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L’ARBRE, ÊTRE DE VIE…

Livret pédagogique
L’ARBRE : ÊTRE DE VIE…
Dossier pédagogique

▼ Auteur ▼ Coordination

Bernard De WETTER Layla SAAD & Philippe KETELS


(DGO3 Direction des Espaces verts)
REMERCIEMENTS

La réalisation de ce dossier pédagogique a été rendue possible grâce aux personnes suivantes :

Martin CLEDA (Service Public de Wallonie – Département de la Nature et des Forêts)


Sophie HIMPENS (Service Public de Wallonie – Direction des Ressources Forestières)
Sophie DEGROS (Service Public de Wallonie – Direction de la Nature et des Espaces Verts)
Arnaud STAS (Service Public de Wallonie – Direction de la Nature et des Espaces Verts)
Hilke VERVAEKE (Focus-ID)
Daniel STEENHAUT (Scénographe)

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

photos : Bernard De WETTER


sauf
Philippe MOËS :
1 (feuilles érable), 5, 12, 24, 29, 34, 35, 37 (haut gauche)
Frank RENARD :
1 (sittelle), 3, 10 (bas), 16, 19
Daniel STEENHAUT :
1 (champignons), 9 (haut droite), 11 (haut gauche, milieu, droite), 14 (haut gauche (sangliers), milieu droite
(écureuil)), 15 (haut gauche (sittelle), haut droite (pic épeiche), milieu droite (fruits aulne), bas droite (faînes)),
36 (chevreuil), 37 (bas gauche)

ILLUSTRATIONS (DESSINS)
Bernard De WETTER

L AY-OUT ET MISE EN PAGE


Safran.be, Bruxelles
PRÉAMBULE

Ce dossier pédagogique est à « pratiquer » sur terrain. En effet, les chapitres proposés présentent un à un les
modules scénographiques du parcours d’interprétation de l’arbre implantés au sein de l’arboretum.

De belles et instructives découvertes à tous …

5
TABLE DES MATIÈRES

Remerciements …………………………………………………………………………………… 4
Crédits photographiques………………………………………………………………………… 4
Illustrations (dessins)……………………………………………………………………………… 4

PRÉAMBULE………………………………………………………………………………………… 5

INTRODUCTION. L’ARBRE : ÊTRE VIVANT…………………………………………………… 7

CHAPITRE 1. LE SYSTÈME RACINAIRE DES ARBRES…………………… 8


▼ L’ARBRE ‘’SOUS LA TERRE’’
Structure du système racinaire… ……………………………………………………… 9
A quoi ça sert, les racines ?… ………………………………………………………… 9
Des racines différentes pour des sols différents… …………………………………… 9
Etendre ses racines… ………………………………………………………………… 10
Un monde grouillant de vie…………………………………………………………… 10
Le géant et les nains : une symbiose parfaite !… ………………………………… 11

CHAPITRE 2. REPRODUCTION, FRUCTIFICATION,


DISSÉMINATION, GERMINATION………………………………………… 12
▼ FAIRE NAÎTRE DES ARBRES
De la fleur à la graine………………………………………………………………… 13
‘’Monsieur’’ l’arbre ou ‘’madame’’ l’arbre ?… …………………………………… 13
Des fruits fort appréciés… …………………………………………………………… 13
Se répandre à la ronde…… ………………………………………………………… 15
Des pertes gigantesques !… ………………………………………………………… 17

CHAPITRE 3. LES ENNEMIS DE L’ARBRE………………………………… 18


▼ GÉANTS VULNÉRABLES
Ainsi les emporte le vent……………………………………………………………… 19
Des insectes par légions… …………………………………………………………… 19
Ennemis microscopiques……………………………………………………………… 21
Ennemis occasionnels…… …………………………………………………………… 21
Le pire ennemi des arbres ?… ……………………………………………………… 22

CHAPITRE 4. PHOTOSYNTHÈSE…………………………………………… 24
▼ L’ARBRE : UNE VÉRITABLE USINE CHIMIQUE !
De quoi se nourrit l’arbre ?…………………………………………………………… 25
Se ‘’nourrir de lumière’’… …………………………………………………………… 25
La feuille : une petite merveille !… ………………………………………………… 27
Un ‘’déchet’’ extrêmement précieux !… …………………………………………… 27
Les forêts : précieux ‘’puits de carbone’’…………………………………………… 28

CHAPITRE 5. VIVRE VIEUX………………………………………………… 30


▼ CONÇUS POUR AFFRONTER LES SIÈCLES…
Ils grandissent avant de grossir…… ………………………………………………… 31
La période annuelle de croissance…………………………………………………… 32
Les cernes de croissance : bien utiles…… ………………………………………… 32
‘’Arbres remarquables’’ & ‘’Champions de Belgique’’… ………………………… 33

CHAPITRE 6. CYCLE ANNUEL DE L’ARBRE……………………………… 34


▼ LES QUATRE SAISONS DE L’ARBRE
Printemps… …………………………………………………………………………… 35
Eté… …………………………………………………………………………………… 36
Automne………………………………………………………………………………… 37
Hiver… ………………………………………………………………………………… 37

