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 35-209-A-10

Instrumentation en imagerie
par résonance magnétique : critères
de choix et implantation d’un équipement
H. Saint-Jalmes

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a spectaculairement progressé durant ces 30 dernières
années. Les méthodes d’imagerie successivement proposées expliquent seulement en partie ces progrès.
En effet, les avancées technologiques et conceptuelles faites dans le domaine instrumental participent
pour une bonne part à cette amélioration tant de la vitesse d’acquisition des images que de leur qualité.
Un appareil d’IRM est pour l’essentiel composé d’un système de création et de mesure de champs magné-
tiques (statique : l’aimant, quasi statique : les gradients, et radiofréquence : émission et réception), d’un
système de contrôle (séquenceur), d’acquisition et de traitement des signaux de résonance magnétique
nucléaire (RMN). Ces différents composants sont décrits. Les fonctions précises de chacun d’entre eux sont
ainsi présentées et mises en regard des contraintes inhérentes à l’utilisation de cet appareil en médecine
humaine. Les solutions conceptuelles ou technologiques envisageables sont expliquées. Les implications
en termes de sécurité du patient ou encore d’implantation de l’appareil d’IRM dans un site hospitalier
sont brièvement décrites. Quelques critères de choix d’un tel équipement sont énoncés.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Instrumentation en IRM ; Champ magnétique statique ; Gradient de champ magnétique ;


Champ magnétique radiofréquence ; Spectromètre ; Séquenceur

Plan ■ Critères de choix 19


Champ magnétique 19
■ Introduction 1 Choix de l’appareil d’imagerie par résonance magnétique 20
■ Conclusion 20
■ Champs magnétiques 2
Création des champs magnétiques 2
Champ magnétique statique, l’aimant d’imagerie par résonance
magnétique 3
Gradients de champs magnétiques 9
Émission radiofréquence 12
■ Réception du signal de résonance magnétique nucléaire 14
 Introduction
Mesure du signal de résonance magnétique nucléaire 14
Un appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM) (Fig. 1)
Découplage et couplage 14
est pour l’essentiel composé d’un système de création et de mesure
Bobines de surface 14
de champs magnétiques (statique : l’aimant, quasi statique : les
Bruit 15
gradients, et radiofréquence [RF] : émission et réception), d’un
Rapport signal/bruit 15
système de contrôle (séquenceur), d’acquisition et de traite-
Quadrature 16
ment des signaux de résonance magnétique nucléaire (RMN).
Réseaux 16
L’utilisation de cet appareil en médecine humaine impose bien
Cage de Faraday 16
sûr des contraintes et nécessite des composants supplémentaires :
Chaîne de réception 16
une table permettant de placer la région du patient à examiner au
■ Séquenceur 16 centre du système magnétique, des outils matériels et logiciels de
■ Table d’examen 17 gestion des données du patient (identité, images, etc.), un repro-
■ Système informatique 17 graphe. Cet appareil d’IRM est aujourd’hui connecté à un réseau
permettant l’échange d’informations et d’images avec l’extérieur.
■ Sécurité 17 Cette instrumentation doit permettre de réaliser des images. Il
Normes de sécurité 17 s’agit donc tout d’abord de créer une aimantation de l’échantillon
Effets directs des champs magnétiques 18 en le plongeant dans un champ magnétique B0 (aimant). Puis
■ Implantation 19 de basculer cette aimantation hors de l’équilibre, à l’aide d’un
Aimant et environnement 19 champ magnétique RF (bobine d’émission). Le retour à l’équilibre
Cage de Faraday 19 de l’aimantation se fait à la fréquence de Larmor caractéristique de
Fournitures en électricité, fluides et froid 19 la substance observée (le proton en général) et proportionnelle au
Éléments architecturaux 19 champ magnétique appliqué (aimant à nouveau). L’application

EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 1


Volume 0 > n◦ 0 > xxx 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S1879-8497(15)68815-X
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RF Gradients Aimant Figure 1. Schéma synoptique des composants


essentiels d’un appareil d’imagerie par résonance
magnétique. RF : radiofréquence.

Table

de variations spatiales du champ magnétique (bobines de gra-


dients) permet la localisation spatiale de l’information en faisant α
varier la fréquence de précession de l’aimantation. Le retour à TR
Émission t
l’équilibre de cette aimantation tournante peut être mesuré par un
Radiofréquence B1
simple capteur sensible aux variations de flux magnétique (bobine
RF de réception). La tension mesurée aux bornes du capteur
est amplifiée, démodulée (chaîne de réception RF) puis échan-
tillonnée et numérisée (convertisseurs analogique-numérique),
Gx
enfin, traitée par un calculateur qui fournit l’image de RMN.
L’organisation temporelle précise de ces différentes opérations
est confiée au séquenceur, qui peut être vu comme un chef Durée de l'expérience :
d’orchestre rythmant les opérations effectuées par les différents Nz Tr (s)
Gz
sous-ensembles de l’appareil. Ces différentes opérations peuvent Gradients
être représentées sous forme d’une séquence d’événements. La
Figure 2 représente schématiquement une séquence d’imagerie
bidimensionnelle mettant en œuvre les composants décrits ci-
dessus. Aux calculateurs sont également dévolues des tâches autres Gy
que la reconstruction des images : notamment la communication
avec l’opérateur (interface homme-machine), la gestion d’une Réception et
base de données des patients, le transfert, le stockage, l’archivage traitement du
et la reprographie des images. signal Signal

Figure 2. Schéma simplifié d’une séquence d’imagerie par résonance

 Champs magnétiques
magnétique bidimensionnelle. TR : temps de répétition.

Création des champs magnétiques Ainsi, plus simplement, l’énergie magnétique stockée dans
un volume V pour un champ magnétique B uniforme dans un
Définitions milieu de perméabilité donné correspond à :
Le champ magnétique est créé par la circulation d’un courant
B2 V
électrique, ou par un matériau aimanté (un aimant permanent) [1] . Em = (2)
La présence de ce champ magnétique en un point de l’espace 2␮
se traduit par une force ou un couple exercé sur des charges en
mouvement ou sur des matériaux de susceptibilité magnétique Il est important de noter que cette énergie croît avec le carré du
non nulle situés à cet endroit. Ce champ magnétique possède une champ magnétique.
direction et une intensité, il est donc représenté par un vecteur. L’unité employée dans le système international (SI) pour le
Lorsque ce champ magnétique n’est pas statique (variation champ magnétique est le tesla (T) ; une unité, plus maniable pour
temporelle), il n’existe plus seul. Il est alors obligatoirement les faibles valeurs de B, continue à être utilisée à tort : le gauss (G),
associé à un champ électrique également variable dans le temps avec pour correspondance 1 T = 10 000 G. Pour situer ces valeurs, le
pour former une onde électromagnétique. La présence d’un champ magnétique terrestre, qui oriente les aiguilles des boussoles
champ magnétique dans une région de l’espace correspond à une dans la direction du nord magnétique, est de l’ordre de 0,05 mT.
énergie magnétique (Em) donnée par : Dans les moteurs électriques, les champs générés sont bien plus
intenses, de l’ordre du tesla. En laboratoire, on a pu atteindre sur
 des aimants de recherche des champs très intenses de l’ordre de
B2
Em = dv (1) quelques dizaines de tesla (45 T en continu, 80 T en mode impul-
2␮ sionnel pendant quelques millisecondes) dans des volumes de
B : valeur du champ magnétique ; ␮ : perméabilité magnétique du quelques centimètres cube. Enfin, les champs magnétiques au sein
volume considéré. des étoiles à neutrons peuvent atteindre 109 T.

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Boucle de courant moteurs ou des transformateurs par exemple. L’emploi du fer per-
met alors de canaliser le champ magnétique, et donc d’augmenter
Un élément de fil conducteur (ou supraconducteur) parcouru
l’efficacité des systèmes.
par un courant I crée un champ magnétique dB (x, y, z) au point
La boucle de courant (Fig. 5) produit un champ magnétique
P de coordonnées (x, y, z) dans le vide (Fig. 3). La loi de Biot et
représenté sous la forme de lignes de champ dans la région
Savart permet de calculer ce champ :
d’intérêt et également d’une courbe de champ suivant l’axe
␮0 Idl∧ u z du système. L’association de cette boucle de courant à un
dB = (3) disque ferromagnétique (Fig. 6) modifie profondément la carto-
4␲ r2 graphie du champ. Deux effets importants sont mis en évidence
␮0 : perméabilité magnétique du vide [4␲ 10−7 H/m] ; vecteurs en sur les courbes de champ comparées de la boucle de courant
caractères gras. seule (Fig. 5) et de la boucle associée au disque (Fig. 6). La
Les géométries de conducteurs rencontrées en IRM sont le plus composante axiale (z) du champ est fortement renforcée entre
souvent des spires circulaires (Fig. 4), dans ce cas, le champ créé la bobine et le disque : le champ est concentré dans cette région.
suivant l’axe z de la spire s’exprime : En revanche, à droite du disque, le champ est fortement réduit :
le disque magnétique joue le rôle d’un écran, d’un blindage
␮0nI magnétique.
Bz [z] =   23 (4)
z2
2a 1 + a2 Matériaux permanents
Et au centre de la spire, le champ s’écrit tout simplement : Certains matériaux permettent de stocker de l’énergie magné-
tique. C’est le cas des ferrites très communément utilisées dans la
␮0nI vie courante (aimants de tableau, de couturière) et de matériaux
Bz [0] = (5)
2a plus énergétiques néodyme-fer-bore (NdFeB) et samarium-cobalt
(SmCo) (Tableau 1). Ces matériaux, une fois initialement aiman-
a : rayon de la bobine ; n : nombre de tours de fil ; I : courant
tés dans un champ magnétique, conservent une aimantation
parcourant le fil.
permanente. C’est ce qui peut être remarqué sur une courbe
d’aimantation : même à excitation nulle, l’aimantation du maté-
Matériaux ferromagnétiques riau persiste. On parle de matériau dur par opposition aux
Certains matériaux sont bien plus perméables au champ magné- matériaux doux, vus précédemment. Générateurs de champ
tique que l’air de perméabilité ␮0. C’est le cas du fer dont la magnétique à leur tour, ces matériaux peuvent être employés pour
perméabilité ␮ peut être de quelques milliers de fois supérieure à construire des aimants (Fig. 7).
celle de l’air (du vide). Malgré tout, dans la majorité des cas, le
calcul précis de l’influence du matériau sur le champ magné-
tique est complexe, car la courbe d’aimantation du matériau en Champ magnétique statique, l’aimant
fonction de son excitation M = f (H) est non linéaire. Ces maté- d’imagerie par résonance magnétique
riaux sont largement utilisés en électrotechnique pour réaliser des
Deux fonctions, deux aimants ?
Le champ magnétique statique en IRM a deux fonctions. D’une
u Figure 3. Champ magnétique part, créer l’aimantation nucléaire M0 de l’échantillon placé dans
I dl dB dB créé au point P par un élément
r
M P de courant I dl. Tableau 1.
Caractéristiques des matériaux permanents. Le champ rémanent indique
l’intensité du champ résiduelle lorsque le matériau a été préalablement
aimanté. L’énergie spécifique correspond à l’énergie magnétique stockée
par mètre cube de matériau.
Figure 4. Champ magnétique Bz créé sur
a l’axe par une boucle de courant de rayon a, Matériau Champ Énergie spécifique
B z
n, I comportant n spires parcourues par un courant rémanent (T) (kJ/m3 )
I.
Ferrites (Fe2 O3 ) 0,4 25
Fer-terres rares (NdFeB) 1,2 300

Boucle Figure 5. Création d’un champ magnétique par


400 B un courant : lignes de champ dans la région
d’intérêt, profil du champ suivant l’axe z.
0,18
0,17
300 0,16
BZ (T)

0,15
0,14

0,13
0 50 100 150 200 250
I 200 z (mm) Z
Z

100

0 Z
0 50 100 150 200 250 300
z (mm)

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Boucle Figure 6. Création d’un champ magnétique par


400 B un courant canalisé par du fer : lignes de champ
dans la région d’intérêt, profil du champ suivant
0,25 l’axe z. En rouge le champ dû à la boucle en
l’absence de fer, en bleu, en présence du fer.
0,20
300

BZ (T)
0,15

0,10

I 200 0 50 100 150 200 250


Z z (mm) Z

100

Fer doux
0
Matériau 0 50 100 150 200 250 300 Z
ferromagnétique
à forte perméabilité (μ) z (mm)

Aimant permanent Figure 7. Création d’un champ magnétique


400 par un aimant permanent en forme de disque :
B
lignes et carte de champ dans la région d’intérêt.
0,090
0,085
BZ (T)

