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I. INTRODUCTION

Dans le cadre de ce cours, nous aurons à analyser la façon dont l'action publique
peut être mise en mouvement dès lors qu'une infraction a été commise.
La commission d'une infraction cause un préjudice à la victime et trouble l'ordre
public et c'est la raison pour laquelle le législateur soucieux de rétablir la paix sociale et de
sanctionner le présumé coupable a mis sur pied un ensemble des règles et formalités
susceptibles de permettre aux autorités judiciaires compétentes (OPJ, OMP) de mener les
investigations nécessaires pour recueillir les éléments de preuve avant de soumettre le cas
échéant la cause à la juridiction compétente.
La juridiction compétente aura à son tour pour mission de juger le prévenu et de le
condamner le cas échéant à la peine prévue par la loi lorsque sa culpabilité est établie
II est reconnue à la personne poursuivie en justice le droit de se défendre et le
droit de contester éventuellement la décision prise par la juridiction à travers l'exercice des
voies de recours (appel, opposition, cassation, révision).
C'est seulement lorsqu'une décision judiciaire est devenue irrévocable qu'elle peut
être exécutée.
L'ossature de ce cours se présente comme suit :
Première partie : La phase pré-juridictionnelle
Chapitre 1 : Généralités sur la notion de procédure pénale
Chapitre 2 : L'instruction pré- juridictionnelle
Deuxième partie : La phase juridictionnelle
Chapitre 3 : Le procès
Chapitre 4 : Le jugement et les frais de justice '"
Chapitre 5 : Les voies de recours
Chapitre 6 : L'exécution des jugements

Objectif généraux du cours

Ce cours vise à transmettre aux apprenants des connaissances relatives à la réaction de la


société phase au phénomène criminel à travers l’organisation de l’instruction criminelle
pouvant parfois aboutir à l’organisation d’un procès équitable dont l’issue est soit la
condamnation ou l’acquittement de la personne poursuivie.

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Objectifs spécifiques du cours

Ce cours s’attèle à transmettre aux apprenants des connaissances particulières sur les
spécificités de la mise en mouvement de l’action publique, les attributions des OPJ et celles
des OMP, l’organisation d’un procès dont l’issue et soit la condamnation ou l’acquittement du
prévenu, les voies de recours sont prévues pour permettre à toutes parties au procès de
contester la décisions rendues et ce n’est qu’en définitive que les décisions rendues pourront
être exécutées, ce qui permettra tant soit peu à rétablir l’ordre public qui a été perturbé par la
commission de l’infraction.

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Chapitre I : GENERALITES SUR LA NOTION DE PROCEDURE PENALE


Section unique : La procédure pénale
§1 Définition
Avant d'aborder le point consacré à l'instruction pré- juridictionnelle, il importe
de donner une définition de la procédure pénale.
La procédure pénale est définie selon le lexique des termes juridiques comme
l'ensemble des règles qui régissent la manière de procéder pour la constatation des infractions,
l’instruction préparatoire et le jugement.1
II existe plusieurs définitions au sujet du concept procédure pénale et nous
inspirant d'un grand nombre de ces définitions nous estimons que la procédure pénale est
l'ensemble des dispositions légales et jurisprudentielles qui édictent la façon dont l'enquête
préliminaire et l'instruction criminelle doivent se dérouler jusqu'au procès pénal, y compris
toutes ses retombées (jugement, voies de recours et exécution des jugements).
§2 Objet du cours
La procédure pénale poursuit un double objectif :
1. II s'agit d'abord de tout faire pour que les auteurs des infractions soient recherchés,
découverts, poursuivis et jugés avec rapidité et certitude. C'est un souci d’efficacité :
veiller à l'application de la loi pénale une fois l'infraction réalisée.
Si la loi de procédure pénale est mauvaise, le droit pénal sera mal appliqué. Et dans ce
cas, les conséquences peuvent être lourdes : les victimes actuelles et potentielles
risquent d'être mal protégées et l’Etat de droit peut même être menacé
2. Les solutions adoptées tiennent également compte de certains inconvénients inhérents
ou potentiels à une procédure pénale efficace. L'efficacité à n'importe quelle condition
n'est pas conforme .à la conscience sociale et n'est pas admise par le législateur. Car
l'administration de la justice "pénale risque de léser d'autres valeurs respectables
qu'elle met en cause inévitablement : la présomption d'innocence, la non divulgation
du secret professionnel, l'inviolabilité du domicile, le droit à l'intégrité physique, la
liberté d'aller et venir, le secret de la correspondance et des autres moyens de
communication....
§3 L'importance du cours
La procédure pénale revêt une importance réelle et qui se manifeste à 4 niveaux.

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1er niveau : la société. '


La société trouve un intérêt particulier dans la répression rapide de certaines
infractions. Les règles de la procédure pénale visent à assurer ce caractère de certitude et de
rapidité dans la répression, condition nécessaire au, rétablissement de la paix sociale et de
l'ordre public troublé.
2ème niveau : l'individu
Les règles de procédure pénale doivent tenir compte des valeurs qui peuvent être
considérées comme relevant du « respect de droits de l'homme ». Il s'agit également de
sauvegarder les droits de la défense. C'est à juste titre que la constitution de la RDC du
18/02/2006 consacre à son article 17 le principe de la légalité des poursuites, de la détention et
des infractions en ces termes :« Nul ne peut être poursuivi, arrêté, ni détenu qu'en vertu de la
loi et dans la forme qu'elle prescrit. Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une
omission qui ne constitue pas une infraction au moment où elle est commise et au moment des
poursuites. »
3èmeniveau : les droits ou valeurs concernés par le procès pénal
Dans un procès pénal se trouvent mis enjeu les droits et autres valeurs
fondamentaux de la personne humaine tels que la liberté, la réputation, l'honneur et la vie.
C'est la raison pour laquelle les autorités judiciaires sont tenues à assumer leurs lourdes et
délicates tâches avec compétence et impartialité.
4ème niveau :les relations entre l'individu et la société
Le code de procédure pénale constitue le reflet du respect des libertés publiques
dans un pays bien déterminé.
L'organisation des simulacres procès et l'inefficacité du personnel judiciaire
démontrent à suffisance qu'on est loin d'un Etat de droit.
C'est à juste titre qu'un auteur a écrit ce qui suit : « Si vous débarquez dans un pays inconnu et
si vous désirer savoir si, dans ce pays, les libertés civiles sont protégées, demandez à voir son
code de procédure pénale ».2
§.4. La spécificité de la procédure pénale
Nous aurons à relever quelques rapports existants entre la procédure pénale et
certaines branches juridiques.

2GD PISAPIA, Le nouveau code de procédure pénale. Archives de politique criminelle, Bruxelles, 1991, p. 1!5

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a) La Procédure pénale et le Droit pénal


Le Droit pénal est considéré comme un ensemble des règles de fond relatives à la
détermination des faits infractionnels et des sanctions applicables aux délinquants.
Quant à la procédure pénale, elle renferme les règles de forme relatives à la façon
dont l'action publique est mise en mouvement lors de la commission d'une l'infraction, ainsi
que toute la procédure susceptible d'aboutir à la poursuite d'un prévenu et sa condamnation
par une juridiction compétente.
b) La procédure pénale et le droit administratif
II existe des points de convergence et des points de divergence entre ces deux
branches juridiques. .
1) Convergence
Ces deux branches relèvent du droit public et s'intéressent à l'étude des règles qui
régissent le fonctionnement d'un ou plusieurs services publics. Le droit administratif
s'intéresse spécifiquement à l'organisation et au fonctionnement de l'Etat et des services
publics.
La procédure pénale s'occupe d'une manière particulière de l'organisation et du
fonctionnement d'un service public dénommé administration judiciaire et cela à travers les
règles spéciales de l'instruction criminelle.
2) Divergence
Le droit administratif s'adresse spécifiquement aux fonctionnaires, lesquels sont
régis par un statut particulier tandis que la procédure pénale dispose que les magistrats du
parquet qui sont dotés des pouvoirs exorbitants spéciaux ne sont pas régis par le statut des
agents des carrières de services publics de l'Etat mais par le statut des magistrats.
c) La procédure pénale et le droit privé
C'est à travers l'étude comparative du procès pénal et du procès civil que nous
pouvons dégager le rapport entre la procédure pénale et le droit privé. Le procès s'intéresse
principalement à l'action pénale laquelle concerne l'ordre public et l'intérêt général.
Le procès civil s'intéresse exclusivement à l'action civile laquelle concerne
l'intérêt privé du demandeur. Les règles communes régissant les procès pénal et civil sont :
 Le principe de l'unité et la collégialité des juges ;
 Le double degré de juridiction ;
 La motivation du jugement ou de l’arrêt;
 Le caractère contradictoire des débats ;
 Le respect des droits de la défense.

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Le procès pénal qui nous intéresse dans le cadre de ce cours est régi par les règles suivantes :
1) - la charge de la preuve incombe au M.P (demandeur). Ce principe est exprimé par
l'adage « actori incumbit probatio »
Ce principe s'applique en matière pénale en étant assorti de 3 tempéraments suivants :
1) Le principe de la présomption d'innocence du prévenu.
Ce principe vise à sauvegarder les droits de la défense de toute personne accusée
qui ne doit pas être traité comme un coupable avant qu'une décision juridictionnelle ne le
proclama comme tel.
C'est à juste titre que le MP faisant application de ce principe aura à jouer son rôle
d'accusateur avec tact « en instruisant à charge et à décharge ». Il doit rechercher à réprimer
avec les soucis de rechercher avant tout la vérité. A ce titre, le MP devra rechercher dans
l'intérêt de la justice les preuves susceptibles d'établir la culpabilité ou le cas échéant et
l'innocence du prévenu.
2) Le principe de l'intime conviction du juge en matière pénale.
Le juge est tenu de trancher le litige selon son sens personnel de justice guidé par
une opinion personnelle du reste éclairée par la rationalité et l'impartialité dans
l’administration de la preuve.
Lorsqu'il lui arrive de douter sur la culpabilité d'un prévenu, le juge est tenu de
l'acquitter conformément à l'adage « IN DUBIO PRO REO ». Cet adage signifie que le doute
profite à l’accusé.
3) Le principe corollaire de la charge de la preuve
Lorsqu'un prévenu exerce son droit de défense en alléguant un fait pour se
disculper ou en soulevant une quelconque argumentation dans le même but susvisé, il est tenu
d'en apporter la preuve. C'est ce qui est exprimé par l'adage « REUS IN EXCIPIENDO FIT
ACTOR» Cela signifie que le défendeur ou le prévenu a la charge de la preuve
lorsqu'il soulève UNE exception.

Il existe certaines distinctions entre le procès pénal et le procès civil et cela à


plusieurs niveaux :
 L'existence de la phase de l'instruction pré juridictionnelle reste l'apanage du procès
pénal alors que dans le procès civil, cette procédure est inexistante.
 La notion. De la représentation du prévenu constitue une exception en matière de
procès pénal (art. 71al.2 CPP) alors que dans le procès civil elle constitue la règle.
 La charge de l'exécution des jugements en matière pénale est repartie entre plusieurs
personnes. En effet, le M.P est chargé de l'exécution de la peine de mort et de la

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peine de S.P.P ainsi que des condamnations aux DI d'office. Le greffier est chargé de
l'exécution des condamnations à l'amende et aux frais de justice.
La partie civile a quant à elle, la charge de faire exécuter la condamnation aux DI.
En matière civile, l'exécution des jugements relève du bon vouloir de la partie gagnante.
d. La procédure pénale et le droit disciplinaire
Le droit disciplinaire est l'ensemble des devoirs, charges et obligations qui
incombe aux personnes qui exerce une profession bien déterminée et dont l'inobservation est
assortie d'une sanction (réprimande, blâme, mise à pied, retenue de salaire ; suspension,
révocation, radiation...)
La constatation de la faute disciplinaire, la poursuite et la condamnation du
contrevenant sont prévues par les dispositions statutaires particulières et il existe des organes
spécialisés pour la mise en application de ces dispositions (conseil de l'ordre des médecins ou
des avocats, conseil supérieur de la magistrature..,)
Le droit disciplinaire fait application de certains principes fondamentaux de
procédure pénale tels que le respect du droit de la défense, la présomption d'innocence.
§.5. Champ d'application de la procédure pénale
Nous examinons les champs d'application des lois de procédure pénale dans le
temps dans l'espace ainsi qu'à l'égard des personnes.
1°-Application dans le temps.
 En principe, les lois de la procédure pénale sont d'application immédiate parce que
l'intérêt social comme celui du justiciable exigent que soient appliquées sans délai
'des règles procédurales nouvelles parce qu'elles sont censées être meilleures aux
précédentes. Toute fois, il y a des exceptions à ce principe :
a) Il n'y a pas d'application immédiate d'une loi de procédure nouvelle si la cause a déjà subi
sur le fond un jugement en premier ressort.
b) Lorsque la loi nouvelle de procédure supprime une voie de recours, le condamné conserve
néanmoins ce droit d'en user malgré la nouvelle loi de procédure.

c) L'application de la rétroaction in mitius dans la mesure où seule une loi pénale plus douce
sera appliquée à des faits commis avant sa promulgation mais ne: : définitivement jugé. .....
2. Application dans l'espace ;
Les lois de procédure pénale ne peuvent s'appliquer en dehors du territoire
national sauf s'il est fait application des conventions internationales sur l'entraide judiciaire en
matière pénale. ' .

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3. Application aux personnes


L'application des règles de procédure pénale aux personnes soulève un problème
particulier relatif à la prise en considération des privilèges de juridiction et de poursuite.
Dans le système juridique classique, le privilège de juridiction est pris en considération à deux
conditions :
Que l'intéressé garde la qualité justifiant le privilège de juridiction au moment où
il commet l'infraction et au moment où il comparait. Ces deux conditions sont cumulatives.
Par contre dans le système juridique congolais il existe une autre conception :
 Soit qu'on est revêtu de la qualité justifiant le privilège au moment où l’on commet
l'infraction ;
 Soit qu'on a cette qualité au moment de la comparution. Les deux conditions ne sont
pas cumulatives.
La jurisprudence dispose à ce propos : « La Cour d'Appel, en vertu de l'art.94 du
COCJ est compétente pour juger un ancien magistrat si des faits reproché à ce dernier ont été
commis dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa fonction, pendant qu'il était encore
magistrat et sont en relation avec son ancienne fonction. » (CSJ 28.8.1981, RPA 67).
§6 Les types de procédure pénale
II en existe 3 types ;
1° Le type accusatoire
Cette procédure tire son application du fait qu'elle est déclenchée par un
accusateur qui est généralement la victime et qu'elle se poursuit par un débat entre l'accusateur
et l'accusé.
Ce type de procédure s'apparente beaucoup plus au procès civil et il garantit
efficacement les droits de la personne poursuivie. La poursuite est mise en mouvement par
une accusation émanant de la victime de l’infraction. Le jugement est rendu par un juge qui a
un rôle d’arbitre.
Les caractéristiques principales sont :
- L'égalité entre l'accusation et la défense ;
- La saisine de la juridiction peut émaner d'un accusateur public ou privé ;
- Les débats devant le tribunal ont un caractère oral, public et contradictoire ;
- L'administration de la preuve se base sur le système de la preuve légale.
2° Le type inquisitoire
Cette procédure tire son appellation du fait qu'elle comporte d'abord une enquête
préliminaire ou inquisitio en latin.

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Ce système apparaît historiquement après le système accusatoire et il a connu son


développement maximum à la fin du Moyen- Age devant les juridictions ecclésiastiques,
La procédure inquisitoire recherche avant .tout l'efficacité, consacre une place
prépondérante aux spécialistes de l'administration de la justice, ainsi qu'à l'instruction
préparatoire et attribue au juge un rôle actif en vue de la recherche de la vérité. La personne
poursuivie a un rôle passif alors que le ministère public prend généralement l’initiative des
poursuites. Comme caractéristique, ce type de procédure est :
- écrite, secrète et non contradictoire ;
- l'administration de la preuve se base sur le système de la preuve libre.
3° Le type mixte de procédure pénale
Ce type est issu de la symbiose entre les deux types de procédure analysés ci -
haut. En effet, l'instruction pré juridictionnelle est en principe inquisitoriale tandis que la
phase juridictionnelle est accusatoire.
Cette synthèse entre les deux types de procédure vise à cumuler les avantages et à
réduire les inconvénients découlant de chaque type de procédure. En effet, on a pu
remarquer que le système accusatoire garantit efficacement les droits de la défense mais il
sacrifie trop l’intérêt de la punition des coupables. Tandis que le système inquisitoire assure
l'efficacité de l'administration de la justice mais méconnaît gravement les droits du prévenu.

§7 Le régime de la preuve en matière répressive

II y a deux principes qui guident le régime de la preuve en matière répressive en


droit congolais :
Il s'agit

1°- Du principe découlant de l'adage actori incumbit probatio c'est -à -dire le fardeau de
la preuve incombe au MP ou l’accusateur.
2°- L'intime conviction du juge
1. Le fardeau de la preuve incombe au MP en matière répressive

Le magistrat instructeur a la mission de recueillir les indices de culpabilité à


charge de l'inculpé pendant l'instruction pré juridictionnelle. Il apprécie lui-même (sous le
contrôle de ses supérieurs hiérarchiques) si les indices recueillis justifient la continuation de
l'instruction et, lorsque celle- ci est terminée, l'opportunité des poursuites.
Ce n'est que lorsque le MP demande au tribunal l'autorisation de mettre l'inculpé
en détention préventive que le juge a un contrôle sur la valeur de ces indices. Devant la

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juridiction de jugement, c'est la partie poursuivante (qui est en général !e MP) qui doit
apporter la preuve des faits qu'elle impute au prévenu et des circonstances qui en déterminent
la gravité. Le prévenu n'est jamais obligé de prouver son innocence.
Toutefois, le prévenu a la possibilité de contredire son accusateur et il a tout
intérêt de faire usage de son droit de défense.
2. L'intime conviction du juge

La règle fondamentale de la preuve en droit pénal congolais est basée sur l'intime
conviction du juge. L'intime conviction du juge, c'est l’opinion personnelle du juge basée sur
la rationalité, l'objectivité et l'enquête.
Certains moyens de preuve doivent être écartés s'ils offensent la légalité, les
garanties accordées à la défense, la dignité humaine ou s'ils ont été obtenus illégalement. (
aveux obtenus par la torture, les pièces et documents saisis à l'issue d'une perquisition
irrégulière.
Les moyens de preuve émanant d'une source illégale doivent être écartés du débat
par le juge. La loi accorde une force probante spéciale à certains actes ( PV établis par l’ OPJ
et l’ OMP, ou l’huissier )
§.8. Les sources de la procédure pénale

Il existe deux catégories de sources de procédure pénale : Sources internationales et sources


nationales.
I. Sources internationales
Cette source est constituée des instruments juridiques internationaux suivants :
- La déclaration universelle des droits de l’homme du 10/12/1948
- Le pacte international relatif aux droits économiques et sociaux de 1966
- La charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981
- Traité de Rome portant statut de la Cour pénale internationale du 17/07/1998.
A. Source nationale
La procédure pénale s'inspire de 8 sources suivantes :
1. La constitution
C'est en sa qualité de loi fondamentale que la constitution définit le pouvoir
judiciaire et proclame son indépendance à l'égard des autres pouvoirs de l'Etat ( art.149),
détermine la mission des cours et tribunaux ( art.150) et les garanties assurées aux justiciables
en vue d’un procès équitable en matière répressive telles que la présomption d’innocence, les
mesures restrictives relatives à la détention préventive, le respect des droits de la défense,

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l’obligation de motiver les jugements, le caractère public des audiences des cours et
tribunaux, le droit d’exercer les voies de recours... (art. 17 à 19).

2. La loi

Les lois de la procédure pénale en RDC sont regroupés dans le code de procédure pénale
lequel découle du décret du 06 août 1959 tel que modifié jusqu’à ce jour.

L’ordonnance-loi n°06/019 du 20 juillet 2006 relatives à la répression des violences sexuelles


a modifié la procédure à suivre en vue de renforcer la répression des infractions aux violences
sexuelles et ce dans le double objectif d'assurer la célérité dans la répression, la sauvegarde de
la dignité de la victime et de garantir à celle-ci une assistance judiciaire.

Nous pouvons aussi citer les lois organiques suivantes comme source de la procédure pénale :

- Loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement


et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ;
- Loi organique n° 13/010 du 19 février 2013 portant organisation et fonctionnement
de la cour de cassation ;
- Loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la cour constitutionnelle ;
- Loi n° 023-2002 du 18 novembre portant code de justice militaire ;
- Loi n°002-2001 du 03 juillet 2001 portant création organisation et fonctionnement
de tribunaux de commerce ;
- Loi n° 016-2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et
fonctionnement des tribunaux de travail.
3. Les ordonnances du président de la République
La constitution donne pouvoir au Président de la République de suspendre la
compétence répressive des tribunaux judiciaires et d'y substituer celle des juridictions
militaires lorsque l'état de siège ou l'état d’urgence est proclamé (art. 85,144 et 145).
4. Les ordonnances de premiers Présidents et Présidents des cours et tribunaux.

L'art 6 de l'arrêté d'organisation judiciaire n°299/ 79 du 20 août 1979 portant'


règlement intérieur des cours, tribunaux-et parquets dispose les (premiers) présidents des
cours et tribunaux déterminent le nombre de chambres civiles et pénales nécessaires au bon
fonctionnement des juridictions et fixent leurs compétences respectives. Ils repartissent les
présidents et juges entre les sections et les chambres,
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5° Les principes généraux du droit


L'application des principes généraux de droit en droit congolais tire sa base de
l'ordonnance du 14 mai 1886 qui stipule qu'en cas de silence des lois, les contestations seront
jugées d'après les coutumes locales, les principes généraux de droit et l'équité.
Les principes généraux de droit interviennent dans la résolution de certaines
questions importantes. C'est à ce titre que le juge écarte des débats un P.V entaché d'illégalité,
qu'il rejette du débat une note d'audience reprenant des éléments qui n'ont pas été débattus. Et
enfin, on recourt aux principes généraux pour déclarer nul un jugement prononcé par des
juges n'ont pas participé aux débats.

6° La coutume .
Elle est expressément appliquée devant les juridictions en vertu des art. 17 et 77
du CPP qui permettent au magistrat instructeur et au juge respectivement d'imposer aux
témoins; la forme de serment dont l'emploi d'après les coutumes locales paraît le plus propre à
garantir la sincérité des dépositions.
Devant les juridictions coutumières, c'est en principe la coutume qui régit la
procédure mais son application est conditionnée à sa conformité à la loi et à l’ordre public
7° La jurisprudence
Il est évident que toute décision rendue par une cour ou un tribunal ne lie pas
automatiquement les autres juridictions. Toutefois une solution jurisprudentielle unanime
s'impose presque avec la même force que la loi surtout lorsqu'elle émane de la plus haute
juridiction du pays (cour constitutionnelle, cour de cassation).
8° La doctrine

Les juristes, auteurs des publications à caractère juridique ont pour mission de
rechercher l'expression correcte du droit en faisant une analyse critique de la loi et de la
jurisprudence. Ils peuvent le cas échéant faire des propositions de « lege ferenda. » càd en vue
d’une réforme de la loi en vue de remédier à certaines insuffisances constatées.
Les opinions ne seront cependant incorporées dans le droit positif qu'au moment
où un usage constant les aura fait admettre universellement où que la jurisprudence les aura
consacrée ou encore lorsque le législateur les aura adoptées pour édicter une loi.

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Chapitre II : L'INSTRUCTION PREJURID1CTIONNELLE

Cette étape s'efforce de répondre aux questions fondamentales de toute instruction


criminelle qui se résument en ceci : (qui ?, quoi ?, où?, par quels moyens ?, pourquoi ?,
comment ?, quand ?, avec l’aide de qui ?... ).
En d'autres termes, on doit mener des investigations nécessaires pour déterminer :
QUI est le coupable, quel est le crime, où l'a -t- on commis, par quels moyens ou avec quels
complices, pourquoi, de quelle manière, à quel moment ?,
C'est la raison pour laquelle l'instruction pré juridictionnelle est considérée comme
un auxiliaire indispensable de justice marchant devant elle comme une lampe pour éclairer sa
route et affermir ses pas, lui évitant les erreurs de la précipitation3
Section 1 ; La recherche des infractions
En vue de lutter contre la criminalité, la société a confié la mission de rechercher
les infractions à 3 organes spécialisés dont, les 2 premiers (police judiciaire et ministère
public exercent ce rôle d'une manière permanente en vertu d'une activité professionnelle
tandis que l’autre organe (à savoir les particuliers)l'exerce d'une manière occasionnelle et
spontanée.
§.1 La police judiciaire

La police judiciaire est constituée par les officiers de police judiciaire OPJ en sigle
dont les attributions sont fixées par l'ordonnance n°78 -289 du 03 juillet 1978 telle que
modifiée par l'OL n° 83 - 191 du 01 novembre 1983.

I. Dispositions générales et attributions


La police judiciaire est exercée sous la direction et la surveillance du Ministère
Public par les personnes désignées à cet effet par la loi ou par arrêté du Ministre de la justice.
Les OPJ ont pour attribution :
• de constater les infractions qu'ils ont mission de rechercher ;
• de recevoir les dénonciations, plaintes et rapports relatifs à ces infractions ;
• de consigner dans leurs P.V la nature et les circonstances de ces infractions ainsi que les
preuves ou indices à la charge de ceux qui en sont des auteurs présumés et les dépositions des
personnes qui auraient été présentes ou auraient des renseignements i fournir;

3Faustin HELÏE, Traité de l'instruction criminelle. Cujas, Paris, I960, p.51

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• D'interroger les auteurs présumés ainsi que les dépositions des personnes qui auraient été
présentes ou auraient des renseignements à fournir.

II. Catégorie
En Droit congolais, les OPJ sont repartis en plusieurs catégories. Il s'agit de :
a) les officiers de police judiciaire des parquets (OPJ)
Ces agents sont appelés communément IPJ (inspecteur de police judiciaire) Ils
sont nommés et mis à la disposition des procureurs généraux près les cours d'appel par le
Ministre de la justice. Ils ont une compétence matérielle et territoriale générale c'est- à - dire
que leur compétence s'étend à toutes les infractions et sur tout le territoire de la RDC ( art 5
LOJOJ).
b) Les OPJ des forces armées congolaises et de la police nationale congolaise.
c) Les OPJ de l'agence nationale de renseignement et de la Direction générale des migrations.
d) Les cadres de commandement de la territoriale tels que les maires et leurs adjoints, les
commissaires de district et leurs assistants, les bourgmestres et administrateurs de territoire et
leurs adjoints, les chefs de collectivité et leurs adjoints.
d) Les OPJ nommés à cette fonction par le Ministre de la justice soit par une commission
générale visant une catégorie d'agents des services publics, des établissements publics ou des
entreprises publiques ou privées, soit par une nomination personnelle.
L'acte de nomination dans ce cas détermine la compétence matérielle et
territoriale. C'est pour cela que certaines sociétés privées ont des OPJ ayant une compétence
générale au point de vue matérielle mais limitée au territoire (domaine) de la société.
Il importe de-préciser que la police judiciaire comprend ;
- Les officiers de police judiciaire (OPJ);
- Les agents de police judiciaire (APJ).
Les agents de police judiciaire sont revêtus de cette qualité par la loi ou les
règlements. Les agents de police judiciaire ont pour mission :
- de seconder dans l'exercice de leurs fonctions les officiers de police judiciaire
- de transmettre les convocations et d'exécuter les mandats émanant des OPJ
- d'exécuter une mission surveillance ou une opération de recherche, d'arrestation. 01de
saisie hormis celle qui implique une perquisition.
Toutefois les APJ n'ont pas qualité pour décider seuls des mesures de saisie ou
d'arrestation. Une particularité est prévue seulement en cas d'infraction flagrante ou réputée

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telle dans la mesure où les APJ peuvent se saisir de la personne du suspect à charge de le;
conduire immédiatement devant l’OMP ou l'OPJ le plus proche.
Dans les mêmes circonstances et sous les mêmes conditions, les APJ peuvent
procéder à la saisie des objets sur lesquels pourraient porter la confiscation prévue par la loi et
de tous autres qui pourraient servir à conviction ou à décharge.
Les APJ dont les attributions sont reprises ci- dessus sont placés sous la direction
des OPJ sous les ordres desquels ils exercent leurs fonctions et la surveillance du ministère
public.
III. Habilitation à exercer, serment et devoir de l'OPJ

L'OPJ ne peut exercer effectivement les attributions attachées à sa qualité qu'après


avoir été habilité par le procureur de la république du ressort du TGI et prêté entre ses mains:
verbalement ou par écrit le serment suivant : « Je jure obéissance à la constitution et aux lois
de la République Démocratique du Congo, de remplir fidèlement les fonctions qui me sont
confiées et d'en rendre loyalement compte à l'OMP.
L'habilitation ainsi que la prestation de serment sont constatés sur P.V et donnent
lieu à l'octroi à l'intéressé d'un numéro d'identification et d'une carte d'OPJ conforme aux
modèles déterminés pour chaque ressort du TGI par arrêté du Ministre de la justice.
Les demandes d'habilitation et.de prestation de serment sont adressées pour
chaque OPJ nouvellement nommé ou muté au procureur de la république du lieu de son
affectation par le chef de corps ou service auquel l'OPJ appartient.
Le procureur de la république peut accorder ou refuser par décision motivée
l'habilitation pour une durée n'excédant pas six mois ou la retirer à titre définitif et sans
préjudice des sanctions disciplinaires prévues par le statut contre lesquelles l'OPJ frappé par la
mesure de suspension peut exercer un recours dans le délai de 8 jours à partir de la
notification de la décision du Procureur de la République auprès d'une commission présidée
par le Procureur général près la cour d'appel du ressort et comprenant deux magistrats de son
office choisis par lui sur une liste arrêtée annuellement par le Ministre de la justice.
La requête est adressée au procureur général par l'intermédiaire du procureur de la
République qui y joint le dossier personnel de l'intéressé ainsi que dossier de l'affaire s'il y a
lieu.
La commission ad hoc statue dans les huit jours de la réception de la requête et du
dossier. L'OPJ est entendu personnellement ou par l'intermédiaire d'un conseil. Il a droit à la

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communication du dossier. Il peut aussi être entendu par tout magistrat ou OPJ délégué à cette
fin par le procureur de la république.
L'OPJ dont l'habilitation a été suspendue ou retirée est tenu de remettre sa carte
d'OPJ dès la notification de la décision du procureur de la république entre les mains de ce
dernier ou de son délégué.
En cas de suspension de l'habilitation, la carte lui est restituée de plein droit et il
reprend le plein exercice de ses attributions à l'expiration du délai de suspension.