GLOSSAIRE…………………………………………………………………………………………… 38
INTRODUCTION

C’est quoi,
un arbre ?
En termes scientifiques, un arbre
est ‘’une plante terrestre lignifiée ▼ L’ARBRE : ÊTRE VIVANT…
comportant un tronc sur lequel
s'insèrent des branches ramifiées
portant le feuillage, dont l'en-
semble forme le houppier’’.
Quelle autre création de la nature
Il n'existe cependant pas de peut mieux symboliser la vie qu’un
définition universelle de l'arbre, arbre ?
tant ce concept recouvre une
grande variété de formations et L’arbre magnifie toute la force et la
d'espèces diverses, si bien que puissance de la vie  : qui penserait
les botanistes, arboriculteurs et qu’une simple graine, une simple
forestiers continuent encore de faîne que l’on tient dans la paume
débattre à ce sujet. de la main a le pouvoir de donner
naissance à un tel géant ? L’arbre est
L'Organisation des Nations unies
sans doute ce que la vie a créé de
pour l'alimentation et l'agricul-
plus fort, de plus grand… mais il nous
ture (la FAO) propose une défi-
rappelle aussi la fragilité tragique de
nition de l’arbre, essentiellement
toute vie : un coup de vent soudain,
basée sur la hauteur. La FAO
un insecte ou un champignon anodin
considère qu'un arbre est une
suffiront parfois pour le voir vaciller,
espèce végétale capable, dans
le faire dépérir.
de bonnes conditions de crois-
sance, de pousser au moins à Tout au long des pages de ce carnet Aux premières nuits froides de
5 m ou 7 m de hauteur à l’état pédagogique, nous allons décou- l’automne, beaucoup d’arbres se
adulte, ce qui la distingue de l'ar- vrir ensemble, en six chapitres, les dévêtissent comme s’ils renonçaient
buste dont la hauteur à maturité aspects les plus importants de la vie à s’accrocher encore à la vie, mais
est comprise entre 0,5 et 5 ou 7 de l’arbre, de même que son contexte dès les premiers chauds matins du
m, et qui n'a pas de couronne et son rôle dans l’écosystème : le printemps, ils renaissent une fois
définie. La FAO inclut aussi décrire depuis les racines jusqu’à encore, en pleine vie, tandis que
parmi les arbres des espèces non la cime, identifier ses ennemis, com- quelques-uns égaient les rigueurs
ligneuses (bambous, palmiers…) prendre comment il fonctionne, le hivernales de leur verdure apparem-
répondant à ces critères. suivre tout au long de sa vie et tout ment immortelle, comme pour main-
au long des saisons de l’année… tenir la vie… ■

7
C HAPITRE 1

LE SYSTÈME
RACINAIRE
DES ARBRES
▼ L’ARBRE ‘’SOUS LA TERRE’’

Les racines forment l’arbre ‘’sous la On appelle en outre le ‘’collet’’ la


terre’’ : elles sont indispensables à sa zone d’interface entre le tronc et les
survie. racines de l’arbre, au niveau du sol.

STRUCTURE A QUOI ÇA SERT, LES RACINES ?


DU SYSTÈME RACINAIRE
Les racines d’un arbre assurent plu-
La ‘’colonne vertébrale’’ du système sieurs fonctions essentielles à la sur-
racinaire des arbres est le ‘’pivot’’, vie de celui-ci :
sorte de prolongement vertical du – elles absorbent l’eau et les subs-
tronc sous le sol, autour duquel tances nutritives contenues dans le
poussent de grosses racines latérales. sol, pour constituer la sève miné-
Ensemble, ils forment la ‘’charpente’’ rale, le ‘’sang’’ vital de l’arbre ;
du système racinaire. Ces racines
vivent et se développent aussi long- – elles stockent des ressources éner-
temps que l’arbre lui-même vit. gétiques pendant la saison hiver-
nale, permettant la survie ‘’au
Les racines latérales se ramifient en ralenti’’ de l’arbre ;
racines secondaires. Ces racines sont
appelées ‘’racines courtes’’, et n’ont – elles lui assurent un ancrage solide
qu’une durée de vie limitée (généra- dans le sol, pour lui permettre de
lement, entre 1 et 3 ans). Elles sont résister aux intempéries ;
– elles sont enfin le siège d’associa-
tions dites de ‘’symbiose’’ avec
d’autres organismes vivants pré-
sents dans le sol (champignons,
bactéries), indispensables à la   Racines latérales.
bonne santé de l’arbre.

DES RACINES DIFFÉRENTES


POUR DES SOLS DIFFÉRENTS

Certains arbres étendent leurs


racines en largeur, près de la sur-
face  : c’est ce que l’on appelle un
système racinaire ‘’traçant’’ (dans
progressivement remplacées par de nos régions, l’épicéa en est l’exemple
nouvelles racines courtes au fur et typique) ; d’autres les font pénétrer à
à mesure de l’extension des racines plusieurs mètres sous le sol, ce que
longues. Leur rôle est de coloniser le l’on appelle un système racinaire
sol. ‘’pivotant’’ (comme les chênes…).
Toutes ces racines portent des Ces différences ne sont pas l’effet du
‘’radicelles, que l’on pourrait com- simple hasard… Elles sont souvent
parer à des sortes de longs poils  : dictées par la nature du sol et la dis-
leur rôle – essentiel  – se résume à ponibilité en eau ; les caractéristiques
l’absorption de l’eau et des éléments de l’espèce de même que le patri-
nutritifs du sol. Ces ‘’poils’’ sont moine génétique de chaque arbre
souvent très fins, ne pouvant parfois exercent également une influence.
être vus qu’à la loupe. Le système Certains types de racines sont mieux
racinaire d’un grand arbre peut en adaptés aux sols secs, d’autres aux
contenir plusieurs millions par mètre sols humides  : c’est pourquoi les
carré de sol ! L’ensemble de ces arbres ont leurs préférences, et on
radicelles est appelé le ‘’chevelu’’. ne retrouve pas les mêmes espèces
  Radicelles. partout.

