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COURS EDL / Art de la Chine et du Japon

Dynastie des Song (960 – 1279)

 insistance sur la peinture, beaucoup moins sur la céramique / quelle évolution de la peinture de
paysage dans la période des Song ? = importance de la « peinture de lettrés »

 Contexte historique : 755 = tournant dans le règne de la dynastie précédente, la dynastie Tang /


révolte menée par An Lushan = jamais la dynastie ne s’en remet / => lent déclin des Tang jusqu’en
907 / effondrement à cette date = nouvelle période de fragmentation politique, territoriale =>
« Période des cinq royaumes (NORD) et des dix dynasties (SUD) » / un demi-siècle après, un général
appelé Zhao Kuang Yin accède au trône et fonde la dynastie Song / règne sous le nom de Song Taizu
 deux phases successives : 1) Les Song du NORD (entre 960 et 1225/1227) avec pour capitale Bian
Jing, dans le Hunan (actuelle Kaifeng) = puis changement de capitale en 1225/1227 / 2) Les Song du
SUD (1127 – 1279) avec comme nouvelle capitale Lin’An (actuelle Hangzhou)
 art de la période : un art dit « classique » = notamment pour la production céramique / dès la
stabilité économique : développement d’un goût pour une céramique spécifique / les sites de
production de céramique portent les noms de leur type de four / domaine de la peinture  : période
fondamentale pour les périodes artistiques ultérieures => devient période de référence / 
affirmation du paysage comme le genre dominant de la peinture / = une idée qui domine encore
aujourd’hui / IMPORTANT : d’autres catégories de peinture, évidemment, existent
 affirmation d’une nouvelle élite : celle des lettrés fonctionnaires, notamment dans l’exercice du
pouvoir et l’appareil administratif / une affirmation qui se fait au dépend des grandes familles
aristocratiques, dont le pouvoir s’affaiblit / DONC fin du Xème – début XIème siècle = moment de
transition important
 EXEMPLE (pour illustrer) : Li Cheng, Temple solitaire au cœur des montagnes dégagées, rouleau
vertical, encre sur soie, vers 960 (Kansas City) : le peintre est issu d’une famille aristocratique ayant
fui les troubles de cette transition dans le Shandong ; reçoit une éducation de lettré / DONC
représente l’ancienne ET la nouvelle élite / ICI = bonne illustration de son style / composition très
théâtrale, l’orientation verticale allongée met en avant la hauteur des montagnes / paysage
montagneux au pied duquel = habitations / un peu plus loin, un temple solitaire /  richesse de
tonalités de cette œuvre, grâce à la diversité des encres / certaines zones sont très encrées :
notamment pour végétations, rochers / + encre léger pour signaler la présence vaporeuse de ces
montagnes au loin => permet de rendre une structure du paysage très lisible / + en bas à gauche  :
remarque la présence de formes humaines qui se rendent vers le paysages, DONC qui nous
permettent d’entrer dans l’œuvre / MAIS domine dans la composition le grand massif montagneux
du centre / métaphore : le massif qui domine représente l’empereur, qui domine sa cour = un centre
stable / la nature est sereine, calme, contrôlée par le pouvoir d’un souverain éclairé / DONC travail
très important du pinceau pour exprimer la texturation de la nature = trait extrêmement précis MAIS
AUSSI importance de paysages monumentaux en cette moitié du Xème siècle
 Fan Kuan, disciple de Li Cheng et autre artiste représentatif de cette peinture sous les Song /
EXEMPLE : Fan Kuan, Voyage par les monts et les courants, vers 1000, Encre et couleurs légères sur
soie, Musée National du Palais, Taipei = figure essentielle du XIème siècle / connu comme très
contemplatif, étudiait beaucoup les paysages / ICI : archétype de la peinture de paysage
monochrome de l’époque des Song du NORD / cette œuvre était d’abord composée de deux
panneaux de soie montés en un rouleau vertical / INTERESSANT : à nouveau une nature massivement
présente, puissante = des pics montagneux qui occupent presque toute la hauteur du rouleau et
bloquent complètement la vue / le regard est très vite arrêté / premier plan : quelques massifs
rocheux = ces massifs arrêtent notre regard / en bas à droite : très petits, un ensemble d’animaux qui
sont la seule évocation de présence humaine (un homme les suit) /  incarne l’idée de la peinture
de paysage sous les Song du NORD = doit atteindre un niveau de réalisme important / MAIS ne
signifie pas que le paysage est réel  il naît d’une observation de la nature, le peintre recrée la
nature A PARTIR de ses observations très précises / travail extrêmement précis du pinceau = permet
de rendre toute la « texturation », la matière, la masse rocheuse, la végétation
=> importance de l’art de Fan Kuan

 EXEMPLE : Guo Xi, Début de Printemps, 1072, Rouleau vertical, encre et couleurs légères sur soie,
Musée national du Palais, Taipei / le pendant de Fan Kuan pour la peinture des Songs du NORD  / 2nd
moitié du XIème siècle = grand peintre de paysage qui sert à la cour de l’Empereur Song Schenzong /
l’Empereur le fait entrer à l’Académie / ICI : peinture au format monumental ; composition
extrêmement importante = Guo Xi applique des règles fondamentales de la peinture de paysage à
partir de cette période, des règles qui existent depuis l’époque des 5 dynasties  ici, théorisation de
ces règles /  mise en place des trois plans ; triple rapport de la grandeur (triple hauteur) :
composition en « S » qui permet de découper l’espace en trois plans, trois « lointains » / les lignes du
paysage permettent de guider le regard / + autre convention : la montagne est plus grande que les
arbres, eux-mêmes plus grands que les hommes / paysage structuré MAIS on respire davantage que
dans les peintures de Fan Kuan = moins massive / jeu avec les espaces vides qui permet des
respirations, ALORS QUE chez Fan Kuan = succession de masses compactes
 différentes interprétations : la présence humaine est – dans toutes ces œuvres – minuscules =
moyen de rappeler la place exacte de l’individu dans l’univers / filiation avec la pratique taoïste / +
métaphore – peut-être – du pouvoir central ; l’ordre impérial serait la forme terrestre de l’ordre
cosmique / une figure ordonnatrice : l’Empereur / un paysage harmonieux MAIS tourmenté = peut-
être métaphore d’un pays qui peine à se réformer

 ce réalisme de la peinture de Li Cheng et les autres va perdurer sous les Song du NORD / atteint un
point culminant, basé sur une observation très précise
 développement parallèle des idées, des tâches, des buts de la peinture / se fait dans un cercle de
d’intellectuels : Su Dong Po, poète / fait partie de cette nouvelle classe des « lettrés fonctionnaires »
= ces lettrés sont des hommes qui ont étudié des textes fondamentaux (les «  classiques ») et vont
passer des examens / occuper des postes à différents niveaux / petit à petit = toute une classe de
personne qui développent une culture commune basée sur la connaissance de ces classiques => vont
jouer un rôle dans l’administration chinoise MAIS leur réflexion ne se limitera pas au seul domaine
administratif = aussi l’art /  développement d’une véritable esthétique lettrée, qui dépasse le seul
règne des Song / submerge toutes les formes d’expression : peinture, calligraphie, discours sur l’art
+ ces lettrés sont aussi des peintres / dans le domaine de la peinture, vont vouloir se dégager de la
peinture de cour / revendiquent un statut d’amateur / figure de Su Dong Po  : idée qu’il faut
s’éloigner de la pratique de peinture professionnel = une notion de peinture difficile à saisir /  dans
son cercle, une figure importante : Li Gonglin = famille de lettré, passe les examens mandarinaux =
appartient à l’élite des fonctionnaires /  figure originale de la peinture : très grande versatilité des
sujets => ne se cantonne PAS à la peinture de paysage / = aussi connu pour avoir peint des chevaux
et des personnages / se forme en copiant la peinture des grands maîtres de la collection de sa famille
/  son œuvre démontre une relation complexe entre le texte-l’image + nouvelle méthode pour
insérer des éléments personnels dans une réalisation en apparence « objective »
 EXEMPLE : Rouleau du Classique de la piété filiale, vers 1085, Encore sur soie, Metropolitan
Museum / les rouleaux se lisent de droite à gauche / peinture de personnage MAIS AUSSI peinture
narrative / ce sont des genres à l’époque très importants / = fonction didactique de la peinture de
personnage / montrer les exemples à suivre, à ne pas suivre / le Classique de la piété = court
ouvrage, qui appartient au canon des textes confucéens (l’un des 13 classiques de l’époque, sous les
Song) / Li Gonglin adopte une formule ancienne : alternance texte-image, en une scène unique /
dépeint 18 chapitres dans un style épigraphique particulier : la « petite régulière » (petits caractères,
tous indépendants les uns des autres) = un style d’école, connu de tous / = scène épurée  : créer une
intimité, immédiateté et transmettre le caractère du sujet, et la pertinence du propos /  DONC
style de peinture et de calligraphie font référence à des styles anciens, pour évoquer la figure de
Confucius / + relation texte-image : la représentation fait un commentaire => tension dans les
regards des personnages représentés (des hauts fonctionnaires) et du regard sévère de l’Empereur
(qui regarde vers le bas le personnage qui se prosterne) = fait sentir que la vie du fonctionnaire qui lui
fait une requête ne tient qu’à très peu de choses / la figure isolée du demandeur s’oppose à la
grande masse de l’Empereur installé avec les fonctionnaires autour  commentaire figuratif de
l’auteur : un malaise de l’époque
+ AUTRE ILLUSTRATION : une famille de noble, relation idéale / le fils se prosterne devant ses parents
= relation essentielle / l’épouse du fils s’approche avec un plat garni qui accompagne le reste des
plats déjà présentés / hiérarchie existante : les parents sont surélevés par rapport aux enfants / MAIS
chaleur dans le regard : différence avec la scène précédente / peut-être représentation de membres
de la famille du peintre, afin de représenter le microcosme idéal de la famille
+ DERNIERE ILLUSTRATION : ICI = une scène divisée en deux registres, deux scènes / « Le Service du
prince » : deux scènes condensées en une / un homme dans son jardin, sous un saule + le même
homme devant son seigneur, sur une plateforme / la scène est coupée en deux par une diagonale en
forme de nuage => ces nuages permettent de superposer deux mondes = le monde matériel et un
monde beaucoup plus spirituel = en fait le serviteur imagine une discussion avec son Empereur, et le
moyen de réparer son erreur / deux mondes différents
 Li Gonglin joue avec la modulation du trait de pinceau pour représenter les reliefs dont il a besoin
= « style bai miao »

