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dossier de presse

sommaire

communiqué p.3
press release p.5
pressemitteilung p.7

chronobiographie de Léon et Claude Monet p.9

arbre généalogique p.11
répertoire des œuvres identifiées de la collection de Léon Monet p.12
quelques notices d’œuvres p.15

plan de l’exposition p.21
scénographie d’Hubert Le Gall p.22
textes des salles p.23

quelques citations p.28
extraits de la correspondance de Claude Monet p.29

extraits du catalogue de l’exposition p.30
extraits du journal de l’exposition p.41

liste des œuvres exposées p.45
catalogue de l’exposition p.65

auteurs p.66

autres publications p.68
programmation culturelle p.69
visites guidées et ateliers p.71
développements numériques p.72
informations pratiques p.73
visuels disponibles pour la presse p.74
partenaires p.82
musée du Luxembourg p.83
Shigeru Ban p.84

couverture : Claude Monet, Le Jardin de Giverny (détail), vers 1922-1926, huile sur toile, 93 × 74 cm
Paris, Musée Marmottan Monet © Musée Marmottan Monet, Paris
communiqué

Léon Monet
frère de l’artiste et
collectionneur
15 mars - 16 juillet 2023

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

Exposition organisée par la Réunion des musées


nationaux - Grand Palais

La renommée de Claude Monet et son rôle en tant que chef de file de l’impressionnisme sont
aujourd’hui parfaitement établis, mais la personnalité de son frère Léon, chimiste en couleurs,
industriel rouennais et collectionneur, reste encore à découvrir. En 1872, Claude Monet, de retour
au Havre, peint Impression, soleil levant (Musée Marmottan Monet), alors que Léon fonde la Société
industrielle de Rouen et décide d’apporter un soutien actif à son frère et à ses amis impressionnistes.
Ce sont les prémices de la constitution d’une remarquable collection de peintures impressionnistes.

Reconnu pour son « intelligence vive et prompte » et son caractère « cordial et franc », Léon
Monet devient une personnalité respectée, très impliquée au sein des nombreuses associations
culturelles que compte la ville de Rouen. Il incite Monet et ses amis impressionnistes à participer à
la 23e exposition municipale, où il expose lui-même quatre œuvres de sa collection. Grâce à l’intérêt
constant qu’il porte aux artistes de sa génération, les impressionnistes et les peintres de l’école
de Rouen, il réunit - avec la collection de son ami François Depeaux - une des plus remarquables
collections d’art moderne de la région rouennaise.

L’exposition réunit un ensemble d’œuvres majeures de Claude ou de ses amis impressionnistes,


mais aussi celles moins connues des peintres de l’Ecole de Rouen qu’il a eu à cœur de défendre,
autour d’un parcours mettant en évidence le goût de Léon Monet pour des œuvres qui évoquent
les paysages de son enfance passée au Havre et également son épanouissement professionnel et
familial entre Rouen et les Petites-Dalles sur la côte normande. Elle met en lumière la personnalité
de ce collectionneur, ses liens privilégiés avec son frère Claude et avec quelques artistes de sa
génération tels que Alfred Sisley, Camille Pissarro et Auguste Renoir.

L’exposition présente aussi des recettes de couleur, des échantillons de tissus et des livres de
comptes, évoquant le Rouen industriel dans lequel Léon Monet évolua. En faisant dialoguer
peintures, dessins, photographies et albums de couleurs, l’exposition apporte un éclairage inédit
sur l’intimité de la famille Monet et le goût partagé des deux frères pour la couleur. Alors que la
chimie des colorants synthétiques révolutionne l’impression textile, l’exposition évoque largement
le monde professionnel dans lequel Léon Monet a évolué et met en lumière la ville industrielle de
Rouen et ses manufactures d’« indiennes ».
Claude Monet, Méditation, Madame Monet au canapé (détail), 1870-1871, huile sur toile, Paris, musée d’Orsay
© Rmn - Grand Palais, Gérard Blot
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 3
Le visiteur est ainsi convié à découvrir des œuvres constituant la collection de Léon Monet, mais
également à comprendre le rôle de premier mécène des impressionnistes qu’il a pu jouer. Le premier
carnet de dessins de Claude Monet, daté de 1856 et le portrait de son frère Léon, exécuté par
l’artiste en 1874, année de la première exposition impressionniste à Paris y sont présentés pour la
première fois.

...................................
commissaire : Géraldine Lefebvre, Docteure en histoire de l’Art, spécialiste du XIXe siècle
scénographie : Hubert Le Gall assisté de Laurie Cousseau
graphisme : République Studio : Amélie Vancoppenolle, Tom Uferas
conception Lumière : Abraxas, Philippe Collet
...................................
horaires d’ouverture: publications aux éditions de la contacts presse :
tous les jours de 10h30 à 19h Réunion des musées nationaux - Rmn - Grand Palais
nocturne les lundis jusqu’à 22h Grand Palais, 2023 : 254-256 rue de Bercy
fermeture exceptionnelle le 1er mai 75 577 Paris cedex 12
catalogue de l’exposition
tarifs: 18 x 26,1 cm, 256 pages, Florence Le Moing
14 € ; TR 10 €, 180 illustrations, 39 € florence.le-moing@rmngp.fr
spécial jeune 16-25 ans : 10 € pour 2
personnes du lundi au vendredi après 16h journal de l’exposition Eva Bordini
gratuit pour les moins de 16 ans, 28 x 43 cm, 24 pages, 30 illustrations, 6 € eva.bordini@rmngp.fr
bénéficiaires des minima sociaux,
illimité avec le pass Sésame Escales carnet d’exposition (coédition @Presse_RmnGP
réservation conseillée Découvertes Gallimard / Rmn - Grand
Palais, auteure : Géraldine Lefebvre) :
informations et réservations : 12 x 17 cm, 64 pages, 35 illustrations,
museeduluxembourg.fr 9,90 €

accès : M° Saint Sulpice ou Mabillon


rer B Luxembourg
bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du
Luxembourg / Sénat

#LeonMonet

avec les soutiens exceptionnels du Musée d’Orsay,


du Musée Marmottan Monet et de l’Académie des beaux-arts, Paris

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 4


press release

Léon Monet
brother of the artist
and collector
15 March – 16 July 2023

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

Exhibition organised by the Réunion des Musées


Nationaux - Grand Palais

Today, the reputation of Claude Monet and his role as leader of the Impressionist movement are fully
established, yet there remains a great deal to learn about brother Léon, a colour chemist, Rouen-
based industrialist and collector. In 1872, having returned from Le Havre, Claude Monet painted
Impression, soleil levant, (Musée Marmottan Monet), while Léon founded the Société Industrielle de
Rouen and decided to actively support his brother and his Impressionist friends. This sparked the
beginning of a remarkable collection of Impressionist paintings.

Renowned for his “keen and swift intellect” and his “friendly and open” character, Léon Monet became
a respected figure and a very active participant in the city of Rouen’s many cultural associations. He
encouraged Monet and his Impressionist friends to take part in the 23rd municipal exhibition, where
he also exhibited four works from his own collection. Through his constant interest in the artists of
his generation, the Impressionists and painters from the Rouen school, and along with the collection
of his friend François Depeaux, he assembled one of the most remarkable collections of modern art
in the Rouen region.

Bringing together a series of major works, the exhibition illustrates Léon Monet’s preference for works
that evoke the landscapes of his childhood in Le Havre, as well as his flourishing professional and
family life between Rouen and Les Petites-Dalles on the Normandy coast. It highlights the personality
of this collector and his close bond with his brother Claude and a few of his artist contemporaries,
such as Alfred Sisley, Camille Pissarro and Auguste Renoir.

The exhibition also features colour recipes, fabric swatches and books of accounts, painting a
picture of industrial Rouen as Léon Monet would have known it. Through its interaction of paintings,
drawings, photographs and colour albums, the exhibition shines a new light on the Monet family’s
private life and the brothers’ shared interest in colour. At a time when the chemical industry’s synthetic
dyes were revolutionising textile printing, the exhibition offers a detailed exploration of Léon Monet’s
professional environment and showcases the industrial city of Rouen and its “indienne” fabric
factories.

Claude Monet, Méditation, Madame Monet au canapé (detail), 1870-1871, oil on canvas, Paris, Musée d’Orsay
© Rmn - Grand Palais, Gérard Blot
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 5
Not only are visitors invited to discover the works that formed Léon Monet’s collection, but also to
get a sense of his role as the first patron of the Impressionists. Claude Monet’s first sketchbook,
dating from 1856, and the portrait of his brother Léon, painted by the artist in 1874, the year of the
first Impressionist exhibition in Paris, will be presented for the first time.

...................................
curator: Géraldine Lefebvre, Doctor of Art History, 19th century specialist
set design: Hubert Le Gall assisted by Laurie Cousseau
graphics: République Studio: Amélie Vancoppenolle, Tom Uferas
lighting design: Abraxas, Philippe Collet
...................................
opening hours: published by Réunion des Musées press contacts:
every day from 10.30 am to 7 pm, open Nationaux - Grand Palais, 2023: Rmn - Grand Palais
Monday evenings until 10 pm closed 1 254-256 rue de Bercy
May exhibition catalogue 75 577 Paris cedex 12
18 x 26.1 cm, 256 pages,
price: 180 illustrations, €39 Florence Le Moing
€14, €10 concessions florence.le-moing@rmngp.fr
special young person’s rate 16-25: journal of the exhibition
€10 for 2 people Monday to Friday 28 x 43 cm, 24 pages, 30 illustrations, €6 Eva Bordini
after 4pm free for those under 16 and eva.bordini@rmngp.fr
minimum wage earners, unlimited entry exhibition book (co-published by
with Découvertes Gallimard / Rmn - Grand @Presse_RmnGP
the Sésame Stops pass booking Palais, author: Géraldine Lefebvre):
recommended 12 x 17 cm, 64 pages, 35 illustrations,
€9.90
information and reservations:
museeduluxembourg.fr

directions: Métro: St Sulpice or Mabillon


RER B Luxembourg
Bus: 58; 84; 89; stop at Musée du
Luxembourg / Sénat

#LeonMonet

an exceptional support from the Musée d’Orsay,


the Musée Marmottan Monet and the Académie des beaux-arts, Paris

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 6


Pressemitteilung

Léon Monet
bruder des
Künstlers und
Sammlerr
15. März bis 16. Juli 2023

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

Ausstellung organisiert von der Réunion des


Musées Nationaux - Grand Palais

Das Renommée von Claude Monet und seine Rolle als Leitfigur des Impressionismus sind heute
allgemein bekannt, aber sein Bruder Léon, Farbchemiker, Industrieller aus Rouen und Sammler,
und dessen Persönlichkeit werden erst gerade entdeckt. 1872 malte Claude Monet zurück in Le
Havre sein Werk Impression, Sonnenaufgang (Musée Marmottan Monet), als Léon die Société
industrielle de Rouen gründete und beschloss, seinen Bruder und seine Impressionistenfreunde
aktiv zu unterstützen. So begann die bemerkenswerte Sammlung impressionistischer Gemälde.

Léon Monet, der für seine „scharfe und schnelle Intelligenz“ und seinen „herzlichen und ehrlichen“
Charakter bekannt war, wurde zu einer geachteten Persönlichkeit und engagierte sich in den zahlreichen
kulturellen Vereinen der Stadt Rouen. Er ermutigte Monet und seine Impressionistenfreunde zur
Teilnahme an der 23. Exposition Municipale (Stadtausstellung), wo er selbst vier Werke aus seiner
Sammlung darbot. Dank seines konstanten Interesses an den Künstlern seiner Generation – den
Impressionisten und den Malern der Schule von Rouen – trug er zusammen mit seinem Freund
François Depeaux eine der bemerkenswertesten Sammlungen moderner Kunst in der Region
Rouen zusammen.

Die Ausstellung umfasst mehrere Hauptwerke und zeigt Léon Monets Vorliebe für Werke,
die die Landschaften seiner Kindheit in Le Havre und seine berufliche und familiäre Entfaltung
zwischen Rouen und dem Weiler Petites-Dalles an der Küste der Normandie darstellen. So wird
die Persönlichkeit dieses Sammlers, seine besondere Beziehung zu seinem Bruder Claude und
zu einigen Künstlern seiner Generation wie Alfred Sisley, Camille Pissarro und Auguste Renoir
beleuchtet.

Die Ausstellung zeigt auch Farbmischrezepturen, Stoffmuster und Buchhaltungshefte, die an das
industrielle Rouen erinnern, in dem Léon Monet lebte. Die Gemälde, Zeichnungen, Fotografien und
Farbalben stehen in dieser Ausstellung im Dialog und geben einen neuen Einblick in den engen
Kreis der Familie Monet und die gemeinsame Leidenschaft beider Brüder für Farben. Während die
Chemie der synthetischen Farbstoffe den Textildruck revolutionierte, geht die Ausstellung auch auf
die Berufswelt ein, in der sich Léon Monet bewegte, und beleuchtet die Industriestadt Rouen mit
ihren Indienne-Färbereien.
Claude Monet, Méditation, Madame Monet au canapé (Detail), 1870-1871, Öl auf Canvas, Paris, Musée d’Orsay
© Rmn - Grand Palais, Gérard Blot
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 7
Die Besucher sind eingeladen, die Werke aus der Sammlung von Léon Monet zu betrachten und
seine Rolle als erster Mäzen der Impressionisten zu verstehen. Das erste Skizzenbuch von Claude
Monet aus dem Jahr 1856 und das Porträt seines Bruders Léon, das der Künstler 1874 – dem
Jahr der ersten Impressionistenausstellung in Paris – anfertigte, werden hier zum ersten Mal der
Öffentlichkeit zugänglich gemacht.

...................................
Kommissarin: Géraldine Lefebvre, Doktorin in Kunstgeschichte, Expertin für das 19. Jahrhundert.
Szenografie: Hubert Le Gall, unterstützt von Laurie Cousseau
Grafische Gestaltung: République Studio: Amélie Vancoppenolle, Tom Uferas
Licht: Abraxas, Philippe Collet
...................................
Öffnungszeiten: Publikation der Éditions de la Réunion Kontakte zur Presse:
täglich von 10.30 bis 19.00 Uhr, montags des Musées Nationaux - Grand Palais, Rmn - Grand Palais
geöffnet bis 22.00 Uhr, außerordentliche 2023: 254-256 rue de Bercy
Schließung am 1. Mai 75 577 Paris cedex 12
Ausstellungskatalog
Preise: 18 x 26,1 cm, 256 Seiten, Florence Le Moing
14 €; reduzierter Tarif 10 €, 180 Abbildungen, 39 € florence.le-moing@rmngp.fr
Jugendliche 16-25 Jahre: 10 € für 2
Personen montags bis freitags nach 16.00 Ausstellungsmagazin Eva Bordini
Uhr 28 x 43 cm, 24 Seiten, 30 Abbildungen, eva.bordini@rmngp.fr
kostenlos für Kinder unter 16 Jahren, 6€
Sozialhilfeempfänger, unbegrenzt mit @Presse_RmnGP
dem Sésame Escales Pass, Reservierung Ausstellungsheft (gemeinsame
empfohlen Auflage Découvertes Gallimard /
Rmn - Grand Palais, Autor: Géraldine
Auskünfte und Reservationen: Lefebvre) :
museeduluxembourg.fr 12 x 17 cm, 64 Seiten, 35 Abbildungen
9,90 €
Zugang: Metro Saint Sulpice oder Mabillon;
RER B Luxembourg
Bus: 58; 84; 89; Haltestelle Musée du
Luxembourg / Sénat

#LeonMonet

Mit besonderer Unterstützung des Musée d’Orsay,


des Musée Marmottan Monet und der Académie des beaux-arts, Paris

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 8


chronobiographie de Léon et Claude Monet
1836 : 14 avril. Naissance à Paris de Léon 1879 : 5 septembre. Décès de Camille
Monet, fils de Louise Justine Aubrée et Doncieux-Monet.
d’Adolphe Monet. Claude Monet inscrit dans son carnet de
comptes plusieurs versements de son frère.
1840 : 14 novembre. Naissance à Paris
d’Oscar Claude Monet. 1883 : fin janvier. Claude Monet est à Étretat.
Léon lui rend visite et l’accompagne sur les
1845 : la Famille Monet s’installe au Havre. falaises.

1856 : premiers succès avec ses caricatures Claude Monet s’installe avec Alice Hoschedé
des notables havrais. Premiers carnets de à Giverny.
dessins.
Octobre. Premier séjour de Camille Pissarro
1865 : 21 février. Mariage de Léon Monet et à Rouen.
d’Étiennette Joséphine Robert à Paris.
1884 : Claude Monet se rend à Bordighera. Il
1870 : 28 juin. Mariage de Claude Monet et peint Villas à Bordighera, acquise par
de Camille Doncieux à Paris. Ils ont un fils Léon.
Jean, né en août 1867. Troisième séjour aux Petites-Dalles (après
1880 et 1881).
1872 : 31 mars-15 mai. 23e Exposition
municipale, musée des Beaux-Arts de 1888 : 13 janvier-début mai. Claude Monet
Rouen. Monet, Pissarro et Sisley exposent séjourne sur la côte méditerranéenne.
des oeuvres appartenant à Léon. Son fils Jean livre des toiles à son oncle
Léon.
6 octobre. Léon Monet fonde la Société
industrielle de Rouen. Il est représentant de 1892 : Geigy & C° ouvre un centre de
commerce pour l’entreprise Geigy & C° de production à Maromme. Jean Monet travaille
Bâle, spécialisée en couleurs synthétiques. comme chimiste aux côtés de son oncle
Léon.
Claude Monet séjourne au Havre, où il peint
Impression, soleil levant. février-mars. Claude Monet entreprend la
série des « Cathédrales », à Rouen. Il dîne
1874 : Claude Monet exécute le portrait de avec son frère et ses amis chimistes.
Léon en présence de Renoir et Sisley.
16 juillet. Mariage de Claude Monet et Alice
15 avril-15 mai. Première exposition du Hoschedé à Giverny. Léon Monet est témoin.
groupe impressionniste, à Paris.
1893 : mi-février. Claude Monet peint face
1875 : 24 mars. 1e vente impressionniste, à à la cathédrale. Il visite l’usine de son frère
l’hôtel Drouot, à Paris. Léon Monet acquiert et l’entreprise de Charles Besselièvre, à
cinq oeuvres de son frère et de Renoir. Maromme.
Claude Monet entreprend la réalisation de
Léon Monet fait construire une maison aux son « jardin d’eau », le bassin aux Nymphéas.
Petites-Dalles.
1895 : décès d’Etiennette Joséphine Monet,
1878 : Exposition Universelle de Paris. la femme de Léon.
Médaille d’or pour les Établissements Claude Monet dédicace à son frère son
chimiques Geigy & C°. premier carnet de dessins.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 9


1897 : 18 mai. Léon Monet se remarie avec
Aurélie Blis.

9-10 juin. Jean Monet épouse Blanche


Hoschedé, fille d’Alice Hoschedé-Monet.

1901 : 23 mars. Naissance de Louise Monet,


fille de Léon et Aurélie Monet, à Maromme.
La marraine est Geneviève Billecocq, le
parrain Jean Monet.

1907 : l’État acquiert une toile de la série


des « Cathédrales » de Claude Monet pour
le musée du Luxembourg, à Paris (10 500
francs).

1908 : Léon Monet facilite l’emploi en


impression textile du rouge et du bleu
diphényle (substitut de l’indigo).

1917 : janvier. Claude Monet travaille aux


Grandes Décorations des Nymphéas (Paris,
musée de l’Orangerie).

7 août. Léon Monet décède à l’âge de quatre-


vingt-deux ans, à Maromme.

1926 : 5 décembre. Claude Monet décède à


Giverny, à l’âge de quatre-vingt-six ans.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 10


Arbre généalogique

Pascal Monet (1761-1851)

1er mariage 2e mariage


à Marie Scholastique Richard à Catherine Chaumerat
(1761- ?) (1772-1855)

dont : dont :
Claude Pascal Monet (1780-?) Adolphe Monet (1800-1871)
marié 1806
à Antoinette Reine
Julie Fresson (1781-1849) 1er mariage 1835 à 2e mariage 1870
Louise Justine Aubrée à Armande Célestine Vatine
(1805-1857) (1836-1905)
dont :
Jules Monet (1810-1870)
arbre généalogique

dont : dont 2e fils :


marié 1834 Léon Monet (1836-1917) Claude Monet dont : Marie Monet (1860-1891)
à Marie Adelaïde (1840-1926) Sans descendance
Ernestine Grandjean (1815-?)