9
ETENDRE SES RACINES UN MONDE GROUILLANT DE VIE

L’arbre a tout intérêt à étendre au Un nombre inimaginable de créa-


maximum ses racines sous le sol, afin tures vivantes passe la totalité de
d’augmenter sa stabilité et d’absor- sa vie sous la terre  : champignons,
ber un maximum d’eau et de subs- algues, bactéries, levures … (pour
tances minérales nutritives. Dans la la flore), nématodes, tardigrades,
forêt, l’espace pouvant être occupé rotifères, protozoaires, collemboles,
par les racines d’un arbre est limité acariens… (pour la faune)…
Soigner les sols… par la présence des racines d’autres Le volume de sol forestier contenu
c’est préserver arbres proches. Mais un arbre isolé dans une simple cuiller à café
la santé des arbres ! pourra étendre à loisirs ses racines, peut contenir plus d’un million de
Lorsqu’il s’agit de préserver le bon
qui pourront couvrir une surface bien micro-organismes, répartis en plu-
état de santé des arbres, on a long- plus étendue que celle des branches. sieurs milliers d’espèces  ! De quoi
temps oublié de prendre en compte Généralement, l’essentiel du système attraper le vertige  ! La majorité de
la partie souterraine de ceux-ci. racinaire des arbres se développe ces organismes se retrouve dans les
L’évolution des connaissances a fait dans la couche superficielle du quelques cm sous la surface, les plus
que l’on est bien plus conscients riches en matières organiques.
sol, la plus riche en matières orga-
aujourd’hui que, pour ce qui est de
niques. En milieu forestier, dans nos L’immense majorité des organismes
la santé de nos arbres, ce sont les
régions, quelque 80% de la masse vivants présents dans le sol est de
racines qui doivent toujours béné-
ficier d’une attention prioritaire.
racinaire se développe depuis la dimensions microscopiques, les plus
Des études récentes ont clairement surface jusqu’à environ 50 cm de grands ne dépassant pas la taille
démontré que lorsque les racines profondeur. Les racines s’étendent modeste de 0,2 mm  ! Mais on y
des arbres vivent dans un sol en de manière ‘’opportuniste’’, diri- trouve aussi des créatures vivantes
bonne santé, c’est-à-dire un sol où geant leur progression notamment de plus grande taille : tellement
la vie est abondante (microfaune), en fonction d’obstacles présents sous ‘’grands’’ que les scientifiques parlent
les arbres ont une bien meilleure la surface (rochers, racines d’autres de ‘’macrofaune’’ du sol en les dési-
capacité de résistance aux maladies arbres…). Elles ne s’étendent donc gnant… c’est vrai que ces géants
et aux parasites. pas du tout de manière symétrique du sol peuvent parfois atteindre…
ou régulière tout autour du tronc. plusieurs cm de longueur !

  Les sols humides ne conviennent pas aux épicéas, facilement déracinés par le vent.

10
  Bousier.   Cloporte.   Lombric.

Les lombrics (‘’vers de terre’’) sont Tout comme les arbres, les champi- même de la photosynthèse effectuée
sans doute les plus connus : ils sont gnons ont une partie souterraine, par les feuilles de l’arbre, proces-
aussi parmi les plus abondants, que l’on oublie souvent : il s’agit d’un sus complexe (voir Chapitre 4) qui
pouvant parfois représenter jusqu’à réseau de fins filaments, appelé le produit des sucres simples arrivant
70 % de la biomasse animale du ‘’mycélium’’, qui se ramifie et s’étend jusqu’aux racines de celui-ci, et qui
sol d’une forêt de feuillus. Parmi les sous le sol. Dans la relation de sym- sont absorbés par le mycélium.
autres représentants de la macro- biose, le champignon transfère aux Les études ont démontré que la sym-
faune du sol, on compte également racines des arbres des minéraux et biose des arbres avec des champi-
des araignées, des mille-pattes, des
des acides aminés collectés via son gnons est souvent indispensable au
escargots, des limaces, des four-
mycélium, tandis qu'il  bénéficie lui- bon état de santé des premiers ! ■
mis, ainsi que des larves d’insectes
(coléoptères, diptères…).

LE GÉANT ET LES NAINS :


UNE SYMBIOSE PARFAITE !

De nombreux arbres entretiennent


une relation privilégiée avec des
organismes vivants infiniment plus
petits  qu’eux : une relation appelée
‘’symbiose’’. La symbiose profite aux
deux partenaires engagés dans la
relation.
  