 Zong Huizong (1100 – 1125) = dernier Empereur des Song du NORD = figure impériale
incontournable / modèle de l’Empereur collectionneur / amateur éclairé, actif dans la
collecte/classement/authentification des collections = commence un début d’inventaire des œuvres
impériales avec la rédaction de catalogues (EXEMPLE : Xuanhe Xiapu, catalogue de peinture de l’ère
Xianhe ; Xuanhe Bogo Tulu, catalogue illustré des antiquités de l’ère Xianhe) = ces catalogues seront
très importants par la suite / EXEMPLE : portrait impérial = la fonction sociale qu’illustre la figure est
aussi importante que le sujet lui-même = on le fait se tourner vers sa droite, DONC de ¾ = ce principe
de représentation est respecté jusqu’à l’époque des Ming (change complètement entre les Yuan et
les Ming) / 1104 : Fonde l’académie impériale de peinture => avant, les peintres n’avaient pas de
statut particulier ; avaient des titres, pouvaient être convoqués à la cour / MAIS là = volonté de
réformer le statut de peintre, de promouvoir la peinture = mise en place d’un cursus de métier de
peintre / formation : on demande aux peintres de connaître les textes, d’avoir des techniques, de
maîtriser une certaine spontanéité  BREF tout ce que l’on retrouve dans la peinture de lettré / on
demande moins le réalisme qu’une subtilité / l’Empereur lui-même est un excellent peintre DONC
très exigent
 EXEMPLE : Zhao Ji (Empereur Song Huizong), Perroquet aux cinq couleurs, vers 1100, encre et
couleur de soie, Museum of fine art, Boston = représentation avec l’ajout d’une poésie calligraphique
/ DONC réunion des trois perfections : calligraphie, poésie et peinture / à l’époque des Song du
NORD, cette recherche d’union connaît un grand développement / observation très minutieuse de la
nature (ici le perroquet de l’Empereur) = soucis de ressemblance formelle, avec une calligraphie
(style caractéristique de l’écriture de Huizong = extrêmement dynamique) = extrêmement régulière,
cursive / le poème évoque des caractéristiques de l’animal / recherche d’une précision dans le trait
pour délimiter l’extérieur de la branche
 AUTRE EXEMPLE : Zhao Ji (Empereur Song Huizong), Grues de bonne augure, vers 1112, rouleau
horizontal, encre et couleur sur soie, Musée de la province du Liaoning, Shenyang : ici le texte est de
l’autre côté / évènement qui se serait déroulé en 1112 : l’Empereur aurait vu 20 grues s’envoler du
palais = vu comme un bon présage => compose un poème qui sera illustré / la grue = symbole
d’immortalité, de bénédiction céleste du règne de Song Huizong / à nouveau, observation très
précise des animaux, de la toiture du pavillon palatial = manifeste du règne glorieux, vertueux du
souverain / beauté, perfection = vertu
=> ces deux œuvres ont probablement été réalisées pour un album, qui devait inclure/résumer des
peintures sur le thème du règne de Song Huizong / MAIS Huizong joue également un grand rôle dans
la production céramique / EXEMPLE de la Famille des Ru = production par une «  famille impériale »,
famille de céramistes à destination de la cour impériale => leur envoient leurs pièces les plus
exceptionnelles comme cadeau à la cour impériale / ICI, des pièces destinées spécifiquement à
l’Empereur / ces objets relèvent de la famille des Céladon : facture soignée, absence de décor,
surface couverte finement craquelée ; teintes variant du gris-bleu au gris-vert => production très
concentrée dans le temps, ne dépasse pas 40 ans = règne de Huizong + celui de son prédécesseur /
vases emblématiques (formes, couleurs) / des formes très simples, très épurées / aucun décor
imprimé, incisé / simple cerclage au niveau du col et de la base / pièces de grande qualité, en agate,
très prisé dès l’époque des Song du NORD = très peu dans les collections publiques (hors Taïwan)
 souverain qui va avoir une très grande influence sur la peinture, la constitution des catalogues,
des collections / MAIS délaisse pour cela la politique = situation chaotique à la fin de son règne /
1127 : victoire d’une population de Mongolie (les Jürchen) qui vont conquérir le NORD de la Chine =
vont régner sous le nom de la dynastie Jin / Huizong, qui a déjà abdiqué, est fait prisonnier avec
toute la famille impériale / 1 de ses fils parvient à s’enfuir vers le SUD = règne sous le nom de Song
Gaozong => début du règne des Song du SUD  territoire beaucoup plus petit que celui des Song du
NORD
 ce règne = période chaotique / MAIS paix s’installe entre les deux parties de la Chine, à un prix
élevé = traité de la paix du NORD / politique de Gaozong rend furieux un très grand nombre de
lettrés fonctionnaires qui veulent prendre leur revanche sur les Jin / = recherche d’entente avec les
Mongols, qui balayeront les Jin = début des Yuan
=> MAIS période des Song du SUD = propice à une stabilité économique importante / aide aussi à
stabiliser le commerce / du point de vue artistique : Gaozong a besoin de légitimer son pouvoir DONC
développement culturel important = renouveau dans le domaine artistique / effort de reconstituer
les collections impériales MAIS AUSSI tente de faire renaître toutes les institutions artistiques,
notamment l’Académie de peinture = on cherche à rassembler des peintres venus du NORD pour
rétablir la tradition de la peinture de cour / cette transition s’illustre bien dans le style de Li Tang =
doyen de l’Académie de Huizong = figure idéale pour lier l’ancienne à la nouvelle académie
 EXEMPLE : Li Tang, Vent murmurant dans les pins en montagne, rouleau vertical, encore sur soie,
Musée national du palais de Taipei / ICI : références au passé (peinture monumentale, témoignage
du paysage des premières peintures, paysage montagneux qui domine l’ensemble de l’œuvre) MAIS
AUSSI caractère particulier de Li Tang : trait en coup de hache / + référence à la peinture des Tang :
usage du bleu et du vert en couleurs principales / effet de monumentalité = fondement de la
tradition académique de paysage : représentation de falaises, de montagnes acérées ; de rochers
tortueux, anguleux / renaissance de thèmes anciens sous un nouveau traitement /  modifications :
contexte économique différent, situation géographique etc. / DONC développement de formats plus
petits sous les Song du SUD = formats miniatures => multiplication de feuilles d’albums, de peintures
sur éventails = particulièrement adaptés pour réaliser des œuvres très concentrées
= pas que changement de format / ICI : un paysage encore tangible MAIS petit à petit le paysage se
vide, laisse place à l’expression d’une atmosphère, d’une ambiance  la peinture de paysage tend
vers une peinture plus intimiste / la monumentalité se réduit, disparaît = approche beaucoup plus
lyrique dans la composition (trait de pinceau, relief) = cette modification se voit notamment au
travers de l’œuvre de la famille MA => probablement l’une des familles les plus célèbres de la cour
impériale, au service de l’Empereur durant au moins 5 générations (originaires du Shanxi) / DONC
durant 1 siècle : au moins un peintre de la famille qui obtient un poste
 EXEMPLE : Ma Yuan, Marcher sur un sentier de montagne au printemps, encre et couleurs légères
sur soi, feuille d’album, Musée National du Palais, Taipei = Ma Yuan est la 4 ème génération d’artiste de
la famille / son fils, Ma Lin (actif au début du XIIIème siècle) /  ces deux artistes comprennent les
styles des périodes précédentes (notamment Li Tang) MAIS vont l’adapter à des paysages plus
brumeux, plus doux de la région de la région des Song du SUD / les feuilles d’albums sont
caractérisées par la recherche d’une symétrie / ICI on peut trouver une composition en diagonale,
composée dans un coin = le reste de la peinture est vide / MAIS le vide n’est pas sans valeur :
symbolise le ciel, la brume, le cours d’eau  rapport essentiel entre le vide (souligné parce qu’il y a
quelque chose qui le remplie) et le plein (trait de peinture mis en avant par le vide) = échanges très
importants / un lettré se promène en présence d’un serviteur ; revêtu d’une robe blanche, coiffé d’un
bonnet en gaze laquée, et avance en touchant sa barbe = ce groupe occupe la partie inférieure
gauche ALORS QUE dans la partie inférieure droit : un couple d’oiseau s’envolent de l’arbre sur
laquelle ils étaient perchés / + les branches flexibles de l’arbre sont caractéristiques des «  branches
étirées » de la peinture de Ma Yuan / le lettré n’est-il pas en train de déranger la nature ?
 travail du pinceau de Ma Yuan = style très précis (notamment dans les plis du vêtement) / trait
« en queue de rat » pour ces réalisations / + la végétation se traduit par quelques traits / l’usage
d’encres plus légères exprime la profondeur du paysage = contribue – en plus du vide – à souligner le
ciel => plus intime, plus délicat /  la touche de l’encre a une importance nouvelle /  cette
composition en coin est très distinctive de la famille MA = représente un tournant dans la peinture
de paysage  ce type de composition en diagonale se prête particulièrement bien aux petits formats
 EXEMPLE : Ma Yuan, Lettré près d’une cascade, fin XIIème – début XIIIème siècle, feuilles d’album,
encre et couleur sur soie, Met Museum, New York : même composition = opposition cascade-
montagne (matérialisée par le vide) et lettré-serviteur ; les rochers, les troncs d’arbre, l’expression de
la végétation = diffère de la feuille précédente => redevable au style coup de hache de Li Tang
 dernier représentant de la famille Ma = fils de Ma Yuan, Ma Lin = œuvre beaucoup plus
mélancolique, peut-être échos à une dynastie en train de s’effondrer / fin des Song, avancée des
Mongols = on voit dans son œuvre un témoignage parfait de l’époque et un lien très fort avec la
poésie / EXEMPLE : Ma Lin, Paysage au couchant, rouleau vertical, encre et couleur sur soie, Institut
Nezu, Tokyo : illustration d’un poème, racontant comment les montagnes s’imprègnent des couleurs
d’automnes / l’usage du lavis permet des paysages brumeux / en bas, on voit les hirondelles
traverser la surface, volent au-dessus de l’eau, en direction du soleil couchant = peinture
extrêmement mélancolique, qui montre ce changement qui a lieu entre les différentes œuvres de la
famille Ma
+ DERNIER EXEMPLE : la figure de Lian Kai, peintre académique du XIIIème siècle = très grande
variété de styles / des œuvres pour la cour impériale et d’autres empreintes d’une très grande
spiritualité / bouddhisme joue un rôle très important dans la peinture à ces époque : développement
d’un mouvement artistique lié au mouvement bouddhiste ch’an = certains sujets, certaines
techniques vont être rattachés à des thèmes et des traitements bouddhistes / Lian Kai maîtrise le
« ban miao » MAIS AUSSI style beaucoup plus abrégé : l’encre éclaboussé, que revendiquent les
bouddhistes / EXEMPLE : Lian Kai, Immortel, en encre éclaboussée, feuille d’album, encre sur papier,
Musée National du Palais de Taipei = technique qui permettrait de traduire l’essence des choses

 DONC insistance sur la peinture de paysage pour en montrer l’évolution, autour de la période des
Song du NORD et du SUD

Dynastie des Yuan (1279 - 1368)

