Vous êtes sur la page 1sur 10

ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬

DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬


11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

Durabilité du béton des ouvrages d’arts : Critères de choix des


constituants
A. Ouali1 M. Mayou2 L. Kassoumi1 A. Sabihi1
1LPEE/CEGT, Km 13 Route El Jadida, ouali@lpee.ma,

abdellah.ouali@gmail.com,kassoumi@lpee.ma, sabihi@lpee.ma
2Lafarge-Holcim Maroc, 6, Route de Mekka, Quartier les crêtes, Casablanca 20150

mohammed.mayou@lafargeholcim.com

R Résumé : Les maîtres d’ouvrages à l’échelle nationale, exigent pour les ouvrages d’art une
durée de vie de 100 ans et donnent les classes d’exposition pour les différentes parties
d’ouvrages.
Ceci implique l’adoption d’exigences particulières en matière de nature et qualité des
constituants des bétons hydrauliques.
Afin de répondre aux contraintes découlant de ces exigences, le fournisseur du béton doit se
conformer aux normes et documents de référence en tenant compte des enrobages retenus.
Les critères de choix des constituants deviennent primordiaux pour respecter les seuils des
principaux indicateurs de durabilité vis-à-vis de la corrosion (résistances mécaniques, porosité,
diffusion des chlorures et perméabilité aux gaz) ainsi que les seuils des indicateurs de
durabilité spécifiques vis-à-vis des phénomènes de gonflement, à savoir l’alcali-réaction et les
attaques sulfatiques interne et externe.
L’article présentera les critères de base concernant le choix des constituants et
particulièrement, la nature du ciment, les types d’additions, la nature des granulats ainsi que
les prescriptions relatives à la composition des bétons.
Mots clés : DUP, durabilité du béton, indicateur de durabilité, classes d’expositions, enrobage
de durabilité, porosité, diffusion des chlorures, perméabilité aux gaz, RAG, RSI,

1
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

1. Introduction

Les ouvrages d’art ont une importance capitale dans le réseau routier et autoroutier, compte
tenu du coût d’investissement qu’ils représentent et du coût économique qu’entraînerait une
interruption de trafic pour les travaux de réparation. Par conséquent, la « durée de vie» où la
« durée d’utilisation du projet (DUP) » exigée pour ces ouvrages est 100 ans. La DUP se définit
comme la période au cours de laquelle la structure est censée rester normalement utilisable
en étant entretenue, mais sans qu’il soit nécessaire de procéder à de grosses réparations [1].
La durabilité directement liée à l’environnement immédiat ou futur des ouvrages et partie
d’ouvrage est aujourd’hui le paramètre important à considérer pour optimiser la résistance des
bétons aux influences externe et interne : intempéries, agressivité des sols, atmosphères
chimiquement agressives,…. La seule durabilité intrinsèque du béton ne suffit plus à garantir
la durée de service de l’ouvrage. Prescrire un béton durable nécessite donc d’apprécier, dès
sa conception, l’ensemble des contraintes environnementales, des agressions et des attaques
potentielles, qu’il aura à subir pendant toute sa durée de service, et de respecter et mettre en
œuvre les recommandations en vigueur. Il est par conséquent nécessaire, dès le stade de
conception, de définir de manière précise les classes d’expositions et les niveaux de
préventions vis-à-vis de l’alcali-réaction et des attaques sulfatiques internes [2][3]. Les niveaux
de prévention recommandés pour ces deux réactions sont respectivement niveau C, vis-à-vis
de l’alcali-réaction et As à Ds pour l’attaque sulfatique interne (RSI) pour les parties d’ouvrages
de cette catégorie.

