubles dans les (2) Fluconazole
solvants organiques : polyéthylène glycol, alcool, chloroforme,
diméthylformamide, diméthylsulfoxique. Elles sont hygroscopiques et se F
conservent plus de 1 an à +4 °C. Ces molécules sont généralement
lipophiliques. La liaison aux protéines plasmatiques et aux érythrocytes est HO CH3 F
proche de 100 %. N
N CH2 C CH N
N Voriconazole
Cibles cellulaires F N (UK 109496)

Les antifongiques imidazolés (miconazole, kétoconazole) et triazolés (3)


(fluconazole, itraconazole) (fig 5) sont des inhibiteurs enzymatiques qui F
bloquent certaines isoenzymes des cytochromes P-450 des mitochondries des O
cellules fongiques. Cette inhibition s’exerce en particulier sur la 14-alpha- CH3
déméthylase, qui effectue la transformation du lanostérol en ergostérol, H O N N N N S
F N S OH
principal stérol membranaire. On observe donc une accumulation des R CH3
précurseurs dans la chaîne de synthèse : lanostérol et divers 14-méthylstérols.
N
D’autres modes d’action ont été proposés : lésions directes par fixation sur la (4) F N
SCH 56592
membrane avec perte de potassium intracellulaire ; accumulation de N
peroxyde toxique, résultat de l’interaction des dérivés azolés sur les enzymes
oxydatifs. Outre l’atteinte des systèmes membranaires, ces molécules peuvent 5 Dérivés azolés, triazole.
altérer la paroi fongique, avec défaut de séparation des bourgeons de la levure
mère, et inhiber la formation des filaments de Candida albicans. Les triazolés Griséofulvine
sont nés de la N-substitution des imidazolés. Les propriétés
pharmacologiques, le spectre d’activité, et surtout la moindre interaction avec Propriétés physicochimiques
le système des cytochromes P-450 humains, séparent les triazolés des La griséofulvine isolée de Penicillium griseofulvum et d’autres Penicillium
imidazolés. Le mode d’action des antifongiques azolés est résumé dans la sp. se présente sous la forme d’une poudre blanche cristalline de saveur amère
figure 6. (fig 2). Pratiquement insoluble dans l’eau, elle est facilement soluble dans

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potassium a pour seule indication le traitement de la sporotrichose


Acyl - Coenzyme A cutanéolymphatique. Les sulfones et les sulfamides d’action prolongée
donnent des résultats seulement dans les mycétomes actinomycosiques et les
Hydroxyméthylglutamyl-CoA nocardioses à actinomycètes. Divers sulfamides agissent dans une certaine
mesure dans les formes mucocutanées de la paracoccidioïdomycose et peut-
être de l’histoplasmose à Histoplasma capsulatum.
Acide mévalonique
Les diamidines aromatiques (lomidine), utilisées autrefois avec quelques
succès dans les infections à Blastomyces dermatitidis, ne le sont actuellement
Squalène plus dans l’arsenal thérapeutique antifongique, sauf dans le traitement des
infections à Pneumocystis carinii (récemment classé parmi les champignons,
Lanostérol
mais pas considéré dans cet article), également sensibles au cotrimoxazole, à
l’atovaquone et à l’AmB.
24-méthylène dihydrolanostérol
Azole Pharmacodynamie
Déméthylstérol

Polyènes et leurs formes lipidiques


Ergostérol Amphotéricine B
Mode d’action
Membrane cellulaire
In vitro, l’AmB induit une fongicidie concentration-dépendante, qui est
nettement perceptible pour une concentration égale à une concentration
6 Mode d’action des dérivés azolés sur la synthèse de l’ergostérol, principal stérol minimale inhibitrice (CMI) et qui augmente jusqu’à au moins 32 fois la CMI.
membranaire des champignons et cible de l’amphotéricine B.
À ce niveau de concentration, elle atteint 1 log CFU/mL/h pour des souches
l’alcool et les solvants organiques. La griséofulvine supporte l’autoclavage à particulièrement sensibles [66]. In vivo, l’efficacité de l’AmB, administrée sous
condition de ne pas être en solution. Elle est chimiquement stable à la forme de désoxycholate ou de chacune des formulations lipidiques
température du laboratoire et à l’abri de la lumière. Son poids moléculaire est actuellement commercialisées, est dose-dépendante [25].
de 352,8. Contrairement aux azolés, l’ajout de sérum au milieu de culture entraîne une
réduction de l’activité de l’AmB, probablement en raison de la nature
Cibles cellulaires restrictive de la liaison de l’AmB aux lipoprotéines du sérum.
La griséofulvine inhibe la mitose cellulaire par son action sur les D’une manière générale, l’incorporation de l’AmB dans un vecteur lipidique
microtubules. Fongistatique, elle est responsable d’altérations de la paroi (liposome) a tendance à majorer les CMI de l’AmB vis-à-vis des
fongique s’accompagnant d’anomalies de développement des hyphes champignons, ainsi qu’à réduire la vitesse de fongicidie in vitro [109] .
terminaux qui sont élargis, épaissis et enroulés (curling effect). L’action in Cependant, la dissociation de l’AmB à partir de son vecteur lipidique étant
vivo est de type fongistatique. L’apparition de résistance est possible. très différente in vitro et in vivo, l’importance clinique de ces observations
reste à démontrer. Par exemple, les souches mutantes ne produisant pas de
phopholipases extracellulaires sont, in vitro, résistantes à l’Abelcett, parce
Terbinafine que l’AmB ne peut pas se libérer. L’Abelcett est néanmoins actif in vivo sur
Propriétés physicochimiques ces souches, car les phospholipases de l’hôte libèrent l’AmB [119].
La terbinafine (Lamisilt) est un antifongique de synthèse de la classe des L’activité de l’AmB est soumise à un effet inoculum : la CMI vis-à-vis de
allylamines. Sa structure chimique est indiquée dans la figure 7. C’est un Fusarium spp. augmente de 10 à 20 fois lorsque l’inoculum passe de 102 à
produit très lipophile, lié à 90 % aux protéines sériques. 105 conidies/mL [108]. Cette observation pourrait expliquer la difficulté à
éradiquer l’infection en situation d’inoculum fort. L’AmB est moins active
Cibles cellulaires sur les champignons en phase stationnaire, surtout pendant les premières
Son mode d’action concerne les premières étapes de la synthèse de heures de contact ; il faut trois à cinq fois plus longtemps pour ramener
l’ergostérol par inhibition de la squalène époxidase. L’action est fongicide in l’inoculum à un niveau indétectable, selon que cet inoculum est issu d’une
vitro. culture en phase exponentielle de croissance ou en phase stationnaire [131].
Effet postantifongique
Antifongiques utilisés par voie locale L’AmB induit un effet postantifongique (EPAF) (période pendant laquelle il
dans les mycoses superficielles existe une inhibition de la recroissance du champignon après exposition à
l’antifongique) qui dépend de la concentration et du temps de contact. Pour
Les principales molécules actuellement disponibles sont mentionnées dans le
des concentrations comprises entre 0,5 et 32 fois la CMI, la durée de cet effet
tableau I. Il existe de nombreuses substances à action antifongique spécifique
varie entre 0,5 et 10,6 heures vis-à-vis de Candida spp., et de 2,8 à 10,4 heures
utilisées par voie locale, d’autres sont des antiseptiques avec un spectre
vis-à-vis de C. neoformans [120]. La durée de l’EPAF conduit à penser qu’il
d’activité touchant également de nombreux micro-organismes non fongiques.
n’est pas obligatoire d’obtenir une concentration résiduelle supérieure à la
La terbinafine a également une action in vivo dans le traitement de certaines CMI au site de l’infection pour assurer une efficacité maximale.
mycoses systémiques, mais nous nous limiterons à son utilisation dans le
traitement des mycoses superficielles. Pénétration et activité intracellulaire
L’AmB désoxycholate (Fungizonet) est active sur C. albicans en situation
Autres antifongiques intracellulaire. In vitro, dans des macrophages péritonéaux de souris, la
Fungizonet est capable d’éradiquer C. albicans en 24 heures, à une
Le cycloheximide est un antifongique toxique incorporé à certains milieux de concentration égale à 16 fois la CMI [125]. En revanche, l’AmB liposomale
culture pour éviter la croissance de nombreux contaminants. Certaines (Ambisomet) n’est active sur les germes intracellulaires qu’après une période
levures, tel Cryptococcus, sont sensibles à la cycloheximide. L’iodure de d’incubation (24 heures), permettant la libération de l’AmB à partir des
liposomes phagocytés par les macrophages ; encore faut-il atteindre une
CH3
concentration huit fois supérieure à celle de la Fungizonet pour observer la
N même efficacité [125]. In vivo, cette moindre activité des formes liposomales
est compensée par les fortes doses, et donc par les concentrations plus élevées
qui sont atteintes.
Naphtifine Influence d’une neutropénie
Expérimentalement, la neutropénie (induite par le cyclophosphamide) se
CH3 traduit par une baisse importante de l’activité de l’AmB, aussi bien en termes
CH3 CH3
CH3
de survie que de réduction de l’inoculum fongique dans les tissus infectés
N [65, 126].

Influence du vecteur lipidique sur l’efficacité


Dans un modèle expérimental de cryptococcose murine, l’Amphocilt et
Terbinafine 7 Structure de la naphtifine et de la terbinafine. l’Ambisomet ont démontré une efficacité similaire et se sont montrés
supérieurs à l’Abelcett, ces trois produits étant administrés à raison de

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Maladies infectieuses ANTIFONGIQUES 8-004-M-10

Tableau I. – Principaux antifongiques utilisés dans les mycoses superficielles.


Dénomination commune
internationale Nom générique Formes galéniques Principales indications Remarques

Polyènes
Nystatine MycostatineT Comprimé 500 000 U
Suspension orale 100 000 U/dose Candidoses mucocutanées
Comprimé vaginal 100 000 U Infections génitales à Candida sp. Malgré une action in vitro sur
Amphotéricine B FungizoneT Gélule 250 mg Vaginites mixtes (Candida et les dermatophytes, inefficacité dans
Trichomonas) les dermatophyties humaines
Suspension orale 100 mg/mL
Lotion 3 % Otomycoses (Aspergillus, Candida)

Dérivés azolés
Bifonazole AmycorT Crème, solution, poudre 1 %
Butoconazole GynomykT Ovule 100 mg
Éconazole PevarylT Lait, crème, poudre 1 %, solution Candidoses cutanées et muqueuses
(spray), lotion 1 %
Dermatophyties
Pityriasis versicolor et autres mycoses
superficielles
(cf texte)
Gyno-PevarylT Ovule 150 mg, Ovule LP 150 mg
FongerylT Crème 1 %
DermazolT Crème, émulsion, solution, poudre 1 %
Éconazole GRNT Crème, émulsion, solution poudre 1 %
Éconazole-ratiopharmT Crème, émulsion, solution poudre 1 %
LomexinT Capsule vaginale 600 mg
TerlomexinT Capsule vaginale 200 mg
Isoconazole FazolT Crème, émulsion, poudre 2 %
Fazol GT Ovule 300 mg
Kétoconazole KétodermT Crème 2 %, gel moussant 2 %
Miconazole DaktarinT Comprimé 125 mg
Gel dermique 2 %
Lotion, poudre, gel buccal 2 %
Gyno-DaktarinT Capsule vaginale 100-400 mg
Gel vaginal 2 %
BritaneT Gel, lotion 2 %
Miconazole GNRT Gel, lotion, poudre 2 %
Omoconazole FongamilT Crème, poudre, solution 1 %
Fongarex Ovule 900 mg
Oxiconazole FonxT Crème, poudre, solution 1 %
Sulconazole Myk 1 %T Crème solution, poudre 1 %
Tioconazole TrosydT Crème 1 %
Gyno-TrosydT Ovules 300 mg

Griséofulvine GriséfulineT Comprimé 250, 500 mg Dermatophyties Traitement local et oral dans certaines
FulcineT Comprimé 500 mg indications

Tolnaftate ou naphthiomate SporilineT Crème, lotion 1 % Dermatophyties

Terbinafine LamisilT Comprimé 250 mg, crème 1 % Dermatophyties

Amorolfine LocerylT Solution filmogène 5 % Dermatophyties

Ciclopiroxolamine MycosterT Crème 1 %, solution 1 %, solution Mycoses cutanées superficielles


filmogène 8 %

Acide undécylénique MycodécylT Crème 10 % Mycoses superficielles


Poudre 10 % Dermatophyties
Solution 10 %

Sulfure de sélénium SelsunT Suspension 2,5 % Pityriasis versicolor Faire précéder de solution détergente
(Mercryl lauryléT)

Dérivés iodés BétadineT Solution 4 %, 5 %, 10 % Dermatophyties Également antibactérien


Comprimé gynécologique 250 mg Candidoses
Ovule 250 mg
Pommade 10 %

Colorants antiseptiques Préparation officinale Candidoses Solution de Milian


Permanganate de K, nitrate Ag,
éosine, fluorescéine, etc

Préparations décapantes Acide salicylique Préparation officinale Dermatophyties


Pommade de Whitfield
Les spécialités comportant plusieurs principes actifs (antibiotiques, corticoïdes) n’ont pas été citées.

10 mg/kg. La Fungizonet, administrée à la dose maximale tolérée (1 mg/kg), Effet postantifongique


était nettement moins active dans le même modèle [25] . Des résultats
qualitativement similaires ont été observés dans la leishmaniose viscérale La flucytosine induit un EPAF dont la durée est typiquement comprise entre 2
murine [89]. En comparant les différents produits à posologie identique, les et 6 heures pour C. albicans et C. neoformans, pour une concentration égale
à quatre à huit fois la CMI. La durée de cet effet dépend de la durée
résultats sont controversés, avec notamment une moindre efficacité de
d’exposition des levures à la flucytosine, et de sa concentration. En
l’Abelcett et de l’Amphocilt-Amphotect, mais une meilleure efficacité de
association avec l’AmB, l’EPAF est plus long qu’avec l’AmB seule. En
l’Ambisomet en comparaison à l’AmB libre, dans le modèle expérimental
association avec les azolés, l’EPAF est plus long qu’avec la flucytosine seule.
d’aspergillose invasive. Dans le modèle de cryptococcose murine, l’Abelcett
permettait un meilleur contrôle de l’infection que l’AmB conventionnelle
(revue dans [146]). Antifongiques azolés
Mode d’action
Flucytosine
Les azolés, en milieu de Sabouraud, sont fongistatiques vis-à-vis de C.
Mode d’action albicans ou de C. neoformans ; leur effet est inexistant à 0,5 fois la CMI, et
devient maximal entre deux et quatre fois la CMI. À cette concentration,
Il ne semble pas que le mode d’action, temps-dépendant ou concentration- l’inoculum reste parfaitement stable pendant 24 heures [66]. Cependant, l’ajout
dépendant, ait été déterminé pour la flucytosine. de 10 % de sérum humain au milieu de Sabouraud confère au fluconazole un

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8-004-M-10 ANTIFONGIQUES Maladies infectieuses