IV. Devoir
Les OPJ sont tenus de servir la société avec loyauté, intégrité et dévouement. Ils
ne peuvent en aucun cas recevoir des parties ou de leurs mandataires des rémunérations
quelconques, même accepter le moyen de transport ou autres avantages qui leur seront offerts
pour l'exercice de leurs fonctions.
Dans l'exercice de ses fonctions, l'OPJ est indépendant ce sens qu'il ne peut
recevoir ni des tiers, ni des autres OPJ et encore moins de ses supérieurs des
recommandations ou directives dans la manière dont il doit conduire son action.
Toutefois, aucun OPJ n’a pas le pouvoir d'appréciation de l'opportunité de
poursuivre ou de ne pas poursuivre. Ils ne peuvent ni refuser, ni déférer la constatation d'une
infraction pour laquelle ils ont été requis par un particulier ou par l'OMP.

§2. Le Ministère Public.


1. Notion
Le concept « Ministère Public» désigne l'ensemble des magistrats de carrière qui
sont chargés devant certaines juridictions de requérir l'application de la loi et de veiller aux
intérêts généraux de la société.
Ce terme désigne également le magistrat qui, à l'audience, représente le ministère
public ou le parquet. Il est aussi appelé magistrat débout parce qu'au moment de faire ses
réquisitions ou de faire une quelconque intervention, il doit se mettre débout. Ce magistrat est
aussi connu sous le nom d'officier du ministère public OMP en sigle car il exerce ses fonction
dans l’intérêt de toute la société en vue de sauvegarder l’ordre à travers la surveillance du
respect de la loi et les poursuites judiciaires exercées contre les auteurs présumés des
infractions.
Quant au concept « Parquet », il désigne historiquement l'espace de la salle
d’audience du palais de justice compris entre les sièges des juges la barre où sont les avocats
et où se tenaient les procureurs du Roi. Actuellement, ce terme désigne l'ensemble des

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magistrats qui exercent le Ministère Public4auprès d'une juridiction. Le bâtiment ou le local


confié à ces magistrats s'appelle aussi actuellement Parquet.
Indépendants des juges, les magistrats du parquet sont hiérarchisés et ne
bénéficier. Pas de l'inamovibilité.La révision constitutionnelle sus évoquée est venue
consacrer davantage la subordination de magistrats du parquet au pouvoir exécutif à travers le
Ministre de la justice.
En cas de suspension de l'habilitation,, la carte lui est restituée de plein droit et il
reprend le plein exercice de ses attributions à l'expiration du délai de suspension.
IV. Devoir

Les OPJ sont tenus de servir la société avec loyauté, intégrité et dévouement. ils
ne peuvent en aucun cas recevoir des parties ou de leurs mandataires des rémunération^
quelconques, même accepter le moyen de transport ou autres avantages qui leur seront offert
pour l'exercice de leurs fonctions.
Dans l'exercice de ses fonctions, l'OPJ est indépendant ce sens qu'il ne peut
recevoir ni des tiers, ni des autres OPJ et encore moins de ses supérieurs des
recommandations ou directives dans la manière dont il doit conduire son action.
Toutefois, aucun OPJ n" a pas le pouvoir d'appréciation de l'opportunité de
poursuivre ou de ne pas poursuivre. Ils ne peuvent ni refuser, ni déférer la constatation d'une
infraction pour laquelle ils ont été requis par un particulier ou par l'OMP.
§2. Le Ministère Public.
1. Notion
Le concept « Ministère Public» désigne l'ensemble des magistrats de carrière qui
sont chargés devant certaines juridictions de requérir l'application de la loi et de veiller au\
intérêts généraux de la société.
Ce terme désigne également le magistrat qui, à l'audience, représente le ministère
public ou le parquet. Il est aussi appelé magistrat débout parce qu'au moment de faire se-
réquisitions ou de faire une quelconque intervention, il se met débout. C'est pour la même
raison que ce magistrat est connu sous le nom d'officier du Ministère Public OMP en sigle.
Quant au terme « Parquet » historiquement l'espace de la salle de justice compris
entre les sièges des juges la barre où sont les avocats et où se tenaient les procureurs du ROI.
Actuellement, ce terme désigne l'ensemble des magistrats qui exercent le
Ministère Public auprès d'une juridiction. Le bâtiment ou le local confié à ces magistrats
4G CORNU, Vocabulaire juridique, PUF, Quadrige, Paris, 2002, p. 629

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s'appelle Parquet. Indépendants des juges, les magistrats du parquet sont hiérarchisés et ne
bénéficient pas de l'inamovibilité.
La révision constitutionnelle sus évoquée est venue consacrer davantage la
subordination des magistrats du parquet au pouvoir exécutif à travers le Ministre de la
justice.

2, L'organisation du Ministère Public


II existe un parquet auprès de toutes les juridictions de l'ordre judiciaire en RDC.

A. Le Parquet général près la Cour de Cassation


Il est dirigé par le procureur général près la cour de cassation, assisté d'un ou de
plusieurs premiers avocats généraux et d'un ou plusieurs avocats généraux.( loi organique n°
13/011B relative aux juridictions de l’ordre judiciaire.)

1) Le premier avocat général de la République coordinateur


II est désigné par le procureur général de la République et il a dans ses attributions
: la surveillance de toutes les sections et tous les services du parquet général de la République,
le rôle d'assurer l’ordre intérieur au sein du parquet général, ainsi que le maintien de la
discipline de tous les magistrats et du personnel qui y est attaché. . »
B . Les Parquets généraux près les Cours d'Appel
Ils sont dirigés respectivement par les procureurs généraux près les cours d'Appel.
Ils sont assistés d'un ou plusieurs avocats généraux ainsi que des substituts du procureur
général).Les procureurs généraux assurent la direction, la surveillance et la coordination des
activités des magistrats de leurs ressorts.

C. Les Parquets près le Tribunal de Grande Instance


Ils sont dirigés par un procureur de la république assisté d'un ou plusieurs
premiers substituts du procureur de la République et substituts du procureur de la République,
Le premier substitut du procureur est chargé de superviser l'activité des substituts de
procureur de la République et de l'instruction des affaires judiciaires.
Il se consacre en outre à la critique des jugements, avis d'ouvertures et notes de
fin d'instruction. Depuis la création du tribunal de commerce, du tribunal de travail et du
tribunal pour enfants, la compétence du ministère public près le tribunal de grande instance a
été étendue également à ces nouvelles juridictions.

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D. Les Parquets près les tribunaux de paix


Ils sont dirigés par un premier substitut du procureur de la république auquel sont
adjoints un ou plusieurs substituts du procureur de la république.

Le Ministère public près les juridictions militaires


En ce qui concerne la Justice militaire, le Ministère public est selon la loi n° 023 /
2002 du 18 novembre 2002 portant code judiciaire militaire est institué près des juridictions
militaires qui sont : la Haute cour militaire, la cour militaire opérationnelle, la cour militaire,
le tribunal militaire de garnison et le tribunal militaire de police.
Le parquet militaire est connu sous l'appellation « Auditorat militaires » Il est organisé
respectivement l’auditorat près le Tribunal militaire de garnison et le tribunal militaire de
police, l'auditorat supérieur près la Cour militaire et l’auditorat général près la Haute cour
militaire. Ces auditorats sont dirigés respectivement et selon l’ordre hiérarchique par
l’auditeur général militaire, l’auditeur supérieur militaire, et l’auditeur militaire de garnison
ayant chacun sous sa direction des magistrats du ministère public militaire.

3. La mission du MP dans la recherche des infractions


Le MP a la mission de rechercher les infractions aux actes législatifs et
réglementaires qui sont commises sur le territoire de la République. Il reçoit les plaintes et les
dénonciations. Il fait tous les actes d'instruction et saisit les cours et tribunaux ( art. 67 du
COCJ).
Le MP, comme signalé ci-dessus, peut exercer lui même toutes les attributions l’
OPJ (art 11 CPP). Mais en réalité, le MP qui n'a pas la faculté d'ubiquité doit se faire assister
dans sa noble et lourde charge par les OPJ qui sont « ses yeux » et « ses oreilles ».
Enfin de compte, c'est au MP que revient la charge d'exécuter les décisions des
cours et tribunaux en ce qui concerne les condamnations à la peine de mort de servitude
pénale principale, aux amendes et aux dommages-intérêts alloués d'office.
4. Le Ministère public et l’action publique
L'action publique est celle qui a pour but la répression de l’infraction considérée
comme Une atteinte à l'ordre social et qui a pour objet l'application d'une peine ou d'une
mesure de sûreté, une mesure de reclassement social du délinquant. C'est au Ministère public
que la loi a confié le pouvoir de mettre en mouvement l'action publique lorsque l'intérêt
général de la société est mis en péril par l’atteinte à l’ordre public. Cette mise en mouvement
de l'action publique lorsque l'intérêt général de la société est mis en péril consiste pour le MP

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dans le fait d'exercer les poursuites judiciaires contre un inculpé en posant tous les actes
d'instructions possible avant de le déférer le cas échéant devant la juridiction compétente
habilitée à prononcer des sanctions adéquates à l’encontre de ce prévenu à l’issue d’un procès
équitable.

5. Le Ministère public et la plénitude de l'action publique


En principe l'exercice de l'action publique dans toute sa plénitude et devant toutes
les juridictions de son ressort appartient au procureur général près la cour d'appel ( l'article 77
de la loi organique relative aux juridictions de l’ordre judiciaire.)
De ce qui précède, il résulte également ce qui suit :
- Tous les autres magistrats du parquet exercent l'action publique par délégation du
procureur général en qualité de mandataire ;
- Le procureur général près la cour de cassation peut sur injonction du Ministre de la justice
initier ou continuer toute instruction préparatoire portant sur les faits infractionnels qui ne
relèvent pas de la compétence de la cour de cassation.
- Le procureur général près la cour de cassation peut également sur injonction du Ministre
de la justice ou même d'office et pour l'exécution du même devoir, faire injonction aux
procureurs généraux près les cours d'appel.
- Sur injonction du Ministre de la justice, le procureur général de la République requérir et
soutenir l'action publique devant toutes les juridictions et à tous les niveaux.

6. L'autorité du Ministre de la justice sur le Ministère public


Selon l'art.70 de la loi organique relative aux juridictions de l'ordre judiciaire, les
OMP sont placés sous l'autorité du Ministre de la justice et celui- ci exerce sur les OMP un
pouvoir d'injonction qui s'exécute sous 3 formes :
a)Le droit d‘ordonner les poursuites
Le Ministre de la justice peut ordonner l'instruction d'une affaire s'il détient une
information. Même en l'absence d'une plainte, il peut enjoindre au MP d'instruire.
b) Le droit d'impulsion
Le Ministre de la justice a la mission de dynamiser l'exercice de l’action publique
au niveau de chaque ressort de tous les parquets du pays par les circulaires en vue de donne-
des directives et autres instructions aux OMP pour permettre à ceux- ci de bien assumer leur
mission.

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3. Le droit de regard
C'est le droit de surveillance que le Ministre de la justice exerce sur l'action de
tous les magistrats du parquet. Il convient de noter qu'il n'est pas reconnu au Ministre de la
justice le droit de veto consistant à empêcher les poursuites judiciaires car il pourra dans ce
cas s'octroyer indûment le pouvoir reconnu aux cours et tribunaux.
Le Ministre de la justice exerce le pouvoir d'injonction qui lui est reconnu par la
loi (art. 70 de la loi organique relative aux juridictions de l’ordre judiciaire sans interférer
dans la conduite de l'action publique en saisissant le procureur général près la cour de
cassation ou le procureur général près la cour d'appel.
Toutefois, pour certains dossiers sensibles notamment ceux ouverts à charge des
personnes jouissant de privilège de juridiction, le parquet fait un avis d'ouverture d'instruction
en vue de recueillir l'avis de sa hiérarchie judiciaire.

7. Les limitations de l'exercice de l'action publique


Il existe certaines limitations à l'exercice de l'action publique qui revient de droit
au Ministère Public.
A .Dans le cas où il y a avis d'ouverture d'instruction
Dans ce cas, il y a un blocage momentané d'entamer les poursuites par le MP en
attendant la décision qui doit provenir de la hiérarchie (Conseil supérieur de la magistrature,
Procureur général près la cour de cassation ou près la cour d’appel, l’administrateur général
de l’ANR ou celui de la DGM…)

B . La limitation relative à la qualité de l'inculpé


La personne du Président de la République est inviolable c'est - à- dire que sur le
plan pénal, il ne peut être poursuivi pour des infractions commises par lui durant l'exercice de
son mandat. Sauf en cas de haute trahison ou de violation intentionnelle de l'acte
constitutionnelle de la transition.
L'art. 164 de la constitution du 18 février 2006 consacre la responsabilité pénale
du Président de la République pour les infractions de haute trahison, d'atteinte à l'honneur ou à
la probité ainsi que pour les délits d'initié. Sa responsabilité pénale est aussi engagée pour les
autres infractions de droit commun commises dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de
ses fonctions. Toutefois, pour les infractions commises en dehors de l'exercice de leurs
fonctions, les poursuites contre le Président de la République et le Premier Ministre sont
suspendues jusqu'à l'expiration de leurs mandats. Pendant ce temps, la prescription est
suspendue.

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De la mise en accusation et la juridiction compétente


C'est la Cour constitutionnelle qui est la juridiction compétente pour juger
pénalement le Président de la république et le Premier ministre.(art 163)
La décision de poursuite ainsi que la mise en accusation de ces deux autorités
précitées sont votées à la majorité des deux tiers des membres du Parlement composant le
Congrès (la réunion de deux chambres du parlement).
La décision de poursuite ainsi que la mise en accusation des membres du
gouvernement sont votées à la majorité absolue des membres composant l'Assemblée
nationale. Dans tous les deux cas de figure, il est fait application de la procédure prévue par le
règlement intérieur.
Certaines personnes telles que les chefs coutumiers, les religieux ainsi que
quelques agents de l'administration publique bénéficient d'un privilège d'instruction faisant en
sorte qu'il faut au préalable un avis d'ouverture d'instruction établi par le parquet avant que les
poursuites ne soient déclenchés à leur charge.
Cas de l'agent diplomatique
Les membres des missions diplomatiques ainsi que les membres de leur famille
qui font partie de leur ménage respectif jouissent des immunités diplomatiques et échappent à
la justice du pays où ils résident ou pays qu'ils traversent.
Cette disposition sus indiquée découle de la convention de Vienne du 18 avril
1961. Ainsi les personnes précitées ne peuvent être soumises à aucune forme d'arrestation ou
de détention ( art. 29 et 37) ; ni être traduites devant les juridictions pénales de l'Etat
accréditaire ( art. 31 et 32) , ni être obligé de donner leur témoignage.
Quelle est la portée de ces immunités ?
A la différence des souverains étrangers ( chef de l'Etat, chef du gouvernement),
1er membres des missions diplomatiques ne sont pas irresponsables des infractions qu'il-
:pourraient commettre sur le territoire de la RDC, sauf renonciation expresse de l'Etat
accréditant, ils ne sont justifiables que de la justice de leur pays:5
Ce cas est arrivé en février 1997 à Monsieur RAMAZANI BAYA à l'époque
Ambassadeur du Zaïre ( RDC) en France, qui a eu à comparaître devant une juridiction pénale
française du chef d'homicide par imprudence après que l'Etat accréditant (la RDC) ait accepté
à lever les immunités dont ils jouissaient.

5
ESIKA MAKOMBO, Le Code pénal zaïrois annoté, Lubumbashi, 1977, p. 47

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Cas des membres des postes consulaires et des fonctionnaires internationaux.


En principe, les fonctionnaires consulaires n'ont pas de caractère représentatif ni
de mission politique. Ils sont par conséquent soumis à la juridiction du pays où ils résident.
Cependant les fonctionnaires consulaires sont traités avec des égards dus à leur caractère
officiel et leurs fonctions jouissent d'une protection particulière.
Cette matière est régie actuellement par la convention de Vienne du 24 avril 1963
sur les relations consulaires. L'expression : « fonctionnaires consulaires » comprend toute
personne y compris le chef du poste consulaire chargée en cette qualité de l'exercice des
fonctionnaires consulaires. ...
Les fonctionnaires consulaires ne peuvent être mis en état d'arrestation ou de
détention qu'en cas de crime grave et à la suite d'une décision de l'autorité judiciaire
compétente qui est le procureur général près la cour d'appel du ressort.
Il est en outre prévu que si un fonctionnaire consulaire refuse de témoigner aucune mesure
coercitive ou aucune autre sanction ne peut lui être appliquée.
Enfin, les fonctionnaires consulaires et les employés consulaires ne sont pas
justiciables des autorités judiciaires et administratives de l'Etat de résidence pour les actes
accomplis dans l'exercice des fonctions consulaires.
Quant aux fonctionnaires internationaux de l'ONU et de ses institutions
spécialisées, ils jouissent des mêmes privilèges et immunités reconnus aux membres
des corps diplomatiques en vertu de la convention des Nations Unies du 13 février 1946 sur
les privilèges et immunités à la quelle notre pays a adhéré le 08 décembre 1964. Toutefois, la
catégorie des hauts fonctionnaires internationaux ( secrétaires généraux. Directeurs généraux
et leurs adjoints,) bénéficient des immunités et privilèges dans leurs actes officiels et privées.
Les autres fonctionnaires bénéficient des privilèges et humilités pour les actes
officiels seulement.
a) Limitation de la poursuite subordonnée à la plainte de la victime
Le législateur a prévu qu'en cas de commission de certaines infractions, les
poursuites soient conditionnées à la plainte préalable de la victime. Il s'agit des infractions
suivantes :
b) l'adultère : ( art 5 décret du 25 juin 1945
La poursuite et la condamnation pour adultère ne pourra avoir lieu que sur plainte
préalable de l'époux qui se prétend offensé. En cas de retrait de la plainte, les effets de la
poursuite s'arrêtent également à condition pour les époux de consentir à la vie commune.

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24

L'unité et la stabilité de la famille risquent d'être compromises par l'intervention intempestive


de l'OMP pour besoin d'enquête. ..
2) La_ grivèlerie : ( art 102 bis al 2 CPLII)
La grivèlerie n'est poursuivable que sur la plainte de la partie lésée. Le paiement du prix et des
frais de justice avancés pour le compte de la partie plaignante ou le désistement de celle- ci
éteint l'action publique.
3) L'infraction commise à l'étranger
En pareil cas l'art 3 du CPLÏ dispose que la poursuite ne peut être intentée qu'à la requête
duMP.
4) Les infractions portant atteinte au droit d'auteur
Ces infractions caractérisées par le plagiat et autre reproduction illicite des œuvres
littéraires, artistiques ou musicales dans un but de lucre lèsent principalement les intérêts
privés, c'est pourquoi leur poursuite est conditionnée par la plainte de la victime desdites
infractions.
5) L'abandon de famille
L'infraction d'abandon de famille ne pourra être retenue et poursuivie que si la
procédure spéciale prescrite par l'art. 3 du décret du 15 juillet 1949 est respectée. Cette
procédure spéciale institue une enquête préalable en vue de la constatation du caractère
volontaire du défaut d'assistance devant une autorité judiciaire.
En effet, aux termes de l'art. 3 du décret précité, la personne débitrice sera
appelée, après l'expiration du délai de 2 mois devant le président du TGI à la requête de toute
personne intéressée ou du MP par lettre recommandée signée et adressée par le greffier avec
avis de réception. Un PV ad hoc sera dressé par le président du TGI et sera transmis au
Parquet.
6) Outrages envers certaines autorité.
Certaines autorités politiques, militaires et judiciaires sont protégées par les
dispositions légales qui sanctionnent les outrages dont elles sont victimes dans l'exercice de
leurs fonctions.
Toutefois, les outrages faits ou les coups portés contre ces personnes ne peuvent
être poursuivies que sur plainte de la personne lésée ou celle du corps dont relève cette
personne lésée sauf le cas de flagrance.
Il y a 3 catégories des personnes concernées par les dispositions des art. 136,138
et 139 ter du CPLII.

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1ère catégorie :
- Les membres des cours et tribunaux ;
- Les officiers supérieurs des FARDC ou de la PNC ;
- Le gouverneur de province.
Les outrages ou coups portés contre ces personnes sont punis de 3 à 9 mois de S.P.P.
2 eme catégorie :
- Les membres de l'Assemblée nationale ;
- Les membres du gouvernement (ministre, vice- ministre) ;
- Les membres de la cour constitutionnelle.
Les outrages ou coups portés à ces personnes sont punis de 6 à 30 mois.
3 me catégorie : Tous les autres dépositaires de l'autorités ou de la force publique les outrages
ou coups portés à ces personnes sont punis de 7 à 15 jours de S.P.P
D. Des poursuites subordonnées à l'autorisation du Président de la République
Certaines personnalités ne pouvaient être poursuivies qu'après l’autorisation
du président de la République ou si elles étaient mises en accusation par ce dernier.
Il s'agit:
1) Les membres du gouvernement ;
2) Les magistrats de la CSJ, et du Parquet général de la République ;
3) Les gouverneurs de province. Il convient de noter que toutes ces dispositions ont été
abrogées conformément à la Constitution du 18 février 2006.
E. Des poursuites subordonnées à l'autorisation de l'Assemblée nationale ou du Sénat
Aucun parlementaire (député ou sénateur) ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou
jugé ne raison des opinions ou des votes émis par lui. L'art. 107 de la constitution du 18
février 2006 précise cependant que le parlementaire est responsable pénalement mais la
poursuite judiciaire et l’arrestation sont réglementées comme suit:
- En cours de sessions, le parlementaire ne peut être poursuivi ou arrêté, sauf en
cas de flagrant délit, qu'avec l'autorisation de l'Assemblée nationale ou du
Sénat, selon le cas.
- En dehors de sessions, aucun parlementaire ne peut être arrêté qu'avec
l'autorisation du Bureau de l'Assemblée nationale ou du Sénat, sauf en cas de
flagrant délit, de poursuite autorisée ou de condamnation définitive.
La détention ou la poursuite d'un parlementaire est suspendue si la chambre
dont il est membre le requiert. La suspension ne peut excéder la durée de la
session en cours.

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F. Les poursuites soumises à l'autorisation ou ravis de l'administrateur général de l'agence


nationale des renseignements ( ANR) et de la direction générale de migration (PGM).
La poursuite d'un agent de l'ANR pour une infraction commise dans l'exercice de
ses fonctions est soumise à l'avis obligatoire de l'Administrateur (directeur) général de l’ANR
ou de la DGM.S'il s'agit d'une infraction que l'agent de l'ANR ou de la DGM commet en
dehors de l'exercice de ses fonctions, le parquet se contentera seulement à aviser simplement
le directeur général de l'ANR ou de la DGM.
G. Les poursuites subordonnées à la requête de la direction générale des impôts
Les fonctionnaires et agents de 1’administration de service des contributions sont
chargés de vérifier l'exactitude des déclarations d'impôts, de rechercher et de constater les
infractions en matière fiscale.
- Les poursuites en recouvrement de ces sommes qui sont dues au trésor et sont
exercée par les huissiers de justice à la requête du receveur des contributions.
- Les poursuites doivent toujours être précédées de l'envoi au contribuable d'un
second et dernier avertissement l'invitant à payer dans les 15 jours qui suivent
le jour de la réception de ce rapport cette disposition porte sur les impôts réels.
- Quant aux impôts sur les revenus, les poursuites sont subordonnées à la
requête du receveur des impôts.

H. Les poursuites subordonnées à l'autorisation ou l'avis de la Banque Centrale du Congo.

L'art de l'OL n° 67-272 du 23 juin 1967 relative aux pouvoirs réglementaires de la


Banque centrale du Congo en matière de change ne dispose que les fonctionnaires de la
Banque du Congo et des services de la douane sont chargés de constater les infractions à la
réglementation du change. Ils sont revêtus de la qualité d'OPJ et leur compétence s'étend sur
tout le territoire de la RDC. En cette matière c'est la Banque Centrale du Congo qui est partie
poursuivante et c'est la raison pour laquelle la loi lui donne le pouvoir de transiger.

L'art 15 de l'OL précitée précise du reste que la poursuite des infractions à la


réglementation du change est exercée à la demande de la Banque nationale. La transaction en
cette matière comprend la restitution des devises transportées illégalement ou
frauduleusement soustraites et le paiement d'une amende de 10.000 à 100.000 FC constants.

Signalons avant de clore que l'OL du 15 septembre 1987 modifie les dispositions
susmentionnées relatives au monopole de poursuite réservé à la Banque nationale contre les

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infractions sur le change. En effet, cette OL dispose que les poursuites sont exercées par le
MP soit d'office soit sur plainte de la Banque Centrale du Congo.

I. Les poursuites subordonnées à l'autorisation du Ministre des finances.

Aux termes de l'art 11 de l'OL n° 70 - 193 du 23 décembre 1970 portant statut du


corps des inspecteurs des finances en aucun cas un inspecteur des finance ne peut faire l'objet
d'une poursuite ou d'une mesure de contrainte de quelque nature qu'elle soit pour les actes
posés dans l'exercice de sa fonction sans autorisation préalable et écrite du Ministre des
finances.

8. La nature juridique du Ministère public


La doctrine est très partagée au sujet de la nature juridique du MP. Il y a 3 thèses
qui s'affrontent à ce propos.

1) Thèse de la doctrine classique


Cette thèse dispose que les OMP ne sont des magistrats que lorsqu'ils sont
l'audience publique où ils ont pour mission d'apporter leur concours dans l'interprétation et
l'application de la loi à travers leurs réquisitions et avis.

En dehors des audiences publiques, les OMP sont considérés comme des agents
du pouvoir exécutif délégués auprès des cours et tribunaux.