Les arbres vivent souvent en sym- Un sol grouillant de vie.
biose avec des champignons, que
l’on appelle champignons ‘’myco-
rhiziens’’  : les délicieux bolets, par Records de racines
exemple, en font partie. Certaines Le record d’extension horizontale des racines est connu chez
familles d’arbres ne s’associent
des arbres géants des forêts tropicales, dont les racines latérales
qu’avec certaines familles de cham-
s’étendent à 90 m du tronc ! Le record de pénétration en profondeur
pignons et aucune autre : les truffes,
associées aux chênes, en sont un des des racines dans le sol a été enregistré chez des arbres des régions
plus célèbres exemples. arides, obligés d’aller puiser l’eau souterraine à 60 m de profondeur !

11
C HAPITRE 2

REPRODUCTION,
FRUCTIFICATION,
DISSÉMINATION,
GERMINATION
▼ FAIRE NAÎTRE DES ARBRES

  Dans nos régions, peu d’arbres   Inflorescences d’érable.   Inflorescences de conifère.


portent des fleurs aussi spectaculaires
que celles des châtaigniers
et des marronniers.

L’arbre, comme tout être vivant, doit rents qui doivent s’unir. Chez cer- porteront sans le savoir le pollen
pouvoir se reproduire afin de contri- taines espèces, on trouve à la fois d’une fleur qu’ils visitent vers une
buer à perpétuer son espèce après des fleurs mâles et femelles sur un autre fleur qu’ils visitent, et ainsi de
sa mort. C’est un des principes fon- même spécimen (on parle d’arbres suite).
damentaux de la vie sur la terre… ‘’monoïques’’), tandis que chez
d’autres espèces, un spécimen ne DES FRUITS FORT APPRÉCIÉS
DE LA FLEUR À LA GRAINE porte soit que des fleurs mâles, soit
que des fleurs femelles (on parle alors Les fruits des arbres sont en général
Tout comme cela est également le d’arbres ‘’dioïques’’). Les peupliers fort appréciés par un cortège d’in-
cas chez d’innombrables autres et les saules, l’if et le genévrier, par nombrables animaux, depuis les
plantes, l’outil principal dont se exemple, sont des arbres dioïques, insectes jusqu’aux oiseaux et aux
servent les arbres pour donner nais- tandis que le bouleau, le chêne, le mammifères, qui les consommeront
sance à de nouveaux spécimens de hêtre, le noisetier et de nombreux sans limites.
leur espèce est la graine. Les graines conifères, parmi d’autres espèces,
A première vue, on pourrait donc
n’apparaissent pas subitement sur sont des arbres monoïques.
considérer les arbres comme des
les arbres : elles sont le résultat d’un
processus en plusieurs étapes. Les Pour féconder leurs fleurs, les arbres créatures particulièrement géné-
arbres produisent d’abord des fleurs, confient souvent la tâche à des alliés reuses, offrant à toutes ces autres
qui se transformeront elles-mêmes involontaires, principalement le vent créatures des fruits appétissants
en fruits par la suite, ceux-ci conte- (qui soufflera le pollen d’une fleur et nourrissants qui leur permettent
nant une ou plusieurs graine(s). Les vers l’autre) et les insectes butineurs de s’alimenter, de constituer des
arbres de nos régions produisent des comme par exemple les abeilles (qui réserves pour affronter la disette de
fleurs, mais beaucoup de celles-ci
sont tellement petites qu’elles n’at-
tirent guère l’attention  ; lorsque ces
petites fleurs poussent sous forme de
grappes ou de chapelets, on parle
d’inflorescences.

‘’MONSIEUR’’ L’ARBRE
OU ‘’MADAME’’ L’ARBRE ?

L’immense majorité des plantes


dites supérieures, dont font partie
les arbres, ont un système de repro-
duction que l’on appelle ‘’sexué’’,   Les premiers chatons du printemps
offrent une provende appréciée par les
qui fait intervenir deux sexes diffé-
insectes précoces.

13
  Les cônes (‘’pommes de pin’’),
fruits caractéristiques des conifères.

  Sangliers
la mauvaise saison, etc. Mais les
Les arbres les plus prestigieux de
arbres n’offrent pas de tels cadeaux
nos forêts comme les chênes et
de manière totalement désintéres-
les hêtres, lorsqu’ils sont dans la sée puisque, tout en satisfaisant les
‘’force de l’âge’’, produisent des consommateurs de leurs fruits, ils
dizaines de milliers de fruits par comptent en même temps sur ceux-ci
an. La production maximale est pour disséminer leurs graines.
atteinte dès que l’arbre atteint 60 Les conifères portent des fruits assez
ou 80 ans, mais aura tendance à particuliers, que l’on appelle les
se stabiliser ou même à diminuer cônes (ou ‘’pommes de pin’’). Ces
légèrement au-delà de cet âge, cônes possèdent un certain nombre
et pourra diminuer sensiblement d’écailles, dont la plupart protège
lorsque l’arbre atteint 200 ans. une (ou parfois plusieurs) graine(s).   Écureuil.

  Glandaie automnale sur sol forestier.