effet fongicide vis-à-vis de C. albicans [84] ou de C. neoformans [90], de type concentrations tissulaires réalisées chez l’homme montrent des valeurs plus
concentration-dépendant. La vitesse de fongicidie reste toutefois modeste, de élevées que dans le plasma au niveau du foie, de la rate, des reins, des valeurs
l’ordre de 1 log CFU/mL en 12 heures. Par ailleurs, même en milieu dépourvu similaires au niveau des poumons, et des valeurs plus basses au niveau du
de sérum, l’incubation de C. albicans en milieu non nutritif (eau pure), en cœur et du cerveau. Cependant, les mesures réalisées dans les liquides
présence de fluconazole pendant 28 jours, provoque une fongicidie extracellulaires comme le liquide céphalorachidien (LCR) sont très basses
concentration-dépendante qui est maximale à environ dix fois la CMI [117]. (inférieures à 0,02 mg/L, 24 heures après la prise, à l’équilibre). L’AmB
Ainsi, les champignons en phase stationnaire seraient plus sensibles aux pénètre mal dans l’humeur vitrée et le liquide amniotique. Il est probable que
azolés que ceux en phase exponentielle de croissance. Enfin, in vivo, la l’AmB soit essentiellement localisée au niveau des membranes cellulaires.
fongicidie du fluconazole augmente en fonction de la dose administrée (selon Les voies d’élimination de l’AmB sont en majeure partie inconnues : la
une relation sigmoïde), et est déterminée par le rapport de l’aire sous la courbe clairance totale est d’environ 30 mL/min, mais la clairance rénale n’est que
des concentrations plasmatiques (AUC) et de la CMI vis-à-vis de la de 1 mL/min et 2 à 5 % de la dose sont retrouvés sous forme inchangée dans
souche [ 7 5 ] . Il en résulte qu’à doses journalières égales, un schéma les urines de 24 heures. L’élimination de l’AmB n’est pas modifiée chez
d’administration comportant une seule prise est aussi efficace qu’un schéma l’insuffisant rénal [87] , de même qu’en cas d’hémodialyse [11] . Il existe
comportant plusieurs prises : il est inutile, du point de vue de l’efficacité, de également une élimination biliaire, mais qui ne contribue au mieux qu’à
fractionner la dose journalière. l’élimination de 15 % de la dose. L’élimination de 80 % de la dose restante
est inconnue, mais il a été supposé qu’elle procéderait par dégradation
Effet postantifongique tissulaire. Cependant, aucun métabolite n’a été identifié, que ce soit chez
In vitro, cet effet est majoré en présence de sérum, lorsque les expositions à l’homme ou l’animal. Les facteurs de variation de la cinétique de l’AmB ont
l’antifongique sont répétées, en présence de polynucléaires, et en cas été peu étudiés. Chez l’enfant, le volume de distribution est plus petit et la
d’association à la 5-FC [120] . L’EPAF est d’autre part dépendant de la clairance plus élevée par rapport à l’adulte, lorsqu’ils sont rapportés au poids.
concentration en antifongique (supérieure à quatre fois la CMI) et de la durée Il en résulte des concentrations plasmatiques environ deux fois plus basses
de contact qui doit être supérieure à 12 heures. Dans ces conditions, la durée que chez l’adulte, à dose équivalente en mg/kg, ainsi qu’une demi-vie plus
de l’EPAF est de l’ordre de 1 à 3 heures in vitro. courte (7 à 20 heures). Chez le nouveau-né, la clairance est parfois très basse,
surtout dans les premiers jours après la naissance, tandis que le volume de
Pénétration et activité intracellulaire distribution rapporté au poids est équivalent à celui de l’adulte. Il en résulte
une demi-vie plus longue (60 à 700 heures) qui risque d’entraîner une
Les azolés systémiques pénètrent dans les cellules et s’y concentrent de accumulation importante et qui justifie un allongement à 48 heures de
manière variable selon les composés. Dans certains modèles, les azolés sont l’intervalle posologique. Chez l’adulte neutropénique, de même que chez les
fongistatiques vis-à-vis des germes intracellulaires (C. albicans) phagocytés patients en unité de soins intensifs (essentiellement cancéreux), la cinétique
par les macrophages ou les polynucléaires [98]. Dans d’autres modèles, ils ont ne semble pas modifiée de manière importante par rapport à celle des sujets
une activité fongicide qui est majorée par un traitement préalable par les « normaux » [54, 55], mais la variabilité interindividuelle des concentrations est
facteurs de croissance tels que le G-CSF (granulocyte colony stimulating très importante.
factor) et le GM-CSF (granulocyte macrophage colony stimulating factor)
[91, 133].
Cinétique de l’amphotéricine B administrée
dans un excipient lipidique
Influence d’une neutropénie
Elle dépend de la cinétique propre du vecteur lipidique et de la cinétique de
La réalisation d’un modèle d’infection systémique à C. albicans chez la souris libération de l’AmB de son vecteur. Ces deux phénomènes dépendent à leur
rendue ou non neutropénique permet d’apprécier l’impact des polynucléaires tour de la composition du vecteur et de la taille des particules [61]. Le tableau II
sur la réponse aux antifongiques [129]. Le fluconazole et l’itraconazole sont résume les relations connues entre les caractéristiques physicochimiques du
fongistatiques dans ce modèle, et leur efficacité est fonction de la dose vecteur et les caractéristiques pharmacocinétiques de l’AmB. Les vecteurs
administrée, sans qu’il existe de différence sensible entre les souris riches en phospholipides saturés et/ou en cholestérol, comme ceux de
immunocompétentes ou neutropéniques. L’activité des antifongiques azolés l’Ambisomet et de l’Amphocilt-Amphotect, sont peu sensibles à
semble donc préservée en cas de neutropénie. l’hydrolyse par les HDL (high density lipoproteins) et à l’opsonisation, ce qui
leur confère une grande stabilité dans le sang où l’AmB reste majoritairement
associée aux liposomes [124] . Au contraire, l’Abelcett est rapidement
Pharmacocinétique hydrolysé (3 heures) et libère l’AmB qui se lie à l’albumine et aux
lipoprotéines, mais cette hydrolyse est saturable dans la gamme des doses
Amphotéricine B thérapeutiques. Les liposomes intacts sont captés par les monocytes circulants
et les macrophages du système réticuloendothélial, où l’AmB est libérée dans
Cinétique de l’amphotéricine B administrée les lysosomes et peut ensuite diffuser. Les particules de grande taille
(Abelcett) sont captées largement au niveau des poumons. Globalement, par
sous forme de Fungizonet
rapport à la Fungizonet, à doses équivalentes d’AmB, les formulations
La cinétique de l’AmB reste très mal connue en dépit de son utilisation très lipidiques induisent des concentrations deux à cinq fois plus élevées dans le
ancienne. Chez l’homme, elle n’est pas absorbée par voie orale (moins de foie et la rate, cinq fois moins élevées dans le rein, comparables ou plus
5 %), à l’inverse de nombreux rongeurs, dont la souris, et cette voie n’est donc élevées dans le cerveau. Au niveau des poumons, l’Abelcett produit des
pas utilisée pour le traitement d’une mycose systémique. La liaison aux concentrations cinq fois plus élevées, alors que l’Ambisomet et
protéines sériques et aux lipoprotéines sériques est très élevée. Il en est de l’Amphocilt-Amphotect donnent des concentrations plus basses que la
même pour les lipoprotéines des membranes cellulaires. L’AmB se lie au Fungizonet [58]. En ce qui concerne la cinétique plasmatique, la comparaison
cholestérol dans l’organisme, avec une affinité dix fois plus faible que pour la entre les différentes formulations est compliquée par le fait que les
liaison à l’ergostérol fongique. Ainsi, plus de 90 % de la molécule est sous concentrations n’évoluent pas proportionnellement aux doses administrées :
forme liée dans l’organisme. Pour cette raison, l’AmB n’est pas dialysable ; elles s’accroissent de manière supraproportionnelle pour l’Ambisomet (en
toutefois, une forte hyperlipidémie peut, par rétention sur le filtre de dialyse, raison d’une baisse de la clairance et du volume de distribution), mais de
servir de substrat à l’AmB, qui est donc partiellement retenue. manière infraproportionnelle pour l’Abelcett et l’Amphocilt-Amphotect
La concentration plasmatique maximale est de 1,5 à 2 mg/L et la décroissance (par augmentation de la clairance et du volume de distribution). Le tableau III
des concentrations est triexponentielle. La demi-vie des deux dernières résume les différentes évolutions qui montrent l’influence considérable de la
phases est de 24 à 48 heures et de l’ordre de 15 jours. Cependant, la demi-vie formulation et de la dose sur la cinétique de l’AmB. Cependant, la traduction
cliniquement pertinente, i.e. celle qui intervient dans le calcul du délai clinique de ces différences cinétiques reste encore incertaine.
d’équilibration, est celle de la deuxième phase (24 à 48 heures). L’AmB est Les facteurs de variabilité de la cinétique des formes lipidiques de l’AmB ont
caractérisée par un volume de distribution très élevé, de l’ordre de 4 L/kg, qui été encore peu étudiés, et les comparaisons sont difficiles car les doses varient
indique une pénétration tissulaire intense. De fait, les quelques mesures de selon les études, et les effectifs sont très faibles [2, 6].
Tableau II. – Relations entre les caractéristiques physicochimiques du vecteur et les caractéristiques pharmacocinétiques de l’amphotéricine B.
Forme Taille Composition Stabilité
Nom Captation tissulaire
des particules des particules de l’excipient dans le sang
AmbisomeT Liposomes 80 nm Complexe LSH-DSPG-Chol-AmB 2-0.8-1-0.4 +++ Foie, rate

AbelcetT Rubans 1.6 - 11 µm Complexe DMPC-DMPG-AmB 7-3-1 + Poumon, foie, rate

AmphocilT/AmphotecT Disques 122 ± 48 nm Complexe sulfate Chol-AmB 1-1 +++ Foie, rate
LSH : lécithine de soja hydrogénée ; DSPG : distéaroylphosphatidylglycérol ; Chol : cholestérol ; DMPC : dimirystoylphosphatidylcholine ; DMPG : dimirystoylphosphatidylglycérol ; AmB : amphotéricine B.

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Maladies infectieuses ANTIFONGIQUES 8-004-M-10

Tableau III. – Paramètres pharmacocinétiques de l’amphotéricine B administrée sous différentes formulations.

DCI Dose (mg/kg) Cmax (mg/L) AUC (mg/L·h) t1/2β (h) CL (mL/min/kg) Vss (L/kg)
FungizoneT 1 2 18 ± 5 24 - 48 0,43 4

AmbisomeT 1 7,3 6,9 25 0,27 0,58

5 57,6 713 17 0,17 0,22

AbelcetT 1,2 2,2 ± 0,8 6,7 ± 1,0 77 ± 21 2,6 ± 0,6 21 ± 8

5 2,4 ± 0,9 9,5 ± 1,4 173 ± 78 7,3 ± 1,1 131 ± 58

AmphocilT/ 1 2,2 9,7 ± 4,0 28 ± 9 1,5 2,8 ± 0,7


AmphotecT
5 3 33,3 ± 15 28 ± 9 2 4 ± 1,6
DCI : dénomination commune internationale.

Flucytosine deux voies est équivalente, l’absorption digestive n’étant pas modifiée par une
diminution de l’acidité gastrique. Enfin, le fluconazole peut être administré
L’absorption digestive de la 5-FC est rapide et complète. La diffusion par sonde gastrique, en même temps que l’alimentation entérale, aux patients
tissulaire est excellente, avec notamment 74 % des concentrations sériques en unité de soins intensifs, sans diminuer sa biodisponibilité [94].
retrouvées dans le LCR et 90 % dans le liquide synovial. La demi-vie est de 3
à 5 heures. L’excrétion urinaire est de 90 %, sous forme inchangée. Concentrations plasmatiques
Par voie orale, la flucytosine est absorbée avec une biodisponibilité de 90 %.
Le pic sérique est atteint en 0,5 à 2 heures chez l’adulte à fonction rénale Schématiquement, le kétoconazole, l’itraconazole et le voriconazole sont
normale, mais le pic est retardé (4 à 6 heures) chez l’insuffisant rénal. La proches du point de vue pharmacocinétique. Ce sont des bases faibles,
concentration maximale (en mg/L) après la première administration est à peu lipophiles, peu solubles dans l’eau, fortement métabolisées selon un
près égale à la dose exprimée en mg/kg (soit 37,5 à 50 mg/kg). Après processus saturable qui leur confère une cinétique dose-dépendante et temps-
administration répétée aux intervalles recommandés (cf infra), les dépendante. À l’opposé, le fluconazole est une base faible hydrosoluble, peu
concentrations à l’équilibre sont deux fois plus importantes. La flucytosine, lipophile, et faiblement métabolisée [16, 29, 31, 51, 92, 100] . Les principaux
qui est peu liée aux protéines plasmatiques, pénètre dans tous les liquides de paramètres pharmacocinétiques des antifongiques azolés sont rassemblés
l’organisme (volume de distribution : 0,6 à 1 L/kg). Elle se trouve à la même dans le tableau IV. La liaison du kétoconazole aux protéines sériques est de
concentration que dans le sérum au niveau du liquide péritonéal, et à des plus de 90 %. Les concentrations plasmatiques du fluconazole sont
concentrations plus basses dans le liquide synovial du genou (un tiers) et proportionnelles aux doses administrées, au moins entre 50 et 400 mg/j. Les
l’humeur aqueuse (un cinquième). Les concentrations dans le LCR sont paramètres pharmacocinétiques du fluconazole ne varient pas au cours du
légèrement plus basses (70 %) que celles dans le sérum. La flucytosine n’étant temps (si la fonction rénale reste stable), et le rapport d’accumulation est de
pas métabolisée, elle s’élimine par voie rénale où l’on retrouve la quasi- 2,5 environ, ce qui signifie que les concentrations à l’équilibre sont 2,5 fois
totalité de la dose absorbée (clairance : 160 mL/min). Les concentrations plus élevées qu’après la première dose [31]. La liaison du fluconazole aux
urinaires sont très supérieures à celles observées dans le sérum. L’excrétion protéines sériques est faible (11 %), sa demi-vie longue, supérieure à
se fait par filtration glomérulaire, sans réabsorption ni sécrétion tubulaires. 30 heures.
La demi-vie d’élimination dépend de la fonction rénale. Chez l’adulte normal, Les concentrations plasmatiques de fluconazole sont identiques après
elle est de 3 à 6 heures, et de 6 à 7 heures chez le prématuré. La clairance de la administration de gélules ou de la suspension orale [67] . La liaison de
flucytosine diminue parallèlement à celle de la créatinine, si bien que la demi- l’itraconazole aux protéines est importante (99 %) et sa demi-vie
vie passe à 15 heures pour une clairance à 40 mL/min, et à 30 heures pour une d’élimination d’environ 20 heures. L’itraconazole et le kétoconazole ont un
clairance à 20 mL/min. Elle atteint 85 heures chez le patient anurique [17, 105]. métabolisme saturable qui est responsable d’une augmentation
La 5-FC est éliminée par dialyse péritonéale. supraproprotionnelle des concentrations plasmatiques par rapport aux doses
administrées. Par exemple, l’aire sous la courbe de l’itraconazole est
multipliée par dix entre 50 et 200 mg. La saturation du métabolisme entraîne
Antifongiques azolés une baisse de la clairance et donc un allongement de la demi-vie lorsque la
dose augmente, mais également à la répétition des administrations. Ces
Absorption phénomènes de non-linéarité rendent très difficile la prédiction des
concentrations plasmatiques à l’équilibre, lorsque la dose ou l’intervalle
La biodisponibilité des azolés est élevée [29, 31, 51, 92, 100]. Elle est majorée par la
posologique sont modifiés [29, 92]. La mesure des concentrations plasmatiques
prise au cours des repas pour le kétoconazole et l’itraconazole en gélule, ainsi
résiduelles est nécessaire en cas de changement de posologie ou en cas de
que par l’augmentation de la dose unitaire, en raison de la saturation de l’effet
modification importante de la fonction hépatique ou digestive.
de premier passage hépatique. De même, la biodisponibilité du voriconazole
augmente lorsque la dose unitaire s’élève. Elle est de 90 % à faibles doses [51].
Distribution tissulaire
Après administration orale de 1g de miconazole, le pic sérique obtenu en 2 à
4 heures est d’environ 1 µg/mL. La solubilité et l’absorption du miconazole Le kétoconazole, le fluconazole et l’itraconazole présentent des
varient beaucoup selon les sujets. caractéristiques très différentes, dont certaines ont un retentissement clinique
[16, 29, 31, 51, 92, 100]. La diffusion du miconazole dans le LCR est trop faible pour
Le kétoconazole et l’itraconazole en gélule voient leur absorption réduite
lorsque le pH gastrique est élevé, par exemple par la prise d’antiacides qu’il soit utilisable dans les infections neurologiques. Sa diffusion est faible
(réduction de 50 %), d’antihistaminiques H2, d’inhibiteurs de la pompe à dans la salive, bonne dans le liquide synovial. Le kétoconazole est fortement
protons, ou de didanosine dont la formulation est fortement tamponnée, ou lié aux protéines (albumine) et son volume de distribution est faible, ce qui
par l’influence de certaines pathologies telles que le sida. Le kétoconazole ne indique une liaison restrictive, i.e. qui empêche partiellement la pénétration
doit donc pas être utilisé de première intention chez le sidéen, tandis que la tissulaire.
posologie de l’itraconazole en gélule doit être doublée. L’itraconazole en Les concentrations tissulaires sont au mieux de l’ordre de la moitié de celles
solution buvable (où il est associé à l’hydroxypropyl-cyclodextrine) présente observées dans le plasma, et elles sont très basses dans l’os, le LCR et l’œil.
un comportement nettement différent de la forme gélule, puisque sous cette En revanche, l’itraconazole, lui aussi très lié aux protéines (albumine), a un
forme, son absorption n’est pas diminuée chez le sidéen [112] ; elle est plus volume de distribution très élevé, indiquant une liaison permissive, i.e. qui
basse au cours des repas [122] et globalement, les concentrations plasmatiques n’empêche pas la pénétration tissulaire, en raison d’une affinité plus élevée
atteintes sont environ une fois et demie plus élevées qu’avec la forme pour les sites de liaison cellulaires (cytochrome P-450, etc). Les
gélule [22]. L’itraconazole solution buvable devrait donc être utilisé de concentrations tissulaires sont deux à dix fois supérieures aux concentrations
préférence à la forme gélule, notamment chez le sidéen. Le kétoconazole et plasmatiques ; elles sont très basses dans le LCR et dans l’humeur aqueuse,
l’itraconazole voient également leur disponibilité réduite de 80 à 90 % par mais élevées dans le parenchyme cérébral, ce qui expliquerait l’efficacité de
certains inducteurs enzymatiques, comme la rifampicine, la rifabutine, le l’itraconazole dans le traitement des cryptococcoses méningées. Enfin, le
phénobarbital et la phénytoïne. Ces interactions sont mineures, voire fluconazole est peu lié aux protéines plasmatiques (alpha-1-glycoprotéine-
négligeables, avec le fluconazole (réduction de l’AUC de 20 %). Par ailleurs, acide), et même si cette liaison augmente chez les cancéreux et les insuffisants
l’absorption de l’itraconazole connaît une grande variabilité inter- et intra- rénaux chroniques, elle reste trop faible pour empêcher la pénétration
individuelle. Les concentrations salivaires et l’aire sous la courbe dans la tissulaire (et également cellulaire). Le fluconazole diffuse bien dans
salive sont plus élevées avec la suspension orale qu’avec la forme gélule de l’ensemble des liquides de l’organisme, où il atteint 0,8 à 3 fois les
fluconazole [67]. Le fluconazole est disponible par voie orale ou parentérale, et concentrations plasmatiques. En particulier, il pénètre bien dans l’œil, le LCR
présente un profil pharmacologique favorable. La biodisponibilité par ces et le parenchyme cérébral. Il faut cependant insister sur le fait que dans les

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Tableau IV. – Paramètres pharmacocinétiques des antifongiques azolés.