300 0,080
0,075
0,070

0 50 100 150 200 250


Z 200 z (mm) Z

100

Ferrite, NdFeB, … :
énergie magnétique 0 Z
stockée dans le matériau 0 50 100 150 200 250 300
z (mm)

mais que son uniformité importe peu. En revanche, le champ


B01 B02 B02 est obligatoirement très uniforme, mais cette fois sa valeur
importe moins. Pourtant, tous les appareils employés aujourd’hui
en pratique clinique mettent en œuvre un unique champ magné-
tique B0 = B01 = B02 à la fois intense et uniforme pour réaliser ces
M0 M0
deux fonctions.
P ω0
P
Cahier des charges d’un aimant pour l’imagerie
par résonance magnétique
La conception d’un aimant pour l’IRM clinique doit répondre
Figure 8. Les deux fonctions du champ magnétique. Le champ B01 à un cahier des charges précis, dont les paramètres essentiels sont
polarise l’échantillon (M0 ). Le champ B02 fixe la pulsation du signal (␻0 ). décrits dans la suite.
Intensités de champ
l’aimant, cette aimantation étant proportionnelle au champ B01 Les valeurs du champ magnétique créé vont de quelques
appliqué et, d’autre part, permettre l’observation du signal de pré- dixièmes de tesla à 3 T pour l’imagerie du corps entier en clinique.
cession libre de cette aimantation lors de son retour à l’équilibre En laboratoire, la gamme utilisée est bien plus large : depuis 50 ␮T
après une perturbation RF. Ce retour à l’équilibre de l’aimantation (le champ terrestre a été utilisé) jusqu’à plus de 9 T.
s’effectue à pulsation de Larmor ␻ = ␥ B02 , ␥ étant le rapport gyro-
magnétique spécifique du noyau étudié. Pour le proton à 1 T, cela Uniformité du champ
correspond à une pulsation ␻ de 267 × 106 rd/s ou à une fréquence L’uniformité (homogénéité) du champ B0 sur le volume
F = ␻/2␲ = 42,577 MHz (Fig. 8). d’intérêt est primordiale pour assurer une unique fréquence de
Dès les années 1950, des pionniers de la RMN préconisent résonance pour toutes les parties de l’objet que l’on place dans
l’emploi de deux champs magnétiques différents pour réaliser l’aimant. Cette uniformité s’exprime en général en valeur rela-
ces deux fonctions [2] . En IRM, cette proposition reste fondée. tive : B/B0 et les valeurs recherchées sont très faibles, de l’ordre
Des préoccupations de rapport signal/bruit et donc de qualité de de quelques 10−6 (ou parties par million [ppm]) (Fig. 9). C’est cer-
l’image montrent, en effet, que le champ B01 doit être intense, tainement la caractéristique la plus impressionnante : il s’agit de

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concevoir puis de réaliser un système magnétique qui produit par Solutions technologiques
exemple un champ de 1 T à ±1 ␮T sur un volume de quelques
Le champ magnétique peut être créé par des circuits conduc-
dizaines de litres. Cette uniformité correspond à une très faible
teurs ou supraconducteurs parcourus par un courant, par des
dispersion des fréquences de résonance des protons du volume
matériaux permanents, ou également par une combinaison de ces
considéré : à 1 T, la fréquence de résonance du proton est de
différents moyens avec des matériaux magnétiques.
42,5 MHz, et la dispersion en fréquence due au ±1 ppm de défauts
du champ est de ±40 Hz seulement. Aimants supraconducteurs
Alors que les aimants communément réalisés utilisent des
Stabilité du champ conducteurs tels que le cuivre ou l’aluminium, lorsqu’il s’agit
L’acquisition d’une image dure typiquement quelques minutes, d’atteindre des champs intenses en IRM, le principe reste le même,
durant lesquelles la référence de fréquence (l’intensité du champ mais du fil supraconducteur est alors employé.
magnétique) doit rester constante pour assurer la qualité de Création d’un champ intense et uniforme. En suivant un
l’image. Ainsi, des stabilités temporelles de l’ordre de 0,1 ppm/h cahier des charges minimal, une spire circulaire de 1 m de dia-
sont recherchées. mètre permet bien l’accès du patient au centre du système. Il s’agit,
par exemple, d’y créer un champ de 1,5 T (Fig. 10). La formule
Contraintes spécifiques à l’imagerie par résonance de l’Eq. (5) indique que le terme nI (ampère-tour) parcourant la
magnétique clinique bobine doit être de l’ordre de 1 250 000 At. Les sections de conduc-
teurs couramment utilisées supportent des courants de l’ordre
L’observation du corps humain impose des contraintes fortes
de quelques centaines d’ampères au maximum. Il faut donc,
pour la conception de l’aimant. L’accès du patient au centre de
par exemple pour I = 500 A, utiliser 2500 spires (ou tours), ce qui
l’aimant impose sa géométrie. Le confort du patient, lorsqu’il est
correspond à une longueur totale de 8 km de fil. Cette longueur est
recherché, conduit à des aimants très ouverts et volumineux. Il
représentative de ce qui est utilisé dans un aimant d’IRM : pour un
en est de même en imagerie interventionnelle où l’accès du pra-
aimant activement blindé de 1,5 T, une longueur de fil de 40 km
ticien à la région examinée doit être aisé. En outre, l’aimant doit
est courante.
être installé en milieu hospitalier au voisinage d’un grand nombre
Malgré tout, le profil du champ (Fig. 10) est très peu uniforme
d’équipements qui pourraient être perturbés par le champ magné-
B/B = 30 % à 0,2 m du centre, ce qui est totalement incompa-
tique créé ou, réciproquement, perturber l’appareil d’IRM. Il faut
tible avec un cahier des charges d’aimant pour IRM. La répartition
donc également prendre en compte ces contraintes dès la concep-
des spires le long de l’axe z (axe du patient) permet d’améliorer
tion du système magnétique (cf. infra). L’éventail des solutions
technologiques accessibles à un coût raisonnable est ainsi forte-
ment restreint : la majorité des aimants disponibles sur le marché
r I = 500 A
ont une forme de long « tuyau » ; les perturbations magnétiques
dues au champ statique de l’aimant sont réduites par un blindage n = 2500 tours de fil
magnétique. Dans le paragraphe suivant, les solutions technolo-
giques envisageables sont déclinées.
Rayon a = 0,5 m

B0 Z
B0 (T)
B0 (T)

ΔB0/B0 ppm 1,50


1,25 ΔB0
1
0,75
0,50
0,25

Z
Région d'intérêt -1 -0,5 0 0,5 1 Z (m)

Figure 9. Uniformité du champ magnétique mesurée dans la région ou Figure 10. Bobine théorique permettant l’accès du patient et générant
le volume d’intérêt. ppm : parties par million. un champ de 1,5 T.

Solénoïde à encoches Figure 11. La répartition longitudinale des


(3 paires de bobines) conducteurs permet d’obtenir des champs très
B0 (T) uniformes au détriment de la longueur de l’aimant.
Axe x (mm)
500 D 500 mm
0
-500 1,500 ΔB0/B0 10-6
1,495
1,490
500
1,485
0 B0
1,480
-500
1,475
Z
-0,4 -0,2 0 0,2 0,4 Z (m)
-500
0
Axe z (mm) 500

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Densité de courant (A/cm2) B0


Bmax μ0 E Va
Fil à l'état supraconducteur N N Vb
Va/2 Va/2
105 Vb

Surface
Figure 13. Champ magnétique créé entre deux blocs d’aimant perma-
critique
nent.

10 emmagasinée par l’aimant est de proche en proche dissipée sous


10
forme de chaleur. Cette chaleur dégagée vaporise à son tour
l’hélium encore liquide dans un processus d’emballement. Des
évents sont ménagés à la partie supérieure de l’aimant pour évi-
Température (K) Champ
ter une explosion de celui-ci. En effet, un litre d’hélium liquide
magnétique (T)
se vaporise en 700 litres d’hélium gazeux à la pression atmosphé-
Figure 12. Surface critique pour un fil supraconducteur (NbTi par rique, et il faut donc évacuer rapidement tout cet hélium gazeux.
exemple). À l’intérieur du volume, le fil est supraconducteur. L’alternative retenue aujourd’hui à ce remplissage périodique
est l’utilisation d’un système de recondensation de l’hélium
gazeux dégagé en hélium liquide, qui est ensuite recyclé dans le
significativement l’uniformité du champ au prix d’une plus
cryostat. Cela se fait par une tête froide alimentée par un réfri-
grande longueur de l’aimant. Les aimants pour IRM utilisent large-
gérateur cryogénique qui nécessite une puissance électrique de
ment ce principe en répartissant judicieusement les conducteurs
quelques 5 à 10 kW. Les pièces en mouvement de ce système (com-
sur une grande extension axiale, de l’ordre de 1,5 m, cela expli-
presseur) peuvent poser des problèmes de fiabilité et/ou causer des
quant l’aspect en tube de la majorité des aimants (Fig. 11).
vibrations préjudiciables à la qualité de l’image.
Supraconducteurs et cryogénie. Lorsque des champs
intenses, supérieurs à quelques dixièmes de tesla, sont recher- Aimants permanents
chés, le bobinage d’un fil conducteur en cuivre ou en aluminium Lorsque des champs de quelques dixièmes de tesla sont recher-
n’est plus envisageable pour des raisons de puissance dissi- chés, l’aimant permanent fournit une alternative élégante aux
pée. La technologie supraconductrice devient la seule possible systèmes supraconducteurs. Il s’agit de stocker une énergie magné-
économiquement. Les matériaux supraconducteurs offrent la tique de manière permanente dans un matériau magnétique
particularité de ne présenter aucune résistance au passage du « dur ». Le principe est le même que celui des aimants que l’on
courant lorsque trois conditions sont remplies simultanément : colle sur les tableaux ou les portes des réfrigérateurs.
une température inférieure à la température critique de transition Les matériaux utilisés sont en général des ferrites peu coûteuses,
(typiquement une dizaine de kelvins), une densité de courant mais qui stockent peu d’énergie magnétique par unité de volume
inférieure à la valeur maximale admissible dans le fil et enfin ou des alliages fer-terres rares (NdFeB) qui sont bien plus efficaces
un champ magnétique sur fil inférieur à la valeur critique pour mais d’un coût plus élevé. Les caractéristiques principales de ces
le fil considéré (Fig. 12) (pour du niobium-titane [NbTi]). Les matériaux sont résumées dans le Tableau 1.
fils utilisés sont en général constitués de filaments de NbTi ou Une configuration très simple de création d’un champ magné-
niobium-étain (Nb3Sn) stabilisés par du cuivre (Fig. 12). En tique est représentée (Fig. 13) : deux blocs de matériau permanent
effet, le cuivre fournit un chemin parallèle de faibles résistances sont placés en vis-à-vis et entre le pôle nord de l’un et sud de
thermique et électrique pendant les éventuelles perturbations l’autre un champ magnétique est créé. On retrouve ici de manière
du supraconducteur. Les bonnes propriétés mécaniques du NbTi plus explicite, que dans le cas des aimants résistifs et supraconduc-
permettent une réalisation relativement simple de bobinages teurs, la notion de compromis énergétique associée à la création
supraconducteurs, en revanche la mise en œuvre du Nb3Sn est d’un champ : le champ créé croît avec le volume Va de matériau
plus complexe et donc coûteuse. Néanmoins, les performances utilisé et l’énergie magnétique stockée dans le matériau (Fig. 13).
obtenues sont bien meilleures en termes de champ critique et En revanche, le champ décroît avec l’augmentation du volume
permettent donc de construire des aimants à très haut champ. Il d’intérêt Vb (espace ménagé pour le patient). À l’aide de cette for-
faut noter que l’industrie de l’IRM est le premier consommateur mule, on peut évaluer très approximativement qu’un volume de
mondial de fil supraconducteur. Le coût du fil supraconducteur 0,2 m3 de NdFeB est nécessaire pour créer un champ de 0,2 T sur un
en NbTi est de l’ordre de 1 D/kA/m. Ainsi, le prix du mètre de fil volume de 2 m3 . Le champ créé par cette configuration simpliste
supraconducteur acceptant un courant nominal de 500 A est de ne convient pas à l’IRM, car il est bien peu uniforme. À nouveau,
l’ordre de 0,5 D. Les températures critiques indiquées ci-dessus il s’agit de créer un champ intense et uniforme. Deux grandes
sont en général respectées en plongeant le fil supraconducteur familles d’aimants permanents permettent de répondre à cette
dans un bain d’hélium liquide dont la température est de 4,2 K. préoccupation. Dans la première famille (aimant en H) l’énergie
Un aimant pour IRM est dans la majorité des cas de forme magnétique stockée dans les blocs de matériau permanent est
cylindrique et de diamètre suffisant pour ménager un accès du canalisée par deux pièces polaires réalisées en fer doux pour créer
patient, de ce fait, le volume nécessaire pour faire baigner tous les un champ uniforme dans la région centrale de l’aimant (Fig. 14A).
bobinages dans l’hélium liquide est de l’ordre du millier de litres. C’est le profil des pièces polaires, dont la géométrie est précisé-
Le coût de cet hélium est aujourd’hui d’environ 10 D par litre. ment contrôlée par usinage qui détermine l’uniformité du champ
Le cryostat, conteneur de cet hélium, doit être particulièrement magnétique. Dans la seconde famille, le retour du flux magnétique
isolant thermiquement de manière à éviter la vaporisation et est effectué unilatéralement par un seul circuit magnétique don-
donc la déperdition rapide de l’hélium contenu qui est à une nant une forme en C à l’aimant. Ainsi, ces aimants ouverts offrent
température de 4,2 K à comparer à la température de la pièce de un large accès au patient et sont donc plus adaptés à l’imagerie
plus de 300 K. interventionnelle (Fig. 14B).
Malgré tout, une évaporation résiduelle de l’ordre de quelques
dizaines de millilitres par heure est inévitable. Le remplissage du Comparaison
cryostat à intervalles réguliers est donc nécessaire pour éviter Ces différents types d’aimants présentent bien évidemment
une transition de l’aimant (passage du fil de l’état supraconduc- des avantages et des inconvénients respectifs que l’on peut
teur à l’état normal lorsque les conditions de supraconductivité résumer de manière schématique (Tableau 2). Malgré tout, ce
ne sont plus remplies). En effet, si une partie du fil supracon- panorama n’est pas exhaustif : des solutions combinant du maté-
ducteur n’est plus maintenue à une température inférieure à sa riau ferromagnétique doux et un aimant résistif (électroaimant)
température critique, le fil devient résistif et l’énergie magnétique ou un aimant supraconducteur sont en particulier utilisées. La

