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Les douleurs chroniques postchirurgicales (DCPC) sont des douleurs qui persistent plus de trois à six
mois. Leur incidence est évaluée à environ 30 %. Elles se répartissent en trois groupes : le groupe dans
lequel la douleur préopératoire n’existe normalement pas ou peu à rattacher souvent à des lésions ner-
veuses, le groupe où la douleur est préexistante à la chirurgie, fréquemment associée à un mécanisme
d’inflammation avec son retentissement psychologique propre, et un groupe mixte où la douleur peut
préexister mais se trouve exacerbée en postopératoire et dont le mécanisme mélange excès de noci-
ception, inflammation et douleur neuropathique. Les différents facteurs prédictifs préopératoires sont
abordés. La prise en charge préopératoire est envisagée dans le cadre d’une récupération améliorée après
chirurgie montrant l’importance d’une prise en charge multidisciplinaire. Dans la phase opératoire, la
prévention chirurgicale est primordiale sur l’incidence des DCPC. Sur le plan anesthésique, la prévention
pharmacologique aborde la kétamine, les gabapentinoïdes, le protoxyde d’azote, l’analgésie locale et
locorégionale, la lidocaïne intraveineuse, la dexaméthasone et les ␣2-agonistes. Durant la période post-
opératoire immédiate, la gestion des opioïdes et autres antalgiques prescrits en préopératoire est analysée
sur la base d’exemples pratiques. La mise au point de la Société française d’anesthésie-réanimation rap-
pelle le principe d’analgésie multimodale s’appuyant sur les antalgiques, les anti-inflammatoires, les
antihyperalgésiques, l’anesthésie locorégionale (cathéters périnerveux et adjuvants). Les unités mobiles
de douleurs aiguës trouvent leur place dans la gestion postopératoire immédiate des DCPC. Enfin, il est
indispensable d’anticiper la sortie de ces patients et de prévoir un suivi analgésique et psychologique
adapté au domicile. La création de consultations postchirurgicales spécialisées apparaît indispensable
pour une gestion adaptée de ces patients récemment opérés.
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots-clés : Douleur chronique postchirurgicale ; Récupération améliorée après chirurgie ; Facteurs prédictifs ;
Analgésie multimodale ; Prise en charge pluridisciplinaire ; Unités mobiles de douleur aiguë
EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 15 > n◦ 3 > juillet 2018
Téléchargé pour moncef alawi (alawimoncef@gmail.com) à University of Tunis El Manar Faculty of Medicine of Tunis à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(18)58999-4
sur mars 21, 2023. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2023. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
36-030-A-10 Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire
Tableau 1.
Incidence des chirurgies à risque de douleurs chroniques
Facteurs prédictifs
postchirurgicales. d’une douleur chronique
Incidence de DC (%) D sévère (> 5) (%) postopératoire (Tableau 2)
Amputation 30–60 5–10
Seins 20–50 5–10 Facteurs préopératoires
Thorax 30–50 10
Les facteurs préopératoires sont soit indirectement prédictifs
Hernie inguinale 10–30 2–4 d’une douleur chronique postopératoire parce qu’ils sont corrélés
Pontage coronarien 30–50 5–10 à l’intensité de la douleur aiguë postopératoire, soit directement
Rachis 15–50 5–10 prédictif de la douleur chronique postopératoire [7] . En période
Césarienne 5–25 4
préopératoire, il est recommandé d’identifier les patients les plus
vulnérables à la douleur [8] .
Hystérectomie 5–30
La génétique semble avoir une influence sur la perception de la
Orthopédie 10–30 5–10 douleur [10] et sur la réponse aux antalgiques [11, 12] .
L’existence d’une douleur préopératoire (en intensité et durée)
D : douleur, DC : douleur chronique.
est un facteur favorisant de la douleur postopératoire (toute chi-
rurgie confondue [2, 13] ; hystérectomie [14, 15] ; hernie [16, 17] ;
Pour l’analyse de la littérature, le classement des douleurs chro-
amputation [18] , prothèse [19, 20] ; sein [21] ; thorax [22] ; rachis [23] ;
niques postopératoires peut être fait selon différentes grandes
laparoscopie [24–26] ; arthroscopie [20, 27] ; canaux carpiens [28] ) et
classes :
d’une chronicisation de cette douleur [2, 3, 29] . Dès la période pré-
• le groupe dans lequel la douleur préopératoire n’existe norma-
opératoire, l’existence d’une douleur neuropathique (évaluée par
lement pas ou peu (exemple : césarienne, pontage coronarien et
le questionnaire DN4), voire d’un état d’hyperesthésie, doit être
chirurgie thoracique) et où les douleurs postopératoires chroni-
recherchée, qu’elle concerne le territoire impliqué par la chirurgie
cisées sont, en dehors des complications chirurgicales tardives,
ou non (neuropathie préexistante dont la neuropathie diabétique
le plus généralement à rattacher à des lésions nerveuses ;
est le parfait exemple mais également chimio-induite, dégénéra-
• le groupe où la douleur est préexistante à la chirurgie (exemple :
tive ou pas) [30] . Globalement, l’existence de foyers douloureux,
lombalgie, arthralgie, amputation) correspondant à un méca-
même non liés à la chirurgie, augmente le risque de douleur post-
nisme d’inflammation tant tissulaire que neurale avec son
opératoire et de sa persistance anormalement prolongée [31, 32] .