Kétoconazole Itraconazole Fluconazole Voriconazole*


Biodisponibilité (%) 75 73(1) 95 90 maxi

Cmax (200 mg per os) (mg/L) 1,5 - 3 0,2 - 0,4 4-6 ND

Tmax (heure) 1-4 3-4 2-4 2

Cmax (200 mg/j) (mg/L) 3-4 1 10 - 12 ND

t1/2 (heure) 2,7 - 4,7(2) 34 - 72(2) 30 - 35 6


18 - 27(3)

Délai d’équilibration (jour) 1 - 1,5 14 - 15 6 - 10 ND

Pourcentage liaison protéines plasmatiques 99 99,8 12 - 23(4) 65

Volume de distribution (L/kg) 0,3 - 0,4 10 0,7 - 0,8 2

Diffusion dans le LCR - ± +++ ?

Pourcentage élimination rénale <5 <5 70 à 90 <5

Métabolisation +++ +++ 10 à 25 % 95 %


(OH-itraconazole : actif

Effet de premier passage +++ +++ 0 +

Élimination biliaire ND ++ ND ND

Voie d’administration PO PO (IV en développement) PO et IV PO et IV


* : en expérimentation clinique ; (1) : pour une solution orale, en prenant en compte l’itraconazole et l’hydroxy-itraconazole ; (2) : à l’équilibre ; (3) : métabolite hydroxy-itraconazole ; (4) : varie en fonction de la pathologie ; ND : non documenté ;
PO : per os ; IV : intraveineuse ; LCR : liquide céphalorachidien.

modèles animaux d’infection expérimentale, une bonne efficacité des azolés, augmentée, d’où une demi-vie plus courte, valant environ 24 heures, ce qui
notamment de l’itraconazole, est parfois observée, en dépit de concentrations justifie d’augmenter les doses d’un tiers environ [19].
tissulaires très basses, en particulier au niveau de l’œil. À l’inverse, dans
certains modèles expérimentaux, une concentration tissulaire élevée de
fluconazole ne s’accompagne pas forcément d’une bonne efficacité. Griséofulvine
Administrée par voie orale, la griséofulvine est absorbée par l’intestin de
Élimination façon très inégale selon les sujets. L’administration orale de 1 g donne, en
Le tableau IV regroupe les informations essentielles sur l’élimination de ces moyenne à la quatrième heure, un pic sérique de 1,5 à 2 µg/mL. Les taux
azolés [16, 29, 31, 51, 92, 100]. La demi-vie du miconazole est d’environ 1,7 heure. Le sériques baissent fortement en 8 à 10 heures et sont à l’état de traces au bout
miconazole est essentiellement métabolisé dans le foie, en dérivés inactifs. de 72 heures. L’absorption intestinale est accrue lorsque l’antifongique est
Une grande partie (40 à 50 %) est éliminée dans les selles, sous forme active. sous forme microcristalline ou administré au cours d’un repas riche en
Une faible partie (10 %), pratiquement inactive, passe dans les urines. La graisses. Sa liaison aux protéines est de 80 %. La demi-vie est d’environ
molécule est peu dialysable. Le kétoconazole est métabolisé dans le foie et 24 heures. Le produit est éliminé dans les selles et les urines. Bien que la
excrété sous forme inactive, essentiellement dans la bile. L’itraconazole est diffusion concerne plusieurs viscères, seule la pénétration cutanée présente
métabolisé, notamment en hydroxy-itraconazole, métabolite dont les un intérêt thérapeutique. Après la prise orale, la griséofulvine est détectable
concentrations atteignent 1,5 à 2 fois celles du produit parent, et qui possède dans l’épiderme, dans la partie supérieure du stratum corneum, en 2 ou
la même activité antifongique. Compte tenu de la longueur de leur demi-vie, 3 jours ; elle atteint la mi-hauteur de la couche cornée en 15 jours et la surface
l’état d’équilibre n’est atteint qu’après 1 ou 2 semaines de traitement pour le de la peau en 25 à 30 jours. La griséofulvine, ou un de ses métabolites, semble
fluconazole et l’itraconazole respectivement. Cet inconvénient est facilement incorporée à la kératine et suit passivement la progression des cellules vers la
contourné par l’administration d’une dose de charge de 600 à 800 mg au cours surface. Le produit est concentré dans la kératine des cheveux, des poils et
des 2 à 4 premiers jours de traitement. des ongles.

Facteurs de variation
Terbinafine
En cas d’insuffisance rénale sévère, la demi-vie du fluconazole s’allonge d’un
facteur 2 (CLCR comprise entre 20 et 60 mL/min) ou 3 (CLCR inférieure à Après administration orale, le pic plasmatique est obtenu en 2 heures.
20 mL/min), et l’intervalle posologique doit être augmenté dans le même L’antifongique est intensément métabolisé par le foie et éliminé sous forme
rapport. En revanche, aucune adaptation n’est nécessaire pour l’itraconazole inactive dans les urines (80 %) et les selles (20 %). La demi-vie est de
et le kétoconazole dans cette situation. 17 heures. L’antifongique est fortement concentré dans le stratum corneum,
En cas de cirrhose hépatique grave, les demi-vies de l’itraconazole et du par diffusion directe et grâce à une haute concentration dans le sébum. Il est
fluconazole sont respectivement multipliées par deux et trois, ce qui impose, également retrouvé dans l’épiderme et le derme à des concentrations
ici encore, d’allonger l’intervalle posologique dans le même rapport. supérieures aux CMI des dermatophytes. Au niveau de l’ongle, il existe une
Cependant, la prédiction des concentrations étant très aléatoire dans cette diffusion rapide à partir du lit sous-unguéal et une incorporation par l’ongle
pathologie, il est recommandé de mesurer les concentrations plasmatiques nouvellement formé. Le produit reste au niveau de l’ongle plusieurs mois
résiduelles. après l’arrêt du traitement. La concentration est également élevée dans les
cheveux et reste présente environ 2 mois après la fin du traitement [45].
Chez les patients cancéreux neutropéniques, et notamment en cas d’allogreffe
de moelle, la biodisponibilité du kétoconazole et de l’itraconazole est réduite
et la demi-vie du kétoconazole est diminuée d’un facteur 3. L’absorption du Modes d’administration et surveillance
fluconazole chez l’enfant neutropénique est complète, mais la demi-vie est
diminuée d’un facteur 2. Ces modifications amènent à administrer des doses Les antifongiques systémiques actuellement disponibles sont rassemblés dans
deux à trois fois plus élevées pour conserver les concentrations plasmatiques le tableau V.
usuelles, mais ici encore la mesure de ces concentrations semble
indispensable pour ajuster la posologie.
Les clairances du fluconazole et de l’itraconazole sont légèrement réduites Amphotéricine B
chez le sujet âgé, sans conséquence clinique. En revanche, la demi-vie Les formes galéniques à usage local, cutané ou muqueux (tableau I), doivent
d’élimination du fluconazole est allongée d’un facteur 2,5 à 3 chez le être choisies en fonction de la nécessité d’un contact prolongé entre
prématuré, en raison d’une augmentation du volume de distribution. Le l’antifongique et la lésion mycosique. Ainsi, dans les candidoses
volume de distribution se normalise à partir de 15 jours chez l’enfant né à buccodigestives, on peut utiliser la suspension ou les capsules, ces dernières
terme. Lorsque la fonction rénale est normale, la posologie de fluconazole étant ouvertes et leur contenu versé dans la cavité buccale. Après 5 à
recommandée dans les infections graves est de 6 à 12 mg/kg toutes les 10 minutes de contact, le produit est avalé, continuant ainsi à exercer son
72 heures pour les enfants de moins de 15 jours, toutes les 48 heures pour les action dans le reste du tube digestif. Il faut s’abstenir de boire ou de manger
enfants de 15 à 30 jours, et toutes les 24 heures pour les enfants plus âgés [16]. pendant 1 ou 2 heures, afin de ne pas rincer la muqueuse buccale. La posologie
Enfin, chez le patient brûlé (à plus de 30 %), la cinétique du fluconazole est quotidienne est de 50 mg/kg chez l’enfant, et de 1 à 2 g chez l’adulte en quatre
légèrement modifiée par rapport à celle des sujets sains : la clairance est à six prises.

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Tableau V. – Antifongiques systémiques disponibles en milieu hospitalier.

DCI Nom générique Formes galéniques Posologie (par jour)*


Amphotéricine B FungizoneT Poudre injectable 50 mg 1 mg/kg
Amphotéricine B liposomale AmbisomeT Flacon 50 mg 3 mg/kg
Complexe lipidique d’amphotéricine B AbelcetT Flacon 100 mg 5 mg/kg
Flucytosine AncotilT Comprimé 500 mg 100-150 mg/kg
Flacon injectable 2,5 g

Kétoconazole NizoralT Comprimé 200 mg 4-7 mg/kg (enfant)


Suspension buvable 100-400 mg (adulte)

Itraconazole SporanoxT Gélules 100 mg 200 à 600 mg


Solution orale

Fluconazole TriflucanT Gélules 50, 100 et 200 mg 50 à 800 mg


Solution orale
Flacon injectable 100 et 200 mg

Iodure de potassium Préparation officinale Solution saturée 1 g/mL 3à6g


DCI : dénomination commune internationale.

Du fait de sa très faible solubilité dans l’eau, elle ne peut pas être administrée Flucytosine
telle quelle en solution aqueuse. La plus ancienne formulation est la
Fungizonet, qui est une suspension micellaire d’AmB déoxycholate, utilisée La flucytosine (Ancotilt) est disponible sous forme de comprimés à 500 mg,
depuis plus de 30 ans. Plus récemment, différents auteurs ont proposé et de solution injectable à 1 % (2,5 g de 5-FC dans un flacon de soluté salé
l’administration de la Fungizonet mélangée à une émulsion lipidique isotonique de 250 cm3). La solution injectable peut être utilisée par voie
(Intralipidet), à une concentration finale de 1 mg d’AmB par mL d’émulsion intraveineuse, sous-conjonctivale, et rarement par voie intrarachidienne,
[20, 86]. Une formulation lipidique, l’Abelcett (Amphotericin B lipid complex) intracavitaire ou par inhalation. En l’absence d’insuffisance rénale, la
a été mise sur le marché en 1997, puis une formulation liposomale, posologie habituelle de la 5-FC, par voie orale ou parentérale (perfusions de
l’Ambisomet, en 1998. Enfin, une autre formulation lipidique, l’Amphocilt 1 heure), chez les patients non infectés par le VIH, est de 150 mg/kg en quatre
(Amphotericin B colloidal dispersion) est en cours de développement. doses journalières. En cas de cryptococcose neuroméningée chez les patients
L’AmB doit être administrée dans du soluté glucosé à 5 %. En France, il est infectés par le VIH, la posologie, en association à l’AmB, ne doit pas excéder
d’usage d’administrer la Fungizonet en perfusion lente, 0,2 mg/kg/h, i.e. en 100 mg/kg/j, en raison des problèmes de tolérance. L’intervalle posologique
4 à 6 heures, éventuellement un jour sur deux à double dose, mais des sera allongé à 12 heures si la clairance de la créatinine est comprise entre 20
perfusions plus courtes (1 heure) ne semblent pas plus mal tolérées [11, 28]. et 40 mL/min, et à 24 heures si la clairance est entre 10 et 20 mL/min. En cas
de clairance inférieure à 10 mL/min, ou de dialyse péritonéale, la posologie
Aucune substance ne doit être ajoutée au flacon de soluté glucosé, hormis doit être ajustée en fonction de la concentration sérique de flucytosine. En cas
l’hémisuccinate d’hydrocortisone et éventuellement l’héparine. La dose test d’hémodialyse, la dose ne sera administrée qu’après chaque séance de
reste classiquement utilisée. La classique prémédication par Phénergant, dialyse, et aucune administration ne sera faite entre les séances.
aspirine (en l’absence de troubles de l’hémostase) et hémisuccinate
d’hydrocortisone est très empirique. Cette dernière ne sera proposée qu’en Enfin, lors des associations avec l’AmB, la posologie de la flucytosine doit
cas de mauvaise tolérance générale survenant lors de la première perfusion. être réduite en cas d’apparition d’une insuffisance rénale, en raison du risque
La majoration initiale des doses doit être réalisée au cours des 24 premières accru d’hématotoxicité. Dans ce contexte, ou en cas d’insuffisance cardiaque,
heures (par exemple : demi-dose initialement, puis pleine dose au cours des il importe également de tenir compte de l’apport sodé en cas d’administration
24 heures suivantes), en cas de mycose systémique menaçant le pronostic par voie intraveineuse (2 g par flacon de 2,5 g).
vital. La posologie journalière habituelle est de 0,7 à 1 mg/kg/j dans les Les concentrations sériques de flucytosine doivent, autant que possible, être
mycoses systémiques graves chez l’immunodéprimé. Elle peut atteindre maintenues entre 25 et 100 mg/L, tout au long de l’intervalle posologique. En
1,5 mg/kg/j dans les aspergilloses invasives du sujet neutropénique. dessous de 25 mg/L, il existe un risque d’inefficacité et de développement de
Si un traitement prolongé s’avère nécessaire, la posologie peut, dans un mutants résistants. Au-dessus de 100 mg/L, les risques toxiques sont
deuxième temps, être administrée (doublée) tous les 2 jours, pour faciliter une fortement majorés. Dans la pratique, des zones thérapeutiques plus étroites
prise en charge ambulatoire. La voie intramusculaire n’est pas utilisée car ont parfois été recommandées [46, 99, 132]. Globalement, la tolérance semble
l’injection est très douloureuse. L’utilisation d’AmB par voie intravitréenne nettement améliorée par le suivi des dosages sériques, en raison de la très
se fait dans les endophtalmies liées à une souche de champignon résistant au grande variabilité interindividuelle des concentrations sériques de
fluconazole (espèces non albicans de Candida ou champignons filamenteux). flucytosine. Il reste toutefois nécessaire de contrôler la fonction rénale
Elle est également proposée en irrigation vésicale en cas de candidurie sur pendant le traitement, ainsi que la formule sanguine et les enzymes hépatiques
sonde urinaire (50 mg/L). L’injection intrathécale (0,2 à 0,5 mg, une ou deux une fois par semaine.
fois par semaine, mélangée à 25 mg d’hémisuccinate d’hydrocortisone et au
LCR aspiré lors de l’injection) n’est plus utilisée, sauf en cas de méningite Antifongiques azolés
coccidioïdienne rebelle aux fortes doses d’azolés.
Après une perfusion de 1 mg/kg en 6 à 8 heures, les taux sériques en fin de La posologie quotidienne de miconazole par voie orale est de 1 à 2 g chez
perfusion sont de 3 à 4 µg/mL, de 1 à 2 µg/mL après 24 heures, et 0,25 µg/mL l’adulte, 20 à 25 mg/kg chez l’enfant, répartie en trois ou quatre prises. La
à 48 heures, autorisant pour certains une perfusion 1 jour sur 2. Lors des forme intraveineuse n’est plus distribuée depuis septembre 1996.
traitements commencés à doses progressivement croissantes, les taux Le kétoconazole (dans le traitement des mycoses systémiques) n’est
sériques supposés efficaces ne sont atteints que vers le quatrième jour. disponible que sous forme de comprimés dosés à 200 mg. La posologie varie
Il existe indubitablement une relation entre la dose administrée et l’efficacité de 200 à 400 mg/j, à prendre au cours des repas, en deux prises. Chez l’enfant,
de l’AmB, que ce soit en fonction de la dose cumulée (avec Ambisomet), ou la posologie est de 5 à 7 mg/kg, avec une forme liquide (1 mg/goutte).
de la dose journalière entre 1 et 10 mg/kg (avec Amphocilt [137]). Il existe par Le fluconazole est disponible sous forme de gélules à 50, 100 et 200 mg, de
ailleurs, pour certaines espèces fongiques, une relation entre la CMI de l’AmB poudre pour suspension buvable (50 mg/5 mL), et de flacons de perfusion à
et l’efficacité [97]. Il doit donc exister une zone de concentration plasmatique 100 ou 200 mg.
ou tissulaire efficace vis-à-vis des souches sensibles, mais elle demeure L’itraconazole (Sporanoxt) est disponible en gélules à 100 mg qui ne doivent
indéfinie à ce jour. Dans ces conditions, le dosage plasmatique de l’AmB n’est pas être ouvertes, et en solution orale en cyclodextrine 10 mg/mL. La
pas justifié en routine à l’heure actuelle. posologie initiale de l’itraconazole, dans les mycoses systémiques, est de
Par voie orale, la posologie de la nystatine est de 1 à 4 millions d’unités chez 600 mg/j pendant au moins 4 jours, puis de 400 mg/j en une prise, au cours
un enfant et de 4 à 6 millions d’unités chez l’adulte. Ces posologies réalisent d’un repas riche en lipides. Sa prise peut éventuellement être associée à un
des concentrations suffisantes dans les selles pour éradiquer la présence d’un verre de Coca-Colat. La posologie reste inchangée en cas d’insuffisance
champignon sensible. rénale. La solution orale d’itraconazole en cyclodextrine doit être administrée
Certaines préparations commerciales de polyènes sont constituées en outre en dehors des repas.
d’un antibiotique et/ou d’un corticoïde. Leur prescription peut se justifier dans Le suivi thérapeutique se justifie essentiellement, pour l’itraconazole, dans le
les mycoses cutanées très prurigineuses ou avec surinfection bactérienne ou traitement d’une mycose systémique, en raison de la grande variabilité de son
inflammatoire. Il est préférable d’être plus sélectif dans le choix du traitement absorption et de sa cinétique non linéaire, et notamment en cas de troubles
lorsque le diagnostic de dermatose reste imprécis. digestifs ou lors de certaines associations médicamenteuses. Le dosage doit