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Figure 14. Deux structures d’aimant permanent


utilisées en imagerie par résonnance magnétique.
A. Aimant permanent à pièces polaires (H).
Matériau B. Aimant permanent en forme de C.
permanent

Pièces
polaires

Fer

A B

Tableau 2. d’obtenir une meilleure uniformité. Le système de compensation


Comparaison des technologies d’aimants. complet comporte une douzaine de bobinages différents et autant
Type d’aimant Avantages Inconvénients d’alimentations en courant qui permettent de régler indépendam-
ment les courants circulant dans les différents bobinages et ainsi
Permanent Ne nécessite pas Solution à champ faible d’annuler les défauts de champ dus à chaque terme du dévelop-
d’énergie pour (< 0,4 T) pement du champ. Dans un repère cartésien, ces compensations
maintenir le champ Masse (de 6 à 12 tonnes sont par exemple : X, Y, Z, XY, ZX, Z2, Z3, Z2X, etc. [3] . Ces bobi-
Faible extension du pour 0,1 à 0,3 T) nages peuvent être eux-mêmes supraconducteurs (compensations
champ de fuite Nécessite une
froides) et/ou réalisés en cuivre (compensations chaudes). Cha-
température très stable
cun de ces bobinages compensant un type de défaut de champ,
pour assurer la stabilité
l’addition de ces champs de compensation permet de corriger
du champ
les défauts du champ principal pour retrouver une uniformité
Supraconducteur Solution à haut champ Coût élevé proche de l’uniformité théorique (Fig. 15B) : somme du champ et
(> 0,5 T) Consommation de
de la compensation. Le calcul des masses et positions de matériau
Très bonne stabilité fluides cryogéniques
magnétique et/ou des courants à injecter dans les bobines est réa-
temporelle (de l’ordre (hélium) ou
lisé à l’aide de logiciels qui résolvent un problème inverse : à partir
de 10−7 /h) alternativement
puissance électrique
d’une mesure précise de la carte de champ initiale de l’aimant,
pour la recondensation les courants ou les masses et positions de matériaux ferroma-
de l’hélium gnétiques sont déterminés. Les courants de compensation sont
réajustés pour chaque patient, en particulier lors d’examens spec-
troscopiques qui nécessitent une parfaite uniformité du champ
dans la région observée.
canalisation du champ par des matériaux ferromagnétiques per-
met alors d’augmenter l’efficacité de l’aimant au détriment de la
masse. Enfin, la valeur de champ choisie conditionne largement Blindage des aimants
le choix de la technologie. Ainsi, pour des valeurs de champ B0 Le champ créé par l’aimant ne s’arrête pas aux bords de celui-ci.
supérieures à 1 T, la solution supraconductrice devient incontour- La création d’un champ intense et uniforme au centre d’une struc-
nable. ture magnétique (Fig. 16) occasionne également la création d’un
fort champ de fuite à l’extérieur de l’aimant. Ce champ magné-
tique résiduel crée des perturbations sur des équipements (tubes
Uniformité des aimants réels cathodiques, microscopes électroniques, équipements informa-
Le calcul d’un aimant pour IRM aboutit généralement à une tiques) et/ou des personnes (porteurs de prothèses métalliques,
uniformité théorique de quelques parties par millions (ppm) sur de stimulateurs cardiaques). Ainsi, les régions dans lesquelles le
un volume important, typiquement une sphère de 0,4 m de dia- champ magnétique est supérieur à 0,5 mT, soit environ dix fois le
mètre. Les calculs supposent un aimant idéal constitué de bobines champ magnétique terrestre, font l’objet de restrictions d’accès [4] .
ou d’aimants de caractéristiques parfaitement connues et placés Suivant la réglementation internationale, des affiches « attention :
très précisément au dixième de millimètre près. La réalisation pra- champ magnétique intense » doivent signaler l’entrée dans cette
tique introduit des imperfections géométriques, et pour prendre zone. Pour les patients devant subir une IRM, un questionnaire ou
le cas d’un aimant supraconducteur, la mise en froid de la bobine, un entretien permet de définir un risque éventuel pour le patient
qui passe de 300 K à 4,2 K, puis la mise sous champ de l’aimant et donc de l’autoriser ou non à subir l’examen.
introduisent des contraintes thermiques et des forces magné- À l’inverse, des champs magnétiques perturbateurs extérieurs
tiques entre bobinages qui occasionnent un déplacement des ou des masses magnétiques extérieures à l’aimant, à l’arrêt ou
conducteurs. Le champ créé, s’il est mesuré après ces étapes, est en mouvement, peuvent perturber l’acquisition des signaux de
généralement très peu uniforme (de l’ordre de 500 à 1000 ppm RMN s’ils dégradent l’uniformité spatiale ou font varier durant
sur le volume d’intérêt). Il s’agit donc de compenser ces défauts l’acquisition la valeur du champ magnétique à l’intérieur de
de champ pour revenir à des valeurs proches des données théo- l’aimant. Ce sont en particulier des masses ferromagnétiques
riques. Des systèmes de compensation passifs et/ou actifs sont proches (armatures du béton, ascenseurs, véhicules, etc.).
alors mis en œuvre. Les compensations passives sont constituées Pour des raisons liées à la qualité de l’image, mais surtout pour
de petits éléments de matériau ferromagnétique placés à des posi- permettre l’installation du système d’imagerie sur une surface res-
tions précises sur la surface intérieure du tunnel de l’aimant. Cette treinte disponible quelle que soit sa situation (son environnement
opération est réalisée une fois pour toute lors de l’installation de magnétique), il est nécessaire de blinder les aimants, c’est-à-dire de
l’aimant sur le site. Les compensations actives sont constituées de limiter considérablement l’extension de leur champ de fuite. En
bobinages réalisés sur un support cylindrique et alimentées par des effet, pour reprendre l’exemple des aimants supraconducteurs qui
courants de faible intensité (quelques ampères au maximum). Un créent les champs les plus élevés et qui possèdent donc les champs
exemple de bobinages compensant un défaut du troisième ordre de fuite les plus gênants, un aimant conventionnel produisant un
est présenté sur la Figure 15A ; le champ créé suivant l’axe du bobi- champ de 1,5 T, l’extension de la ligne des 0,5 mT est de l’ordre
nage est représenté sur la Figure 15B. Ce champ opposé au défaut de ±9 m dans l’axe de l’aimant et de ±6 m radialement (Fig. 16).
initial du champ B0 permet par simple addition des deux champs L’emprise au sol est donc d’environ 200 m2 et s’étend également

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35-209-A-10  Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement

Figure 15. Bobinages de compensation d’un


défaut du troisième ordre en z et correction de
Bobinages B0 +/– ΔB0 l’uniformité du champ B0 . Le défaut de champ ini-
tial (en bleu) ajouté à la compensation (en rouge)
B0 (G) Compensation Z3 produit un champ (en vert) bien plus uniforme (A,
3 B).
-i1 -i2 +i1 +i2 2 +
1
0
Z –1
–2
–3
–0,4 –0,2 0 0,2 0,4
Z (m)
= B0 +/– δB0

A δB0 << ΔB0 B

Aimant
sans blindage

Z
B0 B0 (T) Z (m)
0,5 6 Aimant
1,5 9
3,0 12

Région des 0,5 mT (5 G) Tôles : 100 m2


de 1 à 10 mm d'épaisseur
soit 1 à 10 tonnes (1,5 T) à
Figure 16. Aimants supraconducteurs et champ de fuite. L’extension quelques 100 tonnes (7T)
de la ligne des 0,5 mT croît rapidement avec le champ B0 . G : gauss.
Figure 17. Blindage de la salle contenant l’aimant supraconducteur.

verticalement sur trois ou quatre étages (2000 m3 ). Les contraintes


de coût de location ou d’acquisition des surfaces nécessaires à blème du blindage. L’idée est simple, il s’agit de réaliser un
l’exploitation d’un tel équipement sont donc prohibitives. Les « contre-champ » à l’intérieur même de l’aimant, en rajoutant
solutions passent par un blindage de l’aimant qui peut être passif sur un diamètre supérieur à celui de l’aimant initial, des bobines
ou actif. parcourues par un courant opposé à celui de l’aimant principal
(Fig. 18A). Ces bobines vont réduire le champ magnétique au
Blindage passif centre de l’aimant, il faut donc augmenter le courant et/ou le
Des matériaux ferromagnétiques doux (tôles de fer silicium par nombre de tours de l’aimant principal. Dans l’exemple présenté,
exemple) sont utilisés pour réaliser ce blindage passif qui porte le champ produit par les bobinages internes doit être d’environ 2 T
d’ailleurs mal son nom, car le matériau magnétique ne réagit pas pour compenser les 0,5 T retirés par les bobines externes (Fig. 18B),
de manière figée au champ magnétique de l’aimant. Suivant la et donc obtenir le champ escompté de 1,5 T. À grande distance
valeur du champ appliqué sur la tôle, celle-ci va réagir en fonction de la structure magnétique (quelques mètres), le champ créé par
de sa courbe d’aimantation B = f (H), ce qui d’ailleurs explique la l’aimant principal et celui créé par le contre-champ s’opposent,
complexité du calcul de tels blindages, car en situation réelle, il est et la résultante est nulle ou très faible, et donc l’extension de la
indispensable de prendre en compte la non-linéarité de la courbe ligne des 0,5 mT est significativement réduite par rapport à celle de
d’aimantation du matériau. l’aimant sans blindage (Fig. 18C). En revanche, le coût de l’aimant
Blindage de la pièce. Une fois choisie la pièce dans laquelle est accru, car il faut augmenter le nombre de tours de fil dans les
doit être installé l’aimant (salle d’examen), le blindage peut être bobines qui, si elles étaient connectées en série, produiraient, dans
réalisé en tapissant les parois de la pièce de tôles de matériau cet exemple caricatural, un champ de 2,5 T (2 + 0,5). Les volumes
ferromagnétique (Fig. 17). Ces tôles sont d’autant plus épaisses du cryostat et de l’hélium nécessaires pour cet aimant blindé sont
que rapprochées de l’aimant pour prendre en compte la non- également augmentés. Malgré tout, cela reste la solution de choix,
linéarité citée précédemment. L’objectif assigné est en général de pour des champs de 3 T et moins.
réduire à moins de 0,5 mT le champ à l’extérieur de la salle, ainsi
la restriction d’accès « champ magnétique intense » est limitée à
cette salle. Le calcul précis du blindage reste complexe et surtout Optimisation d’une structure magnétique :
doit être refait au cas par cas, les configurations géométriques compromis qualité-coût
n’étant jamais les mêmes. Malgré tout, pour donner des ordres
L’énergie magnétique stockée dans un aimant d’IRM est pro-
de grandeurs, des épaisseurs de blindage de quelques millimètres
portionnelle au volume sur lequel le champ est créé et au carré de
au centimètre suffisent en général pour des aimants de 1,5 T. En
revanche, pour des appareils à champ de 7 T, utilisés en recherche la valeur de ce champ (cf. Eq. (2)). À nouveau, de manière quali-
clinique par exemple, des blindages de l’ordre de la centaine de tative, l’énergie stockée dans l’aimant est représentative du coût
tonnes doivent être réalisés. de fabrication et de fonctionnement de cet aimant, le volume
étant, quant à lui, lié à l’accès du patient en totalité ou partie
Blindage actif (aimant dédié à une région anatomique), et à l’ouverture de la
Le blindage actif de l’aimant a été proposé à la fin des années structure magnétique (aimant pour l’imagerie interventionnelle
1980 [5] , c’est une solution « élégante » et surtout légère au pro- par exemple) (Fig. 19). La notion de compromis apparaît ainsi

8 EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection


Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement  35-209-A-10

interventionnelle coûte bien plus cher, car l’ouverture de l’aimant


augmente significativement le volume sur lequel le champ est créé
(Fig. 19).
Outre l’augmentation du champ magnétique statique durant
cette dernière décennie, le diamètre d’accès du patient est passé
B0 de 60 cm il y a encore quelques années à 70 cm désormais. Dans
le même temps, la longueur de l’aimant a également été dimi-
nuée significativement, passant de près de 1,9 m à 1,4 m pour
les aimants les plus courts à champ de 1,5 T. Ainsi, d’une part,
les patients obèses peuvent désormais être examinés par IRM et,
A d’autre part, le sentiment de claustrophobie est largement réduit.
Champ le long de l'axe z Ces aimants courts rendent également possible la mise en place de
2 procédures interventionnelles. Ces éléments combinés expliquent
certainement la quasi-disparition des aimants verticaux ouverts à
1,5 champ de 0,7 ou 1 T au profit de ces aimants cylindriques plus
B0 (T)

1 conventionnels et moins coûteux.