retentissement psychologique propre ;
La consommation préopératoire d’antalgique, reflet de cette
• le groupe mixte où la douleur peut préexister (exemple : sein,
douleur préexistante, est également un facteur prédictif [21] (hys-
tumeur, hernies) mais elle se trouve exacerbée en postopératoire
térectomie [14] ; hernie [33, 34] ; sein [21] ; thorax [35] ; genou [36] ).
et dont le mécanisme mélange excès de nociception, inflamma-
Elle prédit l’importance du retentissement fonctionnel de la
tion et douleur neuropathique.
douleur chronique postopératoire. L’utilisation préopératoire de
Par ailleurs, le statut d’hyperalgésie réelle ou ressentie est une
morphiniques pourrait modifier leur pharmacodynamie en post-
présentation particulière qui laisse une grande part au cognitif,
opératoire [37, 38] , et surtout favoriser le développement de ce
que ce soit sur le mode addictif, liée à la décompensation psy-
qui a maintenant été bien décrit expérimentalement et clini-
chologique, ou médicale induite. Cet état exposant le patient à
quement [37] : l’hyperalgésie induite par les morphiniques. Plus
un risque de sous-estimation de la douleur est important car il est
généralement, la dépendance aux morphiniques s’accompagne
jugé comme non légitime ou non crédible [1] .
ou risque d’être aggravée par des comportements de dépen-
dance médicamenteuse (surtout benzodiazépines et somnifères)
Incidence des douleurs ou non (alcool et tabac). Ce sont des facteurs de risques indépen-
dants [38–40] .
chroniques postopératoires Les antécédents de chirurgie au même site opératoire sont un
facteur aggravant (hystérectomie après césarienne [14] ; césarienne
L’incidence est difficile à estimer après une chirurgie tant il après césarienne [41, 42] ; arthrodèse rachidienne après chirurgie
existe une grande variabilité dans la méthodologie des études, spinale [43] , reprise chirurgicale du sein [40, 44] ) et même pour
avec, en conséquence, une disparité dans la prévalence pour un une chirurgie étalée dans le temps de prothèses bilatérales des
même type de chirurgie. genoux [45] .
Cela s’explique par : Le sexe féminin est aussi décrit comme un facteur aggra-
• des études d’épidémiologie rétrospectives (plutôt anciennes) vant [24, 42] . Ce facteur, bien que parfois discuté [13] , a été validé
ou prospectives (plus récentes) monocentriques ou multicen- dans la plupart des échelles de prédictibilité de la douleur postopé-
triques, régionales ou nationales ; ratoire [19, 25] et de la douleur chronique [33, 46] . L’explication repose
• une évaluation sur le critère principal ou, plus généralement, sur la génétique, la pharmacocinétique, la pharmacodynamie et
sur des critères secondaires ; le retentissement bio-psycho-social [47, 48] . Le sexe du thérapeute
• une évolution des procédures chirurgicales sur les dix dernières peut influencer la thérapeutique [1] .
années (chirurgie mini-invasive) ; L’association génomique et douleur est un domaine de
• une analyse des douleurs postopératoires seulement, ou asso- recherche à part [49] . Si certains gènes sont rapportés pour être
ciée à l’évaluation des douleurs préopératoires ; choix variable plus à risque de douleurs chroniques, la pharmacogénomique est
dans les niveaux de la douleur (moyenne, médiane ou pourcen- également un facteur qui peut expliquer la faible efficacité de
tage ; supérieure ou inférieure à 5 ou 7 en échelle numérique) ; certaines thérapeutiques (effet premier passage intestinal ou hépa-
• une randomisation généralement non applicable ; tique, passage de la barrière hématoencéphalique, cytochrome
• une durée du suivi pour parler de douleur chronique (1 à 5 ans). P450 ou catéchol-O-méthyltransférase : COMT) [50–54] .
Pour autant, les publications sur le sujet abondent et permettent Le jeune âge (moins de 55 ans) est un facteur de risque
de dégager des grandes tendances. de douleur aiguë ou de surconsommation morphinique [55, 56] .
Ainsi, l’incidence globale des douleurs chroniques postopéra- Cependant, ce facteur semble être impliqué différemment en
toires est estimée à 30 % pour les douleurs modérées à fortes fonction du type de chirurgie. Il est admis comme aggravant, par
après chirurgie lourde [2, 3] à un an, mais le suivi plus prolongé exemple, pour la chirurgie digestive ou thoracique [7] . À l’inverse,
montre qu’il n’y a plus beaucoup d’amélioration après un an [4] . en orthopédie ou lors de la chirurgie du sein pour cancer, ce sont
Le Tableau 1 résume l’incidence pour les chirurgies les plus à plutôt les sujets âgés qui sont plus à risque [40, 57] . Il est important
risque. Globalement, il y a une très forte corrélation entre les de noter que le sujet âgé est à risque important de délirium post-
douleurs chroniques postopératoire (DCPO) et l’existence d’une chirurgie qui peut être aggravé par la douleur mais aussi par son
composante neuropathique [5, 6] . traitement.
2 EMC - Anesthésie-Réanimation
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Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire 36-030-A-10
Tableau 2.
Facteurs de risque pré-, per- et postopératoire de douleur chronique postchirurgicale [9] .