 Song du SUD = frêle équilibre depuis le début du XIIIème siècle / MAIS bouleversé avec
l’émergence des Mongols et Gengis Khan / 3 ème ¼ du XIIIème siècle = conquête des Mongols / le
petit-fils de Gengis Khan se tourne vers le SUD de la Chine = fondateur d’une nouvelle dynastie, les
Yuan, victoire finale en 1279 / s’installent sur le site de Dadu (actuelle ville de Beijing) /  pour la 1ère
fois de son histoire, la Chine est sous domination étrangère ET unifiée = conséquences dans le
domaine commercial => circulation plus aisée à l’intérieur des terres
+ 1348 : rébellion chinoise = des « Seigneurs de la guerre » / prennent le contrôle du pays / 1368 :
une nouvelle dynastie apparaît, et règne jusqu’en 1644 = les Ming
 Kubilai Khan, petit-fils de Gengis Khan = 1 er souverain de cette dynastie / souverain éclairé,
admirateur de l’art chinois / prend le nom de Shizu et règne entre 1260 et 1294 / MAIS met en place
une administration purement mongoles / à sa mort, sur 40 ans, 7 Empereurs se succèdent /
EXEMPLE : Portrait de Kubilai Khan, rouleau vertical, encore et couleur sur soie, Taipei = représenté
dans la force de l’âge, pas tout à fait de face ni de trois-quart  ; manteau qui se croise à droite, ce qui
est marqueur d’une certaine ethnie / pas une stricte frontalité, comme dans les portraits impériaux
de l’époque Ming /  pour certains auteurs, ce portrait ainsi que celui de l’impératrice devaient être
des tapisseries de soie / travaux d’aiguilles appréciés par les Mongols = portraits impériaux (peints,
sculptés, tissés) sont utilisés dans le cadre de rituels taoïstes
+ d’un point de vue politique : règne des Yuan est de courte durée / MAIS essentielle dans l’histoire
de l’art chinois / un changement de dynastie a des répercussions importantes dans le domaine
économique, commercial, artistique (EXEMPLE : dans la céramique) / avènement des Yuan, en
peinture : sujets et styles développés par Li Gongling ou Sushi etc. durant les Song du NORD
deviennent source d’inspiration importante / accompagné d’une modification dans le support =
développement important du choix du papier comme support de peinture au détriment de la soie /
XIIème siècle : préférence du papier à la soie, car absorbe mieux, traduit immédiatement le geste du
calligraphe / OR on cherche aussi cela / époque des Yuan : créations plus personnelles => plus que
jamais la peinture est un moyen d’expression personnelle
+ les lettrés, avec l’avènement d’une nouvelle administration, vont se retrouver pour la plupart privés
de fonctions CAR les Mongols emploient des membres d’autres populations pour gouverner le pays
=> démantèlement des institutions civiles chinoises séculaires, dans un premier temps / + abolition
du système des examens impériaux /  MAIS par la suite, les lettrés sont invités à rejoindre les
Mongols = dilemme pour les lettrés : peuvent être qualifiés de traîtres et se retrouver en position
délicate / les lettrés qui décident d’être « loyalistes » sont vus comme des « yenn » (des lettrés
inemployés) = se retirent sur leurs terres (nombre d’entre eux sont propriétaires fonciers) + d’autres
connaissent destin plus tragique
 EXEMPLE 1 : Gong Kai (1222 – 1307), Cheval décharné, rouleau horizontal, encre sur papier, Osaka
= artiste loyaliste fervent / lendemain de la conquête mongole : extrême pauvreté, vend
occasionnellement peinture, calligraphie / ICI : représentation d’un cheval décharné, avançant
lentement, péniblement, la tête inclinée vers le bas = il n’a que la peau sur les os ; réalisé dans un
style monochrome = « bai hua » => modelé du sujet n’est rendu/suggéré que par ce jeu de lavis /
choix du sujet : peinture chinoise, le cheval est beaucoup peigné depuis la période des Tang =
association entre le pouvoir impérial et l’équidé  Le cheval devient un symbole de la puissance, de
la vitalité d’une dynastie OU des élites lettrées  permet de mieux comprendre le message de
l’œuvre : référence aux haras impériaux / ICI, le cheval part, s’exhile, à l’image de la dynastie Song
qui s’est effondrée / cette œuvre a quelque chose d’autobiographique : perçu ainsi par les peintres
postérieurs = œuvre qui fait référence à l’époque des Tang et à la fin du règne des Song =>
changement de dynastie, perte de vigueur, avènement de la dynastie des Yuan = pour ce peintre
loyaliste, ce changement historique est perçu au travers de cette représentation
 EXEMPLE 2 : Qian Xuan (1235 – 1307) : Wang Zighi regardant les oies, rouleau horizontal (env.
1295), encre et couleur sur papier, Met New York / autre peintre loyaliste / décide de brûler tous ses
manuscrits de lettrés, jugés trop dangereux lors de l’avènement des Yuan / refuse d’avoir un poste
de lettré au gouvernement des Yuan / ICI, le sujet principal est Wang Zighi, célèbre calligraphe, dans
son Pavillon des Orchidées, en train d’observer les oies / style de calligraphie extrêmement prisé à
l’époque des Tang / cette composition peut-être héritée d’un mode de composition hérité des Song  :
le sujet est totalement excentré, effacé / + usage du bleu et vert = référence aux paysages de
l’époque des Song du NORD  pourrait symboliser un lieu paradisiaque MAIS en fait = rejet des
montagnes, figuration des rochers et des arbres  rejet de tout naturalisme au profit de formes
beaucoup plus archaïques, anciennes / notamment les rochers : façon de rendre les montagnes avec
des veines = aspect triangulaire des montagnes, roches anguleuses, souligné par ces couleurs vives /
MAIS adoucie par une atmosphère brumeuse ; connaissance des techniques antérieures / 
composition éclatée = grand format MAIS SURTOUT disposition qui se fait autour d’un axe central
symbolisé par une zone de vide / cette composition est complétée par une calligraphie de Qian Xuan
qui rend compte de sa vie / IMPORTANT : Qian Xuan se tourne vers des symboles culturels du passé
(ex : Wang Zighi) / MAIS SURTOUT volonté de se tourner vers un passé lointain dans la peinture, les
arts décoratifs  mutliplication de référence à d’anciens styles pour souligner que ces périodes sont
considérées comme âge d’or, notamment à l’époque du règne des Yuan / BREF cette peinture revêt
un caractère personnel = opinion transparaît au travers de choix stylistiques

 EXEMPLE 3 : Zhao Meng Fu (1254 – 1322), Couleurs d’automne sur les monts Qao et Hua, rouleau
horizontal, encore et couleurs sur papier = autre grande figure du début de la période =>
incontournable / descendant de la famille Zhao, la famille impériale précédente / MAIS lui accepte de
servir à la cour des Yuan = fortement critiqué pour cela (même s’il utilise sa position pour favoriser la
population chinoise) /  adopte une position appelée « chaoyn » = prend ses distances par rapport
aux affaires politiques, pour maintenir une certaine pureté morale / + peintre, calligraphe
exceptionnel
 dans sa peinture, prend distance avec la période stylistique des Song du SUD = mais s’identifie
plutôt aux lettrés de la dynastie des Song du NORD / reprend des modèles comme Wang Zighi, Li
Gonglin, Ni Fu = poètes, peintres, collectionneurs / peinture de paysage : peintres comme Guo Xi, Li
Chang etc. / peinture de personnage : s’inspire de Li Gonglin et de l’art de la période des Tang / dans
ses œuvres, chercher à transmettre le « guyi » = le goût antique, ancien / MAIS il ne s’agit pas
d’imiter les modèles passés  réinterprétation /  peintre vraiment important, qui marque la
peinture chinoise de l’époque
 ICI : cette œuvre est l’une des plus connues / combine à la fois des références des paysages bleu-
vert de la période des Tang MAIS AUSSI vision paisible du paysage, comme à la période des Song du
NORD / œuvre réalisée pour un ami / sur rouleau horizontal, représente de manière schématique la
terre natale de son ami / un village de pêcheurs, entouré de montagnes et d’arbres / MAIS cette
peinture n’est pas un compte rendu visuel, une représentation réaliste MAIS un carte dessinée dans
un style archaïsant / ICI, on abandonne la représentation réaliste = mise en place, en espace,
relativement complexe, volontairement archaïsante = abandon des connaissances de l’espace sous
les Song du NORD, pour des connaissances plus anciennes / caractère très calligraphique des rochers,
des arbres / composition : stricte symétrie, autour d’un axe facilement imaginable / ATTENTION :
certaine maladresse dans l’échelle et la profondeur = les arbres ne rétrécissent pas vraiment, c’est
l’agencement qui donne sensation de profondeur / procédé volontaire = recherche d’évocation d’un
stade beaucoup plus ancien / au fond, des coups de pinceau beaucoup plus secs, donne un aspect
palpable aux motifs => sera très réutilisé par les artistes postérieurs /  la référence au passé va au-
delà de la simple imitation, on rejette le style naturaliste de la dynastie précédente = sorte de
synthèse / façon de refuser ce nouveau pouvoir
 Zhao Meng Fu, Palefreniers et chevaux (1296), Encre et couleurs sur papier, Met Museum =
commande d’un officiel de haut rang /  thème du cheval, très symbolique / palefrenier et cheval
évoque la vie d’un homme, réputé habile à choisir les chevaux => métaphore pour le jugement des
candidats à un poste officiel /  chevaux = véritables métaphores picturales / ICI, représentation de
plusieurs palefreniers, dont on ne voit qu’une section, avec chevaux = manière monumental, car
occupe toute la hauteur du rouleau horizontal / le fond est laissé vierge / + référence aux cheveux de
Li Gonglin, Cinq Chevaux offerts en tribut, rouleau horizontal, Encre et couleurs sur papier (on ne sait
pas où est cette œuvre) / = ici aussi, cheval et homme sur toute la hauteur de l’œuvre / chez Zhao
Meng Fu, maladresse dans la représentation du cheval = chevaux ont souvent l’air ballonné ; sans
doute jeu sur l’ancienne pratique du raccourci / MAIS autre hypothèse : utilise de grands arcs de
cercle pour la réalisation des chevaux = peut-être a-t-il utilisé un compas, une équerre pour réaliser
le cheval /  œuvre qui peut être lue aussi comme la métaphore d’un bon gouvernement, ou par
extension la rectitude morale de l’artiste / MAIS pour certain peut juste s’agir d’une maladresse /
MAIS on peut opposer cette œuvre de Zhao Meng Fu, immobile, avec un autre sujet : Zhao Meng Fu,
Homme à cheval (1296) = mouvement de gauche vers la droite, un lettré représenté chevauchant sa
monture = œuvre réalisée pour le frère de Zhao Meng Fu, Zhao Meng Yu, qui était sur le point
d’accéder à un poste / homme vêtu à la manière officielle, aspect calme ; composition posée, cadrée
avec des calligraphies latérales / IMPORTANT : les calligraphies de l’œuvre montrent que Zhao Meng
Fu s’inspire clairement de Li Gonglin  des œuvres qui démontrent une compréhension des styles
des maîtres anciens ; ce retour vers le passé est important = employé comme base pour le
développement de nouveaux styles
 Zhao Meng Fu = peintre de cour ? = carrière officielle / son rang le place au-dessus = n’est pas
vraiment un peintre de cour /  Yuan = intérêt grandissant pour la peinture, développement de la
peinture notamment sous le règne de Ren ren Zeng

 EXEMPLE : Wang Zhenpeng (attribué à), Fête des bateaux dragons dans le lac Jimming, XIVème
siècle = mandarin, peintre à la cour = se spécialise dans le dessin architectural au trait => technique
du « jiehua » ou « dessin à la règle » + pratique le dessin au trait « bai niao » / peintre d’une grande
virtuosité = combine détails d’une grande minutie MAIS AUSSI souplesse importante du trait de
pinceau / 1308 : attire l’attention du futur Empereur et lui présente cette œuvre, la plus connue =
Fête des bateaux dragons => fête annuelle parrainée par l’Empereur des Song / l’œuvre montre un
travail minutieux du peintre / cette fête traditionnelle est encore organisée aujourd’hui, le 5 ème jour
du 5ème mois lunaire = organisé en commémoration de la mort d’un ministre vertueux mort il y a très
longtemps, qui s’est suicidé en se jetant dans la rivière / ICI : la course va bientôt avoir lieu = les
bateaux sont prêts à se lancer / cette œuvre va avoir énormément de succès = même possible que
cette œuvre de maître soit une copie (ex : calligraphie raide) + 5 autres versions => celle-ci est
conservée au Met, mais semble dater de la fin du XIVème siècle / un autre exemplaire est conservé
au palais de Beijing et ne comporte pas les calligraphies de la 1 ère
+ Wang Zhenpeng, Vimalakirti et la doctrine de la non-dualité, 1308, rouleau horizontal, encre sur
soie = rencontre entre V. (un laïc) et un Bouddhiste => débat qui s’en suit, c’est V. qui vainc / V. est
représenté sous les traits d’un sage, en face de V. qui lui fait face et joint les mains en signe de
remerciement / travail au trait = très grande fluidité => souplesse du trait de pinceau / grande
maîtrise du pinceau et précision, caractéristique du style de Wang Zhenpeng / influencé par le style
de Zhao Meng Fu, OR n’est pas le seul artiste
=> l’œuvre de Zhao Meng Fu, par sa réinterprétation des motifs de style ancien, va ouvrir la voie à la
génération d’artiste suivante, notamment un groupe de 4 grands maîtres de l’époque Yuan :
- Huang Gong Wang
- Wu Zhen
- Ni Zan
- Wang Meng

