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II.

Les deux états du Christ : Questions d’introduction


Jusqu'à présent, on a démontré que le Christ a bel et bien deux natures, et que ses deux
natures, divine et humaine, sont unies dans sa personne. Même si notre imagination a du mal à
se représenter ces deux réalités, l’étude des textes et des témoignages a donné raison à cette
doctrine des deux natures : Christ est à la fois Homme et Dieu. Si on veut compléter notre
étude sur la christologie, on ne peut pas se limiter à la confession de Chalcédoine, on doit aussi
considérer l’ensemble de l’œuvre du Christ. Les deux prochains chapitres traiteront donc de cet
aspect de la doctrine de Christ.
1- Les deux états du Médiateur (le côté historique)
2- Les trois offices du Christ (son rôle)
« Il est devenu classique d’exposer les étapes de l’histoire de l’Incarné en considérant ses
deux états successifs : humiliation, exaltation. »1
Dans « l’état d’humiliation », le Médiateur :
 Se rend solidaire de ses frères sous la loi.
 Se charge volontairement de leur dette envers « Dieu » (péché).
 Paie la dette, en donnant sa vie.
Dans « l’état d’exaltation », le Médiateur :
 Recueille le fruit de son œuvre.
o Il entre le premier dans le nouveau régime qu’il a rendu possible.
 Permet aux siens d’y entrer à leurs tours.
La « biographie » de Jésus a donc aussi une portée théologique :
 Puisqu’il devait d’abord être humilié, pour pouvoir « assumer » le péché de l’homme,
et s’identifier à lui.
 Et qu’il devait ensuite être exalté, pour manifester sa victoire sur la mort, conséquence
du péché, et nous donner accès au salut.
La Bible nous présente assez fréquemment le contraste entre l’humiliation et de
l’exaltation du Messie.
Ésaïe 53.9 : On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, quoiqu’il
n’eût point commis de violence et qu’il n’y eût point de fraude dans sa bouche.
10 Il a plu à l’Éternel de le briser par la souffrance… Après avoir livré sa vie en sacrifice pour
le péché, Il verra une postérité et prolongera ses jours; et l’œuvre de l’Éternel prospérera entre
ses mains. 11 À cause travail de son âme, il rassasiera ses regards; par sa connaissance mon
serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, et il se chargera de leurs iniquités. 12 C’est
pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands; Il partagera le butin avec les puissants, parce
qu’il s’est livré lui-même à la mort, et qu’il a été mis au nombre des malfaiteurs, parce qu’il a
porté les péchés de beaucoup d’hommes, et qu’il a intercédé pour les coupables.

Philippiens 2.6 : lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à
arracher d’être égal avec Dieu, 7 mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de
serviteur, en devenant semblable aux hommes; 8 (2-7) et ayant paru comme un simple homme,
(2-8) il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de
la croix. 9 C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-
dessus de tout nom, 10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre
et sous la terre, 11 et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de
Dieu le Père.
Hébreux 12.2 : ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de
la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du
trône de Dieu.
1 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 184.
Luc 24.26 : Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire?
Les deux états du Médiateur sont clairs, mais il est moins évident de déterminer où l’un
finit et où l’autre commence.
 Ex. : Certains voient « la descente aux enfers » comme faisant partie de l’humiliation,
pour les luthériens par contre, « la descente aux enfers » est la première étape de
l’exaltation…
 « Tout dépend du sens qu’on donne à la « descente » mentionnée dans le Credo»
2

Cette petite controverse nous montre le danger d’opposer de manière trop «absolue» les
deux états
Christ a été humilié et il a été exalté, mais « dans l’humiliation même, des rayons de la gloire
du Fils traversent le voile de la chair. »3
 Quand il fait des miracles, Jésus manifeste sa gloire.
o Jean 2.11 : Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il
manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
o Jean 1.14 : Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de
grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire
du Fils unique venu du Père.
 Lors de la transfiguration, les témoins ont vu une « avant-première » de la glorification
alors qu’il était encore dans l’humiliation (Matthieu 17:2)
Christ a été humilié et il a été exalté, mais dans l’exaltation même…
 Il déclare : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? (Actes 9.4)
o « D’une certaine façon, il reste exposé aux insultes des pécheurs »4 à travers son
Église.
o Ceux qui nous rejettent, le rejettent lui-même.

Si on pousse un peu plus loin la réflexion sur les deux états, on peut « discerner la gloire
non pas « malgré » l’humiliation, mais la gloire « dans » l’humiliation. »5
 Il existe en effet un lien logique entre les deux.
o Dans Philippiens 2.9, quand il est dit « C’est pourquoi aussi Dieu l’a
souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom…
l’expression « c’est pourquoi » exprime le lien de cause à effet entre les deux
états.
o L’humiliation est donc, en partie6, la cause de la gloire, ou plutôt, il reçoit la
gloire de s’être humilié en plus de la gloire qu’il possédait déjà.

 L’Évangile de Jean élabore sur ce sujet d’une très belle manière


Jean 12.23 : Jésus leur répondit: L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être Glorifié. 24
En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul;
mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. 25 Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait
sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. 26 Si quelqu’un me sert, qu’il me
suive; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera. 27
Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ?… Père, délivre-moi de cette heure?… Mais
c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure. 28 Père, glorifie ton nom ! Et une voix vint
du ciel: Je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore. 29 La foule qui était là, et qui avait entendu,
disait que c’était un tonnerre. D’autres disaient: Un ange lui a parlé. 30 Jésus dit: Ce n’est pas

2 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185.