Facteurs démographiques Traumatisme chirurgical Douleur postopératoire
Jeune Diminue : Intensité de la douleur aiguë
Femme - chirurgie mini-invasive Prolongation de la douleur postopératoire
- techniques d’épargne nerveuse Hyperalgésie péricicatricielle
- identification nerveuse Caractéristique neuropathique de la douleur
Augmente :
- durée de la chirurgie
- grande incision
- lésion nerveuse partielle > section
- reprise chirurgicale
- inflammation
Facteurs psychiques Type d’anesthésie Traitements associés
État anxieux Diminue : Chimio- et radiothérapie
Dépression - utilisation du protoxyde d’azote Récidive de la maladie
Catastrophisme - analgésie locorégionale prolongée
- kétamines
- gabapentinoïdes
Augmente : forte dose de rémifentanil
Facteur social
Arrêt de travail prolongé
Histoire douloureuse
Douleur sur site ou à distance
Durée de l’évolution de la douleur
Présence de douleur neuropathique
Consommation d’opioïdes
Facteurs physiologiques
Hyperalgésie diffuse
Modulation de la douleur défaillante (CIDN faible)
Facteurs génétiques
Phénotype : antécédents personnels ou familiaux de SDRC
Génotype
Les éléments biopsychosociaux sont importants et trop souvent Il faut identifier les patients à risque car ces derniers doivent
ignorés car peu ou non recherchés [58] . Les attentes du patient bénéficier d’un traitement antalgique précoce, suffisamment
semblent être un élément majeur de stress responsable de douleur prolongé, agressif et multimodal. Concernant le dépistage per-
chronique [59] . Les équipes chirurgicales et anesthésiques doivent opératoire des facteurs de risque :
les entendre précocement. Le catastrophisme (craintes ou espé- • l’évaluation génétique n’est actuellement pas la règle en pra-
rances non justifiées par rapport à la chirurgie) préopératoire est tique clinique [8] ;
prédictif d’une douleur aiguë postopératoire (césarienne [60] ; pro- • la détermination de l’échelle visuelle analogique (EVA) ou de
thèse [61, 62] ; sein [63–65] ; hystérectomie [66] ) et semble plus marqué l’échelle numérique (EN) préopératoire devrait être obligatoire
chez les sujets jeunes (ligamentoplastie [67] ). Il est corrélé au catas- et être associée à une analyse du traitement antalgique ;
trophisme postopératoire [61, 68, 69] ou au caractère trop introverti • les facteurs favorisants, sexe féminin, jeune âge, reprise chirur-
du patient. Le pessimisme et l’absence de soutien social sont des gicale, devraient être connus.
marqueurs de mauvais résultats postopératoires en termes de dou- L’évaluation par des tests sensoriels (statique ou dynamique)
leur chronique (amputation [18, 69, 70] ). Il en va de même pour pourrait être utile [80] . Des tests utilisant la pression [81] , la cha-
les conflits juridiques [23] . L’anxiété préopératoire, indépendante leur [82, 83] et/ou le froid [44, 84] pourraient être proposés car ils sont
du type de chirurgie [71, 72] , est un facteur de risque de douleur prédictifs de la douleur postopératoire [60, 85, 86] . La recherche d’une
aiguë postopératoire (chirurgie abdominale [24] ; sein [21, 73, 74] ; modulation de la douleur en préopératoire semble plus prédictive
rachis [75] ; prothèse de hanche [76] ) et de chronicisation [42, 69] . Sa d’une douleur chronique [36] . De même, l’évaluation préopératoire
persistance en postopératoire doit être comme un signe d’alarme de l’effet antalgique de molécules comme les opioïdes peut être
à prendre en charge [77] . Différents tests peuvent être utilisés, des un indicateur [36] . Le QSA a été proposé comme efficace dans la
plus sophistiqués comme le BPI (Brief Pain Inventory – Short détection des douleurs chroniques postopératoires [87] . En pré-
Form), le BDI (Beck Depression Inventory), le STAI (State-Trait opératoire, une douleur provoquée peut être prédictive, même
Anxiety Inventory), l’HADS (Hospital Anxiety and Depression dans le groupe sans douleur préopératoire [85] . Ainsi, une simple
Scale), le CSQ-R (Pain Catastrophizing Scale of the Coping Strate- mobilisation active du genou peut être prédictive d’une douleur
gies Questionnaire-Revised Form), le MHS SF-36 (Mental Health postopératoire d’une chirurgie prothétique du genou si elle se
Scale of the SF-36), le McGill Pain Questionnaire (QSA), le Tampa révèle douloureuse [88] .
Scale for Kinesiophobia (TSK ou Fair Avoidance Model : FAM) et Le traitement médical doit être au mieux mis en route dès la
le WOMAC (Western Ontario and McMaster Universities Arthri- période préopératoire. L’action préemptive reste discutée [3] mais
tis Index), à des formes plus simples comme le TSQ (Three Simple son action préventive avec, au minimum, une action de réduc-
Questions) [78] . La Société française d’anesthésie et de réanima- tion de la consommation postopératoire des morphiniques est
tion (SFAR) recommande une échelle simple d’utilisation, l’APAIS bien établie (exemple : gabapentine, prégabaline, anxiolytique,
(Amsterdam Preoperative Anxiety and Information Scale) [8] . Cette morphiniques à libération lente).
échelle permet de rechercher non seulement une anxiété mais Le dépistage et le traitement des douleurs postopératoires ainsi
également un besoin d’information en période préopératoire. que la prévention ou le traitement des effets adverses des médica-
Le caractère multidimensionnel ne doit pas être perdu de ments antalgiques doit être efficace tant sur la douleur que pour
vue [79] . Le faible niveau socioéconomique est retenu dans les soigner l’anxiété du patient.