 Huang Gong Wang, Habiter dans les monts Fuchun, rouleau horizontal, encre sur papier, 6 m de
long, Musée National du Palais, Taipei /  impact profond sur la peinture de paysage des années
suivantes / réussit les examens de l’administration, occupe un poste qu’il va quitter pour certaines
irrégularités / se retire près du lac de l’OUEST, où enseigne la philosophie / passe les dernières
années de sa vie retiré sur le Mont Fuchun, où peint, entre 1347 et 1350, l’œuvre étudiée / un
rouleau portatif, horizontal = œuvre gigantesque, 6 m / le peintre montre comment il a compris,
digéré et fait sien l’héritage de Zhao Meng Fu = rend les formes tangibles, par enchêtrement de
couches épaisses, viscosité des traits / différence de densité d’encre pour traduire la matérialité du
paysage représenté / construction de masses complexes ; traitement très neutre, pas du tout
« décoratif » = plus de compositions en « coin », maniériste, que l’on retrouvait dans les peintures
académiques à l’époque des Song du SUD
+ Huang Gongwang, Falaises de pierre près de l’étang du ciel, rouleau mural, encore sur soie, Musée
impérial de Beijing, 1341 / sujet choisi = endroit réel, montagneux MAIS le but n’est pas de restituer
l’endroit totalement (comme souvent dans la peinture chinoise) / ICI : une falaise de pierre qui
domine un étang et un paysage / au centre de la composition, une ligne verticale présente = donne
un rythme beaucoup plus saccadé que la composition en « S » sous les Song du NORD = rythme
cadencé, saccadé dans la représentation de cette chaîne montagneuse / les rares maisons sont si
schématiques qu’elles ne remplissent pas vraiment de mission narrative /  dynamisme, interaction
entre les formes du paysage = les roches, caractère très géométrique => géométrisation par
répétition de certains motifs qui permet de construire la peinture / les formes se répètent
suffisament = avec cette technique, les formes des différentes éléments ont une esthétique
fonctionnelle, importantes de par leur fonction => œuvre liée à la répétition, donne ce rythme si
saccadé = ce style va beaucoup influencer les 4 grands maîtres de la période des Qing, les « Quatre
Wang » / ICI, effets atmosphériques MAIS pas de vraies traînées de brouillard = pas de véritable rôle
dans le traitement de l’espace / espace est formé d’intervalle posé entre des masses clairement
définie = différence avec ce qui se faisait à l’époque des Song du SUD

 Ni Zan, (1301 – 1374) = idée que la peinture est autobiographique ; peintre issu de propriétaires
terriens / se consacre à l’étude et aux recherches artistiques / famille possédait une importante
bibliothèque qui lui livre des modèles / 1330’s : sa famille connaît des revers de fortune = succession
de catastrophes naturelles, taxes plus lourdes, + 1350’s = révoltes de plus en plus importantes,
notamment celle des Turbans Jaunes / errance : vivent sur bateau, chez des amis => Ni Zan
réapparaît en 1368, au lendemain de l’avènement des Ming = puis retourne mourir dans sa ville
natale
 Ni Zan, Eau et bambou, (1343), rouleau vertical = ses paysages tendent de plus en plus vers la
simplicité / les voir comme autant de symboles d’un détachement de la société, le désir d’un monde
plus simple / parmi les œuvres les plus anciennes = celle-ci => rappel de certains maîtres du Xème
siècle / ICI, rendu assez naïf des monts ; référence maladroite aux paysages bleu-verts, sans que ce
soit une citation directe / + Ni Zan, Six gentilhommes, 1245, rouleau vertical, encre sur papier, Musée
de Shanghai = ICI changement stylistique / un tableau essentiel pour la formation du style de Ni Zan =
métaphore visuelle de l’isolement des individus
+ Ni Zan, Le studio minuscule, 1372, rouleau vertical, encore sur papier, Musée de Taipei

Dynastie des Ming (1368 – 1644)

 période du règne des Yuan = très tourmenté => soulèvements, perte du contrôle du pays
progressive / période qui s’achève avec la victoire d’un homme, Zu Yuangzhang, qui devient le
fondateur de la dynastie des Ming et règne sous le nom de Ming Hongwu jusqu’à 1398 : chasse le
dernier souverain Yuan de Beijing, puis s’autoproclame Empereur / règne à partir de la ville de
Nanjing : en quelques années, le territoire s’étend sur la même superficie que celui des Tang,
jusqu’en Mandchourie => 50 1ères années = période d’expension territoriale
 1421 : l’Empereur contemporain s’installe à Beijing = la ville devient la capitale des Ming / début
XVème siècle : expéditions maritimes (notamment entre 1405 et 1433) = vers le continent africain /
 période où la Chine devient particulièrement puissante / début du XVIème siècle : Vasco de Gama
arrive à Guangzhou => Chine échange avec les Occidentaux
 COURS 3 / Art des Ming (1368 – 1644) et des Qing (1644 – 1911)

 Dynastie Ming : les Yuan perdent le contrôle du pays = pouvoir des Mongols s’effrite => période
tourmentée commence et s’achève avec la victoire de Zhou Yuan Zhang = envoie ses armées vers le
NORD pour occuper Beijing / le dernier souverain Yuan Shundi prend la fuite / Zhou Yuan Zhang se
proclame le 1er Empereur de la nouvelle dynastie Ming sous le nom de Hongwu / MAIS sa 1 ère capitale
est le site de Nanjing / OR en moins de 4 ans, les Ming parviennent à découvrir la totalité du
territoire détenu par les Tang à l’apogée de leur puissance
 la catégorie des yiming (« sujets inemployés ») n’existent plus / changements importants pendant
le règne des 1ers souverains Ming / 1421 : souverain Ming Hongwu installe sa capitale à Pékin / 1 ère
moitié du XVème siècle : important pour l’histoire des Ming => multiplication des expéditions
maritimes = jusqu’au continent africain / fin de ce règne, 1509, Vasco de Gamma franchit le cap de
Bonne Espérance = DONC une route ouvert d’ouest en est / 1516 : Européens arrivent à Guangzhou /
XVIème siècle : l’acteur occidental apparaît = Portugais, Hollandais => échanges se mettent en place
au travers de différentes compagnies maritimes (notamment la Compagnie Hollandaise des Indes
orientales)
 peinture : questions importantes / début du règne des Ming = artistes confrontés à comment
poursuivre et développer deux traditions qui existent (celle des artistes professionnels qui inclut les
artisans, ouvriers qualifiés, et celle des artistes lettrés) ? / époque des Yuan : beaucoup de lettrés se
tournent vers la peinture /  pas de figures de la stature de Zhao Meng Fu pour faire le lien entre
ces deux mondes : académie et lettrés / la cour des Ming va tout d’abord se présenter comme
défenseuse, patronne des artistes professionnels, DONC les peintres de cour  cherchent à
restaurer la suprémacie culturelle et artistique du passé / EXEMPLE : Empereur Song Huizhong /
MAIS différence fondamentale d’avec la période des Song / à l’image des Tang, les Ming font du
Bureau de peinture un département de l’Académie / les peintres peuvent recevoir des titres
militaires, honorifiques, connaître des faveurs importantes / en contre-partie, doivent obéir, suivre
un code assez stricte qu’on connaît dans les textes => des peintres pouvaient être condamnés à mort
pour avoir désobéi à l’Empereur / début du règne des Ming : nombreux artistes occupent divers
postes à la cour /  accent mis sur la peinture de personnage, fortement marquée par la politique
dans la mesure où l’une des tâches de ces peintres = réaliser portraits de souverains, d’Empereurs et
d’Impératrices /  DONC à partir de la période des Ming, se multiplient les portraits de souverains /
ATTENTION : on recherche moins le réalisme du modèle que l’évocation d’un rang, le symbolisme
dans le sujet représenté
 EXEMPLE : Anonyme, Portrait de l’Empereur Yongle, rouleau vertical, encre et couleur sur soie,
Musée National de Taipei : représenté dans toute sa gloire, assis sur une chaise « dragon » dont tous
les éléments (dossier, bras) se terminent par des têtes de dragons, desquelles sortent des perles /
ornementation extrêmement riche / le souverain pose sa main gauche sur une ceinture et sa main
droite sur sa jambe droite = ne regarde pas directement le spectateur MAIS face à lui-même, d’un
regard déterminé / vêtement qui porte plusieurs couche ; jaune = couleur impériale ; vêtement orné
d’un dragon à 5 griffes, donc le dragon impérial => robe ordinaire, portée quotidiennenment pour les
tâches du souverain / porte une coiffe de gaze, qui n’est pas la coiffe officielle / IMPORTANT  :
intérieur beaucoup plus fourni qu’à l’époque des Song (attention donnée au siège, au tapis) =
considérer ces images comme autant de portraits d’ancêtre = notion de piété filiale / + petit à petit,
on tend vers un réalisme de plus en plus important, qui se voit au travers du travail des volumes, des
chaires  tendance qui ne cesse de se développer par la suite / MAIS, à partir de la 2 nd moitié du
XVème siècle = changements importants, notamment dans la pose
 EXEMPLE : Portrait du prince Zhu Youyuan en habit de cérémonie, vers 1521, rouleau vertical et
encre sur couleur de soie, Musée du Palais de Beijing : en comparant avec l’image précédente, c’est
la pose qui change / maintenant de face = va véritablement souligner encore plus le lien avec ces
portraits d’ancêtres = se retrouve dans les portraits d’officiel / => une façon de se présenter qui se
diffuse de plus en plus / + grand luxe et richesse des vêtements, du trône + détails de l’intérieur = un
siège orné de grande soierie, qui entoure complètement le sujet /  type de pose qui se diffuse dans
les portraits de particuliers : EXEMPLE = Zude, (fin XVIème – début XVIIème siècle), rouleau vertical,
encre et couleurs sur soie, Portrait de Yizhai âgé de 85 ans, Metropolitan Museum = présente une
stricte frontalité, une attitude noble pour le sujet, qui n’est pas forcément du milieu de la cour = pas
le même luxe du vêtement, qui est lié à la fonction impériale / ICI, différence avec les portraits
précédents = au niveau du visage / motifs discrets en spirale sur le vêtement, attention portée aux
poils de la barbe  recherche de réalisme dans la représentation du paysage = novateur => on joue
avec les volumes, la partie inférieure du visage est légèrement émaciée + attention portée aux rides
des yeux => une recherche de jeux d’ombre et de lumière pour modeler le visage, donner plus ou
moins de chaire / ICI on cherche à représenter le sujet de la manière la plus fidèle possible = 
connaissance et diffusion de techniques importées de l’Occident = se fait au travers de l’action de
pères jésuites / IMPORTANT : peinture de personnage = peinture qui a une fonction didactique très
importante
 EXEMPLE : Shang Xi, Guan yu capture son ennemi Pang De, début du XVème siècle, encre et
couleurs sur soie, Musée du Palais, Beijing : Guan Yu, général, qui capture un ennemi / peintre dont
nous avons très peu d’œuvres, et quelques renseignements = meurt AVANT 1450 / peintre de cours
qui connaît un succès extrêmement important durant le règne de l’Empereur Ming Xuande (entre
1426 et 1435) / Shang Xi excellait dans la peinture de personnages = les documents attestent qu’il
réalisait des peintures murales de personnage et qu’il réalise des œuvres pour plusieurs temples
situés autour de la capitale / MAIS aucune ne nous est parvenues /  peintre spécialisé dans la
représentation de figures historiques, religieuses et mythiques = scènes choisies sont souvent liées
au pouvoir, questionnent le pouvoir /  sens et symbolique dramatiques, sujet tiré de punitions
infligées à l’époque des Ming / composition : une scène extérieure, deux groupes de personnages qui
se retrouvent au pied d’une montagne / le 1 er groupe est sous un pin = en hauteur, surplombe le
second groupe de quelques marches / Pang De est attaché à un poteau, tenu par des aides de camp
qui sont en train de « préparer » le prisonnier /  tension soulignée par un jeu de regard : les deux
principaux personnages du premier groupe regardent Pang De, qui lui regarde vers son ennemi vers
le haut = souligne une tension palpable dans cette scène / ICI  plus ancienne représentation peinte
de Guan Yu = figure historique, par la suite divinisé / OR à l’époque du peintre, personnage
particulièrement populaire : l’interprétation de cette œuvre semble dépasser la simple
représentation du général ; l’homme debout à ses côtés est le fils adoptif du général / scène
d’exécution, qui peut être interprétée comme étant liée au rituel militaire = offdrande des
prisonniers, cérémonie qui remonte à l’Antiquité / lors de rébellion, les prisonniers de ces
soulèvements comparaissaient devant l’Empereur, qui décidait oui ou non de les épargner / si les
prisonniers étaient condamnés, étaient « offerts » à l’autel des ancêtre avant d’être amenés sur le
lieu d’exécution /  ICI jeu de texturation de l’encre pour rendre les caractères minéraux, de la
roche, de la terre = coup de pinceau extrêmement précis / MAIS petite ouverte en haut à droite, jeu
de lavis = différence avec les Song car pas de recherche avec paysage atmosphérique MAIS espace
beaucoup plus éloigné, dégagé / RAPPEL : peinture qui date d’une période de règne violent, où
l’Empereur fait arrêter et exécuter ses ennemis = DONC possible de relier le sujet de cette peinture
au contexte historique => offrande des prisonniers, contexte de rébellion (règne de Suan De)