2) Thèse du professeur BAYONA


Selon cette thèse, les OMP demeurent magistrat aussi bien durant l'instruction pré
juridictionnelle qu'à l'audience. Par ce fait ils ont le droit et le pouvoir de refuser d'appliquer
les instructions du Ministre de la justice lorsqu'elles sont contraires à la loi.
Néanmoins, BAYONA reconnaît que l’OMP ne jouit pas à l'instar du juge de
l'indépendance très accentuée étant donné qu'il est placé sous l'autorité du Ministre de la
justice. Cette thèse est aussi partagée par le Professeur LUZOLO BAMBI dans la mesure où il
refuse de considérer que le magistrat du parquet a une nature hybride qui consisterait pour ce
dernier à être à la fois. fonctionnaire et magistrat. Le magistrat du parquet conclut-il reste
magistrat aussi bien durant l'instruction pré juridictionnelle qu'à l'audience6

6
LUZOLO Bambi et BAYONA Ba Meya, Manuel de procédure pénale, PUC, Kinshasa, 2011, p 201

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28

3) Thèse du RASSAT M.L


Dans son ouvrage intitulé « Le Ministère public entre son passé et son avenir»
Paris, LGDJ 1967 RASSAT soutient que le MP est revêtu de la qualité de magistrat lorsqu'il
pose des actes ou prend des décisions ayant un impact considérable sur la mission de dire le
droit.7
RASSAT considère qu'en vertu du principe de la légalité qui le lie, le MP est un
magistrat à part entière bien qu'il est appelé d'une part à veiller au respect des principes en vue
d'une bonne administration de la justice d'une part, et à l'intérêt du gouvernement d'autre part.
Dans son rapport avec le gouvernement, le MP, selon RASSAT8 se doit de distinguer entre
l'intérêt de la loi et l'intérêt du gouvernement. Le MP est le seul compétent pour apprécier la
légalité des poursuites, il n'en est pas de même de l'opportunité de poursuite au plan politique,
social, économique, laquelle relève de la politique gouvernementale. Ainsi conclut-elle, le
gouvernement peut, par la voie de circulaire du Ministre de la justice, porter à la connaissance
du MP toutes les considérations d'ordre général nécessaire. Ceci réalise du reste, l'exact
équilibre des pouvoirs qui doivent être séparés mais non isolés.
Que pouvons- nous retenir après analyse de ces 3 thèses ?
Notre point de vue
Nous estimons que l’OMP est avant tout un magistrat qui joue un rôle hybride agent
dépendant du Ministre de la justice et magistrat à l'audience et en dehors de l'audience.
Le caractère hybride de la nature du MP comme fonctionnaire découle de sa
dépendance hiérarchique à l’égard du ministre de la justice, ce dernier exerçant sur lui le
pouvoir d’injonction et la surveillance de ses attributions de mettre en mouvement l’action
publique. Toute fois sa qualité de magistrat prédomine dans la mesure où il a seul le
monopole de l’exercice de l’action publique et un grand pouvoir d’appréciation quant à la
suite à y réserver et qu’il est régi par le statut des magistrats.
9. Les principes qui gouvernent la mission du MP
Quatre principes guident la mission du MP :
a. L'unité
Ce principe signifie que le MP constitue un corps hiérarchisé dont chaque membre
exerce une autorité sur ceux qui sont placés au dessous de lui et dont la direction est fortement
organisée9

RASSAT, op.cit, n°194 et197


7

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29

Cette unité réside dans la concentration entre les mains du procureur général près
la cour d'appel de la direction de l'activité des magistrats des différents parquets de son
ressort. Le supérieur hiérarchique a l’obligation de surveiller l'exercice de l'action publique
des magistrats qui sont sous son autorité.
Toutefois, le procureur de la république en sa qualité de chef du parquet près le
tribunal de grande instance, dispose à l'instar d'autres OMP d'un pouvoir propre en vertu de la
loi de telle sorte qu'il peut exercer valablement l'action publique sans l'ordre de même contre
l'ordre de ses supérieurs. Mais s'il vient à commettre une faute, sa responsabilité pénale et/ou
disciplinaire sera engagée.
Dans le cadre de la subordination hiérarchique, il est admis néanmoins que chaque
membre du parquet puisse, en âme et conscience, exprimer à l'audience oralement son opinion
en conscience même si elle est différente des documents écrits accomplis en conformité des
ordres reçus.
Cette règle est exprimée par l'adage suivant : « La plume est serve mais la parole
est libre ».10
b. L’indivisibilité
Ce principe vise à exclure toute distraction ou division entre les magistrats du MP
qualifiées par la loi pour accomplir un acte près d'une juridiction déterminée. Le magistrat du
parquet n'agit pas en son nom personnel. Il agit au nom de son parquet. Sa personne se
confond avec la personne morale formée de l'ensemble des magistrats du même parquet. En
raison de l'indivisibilité de l'institution, ces magistrats peuvent, contrairement, aux juges, se
suppléer et se succéder dans la même cause avant la clôture des débats.
Le principe de l'indivisibilité n'entend toutefois pas faire fi de la répartition des
compétences (matérielle, personnelle et territoriale.
C. L'indépendance
L'indépendance du MP se manifeste tant à l'égard des cours et tribunaux que des
justiciables mais .dans une mesure sensiblement moindre, à l'égard du gouvernement. Les
juridictions répressives n'ont pas le pouvoir d'adresser des injonctions au ministère public, ni
de censurer son action.

10
HAYOIT & de TERMICOURT .« Propos sur le Ministère public » in. Revue de droit et de criminologie, 1936, p.972

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Le MP est également indépendant à l'égard des justiciables dans la mesure où il ne


peut pas recevoir et exécuter des directives émanant de ceux- ci et qu'en plus il n'est pas lié
par le retrait de la plainte déposée par la victime sauf en cas d'adultère ou de grivèlerie.

D . L'irresponsabilité et l’irécusabilité du MP
Le magistrat du parquet ne peut être condamné aux frais de justice ni au paiement
des dommages-intérêts qu'il a initié même si l'inculpé est acquitté ou si le dossier est classé
sans suite.
Toutefois, une procédure particulière dénommée la prise à partie permet quand
même de traduire en justice l'OMP qui a commis un déni de justice ou un dol dans
l'instruction judiciaire.
L'irresponsabilité du MP est concevable uniquement pour les actes judiciaires
posés par lui en conformité de la loi.
Le magistrat du MP qui est partie principale au procès pénal ne peut pas faire
l’objet d'une récusation car on ne récuse pas un adversaire.
§.3. Les Particuliers
C'est l’art. 6 du CPP qui confère aux particuliers c'est- à -dire à toute personne
sans distinction le pouvoir de rechercher les infractions en disposant qu'en cas d'infraction
flagrante ou réputée telle et passible d'une peine de servitude pénale de trois ans au moins,
toute personne peut en l'absence de l'autorité judiciaire chargée de poursuivre et de tout
officier de police judiciaire saisir l'auteur présumé de l'infraction et le conduire
immédiatement devant celle de ces autorités qui est plus proche.
Il convient de noter que le particulier n'a pas l'obligation de se conformer aux
prescrits de l'art. précité mais plutôt une faculté consacré par le terme « peut » qui lui donne la
latitude de se conformer ou non à cette disposition légale. Toutefois, il s'avère difficile
d'apprécier la nature flagrante ou réputée délie d'une infraction par un particulier qui, pour la
plupart est un profane qui ignore également les peines applicables à chaque infraction.
En cas d'erreur dans, l'appréciation, le particulier sera poursuivi pour arrestation et
détention arbitraire. II ne peut être condamné que s'il est établi qu'il a agi sciemment avec
mauvaise foi.
§.4. L'agent de l'ordre
Bien que concerné également par le prescrit de l'art. 6 du CPP qui s'applique à
toute personne, il appert toutefois que l'agent de l'ordre (policier) a lui une obligation
permanente de prévenir la commission des infractions et de rechercher ceux qui troublent

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l'ordre public et de les acheminer auprès de ses supérieurs hiérarchiques. C'est le cas du
policier affecté à régulation de la circulation routière, à la surveillance et au maintien de
l'ordre dans certains lieux publics ( stades, foires, manifestation publique... )

Section 2 : La technique de l'instruction pré juridictionnelle


La recherche des infractions et toutes les enquêtes qui s'y rapportent exigent des
autorités judiciaires compétentes la compétence et l'habilité. Nous aurons à examiner le rôle
de l'OPJ et de l’OMP durant l'instruction pré juridictionnelle.
S.1. L'enquête préliminaire de l'OPJ
A partir du dépôt de la plainte d'une dénonciation ou même en cas de saisine
d'office. L'OPJ amorce l'enquête préliminaire qui peut l'obliger selon les circonstances, soit à
descendre sur le lieu ou à mener des investigations sans se déplacer. Dans cette mission, l'OPJ
est tenu d'établir des PV dont la nature et la portée varient. Il aura à dresser le cas échéant le
PV de constat, le PV d'audition, le PV de saisi d'objet et le PV de saisie de l'auteur présumé.
L'OPJ a le pouvoir de faire comparaître devant lui toute personne dont l'audition
s'avère d'une certaine utilité pour l'instruction. Il peut procéder à l'interpellation des témoins
pour éclairer sa religion ou à des perquisitions des domiciles et tout autre lieu s'il s'avère
indiqué.
Il est demandé à l'OPJ d'être diligent dans l'accomplissement des actes inhérents à
l'enquête préliminaire et transmettre les PV dressés par lui à l'OMP.
S.2. L'instruction pré juridictionnelle de l'OMP
Au niveau du parquet, le magistrat instructeur ( OMP) va poursuivre l'instruction
du dossier en approfondissant s'il échait l'enquête menée par l’OPJ. Au cas où l'enquête
préliminaire de l’OPJ est compétente et concluante. L’OMP n'a plus d'autres actes à accomplir
hormis la décision qu'il devra prendre quant à la suite à réserver au dossier.
Au cas où le dossier émanant de POPJ est incomplet, l'OMP a le devoir de le
compléter en accomplissant d'autres actes d'instruction pour pallier à cette insuffisance
audition des témoins, confrontation, perquisition, saisie d'objet,...)
L'OMP peut le cas échéant se faire assister par l’OPJ dans l'instruction du dossier
Dans ce cas, l'OMP en vertu de l’art 12 du CPP peut charger l’OPJ d'effectuer les devoir
d’enquête, de visites de lieux, de perquisition et de saisies qu'il détermine au préalable par une
réquisition d'information.
La procédure sur réquisition d'information prévue à l’art. 99 de l'ordonnance n° 78
-289 du 03 juillet 1978 relative à l'exercice des attributions d'officier et agents de police

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judiciaire près les juridictions de droit commun s'applique à n'importe quel stade de
l'instruction et quelle que soit l'infraction commise. L'OPJ requis pour accomplir un devoir
d'enquête tel que prescrit par l’OMP est tenu de faire rapport de l'exécution de ce devoir au
magistrat qui l'aura requis dans les délais impartis par ce dernier. Cependant, à défaut de
délais préalablement fixé, les PV doivent parvenir au magistrat instructeur dans les 15 jours
qui suivent la réquisition.
Il est reconnu à l’OMP le pouvoir décerner un mandat de comparution contre !e
auteurs présumés des infractions ( art. 15 al 1 CPP). L'OMP peut en cas de non comparution
de l'inculpé ( auteur présumé ou complice) décerner contre lui un mandat d'amener. Le
mandat d'amener est valable pour 3 mois et ce délai est renouvelable.
Il convient de noter cependant qu'indépendamment de tout mandat de
comparution antérieur, l’OMP peut également décerner un mandat d'amener à condition que :
- d'une part, l'auteur présumé (l'inculpé) ne soit pas présent ;
- d'autre part, lorsqu'il existe contre lui des indices graves de culpabilité et que l'infraction
soit punissable de deux mois de servitude pénale au moins.
D'une manière très exceptionnelle, il est reconnu également à l’OPJ le pouvoir de
décerner un mandat d'amener en cas d'infraction flagrante passible de 6 mois au moins de S P
(.art 115 de l’ordonnance n° 78- 289 du 03 juillet 1978).
En vue de respecter les droits reconnus aux présumés coupables, il est fait
obligation à l'OMP d'interroger la personne faisant l'objet d'un mandat d'amener au plus tard
le lendemain de son arrivée au lieu où se trouve le magistrat qui a décerné ce mandat.
L'OMP ou l'OPJ qui reçoit une plainte ou une dénonciation ou qui constate une
infraction à charge d'un magistrat, d'un cadre de commandement de l'administration publique
ou judiciaire, d'un commissaire de district ( ou maire), d'un administrateur du territoire ( ou
bourgmestre) ,d’un chef de collectivité ou d'une personne qui les remplace ne peut, sauf cas
d'infraction flagrante, poursuivre qu'après en avoir préalablement informé l'autorité
hiérarchique dont dépend le prévenu ( art. 10).
La poursuite judiciaire contre les personnes précitées est conditionnée par la
décision au hoc du procureur général près la cour d'appel.
Les pouvoirs exorbitants reconnus à l'OMP sont soumis à un double contrôle :
- A .Le contrôle hiérarchique ;
- B. Le contrôle juridictionnel ;
Nous dirons brièvement que le contrôle hiérarchique consiste dans la censure et
les ordres que le magistrat instructeur reçoit de la part de ses chefs hiérarchiques dans le

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déroulement de l'instruction des dossiers judiciaires. Toutes les décisions que l'OMP peut
prendre dans ce cadre doivent avant d'être exécutées recevoir l'aval de son supérieur
hiérarchique (procureur de la république, ou procureur général le cas échéant).
Quant au contrôle juridictionnel, il s'exerce particulièrement en manière de
détention préventive.
En effet, l'OMP est tenu de soumettre sa décision de mettre en détention
préventive un inculpé à la censure du président du tribunal de paix siégeant dans l'audience en
chambre du conseil.
II en est de même en cas d'une perquisition devant intervenir en dehors du délai
légal prévu à cet effet par la loi à savoir de 5 heures du matin à 21 heures.
- L’instruction pré juridictionnelle revêt en droit congolais 2 caractères : le
caractère secret et le caractère inquisitorial.
- Les caractères secret et inquisitorial visent à garantir l'efficacité et la célérité
dans l'instruction pré juridictionnelle.

§3 Avantages et inconvénients du système d'instruction préparatoire congolais.

I. Avantages
La célérité et la possibilité du contrôle hiérarchique des décisions constituent ses
avantages. La célérité apparaît dans le fait que le parquet à qui revient le pouvoir de saisir,
une juridiction de jugement n'a pas confié au préalable l'examen du dossier à une juridiction
d'instruction (juge d’instruction) car cette juridiction est inexistante en RDC.
II. Inconvénients
II y a également deux inconvénients à savoir :
1 - l'inégalité des parties au procès pénal (le prévenu et le MP) ;
2 -le manque de possibilité pour la victime de l'infraction de se constituer partie civile.
L'inégalité des parties au procès pénal résulte du fait que l'OMP qui a instruit le
dossier ou encore le pouvoir de siéger en qualité de ministère public. Cependant, cet
inconvénient est atténué de principe étant donné que l'OMP agit en sa qualité de défenseur des
intérêts de la société, n'a pas à agir pour ses propres intérêts dans le cadre de l’instruction pré-
juridictionnelle.
Il n’y a pas pour la victime de l'infraction la possibilité de se constituer partie
CIVILE durant la phase pré juridictionnelle car le parquet en RDC n'est ni une juridiction.
d'instruction ni encore moins une juridiction de jugement. Toutefois, la victime de l'infraction.

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peut d'ores et déjà postuler un montant à titre des DI devant l'OMP et confirmer par après sa
demande devant la juridiction de jugement après s'être constituée partie civile.
Section 3 : Répartition de pouvoir entre l'OMP et L'OPJ.
L'OMP est considéré comme un OPJ majeur dans la mesure où il peut exerce lui-
même toutes les attributions des OPJ hormis les attributions qui lui sont propres ( art 11).
La loi a prévu des pouvoirs communs à l'OMP et à l'OPJ. Cependant il existe des
pouvoirs du MP susceptibles de délégation et des pouvoirs du MP non susceptibles de
délégation.

§1. Les pouvoirs communs à l'OMP et L'OPJ

1. Dresser des PV de constat.


Ce PV est susceptible d'être dressé l'OMP ou par l'OPJ lorsqu'un fait infractionnel
a été porte directement à leur connaissance et qu'au préalable une descente sur le lieu a été
effectuée par eux.

Le PV de constat doit comprendre les mentions suivantes :


- Le lieu, la date et le temps où se passe la constatation ; -
- La description des circonstances dans lesquelles l'infraction a été commise ;
- La description des preuves et indices à charge à décharge e l'auteur présumé ;
- La qualité du verbalisateur ;
- La signature du verbalisateur.
Au cas où le PV est dressé par l'OPJ, il est précédé de la formule de prestation de
serment libellé comme suit :« je jure que le présent PV est sincère».
L'OMP est dispensé de mentionner un quelconque serment au PV de constat et à
tous les PV qu'il a dressés lui- même car il est un assermenté spécial doté des pouvoirs
spéciaux dans l'administration de la justice.
2. Dresser les PV d'interrogatoire (d'audition) ou les PV actant une plainte ou une:
dénonciation
Le contenu de chaque PV varie suivant son objet particulier. Toutefois, il y a des
mentions qu'on retrouve dans tous les PV telles que l'identité du comparant, la prestation de
serment (témoins et expert), les circonstances de la commission de l'infraction et les
déclarations des comparants.
Les déclarations peuvent être faites dans n'importe quelle langue mais l'usage
exige à ce que l'on recourt à la langue française pour les acter sur PV. .

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Ces PV peuvent comporter les notes de l’OMP ou de l'OPJ. La note de l’OMP est
constituée des observations particulières émanant du magistrat instructeur. Quant à la note de
l'OPJ, on la retrouve à la fin du PV et comporte le résumé succinct des faits et le point de vue
de l'OPJ verbalisant.
3. Dresser les PV de saisie (art 3. CPP)
Les OPJ ou les OMP ont le pouvoir de saisir où qu'ils se trouvent des objets sur
lesquels pourrait porter la confiscation prévue par la loi et de tous autres qui pourraient servir
à la conviction ou à décharge. .
Une procédure spéciale prévoit qu'avant de procéder à la saisie, l'objet sera
présenté au détenteur s'il est présent afin qu'il puisse le reconnaître et y apposer une paraphe.
Un PV de saisie d'objet décrit les objets saisis et doit être signé par détenteur,
Les objets saisis peuvent être mis sous scellé en vue de prévenir leur substitution
ou leur altération. Le scellé est un ruban ou bande de papier fixé par un cachet de cire revêtu
du sceau.
Les objets saisis doivent être répertoriés dans un registre spécial dénommé registre
des objets saisis ROS en sigle.
Lorsque la conservation des objets saisis est très coûteuse ou s'avère dangereux
pour la santé, l’OPJ ou l’OMP après s'être référé à un expert aura à décider sur leur vente ou
leur destruction. L'argent obtenu à l'issue de la vente sera consigné dans la caisse du parquet.
§2. Les pouvoirs du MP susceptibles de délégation
Ce sont les pouvoirs que l'OPJ peut exercer uniquement dans les 2 cas suivants :
1. Soit en cas de flagrance ;
2. Soit en cas de délégation expresse et écrite de l'OMP.
Il s'agit plus précisément des pouvoirs suivants :
A. Le pouvoir d'enquête
Ce pouvoir permet à l'OMP de mener les investigations utiles et d'interpeller les
personnes dont l'audition par lui s'avère nécessaire. C'est par le biais des mandats de
comparution et d'amener que l'OMP peut interpeller les personnes sur qui pèsent certaines
preuves de culpabilité.
Les 2 mandats précités sont prévus à l'art 15 du CPP.
C'est en cas de flagrance que l'OPJ peut à son niveau décerner ces 2 mandats, Ce
pouvoir d'enquête confère à l'OPJ et à l'OMP l'obligation de citer un témoin à comparaître
devant eux pour l’éclairer sur l'affaire en instruction ( art 16 CPP).

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Toute personne interpellée à comparaître mais qui refuse de s'exécuter peut y être
contraint par un mandat d'amener. Il en est de même du témoin récalcitrant qui refuse soit de
comparaître, ou de prêter serment ou de déposer sans raison valable peut être condamné par
l'OMP à une peine d'un mois de SPP au maximum et une amende dont le maximum est de
1000 FC ou à une de ces peines seulement ( art 19 CPP).
Toutefois, comme il ne s'agit pas d'une sanction aux effets irréversibles, il est
prévu que le témoin condamné pour défaut de comparution qui sur une seconde citation ou
SUR mandat d'amener produira des excuses légitimes pourra être déchargé de la peine ( art.20
CPP)
La délégation expresse et écrite du pouvoir d'enquête judiciaire se fait par le biais
d'une réquisition d'information que l'OMP adresse à l'OPJ afin d'accomplir un ou plusieurs
acte d'instruction bien précis.
B. Les visites domiciliaires et les perquisitions '
II est reconnu à l'OPJ le pouvoir de s'introduire dans les maisons des particuliers
de gré ou de force pour y faire des constatations ou pour y rechercher certains objets précis
dans le cadre d'une enquête judiciaire (art. 22 CPP).
L'OPJ reçoit le .pouvoir de perquisitionner par le biais d'un mandat de perquisition
émanant de l'OMP. La perquisition doit s'effectuer de 5 heures du matin à 21 heures et pourra
s'étendre au delà qu'avec l'autorisation du président du TGI.
Toutefois, une visite commencée dans l'intervalle légale peut se prolonger au delà
du temps réglementaire lorsque les nécessités d'enquête l'exigent.
La visite domiciliaire devra s'effectuer en présence de l'occupant de la maison et
de la personne inculpée pour éviter toute suspicion susceptible d'entraver la bonne instruction
de l'affaire. Un PV ad hoc devra être dressé à l'issue de là perquisition
C. L'exploration corporelle ou la fouille
Ce pouvoir permet de chercher sur le corps de l'inculpé soit des traces (cicatrices)
soit des objets ou document constitutifs de l'infraction. Cette pratique est d'usage fréquent en
matière douanière et en droit minier.
Une ordonnance motivée du président de TGI est requise pour que l'OMP puisse
procéder à l'accomplissement de cette tâche sauf en cas de flagrance. L'exploration corporelle
se fait par un médecin, car elle suppose le déshabillement de la personne concernée.
Le consentement écrit de la personne concernée est requis. Pour un mineur, le
consentement des parents ou du tuteur et requis. L'exploration corporelle devra s'effectuer en

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présence d'un médecin choisi par la personne devant faire l'objet de l'exploration ou d'un
parent, alliée ou toute personne majeure du même sexe choisie par le concerné.
D. La saisie des correspondances ( art 24 CPP)
La loi prévoit la saisie de télégrammes, lettres et objet de toute nature confiés au
service des postes et au service des télégraphes pour autant qu'ils apparaissent indispensable à
la manifestation de la vérité.
Une réquisition ad hoc devra être adressée au responsable des services précités par
l'OMP. Actuellement avec l'avènement de l'Internet et plus particulièrement du courrier
électronique l'OMP peut dans la mesure du possible mener des investigations utiles lorsqu'il
est en possession des données indispensables.
Qui en est-il des écoutes téléphoniques ?
En Droit congolais, la loi est muette à ce sujet. Selon RUBBENS cette pratique est
prohibée car non prévue par la loi et par voie de conséquence les preuves émanant de cette
voie peuvent être considérées comme déloyales. Le même auteur .affirme que le problème
d'emploi des techniques scientifiques de la révélation de la vérité reste discuté. L'on peut
affirmer que le rejet à priori de ces moyens techniques ne peut se justifier, car le dosage
d'alcool dans le sang. La détermination du groupe sanguin, l'enregistrement d'un discours
public, sont des procédés valables des preuves objectives à condition d'en faire, un usage
loyal.(A. Rubbens, op. cit. p.173).
En droit français, une loi du 10 juillet 1991 a réglementé les écoutes
téléphoniques, désormais prévues aux articles 100 à 100-7 du code de procédure pénale. Les
conditions dans lesquelles une écoute téléphonique peut être ordonnée sont :
- Toute écoute téléphonique doit être prise au cours d'une instruction et par le
seul juge d'instruction ;
- L'écoute n'est possible qu'en matière criminelle ou correctionnelle et si la
peine encourue est égale ou supérieur à deux ans d'emprisonnement ;
- Les nécessités de l’information doivent exiger l'écoute téléphonique.
Un PV de l'interception doit ensuite être dressé par le juge d'instruction ou bien par l'OPJ
commis par lui.
E. La réquisition à expert( art 48 CPP)
L'OMP peut requérir un ou plusieurs experts lorsque certaines questions découlant
l'instruction préparatoire relèvent de certains domaines scientifiques ou technique que l’OMP
ne maîtrise pas.

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En l'occurrence on va recourir à un médecin pour déterminer les circonstances de


la commission d'un viol ou de la mort suspecte d'une personne.
L'expert est tenu de prêter serment avant d'accomplir la mission qui lui est
confiée. Ce serment varie comme suit :
1) Pour les interprètes et traducteurs, le serment est le suivant :« je jure de remplir
fidèlement la mission qui m'est confiée » :
2) Pour les autres experts, le serment est le suivant : « je jure d'accomplir les actes de nu r
ministère et de faire rapport en honneur et conscience».
En cas de refus pour un expert d'accomplir sa mission ou de prêter serment, il peut
être condamné par l'OMP à une peine maximum d'un mois de SP et 10,000 FC d'amende ou
d'une de ces peines seulement.
En cas de contradiction dans les rapports de l'expert ou de doute, une contre
expertise est envisageable.
F. L'autopsie et l'exhumation des cadavres
C'est en cas de flagrance que ces 2 pouvoirs peuvent être confiés à l'OPJ en vue de
recourir à l'expertise d'un médecin pour obtenir l'autopsie d'un cadavre en cas de mort
suspecte ou ordonner une exhumation d'un cadavre pour besoins d'enquête.
§.3. Les pouvoirs du MP non susceptibles de délégation
II existe 6 pouvoirs que l'OMP exerce en toute exclusivité sans possibilité de
délégation. II s'agit de:
A. Le pouvoir de direction de la police judiciaire
Aux termes des art 1 CPP et l'art 66 al 3 de LOJOJ, il résulte que c'est au MP que
la loi a conféré le pouvoir de direction, de surveillance et de contrôle de tous les OPJ. Les
pouvoirs de l'OMP s'étendent également aux officiers publics et les officiers ministériels à
l'exception des agents de greffe et de l'office des huissiers.
Il convient de noter aussi que les OPJ de l'ANR dépendent directement dans leur
mission d'investigation du Directeur général de l’ANR.
B. La réquisition de la force publique( art 14 CPP)
Le MP possède le droit de requérir l'assistance de la force publique pour vaincre la
résistance qui peut surgir dans l'accomplissement de sa mission.
Toutefois, lorsque l’OPJ est lui-même chef d'un détachement de la force publique,
il peut l'utiliser sans s'en référer à l'OMP et ce en cas d'extrême nécessité. Cependant, il est
recommandé dans ce cas à l'OPJ de faire preuve de circonspection et de prudence pour éviter
tout dérapage préjudiciable.

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C. La condamnation du témoin récalcitrant (art 19 CPP)


Ce pouvoir comme nous l'avons fait remarquer confère à l'OMP le pouvoir
exclusif de condamner un témoin récalcitrant qui manque à son devoir par le refus de
comparaître, de prêter serment ou de faire des dépositions.
D. Le pouvoir d'allocation des indemnités aux témoins et aux experts( art 51 CPP).
L'OMP dispose du pouvoir d'allouer par voie d'ordonnance des indemnités aux
témoins et expert qu’il a appelé ou requis lui-même ou qui ont répondu à l'appel d'un OPJ
relevant de son autorité.

Cette indemnité vise à dédommager le témoin pour le préjudice matériel subi en


répondant à l'invitation de la justice.

Cette indemnité vise également à assurer une certaine compensation à l'expert


compte tenu du manque à gagner que lui a coûté son expertise et le temps qu’il a consacré à la
la justice.
E. Le pouvoir d’établir une commission rogatoire(art 133& 134 CPP)
La commission rogatoire est un acte par lequel un magistrat délègue ses pouvoirs
à un autre magistrat ou à un OPJ pour qu'il exécute à sa place un acte d'instruction et qu’il lui
fasse un rapport dans les meilleurs délais.
En droit congolais, contrairement au droit français dont la conception est énoncée
ci haut, il n'y a pas de délégation de pouvoir parce que celui qui est commissionné est de
même rang que le magistrat qui le délègue.
C'est, en l'occurrence- le cas du procureur de la république de Lubumbashi qui en
vue de compléter 1’enquête dont certains éléments doivent être obtenus à Mbuji mayi établit
une commission rogatoire destinée à son collègue le procureur de la république de Mbuji
mayi.
Dans le cadre de la coopération judiciaire internationale, il est prévu qu’une
commission rogatoire puisse aussi provenir de l'étranger. En vue de son exécution
commission, rogatoire provenant de l'étranger doit respecter les 3 critères suivants :
1. Le respect de la voie diplomatique
La commission rogatoire passe par le ministère des affaires étrangères qui la
transmet à son tour au ministère de la justice et celui- ci par le biais de son ministre la
transmet au procureur général près la Cour de cassation qui la fera parvenir au magistrat
compétent en vue de son exécution.