1er mariage 2e mariage


1865 1897 1er mariage 1870 2e mariage 1892
dont : à Étiennette à Aurélie Blis à Camille Doncieux à Alice Raingo (1844-1911)
Charles Édouard Monet Joséphine Robert (1863-1961), (1847-1879) Sans descendance
(1838-1878) (1834-1895) précédemment
marié Sans descendance une fille naturelle :
à Anne Delphine Chollet Adrienne Blis (1886-1911)
(1831-1913) dont 1er fils : Alice Raingo
Jean Monet (1867-1914) précédemment mariée 1863
Parrain de Louise Monet à Ernest Hoschedé (1837-1891)
dont : marié 1897
Louise Monet (1901-1979) à Blanche Hoschedé
dont : Parrain : Jean Monet (1865-1947)
Pascal Charles Édouard Monet Marraine : Sans descendance dont :
(1865-1907) Geneviève Billecocq Marthe Hoschedé (1864-1925)
marié 1892 mariée 1923 Blanche Hoschedé (1865-1947)
à Madeleine Charlotte à René Lefebvre Suzanne Hoschedé (1866-1899)
Eugénie Popot (1866-1952) (1898-1973) dont 2e fils : Jacques Hoschedé (1869-1941)
Michel Monet (1878-1966) Germaine Hoschedé (1873-1968)
marié 1931 Jean-Pierre Hoschedé (1877-1961)
à Gabrielle Bonaventure
dont 1ere fille : Françoise (1890-1964)
Lefebvre (1926-2017) Sans descendance

dont 2e fils :
Philippe Lefebvre
(1929-2008)

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur


230 231

11
répertoire des œuvres identifiées de la
collection Léon Monet
(29 toiles, 2 carnets de dessins de Claude Monet, 15 estampes japonaises)
*œuvres présentées dans l’exposition Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur
Claude Monet * Georges Bradberry *
Vue de Sainte-Adresse La Plaine en septembre
1864 vers 1905
huile sur toile pastel sur papier marouflé sur toile
28,7 x 40,5 cm 54,5 x 73,5 cm
collection particulière collection particulière

Claude Monet Joseph Delattre


Chevaux à la pointe de la Hève Raisins
1864 vers 1885
huile sur toile pastel sur papier
51,5 x 73 cm 21 x 31 cm
collection particulière collection particulière

Claude Monet Joseph Delattre *


Nature morte aux perdrix Portrait de Mme Léon Monet
1861-1862 vers 1885
huile sur toile pastel sur papier
54,5 x 73 cm 31 x 21 cm
collection particulière collection particulière

Claude Monet * Marcel Delaunay *


La Plage de Sainte-Adresse Vue de Rouen au bouquet de dahlias
1864 1907
huile sur toile huile sur toile
30 x 69 cm 81 x 60 cm
Tochigi, Tochigi Prefectural Museum of Fine collection particulière
Arts
Narcisse Guilbert *
Claude Monet Étretat. Porte d’Amont
Portrait d’Adolphe Monet, père de l’artiste vers 1907
1865 huile sur toile
huile sur toile 56 x 72 cm
46 x 38 cm collection particulière
collection particulière
Claude Monet
Claude Monet Fleurs de printemps
Forêt de Fontainebleau, le vieil arbre 1864
1865 huile sur toile
huile sur toile 116,5 x 91 cm
54 x 40 cm Cleveland, Cleveland Museum of Art
collection particulière
Claude Monet *
Claude Monet Étretat
Adolphe Monet lisant dans un jardin vers 1864
1867 huile sur toile
huile sur toile 27 x 41 cm
81 x 99 cm Caen, association Peindre en Normandie,
collection particulière en dépôt au musée Les Franciscaines, à
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur
Deauville 12
Claude Monet * Camille Pissarro *
Navires en réparation Environs de Rouen
1873 1883
huile sur toile huile sur toile
71,2 x 54 cm 27 x 34,5 cm
Édimbourg, National Galleries of Scotland collection particulière

Claude Monet Auguste Renoir


Coucher de soleil sur la Seine Boulevard des Italiens
1874 1872
huile sur toile huile sur toile
49,5 x 65 cm 38 x 46 cm
Philadelphie, Philadelphia Museum of Art collection particulière

Claude Monet * Auguste Renoir *


Portrait de Léon Monet Paris, l’Institut au quai Malaquais
1874 1872
huile sur toile huile sur toile
63 x 52 cm 46 x 56 cm
collection particulière collection particulière

Claude Monet Auguste Renoir


Falaises des Petites-Dalles Lise ou En été
1881 1868
huile sur toile huile sur toile
60 x 81 cm 85 x 62 cm
collection particulière Berlin, Alte Nationalgalerie

Claude Monet anonyme


Les Petites-Dalles Portrait de Louise Justine Aubrée, d’après le
1881 portrait d’Adolphe Rinck (1839)
huile sur toile 1860
60 x 81 cm pastel sur papier
collection particulière 42 x 34,5 cm
collection particulière
Claude Monet
Villas à Bordighera Alfred Sisley
1884 Effet de neige aux Batignolles
huile sur toile 1868
60 x 73 cm huile sur toile
Potsdam, Museum Barberini 46 x 38 cm
collection particulière
Camille Pissarro
Vue de Louveciennes Claude Monet *
1872 Intérieur ou Méditation ou Méditation. Mme
huile sur toile Monet au canapé
38 x 46 cm vers 1871
collection particulière huile sur toile
48 x 75 cm
Camille Pissarro Paris, musée d’Orsay
Environs de Rouen
1883
huile sur toile
27 x 34,8 cm
collection particulière Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 13
Claude Monet Utagawa Yoshitora *
premier * et deuxième album de dessins La grande bataille de Koromogawa dans la
1856 province de Mutsu
crayon, pastel, aquarelle et craie blanche 1856
21 × 27,5 cm gravures sur bois, tirages sur papier crêpe
collection particulière 26,3 x 19 cm chacune
collection particulière
Toyohara Kunichika et Toyohara
Chikanobu * Utagawa Yoshitora *
La Lune à la rivière Sumida, série « Edo Au 5e étage de la maison Goseirô, nouveau
Hakkei, Vues d’Edo » quartier de Yoshiwara
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe 1872
28 x 20 cm gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
collection particulière 26,7 x 20 cm
feuille centrale d’un triptyque
Toyohara Kunichika collection particulière
Deux personnages dans le quartier des
théâtres Utagawa Yoshitora
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe Au 5e étage de la maison Goseirô, nouveau
28 x 20 cm quartier de Yoshiwara
collection particulière 1872
deux gravures sur bois, tirages sur papier
Utagawa Kunisada II * crêpe
Une soirée au clair de lune dans le quartier 29 x 21 cm et 28 x 20 cm
des théâtres feuille droite d’un triptyque
vers 1864 collection particulière
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
28 x 20 cm Ochiai Yoshiiku *
feuille droite d’un triptyque L’Élevage des vers à soie : essai des graines
collection particulière (œufs) de soie
1868
Utagawa Yoshitora gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
Geisha de la Maison Inamoto à Shin 28 x 20 cm
Yoshiwara collection particulière
vers 1836-1887
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe Utagawa Kunisada II *
28 x 20 cm Genji moderne, visite du jardin
collection particulière gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
28 x 20 cm
Utagawa Yoshitora collection particulière
Deux chanteuses populaires de la maison
Hôrai, nouveau quartier de Yoshiwara Utagawa Fusatane *
époque d’Edo En visite pour voir des pivoines
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe 1862
28 x 20 cm gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
collection particulière 26 x 37 cm
collection particulière
Utagawa Yoshitora *
Soie d’Ashikaga teintée à la main en violet anonyme
vers 1864 Cinq geisha : Shirotae, Kanehisa, Yokitae et
feuille gauche d’un diptyque Namihanato
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
28 x 20 cm 26,2 x 19,2 cm
collection particulière collection particulière

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 14


quelques notices d’œuvres de la collection
Léon Monet

Claude Monet
Vue de Sainte-Adresse
1864
huile sur toile
28,7 x 40,5 cm
collection particulière

Cette petite toile est exécutée depuis la chambre qu’occupait Claude Monet au deuxième étage de
la villa Le Coteau, appartenant à son oncle et sa tante Jacques et Marie-Jeanne Lecadre, à Sainte-
Adresse. Monet séjourne régulièrement chez eux; à la tête d’un commerce prospère, les Lecadre sont
suffisamment fortunés pour s’offrir une belle propriété dans le vallon de cette localité qui, grâce à la
vogue des bains de mer, est alors en plein développement. Jeune artiste à l’avenir encore incertain,
Monet peint de nombreux paysages dans ces lieux, dont le portrait de son père Adolphe Monet lisant
dans un jardin ou Rue à Sainte-Adresse. Il exécute également plusieurs pastels, dont Vue de Sainte-
Adresse, très proche de la peinture.
De sa chambre, Monet peut jouir d’un panorama sur la ville du Havre et la baie de Seine : au premier
plan de la toile, une rangée d’arbres se profile sur un ciel vaporeux éclairé par le lever du soleil.
Les différents plans se succèdent depuis les hauteurs boisées de Sainte-Adresse jusqu’aux eaux
miroitantes de la Seine dans le lointain. Les clochers des églises Saint-Denis de Sainte-Adresse et
Saint-Vincent du Havre sont deux repères architecturaux qui viennent renforcer la profondeur et la
perspective aérienne de l’ensemble.
Cette œuvre est acquise très tôt par Léon Monet. Le célèbre critique du Journal de Rouen, Georges
Dubosc, visite sa collection en 1910. Il se souvient de cette vue prise depuis les hauteurs « par
une des fenêtres de la villa de Mme Lecadre, avec un premier plan sombre de maisons, où pointe
un clocher s’enlevant sur un ciel de couchant gris et rose, rayé de trouées jaunes (petite toile) ».
Quelques années plus tard, il évoque à nouveau les « deux plans de maisons grises et sombres
que dominent deux flèches ». Monet a choisi un site panoramique et, comme de nombreux artistes
avant lui, notamment Joseph Mallord William Turner, il s’est certainement inspiré des lithographies
publiées dans certains guides touristiques. Avant d’exécuter ce tableau, Monet aura sans doute vu des
gravures du Havre telle que celle de l’illustrateur allemand Ludwig Rohbock, Le Havre. Vue depuis les
hauteurs d’Ingouville de 1860.

Géraldine Lefebvre

Claude Monet
La Plage de Sainte-Adresse
1864
huile sur toile
30 x 69 cm
Tochigi, Japon, Tochigi Prefectural Museum
of Fine Arts
© Tochigi Prefectural Museum of Fine Arts

Pour peindre La Plage de Sainte-Adresse, Monet s’est placé sur la grève, en contrebas des falaises
du cap de la Hève. Il tourne le dos à la ville du Havre et prend pour motif la pointe rocheuse qui ferme
la partie la plus septentrionale de la baie de Seine. Cette extrémité sud de la côte d’Albâtre, ce « bout
du monde », est un lieu que l’artiste affectionne tout particulièrement et qu’il choisit comme sujet de
plusieurs pastels et dessins et de son premier tableau de Salon en 1865. La falaise et la plage de galets
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 15
qui occupent la partie droite de la composition sont à contrejour. Mais la roche calcaire blanche est
teintée par les derniers rayons du soleil couchant, encore extrêmement lumineux. Au bord de l’eau,
deux pêcheurs remontent leur barque sur la plage. À gauche, le paysage est aquatique et aérien.
Au loin s’éloigne sur le plan d’eau un voilier enveloppé par la lumière du soir.
Léon Monet se porte acquéreur de plusieurs peintures de son frère exécutées en 1864, à un moment
où les amateurs sont encore rares, et Claude peine à vendre ses toiles. Léon est un soutien de la
première heure puisqu’il fait entrer dans sa collection deux natures mortes et quatre paysages
normands de 1864.

Géraldine Lefebvre

Claude Monet
Navires en réparation
1873
huile sur toile
71,2 x 54 cm
Edimbourg, National Galleries of Scotland,
legs de Lord Amulree, 1984
© Creative Commons CC

Ayant grandi au Havre, Monet est familier du spectacle des grands navires de haute mer qui entrent
dans le port ou en sortent. Sur cette toile, il représente trois voiliers trois-mâts dont l’un est en
réparation. Sur la petite plate-forme flottante édifiée autour de la poupe, on aperçoit des ouvriers
en bleu de travail, qui repeignent la coque et remédient aux dégâts qu’elle a subis. Monet, qui
peint rapidement en plein air, se contente de les esquisser, comme il le fait pour le reste de la
composition, mais malgré le côté spontané de sa technique, il accorde une attention particulière
aux détails nautiques, tels le gréement et les voiles du navire de gauche, le tableau arrière arrondi
du navire du milieu et le mât de beaupré qui sort de la proue du navire de droite. On retrouve ce
même intérêt pour les différents types de construction et de gréement dans les croquis détaillés
de bateaux et de canots qu’il a réalisés pendant son adolescence, dans le même port ou dans ses
environs.
Monet s’installe avec sa famille au Havre en 1845. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Le
Havre – deuxième port maritime de France après Marseille – domine les voies commerciales de
l’Atlantique. Le père de Monet, Adolphe, a obtenu un poste au service de son beau-frère,
Jacques Lecadre, l’un des marchands en gros les plus prospères de la ville. Ayant alors largement
profi té de l’expansion du port, Lecadre possède de grands entrepôts dans la ville basse, où il vend
des fournitures et des produits d’épicerie pour le commerce maritime au long cours.
Retourné à Paris vers 1862, Monet n’en continue pas moins de se rendre fréquemment au Havre
et, non loin de là, à Sainte-Adresse. Peut-être a-t-il eu envie de revenir au thème des bateaux après
avoir vu, dans les années 1860, les scènes portuaires de ses deux maîtres reconnus, Eugène
Boudin et Johann Barthold Jongkind. En 1872, par exemple, il travaille au Havre et à Rouen, autre
port industriel. Navires en réparation, probablement exécuté l’année suivante, est proche, par son
sujet et sa technique, d’Étude de bateaux (vers 1873, Boston, Museum of Fine Arts). Bien que
Monet adopte un point de vue plus éloigné dans la toile de Boston, son idée est, dans les deux cas,
de rendre l’effet d’un jour couvert et les reflets sur l’eau de ces impressionnants navires, avec leurs
gréements complexes. Dans sa palette, il use de tons roses, bleus et jaunes sourds, dispersés dans
toute la composition, même si le tableau d’Édimbourg est d’une tonalité plus atténuée encore.

Frances Fowle

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 16


Claude Monet
Portrait de Léon Monet
1874
huile sur toile
63 x 52 cm
collection particulière

Ce portrait inédit est la seule représentation de Léon Monet par son frère. Il est daté de 1874, année
décisive dans la carrière des deux hommes. Claude présente, à l’occasion de la première exposition
des impressionnistes, le tableau Impression, soleil levant (1872, Paris, musée Marmottan Monet),
qui fait scandale à Paris. Le plus virulent des critiques, Louis Leroy, brocarde cette marine aux allures
d’esquisse, qui bafoue toutes les règles de la peinture académique. Au même moment, Léon Monet
commercialise les nouvelles couleurs à l’aniline de la société Geigy & C° et, en homme de réseau,
fonde la Société industrielle de Rouen. Il parvient rapidement à de nouvelles responsabilités et, en
qualité de membre du comité artistique, suggère aussitôt la création d’un musée des Arts industriels.

C’est un homme au tempérament fort et trempé que Claude Monet saisit dans ce portrait. Si aucun
attribut ne fait référence aux activités de son frère, son statut de notable de province est toutefois
signalé par son costume : Léon porte une redingote avec un gilet coupé droit à la taille, orné d’une
chaîne de montre et une épingle bien visibles sur l’étoffe noire ; le grand col blanc de sa chemise
est relevé, et il porte sa cravate nouée dans un noeud d’arc, ce qui est alors considéré comme une
habitude relativement conservatrice. Un chapeau melon en feutre noir, à la mode dans les années
1870, vient compléter l’ensemble. Monet fixe sans concession les traits du visage de son frère. Une
extraordinaire impression de vie se dégage de ce portrait aux pommettes hautes, au nez aquilin, à
la bouche pincée ceinte d’une barbe noire fournie. L’intensité du regard est soulignée par le sourcil
relevé qui traduit une assurance, voire une certaine autorité chez le personnage. Les nombreuses
petites touches parallèles qui hachurent le visage et le cou montrent l’impatience du geste de l’artiste.
Léon Monet sous le pinceau de Claude s’anime.
Le fond gris vert est rapidement esquissé et n’apporte pas plus d’informations sur le cadre de vie du
modèle, mais vient conforter la légende familiale qui affirme que ce portrait fut campé en plein air,
avant d’être retouché à l’atelier. En effet, une forte lumière émane de l’arrière-plan. Georges Dubosc,
journaliste rouennais qui visite la collection de Léon Monet en 1910, se souvient particulièrement
bien de cette « superbe esquisse que le peintre allait achever, quand Renoir survenu s’y opposa ».
Est-ce l’aspect inachevé de l’oeuvre qui déplut à Léon au point que celui-ci décida de la cacher ? Le
peintre Joseph Delattre semble l’expliquer ainsi. Il rapporte à son ami Charles Angrand une anecdote
au sujet de l’élaboration de ce portrait et de sa réception : « Il y a plusieurs années, M. Claude
Monet ébaucha le portrait de son frère, les touches étaient brutales et cependant à distance ces
touches semblaient être faites l’une pour l’autre, elles s’harmonisaient et le portrait était ressemblant ;
Monet allait procéder à l’achèvement de son portrait quand Renoir et Sisley arrivent dans l’atelier
et en jetant un coup d’oeil sur le portrait, de dire : “N’y touche pas, tu l’éreinterais.” Et le portrait est
resté ainsi tout imprégné de ce tempérament brutal d’artiste. Sais-tu ce qu’a fait Monet, pas Claude,
mais son frère, le chimiste de Déville ? Eh bien, mon cher, il l’a caché. » Delattre, qui ne manque
pas une occasion, dans sa correspondance, de critiquer les choix de Léon, explique ce geste par
son incapacité à juger de la bonne peinture. Il faut davantage y voir une réaction spontanée de rejet
devant l’aspect inachevé de l’œuvre qui a vraisemblablement déplu à l’amateur.

Géraldine Lefebvre

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 17


Pierre-Auguste Renoir
Paris, l’Institut au Quai Malaquais
1872
huile sur toile
46 x 56 cm
collection particulière
© Courtesy of the painting owner

Le 24 mars 1875, à l’instigation d’Auguste Renoir, se tient à l’hôtel Drouot une vente de « Tableaux
et aquarelles par Claude Monet, Berthe Morisot, A. Renoir et A. Sisley ». À l’instar de la première
exposition du groupe des « intransigeants », bientôt nommés « impressionnistes » sous la plume
du critique Louis Leroy dans Le Charivari, cette vente entraîne les critiques les plus acerbes de la
presse de l’époque. Lors de cette vacation, Léon Monet acquiert deux toiles de Renoir, dont Paris,
l’Institut au quai Malaquais. Seules les dimensions (38 x 46 cm) sont erronées, ce qui est souvent le
cas dans les premiers catalogues de vente aux enchères. Malgré le titre inscrit au catalogue – Vue
de Paris (Institut), également reporté sur le revers de la toile –, Léon Monet, fidèle à ses habitudes
de collectionneur, appose une étiquette sur le châssis, mentionnant : « Renoir – Le Pont des Sts
Pères. L’Institut. Collection Léon Monet. »

D’évidence, Renoir a en tête les vues de Paris réalisées par ses aînés, les peintres Camille Corot ou
Johan Barthold Jongkind. Avec Paris, l’Institut au quai Malaquais, il s’inscrit donc dans la tradition,
conserve des tonalités encore sourdes mais fait le choix d’une peinture à la lumière puissante et
à la touche libérée qui s’avère résolument moderne. Renoir organise l’espace en différents plans
et la profondeur est donnée par le subtil échelonnement des personnages qui, d’imposants au
premier plan, deviennent de minuscules silhouettes, sur le pont des Saints-Pères. L’Institut à droite
segmente l’espace en deux zones, au premier plan, le quai Malaquais, puis le quai de Conti dans
son prolongement, caché par l’Institut. Sur l’autre rive, le beffroi de Saint-Germain-l’Auxerrois,
récemment construit (1861), se détache à contre-jour sur l’éclatante blancheur des nuages. Renoir
traduit parfaitement l’activité fourmillante de Paris : là une élégante au petit chien, ici un porteur
d’échelle, vitrier ou ramoneur, des domestiques, deux amis marchant et conversant côte à côte, ou
bien encore ces promeneurs devant les bouquinistes. Cette lumière et cette petite touche esquissée
se retrouvent dans une vue similaire, Le Quai Malaquais (1872), acquise par le collectionneur
François Depeaux sans doute après avoir découvert cette toile chez Léon Monet.

Géraldine Lefebvre

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 18


Claude Monet
Intérieur ou Méditation ou Méditation. Mme
Monet au canapé
vers 1871
huile sur toile
48 x 75 cm
Paris, musée d’Orsay, legs de monsieur et
madame Raymond Koechlin, 1931
© Rmn - Grand Palais / Gérard Blot

À la 23e Exposition municipale des beaux-arts de Rouen, Léon Monet fournit plusieurs tableaux issus
de sa collection, dont deux peintures de son frère, Un canal en Hollande et Intérieur ou Méditation,
représentant un « coin de […] canapé, […] sur lequel tombe la lumière tamisée par un rideau de
mousseline », selon le critique Georges Dubosc du Journal de Rouen. Après Fleurs de printemps
exposé en 1864, une autre stratégie se dessine : choisir de présenter deux sujets consensuels, un
paysage et une figure. Sous ce titre se cache un portrait de Camille Doncieux, modèle préféré de
l’artiste depuis 1865 et son épouse depuis 1870. Le tableau a été réalisé dans l’appartement de
Londres où le jeune couple s’est mis à l’abri de la guerre franco-prussienne.

Ce portrait a porté divers titres. En mai 1871, il apparaît dans la section française de l’Exposition
internationale de South Kensington sous le titre Repose, en anglais, et Méditation, en français. Lors
de son exposition à Rouen en mars 1872, le tableau est rebaptisé Intérieur, peut-être par Léon
Monet qui se charge de toutes les formalités pour son frère. Une année plus tard, le tableau est
vendu à Paul Durand-Ruel au profit de Claude Monet, avec le titre La Lecture. On le retrouve dix
ans plus tard dans le catalogue de la vente Chocquet, à nouveau sous le titre Méditation.
Au-delà du portrait de sa belle-sœur, ce qui a très certainement touché Léon Monet est le travail sur
le tissu de la méridienne. Les fleurs rouges de l’étoffe s’accordent avec le nœud que la jeune femme
porte autour du cou et la reliure de son livre. L’éventail japonais, aux couleurs vives, posé sur la
cheminée, n’est pas sans évoquer la propre collection de Léon Monet, comprenant non seulement
des estampes sur papier crêpé mais également des éventails.

Géraldine Lefebvre

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 19


Camille Pissarro
Environs de Rouen
1883
huile sur toile
27 x 34,5 cm
collection particulière
© Photograph Courtesy of Sotheby’s, Inc.

Pendant les vingt dernières années de sa carrière, Camille Pissarro effectue quatre séjours de
travail à Rouen : l’un en 1883, deux en 1896 et un dernier en 1898. En 1883, l’artiste réside à l’hôtel
du Dauphin et d’Espagne, place de la République, qui appartient à son ami le collectionneur Eugène
Murer. Il est à Rouen début octobre et y reste jusqu’au 28 novembre 1883, passant les trois derniers
jours aux Petites-Dalles. À peine arrivé, il est convié à dîner chez Léon Monet à Déville-lès-Rouen.
L’amateur lui dévoile sa collection, « des Monet et des petits Renoir superbes ! », l’occasion pour
Pissarro de revoir la Vue de Louveciennes, acquise par l’amateur en 1872.
Quelques jours plus tard, Claude Monet annonce au collectionneur et marchand Paul Durand-Ruel
son prochain voyage à Rouen : « Il se peut que j’aille aussi à Rouen dimanche. Mon frère, auquel
je promets depuis si longtemps d’aller le voir, a vu Pissarro et m’attend ces jours-ci. Peut-être
alors nous rencontrerons-nous chez Pissarro. » Pissarro évoque longuement cette visite dans sa
correspondance : « J’ai reçu hier la visite de Monet, de son frère et de son fils, de Durand et son fils ;
nous avons passé la journée ensemble à Deville [sic]. Nous avons été par une journée superbe,
à Canteleu, un village aux environs de Deville, sur une haute colline. Nous avons vu le paysage
le plus splendide qu’un peintre puisse rêver : la vue de Rouen, dans le lointain, avec la Seine se
déroulant calme comme une glace, des coteaux ensoleillés, des premiers plans splendides. C’était
féerique. »
C’est vraisemblablement depuis ce lieu « féerique », où Pissarro se promet de revenir l’année
suivante, qu’il peint cette toile. Installé sur les hauteurs de Canteleu, Pissarro esquisse le panorama
qui se déploie devant lui – une colline verdoyante qui descend doucement vers la petite cité
industrielle de Déville-lès-Rouen. Le clocher polygonal de l’église Saint-Pierre est reconnaissable
avec sa longue flèche pyramidale recouverte d’ardoise. Non loin, une cheminée d’usine en briques
se dresse fièrement à proximité d’un bâtiment industriel. Au premier plan, quelques silhouettes
esquissées pourraient être Léon et Claude Monet, son fils Jean et la famille Durand-Ruel en
promenade en cette belle journée d’octobre 1883. On comprend, dès lors, que Léon Monet ait
acquis ce tableau souvenir, dans un paysage qui lui est si cher et familier, Déville-lès-Rouen et la
basse vallée du Cailly.

Géraldine Lefebvre

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 20


Section 2b Section 2a
La volonté de transmettre La Famille Monet
Entrée

Section 1
Une Jeunesse Havraise

Section 3b Section 5c
Léon Monet,
plan de l’exposition

Monet à Rouen, une


collectionneur révolution de cathédrale

Section 3a
Le tableau révélé
Section 5d
Claude Monet à Giverny,
Section 5b peindre la couleur
La cuisine aux couleurs de
Léon Monet
Section 5a
Rouen, la vallée aux cent cheminées

Section 4
Villégiatures normandes
Sortie

SURETE SECURITE INCENDIE ECLAIRAGE DIVERS


caméra EXT extincteur rail électrique encastré en plafond grille climatisation
détecteur de fumée prise informatique
caméra ronde en plafond

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur


rail électrique suspendu en plafond
extracteur de fumée prise téléphone
téléphone alimentation éclairage suspendu prise électrique
brise-glace
détecteur volumétrique bloc secours boitier divers
éclairage encastré - spot Ø80
boitier WIFI
ouverture issue de secours
éclairage suspendu - spot rectangle sonnerie

21
alarme incendie
boitier de commandes d'éclairage grille au sol
grille au plafond 1m 5m 2 10m
scénographie d’Hubert Le Gall

Le début de l’exposition présente l’environnement géographique et familial des deux frères Léon
et Claude Monet. Deux grands portraits des frères Monet nous accueillent, entourant une peinture
représentant la maison de leur tante dans laquelle ils aimaient se retrouver.