 à partir du XVème siècle, pouvoir des eunuques ne cesse de croître = influence grandissante à la
cour des Ming / un des facteurs qui pousse nombre de lettrés de la cour à se retirer de la vie
officielle, pour aller vivre au sud de la Chine, notamment dans la ville de Suzhu  ; peind
occasionnellement pour une classe marchande aisée /  fait important pour comprendre la peinture
de lettrés à l’époque Ming / dans cette région = culture matérielle et mode de vie lettré
 EXEMPLE : Du Jin, Prendre du plaisir à regarder des antiquités, rouleau vertical, encre et couleur
sur soie, Musée National du Palais de Taipei = met en avant un certain art de vivre / peinture très
bien construite = se passe en extérieur ; sujet de deux lettrés qui discutent et examinent des pièces
antiques, notamment des bronzes disposés sur une table / composition claire = quatre groupes de
personnages séparés par par des éléments : chacun de ces groupes/personnages est délimité par un
élément architectural/mobilier de la peinture / examiner les antiquités fait partie du plaisir de lettré
 apparition d’une Ecole dans le SUD-EST de la Chine durant le XVème siècle / district de Wu, situé
entre la province du Jiangsu et du Zhejang = différents peintres créent une école => le district donne
son nom à cette Ecole = Ecole de Wu  non fondée sur traits stylistiques communs MAIS sur une
attitude morale et intellectuelle commune / Sheng Wu aussi va donner son nom à cette Ecole, même
si n’occupe jamais de position officielle
 EXEMPLE : Sheng Wu, Le Haut mont Lu, rouleau vertical et encre sur couleur, Musée national du
palais de Taipei = peint et voyage beaucoup ; connaît un grand prestige dans la ville de Suzhu et sa
région / formation et aprentissage auprès de son père ; étude des collections  maîtrise des styles
de peinture extrêmement différents (styles académiques, styles des quatre grands maîtres de
l’époque Yuan = notamment Ni Zan) / + va beaucoup peindre des résidences de lettrés  :
commémorer un endroit qu’il a pu voir lors d’une promenade / parfois ces scènes étaient offertes en
cadeau /  ATTENTION : le peintre n’est jamais allé au Mont Lu / a plutôt essayé de représenter, par
la masse montagneuse mise en valeur dans la peinture, la forte personnalité de son maître /
composition en S ; la progression se voit en étagement d’aspérités / travail de l’encre est
extrêmement précis / + évocation des nuages en haut à droite / style qui diffère de ce qui a été fait
auparavant sous les Yuan et les Song  ICI, véritable recherche du pinceau pour représenter
différentes matières / grande attention portée aux détails = riche diversité de représentation / 
Sheng Yu est le premier à reprendre le travail des quatres grands peintres Yuan, et certains d’autres
époques comme les Song du NORD /  mélange qu’il emploie afin d’exprimer des sentiments
personnels ; combine peinture de paysage, calligraphie et poème / artiste qui cristallise un ensemble
de tendances de l’époque des Yuan qui existe encore dans les 1ères années des Ming / MAIS
SURTOUT cette peinture de lettrés = devient de plus en plus conceptuelle => loin du réalisme qu’on
peut trouver dans la peinture des Song du NORD => portée poétique plus importante, une certaine
charge poétique (héritage des Song du SUD)  comme si le sujet peint en lui-même n’est plus
suffisant, on cherche à aller au-delà / calligraphie est plus longue 

 Wen Zhengming, Vieux arbres près d’une cascade froide, rouleau vertical, encre et couleurs sur
soie, Musée national du palais de Taipei : peintre qui va dominer fin XVème – début XVIème siècle /
figure la plus connue de l’Ecole de Wu / seuls centres d’intérêt : écrire, peindre, collectionner et
étudier les œuvres de maîtres anciens / ICI : sujet « simple » = vieille cascade, avec des pins et des
cyprès = séparation d’une ligne parallèle / verticalité du format est forte, grande étroitesse qui
souligne davantage les lignes verticales de la composition / paysage serain, d’une grande virtuosité  ;
fourmillement de la végétation MAIS composition claire

 Période des Qing

 effondrement des Ming suit le même chemin que les dynasties précédentes : corruption
progressive du pouvoir = effondrement de l’administration + voisin septentrional qui ne cesse de
gagner en puissance / 1618 : état Mandchous ; 1644 : Chine fait appel aux Mandchous afin de
combattre un général rebel chinois qui avait réussi à s’emparer de la capitale = occasion pour les M.
de prendre le pouvoir après avoir chassé le militaire /  cette prise de pouvoir entraîne une guerre
civile d’environ 40 ans : aboutit à l’installation de cette dernière dynastie, qui règne de 1644 jusqu’à
1911 / le pouvoir mandchous = sensible à la culture chinoise, s’appuie sur l’administration chinois
TOUT EN se méfiant dans un premier temps des lettrés ; adoptent le confucianisme / refusent toute
volonté de réforme, de modernisation = un des facteurs qui causera leur perte /  durant 1 siècle et
demi, la Chine des Qing connaît un faste exceptionnel notamment grâce à l’Empereur Kangxi (1662 –
1722) et les brillants règnes de son fils et de son petit-fils (Yongzheng et Qianlong) => leur règne
couvre le XVIIIème siècle et marque l’apogée des Qing
 période de transition entre Ming et Qing : Empereur Kangxi parvient à pacifier tout le territoire /
début du règne des Qing, en 1644 = période trouble / à mettre en parallèle avec l’écolution
céramique / REMARQUES : troubles liés au déclin du pouvoir des Ming => touche tous les domaines,
notamment la céramique ; production qui s’arrête quasi totalement, car les fours de Xingdezheng
sont détruits = production qui était très importante / les fours continuent à produire MAIS troubles
contribuent à diminution et arrêt des commandes impériales /  on se tourne vers une nouvelle
clientèle : les marchands = incidence sur les formes et sujets représentés / OR Kangxi comprend vite
l’importance de la céramique, d’un point de vue ethnique, diplomatique = sous son règne on
reconstruit les fours de la Xingdezheng = reprise des commandes impériales à ce moment-là / les
1ères pièces = reprise en forme et tehnique des Ming MAIS progressivement perfectionnement
ultime = moment de synthèse, d’une perfection sous les Qing qui est extrêmement importante /
RAPPEL sur la céramique : fours de X. sont des fours déjà en activité depuis l’époque des Song ;
produisent des « qingbai » = des « blancs bleutés » ; à partir des Yuan, les fours de X. deviennent un
centre de production = importance liée au patronnage impérial qui ne cesse de se renforcer avec le
règne des Ming / sous les Ming = 4 types de production différente :
- bleu et blanc (à ne pas confondre avec blanc bleuté)
- rouge et blanc (décor peint avec oxyde de cuivre) / maîtrise moins haute que le bleu et blanc car
l’oxyde de cuivre est très volatile, remonte à la surface / décor beaucoup moins clair et la couleur
grisalle / au début des Ming = décors compartimentés, qui suivent véritablement la forme de l’objet
 les pièces à destination de la cour présentent des motifs spécifiques, appropriés aux usages de la
cour = façon de réguler les décors
- vases monochrome : époque des Ming, les porcelaines sont aussi des monochromes / cette
régulation des couleurs se voit dès le début des Ming
- porcelaines avec décor d’émaux / sous les Song, production déjà existante MAIS très restreinte /
XVème siècle : apparition des « couleurs mêlées » = décor au bleu de cobalt qui apparaît sous la
couleur / sert à délimiter le motif / par-dessus on pose des émaux / rouge, vert, aubergine, brun = le
support de la céramique devient une peinture /
ICI = petite coupe à destination du vin / pièces
estimées, prisées

 Qing, formes céramiques = renouvèlement du répertoir des motifs / lié aux contacts avec
Occident / le règne des trois Empereurs brillants = moment de synthèse entre tradition de la peinture
chinoise et nouveauté venue de l’Occident / OR ces trois souverains se présentent comme héritiers
des dynasties passées MAIS leur production céramique et peintes montre une synthèse avec des
nouvautées /  XVIIème – XVIIIème siècle : contacts de plus en plus importants entre Chine et
Occident (EXEMPLE : « chinoiseries ») + influence de la production occidentale sur la production de la
cour / présence de jésuites sur le territoire chinois depuis 1601 (EXEMPLE : Mattéo Ricci) = sont
admis à la cour sans avoir de contact direct avec l’Empereur / IMPORTANT : permet à l’Empereur et
son entourage d’avoir accès aux productions et sciences occidentales DONC la peinture de cour
chinois s’intéresse à cette peinture occidentale (notamment technique = usage de la ligne de fuite,
réalisme de plus en plus important)
 EXEMPLE : Giuseppe Castiglione, père jésuite qui arrive à Pékin en 1715 / peintre accompli qui va
travailler pour les trois souverains / maîtrise le style et les instruments de la peinture chinoise = OR
va opérer une synthèse entre la peinture occidentale et les moyens techniques de la peinture
chinoise (notamment peinture sur soie, usage de certaines couleurs) / OR Castiglione adopte le nom
de Lang Shining = connaît un grand succès / réalise des scènes de vie, peintures de genre, des
peintures de chevaux / EXEMPLE : Giuseppe Castiglione, Message d’un printemps de paix, 1782
rouleau vertical, encre et couleurs sur soie, Musée du palais, Beijing = une des plus connues de
l’artiste / ICI, message on ne peut plus classique : deux figures de lettrés en extérieur, derrière eux
une table avec des objets de lettrés / les hommes se font face, entourés de roches et de bambous /
fond bleu et calligraphie / personnages représentés de trois-quarts /  paysage relativement
dépouillé, sobre, notre regard est localisé sur les personnages qui se font face / un des personnages
tend une branche de prunier en fleur au second personnage (branche qu’on retrouve en train de
bourgeonner, en bas à gauche) /  les inscriptions indiquent qu’il s’agit de l’Empereur Qianglong
jeune ; aurait commandé cette œuvre avec lui-même et son père, figurés comme deux lettrés / 
synthèse entre deux traditions picturales : travail du volume qui rend compte de connaissances
occidentales en perspective = donne naissance à un style pictural novateur / MAIS SURTOUT : niveau
symbolique, l’artiste fait sien de l’iconographie et des symboles chinois / scène de piété filiale, de
passation de pouvoir => deux bambous sont représentés l’un contre l’autre, symbolisant chacun des
deux personnages = OR l’un ploie devant l’autre, celui sur lequel s’appuie le jeune Qianlong = signe
de déférence envers son père / prunier : fleur qui annonce le printemps = notion de hiérarchie, de
respect et de transmission d’un règne à un autre = compréhension des usages tout à fait maîtrisée
par Castiglione
 COURS 4 / Fin cours Chine – début art du Japon

