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RÉSUMÉ DU RAPPORT
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Table des matières
Equitable Solutions Consulting est une entreprise-conseil fondée en 2020 par Laurelle
Harris, consultante principale et directrice générale. Equitable Solutions fournit aux
organisations les outils nécessaires pour atteindre leurs objectifs et devenir plus
sensibles, inclusives et équitables.
Mme Harris a suivi une formation universitaire en études féminines à l’Université de
Winnipeg et à l’Université du Manitoba et a entrepris des études supérieures en études
féminines et en études afro-américaines à l’Université de l’État de l’Ohio à Columbus,
dans l’Ohio. Elle a obtenu son diplôme de droit en 2001 de l’Université du Manitoba et a
plus de vingt ans d’expérience en matière de litige. Elle a suivi une formation
professionnelle en médiation, en arbitrage et en résolution de conflits localement et à
l’université York de Toronto (Ontario).
Mme Harris possède une vaste expertise dans les domaines des procédures évaluatives
équitables des organisations, de l’élaboration de politiques, des enquêtes sur le lieu de
travail, du développement du leadership, de l’EDI et de l’enseignement et de l’analyse
relatifs à l’antiracisme. Ses compétences juridiques, affinées pendant plus de 20 ans en
tant qu’avocate plaidante, lui permettent de mener des entretiens impartiaux, d’examiner
et d’analyser les informations, d’évaluer la crédibilité et de rédiger des preuves écrites
reposant sur une norme civile de preuve pour enquêtes, et ce, pour tous niveaux de
complexité. À cela s’ajoute son expertise éprouvée, autant sur le plan théorique que celui
de la pratique, sur l’intersectionnalité, l’antiracisme et l’anti-oppression, ainsi que sur la
manière dont les oppressions systémiques et interpersonnelles se révèlent sur le lieu de
travail. Laurelle dispose d’un ensemble de compétences uniques qui sont souvent idéales
pour mener à bien des enquêtes complexes.
Mme Harris a agi à titre d’enquêtrice principale dans l’analyse des allégations de racisme
systémique pour le compte du Musée canadien pour les droits de la personne, et a fait
paraître deux rapports disponibles au grand public. Elle a mené des enquêtes sur le lieu
de travail pour le compte de plusieurs organismes publics et à but non lucratif.
Equitable Solutions Consulting compte en son sein deux associées. Leah A. Richardson,
consultante en ressources humaines, apporte une vaste expérience dans le domaine des
affaires et du conseil, avec un accent particulier sur la gestion des ressources humaines,
le bien-être et le sentiment d’appartenance. Michelle Jean-Paul, consultante en
éducation, est titulaire d’un baccalauréat en arts, d’un baccalauréat en éducation, d’une
maîtrise en éducation et est présentement doctorante.
En octobre 2022, Envol 91FM a lancé un appel d’offres pour obtenir divers services, dont
la réalisation d’une étude sur les préoccupations soulevées par les événements qui ont
précédé la réunion extraordinaire d’Envol tenue au printemps 2022. Les préoccupations
soulevées lors de cette réunion concernaient les circonstances entourant le départ de
trois employés d’Envol. Une demande d’évaluation organisationnelle faisait également
partie de l’appel d’offres. En novembre 2022, la proposition d’Equitable Solutions
Consulting est retenue pour fournir les deux services visés.
Questions traitées
Les questions traitées dans le cadre de cette démarche d’analyse sont les suivantes :
1. Les processus utilisés par le conseil d’administration pour sélectionner un nouveau
directeur général sont-ils appropriés et conformes aux meilleures pratiques en
matière de gestion des ressources humaines ?
2. Quelles ont été les circonstances entourant le départ des trois employés d’Envol,
dont :
a. la nature des relations de travail entre le conseil d’administration et les trois
employés, individuellement et collectivement ; et
b. la nature des relations de travail entre les trois employés et la nouvelle
directrice générale, y compris la question de savoir si le racisme a joué sa
part de responsabilité dans le fonctionnement de la relation,
individuellement et collectivement ?