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2. L'autorisation du Ministre de la justice


Le Ministre de la justice est la seule autorité compétente pour permettre aux
magistrats congolais d'exécuter les commissions rogatoires émanant de l'étranger.
Ce principe se justifie par le fait que c'est le Ministre de la justice qui a dans sa
compétence la politique gouvernementale en matière de la justice et de l'administration
judiciaire.
3. Le respect de la règle du Droit international privé
Exprimé par l'adage «Locus régit actum » qui dispose que l'exécution par le
magistrat congolais d'une commission rogatoire est soumise aux règles de forme en vigueur
au Congo
L'adage latin sus énoncé signifie que l'acte est régi quant à sa forme par la loi du
lieu où il est passé. La commission rogatoire à exécuter à l'étranger doit contenir un résumé
succinct des faits, l'identité de la personne concernée, la référence aux textes de loi violés, la
qualification des faits et les points sur lesquels l'enquête est demandée. ( art 129 de l’AOJ
n°299/ 79 du 29 /08 /1979 portant règlement intérieur des cours , tribunaux et parquet.
En plus elle doit donner pouvoir de requérir le juge d'instruction ou de déléguer
tout OMP ou OPJ compétent. La commission rogatoire à exécuter en RDC devra être adressé
directement au magistrat du parquet compétent pour en assurer l'exécution avec pouvoir de
délégation à un OPJ.
§4. La transmission des PV
Les OPJ doivent aux termes de l'art.2 du CPP transmettre directement leurs PV à
l’autorité judiciaire compétente.
Une dérogation est cependant prévue pour les OPJ de l'ANR, de la DGDA, de la
BCC et de la DGM qui transmettent directement leurs PV à leurs chefs hiérarchiques
respectifs à charge pour ces derniers d'en apprécier l'opportunité de les transmettre à l’OMP.
Pour les OPJ de la BCC et ceux de la DGDA, ils ont compte tenu de leur compétence
matérielle le pouvoir de proposer aux contrevenants de payer les amendes transactionnelles
conformément à la loi.
§.5. La clôture de l'instruction par l’OMP
Une fois les enquêtes terminées, il revient à l'OMP de décider sur la suite à
réserver au dossier la suite peut consister soit dans la saisine de la juridiction compétente (par
une requête aux fins de fixation d'audience), soit le classement dans suite pour divers motifs (
absence ou insuffisance de preuve, pour faits civils ou non infractionnels, pour prescription de
l'action publique, soit enfin par le classement par amende transactionnelle (AT).

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Lorsque le magistrat instructeur a pris l'une des décisions sus indiquées, il doit
s'en référer à son chef hiérarchique ( PR, PG, PGR) en lui adressant soit son projet de
réquisitoire, une note de classement sans suite ou une note de classement par AT. Le chef
hiérarchique du magistrat instructeur peut entériner ou refuser la décision qu'on lui soumet.
Dans ce dernier cas, il aura à donner des instructions précises consistant dans les devoirs
supplémentaires à accomplir ou des lacunes qu'il faut corriger dans le cadre de l'instruction
judiciaire.
Pour clore, il importe de préciser que la décision de l'OMP consistant dans la
saisine de la juridiction de jugement et surtout dans le classement sans suite n’a pas une
portée juridictionnelle mais plutôt administrative dans la mesure où elle peut faire l’objet
d’une modification lorsque les circonstances l’exigent et aussi longtemps qu’il n’y a pas
prescription de l’action publique.
§6. Les mesures restrictives de liberté pendant l'instruction préparatoire
L'OPJ ainsi que l'OMP doivent chacun en ce qui le concerne, veiller à ce que la
détention préventive ne soit pas la règle mais l'exception. Il n'y a donc pas au sens strict du
terme une obligation faite au magistrat instructeur de mettre une détention un inculpé en 28
c'est dans ce sens qu'il revient au magistrat instructeur, lorsque les faits reprochés au prévenu
sont sans gravité, de proposer le dossier au classement sans suite ou le plus souvent il invitera
le prévenu à payer une amende transactionnelle assortie s'il échait du paiement des Dl à la
victime.
Les OPJ et les OMP peuvent procéder à l'arrestation de toute personne
soupçonnée d'avoir commis une infraction punissable de 6 mois au moins de servitude pénale,
à la condition qu'il existe contre elle des indices sérieux de culpabilité.
Le pouvoir d'arrestation et de garder à vue est reconnue à l'OPJ et à l'OMP en cas
de toute infraction punissable de moins de 6 mois et de plus de 7 jours de SP lorsqu’il existe
des indices sérieux de culpabilité à charge de la personne concernée et une crainte quant à sa
fuite due à son identité inconnue ou douteuse.
L'audition du présumé coupable ou l'inculpé doit au préalable être effectuée avant
de procéder à son arrestation. L'information préalable du chef hiérarchique de l'inculpé im-
prévue par l'art. 10 du CPP ( cfr supra).
La garde à vue opérée par l’OPJ ne peut pas dépasser 48 heures. Tandis que
l'arrestation décidée par l'OMP par le biais d'un mandat d'arrêt provisoire ( MAP) ne peut pas
dépasser 5 jours. Le délai de validité du MAP peut être augmenté du temps nécessaire soit
pour effectuer un voyage, soit pour achever le devoir de l'instruction.

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La main levée du MAP peut être ordonnée lorsque les raisons qui l’ont justifié
l'existence du MAP se sont estompées.
Section 4 : La procédure en matière d'infraction flagrante ou réputée flagrante
§1. Notion générale
Les 2 concepts d'infraction flagrante et d'infraction réputée flagrante sont définis
par l'art 2 de l'OL n° 78 - 001 du février 1978 relative à la répression des infractions
flagrantes. L'infraction flagrante est celle qui se commet actuellement ou vient de se
commettre (art 2 al 1). Quant à l'infraction réputé flagrante, c'est celle qu'on prend en compte
lorsqu'une personne est poursuivie par la clameur publique ou lorsqu'elle est trouvée porteuse
d'effets, d'armes, d'instruments ou papiers faisant présumer qu'elle est auteur ou complice
pourvu que ce soit dans un temps voisin de l'infraction ( art 2 al 2)
Notons qu'il existe une controverse jurisprudentielle sur les expressions « qui
vient de se commettre » et « temps voisin» utilisées par la loi.
Nous estimons que la notion du temps ou du moment de la commission d'une
infraction est une notion dont l'appréciation relève du juge de fond qui doit se référer au
critère de concomitance et de concordance au sujet de la survenance du faits infractionnels.
En cas de flagrance, la loi accroît les pouvoirs du OMP et des OPJ. Par
conséquent le MP peut sans avoir l'autorisation du président du TGI requérir un médecin en
vue de l'exploration corporelle et ordonner la perquisition domiciliaire en tout lieu et à toute
heure de jour ou de nuit.
L'OPJ peut ordonner la garde à vue de tout présumé coupable et exercer
valablement tous les pouvoirs de TOMP susceptibles de délégation sans l'accord préalable du
précité.
§.2. Procédure
La procédure accélérée en matière de flagrance vise à ^allier à la lenteur de la
justice qui déçoit toujours l'opinion générale dans la mesure où un temps plus ou moins long
s'écoule entre le moment de la commission de l'infraction et celui où intervient la sanction à
telle enseigne que le jugement qui prononce la condamnation pénale se passe dans
l'indifférence quasi totale de la population.
Il importe donc de sanctionner dans le meilleur délai les infractions flagrantes de
manière à établir chez les justiciables la confiance dans la justice ainsi que le sentiment de la
crainte du châtiment. Selon l'art 83 de l'ord n° 78 - 289 du 03 juillet 1978 précitée, on peut
assimiler à une infraction flagrante ou réputée et telle, toute infraction commise, même après
un certain temps dans une habitation dont le chef requiert l'OPJ de venir la constater.

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1. De la comparution du présumé coupable


II est prévu que toute personne arrêtée à la suite d'une infraction intentionnelle
flagrante ou réputée telle sera aussitôt déférée au parquet et traduite sur le champ à l'audience
de cette juridiction.

Le pouvoir de procéder à l'arrestation de toute personne impliquée dans la


commission de ce type d'infraction est reconnu à l'OMP, à l'OPJ, à l'agent de l'ordre et à toute
personne sans distinction conformément à l’art. 6 du CPP.

Si aucune audience n'est tenue ce jour d'arrestation, le tribunal siégera


spécialement le jour même ou au plus tard le lendemain.

II est prescrit qu'il n'est pas requis d'autorisation préalable de poursuite en cas
d'infraction intentionnelle flagrante ou réputée telle.

2. De l'audience

La juridiction siégeant en procédure de fragrance devra veiller à ce que les


témoins à la commission de l'infraction suivent le prévenu à l'audience et y déposent sous
peine de sanctions prévues aux articles 5 et 78 du CPP. L’OPJ ou l’OMP ainsi que le juge
pourront au besoin les y contraindre.
Si l'affaire n'est pas en état de recevoir jugement la juridiction en ordonne de le
renvoi à l’une de ses prochaines audiences pour plus amples instructions et commet s'il échet
l'OMP pour procéder toutes affaires cessantes aux devoirs d'instruction qu'il précise.
Dans ce cas, le prévenu est s'il y a lieu placé en détention préventive. Les droits de
la défense doivent être garantis au prévenu qui peut de se défendre lui-même ou de se faire
assister par un défenseur de son choix ou celui désigné par le président du tribunal si le
défenseur ou avocat choisi par le prévenu n'est pas présent à l'audience ou si le prévenu est
poursuivi du chef d’une infraction punissable de la peine de mort.
3. Du jugement et des voies de recours
Le jugement est rendu et prononcé1 sur dispositif immédiatement après la clôture
des débats, il est rédigé dans les 48 heures. Si l'auteur de l'infraction déféré devant le tribunal
a pu s'enfuir avant que le tribunal n'ait rendu sa sentence, la décision rendue contre lui est
toujours réputée contradictoire.
Le droit d'appel ainsi que la constitution de la partie civile s'exercent
conformément aux dispositions du CPP, C'est le cas également pour la procédure à suivre. La

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juridiction saisie de l'appel examine ces infractions toutes affaires cessantes. Le pourvoi en
cassation doit être introduit conformément à la procédure prévue par la loi organique relative
à la Cour de cassation.
§3 Les modifications au code de procédure pénale relatives aux violences sexuelles

En vue d'assurer la célérité dans la répression, de sauvegarder la dignité de la


victime et de garantir à celle ci une assistance judiciaire, la loi n°06/019 du 20 juillet 2006 est
venue modifier et compléter le décret du 06 août 1959 portant code de procédure pénale.
A ce propos, le législateur a imposé la célérité dans l'instruction pré
juridictionnelle ainsi que dans le prononcé du jugement relatif à la matière de violence
sexuelle.
A cet effet, l'enquête préliminaire en matière de violence sexuelle se fait dans un
délai d'un mois au maximum à partir de la saisine de l'autorité judiciaire. Il a été aussi fixé le
délai maximum de trois mois comme période endéans laquelle l'instruction et le prononcé du
jugement doivent intervenir et ce à partir de la saisine de l'autorité judiciaire. (art. 7 bis)
L'enquête de l'OPJ doit être menée sans désemparer avec obligation pour le
précité d'en aviser dans les 24 heures l'OMP dont il relève. Enfin, il est prévu que la victime
des violences sexuelles soit assistée durant toutes les phases de la procédure par un conseil.
Pour une bonne administration de la justice et dans l'intérêt de la victime, il est fait
obligation au MP ou au juge de requérir d'office un médecin et un psychologue afin
d'apprécier l'état de la victime des violences sexuelles, de déterminer les soins appropriés et
d'évaluer l'importance du préjudice subi par celle-ci et son aggravation ultérieure.
Section 5 : Les mesures restrictives de la liberté pendant l'instruction pré
juridictionnelle
II importe avant tout de préciser avec instance qu'il n’y a aucune obligation légale
de mettre un prévenu en détention.
L'art 28 du CPP accorde une faculté à l'OMP et non pas une obligation de
procéder à l'arrestation d'un inculpé.
La détention doit être une exception et non un principe. Elle se justifie pour
prévenir la fuit éventuelle des présumés coupables, éviter l'effacement des traces de
l'infraction, l'influence sur les témoins.
II est établit dans certains cas que la détention peut offrir les avantages suivants :
 Influencer psychologiquement les prévenus et les amener à faire des aveux ;
 Mettre fin à un comportement infractionnel continu ;

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 Soustraire l'inculpé de la vengeance éventuelle du plaignant.


La loi accorde le pouvoir de procéder à l'arrestation aux personnes suivantes : Le
particulier, l'agent des forces de l'ordre, l'OPJ et l'OMP.
Nous examinons en grande ligne lés garanties constitutionnelles et légales en
malien d'arrestation et de détention opérée par l'une des personnes précitées.
5.1. L'arrestation opérée par un particulier
Tout particulier a le droit de procéder à l'arrestation de fauteur présumé de
l'infraction selon le prescrit de l'art 6 du CPP. Toutes fois les conditions suivantes doivent être
respectées :
- L'infraction doit être flagrante ou réputée telle ;
- L'infraction doit être punissable de 3 ans au moins. Il ne doit y avoir sur les
lieux aucun OPJ, ni OMP ;
- la personne arrêtée doit être conduite immédiatement devant un OPJ qui doit
dresser PV de l'événement. (PV de saisie de prévenu)
Le particulier qui procède à l'arrestation en violant le prescrit de l'art 6 CPP en
connaissance de cause s'expose à des poursuites judiciaires et à une sanction pour arrestation
arbitraire (art. 67 CPL II).
5.2. L'arrestation opérée par un OPJ
Le pouvoir d'arrestation est reconnu à l'OPJ aux conditions suivantes :
- L'interpellation préalable de l'inculpé ;
- L'existence des indices sérieux de culpabilité ;
- L'infraction doit être punissable de 6 mois SPP au moins ou à défaut qu'il y ait
une crainte sur la fuite de l'auteur présumé ou que l'identité de ce dernier soit
inconnue ou douteuse.
Il est fait obligation à L'OPJ de dresser le PV de saisie de prévenu, la personne
arrêtée doit être conduit immédiatement devant l'autorité judiciaire la plus proche qui est
normalement un OMP. Mais elle peut être conduite aussi devant un juge de police, voire
même un tribunal coutumier.
L'OMP devra veiller à ce que les OPJ ne puissent commettre des abus en cette
matière et cela par des inspections régulières des cachots.
L'OPJ peut toujours solliciter une permission à l'OMP pour prolonger la durée de
la garde à vue (48 heures au maximum) du temps strictement nécessaire pour clôturer
l'enquête et acheminer l'auteur présumé au parquet.

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§.3. L'arrestation opéré par un officier du Ministère Public


L'OMP exerce son pouvoir d'arrestation sur un inculpé en le plaçant sous les liens
du mandat d'arrêt provisoire (MAP). Toutefois les conditions suivantes doivent être respectées
1. L'inculpé doit être préalablement interrogé par l'OMP ;
2. L'existence des indices sérieux de culpabilité à charge de l'inculpé ;
3. L'infraction doit être punissable de 6 mois de SPP au moins ou bien l'infraction est
punissable d'au moins 7 jours de SPP à condition que :
 Soit la fuite de l'inculpé soit à craindre ;
 Soit l'identité de l'inculpé soit douteuse ;
 Soit l'intérêt de la sécurité publique réclame la mise en détention préventive.
Le MAP est valable seulement pour 5 jours. Ce délai peut être augmenté du temps
nécessaire permettant :
soit d'effectuer un voyage ;
soit d’achever les devoirs de l'instruction. L'OMP peut ordonner la main levée du
MAP si les raisons qui l'ont justifié n'existent plus.

Section 6 : La détention préventive,


Dans cette section nous analysons avec précision la détention préventive durant
l'instruction pré juridictionnelle
§.1. De l'autorisation de mise en détention préventive
Après qu'il ait placé sous le MAP un inculpé, l'OMP doit endéans 5 jours le
présenter au président du tribunal de paix, en chambre du conseil en vue d'obtenir
l'autorisation de mise en détention préventive.
Seuls sont autorisés à être présent à l'audience en chambre du conseil les
personnes suivantes :
- Le juge ;
- Le Ministère public ;
-Le greffier, l'inculpé et son conseil (avocat) s'il en a.la compétence pour autoriser
la mise en détention préventive revient au président du Tribunal de paix (art 29 CPP) .
Le juge de la chambre du conseil dont rendre son ordonnance autorisant ou
refusant la détention préventive au plus tard le lendemain de la comparution de l'inculpé.
Cette ordonnance est valable pour 15 jours y compris le jour où elle est rendue (art.30).

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A l'expiration de ce délai, la loi prévoit que la détention préventive peut être


prorogée pour un mois et ainsi de suite de mois en mois aussi longtemps que l'intérêt public
l'exige.
Une limitation est prévue à cette prolongation et cela dans 2 cas suivants :
1° La détention préventive ne peut être prolongé qu'une fois si le fait ne parait
consultas qu'une infraction à l'égard de laquelle la peine prévue par la loi n'est pas supérieure
à 2 mois de servitude pénale principale.

2° Elle ne peut être prolongée plus de trois fois consécutives si la peine prévue est égale ou
supérieure à 6 mois SPP.
Quid au cas où ce délai est dépassé ?
Dépassé ce délai, la prolongation de la détention est autorisée par le juge
compétent statuant en audience publique.
§.2. Déroulement de l'audience de la chambre du conseil
Cette audience commence par l'identification de l'inculpé dont on acte la
comparution ensuite la parole est accordée au MP à qui incombe la charge de prouver le bien
fondé de sa requête consistant à obtenir l'autorisation de la mise en détention préventive de
l'inculpé ou la prolongation de celle- ci ( fuite à craindre, indice sérieux de culpabilité, raison
d'instruction...)
La parole est enfin de compte accordée à l'inculpé assisté ou non par un conseil
(avocat ou défenseur judiciaire) en vue de se défendre contre les allégations du MP au sujet de
sa mise en détention préventive. Après le tribunal prend la cause en délibéré et il est tenu de
se prononcer par voie d'ordonnance au plus tard le lendemain du jour de la comparution, (art
30 CPP). Le juge la fait porter au plus tôt à la connaissance de l'inculpé par écrit, avec accusé
de réception ou par la communication verbale actée par celui qui la fait.
§.3. De la mise en liberté provisoire
Elle consiste à faire bénéficier à un inculpé placé en état de détention la faveur de recouvrer
provisoirement la liberté.
Quels sont les organes habilités à accorder la liberté provisoire ?
Le détenu peut solliciter sa mise en liberté provisoire aux organes suivants :

- Le juge de la chambre du conseil du tribunal de paix ou du tribunal de grande


instance.

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- Le TGI qui siège comme juridiction d’appel de l'ordonnance du juge de paix


autorisant ou prorogeant la détention préventive ;
- Le magistrat instructeur ;
- La juridiction de jugement du 1er et 2ème degré siégeant comme juridiction
d’instruction.
- Quel est le fondement de la mise en liberté provisoire ?

En général, elle se fonde sur les considérations d'ordre humanitaire et social voire
même professionnel; On ne devra pas d'une manière intransigeante conditionner la mise en
liberté provisoire par les considérations d'ordre financier en dépit du fait que le paiement
d'une caution en est une exigence légale. II importe de spécifier les conditions de mise en
liberté provisoire.
1) La liberté provisoire ne peut être accordée que sur requête de l’inculpé et non pas
d'office c'est à dire à l'initiative personnelle du juge.
La requête est actée par le greffier ou déposée au greffe. Elle est accordée en dépit de
l'autorisation de la mise en détention préventive ou de sa prorogation par une
ordonnance fixant les conditions suivantes :
- Ne pas entraver l'instruction préparatoire ;
- Ne pas occasionner un scandale ;
- Verser une somme d'argent à titre de cautionnement.
Le juge peut en outre imposer à l'inculpé d'autres conditions facultatives telles que :
- Habiter la localité où l’OMP a son siège ;
- Ne pas s'écarter au delà d'un certain rayon de la localité sans l'autorisation du
magistrat instructeur ou son délégué ;
- Ne pas se rendre dans tels endroits déterminés ( port, aéroport, poste frontalière...) ;
- De se présenter périodiquement devant le magistrat instructeur ou devant un
fonctionnaire déterminé par lui ;
- De comparaître devant le magistrat instructeur ou devant le juge dès qu'il en sera
requis.
Sur requête du MP, le juge peut à tout moment modifier ces charges et les adapter à
des circonstances nouvelles. Il peut aussi retirer le bénéfice de la liberté provisoire si
des circonstances nouvelles et graves rendent cette mesure nécessaire.
Le juge peut aussi révoquer la mise en liberté provisoire en cas de violation de
l'une des conditions imposées par lui.

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2) La liberté provisoire accordée par le MP ( art 33)

Au cours de l'instruction préparatoire, le MP peut à.la requête de l'inculpé détenu


sous MAP lui accorder une liberté provisoire. ;
L'ordonnance du MP est dans ce cas soumise aux même conditions que celles du
juge et cette faveur peut être révoquée durant la même période par une ordonnance lorsque
l'inculpé n'a pas respecté l'une des conditions lui imposées ou si les circonstances nouvelles et
graves rendent cette mesure nécessaire.
3) La réincarcération de l'incubé par l'OMP (art34 CPP1)
L'OMP a le pouvoir de faire réincarcérer l'inculpé qui manque aux charges qui lui
ont été imposées.
Si la liberté provisoire lui a été accordée par le juge, l'inculpé qui conteste la
décision de sa réincarcération prise par l’OMP peut dans les 24 heures de sa réincarcération
former un recours adressé au juge qui avait statué en premier ressort sur la mise en détention
ou sur sa prorogation. La décision qui sera rendue sur recours n'est pas susceptible d'appel.
En cas de réincarcération, le cautionnement doit être restitué à l'inculpé à moins
que la réincarcération n'ait été motivée pour inexécution de la charge prévue à l'art 32 al 3 et 5
(à savoir comparaître devant le magistrat instructeur ou devant le juge dès qu'il en sera
requis).
4) La destination du cautionnement
Le cautionnement consigné au préalable entre les mains du greffier peut prendre
deux destinations à savoir. La restitution ou la confiscation selon que l'on se situe dans l'un
des cas que nous allons spécifier ci- dessous.
Il y a restitution :
- En cas de réincarcération de l'inculpé ;
En cas de mise en liberté pure et simple au niveau de l'instruction préparatoire (
classement sans suite).
En cas d'acquittement par la juridiction compétente
Il y a confiscation au profit du trésor public :
- . en cas de condamnation du prévenu par le tribunal ;
- en cas de fuite de l'inculpé durant l'instruction préparatoire ;
- en cas d'inexécution de la charge prévue à l'art 32 al 3,5.

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5) La main levée des mesures privatives de liberté( art 33 CPP)


Le MP peut prendre une ordonnance de main levée de mesures de détention préventive
aussi longtemps qu'il n'a pas saisi la juridiction de jugement. Cette décision peut également
être prise :

- Lorsque le MP a décidé de classer sans suite le dossier ou à le classer après paiement


d'une amende transactionnelle ;
- Lorsque les mesures restrictives de liberté ne sont plus impérieusement requises.
6) Les voies de recours contre les ordonnances statuant sur la détention préventive
(art37 CPP)
II est reconnue le droit d'exercer un recours contre les ordonnances précitées au
ministre public et à l'inculpé et ce par voie d'appel ;
Les ordonnances susceptibles d'être attaquées par voie d'appel :
- L'ordonnance refusant la mise en détention préventive ;
- L'ordonnance autorisant la mise en détention préventive ;
- L'ordonnance prorogeant la mise en détention préventive.
- Le MP peut interjeter appel contre l'ordonnance refusant l'autorisation ou la
confirmation de la détention, ou celle accordant la main levée de la détention
préventive (art.46 CPP).
- L'inculpé peut interjeter appel contre l'ordonnance autorisant sa mise en détention
préventive et même contre celle lui accordant la liberté provisoire pour en contester les
conditions par lui estimées trop rigoureuses.
Quelle est la juridiction compétente pour connaître ce recours ? ( art 38 CPP)
- Les ordonnances du juge de paix sont susceptibles d'appel devant le TGI.
- Les ordonnances du juge TGI sont susceptibles d'appel devant la Cour d'appel.
Quel est le délai légal pour interjeter appel contre les ordonnances rendues en
chambre du conseil ?
- Le délai d'appel est de 24 heures, il commence à courir pour le MP le jour où
l'ordonnance est rendue et pour l'inculpé le jour où elle lui est notifiée. Le juge d'appel
doit statuer dans les 24 heures à dater de l'audience au cours de laquelle le MP aura
fait ses réquisitions (art 41 CPP).

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Quelles sont les formalités pour interjeter appel ? ( art 39 al 2 CPP)


La déclaration d'appel est faite au greffier du tribunal qui a rendu l'ordonnance. Si
le greffier n'est pas sur les lieux, l'inculpé fait sa déclaration à l'OMP ou en son absence au
juge qui en dresse acte de son appel. L'OMP dresse acte de son propre appel.
7) Situation de l'inculpé pendant la procédure d'appel( art 40 CPP)

L'inculpé est maintenu en l'état où l'ordonnance du juge l'a placé pendant le délai
d'appel et en cas d'appel jusqu'à la décision et ce aussi longtemps que le délai de validité de
cette ordonnance n'est pas expiré.
8) Privation de liberté pendant la procédure d'appel( art 40 al 2 CPP)
La loi reconnaît au MP le pouvoir de priver la liberté à un inculpé pendant la
procédure d'appel dans le cas suivant :
1° Cas d'une ordonnance refusant d'autoriser la détention préventive
Lorsque l'infraction est celle que la loi punit d'un an de SP moins, l'OMP peut
ordonner que l'inculpé soit replacé sous les liens du mandat d'arrêt provisoire.
2° Cas d'une ordonnance refusant de proroger la détention
L'OMP peut ordonner que l'inculpé soit replacé sous les liens de l'ordonnance qui
l'autorisait. Toutefois il importe de souligner que dans l'un ou l'autre cas, l'inculpé ne sera
replacé sous les liens du mandat d'arrêt ou de l'ordonnance antérieure que pendant le délai
d'appel et jusqu'à la décision.
L'ordre du MP doit être motivé et une copie de sa décision doit être adressée
simultanément par lui à son chef hiérarchique, au juge d'appel et au gardien de la maison de
détention et le gardien est tenu de donner connaissance de la copie à l'inculpé. L'ordre du MP
ne vaut que pour 24 heures si le gardien ne reçoit pas entre-temps notification de l'appel.
9) Situation de l'inculpé en détention pendant la pré saisine
Précisons avant tout que la pré saisine c'est la période transitoire entre le moment
où le parquet est dessaisi du dossier et le moment où le tribunal va commencer à statuer.
Pendant cette période la chambre du conseil ne peut plus être saisie et il n'appartient plus en
tout cas au MP de se préoccuper de la régularité de la détention de l'inculpé, L'inculpé a
néanmoins la faculté de s'adresser par requête au président de la juridiction auprès de laquelle
le dossier émanant du parquet a été déposé et solliciter la main levée de sa détention ou
éventuellement sa mise en liberté provisoire. La juridiction saisie de cette requête devra
statuer en audience publique.

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Section 7 Quelques cas de conflits de compétence ayant une incidence sur la procédure
pénale
Un conflit relatif à la compétence entre les juridictions a un impact sur la
procédure.

Nous examinons les cas suivants :


- La litispendance ( art. 105 de la loi organique relative aux juridictions de l'ordre
judiciaire).
- La connexité ( art. 99 et 102 de la loi organique relative aux juridictions de l'ordre
judiciaire).
- Le règlement des juges (art. 66 de la loi organique n° 13/010 du 19 février 2013
portant organisation et fonctionnement de la Cour de cassation.)