 Qianglong n’est pas le premier souverain à commander un portrait en costume / EXEMPLE :


L’Empereur Yongzheng, son père, se fait représenter sur plusieurs planches d’album dans différents
costumes = Portrait de l’Empereur Yongzheng en costume, feuille d’album, encre et couleur sur soie,
Musée du palais de Beijing = différents costumes, différentes poses => DONC différentes identités
historiques, ethniques voire légendaires (EXEMPLE : au sommet d’une falaise, sous les traits d’un
sage thaoïste, semant un dragon) / + Portrait de l’Empereur chassant un tigre = habillé à la mode
occidentale
 pratique occidentalisante adoptée par le père, Yongzheng / MAIS Qianlong n’ira jamais à se faire
représenter en costume occidental / quelle signification du costume ? = pas le sens d’une passation
ici ; on peut voir le souverain se présentant en figure de souverain universel = adopte des costumes
différents / + volonté de se montrer comme un gardien, garrant d’une tradition artistique chinoise =
fonction essentielle attendue du souverain, notamment par le biais de la connaissance, de
publications, et du développement des collections impériales => ce développement représente
l’Empereur comme le garant de l’art chinois et montre le caractère estète de ce souverain / +
RAPPEL : cette dynastie n’est pas chinoise = Mandchous / OR développent les collections impériales
comme cela n’avait jamais été vu depuis le règne de Song Yuzhong  moyen de rassurer les locaux
ET de légitimer son titre d’Empereur
 Qianlong développe un goût pour la connaissance, pour l’art antique, pour les objets d’art = se
persuade que la collection d’objets anciens (notamment bronzes antiques) = attributs d’un règne plus
juste => lui permet d’affirmer sa position en tant qu’Empereur / Qianlong ne cesse, tout au long de
son règne, d’amasser un nombre important de bronzes

 Yao Wenhan, Portrait de Hongli examinant des antiquités, rouleau vertical, encre sur papier,
Musée du Palais, Beijing = peintre de cours en 1743 / peinture d’une grande méticulosité, grande
attention portée aux détails / autour de lui = entouré d’objets, il s’agit avant tout de bronzes et de
petits objets en jade / l’un de ces objets était bel et bien conservés dans les collections nationales /
souverain représenté sur un lit plateforme disposé devant un paravant avec une peinture de
paysage ; accroché à ce paravent = un paysage avec accroché dessus une image du souverain,
symétrique à celle du souverain = mise en abyme du souverain / MAIS AUSSI la nature des images
montre une grande connaissance des connexions entre image / une œuvre datant des Song du
NORD, appartenant aux collections impériales, représente un lettré dans exactement le même décor,
en train de se faire servir du thé = il s’agit donc d’une référence à une œuvre antérieure des
collections, qui témoigne de la bonne connaissance des œuvres de la collection impériale (œuvre du
XIème siècle) = volonté de se mettre en continuité / OR Qianlong admirait tellement cette œuvre que
demande la production de 5 copies différentes, même s’il réside à chaque fois quelques variantes /
 montrer le caractère universel du souverain qui incarne plusieurs traditions (confucéenne, taoïste
ou bouddhique)

 Giuseppe Castiglione, Empereur Qianlong en tant que Manjusri, moitié du XVIIIème siècle,
thangka, encre et couleur sur soie = montre la stratégie du souverain et son aspiration à l’universalité
/ composition : œuvre composée comme un « tangka » = représentation du souverain au centre et
tout un univers représenté autour de lui / DONC peinture de style, de tradition tibétaine ; MAIS fait
appel au pinceau du peintre européens pour la représentation du visage = deux techniques
différentes (entre la main et le visage, par exemple) = le visage témoigne d’un véritable portrait /
cherche à coller le plus près possible à la réalité, grande attention aux détails
 autour de lui, sur des nuages, des divinités bouddiques / + représentation des cinq mondes
(« wutaishan ») = la demeure du Manjusri / DONC en assumant cette place du Manjusri = le
souverain, de manière plus ou moins directe, se proclame tenant le même rôle / MAIS AUSSI geste
significatif d’un point de vue politique pour les relations entre populations mongoles et tibétaines =
le bouddhisme tibétain est pratiqué sur le territoire Qing / Qianlong va commander plusieurs
thangka, qui seront conservés dans différents temples bouddiques à Beijing / l’un de ces tableaux
sera aussi envoyé au Dalaï Lama

Art japonais

 Période de Heian (794 – 1185) : ancien nom de la ville de Kyoto


 Période de Kamakura (1185 – 1333)

 Kyoto = capitale impériale de 794 à 1868 / RAPPEL : Période de Nara = 1ère capitale fixe dans
l’histoire japonaise = période de 710 à 784 / la ville devient trop petite = on décide de changer de
capitale / d’abord, choix de Nagaoka (à 30 km au NORD de Nara) MAIS site déclaré néfaste = choix
final se reporte sur Heian (Heian Kyo = « capitale de la paix et de la tranquillité ») /  époque de
Heian est vue comme âge d’or artistique : référence en littérature, peinture, poésie / = moment où le
Japon trouve une expression artistique autonome = se dégage de l’influence continentale de la
Chine / DONC période considérée comme un âge classique de la culture japonaise / IMPORTANT  : les
expressions artistiques et notamment peinture et art bouddique sont concentrés dans un lieu = celui
de la capitale ; ET ces réalisations artistiques ne vont longtemps toucher que l’aristocratie / rupture
des rapports officiels entre la Chine et le Japon = entraîne la division de la période de Heian en deux
- 794 – 894/897 :
- 894/897 – 1185 : période qui porte le nom du clan « Fujiwara », le plus puissant de la cour
 894 : un poète, Sugawara no Michizane refuse de partir comme ambassadeur auprès de
l’Empereur de Chine / avance comme raison que le pouvoir chinois (Tang) est en train de décliner  ; et
surtout estime que le Japon n’a plus rien à apprendre d’un pays en pleine crise / OR excuse acceptée
= entraîne la rupture des liens diplomatiques entre Chine et Japon, jusqu’au XIIème siècle / MAIS ce
poète paye ce refus de sa vie car il est obligé de s’exiler et meurt en exil
=> période essentielle : éclosion de la littérature vernaculaire = liée au développement de l’écriture
japonaise / EXEMPLE : Genji Monogatari = romain de la main de Murasaki Shikibu (une dame de la
cour) = relate l’histoire de Genji

 Statuaire bouddique : période de Heian essentielle = deux nouvelles Ecoles fondées, par deux
moines qui ont voyagé en Chine : Saicho et Kukai aux XVIIIème – Ixème siècle / Saicho fonde l’Ecole
Tundai et Kukai fonde l’Ecole Schingong  ces deux Ecoles relèvent du bouddisme = incidence dans
la statuaire, notamment dans l’expression des visages des bouddhas
 Ecole Shingong = l’image, peinte ou sculptée, vient un véritable support / on encourage à
multiplier les images / PROBLEME : changement très important de matériau dans la statuaire
bouddique / à l’époque précédente, époque de Nara = plusieurs techniques étaient mises en avant /
EXEMPLE : Technique en laque sec = nécessite atelier très organisé et soutien financier important /
OR avec le retrait du soutien impérial aux ateliers, du temps de Nara, les moines artisans quittent le
cercle de Nara = permet la diffusion du style de Nara, de canons d’une grande douceur / + autre
conséquence : modification de la technique = les artisans, devenus itinérants, doivent chercher de
nouveaux modes de travail / utilisent des matériaux faciles à trouver : le bois  époque Heian, le
bois devient la matière de prédilection, notamment le bois de cyprès = matière 1 ère, accès facile, bon
marché et en grande quantité + dans le courant du VIIIème siècle sont introduits de petits retables
japonais, entre 10 et 20 cm de hauteur, en bois de santal = viennent du continent, d’origine
indienne / se multiplient entre VIIIème et Xème siècle = toutes ces raisons font que le bois sera la
matière privilégiée / signifie pour les artisans de développer rapidement des techniques de taille et
se familiariser avec des objets inédits / se voit avec la technique employée + d’un point de vue
stylistique : d’abord certaine raideur, puis avance vers quelque chose de plus souple
 TECHNIQUE 1 : Hichibo Zukuri = sculpture en un bloc, avec parfois des éléments ajoutés minimes =
les mains etc. / de manière non systématique, il peut y avoir l’aménagement d’une cavité dans le dos
de la statue = allège la statue / cette cavité est réalisée sur toute la hauteur du dos de la statue /
EXEMPLE : Bouddha de médecine
(Yuakushi Nyorai), vers 782 – 805, bois de
cyprès, 1,69 cm, Jingoji, Kyoto
= représenté debout, de manière frontale /
main droite qui signifie l’absence de
crainte / + autre main tient un pot à
remède / référence à l’art de la période
précédente : drapé qui couvre la plus
grande partie du corps de Bouddha ; des
plis pas forcément très réalistes, qui
tombent entre les jambes et qui cercent
les cuisses / façon de faire = dérivée du
vêtement que l’on peut trouver à la
période de Nara

 EXEMPLE : Autre bouddha, Toshobaiji = même vêtement, avec les plus / au niveau des cuisses, les
plis tombent en laissant la quasi-totalité de la jambe vierge de drapés / notion de mystère qui se
perçoit au travers du caractère un peu sévère de la statue
 caractéristiques : sourcils extrêmement fins, qui se touchent presque au niveau du nez / pour les
yeux : entaille profonde au niveau de l’œil = ligne et demi-cercle dans la partie inférieure /
représentation typique de cette période / le drapé est marqué de profonds plis, creusés =
extrêmement marqués, appelé « hompashiki » ou « plis en forme de vague » = technique qui ne
cesse d’évoluer, par la suite, entre les Xème et XIème siècle