Processus
Processus en matière linguistique
Bien que la rédactrice de ce rapport soit franco-manitobaine par sa naissance et par son
éducation, elle ne parle et n’écrit pas couramment le français à un niveau professionnel,
mais est en mesure néanmoins de le comprendre et de le lire. Des mesures
Une analyse très détaillée des documents a été réalisée. La partie la plus substantielle
des éléments de preuve dans cette affaire provient des preuves documentaires. La
rédactrice de ce rapport a analysé de nombreux documents, dont les suivants :
• Divers échanges et courriels provenant des trois anciens employés, y compris les
lettres de démission ;
Parmi les témoins se trouvaient des employés actuels et/ou anciens, d’anciens membres
du conseil d’administration et la personne chargée de conseiller Envol sur le plan
juridique. Aucun membre de l’actuel conseil d’administration n’a été interrogé. Certains
témoins ont exprimé leur crainte de subir des conséquences telles que l’ostracisme ou
des représailles de certaines personnes la communauté pour avoir participé à cette
Les trois anciens employés ont été invités à participer à cette révision. Le 10 janvier 2023,
ils ont répondu par la négative, affirmant que la rédactrice avait un parti pris et qu’ils ne
participeraient pas à condition qu’une personne autre que la rédactrice réalise l’analyse.
Le conseil d’administration leur a répondu en tenant compte de leurs préoccupations et
en confirmant que le contrat qui le liait à la rédactrice pour réaliser l’analyse serait
maintenu. Les préoccupations soulevées par les anciens employés, telles qu’elles ont été
exprimées dans les échanges seront traitées en détail et replacées dans leur contexte
dans le présent rapport.
Les employés ont été joints une seconde fois le 9 février 2023 pour les inviter à participer,
sans obtenir de réponse à cette deuxième invitation.
Bien que ces employés aient refusé de participer à l’analyse, les preuves documentaires
recueillies au sujet des positions prises par ces trois employés et leurs allégations
revêtent une importance capitale.
Les documents comprennent les échanges entre les anciens employés (collectivement
et individuellement) et des tiers. Un compte rendu chronologique des affirmations des
trois employés sur ce qui s’est passé sur le lieu de travail de leur point de vue a été
transmis au conseil d’administration en janvier 2022, auquel s’ajoutent des copies de
messages publiés sur les médias sociaux qui, dans l’ensemble, rapportent clairement
leur perspective.
Les documents que les trois anciens employés ont produits s’accompagnent de notes et
de mémentos provenant de tiers pris lors de réunions avec les trois employés, d’autres
documents et d’un enregistrement audio.
De cette façon, les perspectives des trois anciens employés, clairement exprimées dans
certains documents, ont été prises en compte tout au long de ce processus, malgré leur
refus de participer.
Les témoins ont indiqué que le conseil d’administration avait agi promptement après avoir
pris connaissance de la lettre de démission du précédent directeur général en septembre
2021. Le conseil d’administration estimait que les effectifs en poste et les bénévoles
étaient en mesure d’assumer la gestion de la plupart des éléments relatifs au
fonctionnement de la station en ce qui a trait à la programmation et aux opérations
techniques. On a toutefois découvert un énorme besoin à combler pour les dossiers qui
touchent à l’administration, aux ressources humaines et à la diversification des revenus
de la station de radio, en mettant particulièrement l’accent sur la rédaction des demandes
de subvention et la garantie du succès d’Envol à l’avenir en tant que station de radio
communautaire pérenne.
Les témoins concernés par le processus de sélection ont affirmé que, sur les cinq
candidats qui ont postulé, la directrice générale en poste présentement était de loin la
plus qualifiée comparativement aux autres candidats, y compris la personne qui postulait
de l’interne.
La directrice générale possède un dossier académique et une expérience professionnelle
qui répondent amplement aux exigences du poste. Outre le fait qu’elle est titulaire d’une
maîtrise en administration des affaires et qu’elle a acquis le double titre de comptable
public agréé et comptable général agréé, elle cumule quelque 15 ans d’expérience dans
le domaine de l’administration et de la finance, avec une solide expérience dans la
rédaction de demandes de subvention.
La rédactrice ne dispose d’aucune preuve laissant entendre que le processus de
sélection était injuste ou biaisé de quelque manière que ce soit. L’évaluation des
compétences jugées essentielles pour le poste par le conseil d’administration reposait
sur une description claire du poste et des compétences de base à laquelle s’ajoutaient le
plan stratégique et le plan opérationnel. La démarche utilisée pour mener l’entretien visait
à réduire la probabilité de parti pris et tous les candidats ont été évalués à partir des
mêmes critères et de leurs réponses aux mêmes questions d’entretien. Non seulement
l’existence d’un parti pris n’a pu être établie, mais les preuves disponibles ont démontré
que les techniques et les processus utilisés étaient conformes aux pratiques exemplaires
en matière de ressources humaines.