§1. La litispendance
II y a litispendance lorsque plusieurs juridictions d'un même ordre sont tous saisis
dans le cadre de leur compétence d'une même demande entre les mêmes parties.
En d'autres termes, il s'agit de deux ou plusieurs juridictions compétentes qui se
trouvent saisies à la fois des mêmes faits concernant les mêmes prévenus.
Solution
1 - La juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie au premier ressort
2 - la juridiction ayant rendue sur l'affaire une disposition autre qu'une disposition d'ordre
intérieur est préférée aux autres juridictions.
L'expression « disposition d'ordre intérieur» signifie des simples mesures de
procédure au sujet d'une remise d'audience ou un examen sur une récusation d'un juge.
Tandis que l'expression« une disposition autre» vise une phase assez avancée de la
procédure portant sur le jugement préparatoire ou avant dire droit.
3- La juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions.
§.2. La connexité
La connexité est envisagée en cas des liens étroits entre plusieurs infractions, soit
qu'il y ait entre l'une et l'autre une unité de temps, de lieu ou d'intention. Dans ce cas le
tribunal territorialement compétent pour connaître l'une des infractions est également
compétent pour connaître l'autre.

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Solution
Elle se trouve à l'art. 102 de la loi organique relative aux juridictions de l'ordre
judiciaire) qui dispose que lorsque 2 tribunaux compétents se trouvent saisis des mêmes faits,
le tribunal du rang le moins élevé déclinera sa compétence.
En outre, lorsque qu'une personne est poursuivie simultanément du chef de
plusieurs infractions qui sont de la compétence de juridictions de nature ou de rang différents,
la juridiction ordinaire du rang le plus élevé, compétente en raison de l’une des infractions
l'est aussi pour connaître des autres (art.99 de la loi organique précitée).
Pour clore, l'art 104 al 2 de la loi organique relative aux juridictions de l'ordre
judiciaire dispose que lorsque plusieurs personnes sont poursuivies conjointement comme
coauteurs ou complices d'infractions connexes, le tribunal au point de vue territorial pour
juger l'une d'elles est compétent pour juger toutes les autres.

§.3. Le règlement des juges


Selon l'art 69, il y a règlement des juges lorsque 2 ou plusieurs juridictions
statuant en dernier ressort se déclarent compétentes pour connaître d'une même cause
intéressant les mêmes parties.
Ce conflit est envisageable lorsqu'il y a eu échec à l'application de la règle de
litispendance. Le règlement de juge peut être demandé par requête de toute partie à la cause
MP près l’une des juridictions concernées. La requête est adressée à la Cour de cassation qui
va désigner souverainement la juridiction qui va connaître la cause.
Section 8 : Le pouvoir d'appréciation de l'OMP à l'issue de l'instruction
Dans sa mission de mener l'instruction pré juridictionnelle, le MP peut à l'issue
des toutes les investigations prendre les décisions suivantes :
A. Le classement sans suite ;
B. Le classement après paiement d'une amende transactionnelle ;
C. L'envoi du dossier devant la juridiction de jugement compétente.
§1. Le classement sans suite
Le MP peut décider de classer le dossier sans suite pour les motifs ci - après :
1) L'inopportunité des poursuites
Cette décision motivée par les considérations d'ordre politique, économique et
social qui poussent l'autorité à ne pas déclencher les poursuites soit à cause de la caducité
d'une loi pour éviter de perturber d'avantage l'ordre public en ordonnant les poursuites.
Exemple :

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- Les critiques acerbes à l'égard du chef de l'Etat dans un environnement politique


pluraliste ne peuvent pas faire l'objet des poursuites judiciaires pour l'inopportunité.
- Le défaut de port de pièce d'identité par une personne interpellée par l'OMP ou une
contravention consistant à rouler dans un sens interdit alors que le panneau de
signalisation n'existe pas à l'endroit prévu,
2) Absence d'un des éléments constitutifs de l'infraction
- Pratiquer le droit de rétention sur le bien ( poste TV, téléphone...) de son débiteur
insolvables n'est pas constitutif de vol. :
3) Faits bénins :
II n'est pas indiqué d'encombrer les tribunaux pour des faits sans aucune gravité
aussi bien pour la victime que pour la société.
Exemple : vol d'un œuf ou d'une orange sur un étalage au marché par un indigent
ou un vagabond.
4) Inexistence ou insuffisance des preuves à charge de l'inculpé
Cette décision doit être prise après une bonne investigation et elle est motivée par
l'adage« In dubio pro reo » le doute profite à l'accusé.
5) Le retrait de la plainte par la victime
C'est une mesure exceptionnelle prévue par la loi et cela en cas de commission
d'adultère et de grivèlerie.
N.B :- la décision de classement sans suite d'un dossier revêt un caractère
administratif que juridictionnel en ce sens que le parquet peut revenir sur la même décision et
remettre l'action publique en mouvement lorsqu'il est en possession des éléments nouveaux
pouvant la culpabilité de l'inculpé,
La décision de classement sans suite peut être remise en cause également par :
• le pouvoir d'injonction du Ministre de la justice sur les OMP ;
• la citation directe faite par la victime de l'infraction ;
• le pouvoir de contrôle hiérarchique que le procureur général exerce sur les
OMP qui relèvent de sa compétence,
§.2. Le classement par amende transactionnelle
L'institution de l'amende transactionnelle au Congo découle du décret du 09
février 1920 relatif à la procédure pour les infractions moins graves commise par les non-
indigènes. Comme on le constate l'idée rendant originale de ce texte consistait à éviter aux
européens résidant au Congo les ennuis résultant des petites infractions commises par eux
et déterminer la procédure en dehors de la juridiction de jugement.

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Une évolution est intervenue dans l'extension du champ d'application de l'amende


transactionnelle aussi bien en ce qui concerne les infractions qu'en ce qui concerne les
personnes assujetties.
C'est l'art 9 du CPP consacre actuellement cette notion. Compte tenu des abus que
l'on rencontre dans la prise de cette décision aussi par l'OPJ que par l'OMP, il importe
d'apporter des précisions utiles en ce qui concerne la nature juridique, les modalités
d'application, les effets juridiques, sans oublier les avantages et les inconvénients de l'amende
transactionnelle.
1) Caractère ( nature) juridique de l'amende transactionnelle (AT)
Le terme « transactionnel» n'est pas tout à fait approprié si l'on s'en tient au sens
du terme « transaction» en Droit civil à savoir : « un contrat synallagmatique par lequel les
contractants terminent une contestation née ou à naître en renonçant chacun à une partie de
leurs prétentions ou en se faisant des concessions réciproques ».
Aussi nous noterons que le mot « transaction» n'apparait nullement dans le texte
de l'art 9 et que c'est par analogie que le mot est entré dans la pratique et la doctrine juridique
en dépit de la réalité tout à fait contraire.
2) Modalité d'application de l'AT
L'AT est applicable pour les infractions punissables d'une SP et / ou d'une amende
ou punissable d'une amende seulement.
Exemple : les contraventions prévues par le code de la route, le vol simple, l’injure publique,
l’escroquerie,...
Le pouvoir de proposer le paiement de l'AT revient à l'OPJ verbalisant ou
enquêteur et à l'OMP. Comme préalable, une invitation devra être faite à l'inculpé ou à
l'auteur présumé à verser à la personne lésée ou à consigner les dommages-intérêts qu'il
détermine.
Il va de soi que faire payer une AT sans que la victime de l'infraction ne soit
dédommagée au préalable constitue une entorse à une bonne administration de la justice et au
rétablissement de la paix sociale
En suite, l'OPJ ou l'OMP devra s'assurer qu'en raison des circonstances, la
juridiction de jugement se bornerait à prononcer une amende et devra par conséquent verser
au trésor une somme dont il détermine le montant sans qu'elle puisse dépasser le maximum
des décimes légaux.
L'OPJ devra en cas de paiement de l'AT dresser un PV assorti de la preuve de
paiement qu'il transmettra à l’OMP pour appréciation. Il est requis l'OMP et l'OPJ puisse

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délivrer une quittance en bonne et du forme comme preuve de paiement de l'AT à la personne
qui s'en est acquittée.
C'est le greffier comptable du TGI qui est normalement habilité à percevoir les
AT et à délivrer les quittances de paiement. La victime de l'infraction ne peut pas saisir le
tribunal par voie de citation directe lorsque l’AT telle que proposée par l'OPJ a été approuvée
par l'OMP ou par le supérieur hiérarchique de ce dernier.
Aucun délai fixe n'est imposé par la loi pour s'acquitter de l'AT et des DI. Mais il
importe que l'auteur présumé ou l'inculpé fasse diligence car dans le cas contraire les
poursuites vont être exercées sans aucune sans désemparer par l'OMP pour éviter toute lenteur
dans l’instruction du dossier judiciaire.
Il n'est pas non plus exigé que l'inculpé ou l'auteur présumé passe aux aveux avant
de payer l'AT.
3) Les organes compétents à infliger l'AT
L'OPJ et l'OMP sont les seuls habilités à infliger le paiement de l'AT. Toutefois, il
y a certaines limitations :
- l'OPJ à compétence générale ne peut pas proposer des AT pour les infractions
commises par les privilégiés d'instruction dont l'enquête judiciaire est réservée au
procureur général près la Cour de cassation ou près la Cour d'appel ;
- L'OPJ à compétence restreinte ne peut intervenir que pour les infractions relèvent de
sa compétence matérielle et personnelle ;
- Le magistrat instructeur qui agirait dans ce cadre devra après avoir infligé le paiement
d'une amende transactionnelle saisir son chef hiérarchique pour solliciter son
approbation.
4) Effets juridiques résultant du paiement d'une AT
Le fait pour l'inculpé de payer l’AT n'implique pas de sa part un aveu de
culpabilité. Il pourrait même après avoir accepté de payer rétracter son accord et dans ce cas
les poursuites peuvent avoir lieu.
Toutefois, en cas de paiement effectif de l'AT, il se dégage les conséquences
suivantes :
- Le magistrat instructeur ou ses collègues de même grade ne peuvent pas disposer de
l’action publique sauf avis contraire de leur chef hiérarchique ;
- La citation directe ne sera recevable si les décisions ont été approuvées par le
supérieur hiérarchique car l'extinction de l'action publique aura été effective.

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- L'inculpé ne peut plus récupérer la somme versée par lui à titre d'amende ou des DI,
ni les objets abandonnées à titre de confiscation sauf lorsque le MP a décidé de
poursuivre, il faut la restitution des sommes ainsi versées seulement.
- L'action publique s'éteint si le MP décide, de poursuivre et dans cette hypothèse, il y
aura révocation de l'amende transactionnelle et restitution de la somme payée à titre
d'amende.
5) Avantages et inconvénients du paiement de l'AT
A. Avantages
- Il y a trois grands avantages :
a. Le désencombrement des tribunaux
L'application de l'AT permet d'épargner au juge des charges encombrantes
résultant des dossiers peu important et de lui donner l'occasion de se concentrer sur les
dossiers sensibles et d'une certaine importance.
b. Eviter à l'inculpé les tracasseries des procès et le paiement des divers frais.
Les justiciables en bénéficient en étant épargné des déplacements, des pertes de
temps et du paiement des honoraires d’avocats et de divers frais de justice.
c. Diminuer les charges publiques
L'application de l'AT évite le surpeuplement des établissements pénitentiaires
dont les frais de fonctionnement et d'entretien pèsent lourdement sur le trésor public. Sur le
plan criminologique et de la prévention du crime, il évite le contact pernicieux et néfaste entre
les délinquants primaires et les grands récidivistes impénitents.
d .Inconvénients
II y en également 3 :
a.L'insécurité juridique pour l’inculpé
Le législateur n'a pas prévu expressément de quelle manière l'OMP doit entériner le paiement
de l'AT et l'empêcher ipso facto de reprendre les poursuites. A ce stade, l'inculpé reste
toujours dans l'ignorance de ce qui peut advenir même après qu'il se soit effectivement
acquitté de l'amende transactionnelle.
L'inculpé est à la merci de l'OPJ et de l'OMP qui peuvent lui exiger parfois plus
qu'il n'est prévu par la loi.
b. Situation compromettante pour l'OPJ verbalisant
L'OPJ peu scrupuleux peut profiter de cette situation pour se faire corrompre, ou
pour exiger plus que ce qui est dû à son profit personnel.

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Il peut aussi se faire que l’OPJ dont les connaissances juridiques sont assez
lacunaires soit tenté d'infliger d'une manière inappropriée les AT. D'où la nécessité d'un
recyclage permanent des OPJ.
c. Situation paradoxale et indélicate du magistrat instructeur
Le magistrat instructeur peut paraître ridicule aux yeux de l'inculpé car après lui avoir proposé
le paiement de l'AT et après paiement effectif de ladite amende, ordre peut lui être fait par son
chef hiérarchique de poursuivre et de révoquer ipso facto l'AT.
Le magistrat instructeur donne l'impression de faire un marchandage de l'action publique alors
que celle-ci incarne les intérêts supérieurs de la société.
6) Proposition de lege ferenda (en vue d’une réforme eventuelle de la loi)
 les pouvoirs de l'OPJ et de l'OMP devront être limités et bien spécifiés en matière
d'AT ;
 Il faudra que l'inculpé soit bien informé de l'issue de la procédure en matière d'AT
pour éviter tout malentendu et préjugé résultant de l'ignorance ;
 A l'instar du Droit belge et du Droit français, il faudra qu'il ne puise pas exister une
ambiguïté après paiement de l'A.T. en ce qui concerne le déclenchement éventuel des
poursuites par l'OMP.
A la fin de l'instruction du dossier, après avoir rassemblé les éléments de preuve à
charge, le MP saisit la juridiction de jugement compétente en transmettant le dossier
au premier président ou au président de la cour ou du tribunal compétent sur base de la
requête aux fins de fixation d'audience (RFFA). Une fois le dossier réceptionné, le
président de la juridiction va déterminer le jour et l'heure à laquelle le dossier sera
instruit en audience publique. Le greffier est tenu de citer le prévenu et de notifier la
date d'audience à la partie civile.
La requête aux fins de fixation (RFFA) contient les mentions suivantes :
 Nom et grade du chef du parquet (Procureur de la République ou Procureur Général) :
 Le numéro du dossier RMP avec initiale du magistrat instructeur ;
 Identité complète du prévenu ;
 Libellé de la prévention avec référence aux articles du code pénal qui ont été violés.
La Conséquence du dépôt du dossier
Le MP est dessaisi du dossier judiciaire et ne peut plus poser aucun autre acte
supplémentaire d'instruction. Les parties ont le droit accéder au dossier judiciaire en

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instruction au parquet avec injonction au greffier de veiller à ce que les pièces du dossier ne
soient déplacées ou soustrait au risque de compromettre l'issue du procès.

Les parties ont le droit d'examiner toutes les pièces que le MP entend verser au
débat. Cette opération se déroule au greffe du tribunal avec interdiction faite aux parties de ne
pas déplacer les pièces du dossier.

Section 9 : Les modalités de saisine d'une juridiction répressive


II est prévu quatre modalités de saisine :
- la citation à prévenu ;
- la comparution volontaire ;
- la citation directe ;
- la saisine d'office.
§1. La citation à prévenu( art 54 CPP)
C'est la voie ordinaire et normale pour permettre à la personne lésée par une
infraction de saisir le tribunal compétent.
Elle consiste dans la notification faite en forme authentique au prévenu de
l'ouverture des poursuites contre lui devant la juridiction de jugement. Elle peut être faite par
le MP et signifié par le greffier, l'huissier ou l'OMP.
I. Mentions contenues dans la citation ( art 57 CPP)
1. Le nom de la personne de qui la citation émane ;
2. les noms, prénoms ainsi que l'identité complète du cité ;
3. l'objet de la citation (nature des faits infractionnels et le texte légal y relatif) ;
4. la juridiction saisie ;
5. le lieu et le moment de la comparution ;
6. le nom et la qualité de celui qui effectue la citation et la façon dont celle-ci est
effectuée.
II. Les modes de signification de la citation( art 59 art CPP)
1. Signification à personne ( art 58 al2 CPP)
C'est le mode normal de la signification. Elle se fait en parlant à la personne citée elle-
même quelque soit l'endroit où on la trouve.
2. Signification à résidence ou domicile ( art 59 CPP)
Elle s'effectue au lieu où le cité a sa demeure habituelle à titre principal ou à titre
secondaire la citation se fait en ce lieu en y parlant à :
1. Un parent ou allié ;

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2. Au maître ou au serviteur ;
3. En l'absence des personnes précitées au domicile, la signification de
la citation sera faite soit à un voisin du prévenu, au chef de la
circonscription ou de collectivité, au chef de quartier, de localité ou
au chef de rue. L'huissier signale tous les incidents survenus lors de la
signification.
- L'exploit est daté (cette date est le point de départ du délai)
- La personne à qui il a signifié est invitée de signer l'exploit, à défaut l'huissier
mentionne son refus ou son impossibilité de signer.
- La copie de l'exploit est remise à la personne concernée et l'original retourne chez le
greffier pour être versé au dossier.
3. Signification par missive ( art 60 CPP)
- Elle consiste à envoyer une copie de l'exploit sous plis fermé mais à découvert (il ne
sera pas fait usage d'une enveloppe) à l'adresse du cité.
4. Signification par édit et missive
Elle est utilisée lorsque la personne à citer se trouve à l'étranger où elle a une résidence
connue mais n'a ni domicile, ni résidence connue au Congo.
Elle consiste à afficher une copie de l'exploit à la porte principale du tribunal qui doit
être saisi et expédier immédiatement une copie par lettre recommandée à l'adresse du
prévenu à l'étranger sous plis fermé mais découvert.
Le délai de citation court à partir du jour de l'affichage.
5. Signification par édit et publication ( art 61 al 2 CPP)
Elle est d'usage dans le cas où la personne à citer n' a pas d'adresse connue ni au
Congo, ni à l'étranger. Dans ce cas, une copie de l'exploit est affichée à la porte
principale du tribunal qui doit connaître de l'affaire et un extrait est envoyé pour
publication au journal officiel ainsi que sur décision du juge à tel autre journal qu'il
déterminera.
Les modalités de signification prévues au point 2° à 5° créent une présomption. Selon
laquelle la personne citée a été averti de la procédure entamée à son endroit.
III. Les délais de citation( art 62 à 65 CPP)
La notion de délai joue un rôle très important en procédure tant pénale que civile
er c'est à juste titre qu'un certain nombre de principes ont été mis sur pied.

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A. Principes régissant les délais de procédure


1. Le jour de l'acte qui est le point de départ d'un délai n'est pas compté dans le délai
mais compris dans ce délai ( dies a quo non computatur ).

Ex : une citation à prévenu faite le 29 janvier verra le délai commencer à courir à partir 30
janvier.
2. Le jour de l'échéance ( dies ad quem) est compté dans le délai si celui - ci n'est pas
qualifié comme un délai franc. Par contre pour1 les délais franc le jour de départ et
celui d'arrivée ne seront comptés ( dies a quo non computatur in termine)
3. Lorsque le dernier jour prévu pour accomplir un acte est un jour férié légal, le délai est
prorogé jusqu'au plus prochain jour ouvrable.
4. Lorsque le délai légal expire un jour où le greffe est fermé, l'acte y est valablement
reçu le plus prochain jour de l'ouverture de ce greffe.
5. Le délai qui est fixé par mois ou par année se compte au jour le jour
6. Le délai qui est fixé par mois ou par année se compte de quantième à veille de
quantième selon le calendrier grégorien ( selon le Pape Grégoire VIII en 1582).
7. II existe des délais fixes et des délais susceptibles d'augmentation à raison de la
distance.
L'art 62 du CPP dispose que pour citer le prévenu ou la partie civilement
responsable, il faut respecter un délai franc de 8 jours entre la citation et la comparution outre
un jour par cent kilomètres de distance.
Pour la partie lésée et les témoins, il n’y a aucun délai particulier qui a été prévu à
leur endroit et ils peuvent dans tous les cas être citées à comparaître le jour même sans
préjudice du délai de distance.
B. Les différentes catégories de délais
1. Le délai franc
Pour ce délai, le jour initial et le jour final sont compris dans le délai mais ne sont pas
comptés. (dies a quo et dies ad quem non computatur in termine)
Ex : Un délai de 10 jours francs à partir du 10 décembre prend fin le 21 décembre
10 déc 11 20 21 déc

Départ 10 jours arrivée

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Pour le délai franc, la formalité peut être accomplie le lendemain du « dies ad quem » (le pont
d’arrivée)
2. Le délai non franc
Pour ce délai, le point de départ et le point d'arrivée sont compris et sont comptés dans
le délai- (dies a quo et dies ad quem computatur in termino )

Par conséquent, pour le délai non franc, la formalité doit être accomplie le jour même
de l'expiration du délai « dies ad quem».

10 déc 20 déc

Départ arrivée

3. Le délai fixe
C’est le délai qui n'est pas susceptible de modification à raison de la distance ou pour
autre cause.
4. Le délai non fixe
C'est celui que le législateur a prévu comme susceptible d'être augmenté ou diminué
dans les circonstances qu'il fixe.
5. Le délai préfix
Ce délai est celui accordé pour accomplir un acte à l'expiration duquel ou est
frappé d'une forclusion. Le délai préfix ne peut en principe être ni interrompu, ni suspendu
C . POINT DE DEPART DU DELAI fart 65 CPP)
Trois cas sont prévus :
- C'est la date indiquée par l'huissier dans l'exploit au moment où il opère la_
.signification
- Pour une signification effectuée par messager, le délai commence à courir le jour de la
réception (récépissé) ,
- En cas d'assignation à l'étranger ou à domicile inconnu, le délai court à partir du jour
de l'affichage de l'exploit à la porte principale du tribunal.
D .L'ABREVIATION DU DELAI( art 63 CPP)
II est reconnu au président de la juridiction saisie le pouvoir d'abréger le délai de
citation. C'est par une ordonnance motivée par la célérité du cas avec notification au prévenu
et le cas échéant à la partie civilement responsable.

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Outre la célérité que doit présenter le cas, il est requis la peine prévue par la loi ne
doit pas dépasser 5 ans de SP ou ne doit consister qu'en une amende. L'abréviation du délai est
une décision qui n'est susceptible d'aucun recours car il s'agit d'un acte de juridiction
gracieuse (acte de simple administration).
Il est reconnu toutefois au prévenu ou à la partie civilement responsable le droit de
solliciter une remise en vue de préparer sa défense.
E . CAS D'IRREGULARITE DE LA CITATION
En cas d'irrégularité dans la citation ( non respect du délai ou de formalité
substantielle), le tribunal se déclarera non saisi et ordonnera une remise d'audience à une date
précise pour permettre la citation régulière du prévenu.
§2. La citation directe émanant de la partie lésée( art 54 )
La partie lésée victime de l'infraction peut saisir directement le tribunal répressif
en vue d'obtenir la condamnation du prévenu à la sanction prévue par la loi et à la réparation
du préjudice tant moral que matériel subi par elle. La citation directe doit comporter les
mentions suivantes :

1) Les faits infractionnels ;


2) L'indication du lieu et de la date de leur commission ;
3) Le préjudice subi avec son évaluation en argent ;
4) Le lien de causalité entre le fait infractionnel et le préjudice subi.
La citation directe n'est pas recevable dans les cas suivants :
- Si elle est dépourvue d'une des mentions prévues à l'art 57 du CPP
- Si elle est dirigée contre un privilégié de juridiction justiciable devant la Cour
d'Appel ou devant la Cour cassation car selon l'art 54 al 2 c'est à la requête d'un
OMP que ces personnes sont citées.
Il est prévu enfin que la partie lésée qui a agi par la voie de la citation directe ou
qui constituée partie civile après la saisine de la juridiction de jugement peut se désister à tout
moment jusqu'à la clôture des débats par déclaration à l'audience ou au greffe.
Dans ce dernier cas, le greffer en avise les parties intéressées. (art 70 CPP).
5.3. La comparution volontaire du prévenu (art 55 CPP)
Elle est souvent le palliatif pour couvrir les irrégularités de l'exploit telles que les
mentions incomplètes, le non respect des délais de citation.... Et c'est sur simple avertissement
qu'elle intervient.

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Elle est aussi utilisée pour justifier l'extension de la saisine du tribunal et le


prévenu a dans une certaine mesure intérêt à ce que soit examiné rapidement le litige au lieu
de s'attarder aux irrégularités de procédure.

Modalité

1. Les faits ne doivent pas être punissables d'une peine de servitude pénale dépassant
cinq ans ;
2 il faut une renonciation expresse du prévenu après que le juge l'ait avisé qu'il peut
réclamer la formalité de citation si la peine prévu par la loi est supérieure à cinq ans SPP ;
3 C'est la même chose quelle que soit la peine prévue par la loi si l'intéressé est détenu
ou si à l'audience, il est mis à sa charge une infraction non comprise dans la poursuite
originaire,
§.4. La sommation verbale(art 66 CPP)
La citation peut être remplacée par une simple sommation verbale faite à personne
d'avoir à comparaître devant le tribunal à tel lieu et à tel moment.
a)les personnes habilitées de faire la sommation verbale.
II s'agit de :
- L'OMP;
- Le greffier de la juridiction.
b)Les personnes susceptibles d'être sommée.
Il s'agit de la partie lésée ;
- les témoins ;
- le prévenu ;
- la partie civilement responsable.
c. Validité de la sommation
- Les faits soumis à la juridiction doivent être punissables d'une peine ne dépassant pas
5 ans de SPP ou d'une simple amende,
d. Formalité à remplir
- La personne qui effectue la sommation doit dresser le PV de sommation. En cas de
sommation à prévenu, on doit en plus lui faire connaître la nature, la date et le lieu des
faits dont il est appelé à répondre.

§.5. La saisine d'office


- II y a 2 cas où la saisine d'office est possible en droit congolais :

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a. le cas du tribunal de police ou de paix dans l'unique possibilité où le MP n'est pas


représenté par un OPJ à compétence générale. Cette possibilité est exclue actuellement depuis
la création et l’installation des parquets près les tribunaux de paix.
b. Le cas de délit d'audience ( art. l à 5 de l’OL n° 70 - 012 du 10 mars 1970). Il s'agit de
toute infraction commise dans la salle et pendant la durée-dé l'audience et qui est susceptible
d'être jugée séance tenante.
 Quelle est la procédure à suivre en cas de délit d'audience ?
Le président fait dresser le PV par le greffier, entend le prévenu et les témoins le
cas échéant. Après avoir entendu les réquisitions du MP s'il est présent, le tribunal prononce
sans s'emparer les peines prévues par la loi.
 Quelle juridiction est compétente pour connaître les cas de délit d'audience ?
C'est toute juridiction devant laquelle le fait aura été commis à condition que la
peine à appliquer soit de la compétence de cette juridiction quand elle siège en matière
répressive.
 Quelles sont les voies de recours mises à la disposition du condamné ?
C'est l'appel qui est la voie de recours qui est reconnue à la personne condamnée
quelles que soient l'infraction et la peine appliquée sauf si la condamnation a été prononcée
par la Cour de cassation ou la Cour constitutionnelle.
 Qui peut interjeter appel ?
- Il y a le condamné ;
- la partie civilement responsable ;
- le MP et la partie civile.
- Si la condamnation a été prononcée par un tribunal siégeant en matière civile, l'appel
est porté devant la juridiction immédiatement supérieur siégeant en matière répressive
(art. 4 al1)
- Si la condamnation a été prononcée par une Cour d'appel, l'arrêt sera susceptible
d'appel devant la section judiciaire de la CSJ siégeant au nombre de 5 membres.
Quelles sont les formalités pour interjeter appel ?
L'appel sera interjeté, poursuivi et jugé dans les formes prévues pat le code de
procédure pénale.