Les développements d’aimants non conventionnels demeurent
0,5 donc marginaux à l’heure actuelle. Il faut néanmoins citer
0 les systèmes dédiés à l’examen de la tête ou des membres,
ainsi que les IRM permettant l’examen du patient en position
-0,5 debout [6] .
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 Enfin, le coût croissant de l’hélium relance l’intérêt de solutions
z (m) supraconductrices à moyenne température (39 K pour le dibo-
B rure de magnésium) ou haute température (93 K pour les oxydes
0,0030 Champ le long de l'axe z mixtes de baryum de cuivre et d’yttrium) [6] . Ces températures de
transition élevées permettent le développement d’aimants qui ne
0,0025 nécessitent plus l’usage de liquide cryogénique.
0,0020
B0 (T)

0,0015 Gradients de champs magnétiques


0,0010
Le système de gradient de champ magnétique a une fonction :
0,0005 créer un codage de l’espace géométrique vers la fréquence ou la
phase du signal de RMN. Ce codage se fait conventionnellement
4 6 8 10 dans un repère cartésien, on associe donc à chacun des axes x,
z (m) y ou z une variation linéaire du champ magnétique dans cette
C direction (Fig. 20) en prenant l’exemple d’un champ B0 directeur
Figure 18. Blindage actif des aimants supraconducteurs. orienté suivant l’axe z du repère cartésien.
A. Configuration avec contre-champ.
B. Champ résultant en vert. Gradient, fréquence, phase, résolution spatiale
C. Champ de fuite de la configuration en A comparée au champ de fuite Pour agir sur la fréquence ou la phase du signal provenant d’un
d’un aimant non blindé (courbe rouge). point P (x, y, z) de l’échantillon, il suffit de modifier le champ
directeur Bz en ce point, suivant un axe quelconque du repère :
Bz (x, y, z) = B0 + Gx x + Gy y + Gz z (6)
Énergie magnétique stockée
dans un champ B0 : D Les termes Gx, Gy et Gz représentent les amplitudes des
E B02 V gradients suivant les axes considérés ou, plus simplement, les
B0
variations spatiales du champ magnétique suivant la direction
V considérée ; par exemple : Gx = dBz/dx.
En considérant non plus le champ magnétique, mais la fré-
quence, on obtient :
coût de l'aimant, Champ Volume, permettant au minimum
 
F (x, y, z) = ␥ B0 + Gx x + Gy y + Gz z /(2␲) (7)
masse, volume, He, … l'accès du patient
(plus si intervention) Ou si ce gradient est appliqué pendant un temps t, la phase
3 T : énergie x 4 accumulée par le signal RMN au bout de ce temps d’application
7 T : énergie x 20 (30 tonnes, 350 km de fil) est :
B0 : 1,5 T  
0,7 T : énergie/4 ␾(x, y, z) = 2␲tF (x, y, z) = ␥ B0 + Gx x + Gy y + Gz z t (8)
Et/ ou du volume pour
0,3 T : énergie/25 l'imagerie interventionnelle Il est important de noter que la fréquence ou la phase sont
des scalaires qui ne portent pas de direction, et donc que
Figure 19. Énergie magnétique et compromis entre champ et accès. l’application de plusieurs gradients simultanément permet de
coder l’information suivant des plans obliques, ce qui est large-
ment utilisé en imagerie pour réaliser des vues des organes suivant
immédiatement. En prenant pour référence un aimant conven- des plans anatomiques d’intérêt (cœur par exemple) plutôt que
tionnel, à champ de 1,5 T par exemple, l’accroissement du champ suivant le repère cartésien du système. En revanche, cela implique
à 3 T correspond à une énergie stockée multipliée par quatre ; en que le codage d’une coupe ou d’un volume de l’objet nécessite
passant à 7 T, l’énergie est multipliée par 20, un tel aimant corps l’application séquentielle des codages suivant deux ou trois direc-
entier nécessitant quelques centaines de kilomètres de fil supra- tions de l’espace (codage par la fréquence, et codage(s) par la
conducteur et atteignant une masse d’une trentaine de tonnes ! phase) (Fig. 2).
L’influence du volume dans lequel est créé le champ peut être La dimension r du plus petit élément codé dans l’image est
évaluée de la même manière. En prenant le même système de réfé- directement liée à l’amplitude du gradient G et à sa durée
rence, un aimant dédié à l’examen des articulations (bras, jambes) d’application T :
stocke une énergie magnétique une trentaine de fois plus faible.
À l’inverse, le développement d’un aimant ouvert pour l’imagerie r ∼ 1/(GT) (9)

EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 9


35-209-A-10  Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement

Figure 20. Gradients de champ magnétique : trois


z
directions spatiales, trois gradients.

y
Bz
Gz = z
z

30
Bz 20 10
Gx =
x 10 8
Bz
Gy = 0 6
y
2 4
4
6 2
8
0
10
x
x

y B0 Exemple : Gx

Figure 21. Gradient de champ magnétique lon-


-i i gitudinal, paire de Maxwell.
a

3 a
zc =
2
-zc zc Z

r (x ou y)
Bz
Bz
0,01
30
20 10
0,005
10 8
0 Z
0 6
-0,005 2 4 Axe r
4
6 2
-0,01 8
Axe z 10
-1 -0,5 0 0,5 1 Z

Bz
Bz [z] = Gzz, avec Gz =
z

Cela explique la recherche d’amplitudes fortes des gradients, dBz/dx. La solution initiale remonte aux années 1950 avec la pro-
mais également une commutation rapide de ceux-ci. position de bobines en forme de selle de cheval pour créer des
gradients pour la RMN haute résolution [8] . Un schéma simplifié
de ces bobines est présenté sur la Figure 22A. Les sens des cou-
Réalisation rants sont choisis de telle sorte que, par antisymétrie, le champ
La réalisation d’un gradient de champ magnétique axial (sui- créé sur l’axe y = 0 soit nul. Pour des valeurs de y positives, le
vant la direction du champ B0 = Bz) est obtenue simplement en champ Bz créé par les bobines supérieures est prédominant et croît
faisant passer du courant dans deux boucles, comme pour les lorsque l’on s’approche des bobines. À l’inverse, en y négatif, le
aimants, mais cette fois, il s’agit de créer une variation linéaire champ Bz créé est négatif. Le calcul précis des bobines permet
du champ suivant l’axe z et les courants sont donc opposés dans d’obtenir une variation de champ linéaire ; au total, un gradient
les deux bobines (Fig. 21). Dans la configuration de Maxwell, les de champ Gy = dBz/dy est créé (Fig. 22B). De manière plus réa-
deux bobines sont séparées suivant l’axe z de manière à annuler le liste, ces bobinages sont en général inscrits sur la surface d’un
terme de défaut de linéarité du troisième ordre, et le premier défaut cylindre entourant le patient (Fig. 22C). Le gradient Gx = dBz/dx
est donc du cinquième ordre. La variation de champ créée par ce est obtenu à l’aide d’un jeu de bobines similaire, mais tourné d’un
gradient longitudinal est donc bien linéaire suivant l’axe z et indé- quart de tour autour de l’axe du cylindre. Ainsi, le jeu complet de
pendante des deux autres directions spatiales, x et y. L’ajout d’une gradients comporte trois bobinages. Une réalisation pratique de ce
seconde paire de bobines permet d’améliorer significativement la jeu de trois gradients est représentée sur la Figure 23. Le diamètre
linéarité du gradient [7] . du bobinage est de l’ordre de 60 cm pour permettre l’accès du
La création des deux autres gradients dans les directions x et y patient. Les amplitudes des gradients produits par ce système un
n’est pas si simple. La rotation de l’ensemble des bobines précé- peu ancien sont de l’ordre de 10 mT/m pour des courants de l’ordre
dentes pour les aligner avec l’axe x par exemple ne produit pas de 50 ampères. Des systèmes récents produisent des gradients de
le gradient escompté : le champ créé est du type dBx/dx et non l’ordre de 40 mT/m avec des temps de commutation très brefs. Ces

10 EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection


Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement  35-209-A-10

Figure 22. Gradient de champ magnétique


Y Y transverse, selle de cheval.
A. Quatre bobines rouges.
B. Graphes avec flèches.
Bz C. Cylindre bleu.

Z Z

Bz
Bz[y] = Gyy, avec Gy =
y

A B C

V (V) I (A)

I 100
R
50
V
L 0
t (ms)
-50
-100

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3


Figure 23. Système de gradient : jeu complet Gx, Gy, Gz.
ΔT (100 μs)
Figure 25. Commutation du gradient : commande en courant (rouge)
du bobinage de gradient. La montée rapide du gradient impose une
Angles commande en tension (verte) rapide et importante.
(degrés)
Y
80 dBz/dy
b La commande du gradient est fournie par le séquenceur
0,4 (cf. infra) sous la forme d’une tension analogue au courant, et
40
0,2 donc au gradient, que l’on souhaite injecter dans le bobinage.
0 x (m) Une alimentation en courant connectée au bobinage convertit
0
la tension de commande en courant. La commutation rapide
-40 -0,2 du gradient impose des variations brusques de courant dans une
-80
-0,4 charge inductive et nécessite donc une réserve en tension impor-
0,5 -0,5
tante (Fig. 25). Ainsi, pour des applications typiques en IRM dans
0 0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 lesquelles des gradients de plusieurs dizaines de mT/m sont com-
-0,5 0,5 y (m)
z (m) z (m) mutés en quelques centaines de microsecondes, des alimentations
Représentation de 1/4 du bobinage Z (B0) de forte puissance, de l’ordre de la dizaine de kVA, sont nécessaires.
De telles puissances nécessitent en général un refroidissement
par circulation d’eau des bobinages de gradients et des alimenta-
Figure 24. Gradient de champ magnétique transverse optimisé.
tions. Pour faire un parallèle avec les calculs énergétiques effectués
dans le cas des aimants, on peut montrer que la puissance néces-
saire pour faire fonctionner un gradient croît très rapidement avec
temps de commutation sont souvent spécifiés sous forme d’une l’amplitude de celui-ci, et encore plus avec le diamètre du cylindre
pente donnée en T/m/s. Des valeurs de l’ordre de 200 T/m/s sont sur lequel le gradient est réalisé (Fig. 26).
communes désormais, cela signifie qu’un gradient de 40 mT/m
peut être établi en un temps d’environ 200 ␮s. La forme précise
du bobinage est optimisée pour améliorer les performances du gra- Courants de Foucault et leur minimisation
dient en termes de linéarité et d’efficacité (temps de commutation Les champs magnétiques créés par les bobinages de gradients ne
et puissance consommée minimisés). Un exemple de bobinage de sont pas limités à l’intérieur du cylindre sur lequel ils sont bobi-
gradient transverse optimisé est représenté sur la Figure 24. nés. Des champs magnétiques sont également créés à l’extérieur
des bobinages (Fig. 27). Or, en général des structures conduc-
Schéma électrique équivalent et alimentation des trices de l’électricité (cryostat d’un aimant supraconducteur ou
pièces polaires ferromagnétiques par exemple) se trouvent situées
gradients à l’extérieur du cylindre de gradients. Ainsi, les fluctuations de
Les gradients sont réalisés par des bobinages de fil de cuivre, bon champ magnétique créées par les gradients vont induire des varia-
conducteur de l’électricité ; malgré tout, la conduction imparfaite tions de flux au sein de ces structures conductrices qui vont à
se traduit par des pertes dues à la résistance du circuit électrique. leur tour créer des champs magnétiques variables dans le temps
En outre, la distribution géométrique du conducteur ainsi réalisé et dans l’espace. Les champs magnétiques créés au centre du sys-
présente également une inductance. Le schéma électrique équi- tème, dans la région d’intérêt, sont donc ceux escomptés auxquels
valent de la bobine est donné sur la Figure 25. se superposent ces distorsions dues aux courants de Foucault.

EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 11


35-209-A-10  Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement

B Bobines de
Puissance nécessaire à la commutation
compensation
d'un gradient G, en un temps ΔT : D G Bobines (écran)
P G2 D5 / ΔT de gradient
Conducteurs
(cryostat, etc.)
Champ
magnétique créé

Puissance Gradient Dimension G


nécessaire (accès du patient) r

t Le champ magnétique
créé dans des structures
conductrices est annulé par
Temps de commutation ΔT l'ensemble gradient + écran
D D/2 : P/32 (corps entier ---> tête) Figure 28. Gradient de champ magnétique : écran actif.
D D/4 : P/1000 (corps entier ---> qq cm)

Fonction :
Figure 26. Gradient de champ magnétique et puissance. basculement de M0 grâce
B0
à un champ magnétique
radiofréquence B1

B B1 dans le repère fixe : α = γ B1 τ


Bobines Conducteurs M0
de gradient (cryostat, etc.)
Champ
magnétique créé
t
τ
B1
B1 = B10 sin(ωt)
r
ω = γ B0, F = ω/2 π, (B1 B 0)
Le champ magnétique
variable dans le temps Figure 29. Émission radiofréquence.
créé dans des structures
conductrices induit des
courants de Foucault
le cylindre de gradient blindé est relativement épais et chaque
Figure 27. Gradient de champ magnétique et courants de Foucault. aimant de diamètre fixé réduit d’autant l’accès du patient. La puis-
sance nécessaire à l’alimentation du gradient est également accrue
car il faut alimenter tant le gradient que son blindage et, de plus, le
D’un point de vue physique, ces interactions entre le bobinage gradient total est réduit par le contre-champ créé par le blindage.
de gradient et son environnement peuvent être décrites comme
des couplages magnétiques (mutuelle inductance) à des circuits à
pertes. Émission radiofréquence
La première méthode de correction, simple et largement
employée par le passé, met en œuvre une préaccentuation du L’aimantation créée dans l’échantillon par le champ magné-
signal de commande des gradients : la forme temporelle globale tique principal B0 est, à l’équilibre, alignée avec celui-ci. La
du gradient est alors correcte, en revanche la correction locale fonction du système d’émission est de basculer cette aimantation
n’est pas assurée. Cette préaccentuation est réalisée à l’aide de cir- dans un plan généralement transverse à la direction de B0 (Fig. 29).
cuits électroniques dérivateurs de constantes de temps réglables C’est le retour de cette aimantation à sa position d’équilibre qui
dont les sorties sont ajoutées à la commande initiale. Trois cir- est ensuite à l’origine du signal de RMN et donc de l’image. Pour
cuits (donc trois constantes de temps et trois amplitudes par axe basculer cette aimantation, on peut penser à basculer l’aimant,
de gradient) suffisent généralement à réduire significativement mais cela reste peu réaliste ! L’utilisation d’un champ magnétique
l’erreur globale de commande. Les valeurs de ces paramètres sont RF B1 de faible amplitude permet d’obtenir le même résultat à
déterminées automatiquement ou manuellement en observant un moindre frais. Il faut que la direction de ce champ soit perpen-
train d’échos d’une séquence présensibilisée par une impulsion de diculaire à celle du champ B0 . En effet, à la résonance, dans le
gradient [9] . Enfin, des séquences spécifiques peuvent être déve- référentiel tournant, le seul champ à considérer est le champ B1 ,
loppées pour minimiser les effets des courants de Foucault, en et la rotation de l’aimantation autour de ce champ B1 d’un angle
particulier lorsque des gradients rapides et de fortes amplitudes ␣ est obtenue en un temps t avec une amplitude B1 du champ RF :
sont nécessaires (imagerie de diffusion par exemple). ␣ = ␥B1 t (10)
La seconde méthode vise à annuler les champs magnétiques
variables qui pourraient être générés dans les structures conduc- Par exemple pour le proton, un champ B1 de 20 ␮T permet
trices à l’aide de bobines de gradients blindés [10] . Cette méthode, le basculement de l’aimantation à 90◦ en 300 microsecondes.
communément employée aujourd’hui, est très similaire dans son La condition essentielle est que ce champ soit à la fréquence
principe au blindage actif des aimants supraconducteurs. Un de Larmor. Son amplitude, ou plus exactement ses variations
contre-bobinage placé à l’extérieur du cylindre de gradient vient d’amplitude sur l’objet étudié (son uniformité), influe unique-
annuler ou réduire fortement les champs magnétiques créés au ment sur l’angle de basculement de l’aimantation, et donc
niveau des structures conductrices de l’aimant (Fig. 28). Cette finalement sur le contraste de l’image, mais pas sur la localisation
méthode est très efficace car le problème est résolu à sa source, spatiale de l’information.
en revanche, elle est coûteuse tant en encombrement qu’en puis- Il s’agit donc bien de toujours créer un champ magnétique et,
sance d’alimentation. En effet, le contre-bobinage ne pouvant comme dans le cas de l’aimant ou des gradients, de faire passer un
pas être collé au gradient, au risque de l’annuler totalement, courant dans un conducteur, une bobine, pour produire le champ

12 EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection


Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement  35-209-A-10

désiré. La différence notable cette fois, c’est que le courant I injecté fréquence. Cette puissance se traduit par un échauffement du
dans la bobine est variable dans le temps : patient qu’il faut limiter : des normes de sécurité (cf. infra)
indiquent les valeurs à ne pas dépasser. Les séquences riches en
I = I0 sin (␻t) (11)
impulsions de RF (turbo spin écho par exemple) respectant les
avec ␻, la pulsation de Larmor. normes de sécurité sont donc plus difficiles à réaliser à haut
Généralement, en IRM clinique, une bobine d’émission fixe et champ. L’amplificateur RF doit fournir cette puissance à la bobine
unique est utilisée pour basculer l’aimantation, quelle que soit la d’émission durant les impulsions RF. Les puissances des ampli-
région du patient observée. Cette bobine, placée dans le tunnel ficateurs sont de l’ordre de la dizaine de kW à des champs de
de l’aimant, est alors réalisée sur un support cylindrique de grand 1,5 T.
diamètre (70 à 75 cm) pour laisser libre l’accès au patient. Le terme L’utilisation d’émission en quadrature (cf. infra) permet
« bobine » retenu ici traduit mieux la réalité de l’objet utilisé que d’améliorer l’efficacité de la chaîne d’émission. En effet, le champ
celui d’antenne généralement employé en France, du moins pour magnétique oscillant généré par le courant sinusoïdal circulant
les fréquences utilisées en IRM clinique. dans la bobine crée de fait deux champs RF tournant en sens
Il s’agit donc de créer un champ RF B1 de direction perpendicu- opposé : seul l’un d’eux respecte la condition vectorielle de Larmor
laire au champ B0 et à l’axe tête-pied du patient dans le cas d’un (␻ = –␥ B0). Le second est inutile. En utilisant deux bobines placées
aimant à accès longitudinal (supraconducteur par exemple). Cela à 90◦ (en quadrature) et en les alimentant avec des courants éga-
peut être obtenu avec une bobine en forme de selle de cheval (cf. lement en quadrature (déphasés de 90◦ ) (Fig. 32), seul le champ
gradient) (Fig. 22) déposée sur un cylindre (Fig. 30). Le champ désiré est créé et la puissance nécessaire est divisée par deux, au
créé est alors transversal. De manière plus efficace, des bobines moins en théorie. Ces bobines en quadrature peuvent avantageu-
en « cage d’oiseau » constituées de barres placées suivant les géné- sement être réalisées avec une géométrie en cage d’oiseau [11] .
ratrices du cylindre sont utilisées [11] . Un champ transverse très
uniforme est créé lorsque le courant circulant dans les barres a une Transmission parallèle
distribution angulaire sinusoïdale (I = I0 sin[␣]). Bien sûr le courant
circulant dans cette structure est RF (dans la gamme de quelques Ce principe de la quadrature peut être étendu à une collection
dizaines à la centaine de MHz pour les IRM cliniques), l’inductance de bobines qui constituent un réseau (cf. infra) utilisé en émission
de la bobine ainsi réalisée est compensée par des capacités qui pour réaliser une transmission parallèle. En effet, si à 64 MHz (IRM
sont choisies pour former un circuit résonant à la fréquence de du proton à 1,5 T) la longueur de l’onde RF dans l’air est de 4,7 m,
travail. Pour optimiser le transfert de puissance de l’amplificateur dans les tissus biologiques riches en eau, cette longueur d’onde
RF vers la bobine, des éléments d’adaptation d’impédance (capa- n’est plus que de 0,5 m environ et seulement de 0,25 m à 128 MHz
cités en général) sont ajoutés au circuit, schématisés comme sur (3 T). Ainsi, pour l’observation de structures de tailles comparables
la Figure 31. Le transport de la puissance RF de l’amplificateur à à cette longueur d’onde, l’uniformité de l’excitation RF n’est plus
la bobine est assuré par un câble coaxial d’impédance contrôlée assurée, ce qui se traduit par des variations importantes du signal
(Z0 = 50 ohms en général).
La puissance de l’amplificateur doit être suffisante pour basculer
l’aimantation dans des temps brefs, typiquement de l’ordre de
Y ω0
I cos(ω0 t)
la milliseconde. Cette puissance est importante et croît avec la
fréquence de travail, donc avec la valeur du champ directeur B0 . B1
Pour une chaîne d’émission théorique, parfaitement optimi-
sée, la puissance dissipée dans le patient varie avec le carré de la

B1
I B1 X
B0 B0

z z

I I sin(ω0 t)

Figure 30. Bobine d’émission radiofréquence. Champ B1 perpendicu-


laire au champ B0 . Figure 32. Émission radiofréquence en quadrature.

Figure 31. Chaîne d’émission radiofréquence.


Échantillon
Z0

e r
Cm

Amplificateur Ligne de
transmission
e Ca B1
L

Accord, Bobine
adaptation d'émission

EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 13


35-209-A-10  Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement

B0 Émission
RF
z (B1)
t

Signal de précession libre :


tension de pulsation ω0
M0 Réception
V RF

Bobine de t
réception
A B
Figure 34. Couplage et découplage radiofréquence.
Figure 33. Réception radiofréquence.
A. Réception du signal (couplage). Objectif : optimisation du couplage
pour maximiser le signal.
dans l’image et par une difficulté d’interprétation des contrastes. B. Désactivation de la bobine de réception (découplage). Objectifs : pro-
Pour retrouver une excitation uniforme de régions de grandes tection du récepteur et sécurité du patient.
dimensions, il faut alors mettre en œuvre une transmission en
parallèle vers plusieurs antennes émettrices qui sont contrôlées
1 T et mesuré par un capteur de 10 cm de rayon fournit une ten-
indépendamment en amplitude et en phase [12] . La méthode la
sion de l’ordre de quelques microvolts seulement. Tout le travail
plus prometteuse d’uniformisation de l’angle de basculement de
d’optimisation de ces bobines RF consiste donc, pendant la phase
l’aimantation consiste à réaliser cette excitation RF en présence de
de réception du signal (Fig. 34), à optimiser le couplage du cap-
gradients de champs magnétiques afin de déposer l’énergie RF de
teur avec la région d’intérêt pour maximiser le signal provenant
manière égale dans toutes les régions de l’espace étudié [13] . Cette
de cette région tout en minimisant les bruits parasites. Pendant
transmission parallèle est certes complexe et coûteuse à réaliser
la phase d’émission RF, il faut au contraire aveugler (découpler) le
mais devient incontournable à champ magnétique élevé comme
capteur (Fig. 34B) afin de protéger le patient, la chaîne de récep-
par exemple sur les systèmes à champ de 7 T. Par ailleurs, le dépôt
tion RF et également afin d’éviter une distorsion du champ B1
de puissance (cf. « Champ radiofréquence ») dans le patient par ces
d’émission à proximité du capteur.
excitations émises par plusieurs sources indépendantes devient
très complexe à prévoir et à mesurer.
La puissance mise en jeu à l’émission est considérable et dans un Découplage et couplage
circuit résonant tel que la bobine d’émission, les tensions générées
aux bornes des éléments (inductance, capacité) sont importantes L’amplitude du champ B1 d’émission est telle que le capteur,
(plusieurs kV). Cela justifie son installation dans le tunnel de s’il n’est pas protégé, devient le siège de très fortes tensions qui
l’aimant, derrière un revêtement isolant pour éviter tout contact peuvent atteindre quelques centaines à quelques milliers de volts
avec le patient qui occasionnerait des brûlures importantes. suivant ses dimensions. Ce qui, à nouveau, pourrait être dan-
En conclusion, il faut noter que si les étapes de la conception gereux pour le patient. Par ailleurs, ce couplage entre la bobine
des trois systèmes décrits (aimant, gradients, bobine RF) restent d’émission et la bobine de réception modifie profondément la
très différentes, car les objectifs et les contraintes sont également carte du champ d’émission B1 et donc la qualité de l’image.
très différents, il s’agit malgré tout, dans les trois cas, de la création Au final, il faut découpler de manière très efficace le capteur pen-
de champs magnétiques. Ces trois champs mis en place, la créa- dant l’émission. Cela est réalisé par le séquenceur (cf. infra) qui,
tion d’un signal de RMN portant une information localisée dans durant la phase d’émission, envoie un signal à la bobine de récep-
l’espace est réalisée. Il faut donc désormais mesurer ce signal, ce tion qui assure la commutation d’un élément du circuit à l’aide
qui est également fait à l’aide d’un capteur magnétique. d’une diode RF, ce qui revient à neutraliser la bobine (en décalant
très sensiblement sa fréquence de résonance par exemple). Cette
bobine devient alors « transparente » à l’émission RF.
 Réception du signal À l’inverse, après la phase d’émission, le signal doit être mesuré
de manière optimale par le capteur, qui doit donc être couplé le
de résonance magnétique mieux possible à la région d’intérêt observée. Cela doit se traduire
nucléaire par un signal maximal provenant de la région d’intérêt associé à
un bruit réduit à son minimum. L’expression du signal (Fig. 35)
Mesure du signal de résonance magnétique comporte un terme important (B1 (P)/I) qui traduit le théorème
de réciprocité entre la réception et l’émission : si le capteur utilisé
nucléaire pour la mesure du signal est désormais employé en émission, et
parcouru par un courant I, il crée un champ magnétique B1 au
Le retour à l’équilibre de l’aimantation créée dans le patient par
point P. Utilisé en réception, le capteur produit alors un signal
l’aimant, basculée par la bobine d’émission RF et codée par les
qui est proportionnel à ce terme B1 (P)/I. La courbe de champ B1 /I
gradients, se fait dans une étroite bande de fréquence centrée sur
(Fig. 35) indique le signal potentiel reçu par le capteur en fonction
la fréquence de Larmor. La mesure de ce retour à l’équilibre est
de la distance du point P au centre de la bobine de réception. Plus
réalisée par un capteur de flux magnétique. En effet, la rotation
le capteur est proche de la région d’intérêt, plus le signal mesuré
de l’aimantation induit une variation de flux magnétique ␸ qui
est important.
crée à son tour une force électromotrice (tension) e = –d␸/dt aux
bornes d’une boucle conductrice placée à proximité de la région
d’intérêt. À nouveau pour optimiser la mesure du signal, le capteur Bobines de surface
doit être placé perpendiculairement à la direction du champ B0 ,
comme pour l’émission RF (Fig. 33). Ici, à nouveau, les termes Le principe précédent conduit naturellement à l’utilisation de
« capteur » ou « bobine » sont délibérément employés alors que le capteurs adaptés à la région observée. C’est ce qui explique la
terme « antenne » est communément utilisé. multiplicité des capteurs livrés avec un appareil d’IRM, mais égale-
La difficulté majeure réside dans la faiblesse du signal mesuré. ment l’utilisation de bobines de surface [14] . En effet, pour observer
Un volume d’eau de 1 cm3 placé dans un champ magnétique de une région peu profonde et localisée, il est bien plus intéressant