Les ouvrages répondant à l’exigence de DUP de 100 ans sont classés dans la classe
structurale S6. L’enrobage de durabilité minimal à respecter pour cette classe structurale est
défini en fonction des classes d’expositions retenues [1].
Un béton d’un ouvrage ; de classe structurale S6 et respectant l’enrobage minimale de
durabilité en tenant compte des différentes classes d’exposition, est généralement un béton
compact, peu poreux et exempte de fissuration et dont les constituants sont de qualité et bien
choisis, qui a été correctement formulé et fabriqué afin de répondre à des exigences
spécifiques et mis en œuvre en respectant strictement les principes généraux de bonne
pratique. Le choix des constituants doit tenir compte aussi de la compatibilité chimique des
constituants du béton. Le ciment doit bien être choisi en fonction de type d’ouvrage et de son
environnement. Les milieux qui présentent des agressions spécifiques nécessitent le recours
à des ciments spéciaux présentant une résistance particulière du fait de leur composition. C’est
ainsi qu’en l’absence de granulats non réactifs dans certaines régions, des ciments à faible
teneur en alcalins solubles et/ou à ajouts pouzzolaniques (naturelles ou artificielles) pour se
prévenir de l’apparition de désordres éventuels à l’alcali-réaction sont recommandés. De
même, les ciments particuliers, possédant des propriétés chimiques et physiques
complémentaires sont recommandés pour empêcher des agressions dues à certaines
éléments chimiques (chlorures, sulfates, etc.). Les granulats doivent être choisis en fonction
de leur caractéristiques intrinsèques (nature minéralogique, dureté, composition chimique,
etc…) mais aussi selon la forme, la propreté et l’absence de particules prohibées, etc. Les
adjuvants jouent aussi un rôle important, la diversité des produits existants permettent de
répondre à toutes les utilisations possibles. Les plastifiants réducteurs d’eau facilitent

2
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

l’obtention d’une forte compacité en réduisant la teneur en eau et améliorent la mise en œuvre.
Les hydrofuges s’opposent à la pénétration des agents agressifs en solution. Néanmoins, ils
peuvent présenter des incompatibilités avec certains constituants du béton. L‘eau est un
facteur important, par son dosage qui doit être aussi faible que possible, et par sa nature. La
teneur en sels est à surveiller pour les bétons les plus performants.

2. Recommandations pour le choix des constituants


2.1 Choix des ciments et additions
2.1.1 Classes d’exposition d’agressivité chimique (XA)

Pour les milieux agressifs (milieux contenant des sulfates, eau de mer, milieux acides, eaux
pures) et en fonction de la classe d'agressivité chimique, une recommandation adaptée aux
ciments disponibles au Maroc est donnée au Tableau 1. Dans le cas particulier des milieux
contenant des sulfates (solutions ou sols), les ciments ES conformes à la norme NM 10.1.004
[4] et des spécifications complémentaires de la norme NM 10.1.156 [5] conviennent.

L’utilisation des ciments riches en constituants hydrauliques ou pouzzolaniques où leur


incorporation dans le béton comme addition est un moyen de limiter sa teneur en portlandite
et donc de lui conférer une bonne tenue au contact des eaux pures ou des solutions acides.
Les constituants de ce type sont :
- le laitier granulé de haut-fourneau moulu conforme à la norme NM EN 15167-1 [7] ;
- les cendres volantes pour béton conformes à la norme NM EN 450-1 [8];
- la fumée de silice pour béton conforme à la norme NM EN 13263-1+A1[9] ;
- le métakaolin conforme à la norme NF P 18-513 [10].

2.1.2 Classes d’exposition relatives à la corrosion

Les classes d’exposition XS2, XS3 et XD3 relatives à la corrosion par les sels exigent
l’utilisation du ciment PM [6]. En cas d’ajout d’addition; telle la fumée de silice où autres pour
améliorer par exemple la diffusion des chlorures dans les zones de marnages, sa composition
(teneur en sulfures, en sulfates, etc…) doit être telle que le liant respecte les exigences de la
NM 10.1.157 [6].
Les autres classes d’exposition du projet de norme PNM EN 206 [11] relatives à la corrosion
par carbonatation (XC) et les classes d’exposition XS1, XD1 et XD2 n’imposent aucune
contrainte sur le choix du ciment.

3
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

Tableau 1. Choix du ciment en fonction de l’agressivité du milieu


Milieu Classe d’exposition Choix du ciment
Milieu contenant XA1 pas de recommandations particulières
des sulfates (au-dessous de 1 500 mg/l)
(solutions) à
ciments conformes à la norme NM 10.1.157 (PM) [6] ou NM
l’exclusion de
XA2 10.1.156 (ES)[5]
l’eau de mer
(au-dessus de 1 500 mg/l)
ciments conformes à la norme NM 10.1.156 (ES)
XA3 ciments conformes à la norme NM 10.1.156 (ES)
Milieu contenant XA1 pas de recommandations particulières
des sulfates ciments conformes à la norme NM 10.1.157 (PM) ou NM 10.1.156
(sols) XA2
(ES)
XA3 ciments conformes à la norme NM 10.1.156 (ES)
Milieux acides et - ciments CPJ (avec un % de clinker compris entre 65 et
eaux pures 79), et ciments CHF
- ciments conformes à la norme NM 10.1.157 (PM) ou NM
XA1
10.1.156 (ES)
- ciments CPZ (A) (avec taux de clinker limité à 89%) et CPZ
(B) conformes à la norme NM10.1.004 [4]
- ciments CPJ (avec un % de clinker compris entre 65 et
79), et CHF
XA2 - ciment CLC conforme à la norme NM 10.1.156 (ES)
- ciments cCPZ (B) conformes à la norme NM10.1.004
- ciments conformes à la norme NM 10.1.156 (ES)
- ciments CHF, CLC (B) conformes à la NM 10.1.156 (ES)
XA3
- ciments CPZ (B) conformes à la norme NM10.1.004