Après quelques photos représentant le Havre et son bord de mer, un écran présente les dessins de
paysages réalisés par Claude Monet dans sa jeunesse. Les portraits de familles réalisés par l’artiste
sont présentés dans un accrochage serré sur un papier peint créé pour l’occasion. Le motif floral
évoque les intérieurs de la fin du XIXe siècle. Cette mise en scène légère permet de souligner le
caractère non officiel mais familial de ces portraits souvent très spontanés. Cette section s’achève
avec un arbre généalogique qui permettra au visiteur de comprendre la descendance des deux
frères.

La section suivante présente Léon Monet collectionneur. Les œuvres des artistes qu’il a collectionnées
sont accrochées de façon classique pour souligner le sérieux de cette collection. Les peintures
sont pour une grande part des paysages qui donnent l’occasion au visiteur de découvrir les côtes
normandes et ses ports. Cette section de paysages se poursuit avec des vues de Rouen réalisées
par les amis artistes et le frère de Leon Monet. Enfin, quelques œuvres de peintres de l’Ecole de
Rouen, ayant appartenues à Léon Monet, viennent compléter l’ensemble.

L’usine de pigments dirigée par Léon Monet est évoquée par de grandes photographies d’usines et
des vitrines montrant les échantillons de couleurs élaborés pour l’industrie textile. Une partie de la
collection d’estampes japonaises de Léon Monet est présentée en regard de ces échantillons. Léon
Monet admirait leurs couleurs éclatantes obtenues grâce à l’utilisation des couleurs synthétiques
d’aniline qu’il commercialisait.

Enfin, l’exposition s’achève en couleur avec la palette de Claude Monet et de grandes toiles du
maître peintes à Giverny.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 22


textes des salles
Le Musée du Luxembourg propose une exposition inédite sur Léon Monet (1836-1917), le frère
aîné de Claude Monet. Au moment où celui-ci, de retour au Havre, peint Impression, soleil levant,
Léon fonde la Société industrielle de Rouen. Il s’associe à la puissante société suisse Geigy & C°,
spécialisée dans les couleurs synthétiques à l’aniline et décide alors d’apporter un soutien actif à
son frère et à ses amis impressionnistes. Ce sont les prémices de la constitution d’une remarquable
collection d’art moderne. Les peintures et dessins de Monet, Sisley, Pissarro et Renoir issus de sa
collection, mais aussi des estampes japonaises, des livres de recettes de couleurs, des échantillons
de tissus, des documents d’archives et de nombreuses photographies de famille apportent un
éclairage inédit sur cette personnalité haute en couleurs. Le parcours met en évidence le goût de
Léon Monet pour les paysages évoquant son enfance passée au Havre et à Sainte-Adresse ou
ceux de son épanouissement professionnel et familial entre Rouen et les Petites Dalles sur la côte
normande. Il dévoile pour la toute première fois au public le portrait énergique que Claude Monet
fait de son frère aîné, en 1874. L’exposition nous conduit au cœur de la fabrication des couleurs
dans une région en plein essor de l’industrie textile et chimique. Ce développement sans précédent
s’accompagne de la découverte de nombreux pigments synthétiques aux propriétés étincelantes,
qui vont impacter la pratique artistique et la palette du peintre.

section 1

Une jeunesse havraise


En 1845, Adolphe Monet, son épouse et leurs deux enfants, Claude et Léon, s’installent au Havre,
accueillis par Jacques et Marie-Jeanne Lecadre, la demi-sœur d’Adolphe. Propriétaires de plusieurs
magasins d’épicerie en gros, les Lecadre, sans descendance, prennent sous leur aile leurs neveux
parisiens. Travailleur, le jeune Léon est recruté comme commis dans l’entreprise familiale. Il choisit
bientôt une voie différente et décide d’étudier la chimie des couleurs. De son côté, Claude est un
élève dissipé qui s’adonne à la caricature sur les bancs de l’école. Les feuilles de l’adolescent de
quinze ans sont bientôt recherchées par les notables havrais qui n’hésitent pas à débourser un louis
pour leur portrait satirique. En 1856, la rencontre avec le peintre Eugène Boudin est décisive pour
le jeune artiste. C’est Boudin qui l’incite à abandonner la caricature et lui propose de l’accompagner
peindre en plein-air. Il apprend le dessin et noircit sur le motif de nombreux carnets de croquis
d’arbres, de bateaux et de roches sur la grève. La même année, Gustave Le Gray photographie la
mer au Havre, relevant un double défi technique, celui de capter le contraste et le mouvement. En
1858, Monet présente à l’exposition de la Société des Amis des Arts du Havre son premier tableau,
Vue prise à Rouelles, réalisé aux côtés de Boudin. Ce dernier présente des peintures dont Gibier et
fruits sur une table dont Claude Monet s’inspirera pour sa Nature-morte aux perdrix de 1861-1862,
acquise par Léon Monet.

section 2

La famille Monet
En 1836, un an après leur union à Paris, Louise Justine et Adolphe Monet accueillent un premier fils,
Léon Pascal et en 1840, un second garçon, nommé Oscar Claude. Alors que Claude se destine très
jeune à une carrière artistique, Léon choisit d’étudier la chimie des couleurs. En 1865, ce dernier
épouse à Paris Etiennette-Joséphine Robert dont Joseph Delattre fait un portrait au pastel quelques
années plus tard. Le couple s’installe en 1869 à Déville-lès-Rouen, où Léon est représentant de
commerce pour la société Geigy & C°. Lorsque son employeur ouvre en 1892 une usine à Maromme,
dans les environs de Rouen, Léon en est nommé directeur et recrute à ses côtés son neveu Jean,
le fils de Claude qui le secondera comme chimiste.
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 23
En 1897, deux ans après la mort de sa première femme, Léon se remarie avec Aurélie Blis. Déjà
mère d’Adrienne, âgée de 11 ans, Aurélie donne naissance à Louise Monet en 1901. La famille
est établie sur le site de l’usine de Maromme, dans une belle maison de maître en pierre et brique
entourée d’un grand jardin, située le long de la rivière du Cailly. Parmi les familiers des lieux, on
compte Blanche Hoschedé-Monet, que Léon côtoie très régulièrement depuis qu’elle a épousé
son neveu Jean en 1897, mais également Claude qui, lors de ses nombreux séjours à Rouen,
ne manque pas une occasion de partager la table de son frère. Ernest et Mary Billecocq et leurs
enfants sont également des amis fidèles de Léon et Aurélie Monet.

Les descendants Monet : la volonté de transmettre


La petite-fille de Léon Monet, Françoise, a grandi dans le souvenir et l’admiration de son grand-
oncle Claude Monet. Choisissant d’étudier la médecine et plus spécialement la dermatologie, elle
soigne et répare la peau, munie d’un scalpel ou d’un bistouri. Avec la même assurance, la même
passion, elle manie les crayons et les pinceaux. S’initiant au dessin académique dans l’atelier du
peintre Robert Savary, directeur des Beaux-Arts de Rouen, elle poursuit sa formation auprès de
László Mindszenti. Françoise aime dessiner les oiseaux et les fleurs, les tissus et les chapeaux,
avec des couleurs vives et gaies. Elle dessine constamment ; son trait est précis, son regard souvent
moqueur. En 1951, Françoise se marie. La cérémonie se déroule dans la propriété de Maromme
en présence d’Aurélie Monet, sa grand-mère, de ses parents et de son frère cadet Philippe. Une
photographie réunit les jeunes mariés devant le portrait de Léon par Claude Monet, immortalisant
ce moment de bonheur familial. Le 21 décembre 2017, Françoise décède près de Rouen, à l’âge de
quatre-vingt-onze ans, non sans avoir émis un souhait, ou plutôt deux. Celui de voir un jour l’histoire
de Léon et de Claude Monet, son grand-père et son grand-oncle, révélée. Et celui que le portrait de
Léon Monet, peint par Claude en 1874, exposé pour la première fois aujourd’hui, rejoigne un jour
les collections publiques françaises.

section 3

Le Chef-d’œuvre révélé
Ce portrait inédit est la seule représentation de Léon Monet par son frère Claude. Il est daté de
1874, année décisive dans la carrière des deux hommes. Claude présente Impression, soleil levant,
qui fait scandale à Paris. La même année, Léon commercialise les nouvelles couleurs à l’aniline
de la Société Geigy & C° et, en homme de réseaux, fonde la Société industrielle de Rouen. C’est
ce frère au tempérament fort et trempé que Claude saisit. Léon porte une redingote, ornée d’une
chaîne de montre et d’une épingle bien visibles sur l’étoffe sombre ainsi qu’un chapeau melon en
feutre noir. L’intensité du regard est soulignée par le sourcil relevé qui traduit une certaine autorité
chez le personnage. Après l’avoir commencé en plein air dans le jardin de Maromme, Claude
décide d’achever le portrait en atelier. Le peintre rouennais Joseph Delattre rapporte que Renoir
et Sisley s’opposèrent à ce que Monet le retouche. Le portrait est ainsi resté tout imprégnée d’une
extraordinaire vitalité. Est-ce l’aspect inachevé de l’œuvre qui déplut à Léon au point que celui-ci
décida de le cacher ? Il faut davantage y voir une réaction spontanée de rejet devant l’aspect brutal
presque caricatural de la vision que son frère donna de lui.

Léon Monet collectionneur


Léon Monet fait partie de la première génération de collectionneurs impressionnistes. Il acquiert
très tôt un certain nombre de paysages et de natures mortes exécutés par son frère, à l’époque où
celui-ci travaille au Havre, à Honfleur et à Étretat, et peine à trouver des clients pour ses œuvres.
Ces premiers achats, dont le caractère intime et familial apparaît d’emblée, sont vraisemblablement
conclus vers 1870. L’amateur apprécie le travail de Camille Pissarro, d’Alfred Sisley et d’Auguste
Renoir, ainsi que celui des peintres de l’école de Rouen et cherche à les promouvoir localement,
malgré l’indifférence des institutions. En 1872, il expose quatre peintures impressionnistes de sa

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 24


collection à la 23e Exposition municipale de Rouen. Le 24 mars 1875, Léon est présent à la première
grande vente impressionniste qui s’ouvre à l’hôtel Drouot, à Paris. Il acquiert aux moins cinq
peintures, se positionnant juste après le marchand Paul Durand-Ruel qui n’en achète pas moins de
18. De Renoir, Léon Monet emporte Vue de Paris. (Institut) et de Monet, Navires en réparation. Des
peintures et dessins d’artistes rouennais, moins connus mais ayant de réelles qualités artistiques,
constituent un ensemble cohérent : on découvre ainsi les noms de Georges Bradberry, Marcel
Delaunay, Joseph Delattre, Charles Frechon ou Narcisse Guilbert. Mais le soutien indéfectible de
Léon envers son jeune frère Claude Monet, dont il acquiert plus d’une vingtaine d’œuvres, donne
toute son unité et sa singularité à cette collection.

section 4

Villégiatures normandes
Le village des Petites-Dalles, situé dans une échancrure géologique formée de très hautes falaises,
jouit d’une situation exceptionnelle. A la fin du XIXe siècle, alors que l’aristocratie et la bourgeoisie
découvrent les plaisirs balnéaires, Léon Monet tombe sous le charme des lieux qui ont conservé
leur caractère authentique. En 1875, il acquiert un terrain et fait construire au bord de l’eau une
petite maison en briques, baptisée la « Maison rose ». Claude Monet rend visite à son frère en 1880
et, séduit par le site, revient l’année suivante et de nouveau en 1884. Chaque année, il peint les
hautes falaises crayeuses et restitue habilement la grandeur sauvage des lieux. Léon acquiert deux
des peintures de la série, l’une représentant la Falaise d’Aval, l’autre la Falaise d’Amont (collection
particulière). Camille Pissarro, invité par Léon en septembre 1883, pose lui aussi son chevalet face
à la mer. Malgré une pluie battante, il peint les majestueuses parois de calcaire et la grève sombre
en contrebas, tout comme Blanche Hoschedé-Monet le fera de manière plus synthétique quelques
années plus tard. En 1897, Léon Monet revend la maison des Petites-Dalles. Dès lors, Léon et
Aurélie Monet, accompagnés de leurs deux filles Adrienne et Louise, souvent rejoints par Jean et
Blanche Monet, décident de passer la période estivale à Etretat, à Pourville et Varengeville (1903,
1904 et 1905) ou à Villers-sur-mer (1907).

section 5

Rouen, la vallée aux cent cheminées


Claude Monet s’intéresse peu à l’aspect industriel de la ville de Rouen. Seules quelques toiles,
comme Le Ruisseau de Robec ou Le Convoi de chemin de fer et quelques dessins, dont les deux
carnets de dessins du musée Marmottan-Monet, à Paris, illustrent l’environnement dans lequel
vivait et travaillait Léon Monet. L’industrialisation des grandes villes au XIXe siècle n’est pas un
thème central de la production de Claude, contrairement à Pissarro par exemple qui, lors de ses
séjours à Rouen en 1883 et surtout en 1896 et 1898, est captivé par les cheminées fumantes des
usines de la rive gauche. Aussi bien dans ses peintures que dans ses dessins et estampes, celui-ci
cherche à montrer l’extension des villes et les nouveaux quartiers qui se forment autour des gares.
En octobre 1883, l’artiste s’installe à l’hôtel du Dauphin et d’Espagne, place de la République. À
peine arrivé, il est convié à dîner chez Léon Monet à Déville-lès-Rouen. L’amateur lui dévoile sa
collection, « des Monet et des petits Renoir superbes ! », l’occasion pour Pissarro de revoir une de
ses peintures, une Vue de Louveciennes, acquise par Léon Monet en 1872. Les peintres Joseph
Delattre, Charles Frechon et Georges Bradberry, par ailleurs dessinateurs de motifs décoratifs pour
l’industrie textile, ont largement représenté la ville de Rouen et ses faubourgs.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 25


La cuisine aux couleurs de Léon Monet
La ville de Rouen est un carrefour unique où se croisent les grands patrons des industries textiles,
les chimistes et les peintres impressionnistes. La vie de Léon Monet est étroitement liée à l’histoire
des « indiennes », d’abord par ses fonctions au sein de la Société industrielle de Rouen, puis comme
directeur de la seule usine française de Geigy & C° située à Maromme. En 1859, trois ans après
la découverte de la mauvéine par William Perkin, l’entreprise de produits chimiques se consacre
à la fabrication de colorants synthétiques à l’aniline. Dans l’usine de Maromme, Léon participe
activement à cette révolution des couleurs. Il commercialise les nouvelles couleurs et se spécialise
dans l’impression des cotons et dans les teintures pour soie (bleus fins, safranine…), laine (violet
et fuchsine à l’acide, bleu gallamine au chrome…) et coton (noirs et bruns diphényle, jaune soleil,
substitut d’indigo…). Une petite équipe travaille à ses côtés, dont le chimiste mulhousien Joseph
Zubelen et son neveu Jean Monet, qui le rejoint en février 1891. En mars 1892, Claude Monet, qui
travaille face à la cathédrale, participe à un dîner avec les amis chimistes de son frère. Le 11 avril
1893, il visite avec beaucoup d’intérêt l’entreprise de Léon à Maromme et la fabrique d’indiennes de
Charles Besselièvre, qui se trouve à proximité.

Peintures, étoffes et tissus


À la 23e exposition municipale des Beaux-Arts de Rouen, Léon Monet présente plusieurs tableaux
issus de sa collection personnelle dont une peinture de son frère, intitulée Intérieur, représentant un
coin de canapé, sur lequel tombe « la lumière tamisée par un rideau de mousseline ». La description
précise qu’en donne Georges Dubosc dans le Journal de Rouen permet d’identifier Méditation, un
portrait de Camille Doncieux, modèle préféré de l’artiste depuis 1865 et son épouse depuis 1870.
Au-delà du portrait de sa belle-sœur, c’est le travail sur les couleurs du tissu de la méridienne qui a
certainement touché Léon Monet dans ce tableau. Les fleurs rouges s’accordent avec le nœud que
la jeune femme porte autour de son cou et la reliure de son livre. L’éventail japonais, aux couleurs
vives, posé sur la cheminée n’est pas sans évoquer la propre collection de Léon Monet, comprenant
non seulement des crépons mais aussi des éventails, visibles sur une photographie de l’album
familial (vitrine).

Les crépons japonais. Papier ou tissu ?


Dans la seconde moitié du XIXe siècle, artistes, marchands et collectionneurs se passionnent
pour les éventails uchiwa, les estampes ukiyo-e et les crépons japonais chirimen-e. Léon, qui a
très certainement admiré à Giverny l’impressionnante collection d’estampes constituée par son
frère, est davantage séduit par les crépons, dont il acquiert au moins quinze pièces. Découvert en
France vers 1860, le crépon est un simple papier d’emballage illustré protégeant les marchandises
importées du Japon. L’estampe, sur ce papier crêpé, proche de l’étoffe, se caractérise par ses
couleurs puissantes à base d’aniline. On comprend dès lors pourquoi Léon, représentant de la
société suisse Geigy & C°, s’est tout particulièrement intéressé à ces estampes. Elles représentent -
à l’exception d’une scène guerrière - des figures féminines, prenant le frais sur une terrasse, visitant
un jardin de pivoines ou occupées à la sériciculture.

Monet à Rouen, une révolution de cathédrale


En 1864, Claude se rend pour la première fois à Rouen. Il s’agit d’une halte sur la route du Havre
en compagnie de son ami Frédéric Bazille. En 1872, alors qu’il présente à l’exposition municipale
deux de ses peintures dont Méditation, Monet met à profit son séjour pour peindre des vues de la
ville depuis le fleuve dont La Seine à Rouen (Shizuoka Prefectoral Museum of Art). Il faut ensuite
attendre presque vingt ans pour qu’il revienne peindre à Rouen. En février 1892, après avoir
exécuté deux vues générales de la ville (Rouen, musée des Beaux-Arts), Monet se concentre sur
la cathédrale (Paris, musée d’Orsay). Prenant pour sujet la façade du monument de pierre, l’artiste
en fixe les plus fugaces variations lumineuses. En 1895, il expose à la galerie Durand-Ruel à Paris
le fruit de ses campagnes de 1892 et 1893, provoquant, pour reprendre le titre de l’article élogieux
de Georges Clemenceau, une Révolution de cathédrale dans le monde de l’art.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 26


Monet à Giverny. Peindre la couleur
En 1899, Monet commence à peindre son jardin de Giverny qui devient rapidement son unique
thème d’inspiration. Il travaille alors ses motifs dans des formats variés de plus en plus grands.
En 1912, on lui diagnostique une cataracte qui altère sa perception des couleurs. Ayant de plus
en plus de mal à reconnaître les nuances et les teintes, Monet se fie uniquement aux étiquettes
de ses tubes de couleurs et à l’ordre qu’il adopte sur sa palette. Il peint la première série de la
Maison vue du jardin aux roses en 1922, en s’installant sous les tilleuls au sud-ouest de sa maison.
Avant d’entamer la seconde série sur le même thème, l’artiste exécute Le Jardin à Giverny, qui
sans rompre avec le sujet est une de ses toiles les plus expressément abstraite. La touche large
et libre s’affirme de manière autonome par rapport au sujet et tend à s’imposer de plus en plus en
une gestuelle. Monet invente ici un nouveau langage pictural en éliminant les détails réalistes des
peintures précédentes – la maison, le ciel, les bosquets et les roses - pour ne conserver que les
masses colorées, les vert, rouge et jaune comme autant de signes d’une nature foisonnante.

La Palette de Claude Monet : pigments naturels ou synthétiques ?


Claude Monet ne s’exprime guère, dans ses écrits et sa correspondance, au sujet des couleurs qu’il
utilise. Il a pourtant évolué dans un milieu particulièrement intéressé par ces questions. Au Havre, ses
mécènes François et Joachim Gaudibert sont marchands de couleurs ; à Paris, Ernest Hoschedé,
client de la première heure, dirige une maison, spécialisée dans le commerce des indiennes. À
Maromme, Léon Monet commercialise les nouvelles couleurs synthétiques à l’aniline. Au cours
du XIXe siècle, ces pigments synthétiques attirent l’attention des artistes par leurs propriétés, et
notamment leur éclat. Ce qui est en jeu n’est pas tant le « rouge », par exemple, mais l’opposition
entre pigments naturels (vermillon, cochenille, garance) et pigments synthétiques (l’alizarine, le
rouge de garance obtenu chimiquement). L’examen de la palette impressionniste a confirmé que la
presque totalité des pigments utilisés par les artistes était synthétiques. Il est toutefois impossible
d’affirmer que Claude Monet s’est servi des couleurs à l’aniline mises au point et commercialisées
par Léon Monet. Mais l’hypothèse est plus que séduisante, et n’attend qu’une étude approfondie.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 27


quelques citations
« Voilà les merveilles que produit un grand peintre avec ces procédés singuliers : il fait de l’art avec
de la chimie. Mais qu’il lui faut d’habilité et de science ! »
Paul Lorquet, Les Maîtres d’aujourd’hui, Paris, Firmin-Didot & Cie, 1901. Paul Lorquet dans son
ouvrage consacré aux maîtres d’aujourd’hui examine en un long développement la peinture de
Monet avant de conclure par cette phrase.