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Section 10 : L'action civile devant les'juridictions répressives


S.1. Notion générale
L'action civile vise à obtenir la réparation du dommage causé par l'infraction.
Cette action peut être menée devant la juridiction répressive ; la victime obtient là une place
privilégiée dans le procès puisqu'elle est la « troisième partie» Cette action est de nature
indemnitaire puisqu'elle vise à la réparation d'un dommage mais également de nature
vindicative puisqu'elle permet le déclenchement de l'action publique11.
L'action civile doit être distinguée de l'action de nature civile qui vise à demander
réparation d'un dommage causé par des faits non constitutifs d'une infraction. La victime qui
exerce l'action civile a certains droits tels que la possibilité d'accéder au dossier par
l'intermédiaire de son avocat et le droit de n'être interrogé qu'en présence de son avocat.
L'action civile devant les juridictions pénales présente de nombreux intérêt pour la
victime. En effet, estime BRAHINSKY, elle est d'abord plus économique qu'une action
devant la juridiction civile. De plus, cette action est souvent plus efficace dans la mesure où
les preuves sont apportées par la juridiction pénale et non par le demandeur, et surtout plus
rapide. L'intérêt est également l'unité de procédure entre l'aspect civil et l'aspect pénal.
L'action civile permet également de pallier une éventuelle inertie du parquet et
d'apporter ou de rechercher des preuves auxquelles la justice n'aurait pas pensé de part les
pouvoirs qu'elle donne à la partie civile. Enfin, l’action civile ajoute une nouvelle dimension
aux différentes fonctions reconnues à la sanction pénalelle.
Qui peut être demandeur de l'action civile?
Il s'agit de la victime ou de ses ayants droits. Il peut s'agir d'une personne
physique ou d'une personne morale.
Quelles sont les conditions d'exercice de l'action civile ?
La victime doit pouvoir invoquer un préjudice certain né d'une infraction. L'action
civile peut-elle être exercée par d'autres personnes que la victime ?
L'action civile peut être exercée par les ayants cause de la victime dans la mesure
où cette action fait partie de son patrimoine. En Droit français, les personnes suivantes
peuvent ainsi agir : les créanciers de la victime, les cessionnaires, les tiers subrogés.

11
RENAULT BRAHINSKY ,Procédure Pénale , Gualino éditeur Bonchamp, Paris, 1999, p.59

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67

L'action civile peut- elle être exercée contre d'autres défendeurs ?


Contrairement à l'action publique qui ne peut être exercée qu'à l'encontre du
prévenu, l'action civile peut également être exercée contre :
- les héritiers du délinquant (prévenu) en cas du décès de celui - ci ;
- les tiers civilement responsables ;
- l'assureur ;
- les tiers atteint par ricochet par la condamnation du prévenu ;
- l'Administration à condition que l'infraction résulte d'une faute personnelle de l'agent
détachable de la fonction.
§.2. L'exercice de l'action civile
La victime peut exercer l'action soit devant le tribunal répressif, soit devant le
tribunal civil.
Devant la juridiction répressive, l'action civile s'exerce de 2 façons :
1. La constitution de partie civile ;
2. La citation directe.
1. La constitution de la partie civile
Elle peut avoir lieu après que le MP ait engagé l'action publique, la victime agit
alors par voie d'intervention, ou avant toute poursuite lancée par celui- ci, elle agit alors par
voie d'action.
La constitution de la partie civile a pour conséquence, d'une part, de faire de la
victime une partie au procès et d'autre part, dans certains cas, de déclencher l'action civile.
2. La citation directe
Elle consiste pour la victime de citer le prévenu directement devant la juridiction
de jugement pour un exploit d'huissier. Son domaine d'application est limité dans la mesure
où elle ne peut être employée lorsqu'une instruction est nécessaire ou lorsqu'il s'agit des
prévenus qui jouissent des privilèges de juridiction.
§.3. Du désistement de l'action civile et de l'action reconventionnelle.
L'action civile vise les intérêts privés de la partie civile. Celle- ci peut renoncer ou
désister à les demander. Selon qu'il estime que l'accusation portée contre lui est fantaisiste et
injuste, le prévenu peut introduire une action reconventionnelle pour action téméraire et
vexatoire et solliciter du tribunal la condamnation de la partie civile au paiement des DI pour
le préjudice subi par lui. C'est la raison pour laquelle, une action en justice par citation
directe doit être menée avec prudence et en connaissance de cause.

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68

§.4. De la portée des adages « Electa una via non datur recursus,ad alteram », « l'autorité sur
le civil de la chose jugée au criminel », « le criminel tient le civil en état ».
Le premier adage signifie : une voie ayant été choisie, on ne peut en adopter une
autre. C'est un adage qui vise à parer à des chantages éventuels en interdisant à la victime
d'une infraction ayant exercé son action en réparation devant la juridiction civile compétente
de se raviser par la suite afin de la porter devant la juridiction répressive.
La partie civile qui a été déboutée de son action devant une juridiction ne peut
l'introduire devant une autre.
L'adage ne s'applique pas si la partie civile qui s'est constituée devant le tribunal
répressif se désiste par la suite. L'action peut être réintroduite dans ce cas devant la juridiction
civile.
Quelles sont les atténuations de l'adage « Electa una via..». . ,:
Cet adage connaît les restrictions suivantes :

1. La victime qui avait choisi d'exercer son action civile devant le tribunal civil peut
revenir sur ce choix lorsque la juridiction est étrangère ou incompétente.
2. La victime peut porter son action devant le tribunal répressif alors qu'elle avait choisi
au départ la voie civile lorsque l'action diffère par sa cause ou son objet.
3. La victime peut opter finalement pour la voie pénale alors qu'elle avait choisi la voie
civile lorsqu'elle ne savait pas que le fait dommageable constituait une infraction.
4. La victime peut exercer son action devant le tribunal répressif alors même qu'elle
avait choisi la voie civile lorsque la juridiction pénale a été saisie par le ministère
public avant qu'un jugement sur le fond n'ait été rendu par la juridiction civile.
2.« Le criminel tient le civil en état »
Cet adage dispose que lorsque le juge civil est saisi de l'action en réparation du
dommage résultant d'une infraction, il doit surseoir à statuer jusqu'à ce que le juge pénal se
soit lui-même définitivement prononcé sur l'action publique. La surséance s’impose pour une
bonne administration de la justice dès lors que l’action publique est mise en mouvement par le
ministère public et qu’elle a une incidence sur l’action civile qui est exercée devant le juge
civil.
En droit français, cet adage, est repris à l'art. 4 al. 2 du code de procédure pénale
prévoit qu'il est sursis au jugement de l'action civile exercée devant la juridiction civile tant
qu'il n'a été statué définitivement sur l'action publique lorsque celle- ci a été mise en
mouvement : « Le criminel tient le civil en état ».

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69

Pour que le tribunal soit ainsi contraint de surseoir à statuer eu attendant que
tribunal répressif ait rendu le sien, il faut d'une part que l'action publique ait été mise en
mouvement et d'autre part qu'il y ait une identité de fait entre les deux actions12
Le tribunal civil peut rendre sa décision dès lorsque le tribunal répressif a statué
sur l'action publique. Ont également été considérées comme des décisions définitives
l’ordonnance de non lieu, le jugement par défaut ou l'arrêt de contumace.
3. L'autorité sur le civil de la chose jugée au criminel
Cet adage signifie que le tribunal civil se trouve en partie lié par la décision de la
juridiction répressive. En effet, il n'est pas permis au juge civil de méconnaître ce qui a été
nécessairement et certainement décidée par le juge criminel sur l'existence du fait incriminé
qui forme la base commune de l'action pénale et de l'action civile, sur sa qualification et sur la
culpabilité de celui à qui il est imputé.
S.5. Les particularités de l'exercice de l'action civile
Il est de principe que la victime d'une infraction peut prendre d'initiative des
poursuites en faisant une citation directe. Elle peut aussi intervenir dans le procès pendant en
se constituant partie civile.
1 La citation directe
Nous parlerons des conditions de recevabilité de la citation directe
1. Il ne doit pas s'agir d'une infraction commise à l'étranger et dont l'auteur présumé se
trouve au Congo ( art 3 CPL1) ;
2. Il ne doit pas s'agir d'une personne jouissant du privilège de juridiction ;
3. La partie citante doit consigner les frais sous peine d'irrecevabilité de sa citation.
4. La juridiction répressive doit être saisie de l'action publique qui détermine sa
compétence principale.
Dans ce dernier cas, il conviendrait de signaler que la saisine de la juridiction
répressive est définie par les faits repris à la citation et non sur la qualification pénale ou la
peine requise par l'OMP, ni encore moins par la demande de réparation du préjudice subi.
Quels sont les avantages et les inconvénients de la citation directe
a. Avantages :Faire échec dans la mesure du possible aux manœuvres dilatoires éventuelles
du MP voire même à certains manquement préjudiciables imputable à l’OMP au cours de
l'instruction.

12
RENAULT BRAHINSKY , opcit.p.71

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70

b. Inconvénients : La partie citante est obligée d'assurer le fardeau de la charge de la preuve


et il y a risque que le tribunal puisse constater l'absence ou l'insuffisance des éléments de
preuve à charge. Dans ce cas, la partie citée peut introduire une demande reconventionnelle
basée sur le caractère téméraire et vexatoire de la citation directe en vue d'une réparation du
préjudice subi par lui.
2. La constitution de la partie civile en cours d'instance
Cette constitution de la partie civile est prévue par les art. 69 à 70 du CPP. Elle se
fait à tout moment depuis la saisine du tribunal jusqu'à la clôture des débats par une
déclaration reçue au greffe ou faite à l'audience et dont il lui est donné acte. En cas de
déclaration au greffe celui- ci en avise les parties intéressées,
II est reconnu le droit à la partie lésée qui a agi la voie de la citation directe ou qui
s'est constitué partie civile après la saisine de la juridiction de jugement de se désister à tout
moment jusqu'à la clôture des débats par déclaration à l'audience ou au greffe.
§6. L'allocation d'office des DI au profit de la victime de l'infraction
Cette mesure se base sur la disposition de l'art 108 de la LJOJ libellé comme
suit :«Sans préjudice du droit des parties de se réserver et d'assurer elles- mêmes la défense de
leurs intérêts et de suivre la voie de leur choix, les tribunaux répressif saisi de l'action
publique prononcent d'office les dommages - intérêts et réparation qui peuvent être dus en
vertu de la loi, de la coutume ou des usages locaux » .
Avant la promulgation de la disposition légale précitée, l'allocation d'office des DI
était destinée uniquement aux indigènes des circonscriptions coutumières. II est exigé à ce
que l'allocation des DI ne puisse enfreindre les exigences d'une bonne justice en étant le cas
échéant juste et équitable.
Dans le même sens, la loi dispose que si un tribunal est saisi d’une infraction de sa
compétence, constate que les faits constituent une infraction dont la compétence est attribuée
à un tribunal inférieur, il statue sur l’action publique et éventuellement sur l’action civile et
des dommages-intérêts à allouer (art. 103 LOJOJ).
En cas d'acquittement du prévenu au premier degré ou lorsque le tribunal estime
non fondé d'allouer d'office des DI à la partie lésée pour absence de lien de causalité entre le
préjudice causé à la partie lésée et le fait dommageable.
La partie lésée ne dispose pas le droit d'appel sauf pour la partie lésée bénéficiaire
des DI estimés insuffisants par elle,

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71

Toutefois, en cas d'appel du MP, la partie lésée n'ayant pas bénéficié des effets de
l'art 108 peut en cas d'appel du MP recouvrer ce bénéfice au cas où la juridiction d'appel fait
application de l'article précité.

§.7. L'action civile du prévenu en cas d'arrestation ou de détention illégale


La loi protège les justiciables contre le zèle injustifié, et le mauvais comportement
caractérisant certaines autorités (judiciaires, politiques, militaires... ) importantes du pays
Nous examinerons le cas concernant d'une part les magistrats et d'autre part les
fonctionnaires.
1. contre les magistrats.
La victime dispose de deux moyens pour être dédommager à savoir la prise à
partie et l’action civile devant la juridiction répressive.
La prise à partie(la loi organique n° 13/010 du 19 février 2013 portant
organisation et fonctionnement de la cour de cassation).
Elle est prévue contre tout magistrat s'il y a eu dol ou concussion commis soit
dans le cours de l'instruction, soit lors de la décision rendue ou s'il y a déni de justice. Le déni
de justice est établi lorsque les magistrats refusent de procéder aux devoirs de leurs charges ou
négligeant déjuger les affaires en état d'être jugé. La faute grossière commise par les
magistrats dans l'exercice de ses fonctions est assimilée au dol.
C'est l'Etat et le magistrat condamné en prise à partie qui sont solidairement
responsable en cas des condamnations au paiement des DI.
La prise à partie doit être initiée par la partie au procès la plus diligente dans les 12 mois à
partir du prononcé de l’arrêt ou du jugement contesté.
3. Contre les fonctionnaires
La victime ne dispose que de l'action civile devant la juridiction répressive ou le
l'action aquilienne (délictuelle) devant la juridiction civile.
La responsabilité civile de l'Etat en sa qualité de commettant de l'auteur de
l'infraction est également régie par le droit commun administratif suivant la distinction
classique de faute se confondant avec l'exercice de la fonction publique et des fautes se
détachant de la fonction publique.
N.B : L'acquittement d'un prévenu en détention préventive n'implique aucune
présomption de faute dans le chef des magistrats qui ont ordonné, requis ou autorisé la
détention. Le droit à la réparation ou à indemnité ne naît pas du fait d'une arrestation ou d'une

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72

détention inopportune mais uniquement lorsque l'arrestation ou la détention n’a pas été faite
en vertu de la loi et dans la forme qu'elle prescrit.

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73

IIèmePARTIE PHASE JURIDICTIONNELLE


Chapitre III: LE PROCES

Après la phase pré juridictionnelle au cours de laquelle nous avons examiné


l'enquête préliminaire de l’OPJ ainsi que l'instruction préparatoire de l'OMP (magistrat
instructeur). Il importe de se pencher sur l'instruction à l'audience qui constitue la clé de voûte
du procès ouvert devant la juridiction compétente saisie.
Section 1 : De la comparution et la représentation des parties
§.1. L'appel du rôle

Toute audience commence par l'appel des causes (affaires) selon l'extrait de rôle
en spécifiant les affaires qui sont en introduction et celle qui sont en continuation après remise
de la date d'audience.
Selon la pratique, la lecture de l'extrait de rôle est faite par le greffier et le juge qui
préside l'audience s'adresse aux avocats et défenseurs judiciaires pour leur demander de faire
appeler les .causes dans lesquelles ils sont intéressés selon l’ordre de préséance. Le magistrat
qui préside l'audience devra également vérifier si la juridiction est régulièrement saisie
en cas de comparution des parties au procès.
§.2. La comparution du prévenu ( art. 72 CPP)
Le prévenu peut comparaître en personne et dans ce cas le juge procède à la
vérification de son identité après avoir examiné au préalable la régularité de sa saisine. La non
comparution non justifiée du prévenu alors qu'il a été régulièrement cité ne peut pas entraver.
la tenue de l'audience et de surcroît, il sera jugé par défaut.
§.3 L'assistance et la représentation du prévenu
L'art 15 al 2 de l'acte constitutionnel de la transition dispose à ce sujet que toute
personne a le droit de se défendre seul ou de se faire assister par un défendeur de son choix.
Le législateur a prévu également la possibilité de la représentation du prévenu sous certaines
restrictions. En effet, l'art. 71 al 2 du CPP dispose que le prévenu peut être représenté à
l'audience par un avocat porteur d'une procuration spéciale ou par un fondé de pouvoir spécial
agréé par le juge à condition qu'il s'agisse des infractions à l'égard desquelles la loi prévoit
une peine de SP inférieur ou égale à 2 ans.
Toutefois, il est prévu à l'art. 71 al 2 CPP la comparution par mandataire. En
outre, le tribunal peut toujours ordonner la comparution personnelle du prévenu à l'endroit et
au moment qu’il détermine.

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74

§.4. La comparution et la représentation de la partie civile et de la partie civilement


responsable
La partie civilement responsable peut dans tous les cas comparaître soit par avocat
porteur d'une procuration spéciale, soit par un fondé de pouvoir spécial agréé par le juge.
La partie civile peut être représentée par un avocat porteur des pièces sans qu'il
soit porteur d'une procuration spéciale comme c'est le cas en matière civile.
En vue d'assurer efficacement la protection des droits du prévenu, il est prévu que
le tribunal peut lui désigner d'office un défenseur à raison de l'indigence prouvée du prévenu
et / ou de la gravité des faits infractionnels mis à sa charge lorsqu'il encourt la peine de mort.
5.5. De l'appel nominal, l'isolement et la comparution des témoins
II est prévu que les témoins doivent être écartés de la salle d'audience jusqu'à leur
audition. Cette procédure que le code de procédure pénale ne prévoit pas est admise par les
usages. Si un témoin a assisté à tout ou partie des enquêtes, il peut néanmoins être entendu. II
appartient au juge d'apprécier dans quelle mesure le fait d'avoir entendu une partie de
l'instruction ou des débats est susceptible de déformer la valeur probante du témoignage. Il est
en outre prévu que les motifs de reproche invoquées contre les témoins sont souverainement
apprécié par le juge ( art 76 CPP). L'art 78 CPP prévoit la sanction que peut encourir un
témoin qui refuse sans juste motif à comparaître, à prêter serment ou à déposer.
Section 2. Les incidents de la procédure
II existe des causes et autres obstacles qui interrompent le déroulement normal
de l'instance.
On distingue 3 catégories d'incidents :
- Les exceptions déclinatoires ;
- Les exceptions dilatoires ;
- Les exceptons péremptoire.
§1. Les exceptions déclinatoires
Ce sont les incidents qu'on rencontre lorsqu'une condition exigée pour l'exercice
de l'action n'est pas réalisée.
Par exemple :
a. lorsque la partie poursuivante n'a pas qualité pour agir. C'est le cas des poursuites entamées
par le MP contre un membre du gouvernement alors qu'il n'y a pas eu la mise en accusation.
b. Lorsque la loi subordonne l'action par l'accomplissement d'une formalité préalable. C'est le
cas des poursuites du chef d'adultère qui ne sont pas recevable s'il n'y a pas eu la plainte du
conjoint offensé. C'est aussi le cas de l'autorisation préalable du parlement en cas de

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75

poursuite (sauf pour flagrant délit) exercée contre un membre du parlement. C'est aussi le
cas de la poursuite en RDC d'une infraction qui a été commise à l'étranger ( art. 3 CPL1).
c. Lorsque la prévention ou l'inculpation ne sont pas libellé de façon compréhensible (
Exception obscuri libelli : on suppose que la partie citée n' a pas compris de quels faits elle a
à répondre. Cependant, une simple erreur dans le libellé ne justifie pas le déclinatoire).
d. Lorsqu'il y a lieu à renvoi pour connexité ou litispendance.
N.B : la partie civile qui n'a pas versé les frais de constitution de partie civile verra la
juridiction se déclarer non saisi à son endroit.
§2. Les exceptions dilatoires
Elles portent sur tout fait, situation ou acte juridique susceptible d'empêcher
momentanément le tribunal de suivre la procédure. Dès que le fait aura cessé d'exister ou que
la situation juridique aura trouvé solution, l'instance peut être reprise devant la même
juridiction.
C'est le cas de la démence (folie) d'un prévenu survenu depuis la commission des
faits. Dans ce cas, l'instance est suspendue jusqu'à ce que le prévenu retrouve sa lucidité et ce
avant la prescription des faits infractionnels.
C'est aussi le cas de l'immunité parlementaire qui fait suspendre l'instance à la
requête du parlement.
C'est enfin le cas :
- Des questions préjudicielles susceptibles d'interrompre l'instance pénale qui reprend
dès que la juridiction (civile ou administrative) saisie a rendu un jugement ;
Ex :Une contestation sur l'état civil d'une personne poursuivi pour adultère (juridiction
civile) ;
- Une contestation au sujet de la validité d'un acte administratif (juridiction
administrative) ;
- L’exception d’inconstitutionnalité soulevée devant une juridiction oblige celle-ci de
surseoir à statuer et de déférer l’affaire à la Cour constitutionnelle pour examen ;
- l'absence de mise en demeure préalable aux poursuites pour abandon de famille est
suspensive de l'instance ;
- La demande de récusation des juges suspend l'instance tandis que l'appel de la
décision rejetant la récusation n'oblige pas le tribunal à surseoir aux poursuites.
- L'appel formé contre, un jugement interlocutoire suspend la procédure car la
juridiction supérieure saisie a le pouvoir d'évocation ;

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76

- Le jugement de donner acte à la requête en renvoi des juridictions suspend la


procédure initiée devant la juridiction mise en cause en attendant l’examen du bien
fondé de cette requête par la juridiction compétente.

§3. Les exceptions péremptoires.


Elles ont pour effet de mettre définitivement fin à l'action publique. C'est
notamment les cas suivants :
- la prescription de l'action publique, le décès du prévenu, la demande au moment de la
commission des faits, l'autorité de la chose jugée, l'amnistie, l'abrogation de la loi, le
désistement de plainte en cas d'adultère
Section 3 : Le régime procédural des incidents
En principe, c'est in limine litis (en début du procès) que le juge doit vérifier la
régularité de l'instance.
Les incidents contestant la régularité de la saisine et l'exception « obscuri lïbelli»
(ambiguité ou confusion dans la formulation de l’accusation) qui ont été tacitement couverts
ne peuvent plus être soulevés en cours d'instance. C'est à propos qu'il convient d'appliquer
dans une certaine mesure l'adage « il n'y a pas de nullité sans texte, il n' y a pas de nullité sans
grief».
Les moyens qui sont « d'ordre public » tels que l'incompétence, l'extinction de
l'action, la non imputabilité, l'immunité, la chose jugée, la litispendance, la connexité, peuvent
au contraire être soulevés à tout moment. Le MP est tenu de donner ses réquisitions au sujet
d'un incident soulevé par les autres parties au procès.
Lorsqu'une exception est soulevée, le juge devra y répondre en disposant de 2
alternatives en vertu de l’adage « le juge de l’action est le juge de l’exception consacré par
l’art. 143 de LOJOJ.
Le juge doit dans le cas d’espèce :
1. Répondre par un jugement avant dire droit en guise de réponse à l'exception ainsi
soulevée pour en examiner le bien fondé.
2. Joindre l'incident au fond, et dans ce cas, il poursuit l'instruction et les débats jusqu' à
la clôture pour en définitive rendre son jugement qui examinera à la fois le fond et
l'incident.
Section 4 L'instruction à l'audience
§.1. Notion

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77

Après la vérification de sa saisine et lorsqu'il n'y a aucune entrave susceptible de


perturber l'instance, le tribunal est tenu de procéder à l'instruction de la cause.
L'art. 74 du CPP propose en une forme impérative un ordre de procéder qui n'est
pas prescrit à peine de nullité, ce qui importe, c'est l'acquisition par les juges d'une
connaissance suffisante des faits infractionnels et des circonstances objectives et subjectives
de leur commission. En cas de requalification des faits infractionnels, la juridiction doit
respecter les droits de la défense lorsque la nouvelle qualification aggrave l'infraction mise à
charge du prévenu.
Ainsi, le Droit procédural congolais n'impose que deux limitations à la liberté de
l'instruction :
a. Le rejet de tout acte ou moyen illégal ou déloyal ;
b. Le respect des droits de la défense.
§2 Analyse des limitations à la liberté d'instruction
I. Le respect de la légalité dans la recherche et l'admission des preuves
Dans ce cas, le tribunal ne peut recevoir ou rechercher des preuves ou des
présomptions qui ont été obtenus par des voies illicites. C'est ainsi qu'il est prohibé tout
recours aux moyens de preuve suivants :
- Les aveux et dénonciations obtenus sous l'effet de la torture doivent à tout prix être
écartés des débats ainsi que tous les moyens de preuve obtenus par des voies illégales ;
- Les procès verbaux de constat revêtent une force probante particulière lorsqu'ils sont
établis en conformité à la loi. Pour les autres procès verbaux, le juge conformément à
l'art. 75 CPP apprécie la force probante à leur accorder ;
- Les procédés déloyaux tels l'enregistrement des propos confidentiels par microphone
dissimulés, les tables d'écoute téléphonique, le « chantage » et « les pression morales »
sont des manœuvres indignes de la justice et de la police. Les juges doivent par
conséquent apprécier avec prudence mais sans préjugé les résultats de l'enquête
émanant de la police judiciaire. C'est dans le même sens affirme RUBBENS13 que le
juge ne devra pas se laisser fasciner par le caractère « scientifique » d'un procédé
( Ex : dosage d'alcool dans le sang, la détermination du groupe sanguin, la prise de
photographie à la lumière visible, à l'infra-rouge ou au rayon x..)
En Droit français, affirme, BOULOC, les infractions peuvent être établies par tout
mode de preuve, le juge décidant d’après son intime conviction.

13
A. RUBBENS,op.cit., p.78

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78

Quand bien même, en droit pénal, la liberté soit en principe totale, ce qui peut
emporter la conviction relève de trois catégories de procédés : les constatations, les
écrits et les déclarations. Le code de procédure pénale a réglementé un certain nombre
de ces actes. Le système de l’intime conviction subit pourtant plusieurs exceptions. La
plus importante résulte de la force probante qui est attachée par la loi aux procès-
verbaux dressés par les OPJ. En principe, les procès-verbaux constatant les délits ne
valent qu’à titre de simple renseignements (art. 430 CPP). Quelquefois, en vertu d’une
disposition spéciale de la loi, les procès-verbaux font loi jusqu’à preuve contraire.
Celle-ci ne peut être rapportée que par écrit ou par témoins. Plus exceptionnellement,
la loi leur confère une force probante jusqu’à l’inscription de faux. Toutefois les
magistrats conservent la possibilité, dans le premier cas tout au moins, d’ordonner une
expertise ; d’autre part, les procès-verbaux ne constituent pas toujours, l’unique moyen
d’établir la preuve des infractions notamment des contraventions au code de la route.
En outre, la valeur probante n’est attachée qu’aux constatations de l’agent, et non aux
appréciations que celui-ci a pu faire en conséquence des constatations opérées.14
En France, la loi du 21 janvier 1995 d’orientation sur la sécurité a, d’ailleurs, légalisé
l’enregistrement visuel de vidéo surveillance sur la voie publique, soit à des fins de
police administrative, soit à des fins de constatations de certaines infractions, sous
certaines conditions.15 Le recours à des tables d’écoute ou à des interceptions
téléphoniques, admis quand il était décidé par le juge d’instruction pour de infractions
déterminées dont le juge est saisi, avait été contesté par certains auteurs.
La Cour de cassation avait réaffirmé la légalité de cette pratique, mais à la suite de la
condamnation de la France par la Cour européenne, le 24 avril 1990, le législateur a
réglementé cette méthode d’investigation par la loi du 10 juillet 1991. Pour l’écoute de
la ligne d’un député, d’un sénateur ou d’un avocat, le juge doit préalablement informer
le président de l’assemblée à laquelle appartient l’intéressé, ou le bâtonnier (art. 100-7
CPP). Il en est de même pour l’écoute d’un magistrat, le premier président ou le
procureur général devant être informés (art. 100-7 al. 3 CPP, loi du 9 mars 2004,
art.5).16

14
Bernard BOULOC, Procédure pénale, Dalloz, Paris, 2012, p.133
14
Idem, op. cit., p. 127

15
idem,op.cit, p.109
16
Idem, op. cit., p. 128

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79

II. Le respect des droits de la défense


L'instruction à l'audience doit respecter les droits de la défense par le caractère
contradictoire et publics des débats. Le prévenu devra avoir droit à la parole pour se défendre
sur toutes les accusations portées contre lui et il peut le cas échéant contredire ou apporter la
preuve contraire aux moyens présentés par l'accusation.