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être réalisé 24 heures après la dernière administration, à partir du septième La tolérance de l’Ambisomet a été évaluée chez des patients atteints
jour de traitement. La méthode HPLC permet de doser simultanément d’hémopathies malignes, de tumeurs solides, de sida et chez des patients
l’itraconazole et son métabolite actif, l’hydroxy-itraconazole (taux supérieur transplantés (greffes de moelle, de foie et de rein) [26, 113], à des doses allant de
à 1 000 ng/mL). Le dosage peut également être réalisé par méthode 0,5 à 5 mg/kg/j, et des doses totales cumulées allant jusqu’à 16,8 g. Les
biologique ; les normes varient alors selon les laboratoires. Il faut mesurer la abandons de traitement en raison des effets indésirables ont été de 3 % des
somme des concentrations plasmatiques de l’itraconazole et de son métabolite patients dans une étude [113], tandis qu’il n’y a pas eu d’abandon dans les deux
actif, l’hydroxy-itraconazole, de préférence au pic présumé. Dans les autres études [26]. La fréquence des frissons et de la fièvre est extrêmement
candidoses survenant au cours de l’infection par le VIH, la concentration réduite par rapport à celle observée avec la Fungizonet (1 à 3 % des patients).
totale devrait dépasser 1 000 ng/mL pour assurer une efficacité maximale [22], Une élévation de la créatinine sérique (20 à 30 % au-dessus de la valeur de
tandis que dans l’aspergillose pulmonaire expérimentale, la concentration de départ) a été observée chez 10 à 30 % des patients, mais ces patients
5 000 ng/mL a été proposée [15]. Des études contrôlées chez l’homme seraient recevaient souvent par ailleurs des médicaments néphrotoxiques
cependant nécessaires avant de généraliser de telles recommandations. (ciclosporine, aminosides, vancomycine...). De plus, chez certains patients
ayant une créatininémie élevée en raison d’un traitement préalable par la
Fungizonet, la créatininémie a diminué au cours du traitement par
Griséofulvine l’Ambisomet (15 % des patients dans une étude). Une hypokaliémie a été
Elle existe sous formes topique et orale. La posologie orale est de 0,5 à 1 g/j observée dans 18 à 36 % des cas (la fréquence est la plus élevée lorsque le
chez l’adulte, de 10 mg/kg/j chez l’enfant, de 10 à 20 mg/kg/j chez l’animal, furosémide est associé). Enfin, les enzymes hépatiques ont augmenté (jusqu’à
en une ou deux prises au cours d’un repas. quatre fois la valeur basale) dans environ 30 % des cas. Globalement, la
tolérance est améliorée par rapport à la Fungizonet et permet d’administrer
des doses trois à cinq fois plus élevées en moyenne, sans prémédication.
Terbinafine L’amélioration de la tolérance avec l’Abelcett (à la dose de 5 mg/kg/j) porte
La posologie orale est de 250 mg/j, à distance d’un repas pour le traitement surtout sur la fonction rénale, avec une augmentation de la créatininémie deux
des dermatophyties : 2 à 4 semaines dans le traitement des lésions de la peau à trois fois moins importante que celle observée sous Fungizonet à 1 mg/kg/j,
glabre, 2 à 6 semaines pour les pieds d’athlète et les kératodermies plantaires, une baisse de la créatininémie peut être observée sous traitement [138, 139]. En
6 semaines à 3 mois pour les onyxis des mains, et 3 à 6 mois pour les onyxis revanche, la fréquence des effets indésirables immédiats (fièvre, frissons,
des pieds. nausées, vomissements) et les abandons de traitement surviennent dans 8 à
15 % des cas.
La tolérance de l’Amphocilt a été évaluée à des doses entre 0,5 et 8 mg/kg/j
Effets indésirables et interactions (le plus souvent 4 ou 6 mg/kg/j). Les effets indésirables les plus fréquents sont
médicamenteuses les frissons (9 %), la fièvre (7 %), une hypotension (5 %) et une
thrombocytopénie (3 %). L’augmentation de la créatininémie n’a été
observée que dans 1,2 % des cas, et les abandons de traitement ont représenté
Polyènes et leurs formes lipidiques 12 % des cas. La prémédication n’est donnée que si la tolérance à une dose
test de 5 mg/kg/j n’est pas bonne, et il est recommandé de ne pas dépasser
Amphotéricine B (Fungizonet) 7,5 mg/kg/j [56].
La toxicité par voie orale est nulle. Les effets indésirables habituellement
observés en cours ou immédiatement après l’administration intraveineuse de
Fungizonet sont des nausées, des vomissements, de la fièvre, des frissons,
Flucytosine
des maux de tête, des myalgies, des arthralgies, des douleurs abdominales et Les effets indésirables principaux de la flucytosine sont les troubles
de la diarrhée. L’AmB a une action irritative locale pour les veines perfusées, hématologiques, les troubles gastro-intestinaux et hépatiques [99].
mais également dans d’autres sites : injection sous-conjonctivale, injection La flucytosine peut entraîner une leucopénie, une thrombocytopénie ou une
intra-articulaire, injection intrarachidienne. Plus graves sont les arachnoïdites pancytopénie. Cet effet apparaît dans 20 à 33 % des cas, et se développe
au point d’injection, avec douleurs et déficit neurologique. Dans certains cas, presque toujours après 2 à 4 semaines de traitement. Il est dose-dépendant et
la moelle peut être lésée, probablement par ischémie. concentration-dépendant, et conduit à la recommandation de ne pas dépasser
D’autres effets indésirables sont également rencontrés : hypokaliémie, avec la dose de 150 mg/kg/j et/ou une concentration plasmatique de 100 mg/L. Les
ou sans acidose tubulaire (25 % des cas) et hypomagnésémie, hyper- ou intolérances digestives sont observées dans 6 à 18 % des cas et consistent en
hypotension artérielle, arythmies, rashs cutanés et réactions anaphylactoïdes, diarrhées, anorexie, nausées, vomissements et douleurs abdominales. Dans
pseudovertiges, troubles visuels, troubles auditifs, convulsions. La les cas extrêmes, une colite (atteignant surtout le côlon proximal) avec
néphrotoxicité se traduit par une baisse de moitié environ de la filtration perforation intestinale a pu être observée. Un mécanisme de toxicité fait
glomérulaire, avec augmentation de la créatininémie. Le mécanisme de la intervenir la formation de 5-FU. La 5-FC absorbée par le tube digestif ou
néphrotoxicité est incomplètement élucidé ; on sait cependant que l’injection administrée par voie intraveineuse est en partie sécrétée dans la lumière
d’AmB dans l’artère rénale du chien a un effet vasoconstricteur. Les intestinale. Certaines bactéries du côlon, tel Escherichia coli, ont une
altérations histologiques portent essentiellement sur le tubule distal et désaminase qui peut transformer la 5-FC en 5-FU. La 5-FU est responsable in
épargnent le glomérule. L’AmB modifierait les fonctions tubulaires distales situ de la toxicité colique et une fois absorbée, de la toxicité médullaire (fig 2).
en altérant la perméabilité membranaire. Des ponctions-biopsies du rein chez La flucytosine provoque une élévation des enzymes hépatiques dans 5 à 15 %
des patients recevant AmB et mannitol montrent histologiquement une des cas, mais elle reste le plus souvent asymptomatique. Cependant, quelques
vacuolisation intracytoplasmique dans la média des artérioles, sans atteinte décès par hépatites nécrosantes ont été rapportés. Les réactions allergiques
endothéliale ; les mêmes anomalies sont présentes au niveau des tubules cutanées sont peu fréquentes (moins de 5 %). En raison de son mécanisme
proximaux et distaux. Une néphrocalcinose tubulaire, liée au stockage de d’action, la flucytosine ne doit pas être administrée chez la femme enceinte,
l’AmB, est constante. La toxicité est potentialisée par la prescription même si aucun cas de tératogenèse ne semble avoir été rapporté.
simultanée d’autres médicaments éventuellement néphrotoxiques :
ciclosporine, diurétiques, aminosides, aciclovir ou éventuellement
générateurs d’hypokaliémie. La toxicité rénale chez l’homme n’est pas Antifongiques azolés
diminuée par la perfusion de mannitol. En revanche, une charge sodée, ou au
moins un chiffre normal de natrémie, semble un facteur important pour Interactions médicamenteuses
réduire, voire faire régresser la néphrotoxicité. Il se développe également une
anémie normochrome normocytaire, probablement par diminution de la Les azolés sont des inhibiteurs enzymatiques qui agissent sur certaines
synthèse d’érythropoïétine. Rarement, des perturbations du bilan hépatique, isoenzymes des cytochromes P-450 (CYP). Le fluconazole inhibe fortement
une thrombocytopénie, une leucopénie et une agranulocytose peuvent être les isoenzymes de la famille CYP 2C, et faiblement les isoenzymes de la
observées. Dans la pratique, la néphrotoxicité, la fièvre et les frissons sont les famille CYP 3A. Le kétoconazole et l’itraconazole présentent un profil
effets indésirables majeurs, qui apparaissent dans environ 50 % des cas, et qui d’inhibition inverse de celui du fluconazole. Le fluconazole a donc tendance
peuvent conduire à l’arrêt du traitement [118]. Ces effets indésirables limitent à majorer la concentration des médicaments métabolisés par le CYP 2C
souvent la posologie idéale de la Fungizonet à 1 mg/kg/j. (phénytoïne, tolbutamide), tandis que le kétoconazole et l’itraconazole
augmentent la concentration des médicaments métabolisés par le CYP 3A
Formes lipidiques (terfénadine, ciclosporine, astémizole, midazolam et triazolam).
L’administration d’AmB (à la dose de 1 mg/kg/j) avec l’Intralipidet permet En pratique :
de réduire l’incidence de la néphrotoxicité (2/16 versus 9/16), de la fièvre et – la posologie de la ciclosporine doit être réduite de 75 à 85 % sous
des frissons (5/16 versus 12/16) par rapport à la Fungizonet [86] , mais kétoconazole ;
l’amélioration de la tolérance semble dépendre de la manière de préparer cette – les antihistaminiques (terfénadine, astémizole) sont contre-indiqués avec
émulsion. le kétoconazole et l’itraconazole, en raison du risque de torsade de pointe ;

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– les benzodiazépines (midazolam et triazolam) doivent être évitées en raison Terbinafine


de la prolongation et de la majoration de leurs effets.
Les effets secondaires sont rares : troubles digestifs, réactions cutanées,
hépatites, neutropénies et thrombopénies. Des agueusies partielles ou totales,
Effets indésirables réversibles à l’arrêt du traitement, ont été signalées.
Les effets indésirables communs aux divers antifongiques azolés [77, 99] sont
les troubles gastro-intestinaux (nausées, douleurs abdominales, diarrhées,
parfois vomissements et constipation), les réactions allergiques (prurit, rash Tests de sensibilité in vitro et résistance
cutané), les maux de tête et l’élévation transitoire des enzymes hépatiques. aux antifongiques
La fréquence de ces effets indésirables dépend de la dose journalière et de la
durée de traitement. Par exemple, avec le kétoconazole, les traitements d’une
durée supérieure à 1 semaine génèrent l’un ou l’autre des effets indésirables Tests de sensibilité in vitro
chez 5 à 10 % des patients aux doses usuelles, mais leur fréquence n’est que Généralités
de 2 % si la durée du traitement est inférieure à 5 jours. En revanche, à la dose
de 1 600 mg/j, plus de 50 % des patients présentent des nausées. Par ailleurs, Les tests de sensibilité des champignons aux antifongiques posent d’une part
l’incidence des effets indésirables gastro-intestinaux du kétoconazole est le problème de leur standardisation, mais également, et de manière plus aiguë
moindre en cas d’absorption au cours des repas. pour les thérapeutes, le problème de la relevance clinique du résultat.
Les réactions d’hypersensibilité sont bénignes dans l’immense majorité des Pour l’étude de la sensibilité des levures aux antifongiques, des efforts
cas. Un syndrome de Stevens-Johnson ou de Lyell survient exception- importants de standardisation ont été réalisés au cours des dernières années,
nellement avec le fluconazole. Des cas d’angio-œdème ont été observés avec notamment par le National committee for clinical laboratory standards
le fluconazole et le kétoconazole. (NCCLS). Actuellement, la technique d’étude des CMI en microplaques est
proposée. Cependant, certaines étapes de la méthode (notamment
L’hépatotoxicité se traduit par une élévation des enzymes hépatiques, parfois détermination de la taille de l’inoculum et lecture) peuvent rendre difficile son
avec ictère. Elle est dose-dépendante et fonction de la durée du traitement. interprétation [ 3 8 ] . De nombreux tests in vitro sont actuellement
Une élévation modérée des transaminases survient chez 2 à 5 % des patients, commercialisés, permettant d’étudier la CMI elle-même pour certains
avec un retour spontané à la normale. Elle intervient dans un délai très antifongiques (E-testt, ATB Fungust) ou de définir des zones de sensibilité,
variable (5 jours à 195 jours pour le kétoconazole), et elle est réversible à basse, intermédiaire ou haute (Fungistestt, ATB Fungust). Le milieu de
l’arrêt du traitement dans un délai tout aussi variable. Le traitement doit être culture optimal pour l’utilisation du E-testt reste à déterminer [140]. Quant aux
interrompu dès que le taux de transaminases s’élève à deux ou trois fois le antifongigrammes, ils permettent de mesurer des diamètres d’inhibition.
chiffre normal. L’incidence de l’hépatite symptomatique, pour le La relevance clinique est bonne pour les candidoses oropharyngées des
kétoconazole, est de l’ordre de 1/10 000, toutes indications confondues, mais patients infectés par le VIH chez lesquels une CMI élevée du fluconazole sur
elle peut varier de 1/1 500 à 1/50 000 selon les indications. C. albicans est associée à un échec clinique. Il importe de noter que
Les azolés, en raison de leur mécanisme d’action, inhibent faiblement la l’évaluation de l’échec thérapeutique dans ce contexte ne bénéficie pas d’un
synthèse du cortisol et de la testostérone. Cet effet est nettement plus marqué consensus, notamment en raison des différences d’AMM, notamment pour le
pour le kétoconazole que pour les autres azolés, mais ici encore, il dépend de fluconazole. Dans les candidoses systémiques, aucune corrélation n’a été
la dose : l’effet est faible à 200 mg/j, mais la baisse de la cortisolémie et de la montrée entre la CMI et le résultat thérapeutique, que ce soit avec le
testostéronémie est perceptible au-delà de 600 mg/j. Elle peut se traduire par fluconazole ou l’AmB. Il en est de même dans la prise en charge de la
une baisse de la libido, une gynécomastie et une impuissance qui sont cryptococcose neuroméningée, en dehors d’une étude américaine qui montre
réversibles à l’arrêt du traitement. une corrélation entre les résultats de CMI obtenus avec une technique et
Une hypokaliémie a rarement été observée avec le fluconazole mais plus l’évolution clinique. Ces données contrastent avec d’autres obtenues dans des
fréquemment avec l’itraconazole. Le kétoconazole et le fluconazole ont modèles murins de cryptococcose ou de candidose. Si quelques observations
parfois été associés à une thrombocytopénie sévère. De manière rapportent un échec clinique avec la présence d’une souche de champignon
exceptionnelle, l’itraconazole et le fluconazole ont été démontrés ayant une CMI élevée, il importe de noter que ces résultats sont souvent
responsables d’une alopécie. Une hypertension artérielle et des œdèmes des obtenus avec une technique utilisée dans un laboratoire donné et ne sont pas
membres inférieurs ont été observés avec de fortes posologies d’itraconazole. forcément généralisables. On observe parfois, en pratique clinique, des échecs
Son association aux antivitamines K ou aux sulfamides hypoglycémiants est thérapeutiques avec des souches ayant des CMI basses à l’antifongique utilisé
contre-indiquée, car l’effet biologique de ces médicaments est augmenté. Des et des succès malgré une CMI élevée, notamment au cours de la
effets secondaires neurologiques centraux ont été observés à des posologies cryptococcose, justifiant de ne pas modifier le traitement après l’obtention du
(hors autorisation de mise sur le marché [AMM]) de 1 600 mg/j ou plus de résultat. Ceci souligne l’importance de la prise en compte d’autres paramètres
fluconazole. que les résultats des tests in vitro, comme la présence d’un matériel étranger,
Par ailleurs, les azolés sont responsables d’une fœtotoxicité chez le rat, mais le terrain sous-jacent, dans l’évaluation de l’efficacité d’un antifongique
pas chez le lapin ; encore cet effet n’a-t-il été observé qu’à des doses élevées systémique.
(40 à 160 mg/kg), et le risque de toxicité pour le fœtus est considéré comme L’étude de la sensibilité in vitro des champignons filamenteux reste purement
faible chez l’homme. Cependant, les azolés sont contre-indiqués par principe du domaine de la recherche microbiologique. Des perspectives s’ouvrent dans
chez la femme enceinte [77, 99]. le futur grâce à des résultats récemment obtenus dans un modèle expérimental
d’aspergillose invasive et permettant d’apprécier in vivo la relevance d’une
Les effets secondaires des antifongiques azolés locaux sont rares, car ces
CMI élevée de l’itraconazole.
formes galéniques sont très peu ou pas résorbées. On peut cependant observer
des phénomènes de sensibilisation ou d’irritation dus au principe actif ou à L’étude des tests de sensibilité in vitro reste donc du domaine de la recherche
l’excipient, en particulier au gaz propulseur des sprays. clinique et de la surveillance épidémiologique, en dehors du cas particulier
(dont l’incidence s’est effondrée avec l’arrivée des nouveaux antirétroviraux)
des candidoses cutanéomuqueuses des patients infectés par le VIH.
Griséofulvine Nous donnerons cependant quelques indications relatives à chaque classe
d’antifongiques.
Interactions médicamenteuses
Polyènes
La griséofulvine accélère le métabolisme des antivitamines K. L’efficacité de
la griséofulvine peut être diminuée par la prescription simultanée de La méthode du NCCLS ne permet pas de bien séparer des souches de moindre
barbituriques. Le médicament exerce un effet anti-inflammatoire qui n’est pas sensibilité in vitro à l’AmB. Le milieu utilisé influence le résultat de la CMI,
de type cortisonique ; il augmente le pH cutané et pourrait avoir une action de mais l’importance de l’inoculum intervient peu. La technique des disques ne
type œstrogénique. peut être recommandée pour les polyènes en raison de problèmes de diffusion.
La plupart des champignons pathogènes usuels ont des CMI entre 0,1 et
Effets indésirables 1 mg/L, en particulier les levures. Ainsi, il est impossible de prédire
l’efficacité de l’AmB dans une infection systémique à Candida sp. au vu du
Le médicament est généralement bien toléré. Les céphalées, surtout en début résultat de la CMI [44]. Quelques champignons ont des CMI élevées, tels
de traitement, et les éruptions cutanées avec ou sans photosensibilisation sont Pseudallescheria boydii (Scedosporium apiospermum) et Scedosporium
les deux principaux effets indésirables. Ont également été signalés : des inflatum. Candida lusitaniae et Candida tropicalis peuvent également avoir
troubles gastro-intestinaux, des modifications du goût, une asthénie, une une CMI élevée à l’AmB ou qui s’élève sous traitement. Il faut également
confusion, une instabilité, une leucopénie. Quelques cas de lupus noter que l’AmB est active sur certains protozoaires : Leishmania,
érythémateux disséminé ou d’hépatite ont également été observés. Il ne doit Entamoeba, Naegleria, Trypanosoma, Trichomonas.
pas être prescrit chez la femme enceinte, les porphyriques, les insuffisants En clinique, certaines mycoses sont peu ou pas influencées par l’AmB, sans
hépatiques et les lupiques. qu’il y ait de lien précis avec une quelconque diminution de la sensibilité in