14 EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection


Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement  35-209-A-10

Bobine de réception
Patient
B0
Sp γ ω0 2 N B1 (P) Environnement
I
En ω02 car M0 ω0
ω0 Diélectriques
et e = -dφ/dt ω0
M0
P

Bobine de Bobine Magnétiques (patient)


réception
B1/I (μT/A) Tension de bruit (V) : Bi = 4 k ΔF Ti Ri
15 dans une résistance Ri à la température Ti avec :
k : constante de Boltzmann (1,38 10-23 J/K)
12,5
ΔF : bande passante de réception (Hz)
10
7,5 Figure 37. Capteur radiofréquence. Les différentes sources de pertes
5 (de bruit) sont représentées, ainsi que la tension efficace B de bruit générée
2,5 dans une résistance.
0
–1 – 0,5 0 0,5 1 X
Figure 35. Signal RMN. ␻0 : pulsation ; N : quantité de noyau observée ;
Efficacité :
B1 /I : champ créé au point P par unité de courant.
création de champ
par unité de courant
Sp/B
γ ω02 N B1 (P) B1 (P)
au point d’intérêt
B1/I (μT/A) 4 k ΔF T ΣRi I I ΣRi
Pertes
25 B1 (P)
ΣRi I
ω02
20 Sp/B ω0
α Tb ω01/2 + β Tp a3 ω02
= 50 mm
15
Φ
Z Les pertes dans le patient sont dominantes
10 pour les capteurs usuels à des fréquences > qq 10 MHz
= 100 mm
Figure 38. Capteur radiofréquence : rapport signal/bruit. ␻0 : pulsa-
5
tion ; Tb : température de la bobine ; Tp : température du patient ; a : rayon
Corps entier Z
Boucle RF de de la bobine (≈ dimension de la région observée).
diamètre Φ 0
placée en z = 0 0 0,05 0,10 0,15 0,20
et, enfin et surtout, le couplage magnétique avec le patient (Rp).
Profondeur dans le patient (m) Une réalisation soigneuse du capteur permet en théorie d’éliminer
les deux premiers termes Re et Rd. Les termes Rb et Rp et leur
variation avec la fréquence de travail et donc le champ magné-
tique doivent être considérés. Pour une technologie donnée, la
Figure 36. Capteur radiofréquence de surface. Influence du diamètre résistance de la bobine Rb augmente proportionnellement avec
du capteur. la fréquence (à cause de l’effet de peau qui limite le transport du
courant électrique à la périphérie d’un conducteur lorsque la fré-
quence augmente). La résistance Rp associée aux mouvements de
d’utiliser un capteur de petite taille placé à la surface du corps charges dans le patient augmente avec le carré de la fréquence. Par
qu’un capteur de grande taille entourant totalement le corps. ailleurs, cette source de bruit est irréductible, dans la mesure où,
Cela est illustré à la Figure 36 où des capteurs simples (boucles observant le signal de la région d’intérêt, le bruit « magnétique »
circulaires de différents diamètres) sont comparés à un capteur provenant de la même région est également capté. L’optimisation
volumique externe. Pour l’observation des régions superficielles du capteur est donc essentiellement liée à la réduction de ces deux
(faibles profondeurs en z), les capteurs de surface font bien mieux termes, tout en cherchant à maximiser le signal provenant de la
que le capteur « corps entier ». De manière générale, on peut rete- région d’intérêt.
nir qu’un capteur de surface est avantageusement utilisé pour
observer des régions depuis la surface et jusqu’à une profon-
deur maximale comprise entre le rayon et le diamètre de la Rapport signal/bruit
boucle.
Le rapport des deux termes de signal (Fig. 35) et de bruit (Fig. 37)
permet de quantifier la qualité de l’image (Fig. 38). Pour des cap-
Bruit teurs classiques, utilisés dans des IRM pour des champs de l’ordre
de 1 T ou supérieurs, le terme de pertes magnétiques (␻0 2 a3 )
L’agitation thermique des porteurs de charge dans les résis- devient prépondérant par rapport à celui des pertes résistives.
tances électriques crée des tensions de bruit. Cette tension de Dans ce cas, le rapport signal sur bruit augmente approximati-
bruit dépend de la valeur et de la température de la résistance, vement linéairement avec le champ magnétique. Par ailleurs, la
mais également de la bande de fréquence sur laquelle le bruit présence du terme a3 , a étant le rayon de la bobine d’observation,
(ou le signal) est mesuré (Fig. 37). Dans un capteur RMN, les confirme ce qui a déjà été vu précédemment : le capteur doit être
résistances de bruit (ou les sources de pertes) sont multiples : le parfaitement adapté et placé le plus proche possible de la région
couplage avec l’environnement de la bobine (Re), le couplage élec- à observer, le but étant de réduire autant que possible sa dimen-
trique avec le patient (Rd), la résistance propre de la bobine (Rb) sion. C’est ainsi qu’un capteur endoluminal permet l’examen de

EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 15


35-209-A-10  Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement

Interférences
électromagnétiques

Collection Spectromètre
de bobines RF
Préamplificateur
V
Préamplificateurs Fréquence : F0 [1-100 MHz]
Figure 39. Capteurs radiofréquences (RF) en réseau. (repère du laboratoire)
Amplitude : [mV] t

voies naturelles dans des régions profondes du corps humain


(parois intestinales par exemple) avec un bien meilleur rapport Cage de Faraday
Fréquence : ΔF0 [10-100 kHz]
signal sur bruit que celui qui serait obtenu avec des capteurs
(référentiel tournant)
externes volumineux [15] . Malgré tout, la réduction du rayon du
Amplitude : [V]
capteur, si elle contribue à accroître le rapport signal sur bruit,
diminue d’autant le champ de vue exploitable de l’image, et Figure 40. Cage de Faraday. Dans des configurations récentes, le spec-
limite les indications de cette méthode à l’étude de petites régions tromètre est dans sa totalité intégré dans la cage de Faraday, ce qui réduit
d’intérêt, à moins de recourir à une collection de tels petits cap- encore le risque d’interférences électromagnétiques.
teurs pour couvrir une grande région d’intérêt. Il faut malgré tout
noter que l’emploi de capteurs refroidis (diminution de Tb), ou
électromagnétiques RF sont très atténuées à la traversée de la cage.
supraconducteurs, qui réduisent ou annulent le terme Rb pour-
Les bruits extérieurs ne viennent donc plus perturber le signal de
rait changer radicalement le compromis entre pertes résistives et
RMN, qui est alors amplifié à l’intérieur de la cage de manière
magnétiques.
à atteindre un niveau largement supérieur à celui des interfé-
rences présentes à l’extérieur de la cage (Fig. 40). Il faut noter
Quadrature que ce blindage, s’il n’est pas réalisé à l’aide de matériaux ferro-
magnétiques, ne modifie pas l’extension du champ magnétique
De même que pour l’émission, l’utilisation de deux bobines statique.
en quadrature pour la réception du signal permet de gagner, au
mieux, un facteur 2(1/2) en signal sur bruit [16] . L’extension de ce
concept conduit naturellement à l’utilisation d’un réseau de cap- Chaîne de réception
teurs.
L’amplitude du signal RMN est très faible et il est situé dans une
étroite bande de fréquence F centrée autour de la fréquence de
Réseaux Larmor F0 . L’information portée par ce signal doit être extraite de
manière très similaire à ce qui se passe pour un signal de radio-
L’idée d’associer des capteurs de dimensions réduites, donc très diffusion classique. Le signal présent aux bornes de l’antenne est
efficaces à leur toute proximité, pour couvrir de grands champs amplifié, puis l’information portée dans la bande de fréquence F
de vue est désormais très largement utilisée sur les appareils cli- autour de F0 fréquence de la porteuse est extraite, puis amplifiée
niques [17] . Ces capteurs associés en réseau permettent de tirer encore avant d’être transmise aux haut-parleurs.
parti du bon rapport signal sur bruit obtenu près de chaque Pour la RMN, le processus est très similaire (Fig. 41), le signal
bobine, pour explorer avec un grand nombre de capteurs (4, 8, prélevé aux bornes du capteur à la fréquence de Larmor est
etc.) un champ de vue important (Fig. 39). En revanche pour transporté par un câble d’impédance contrôlée à l’entrée d’un
que le principe soit applicable, il faut assurer un découplage par- préamplificateur à très faible niveau de bruit bien souvent inté-
fait entre les différents capteurs, et associer à chaque capteur du gré au capteur lui-même. Le signal amplifié est transporté vers
réseau une chaîne de réception complète (récepteur RF, conver- le récepteur. Ce récepteur, ou spectromètre, assure la démodu-
sion analogique-numérique). Enfin, pour que l’image reconstruite lation du signal en quadrature afin de retrouver l’information
à l’aide de ces différents capteurs soit acceptable (uniforme), il faut contenue dans la bande de fréquence F puis amplifier à nou-
réaliser une cartographie de la sensibilité de chaque capteur. Mais, veau le signal et le transmettre à la chaîne de conversion
au final, ce système permet de gagner significativement en rap- analogique-numérique après un filtrage passe-bas. Les conver-
port signal sur bruit sans avoir à augmenter l’intensité du champ tisseurs analogique-numérique échantillonnent et quantifient le
magnétique. signal analogique. Les codes numériques obtenus sont transmis
Par ailleurs, le gain réalisé en signal sur bruit peut être traduit en à un calculateur qui effectue les opérations de reconstruction de
gain de temps, grâce aux méthodes d’imagerie parallèle [18] . Dans l’image à partir des signaux.
ce cas, les différents capteurs sont utilisés pour réaliser une loca- Il faut noter que l’accroissement des champs magnétiques uti-
lisation spatiale de l’information et non plus uniquement pour lisés en clinique permet désormais d’envisager l’étude d’autres
gagner en qualité d’image. Chaque capteur couvrant une partie noyaux que le proton. C’est par exemple le cas du phosphore
du champ de vue total, les pas de codage de phase nécessaires à (31 P, fréquence de Larmor de 52 MHz à 3 T) ou encore du sodium
l’acquisition de l’image sont réduits, et le temps d’image égale- (23 Na, fréquence de Larmor de 34 MHz à 3 T). Dans ce cas, il faut
ment. prévoir, d’une part, une chaîne de réception multinoyaux cou-
vrant la bande de fréquence nécessaire et, d’autre part, une chaîne
d’émission large bande afin d’exciter les noyaux d’intérêt et éga-
Cage de Faraday lement des capteurs RF adaptés aux fréquences de ces noyaux et
Les signaux captés par les bobines sont très faibles, et donc aux régions anatomiques qui sont étudiées.
toute source de bruit ou d’interférence externe masque le signal
et rend les images inexploitables. C’est pour cette raison que les
appareils d’IRM sont placés dans des cages de Faraday. Il s’agit  Séquenceur
en général de tapisser la salle d’examen de fines tôles ou de
grillage de cuivre. La fenêtre, indispensable pour la vision directe Le processus de recueil d’informations permettant la produc-
du patient, est quant à elle tapissée d’un grillage ou de nids tion d’images de RMN est assez complexe et nécessite la mise
d’abeilles en cuivre qui laissent passer la lumière tout en bloquant en œuvre d’un grand nombre de composants. Ces éléments
les ondes électromagnétiques dans la gamme de fréquences de doivent être contrôlés précisément et en parfait synchronisme
l’IRM. Cette cage assure un blindage électromagnétique : les ondes avec la séquence d’imagerie. Ce rôle de synchronisation est

16 EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection


Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement  35-209-A-10

Calculateur Figure 41. Chaîne de réception, le spectro-


Échantillon Amplificateur
mètre.