§.3. Le régime procédural des opérations de l'instruction à l'audience


L'audition des parties et des témoins cités par les parties y compris leur
confrontation se fait de plano à l'audience des juridictions répressives. C'est à dire sans
formalité particulière hormis le respect des prescriptions légales.
Il en va de même de la production ( et de la lecture) des PV de l'instruction
préparatoire y compris les PV d'interrogatoire, les expertises, les photos et les croquis) ainsi
que de la production des pièces à conviction régulièrement saisies durant l'instruction
préparatoire ou des pièces et documents produits à l'audience par les parties.
Cependant, le tribunal est tenu de rendre un jugement avant faire droit ( jugement
interlocutoire)17 en vue d'ordonner toute mesure d'instruction telle que la descente sur le lieu,
la réquisition à expert...
Selon l'art 74 du CPP, l'instruction à l'audience se déroule dans l'ordre suivant :
1. Les procès verbaux de constat s'il y en a sont lus par le greffier ;
2. les témoins à charge et à décharge sont entendus s'il y à lieu et les reproches proposés
et jugées;
3. Le prévenu est interrogé ;
4. La partie civile prend ses conclusions ;
5. Le tribunal ordonne toute mesure complémentaire qu'il estime nécessaire à la
manifestation de la vérité ;
6. Le ministère public résume l'affaire et fait ses réquisitions ;
7. Enfin le prévenu et la personne civilement responsable s'il y en a proposent leur
défense et les débats sont déclarées clos.
N.B : Le prévenu et les témoins doivent être identifiés au préalable avant leur audition.
Section 5. Les débats

17
A RUBBENS, .Le Droit judiciaire congolais.Tome II,.Ed Larcier, Bruxelles, 1965, p. 101

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80

II importe de préciser que lorsque le tribunal arrive à la fin de l'instruction et


s'estime ainsi suffisamment éclairé, le juge (président) aura à accorder la parole
respectivement aux parties citées ci -dessous et c'est pour la plaidoirie.
Il s'agit de :
1. La partie civile pour ses conclusions ;
2. Le ministère public pour ses réquisitions ;
3. Le prévenu pour sa défense ;
4. La partie civilement responsable pour sa défense.
§ 1. Les conclusions de la partie civile
La partie civile reçoit la parole pour conclure et plaider lorsque le tribunal estime
que l'instruction est terminée. La partie civile n'a pas à « réclamer une peine», c'est le rôle
exclusif du ministère public. La partie civile doit néanmoins demander au tribunal de dire que
les faits sont établis et qu'ils tombent sous l'application de la loi pénale puisque c'est le
fondement même de son action.
Elle doit en outre prouver qu'elle a subi un préjudice et en déterminer l'importance
par une évaluation en argent. Elle doit enfin démontrer que ce préjudice est la conséquence
des faits infractionnels faisant l'objet de l'instance et demander en définitive une juste
réparation du préjudice subi qui se résout en principe en une condamnation à payer des
dommages-intérêt.
§.2. Les réquisitions du MP
Après avoir entendu la partie civile, le président de la juridiction donne la parole
au MP aux fins des réquisitions. Le CPP à son article 74 al. 7 dispose que le MP résume
l'affaire. Si le libellé de l'infraction tel qu'il figure à la citation rend parfaitement compte des
faits à poursuivre ce résumé est superflu.
Si l'instruction à l'audience a altéré, ébranlé ou modifié sa première version, il
devait justifier la position qu'il adopte. Si des exceptions ont été soulevées mais qui ne sont
pas vidées déjà par un jugement, les réquisitions devront formuler la position de droit que le
MP soutient à ce sujet.
Les réquisitions devront spécifier en outre si le MP considère les faits comme
établi et demander l'application des peines dans le cadre des sanctions prévues par la loi.
§3. La défense du prévenu
II revient maintenant au prévenu d'assurer sa défense. Le prévenu a devant lui les
alternatives suivantes :
1. Rejeter tous les faits infractionnels qui sont pas été établis ;

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81

2. Passer à l'offensive et relever ( à la lumière de l'instruction les faits prouvés qui sont
incompatibles avec l'exception des faits que l'accusation veut faire retenir à titre
présomption ou pour établir l'existence des circonstances ( objective ou subjective)
susceptible d’établir la culpabilité du prévenu.
3. tirer de l'instruction la preuve des faits excluant l'infraction ou atténuant la faute. C'est
dans ce cadre qu'il peut éventuellement reconnaître sa culpabilité et solliciter la
clémence du tribunal par le bénéfice des larges circonstances atténuantes ( bon père de
famille nombreuse, absence d'antécédent judiciaire, mentalité fruste,..)
En plus dans ses moyens de défense contre la partie civile, le prévenu pourra
contester respectivement: l'existence d'une infraction, l'existence ou l'importance du préjudice
allégué» le lien de cause à effet entre les faits de la prévention et le préjudice allégué ou
invoquer la faute (infractionnelle ou non de la victime ou d'un tiers en vue de découler au
partage de responsabilité.
§.4. La défense de la partie civilement responsable
Dans ses moyens de défense, la partie civilement responsable peut :
- Contester l'existence et ou la hauteur du préjudice ;
- Contester le lien de causalité entre le préjudice invoqué et les faits dont le tribunal
répressif est saisi ;
- Invoquer la faute de la victime ou d'un tiers et le partage de la responsabilité ;
- Contester l'existence d'un lien juridique entre elle- même et le prévenu justifiant sa
mise hors cause comme responsable civilement des conséquences de l'infraction
commise par le prévenu.
§.5. La clôture des débats
Le juge peut toujours donner la parole aux fins de réplique à toutes les parties qui
auraient un légitime intérêt à parler.
Toutefois, le juge doit, avant de clôturer le débat, donner la parole en dernier lieu
au prévenu personnellement. Cette formalité s'accomplit par l'interpellation « Avez- vous
encore quelque chose à ajouter aux plaidoiries de votre défenseurs et des autres parties ?)
C'est alors que la clôture des débats peut-être prononcée et à partir de ce moment
aucune communication nouvelle ne peut être faite au juge.
Selon les usages, il est admis que des réquisitions et des conclusions écrites ou
note de plaidoiries puisse être déposées immédiatement après la clôture des débats ou à défaut
endéans 48 heures à partir de la clôture des débats.

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Lorsque les débats sont clos, l'affaire est prise en délibéré ou vue du prononcé du jugement ou
de l’arrêt qui devra intervenir dans les dix jours.
Toutefois, une exception est prévue par ce délai de prononcé dans la mesure où le chef de la
juridiction peut, à la demande de la chambre saisie, et si les éléments de la cause le justifient
ou en cas de force majeure dûment prouvée proroger ce délai de cinq jours en matière
répressive par une ordonnance motivée, laquelle est aussitôt signifiée aux parties (art. 43
LOJOJ).
§.6. La réouverture des débats
En principe, l'art 80 CPP ne fait pas obstacle à ce que le juge ordonne la
réouverture des débats après en avoir annoncé la clôture. L'intérêt d'une bonne justice doit
l'emporter sur l'application littérale d'un texte légal dont les travaux préparatoires ont
d'ailleurs indiqué la portée limitée.
En effet, il advient qu'au cours du délibéré les juges se rendent compte qu'ils ne
sont pas éclairés à suffisance sur un élément constitutif de l'infraction ou sur les circonstances
de sa commission voire même sur les prétentions de la partie civile. Ils peuvent dans ce cas
ordonner une réouverture des débats et reprendre d'office l'instruction.
Il arrive aussi que les parties (MP, partie civile ou prévenu) obtiennent des
renseignements pendant le délibéré, elles peuvent dans ce cas demander par voie de requête
adressée au président de la juridiction une réouverture des débats.
La réouverture des débats peut être ordonnée d'office par le tribunal et ce dans
l'intérêt d'une bonne administration de la justice lorsqu'il constate que la teneur des notes de
plaidoiries et autres conclusions déposées par les parties contiennent des éléments nouveaux
non soumis au débat contradictoire. Toutefois, il importe de noter les éléments nouveaux non
soumis au débats contradictoires doivent être rejetés par le juge.

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83

Chapitre IV LE JUGEMENT ET LES FRAIS DE JUSTICE

Section 1 : La délibération
51. Notion et objet
Délibérer, c'est réfléchir à plusieurs, c'est confronter des opinions pour aboutir à
une décision commune. La délibération est donc essentiellement une activité collégiale. Par
extension, on parle du délibéré d'un juge unique ( juge du Tribunal de paix ou du Tribunal
pour enfant statuant au premier degré en matière de Droit privé) et dans ce cas, il s'agit d’une
appréciation critique des prétentions et moyens des parties au procès avant d’aboutir à la
décision qui statue sur :
1. L'opinion fixant la vérité légale quant aux faits ;
2. La décision, conséquence de droit.
Le délibéré doit porter sur chacune des prétentions de droit soumises à la
juridiction, ainsi que sur chaque décision (condamnation, acquittement, allocation des DI....)
que la juridiction est appelée à prendre pour restaurer le droit. Répondre à ces prétentions,
prendre ces décisions requiert parfois la solution préalable d'autres questions.
La loi n'a imposé aucun ordre dans l'examen des problèmes soumis à la
délibération des juges mais la pratique guidée par les exigences de la logique, s'accommode
généralement du schéma suivant :
- la solution des exceptions et incidents liminaires ;
- la vérification de la saisine ;
- la compétence et la recevabilité ;
- les questions préliminaires ;
- les questions préalables ou préjudicielles ;
- l'examen de la vérité légale concernant les faits de la qualification de faits ;
- la culpabilité du prévenu, la fixation, des justes peines légales ;

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- le cumul des peines, la restauration de l’ordre légal par des moyens autres que les
peines ;
- la réparation des atteintes aux droits privés ;
- la destination des objets saisis ;
- la destination du cautionnement ;
- L’imputation des frais ;
- la mesure de contrainte par corps.

§.2. L'examen des exceptions et autres incidents


Pendant le délibéré, les juges doivent au préalable commencer par examiner la
saisine et la compétence du tribunal de même que la recevabilité de l'action .Ils le font d'office
ou pour répondre à une exception ou un incident soulevé pendant l'instruction à l'audience et
qui a été joint au fond.
D'autres questions étrangères à l'action publique dont le tribunal est saisi ( ex la
récusation d'un juge, la régularité de la constitution de la partie civile,..) pour autant qu'elles
n'ont pas déjà fait l'objet d'un jugement avant faire droit doivent être examiner avant d'aborder
le fond.
§.3. Les questions préalables et préjudiciables
En principe, le juge en vertu dé l'adage « le juge de l'action est le juge de
l'exception» a le plénitude de compétence pour statuer sur toutes questions extra- pénales
soulevées dans le procès dont il est saisi.
Cet adage qui est consacré par l'art 140 du COCJ, est considéré comme un
principe général de droit dont l'application s'étend également à la procédure pénale.
L'exercice des poursuites peut se heurter à une contestation de droit dont la
solution détermine un des éléments constitutif de l'infraction. Lorsque le juge pénal est
compétent pour trancher une exception extra- pénale ; celle-, ci est appelé « question
préalable» en ce sens que la juridiction saisie des poursuites est tenue d'examiner la portée de
cette question avant de s'atteler à l'examen du fond du litige. Pour illustrer ce cas, nous
citerons l'exception relative à la nullité du mariage soulevée en cas de poursuite pour adultère
ou bigamie.
§.4. La vérité légale concernant les faits
En principe le juge doit apprécier les faits suivants son intime conviction. L'intime
conviction n'est pas totalement synonyme d'une impression subjective, car le juge a le devoir
d'éclairer son opinion par tous les moyens de preuve que l'instruction met à sa disposition. Il

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85

doit en faire la critique suivant les règles d'une saine logique et ne retenir que les faits dont il
est certain.
S'il subsiste un doute sérieux, il doit considérer les faits pour non établis, même
s'ils lui paraissent «probables». La certitude du juge n'est pas une certitude métaphysique, ni
mathématique, ni même scientifique, c'est la certitude de l'homme honnête et prudent, à
laquelle aucune variante possible ou plausible ne peut être raisonnablement opposée.18
Nous estimons à l'instar de RUBBENS que quelle que soit la prudence des juges,
la subjectivité n'est jamais totalement éliminée, c'est pourquoi la collégialité des juges et la
possibilité des recours constituent des garanties irremplaçable d'une bonne justice19
§.5. La qualification des faits
Le tribunal est saisi des faits repris à la citation. Il ne statuera sur ces faits que
dans la mesure où ils lui paraissent établis. Ce n'est donc qu'après avoir formé son intime
conviction sur les faits de la citation qui sont prouvés qu'il pourra adopter ou modifier la
qualification proposée par la partie poursuivante. En aucun cas, il ne pourra connaître des faits
étrangers à là prévention reprise dans la citation ou dans la sommation sauf si le prévenu a
accepté d'en répondre sur comparution volontaire même s'ils sont établis de la façon la plus
indubitable. Le tribunal agira en toute indépendance mais dans la légalité en matière de
qualification des faits infractionnels car, il n'est pas obligé de retenir la qualification faite
précédemment par l’OMP.20
§.6. Procédure de récusation .
Dans ce paragraphe nous allons faire remarquer qu'avant la clôture des débats, une
partie au procès qui estime qu'un juge n'offre plus de garantie d'impartialité, il peut faire
l'objet d'une récusation à moins que ce dernier ne prenne lui- même l'initiative de se retirer en
se déportant.
Quelles ont les causes susceptibles d'entraîner la récusation d'un juge ? Il y a 8
causes qui sont prévues à cet effet par l’art.49 de la LOJOJ.
Il s'agit de causes suivantes :
1. Si le juge ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans l'affaire ;
2. Si le juge ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe, soit en ligne
collatérale jusqu'au troisième degré inclusivement de l'une des parties, de son avocat
ou de son mandataire ;

18
BAYONA BAMEYA , Syllabus de procédure pénale, 2ème graduat Droit /UNIKIN, 1988,p. 78
19
BAYONA BAMEYA, Syllabus de procédure pénale, 2ème graduat Droit / UNIKIN, 1988, p. 78
20
A.RUBBENS , op.cit, p.81

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3. S'il existe une amitié entre lui ( le juge ) et l'une des parties ;
4. S'il existe des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de serviteur ou
d'employé entre lui et l'une des parties ;
5. S'il existe une inimitié grave entre lui et l'une des parties ;
6. S'il a déjà donné son avis dans l'affaire ;
7. S'il est déjà intervenu dans l'affaire en qualité de juge, de témoin, d'interprète, d'expert
ou d'agent d'administration ou d'avocat ou de défenseur judiciaire.
8. S'il est déjà intervenu dans l'affaire en qualité d'OPJ ou d'OMP (cette 8 ème cause ne
s'applique pas aux juges des tribunaux de paix ce qui n'est plus le cas actuellement
suite à l'abrogation de l'ordonnance-loi n°82-020 du 31 mars 1982 portant code de
l'organisation et de la compétence judiciaires.
Quelle est la procédure à suivre en matière de récusation ?
Là procédure à suivre est prévue à l'art 75 COCJ ( abrogé par les art. 50 à 54 de la
loi organique relative aux juridictions de l’ordre judiciaire) qui dispose que celui qui voudra
récuser devra le faire sous peine d'irrecevabilité dès qu'il a connaissance de la cause de
récusation et au plus tard avant la clôture des débats par une déclaration motivée et actée au
greffe de la juridiction dont le juge mis en cause fait partie.
Le greffier notifie la déclaration de récusation au président de la juridiction ainsi
qu’au juge mis en cause. Ce denier est tenu de faire une déclaration écrite ou verbale, actée
par le greffier dans les 2 jours de la notification de l'acte de récusation. Quelle est la
juridiction compétente pour statuer sur la récusation ?
C'est la juridiction à laquelle appartient le juge mis en cause qui statue sur la
récusation toutes affaires cessantes. Le juge mis en cause ne peut faire partie du siège appelé à
statuer sur la récusation Quelle est la portée de la décision à prendre ?
Il y a 3 alternatives qui doivent être envisagées :
1. Si le tribunal statuant en premier ressort rejette la récusation, il peut ordonner pour
cause d'urgence que le siège comprenant le juge ayant fait l'objet de la récusation
rejetée, poursuive l'instruction de la cause nonobstant appel ;
2. Si le jugement rejetant la récusation est maintenue par la juridiction d'appel, celle-ci
peut après avoir appelé le récusant, le condamner à une amende de cinq cent mille
francs congolais sans préjudice des dommages - intérêts envers le juge mis en cause.
En cas de récusation dirigée contre un magistrat siégeant à la Cour de cassation,
cette juridiction peut en cas de rejet de la récusation prononcer les condamnations sus
indiquées.

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87

3. Si le jugement rejetant la récusation est infirmé, le juge d'appel annule toute la


procédure du premier degré qui en aurait été la suite et renvoie les parties devant le
même tribunal pour y être jugées par un autre juge ou devant un tribunal voisin même
sans préjudice de l'action disciplinaire.
Le MP est-il concerné par les dispositions sur la récusation ?
Oui, les dispositions relatives à la récusation sont applicables à l'OMP lorsqu'il intervient par
voie d'avis.
Pour éviter d'être l'objet d'une procédure de récusation, il est recommandé au
magistrat qui se trouve dans l'une des 8 causes de récusation précisées de se déporter sous
peine de poursuites disciplinaires.
Il arrive aussi qu'une partie au procès puisse douter de l'impartialité d'une
juridiction. Quelle procédure doit-elle suivre pour qu'une autre juridiction puisse connaître de
cette cause ? C'est la raison d'être du renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion
légitime que nous examinons dans le paragraphe suivant.
§7. La procédure de renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime
Cette procédure est prévue à l’art. 60 qui dispose que la requête aux fins de renvoi
pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime peut être présentée soit par le
procureur général près la Cour de cassation, soit par l'OMP près la juridiction saisie.
Cependant, il est reconnu aux parties le droit d'introduire la requête pour cause de
suspicion légitime. La requête sera introduite par écrit. La juridiction saisie de la demande de
renvoi donne acte du dépôt de la requête.
La juridiction saisie.de la demande de renvoi donne acte du dépôt de la requête.
Sur la production d'une expédition de cet acte par le ministère public, ou par la partie la plus
diligente, la juridiction saisie quant au fond surseoit à statuer.
La date d'audience est notifiée à toutes les parties en cause dans les formes et
délais ordinaires.
Comment les débats se déroulent - ils au cours de cette procédure ?
Les débats se déroulent de la manière suivante :
1. le requérant expose ses moyens ;
2. la partie présente ses observations ;
3. le MP donne son avis s'il échait ;
4. le tribunal clôt les débats et prend l'affaire en délibéré.

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88

Une expédition du jugement ou de l'arrêt de renvoi sera transmise tant au greffe de


la juridiction saisie qu'au greffe de la juridiction à laquelle la connaissance de l'affaire a été
renvoyée. Dans quel délai la décision doit- elle être rendue et quelle est sa particularité ?
La décision sur la requête doit être rendue dans la huitaine de la prise en délibéré
de l'affaire. Elle n'est susceptible ni d'opposition, ni d'appel.

§8. La procédure du délibéré


Cette procédure est fixée par les art. 42 à 43 de la LOJOJ.
1. Les délibérés sont secrets et les juges sont tenus au secret professionnel tant au sujet
de leurs opinions personnelles qu'ils ont émises que celles formulées par leurs
collègues.
2. Le juge du rang le moins élevé ( et à rang égal le moins ancien ) donne d'abord son
opinion. Celui du rang le plus élevé ( le président) le donne en dernier lieu. Il convient
de noter que cette règle a été imposée pour éviter que le juge le moins gradé et du reste
le moins expérimenté ne soit influencé en adoptant par révérence pour son aîné
l'opinion émise par celui-ci. .;
L'art 43 précise que les décisions sont prises à la majorité des voix. Toutefois e-
matière répressive, s'il se forme plus de 2 opinions dans le délibéré, le juge qui a émis;
l'opinion la moins favorable au prévenu est tenu de se rallier à l’une des deux autres opinions.
Cela porte aussi bien sur la qualification que sur le taux de la peine ou sur la condamnation
aux DI ou à une fraction des frais.
En matière de droit privé, s'il se forme plus de deux opinions dans le délibéré, le
juge le moins ancien du rang le moins élevé est tenu de se rallier à l'une des deux autres
opinions.
Un PV de délibéré est dressé à l'issue de la séance de délibération et il EST rédigé
par le juge le moins ancien et tous les membres du collège y apposent leur signature.
Le président repartit les dossiers entre les membres du collège pour la rédaction du projet du
jugement (arrêt).
Section 2 : La rédaction et le prononcé de jugement
§.1. Notion

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89

Selon l’art.21 de la constitution du 18 février 2006, tout jugement doit être écrit et
motivé et il est prononcé en audience publique.
Le caractère écrit du jugement et l'oralité du prononcé sont aussi consacrées par la
disposition de l'art. 87 in fine du CPP en ces termes: « les jugements sont signés par le
président ou par le juge, ainsi que par le greffier s'il était présent lorsque le jugement a été
prononcé»
Il est d'usage que l'on désigne le manuscrit du jugement sous le nom de la minute
du jugement. Lorsque le jugement est dactylographié en plusieurs exemplaires première copie
est généralement revêtue de la signature des juges et du greffier, porte l'indication « original»
et ne peut jamais être retiré du dossier. Les autres « copies» serviront d'expédition pour l'appel
ou pour l'exécution du jugement et sont désignées sous l’appellation de « la grosse».
Tant que l'écrit n'a pas été lu en audience publique, il ne constitue pas un jugement
au vrai sens du mot, mais seulement un projet de jugement ; quand bien même il aurait déjà
signé. Le tribunal peut donc modifier son projet ou ordonner la réouverture des débats tant
que le jugement n'a pas été prononcé.
Les jugements répressifs doivent être prononcés en présence de tous les juges qui
ont siégé dans la cause en présence d'un greffier et d'un magistrat du ministère public.
Dans quel délai doit- on prononcer le jugement ?
Selon l'art 80 CPP, les jugements doivent être prononcés au plus tard dans les 8
jours qui suivent la clôture des débats. Ce délai incite les juges à traiter avec diligence les
dossiers pris en délibéré et plus particulièrement les dossiers dont les prévenus sont en
détention préventive.
Nous constatons qu'avec l'augmentation du volume de travail et compte tenu de la
précarité des conditions de vie et de travail des magistrats, le délai précité est difficilement
respecté.
- Toutefois, les juges doivent éviter de faire trop traîner les dossiers au risque d'être
poursuivi pour déni de justice.
§.2. Les mentions et les formes du jugement
L'art 87 du CPP énumère les mentions que doivent contenir les jugements, il n'y a
pas un ordre ni une forme imposée dans la rédaction. Mais selon l'usage, il importe de tout
faire pour faciliter la lecture et la compréhension des jugements.
Mais, il est imposé à peine de nullité de mentionner :
- Les noms du ou des juges, de l'OMP et du greffier ;
- L'identité du prévenu, de la partie civile et de la partie civilement responsable ;

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90

- L'indication des faits infractionnels mis à charge du prévenu ;


- Un exposé sommaire des actes de poursuite et d'instruction à l'audience ;
- Le dispositif du jugement ;
- La signature des juges et du greffier.
Outre ces mentions, expressément imposées par l'art 87 CPP, il y a lieu de
considérer comme nécessaire le fait de porter au jugement :
- L'indication de la juridiction qui a statué ;
- La mention des réquisitions du MP ;
- Le lieu où le jugement est rendu ;
- Le nom des mandataires des parties si elles n'ont pas comparu en personne ;
- La date du prononcé ;
- Une référence à la loi pénale qui a été appliquée ;
- L'indication en tête du dispositif du caractère « contradictoire » ou « par défaut » de la
décision rendue ; Nous examinerons plus particulièrement la motivation et le
dispositif.
I. La motivation
La motivation du jugement est exigée aussi bien par" la constitution ( art 21 de la
constitution du 18 février 2006 « tout jugement doit être motivé...») et l'art 87 in fine du
CPP(les jugements contiennent les motifs.,. » :
L'absence de motivation entraîne la cassation ( mis à néant) du jugement.
La motivation, porte aussi bien sur le fait que sur le droit.
a. La motivation en fait
La juridiction est tenue à justifier si elle considère les faits comme établis ou non.
Elle indique le cas échéant les circonstances aggravantes légales qui accompagnent les faits.
Elle pourra le faire sommairement par l'indication des données de l'instruction à
l'audience ou des éléments du dossier de l'instruction préparatoire soumis aux débats de
l'audience.
Si la motivation prête à controverse, il peut être opportun de développer
le raisonnement logique qui a amené la juridiction à former son intime conviction.
Le jugement devra le cas échéant énumérer et indiquer les circonstances
atténuantes pour justifier sa compétence quant aux faits ou bien pour prononcer des peines
inférieures au taux légal minimum prévus, pour les faits infractionnels retenus.

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Lorsque le jugement porte une peine plus ou moins sévère située dans les limites
du minimum, il convient de motiver la clémence ou la rigueur dont cette décision est assortie,
b. Motivation en droit
Le tribunal est tenu d'indiquer dans son jugement la règle de droit, la doctrine ou
la jurisprudence qui le pousse à accueillir favorablement ou à écarter les prétentions de droit
qui lui sont soumises par réquisition, conclusion ou exception. RUBBENS21 précise en outre
qu'il est pas nécessaire de répondre à tous les arguments des parties publiques ou privées mais
bien à chacune de leurs demandes et c'est chacune de ces réponse qu'il convient de motiver.
Pour clore, il convient de noter que seuls les jugements défensifs c'est - à-dire
disant le droit et imposant une décision - conséquence sur un chef de poursuite, sur une
demande civile bu sur un incident de procédure doivent être motivés.
Les jugements organisant les mesures probatoires ou de pure administration ne doivent pas
être motivés s'ils ne préjugent pas du fond.
II. Le dispositif
Le dispositif doit répondre à toutes les prétentions de droit soumise au tribunal dans le cadre
de sa saisine qui peut se rapporter aux points suivants :
a. Aux questions préliminaires et préalables
Le tribunal devra suivant les modalités exposées pour l'examen des exceptions
décider soit dans le corps du jugement au fond, soit avant dire droit dans un jugement sur
incident s'il peut exercer sa mission juridictionnelle.
b. L'action publique
Le jugement devra se prononcer clairement sur les points suivants :
- le caractère établis non établis des faits ;
- l'existence de circonstances aggravantes légales ;
- le texte légal qui réprime ces faits ;
- S'il y a des circonstances atténuantes à prendre en considération justifiant ipso facto
l'application d'une peine inférieure au minimum prévu par la loi ;
- La décision- conséquence qui est la fixation des peines principales et accessoires (ou
de l'acquittement).
c. L'action civile

21 A.RUBBENS, op. cit. p.220, n°124

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Les DI ou une réparation appropriée seront accordés à la partie civile par le


jugement qui a au préalable dit et établi en fait et en droit la prévention mise à charge du
prévenu. Si les faits sont déclarées non établis, le tribunal se déclarera incompétent à statuer
quant aux mérites de l'action civile.
En outre, les DI peuvent être allouées d'office dès lors qu'il existe une victime de
l'infraction déclarée établie (art 108 LOJOJ).
d. La restitution
Le tribunal en vertu de l'art 109 LOJOJ doit d'office ordonner la restitution des
objets sur lesquels a porté l'infraction lorsqu'ils ont été retrouvés en nature et que la propriété
n'en est pas contestée,
e, Quant à la partie civilement responsable
Elle peut être condamnée au paiement des DI au cas où le lien juridique qui la lie
au condamné l'oblige à assumer l'exécution des condamnations pécuniaires prononcées à
charge de ce dernier.
f. Quant aux frais

Le tribunal doit imputer le montant total de l'état des frais aux parties ou le mettre
à charge de justice et dépens judiciaire effectués à la requête de la partie civile au moyen des
provisions faites au greffe.
L'exécution des condamnations aux restitutions, aux DI et aux frais peut être
poursuivie par la voie de la contrainte par corps qui ne peut excéder 6 mois (art 16 et 17
CPLI).
Section 3 : Effets des jugements répressifs
Les effets d'un jugement répressif dépendent de la nature de ce jugement. On
distingue par conséquent les jugements avant faire droit et les jugements définitifs.
§.1. Les jugements avant faire droit
Ces jugements peuvent intervenir pour différentes raisons :
1. Régler négativement un incident (exception, fin de non recevoir) ;
2. Trancher une question préalable dans le sens affirmatif d'un élément de l'infraction ou
n'infirmant qu'une circonstance de l'infraction :
3. ordonner ou refuser une mesure probatoire ;
4. adopter ou rejeter une mesure dilatoire.

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93

N.B: Ces jugements ne dessaisissent pas le tribunal mais l'obligent au contraire à


renvoyer la cause en prosécution (continuation de l'instance) à l'une de ses audiences
ultérieures.
§2. Les jugements définitifs ,
Ils peuvent porter sur le fond ou sur un incident.
I. Jugement définitifs quant au fond
II peut s'agir soit d'un jugement de condamnation, soit d'un jugement
d'acquittement.
a. Les jugements de condamnation
Après le prononcé d'un jugement de condamnation le juge est dessaisi. La peine
ne sera exécutoire que lorsque le jugement sera devenu irrévocable après écoulement des
délais de recours sans qu'il ait exercice effectif de ce recours.
Les jugements de condamnation ont autorité de la chose jugée quant aux faits in
fractionnels qu'ils tiennent pour établis et quant au caractère infractionnel de ces faits
b. Les jugements d'acquittement
Le tribunal peut avoir diverses motivations pour acquitter un prévenu.
L'acquittement peut résulter du caractère non établis des faits, l'existence d'une cause de non
imputabilité. D’une cause de justification ou que l'action publique soit éteinte par prescription.