« Mais non, monsieur Monet, vous n’êtes pas naturaliste... Bastien-Lepage est beaucoup plus près
de la nature que vous ! Les arbres dans la nature ne sont pas bleus, les gens ne sont pas violets...
et votre grand mérite est justement de les avoir peints ainsi, comme vous les sentez, par amour de
la belle couleur, et non tels qu’ils sont...»
Journal inédit de Paul Signac. Saint-Tropez, 23 août 1894

« Les critiques de l’époque s’acharnaient sur lui, en affirmant que sa peinture prouvait qu’il ne savait
pas dessiner.» « Ah ! s’ils avaient vu les dessins qu’il faisait dans sa jeunesse ! »
Léon Monet s’adressant à Thérèse Billecocq en 1912

« Quand vous sortez pour peindre, essayez d’oublier quels objets vous avez devant vous, un arbre,
une maison, un champ ou quoi que ce soit. Pensez seulement ceci : voici un petit carré de bleu, de
rose, un ovale vert, une raie jaune, et peignez exactement comme ils vous apparaissent, couleurs
et formes exactes, jusqu’à ce qu’ils vous donnent votre impression naïve de la scène qui se trouve
devant vous. »
Claude Monet (propos rapportés par Lilla Cabot Perry, « Souvenirs 1889-1909 », The American
Magazine of Art, no 3, mars 1927, traduit de l’anglais par Patrice Cotensin, Paris, L’Échoppe, 2009)

L’écrivain Jérôme Doucet (1865-1957) fait le déplacement à Maromme afin de visiter l’usine de
production Besselièvre (voisine de celle de Léon Monet). Ebloui par ce qu’il découvre dans la vallée
du Cailly, il publie un article aussi poétique qu’édifiant sur le fonctionnement de la manufacture. Ses
mots métamorphosent les bâtiments de l’usine en une cathédrale des temps modernes :
« Au fond de la vallée où se dressent aussi cent clochers, clochers modernes, cylindriques et lisses,
dédaigneux des ajourages de sculpture, clochers de Notre-Dame de l’industrie, clochers que l’on
nomme des cheminées ; on en voit un plus haut et plus fier que les autres, cercle de fer comme
d’une cuirasse, portant au front la couronne, couronne crénelée comme les murailles d’un vieux
donjon commandant à la plaine alentour. C’est la cheminée centrale de l’usine Besselièvre. »

André Gide, neveu de l’indienneur rouennais Henri Rondeaux nous éclaire sur les méthodes de
travail jusqu’alors utilisées dans l’industrie normande dans les années 1870. Dans ses souvenirs
d’enfant relatés dans Si le grain ne meurt (1924), un pavillon toujours clos sert à la fabrication
secrète des couleurs.
« La fabrique du Houlme était alors une des plus importantes usines de Rouen, dont le commerce
était encore prospère. On n’y fabriquait point les tissus ; on les imprimait seulement.
[...]
Contre la rivière, un petit pavillon toujours clos, où se fabriquaient en secret les couleurs, exhalait
une odeur bizarre et que l’on finissait par aimer. Dans la salle des machines je serais volontiers
resté des heures à contempler le passage des toiles sous les rouleaux de cuivre brillant qui les
chargeaient de couleur et de vie ; mais il ne nous était pas permis, à nous enfants, d’y aller seuls.
En revanche, nous entrions sans demander la permission dans le grand magasin, chaque fois que
nous en trouvions la porte ouverte. C’était un vaste bâtiment où s’empilaient en ordre les pièces
d’étoffe imprimée, enroulées et prêtes à être livrées au commerce. »

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 28


extraits de la correspondance de Claude Monet
25 février 1872. Lettre de Monet à Pissarro : « Mon cher Pissarro. Je vous envoie ci-joint une lettre pour
l’exposition de Rouen que mon frère vient de m’envoyer pour vous, vous priant de remplir la notice afin que
mon frère puisse envoyer le tableau qu’il a de vous à l’exposition. Vous n’avez par conséquent qu’à mettre
le titre du tableau et de bien mettre que ledit tableau appartient à M. L. Monet de Rouen. Maintenant, si vous
avez la moindre chose à envoyer personnellement, indiquez-le sur la même notice avec le prix. Mon frère
pourra peut-être vous faire vendre. »

31 janvier-21 février 1883. Monet est à Etretat. Son frère vient passer le premier dimanche de son séjour.
Dans ses déplacements périlleux, il est obligé de lui « donner la main comme à une dame. »

18 octobre 1883. Monet écrit à Paul Durand-Ruel : « II se peut que j’aille aussi à Rouen dimanche. Mon
frère, auquel je promets depuis si longtemps d’aller le voir, a vu Pissarro et m’attend ces jours-ci. Peut-être
alors nous rencontrerons-nous chez Pissarro. »

19 octobre 1883. Lettre de Pissarro à son fils Lucien : « J’ai dîné avec le frère de Monet à Déville-lès-Rouen ;
il m’a montré des Monet et des petits Renoir superbes ! »

4 septembre 1884. Lettre de Monet à Pissarro : « Je viens de revenir des Petites-Dalles. » Pissarro connaît
bien le lieu où il a travaillé à l’automne 1883.

29 février 1888. Lettre de Monet, Cap d’Antibes à Alice, Giverny : « J’écris à mon frère sans grand espoir,
le priant d’adresser à Jean ce qu’il pourra, acompte sur les tableaux, si peu que ce soit, cela vous viendra
toujours en aide. »

18 mars 1892. Monet écrit à Alice : « J’ai été pincé par mon frère (jour de bourse) et j’ai dû aller dîner avec
ses amis les chimistes, sans même pouvoir regarder ce que j’ai fait dans la journée ». Il se plie à la volonté
de Léon et participe à ce dîner.

16 août 1892. Pissarro, dans une lettre adressée à son fils Lucien se rendant à Rouen, évoque les souvenirs
que lui a laissé cette ville : « […] N’oublie pas de faire voir à Esther la splendide vue de Rouen des hauteurs
de Canteleu. C’est si superbe que j’en ai gardé un souvenir de regret de n’avoir pu y faire une étude.
Naturellement vous irez sur les hauteurs de Bonsecours. Vous irez, je l’espère, pendant que vous êtes
là, voir le frère de Monet à Déville. [Ils sont peut-être encore aux Petites-Dalles à la mer. Tu auras des
renseignements facilement.] »

31 mars 1893. Lettre de Monet à sa femme Alice, de Rouen : « Il est 9 heures et demie et malgré une énorme
journée de travail j’ai dû diner ce soir vendredi avec le frère et ses amis les chimistes. »

5 avril 1893. « Je n’ai eu que le temps de sauter dans une voiture pour arriver à Déville en temps pour diner.
Je n’en peux plus. Je suis furieux après moi de ma lenteur. Tout change, quoique pierre. Enfin, je suis las et
dégouté et pense plier bagage dimanche matin. … Je n’avais pas vu Jean hier, il était mal à l’aise et s’était
couché sans diner. Je lui ai trouvé très mauvaise mine, il était du reste fatigué de sa journée passée à la
fabrique avec les chimistes de Bâle ; mais il a pour sûr, quelque chose aux intestins : il est absolument fermé
à clef comme tu dis. »

10 avril 1893. « J’ai profité d’un moment de liberté ce matin pour annoncer mon départ à Depeaux, qui
naturellement m’a demandé de venir diner chez lui ce soir et j’en sors. Demain matin, je travaillerai de 6
heures et demie à 8 heures et demie après quoi j’irai à Maromme voir la fameuse fabrique. Je viens de voir
Jean, toujours avec son chimiste ; il paraît mieux et tous deux sont ravis de la belle promenade qu’ils ont
faite hier. »

11 avril 1893. « Ce matin, après avoir été travaillé de 6 à 8 heures, je suis allé à Maromme voir la fabrique qui
est, en effet, dans un assez joli endroit, puis, à la grande joie du frère, nous sommes allés visiter la fabrique
Bessellière ; c’est du reste épatant et très intéressant. »

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 29


extraits du catalogue de l’exposition
Léon Monet, un frère haut en couleurs

Le portrait que Claude Monet fait de son frère Léon en 1874 saisit l’image d’un homme au regard
incisif, aux pommettes hautes et vivement colorées, affirmant un caractère aussi volontaire que
truculent.
Mais qui est Léon Monet, ce frère oublié, qui fut chimiste, marchand de couleurs, collectionneur
et mécène des impressionnistes ? Décrit par certains, comme un homme « cordial et franc », à
« l’intelligence vive et prompte », il a pour d’autres « mauvais caractère », ce que semble confirmer
Claude quand il le dit « maniaque et dur ». Dans son entourage professionnel, Léon apparaît comme
un travailleur, discret et zélé. Bref, un homme de tempérament qui, pendant près de soixante ans,
a fidèlement appuyé et encouragé la carrière artistique de son frère. Malgré quelques brouilles
de courte durée, une amitié fraternelle, doublée d’une passion commune pour la couleur, lie les
deux hommes. Soutien indéfectible, Léon suit pas à pas les débuts artistiques de son frère et
l’accompagne sur le chemin de la reconnaissance officielle.
[...]

Une biographie, toute en couleurs


Léon Pascal Monet naît à Paris en 1836 dans une famille de commerçants aisés. En 1845, la famille
Monet s’installe au Havre, deuxième port français à la prospérité grandissante. Ils sont accueillis
par Jacques et Marie-Jeanne Lecadre, la demi-sœur de son père Claude-Adolphe. Propriétaires
de plusieurs magasins d’épicerie en gros, les Lecadre ont très bien réussi. Sans descendance,
ils accueillent leurs neveux parisiens, Léon, qui n’a pas encore dix ans, et son cadet Claude, âgé
de cinq ans. Travailleur, le jeune Léon, est recruté à dix-huit ans comme commis dans l’entreprise
Lecadre. De 1855 à 1865 on perd sa trace, pour la retrouver à Paris. Le 21 février 1865, Léon épouse
Étiennette Joséphine Robert, une jeune fille originaire de la Haute-Marne. Il est alors négociant et
entretient déjà des relations commerciales dans la région rouennaise comme semble l’indiquer la
profession d’un de ses témoins de mariage Adolphe-Marie Lucas, chimiste à Déville-lès-Rouen.
C’est dans cette commune industrielle de la vallée du Cailly que les Monet s’installent vers 1869.
A cette date, Léon est recruté comme représentant de commerce par la puissante société suisse
Geigy & C° qui vient d’ouvrir un bureau à Déville-lès-Rouen. À la fin de l’année 1892, l’entreprise
décide d’établir un site de production à Maromme, ce qui précipite le déménagement de la famille,
dans une grande maison située sur le même terrain que la manufacture.
De santé fragile, la femme de Léon décède en 1895 sans descendance. Le 18 mai 1897, Léon
épouse Aurélie Blis à Paris. La jeune femme est au service des Monet depuis plusieurs années
comme cuisinière. Au moment de son mariage, elle est mère d’une petite fille de onze ans, Adrienne
[...] Le 25 mars 1901, Aurélie met au monde une seconde fille, Louise Madeleine Jeanne Monet. [...]
Les deux frères se fréquentent régulièrement pendant les années 1870-1880. Seules quelques
querelles d’argent sans conséquence vont ternir leurs bonnes relations. Dans un rapport sur
la création de l’entreprise Geigy & C°, Léon apparaît comme un « français fougueux, aimable,
compétent et travailleur, mais peu soigneux de ses affaires d’argent, toujours à sec ». Développant
le propos, l’auteur de la note évoque les dettes contractées par Léon durant les années 1880 et
le « contrôle financier serré » qui a été mis en place par l’entreprise. Ces difficultés expliquent les
tensions entre les deux frères. [...]
Léon est même le témoin de Claude en 1892 lors de son second mariage avec Alice Hoschedé.

La Société Industrielle de Rouen


Le 6 septembre 1872, Léon propose aux industriels et chimistes des fabriques d’Indiennes de la
région, dont un certain nombre sont d’origine alsacienne, la création d’une Société Industrielle à
Rouen (SIR) sur le modèle de celle de Mulhouse (SIM), fondée cinquante ans auparavant. [...]
S’inspirant du musée industriel de la SIM, avec lequel il entretient des relations étroites, le musée

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 30


rouennais réunit des catalogues d’échantillons de tissus, destinés à l’origine à la clientèle et aux
magasins pour qu’ils puissent faire leur choix en évaluant la qualité de la texture, des couleurs ou
du dessin. Le regroupement de ces catalogues permet d’informer sur les évolutions de la mode et
de stimuler la création des dessinateurs industriels par l’exemple.
[...] En 1879, la SIR s’établit dans l’ancienne Halle aux toiles de Rouen, à proximité de la cathédrale,
non loin du lieu où Claude s’installera pour la peindre.

[...] Les actions de parrainages menées par Léon, la qualité de ses contacts et de ses liens d’affaires
font vraisemblablement évoluer les mentalités vers une plus grande ouverture à l’art moderne. La
SIR réunit la fine fleur de l’industrie rouennaise - les Gros-Renaud, Keittinger, Chiffray, Delamarre-
Debouteville, Wallon -, auxquels Léon Monet fournit ses colorants synthétiques. [...]

La Société Geigy & C°, « ces Messieurs de Bâle »


La vie de Léon est étroitement liée à l’histoire de l’industrie locale par sa position au sein de la SIR
mais également par ses fonctions de directeur de la seule filiale française de Geigy & C°, à Maromme.
L’entreprise de produits chimiques et colorants, la plus ancienne de Bâle, a été fondée, en 1758,
par Jean-Rodolphe Geigy-Gemuseus. En 1857, son arrière-petit-fils Jean-Rodolphe Geigy, associé
à Ulrich Heusler, acquiert un terrain à Bâle, où il édifie une usine d’extraction de teinture. En 1859,
trois ans après la découverte de la mauvéine par William Perkin, Geigy se consacre à la fabrication
de colorants synthétiques, en commençant par la préparation de la fuchsine synthétique. Dans
les années 1860, l’alliance avec la puissante famille Kœchlin de Mulhouse permet à l’entreprise
d’acquérir une envergure mondiale dans le secteur de la chimie moderne. Elle s’oriente rapidement
vers la production de couleurs synthétiques à l’aniline, concentrant sa production sur le marché des
teintures industrielles, des pigments et du textile. En 1875, l’entreprise exporte des colorants vers
l’Amérique, l’Inde, la Chine, le Japon, Java et les îles Philippines. En 1881, le traité de commerce
franco-suisse, qui contient des dispositions protectrices pour la France, touche l’industrie des
colorants et vient marquer un arrêt brutal à ces années de croissance continue.

Sous l’impulsion de Léon, et afin de contourner une nouvelle hausse des tarifs douaniers français,
« ces messieurs de Bâle » décident de fabriquer à Rouen. Le choix se porte sur Maromme, petite
cité industrielle, qui s’est spécialisée très tôt dans la production de couleurs de teinture. Trois
hommes jouent un rôle déterminant dans la création de la filiale française : Léon, représentant de
Geigy à Rouen depuis plusieurs années, le chimiste Joseph Zubelen et Carl Kœchlin, qui se charge
de l’aspect fonctionnel de l’entreprise. Le 3 décembre 1892, Zubelen et Kœchlin décident de louer
la propriété Marion, 29 rue de l’église. Le terrain, est situé le long de la rivière du Cailly, sur lequel
se trouvent des bâtiments d’usine abandonnés et un ancien moulin à papier. Léon est chargé de
la réhabilitation de l’usine vacante ; il organise les bureaux et les magasins et un laboratoire de
chimie, nommé familièrement « cuisine aux couleurs ». André Gide, neveu de l’indienneur rouennais
Henri Rondeaux, nous éclaire sur ce lieu mystérieux. Dans ses souvenirs d’enfant relatés dans
Si le grain ne meurt en 1924, il se souvient du lieu de la fabrication des couleurs, à la fabrique
du Houlme : « Contre la rivière, un petit pavillon toujours clos, où se fabriquaient en secret les
couleurs, exhalait une odeur bizarre et que l’on finissait par aimer. Dans la salle des machines je
serais volontiers resté des heures à contempler le passage des toiles sous les rouleaux de cuivre
brillant qui les chargeaient de couleur et de vie… » À la fin de décembre 1892, Léon s’installe avec
sa famille à proximité de la fabrique, dans une grande maison d’habitation, située au milieu d’un
jardin arboré de deux hectares, comprenant une serre, un potager, un poulailler et des écuries.
[...]

Le 24 décembre 1894, Geigy & C° devient propriétaire du terrain de deux hectares comprenant la
cité ouvrière avec cinq maisons [...]. L’ensemble est loué à l’« Usine de Maromme » [...]. la maison
principale où vivent les Monet est entièrement restaurée.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 31


Un intérêt partagé pour la couleur
Dès la création de la SIR, en 1872, les chimistes rouennais se positionnent ouvertement dans la
voie du progressisme en s’engageant dans le domaine de la chimie organique. [...] Ce choix de
la modernité contre le conservatisme industriel est d’autant plus intéressant que les peintres vont
également la plébisciter. [...] En 1877, l’entreprise introduit ce que l’on appelle le « substitut indigo »,
qui est un indigo de synthèse, utilisé dans la teinture du coton. La combinaison de colorants naturels
et de colorants artificiels (le bleu de gallamine au chrome) trouve des débouchés considérables
dans l’impression sur étoffes.
[...]
Pour les peintres, les nouvelles couleurs, désormais disponibles en tubes, faciles à transporter,
favorisent ainsi la peinture de plein air. L’intérêt des deux frères Monet pour la couleur et ses
applications dans les arts n’échappe pas à leurs contemporains. Lors du banquet organisé à
l’occasion des 40 ans de la SIR, Léon est mis à l’honneur et applaudi comme le « véritable fondateur »
de l’association. Maurice Lemarchand, adjoint au Maire et ancien Président de la SIR, fait « un
heureux rapprochement entre le mérite de M. L. Monet, chimiste et fondateur de la Société Industrielle,
et celui de Claude Monet, l’un des maîtres universellement connus de la peinture moderne. » La
corrélation entre les deux frères et la notion de « modernité » prend tout son sens quand il est
question de leurs travaux respectifs sur la couleur, depuis presque trois décennies.

La palette du peintre
En 1901, dans son ouvrage consacré aux Maîtres d’aujourd’hui, Paul Lorquet examine en un
long développement la peinture de Claude Monet avant de conclure par cette phrase « Voilà les
merveilles que produit un grand peintre avec ces procédés singuliers : il fait de l’art avec de la
chimie. Mais qu’il lui faut d’habilité et de science ! » Claude s’avère peu enclin à aborder le sujet des
couleurs qu’il utilise allant même jusqu’à dire à Durand-Ruel en 1905 : « Quant aux couleurs que
j’emploie, est-ce si intéressant que cela ? […] Bref, je me sers de blanc d’argent, jaune cadmium,
vermillon, garance foncée, bleu de cobalt, vert émeraude, et c’est tout. » [...] À partir de 1900, les
rencontres se font plus rares et les tensions plus fréquentes entre les deux frères. [...] En ces années
précédant la Première Guerre mondiale, les maisons d’impression rouennaises se heurtent à des
difficultés techniques, notamment le coût croissant des produits chimiques, et rentrent désormais
en concurrence avec l’industrie du fils coloré. Le nombre des maisons d’impressions normandes ne
sera plus que de neuf en 1917.
Les dernières années de vie de Léon, décédé en 1917, voient l’éloignement définitif des deux
frères. Mais cette regrettable séparation ne saurait effacer le lien profond et la complicité créative
entre un collectionneur, chimiste en couleurs, et l’un des plus grands artistes de la seconde moitié
du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.

Géraldine Lefebvre

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 32


Peindre à Rouen : Claude Monet chez son frère Léon

Le soutien accordé par Léon Monet aux jeunes impressionnistes est fondamental : très tôt, dès
1870, Léon s’engage auprès de son frère Claude et de ses amis en faveur de la nouvelle peinture
dont ils sont les représentants les plus emblématiques. Spontanément, il collectionne des œuvres
de Claude Monet, mais également d’Alfred Sisley, de Camille Pissarro ou encore d’Auguste Renoir.
En plus de ses achats directs aux artistes, Léon prête les tableaux de sa collection à différentes
expositions, participant ainsi à leur diffusion et à leur valorisation.
C’est à Rouen, où Léon Monet est installé depuis le tout début des années 1870, que ce soutien
s’avère le plus manifeste. Représentant de commerce pour la fabrique bâloise de couleurs d’aniline
Geigy & C° à Déville-lès-Rouen, il est à l’initiative, avec son ami Charles Besselièvre en 1872, de la
Société industrielle de Rouen (SIR). Il y proposera l’organisation d’expositions dans le but de faire
connaître la nouvelle peinture de son frère dans cette ville, contribuant ainsi à faire éclore le goût
pour la peinture impressionniste chez les industriels rouennais, au premier rang desquels figurent
Félix et François Depeaux.
En outre, Léon a exercé une influence directe sur l’art de son frère. En effet, les séjours de ce
dernier à Rouen ont tous été motivés par le fait que Léon y vivait.
Le premier passage de Claude à Rouen, en compagnie de son ami Frédéric Bazille, est daté 1864. Il
ne s’agit pas d’un séjour à proprement parler, mais d’une halte sur la route du Havre qu’ils gagneront
par la Seine. [...]
Après un deuxième passage à Rouen en 1870 , Claude est à Rouen en 1872. À l’instigation de son
frère, il présente Intérieur et Un canal en Hollande à la XXIIIe exposition municipale de Rouen (31
mars – 15 mai). Ces deux toiles appartiennent à Léon, tout comme les œuvres de Pissarro (Vue
de Louveciennes) et d’Alfred Sisley (Canal Saint-Martin), figurant à cette même exposition. Cette
fois, Claude, qui vit alors à Argenteuil et revient d’un séjour aux Pays-Bas, réalise de nombreuses
vues de la ville depuis la Seine. L’étude des reflets changeants sur l’eau constitue l’une de ses
principales préoccupations artistiques. Sur les onze toiles réalisées, huit sont en effet des vues de
la Seine [...] Pendant cette campagne de peinture, Claude ne se concentre par sur l’activité du port,
pourtant intense ; l’agitation des quais ne retient guère son attention. Il porte plutôt son regard sur
les silhouettes majestueuses des trois-mâts qui mouillent au port.
[...] La présence de Léon aux portes de Rouen permet à Claude de découvrir des paysages inédits
et de les inscrire dans le répertoire de la modernité picturale qu’il concourt à créer au début des
années 1870.
Jusqu’alors, que ce soit à Paris, à Argenteuil, à Bougival, sur la côte normande ou aux Pays-Bas,
les paysages industriels n’avaient encore jamais retenu l’attention du peintre. Cette expression des
bouleversements de la société, dont il se fait par ailleurs le témoin en montrant le développement
des gares et du chemin de fer, ou encore l’évolution de l’urbanisation de la banlieue parisienne, ne
constituera jamais un thème central dans sa production. Contrairement à Pissarro par exemple qui,
lors de ses séjours à Rouen en 1883 et surtout en 1893, sera captivé par les cheminées fumantes des
usines de la rive gauche, Claude ne poussera pas ultérieurement l’exploration de l’industrialisation
des paysages. L’intervention de Léon, qui lui fait découvrir des panoramas méconnus, lui permettra
d’expérimenter la composition de scènes contrastées.
Il faudra attendre presque vingt années pour que Claude revienne peindre à Rouen : il y est appelé
en février 1892 pour régler, avec son frère, la succession de sa demi-sœur. Il s’installe à l’hôtel
d’Angleterre jusqu’à la mi-avril, avant de repartir. La défense des intérêts financiers de sa famille
n’empêcher pas Claude de mettre à profit ce séjour pour entreprendre une série de toiles qui vont
révolutionner l’histoire de l’art.
Claude commence cette campagne rouennaise en s’attelant à un point de vue maintes fois représenté :
celui de la côte Sainte-Catherine. [...] Après avoir réalisé des vues générales de la ville, Claude se
consacre à l’édifice central et emblématique de Rouen : la cathédrale. Avant d’en aborder la façade
occidentale d’une façon frontale, Claude semble tourner autour de son sujet. Il réalise, par exemple,
un tableau de la rue de l’Épicerie.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 33


[...]
Ensuite, il s’approche peu à peu du monument et exécute, en plein air, deux toiles de la cour
d’Albane, qui montrent le contraste existant entre les demeures modestes et l’imposant édifice
auquel elles sont adossées. Puis Claude adopte un point de vue frontal sur la cathédrale depuis
un appartement vide appartenant à M. Louvet, situé au no 31 de la place de la Cathédrale. L’artiste
déplacera son atelier chez le « marchand de nouveautés » Fernand Lévy, au no 23 de la place de
la Cathédrale, dans l’ancien Bureau des finances. En 1893, ne pouvant plus travailler depuis cet
atelier, il s’installe chez M. Mauquit, au no 81 de la rue du Grand-Pont. Il peindra également à ce
moment-là depuis le premier atelier qu’il a occupé, chez M. Louvet. On imagine l’aide apportée par
François Depeaux et par les connaissances rouennaises de Claude pour trouver ces ateliers offrant
une vue privilégiée sur la cathédrale .
Sans doute Léon a-t-il également été d’un grand soutien pour l’organisation de ces séjours rouennais.
[...]
En 1895, Claude Monet expose le fruit de ses campagnes de 1892 et de 1893 à la galerie Durand-
Ruel, à Paris, provoquant une révolution dans le monde de l’art. Durant ces années cruciales, le
rôle d’instigateur de motifs joué par Léon a été moins important. Toutefois, son indéfectible soutien
moral, ses nombreuses invitations et visites ont permis à Claude Monet de surmonter l’incroyable
défi qu’il s’est lancé : fixer les variations lumineuses les plus fugaces de la façade d’un monument
érigé pour l’éternité.