Lorsque l’affirmation des anciens employés selon laquelle l’ancien président du conseil
d’administration était en conflit d’intérêts au cours du processus de sélection a fait l’objet
d’une analyse, aucune preuve ne suscitait l’existence d’un parti pris apparent ou réel ou
de conflit d’intérêts de la part de la présidente du conseil d’administration.
• Les éléments de preuve disponibles montrent que les deux anciens employés qui
souhaitaient obtenir le poste à titre de codirecteurs ne possédaient pas les
connaissances et compétences requises pour assurer la gestion
organisationnelle, à l’instar de celles de la directrice générale en poste, et qu’ils ne
semblaient pas bien comprendre l’ampleur ou la nature du rôle de la direction
générale;
• Bien qu’on affirme que l’un des membres du comité de sélection était un ami de la
personne qui postulait de l’interne, ce qui aurait donné lieu à un conflit d’intérêts,
les preuves ne sont pas concluantes à cet effet.
La rédactrice estime que les actions du conseil d’administration étaient appropriées,
raisonnables dans toutes les circonstances, qu’elles se conformaient aux principes de la
bonne gouvernance organisationnelle et qu’elles étaient prises dans l'intérêt supérieur de
l’organisation.
Relation entre les employés et la directrice générale
Un certain nombre de communications entre les trois anciens employés, la directrice
générale et la présidente du conseil d’administration ont été analysées. De plus, les
transcriptions des récits chronologiques des trois anciens employés concernant le
traitement qu’ils affirment avoir subi de la part de la directrice générale ont également été
analysées.
L’entrée en fonction de la directrice générale à la station de radio était le jeudi 2 décembre
2021. L’opposition des trois anciens employés à son embauche lui a été clairement
signifiée presque immédiatement quand la présidente du conseil d’administration quittait
les lieux après avoir présenté la directrice générale aux employés. Les trois anciens
employés ont demandé à la rencontrer en privé et la directrice générale a affirmé qu’on
lui parlait comme si « ils étaient les employeurs » et qu’elle était une « moins de rien ».
Parmi les déclarations qu’elle a reçues :
Dans cette affaire, la rédactrice a constaté que l’intérêt personnel constituait un des
éléments majeurs qui explique la conduite des trois anciens employés. À cela s’ajoute un
niveau d’exigence beaucoup trop élevé que leurs souhaits et désirs soient exaucés par
le conseil d’administration.
Malgré les affirmations soutenues par les trois anciens employés dans leurs échanges
avec la rédactrice du 10 janvier 2023, selon lesquelles le racisme ne comptait pas parmi
les enjeux qui ont alimenté le conflit au moment où il s’est produit, la question de savoir
si la conduite des trois anciens employés était motivée par des préjugés raciaux anti-
noirs a été soulevée par la directrice générale à compter du 2 décembre 2021. Elle a de
nouveau identifié le racisme comme une préoccupation lorsqu’elle a signalé la conduite
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des trois anciens employés auprès de la présidente du conseil d’administration, bien
avant la tenue de l’AGA et de l’assemblée extraordinaire de 2022.
Pour de nombreuses personnes blanches, le racisme à l’égard des personnes racialisées
n’existerait pas étant donné que le racisme se définit par des actions délibérées motivées
par la malveillance et la haine. Cependant, le racisme peut se manifester sans en être
conscient ni avec intention. Défini simplement comme une différence d’évaluation ou de
traitement fondée uniquement sur la race, peu importe l’intention, le racisme est
beaucoup plus fréquent que la plupart des Blancs ne le soupçonnent.1
Il existe malheureusement au Canada un « manque perceptible de sensibilisation à
l’égard du sentiment généralisé anti-noir qui continue de se cacher à la vue de tous,
dissimulée derrière un engagement symbolique en faveur du libéralisme, du
multiculturalisme et de l’égalité » (notre traduction). 2 « Le racisme anti-noir détermine le
mode de fonctionnement de la société. C’est souvent le concept le plus difficile à saisir ;
comprendre que le racisme – en particulier le racisme anti-noir – est chose courante dans
tous les domaines de la vie » (notre traduction).3
Au Canada, le racisme anti-noir tel qu’on le connaît aujourd'hui découle de quelques
centaines d’années d’évolution. « Le racisme anti-noir désigne les attitudes, les
croyances, les stéréotypes, la discrimination et les préjugés visant les personnes
d’ascendance africaine. Les racines du racisme anti-noir se situent dans l’esclavagisme
et ses séquelles » (notre traduction). 4 Les Noirs de la Nouvelle-France, du Haut-Canada
et du Bas-Canada ont été assujettis à l’esclavage par les colons français, puis
britanniques, pendant plus de 200 ans. Cette période succède aux années de
ségrégation et de discrimination de facto légales. Les préjugés raciaux, ainsi que la
discrimination qui en découle, font partie de notre quotidien encore aujourd’hui.