évaluations [38] . L’obésité est souvent retrouvée comme facteur Les approches non médicamenteuses de la douleur ne doivent
aggravant de douleur ou de surconsommation morphinique [55] . pas être négligées. L’activité physique et la renutrition, outre
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36-030-A-10 Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire
leur intérêt dans la réduction de la morbimortalité et dans semble néanmoins plus effectif sur la douleur postopératoire de
l’amélioration de la récupération améliorée après chirurgie l’enfant [103] que les agents halogénés.
(RAAC), permettent de réduire certains aspects de la douleur (voir
infra).
La recherche des signes de souffrance des fibres nerveuses Prévention pharmacologique
(dépistée par l’échelle douleur neuropatique-4 [DN4] ou le ques- La possibilité de limiter la sensibilisation du système nerveux
tionnaire painDETECT [89] ) doit être systématique et nécessite un grâce à l’effet préemptif (administration préopératoire) ou préven-
traitement approprié [22, 90, 91] . tif (analgésie persistant au-delà de cinq demi-vies) a été revue [104] .
La prémédication, qui n’est plus recommandée à titre systé- La prise en charge d’un patient douloureux chronique souvent
matique, doit tenir compte de l’état de stress du patient dont le sous opioïdes, gabapentinoïdes et antidépresseurs en préopéra-
traitement repose plus sur une clarification adaptée que sur les toire nécessite l’utilisation de produits visant à minimiser la
médicaments. Des molécules à visée neuronale (type gabapenti- douleur et l’hyperalgésie postopératoires.
noïde) ont plus d’intérêt dans les chirurgies lourdes connues pour
leurs délabrements pariétaux, génératrices de douleur neuropa-
Kétamine
thique, que pour des chirurgies plus légères dont le but d’obtenir
une simple épargne morphinique doit être mis en balance avec Elle est le chef de file des antagonistes NMDA (acide N-méthyl-
les effets adverses du médicament. La preuve dans la préven- D-aspartique) et permet de limiter la sensibilisation du système
tion ou la réduction du risque de douleur chronique n’a pas nerveux in vitro et in vivo, à la fois chez l’animal et l’homme.
encore été clairement apportée [7, 92] . La théorie de l’analgésie pré- Selon les recommandations de la SFAR [8] , l’administration de
ventive ou préemptive (efficacité plus grande avant les stimuli faible dose de kétamine chez un patient sous anesthésie générale
nociceptifs) a progressivement été remplacée par le terme de « stra- est recommandée dans les deux situations suivantes :
tégie analgésique adaptative, ciblée » débutée le plus précocement • la chirurgie à risque de douleur aiguë intense ou pourvoyeuse
possible [8] . de DCPC ;
• les patients vulnérables à la douleur, plus particulièrement les
patients sous opioïdes au long cours ou présentant une toxico-
Facteurs peropératoires manie aux opiacés.
La kétamine est l’agent antihyperalgésique recommandé en
Prévention chirurgicale première intention à la dose (maximale) de 0,5 mg kg–1 après
l’induction anesthésique (pour éviter les effets psychodyslep-
Le chirurgien a un rôle important dans la prévention de la dou-
tiques) plus ou moins en administration continue à la dose de
leur chronique postchirurgicale (DCPC). Le choix de la technique,
0,125 à 0,25 mg kg–1 par heure. La perfusion est arrêtée 30 minutes
de la voie d’abord ainsi que sa dextérité ont des répercussions
avant la fin de la chirurgie. L’utilisation de kétamine à faible
directes sur la limitation des lésions nerveuses et des attritions
dose en peropératoire permet de réduire l’intensité de la dou-
tissulaires.
leur aiguë pendant 24 heures et de diminuer la consommation
Le caractère invasif de la procédure chirurgicale est un fac-
de morphine en moyenne de 15 mg sur 24 heures et le risque
teur classique d’aggravation de la DCPC, tout comme la durée
de nausées et vomissements (niveau de preuve modéré) [105, 106] .
d’intervention [93] . Keller et al. [94] ont trouvé une incidence plus
La prolongation de l’administration de kétamine en postopéra-
élevée de DCPC et, d’une manière générale, une moins bonne
toire accroît le risque d’hallucinations et ne majore pas de façon
récupération pour des interventions de plus de trois heures.
importante l’effet analgésique. L’effet sur la douleur chronique
La technique chirurgicale peut également avoir un impact sur
postchirurgicale est estimé à une réduction de 30 % de l’incidence
l’incidence de la DCPC. Cette incidence est de 53 % pour une
de douleur chronique à trois mois après la chirurgie (niveau de
mastectomie avec reconstruction par prothèse, 31 % pour une
preuve bas) [107, 108] . Il ne peut pas être précisé si la prolongation
mastectomie seule et 22 % pour une réduction mammaire [95] .
de l’administration pendant 24 heures permet de réduire encore
Pour la cure de hernie inguinale, les données actuellement dispo-
le risque de douleur chronique postchirurgicale.