2.1.3 Classes d’exposition relatives aux attaques internes (RAG et RSI)

Pour les ouvrages d’art (niveau de prévention C vis-à-vis de l’alcali-réaction), on recommande


des granulats non-réactifs (NR). L’emploi des granulats NR n’impose aucune contrainte sur le
choix du ciment, notamment la teneur en alcalins actifs.
Cependant, dans la plupart des cas au Maroc où l’approvisionnement en granulats NR est
impossible, des granulats potentiellement réactifs (PR) sont autorisés à conditions de
respecter le critère de performance de la formule de béton retenue pour un seuil du bilan
d’alcalins actif déterminée [12]. Un ciment à faible teneur en alcalins actifs (< 0,6 %) est
nécessaire pour satisfaire les exigences de l’essai de performance et pour laisser une marge
de sécurité sur la teneur moyenne en alcalins actifs de la formule. Les ciments CHF, CLC et
CPZ à faible teneurs en alcalins sont également recommandés.

Le choix du ciment a son importance pour se prémunir contre la RSI pour les pièces massives.
Certains types de ciments permettent d’obtenir des chaleurs d’hydratation moindres : ciments
Portland composés de type CPJ, ciments de haut fourneau de type CHF, ciments
pouzzolaniques de type CPZ, ciments composés de type CLC. Ces derniers ciments ;
composés de constituants à propriétés hydrauliques latentes ou pouzzolaniques (laitiers de

4
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

haut fourneau, cendres volantes, pouzzolanes naturelles ou artificielles), améliorent en plus la


résistance des bétons vis-à-vis de la RSI par la diminution relative de la quantité d’aluminates
provenant du clinker et de la modification de la nature et de la texture des hydrates et
continuent de développer les résistances mécaniques au-delà de 90 jours.

Le principe de prévention, repose essentiellement sur la limitation de l’échauffement du béton


caractérisé par température maximale (Tmax) susceptible d’être atteinte au sein de l’ouvrage.
Dans le cas de difficulté de respecter la Tmax, des dérogations sont autorisées à conditions de
mettre en œuvre des moyens possibles de prévention pour éviter tout dégagement de chaleur
excessif non maîtrisé du béton, à savoir :
• choix de la formulation et des constituants du béton, notamment le ciment ;
• choix de la période de bétonnage ;
• refroidissement du béton frais :
• dispositions constructives adaptées.

Le risque de désordres vis-à-vis de la RSI doit être pris en compte par une des deux
précautions en fonction du niveau de prévention. [3].

Niveau de prévention As :
• Soit Tmax < 85°C
• Soit 85°C < Tmax < 90°C et durée (Tmax > 85°C) < 4 heures

Niveau de prévention Bs :
• Soit Tmax < 75°C
• Soit 75°C < Tmax < 85°C
Dans ce cas, une des 5 conditions suivantes doit être respectée :
1) durée < 4 heures (>75°C) et Na2Oéquivalent actifs du béton < 3 kg/m3
2) utilisation d’un ciment conforme à la norme NM 10.1.156 (ES) [5]
3) utilisation de ciments non conformes à la norme NM 10.1.156 (ES) de type CPJ dont
le % clinker < 80% et cendres volantes ou pouzzolane > 20% (CPJ avec clinker compris
entre 65 et 79 %), CHF ou CLC et SO3 du ciment < 3% et C3A du clinker < 8%
4) utilisation en combinaison avec du CPA ou CPJ (clinker > 80%), avec > 20% de
cendres volantes, > 35 % de laitiers de haut fourneau, 10 % fumée de silice (5% sil
ciment contient plus de 15 % de cendres volante) et 20 % métakaolin et SO3 du liant <
3% et C3A du clinker < 8%
5) vérification de la durabilité du béton vis-à-vis de la RSI à l’aide de l’essai de
performance.