Les Nations unies ont reconnu l’existence et les effets du racisme anti-noir sur les
Canadiens noirs, et ont notamment souligné à quel point le racisme anti-noir s’est
normalisé et est devenu invisible.
Dre Philomena Essed a conçu la notion de racisme de tous les jours pour aborder les
actions, attitudes et relations de la vie courante qui sont considérées comme allant de soi
et qui déterminent notre quotidien sur le plan racial et qui font perdurer les inégalités. Le
1 Livingston, R. “How to Promote Racial Equity in the Workplace”, Harvard Business Review,
https://hbr.org/2020/09/how-to-promote-racial-equity-in-the-workplace
2 Maynard, R. (2022). Policing black lives: State violence in Canada from slavery to the present. Langara
College.
3 “Black Health Education Collaborative: the important role of Critical Race Theory in disrupting anti-Black
racism in medical practice and education”, CMAJ 2022 October 24; 194: E1422-2.
4 Oyeniran, Channon. "Anti-Black Racism in Canada". The Canadian Encyclopedia, 1 June 2022,
5Essed, P. (1991). Understanding Everyday Racism: An Interdisciplinary Theory. Newbury Park: SAGE
Publications, Inc.
6Sue, D. W. (2010). Microaggressions in Everyday Life: Race, Gender, and Sexual Orientation. Hoboken:
John Wiley & Sons, Inc.
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directement à la directrice générale, en privé, et seulement en l’absence de la
présidence du conseil d’administration, est révélatrice de leur volonté de viser
personnellement la directrice générale, bien que la source de leur
mécontentement soit la décision prise par le conseil d’administration ;
• Par ailleurs, la volonté des anciens employés de s’engager dans cette voie
uniquement en absence de la présidente du conseil d’administration indique qu’ils
étaient conscients, ou auraient dû être conscients, que leur conduite était
inappropriée sur le lieu de travail, en harcelant et humiliant la directrice générale,
tant sur le plan personnel que professionnel ;
• Ils ont poursuivi cette ligne de conduite tout au long des mois de décembre 2021
et janvier 2022 de manière tout à fait cohérente avec leur rejet exprimé à l’égard
de la directrice générale et leur refus de reconnaître ses qualités de meneuse, et
ce, au moment même qu’elle est entrée en fonction. La directrice générale a été
la cible des trois anciens employés et a été traitée comme une intruse dès ses
premiers jours chez Envol ;
• Le fait que les anciens employés ont informé le conseil d’administration qu’ils
avaient le moral à zéro et qu’ils envisageaient de quitter leur emploi quatre jours
ouvrables seulement après l’entrée en fonction de la directrice générale ;
• L’un des employés qui s'est introduit dans la station de radio après les heures de
travail et a supprimé des fichiers de contenus radiophoniques programmés pour
être diffusés automatiquement était une tentative de sabotage évidente ciblant la
directrice générale.
La rédactrice estime que les conduites mises au jour sont, dans leur ensemble, des
manifestations de racisme anti-noir. Il est courant, sur le lieu de travail, que l’autorité
conférée aux supérieurs noirs soit rejetée par les personnes à qui elles doivent des
comptes en raison de préjugés, conscients ou inconscients, liés à l’infériorité inhérente
des Noirs ; ce cas l’illustre bien.
Déclarations publiques des employés et réactions de la communauté au départ
des anciens employés
Des déclarations publiques ont été émises à l’endroit de leur employeur par au moins
deux des anciens employés en lien avec leur décision de quitter Envol. Le message de
l’un des anciens employés critiquait les actions et le leadership de la nouvelle directrice
générale et du conseil d’administration d’une manière telle que les critiques les visaient
personnellement, et affirmait que le conseil d’administration s’était rangé de son côté
contre les trois anciens employés, mais jamais en mettant ses affirmations en contexte
ou en fournissant des éléments factuels pour les soutenir, y compris :
• L’ancien employé n’avait pas d’autre choix que de quitter son emploi en raison du
leadership de la directrice générale ;
• Elle ne disposait pas des compétences et n’avait aucune expérience dans le
domaine de la radio ou des médias ;
Les éléments de preuve dans cette affaire ne concordent pas avec les déclarations de
l’ancien employé et, en particulier, l’affirmation selon laquelle il a été l’objet d’intimidation
de la part de la directrice générale. Il s’agit plutôt d’une microagression raciste en
l’absence de preuves crédibles de l’existence d’une telle intimidation.