3
La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185.
4 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185
5 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185
6 Je dis « en partie » puisque Jésus possédait déjà la gloire avant la fondation du monde (Jean 17 :5)
à cause de moi que cette voix s’est fait entendre; c’est à cause de vous.31 Maintenant a lieu le
jugement de ce monde; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. 32 Et moi, quand
j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes (de toutes races, de toute sorte) à moi.
33 En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir. –
1. On comprend l’association de la gloire et de la mort ignominieuse, parce que la
croix sera victoire sur le prince de ce monde »7 (v.31)
2. Sa mort à la croix « permettra le salut de tous les hommes, Grec et Juifs, en
abattant le mur de séparation »8 (v. 32)
3. « Parce que la gloire du grain de blé est de mourir pour porter beaucoup de fruit
»9 (v. 24)
Ce paradoxe de gloire dans l’humilité est aussi présent dans les Évangiles
synoptiques.
 Dans Marc 10.37ss, « la demande des deux fils de Zébédée suscite immédiatement en
Jésus la pensée de sa mort »10
o Il sait qu’il doit mourir pour pouvoir entrer dans son règne de gloire
Dans l’Apocalypse, on voit aussi le paradoxe, gloire — humiliation…
Apocalypse 5.5 : Et l’un des vieillards me dit: ne pleure point; voici, le lion de la tribu de Juda,
le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. 6 Et je vis, au milieu du
trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un agneau qui était là comme
immolé.
 Le lion de Juda victorieux « est » l’agneau immolé.
 C’est une gloire pour Christ de s’être humilié.
Quoiqu’il en soit, et bien que l’état d’humiliation et l’état d’exaltation se chevauchent
comme étant très lié, il est important de conserver la « succession temporelle ».
 En ne distinguant pas les deux états, Karl Barth (concentration christologique) voit
l’humiliation et l’exaltation dans un même temps, il perd du même coup le côté
historique de la venue du Messie.
 Le Christ devait subir l’humiliation « avant » d’être exalté.
 Ce qui est conforme aux textes bibliques

1 Pierre 1.11 : voulant sonder l’époque et les circonstances marquées par l’Esprit de Christ qui
était en eux, et qui attestait d’avance les souffrances de Christ et la gloire dont elles seraient
suivies.
Jean 7.39 : Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit
n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.

Complément : la descente « ad inferos » (aux enfers)


Credo : symbole des Apôtres11
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,
Créateur du ciel et de la terre.
Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur;
qui a été conçu du Saint-Esprit,
est né de la Vierge Marie,
a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié,
est mort et a été enseveli,
est descendu aux enfers ;
7 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185
8
La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185
9 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185
10 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 185, note 3
11 C’est-à-dire la Confession de foi des Apôtres
le troisième jour est ressuscité des morts,
est monté aux cieux,
est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
d'où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois en l'Esprit Saint, à la sainte Église catholique,
à la communion des saints, à la rémission des péchés,
à la résurrection de la chair, à la vie éternelle.
Amen.

Le credo mentionne donc la descente aux enfers… Mais l’enfer n’est pas ce que la majorité des
gens croit de nos jours.
 Le mot « enfer » signifie seulement : «les régions inférieures». On pourrait comprendre
: « il est descendu au séjour des morts »

Que croyez-vous que la descente aux enfers signifie ?


La croyance que Jésus est descendu aux enfers est assez répandue dans l’antiquité chrétienne,
mais la compréhension que les croyants ont de cette descente aux enfers diffère passablement.
1. Elle est parfois comprise comme « une invasion conquérante de l’empire du
démon, qui lui signifie sa défaite »12
2. Parfois « comme la délivrance des patriarches et autres saints de l’A.T.»13
3. Dans l’école d’Alexandrie (emphase sur la divinité), on comprenait la
descente aux enfers « comme une évangélisation donnant une chance de salut
aux morts »14
4. Thomas d’Aquin privilégiait « la délivrance des croyants, purifié déjà des
péchés actuels par la foi et les sacrifices, mais retenus encore pas le péché
originel dans les « limbes des Pères » (région en bordure de l’enfer des
damnés) »15
5. Calvin, lui, comprend la descente aux enfers dans son sens le plus négatif et
dur : Jésus sur la croix a souffert la peine des damnés, de l’enfer.
Quels sont donc les textes qui nous parlent de cette descente aux enfers ?
 Éphésiens 4.9 : Or, que signifie : Il est monté, sinon qu’il est aussi descendu dans les
régions inférieures de la terre ?
 1 Pierre 3.18 : Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes,
afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu
vivant quant à l’Esprit, 19 dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison, 20
qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours
de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes,
c’est-à-dire, huit, furent sauvées à travers l’eau.
 1 Pierre 4.6 : Car l’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir
été jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à
l’Esprit.
 Actes 2.27 : Car tu n’abandonneras pas mon âme dans le séjour des morts, et tu ne
permettras pas que ton Saint voit la corruption.
 Actes 2.31 : c’est la résurrection du Christ qu’il a prévue et annoncée, en disant
qu’il ne serait pas abandonné dans le séjour des morts et que sa chair ne verrait
pas la corruption.

12
La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 204.
13 Ibid.
14 Ibid.
15 Ibid.
 Romains 10.6 : Mais voici comment parle la justice qui vient de la foi: Ne dis pas en
ton cœur: Qui montera au ciel ? c’est en faire descendre Christ; 7 ou : Qui descendra
dans l’abîme ? C’est faire remonter Christ d’entre les morts.
De ces textes, deux se réfère clairement au séjour des morts (Actes 2.31 et Romains
10.7).
 Christ est bien descendu dans le séjour des morts, mais celui-ci ne pouvait pas le retenir.
Plusieurs commentateurs croient que les régions inférieures de la terre mentionnée dans
Éphésiens 4.9, sont en fait « la terre » inférieure par rapport au ciel…
 Puisque deux textes font une référence claire au séjour des morts, ça ne fait aucune
différence qu’il s’agisse de la terre ou du séjour des morts.
Le texte de Pierre est par contre problématique…
Voici quelques hypothèses au sujet de 1 Pi 4.6 dont nous discuterons ensemble :
1. Il parlerait de l’évangélisation (pendant qu’ils vivaient) de ceux qui sont
morts.
a. « L’Évangile a été annoncé même à des gens qui, depuis qu’ils l’ont
entendu, sont morts. »16
2. « Les morts eux-mêmes seront jugés, car l’évangile leur a été annoncé : ils
ont été mis en demeure d’accepter ou de refuser le salut. »17
a. Le jugement est universel; il s’adresse aux morts comme aux vivants.