 Période Fujiwara = 2nd division de la Période Heian / le clan Fujiwara est le plus puissant à la cour à
partir de la fin du IXème siècle / puissance qui s’explique notamment par le fait que les membres de
son clan occupent des postes importants à la cour, notamment le poste de régent / les écrits de cette
période sont essentiels : des romans ou des journaux intimes / ces textes constituent un moment
essentiel pour la création d’une culture originale = base pour connaître la vie de cour de cette
période / création d'un système de transcription de la langue japonaise : le « kana » / + en échos à
cette littérature vernaculaire : éclosion d’une peinture, d’un style japonais = le « yamato-e » en
référence au « kara-e », d’influence chinoise / support de référence : rouleaux horizontaux
enluminés, les « e-makimono » ou les « e-maki » / ces rouleaux horizontaux vont devenir le support
de prédilection de la peinture narrative japonaise
 peintures qui mesurent en moyenne entre 40 et 50 cm de longueur sur 21 cm de largeur / chaque
chapitre du Genji (54) était illustré d’une à trois images = caractéristiques formelles liées aux
rouleaux illustrés / alternance entre texte et image ; si la lecture se fait de droite à gauche, on ouvre
le rouleau par la gauche avec le texte, puis les images / les images doivent être saisissables en un seul
coup d’œil / ICI l’accent n’est pas mis sur l’action MAIS sur l’état d’âme des personnages, souligné
par la composition, les gestes (peu de mouvement) / EXEMPLE : Genji Monogatari emaki, chapitre
39, Brouillard du soir, 1ère moitié du XIIème siècle, encre et couleurs sur papier, Tokyo, Gôto
Museum : intérieur, deux groupes sont clairement séparés par une paroi / groupe du haut : fils aîné
de Genji et son épouse / on voit que l’épouse fait un geste de la main droite vers son mari, et
s’avance vers lui ; l’époux est occupé à lire / l’autre groupe : deux dames qui écoutent ce qu’il se
passe / EN FAIT : l’époux a reçu la lettre d’une vieille femme, et l’épouse est jalouse et veut s’en
emparer pour la lire => elle est censée ramper dans les écrits, mais on a préféré la représenter sur le
point de saisir un pan du vêtement de l’homme / sur le bureau en face, on voit tous les outils pour
écrire une lettre /  DONC deux scènes sont montrés simultanément / technique de la « toiture
enlevée » (« fukinuki yatai ») = pour les scènes d’intérieur, on enlève la toiture => permet au
spectateur d’avoir une vue plongeante sur la scène / composition : les lignes directrices, diagonales
et verticales, partent de chaque bord du cadre = donne une très grande stabilité à la scène
 « tsukuri-e » (technique qui signifie « image fabriquée ») = des images réalisées en trois étapes /
1) esquisse à l’encre réalisée par le maître de l’atelier : silhouette et couleurs (écrites directement sur
la feuille) ; 2) puis on recouvre ce dernier d’une couche de coquillages broyés qui sert de base de
couleur = des couleurs minérales, qui seront mélangées avec de l’eau ; appliquées par aplats sur la
surface de l’œuvre ; pas d’ombre dans ces réalisations ; 3) réalisation des détails = traits de contour,
détails de la coiffure et du visage = très important / IMPORTANT : quel que soit le statut des dames
représentées à la cour = représentation reste la même => deux arcs de cercle horizontaux se
rencontrent au niveau des yeux, les sourcils sont rendus par une superposition de traits d’encre noir,
les yeux sont étirés et le nez « en crochet » ; les cheveux sont dessinés bruns par bruns /
ATTENTION : dans ce rouleau, les nobles ne sont jamais représenté de profil = toujours de ¾ face ou
dos
 AUTRE EXEMPLE : Genji Monogatari Emaki, 1ère moitié du XIIème siècle, encre et couleurs sur soie,
Tokugawa Museum in Naoya, Japon = lignes diagonales qui ne cessent de se couper, scène instable =
très différente / évoque une grande douleur, avec une femme qui cache son visage baigné de
larmes /  DONC même si le visage n’est pas explicite ou montré, les artistes utilisent d’autres
moyens pour faire passer les émotions / style dit « féminin » (« onna-e »), comme c’est dit dans
certains manuels par opposition à un style « masculin » = style très fluide dans la représentation du
visage, des drapés / MAIS ce canon de représentation peut aussi être vu sur d’autres supports

 EXEMPLE : Sutra du Lotus de la bonne loi, peinture sur évantail, encre et couleur sur papier,
XIIème siècle, Osaka = copies de textes bouddiques / un des sutras les plus importants / scène où une
femme écoute un homme en train de lire, accoudé sur une table / par-dessus, le texte est le sutra =
fait l’objet de représentations au Japon depuis le VIIème siècle / MAIS durant la période de Heian =
multiplication de réalisations, de copies du sutra / nombre exceptionnel de rouleaux horizontaux
présentant de riches enluminures : phénomène important autour de la famille impériale
 ICI = une des copies les plus
connues ; il s’agit d’un éventail décoré,
orné de calligraphies / texte écrit avec
des caractères chinois, tandis que la
littérature vernaculaire sera écrit en
littérature japonaise
 l’unique exemplaire à ce jour de
peinture sur évantail, quelque chose de
particulièrement prisé à cette époque /
sur chacun des évantails = une scène
représentée, qui évoque des moments
de la vie des nobles, dans des physionomies, attitudes extrêmement libres / des lamelles de feuilles
d’or utilisées = peinture d’une très grande qualité / le texte est posé par-dessus

 période des Fujiwara = période particulièrement, d’un grand raffinement lié à la cour impériale /
MAIS AUSSI changements importants dans l’art bouddique, technique de la statuaire bouddique /
l’Ecole de la Verdure se développe = croyance envers le Bouddha Amida (nom japonais), qui est le
Bouddha du paradis de l’OUEST / le culte de ce Bouddha connaît un premier succès auprès de
l’aristocratie puis auprès des populations = les nobles construisent des bâtiments privés en son
honneur, afin d’avoir une image du Paradis de l’OUEST
 famille impériale et aristocratie font construire un véritable complexe avec des jardins : un temple
appelé le Byodo-in / architecture qui suit les grands principes de l’architecture domestique /
bâtiment avant-tout qui adopte la forme d’un « U » / ICI : un des rares temples voués à ce culte qui
est parvenus à nous / celui-ci se trouve au SUD de Kyoto, au Japon (MAIS il en existe une copie exacte
à Hawaï) / à l’origine : résidence des Fujiwara / MAIS modification en 1053 : apparition d’un
ensemble (le bâtiment avec étang artificiel) = « salle phoenix », achevée en 1053 / à l’intérieur : sur
un piédestal, la statue principale = le Bouddha Amida, assis sur une fleur de lotus / au sommet des
murs, on voit des bas-reliefs représentant des musiciens, etc.
 on connaît le nom de l’artiste, Jocho, qui a réalisé cette statue de 2 m 79  / représente le Bouddha
assis, en position du lotus / cette statue = en bois doré / geste de la méditation, le pouce et l’index se
touchent = réservé aux classes supérieures / IMPORTANT : technique de perfectionnement
« yozeguzukuri » = ces statues sont maintenant créées en plusieurs morceaux ; grande douceur des
formes, regard moins sévère qu’à la période
précédente / regard vers le bas / sourcils
extrêmement proches, se touchent presque au
niveau du nez

 COURS 5 / Arts du Japon


 fin de la période de Heian s’achève avec une guerre civile / oppose 2 clans : les Taira et les
Minamoto / 1192 : Minamoto No Yoritomo reçoit le titre de « shogun » et installe son gouvernement
militaire sur le site de Tamakura = ouvre la période de « Kamakura » (1185 – 1333) / IMPORTANT : les
noms de période ne sont pas des noms de dynasties MAIS des noms de lieux /  éloignement
volontaire des shogun Minamonot de la capitale impériale, Heian / le gouvernement japonais devient
bicéphale : d’une part l’Empereur, au pouvoir symbolique ; ensuite l’existence des shogun qui
incarnent l’exécutif / réorganisation du gouvernement sur de nouvelles bases, selon les valeurs
militaires : les hommes sont choisis selon leur courage, leur fidélité / => mise en place d’une nouvelle
éthique imposée à la classe militaire : la « voie de l’arc et du cheval » = détermine l’organisation
féodale ; deviendra des siècles plus tard la « voie du guerrier » ou « bushido » / objet emblématique
incarnant ce changement = le sabre ; le « bushi » ou « guerrier » va occuper dans la société l’une des
places les plus élevées
 DONC art caractérisé par une grande vitalité, énergie / EXEMPLE : Deux gardiens de porte à
l’intérieur de la grande porte sud du Totaiji (Nara)

= le temple du Totaiji avait pris parti


pour le clan Minamoto ; ce qui lui a
valu d’être brûlé par le clan Tara / le
clan Minamoto, pour les remercier,
fait reconstruire le temple
=> Ecole Kei, créée fin XIIème siècle
= tous les membres de cette école
contiennent « kei » dans leur nom /
recherche de réalisme et dynamisme
dans la statuaire, notamment dans
la réalisation de divinités
« secondaires » (généraux célestes,
gardiens) ET NON dans la représentation de Bouddha (dont l’iconographie est déjà largement
cofidiée) /  ICI, un des exemples les plus connus de cette Ecole = réalisés en 1194, mesurent 8 m et
demi de hauteur / de la part des sculpteurs = recherche d’individualisation très importante sous
l’influence de la sculpture de Nara / + recherche de vigueur et de mouvement = attention particulière
dans le rendu du coprs  volonté de représenter chaque muscle de la statue, le rendu des jambes,
des mains, du torse = exagération des traits / les yeux sont exorbités, les narines dilatées, les sourcils
arqués, la musculature renforcée / TECHNIQUE : usage de la « yozegi zukuri » = grande maîtrise de
cette technique, multiplier les blocs de bois permet d’accentuer chaque portion du corps = dégager
les bras du corps
+ multiplication de portraits (de religieux ou non) = ouvre à de nouvelles recherches au XIIIème siècle
 période de Kamakura = nouveaux contacts entre Japon et Chine DONC arrivée de nouvelles
influences du continent / à partir de la fin du XIIIème siècle, le Bouddhisme Chan (ou « zen » en
Chine) fait son apparition au Japon / deux moines à l’origine du développement : Ei Sai (1141 – 1215)
introduit une Ecole de Rinzai ; Dogen qui fonde l’Ecole Soto  ce bouddhisme zen reçoit un accueil
extrêmement favorable / au cours du XIIIème siècle : multiplication de temples à Kamakura et sur le
site de Kyoto => adoption d’un système de hiérarchisation se développant en Chine et au Japon =
hiérarchie des temples zen, connue sous le nom de « Cinq montagnes et dix temples » = système de
classement des temples, qui met en avant certains plus importants que d’autres (les Cinq
Montagnes)
 fin de l’époque Kamakura : nouvelle guerre civile, opposant la cours du NORD et celle du SUD /
réunifcation en 1392

 Epoque de Murumachi (1336 – 1568) : moment complexe dans l’Histoire du Japon / clan Ashikaga
s’installent dans le site de Murumachi, quartier de Kyoto / DONC réaffirmation de Kyoto comme un
lieu important / 2 figures essentielles :
- Ashikaga Yoshimitsu
- Ashikaga Yoshimasa
=> deux shogun qui règnent au XIVème – XVème siècle / Yochimasa étant le petit-fils de Yoshimitsu /
Shokokuji = édifice construit par les Ashikaga