nibles suggèrent un avantage de la cœlioscopie par rapport à une
chirurgie conventionnelle. La réduction du risque de DCPC est
estimée à environ 50 % [96] . En cœlioscopie, la pose d’une plaque Gabapentinoïdes
® ®
réduirait également l’incidence de la DCPC après cette chirur- La gabapentine (Neurontin ) et la prégabaline (Lyrica ) sont
[109]
gie [97] , contrairement à ce qui est constaté lors d’une chirurgie à des inhibiteurs des canaux calcium voltage-dépendant . Ces
ciel ouvert. S’il est admis que les techniques mini-invasives de tho- produits sont utilisés comme analgésiques en cas de douleur
racoscopie réduisent les traumatismes des nerfs intercostaux [98, 99] neuropathique installée. Leur action de prévention de la sensibi-
comparativement à une chirurgie par thoracotomie utilisant des lisation du système nerveux central a été observée chez l’animal
écarteurs [100] , il n’a pas été mis en évidence de différence dans et l’homme [110] . Les gabapentinoïdes sont reconduits chez les
la prévalence de la douleur chronique entre ces deux techniques patients douloureux chroniques et donnés pour la prémédica-
à 7–12 mois, 4–5 ans et 6–7 ans [35] . Les techniques limitant tion selon les recommandations formalisées d’expert (RFE) de la
le délabrement musculaire, comme la thoracotomie antérolaté- SFAR [111] .
rale, induisent moins de lésions nerveuses et de DCPC qu’une L’utilisation systématique des gabapentinoïdes en périopéra-
approche postérolatérale, plus délabrante [101] , bien que l’existence toire n’est pas recommandée [8] pour la prise en charge de la
des lésions neurologiques postopératoires ne se traduise pas tou- douleur postopératoire. L’utilisation de gabapentine ou de préga-
jours par la survenue de douleurs (seulement 10 % des patients baline en prémédication permet de réduire l’intensité douloureuse
ayant des lésions nerveuses vont développer des douleurs neuro- des 24 premières heures postopératoires, la consommation de
pathiques). morphine et le risque de nausées et vomissements. Les deux
produits sont néanmoins responsables d’une augmentation du
risque de sédation et de vertiges, et de troubles visuels (prégaba-
Anesthésie line) [107, 111, 112] . Il n’y a aucun effet détectable sur la prévention
Le choix de la technique d’anesthésie ne semble pas être un de la douleur chronique postchirurgicale (niveau de preuve
élément déterminant. En particulier, l’ajout d’une anesthésie loco- élevé) [107, 113, 114] . Si l’on considère la balance bénéfice/risque, les
régionale en injection unique ne semble pas améliorer la douleur gabapentinoïdes n’ont pas leur place en utilisation systématique,
postopératoire au-delà de 24 heures et n’est pas rapporté comme ni en chirurgie ambulatoire. Il n’y a pas de preuve de l’intérêt
préventif de la douleur chronique. L’anesthésie générale seule est d’associer les gabapentinoïdes à la kétamine. L’antihyperalgésique
cependant retrouvée par certains auteurs comme un facteur de de choix est la kétamine. Les patients qui semblent tirer le plus de
douleur aiguë postopératoire et une récente revue de la Cochrane bénéfice des gabapentinoïdes en postopératoire immédiat sont les
database confirme, pour la thoracotomie et la chirurgie du sein, patients opérés de chirurgies lourdes pronociceptives comme les
que la péridurale et le bloc paravertébral sont de bons moyens de arthroplasties, la chirurgie du rachis et les amputations (niveau de
réduction de la douleur postopératoire à six mois [102] . Le propofol preuve élevé).
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Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire 36-030-A-10
␣2-agonistes
La clonidine et, plus récemment, la dexmédétomidine ont, par
Gestion des opioïdes et autres
une action sur les récepteurs ␣2 surtout spinaux, une action antal- thérapeutiques antalgiques prescrits
gique certaine. Leur utilisation doit être faite en administration en préopératoire
continue afin d’éviter des bradycardies et l’hypotension artérielle
importantes. Les traitements antalgiques préopératoires (opioïdes en parti-
La combinaison avec les molécules précédemment citées culier) sont nécessaires. Ils doivent être poursuivis aux mêmes
permet de passer d’une anesthésie avec de faibles doses de morphi- doses et associés aux analgésiques nécessaires pour gérer la dou-
niques (opioid reduced anesthesia) à une anesthésie complètement leur chirurgicale en postopératoire, en particulier dans la chirurgie
sans morphinique (opioid free anesthesia) qui va permettre de carcinologique. Si la voie orale est autorisée, les traitements
réduire les phénomènes d’hyperalgésie postopératoire induite par antalgiques (paracétamol, anti-inflammatoires, opioïdes, gaba-
les morphiniques ainsi que leur effets secondaires (trouble du pentinoïdes ou antidépresseurs, etc.) sont poursuivis. L’analgésie
sommeil, nausées et vomissements postopératoires). postopératoire vient en complément pour couvrir l’agression chi-
Le sulfate de magnésium et l’amitriptyline peuvent être rurgicale et la possible hyperalgésie induite. L’unité mobile de la
également ajoutés lors d’intervention chirurgicale de longue douleur aiguë peut permettre la mise en route ou le suivi d’un
durée. programme de désintoxication aux molécules antalgiques.
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36-030-A-10 Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire
Tableau 3.
Table de conversion des opioïdes (d’après [133] ).