Un autre des anciens employés a fait paraître un message public indiquant la liste des
candidats au conseil d’administration pour lesquels il avait l’intention de voter :
Ce soir, c’est l’élection d’un nouveau conseil d’administration
d’Envol 91FM. Moi je voterai pour des candidats/candidates qui
sauront écouter les membres, qui assureront la transparence, qui
apporteront des idées qui favoriseront la reconstruction d’Envol
91FM…et je ne voterai pas pour des candidats qui ont participé
à son effondrement des derniers mois…
La rédactrice estime que l’affirmation selon laquelle cet ancien employé voulait des
candidats au conseil d'administration qui garantiraient la transparence est fallacieuse.
L’employé était bien au fait des préoccupations du conseil d’administration et la position
qu’il défendait par rapport à l’embauche de la directrice générale, ainsi que la position du
conseil d'administration en ce qui concerne les attentes relatives à la conduite des
anciens employés sur le lieu de travail. La rédactrice ne constate aucun manque de
transparence de la part du conseil d’administration. Au contraire, le refus de formuler
publiquement des commentaires a probablement épargné aux trois anciens employés
une situation compromettante si leur mauvaise conduite au travail avait été exposée au
grand public par le conseil d’administration.
Plusieurs communications sur le départ des trois anciens employés ont été partagées
avec les membres du conseil d’administration. Certaines d’entre elles provenaient de
bénévoles d’Envol, d’autres par le public en général, y compris d’anciens membres du
conseil d’administration. La réponse du conseil d’administration a généré du
mécontentement, ce dernier estimant qu’il n’était pas autorisé de s’exprimer sur les
problèmes survenus avec les employés pour répondre à ces préoccupations. Cette
réponse appropriée de la part d’Envol à titre d’employeur a donc nourri le
mécontentement du public en général qui s’inquiétait des raisons pour lesquelles des
personnalités du monde de la radio abandonnaient soudainement Envol.
• On affirmait qu’il existait un conflit d’intérêts parce que la rédactrice avait fait du
bénévolat pour le conseil d’administration d’une organisation pour laquelle
l’actuelle présidente du conseil d’administration est à l’emploi ;
Les questions soulevées par les anciens employés portant sur les circonstances de
leur départ d’Envol ont été abordées dans le présent rapport.
Cependant, les anciens employés ont également fait valoir les éléments
suivants :
Le fait que vous dites avoir reçu de l’actuel conseil
d’administration et de sa présidente, Blandine Tona, le mandat
de réaliser une enquête sur des « allégations de racisme à la
station » discrédite complètement toute la démarche. De plus,
cela donne l’impression que madame Tona utilise les fonds
publics mis à la disposition de la radio communautaire pour
mener une enquête dont le but premier est de démontrer que
nous avons eu des comportements racistes. C’est complètement
faux ; ce sont des mensonges et des fabulations inventés de
toutes pièces par madame Tona.
Dans cette enquête commandée par l’actuel conseil
d’administration d’Envol 91 FM, vous n’aurez pas l’autorité
morale de départager le vrai du faux, de toute façon.
De plus, soulignons que l’enquête devait être impartiale et
indépendante.
7Trump Says Judge’s Mexican Heritage Presents ‘Absolute Conflict’, Wall Street Journal, June 3, 2016.
https://www.wsj.com/articles/donald-trump-keeps-up-attacks-on-judge-gonzalo-curiel-1464911442
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contre des juges « minoritaires » 8. Les affirmations des trois anciens employés à l’égard
de la rédactrice à titre d’enquêtrice dans le cadre de cette démarche d’analyse sont, de
la même façon, minces et infondées.
La rédactrice évoque le fait que les trois anciens employés ont tenté de compromettre la
légitimité de l’analyse en invoquant le parti pris de la rédactrice. Ils ont également affirmé
de la même façon l’existence de conflit ou de parti pris lorsque des décisions du conseil
d’administration ont été prises avec lesquelles ils se trouvaient en désaccord.
Constats
L’ensemble des constats établis dans ce rapport reposent sur la norme civile de preuve
(selon la prépondérance des probabilités).