Concernant les hypothèses au sujet de 1 Pi 3.19, nous allons exposer deux façons de
paraphraser le texte, pour tenter de l’expliquer :
1. « Mis à mort quant à la chair, le Christ a été rendu à la vie dans le mode
glorieux d’existence, dans lequel, en remontant au ciel (v.22), il a proclamé
sa victoire aux démons, les « Fils de Dieu » de Ge 6.1-8, emprisonnés dans
l’attente de leur jugement »18
a. Plusieurs exégètes évangéliques appuient cette hypothèse.
b. Elle donne à l’expression « esprits en prison » un sens très naturel.
c. Par contre, on ne comprend pas du tout pourquoi il fait un détour par
le déluge.
2. « Mis à mort quant à la chair, le Christ a été rendu à la vie par l’Esprit, dans
lequel, en la personne de Noé, il a prêché aux hommes désobéissants de
l’époque antédiluvienne, qui sont maintenant comme esprits dans la prison
de l’état intermédiaire ».19
a. Plusieurs exégètes évangéliques appuient également cette hypothèse.
b. Cette idée remonte à Augustin.
c. Elle donne une bonne explication au passage concernant Noé.
i. « À toute époque le Christ souffre de l’opposition des
moqueurs, en la personne de ses représentants parlant par son
Esprit (1 Pi 1.10s) ».20
d. Par contre, « esprits » se comprend moins bien pour les âmes des
hommes.
a. « Désobéissants » convient mieux aux hommes rebelles qu’aux
démons.
b. Le tout reste un exercice pénible d’interprétation.

16
Bible annotée N.T. 4, Ed. Emmaüs, Suisse 1983, p. 208, note 1.
17
Bible annotée N.T. 4, Ed. Emmaüs, Suisse 1983, p. 208, note 1.
18 Ibid., p 205
19 Ibid., p 206
20 Ibid.
Pour revenir à la descente aux enfers, nous ne pouvons retenir la compréhension courante
dans le catholicisme mise de l’avant par Thomas d’Aquin.
 Les « limbes des Pères » sont inconnus de l’écriture.
 La foi, par avance, au Christ, justifiait de tous les péchés (y compris originel).
 Les croyants de l’Ancienne Alliance avaient l’espoir d’être reçus par Dieu dans la gloire
même (Ps 73.23-26).
Pour ce qui est des autres hypothèses, elles ont certains mérites. Henri Blocher estime que
chacun peut comprendre le texte comme il le croit préférable.
L’interprétation de « Rufin, l’un des premiers à nous rapporter la présence de la clause «
descente aux enfers » dans la confession de son église (celle d’Aquilée, en 410), a l’avantage
de la simplicité »21 : il est descendu « ad inferos », au séjour des morts, signifierait, « il a été
enseveli ».
 « Il s’agit de la mort comme état confirmé, pour le corps et pour l’âme. Jésus-Christ
est pleinement mort; son corps gisait au tombeau, son âme était dans « l’Hadès »,
c.-à-d. cette partie qui est le sein d’Abraham (Luc 16.22), le paradis (Luc 23.43), la
gloire, en attendant la résurrection. »22
 Cette dernière hypothèse s’en tient à ce qui est certain, mais n’explique pas le texte
de 1 Pierre.
Le nouveau dictionnaire biblique Emmaüs nous donne un bel aperçu du séjour des
morts. Et des textes bibliques qui y font référence.

Séjour des morts23 , Hadès, Géhenne. De l’hébreu : che’ol, et du grec : Hads (Ps 16.10; Ac
2.27) L’étymologie des 2 mots est douteuse. che’ol peut signifier « insatiable». (Pr 27.20;
30.15-16) Hads veut dire : « invisible ».
 Les Juifs appelaient che’ol lieu où se rendaient tous les morts, heureux ou malheureux.
(Ec 9.3, 10)
o Le patriarche qui mourait était « recueilli auprès de son peuple ». (Ge. 25.8s).
o Samuel déclara à Saül et à ses fils que, le lendemain, ils seront où il se trouve
lui-même (1Sa 28.19)
o David, pleurant son fils, dit qu’il ira bientôt vers lui (2Sa 12.23) en mourant, le
roi « se coucha avec ses pères » (1 Rois 2.10)
o On parlait de « descendre dans le séjour des morts », comme s’il était proche de
la tombe où les corps étaient déposés (Nombres 16.30-33; Ézé 31.17; Amos 9.2;
Éph 4.9)
 Le séjour des morts était considéré par l’A.T. comme le lieu de l’oubli et du repos,
surtout pour le croyant. (Job 3.13-19)
o La pensée terrestre et désabusée de l’Ecclésiaste est que tout retourne à la
poussière, l’homme comme la bête (3.19-21); les morts ne savent rien, ne
possèdent plus rien, ne font plus aucune œuvre, et n’auront plus aucune part à
ce qui se fait sous le soleil (5.14).
o Cependant, d’autres textes enseignent que les âmes continuent à exister dans le
séjour des morts; cf. Samuel (1Sa 28.15) Moïse et Élie. (Mt 17.3)
o Dieu dit à Moïse : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », car pour
lui tous sont vivants (Mt 22.31-32; Lu 20.38) Les impies aussi gardent dans l’au-
delà leur personnalité. (És 14.9-10; Ézé 32.21-31)

21 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 206.