Produit Coefficient Estimation de la dose de morphine orale ou intraveineuse
Codéine 1/6 60 mg de codéine orale ≈ 10 mg de morphine orale
Tramadol 1/5 50 mg de tramadol oral ≈ 10 mg de morphine orale
Morphine intraveineuse 1= Opioïde étalon
Morphine orale 3 3 mg de morphine orale = 1 mg de morphine intraveineuse
Oxycodone 2 10 mg d’oxycodone orale ≈ 20 mg de morphine orale
Fentanyl 50 50 g h–1 de fentanyl ≈ 120 mg de morphine i.v./24 h
Fentanyl transderm 800 25 g h–1 de fentanyl transderm ≈ 20 mg de morphine intraveineuse/24 h
Sufentanil 500 50 g h–1 de sufentanil ≈ 1200 mg de morphine intraveineuse/24 h
Hydromorphone 7,5 4 mg d’hydromorphone ≈ 30 mg de morphine orale
Nalbuphine 0,5 10 mg de nalbuphine intraveineuse ≈ 20 mg de morphine intraveineuse
Buprénorphine 30 1 mg de buprénorphine orale ≈ 30 mg de morphine orale
Méthadone Variable 1 mg de méthadone ≈ 3 mg de morphine orale
Si la voie orale est impossible, la dose d’opioïde totale en post- • toutes les recommandations et les études ayant montré un
opératoire est calculée en additionnant la dose orale préopératoire bénéfice à l’utilisation des AINS en périopératoire portent sur
(calculée en équivalent morphine intraveineuse) (Tableau 3) [133] à une durée courte de prescription (≤ 5 j).
la dose nécessaire à l’analgésie postopératoire (APO), par exemple : La forme orale doit être utilisée dès que possible afin d’améliorer
• prise quotidienne préopératoire : morphine orale libération l’autonomisation du patient grâce au retrait de la voie veineuse.
prolongée 40 mg × 2/j + morphine orale libération immédiate Dans le cas contraire, l’analgésie utilise la voie veineuse. Les voies
10 mg × 4/j ; total = 120 mg de morphine orale/j ; sous-cutanées ou intramusculaires sont à proscrire en raison de la
• 120 mg morphine orale = 120/3 = 40 mg morphine douleur induite et d’une cinétique aléatoire.
i.v./j + besoins en analgésie postopératoire. Le mode autocontrôlé par les patients (PCA) est à privilé-
L’analgésie multimodale associe plusieurs médicaments antal- gier pour adapter au mieux l’analgésie aux besoins des patients
giques. L’objectif est d’attaquer la douleur par différents douloureux chroniques ; en effet, ce mode permet à la fois
mécanismes physiopathologiques et à différents niveaux des voies d’administrer par la perfusion continue la dose quotidienne déjà
de la douleur, au minimum d’avoir un effet additif et, mieux, nécessaire en préopératoire et, grâce aux bolus, de répondre aux
un effet synergique, d’espérer réduire les effets indésirables de besoins de couverture de la douleur chirurgicale ; par exemple,
chacun des médicaments en réduisant les doses ; et en matière avec une PCA :
d’opioïdes, cela permet de réduire le risque de développement • programmation de la PCA postopératoire (après titration) :
ou d’aggravation d’une hyperalgésie dose-dépendante. Enfin, cela ◦ débit continu : 40 mg par 24 heures = 1,66 mg h–1 (corres-
permet d’espérer réduire le développement de DCPC [2] . Les pro- pondant en équivalent morphine intraveineuse aux 120 mg
tocoles d’analgésie multimodale sont dépendants du site et de la de morphine orale préopératoire),
technique chirurgicale. ◦ bolus : 1,66 à 4 mg/10 à 30 minutes = 1/24 à 1/10 de la dose
Toutefois, dans la période postopératoire initiale, il est fré- journalière [136] ,
quent, en l’absence de contre-indication, et en fonction de ◦ pas de dose limite à quatre heures ;
l’intensité douloureuse attendue [134] , d’associer paracétamol, anti- • évaluation des consommations, de l’analgésie et de la sédation
inflammatoires non stéroïdiens (AINS), néfopam, opioïdes faibles à la quatrième heure, puis plusieurs fois par jours ;
ou forts. • adaptation régulière des doses aux besoins.
Une mise au point récente du Comité douleur-anesthésie loco- L’adaptation des doses d’opioïdes aux besoins extrêmement
régionale de la SFAR [135] et la réactualisation des RFE douleur de variables du patient douloureux chronique est également pos-
la SFAR en 2016 [8] permet de comprendre l’intérêt des AINS en sible en l’absence de voie veineuse. En effet, des systèmes
®
analgésie postopératoire : d’administration sécurisés de morphine buvable (SmartBottle )
• en comparaison aux autres analgésiques non morphiniques, les
®
ou de sufentanil sublingual (Zalviso ) ont été homologués. Par
AINS permettent une analgésie accompagnée de l’épargne mor- ailleurs, après formation du patient dans le cadre d’une éduca-
phinique la plus importante (environ de 16 mg, soit proche de tion thérapeutique antalgique, la mise à disposition d’opioïde à
® ®
50 %) et d’une réduction des effets secondaires de la morphine ; libération normale (Actiskenan ou Oxynormoro ) au chevet du
• les AINS en association à la morphine permettent une réduction patient rend ce dernier plus autonome et non tributaire de la dis-
de 30 % des NVPO ; c’est le degré d’inhibition des cyclo- ponibilité d’une infirmière au moment du besoin d’antalgique en
oxygénases COX-1 qui différencie les AINS-NS (non sélectifs) raison d’une douleur accrue [137] .