 Portrait du moine Musho Soseki, ensemble sculptué, fin XIVème –


début XVème siècle = grande moine zen qui a aussi participé à la
construction du Shokokuji / l’image du grande moine revêt une
importance particulière = les 1ères représentations étaient produites
à la place de momification qui avait échoué / on cherche à
représenter le maître, un religieux, représenté avec l’ensemble des
objets liés à son rang => DONC une iconographie particulière se met
en place
 le maître zen est représenté assis en tailleur, avec à ses côté une
longue canne (symbole de son enseignement) / + devant lui, un sôcle
avec paire de chaussure disposée / représenté de manière frontale,
faisant le geste de la médiation / représenté avec la robe officielle /
peinture : les cendres du défunt vont être mêlées à la peinture,
DONC la sculpture devient vivante, animée / lorsque ces portraits sont alignés = crée une véritable
lignée spirituelle /  portraits qui appartiennent à la catégorie des « chinzo » : portraits souvent
réalisés du vivant du moine, et offert au disciple pour transmettre la loi du religieux = on dépasse la
simple image à vénérer MAIS AUSSI une image qui sert à diffuser la représentation du moine ET
DONC son enseignement

 autre élément important, la peinture monochrome / Shokokuji, à l’époque de Murumachi =


princiapal centre de production de cet art = grand développement de cette peinture monochrome
japonaise, le « sumi-e » (sous forte influence de la peinture chinoise, notamment des Song) qui se
développe dès la fin de la période de Kamakura /  Murumachi : assimilation ET
transformation/adaptation de tous ces savoirs-faires / au Japon, les peintures sont réalisées à l’encre
= précérence pour le format vertical => souligne les modifications de l’architecture intérieure de
cette époque : devient l’objet propre à la décoration des alcôve = rouleau vertical, composition
florale / date avancée pour le grand développement de la peinture monochrome = fin du XIVème
siècle, début du XVème siècle
 EXEMPLE : Josetsu, Attraper un poisson-chat dans une calebasse, encre et couleurs légères sur
papier, Taizoin, Kyoto : peintre considéré comme l’ancêtre de la peinture à l’encre / partie inférieure
de l’œuvre : un paysage avec personnage, très sobre avec une rivière ; partie supérieure,
calligraphie / le sujet est tiré d’un texte zen = formules mystérieuses données par le maître à l’élève,
qui doit réfléchir dessus / ICI on a donc représenter le sujet d’une de ces formules mystérieuses :
comment pêcher un poisson-chat à l’aide d’une calebasse /  ces petites formules = caractéristique
du bouddhisme zen ; l’élève doit arriver à l’éveil de manière brutale, en comprenant ce type de
phrases
 connaissance de la peinture des SONG du SUD : travail au lavis d’encre ; trait de pinceau très délié
dans le rendu du poisson-chat, de la berge, du personnage / MAIS surtout figuration d’un paysage =
thème qui ne quittera plus jamais le « sumi-e »
 Sesshu Toyo, Paysage d’hiver, fin du XVème siècle, encre sur papier, Musée national de Tokyo =
disciple de Josetsu / 1467 : voyage vers la Chine, où il réalise un certain nombre de copies de grands
artistes ; étudie différentes techniques = notamment la technique de l’encre brisée, éclaboussée,
sans trait de contour  BREF étudie énormément l’art des Song / retourne au Japon en 1469 / ses
peintures montrent à quel point il s’est approprié la peinture des Song / un temple perdu au pied
d’une falaise /  grande vitalité de la peinture grâce à une grande variété de traits de pinceaux / un
homme est arrivé, à partir du barque, sur le chemin entouré de nature (avec des pins) et se rend vers
le temple
 Sesshu Toyo, Paysage dans la technique du haboku (encre brisée), 1495, encre sur papier, Musée
national de Tokyo / technique de l’encre brisée = absence de trait de contour, on joue uniquement
avec le lavis d’encre = dégradé d’encre plus ou moins diluée / quelques habitations sont cachées
derrière une palissade, un paysage esquissé avec différents types de lavis, plus ou moins foncés / 
montre depuis Josetsu comment la peinture de paysage se distingue progressivement des critères de
représentation du monastère zen

 au sein du Shokokuji, travail de Kano Masano = va établir une Ecole, l’Ecole Kano, comme une
école de peinture professionnelle / 1 ère mention de son nom liée à la réalisation de deux peintures en
1463 pour le Shokokuji  montre en quoi ce temple de Shokokuji est essentiel / style de Masano
montre une influence de la peinture des Song du SUD
 EXEMPLE : Kano Motonobu, Les Quatre accomplissements, moitié du XVIème siècle, paire de
paravents à six feuilles, encore et couleurs sur papiers, Metropolitan Museum = « Quatre
accomplissements », les divertissements apropriés pour le lettré chinois :
- musique
- calligraphie
- peinture
- certains jeux
 les paravants sont constitués de feuilles / caractère magistral qui se développe sur 12 feuilles
(paire de paravants de 6 feuilles chacun) qui se lie de droite à gauche / commence par une cascade
avec l’arrivée d’un lettré accompagné d’un serviteur portant un instrument de musique / se
rapproche d’un groupe, autour d’une table avec d’autres instruments (une cytharre, un porte-
pinceau, une pierre à encre, des livres) + personnages lettrés en train de jouer / les personnages sont
vêtus avec des costumes chinois / + traits de peinture témoignent d’une connaissance de la peinture
des Song du NORD / DONC peinture qui fait d’importantes références à la peinture chinoise / MAIS
élément essentiel qui montre qu’il s’agit d’une peinture japonaise : le passage du temps
= en mettant ces deux paravants l’un à côté de l’autre, on distingue les quatre saisons (paysage,
essences végétales, vêtements etc.) / passage typique de l’art japonais
 Période Momoyama (1568 – 1615) : période de grands changements stylistiques / ICI ce n’est pas
le nom d’un site géographique urbain MAIS d’un lieu très particulier, colline avec un château /
période très troublée / à partir de la 2 nd moitié du XVème siècle, déclin du pouvoir des Ashikaga =
ouvre une nouvelle période de guerre civile, où les grands seigneurs féodaux deviennent quasiment
autonomes / ce n’est plus tellement une guerre entre deux grands clans / période de trouble qui ne
s’achève qu’au début du XVIIème siècle, en 1615 / problème politique : recherche de la recréation
d’une unité politique et territoriale du Japon => trois hommes clés :
- Oba Nobunaga
- Toyotomi Hideyoshi
- Tokugawa Ieyasu
 trois hommes qui vont réunir autour d’eux des clans et des généraux / c’est surtout Tokugawa
Ieyasu qui va dominer la scène, les deux autres sont obligés de se suicider
 changements extrêmement importants dans les arts : peinture, architecture, céramique / durant
cette époque, âge d’or de la peinture décorative = peinture réalisée sur de grands formats
(paravants, parois etc.) / ces hommes-clés veulent affirmer leur puissance, leur pouvoir au travers
d’un style pictural riche, pour frapper l’imaginaire de leurs vassaux  naissance d’un nouveau style
pictural vigoureux, l’affirmation d’un art ostentatoire /  âge d’or pour le décor monumental sur
fond doré = étaler puissance, richesse dans les décors d’intérieurs / MAIS l’usage de fond doré
s’explique aussi par un manque de luminosité dans les constructions

 Kano Eitoky, Peinture aux lions fabuleux, paravent à six feuilles, couleurs et feuilles d’or sur papier,
Collection impériale : motifs beaucoup plus importants, qui occupent l’espace pictural / œuvre qui
symbolise complètement les changements de cette période / ATTENTION : beaucoup des œuvres de
cette époque ont été détruites, et celles qui sont parvenues jusqu’à nous sont des attributions
parfois peu certaines / MAIS ICI = attesté / Eitoku va mettre en place les principales caractéristiques
pour les réalisations sur paravent / travaille pour Oba Nogunaga et Toyotomi Hideyoshi / 
recherche de composition de grande taille ; + on utilise des traits de pinceaux épais, larges, et des
motifs avec des contours simplifiés / fort dynamisme, traits tourbillionnants qui courent sur chaque
motifs ; exagération des formes (pattes, poitrines des félins) et simplification des traits / le paysage
présente moins de détails / mise en place de la technique du « kirikane » = appliquer des feuilles d’or
d’environ 10 cm sur toute la surface => sert pour les nuages, le sol DONC occupe toute la surface
 Kano Eitoku, Paravant aux cyprès, 460 cm de long, Musée national de Tokyo = paravant à 16
feuilles / référence au « yamato-e » = couleurs vives posées à plat / le cyprès occupe toute la surface
de l’œuvre, ses branches se déploient sur différentes feuilles et ressort sur la surface dorée du
paravent / très grande puissance, liée à une forte élégance = style avant-tout décoratif, qui connaît
alors son âge d’or / le style de Kano Eitoku connaît un grand succès de la peinture décorative
japonaise de Kyoto

 MAIS AUSSI autre artiste à connaître, Hasegawa Tohaku, Tigre, 1606, encre sur papier, paravent
de six feuilles, Museum of Fine arts, Boston : artiste surtout connu pour ses réalisations
monochromes / figure relativement mystérieuse : fils adoptif d’une famille de peinture  connaît un
succès car arrive à se détacher de l’influence des Kano = vers une peinture à l’encre, monochrome,
qui rappelle le travail de Sesshu (dont il a été élève) / l’animal, extrêmement détaillé, regarde un
paysage extrêmement sobre : différents traits de pinceau donne une grande texture à son pelage, ses
rayures / lié à une grande versatilité du trait, de l’usage du pinceau ; grande souplesse
 Hasewaga Tohaku, Les pins, encre sur papier, paravent de six feuilles, Musée national de Tokyo :
un superbe jeu avec les lavis d’encre pour rendre compte de pins qui émergent de la brume /
technique « sans os », sans trait de contour = très impressionnante /  artiste qui témoigne d’une
grande souplesse, virutosité des traits et des techniques / construction de l’espace est liée à la
disposition et l’encrage des pins = se dégage complètement de l’Ecole Kano (qui elle se caractérise
par un tracé beaucoup plus nerveux)

 Période d’Edo (1615 – 1868) : 1600, Tokugawa Ieyasu sort victorieux d’une grande bataille,
l’homme fort du début du XVIIème siècle = figure incontourable / 1603 : reçoit le titre de shogun et
installe son gouvernement sur la ville d’Edo, qui lui a servi de point d’ancrage / Edo correspond à
l’actuelle ville de Tokyo / T. = 1 er d’une dynastie, la dynastie Tokugawa, qui sera la dernière dynastie
japonaise / 1615 : moment où T. va se débarrasser de ses adversaires
 période de transformations économiques, améliorations des infrastructures, des routes /
changements sociaux / d’un point de vue de l’histoire de l’art = moment de l’apparition de nouveaux
courants picturaux : Ecole Rinpa* et Ecole de l’Ukiyo-e (« image du monde flottant ») / + Ecole de
Korin / *MAIS n’est pas une école au sens stricte, pas un lieu avec des formations d’artistes =
regroupement de différents artistes qui vont partager codes et principes artistiques, sur plusieurs
générations / la 1ère génération de cette école ont vécu à la période Momoyama donc précédente

 Ogata Korin, paravent aux iris, encre et couleur sur papier, après 1709, Met Museum, New York =
école qui puise dans le « yamato-e », et met en avant un style décoratif très important /
représentation de la flore devient un élément essentiel / MAIS les thèmes principaux de l’Ecole Rinpa
sont avant-tout empruntés à la littérature vernaculaire classique + représentation de lieux très
connus / dégagé de toute référence anecdotique / EXEMPLE des iris : Korin s’inspire d’un chapitre
des contes d’Ise, surtout du IXème chapitre = différents chapitres qui constituent une sorte de
journal de voyage, écrit au Xème siècle = lors d’un voyage vers l’est, loin de Kyoto, un homme voit en
chemin des iris fleurissantes / devant la beauté de cette scène, l’homme écrit un poème dont le
début de chaque vers correspond à une syllabe du mot « iris » en japonais  suppression de tout
élément anecdotique, l’image devient symbole de la littérature qu’elle incarne / jeu avec l’espace
pictural et le cadrage = grande caractéristique de l’Ecole Rinpa / + couleurs extrêmement vives = on
peint avec les matériaux les plus nobles et riches possibles

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