Les constats que la rédactrice retient sont les suivants :
1. Inexistence de preuve qui laisse entendre que le processus de sélection de la
directrice générale d’Envol utilisé en 2021 était injuste ou tendancieux de quelque
manière que ce soit. Les éléments de preuve disponibles montrent que les
techniques et processus dont on s’est servi étaient conformes aux pratiques
exemplaires en matière de ressources humaines.
2. Inexistence de conflit d’intérêts ou de parti pris, ni de conduite confirmant
l’existence d’un parti pris apparent, de la part de la présidente du conseil
d’administration ou du conseil d’administration dans son ensemble au cours du
processus de sélection.
3. La directrice générale embauchée était la personne la plus qualifiée pour détenir
le poste défini au moyen de critères objectifs par le conseil d’administration.
4. Les éléments de preuve indiquent qu’au moins deux des trois anciens employés
comprenaient mal les principes qui sous-tendent les modes de gestion
organisationnelle de la haute direction et sur lesquels repose la fonction de la
direction générale.
5. Le conseil d’administration de 2021 a agi de manière appropriée dans sa gestion
du conflit qui l’opposait aux trois anciens employés et la directrice générale a fait
preuve d’impartialité en répondant aux préoccupations soulevées par les trois
anciens employés concernant sa propre conduite, tout en remplissant l’attente du
conseil d’administration qu’ils se conduisent de manière respectueuse et
coopérative envers leur supérieure, la directrice générale.
8Edwards, H. Donald Trump’s Attacks on Judge’s Ethnicity Brings Back Sordid History. Time Magazine.
https://time.com/4356690/donald-trump-judge-mexican-legal-arguments/
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6. Le conseil d’administration de 2021 a agi de manière appropriée en établissement
une distinction marquée entre son rôle de meneur de l’organisation et celui de la
directrice générale à titre de gestionnaire chargée de l’administration et des
opérations de la station de radio. Il était approprié que le conseil d’administration
s’investisse dans le dossier des ressources humaines en raison du conflit, étant
donné que l’employée du conseil d’administration (la directrice générale) était
partie prenante du conflit.
7. Le conseil d’administration a effectivement rencontré les anciens employés et a
communiqué avec eux par écrit, contrairement à ce qu’ont affirmé les anciens
employés. En outre, le conseil d’administration a effectivement donné suite à
certaines des préoccupations soulevées par les anciens employés.
8. Les trois anciens employés s’attendaient à ce que les décisions prises par le
conseil d’administration se conforment à leurs perspectives qu’ils leur avaient
exprimées.
9. Le conflit entre les trois anciens employés et le conseil d’administration de 2021 a
pris racine dans un contexte où le conseil d’administration prenait des décisions
indépendantes en vertu de son obligation de fiduciaire à l’égard de la station de
radio et leur refus de se plier aux souhaits égoïstes des trois anciens employés au
détriment des besoins propres à l’organisation.
10. Il existe une preuve que des conseils d’administration antérieurs ont permis, au
moins à une reprise, à la conjointe d’un ancien employé de prendre part aux
discussions portant sur le traitement salarial de son conjoint lorsqu’une décision a
été prise, ce qui témoigne de la mauvaise gouvernance du conseil d’administration
et d’un conflit d’intérêts non contrôlé.
11. Dès le jour de l’entrée en fonction de la directrice générale, les trois anciens
employés ont adopté une ligne de conduite qui visait sans cesse et injustement la
directrice générale et qui constitue, dans l’ensemble, un harcèlement et une
inconduite sur le lieu de travail.
12. La conduite des trois anciens employés à l’égard de la directrice générale était
fondée sur l’intérêt personnel. Son intention était clairement de pousser la
directrice générale à la porte et démissionner de son poste ou de faire en sorte
que le conseil d’administration la révoque en la remplaçant par deux des trois
employés.
13. Outre le fait qu’ils ont agi par intérêt personnel, les trois anciens employés ont fait
preuve de préjugés raciaux dans le traitement infligé à la directrice générale, ce
qui ressort de l’analyse des preuves documentaires présentées à la rédactrice,
complétées par les dépositions des témoins.
Recommandations
1. Il est recommandé que tous les employés et les membres du conseil
d’administration suivent une formation sur la gouvernance organisationnelle afin
de garantir une bonne compréhension et de susciter l’adhésion aux pratiques
exemplaires. Cette formation devrait être offerte au moins une fois tous les deux
ans.
2. Tous les membres du conseil d’administration doivent reconnaître chaque année
par écrit qu’ils sont les fiduciaires de l’organisation et que par conséquent ils ne
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