et les inhibiteurs sélectifs de la cyclo-oxygénase 2 (ISCOX-2). Les doses de morphine nécessaires pour une analgésie post-
Ainsi, aux doses usuelles, les AINS-NS et les ISCOX-2 entraînent opératoire de qualité chez le patient douloureux chronique
une inhibition de 80 % des COX-2 ; peuvent être très supérieures aux doses habituellement néces-
• le risque hémorragique périopératoire n’est pas majoré par les saires et entraîner des effets adverses (constipation en particulier)
AINS, y compris lors des amygdalectomies ; et l’accumulation de métabolites actifs (M3 et M6-glucuronides),
• les AINS ne doivent pas être prescrits en association à un en particulier chez les patients insuffisants rénaux chroniques ou
traitement anticoagulant à dose curative en raison du risque âgés (sédation). Dans ce cadre, une rotation des opioïdes utilisant
hémorragique ; l’oxycodone, le fentanyl ou le sufentanil est intéressante. En effet,
• une clairance de la créatinine estimée inférieure à 50 ml min–1 outre leur puissance d’action, l’absence de métabolite actif limite
doit être une contre-indication à la prescription d’AINS ; le risque de stockage du médicament.
• il est recommandé de prendre en compte les facteurs de L’analgésie multimodale, suivant les objectifs définis plus
risque athérothrombotique en cas de prescription d’AINS-NS haut, en premier lieu l’épargne morphinique, peut s’appuyer sur
ou ISCOX-2 en respectant les contre-indications et précau- d’autres médicaments ou techniques :
tions d’emploi définies par l’ANSM. La prescription simultanée • la kétamine en perfusion continue : de 1 mg kg–1 par jour
d’aspirine et d’AINS-NS est probablement déconseillée ; à 1 à 2 g kg–1 par minute durant 24 à 72 heures à visée
• il existe un bénéfice analgésique à l’association d’un bolus antihyperalgésique et prévention de la douleur chronique post-
unique de dexaméthasone avec un AINS sans majoration du chirurgicale [8, 107] , seule ou associée à la perfusion continue de
risque hémorragique ; néfopam :
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Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire 36-030-A-10
• la lidocaïne intraveineuse peut être prolongée 24 à 48 heures à coping actif (efforts cognitifs et comportementaux du patient des-
la dose de 1 mg kg–1 par heure [138] ; tinés à maîtriser, réduire ou tolérer la douleur) indispensable à une
• la dexaméthasone, si elle n’est pas utilisée en peropératoire [8] ; réhabilitation rapide et de qualité.
• l’ALR : la prolongation de l’analgésie postopératoire d’une tech- Enfin, la participation multidisciplinaire conjointe, réflé-
nique d’anesthésie locorégionale s’appuie soit sur l’utilisation chie et organisée de tous les acteurs hospitaliers (chirurgien,
d’adjuvants au bloc nerveux périphérique, soit sur la mise en anesthésiste-réanimateur, infirmier, aide-soignant, kinésithéra-
place de cathéters périnerveux, paravertébraux ou épiduraux peute, diététicien, gériatre, psychologue, psychiatre, assistante
avec infusion d’anesthésique local pendant 48 heures : sociale, etc.) et le soutien actif du patient sont les éléments majeurs
◦ de tous les adjuvants proposés en ALR périnerveuse, seuls les d’une réhabilitation de qualité. Des recommandations internatio-
␣2-agonistes et la dexaméthasone sont des candidats poten- nales adaptées à chaque chirurgie, en particulier viscérale, sont
tiels qui ont démontré leur intérêt dans le but d’obtenir un éditées en ce sens [148–150] . Elles permettent de réduire parallèle-
allongement de l’analgésie locorégionale postopératoire. De ment le coût de la prise en charge hospitalière et la durée de séjour
nombreuses questions restent à éclaircir. Le faible bénéfice, du patient à l’hôpital [151] .
par rapport à leur administration intraveineuse et le risque
de potentialisation de la neurotoxicité des anesthésiques
locaux, doit rendre prudent leur utilisation périnerveuse [139] , Sortie anticipée
◦ la littérature confirme l’intérêt d’un cathéter périnerveux en
cas de risque de douleur postopératoire modérée à sévère. Le Comme la gestion parfois complexe du patient douloureux
risque de mobilisation du cathéter (5 à 25 %) réduit poten- chronique le laisse présager, une prise en charge ambulatoire est
tiellement le bénéfice analgésique. Le cathéter fémoral, par rarement adaptée, même pour de petits actes qui peuvent induire
le bloc moteur induit et prolongé, peut favoriser les chutes, une recrudescence amplifiée des douleurs préopératoires. Par
gêner la déambulation et la réhabilitation précoce après chi- ailleurs, une prise en charge hospitalière optimale de l’analgésie
rurgie prothétique du genou. Le cathéter interscalénique et de la réhabilitation pendant les quelques jours où le patient
induit quant à lui une parésie diaphragmatique à prendre est hospitalisé ne se conçoit pas sans un suivi adapté au domicile
en compte en cas de pathologie respiratoire. Enfin, les infil- ou dans une structure de suite et réadaptation. La participation
trations du site chirurgical ne peuvent avoir qu’une action du médecin traitant du patient doit être requise et indispensable
limitée en postopératoire et leur prolongation par cathéter car il devra poursuivre et organiser, en collaboration avec l’équipe
est discutée [140] , hospitalière, et souvent grâce à l’aide d’un réseau de soin, la prise
◦ dans la chirurgie thoracique, lorsque le bloc paravertébral est en charge multidisciplinaire débutée à l’hôpital. Cette adhésion
comparé à l’analgésie péridurale utilisant uniquement une indispensable du médecin traitant passe par une information orale
solution d’anesthésique local, il existe une tendance à un et écrite (courrier de sortie) en temps réel comprenant le compte
meilleur contrôle de la douleur, alors que lorsqu’un opiacé est rendu chirurgical, de l’hospitalisation, les recommandations de
associé à l’anesthésique local par voie péridurale, l’avantage prise en charge et de suivi (bilans ou consultations programmées).