Jeanne-Marie David

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 34


Aux Petites-Dalles, chez Léon Monet. L’invention d’un motif

[...]
Situé à mi-chemin entre Saint-Valery-en-Caux et Fécamp, le village des Petites-Dalles jouit d’une
situation exceptionnelle. Dans une échancrure géologique formée de très hautes falaises dressées
à pic, les maisons s’étagent à flanc de coteau dans un étroit vallon. À marée basse, alors que
se découvrent les dalles des soubassements rocheux, le panorama s’étend de Dieppe au nord à
Étretat au sud. Le site, exposé au grand vent de la mer, garde son aspect sauvage. Son charme
authentique et désuet agit tour à tour sur des artistes comme Eugène Delacroix, Berthe Morisot,
Claude Monet, Camille Pissarro, Blanche Hoschedé-Monet, mais aussi Paul Valantin, Élie Nonclercq
et Henri Bellery-Desfontaines. Les écrivains Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Jules Verne,
Ernest Daudet (le frère d’Alphonse) y résident un temps et contribuent par leurs écrits à la renommée
de la station.

Léon Monet découvre le village au début des années 1870. Il y fait construire une petite maison,
à flanc de coteau, où il invite son frère. Séduit par le lieu dès sa première visite en 1880, Claude
Monet revient l’année suivante et de nouveau en 1884. Tout le talent du paysagiste va s’exercer
en ces lieux sauvages, se confronter à ces hautes falaises crayeuses et restituer habilement la
grandeur des lieux ; cette nature brute, grandiose, que son regard contemple « sur le motif » et fixe
dans sa peinture. Camille Pissarro, le fidèle ami de Claude, invité par Léon en 1883, posera lui aussi
son chevalet face à la mer.

Les Petites-Dalles, une villégiature familiale


Nombreuses sont les familles rouennaises à se retrouver aux Petites-Dalles pendant l’été. Ainsi vont
se constituer divers cercles d’estivants, dont la diversité forme la trame sociale de cette villégiature.
Les mondes politique, littéraire et artistique se côtoient [...]
À partir des années 1880, le village affirme clairement sa vocation balnéaire en proposant une
vingtaine de cabines et un guide pour les baigneurs. L’hôtel des Bains, installé face à la mer dès
1866, agrandi en 1874, fait également office de casino et propose diverses activités et excursions.
En 1878, l’entrepreneur Fiquet construit une tour sur le front de mer, qui sera d’ailleurs louée par
Jules Verne.
[...]
Le village voit bientôt s’édifier sur ses coteaux de somptueuses villas et de nouvelles structures
d’hébergement, comme les villas locatives Saint-Jean (1883). L’architecte Paul Wallon, frère du
teinturier rouennais Henri Wallon, participe à l’extension de la station en bâtissant plusieurs villas :
en 1881 la villa L’Épine, en 1883 la villa Colin et en 1884 la villa Les Mouettes pour son propre
usage.

Léon Monet, qui réside à Maromme, près de Rouen, fait partie des premiers baigneurs à profiter
des lieux. En 1874, il est mentionné parmi les 266 baigneurs des Petites-Dalles réclamant à
l’administration la construction d’un mur de soutènement le long du rivage, devenu nécessaire après
les fortes tempêtes de 1863 et de 1868.
[...]
En août 1874, Auguste Chiffray et son épouse Joséphine Lecauchois, font l’acquisition d’un terrain
en nature de labour et pâturage. Avant même d’avoir payé la totalité du terrain, d’une surface
d’environ 12 000 m2, Auguste Chiffray se sépare d’un premier lot. Le 9 août 1875, Léon Monet,
« représentant de commerce à Maromme », se porte acquéreur du terrain. [...] Pour bénéficier d’une
vue sur la mer, la maison Monet a été implantée dans la partie haute du terrain [...] situé derrière les
treize villas Saint-Jean, construites en 1883, et clairement identifiables sur de nombreuses cartes
postales des Petites-Dalles. [...] une photographie ancienne, titrée et datée « Maison rose, 1er janvier
1891 », permet de faire le lien visuel avec la petite demeure située derrière l’hôtel des Pavillons et
que l’on aperçoit sur de nombreuses cartes postales.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 35


Le 19 mars 1897, Léon Monet se sépare de la « Maison rose » qu’il avait acquise avec son épouse
Étiennette Joséphine Robert, décédée en 1895. Dans l’acte de vente, il cède la propriété à Gabriel
Henri Julien Le Roy, « artiste peintre » demeurant à Versailles. Le Roy est un ami de Léon et sera
son témoin lorsque celui-ci se remariera avec Aurélie Blis, deux mois plus tard. [...]

L’invention d’un motif


[...]
Lors d’un de ses nombreux séjours en Normandie, Eugène Delacroix visite les Petites-Dalles, en
octobre 1849. [...] Delacroix ne fait que quelques croquis, dont une aquarelle de l’arrière-pays.
Pendant l’été 1874, Berthe Morisot rejoint sa sœur Edma qui passe ses vacances à Fécamp.
Durant son séjour, elle fait étape aux Petites-Dalles, comme en témoignent quelques peintures et
aquarelles. [...] Invité par Léon Monet, Pissarro fait un court séjour aux Petites-Dalles, en 1883. Il se
réjouit de se rendre « au bord de la mer », en compagnie « de M. Monet de Déville, pour faire une
petite excursion ». Ce dernier s’intéresse au travail de l’artiste depuis de nombreuses années. Dès
juin 1871, Claude sollicite Pissarro afin qu’il lui fournisse « quelque-chose de fini pour [s]on frère » ;
Léon acquiert trois peintures de l’artiste . Arrivé chez Léon le 24 novembre 1883, Pissarro exécute
deux peintures et un petit autoportrait au crayon, daté et localisé « 25 novembre 1883, Petites-
Dalles », en souvenir de cette excursion.

Géraldine Lefebvre

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 36


« Impressionnistes » et « intransigeants » La vente aux enchères de 1875 et le
rôle de Léon Monet

Le 24 mars 1875, Claude Monet, Berthe Morisot, Auguste Renoir et Alfred Sisley participent à une
vente aux enchères de leurs dernières œuvres à l’hôtel Drouot, à Paris. La vente est organisée par
Renoir, et le commissaire-priseur est le célèbre et dynamique Charles Pillet, qui a dirigé toutes les
grandes ventes parisiennes entre 1855 et 1881. Pour sa part, le marchand d’art Paul Durand-Ruel
– grand soutien des impressionnistes – joue le rôle d’expert.
[...]
Alors que Durand-Ruel constitue un stock, peut-être dans l’optique de profiter du soutien récent de
Faure à l’œuvre de Sisley, et que Rouart enrichit sa collection personnelle, Léon Monet, le frère de
Claude, suit une toute autre stratégie. Il est le plus gros acheteur après Durand-Ruel, avec au moins
cinq œuvres, peut-être plus, car il subsiste des ambiguïtés pour certaines d’entre elles. L’initiale
« L. » figure clairement dans le procès-verbal à côté de plusieurs achats, mais Bodelsen émet
l’hypothèse que l’inscription « L. Monet » est une erreur de Pillet et que seul Claude était présent à
la vente. Ajoutant par erreur des Renoir dans ses calculs, elle conclut que Monet ne « rachète pas
moins de sept de ses propres tableaux ».
Une lecture attentive du procès-verbal confirme pourtant la présence de Léon Monet, qui a même
l’audace d’acheter la première œuvre figurant dans le catalogue, Coucher de soleil sur la Seine,
de 1875, qu’il acquiert pour 255 francs. Encadré par des arbustes et des herbes hautes, ce chef-
d’œuvre de Monet offre une vue pittoresque, voire romantique, sur la Seine, le soleil se couchant
derrière la flèche d’une église lointaine sur la rive opposée. La rapidité d’exécution de cette toile, sa
touche brisée et sa palette vive de couleurs complémentaires ont dû perturber le public de l’époque,
mais il est intéressant de noter que Léon a payé cette toile plus cher que toutes les autres de cette
vente.
[...]
Ce qui est clair, c’est que cette vente a été un succès relatif, tant pour Monet que pour Renoir, et
qu’elle a attiré une nouvelle clientèle potentielle.
[...]
La vente de 1875 se tient à une époque où peu de marchands s’intéressent aux impressionnistes
et où peu de critiques sont prêts à les soutenir. Elle n’a peut-être pas généré beaucoup de revenus
mais, contribuant à faire connaître le travail de ces artistes à un cercle de collectionneurs plus large
que celui touchant le seul Durand-Ruel, elle se révèle être un bon exercice de promotion. Le choix
de l’hôtel Drouot, lieu réputé et bien situé, permet d’attirer un public plus important qu’une exposition
indépendante sur le boulevard des Capucines. En outre, avec l’aide de Léon, tous les Monet et les
Renoir sont vendus. Le rôle de Léon Monet semble donc avoir été double : d’une part, veiller à ce
qu’aucune œuvre de son jeune frère Claude ou de son ami Auguste ne demeure invendue ; d’autre
part, faire monter le prix du marché de certains tableaux. Quelle que soit sa motivation, sa présence
à la vente relève d’une décision délibérée, et il reste important de ne pas sous-estimer le soutien
qu’il a apporté à Monet et à Renoir.

Frances Fowle

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 37


Léon Monet collectionneur

[...]
Léon est un des premiers à réunir, à Rouen, une collection d’art moderne ; il fait partie de la première
génération de collectionneurs impressionnistes. S’il connaît le marchand parisien Paul Durand-
Ruel, l’un des plus efficaces promoteurs de la nouvelle peinture, il n’acquiert aucune œuvre par
son intermédiaire. [...] La valeur historique de cette collection réside avant tout dans la place qu’elle
accorde au premier impressionnisme. Léon réunit un bel ensemble, comprenant un nombre réduit
de peintures, de dessins et d’estampes japonaises de quelques artistes choisis. En dehors d’une
véritable fidélité à son frère, dont il possède plus d’une vingtaine de toiles et les deux plus anciens
carnets de dessins datés de 1856, l’amateur apprécie le travail de Camille Pissarro, d’Alfred Sisley et
d’Auguste Renoir, ainsi que plusieurs artistes de l’école de Rouen tels que Joseph Delattre, Georges
Bradberry, Narcisse Guilbert, Charles Frechon et Marcel Delaunay. Non seulement il affirme un
goût sûr pour les avant-gardes de son temps, mais il cherche à les promouvoir localement, malgré
l’indifférence des institutions.

[...] Les éléments rassemblés laissent envisager une concentration des achats au moment de
l’installation à Rouen, ce qui correspond à la période de l’engagement professionnel de Léon aussi
bien au sein de l’entreprise Geigy qu’au sein de la SIR. [...]

La collection dans la maison de Maromme


En décembre 1892, la famille s’installe à Maromme dans une maison à proximité immédiate de
la manufacture de Léon. Une photographie de l’intérieur du salon, sur laquelle Léon pose aux
côtés de sa seconde épouse Aurélie, nous apporte des renseignements importants sur la collection.
L’accrochage apparaît particulièrement soigné : les petits formats sont installés à hauteur de vue,
sous les formats plus importants, encadrant au centre deux œuvres majeures de Monet et de
Renoir, avec un souci évident de donner un rythme à l’ensemble. L’amateur réunit sur un même
mur les paysages, reléguant probablement les natures mortes dans la salle à manger et les portraits
de famille dans les espaces plus intimes de la maison. Le portrait que Claude a fait de son frère
n’est pas présent, ce qui n’a rien de surprenant car, d’après la famille, Léon n’a pas apprécié
immédiatement l’œuvre achevée. C’est seulement quelques années plus tard que la toile a été
exposée dans la salle à manger de la maison de Maromme, où elle a conservé sa place jusqu’à la
vente de la demeure en 1976.
[...]

La visite de collection
Léon ne ferme pas les portes de sa collection aux visiteurs. Bien au contraire, il accueille un cercle
restreint composé d’amis peintres, de critiques d’art et d’amateurs d’art modernes. En octobre
1883, Léon invite Pissarro à diner et lui montre « des Monet et des petits Renoir superbes ! ».
[...] A l’instar de Claude et comme la plupart des amateurs d’art de la fin du XIXe siècle, Léon est marqué
par la mode du japonisme. [...] Léon, qui a très certainement admiré à Giverny l’impressionnante
collection d’estampes japonaises constituée par son frère , est davantage séduit par les crépons,
dont il acquiert quinze pièces. L’estampe, sur ce papier crêpé, proche de l’étoffe, se caractérise
par ses couleurs puissantes. Contrairement aux pigments naturels, aux tons plus atténués, des
estampes des grands maîtres du XVIIIe siècle, les couleurs synthétiques à l’aniline des crépons sont
extrêmement vives. On comprend dès lors pourquoi Léon s’est tout particulièrement intéressé à ces
papiers aux couleurs synthétiques intenses .

[...] L’importance de l’engagement de Léon aux côtés de son frère aura été décisif pour lancer sa
carrière. [...] le soutien indéfectible de Léon envers son jeune frère donne toute son unité et sa
singularité à cette collection incomparable.

Géraldine Lefebvre

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 38


Les derniers Monet
Léon Monet et sa descendance

« N’avoir pu voir une dernière fois mon frère »


Employé de l’entreprise de Léon Monet depuis 1891, Jean Monet présente sa démission à son
oncle le 22 avril 1909. Les conflits sont nombreux. Du côté des Léon Monet, le travail de Jean
déçoit ; chez les Claude Monet, on considère au contraire que l’on n’a pas offert la carrière que l’on
avait promise à Jean et ce, d’autant qu’il y a laissé sa santé, le contact régulier avec les substances
chimiques étant à l’origine de la maladie respiratoire incurable qu’il a contractée. Or, la fille aînée de
Léon, Adrienne, souffre du même mal. À cet égard, la réaction de Léon peut surprendre : refusant
d’admettre que l’affliction est la conséquence d’un environnement toxique, il considère qu’il s’agit
d’une pathologie contagieuse que Jean aurait transmise à Adrienne… Provoquées par la même
maladie, la mort d’Adrienne en 1911, puis celle de Jean en 1914 scellent la rupture définitive entre
les deux frères. [...] Léon et Claude ne se recroiseront jamais. Le 7 août 1917, Léon décède à l’âge
de quatre-vingt-deux ans, sans nouvelles de son frère.

[...] Claude n’assiste pas à l’enterrement de Léon, même s’il confie dans une lettre – inédite – à sa
belle-sœur son regret de « n’avoir pu voir une dernière fois [son] frère et de lui dire d’oublier tout ce
qui avait pu [les] désunir ». Maromme et Giverny ne se rapprochent pas pour autant. [...] Il faudra
attendre l’extinction de la descendance directe du peintre pour que la loi et l’histoire, aidée par le
hasard, rétablissent leurs liens par-delà la mort.

La maison et les jardins de Giverny


La mort de Blanche en 1947, bientôt suivie de celle de Michel en 1966, marque un tournant.
Avec ce dernier, la descendance directe de Monet s’est éteinte. La branche « Claude Monet »
est dorénavant sans postérité. Le dernier fils du peintre institue pour légataire universel en toute
propriété le musée Marmottan, à Paris. Propriété de l’Académie des beaux-arts, le musée reçoit
quatre-vingt-dix peintures de Monet, constituant le premier fonds mondial de l’œuvre, ainsi que la
propriété de Giverny, le Pressoir. Dans ce cadre, l’Académie des beaux-arts se fait assister par l’un
de ses employés, l’architecte André Billecocq.
[...] Il veille notamment à la sauvegarde et à l’entretien de la maison de Monet à Giverny.
Or, en 1966, la maison de Giverny et ses jardins sont en piteux état ; les eaux noires de l’étang ne
reflètent plus le pont japonais, les berges sont détruites et le clos normand envahi de ronces. Les
charges induites par la restauration du lieu sont colossales et l’Académie s’interroge sur sa capacité
à faire face à une telle dépense au vu d’une clause du testament de Michel Monet, qui indique :
[...] Le musée Marmottan devra assurer la sauvegarde de ce patrimoine artistique et l’entretien de
cette propriété. Cette demeure considérée comme Maison du Souvenir devra conservé [sic] son
caractère strictement privé et son âme. Pour cette raison, les visites devront être limitées : une seule
journée par semaine et jamais plus de six personnes. »
« Cette clause draconienne » interroge. André Malraux, ministre des Affaires culturelles à l’époque
[...] Une analyse serrée du testament est demandée. Il apparaît alors qu’en cas de non-exécution,
le plus proche successible est en mesure de procéder à une action en révocation du legs. Or, le
plus proche successible de Michel Monet n’est autre que la cousine germaine paternelle du défunt :
Louise Monet-Lefebvre.
C’est à ce moment précis que le passé ressurgit, là où l’on ne l’attendait pas. Le nom de Louise
Lefebvre est bien connu d’André Billecocq. Leurs pères étaient amis [...] . André Billecocq se rappelle
même avoir passé des vacances avec Louise en 1912, elle avait onze ans, lui dix. [...] »
[...]
André Billecocq est tout désigné et sera l’un des émissaires de l’Académie des beaux-arts, puis
un conseil et une oreille attentive pour Louise après son départ en maison de retraite. Si Louise
Lefebvre ne renonce pas purement et simplement « à l’action en révocation, libérant ainsi le légataire
(le musée Marmottan) de ses obligations », [...], elle est favorable à une interprétation plus large du
testament [...] Le 5 mars 1973, Louise autorise une visite quotidienne de la maison de son oncle.
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 39
En 1975, la restauration du site est annoncée. Le 4 mars 1976, Louise exprime le désir de voir la
maison et le jardin de Monet « être transformés en un haut lieu de l’art français ». Sa seule inquiétude
concerne la perspective de l’ouverture d’un salon de thé dans les deux ateliers [...] sans avoir revu
la propriété de son oncle totalement restaurée. Au terme de trois ans de travaux, la maison et les
jardins ouvrent enfin au public le 1er juin 1980. C’est à cette époque qu’André Billecocq cherche à
retracer l’histoire des relations entre les familles Billecocq et Monet [...]
André Billecocq se plonge dans les archives familiales et raconte cette histoire.

Une amitié plus que séculaire


Tout commence au Havre en 1853, Léon a dix-sept ans, Claude douze. Leurs parents logent la
famille Billecocq [...] Quelques années plus tard, Théodore Billecocq devient employé de l’entreprise
dirigée par Léon Monet [...] Différentes sources témoignent par ailleurs d’une relation constante
entre les Monet et les Billecocq [...]
Au fil de ses recherches, André Billecocq se rappelle avoir entendu parler de caricatures de Claude
Monet. Il retrouve seize charges héritées de son père et les présente à Daniel Wildenstein, qui vient
de publier le catalogue raisonné des peintures de Claude Monet. Le spécialiste authentifie les feuilles
signées « O. Monet ». Par leurs dimensions, leur sujet et leur style, les « caricatures Billecocq »
constituent un groupe homogène figurant parmi les œuvres les plus précoces de l’artiste. Ainsi
André Billecocq retrace-t-il les origines d’une amitié séculaire mais éclaire également la genèse
d’une œuvre, celle de Claude Monet.
[...]

Un hommage à Françoise Cauvin


Tout comme Louise, Françoise, sa fille, a grandi dans le souvenir et l’admiration de son grand-oncle
Claude Monet. [...] Françoise choisit d’étudier la médecine et se spécialise en dermatologie. Elle
soigne et répare la peau, munie d’un scalpel ou d’un bistouri. Avec la même assurance, elle manie
les crayons et les pinceaux. Elle aime dessiner les femmes, les tissus et les chapeaux, mais aussi
les oiseaux et les fleurs avec des couleurs vives et gaies. Françoise dessine continuellement. [...]
En 1951, elle épouse Max Cauvin. La cérémonie se déroule dans la propriété de Maromme [...] Une
photographie réunit les jeunes mariés devant le portrait de Léon par Claude Monet.
[...]
Françoise Cauvin s’initie au dessin académique dans l’atelier du peintre Robert Savary, directeur
de l’école des Beaux-Arts de Rouen. Elle poursuit sa formation auprès de László Mindszenti. [...]
À son contact, Françoise révèle toute sa personnalité artistique : bestiaires imaginaires, oiseaux de
paradis, chats et rondes de personnages se déploient sur des papiers de soie froissés et collés sur
carton. [...] C’est ainsi qu’au fil d’une existence s’égrènent plus de deux mille dessins, croquis et
peintures que son mari, Max, a patiemment photographiés et reliés dans de petits livrets à spirale.
[...]
Discrète et pleinement consciente de sa parenté avec son grand-oncle Claude Monet, elle se refuse
à montrer son travail en galerie. C’est seulement durant ses dernières années, alors qu’elle souffre
de la maladie de Parkinson, qu’elle accepte d’organiser une première exposition, à Paris. Le 21
décembre 2017, Françoise Cauvin décède à Mont-Saint-Aignan, à l’âge de quatre-vingt-onze ans,
non sans avoir émis un souhait, ou plutôt deux. Celui de voir un jour l’histoire de Léon et de Claude
Monet, son grand-père et son grand-oncle, révélée. Et celui que le portrait de Léon Monet, peint par
Claude en 1874, exposé pour la première fois aujourd’hui, rejoigne enfin les collections publiques
françaises.

Géraldine Lefebvre et Marianne Mathieu

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 40


extraits du journal de l’exposition
Les couleurs de la peinture impressionniste
entretien entre Géraldine Lefebvre et Georges Roque

[...]
Géraldine Lefebvre : Au milieu du XIXe siècle, il se produit dans l’industrie chimique ce qu’on a
appelé le « boom de l’aniline ». De quoi s’agit-il ?
Georges Roque : Cette expression est due à Philip Ball, un chimiste et journaliste scientifique, en
référence aux inventions fondamentales de pigments synthétiques. La première d’entre elles a été
celle de la mauvéine, due à William Henry Perkin en 1856 et obtenue à partir d’essais de distillation
du goudron de houille. Cela a entraîné une effervescence extraordinaire parmi les chimistes, avant
tout en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France, qui a abouti à la production de nombreux
autres pigments synthétiques. Cela a eu des répercussions considérables dans l’univers de la
teinture.

G. L. : Mais aussi dans le monde de la peinture ?


G. R. : Oui, et dans deux directions complémentaires : d’un côté, de nouvelles teintes sont venues
élargir la palette, tels le mauve et la fuchsine, ou magenta ; de l’autre, l’ensemble de la gamme des
couleurs synthétiques présente un éclat particulier, une vivacité que ne possèdent pas la plupart
des pigments naturels.