Z0 X

r X
Cm Ligne de
transmission

M0
Ca
L cos(ωt) sin(ωt)
Référence
de fréquence
e

Démodulation Filtrage passe-bas


Capteur Accord, en quadrature puis conversion
adaptation analogique numérique

confié au séquenceur. Ce système électronique programmable tant du signal sur bruit de l’acquisition que de la robustesse des
peut être assimilé à un calculateur de temps qui est programmé algorithmes souvent complexes mis en œuvre. Enfin, la convivia-
à chaque séquence pour exécuter très précisément, avec une lité du logiciel d’interface avec l’utilisateur ou encore la flexibilité
résolution temporelle de quelques dizaines de nanosecondes, le de paramétrage des séquences et des protocoles d’imagerie consti-
chronogramme de la séquence en commandant l’émission RF, les tuent certainement un critère de choix important de la machine
gradients et l’échantillonnage du signal ainsi qu’un grand nombre par l’utilisateur.
de périphériques annexes. Ce séquenceur prend également en
compte lorsque c’est nécessaire des signaux de synchronisation
externes (le rythme cardiaque, la respiration) pour réaliser la  Sécurité
séquence.
La sécurité des appareils d’IRM fait encore l’objet de nombreux
débats. Les points essentiels concernent les champs magnétiques
 Table d’examen statique, quasi statique et RF. Les effets biologiques nocifs per-
manents de l’application d’un champ magnétique pendant un
Le patient est allongé sur une table d’examen motorisée qui per- examen sur le corps humain n’ont pas été mis en évidence.
met de placer la région du corps à examiner au centre de l’aimant, En revanche, les effets sont plus facilement identifiables pour
là où le champ magnétique est le plus uniforme. Une telle table les champs magnétiques variables (gradient et RF). Ces champs
doit bien sûr assurer la prise en charge d’un patient pesant induisent des courants et tensions dans le corps humain qui est
jusqu’à 200 ou 250 kg, mais également ne pas perturber le champ conducteur de l’électricité avec une faible conductivité de l’ordre
magnétique principal ni générer des perturbations RF malgré la du S/m. Les commutations de gradients trop intenses et rapides
présence de moteurs et de circuits électroniques. Malgré tout, son peuvent occasionner des stimulations musculaires, et notamment
usage s’est largement renforcé avec l’apparition du mouvement cardiaques. L’application de champs RF peut se traduire par un
continu de la table pendant l’examen [19] qui permet de réaliser échauffement des tissus. Le système de régulation de température
des acquisitions pendant le déplacement de la table en acti- du corps humain est très efficace pour limiter cet échauffement,
vant successivement les antennes placées tout le long du patient malgré tout, des régions faiblement irriguées peuvent voir un
lorsqu’elles passent dans la région centrale de l’aimant. Une ima- accroissement sensible de la température, c’est en particulier le
gerie corps entier peut ainsi désormais être réalisée en quelques cas des yeux.
minutes ce qui présente un intérêt, notamment en oncologie et en Enfin, l’examen IRM de patients porteurs d’un stimulateur
angiographie. cardiaque est contre-indiqué. En effet, de nombreuses causes
justifient cette contre-indication. Le champ statique B0 peut désac-
tiver le stimulateur ou, pire, le stimulateur peut se synchroniser
 Système informatique sur les impulsions de RF de la séquence d’imagerie condui-
sant à un rythme cardiaque très élevé ; enfin, l’échauffement
Ce système comprend en fait, suivant les appareils, plusieurs des fils électriques du dispositif par le champ RF peut occa-
calculateurs interconnectés. De manière générale, l’un des calcula- sionner des brûlures sévères. La population de patients porteurs
teurs est dédié à la séquence (gestion du séquenceur et acquisition de stimulateurs augmentant, les fabricants de ces stimulateurs
des données, calibration des paramètres, etc.), un autre à la recons- cardiaques développent actuellement des appareils compatibles
truction des images (transformation de Fourier, reformatage des avec l’IRM qui commencent à être mis sur le marché. Hor-
images, etc.), et un troisième à l’interface avec l’utilisateur. Ces mis cette contre-indication, le champ magnétique statique peut
calculateurs sont de type PC ou stations de travail, et sont surtout avoir des effets indirects très dangereux par les forces et/ou
caractérisés par de grandes capacités en mémoire vive et stockage les couples exercés sur des objets ferromagnétiques. De même,
de masse. En fait, la partie essentielle d’un système informatique comme vu précédemment, la présence du champ RF peut occa-
n’est pas ou plus le système matériel, mais bien plutôt le logiciel sionner des brûlures au contact de conducteurs métalliques. De
ou plus exactement les logiciels de gestion de l’instrument. Ces nombreux documents détaillent les bonnes pratiques à mettre
logiciels sont très complexes et demandent des années de déve- en œuvre pour assurer tant la sécurité des patients que celles des
loppement, ils font l’objet de fréquentes mises à jour qui prennent professionnels [20] .
en compte des évolutions du matériel ou l’introduction de nou-
velles séquences d’imagerie. Par ailleurs, l’IRM devient de plus en Normes de sécurité
plus quantitative, et donc les constructeurs commencent à four-
nir en supplément des images, des cartes de paramètres d’intérêt Comme cela a été vu précédemment, il est difficile de quanti-
(cartographies T1, T2 ou T2*, pourcentage de graisse, etc.). Il faut fier les effets indésirables des champs magnétiques. Les normes
dans ce cas évaluer la précision de ces cartographies qui dépendent édictées par les organismes internationaux fixent les maxima

EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 17


35-209-A-10  Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement

Haut parleur
IRM couplage mécanique,
bobine, aimant B0 Champ le long de l'axe z
Aimant
1,4
1,2
M 1

B0 (T)
Bobines
de 0,8
Gradient 0,6
0,4
θ 0,2
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Structure B0
G(t) Courant I(t) z (m)
i(t)
Temps Champ uniforme --> couple C M B0 Sin(θ)
C avec B01 à 2
Figure 42. Les commutations de gradients et la nuisance sonore.
Figure 43. Couple exercé sur un objet ferromagnétique placé dans un
champ uniforme.

admissibles dont les constructeurs d’IRM doivent assurer le res-


pect. On illustre ce point par les normes édictées par la Food and
Drug Administration (FDA) américaine [21, 22] et par les organismes valeur est réduite à 3,2 W/kg. En mode de fonctionnement
européens [4] . contrôlé de premier niveau, pour le corps entier, la valeur passe à
4 W/kg [4] .
Champ magnétique statique
La FDA a porté la valeur limite du champ magnétique en IRM Effets directs des champs magnétiques
à 8 T pour les patients âgés de plus de 1 mois et à 4 T pour les
nouveau-nés. Précédemment, la valeur supérieure était fixée à Couples et forces dans le champ magnétique
2 puis 3 T. Cette agence autorise donc, sur le marché américain, statique
les appareils dont les champs sont inférieurs aux valeurs données Les objets ferromagnétiques placés dans un champ magné-
ci-dessus. tique subissent des couples ou des forces qui peuvent être très
Par ailleurs, les normes imposent que la restriction d’accès à importants et occasionner des mouvements rapides et de grandes
des régions dans lesquelles le champ magnétique est supérieur à amplitudes de masses magnétiques, heurter et blesser le patient
0,5 mT (5 G) soit matérialisée. allongé dans le tunnel de l’aimant. Pour mentionner quelques
exemples réels : projection violente d’un extincteur ou d’une paire
Gradients de champ magnétique de ciseaux à l’intérieur du tunnel de l’aimant. Il faut donc par-
Il s’agit d’éviter les stimulations des nerfs périphériques ou du ticulièrement veiller à ne placer que des objets amagnétiques
muscle cardiaque qui peuvent être créées par des variations rapides à l’intérieur de la salle d’examen. Ces objets ferromagnétiques
des gradients. En l’absence de tests menés sur des volontaires, la peuvent également être présents à l’intérieur du patient : clips
norme NF EN60601-2-33 [4] définit les variations (dB/dt) à ne pas chirurgicaux, prothèses, éclats de grenades, etc. Dans ce cas, c’est
dépasser. Ces limites de l’ordre de quelques dizaines de teslas/s l’entretien ou le questionnaire préalable à tout examen d’IRM qui
dépendent de la durée de stimulation et donc du temps de com- permet d’identifier le danger potentiel.
mutation des gradients. La commutation des gradients de champ Les deux effets (couple, force) se produisent dans des situations
magnétique à l’intérieur de l’aimant occasionne également une différentes. Les forces sont nulles dans un champ parfaitement
nuisance acoustique importante. En fait, l’analogie avec un haut- uniforme, au centre de l’aimant par exemple, dans ce cas seul
parleur (Fig. 42) permet de comprendre ce phénomène. Dans un le couple tendant à aligner l’objet avec la direction du champ
haut-parleur, un courant variable analogue au son que l’on veut magnétique se manifeste (Fig. 43). Lorsque le champ est très peu
transmettre passe dans une bobine mobile liée à une membrane, uniforme, par exemple à l’entrée du tunnel de l’aimant, des forces
le tout étant placé dans un champ magnétique créé par un aimant d’attraction (Fig. 44) se manifestent et sont proportionnelles à la
permanent. Les forces magnétiques liées au courant et au champ variation spatiale du champ.
magnétique font vibrer la membrane au rythme du courant, et
sont à l’origine de la production du son. Dans l’IRM, les mêmes Échauffement radiofréquence au contact
ingrédients sont réunis, la structure mécanique jouant le rôle de la de conducteurs
membrane. Malgré les efforts réalisés pour limiter les vibrations,
Le risque principal pour le patient placé au contact d’un
un bruit est généré. Les normes limitent cette nuisance à 140 dBA
conducteur métallique lors d’un examen d’imagerie par RMN est
de pression acoustique. Les patients doivent recevoir des protec-
celui de l’échauffement ou même de la brûlure par le champ RF
tions si la pression acoustique moyenne dans le tunnel de l’aimant
d’émission. Si la composante magnétique de ce champ RF est bien
est supérieure à 99 dBA.
contrôlée par un système de découplage (cf. supra), il n’en va pas
de même de la composante électrique. En effet, cette composante,
Champ radiofréquence concentrée localement au voisinage du conducteur (capteur endo-
Le champ RF d’émission délivre, pendant les impulsions de luminal ou guide métallique en imagerie interventionnelle), a
RF, une puissance au patient, dont la masse en kilogramme pour conséquence potentielle un important dépôt de puissance
est connue, nommée taux d’absorption spécifique, qui est indi- local dans les milieux à pertes que sont les tissus biologiques, ce
quée en watt/kg. C’est cette quantité qui doit être limitée par le qui peut conduire à un échauffement, voire plus gravement à une
constructeur de l’appareil, tout au long de l’examen du patient, brûlure et à une destruction tissulaire [23] .
pour respecter les normes de sécurité. Ainsi, en mode de fonc- En dépit du fait que, par conception, les imageurs cliniques ne
tionnement normal, les valeurs moyennées sur tout le patient peuvent pas délivrer lors de l’émission un champ électromagné-
doivent rester inférieures à 2 W/kg sur toute période de six minutes tique qui dépasse les normes de sécurité (cf. supra), l’échauffement
durant l’examen. Dans les mêmes conditions, pour la tête, cette très localisé qui peut être induit par les guides métalliques et les