est plutôt à l’analgésie péridurale [141] . L’analgésie est poursuivie et une ordonnance d’antalgique est
La persistance de douleurs postopératoires en dépit des tech- adaptée avant la sortie, généralement par voie orale, aux besoins
niques d’analgésie multimodale décrites ci-dessus peut amener à du patient et à la spécificité chirurgicale.
utiliser d’autres molécules en complément : Le suivi de la prise en charge non médicamenteuse et du soutien
• la clonidine intraveineuse, agoniste-␣-2 adrénergique, apporte psychologique est organisé afin de renforcer l’adhésion du patient
une analgésie complémentaire. Si des posologies de 3 g kg–1 à sa réhabilitation et éviter le ressenti fréquent d’abandon lors du
ont été proposées, au prix souvent d’une sédation et d’une retour au domicile. Enfin, une douleur anormale, insuffisamment
hypotension importante, des doses plus faibles (1 g kg–1 ) contrôlée par les traitements de sortie, constatée par les équipes
réduisent ces effets adverses [142, 143] . La dexmédétomidine, avec soignantes qui accompagnent le patient au domicile, ou par le
son effet plus sélectif, est de plus en plus utilisée ; chirurgien lors de sa première consultation de suivi doit rapide-
• l’amitriptyline intraveineuse à la dose de 25 ou 50 mg en une ment amener à une démarche étiologique et diagnostique d’une
heure, par son action sur les canaux sodiques, injectée en pré- complication chirurgicale, d’une note neuropathique nouvelle ou
opératoire, a fait la preuve de son efficacité sur la prolongation d’un syndrome douloureux régional complexe (algodystrophie).
de l’analgésie et de sa bonne tolérance [144] . Toutefois, bien Le patient doit alors être orienté, en fonction de l’étiologie, vers
que semblant avoir un réel intérêt, nous manquons de tra- la structure adaptée (chirurgicale ou consultation de la douleur).
vaux solides pour définir les doses, la fréquence et la durée Eu égard aux délais des centres d’évaluation et de traitement de
d’utilisation de l’amitriptyline en postopératoire [145] ; la douleur, la création de créneaux d’urgence et de consultations
• les antiépileptiques gabapentinoïdes (gabapentine et prégaba- postchirurgicales spécialisées apparaît indispensable pour une ges-
line) sont utilisés en douleur chronique principalement dans les tion adaptée de ces patients douloureux chroniques récemment
douleurs neuropathiques et les douleurs mixtes cancéreuses. Ils opérés.
sont antihyperalgésiques et réduisent le phénomène de sensi-
bilisation centrale par leur action sur la sous-unité (␣-2-␦) des
canaux calciques. Conclusion
Ils sont plus difficiles à manier durant la période périopéra-
toire et sont probablement plus efficace en curatif des douleurs La prise en charge du patient douloureux chronique en pério-
neuropathiques qu’en préventif [114, 146, 147] . pératoire est complexe. Ce n’est qu’au prix d’un investissement
Le patient douloureux chronique évolue dans un contexte psy- médical, mais aussi administratif, important que des progrès
chologique particulier où anxiété, dépression, catastrophisme, peuvent être espérés. Les unités (ou structures) mobiles de prise
hypervigilance, colère, voire détresse, interfèrent avec la volonté en charge des douleurs aiguës ont progressivement montré leur
de réhabilitation précoce de l’équipe soignante, cela d’autant plus pertinence dans le soutien de ces situations postopératoires tou-
que la chirurgie peut être attendue avec l’angoisse d’un diagnostic jours douloureusement mal vécues. Elles doivent maintenant
grave de cancer, l’espérance d’un résultat antalgique « miracu- s’investir dans la gestion des patients dès la phase initiale préopé-
leux » ou ressentie comme destructrice, voire délabrante. ratoire afin d’assurer la continuité de la stratégie thérapeutique
Une douleur postopératoire difficile à gérer peut révéler cette du préopératoire au postopératoire en passant par la gestion du
angoisse profonde. Les unités mobiles de douleur sont très peropératoire [152] . La place de l’anesthésiste-réanimateur est donc
fréquemment confrontées à ces expressions de souffrance et fondamentale à ces différentes phases car ce dernier est présent à
contribuent à les faire verbaliser par le patient, à les expliquer ces différentes étapes.
et à les apaiser. Un accompagnement psychologique spécifique
et adapté est souvent nécessaire et doit être proposé dès le post-
opératoire immédiat. Il doit permettre, en bloquant la spirale Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs n’ont pas transmis de déclaration
négative douleur-dépression, de développer une démarche de de liens d’intérêts en relation avec cet article.
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36-030-A-10 Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire
8 EMC - Anesthésie-Réanimation
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Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire 36-030-A-10
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Belbachir A, Olivier M, Estebe JP. Prise en charge du douloureux chronique en périopératoire.
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