22 Ibid.
23 Nouveau dictionnaire Biblique Ed. Emmaüs, version Bible online.
o Le che’ol se trouve comme ouvert et exposé au regard de Dieu (Job 26.6; Pr
15.11) et sa présence même s’y fait sentir pour les siens. (Ps 139.8) Les croyants
de l’Ancienne Alliance avaient aussi l’assurance de la gloire future et de la
résurrection des corps (Job 19.25-27; Ps 16.8-11; 17.15; 49.14-16; 73.24-26; Da
12.2-3)
o L’enlèvement au ciel d’Hénoc et d’Élie. (Ge 5.24; 2 Rois 2.11) vint renforcer
une telle certitude.
 À l’époque précédant la 1re venue du Christ, les Juifs en étaient venus à distinguer dans
le séjour des morts 2 parties :
o l’une réservée aux impies, tourmentés dès leur départ ici-bas; l’autre, réservée
aux bienheureux, et appelée « paradis » ou « sein d’Abraham».
o Jésus lui-même emploie ces expressions et donne des précisions remarquables
sur le séjour des morts. (Lc 16.19-31)
o Dès son départ d’ici-bas, le croyant jouit de la consolation et du repos. C’est «
le paradis », promis au brigand sur la croix le jour même de sa mort. (Lc 23.43)
o Tandis que l’impie, en pleine possession de ses facultés et de sa mémoire,
souffre dans un lieu d’où il ne peut sortir.
o Cet endroit de tourment est pour lui comme la prison préventive : il y attend la
2e résurrection, le jugement dernier et la détention à perpétuité que sera l’enfer
éternel. Voir : Peines éternelles.
 Un grand changement fut produit par la descente du Christ dans le séjour des morts
bienheureux.
o Selon la prophétie, le Seigneur n’y fut pas abandonné (Ps 16.8-11) car il était
impossible qu’il fût retenu par les liens de la mort. (Ac 2.24)
o Sorti du tombeau, « étant monté en haut, il a emmené des captifs et il a fait des
dons aux hommes ». (Éph 4.8-10) Les commentateurs pensent que, lors de sa
glorification, Christ a libéré du che’ol les morts croyants et les a emmenés avec
lui dans le ciel.
o Le fait est que désormais, tous ceux qui meurent dans la foi, au lieu de descendre
dans le séjour des morts, s’en vont directement auprès du Seigneur.
o Paul préfère ainsi s’en aller, pour être avec Christ (Phil 1.21-24) et nous aimons
mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. (2 Co 5.6- 8)
o La mort est ainsi « un gain », elle n’est même plus la mort. (Jn 11.25)
 Le séjour des morts, n’étant que provisoire, cesse d’exister au moment du jugement
dernier : il est « jeté dans l’étang de feu ». Avec ceux qu’il contenait, il est pour ainsi
dire déversé dans l’enfer éternel qui commence (Ap 20.13-14)
 La géhenne tire son nom de l’expression hébreu ge-hinnom, vallée de Hinnom (Mt 5.22,
29, 30; 10.28; 18.9; 23.15, 33; Mr 9.47; Lc 12.5; Ja 3.6)
o En cet endroit, tout proche de Jérusalem, on avait brûlé des enfants en l’honneur
de Molok.
o En raison des crimes qui s’y commirent (Jer 32.35) de sa profanation par le roi
Josias (2 Rois 23.10) peut-être aussi à cause des immondices qu’on y brûlait, la
vallée d’Hinnom devint un symbole de péché, d’affliction; son nom finit par
désigner un lieu d’éternel châtiment. (Mt 18.8-9; Mr 9.43)
o La géhenne est donc plus proche de l’enfer définitif que du séjour des morts
provisoire décrit ci-dessus.
o C’est aux scènes horribles vues dans cette vallée qu’on emprunta les images
représentant la géhenne de l’autre monde (Mt 5.22) (cf. 13.42; Mc. 9.48).
III. Les deux Etats du Christ : humiliation et exaltation
A. L’humiliation
On ne peut pas dire que « l’incarnation » comme telle, fasse partie de l’humiliation. Les deux
natures du médiateur, sous-entendent qu’il ait pris corps pour devenir comme l’un de nous. Et
même l’état d’exaltation, ne supprime pas l’état « corporel » de Jésus.
 Son corps glorifié est ressuscité, et le tombeau est vide. Il a été transformé, mais le Fils
de l’homme est tout de même corporellement dans les cieux.
Par contre, la façon dont cette incarnation s’est opérée, constitue elle, une forme
d’humiliation.
 Il s’agissait pour Christ d’un « abaissement », il était égal à Dieu, (Phil 2.6) et il
s’est fait un petit enfant vulnérable.
 Il s’est humilié (lui-même), se rendant obéissant jusqu'à la mort.
 Pas seulement obéissant au Père auquel il était soumis, mais obéissant aux lois des
hommes auxquels il s’est soumis volontairement.

Donc, ce n’est pas l’incarnation qui constitue l’humiliation, mais l’acceptation volontaire
des contraintes humaines (sociale et légale) et des limitations physiques (fatigue, faim, soif,
souffrances, le corps glorifié n’a plus ses limitations physiques) qui constituent la vraie
humiliation. L’état d’humiliation ne se limite pas au fait qu’il a été humilié de la part des
hommes, mais trouve toute sa valeur dans le fait qu’il s’est humilié lui-même.
 L’humiliation est partie intégrante du sacrifice de Christ
Plusieurs théologiens ont tenté de distinguer les divers moments ou degrés de l’état
d’humiliation de Christ.
 Le luthérien Hollaz en comptait jusqu'à huit :
o Conception
o Naissance
o Circoncision
o Éducation
o Vie éprouvée
o Passion
o Mort
o Ensevelissement
On peut comprendre les subdivisions, mais on préfère rester le plus simple que possible.
 Nous nous contenterons de trois stades qui englobent de façon plus générale l’état
d’humiliation.
o Naissance
o Service
o Passion
D’ailleurs, plusieurs passages reprennent les éléments de ses trois stades : Matthieu
20.28 : Le fils de l’homme est venu (1) pour servir (2) et donner sa vie en rançon (3).
Galates 4.4-5 : Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme (1), né sous la loi (2), pour
racheter (3).
Philippiens 2.7-8 : Jésus-Christ s’est dépouillé, paru comme un simple homme (1),
prenant forme de serviteur (2), obéissant jusqu'à la mort (3).
On peut subdiviser comme on veut, mais ses trois aspects de l’humiliation sont très
présents dans les écritures.