14
  Sittelle torchepot.   Noyaux de cerises dans les crottes   Pic épeiche.
d’une fouine.

SE RÉPANDRE À LA RONDE… du tilleul, des érables, des ormes,


des frênes, de l’épicéa…). D’autres
L’arbre pourrait croire qu’il est arrivé comptent sur l’eau des ruisseaux
au bout de ses peines : ses fleurs ont ou des rivières coulant à proximité
donné de beaux fruits qui ont mûri
pour disperser leurs graines, munies
et ne demandent plus qu’à tomber….
de petites poches d’air qui leur per-
Mais il lui faut encore résoudre un
mettent de flotter (c’est le cas des fruits
dernier problème, à savoir disperser
de l’aulne, par exemple). D’autres
ces fruits à la ronde. Si toutes les
encore comptent sur l’aide d’alliés
graines d’un même arbre tombaient
involontaires, véritables ‘’véhicules’’
au pied de celui-ci et y germaient,
naturels  : leurs graines sont munies
les jeunes pousses seraient trop
de crochets qui leur permettent de
rapprochées pour pouvoir grandir  ;
s’accrocher au pelage d’animaux de
et l’arbre a par ailleurs intérêt à   Faînes du hêtre.
passage, qui les emporteront ainsi
s’étendre, à ‘’conquérir’’ de nou-
veaux espaces… au loin (l’enveloppe dure des faînes,
par exemple, est munie de nombreux
La dispersion lui offre divers avan- crochets). Et d’autres enfin comptent
tages. Elle lui permet : sur les oiseaux ou les mammifères
– d’atteindre des habitats favorables qui consomment leurs fruits  : les
au développement de nouvelles noyaux des cerises consommées par
pousses, de nombreux oiseaux, par le renard,
le blaireau, la fouine… traversent
– de diminuer la compétition entre
intacts l’appareil digestif de ceux-ci
pousses de sa propre espèce,
et se retrouvent dispersés très loin de
– de favoriser les brassages géné- l’arbre  ; les faînes ou les noisettes
tiques (échange de gènes entre emportées par un écureuil vers l’en-
différentes populations), droit où celui-ci constitue ses réserves
– de coloniser de nouveaux habitats d’hiver auront une chance de germer
et créer de nouvelles populations, si le petit animal les oublie…   Fruits de l’aulne.
au cas où les conditions de la
population existante viendraient à   Samares d’érable.
devenir défavorables.
Fruits de l’orme.  
Certains arbres ont équipé à cet effet
leurs graines ou leurs fruits de petites
‘’ailes’’, qui leur permettent de voler,
portées par le vent, et d’atterrir à
distance (c’est le cas notamment

15
Des pertes, du début
jusqu’à la fin…
Un pin sylvestre adulte, dans nos
régions, peut produire en moyenne
quelque 40.000 graines par saison.
Mais seuls quelques pourcents de
celles-ci donneront naissance à de
nouvelles pousses…
Voyons ensemble le bilan successif
des pertes :
– seules 80 % des graines sont
viables
– une partie sera consommée sur
l’arbre par les écureuils, les
oiseaux…
– une autre partie sera parasitée
par les insectes.
– environ 75 % seulement des
graines produites atteindront le
sol
– plus des 2/3 de celles-ci seront
consommées par des oiseaux,
des rongeurs, des insectes…
– une partie sera desséchée par
manque d’eau.
Finalement, environ 20 % seulement
des graines tombées au sol pourront
germer et produire de nouvelles
pousses… Et ce n’est pas encore
fini !
– une bonne partie des nouvelles
pousses sera mangée par des
rongeurs, des herbivores, des
insectes…
– les quelques survivantes devront
se trouver une place, s’imposer
face à la concurrence (notam-
ment pour la lumière) avec
d’autres spécimens de la même
espèce ou d’autres espèces.
Finalement, seules quelques-unes
des 40.000 graines auront donné
naissance à un nouvel arbre ayant
des chances réelles de se dévelop-
per jusqu’à l’âge adulte !

16
DES PERTES GIGANTESQUES ! séjour dans l’eau, ou uniquement en
présence de certaines bactéries ou
Toutes les graines produites par un certains champignons dans le sol  :
arbre ne donneront pas vie à un nou-
l’imagination de la Nature semble
vel arbre, bien au contraire !
infinie !
Pour qu’une graine parvienne à pro-
De nombreuses graines ont un pou-
duire un nouvel arbre, il faut que tout
voir de ‘’dormance’’, c’est-à-dire
un ensemble de conditions favorables
qu’elles peuvent attendre parfois
soient réunies : nature du sol, humi-
dité, température, lumière, durée du pendant des années, sans perdre leur
jour… Certaines graines ne pourront pouvoir de germination, que toutes
germer qu’à une certaine profondeur les conditions propices soient enfin
dans le sol, d’autres seulement après réunies… Le ‘’pouvoir germinatif’’
avoir été gelées, d’autres encore d’une graine, c’est-à-dire le temps
uniquement après avoir traversé le durant lequel celle-ci garde le pou-
système digestif d’un animal ou d’un voir de germer, peut également être
oiseau (voire même d’une espèce très variable  : (en ce qui concerne
d’animal ou d’oiseau en particulier), les arbres) de quelques mois seule-
  Jeune pousse d’arbre. ou encore après avoir effectué un ment… à plusieurs siècles ! ■

Arbres de l’ombre ou de la lumière


Tous les arbres ont besoin de lumière solaire pour pouvoir vivre, grandir et se développer, puisque leurs feuilles doivent
pouvoir effectuer la photosynthèse, ‘’moteur’’ vital de l’arbre. Pourtant, dans les premières années de leur longue exis-
tence, tous les arbres n’affichent pas un même besoin en ce qui concerne la lumière, cette ressource généreusement
fournie par le soleil…
On distingue globalement deux catégories d’arbres à ce sujet. Après avoir germé, les arbres ‘’de la lumière’’ ont besoin
d’un plein ensoleillement : il s’agit généralement d’espèces à croissance rapide, comme les bouleaux par exemple. Les
arbres ‘’de l’ombre’’ au contraire ne peuvent pousser, au début, qu’à l’ombre d’autres arbres : il s’agit principalement
d’espèces à croissance lente (comme les hêtres, les charmes…).