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vitro : l’aspergillome, les mycétomes fongiques, les chromomycoses, les chromomycoses. Il n’y a toutefois pas d’AMM dans cette indication en
entomophthoromycoses, les dermatophytoses et certaines formes de France. En raison de sa pharmacocinétique et du stockage dans les graisses,
coccidioïdomycose. des études sont en cours avec des posologies renforcées à 1 g/j, dans le but de
saturer les sites de fixation lipidique et d’obtenir des taux sériques plus élevés
Flucytosine permettant une diffusion viscérale. Cet antifongique, éventuellement en
association avec un azolé ou un polyène, pourrait ainsi participer au
La 5-FC a un spectre antifongique limité à un nombre restreint de traitement de mycoses systémiques, dont l’aspergillose.
champignons jouant un rôle important en pathologie. Il s’agit essentiellement
de levures : C. albicans, C. glabrata, Cryptococcus, inconstamment et à un
moindre degré de champignons filamenteux : Geotrichum, Aspergillus, Mécanismes de résistance
Cladosporium trichoïdes, et des agents de la chromoblastomycose. La CMI
des levures sensibles se situe généralement entre 0,1 et 1 mg/mL et il existe Les échecs des traitements antifongiques et les améliorations apportées dans
une bonne corrélation entre les diamètres d’inhibition et les CMI [44]. Pour C. l’étude de la sensibilité in vitro des antifongiques ont permis de décrire des
albicans, environ 95 % des souches isolées sont sensibles. Il est intéressant souches de champignons résistant aux traitements usuels et d’en préciser le
de noter que dans l’espèce albicans, le sérotype A est en règle sensible, alors mécanisme.
que le sérotype B est souvent résistant, mais est plus rarement isolé. Pour les
espèces non albicans, en particulier C. tropicalis, C. krusei, 25 à 30 % des Polyènes
souches sont résistantes lors de l’isolement. La grande majorité des souches
de C. neoformans et de C. glabrata sont sensibles. La résistance acquise à l’AmB est souvent associée à une modification des
lipides membranaires, notamment l’ergostérol. Des souches de Candida
En suivant la technique du NCCLS, les souches dont la CMI est supérieure ou résistant à l’AmB et présentant une modification du système de la delta-5-6-
égale à 32 mg/L sont résistantes et celles dont la CMI est inférieure à 4 mg/L désaturase ont été récemment décrites [127]. Une souche de C. neoformans
sont sensibles [44]. Sous traitement, des mutants peuvent être sélectionnés par présentant un défaut de la delta-8-7-isomérase a également été décrite [127]. Un
l’antifongique ; il s’agit de résistance secondaire. Ce risque important contre- autre mécanisme possible de résistance à l’AmB serait médié par une
indique la monothérapie dans les méningites à cryptocoques (même si son augmentation de l’activité catalase, diminuant l’effet oxydatif induit par
efficacité est documentée), dans les mycoses digestives, et en règle dans les l’antifongique.
mycoses à fort inoculum. Les traitements prolongés ou à posologie faible
(soulignant l’importance du dosage sérique) augmentent le risque 5-flurocytosine
d’émergence d’un mutant résistant. La sensibilité des champignons
filamenteux est souvent limite, expliquant les médiocres résultats cliniques La résistance intrinsèque des champignons à la 5-FC peut être due à une
sous 5-FC. Toutefois, certains champignons noirs (Dematiaceae) sont modification de la cytosine perméase. La résistance acquise peut être due à un
sensibles. La 5-FC est l’antifongique pour lequel un antifongigramme est défaut de métabolisation de la 5-FC en 5-FUTP et 5-FdUMP, ou à une perte
nécessaire avant le traitement d’une mycose systémique. du contrôle de la biosynthèse de la pyrimidine [127].

Antifongiques azolés Azolés


Le spectre antifongique est pratiquement superposable pour tous les produits De nombreux mécanismes sont à l’origine de la résistance des levures au
dans leur utilisation en tant que topiques (tableau I). Il s’agit des agents fluconazole
[127, 143]
:
classiques des mycoses superficielles : Candida, dermatophytes : – défaut d’accumulation cellulaire de l’antifongique. Ce mécanisme est
Trichophyton, Microsporum, Epidermophyton sp. et Malassezia sp., documenté pour C. albicans, C. glabrata et C. krusei. Pour C. albicans, les
Geotrichum candidum et Scopulariopsis brevicaulis sont inconstamment système d’efflux de la superfamille de l’ATP-binding cassette (ABC) et de la
sensibles. C. glabrata est souvent résistant. Les différences de sensibilité classe des facilitateurs majeurs (MF) en sont responsables. Deux gènes de ces
parfois notées in vitro ne permettent pas de hiérarchiser les produits quant à transporteurs (CDR1 pour ABC et BEN pour MF) sont surexprimés dans les
leur activité in vivo. En outre, des différences de quelques microgrammes in souches résistantes. D’autres gènes ont été plus récemment clonés ;
vitro ont peu de signification lorsque l’application locale sur les lésions
apporte quelques milligrammes de produit actif. – modifications de l’affinité de CYP51 A1 (14-alpha-déméthylase) pour ces
médicaments. Ce mécanisme a été décrit chez C. albicans et C. neoformans ;
La méthode des disques peut être utilisée pour le fluconazole, mais elle n’est
bien corrélée à l’étude de la CMI que pour les souches sensibles [140]. Par – élévation du contenu cellulaire de CYP51 A1. Ce mécanisme a été rapporté
expérience, la résistance intrinsèque de C. krusei et celle de C. dubliniensis chez quelques isolats de C. albicans et C. glabrata ;
contre-indiquent le recours aux dérivés azolés et donc rendent inutile l’étude – inactivation de la delta-5-6-désaturase. Ce mécanisme a été rapporté chez
de la sensibilité in vitro. C. albicans, avec une résistance croisée à l’AmB.
Des valeurs critiques ont récemment été définies pour le fluconazole et
l’itraconazole, essentiellement pour le traitement des candidoses
oropharyngées à C. albicans des patients infectés par le VIH, en utilisant la Utilisation des antifongiques en prophylaxie
méthode du NCCLS. Pour le fluconazole, les souches sont sensibles si la CMI chez l’immunodéprimé
est inférieure ou égale à 8 mg/L, sensibles dose-dépendantes si elle est
comprise entre 16 et 32 mg/L, et résistantes si elle est supérieure ou égale à
64 mg/L [111]. Pour l’itraconazole, dans ces mêmes circonstances, la souche Prophylaxie antifongique chez les neutropéniques
de Candida est dite sensible si la CMI est inférieure ou égale à 0,125 mg/L, (non greffés de moelle)
sensible dose-dépendante si elle est comprise entre 0,25 et 0,5 mg/L, et
résistante si la CMI est supérieure ou égale à 1 mg/L. Quand une prophylaxie antifongique est utilisée chez un patient
neutropénique, elle doit l’être idéalement dès le début de la chimiothérapie,
Griséofulvine afin d’être active lors de la survenue de la neutropénie. Elle doit être ensuite
interrompue dès la réapparition d’un chiffre normal de leucocytes, en
Les dermatophytes représentent l’indication majeure du traitement par la l’absence d’infection fongique ultérieurement documentée lors de la phase
griséofulvine. Selon le genre en cause, Microsporum, Trichophyton et de neutropénie. Certains auteurs ont proposé de ne pas administrer de
Epidermophyton, la CMI varie entre 0,14 et 2,5 mg/L. Hormis certains agents prophylaxie antifongique si la durée prévisible de neutropénie était de moins
de mycétome parfois sensibles, les bactéries, les levures et les agents des de 7 jours.
mycoses viscérales profondes sont résistants. L’antifongique est sans action Les études récentes ont essentiellement porté sur les antifongiques azolés par
dans le traitement du pityriasis versicolor. voie orale, en comparaison à un placebo, à un polyène oral, ou à l’AmB par
voie veineuse.
Terbinafine Le kétoconazole prévient habituellement la survenue d’une candidose
Le spectre in vitro concerne surtout les dermatophytes qui sont très sensibles, oropharyngée, mais ni le recours à l’AmB empirique [52], ni le risque de
les champignons Dematiae dont les agents des chromomycoses, certains survenue d’une candidose systémique et la mortalité ne sont diminués. De
filamenteux comme Aspergillus, Fusarium, Penicillium, les dimorphiques, plus, on ne note pas de supériorité nette du kétoconazole (200 ou 400 mg/j)
Trichosporon sp., Malassezia sp. et C. neoformans sont sensibles. par rapport à celle des polyènes oraux [71]. Le kétoconazole présente par
Scopulariopsis sp., Scytalidium sp. et Onychoïola canadensis ont des CMI ailleurs d’autres inconvénients potentiels chez les neutropéniques : son
basses. La sensibilité des Candida varie selon l’espèce et les méthodes inefficacité sur les Aspergillus et les mucorales, un risque de sélectionner des
utilisées, C. parapsilosis étant le moins sensible. In vivo, l’efficacité a été espèces résistantes, une absorption réduite en cas d’achlorhydrie, et le risque
démontrée dans les infections à dermatophytes et dans les chromomycoses. de toxicité, notamment hépatique [71].
Comme la griséofulvine, la terbinafine est essentiellement un Plusieurs études multicentriques ont démontré l’efficacité du fluconazole (50
antidermatophyte. C’est également un excellent traitement des à 400 mg/j) chez l’adulte, comme prophylaxie chez les patients

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Maladies infectieuses ANTIFONGIQUES 8-004-M-10

neutropéniques. Le risque de survenue d’une candidose oropharyngée est Prophylaxie antifongique au cours
particulièrement diminué, mais son efficacité sur la prévention des infections de l’infection par le VIH
fongiques systémiques et sur la nécessité du recours à l’AmB intraveineuse
empirique est plus controversée [71]. Bien que certaines études aient montré une efficacité de la prophylaxie
Trois larges études randomisées comparant le fluconazole à un polyène oral primaire antifongique au cours de l’infection par le VIH, dans les candidoses
ont été publiées, portant chacune sur un collectif d’au moins 500 patients. La cutanéomuqueuses, la cryptococcose et l’histoplasmose, celle-ci ne doit pas
première a comparé le fluconazole (50 mg/j) versus l’AmB et/ou la nystatine, être utilisée en pratique clinique, compte tenu de son coût, du risque de
et ne montrait pas de réduction de la colonisation oropharyngée, alors qu’il l’apparition de souches de levures résistantes et de l’absence d’effet sur la
existait une diminution des épisodes de candidose clinique (1,6 versus 8,6 %). survie [71]. Seules les prophylaxies secondaires des mycoses systémiques
La fréquence des infections fongiques systémiques était identique dans les restent utilisées. Des études cliniques comportant une méthodologie
deux groupes et le recours à l’AmB intraveineuse également [104] . La rigoureuse ont démontré que le fluconazole est la molécule de choix dans la
deuxième réalisée chez des adultes neutropéniques atteints de leucémie aiguë prévention secondaire de la cryptococcose ; l’itraconazole est le traitement
n’a pas montré d’efficacité supérieure du fluconazole (150 mg/j) à l’AmB de première intention pour prévenir les récidives de l’histoplasmose et de
orale dans la prévention des candidoses oropharyngéees, sur l’utilisation l’infection à Penicillium marneffei. L’introduction, il y a 3 ans, des
empirique de l’AmB et le risque de survenue d’une infection fongique antiprotéases dans l’arsenal thérapeutique antirétroviral s’est associée à une
systémique [81]. Une troisième étude réalisée chez l’enfant (3 mg/kg/j), en diminution (voire à une disparition pour les patients compliants et bon
comparaison aux polyènes, montrait une réduction des infections fongiques répondeurs sur le plan virologique) des mycoses. De plus, la remontée
muqueuses, mais pas de la fréquence des candidoses systémiques [95]. importante de la lymphocytose CD4, associée à la suppression de la charge
L’utilisation du fluconazole doit être rigoureuse en raison de la sélection virale, pourrait même théoriquement permettre d’interrompre la prophylaxie
potentielle de souches résistantes, comme C. krusei [23, 74, 144], ou de moindre secondaire antifongique après la survenue d’une mycose systémique sévère,
sensibilité comme C. glabrata [60, 145]. notamment anticryptococccique. Bien que des expériences ponctuelles
Un travail récent a montré que l’AmB administrée trois fois par semaine par tendent à montrer le bien-fondé de cette attitude, aucune étude publiée ne
voie intraveineuse (0,5 mg/kg par dose) était aussi efficace que le fluconazole permet pour l’instant de le confirmer sur une échelle suffisamment large.
(400 mg/j), chez 90 patients avec une leucémie aiguë [18]. Il y avait en En cas de prophylaxie secondaire sur ce terrain (par le fluconazole ou
revanche plus d’effets secondaires dans le groupe recevant l’AmB ; 58 % ont l’itraconazole), il importe, là encore, de surveiller les interactions
été compliants au traitement prophylactique dans le groupe AmB versus 80 % médicamenteuses, notamment avec les nouveaux antirétroviraux.
dans le groupe recevant le fluconazole.
Une étude prospective randomisée versus placebo a montré une efficacité de
l’itraconazole (400 mg/j) sur le risque de survenue d’infection à C. albicans, Prophylaxie antifongique chez les transplantés
mais sans impact sur le nombre total d’infections fongiques, la durée de la d’organes
fièvre et l’utilisation empirique d’AmB [134]. Une autre étude a démontré que
l’utilisation prophylactique d’itraconazole (400 mg/j) réduisait l’incidence Peu d’études ont été réalisées sur l’efficacité prophylactique des antifongiques
des infections fongiques systémiques par rapport à un groupe contrôle dans ces populations. On retient cependant quelques études montrant
historique recevant la nystatine [71]. Une étude double aveugle, multicentrique, notamment l’efficacité du fluconazole dans la prévention des candidoses chez
comparant l’itraconazole solution à l’AmB orale dans la prophylaxie des les transplantés de foie, chez lesquels ces infections sont particulièrement
infections fongiques chez les patients neutropéniques, n’a pas montré d’effet fréquentes dans les premières semaines suivant la transplantation. D’autres
significatif sur la prévention des aspergilloses invasives [53]. molécules antifongiques ont également été utilisées avec succès, de manière
En pratique clinique, il ne doit donc pas y avoir de prophylaxie systématique plus ponctuelle, et revues récemment [71].
par un antifongique azolé chez les patients neutropéniques non allogreffés. Chez les transplantés cardiaques, pulmonaires ou cardiopulmonaires, la
Toute autre est la discussion sur la prophylaxie secondaire d’une mycose colonisation du tractus respiratoire par Aspergillus sp. est un problème
invasive chez les patients neutropéniques. En effet, le risque de réactivation fréquent, notamment en cas de mucoviscidose. Il est souvent difficile de
d’une infection fongique antérieure, principalement l’aspergillose, a bien été différencier la colonisation de l’invasion précoce, et pour certaines équipes,
documentée en oncohématologie. L’utilisation d’antifongiques a donc été cette situation est une indication à un traitement antifongique. En cas
évaluée dans la prophylaxie secondaire des mycoses systémiques, d’utilisation de l’itraconazole, il importe de réaliser des dosages des
principalement au cours des greffes de moelle. Une prophylaxie secondaire antifongiques et de tenir compte de l’interaction avec la ciclosporine.
de l’aspergillose doit être systématiquement réalisée en cas d’intensification En cas de transplantation rénale, de pancréas, ou rénale et pancréatique,
chimiothérapique ultérieure. L’AmB intraveineuse était classiquement aucune recommandation prophylactique antifongique ne peut être proposée
administrée durant les épisodes ultérieurs de neutropénie [63, 80, 121]. L’excision actuellement.
chirurgicale d’une lésion persistante est recommandée avant d’envisager une
intensification thérapeutique ultérieure. Chez les patients pour lesquels la
chirurgie ou l’AmB sont contre-indiquées, l’itraconazole a pu être efficace, Traitement curatif des infections fongiques
mais le nombre de patients rapporté reste faible [27, 78]. Une surveillance
attentive des taux sériques doit être appliquée chez ces patients.
Apport des modèles expérimentaux
Prophylaxie antifongique chez les greffés de moelle
De nombreux modèles expérimentaux d’infections fongiques ont été
Chez les greffés de moelle, la prophylaxie doit être continuée, même au-delà développés pour tester in vivo l’efficacité des antifongiques déjà disponibles
de la guérison de la neutropénie, en raison du risque de développer une ou en cours de développement. La plupart des modèles sont réalisés chez la
infection fongique invasive lors de la survenue d’une réaction du greffon souris, plus rarement chez le lapin. Il importe toujours de préciser l’espèce
contre l’hôte (GVH). Une attention particulière doit être apportée aux patients animale utilisée et l’âge des animaux, mais aussi probablement leur sexe, car
qui nécessitent de fortes doses de corticoïdes et ceux ayant une infection la réactivité de l’hôte peut varier face à l’infection expérimentale. Certains
évolutive à cytomégalovirus. La durée optimale de prophylaxie chez les modèles utilisent une inoculation locale (intratrachéale ou intracérébrale dans
greffés de moelle n’est pas connue, mais une recommandation récente la cryptococcose ; intratrachéale dans l’aspergillose), ou systémique
propose une durée de 3 mois après la greffe [147]. (candidose, cryptococcose ou aspergillose). L’utilisation des modèles
Deux études portant sur au moins 300 patients ont montré que le fluconazole expérimentaux permet notamment de clarifier les notions de doses efficaces
(400 mg/j) réduisait le nombre de cultures fongiques positives, les infections et de rythme d’administration, l’effet de la sévérité de l’infection sur
fongiques superficielles et systémiques. La mortalité globale n’était pas l’efficacité de l’antifongique testé, la toxicité, ainsi que la comparaison des
modifiée, mais les décès attribués aux infections fongiques étaient molécules entre elles dans un même modèle. De manière plus récente, ces
significativement diminués dans le groupe fluconazole. On ne notait en modèles ont permis de préciser l’impact d’une moindre sensibilité in vitro de
revanche pas de diminution du recours à l’AmB parentérale dans le groupe l’antifongique testé sur son efficacité in vivo, notamment avec les
fluconazole [50]. Une deuxième étude a montré que le fluconazole (400 mg/j), antifongiques azolés. Ainsi, certains auteurs ont montré que les souris
administré durant les 75 premiers jours après greffe de moelle, réduisait les infectées par une souche de C. neoformans de moindre sensibilité au
infections fongiques systémiques et superficielles, la colonisation fongique fluconazole, répondaient moins bien à l’antifongique. À l’inverse, nous avons
et le recours à l’AmB empirique [116]. Aucune infection à C. albicans n’était récemment montré qu’une CMI basse ne permettait pas de prédire l’efficacité
observée chez les patients recevant le fluconazole et on ne notait pas du fluconazole en cas d’infection fongique sévère (importance de l’inoculum
d’augmentation de l’incidence des infections liées à des espèces non albicans. fongique in vivo). Dans l’aspergillose expérimentale, il a été montré une
La dose optimale de fluconazole reste en revanche mal définie. De plus faibles bonne corrélation entre la présence de CMI élevées d’itraconazole chez A.
doses ont en effet également montré une efficacité antifongique [5, 85]. fumigatus et la moindre efficacité de la molécule in vivo.