1. La naissance
La naissance de Jésus inclut des traits d’humiliations, mais inclut aussi un miracle.
 On pourrait dire par contre que le côté miraculeux contribue à l’humiliation à cause de
ceux qui doutent et qui se moquent de Christ.
o Il s’agit pour eux d’une pierre d’achoppement, et pour Christ d’une humiliation
de leur part, encore aujourd’hui. On va regarder ces deux aspects de la naissance
plus en détail.
a) Naissance humiliée
En quoi la naissance de Christ est-elle une humiliation ?
La naissance de Christ est une humiliation à bien des égards :
 Il naît petit enfant, vulnérable, dépendant de sa famille terrestre.
 Il naît dans la pauvreté du peuple, aucune richesse particulière. (pas dans une pauvreté
totale, Joseph travaillait, ils auraient pu payer l’hôtel s’ils en avaient trouvé un)
 L’accouchement se passe dans des circonstances dramatiques, pas de place dans
l’hôtellerie. (Il naît dans une étable, comme pour marquer l’acceptation complète de sa
condition humaine)
 La menace des tueurs d’Hérode pèse sur lui.
 La fuite en Égypte prolonge l’état de détresse. (Même dans la foi en Dieu qui les protège,
la famille doit se cacher de la face d’Hérode.)
 Il passe son enfance à Nazareth, une ville méprisée des chefs religieux.
 Jean 1.46 : Nathanaël lui dit : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon? Philippe
lui répondit : viens, et vois.
 Les prophètes l’avaient prédit.
Michée 5.1 : Et toi, Bethléem Ephrata, Petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi
Celui qui dominera sur Israël, et dont l’origine remonte aux temps anciens, Aux jours de
l’éternité.
Ésaïe 53.2 : Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, comme un rejeton qui sort d’une
terre desséchée; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien
pour nous plaire.
« Les messages angéliques, les salutations prophétiques, l’adoration des bergers et des
mages, ne sont que des « flashs » de gloire »24…
 Ils mettent en contraste, ce que Christ « est » et ce qu’il mérite, avec l’état d’humiliation
dans lequel il se trouve.
b) Naissance miraculeuse
Malgré l’humiliation associée à la naissance, un miracle a eu lieu… On parle bien sûr de la
naissance virginale.
 Marie était encore vierge quand elle donna naissance à Jésus
 Jésus a été conçu par le Saint-Esprit
 Les prophètes l’avaient aussi prédit…
o Ésaïe 7.14 : C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, voici,
la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom
d’Emmanuel.
Ceux qui nient la naissance virginale, s’appuient souvent sur ce verset. Ils invoquent le fait que
le texte hébreu ne parle pas d’une « vierge », mais d’une « jeune fille»…
 Ils ont raison, le mot hébreu signifie bien « jeune fille ».
 La LXX l’a cependant traduit « vierge » (conférant au mot son sens entendu)
 Car quel signe y a-t-il dans le fait qu’une jeune fille devienne enceinte, si elle n’est pas
vierge ?
La croyance selon laquelle Marie serait restée vierge même après la naissance de Jésus
remonte aux textes apocryphes du 2e siècle sur « l’enfance de Jésus ».
24 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 187.
 Ces textes sont de tendances docète. (Jésus n’a pas de corps réel)
 Ils tentent d’expliquer les passages qui parlent des frères et des sœurs de Jésus en les
considérant comme des cousins et cousines.
 Ils associent le fait que Jésus soit sorti du tombeau alors que la pierre fermait encore la
porte avec la sortie de Jésus du sein maternel « sans altérer » la virginité de Marie.
 C’est sans considérer le fait que le corps glorifié n’avait pas les mêmes propriétés que
le corps physique de Jésus.
Dans Hébreux 7.3, Jésus est comparé à Melchisédek…
 Melchisédek « est sans père, sans mère, sans généalogie », il « n’a ni commencement
de jours ni fin de vie »
o Il est rendu semblable au Fils de Dieu
o Il demeure sacrificateur à perpétuité
 Jésus a « été fait souverain sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek »
o Grâce à la naissance virginale, il est sans père terrestre et sans mère au ciel
Si Jésus était un prophète comme les autres, il aurait pu naître d’un homme et d’une femme,
comme les autres prophètes…
 L’annonce de la naissance virginale (Ésaïe 7.14) laisse entrevoir la nature
«exceptionnelle » de l’enfant qui naîtra…
 Ésaïe 9.5 : Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera
sur son épaule; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince
de la paix.
Il est intéressant de considérer les différentes manières dont Dieu Créé l’être humain…
1- De l’homme et de la femme (procréation)
2- Ni de l’homme ni de la femme (Adam)
3- De l’homme et non de la femme (Ève)
4- De la femme et non de l’homme (Jésus)
 Il ne s’agit que d’un jeu spéculatif que faisait Anselme (fondateur de la scolastique), ça
ne prouve rien, mais c’est original.
 Il n’est toutefois pas certain que Jésus ait eu quelques gènes que ce soit en commun avec
Marie. (il aurait fallu que le Saint-Esprit les régénère à l’état originel, avant la chute)
o L’œuvre créatrice de Dieu par le Saint-Esprit en Marie pouvait se passer aussi
bien des gènes de l’homme que de ceux de la femme, Marie n’étant que le « lieu
» où le miracle du Saint-Esprit s’accomplit.
La conclusion de ces arguments serait que la naissance virginale est attestée par les
écritures du prophète Ésaïe, et est confirmée par le témoignage de Marie (comment cela
se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ?)
 Il s’en trouvera toujours qui ne croiront pas et qui se moqueront.
2. le service
Jésus a dit à ses disciples (Lc 22.27) : « je suis au milieu de vous comme celui qui sert. »
a) La soumission
Jésus s’humilie comme un serviteur en se soumettant aux obligations et aux contraintes des
hommes. Il se rend semblable à ses frères en toutes choses.
 Il se place sous la loi, il fut circoncis le 8e jour.
 Il se fait baptisé, même s’il n’avait pas à le faire.
o Il ne se repentait de rien, mais il s’identifiait par-là aux pécheurs. Il se met au rang
des coupables.
 Il se soumet aux autorités
 Il obéit à ses parents, l’impôt et la taxe du temple
Comme tous les serviteurs de Dieu, il se soumet à la prière et est soumis à la tentation.
b) La souffrance (dans le service)
 Si on se fie sur Ésaïe 53.3 « homme de douleur et habitué à la souffrance », on peut croire
que Jésus a connu les diverses souffrances communes aux hommes de son temps.
 Son ministère représentait sûrement une épreuve dans la vie quotidienne, « le Fils de
l’homme n’a pas où reposer sa tête. » (Mt 8.20)
 Il faisait face au mépris, à l’hostilité de ceux qui voulaient le piéger.
 Ses propres frères ne croyaient pas en lui. (Jn 7.5)
c) Les œuvres
Pendant son ministère, Jésus fait son travail de Serviteur…
 Il enseigne, il fait des miracles.
On peut peut-être se demander en quoi « ses œuvres » sont une marque de l’humiliation?
La réponse se trouve dans le fait qu’il s’agit d’une humiliation volontaire. En ce sens, on
pourrait davantage parler d’humilité que d’humiliation. Mais dans les faits, l’humilité EST une
humiliation.
 Jésus est patient avec ceux qu’il enseigne, il s’adapte à chacun.
 «La motivation des miracles est souvent la compassion, qui est un mouvement
d’abaissement vers les plus petits dans la souffrance.»25
3. La passion
Les Évangiles consacrent plusieurs chapitres aux derniers jours de Jésus, à sa Passion.
Le CREDO aussi mentionne plusieurs aspects de la Passion de Christ : « il a souffert sous Ponce
Pilate, il a été crucifié, il est mort, et il a été enseveli, il est descendu aux enfers.»
La Passion de Christ n’a pas été que la fin de sa vie, elle en a été le but : « c’est précisément
pour cette heure que je suis venu. » (Jn 12.27)
a) Passion totale
On parle de passion totale pour dire que Christ n’a pas souffert uniquement d’être sur la croix.
 Dès le jardin de Gethsémané, Jésus commença d’éprouver des angoisses.
 Les traitements subis de la part de l’autorité romaine étaient atroces.
 Les souffrances qu’il a subies ont affecté sa personne entière, physique, morale et
spirituelle.
 Il a souffert la première mort
o Frappé, moqué, flagellé, épuisé à tout point de vue, Jésus n’a pas eu la force de porter
sa croix jusqu’au sommet de Golgotha.
o Puis on le crucifie, la pire mort à son époque.
o La mort aurait dû être lente, il aurait dû mourir par asphyxie, mais il était déjà trop
affaibli par ce qu’il avait enduré, il n’a pas survécu pour qu’on lui brise les jambes.
 « La mort a signifié la séparation des éléments de sa nature humaine »26
o Il est mort comme les hommes meurent, le corps dans la tombe, l’âme dans le séjour
des morts.
o Sa nature divine est restée attachée à sa personne.
 Il a souffert la seconde mort (ou son équivalent)