Niveau de prévention Cs :
• Soit Tmax < 70°C
• Soit 70°C < Tmax < 80°C

5
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

Dans ce cas, une des 5 conditions suivantes doit être respectée :


1) durée < 4 heures (>70°C) et Na2Oéquivalent actifs du béton < 3 kg/m3
2) utilisation d’un ciment conforme à la norme NM 10.1.156 (ES) [5]
3) utilisation de ciments non conformes à la norme NM 10.1.156 (ES) de type CPJ dont
le % clinker < 80% et cendres volantes ou pouzzolane > 20% (CPJ avec clinker compris
entre 65 et 79 %), CHF ou CLC et SO3 du ciment < 3% et C3A du clinker < 8%
4) utilisation en combinaison avec du CPA ou CPJ (clinker > 80%), avec > 20% de
cendres volantes, > 35 % de laitiers de haut fourneau, 10 % fumée de silice (5% si le
ciment contient plus de 15 % de cendres volantes) et 20 % métakaolin et SO3 du liant
< 3% et C3A du clinker < 8%
5) vérification de la durabilité du béton vis-à-vis de la RSI à l’aide de l’essai de
performance.

Niveau de prévention Ds :
• Soit Tmax < 65°C
• Soit 65°C < Tmax < 75°C
Dans ce cas, une des 5 conditions suivantes doit être respectée :
1) utilisation d’un ciment conforme à la norme NM 10.1.156 (ES) [5]
3) utilisation de ciments non conformes à la norme NM 10.1.156 (ES) de type CPJ dont
le % clinker < 80% et cendres volantes ou pouzzolane > 20% (CPJ avec clinker compris
entre 65 et 79 %), CHF ou CLC et SO3 du ciment < 3% et C3A du clinker < 8%
4) utilisation en combinaison avec du CPA ou CPJ (clinker > 80%), avec > 20% de
cendres volantes, > 35 % de laitiers de haut fourneau, 10 % fumée de silice (5% si le
ciment contient plus de 15 % de cendres volantes) et 20 % métakaolin et SO3 du liant
< 3% et C3A du clinker < 8%
5) vérification de la durabilité du béton vis-à-vis de la RSI à l’aide de l’essai de
performance.

2.2 Choix des autres constituants


2.2.1 Granulats

Les granulats ont un rôle important après le ciment pour conférer au béton ces caractéristiques
chimiques et physico-mécaniques. Ils devront être conformes à la norme NM EN 12620 [13]
et à la norme NF P 18-545 [14] et plus respecter certaines exigences supplémentaires pour
garantir la durabilité dans certaines classes d’expositions et environnements agressifs.

Pour la réaction sufatique interne (RSI), le choix des granulats dont les sulfates solubles à
l’acide sont conformes aux textes normatifs (NM EN 12620 et à la norme NM P 18-545) permet
d’éviter la réaction dont l’apport des sulfates sont d’origine les granulats.
La réglementation française autorise l’utilisation des granulats code D pour la teneur en
sulfates solubles dans l’acide à condition de respecter scrupuleusement les recommandations

6
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

du fascicule FD-P 18-473 [15] qui se réfère à l’essai de performance décrit dans la norme XP
P18-472 [16] (dont la durée minimale est de 12 mois).
Les granulats pauvres en alcalis actifs sont recommandés pour réduire l’apport en alcalins
actifs des bétons dont le bilan thermique ne satisfait pas la première condition de prévention
vis-à-vis RSI. En effet, le bilan des alcalins actif est limité dans le béton à 3 kg/m3, si la
satisfaction de la première condition de la deuxième précaution vis-à-vis de la RSI des niveaux
de prévention Bs et Cs est retenue pour la dérogation.
En fonction de leur capacité thermiques, certains faciès géologiques sont plus favorables à la
dissipation de la chaleur du béton, en emmagasinant la chaleur et la libérer ultérieurement
(Tableau 2).

Pour les bétons soumis à des environnements particulièrement agressifs (classes XA3, XS2
et XS3), les granulats doivent présenter une absorption d’eau déclarée ≤ 2,5 % (indicée A) et
un granulat présentant une absorption d’eau indicée B peut être utilisé après recours aux
méthodes performantielles du FD P 18-480 [17]. Dans les milieux acides, il n’est pas
recommandé d’utiliser des granulats calcaires. Pour les éléments précontraints par pré-tension
et les bétons armés, l’emploi des granulats marins non lavés est interdit.