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Indications des antifongiques étude était réalisée en double aveugle et montrait une survie comparable, un
délai d’obtention d’apyrexie identique. Le risque de toxicité immédiate et de
Amphotéricine B intraveineuse néphrotoxicité, ainsi que le risque d’apparition d’une infection fongique
confirmée, était significativement réduit dans le groupe recevant l’AmB
L’AmB déoxycholate reste le traitement de référence des mycoses liposomale [136].
systémiques. Elle est donc le plus souvent utilisée comme la molécule de Au cours de la cryptococcose méningée chez les patients infectés par le VIH,
comparaison au cours des études évaluant un nouvel antifongique à visée une étude randomisée comparant l’Ambisomet (4 mg/kg/j) à la Fungizonet
prophylactique ou curative. La posologie journalière varie en fonction de (0,7 mg/kg/j) pendant 3 semaines a montré un taux de négativation des
l’indication : 0,3 à 0,5 mg/kg dans les candidoses oropharyngées ou cultures significativement plus élevé à 15 jours avec l’Ambisomet, et une
œsophagiennes rebelles, 0,5 à 0,7 mg/kg dans les mycoses endémiques (en moindre néphrotoxicité, mais on ne notait pas de modification de l’évolution
dehors de l’infection par le VIH), 0,7 à 1 mg/kg dans les autres indications clinique et notamment de la survie. Il importe de noter que cette étude incluait
(cryptococcose, candidoses systémiques, mycoses endémiques de seulement un total de 28 patients évaluables [69].
l’immunodéprimé, mucormycoses). Au cours de l’aspergillose invasive des
patients neutropéniques, il importe d’administrer une posologie quotidienne La posologie optimale de l’Ambisomet reste discutée.
d’au moins 1 mg/kg, jusqu’à l’amélioration (en général pendant au moins les • Complexe lipidique d’amphotéricine B (Abelcett)
2 premières semaines de traitement).
Une large étude ouverte récente réalisée aux États-Unis a rapporté l’efficacité
Amphotéricine B lipidique et la tolérance de l’Abelcett dans le traitement de 556 cas d’infections
fongiques invasives réfractaires (dont 291 prouvées sur le plan
Compte tenu de l’introduction récente de ces dérivés dans l’arsenal mycologique) [138]. Chez les patients ayant une créatinine élevée lors de
thérapeutique antifongique, il nous a semblé important de présenter les l’inclusion, on observait une diminution significative de celle-ci sous
résultats de quelques études cliniques. Abelcett. On notait une réponse complète ou partielle dans 42 % des 130 cas
La toxicité immédiate et cumulée de l’AmB déoxycholate a motivé le d’aspergillose invasive confirmée, 67 % des 42 cas de candidose disséminée,
développement de préparations lipidiques, liposomales ou non. Deux 71 % des 24 cas de zygomycose et 82 % des 11 cas de fusariose [138]. Chez les
préparations liposomales n’ont jamais abouti à un développement industriel. patients ayant une aspergillose invasive, le taux de réponse était plus
La première a été développée par Lopez-Berenstein et al et consistait en des important chez ceux ayant une atteinte extrapulmonaire isolée ou sinusienne
vésicules lipidiques multilamellaires de 1 à 8 µm, contenant 5 % mol d’AmB. (67 et 64 %).
L’analyse des résultats cliniques préliminaires montrait des pourcentages de Deux études comparatives par rapport à l’AmB libre ont été réalisées. Dans la
réponse complète allant de 41 à 76 %, en fonction de l’infection fongique. La cryptococcose chez les patients atteints du sida, il a été montré que l’efficacité
tolérance immédiate et rénale était satisfaisante chez les premiers patients de l’Abelcett (5 mg/kg/j) était identique à celle de l’AmB libre. Cependant,
traités. Cependant, en raison de la survenue d’une intolérance respiratoire les effectifs dans cette étude étaient restreints pour autoriser une conclusion
chez un patient, le développement de cette préparation a été interrompu. définitive [115]. Une large étude portant sur 231 patients ayant une candidose
Sculier et al ont développé une autre formulation consistant en des petites invasive (194 évaluables) n’a pas montré de différence d’efficacité de
vésicules unilamellaires. Cette formulation était bien tolérée, mais le faible l’Abelcett (5 mg/kg/j) en comparaison à la Fungizonet (0,6 à 1 mg/kg/j), y
nombre de patients évaluables n’autorisait aucune conclusion ferme. compris dans toutes les analyses réalisées dans les sous-groupes (maladie
De nombreuses études ont en revanche montré la meilleure tolérance des trois sous-jacente, neutropénie) [10].
nouvelles formulations (Abelcett, Ambisomet et Amphocilt-Amphotect), On peut schématiquement retenir une efficacité comparable de l’Abelcett en
en comparaison à la forme conventionnelle d’AmB vectorisée sur première intention à celle de la Fungizonet dans le traitement des candidoses
déoxycholate [30]. invasives et de la cryptococcose au cours du sida. D’autres études sont
L’analyse des résultats portant sur l’efficacité dans les études ouvertes testant nécessaires pour le confirmer et surtout montrer l’efficacité de plus faibles
l’une de ces trois molécules est rendue difficile par la gravité clinique des doses d’Abelcett. Son efficacité est documentée chez les patients réfractaires
patients inclus (échecs de l’AmB déoxycholate), l’absence de définition claire et/ou intolérants à la Fungizonet (il importe d’être strict sur ces critères dans
des infections fongiques, le délai souvent important entre le diagnostic de la pratique clinique). Les effets secondaires liés à la perfusion sont identiques
l’infection fongique systémique et le début du traitement, la documentation ou diminués en comparaison à l’AmB, avec une néphrotoxicité moindre. Il
souvent médiocre des épisodes d’infections fongiques ou l’hétérogénéité des importe en revanche de surveiller la survenue possible d’une cholestase sous
pathogènes fongiques isolés, l’utilisation de faibles doses et la possibilité que Abelcett [146].
la poursuite de l’AmB conventionnelle aurait permis un contrôle identique de
• Dispersion colloïdale d’amphotéricine B (ABCD)
l’infection. De plus, le coût élevé de ces molécules nécessite de hiérarchiser
leur prescription. Les résultats d’études récentes portant sur des effectifs plus L’ABCD est admis aux États-Unis dans le traitement de l’aspergillose
larges et réalisées avec une méthodologie appropriée permettent de mieux invasive chez les patients intolérants ou réfractaires à l’AmB. Peu d’études
définir la place de ces molécules. cliniques utilisant une méthodologie appropriée sont disponibles. On
retiendra une étude rétrospective comparant l’ABCD (0,5 à 8 mg/kg/j) à
• Ambisomet l’AmB (0,1 à 1,4 mg/kg/j) dans le traitement de l’aspergillose invasive [141],
Son efficacité a été documentée dans les modèles expérimentaux d’infections avec des durées médianes de traitement comparables. Le nombre de patients
fongiques. neutropéniques était en revanche plus important dans le groupe AmB. Les
Chez l’homme, plusieurs études ouvertes ont montré son efficacité dans le résultats de cette étude montrent un taux de réponse global, un taux de
traitement des mycoses systémiques chez les patients neutropéniques [83], mortalité et une tolérance en faveur de l’ABCD, ces conclusions devant être
mais les problèmes méthodologiques sus-cités ne permettent pas clairement pondérées par les différences de gravité des patients. Une étude disponible
de préciser son intérêt potentiel en première intention en comparaison à sous forme d’abstract n’a pas montré de différence d’efficacité de l’ABCD
l’AmB. On retient de ces études la possibilité de poursuivre le traitement en (4 mg/kg/j) versus l’AmB (0,8 mg/kg/j) dans le traitement des fièvres
cas d’insuffisance rénale sous-jacente, ou la possibilité de l’administrer avec inexpliquées du patient neutropénique [142].
efficacité en cas d’échec antérieur de la Fungizonet. L’Ambisomet apparaît • AmB Intralipidet
particulièrement intéressante chez les transplantés recevant de la ciclosporine,
en raison du risque important de néphrotoxicité. Pour des raisons économiques et de tolérance immédiate et rénale, certains
thérapeutes utilisent l’AmB diluée dans l’Intralipidet. Il n’y a pas d’AMM
Plusieurs études récentes ont comparé l’Ambisomet à l’AmB, en pour cette préparation.
hématologie ou au cours de l’infection par le VIH.
En pratique clinique, les dérivés lipidiques sont donc à réserver aux patients
Une étude récemment publiée a ainsi comparé deux posologies d’AmB présentant une infection fongique systémique suspectée ou documentée et
liposomale (1 et 3 mg/kg/j) à 1 mg/kg/j d’AmB dans les fièvres persistantes intolérants ou réfractaires à l’AmB conventionnelle. Leur utilisation devra
chez des adultes et des enfants neutropéniques. Les conclusions de cet probablement être plus large en transplantation en raison de la coprescription
important travail étaient que la forme liposomale, quelle que soit sa posologie, d’immunosuppresseurs néphrotoxiques. Des études récentes ont montré un
était significativement moins toxique que la forme conventionnelle, et que intérêt particulier de l’Ambisomet dans les fièvres persistantes du sujet
l’efficacité de la forme liposomale à 3 mg/kg/j était plus grande, sans que le neutropénique.
temps nécessaire pour obtenir l’apyrexie soit différent [107]. Ces résultats ont
été confirmés par ceux de deux études récemment présentées, comparant 5-fluorocytosine
l’Ambisomet à 3 mg/kg/j versus l’AmB (0,6 mg/kg/j). L’une était réalisée
chez des transplantés de moelle neutropéniques ayant une fièvre persistante. La 5-FC (Ancotilt) ne doit jamais être utilisée en monothérapie, car elle
Dans cette étude, l’incidence de la néphrotoxicité et de la survenue expose au risque élevé de sélection d’une souche résistante sous traitement.
d’infections fongiques documentées étaient significativement plus importante Elle est le plus souvent utilisée en association avec l’AmB, dans le traitement
dans le groupe recevant la Fungizonet. La différence était particulièrement des infections candidosiques sévères, notamment endovasculaires,
nette dans le sous-groupe des patients ayant une allogreffe de moelle. L’autre méningées ou articulaires. Elle est également utilisée, dans cette association,

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comme le traitement de référence des cryptococcoses neuroméningées des sucer, ou mieux en bains de bouche d’AmB en suspension (Fungizonet). Les
patients infectés ou non infectés par le VIH. Elle est utilisée de manière plus associations au bicarbonate de sodium ou à l’Hextrilt ne sont pas justifiées.
ponctuelle dans le traitement des aspergilloses invasives, notamment en cas Des mesures d’hygiène (brossage des dents, nettoyage des prothèses
de localisations neuroméningée, urinaire, osseuse, oculaire ou dentaires) doivent être associées. En cas d’échec, un traitement systémique
endovasculaire. Son utilisation en association avec le fluconazole (à fortes peut être associé, par un azolé comme le kétoconazole à la posologie de
doses) s’est également montrée intéressante, notamment dans le traitement 200 mg/j, ou le fluconazole (50 à 100 mg/j) per os. Les suspensions orales de
des cryptococcoses méningées. Elle est enfin utilisée dans le traitement des fluconazole et d’itraconazole se sont montrées très efficaces dans le traitement
chromoblastomycoses, en association avec l’itraconazole. La 5-FC est contre- des candidoses oropharyngées ou œsophagiennes chez l’adulte ou l’enfant
indiquée en cas de grossesse. immunodéprimé [106] . Le clotrimazole utilisé aux États-Unis n’est pas
disponible en France.
Azolés Avant l’introduction des antiprotéases, les atteintes cutanéomuqueuses du
– Le kétoconazole est utilisé dans le traitement des histoplasmoses, de la patient infecté par le VIH étaient facilement accessibles à un traitement
paracoccidioïdomycose et de la blastomycose des patients non simple, réalisé en ambulatoire ; leur risque évolutif immédiat était faible, mais
immunodéprimés. Il est également utilisé dans le traitement des le risque de sélection de souches résistantes élevé. Les rechutes étaient
entomophtoromycoses et représente une alternative thérapeutique dans les fréquentes après un premier épisode. Le risque de survenue d’une souche
mycoses superficielles en cas d’intolérance ou d’échec avec les traitements résistant au fluconazole fait préférer le traitement curatif de chaque épisode
classiques, tout en tenant compte des effets secondaires. Il reste un bon en privilégiant les traitements topiques (en l’absence d’atteinte
traitement, en cure brève, dans certaines formes de pityriasis versicolor. œsophagienne) [72].
– Le fluconazole [49] est indiqué dans les candidoses oropharyngées à la Le traitement des candidoses œsophagiennes repose sur le fluconazole qui est
posologie de 50 à 100 mg/j (gélules à 50 mg ou une cuillère-mesure de 5 mL), plus efficace que le kétoconazole dans la plupart des cas. En cas de résistance
dans les candidoses œsophagiennes (100 à 200 mg/j), et dans les candidoses clinique au fluconazole à fortes doses, l’AmB intraveineuse est utilisée.
systémiques à la posologie d’au moins 400 mg/j. Il est maintenant bien Toutes les candiduries ne nécessitent pas de traitement. Elles se résolvent
documenté que le fluconazole est aussi efficace que l’AmB dans le traitement souvent spontanément ou après l’ablation de la sonde vésicale. Lorsqu’il
des infections candidosiques invasives chez les patients non existe des signes patents d’infection chez l’immunodéprimé ou lorsque la
neutropéniques [41] . Chez les patients neutropéniques, l’efficacité du candidurie persiste, le traitement repose sur le fluconazole ou les instillations
fluconazole en première intention est moins bien documentée. Il importe intravésicales d’AmB. L’isolement de Candida du liquide péritonéal, en
cependant de nuancer les résultats des études le démontrant par la prise en l’absence de corps étranger, requiert le même traitement qu’une candidose
compte d’un traitement antérieur par un azolé (risque de sélection d’une systémique et éventuellement une réintervention. Les candidoses péritonéales
espèce de moindre sensibilité [C. glabrata] ou résistante [C. krusei] aux sur cathéter de dialyse disparaissent souvent après ablation ou changement
azolés, voire présence d’une souche de C. albicans présentant une CMI du matériel. Dans le cas contraire, le fluconazole et les instillations
élevée). La survenue d’une candidémie chez un patient récemment traité par intrapéritonéales d’AmB par le liquide de dialysat sont efficaces.
un antifongique azolé justifie la prescription initiale d’AmB avant d’obtenir Les septicémies survenant chez le patient neutropénique doivent être traitées
les résultats microbiologiques définitifs. Il importe également de tenir compte de première intention par l’AmB. La rapidité de mise en œuvre du traitement
dans le choix thérapeutique de l’épidémiologie fongique locale. Au cours de conditionne le pronostic. La dose de 1 mg/kg/j doit être atteinte en moins de
la cryptococcose extraméningée chez les patients immunodéprimés, le 48 heures. L’adjonction de la 5-FC peut être utile mais n’est pas dénuée de
traitement de la phase aiguë nécessite une posologie de 400 mg/j pendant 8 à risques du fait de sa toxicité médullaire. Le traitement doit être poursuivi une
10 semaines et un relais à la posologie de 200 mg/j. Il est également utilisé quinzaine de jours après la positivité de la dernière hémoculture (ceci si la
dans le traitement de la coccidioïdomycose, notamment en cas de méningite porte d’entrée a été éradiquée et en l’absence de métastases septiques). Chez
chronique ou d’atteinte ostéoarticulaire. les patients non neutropéniques, le fluconazole par voie intraveineuse à la
– L’itraconazole a un spectre antifongique large. Son efficacité sur les posologie de 400 mg/j (avec éventuellement une dose de charge de 800 mg/j)
Candida est variable, mais peut être intéressante dans le traitement des est une alternative intéressante car nettement moins toxique et d’efficacité
candidoses cutanéomuqueuses liées à des souches de C. albicans résistant au équivalente à celle de l’AmB. Les résultats des principales études comparant
fluconazole, notamment avec la suspension orale. Il importe alors de vérifier le fluconazole à l’AmB dans le traitement des infections sévères à Candida
l’absence de résistance croisée à l’itraconazole. L’itraconazole est le premier sp. chez les patients non neutropéniques sont rassemblés dans le tableau VI [1,
antifongique oral actif sur les Aspergillus sp., mais également sur d’autres 8, 9, 93, 103, 110]. Les endocardites doivent être traitées par l’AmB intraveineuse