Les jugements d'acquittement ordonnent le renvoi de fins de toute poursuite et


mettent définitivement fin à l'action publique.

Le prévenu qui est en détention préventive doit être remis en liberté dès le
prononcé du jugement d'acquittement sauf s'il était détenu pour d'autres causes ( art 83 CPP).

L'action civile sera par conséquent déclarée recevable mais non fondée puisque le
préjudice, dont la réparation est demandée a pour cause la commission d'une infraction.

A l'instar du jugement de condamnation, le jugement d'acquittement a l'autorité de


la chose jugée et empêche que de nouvelles poursuites soient entamées même si
l'acquittement n’a été prononcé que par le bénéfice du doute.

c. Les effets de la chose jugée en matière pénale sur l'action civile


Les tribunaux civils sont tenus par une présomption absolue à tenir pour vrai les
faits que les juridictions pénales ont affirmé.22

22
A. RUBBENS op. cit,.p.212

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94

Si le juge ne peut constater la faute du condamné, il peut néanmoins constater le


partage des torts avec la victime (cas de responsabilité partagée entre le prévenu et la
victime.)
La présomption de vérité tirée des jugements répressifs est absolue et s'impose à
tous Tandis que la présomption légale de vérité que la loi attache aux décisions des
juridictions civiles est relative car elle ne peut être opposée qu'aux parties et à leurs ayant
cause.
La vérité légale des faits constatés par le juge répressif ne s'impose cependant au
juge civil que s'il s'agit de constatations certaines et nécessaires.23
Les constatations certaines sont toutes celles que le juge exprime d'une façon
formelle et positive. Par contre, les constations nécessaires sont celles qui portent sur les faits
soutenait les motifs de la décision.24
Il est aussi admis que la constatation du caractère in fractionnel (ou non in
fractionne) faite par le juge répressif lie le juge civil en ce sens que celui - ci ne pourra pas
contester la culpabilité ou la non culpabilité. Cependant, lorsque le tribunal pénal a renvoyé le
prévenu des fins de toute poursuite estimant que les faits portés à sa connaissance ne tombent
pas sous l'application de la loi pénale, le juge civil peut recevoir l'action aquilienne (action
délictuelle) s'appuyant sur ces mêmes faits retenus comme constitutifs d'une faute civile.
II. Jugement définitif sur incident
Ces jugements tranchent tout incident qui se produit en cours d'instance, citerons
notamment :
- Le jugement d'irrecevabilité de l'action publique (en cas d'une citation directe contre
un privilégié de juridiction ou en cas d'une infraction commises à l'étranger ;
- Le jugement d'incompétence ;
- Le jugement déclarant la saisine irrégulière ;
- Le jugement de renvoi pour litispendance ou connexité ;
- Le jugement constatant la péremption de l'action publique par prescription sujet, il
est requis que le délai double du temps de prescription se soit écoulé en cours
d'instance (art 24 et 26 CPLI ).
- Les délais prévus sont :

23 Ibidem

24
A.RUBBENS, op. cit,p.259

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95

 1 an : cas des infractions punissables d'une peine de SPP qui ne dépasse maximum ou
punissables d'une peine d'amende quelque soit le taux ;
 3 ans : cas des infractions punissables d'une peine de SPP dont le maximum;
dépasse pas 5 ans ;
 10 ans : cas des infractions punissables de plus de 5 ans SPP ou punissables de la
peine de mort.

Section 4 : Les frais et droits proportionnels.


§.1. Les frais et dépens
I- Notions générales
Devant les instances judiciaires, un justiciable peut être amené à devoir consigner
les frais en vue de garantir sa représentation en justice ou en vue d'accomplir certains actes de
procédure.
De même lorsqu'une partie au procès (excepté le MP) n’a pas eu gain de cause,
elle est condamnée à payer les frais de justice.
Toutefois, la possibilité est laissée au juge de mettre à la charge des parties qui
n’ont pas perdu le procès les frais frustratoires à et ce à titre de sanction pour avoir abusé de
son pouvoir de procéder. Les frais frustratoires sont des frais exposés sans raison par un
auxiliaire de justice surtout lorsqu'ils sont sans intérêt pour les parties.
II y a également les dépens qui constituent une partie des frais engendrés par le
procès (frais dus aux officiers ministériels, indemnité des témoins, frais et vacation des
experts que le gagnant peut se faire payer par le perdant à moins que le tribunal n'en décide
autrement.)
En cas d'acquittement d'un prévenu poursuivi à l'initiative du MP, les frais de
justice sont mis à charge du trésor public. ;
Nous allons spécifier la répartition des frais aux différentes parties au procès.
',;A. Les frais mis à charge du prévenu
Les irais sont mis à la charge du prévenu qui est condamné à toute peine
répressive privative ou non privative de liberté.
Il y a lieu de préciser ce qui suit :
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- S'il y a plusieurs condamnés, la juridiction apprécie souverainement la portion du


montant global imputable à chacun d'eux sans pouvoir prononcer une condamnation
solidaire ;
- En cas d'acquittement du prévenu, celui- ci ne peut pas être condamné aux frais sauf
s'il a occasionné des frais frustratoires ;
- En cas d'acquittement du prévenu par un jugement par défaut, le prévenu est
déchargé des frais d'instance par défaut ;
- Toutefois, les frais causés par l'opposition sont à charge du prévenu si le défaut lui est
imputable. (art 95 CPP) ;
- En cas de condamnation sur appel, le principe selon, lequel les frais sont mis à la
charge du prévenu condamné connaît trois dérogations, (art 108 CPP)
1. Si la juridiction d'appel réduit la peine sur appel du prévenu, elle ne peut mettre la
totalité des frais d'appel à la charge du condamné. Elle peut l'en décharger totalement.
2. Si sur appel du seul ministère public la condamnation est confirmée, les frais de
l'appel ne seront point à charge du prévenu.
3. Si la décision d'appel décharge le prévenu de toutes ou de l'une des préventions
retenues par le premier juge, elle le décharge en même temps de tout ou partie des
frais du premier degré.

B . Frais mis à charge du trésor public


II y a cette possibilité en cas d'acquittement total ou partiel du prévenu. Par
conséquent les frais sont en tout ou en partie laissés à charge du trésor public. Les frais que le
trésor a avancés restent à charge de ce dernier. Toutefois, en cas d'acquittement, le prévenu
qui a engagé des frais propres utile à la cause peut en principe obtenir un remboursement.

Mais les honoraires d'avocat ne peuvent pas être remboursés comme dépens d'une
instance judiciaire.
C .Frais mis à charge de la partie civile
1. La partie civile citante
a. Si la partie civile a fait usage de la citation directe, elle prend toute la responsabilité de
l'action. En cas d'échec de cette action elle supporte la totalité des frais (art 82 al 2 CPP). Si la
partie civile citante se désiste dans les 24 heures de la citation, elle ne sera pas tenue de payer
des frais postérieurs au désistement (art 82 CPP) sans préjudice des DI au prévenu le cas
échéant.

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b. En appel, la partie civile citante supporte la totalité des frais d'appel quel que soit le sort de
l'action publique sauf si elle a formé appel principal ou incident auquel la juridiction d'appel
fait droit en majorant les DI alloués au premier degré. Si le premier juge a totalement fait droit
aux demandes de la partie civile, celle- ci doit assister passivement au recours d'appel avec le
risque de supporter les frais.

2. La partie civile jointe


a. Si la partie civile s'est constituée après la saisine de la juridiction de jugement elle sera
condamnée à la moitié des frais (art 82 al 2 CPP).
b. Si la partie civile jointe qui s'est désistée dans les 24 heures de sa constitution, elle ne sera
pas tenue des frais postérieurs au désistement (art 82 al 3 CPP).
D .Frais mis à charge de la partie civilement responsable
La partie civilement responsable ne peut subir de condamnation directe et
personnelle en matière de frais sauf s'il s'agit des frais frustratoires exposés à sa requête. La
partie civilement responsable est tenue « in solidum » (càd au paiement de tous les frais mis à
charge d'un prévenu) avec lequel elle a des liens juridiques entraînant sa responsabilité civile.
II.Principe de la débition des frais
Le principe prévoit qu'avant d'accomplir tout acte de procédure à la demande
d'une partie privée, le greffier doit demander la consignation des sommes qu'il estime
nécessaire pour couvrir les frais exigés pour l'accomplissement de cet acte. Le défaut de
consignation des provisions requises constitue une fin de non procéder pour tout acte postulé
par les parties civiles et civilement responsable. La loi prévoit cependant une exception en
faveur du prévenu qui peut faire opposition et appel sans consignation.

Quid lorsqu'on a affaire à un indigent ?


Un indigent à qui est exigé la consignation, peut obtenir la dispense de
consignation des frais et ceux -ci seront avancés en tout ou en partie par le prévenu.
L'indigence est constatée par le président de la juridiction devant laquelle l'action est intentée.
Ce magistrat détermine les limites dans lesquelles les frais sont avancés par le trésor public
(art. 123 CPP).
II est prévu aussi qu'en cas d'indigence constaté par le juge ou par le président de
la juridiction qui a rendu le jugement, la grosse ( l'expédition) ou l'extrait ( la copie) peut être
délivré en débet. La mention de la délivrance est faite au bas du document délivré (art. 135
CPP).

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L'état des frais établi par le greffier et visé par le juge constitue un titre exécutoire
( art 125 CPP). Le greffier peut retenir les frais mis à charge du condamné sur les
consignations de la partie civile à charge néanmoins de lui délivrer le titre exécutoire lui
permettant le recouvrement de ces frais à charge du condamné ( art 124 CPP).
Les frais mis à charge du condamné ne pourront toutefois être imputés sur
consignation à la partie civile que dans la mesure où ils ont été engagé à sa requête ( art 124 al
2 CPP).
§2. Les droits proportionnels (art 129 et 130 CPP)
I. Notions et nature des droits proportionnels
II est dû un droit proportionnel de 10% sur toute somme ou valeur mobilière
allouée à titre de DI par un jugement coulé en force de chose jugée.
Le droit proportionnel constitue un impôt dû sur la circulation juridique de biens
mobiliers au titre de dommages intérêts. La créance fiscale naît par le seul fait du prononcé de
la décision (jugement ou arrêt ).
Si les valeurs adjugées ne sont pas exprimées en une somme d'argent, le greffier
les évalue. La partie tenue d'acquitter ou de supporter le droit proportionnel peut assigner le
greffier en justice aux fins d'entendre réviser l'évaluation faite par lui. , L'action n'est
recevable qu'après la liquidation du droit, elle est introduite, instruite et jugée comme en
matière civile.
II Le redevable du droit proportionnel( art 132 CPP)

Le droit proportionnel est dû par la personne condamnée au DI, il est payé entre
les mains du greffier dans le mois qui suit la date où la condamnation civile est passée en
force de chose jugée par la personne condamnée ou par la personne déclarée civilement
responsable.
A leur défaut, le droit est payé par la personne au profit de qui la condamnation a
été prononcée sauf le droit pour elle d'en poursuivre le recouvrement contre la personne qui
doit le supporter.
Sauf en cas d'indigence, le greffier ne peut délivrer si ce n'est au ministère public,
grosse, expédition, extrait ou copie d'une décision portant condamnation à des DI avant que le
droit proportionnel n'ait été payé même si au moment où le document est demandé, la
condamnation n' a pas encore acquis force de chose jugée.

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III Le titre exécutoire de la créance du droit proportionnel


Les poursuites en recouvrement du droit proportionnel sont exercés en vertu d'un
titre exécutoire, délivré par le juge ou par le président de la juridiction qui a rendu le jugement
donnant lieu à la perception du droit après un commandement resté infructueux de payer dans
les 3 jours sans préjudice aux saisies conservatoires à opérer dès le jour de l'exigibilité du
droit avec l'autorisation du juge ( art 133 CPP).

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Chapitre V: LES VOIES DE RECOURS

En Droit congolais, on distingue d'une part les voies de recours ordinaires et les
voies de recours extraordinaires.
1. Les voies de recours ordinaires sont l'appel, l'opposition et la révision (devant les
juridictions coutumières qui permettent de faire juger à nouveau le fond du litige).
2. Les voies de recours extraordinaires que sont le pourvoi en cassation et le pourvoi en
révision qui ne sont ouvertes que dans les cas déterminés par la loi et tendent à faire
juger la décision attaquée en vue de son annulation, le cas échéant. On y recourt
qu'après avoir usé les voies de recours ordinaires.
On distingue en outre la voie de rétractation (opposition) qui permettent à la même
juridiction qui a eu à rendre la décision d'y revenir.
Quant aux voies de réformation (appel, cassation) elles permettent de déférer le litige
devant l'une juridiction de rang supérieur à charge de trancher de nouveau le litige.

Le respect des formalités substantielles prévues par la loi s’impose pour l’exercice de
voies de recours. L’art. 43 de LOJOJ précise cette recommandation en ces termes : « La
chambre qui prend une cause en délibéré en indique la date du prononcé, lequel, en matière
répressive, intervient au plus tard dans les dix jours. Toutefois, lorsque le jugement ou l’arrêt
est prononcé en l’absence des parties et au-delà du délai sans notification préalable de la date
du prononcé, le délai de recours court à partir de la signification de la décision ».

I. Les voies de recours ordinaires.


Nous analyserons respectivement, l'opposition (section 1) et l'appel (section 2).
Section 1 : L'opposition
§.1. Notions
Le défaut a toujours été considéré tant a en matière civile qu'en matière pénale
comme un droit, un moyen de défense voire un procédé légitime pour différer la solution
juridictionnelle de l'instance.
Le défaut permet aux parties qui n'ont pas été présente à l'audience de revenir à
charge en présentant leurs moyens de défense devant la même juridiction dans une procédure
d'opposition. La contumace est par contre une procédure criminelle en droit français qui
comporte 3 stades :

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101

- L'état de contumace c'est -à-dire la situation d'un accusé qui ne s'est pas présenté à
l’audience de la Cour d'assises ou qui s'est évadé avant le verdict.
- L'ordonnance de contumace c'est- à -dire le jugement de l'accusée en son absence
- La purge de la contumace c'est l'anéantissement rétroactif de la décision par défaut1
opérée par le seul fait matériel de la représentation volontaire ou de l'arrestation du
contumax dans les délais de prescription de la peine.
Le contumax est un individu qui, après arrêt de mise en accusation de mise en
accusation n'a pu être saisi ou ne se représente pas dans 10 jours de la signification faite à son
domicile ou s'est évadé avant le verdict.
Qui peut faire défaut ?
Les parties suivantes peuvent faire défaut :
Le prévenu, la partie civile et la partie civilement responsable peuvent faire défaut
à l'exception du ministère public. En effet, le MP ne fait jamais défaut car selon l’art. 66 in
fine LOJOJ, il ( MP) assiste à toutes les audiences des cours et tribunaux. Son absence rend
impossible la tenue d'une audience judiciaire.
§2. La procédure par défaut (art 88 CPP)
Le jugement par défaut est un jugement parfait en la forme et produit tous les
effets juridiques d'un acte juridictionnel. Il est revêtu de l'autorité de la chose jugée dès son
prononcé sont réserve de sa signification.
I. Délai et procédure

Le jugement par défaut n'est exécutoire qu'après l'écoulement du délai de 10 jours


à dater de la signification. Ce délai est prorogé par le délai de distance. L'opposition est la
voie de recours susceptible d'être exercée par la partie défaillante à laquelle un jugement
rendu par défaut fait grief. .
La date de l'opposition est celle de la déclaration en réponse faite à l'huissier qui
signifie le jugement ou celle de la déclaration au greffe ou celle de la réception de la lettre
missive au greffe.
S'il n'est pas prouvé que le prévenu a eu connaissance de la signification du
jugement que le condamne son action en opposition subsiste tant qu'elle est utile c'est -à- dire
tant que la peine n'est pas prescrite.
II Les effets de l'opposition (art 95 CPP)
1. L'opposition du prévenu a pour effet de rendre le jugement par défaut non avenu et le
juge statue à nouveau sur l'ensemble de l'affaire.

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2. l'opposition de la partie civile ne met en cause que les prétentions aux dommages -
intérêts dus à la victime de l'infraction ou les dommages - intérêts dus par la partie
civile pour procédure téméraire et vexatoire.
3. l'opposition de la partie civilement responsable ne peut agir qu'en contestation de la
créance et son obligation de la garantir.
Il est à noter que l'opposition de la partie civile et du civilement responsable ne
suspend pas l'exécution du jugement contre le prévenu.
II. Le jugement sur opposition (art 93 CPP)
C'est un jugement réputé contradictoire à l'égard de l'opposant. C'est ce qui
s'exprime par le brocard « Opposition sur opposition ne vaut ». Lorsque l'opposant ne
comparait pas l'opposition est dite non avenue. L'opposant ne peut ni la renouveler ni faire
opposition au jugement sur opposition.
L'opposant est tenu de comparaître en personne dans le cas où il y était déjà tenu
avant le jugement par défaut ou lorsque le jugement par défaut en fait une condition de
recevabilité de l'opposition.
Selon RUBBENS, si l'opposant fait défaut après avoir comparu, le tribunal est
malgré tout saisi de l'opposition, il peut rendre un jugement de rétractation dans la mesure où
il se trouve mieux informé par la procédure contradictoire partielle25.
L'opposition reçue ou non avenue d'une partie n'empêche pas l'opposition
ultérieure ( dans les délais) d'une autre partie.
IV Le désistement d'opposition
Le prévenu qui a formé opposition a la possibilité de se désister. Il peut toutefois rétracter son
désistement aussi longtemps que celui - ci n'a pas été décrété. Toutefois, lorsque la partie
défaillante opte pour le recours en appel, il y a renonciation de sa part à l'opposition.

V. La péremption de l'action publique en cas d'opposition


II peut se faire que l'infraction soit prescrite après que le jugement par défaut ait
été rendu et avant l’écoulement du délai d’opposition. Dans ce cas, le tribunal devra constater
que le jugement est effacé dans ses effets de condamnation par l'opposition et qu'il ne peut
statuer à nouveau étant dessaisi par la péremption survenue depuis la première condamnation.
II devra donc être renvoyé des fins de poursuites.

25
A. RUBBENS, op. cit., p.234

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103

Enfin, il a été jugé que l'opposition n'est plus recevable lorsque la peine est
prescrite (Anvers cor, 10 février 1958, JT, 1958 p. 276).

Section 2 : L'appel
3.1. Notion
L'appel est un recours que la loi offre à toute partie à qui un jugement fait grief de
saisir une juridiction d'un degré supérieur à celui qui a rendu le jugement incriminé en lui
soumettant la prétention de voir reformer à son avantage la décision entreprise.
Nous aurons à examiner successivement les jugements susceptibles d'appel, les
parties qui peuvent interjeter appel, les délais et les forme de l'appel, les effets juridiques de la
déclaration d'appel aussi que les règles particulières régissant la procédure en appel.
3.2. Les jugements susceptibles d'appel
En principe, tout jugement rendu au premier degré par une juridiction de l'ordre
judiciaire se prononçant sur le fond peut être frappé d'appel. C'est le même cas pour les
jugements par lesquels une juridiction écarte l'action publique sans avoir examiné le fond à la
suite d'une exception soulevée ou une fin de non recevoir.
Toutefois, il est interdit d’interjeter appel ou de former tout recours contre les
jugements du tribunal de paix par lequel ce dernier se déclarer incompétent en raison du taux
de la peine à appliquer (art.86 LOJOJ).
Cette interdiction est motivée par le soucis de ne pas retarder la solution du litige
car l’infirmation d’un jugement déclinatoire de compétence aboutirait à des difficultés dans la
composition du siège.
- L'appel est susceptible également d'être exercé contre les jugements rendus par
défaut. Ainsi, il est sursis à la poursuite de la procédure en appel engagée par le MP. le
partie civilement responsable ou la partie civile tant que le prévenu se trouve encore
dans les délais utiles pour faire opposition (art 94 CPP).
- Les jugements rendus sur opposition sont toujours susceptibles d'être entrepris par la
voie d'appel. Il a été jugé que le juge saisi par l'appel du prévenu seul ne peut pas,
aggraver la situation de ce dernier. Par conséquent en cas d'appel du ministère public
contre le jugement sur opposition, la juridiction d'appel ne peut pas aggraver la
situation du prévenu par rapport à celle instaurée par le jugement par défaut qui n’a pas
été frappé d'opposition.( Kin, 11.5.1967 avec note in RJC n°3 et 4, 196, p.364).

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104

- Cependant, la jurisprudence considère que l’arrestation immédiate prononcée par le


juge d’appel même si le MP n’est pas en appel, n’aggrave pas la situation du prévenu ;
elle n’est qu’une mesure d’exécution de la peine à laquelle le prévenu a été condamné
(CSJ, 6.7.1983-RP 369 inédit).
L'appel est interdit contre les jugements purement préparatoire mais ne l'est pas
par contre pour les jugements interlocutoires c'est-à-dire ceux qui préjugent sur le fond du
litige.
§.3. Les parties pouvant interjeter appel
Selon l'art 96 du CPP la faculté d'interjeter appel appartient :
- Au prévenu ;
 A la personne déclarée civilement responsable ;
 A la partie civile ou aux personnes auxquelles des DI ont été alloués d'office quant à
leurs intérêts civils seulement ;
 Au Ministère Public.
I. L'appel du prévenu
Le prévenu a intérêt à interjeter appel contre tout jugement prononçant une
condamnation quelconque à sa charge.
Le prévenu peut aussi interjeter appel soit contre sa culpabilité totale, soit contre
la peine prononcée contre lui car estimée par lui trop sévère, soit contre la condamnation
civile aux DI estimés par lui trop exorbitant.
L'appel du prévenu peut se limiter à un seul chef de prévenu ou à un seul chef de
condamnation. Un appel interjeté sans limitation est présumé entreprendre toute la
condamnation contenu dans le dispositif du jugement.
L’appel d’un prévenu ne s’étend cependant pas au coprévenu vu le caractère
personnel de l’appel.
II. L’appel de la partie civile
L’appel de la partie civile ne peut porter que sur ses intérêts civils et le jugement ne sera
réputé lui faire grief que dans la mesure où il ne fait pas droit aux conclusions soutenues
devant le tribunal. Les bénéficiaires des allocations d’office de DI sont qualifiés pour
interjeter appel portant sur les intérêts civils même s’ils ne se sont constitués au premier
degré. Les bénéficiaires de la tutelle du MP peuvent de même interjeter personnellement
appel.
L’appel de la partie civile ne remet jamais en cause l’action publique même si le tribunal du
premier degré a été saisi par une citation directe. La partie civile citante ou intervenante peut
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105

poursuivre ses prétentions civiles au degré d’appel même si le prévenu a été acquitté au
premier degré. Dans cette hypothèse, la partie civile devra prouver que les faits étaient
contraires à la décision attaquée établie en fait et en droit sans qu’on puisse lui opposer
l’autorité de la chose jugée.
III. L’appel de la partie civilement responsable
La partie civilement responsable ne peut évidement faire appel que lorsqu’elle
a fait l’objet d’une condamnation. Elle peut contester l’existence ou la hauteur
du préjudice ainsi que le lien de droit existant entre elle et le condamné en vue
d’en déduire les conséquences qui s’imposent.
IV. L’appel du Ministère public
L’appel du MP se justifient dans la préoccupation majeure d’obtenir la
meilleure justice possible. L’appel du MP a toujours sur l’action publique un
effet absolu permettant à la juridiction d’appel de maintenir, d’adoucir ou
d’aggraver les peines prononcées ou de déclarer son incompétence.
Le MP n’est pas obligé de faire une option dans sa déclaration d’appel et son
appel est d’office réputé fait à toutes fins et à une décision pénale du jugement
attaqué.
Il arrive souvent que le MP ne prenne pas l’initiative de l’appel mais que
devant l’appel d’une partie, il estime opportun de soumettre le litige dans son
ensemble à la connaissance de la juridiction d’appel quitte à s’en remettre à la
prudence ou à demander confirmation à l’audience.

§.4. Les catégories d’appel


II y a deux catégories d'appel : l'appel principal et l'appel incident
I. L'appel principal
C'est celui qui se fait normalement par :
- 1° Une déclaration verbale au greffe de la juridiction qui doit connaître de l'appel le
greffier dresse l'acte daté de la déclaration ;
- 2° Par missive adressée au greffe de la juridiction qui a jugé ou de la juridiction qui
doit connaître de l'appel ;
- 3° Par une déclaration en réponse faite au bas de l'original de l'acte de signification
lorsque le jugement est signifié verbalement à la personne dans le délai d'appel.
La déclaration d'appel (écrite ou verbale) doit fournir les indications suivantes :

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- L'identité de rappelant ;
- La désignation du jugement attaquée ;
- L'identité des différentes parties en cause de manière à permettre au greffier de leur
notifier l'appel ;
- La manifestation claire et nette de l'intention d'interjeter appel. Les motifs de l'appel
ne doivent pas être indiqués avec détail. Si l'appelant ne limite pas son appel à l'un ou
l'autre chef du dispositif, son appel est présumé formé contre toute disposition qui lui
fait grief.
Devant la juridiction d'appel, c'est l'acte d'appel qui détermine la saisine de la
juridiction et non pas le libellé de l'exploit de notification de l'appel ni encore moins la
citation qui l'a saisi seulement au premier degré. (CSJ, 26.2.1977, RP 211, BA 1978,p.16).
Il est requis que l'avocat ou le défenseur judiciaire doit être porteur d'une
procuration spéciale pour interjeter appel et cette procuration spéciale est déposée au greffe en
cas de déclaration verbale, soit annexé à la missive d'appel.
II. L'appel incident.
L'appel incident est l'appel interjeté par voie de conclusion par toute partie
intéressée en l’instance d'appel. L'art 98 du CPP limite l'appel incident aux intérêts civils en
cause.
Les conclusions de l'appel incident peuvent être prises à l'audience d'appel par un
écrit déposé sur le banc du tribunal ou verbalement à la partie appelante, ou par son
mandataire.
Pour que l'appel incident soit recevable 3 conditions sont requises :
a) L'existence d'un appel principal ;
b) L'introduction de cet appel est possible jusqu'avant la clôture des débats ;
c) Il doit être strictement limité aux intérêts civils en cause.

§5. La consignation des frais d'appel (art 122 CPP)


La partie civile et le civilement responsable doivent consigner les frais d'appel et
ce à peine d'irrecevabilité de l'appel.
La consignation ne doit pas être préalable à la déclaration d'appel mais elle devra
être faite endéans les délais d'appel. Le greffier qui reçoit une déclaration faite au bas de
l'exploit de signification ou par missive sans avoir reçu la consignation des frais doit aussitôt
avertir l'appelant des délais en déans lequel la consignation doit être faite.

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§6. Les délai d'appel


II existe trois sortes de délais en matière d'appel. Il y a le délai ordinaire, le délai
de distance et le délai prorogé en faveur du MP de la juridiction d'appel.
A. Le délai ordinaire (art 97 CPP)
Le délai pour interjeter appel contre un jugement contradictoire est de 10 jours à
dater du jour du prononcé du jugement ou de la signification. Les jours fériés ne sont pas
déduits pour le calcul de ce délai. Car ce délai est un temps de réflexion sur l'opportunité
d'agir en appel et c'est concevable que la réflexion n'est en aucune façon entravée pendant ces
jours fériés ou chômés.
Selon la jurisprudence, lorsque le délai expire un jour férié, l'appel est recevable le
premier jour ouvrable qui suit la forclusion (1er inst. Stan 27.9.1956 RJCB 1957 p.394).
La date de l'appel est celle de la réception de la déclaration par le greffier ou par
l'huissier et non celle de l'expédition de la missive.
Si le jugement répressif a été rendu par défaut, le délai d'appel est toujours de 10
jours, il ne s'ajoute pas au délai d'opposition mais se confond avec lui. Il prend cours à la date
de toute signification régulière.
B . Le délai de distance ( art 97 CPP)
Le délai ordinaire est prorogé d'un délai de distance en faveur des appelants
privés. Le délai de distance est d'un jour par 100 km de distance avec un maximum fixé à 45
jours. La distan