  Semis naturel d’épicéas.

17
C HAPITRE 3

LES ENNEMIS DE
L’ARBRE
▼ GÉANTS VULNÉRABLES

Les arbres sont les plus grandes le vent souffle sur la forêt. Mais les Enfin, le changement climatique
plantes vivant sur notre planète, et fortes tempêtes peuvent occasionner auquel nous assistons à l’heure
certains ont une durée de vie qui de véritables hécatombes, surtout actuelle pourrait représenter une
dépasse de loin celle de toute autre dans les forêts dites ‘’de produc- menace à grande échelle pour
créature vivante. Pourtant, bien des tion’’, dont beaucoup sont des plan- les forêts dans un avenir proche,
ennemis les guettent tout au long de tations monospécifiques d’individus menace dont les effets potentiels ne
leur existence… Bien que la grande de même taille (les plantations indus- sont cependant pas bien identifiés.
majorité des arbres ait le potentiel de trielles d’épicéas en sont l’exemple-
vivre très longtemps, nombreux sont type en Ardenne).
DES INSECTES PAR LÉGIONS
ceux qui dépérissent avant d’avoir D’autres aléas climatiques peuvent
atteint leur pleine maturité. Les également s’avérer très négatifs pour Chenilles processionnaires, scolytes,
causes pouvant expliquer ce phéno- les arbres, comme le gel printanier hylobes, tordeuse, géométride,
mène sont multiples, et il est souvent tardif, les lourdes averses de grêle ips… la liste des insectes parasitant
difficile de déterminer avec certitude qui hachent les feuilles et les bour- les arbres peut sembler infinie  !
la cause précise du décès d’un geons… La sécheresse et la cani- Certains insectes – ou leurs larves
arbre, excepté dans les cas de morts cule estivales provoquent un ‘’stress – s’attaquent aux feuilles des arbres
violentes et subites (vent, foudre…). hydrique’’ pouvant entraîner le des- (ou aux aiguilles des conifères) : ce
sèchement des feuilles et l’affaiblis- sont les défoliateurs. Leurs attaques
AINSI LES EMPORTE LE VENT… sement de l’arbre, rendant celui-ci massives peuvent affaiblir dangereu-
bien plus sensible aux attaques de sement les arbres, qui ne peuvent
Les branches des arbres possèdent parasites (insectes, champignons). plus effectuer correctement la pho-
une certaine souplesse, qui leur per- Les inondations peuvent ‘’noyer’’ des tosynthèse via leurs feuilles. D’autres
met de plier sans se rompre lorsque arbres. insectes pondent leurs œufs dans

  Épicéas couchés par le vent.

19
  Scolyte (en haut à droite) et galeries de larves de scolytes.

20
  Fourmis charpentières..

des galeries qu’ils ont creusées dans ENNEMIS OCCASIONNELS…


le bois  : leurs larves se nourriront
elles-mêmes du bois, affaiblissant Les pics, dont le martèlement sonore
progressivement l’arbre. résonne dans la forêt au printemps,
sont les plus célèbres des oiseaux creu-
Les plantations monospécifiques sant des cavités dans les troncs et les
industrielles favorisent la prolifé- grosses branches pour nicher ; mais
ration des parasites nuisibles aux d’autres espèces comme les sittelles
arbres qui s’attaquent à l’espèce
et certaines mésanges utilisent égale-
concernée  : ceux-ci y trouvent en
ment les trous dans les arbres pour la
effet une abondance exceptionnelle
reproduction. Ces oiseaux creusent
de victimes à attaquer, et peuvent
leurs cavités dans les troncs (ou les
donc facilement se multiplier…
grosses branches) d’arbres malades
ou morts, et ne représentent donc
ENNEMIS MICROSCOPIQUES aucun danger pour les arbres sains.
D’autres ennemis, bien plus petits Certains mammifères peuvent, par
Effet mais parfois bien plus redoutables contre, endommager les arbres.
‘’boule de neige’’ encore que les insectes, guettent Lorsque l’hiver est rude, les cerfs et
également les arbres  : il s’agit les chevreuils, affamés, s’attaquent
Lorsqu’un arbre est affaibli ou de champignons microscopiques souvent à l’écorce des arbres pour
malade, il répand dans l’at- ou moisissures  : chancre, encre, consommer celle-ci. Les blessures
mosphère des ‘’hormones de rouille… n’en sont que quelques qu’ils occasionnent peuvent par la
stress’’  : attirés par l’odeur de exemples. Contrairement à une idée suite constituer une porte d’entrée
terpène de ces hormones, des encore fort répandue, les gros cham- grande ouverte pour des parasites
insectes comme les scolytes pignons que l’on peut voir sur les
s’attaquent alors à cet arbre, ce
(insectes, champignons). Les bles-
troncs des arbres morts ou mourants
qui attire encore plus d’autres
sures occasionnées aux arbres par
(les polypores) ne sont pas des para-
scolytes, attirés par l’odeur de
les cervidés qui s’y frottent les bois
sites qui attaquent l’arbre, mais bien
bois mort de l’arbre qui dépérit.
ont des conséquences similaires.
des champignons qui se développent
Finalement, les insectes sur le bois déjà mort. Il existe Les cervidés, mais aussi les sangliers,
auront totalement rai- cependant quelques champi- les lièvres et divers petits rongeurs
son de lui ! gnons parasites qui provoquent s’en prennent par ailleurs aux
des maladies des racines… jeunes pousses d’arbres. L’écureuil