champignons filamenteux comme les Fusarium sp. et Alternaria sp. Il a pour une durée minimale de 6 à 8 semaines en association à la chirurgie. Le
considérablement amélioré la prise en charge thérapeutique des mycoses fluconazole (400 à 800 mg/j) est efficace dans les candidoses
endémiques, notamment l’histoplasmose, la sporotrichose, la hépatospléniques chroniques [7, 64].
coccidioïdomycose, la blastomycose, la paracoccidioïdomycose et l’infection
à P. marneffei. Cryptococcose
– Chez les patients non infectés par le VIH, le traitement consiste en
Associations d’antifongiques l’association [14], pour une durée de 6 semaines, de l’AmB intraveineuse (au
La bithérapie antifongique classique repose sur l’association de l’AmB moins 0,7 mg/kg/j) à la 5-FC (150 mg/kg/j per os en quatre prises). Une
conventionnelle et de la 5-FC dans le traitement de la cryptococcose surveillance des taux sériques de flucytosine est nécessaire afin de limiter les
neuroméningée (efficacité documentée au cours de l’infection par le VIH ou risques de toxicité médullaire. Les rechutes sont fréquentes et une poursuite
non), des candidoses systémiques sévères, et plus ponctuellement de certaines du traitement au-delà de 6 semaines est parfois nécessaire. Elle nous paraît
localisations de l’aspergillose invasive. Plus récemment, certains auteurs indiquée chez tous les patients immunodéprimés. Une surveillance étroite
américains ont proposé l’association du fluconazole à la 5-FC dans le pendant 2 à 3 mois après l’arrêt du traitement, puis au moins trimestrielle
traitement de première intention de la cryptococcose neuroméningée des pendant 1 à 2 ans est indispensable. Le taux de stérilisation durable du LCR
patients infectés par le VIH. De même, l’association d’un dérivé azolé et de la est de 40 à 60 %. Le fluconazole est une alternative intéressante dont
5-FC est parfois proposée dans le traitement de la chromoblastomycose. En l’efficacité a été documentée dans une large étude rétrospective [37].
revanche, il est difficile de recommander actuellement une autre association – Au cours du sida, le traitement d’attaque repose en premier lieu sur l’AmB
en thérapeutique humaine. La précaution usuelle incitant à ne pas prescrire intraveineuse [114]. La posologie doit être actuellement de 0,7 à 1 mg/kg/j, la
simultanément l’AmB et un dérivé azolé, en raison d’un effet antagoniste, n’a dose pleine devant être atteinte en 24 heures du fait du risque d’évolution
en fait jamais été démontrée chez l’homme. Aucune étude ne permet en rapidement défavorable. Le relais par le fluconazole (400 à 800 mg/j) peut
revanche de recommander une telle association, mais l’expérience clinique être pris au bout de 2 à 3 semaines, si la clinique et le LCR s’améliorent, pour
acquise dans l’aspergillose invasive (AmB et itraconazole) et dans le une durée totale de 8 à 10 semaines. Avec ce traitement combiné, les taux de
traitement de la cryptococcose (triple association AmB, 5-FC et fluconazole) stérilisation du LCR à 10 semaines sont de l’ordre de 40 à 50 %. L’association
ne montre pas d’effet délétère notable. L’association d’AmB et de à la 5-FC est utile lors de la phase initiale du traitement, à condition
rifampicine, rapportée comme efficace dans quelques observations, ne peut d’employer des doses plus faibles que chez les autres patients (100 mg/kg/j),
pas être recommandée systématiquement. mais une dose plus forte d’AmB (0,7 à 1 mg/kg/j) et de réaliser une
surveillance étroite [123]. Il faut peut-être prolonger la durée du traitement à
pleine dose, voire majorer celle-ci, tant que le LCR n’est pas stérilisé ou si un
Traitement curatif des mycoses systémiques foyer prostatique persiste, mais l’éradication de ce dernier est rarement
possible.
Candidoses
Les problèmes de toxicité, notamment rénale, liés à l’AmB, ainsi que la
Le traitement des candidoses oropharyngées repose principalement sur nécessité d’un abord veineux central, ont motivé la recherche d’un traitement
l’éviction des circonstances favorisantes chaque fois que possible et sur des plus simple à administrer et moins toxique. Malheureusement, le fluconazole
soins locaux. Ceux-ci peuvent consister en l’administration de dragées ne peut pas être proposé de première intention dans les formes
écrasées ou de comprimés gynécologiques de nystatine (Mycostatinet) à neuroméningées, car son efficacité est moindre que celle de l’AmB et la

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Tableau VI. – Principales études comparant le fluconazole à l’amphotéricine B dans les infections sévères à Candida sp. chez les patients non neutropéniques.
Critères Effets
Auteurs Réf Année Méthodologie Indication Patients Traitement de jugement Résultats indésirables
Rex 110 1994 Prospective rando- Candidémie chez 237 dont 206 éva- FCA 400 mg/j (103) Efficacité clinique FCA 72 % vs AB Troubles rénaux
misée comparative adulte non neutro- luables et mycologique en 79 %
pénique AB 0,5-0,6 mg/kg/j fin de TT jusqu’à p = 0,22 AB 37 %, FCA
(PNN > 500) (103) S12 après 2 %, p < 0,001
décès : 34 FCA 41
AB p = 0,2

Nguyen 93 1995 Ouverte prospec- Candidémies 446 dont 427 éva- FCA 100-800 mg Décès à 14/j Pas de différence FCA 12 %, AB
tive multicentrique consécutives (dont luables (67) de mortalité à 7 j, 44 %
neutropénies) AB 227 14 j et 30 j p < 0,001

Anaissie 8 1996 Prospective rando- Candidose inva- 164 (60 neutropé- FCA 400 mg/j (75) Disparition des Pas de différence FCA : 5 %, AB :
misée sive documentée niques) dont 142 signes cliniques et 35 %
Comparaison bila- ou présumée (neu- évaluables AB 25-50 mg/j (67) biologiques d’infec- FCA/AB (66 %, p < 0,0001
térale tropénies tion 64 %)

Anaissie 9 1996 Étude ouverte cas Candidose héma- 45 paires FCA 200-600 mg/j Disparition des Fin de TT : FCA FCA 9 %, AB 67 %
(FCA) - témoin togène signes cliniques et 73 %, AB 71 %,
(AB) biologiques d’infec- p = 0,78 pas de
AB 0,3-1,2 mg/kg/j p < 0,0001
tion différence survie
et de décès

Abele- 1 1996 Prospective rando- Candidose systé- Réanimation FCA (36) 400 mg/j Guérison clinique Guérison (FCA Troubles rénaux
Horn misée mique (y compris à J1 puis 200 mg/j et mycologique 56 %, AB 61 %) (créat) AB 31 %,
atteinte pulmonaire FCA 0 %
Comparaison par 25 % des patients) AB (36) 1-1,5 27 décès (14 AB,
Fisher bilatéral mg/kg/j tous les 2 j 13 FCA)
+ 5FC 3×2,5 g/j<

Philips 103 1997 Prospective rando- Candidémie chez 106 FCA 800 mg/j J1 Efficacité clinique ITT : FCA 50 % Troubles rénaux
misée adulte non neutro- puis 400 mg/j IV et disparition fon- AB : 58 % (p = significativement
pénique 4-8 semaines (53) gémie à 7/j 0,39) plus importants
Comparaison uni- (PNN > 500) AB 0,6 mg/kg/j Analyse d’efficacité dans le groupe AB
latérale dose cumulée n = 84 (42 FCA, 42 (p = 0,014)
Stratification en 12-20 mg/kg (53) AB) FCA 57 %, AB
fonction du score 62 % (p = 0,66)
Apache II
FCA : fluconazole ; AB : amphotéricine B ; TT : traitement.

mortalité initiale sous ce traitement est plus élevée. Si l’AmB ne peut être 13 % ; neutropénie de 28 jours = mortalité de 100 %). Les taux de succès avec
utilisée, le fluconazole est proposé à la posologie de 600 à 800 mg/j, l’itraconazole sont au moins identiques à ceux obtenus avec l’AmB [33].
éventuellement en association à la 5-FC. L’itraconazole, malgré une faible L’exérèse chirurgicale d’une lésion aspergillaire résiduelle (documentée par
diffusion méningée, semble également efficace dans les formes de bon scanner thoracique) est recommandée avant la reprise d’une chimiothérapie
pronostic [35] à la posologie de 400 mg/j per os après une dose de charge de aplasiante ou avant une greffe de moelle qui se fera sous couvert d’un
600 mg/j pendant 4 à 7 jours, éventuellement en association à la 5-FC. Du fait antifongique systémique. La chirurgie est également formellement indiquée
des problèmes majeurs d’absorption chez ces patients, une surveillance des dans l’endocardite, l’endophtalmie (vitrectomie complète ou partielle avec
taux sériques d’itraconazole est indispensable. Ces deux antifongiques instillation locale d’AmB), en cas d’hémoptysie importante, d’abcès épidural
triazolés peuvent être efficaces en cas d’échec de l’AmB [72]. ou d’atteinte cutanée chez le brûlé. Les autres indications sont à discuter au
Le traitement des formes sans atteinte neuroméningée au cours du sida n’est cas par cas : atteinte osseuse, otite invasive externe (mastoïdectomie), sinusite
pas codifié pour le moment. Plusieurs auteurs proposent un traitement par le (en l’absence de neutropénie), forme pulmonaire localisée [34]. Les lésions
fluconazole (400 mg/j). Le traitement de l’hydrocéphalie est souvent situées à proximité des gros vaisseaux pulmonaires sont actuellement, pour
décevant. Les corticoïdes, la dérivation neurochirurgicale et les ponctions certains, une indication formelle à la chirurgie précoce pour éviter une
lombaires itératives ont été proposés. La prise systématique de la pression du hémoptysie massive.
LCR lors de la première ponction lombaire est essentielle pour décider de
ponctions évacuatrices ultérieures (30 mL deux fois par semaine), afin de Histoplasmose à H. capsulatum [70, 73]
diminuer la mortalité précoce.
Chez l’immunocompétent, le traitement est indiqué dans les formes
disséminées, endovasculaires, neurologiques et repose alors classiquement
Aspergillose sur l’AmB. Il est également indiqué dans les formes pulmonaires chroniques
Le principal traitement de l’aspergillome symptomatique (hémoptysie) et dans les médiastinites symptomatiques. La durée du traitement est
demeure la chirurgie qui reste néanmoins grevée d’un risque de dissémination dépendante de la forme clinique de l’infection. La primo-infection de l’adulte
secondaire à la plèvre ou à la paroi thoracique et d’un risque opératoire ne nécessite habituellement pas de traitement, sauf si elle est symptomatique
important chez les patients fragiles. Chez les patients inopérables, le pendant plus de 8 jours. L’itraconazole peut alors être administré pendant
traitement antifongique repose sur l’AmB en instillation intracavitaire ou par 3 mois. Dans l’histoplasmose pulmonaire chronique, l’AmB pendant
voie générale, ou sur l’itraconazole, mais l’efficacité n’est pas clairement 6 semaines à 4 mois donne des taux de réponses allant jusqu’à 75 %. Elle est
démontrée. actuellement proposée chez les patients qui ne peuvent recevoir des azolés.
Dans l’aspergillose bronchopulmonaire allergique (ABPA) et l’aspergillose L’itraconazole ou le kétoconazole peuvent être donnés en première intention
sur mucoviscidose, l’itraconazole à la posologie de 200 à 400 mg/j chez pendant au moins 6 mois.
l’adulte, de plus de 10 mg/kg/j chez l’enfant, pour une durée de traitement Chez l’immunodéprimé, l’AmB reste le traitement de choix des patients ayant
d’au moins 6 mois, semble entraîner une amélioration clinique, spirométrique une forme disséminée sévère, à la posologie de 1 mg/kg/j pendant 14 jours,
et radiologique chez la plupart des patients, parallèlement à une diminution avec relais par l’itraconazole. L’itraconazole en première intention (400 mg/j
des taux d’immunoglobulines (Ig)E totales et de précipitines anti- pendant 3 mois) est très efficace dans les formes modérées, sans atteinte
aspergillaires. L’introduction de l’itraconazole peut parfois permettre une neurologique, avec un taux de rémission de 85 %. Le fluconazole est moins
diminution des besoins en corticoïdes, voire un arrêt de ceux-ci [68]. efficace que l’itraconazole et le kétoconazole ne doit plus être utilisé qu’à
fortes doses (supérieures ou égales à 800 mg/j) et en deuxième intention dans
Dans les aspergilloses invasives, le traitement de référence reste l’AmB. Les
cette indication.
dérivés lipidiques d’AmB, en particulier la forme liposomale, sont également
utilisés. Leur supériorité par rapport à l’AmB libre n’est actuellement pas
Histoplasmose à H. duboisii [70, 73]
démontrée au cours de l’aspergillose. Ils sont proposés chez les sujets
insuffisants rénaux ou chez ceux qui présentent une évolutivité de l’infection Le traitement classique est l’AmB avec une dose totale minimale de 2 g. Les
sous AmB. Leur coût doit également être pris en compte dans la prescription. rechutes s’observent, même plusieurs années après l’arrêt du traitement. Le
Le taux de réponse global (succès et réponses incomplètes) sous AmB est de kétoconazole (> 400 mg/j) est également donné en première intention
35 %. Le taux de décès est très variable selon l’immunodépression sous- pendant plusieurs mois. L’efficacité de l’itraconazole a été documentée dans
jacente et la localisation de l’infection (en particulier, cérébrale). Le pronostic quelques observations à la posologie de 200 à 400 mg/j pendant 12 mois. Un
de l’aspergillose invasive est très lié à la possibilité de contrôler la neutropénie traitement chirurgical associé est parfois indiqué, notamment dans certains
(neutropénie de 12 jours après diagnostic de l’aspergillose = mortalité de foyers ostéoarticulaires et ganglionnaires.