25 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 198.


26 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 200.
o Le salaire du péché, c’est la mort. Mais pas seulement la mort physique. Dans ce
contexte, il a fallût que Christ subisse aussi les conséquences de la seconde mort.
o L’écriture dit qu’il est devenu malédiction pour nous (Ga 3.13)
o En ce sens, la croix DÉPASSE toutes les douleurs humaines.
o Elle s’exprime par le cri « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?»
b) Passion pénale
 C’est par un procès humain que Jésus a été condamné.
o « Il a été mis au nombre des malfaiteurs » (Lc 22.37)
 Le jugement était « injuste », mais avait force de loi.
o Les juifs ont dû produire de faux témoins
o Pilate a même essayé de le relâcher
o Les chefs juifs ont manipulé la foule et Pilate
 Ils ont voulu faire condamner Jésus pour un crime politique afin d’impliquer les romains.
(En se disant le Messie, Jésus se disait Roi, et menaçait César)
o Le thème de la royauté revient constamment dans le récit de la Passion dans Jean (12
fois « Roi »).
o L’écriteau même que Pilate fit mettre disait « Roi des Juifs »
c) Passion volontaire
Au-delà de la Passion que les hommes ont fait subir à Jésus, la Passion est aussi une œuvre ».
C’est par obéissance qu’il s’est soumis à ce jugement d’homme et qu’il a accomplie de ce fait « la
volonté de son Père »
 Jésus affirme que personne ne lui ôte la vie, il la donne de lui-même (Jn 10.18)
 Luc 9.51 : Lorsque le temps où il devait être enlevé du monde approcha, Jésus prit la
résolution de se rendre à Jérusalem.
 Jésus renonce aux douze légions d’anges… (Mt 26.53)
C’est le caractère volontaire de la mort de Jésus qui nous en révèle le sens véritable
 Il se donne pour ses amis.
 Il subit une condamnation injuste pour lui, mais juste pour nous.
 Il prend notre place.
 Il instaure ainsi un autre règne qui n’est pas de ce monde
Grâce à sa mort et sa résurrection, notre grand Dieu et Seigneur Jésus-Christ peut nous
sauver parfaitement.
B. L’exaltation
Pendant les trois jours où Christ est « mort », il connaissait l’étape finale de son humiliation,
alors que son âme était séparée de son corps. Cette ultime humiliation sera suivie de la gloire, de
l’exaltation.
Comme pour l’humiliation, il y a différent stade à l’exaltation. La tradition les classe selon
diverses étapes.
Comme pour l’humiliation, nous la diviserons en trois étapes.
1- La résurrection
2- L’ascension ou la session
3- Le retour ou Manifestation
Cette subdivision se retrouve à peu près telle quelle dans Colossiens 4.
Colossiens 4.1 : Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où
Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui
sont sur la terre. 3 Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. 4 Quand
Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire.