G. L. : En 1866, Claude Monet se fait remarquer en présentant une œuvre monumentale, Camille
ou La Femme à la robe verte, au Salon, à Paris, puis à l’Exposition maritime internationale au
Havre, deux ans plus tard. Dans la presse, les critiques taclent l’omniprésence du « vert Monet »
et regrettent que sa peinture semble être à base de zinc. Pourriez-vous définir ce « vert Monet » ?
Qu’est-ce que de la peinture faite avec du zinc ?
G. R. : Ce tableau, me semble-t-il, a plutôt été bien reçu, puisqu’il a été admis au Salon et même primé
à l’exposition du Havre. À la fin des années 1860, Monet se servait de plusieurs verts synthétiques –
vert Véronèse, vert émeraude et vert de chrome. Ces pigments étaient très utiles pour donner plus
d’éclat aux teintes et, précisément, Monet voulait que la robe de soie de Camille soit éblouissante.
Mais je ne crois pas qu’il y ait un « vert Monet ». Les critiques étaient toujours prêts à railler les
couleurs trop vives, qu’ils associaient précisément aux pigments synthétiques. Trois ans plus tard,
en 1869, c’est le vert du Balcon d’Édouard Manet qui est vilipendé, et relié aux peintres en bâtiment.
Ces verts synthétiques proviennent surtout du cuivre et du chrome. Quant au zinc, il a été utilisé
avant tout pour le blanc – à base d’oxyde de zinc – pour remplacer avantageusement le blanc de
plomb. Cela dit, le blanc de la palette impressionniste reste presque exclusivement du blanc de
plomb. Cependant, on trouve de nombreuses traces de zinc dans la plupart des couleurs utilisées,
ce qui laisse penser que les fabricants ajoutaient du blanc de zinc à certains pigments afin d’obtenir
des tonalités plus claires. Les critiques devaient savoir que le « blanc de zinc » figurait sous ce
nom au catalogue de plusieurs marchands de couleurs. Mais reprocher à Monet d’y recourir est
absurde, car le blanc de plomb est très toxique. En ce sens, l’emploi du zinc en peinture est plutôt
une excellente chose.

G. L. : Dans vos écrits, vous soutenez l’importance d’une approche pigmentaire de la palette des
impressionnistes. Pourriez-vous définir ce qu’est un pigment et quelle est la différence entre une
teinte et un pigment ?
G. R. : Tout d’abord, le pigment s’oppose au colorant. Ce dernier est une matière tinctoriale liquide
et soluble dans l’eau. Le pigment, en revanche, se présente sous une forme solide ; il n’est pas
soluble et a été obtenu par précipitation.
Ensuite, j’oppose la teinte au pigment. La teinte est une abstraction, très pratique mais totalement
immatérielle. Quand on dit « vert », on se réfère à une teinte d’une manière très générale, et qui se
définit d’une façon négative par rapport aux autres teintes : est vert tout ce qui n’est ni bleu, ni jaune,
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 41
ni rouge, etc. Le procédé selon lequel il a été obtenu reste indifférent.
En revanche, le pigment se réfère à la couleur dans sa matérialité – ainsi Monet utilisait-il plusieurs
pigments verts, nous l’avons vu. Les pigments nous font basculer dans un autre monde : celui de
la « cuisine » du peintre. Si Monet employait plusieurs verts, c’est parce qu’il désirait leur faire jouer
un rôle au-delà de l’opposition entre le clair et le foncé : certains pigments sont opaques et d’autres
transparents, ce qui produit des effets différents.
D’une manière plus générale, il est impossible de comprendre ce qui a agité le monde de l’art à
l’époque impressionniste si l’on en reste aux teintes. C’est la raison pour laquelle l’existence, par
exemple, d’un « vert Monet » ne me semble pas l’essentiel, car il s’agit encore d’une teinte. Par
contre, l’utilisation de pigments synthétiques a été très débattue parce qu’ils attiraient directement
l’attention par leurs propriétés, notamment leur éclat. C’est tout l’intérêt de cette exposition de mettre
en évidence la nature pigmentaire de ces discussions, car ce qui est en jeu ici n’est pas tant le «
rouge », par exemple, mais l’opposition entre des pigments naturels – le vermillon, la cochenille,
la garance – et des pigments synthétiques – en particulier l’alizarine, ce rouge de garance obtenu
chimiquement.

G. L. : À partir de 1869, Léon Monet travaille pour l’entreprise suisse Geigy & C°, spécialisée dans
les couleurs synthétiques à l’aniline. Peut-on faire un rapprochement entre le violet utilisé par les
impressionnistes et celui commercialisé par Geigy & C° ? Une de leurs spécialités, en particulier
pour la teinture de la laine, est le violet, ainsi que la fuchsine à l’acide, le bleu gallamine au chrome,
le rouge chromazone…
G. R. : Même s’il est tentant de penser que Claude Monet a utilisé les pigments fabriqués par
son frère aîné – et il est assez vraisemblable que ce dernier lui en ait fourni des échantillons –,
il reste hélas très difficile de le déterminer. Pour cela, il faudrait réaliser une étude scientifique
comparative des pigments de Geigy & C° et d’autres compagnies afin de repérer d’éventuelles
différences significatives et décelables, qu’on pourrait ensuite tenter de retrouver dans les toiles,
qu’il faudrait également analyser. Une autre piste consisterait à mener des recherches dans les
archives de Geigy & C° pour mettre au jour des livres de comptes et déterminer si, parmi ses clients,
figuraient des entreprises comme Lefranc, spécialisées dans la commercialisation de pigments pour
les peintres.
Si l’on prend l’exemple du violet, ce type d’analyse très complexe est sans doute inutile. Certes,
un violet de cobalt était disponible sur le marché en France, mais, d’après les études existantes, il
n’était pas présent dans la palette impressionniste jusqu’à la fin du XIXe siècle, excepté – mais cela
n’est pas sûr – dans les Bains à la Grenouillère de Monet (1869, Londres, National Gallery). Dans
toutes les autres œuvres conservées dans ce musée, les impressionnistes ont continué d’obtenir
du violet d’une manière traditionnelle, en mélangeant des pigments – en général de la laque rouge
avec du blanc et du bleu de cobalt ou de l’outremer. Une analyse plus récente (2014) de la trentaine
d’œuvres de Monet appartenant à l’Art Institute de Chicago confirme ce résultat et en apporte
un autre : le violet de cobalt n’apparaît de façon régulière dans ses œuvres qu’à partir de 1897.
Pourquoi Monet aurait-il attendu si longtemps pour l’utiliser, alors que son frère en fabriquait depuis
plusieurs années ?

G. L. : Quel est l’état actuel de la recherche scientifique sur l’analyse pigmentaire de la palette
impressionniste ?
G. R. : Ce type d’analyse, réalisée dans certains musées, est assez particulier et requiert la
combinaison de plusieurs conditions, rarement réunies : posséder des tableaux impressionnistes,
bien sûr, mais aussi un laboratoire très bien équipé et, surtout, des spécialistes de l’analyse des
pigments. La recherche la plus approfondie a été réalisée à la National Gallery de Londres. Ce
que je viens de dire à propos des violets, je le tiens précisément de leurs travaux, ainsi que de
ceux menés à l’Art Institute de Chicago. Ce dernier a utilisé des nouvelles techniques innovantes
non destructives et non invasives, qui ont fourni beaucoup d’informations nouvelles sur la palette
impressionniste, en particulier celle de Monet.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 42


Quelques dates clés de l’histoire de la couleur
fin du XVIIIe-milieu du XXe siècle

1775 : invention d’un pigment vert à base de sel de cuivre et d’arsenic par le chimiste Carl Wilhelm
Scheele : il est appelé le « vert de Scheele ».

1782 : invention du blanc de zinc par le chimiste Louis-Bertrand Guyton-Morveau.

1797 : découverte du chrome par le chimiste Nicolas-Louis Vauquelin, qui permet la fabrication de
nombreux pigments.

XIXe siècle : apparition des premières couleurs industrielles prêtes à l’emploi, présentées dans
des récipients en vessies de porc séchées et pliées en forme de sac. Elles doivent cependant être
utilisées rapidement.

1803 : invention du bleu de cobalt par le chimiste Louis Jacques Thénard.

1817 : découverte du cadmium par le chimiste Friedrich Stromeyer, qui permet la fabrication de
plusieurs pigments.

1822 : le peintre James Hams crée un nouvel emballage pour transporter la peinture : des seringues
en verre ou en métal. Leur coût élevé freine leur diffusion.

1826 : invention de l’alizarine, un colorant rouge, par les chimistes Jean-Jacques Colin et Pierre
Jean Robiquet. Invention de l’aniline par le chimiste Otto Unverdorben en distillant du bleu indigo.
Invention du bleu outremer artificiel par le chimiste Jean-Baptiste Guimet.

1830-1891 : de Léonor Mérimée, homme de lettres et de sciences, à Jean-Georges Vibert, peintre et


dramaturge, en passant par le chimiste Michel-Eugène Chevreul, tous lèvent l’alerte face à l’instabilité
des pigments synthétiques. En 1860, Chevreul met notamment en garde contre la fuchsine, un
colorant rouge violacé qui, s’il possède l’éclat de la rose, en partage aussi la fragilité. Une forte
résistance apparaît face à ces pigments artificiels. Auguste Renoir s’en défie dans un entretien
avec Albert André en 1919 : « J’ai employé autrefois du chrome qui est une couleur superbe, mais
qui joue, paraît-il, de vilains tours. J’ai essayé le cadmium ; j’ai trouvé à son emploi de grandes
difficultés ; ça me faisait peindre lourd. »

1839 : parution de l’ouvrage De la loi du contraste simultané des couleurs et de l’assortiment des
objets colorés par Chevreul : quand deux teintes complémentaires sont juxtaposées, explique-t-il,
elles se rehaussent réciproquement.

1841 : à Londres, le peintre John Goffe Rand dépose le brevet d’invention du tube souple
compactable, en étain et fermé hermétiquement à l’aide d’une pince. Ce nouvel emballage,
rapidement commercialisé par Winsor & Newton, permet aux artistes de transporter ces tubes de
peinture déjà préparés, pouvant ainsi plus facilement sortir de leurs ateliers pour travailler en plein
air.

1855 : commercialisation du tube de peinture souple en France par la maison Lefranc. Le principe
de la fermeture hermétique est amélioré par l’introduction d’un bouchon à pas de vis.

1856 : invention de la mauvéine par le chimiste William Henry Perkin, premier pigment organique
artificiel obtenu à partir de l’aniline.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 43


1864 : publication du livre Des couleurs et de leurs applications aux arts industriels, à l’aide des
cercles chromatiques par Chevreul. Le chimiste y évoque les nouveaux colorants tels que la
fuchsine, le violet d’aniline et le bleu de cinchonine. S’il reconnaît l’éclat et la beauté des pigments
synthétiques sur les étoffes, il n’est pas près d’affirmer qu’une « ère nouvelle s’ouvre à l’industrie
tinctoriale » et reste persuadé que ces couleurs ne sont pas stables sur une longue durée.

1867 : publication de la traduction française de l’ouvrage d’Hermann von Helmholtz, Optique


physiologique. Le scientifique y définit les trois paramètres de la couleur : la teinte, la clarté et la
saturation.

dernier tiers du XIXe siècle : dans la presse, de nombreuses caricatures présentent les peintres
impressionnistes comme des fainéants, ne préparant plus leurs couleurs eux-mêmes et se servant de
couleurs toutes faites. Les critiques rejettent les couleurs « chimiques », car jugées trop éclatantes,
brillantes, criardes.

1869 : détermination de la structure de l’alizarine par Carl Graebe et Carl Liebermann, synthèse
artificielle d’un pigment naturel, d’origine végétale, la garance.

1872 : l’alizarine atteint 50 % du chiffre d’affaires total de la fabrication des colorants allemands.

1905 : Adolf von Baeyer reçoit le prix Nobel de chimie pour la synthèse du bleu indigo.

années 1920 : les tubes de peinture de grande contenance sont fabriqués en aluminium et les tubes
de taille moyenne ou petite sont revêtus d’étain.

années 1950 : les tubes de peinture en plastique font leur apparition sur le marché.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 44


liste des œuvres exposées
(157 œuvres ou documents)

I. Une jeunesse havraise

Gustave Le Gray
Flotte au loin, Normandie
1856-1857
tirage sur papier albuminé d’après un négatif sur verre au collodion
31,2 × 40 cm
Marseille, Mucem – musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, dépôt au musée des
Beaux-Arts, Troyes

Gustave Le Gray
Le Brick au clair de lune
1856-1857
tirage sur papier albuminé à partir d’un négatif sur verre au collodion
34 × 42 cm
Paris, musée d’Orsay

Gustave Le Gray
Le Soleil couronné, Normandie
1856-1857
tirage sur papier albuminé d’après un négatif sur verre au collodion
31 × 41,3 cm
Marseille, Mucem – musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, dépôt au musée des
Beaux-Arts, Troyes

Gustave Le Gray
Les Bains Dumont à Sainte-Adresse ou Plage de Sainte-Adresse
1856-1857
tirage argentique sur papier albuminé d’après un négatif sur verre au collodion
31,3 × 41,3 cm
Ville de Sainte-Adresse, en dépôt au MuMa – musée d’Art moderne André Malraux, Le Havre

Gustave Le Gray
Les Galets, plage de Sainte-Adresse
1856-1857
tirage sur papier albuminé d’après un négatif sur verre au collodion
30,7 × 40,7 cm
Marseille, Mucem – musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, dépôt au musée des
Beaux-Arts, Troyes

Gustave Le Gray
Plage de Sainte-Adresse, vue de la falaise
1856-1857
tirage sur papier albuminé d’après un négatif sur verre au collodion
31,6 × 42,2 cm
Marseille, Mucem – musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, dépôt au musée des
Beaux-Arts, Troyes

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 45


Claude Monet
Premier album de dessins
1856
crayon sur papier
21 × 27,5 cm
collection particulière

Claude Monet
Anglais à favoris
vers 1857
crayon et rehauts de gouache sur papier gris
24 × 16 cm
collection particulière

Claude Monet
Anglais à moustache
vers 1857
crayon et rehauts de gouache sur papier gris
24 × 16 cm
collection particulière

Claude Monet
Étude d’arbres ou Des troncs d’arbres à la mare au clerc
1857
mine de plomb sur papier
30 × 23 cm
Honfleur, musée Eugène Boudin, don Michel Monet, 1956

Claude Monet
Femme à la broche
vers 1857
crayon et rehauts de gouache sur papier
25 × 16 cm
collection particulière

Claude Monet
Homme en costume marin
vers 1857
crayon sur papier beige
25 × 16 cm
collection particulière

Claude Monet
Jeune Normande
vers 1857
crayon et rehauts de gouache sur papier beige
24,5 × 16 cm
collection particulière

Claude Monet
Progéniture anglaise
vers 1857
crayon et rehauts de gouache sur papier gris
24,5 × 16 cm
collection particulière Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 46
Claude Monet
Jardin en fleurs, à Sainte-Adresse
vers 1866
huile sur toile
65 × 54,5 cm
Paris, musée d’Orsay, retrouvé en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et confié à la
garde des musées nationaux, 1949, dépôt au musée Fabre, Montpellier

II a. La famille Monet

Joseph Delattre
Portrait de Mme Léon Monet
vers 1885
pastel sur papier
31 × 21 cm
collection particulière

Claude Monet
Portrait d’Adolphe Monet
1865
huile sur toile
54 × 44,8 cm
New Brunswick, Zimmerli Art Museum – Rutgers University, don du Dr Ralph André Kling

Claude Monet
Portrait de Blanche Hoschedé enfant
1880
huile sur toile
46 × 38 cm
Paris, musée d’Orsay, dépôt au musée des Beaux-Arts, Rouen – Réunion des musées métropolitains
(RMM)

Claude Monet
Portrait de Jean Monet
1880
huile sur toile
47 × 38 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Claude Monet
Portrait de Michel Monet en bonnet à pompon,
1880
huile sur toile
47 × 37 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Claude Monet
Portrait de Michel Monet et de Jean-Pierre Hoschedé
1880
Pastel sur toile
54 × 73 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 47


Auguste Renoir
Claude Monet lisant
vers 1873
huile sur toile
61,7 × 50 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Auguste Renoir
Portrait de Mme Claude Monet
vers 1873
huile sur toile
58 × 48,5 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Auguste Renoir
Claude Monet
1875
huile sur toile
84 × 60,5 cm
Paris, musée d’Orsay

II b. Les descendants Monet

Étienne Carjat & Cie


Portrait de Claude Monet
vers 1865
photographie collée sur carton
10 × 6 cm
collection particulière

Étienne Carjat & Cie


Portrait de Léon Monet
photographie collée sur carton
9 × 5,5 cm
collection particulière

Étienne Carjat & Cie


Portrait de Mme Jacques Lecadre, née Marie-Jeanne Gaillard
vers 1865
photographie collée sur carton
10 × 6 cm
collection particulière

Françoise Cauvin
Autoportrait, coiffure courte
s. d.
gouache, feutre noir et crayon blanc sur papier gris
29,5 × 20,8 cm
collection particulière

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 48


Françoise Cauvin
Le Taureau
s. d.
encre de Chine sur papier
20,2 × 17 cm
collection particulière

Françoise Cauvin
Femmes et oiseaux bleus
1987
encre de Chine et aquarelle sur papier
30 × 18 cm
collection particulière

Françoise Cauvin
La Patineuse
18 juillet 1987
encre et aquarelle sur papier
30 × 20,5 cm
collection particulière

Henri Fatras
Portrait de Léon Monet
vers 1870
photographie collée sur carton
9,5 × 5,9 cm
Paris, musée Bourdelle

Henri Fatras
Portrait de Mme Léon Monet
vers 1870
photographie collée sur carton
9,5 × 5,9 cm
Paris, musée Bourdelle

Pierre Ferret
Portrait d’Alice Hoschedé
vers 1870
photographie collée sur carton
10 × 6 cm
collection particulière

Albert Greiner
Portrait de Camille Monet
1871
photographie collée sur carton
10 × 6 cm
collection particulière

Albert Greiner
Portrait de Claude Monet
1871
photographie collée sur carton
10 × 6 cm
collection particulière
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 49
Henry Lavaud
Portrait présumé de Louise Justine Aubrée
vers 1835
photographie collée sur carton
10 × 6 cm
collection particulière

Adolf Rinck
Portrait d’Adolphe Monet
1839
huile sur toile
81 × 65 cm
Giverny, Fondation Claude Monet, legs Michel Monet, 1966

Adolf Rinck
Portrait de Louise Justine Aubrée, épouse d’Adolphe Monet
1839
huile sur toile
81 × 65 cm
Giverny, Fondation Claude Monet, legs Michel Monet, 1966

Joseph et Émile Tourtin


Portrait d’Adolphe Monet
vers 1870
photographie collée sur carton
9 × 5,5 cm
collection particulière

Album de photographies
1939-1969
album relié, cuir et carton
25 × 32,5 cm
collection particulière

III a. Le chef-d’œuvre révélé

Claude Monet
Portrait de Léon Monet
1874
huile sur toile
63 × 52 cm
collection particulière

III b. Léon Monet collectionneur

Georges Bradberry
La Plaine en septembre
vers 1908
pastel sur papier marouflé sur toile
54,5 × 73,5 cm
collection particulière
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 50
Marcel Delaunay
Vue de Rouen au bouquet de dahlias
1907
huile sur toile
81 × 60 cm
collection particulière

Blanche Hoschedé-Monet
Carnet de comptes
vers 1890-1947
encres violette et bleue sur papier
15 × 9,7 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

anonyme
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Chevaux à la pointe de la Hève par Monet
photographie
21 × 27 cm
collection particulière

H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Boulevard des Italiens par Renoir
photographie
21 × 27 cm
collection particulière

H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Effet de neige aux Batignolles par Sisley
photographie
27 × 21 cm
collection particulière

H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Jardin à Sainte-Adresse par Monet
photographie
21 × 27 cm
collection particulière

H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
La Maison au toit rouge par Pissarro
photographie et carton
21 × 27 cm
collection particulière

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 51


H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Les Petites-Dalles par Monet
photographie
21 × 27 cm
collection particulière

H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Les Petites-Dalles par Monet
photographie
21 × 27 cm
collection particulière

H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Nature morte par Monet
photographie
21 × 27 cm
collection particulière

H. et E. Leconte
Album de la collection Léon Monet
vers 1905
Vue de Sainte-Adresse par Monet
photographie
21 × 27 cm
collection particulière

Claude Monet
La Plage de Sainte-Adresse
1864
huile sur toile
30 × 69 cm
Tochigi, Tochigi Prefectural Museum of Fine Arts,

Claude Monet
Vue de Sainte-Adresse
1864
huile sur toile
28,7 × 40,5 cm
collection particulière

Claude Monet
Navires en réparation
1873
huile sur toile
71,2 × 54 cm
Édimbourg, National Galleries of Scotland

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 52


Auguste Renoir
Paris, l’Institut au quai Malaquais
1872
huile sur toile
46 × 56 cm
collection particulière

Alfred Sisley
Route de Louveciennes, effet de neige
1874
huile sur toile
65 × 92 cm
Potsdam, Museum Barberini – Collection Hasso Plattner

Catalogue de la 23e Exposition municipale des Beaux-Arts, Rouen, J. Lecerf imprimeur


1872
17,5 × 10,5 cm
Rouen, bibliothèque patrimoniale

Catalogue des tableaux et aquarelles de Claude Monet, A. Renoir, Berthe Morisot, A. Sisley
Paris, hôtel Drouot, 24 mars 1875
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Société des Artistes rouennais, catalogue de l’exposition


Musée de Rouen, 1909
21,6 × 12,5 cm
Rouen, bibliothèque patrimoniale

Société des Artistes rouennais, catalogue de l’exposition


Musée de Rouen, 1910
21,6 × 12,5 cm
Rouen, bibliothèque patrimoniale

Société des Artistes rouennais, catalogue de la 6e exposition


musée de Rouen, 1912
21,5 × 13,5 cm
Rouen, bibliothèque patrimoniale

Société des Artistes rouennais, catalogue de la 7e exposition


musée de Rouen, 1913
21,6 × 12,5 cm
Rouen, bibliothèque patrimoniale

IV. Villégiatures normandes

Album de photographies « Kodak souvenirs »


1901-1909
cuir, carton, photographie et papier
21 × 26 cm
collection particulière

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 53


anonyme
Les Petites-Dalles
1875
photographie
17 × 12,5 cm
collection particulière

anonyme
Les Petites-Dalles, le vallon
1890
photographie collée sur carton
16,5 × 10,8 cm
collection particulière

anonyme
La Maison rose aux Petites-Dalles
1er janvier 1891
photographie collée sur carton
16,5 × 10,6 cm
collection particulière

anonyme
Les Petites-Dalles, la falaise d’Amont
1898
photographie collée sur carton
17, 8 × 12,8 cm
collection particulière

anonyme
Les Petites-Dalles. Vue générale des chalets et hôtel des Pavillons
vers 1900
carte postale
11 × 15 cm
collection particulière

Cartes postales :
Léon Monet (Quiberville) à M. Jean Monet (Giverny par Vernon)
10 septembre 1903

Aurélie Monet (Le Petit Berneval) à Mme Jean Monet (239, rue du Renard, à Rouen)
17 juillet 1904

Aurélie Monet (Dieppe) à Mme Jean Monet (239, rue du Renard, à Rouen)
15 septembre 1904

Adrienne Monet à Mme Jean Monet (239, rue du Renard, à Rouen)


5 août 1905

Aurélie Monet (Villers-sur-Mer) à Mme Jean Monet (239, rue du Renard, à Rouen)
26 septembre 1907
papier cartonné (procédé photomécanique, noir et blanc) et encre noire
9 x 14 cm
Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 54


Charles Gombert
Les Petites-Dalles, la falaise d’Aval
1885
photographie collée sur carton
16,5 × 10,8 cm
collection particulière

Narcisse Guilbert
Étretat. Porte d’Amont
vers 1907
huile sur toile
56 × 72 cm
collection particulière

Blanche Hoschedé-Monet
Les Petites-Dalles
1885-1890
huile sur toile
60 × 81 cm
collection particulière