Les dispositions préventives applicables vis-à-vis de l’alcali-réaction sont celle de niveau de


prévention C (FD P 18-464 [2]). Les granulats doivent être qualifié de non réactifs (NR)
conformément au documentation FD P 18-542 [18]. Des granulats potentiellement réactifs
(PR) ou potentiellement réactifs à effet pessimum (PRP) peuvent être utilisés à condition de
respecter les exigences de l’essai de performance (norme NF P 18-454 [19] et au fascicule de
documentation FD P 18-456 [20]).

En ce qui concerne l'abrasion du béton, il convient de porter une attention particulière aux
granulats. Des granulats dont le coefficient d’abrasion élevé à très élevée (granite,
quartzitique...) sont recommandés pour les environnements à abrasion extrême (classe
d’exposition XM3).

2.2.2 Adjuvants

Les adjuvants peuvent également intervenir dans la cinétique de dégagement de chaleur et


favoriser le développement de la réaction sulfatique interne. Lorsqu’il y a risque de
dépassement de la température d’échauffement maximale, il n’est pas recommandé d’utiliser
les adjuvants accélérateurs de prise (certaines adjuvant ont un effet secondaire d’accélérateur
de prise) ; en revanche, les adjuvants retardateurs de prise sont préconisés.

Les adjuvants chlorés sont interdits pour les éléments précontraints par pré-tension et les
bétons armés. Pour ces derniers, leur utilisation est possible moyennant l’application de
l’approche performantielle conformément au fascicule de documentation FD P 18-480 [17].

7
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

Tableau 2. Caractéristiques thermiques des roches (site : https://energieplus-lesite.be [21])


Capacité thermique
Conductivité thermique
Type de roche volumétrique
λ (W/mK) ρC (MJ/m³K)
min valeur typique max
Roches magmatiques
Basalte 1.3 1.7 2.3 2.3 – 2.6
Diorite 2.0 2.6 2.9 2.9
Gabbro 1.7 1.9 2.5 2.6
Granit 2.1 3.4 4.1 2.1 – 3.0
Péridotite 3.8 4.0 5.3 2.7
Rhyolithe 3.1 3.3 3.4 2.1
Roches métamorphiques
Gneiss 1.9 2.9 4.0 1.8 – 2.4
Marbre 1.3 2.1 3.1 2.0
Métaquartzite env. 5.8 2.1
Mécaschistes 1.5 2.0 3.1 2.2
Schistes argileux 1.5 2.1 2.1 2.2 – 2.5
Roches sédimentaires
Calcaire 2.5 2.8 4.0 2.1 – 2.4
Marne 1.5 2.1 3.5 2.2 – 2.3
Quartzite 3.6 6.0 6.6 2.1 – 2.2
Sel 5.3 5.4 6.4 1.2
Grès 1.3 2.3 5.1 1.6 – 2.8
Roches argileuses limoneuses 1.1 2.2 3.5 2.1 – 2.4
Roches non consolidées
Gravier sec 0.4 0.4 0.5 1.4 – 1.6
Gravier saturé d’eau env. 1.8 env. 2.4
Moraine 1.0 2.0 2.5 1.5 – 2.5
Sable sec 0.3 0.4 0.8 1.3 – 1.6
Sable saturé d’eau 1.7 2.4 5.0 2.2 – 2.9
Argile/limon sec 0.4 0.5 1.0 1.5 – 1.6
Argile/limon saturé d’eau 0.9 1.7 2.3 1.6 – 3.4

Tableau 3. Coefficient d’abrasivité (Abr) des roches [22] selon le mode opératoire de la norme NF P18-579 [23]

8
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

2.2.3 Eau de gâchage

Le respect de la norme NM 10.1.353 [24] permet d’éviter l’apport des sulfates, des chlorures
et les substances nocifs préjudiciables sur la durabilité des bétons. Toutes dérogation doivent
être justifié par l’application scrupuleuse des méthodes performantielles conformément au FD
P18-480 [17].

3. Conclusion

Pour prescrire un béton durable, le maitre d’ouvrages/maitrise d’œuvre doivent apprécier, dès
le stade de conception, l’ensemble des contraintes environnementales, des agressions et des
attaques potentielles, qu’il aura à subir pendant toute sa durée de service, et de respecter et
mettre en œuvre les recommandations en vigueur relatives à l’enrobage de durabilité minimal
et la réduction de la fissuration.