21
consomme abondamment les bour-
geons des conifères, le campagnol
terrestre s’attaque, sous le sol, aux
racines des jeunes arbres, et peut
parfois occasionner des pertes
considérables par rapport à sa taille
modeste. Le castor, enfin, est bien
connu pour ses activités de bûcheron !
Mais le danger que représentent ces
ennemis occasionnels des arbres est
globalement insignifiant par rapport
  Arbre couvert de lierre. à celui que représentent les insectes
et les champignons ravageurs…
Le gui, le lierre :
des parasites ?
LE PIRE ENNEMI DES ARBRES ?
  Les spectaculaires polypores
Les scientifiques ont déjà iden-
Il ne faudrait sans doute pas chercher accrochés aux troncs des arbres morts
tifié quelque 4.400 espèces
ou pourrissants ne sont pas à l’origine
de plantes vivant aux dépens bien loin pour découvrir celui qui est de cette situation.
d’autres plantes dans le sans doute le pire ennemi des arbres
monde  : incapables d’effectuer à l’échelle mondiale… Il s’agit en
elles-mêmes la photosynthèse, effet de l’être humain !
celles-ci n’ont d’autre choix que
de prélever la sève chez d’autres L’homme est responsable de toutes
plantes. Les espèces parasitant sortes de pollution, qui affaiblissent
les arbres demeurent cependant les arbres ou perturbent l’écosystème
relativement rares… forestier. De mauvaises pratiques
forestières ou encore la surexploita-
Dans nos régions, le gui et le
lierre passent souvent pour des tion de certaines espèces exercent
parasites des arbres dans l’es- également une influence parfois
  Comme d’autres espèces (ormes,
prit de beaucoup d’entre nous : très nuisibles sur l’état de santé des frênes…), les marronniers subissent des
mais, est-ce réellement le cas ? forêts. Et, dans plusieurs régions attaques massives de parasites depuis
du monde, les forêts naturelles sont des années.
Le gui est ce que l’on appelle
une plante hémiparasite, qui se encore surexploitées ou tout simple-
contente de prélever de l’eau et ment détruites pour être converties en
des sels minéraux chez l’arbre plantations d’espèces commerciales
hôte, et n’est généralement pas ou transformées en terres de culture.
en mesure d’affaiblir réellement Dans nos pays d’Europe occiden-
ce dernier. Le lierre, quant à lui,
tale, l’homme replante généralement
n’est nullement un parasite et ne
autant d’arbres (voire plus) qu’il en
peut ‘’étouffer’’ l’arbre, comme
on le croit souvent (contrairement
coupe, et la superficie globale des
au figuier étrangleur des régions forêts est en augmentation constante
tropicales, par exemple). Il se depuis plus de 150 ans. En Région   Pourriture du bois dans le tronc, suite
sert uniquement de l’arbre-hôte wallonne, la superficie forestière a à une attaque par des champignons
comme support pour pouvoir ainsi quasiment doublé entre 1850 microscopiques, visibles sur cette souche.
grimper. Il arrive cependant et aujourd’hui ! Mais, là où la forêt
que le poids du lierre contribue a gagné en quantité grâce à l’action
à faire vaciller un arbre qui de l’homme, elle a généralement
était déjà lui-même affaibli ou perdu en qualité. L’essentiel des
malade… forêts est de nos jours consacré à
la production de bois  : il s’agit de
forêts exploitées, gérées, entrete-
nues, jardinées presque, bien moins
riches en diversité biologique que les
forêts naturelles, et bien plus fragiles
aussi ! ■

  L’aspect caractéristique d’un arbre


  Baies de gui. rongé par des castors.

22
  Dégâts au tronc causés
par un cervidé.

  La coupe à blanc, pratique


encore commune dans les plantations
industrielles.

  Dégâts du vent dans une plantation de conifères.

23
C HAPITRE 4

PHOTOSYNTHÈSE
▼ L’ARBRE : UNE VÉRITABLE USINE CHIMIQUE !