Claude Monet
Étretat
vers 1864
huile sur toile
27 × 41 cm
Collection Peindre en Normandie, en dépôt au musée Les Franciscaines, Deauville

Claude Monet
Étretat
1884
huile sur toile
60 × 84 cm
Honfleur, musée Eugène Boudin, don Michel Monet, 1964

Léon Monet
Lettre illustée à Camille Pissarro
Claude Monet peignant sur le motif aux Petites-Dalles
21 octobre 1884
encre noire sur papier
27,2 × 21 cm
collection particulière

Berthe Morisot
Sur la plage, Les Petites-Dalles, Fécamp
1873
huile sur toile
24,13 × 50,17 cm
Richmond, Virginia Museum of Fine Arts

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 55


V a. Rouen, la vallée aux cent cheminées

Joseph Delattre
Vue de Rouen
huile sur toile
54 × 73 cm
Rouen, galerie Bertran

Charles Frechon
Fenaison, Rouen depuis la rive gauche
1891-1895
huile sur toile
46,5 × 65 cm
collection particulière

Blanche Hoschedé-Monet
Vue du port de Rouen (Le pont transbordeur)
vers 1900
huile sur carton
24 × 35 cm
collection particulière

Blanche Hoschedé-Monet
Vue générale de Rouen
vers 1902
huile sur toile
60 × 73 cm
collection particulière

Claude Monet
Rouen, vue générale depuis la côte Sainte-Catherine
carnet de dessins
vers 1873-1898
crayon sur papier
12 × 18,5 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Claude Monet
Usines près de Rouen
carnet de dessins
vers 1884-1885
crayon sur papier
12,5 × 20 cm
Paris, musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Camille Pissarro
Environs de Rouen
1883
huile sur toile
27 × 34,8 cm
collection particulière

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 56


Camille Pissarro
Le Pont de pierre et les barges à Rouen
1883
huile sur toile
54,2 × 65 cm
Columbus, Columbus Museum of Art, don de Howard D. and Babette L. Sirak

Camille Pissarro
Rouen, la côte Sainte-Catherine
1883
aquarelle sur papier
22,5 × 29 cm
Rouen, musée des Beaux-Arts – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Camille Pissarro
Le Cours-la-Reine ou Bords de la Seine à Rouen
1884
eau-forte et aquatinte
12,3 × 14 cm
Rouen, musée des Beaux-Arts – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Camille Pissarro
Paysage à Rouen (côte Sainte-Catherine)
1885
eau-forte et brunissoir
13 × 17,7 cm
Rouen, musée des Beaux-Arts – Réunion des musées métropolitains (RMM)

V b. Monet à Rouen, une révolution de cathédrale

Claude Monet
La Seine à Rouen
1872
huile sur toile
49,2 × 76,2 cm
Shizuoka, Shizuoka Prefectural Museum

Claude Monet
Vue générale de Rouen
1892
huile sur toile
65 × 100 cm
Rouen, musée des Beaux-Arts – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Claude Monet
La Cathédrale de Rouen. Le portail et la tour Saint-Romain, plein soleil
1894
huile sur toile
107 × 73,5 cm
Paris, musée d’Orsay

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 57


V c. La cuisine aux couleurs de Léon Monet

Joseph Delattre, surnommé Tatias


L’Église de Canteleu
vers 1882
huile sur bois
120 × 64 cm
Rouen, galerie Bertran

Claude Monet
Intérieur ou Méditation ou Méditation. Mme Monet au canapé
vers 1871
huile sur toile
48 × 75 cm
Paris, musée d’Orsay

Affiche et cartes postales

Geigy & C°
Affiche, Fabrique de couleurs d’aniline et d’extraits
vers 1901
69 × 46 cm
Bâle, Novartis International

Cartes postales
Monsieur H. Wallon, Rouen, à M. Léon Monet
9 avril 1878

Petit pour M. Chatel, Darnétal, à M. Léon Monet à Déville-lès-Rouen


25 juin 1879

Wegelin & Kullmann, Mulhouse, à M. Léon Monet, à Déville-lès-Rouen


13 mai 1884

Wegelin & Kullmann, Mulhouse, à M. Léon Monet, à Déville-lès-Rouen


16 août 1879

Pommier & Cie, à M. L. Monet, à Déville-lès- Rouen


28 juin 1879
collection particulière

Adrienne Monet (Maromme) à Mme Jean Monet (239, rue du Renard, à Rouen)
3 avril 1904

Joseph Zubelen (Bâle) à M. et Mme Jean Monet (239, rue du Renard, à Rouen)
3 décembre 1905

Joseph Zubelen (Bâle) à M. Jean Monet (239, rue du Renard, à Rouen)


2 janvier 1910
Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 58


Albums et boîtes d’échantillons de couleurs, coupons de tissus

Album d’échantillons de couleurs Bleu solide, A. Geigy, remis par Léon Monet
juillet 1883
34 × 23 cm
Elbeuf, Fabrique des savoirs

Album d’échantillons de couleurs Bleu de Kuhlmann vendu par Léon Monet de Déville-lès-Rouen
mai 1885
34 × 23 cm
Elbeuf, Fabrique des savoirs – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Geigy & C°
Boîte d’échantillons, couleur directe sur coton non tissé
n. d.
carton et coton
22 × 10,3 cm
Bâle, Novartis International AG

Geigy & C°
Boîte d’échantillons de couleurs d’aniline & extrait de bois coloré
1879
carton et fils de coton
10,8 × 23,3 cm
Bâle, Novartis International

Geigy & C°
Boîte d’échantillons de couleurs d’aniline, bois de couleur & extrait de tanin
1896
carton, tissu et fils colorés
9,8 × 21 × 2,5 cm
Bâle, Novartis International AG

Geigy & C°
Cartes d’échantillons, couleurs directes pour coton, laine, papier
seconde moitié du XIXe siècle
carton et étoffe
dimensions diverses
Bâle, Novartis International AG

Geigy & C°
Carte d’échantillons de couleurs d’aniline, bois de couleur – Extrait de sumac. Substitut d’indigo
pour impression & teinture
1878
carton et étoffe
16 × 9 cm
Bâle, Novartis International AG

Geigy & C°
Carte d’échantillons de couleurs d’aniline, bois de couleur & extraits
1882
carton et laine
15 × 11,5 cm
Bâle, Novartis International AG
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 59
Huet & Benner, fabrique d’indiennes à Darnétal
Album d’échantillons
1874 et 1875
Rouen, musée industriel de la Corderie Vallois – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Maison Besselièvre & Fils, Maromme


Album d’échantillons
Exposition universelle de 1889
Rouen, musée industriel de la Corderie Vallois – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Maison Besselièvre & Fils, Maromme


Coupons de tissus à décor de fleurs
1881
41 × 74 cm

à décor de fleurs rouges


1881
39 × 75 cm

à décor de fleurs sur fond noir


1883
29,5 × 76 cm

à décor de cerisiers en fleurs et d’oiseaux


1893
30 × 78 cm

à décor de cigognes
1893
30 × 79 cm

à décor d’éventails japonais


1893
30 × 78 cm
coton imprimé, sur armature simple
Rouen, musée industriel de la Corderie Vallois – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Crépons

anonyme
Cinq geisha : Shirotae, Kanehisa, Yokitae et Namihanato (?)
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
26,2 × 19,2 cm
collection particulière

Utagawa Fusatane
En visite pour voir des pivoines
1862
Feuilles centrale et droite d’un triptyque
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
26 × 37 cm
collection particulière

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 60


Toyohara Kunichika et Toyohara Chikanobu
La Lune à la rivière Sumida, série « Edo Hakkei, Vues d’Edo »
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
28 × 20 cm
collection particulière

Utagawa Kunisada II
Genji moderne, visite du jardin
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
28 × 20 cm
collection particulière

Utagawa Kunisada II
Une soirée au clair de lune dans le quartier des théâtres
vers 1864
Feuille droite d’un triptyque ∙ Gravure sur bois, tirage sur
papier crêpe
28 × 20 cm
collection particulière

Ochiai Yoshiiku
L’Élevage des vers à soie : essai des graines (œufs) de soie
1868
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
28 × 20 cm
collection particulière

Utagawa Yoshitora
La Grande Bataille de Koromogawa dans la province de Mutsu
1856
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe,
26,3 × 19 cm
collection particulière

Utagawa Yoshitora
Soie d’Ashikaga teintée la main en violet
vers 1864
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
27 × 38 cm
collection particulière

Utagawa Yoshitora
Au 5e étage de la maison Goseirô, nouveau quartier de Yoshiwara
1872
feuille centrale d’un triptyque
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
26,7 × 20 cm
collection particulière

Utagawa Yoshitora
Au 5e étage de la maison Goseirô, nouveau quartier de Yoshiwara
1872
feuille droite d’un triptyque
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
29 × 21 cm
collection particulière Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 61
Documents

Bon de livraison L. Monet, Déville lès- Rouen, à M. A. Cordier


16 août 1873
papier bleu
20,5 × 11,5 cm
collection particulière

Diplôme, Exposition universelle de 1878, médaille d’or à Geigy & C° (Suisse)


1878
Carton
53 × 59 cm
Bâle, Novartis International AG

Lettre de Léon Monet à M. Gros-Renaud, Déville-lès-Rouen


7 mai 1873
papier beige
20,5 × 26,5 cm
collection particulière

Mémorandum de Léon Monet à M. Gros-Renaud


Déville-lès-Rouen
9 octobre 1884
21,5 × 14 cm
collection particulière

Mémorandum de J. Petit pour Léon Monet à M. Gros-Renaud, Déville-lès-Rouen


17 octobre 1884
21 × 13,5 cm
collection particulière

Note à déposer sous pli, cacheté à la Société industrielle de Rouen, mentionnant les travaux de Léon
Monet sur le rouge diphényle et le bleu diphényle
Bâle, 7 avril 1908
encre sur papier et cachet de cire
27 × 21,5 cm
Bâle, Novartis International A. G.

Périodiques

Hadol
« Le Salon comique », L’Éclipse
30 mai 1875
impression sur papier
50,2 × 34,2 cm
Paris, musée Carnavalet – Histoire de Paris

Henri Charles Stock


L’Épatouflant, Salon du Havre
1868
45 × 32 cm
Le Havre, bibliothèque municipale

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 62


Caran d’Ache
« Peintre Pleinairiste », Revue illustrée, no 10
mai 1886
impression sur papier
32,5 × 24,5 cm
collection particulière

Photographies

Album de photographie
1901-1902
photographies, carton et reliure en cuir rouge
29 × 20,2 cm
collection particulière

Album de photographies des agents à l’étranger, Geigy & C°


vers 1910
papier, cuir, photographie,
32 × 37 cm
Bâle, Novartis International AG

anonyme
Léon Monet dans la cour de son usine de Maromme avec son neveu Jean (à droite) et le chimiste
Joseph Zubelen (au centre)
vers 1900
photographie collée sur carton
12 × 16,3 cm
collection particulière

anonyme
Léon Monet devant l’usine de Maromme
vers 1900
photographie collée sur carton
12 × 9 cm
collection particulière

anonyme
Léon Monet entouré de sa fille aînée Adrienne (à gauche) et de Blanche et Jean Monet (à droite)
vers 1900
photographie collée sur carton
12 × 16,3 cm
collection particulière

Girard et Co, manufacture d’indiennes à Déville-lès-Rouen


Album de photographies portant les initiales G. W. (Georges Witz, chimiste en chef) gravées
reliure en cuir
25 × 35 cm
Rouen, musée industriel de la Corderie Vallois – Réunion des musées métropolitains (RMM)

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 63


Hans Richter
La Naissance de la couleur
1939
film commandé pour le pavillon des usines chimiques bâloises à l’Exposition nationale suisse de
1939 à Zurich
caméra : Schwab Landsrath / musique : Hans Vogt / production : Tonfilm Frobenius AG, Münchenstein
/ sonorisation et copie : Eoscop AG, Bâle
durée : 24 min 19 s
Bâle, Novartis International AG

V d. Monet à Giverny. Peindre la couleur

Claude Monet
Le Bassin aux nymphéas
vers 1918-1919
huile sur toile
73 × 105 cm
Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Claude Monet
La Maison de l’artiste vue du jardin aux roses
vers 1922-1924
huile sur toile
81 × 92 cm
Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Claude Monet
Le Jardin de Giverny
vers 1922-1926
huile sur toile
93 × 74 cm
Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Lettre inédite de Claude Monet, Giverny, à Mme Léon Monet, Maromme


9 août 1917
encre sur papier
collection particulière

Palette de Claude Monet


Bois et peinture
50 × 31 cm
Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966

Sacha Guitry
Ceux de chez nous. Monet à Giverny
1915
film documentaire muet
noir & blanc, durée : 22 minutes

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 64


catalogue de l’exposition
publication aux éditions de la Réunion des musées
nationaux - Grand Palais, 2023

18 x 26,1 cm, 256 pages, 180 illustrations, 39 €

parution le 15 mars 2023

en vente dans toutes les librairies ou sur :


www.boutiquesdemusees.fr

sous la direction de Géraldine Lefebvre, avec les contributions


de Géneviève Aitken, Alain Alexandre, Jeanne-Marie David,
Frances Fowle, François Lespinasse, Marianne Mathieu,
Georges Roque, Gaël Sutter

sommaire :

Avant-propos / Géraldine Lefebvre

Léon Monet, un frère haut en couleurs / Géraldine Lefebvre

La cuisine aux couleurs

Les pigments synthétiques de la palette impressionniste. De la modernité au modernisme / Georges Roque

Peindre à Rouen. Claude Monet chez son frère Léon / Jeanne-Marie David

Aux Petites-Dalles, chez Léon Monet. L’invention d’un motif / Géraldine Lefebvre

« Impressionnistes » et « intransigeants ». La vente aux enchères de 1875 et le rôle de Léon Monet /


Frances Fowle

Léon Monet collectionneur / Géraldine Lefebvre

Collection Léon Monet. Œuvres - Album - Japonisme

Le mystère du crépon : entre papier et tissu / Geneviève Aitken

Collection Léon Monet. Répertoire / Frances Fowle, Géraldine Lefebvre, François Lespinasse

Les derniers Monet. Léon Monet et sa descendance / Géraldine Lefebvre et Marianne Mathieu

Repères chronologiques

Arbre généalogique

Dictionnaire des personnalités / Alain Alexandre, Jeanne-Marie David, Géraldine Lefebvre et Gaël Sutter

annexes
liste des œuvres exposées
table des illustrations
bibliographie
index des noms propres
crédits photographiques
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 65
auteurs

Geneviève Aitken
Historienne de l’art, spécialiste de l’art japonais, elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur les
estampes japonaises, en particulier Surimono. Trésors de l’estampe japonaise (2019), Hokusaï,
Hiroshige, Utamaro. Les grands maîtres du Japon (2019) et La Collection d’estampes japonaises
de Claude Monet (2022, cosigné avec Marianne Delafond).

Alain Alexandre
Professeur d’histoire-géographie de 1971 à 2007, il consacre ses recherches à la vallée du Cailly,
territoire situé au nord de Rouen. Il est l’auteur et le coauteur de nombreuses publications s’y
rapportant. Cofondateur de l’Association du musée de l’Homme et de l’Industrie en Haute-
Normandie en 1980, il en est le président depuis 1993. Membre de plusieurs associations culturelles
régionales, il est un acteur engagé dans la sauvegarde et la valorisation du patrimoine industriel de
l’agglomération rouennaise.

Jeanne-Marie David
Historienne de l’art, elle est chargée de projet au musée des Beaux-Arts de Rouen. Elle a notamment
effectué de nombreuses recherches sur la vie artistique à Rouen et est l’auteure de plusieurs articles
sur les artistes impressionnistes et leur influence dans cette ville entre 1870 et 1920.

Frances Fowle
Titulaire de la chaire d’art du XIXe siècle à l’université d’Édimbourg, elle est conservatrice principale
aux National Galleries of Scotland, spécialiste de l’impressionnisme et du marché de l’art. Parmi ses
publications figurent Monet and French Landscape: Vétheuil and Normandy (2006), Impressionism
and Scotland (2008), Van Gogh’s Twin: The Scottish Art Dealer Alexander Reid (2010) et Globalizing
Impressionism: Reception, Translation and Transnationalism (2020, codirigé avec Alexis Clark).

Géraldine Lefebvre
Diplômée de l’École du Louvre et docteure en histoire de l’art, elle a dirigé la publication de Monet au
Havre. Les années décisives (2016) et contribué à de nombreux catalogues d’expositions, dont Monet.
Impression Sunrise (2019), François Depeaux. Collectionneur des impressionnistes (2020), Monet.
Dal musée Marmottan Monet, Parigi (2021) et Monet/Rothko (2022). Elle a assuré le commissariat
de plusieurs expositions, dont Monet-Auburtin (2019, Giverny, musée des Impressionnismes). Elle
prépare aujourd’hui le catalogue raisonné des pastels de Claude Monet.

François Lespinasse
Spécialiste de l’école de Rouen, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Galeriste à Rouen
de 1979 à 2006, il a été consultant au Wildenstein Plattner Institute pour le catalogue raisonné
d’Albert Lebourg et expert près la Cour d’appel de Rouen. Il a assuré le commissariat de nombreuses
expositions pour les musées de Louviers, Honfleur, Pont-Audemer, Bernay, Rueil-Malmaison, Pontoise,
Vernon et Rouen. Il a récemment contribué aux catalogues François Depeaux. Collectionneur des
impressionnistes (2020) et Van Gogh and the Avant-Garde: The Modern Landscape (2023).

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 66


Marianne Mathieu
Historienne de l’art, elle crée le pôle des relations internationales du musée d’Orsay, puis assure
durant dix ans la direction scientifique du musée Marmottan Monet ; en 2022, elle fonde l’agence
ACPA – Advising Curating Producing Art. Spécialiste de l’impressionnisme, elle assure depuis plus
de vingt ans le commissariat d’expositions en France et à l’étranger, notamment Julie Manet. La
mémoire impressionniste (2021, Paris, musée Marmottan Monet), Monet-Mitchell (2022, Paris,
Fondation Louis Vuitton) et Monet en pleine lumière (2023, Monaco, Grimaldi Forum). Elle est
l’auteure de plusieurs essais et ouvrages consacrés à Claude Monet et à l’impressionnisme.

Georges Roque
Philosophe et historien de l’art, il est directeur de recherche honoraire au CNRS, rattaché au
Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL), EHESS, Paris. Il travaille sur la théorie
des couleurs et sur l’analyse des images fixes. Un grand nombre de ses articles est disponible sur
le site academia.edu. Son dernier ouvrage, La Cochenille, de la teinture à la peinture. Une histoire
matérielle de la couleur, est paru en 2021 (Prix Arnold et Vitale Blokh, 2022).

Gaël Sutter
Historienne de l’art, elle est diplômée de l’École du Louvre et de l’Institut d’histoire de l’art de
l’université d’Heidelberg. Elle s’est intéressée au patrimoine industriel et technique grâce aux
enseignements de Claudine Cartier et de Jean-François Belhoste. Elle a effectué des vacations à
l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) au sein du programme de recherche « Colorants et textiles
de 1850 à nos jours », mené par Marie-Anne Sarda.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 67


autres publications

journal de l’exposition ● Journal de l’exposition ●


Léon Monet
Musée du Luxembourg 6 € ⚫ Éditions de la Réunion des
15 mars ⚫ 16 juillet 2023 musées nationaux – Grand Palais

publication aux éditions de la Réunion des


Frère de l’artiste et collectionneur
par Géraldine Lefebvre et Georges Roque

musées nationaux - Grand Palais, 2023

28 x 43 cm, 24 pages, 30 illustrations, 6 €

parution le 15 mars 2023

en vente dans toutes les librairies ou sur :


www.boutiquesdemusees.fr
« Je me sers de blanc d’argent, jaune cadmium, vermillon,
garance foncée, bleu de cobalt, vert émeraude, et c’est tout. »
Claude Monet, lettre à Paul Durand-Ruel, Giverny, le 3 juillet 1905, lettre no 1780, Daniel Wildenstein, Claude Monet.
Biographie et catalogue raisonné, Lausanne-Paris, La Bibliothèque des arts-Wildenstein Institute, 1985, t. IV, 1899-1926. Peintures, p. 369.

1 • Claude Monet, Portrait de Léon Monet, 1874 • Huile sur toile, 63 × 52 cm • Collection particulière • Ancienne collection Léon Monet

auteurs :
Géraldine Lefebvre, Docteure en histoire de l’Art, spécialiste du XIXe siècle

Georges Roque, Philosophe et historien d’art

carnet de l’exposition
À
Léon Monet

la fois chimiste en couleurs, industriel


Léon Monet

CARNET
rouennais et collectionneur, Léon Monet D’EXPO
(1836-1917), frère de Claude (1840-1926),

coédition Rmn - Grand Palais / Découvertes Gallimard


joua un rôle décisif dans la carrière de l’artiste. En
1872, au moment où celui-ci, de retour au Havre,
peint Impression, soleil levant, Léon fonde la Société
industrielle de Rouen et décide d’apporter un soutien
actif à son frère et à ses amis impressionnistes. Ce sont
les prémices de la constitution d’une remarquable
collection d’art moderne.

broché, 12 x 17 cm, 64 pages, 35 illustrations, 9,90 €


Les peintures et dessins de Monet, Sisley, Pissarro
et Renoir issus de cette collection, mais aussi des
livres de couleurs, des échantillons de tissus, des
estampes japonaises, des documents d’archives et
de nombreuses photographies de famille révèlent
la personnalité singulière d’un amateur d’art éclairé.

Léo
Témoignage vibrant de l’affection profonde qui unit

parution le 15 mars 2023


les deux frères, le portrait énergique de Léon peint
9:HSMARD=UWUYX\:

par Claude Monet en 1874 est présenté pour la toute


première fois.

Mo et
Rm
G07582 9,90 €
ISBN 978-2-07-302043-7

f è e e ’ t te et co ect o eu
Découve te

GÉRALDINE LEFEBVRE
OCTAVIUS marque,
modèle et brevet déposés
© Gallimard-Zanardi CARNET
D’EXPO
www.decouvertes-gallimard.fr GK197985 Découve te m Rm

1744222_leon monet_couv@001.indd 1 11/01/23 13:53

auteure :
Géraldine Lefebvre, Docteure en histoire de l’Art, spécialiste du XIXe siècle

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 68


programmation culturelle
cycles de conférences

au cinéma Les 3 Luxembourg, 67, rue Monsieur le Prince, Paris 75006


réservation obligatoire sur museeduluxembourg.fr, entrée gratuite

conférence de présentation
le jeudi 23 mars à 18h30
Avec Géraldine Lefebvre, docteure en histoire de l’art et commissaire de l’exposition.
Qui était Léon Monet, industriel pionnier de la chimie des couleurs et soutien actif de l’impressionnisme
dès la naissance du mouvement ? La commissaire de l’exposition revient sur l’histoire de cet homme,
sur ses liens avec son frère et les impressionnistes, ainsi que sur sa collection, qui constitue le cœur
de l’exposition.

Fratries, avec ou sans fraternité ?


le jeudi 20 avril à 18h30
Avec Robert Neuburger, professeur honoraire de psychologie clinique à Université Libre de Bruxelles.
Il faut distinguer fratrie et fraternité. Sans être nécessairement frères et sœurs de sang, certains
ressentent un sentiment fraternel, d’autres pas. Mais ce sentiment, s’il naît, ne fera le plus souvent
que succéder au premier ressenti qui fait vivre l’arrivée d’un frère ou d’une sœur comme l’irruption
d’un ou d’une rival(e). L’amour fraternel porte la marque de cette ambivalence, comme en témoigne
la relation entre Claude Monet et son frère.