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Maladies infectieuses ANTIFONGIQUES 8-004-M-10

Coccidioïdomycose [70, 73] l’augmentation du nombre et de la diversité des mycoses, par la toxicité de
l’AmB et par la résistance de certaines espèces aux antifongiques
Dans la coccidioïdomycose de l’immunocompétent, le traitement de choix de
actuellement disponibles. Ces molécules ont généralement pour objectif
première intention des formes disséminées graves repose sur l’AmB. Dans
d’être disponibles par voie intraveineuse et par voie orale, d’être peu toxiques,
les autres formes, le fluconazole peut être proposé à la posologie de 400 mg/j,
d’être actives sur les Candida sp., y compris ceux résistant au fluconazole,
voire plus dans les atteintes neurologiques et dans les formes pulmonaires
sur C. neoformans, Aspergillus sp., et d’autres espèces telles que les
chroniques. L’itraconazole est également une alternative thérapeutique
zygomycètes (mucorales), Scedosporium sp., Fusarium sp. et Trichosporon
possible. Le traitement chirurgical peut être indiqué dans les formes
sp. notamment.
pulmonaires cavitaires rebelles, en association à l’AmB. Il est également
indiqué dans les complications ostéoarticulaires. Dans les hydrocéphalies
compliquant les méningites, un shunt peut être posé. Triazolés
Chez l’immunodéprimé, l’AmB est le traitement de première intention des
formes disséminées. Dans les autres formes, le fluconazole est le traitement Voriconazole
de choix. Le voriconazole (UK 109 496, Pfizer) est un triazolé à large spectre,
Blastomycose [70] disponible par voies orale et intraveineuse. Il est in vitro actif sur de nombreux
champignons filamenteux incluant Aspergillus sp., Scedosporium sp. et
Le traitement repose sur l’AmB (dose totale 2 g), ou plus volontiers Fusarium sp., mais sans action sur les mucorales. Son spectre d’activité
actuellement dans les formes non immédiatement menaçantes, sur concerne également les Candida sp., y compris ceux résistant au fluconazole
l’itraconazole pendant au moins 6 mois. Les rechutes sont fréquentes. (certains C. albicans, certains C. glabrata, C. krusei), C. neoformans et
Trichosporon sp., et les champignons dimorphiques [13, 43, 59, 76, 79].
Paracoccidioïdomycose [70]
Le mode d’action est analogue à celui des autres dérivés azolés sur le
Le traitement repose sur l’itraconazole ou le kétoconazole, voire l’AmB dans cytochrome P-450 de la 14-alpha-lanostérol-déméthylase, mais l’action du
les formes graves. voriconazole est plus sélective sur cette enzyme que celle du kétoconazole ou
de l’itraconazole.
Sporotrichose [70] La molécule s’est avérée efficace in vivo chez l’animal, sain ou
Le traitement classique des formes cutanées est l’iodure de potassium. Celui, neutropénique, dans des modèles d’infection systémique à C. albicans,
difficile, des formes pulmonaires, ostéoarticulaires ou disséminées, repose sur sensible ou résistant au fluconazole, à C. krusei, à C. glabrata, à C.
l’AmB ou plus récemment sur l’itraconazole, très efficace sur toutes les neoformans, à Aspergillus sp. et à des champignons endémiques
formes. dimorphiques. L’activité est voisine ou supérieure en comparaison avec le
fluconazole, l’itraconazole, voire l’AmB. Certains animaux peuvent avoir une
Pénicilliose [70] stérilisation des organes cibles. Dans ces études, le cobaye est souvent préféré,
L’AmB est proposée dans les formes disséminées des patients infectés par le car il existe chez le rat et la souris une auto-induction de la clairance
VIH. L’itraconazole peut être utilisé dans les formes moyennement sévères. conduisant à une diminution des concentrations sériques. La demi-vie est
La prophylaxie secondaire par l’itraconazole (200 mg/j) doit être administrée d’environ 1 heure chez la souris et le lapin, de 5,5 heures chez le cobaye, 3,6
à vie. chez le chien, et d’environ 6 heures chez l’homme. Le voriconazole voit sa
clairance diminuer au cours du traitement. Les études audioradiographiques
Mucormycoses ont montré une très large distribution. Chez l’homme, la molécule est très peu
éliminée sous forme active par voie urinaire et la diffusion dans le LCR est
Le traitement est médicochirurgical et doit être très précoce. Il repose sur inférieure à celle du fluconazole. La liaison aux protéines plasmatiques est de
l’AmB intraveineuse à posologie minimale de 1 mg/kg/j atteinte en 24 heures, 50 à 67 % et son volume de distribution (2 L/kg) suggère un passage tissulaire
associée à un débridement chirurgical large qui est la part la plus importante important. L’élimination est rapide. Le produit est métabolisé par le foie et
du traitement car les champignons sont peu sensibles aux antifongiques. éliminé essentiellement par le rein, sous forme de composés inactifs. Les
Certains succès inespérés ont été attribués aux formes lipidiques d’AmB. principales caractéristiques pharmacocinétiques du voriconazole sont
résumées dans le tableau IV.
Traitement curatif des mycoses superficielles Dans l’ensemble la tolérance chez les patients est bonne avec, dans un nombre
Le tableau VII présente les schémas thérapeutiques actuellement utilisés dans limité de cas, une perturbation des tests hépatiques notamment des
les mycoses superficielles. phosphatases alcalines, des rashs cutanés et des troubles visuels de type
hallucinatoire avec impression de brillance des objets ou d’anneaux colorés
chez environ 8 % des patients dont la pathogénie reste assez mystérieuse, qui
Nouveaux antifongiques semblent sans gravité et qui disparaissent soit spontanément, soit après l’arrêt
du traitement.
Un grand nombre de molécules non encore commercialisées sont en Chez l’homme, avec des posologies de 50 à 400 mg par voie orale, la
développement clinique ou préclinique. Elles appartiennent aux triazolés et à molécule s’est avérée efficace dans le traitement des muguets, au cours de
d’autres familles. Elles sont le produit d’une recherche active justifiée par l’infection VIH avec des Candida sp. soit sensibles, soit résistant au
Tableau VII. – Schémas thérapeutiques des mycoses superficielles.

Maladies Antifongiques Remarques

Candidoses

Buccales Amphotéricine B, nystatine L’antifongique doit rester au contact de la muqueuse


Miconazole gel Fluconazole dans les formes rebelles
Digestives Amphotéricine B Alternative chez l’immunodéprimé : kétoconazole, fluconazole
Nystatine
Génitales
- Balanite Imidazole local Traiter le (la) partenaire,
rechercher un diabète
- Vaginite Imidazole, Nystatine Kétoconazole et fluconazole indiqués dans les formes récidivantes
Cutanées Amphotéricine B, imidazole local, colorants Supprimer les facteurs favorisants et un éventuel réservoir digestif
Antiseptiques
Unguéales Cyclopiroxolamine ou azolés locaux Échec fréquent : fluconazole ou kétoconazole per os parfois indiqué

Pityrosporose

Pityriasis versicolor
- Forme classique Sulfure de sélénium Précédé de Mercryl LauryléT
- Si localisé Dérivé azolé spray liquide Alternative au sulfure de sélénium
- Si très profus Kétoconazole LP gel moussant Kétoconazole (comprimé) à discuter dans les formes très profuses et en cas d’échec
Pityriasis capitis Kétoconazole gel moussant

Dermatophytie

Herpès circiné Imidazole, griséofulvine, terbinafine Traitement local. Griséofulvine ou terbinafine per os à discuter si T. rubrum qui est le plus tenace
Intertrigo
Teigne Griséofulvine per os + traitement local
Onyxis Terbinafine, griséofulvine per os ± kératolytique (itraconazole) à discuter si échec

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fluconazole. Les essais en cours ont également montré une efficacité notable Pradimicine
dans les aspergilloses invasives [32] ou d’évolution chronique [39], et dans les
infections candidosiques systémiques. Les pradimicines et les bénanomycines appartiennent à une nouvelle famille
de composés antifongiques produits par des actinomycètes. Leur mécanisme
SCH 56 592 (laboratoire Schering Plough) d’action est original et semble passer par la formation de complexes avec le
calcium au niveau de la partie saccharidique des mannoprotéines de surface
Le SCH 56 592 est un triazolé lipophilique à large spectre, disponible par qui induisent des modifications létales au niveau de la membrane cellulaire.
voies orale et intraveineuse. Son spectre d’activité est large [40, 42, 48, 96, 102], Leur spectre antifongique est large sauf Fusarium sp., certains zygomycètes
voisin du voriconazole. Son action est parfois égale ou supérieure à celle du et des champignons dématiés.
fluconazole sur de nombreux Candida sp. Elle est parfois moins prononcée
vis-à-vis de C. glabrata, de certains Scedosporium sp., certains Fusarium sp., Un composé (BMS 181 184) est arrivé au stade de développement clinique,
certaines mucorales, et certains champignons dématiés. En revanche, son mais une toxicité hépatique avec élévation des transaminases chez des
action sur Aspergillus sp. semble supérieure. Les dermatophytes sont volontaires a conduit à l’arrêt du développement de ce produit.
également sensibles. Enfin, cette molécule est efficace sur Trypanosoma Le spectre de cette famille inclut la majorité des levures, Aspergillus
cruzi. fumigatus, les dermatophytes, la sensibilité est parfois limitée pour les
Le SCH 56 592 s’est avéré très efficace dans des modèles animaux zygomycètes, les champignons dématiés, ainsi que Fusarium sp. Il existe une
d’infection à Candida sp., y compris ceux résistant au fluconazole et à activité in vivo contre P. carinii. Ce nouveau mode d’action et le spectre
Aspergillus sp. La molécule est très liée aux protéines, 93 à 96 %. La intéressant, ainsi que le bon index thérapeutique, justifient la poursuite des
répétition des doses entraîne une accumulation. La demi-vie chez l’homme recherches dans cette famille.
varie avec la dose ; elle est d’environ 24 heures. L’état d’équilibre est obtenu
en 2 semaines. La tolérance semble satisfaisante. Parmi les rares effets Polyènes vectorisés
secondaires signalés, les céphalées viennent en première position. Les essais
cliniques ont commencé dans des infections candidosiques et aspergillaires. La nystatine a été vectorisée sur des liposomes (Nyotrant). Le spectre est
Les indications pourraient s’élargir à d’autres infections à pathogène analogue à celui de l’AmB [62]. La molécule était trop toxique pour être
émergent, et notamment aux champignons dématiés, en raison de l’efficacité administrée par voie parentérale, et son usage était limité en tant que topique.
dans des modèles d’infection expérimentale cérébrale. Cette forme liposomale peut être utilisée par voie intraveineuse et semble
avoir des propriétés tout à fait comparables aux autres polyènes ayant subi
BMS 207 147 (laboratoire Bristol Myers Squibb) cette présentation destinée à diminuer leur toxicité.
Cette molécule, déjà connue sous le code ER 303 46, a un spectre large
couvrant C. albicans et les espèces résistantes au fluconazole, ainsi que Nykkomycines et polyoxines
Cryptococcus, Trichosporon sp. et Aspergillus sp. De nombreux
champignons filamenteux sont sensibles sauf Fusarium sp., Scedosporium Ces deux groupes d’antifongiques sont structurellement voisins et sont
apiospermum et les zygomycètes ; les champignons dématiés sont produits par divers streptomycètes. Leur formule est un analogue structural
généralement sensibles. Les données sont encore trop fragmentaires pour les de la UDP-N-acétyl-glucosamine, substrat précurseur de la chitine,
autres espèces de champignons. Ce produit est au début de son constituant pariétal d’un grand nombre de champignons. Ils agissent par
développement, et les données le caractérisant sont encore très réduites. inhibition compétitive avec les chitines synthases fongiques. Des altérations
pariétales conduisent à une inhibition de la formation des septum et à un
Itraconazole (Sporanoxt, laboratoire Janssen Cilag) gonflement osmotique. Ces molécules sont difficiles à tester : il existe de
L’itraconazole existe déjà sous forme de gélules et en solution orale en nombreuses discordances entre les tests in vitro et chez l’animal. Les tests
cyclodextrine. Ces deux formes galéniques comportent pour la première un concordent vis-à-vis de Coccidioides immitis et de Blastomyces dermatitidis.
risque d’absorption intestinale insuffisant, et pour la seconde une posologie En raison du coût, ces molécules semblent réservées au traitement de la
limitée vers le haut par la tolérance à la cyclodextrine. L’absence de forme coccidioïdomycose.
intraveineuse vient d’être palliée par deux formulations, l’une solubilisée
grâce à une cyclodextrine, l’autre est une présentation de la molécule mère Sordarines
sous forme de nanocristaux obtenus par des techniques de broyage très
particulières. Le spectre sera le même que celui déjà connu pour les formes Elles sont constituées de plusieurs composés, dont le GR 135402 et le GM
commercialisées, mais la voie intraveineuse permettra une plus grande 193663 (laboratoire Glaxo Wellcome). Leur mode d’action original concerne
sécurité d’utilisation et peut-être, si la tolérance le permet, des posologies plus la synthèse protéique au sein de la cellule fongique. La cible des dérivés semi-
élevées. Les essais cliniques sont en cours chez l’homme, peu de résultats sont synthétiques de la sordarine est une protéine qui est un des facteurs
disponibles. d’élongation (EF2 : facteur d’élongation 2) dans la synthèse protéique au
niveau du ribosome. Après l’action de EF1 qui apporte l’aminoacyl-RNAt sur
le site du ribosome, EF2 catalyse un changement de conformation libérant le
Échinocandines et pneumocandines site précédant et permettant un nouveau site d’allongement de la protéine en
Ces molécules sont tout à fait originales par leur mode d’action nouveau. Il formation [21, 36, 57]. Ce mode d’action a été mis en évidence chez
s’agit de métabolites naturels présents dans les produits de fermentation des Saccharomyces cerevisiae et chez C. albicans. Il n’interfère pas avec la
champignons et mis en évidence dans la recherche de nouveaux antibiotiques synthèse protéique des cellules des mammifères.
par les techniques de screening. Le mode d’action est l’inhibition non Les nombreux dérivés semi-synthétiques de cette classe ont un large spectre.
compétitive de la bêta-1-3-glucane-synthase, située dans la membrane Les Candida sp. sont globalement très sensibles, il peut exister quelques
cellulaire, et qui induit une déplétion en glucane de la paroi fongique différences quant aux CMI, parfois un peu plus élevées pour certaines
conduisant à la lyse fongique. espèces : C. glabrata et C. parapsilosis. Les cryptocoques sont sensibles. Il
Le spectre concerne tous les champignons ayant l’enzyme cible. Ainsi, la en est de même pour P. carinii. Les différences de CMI variant de 1 à plus de
majorité des espèces est concernée, à l’exception des champignons 32 µg/mL existent vis-à-vis de Aspergillus flavus et Aspergillus fumigatus en
basidiomycètes tels que Cryptococcus neoformans et Trichosporon sp. qui en fonction du dérivé testé. De nombreuses levures et champignons filamenteux
sont dépourvus [42, 130]. P carinii est également sensible. Deux échinocandines émergents ont des CMI inférieures ou égales à 2 µg/mL, les zygomycètes ont
sont actuellement en développement : LY 303 366 (laboratoire Lilly) et MK des CMI supérieures ou égales à 0,25 et jusqu’à 8 µg/mL, les dermatophytes
0991 (laboratoire Merck Sharp et Dohm) autrefois connue sous le code ont une CMI supérieure à 2 µg/mL. Le développement de ces composés est
L 743 872. en cours.
Les tests in vitro ne sont pas parfaitement standardisés pour ces nouvelles
molécules. Il existe de minimes différences entre elles. Il semble que C. •
guilliermondii, C. krusei, C. lusitaniae aient des CMI plus élevées que celles • •
des autres espèces au MK 0991, et LY 303366 est moins actif sur C. La mycologie médicale a subi de très nombreuses évolutions au cours
parapsilosis que sur les autres espèces de Candida. des 10 dernières années. Les infections fongiques systémiques sont
Un nombre limité d’essais chez l’animal a montré l’efficacité de ces devenues une source de morbidité et de mortalité importante chez les
molécules dans les infections candidosiques et aspergillaires. La tolérance patients immunodéprimés ou hospitalisés dans des unités de soins
semble satisfaisante dans les premières études conduites chez l’homme. Les intensifs. La réflexion sur les mesures générales de prévention des
essais cliniques commencent dans les infections superficielles et profondes à mycoses invasives s’est accrue parallèlement. Les mycoses
Candida sp. et Aspergillus sp. superficielles restent gênantes en raison de leur retentissement
Le MK 463 (Fujizawa) est un lipopeptide analogue des échinocandines, qui fonctionnel ou esthétique. Parallèlement, on a assisté à l’apparition de
est au début de son développement et vient d’être présenté au congrès de souches de champignons résistant aux antifongiques, notamment
l’ICAAC 1998. azolés, et à l’émergence en pathologie de nouveaux agents fongiques.

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De plus, il s’est avéré nécessaire de trouver des molécules moins L’amélioration de la survie et de la qualité de vie des patients
toxiques, voire plus efficaces que l’AmB, pivot de l’arsenal antifongique atteints d’une mycose systémique passe aussi par l’obtention d’un
systémique. diagnostic plus précoce de ces infections et par l’utilisation d’autres
L’amélioration du pronostic des mycoses invasives passe par une approches thérapeutiques, telles la chirurgie et l’immunothérapie.
meilleure utilisation des antifongiques existants, mais aussi par
l’utilisation des nouvelles molécules en développement. Ces dernières Des progrès importants sont également nécessaires dans
sont parfois disponibles par voies intraveineuse et orale, ont volontiers l’amélioration de l’étude de la sensibilité des antifongiques in vitro et
un spectre antifongique large, et sont dans l’ensemble bien tolérées. dans la corrélation avec leur efficacité in vivo, dans les modèles
De larges études épidémiologiques et cliniques sont nécessaires pour expérimentaux et chez l’homme.
bien caractériser les populations de patients pouvant bénéficier d’une
prophylaxie antifongique, et pour comparer l’efficacité et la tolérance Enfin, la caractérisation des phénotypes de résistance des
des nouveaux antifongiques, en utilisant des critères diagnostiques champignons aux antifongiques et de leur support génétique est
d’infections fiables. nécessaire afin de développer de nouvelles cibles thérapeutiques.

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