1. La résurrection
La résurrection est le pivot central de l’Évangile. Si la résurrection n’a pas eu lieu, tout
l’Évangile tombe, comme le dit si bien 1 Corinthiens 15.
1 Corinthiens 15.14 : Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et
votre foi aussi est vaine.
1 Corinthiens 15.17 : Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans
vos péchés.
Cet élément de foi est donc crucial.
a) Les contours de l’événement
Quelles sont donc les circonstances qui ont entouré cet événement ?
Paul dit :
1 Corinthiens 15.3 : Je vous ai enseigné avant tout, comme je l’avais aussi reçu, que Christ
est mort pour nos péchés, selon les Écritures; 4 qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le
troisième jour, selon les Écritures; 5 et qu’il est apparu à Céphas, puis aux douze. 6 Ensuite, il est
apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques-
uns sont morts. 7 Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. 8 Après eux tous, il
m’est aussi apparu à moi, comme à l’avorton…
L’événement a eu lieu à l’aube du troisième jour après sa crucifixion, c’est-à-dire du lendemain
du sabbat, c’est-à-dire du dimanche. »27
C’est pour cela que les chrétiens considéraient le dimanche comme étant « le jour du Seigneur
», et qu’ils se rassemblaient le premier jour de la semaine, soit le dimanche. (Actes 20.7; 1
Corinthiens 16:2; Apocalypse 1:10)
Jésus est mort le vendredi, et il fut mis au tombeau… il ressuscitât le dimanche dès le matin…
 Jésus a dit lui-même : « Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le
ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits
dans le sein de la terre. » (Matthieu 12.40)
On pourrait penser que « les trois jours et trois nuits » ne se sont pas accomplis tout à fait
de façon littérale, mais il n’en est rien.
 Les juifs ne « voyaient » pas les jours et les nuits comme nous les voyons…
 Pour nous, trois jours et trois nuits dans « le sud » par exemple, signifierait vendredi
dans le jour plus la nuit de vendredi, le jour du samedi plus la nuit du samedi, plus le
jour du dimanche et la nuit de dimanche (troisième nuit).
 Pour les juifs, la nuit (pour un jour) commence après minuit (le matin) et se poursuit
après le coucher du soleil jusqu'au minuit suivant, alors que la nuit du deuxième jour
commence…
 Jésus fut donc « mort » pendant trois jours : le vendredi avant le coucher du soleil, le
samedi et le dimanche après le lever du soleil…
 Il fut aussi dans le tombeau trois nuits : la nuit du vendredi avant minuit, la nuit du
samedi, et la nuit du dimanche de minuit au lever du soleil…
27 Ibid
 En outre, les disciples eux-mêmes considéraient que trois jours s’étaient écoulés.
Luc 24.13 : Et voici, ce même jour (jour de la résurrection), deux disciples allaient à un village
nommé Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades…
Luc 24.21 : Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout cela, voici le
troisième jour que ces choses se sont passées28. D’autres signes se sont également produits lors
de sa résurrection.
 Morts qui sont ressuscités
Matthieu 27.52 : les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts
ressuscitèrent. 53 Étant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans
la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.
 Apparition d’anges
Luc 24.23 : et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur
sont apparus et ont annoncé qu’il est vivant.
 Un tremblement de terre
Matthieu 28.2 : Et voici, il y eut un grand tremblement de terre; car un ange du Seigneur
descendit du ciel, vint rouler la pierre, et s’assit dessus.
« Pour vaincre l’incrédulité des disciples, le Ressuscité s’est présenté lui-même à eux. »29
 Loin de se forcer pour « inventer » l’histoire de la résurrection, les disciples ont eu du
mal à y croire.
o Jésus leur reprocha leur incrédulité
 C’est sur des rencontres personnelles avec Jésus ressuscité que les disciples ont fondé
leur certitude absolue de la résurrection.
 Le jour même, puis pendant 40 jours
 Ils l’ont vu individuellement, et en groupe (jusqu'à 500 à la fois)
 Ils ont mangé et bu avec lui (Actes 10.41)
 Ils ont reçu de sa part de nouveaux enseignements (Actes 1.3)
 Selon tous les évangélistes, ils reçurent la même mission, « allez faire des disciples. »
(Mt 28.19 ; Mc 16.15; Lc 24.47-48; Jn 20.21)
 Paul, pour sa part, a bénéficié d’une apparition et a reçu une révélation du mystère de
Christ, après qu’il soit monté au ciel. (Actes 9:17; Éphésiens 3.4; Galates 1.12)
En plus de ces témoignages, ils ont trouvé le tombeau vide.
 Les linges funèbres étaient dans un tel état, qu’ils ne laissaient place à aucune autre
interprétation.
o Ils étaient encore roulés sur eux-mêmes, comme si le corps était passé au
travers30.
o On peut penser qu’un voleur n’aurait pas pris le temps d’enlever et de replacer
les bandes, et de plier le linge du visage dans un lieu a part.
o Jean cru lorsqu’il vit les bandes par terre (Jn 20.8)
 Les autorités romaines avait fait surveillé le tombeau pour éviter qu le corps ne soit
dérobé par ses disciples, et ils ont été témoins de la résurrection
o Matthieu 28.11 : Pendant qu’elles étaient en chemin, quelques hommes de la
garde entrèrent dans la ville, et annoncèrent aux principaux sacrificateurs tout
ce qui était arrivé.
Comment la résurrection s’est-elle opérée ?
 C’est Dieu qui l’a ressuscité (Actes 2.24 et 32)
28 Dans notre culture, nous aurions dit : voici 2 jours que ces choses se sont passés.
29 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 209.
30
Aucun textes ne mentionne clairement que les bandes étaient encore roulées et à leur place, le seul indice qui nous laisse
croire que la disposition des bandes laissait croire au miracle de la résurrection, c’est le fait que Jean ait « cru » en voyant les
bandes. Voir des bandes « en tapon » par terre, ne porterait peut-être Jean « à croire ». D’autant plus que le linge du visage
était, lui, si bien rangé.
 C’est le Père qui l’a ressuscité (Galates 1.1)
 Le Fils lui-même rebâtit le temple de son corps. (Jn 2,19-21)
o Il en a le pouvoir, Jean 10.18 : Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-
même; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre: tel est
l’ordre que j’ai reçu de mon Père.
 « Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père » (Rom 6.4), on peut y voir le
Saint-Esprit, comme la Gloire-nuée qui remplissait le temple.
o Comme le Saint-Esprit qui nous rendra la vie « Et si l’Esprit de celui qui a
ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ
d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite
en vous. » (Rom 8.11)
 Donc, toute la Trinité est à l’œuvre lors de la résurrection.
De quelle « nature » était le nouveau corps ?
 Pour les disciples, il n’y a aucun doute : c’est la même « personne », et il était
reconnaissable.
 C’est avec le « même corps » que Christ est ressuscité, (quoique avec des propriétés
différentes et « améliorées ».)
o Les marques de sa crucifixion sont encore visibles. (Jn 20.27) N’oublions pas
que son sacrifice à la croix est une Gloire pour Christ.
o Luc 24.39 : Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi; touchez-moi et voyez
: un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai. Fait intéressant et
cocasse, ce n’est pas le fait de la résurrection qui rend impossible qu’on retrouve
le squelette de Christ, puisqu’il est ressuscité avec son corps.
o C’est plutôt le fait qu’il ne pouvait plus mourir et son ascension dans le ciel qui
rend impossible qu’on retrouve son squelette !
 Le nouveau corps ne meurt plus : « sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt
plus; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. » (Rom 6.9)
o Au contraire de Lazare, qui n’a obtenu qu’un sursis.
 « C’est un corps glorieux, incorruptible, spirituel, qui est sorti du tombeau. »31
o Il faut bien comprendre ici, le corps n’était pas fait de « matière spirituelle »
comme un fantôme, mais bien un corps « vivifié » ou « animé » par l’Esprit.
o Paul tente d’expliquer ce mystère dans 1 Corinthiens 15.44 : il est semé corps
animal, il ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps animal, il y a aussi un corps
spirituel.
o Les deux mots utilisés ici sont : « psuchè » = âme = animal, et « pneuma » =
esprit = spirituel « Notre corps présent est « psuchikos », le corps ressuscité est
« pneumatikos ». »32
o Le « psuchikos » est mortel, le « pneumatikos » est immortel.