18 EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection


Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement  35-209-A-10

Fournitures en électricité, fluides et froid


B0 Un appareil d’IRM nécessite, pour son bon fonctionnement,
Champ le long de l'axe z une alimentation électrique de qualité et fiable dont la puis-
1,4 sance dépend du type de machine installé et des équipements
1,2 annexes souhaités. De même, une alimentation en eau est néces-
1
saire. Enfin, la climatisation de la salle de l’aimant et du local
DB0
B0 (T) technique est indispensable.
0,8
0,6
dr
0,4 Éléments architecturaux
0,2
À nouveau, le type d’appareil installé conditionne largement
0
ces éléments. Un aimant supraconducteur nécessite, par exemple,
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
une salle de grande hauteur sous plafond, ainsi qu’un système
z (m)
d’évents qui permet l’évacuation de l’hélium gazeux en cas de
Gradient de champ --> force F M B0 dB0/dr transition de l’aimant. La porte d’accès à la salle de l’aimant
doit être unique, s’ouvrir vers l’extérieur, et suffisamment large
F avec B01 à 3 pour permettre le passage des bidons de remplissage en hélium,
Figure 44. Force exercée sur un objet ferromagnétique placé dans un mais également des brancards. De manière générale, l’ergonomie
champ non uniforme. du site doit être soigneusement étudiée. Pour citer un exemple,
l’orientation de l’aimant dans la salle d’examen doit permettre
un accès aisé des patients et du personnel tout en garantissant
capteurs endoluminaux ne peut pas être détecté par les procé- une bonne visibilité du patient depuis la salle des consoles. La
dures de sécurité suivies par les constructeurs, car, à nouveau, il circulation des patients doit être étudiée, en tenant compte en
s’agit d’un contrôle global alors que la concentration du champ particulier des restrictions d’accès dans les régions dans lesquelles
est extrêmement locale. Pour s’en persuader, il suffit de disposer le champ magnétique est supérieur à 0,5 mT.
un fil métallique dans un tunnel IRM et d’en approcher le doigt
pendant une séquence d’imagerie : si le fil est proche des parois du
tunnel de l’imageur, une forte sensation de brûlure, très localisée,  Critères de choix
de la taille d’une pointe d’aiguille est ressentie. C’est pour cette
raison que tous les conducteurs présents dans le tunnel de l’IRM Les critères de choix d’un appareil d’IRM sont innombrables.
(connecteurs, câbles) sont séparés du patient par d’épaisses gaines Malgré tout, l’analyse de ces critères peut être scindée en deux
isolantes. parties. Le choix de l’intensité de champ magnétique en premier
rend le second choix, celui du constructeur et du modèle exact de
l’appareil, plus simple.
 Implantation
Champ magnétique
Les contraintes d’implantation d’un appareil d’IRM étaient
fort nombreuses il y a encore une douzaine d’années et néces- Comme cela a été vu précédemment, la valeur du champ
sitaient une large implication du client final dans le processus magnétique influence largement tous les autres paramètres.
d’installation de la machine. Aujourd’hui, l’expérience acquise Pour résumer, l’augmentation du champ magnétique B0 permet
par les constructeurs aidant, on est très proche d’une installation l’accroissement du rapport signal sur bruit. Le décalage chimique
clés en main. De plus, la contrainte majeure d’implantation due augmente également proportionnellement au champ, ce qui pré-
à une ligne de 0,5 mT très éloignée du centre de l’aimant a été sente un intérêt pour les applications en spectroscopie, mais au
en grande partie levée avec les dernières générations d’aimants à contraire impose des contraintes sur la bande passante et sur les
blindage actif. Malgré tout, pour quelques installations, des pro- gradients en imagerie standard. Le temps de relaxation T2* dimi-
blèmes spécifiques et complexes, qui doivent être résolus au cas nue également, les applications en imagerie fonctionnelles sont
par cas, se posent encore. C’est en particulier vrai pour les instal- donc favorisées. Enfin, le temps de relaxation T1 des tissus aug-
lations proches de voies ferrées, de lignes de métro ou de tramway mente, ce qui peut avoir une influence positive en angiographie
ou encore de parkings et de rues fréquentées par des véhicules. Les pour la suppression du signal des tissus immobiles. En revanche,
perturbations magnétiques créées par ces installations peuvent l’augmentation de T1 conduit à des temps d’images plus longs
en effet affecter considérablement la qualité des images ou des pour obtenir des pondérations équivalentes en T1.
spectres. Les éléments clés qui doivent être pris en compte sont De manière générale, les artefacts dans les images sont plus
résumés dans la suite. importants à champ plus élevé. C’est le cas de l’artefact de déca-
lage chimique mentionné précédemment, mais aussi des artefacts
de susceptibilité magnétique qui sont plus prononcés à haut
champ et certainement également des artefacts de mouvement.
Aimant et environnement De même, il devient difficile d’assurer une bonne uniformité du
C’est le point essentiel. Le niveau de vibrations du sol sur lequel champ RF B1 lorsque le champ augmente.
doit être installé l’aimant doit être conforme aux documents du Enfin, pour une séquence donnée, la puissance RF déposée dans
constructeur, de même la résistance du sol doit être suffisante pour le patient augmente avec le carré de l’intensité du champ magné-
supporter la masse de l’aimant. Les masses magnétiques fixes ou tique B0 . Les normes de sécurité sont donc bien plus difficiles à
en mouvement proches doivent également être contrôlées pour respecter à plus haut champ.
s’assurer qu’elles ne sont pas trop importantes afin de ne pas alté- L’augmentation du champ a un coût élevé (l’aimant est plus
rer la qualité de l’image. cher), le reste des éléments également, et en particulier la chaîne
RF. De même, les coûts d’installation et de fonctionnement
risquent d’être plus importants.
Cage de Faraday Le choix d’un champ magnétique est donc une affaire de
compromis qu’il faut étudier soigneusement, en pensant tout spé-
Des mesures électromagnétiques préalables à l’implantation cialement à l’application médicale envisagée.
de l’appareil sont faites pour vérifier le niveau d’interférences Des imageries fonctionnelles cérébrale ou gastro-intestinale
électromagnétiques sur le site et donc prévoir le blindage posent par exemple des problèmes très différents, et le champ
nécessaire. retenu est certainement différent dans les deux applications.

EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 19


35-209-A-10  Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement

Choix de l’appareil d’imagerie par résonance des appareils d’IRM. C’est le cas des logiciels dont l’évolution
constante est rendue nécessaire par l’introduction de nouvelles
magnétique séquences, de nouvelles méthodes de traitements des données ou
Une fois l’intensité de champ choisie, il reste à définir le cons- la connexion de nouveaux matériels à l’imageur.
tructeur et le modèle de l’appareil d’IRM. Il faut alors considérer Enfin, l’impact de ces améliorations matérielles sur la sécurité
un appareil d’IRM comme une chaîne dont le maillon le plus faible du patient, ou, plus prosaïquement, sur le respect des normes de
limite les performances de l’ensemble. Ainsi, un appareil dont les sécurité, doit être constamment réévalué.
gradients sont de faible amplitude ou lents à établir ne tire guère
parti d’un champ magnétique très élevé. De même, un appareil,
Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en rela-
dont le logiciel est complexe et peu convivial ou la programma-
tion avec cet article.
tion d’un protocole ou d’une séquence trop longue, fait perdre
tout le temps d’image gagné grâce à son champ élevé.
Il ne faut pas oublier les aspects pratiques : simplicité et fiabilité
de la connectique des capteurs, protection contre les erreurs de  Références
manipulation se traduisant à l’usage par des gains de temps et
d’argent. [1] Feynman RP, Leighton RB, Sands M. Le cours de physique de
Enfin, de manière générale, le choix se fait en fonction des Feynman. Électromagnétisme. Paris: Interéditions; 1992.
termes classiques d’une quelconque acquisition : le rapport qua- [2] Packard M, Varian R. Free Nuclear Induction in the Earth’s magnetic
lité/prix. Il faut toutefois noter que le prix de l’appareil doit field. Phys Rev 1954;93:941.
être décliné en prix d’achat, d’installation, de fonctionnement [3] Anderson WA. Electrical current shims for correcting magnetic
(sans oublier les coûts salariaux et, enfin, de maintenance). fields. Rev Sci Instrum 1961;32:241–50.
[4] N F EN 60601-2-33 Appareils électromédicaux - Partie 2-33 : exi-
L’obsolescence des équipements étant rapide, une évaluation des
gences particulières pour la sécurité de base et les performances
coûts des mises à niveau doit également être faite.
essentielles des appareils à résonance magnétique utilisés pour
le diagnostic médical. Union Technique de l’Électricité, Puteaux,
France; 2011.
 Conclusion [5] Hawksworth DG, McDougall IL, Bird JM, Black D. Considerations
in the design of MRI magnets with reduced stray fields. IEEE Trans
Les images de qualité remarquable désormais acquises en des Magn 1987;23:1309–14.
temps très brefs résultent pour une large part des progrès impres- [6] Lvovsky Y, Stautner EW, Zhang T. Novel technologies and configu-
sionnants réalisés dans l’instrumentation durant ce dernier quart rations of superconducting magnets for MRI. Supercond Sci Technol
de siècle. Après des améliorations notables mais séquentielles 2013;26:1–71.
(aimant puis RF, puis gradients), aujourd’hui, les développements [7] Saint-Jalmes H, Taquin J, Barjhoux Y. Design data for efficient
se font en parallèle. Le choix d’un appareil devient donc plus axial gradient coils: application to NMR imaging. Magn Reson Med
délicat car cette acquisition est moins pérenne. Il est ainsi particu- 1985;2:245–52.
lièrement important d’évaluer l’évolutivité de la machine sur sa [8] Golay MJ. Field homogenizing coils for nuclear spin resonance
durée de vie, au regard des quelques éléments fournis dans ce cha- instrumentation. Rev Sci Instrum 1958;29:313–5.
pitre, et de vérifier les conditions de mise à disposition des mises à [9] Van Vaals JJ, Bergman AH. Optimization of eddy-current compen-
jours tant logicielles que matérielles. Pour dégager quelques pers- sation. J Magn Reson 1990;90:52–70.
pectives, outre l’apparition récente de systèmes multimodalités [10] Mansfield P, Chapman B. Active magnetic screening of gradient
(IRM/tomographie par émission de positons [TEP]) en image- coils in NMR imaging. J Magn Reson 1986;66:573–6.
rie diagnostique ou combinaison IRM et thérapeutique avec les [11] Hayes CE, Edelstein WA, Schenck JF, Mueller OM, Eash
ultrasons focalisés ou la radiothérapie externe, l’accroissement de M. An efficient, highly homogeneous radiofrequency coil for
l’intensité du champ magnétique reste d’actualité, cependant, le whole-body NMR imaging at 1.5-T. J Magn Reson 1985;63:
développement d’aimants originaux par leur technologie (supra-
622–8.
[12] Katscher U, Börnert P. Parallel RF transmission in MRI. NMR Bio-
conducteur haute température, ou sans cryogène) ou par leur accès
med 2006;19:393–400.
(aimants ouverts pour l’imagerie interventionnelle ou dédiés à
[13] Cloos MA, Boulant N, Luong M, Ferrand G, Giacomini E, Le Bihan
une région anatomique) semble plus prometteur. L’introduction
D, et al. KT-points: short three-dimensional tailored RF pulses for
de réseaux de capteurs RF a certainement ébranlé le dogme de
flip-angle homogenization over an extended volume. Magn Reson
l’aimant : « le plus puissant égale le meilleur ». En effet, cette fois
Med 2012;67:72–80.
les capteurs permettent d’améliorer significativement le rapport
[14] Ackerman JJ, Grove TH, Wong GG, Gadian DG, Radda GK. Map-
signal sur bruit à champ constant, mais surtout de modifier le ping of metabolites in whole animals by 31P NMR using surface
compromis qualité d’image, temps d’acquisition grâce à l’imagerie coils. Nature 1980;283:167–70.
parallèle. [15] Beuf O, Pilleul F, Armenean M, Hadour G, Saint-Jalmes H. In vivo
Les gradients de champ magnétique sont également essen- colon wall imaging using endoluminal coils: feasibility study on
tiels pour le développement de l’imagerie à haute résolution rabbits. J Magn Reson Imaging 2004;20:90–6.
spatiale et/ou temporelle. Les progrès de l’informatique au sens [16] Chen CN, Hoult DI, Sank VJ. Quadrature detection coils-
large depuis le séquenceur jusqu’à l’interface homme-machine a further improvement in sensitivity. J Magn Reson 1983;54:
permettent également des améliorations sensibles du rendement 324–32.
[17] Roemer PB, Edelstein WA, Hayes CE, Souza SP, Mueller OM. The
NMR phased array. Magn Reson Med 1990;16:192–225.
[18] Sodickson DK, Manning WJ. Simultaneous acquisition of spatial
“ Point fort harmonics (SMASH): fast imaging with radiofrequency coil arrays.
Magn Reson Med 1997;38:591–603.
[19] Kruger DJ, Riederer SJ, Grimm RC, Rossman PJ. Conti-
Influence de B0 sur la qualité de l’image et les coûts nuously moving table data acquisition method for long FoV
• Signal/bruit ⇑∼ B0 (pertes magnétiques), décalage contrast-enhanced MRA and whole-body MRI. Magn Reson Med
chimique ␴ (Hz) ⇑ : spectroscopie, T2*, (T2) : imagerie 2002;47:224.
[20] Expert Panel on MR Safety. ACR guidance document on MR safe
fonctionnelle, T1⇑ : angiographie.
practices. J Magn Reson Imaging 2013;107:501–30.
• Coût ⇑ : T1, ( T1⇓) temps image plus long,
[21] Guidance for the submission of premarket notifications for magnetic
contraste⇓, artefacts ␴, ␹, non-uniformité B1 (diélec- resonance diagnostic devices (November 14, 1998). US Department
trique), puissance RF déposée⇑ (∼ en B0 2 ). of Health and Human Services. Food and Drug Administration;
1998.

20 EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection


Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation d’un équipement  35-209-A-10

[22] Criteria for significant risk investigations of magnetic resonance Pour en savoir plus
diagnostic devices (June 20, 2014). US Department of Health and
Human Services. Food and Drug Administration; 2014. Magnetic Resonance - Technology Information Portal. http://www.mr-tip.
[23] Armenean C, Perrin E, Armenean M, Beuf O, Pilleul F, Saint-Jalmes
com/serv1.php.
H. RF-induced temperature elevation along metallic wires in clini-
cal magnetic resonance imaging: influence of diameter and length. Incidents dans les IRM dus à des objets ferromagnétiques. http://www.
Magn Reson Med 2004;52:1200–6. simplyphysics.com/flying objects.html.

H. Saint-Jalmes, Professeur des Universités, praticien hospitalier (herve.saint-jalmes@univ-rennes1.fr).


LSTI, Inserm U1099, Faculté de médecine, Université de Rennes 1, CS 34317, 35043 Rennes cedex, France.
Département d’imagerie, Centre Eugène-Marquis, 35042 Rennes cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Saint-Jalmes H. Instrumentation en imagerie par résonance magnétique : critères de choix et implantation
d’un équipement. EMC - Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 2015;0(0):1-21 [Article 35-209-A-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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