Argenteuil de Manet : « Un fleuve d’indigo »


le jeudi 11 mai à 18h30
Avec Georges Roque, directeur de recherche honoraire au CNRS.
Lors de sa présentation au Salon de 1875, Manet a été très critiqué pour sa toile Argenteuil, en
particulier pour le bleu de la Seine, jugé beaucoup trop intense. Mais qu’est-ce qu’un bleu « trop »
bleu et pourquoi les critiques se sont-ils acharnés sur ce bleu ? Répondre à cette question entraîne
le visiteur dans une plongée au cœur de la matérialité de la couleur autour des débats de l’époque
concernant les pigments industriels et synthétiques.

Sur la piste de Claude Monet : la « chasse » aux motifs impressionnistes des années 1920
aux années 1950
le jeudi 25 mai à 18h30
avec Hadrien Viraben, docteur en histoire de l’art.
Consacrée à la réception de Monet au XXe siècle, la conférence se focalise sur l’une de ses
manifestations les plus singulières : la « chasse » aux motifs impressionnistes. La recherche du
site représenté par un tableau se mue, dès l’entre-deux-guerres, en une entreprise collective de
mémoire, pour aboutir à la valorisation, tant savante que touristique, du territoire normand.

Les couleurs de Daniel Walravens


le mardi 13 juin à 18h30
Avec Daniel Walravens, peintre et coloriste.
En guise de présentation de son travail, Daniel Walravens propose un parcours pictural, un
cheminement à travers la couleur. Il met en perspective cette relation singulière dans laquelle
l’influence du peintre-coloriste interagit avec ses créations couleurs pour l’industrie.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 69


événements

visites théâtralisées : une promenade impressionniste


le vendredi 31 mars, samedi 15 avril, vendredi 23 juin et samedi 24 juin à 18h15
Visites proposées par La Compagnie du Chapeau de Paille, avec Alexandre Laval, comédien et
metteur en scène, et Claire Penalver-Smorawinska, comédienne. Les peintres Claude Monet et
Berthe Morisot, figures du groupe impressionniste, emmènent le visiteur à la rencontre de Léon
Monet, frère et mécène de l’artiste, pour une promenade picturale et théâtrale à travers l’histoire du
mouvement et des lieux qui l’ont inspiré.

Nuit européenne des musées


le samedi 13 mai de 19h30 à minuit, dernière entrée 23h30
entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles
Impressions au soleil couchant : lors de cette soirée spéciale, le visiteur découvre l’exposition grâce
aux jeunes médiateurs de l’Université Paris-Dauphine et assiste à un spectacle musical qui fera
revivre l’aventure impressionniste. Concert proposé par La Grande Fugue, compagnie d’évasion
musicale.

soirée carnet de dessin


le mardi 18 avril de 19h à 21h
sur réservation. Gratuit pour les moins de 26 ans, 10 € au-delà
Comme le jeune Claude Monet aimait à le faire, le visiteur peut apporter son matériel pour croquer
les œuvres de l’exposition : esquisse, caricature ou œuvre finie, noir et blanc ou couleurs, c’est en
copiant qu’on apprend.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 70


visites guidées et ateliers
visite guidée générale
à partir de 13 ans, durée : 1h15
Pour découvrir les liens étroits qui unissaient Léon Monet à son frère, fondés sur la solidarité fraternelle
mais aussi sur une compréhension profonde des innovations impressionnistes. Entre travail sur la
couleur et études sur le motif, c’est toute la recherche impressionniste qui se dévoile aux visiteurs sous
un jour nouveau.

week-end Jeune médiation


samedi 13 mai de 15h à 23h, dimanche 14 mai de 14h à 18h
À l’occasion d’un week-end spécial, les visiteurs découvrent l’exposition avec les étudiants de l’Université
Paris-Dauphine. Postés devant leurs œuvres préférées, ils attendent les questions des visiteurs et
partagent avec eux leurs connaissances et leurs coups de cœur.

visite en famille
le dimanche et pendant les vacances scolaires
à partir de 6 ans, durée : 1h
Les Impressionnistes, c’est aussi une histoire de famille ! Des plages normandes aux quais parisiens
en passant par Rouen, un conférencier du Musée invite les visiteurs à partager cette aventure pleine de
couleurs, de travail et de moments de bonheurs familiaux et amicaux.

visite contée Petits Monet


les samedis 25 mars, 15 avril, 13 mai et 10 juin à 9h30
pour les 3-5 ans, durée : 30 mn
Tels de petites souris, les enfants se glissent dans l’intimité de la famille Monet. Ils vont à la rencontre
de ses différents membres, découvrent leur vie quotidienne ainsi que leurs lieux familiers, dans une
approche tout en douceur de la peinture impressionniste.

visite-atelier enfants : Dans les pas des impressionnistes


lundi 10 avril, jeudi 4, lundi 8, jeudi 18 et lundi 29 mai
à partir de 6 ans, durée : 2h
Pour rejoindre la collection de Léon Monet en réalisant une peinture à la mode impressionniste, pleine
de couleurs et de lumière et découvrir les œuvres emblématiques de l’exposition avec une plasticienne.

visite scolaire
de la maternelle au supérieur, durée : 45 mn à 1h15 en fonction des niveaux
Témoin privilégié du développement de l’Impressionnisme, Léon Monet a soutenu son frère Claude
ainsi que les amis de celui-ci dès leurs débuts. À travers cette histoire de famille, les élèves découvrent
l’univers des Impressionnistes et se familiarisent avec un mouvement fondateur de la modernité
artistique.

livret-jeux enfants
à partir de 7 ans
Avec Lily et Jimmy, les enfants explorent le carnet de souvenirs de Léon Monet et partent à la découverte
des œuvres de l’exposition.

audioguides
pour profiter du commentaire d’œuvres majeures de l’exposition.
français, anglais, allemand, espagnol, italien et version enfants en français
tarif : 5 €, tarif Sésame Escales : 4 €
en téléchargement à partir de l’application : 3,99 € (français, anglais, allemand, espagnol, italien, enfants
en français)
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 71
développements numériques
un super zoom interactif
Une installation numérique est proposée au cœur du parcours d’exposition. Interactif, ce programme
est accessible grâce à une tablette tactile et interconnectée à un écran vidéo en haute définition.
Le programme Léon Monet, chimiste en couleurs et collectionneur apporte un regard complémentaire
à l’exposition. Le visiteur découvre ainsi d’autres œuvres de la collection de Léon Monet : celles de
son frère, Claude Monet, et celles d’autres artistes. Il découvre également les couleurs synthétiques
de Léon Monet et les couleurs utilisées par Claude Monet.

l’application mobile du musée du Luxembourg


Le musée du Luxembourg met à disposition une application mobile gratuite sur Apple et Android.
Un outil utile pour les informations pratiques, suivre l’actualité, préparer sa venue, vivre pleinement
les expositions et les événements du musée.

Elle offre le parcours découverte Couleurs, gratuit, en français et en anglais.

les audioguides peuvent y être téléchargés directement, en achats intégrés, au prix de 3,49 €
adulte (français, anglais, allemand, espagnol, italien)
enfant (français, anglais)

téléchargez l’application

la promenade sonore de l’exposition


Promenade musicale par le label Tsuku Boshi.
Application téléchargeable gratuitement sur museeduluxembourg.fr et à partir de l’application mobile
du musée.

les sites pédagogiques


contenus numériques pédagogiques autour des impressionnistes et de Claude Monet : des vidéos,
des images et des textes sur les grands chefs-d’œuvre de Claude Monet :
- MOOC impressionnisme : une vidéo qui présente les relations de Claude Monet et de Paul Durand-
Ruel
- MOOC impressionnisme : deux vidéos (1 et 2) qui présentent les caractéristiques du mouvement
impressionniste.
- Histoire d’Histoires : la Gare Saint Lazare de Monet

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 72


informations pratiques

adresse
Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

téléphone
01 40 13 62 00

ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne tous les lundis jusqu’à 22h
fermeture exceptionnelle le 1er mai

tarifs
14 € ; TR 10 €,
spécial Jeune 16-25 ans : 10 € pour 2 personnes du lundi au vendredi après 16h
gratuit pour les moins de 16 ans,
bénéficiaires des minima sociaux,
illimité avec le pass Sésame Escales
réservation conseillée

accès
métro St Sulpice ou Mabillon
rer B Luxembourg
bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat

informations et réservations
museeduluxembourg.fr

audioguides
adulte (français et anglais) et enfant (français) : 3,99 € sur application mobile et 5 € sur place

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 73


visuels disponibles pour la presse

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rendu.
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L’œuvre doit être reproduite dans son intégralité, ne doit être ni taillée, ni coupée, et aucun élément ne
doit y être superposé.
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(29 visuels)

Claude Monet
Premier album de dessins
acquis pas Léon en 1893
dédicace « Souvenir de jeunesse, à mon
cher frère, ce 20 septembre 95 »
1856
crayon sur papier
21 x 27,5 cm
collection particulière
© photo François Doury

Claude Monet
La Plage de Sainte-Adresse
1864
huile sur toile
30 x 69 cm
Tochigi, Japon, Tochigi Prefectural Museum
of Fine Arts
© Tochigi Prefectural Museum of Fine Arts

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 74


Claude Monet
Vue de Sainte-Adresse
1864
huile sur toile
28,7 x 40,5 cm
collection particulière

Claude Monet
Jardin en fleurs, à Sainte-Adresse
vers 1866
huile sur toile
65 x 54,5
Paris, musée d’Orsay, retrouvé en
Allemagne après la Seconde guerre
mondiale et confié à la garde des musées
nationaux, 1949, dépôt au musée Fabre,
Montpellier
© Rmn - Grand Palais (musée d’Orsay) /
Hervé Lewandowski

Gustave Le Gray
Le Soleil couronné, Normandie
1856-1857
tirage sur papier albuminé d’après un
négatif sur verre au collodion
31 x 41,3 cm
Marseille, MUCEM – Musée des
Civilisations de l’Europe et de la
Méditerranée,en dépôt au musée des
Beaux-Arts, Troyes
© musée des Beaux-Arts, Troyes. photo
Carole Bell, Ville de Troyes

Claude Monet
Anglais à moustache
vers 1857
crayon et rehauts de gouache sur papier
gris
24 x 16 cm
collection particulière

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 75


Etienne-Carjat & Cie
Portrait de Léon Monet
photographie collée sur carton
9 x 5,5 cm
collection particulière

Claude Monet
Portrait de Léon Monet
1874
huile sur toile
63 x 52 cm
collection particulière

Claude Monet
Navires en réparation
1873
huile sur toile
71,2 x 54 cm
Edimbourg, National Galleries of Scotland,
legs de Lord Amulree, 1984
© Creative Commons CC

Pierre-Auguste Renoir
Paris, l’Institut au Quai Malaquais
1872
huile sur toile
46 x 56 cm
collection particulière
© Courtesy of the painting owner

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 76


Alfred Sisley
Route de Louveciennes, effet de neige
1874
huile sur toile
65 x 92 cm
Potsdam, Allemagne, Museum Barberini,
collection Hasso Plattner
© Hasso Plattner Collection

Berthe Morisot
Sur la plage, Les Petites-Dalles, Fécamp
1873
huile sur toile
24,13 x 50,17 cm
Richmond, Etats-Unis, Virginia Museum of
Fine Arts
© Virginia Museum of Fine Arts Photo
Kaherine Wetzel

Blanche Hoschedé Monet


Les Petites-Dalles
1885-1890
huile sur toile
60 x 81 cm
collection particulière

Camille Pissarro
Environs de Rouen
1883
huile sur toile
27 x 34,5 cm
collection particulière
© Photograph Courtesy of Sotheby’s, Inc.

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 77


anonyme
Léon Monet dans la cour de son usine de
Maromme avec son neveu Jean (à droite) et
le chimiste Joseph Zubelen (au centre)
vers 1900
photographie collée sur carton
12 × 16,3 cm
collection particulière
© photo François Doury

Charles Frechon
Fenaison, Rouen depuis la rive gauche
1891-1895
huile sur toile
46,5 x 65 cm
collection particulière
© photo François Doury

Geigy & C°
Boîte d’échantillons, couleur directe sur
coton non tissé
carton et coton
22 × 10,3 cm
Bâle, Novartis International AG
© Adriano A. Biondo

Maison Besselièvre & Fils, Maromme


Coupon de tissus à décor de cigognes
1893
coton imprimé, sur armature simple
30 x 79 cm
Rouen, musée Industriel de la Corderie
Vallois - Réunion des Musées Métropolitains
(RMM)
© musée de la Corderie Vallois - Notre
Dame de Bondeville

Camille Pissarro
Le pont de pierre et les barges à Rouen
1883
huile sur toile
54,2 x 65 cm
Columbus, Etats-Unis, The Columbus
Museum of Art
© Columbus Museum of Art

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 78


Yoshiiku Ochiai
L’élevage des vers à soie : essai des
graines (= œufs) de soie
1868
gravure sur bois, tirage sur papier crêpe
28 x 20 cm
collection particulière
© photo François Doury

Claude Monet
Méditation, Madame Monet au canapé
vers 1871
huile sur toile
48 x 75 cm
Paris, musée d’Orsay, legs de monsieur et
madame Raymond Koechlin, 1931
© Rmn - Grand Palais / Gérard Blot

Claude Monet
La Seine à Rouen
1872
huile sur toile
49,2 x 76,2 cm
Shizuoka, Shizuoka Prefectoral Museum of
Art, Japon
© Shizuoka, Shizuoka Prefectoral Museum
of Art

Claude Monet
Vue générale de Rouen
1892
huile sur toile
65 x 100 cm
Rouen, Musée des beaux-arts de Rouen
© Rmn - Grand Palais / Michèle Bellot

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 79


Claude Monet
Le jardin de Giverny
vers 1922-1926
huile sur toile
93 x 74 cm
Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel
Monet, 1966
© Musée Marmottan Monet, Paris

MUSÉE DU
LUXEMBOURG
15 MARS
16 JUILLET 2023

MONET affiche de l’exposition


MORISOT
PISSARRO Léon Monet, frère de l’artiste et
RENOIR collectionneur
Claude Monet (1840-1926)
SISLEY...

Portrait de Léon Monet (détail)


1874
© collection particulière
FRÈRE DE L’ARTISTE © Réunion des musées nationaux - Grand
ET COLLECTIONNEUR
Palais, 2023
Claude Monet (1840-1926), Portrait de Léon Monet (détail), 1874, © Collection particulière

couverture du catalogue de l’exposition


Léon Monet, frère de l’artiste et
collectionneur
Claude Monet
Le Bassin aux Nymphéas (détail)
vers 1918-1919
huile sur toile
© Musée Marmottan Monet, Paris
© Réunion des musées nationaux - Grand
Palais, 2023

● Journal de l’exposition ●
Léon Monet
Musée du Luxembourg 6 € ⚫ Éditions de la Réunion des
15 mars ⚫ 16 juillet 2023 musées nationaux – Grand Palais

couverture du journal de l’exposition


Frère de l’artiste et collectionneur
par Géraldine Lefebvre et Georges Roque

Léon Monet, frère de l’artiste et


collectionneur
Claude Monet (1840-1926)
Portrait de Léon Monet (détail)
1874
© collection particulière
© Réunion des musées nationaux - Grand
Palais, 2023
« Je me sers de blanc d’argent, jaune cadmium, vermillon,
garance foncée, bleu de cobalt, vert émeraude, et c’est tout. »
Claude Monet, lettre à Paul Durand-Ruel, Giverny, le 3 juillet 1905, lettre no 1780, Daniel Wildenstein, Claude Monet.
Biographie et catalogue raisonné, Lausanne-Paris, La Bibliothèque des arts-Wildenstein Institute, 1985, t. IV, 1899-1926. Peintures, p. 369.

80
1 • Claude Monet, Portrait de Léon Monet, 1874 • Huile sur toile, 63 × 52 cm • Collection particulière • Ancienne collection Léon Monet

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur


À couverture du carnet de l’exposition
la fois chimiste en couleurs, industriel

Léon Monet
CARNET
rouennais et collectionneur, Léon Monet D’EXPO
(1836-1917), frère de Claude (1840-1926),

coédition Rmn - Grand Palais /


joua un rôle décisif dans la carrière de l’artiste. En
1872, au moment où celui-ci, de retour au Havre,
peint Impression, soleil levant, Léon fonde la Société
industrielle de Rouen et décide d’apporter un soutien
actif à son frère et à ses amis impressionnistes. Ce sont Découvertes Gallimard
Léon Monet, frère de l’artiste et
les prémices de la constitution d’une remarquable
collection d’art moderne.
Les peintures et dessins de Monet, Sisley, Pissarro

collectionneur
et Renoir issus de cette collection, mais aussi des
livres de couleurs, des échantillons de tissus, des
estampes japonaises, des documents d’archives et

Claude Monet (1840-1926)


de nombreuses photographies de famille révèlent
la personnalité singulière d’un amateur d’art éclairé.

Léo Portrait de Léon Monet (détail)


Témoignage vibrant de l’affection profonde qui unit
les deux frères, le portrait énergique de Léon peint
par Claude Monet en 1874 est présenté pour la toute

1874
première fois.

Mo et
Rm

© collection particulière
m

f è e e ’ t te et co ect o eu
Découve te

GÉRALDINE LEFEBVRE
OCTAVIUS marque,
modèle et brevet déposés
© Gallimard-Zanardi CARNET
D’EXPO
www.decouvertes-gallimard.fr GK197985 Découve te m Rm

onet_couv@001.indd 1 11/01/23 13:53

façade Musée du Luxembourg


© photo Simon Lerat pour la Rmn Grand -
Palais, 2022

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 81


partenaires

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Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 82


musée du Luxembourg

En 2019 à la suite d’une procédure de mise en concurrence, le Bureau du Sénat a décidé, de confier à
nouveau la délégation de service public pour la gestion du musée du Luxembourg à la Réunion des musées
nationaux - Grand Palais du 1er janvier 2020 au 31 juillet 2026.

Depuis février 2011, la Rmn - Grand Palais a produit dans l’écrin du musée du Luxembourg 20 expositions
dont la qualité scientifique a été saluée par la critique. Elles ont permis au public de découvrir ou redécouvrir
de grandes figures et thématiques de l’histoire de l’art. La programmation a été marquée par d’immenses
succès populaires, notamment l’exposition Chagall. Entre guerre et paix en 2013, Alphonse Mucha en 2018,
Peintres femmes. 1780-1830. Naissance d’un combat en 2021 ou plus récemment Vivian Maier mais aussi
Pionnières, artistes dans le Paris des Années folles. Le Musée a exposé dernièrement Miroir du Monde,
chefs-d’œuvre du Cabinet d’art de Dresde.

D’abord installé dans le Palais du Luxembourg, que Marie de Médicis fait construire entre 1615 et 1630, le
musée du Luxembourg est le premier musée français ouvert au public en 1750. Les visiteurs peuvent alors
y admirer les vingt-quatre toiles de Rubens à la gloire de Marie de Médicis et une centaine de tableaux
provenant du Cabinet du Roi, peints par Léonard de Vinci, Raphaël, Véronèse, Titien, Poussin, Van Dyck ou
encore Rembrandt. Après le transfert de ces œuvres au Louvre, le musée du Luxembourg devient, en 1818,
le « musée des artistes vivants », c’est-à-dire l’équivalent du musée national d’art contemporain. David,
Ingres, Delacroix, entre autres, y sont exposés.

Affectataire du Palais et du Jardin du Luxembourg en 1879, le Sénat fait édifier le bâtiment actuel entre 1884
et 1886. Les impressionnistes y sont pour la première fois exposés dans un musée national, grâce au legs
Caillebotte qui comporte des œuvres de Pissarro, Manet, Cézanne, Sisley, Monet, Renoir... Cette collection
se trouve aujourd’hui au musée d’Orsay. Fermé après la construction d’un musée national d’art moderne
au Palais de Tokyo en 1937, le musée du Luxembourg rouvre ses portes au public en 1979. Le Ministère
de la Culture y organise des expositions sur le patrimoine des régions et les collections des musées de
province, le Sénat conservant un droit de regard sur la programmation et l’usage du bâtiment. En 2000, le
Sénat décide d’assumer à nouveau l’entière responsabilité du musée du Luxembourg, afin de conduire une
politique culturelle coordonnée dans le Palais, le Jardin et le musée.

S’il a pour missions premières, en sa qualité d’assemblée parlementaire, le vote de la loi, le contrôle du
Gouvernement, l’évaluation des politiques publiques et la prospective, le Sénat se doit également de mettre
en valeur le patrimoine dont il est affectataire. Pour garantir un rayonnement et un niveau d’excellence dans la
production et l’organisation des expositions présentées au musée du Luxembourg, le Sénat a choisi de faire
appel à des professionnels de ce secteur. Le musée du Luxembourg s’est ainsi imposé au fil des ans comme
l’un des principaux lieux d’expositions parisiens, en permettant à ses très nombreux visiteurs d’apprécier les
chefs-d’œuvre de Botticelli, Raphaël, Titien, Arcimboldo, Véronèse, Gauguin, Matisse, Vlaminck, Modigliani,
Chagall, Fragonard…

La Rmn – Grand Palais est l’un des premiers organisateurs d’expositions dans le monde. Exposer, éditer,
diffuser, acquérir, accueillir, informer : elle contribue, pour tous les publics, à l’enrichissement et à la meilleure
connaissance du patrimoine artistique aux niveaux national et international.
Toute l’actualité du Musée du Luxembourg sur museeduluxembourg.fr
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 83
Shigeru Ban
Le Musée du Luxembourg a fait appel à Shigeru Ban et Jean de Gastines, architectes renommés pour
la qualité esthétique et le souci environnemental de leurs réalisations, pour concevoir l’ensemble des
aménagements intérieurs des espaces publics du Musée. Ils ont notamment créé spécialement une série de
mobiliers en tubes de carton recyclé (bancs, tables, comptoirs), installés dès 2011.

© Nicolas K

© Didier Boy de la Tour

Deux structures temporaires extérieures ont également été érigées pour abriter, à l’avant du Musée, le
restaurant-salon de thé et à l’arrière, les ateliers pédagogiques ou des manifestations privées. Ces deux
structures ont fait en 2020 l’objet d’importants travaux de rénovation, de leurs façades notamment, afin de
leur restituer la transparence souhaitée par leur concepteur et permettre ainsi une parfaite synergie entre
l’intérieur des bâtiments et leur environnement immédiat.

pour les 2 visuels © droits réservés


Shigeru Ban est un architecte japonais de notoriété internationale. Il est réputé pour l’utilisation, dans
ses constructions, de matières de type papier et carton, en lien avec ses préoccupations humanitaires et
environnementales. On lui doit en 1994 le Miyake design studio Gallery à Tokyo, en 1995 l’église de papier
de Kobe, en 2000 le pavillon du Japon en collaboration avec Frei Otto à l’exposition universelle d’Hanovre,
en 2013 la Cardboard Cathedral de Christchurch.

L’identité forte de ses réalisations a incité des institutions telles que le MoMa de New York ou la Fondation
Guggenheim à lui commander des projets pour des installations temporaires. En 2014, il a reçu le Pritzker
Prize qui récompense chaque année le travail d’un architecte vivant qui a montré, à travers ses projets et ses
réalisations, les différentes facettes de son talent et qui a eu un apport significatif à l’architecture.

Il a, avec Jean de Gastines, livré le Centre Pompidou de Metz en mai 2010 et la Seine Musicale à Boulogne-
Billancourt en 2017.
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur 84
notes
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