 Le nouveau corps à la faculté d’apparaître et de disparaître. (Il ne s’agit pas d’un


miracle particulier, comme quand Jésus marchait sur les eaux avec son corps psuchikos,
mais bien d’une faculté du corps spirituel.)
 « Le corps exprime la « forme »33 de la personne dans un univers, et son corps de
résurrection exprime la « forme » de l’homme Jésus dans la nouvelle création, le
monde recréé qui commence par lui. »34
31 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 210.
32 Ibid.
33
C.S.Lewis, dans Miracles, New York, MacMillan, 1947, p.156, apporte une belle image pour comprendre l’identité dans la
forme. Il dit : « Je suis une courbe dans une cascade ». (L’identité est dans la forme qui perdure, non dans la matière qui se
renouvelle constamment.) Cf. La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 210, note 4.
34 Henri Blocher, Opt. Cit.
b) La portée de l’Événement
 La résurrection est très certainement un signe ou un miracle.
Matthieu 12.39 : Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle;
il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. 40 Car, de même que Jonas
fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera
trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
 En tout cas, la résurrection se veut la « preuve », que Jésus a été désigné comme étant
le juge final.
Actes 17.31 : parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme
qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts…
Mais la portée de la résurrection dépasse le simple signe, ou la simple preuve. «La
résurrection est le pivot de la grande transition des âges. »35
 Le début d’une ère nouvelle.
i) La résurrection et l’œuvre de la croix
 La mort de Jésus, même si elle fut atroce, ne peut pas être considérée comme un accident
désastreux.
o Les prophéties prouvent qu’elle accomplissait le dessein de Dieu. (Actes 2.23)
 La résurrection est donc la suite logique et prévisible de la mort de Christ.
o Elle démontre que Jésus n’était pas un blasphémateur, mais bien qu’il
accomplissait une œuvre rédemptrice pour notre salut.
o La résurrection révèle aussi « l’efficacité » de son œuvre.
 Une fois ressuscité, Jésus est le Prince de la vie (le pionnier).
 Il nous révèle qu’il a remporté la victoire sur la mort. (La mort a été engloutie dans la
victoire. 1 Corinthiens 15.54)
 La croix signifie aussi la défaite de Satan. « il a dépouillé les dominations et les autorités,
et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. »
(Colossiens 2.15)
Quelles sont les conséquences de la résurrection ?36
Pour Jésus-Christ lui-même :
 Il est déclaré Fils de Dieu avec puissance (Rom 1.4)
 Tout pouvoir lui est donné dans le ciel et sur la terre (Mt 28.18)
 Il est désormais assis à la droite de Dieu, couronné de gloire et d’honneur (Ac 2.32-34;
Héb 2.9) en attendant de revenir pour établir son règne. (Ac 17.31)
Pour les croyants :
 La résurrection rend possible notre salut. (Rom 4.25)
 Le Christ vivant intercède pour nous et nous sauve parfaitement (Héb 7.23-25; 1Pi 3.21)
 Christ, le dernier Adam, crée une nouvelle humanité, dont nous devenons membres.
(1Co 15.45-49)
 Il est les prémices de ceux qui sont morts, et sa résurrection garantit la nôtre. Il est la
résurrection et la vie; il est vraiment ressuscité (1Co 15.20-23; Jn 11.25-26)

35 La doctrine du Christ, EDIFAC, Henri Blocher, 2002, P. 217.


36 Tiré du Dictionnaire Biblique Emmaüs, version La Bible Online

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