La qualité des constituants et leur choix a été détaillé dans ce document en fonctions des
agressions. Le choix du ciment joue un rôle déterminant pour la durabilité des bétons et les
ciments spéciaux CHF, CLC et CPZ ont une place essentielle. Ces ciments, en plus de leur
capacité d’améliores la durabilité des bétons, ils sont moins énergivores et minimise
l’empreinte carbone dans l’acte de bâtir. Les autres constituants ont aussi leur rôle dans la
durabilité des bétons, mais le respect des normes en vigueurs et les recommandations
rappelées dans ce document permet d’éviter la plupart des désordres liées aux agressions
interne et/ou externe.

Dans un milieu d’exposition réel, de nombreuses interactions sont possibles entre les
mécanismes de dégradation, d’où l’importance de l’étude de la formulation et qui nécessite
parfois plusieurs mois pour obtenir un résultat probant. Ce délai d’étude doit être pris en
compte dans la planification du projet.

Des dérogations peuvent être faites sur certaines paramètres des constituants moyennant
l’application scrupuleuse des méthodes performantielles conformément au fascicule de
documentation FD P 18-480 dont les résultats doivent être transparentes pour les Maîtrises
d’Ouvrage/Maîtrises d’œuvre et l’ensemble des parties du projet.

9
ASSOCIATION MAROCAINE PERMANENTE ‫الـجـمـعـيـة الـمغـربـيـة الـدائـمـة‬
DES CONGRES DE LA ROUTE ‫لـمـؤتمـرات الـطـرق‬
11ème Congrès National de la Route à Dakhla ‫المؤتمر الوطني الحادي عشر للطرق بالداخلة‬

Bibliographie
[1] NF EN 1992/NA– Eurocode 2 — Calcul des structures en béton
[2] FD P 18-464, Béton - Dispositions pour prévenir les phénomènes d'alcali-réaction
[3] Guide technique Ifstar 2017 – Recommandations pour la prévention des désordres dus à
la réaction sulfatique interne.
[4] NM 10.1.004, Liants hydrauliques - ciments : composition, spécifications et critères de
conformité (2003)
[5] NM 10.1.156, Liants hydrauliques – ciments pour travaux en eaux à haute teneur en
sulfates (2007)
[6] NM 10.1.157, Liants hydrauliques – ciments pour travaux à la mer (2007)
[7] NM EN 15167-1, Laitier granulé de haut-fourneau moulu pour utilisation dans le béton,
mortier et coulis - Partie 1 : Définitions, exigences et critères de conformité
[8] NM EN 450-1, Cendres volantes pour béton - Partie 1 : Définition, spécification et critères
de conformité
[9] NM EN 13263-1, Fumée de silice pour béton - Partie 1 : Définitions, exigences et critères
de conformité
[10] NF P 18-513, Addition pour béton hydraulique - Métakaolin - Spécifications et critères de
conformité
[11] PNM EN 206 (2022): Béton - Partie 1 : spécification, performances, production et
conformité
[12] FD P 18-464, Béton - Dispositions pour prévenir les phénomènes d'alcali-réaction
[13] EN 12620+A1:2008, Granulats pour béton
[14] NF P 18-545, Granulats — Eléments de définition, conformité et codification
[15] FD P (18-473), Conditions d’utilisation dans les bétons de granulats dont la teneur en
sulfates est supérieure aux seuils normalisés vis-à-vis de la formation d’ettringite
secondaire d’origine interne et de thaumasite d’origine interne
[16] XP P (18-472), Essai de performance vis-à-vis du risque de gonflement d’un béton
incorporant des granulats dont la teneur en sulfates est supérieure aux seuils normalisés
dans les conditions de formation d’ettringite secondaire d’origine interne et de thaumasite
d’origine interne]
[17] FD P 18-480, Béton - Justification de la durabilité des ouvrages en béton par méthode
performantielle
[18] FD P 18-542, Granulats — Critères de qualification des granulats naturels pour béton
hydraulique vis-à-vis de l’alcali-réaction
[19] NF P 18-454, Béton – Réactivité d’une formule de béton vis-à-vis de l’alcali-réaction –
Essai de performance
[20] FD P 18-456, Béton — Réactivité d'une formule de béton vis-à-vis de l'alcali-réaction —
Critères d'interprétation des résultats de l'essai de performance
[21] https://energieplus-lesite.be
[22] Abrasivité des roches – Ecole Polytechnique Fédérale de Lausane
[23] NF P18-579. (2013), Granulats - Détermination des coefficients d'abrasivité et de
broyabilité
[24] NM 10.1.353, Eau de gâchage pour béton

10

Vous aimerez peut-être aussi