DE QUOI SE NOURRIT L’ARBRE ? premières’’ qu’utiliseront les feuilles


pour effectuer la ‘’photosynthèse’’.
Pour pouvoir vivre et se développer, Ce processus biochimique transfor-
l’arbre a besoin de divers ‘’ingré- mera la ‘’sève brute’’ en ‘’sève élabo-
dients vitaux’’, qu’il prélève à la fois rée’’ : celle-ci, riche en ‘’sucres’’, est
dans le sol et dans l’air ambiant. Ces le véritable liquide nutritif de l’arbre,
éléments sont d’une part l’eau et des qui redescendra vers le bas pour être
substances minérales qu’il va pom- redistribué dans toutes les parties
per dans le sol, et d’autre part des de celui-ci, des branches jusqu’aux
gaz (oxygène, dioxyde de carbone) racines.
qu’il va absorber dans l’atmosphère,
sans oublier bien sûr la lumière SE ‘’NOURRIR DE LUMIÈRE’’
solaire, véritable ‘’moteur’’ de la
photosynthèse. La photosynthèse combine (ou uti-
lise) la lumière du soleil : elle est le
L'eau joue un rôle capital dans le
processus biochimique par lequel
fonctionnement de l’arbre. Elle est
les plantes (dont les arbres) peuvent
le composant de base de la sève,
synthétiser (= produire, créer) de
le ‘’sang’’ des arbres, représentant
la matière organique en utilisant la   Pin sylvestre.
plus de 95% de celle-ci. Mais d’où
lumière du soleil.
vient-elle ? Le sol, dans nos régions,
renferme de grandes quantités d’eau Les arbres sont de véritables usines
chimiques, qui utilisent des ‘’matières En quête de lumière
provenant des précipitations (pluie,
neige…). Grâce aux millions de premières’’ inorganiques (minérales) Ce besoin vital de lumière
radicelles dont sont équipées ses contenues dans le sol et dans l’air solaire, ‘’moteur’’ de la photo-
racines (voir Chapitre 1), l’arbre pour fabriquer les matières orga- synthèse, éprouvé par la qua-
niques dont ils ont besoin pour vivre si-totalité des plantes explique
pompe l’eau contenue dans le sol,
et se développer. Les éléments indis- pourquoi celles-ci sont toujours
une eau qui contient des sels miné- à la recherche de lumière. Chez
raux dissouts. Ce liquide constitue pensables à la vie des arbres sont
les arbres, cette quête peut se
ce que l’on appelle la ‘’sève brute’’ l’eau, l’air et la lumière.
traduire par des troncs penchés
(ou ‘’sève minérale’’). Celle-ci n’est Par les feuilles, les arbres absorbent en oblique (en direction des
pas en mesure de nourrir l’arbre  : le dioxyde de carbone (CO2) de l’at- espaces plus riches en lumière,
elle sert uniquement à transporter mosphère, stockant une partie de ce notamment au-dessus des cours
vers le haut de l’arbre les ‘’matières carbone et rejetant de l’oxygène. d’eau) ou tordus (lorsqu’ils
ont grandi en s’orientant à
des périodes différentes vers
les sources de lumière alors
présentes).
Partout où il y a de la lumière
(solaire ou artificielle), des
plantes peuvent pousser, pour
autant que les conditions qui
prévalent dans leur environne-
ment ne rendent pas leur vie
impossible, comme l’aridité
sévère, le froid excessif… Dans
l’obscurité totale, aucune plante
n’a la moindre chance de se
développer  ; mais, dans le fais-
ceau de l’éclairage permanent
installé pour faciliter la décou-
verte de la grotte, des plantes
réussissent souvent l’exploit de
se développer !

25
26
LA FEUILLE : gène et au dioxyde de carbone de
UNE PETITE MERVEILLE ! rentrer et sortir des feuilles. La vapeur Des pompes
d'eau est aussi évacuée par les sto- performantes
Il est probable qu'avant l'apparition mates au cours de la transpiration.
des feuilles, les premières plantes pri- Les arbres sont des pompes d’eau
Pour conserver de l'eau, les stomates
extrêmement performantes, qui
mitives avaient développé la photo- peuvent se fermer pendant la nuit. Le captent le précieux liquide en
synthèse dans leurs tiges. Les feuilles mésophylle, l’intérieur de la feuille, faisant appel à diverses tech-
seraient une adaptation destinée est le siège de la photosynthèse. niques comme la capillarité
à accroitre la surface de la plante, Les tissus de l’intérieur de la feuille des radicelles, l’osmose par les
et donc augmenter la quantité de peuvent contenir, par millimètre feuilles, l’évapotranspiration.
lumière solaire utilisable pour la carré, entre 450.000 et 800.000 Via ses racines, un chêne
photosynthèse. cellules qui sont le siège de la photo- adulte peut faire parvenir plus
La feuille est composée de grandes synthèse (les ‘’chloroplastes’’) ! de 200  litres d'eau par jour à
molécules chimiques (pectine, cel- ses feuilles, à une hauteur pou-
Il a été estimé que l'ensemble des vant atteindre 30 à 40 mètres,
lulose, lignine) qui peuvent ‘’empri- feuilles des arbres du monde entier et à une vitesse enregistrant
sonner’’ de nombreux éléments produisent par photosynthèse des pointes jusqu'à 7 mètres à
minéraux tels que le calcium, le 65  000 à 80  000 millions de m3 l'heure !
potassium, le sodium, le magnésium, de ‘’matière sèche’’ (feuilles, bois…) L’évaporation de l’eau dans l’at-
le soufre, le phosphore… Lorsque les par an, ce qui correspond à deux mosphère par les feuilles (‘’éva-
feuilles mortes tombées sur le sol se tiers de la production mondiale des potranspiration’’) contribue à
décomposent, ces éléments sont relâ- plantes terrestres. l’efficacité des racines, par un
chés dans le sol et peuvent servir à effet d’aspiration de l’eau du
‘’nourrir’’ de nouveaux arbres. bas vers le haut de l’arbre.
UN ‘’DÉCHET’’
Une feuille d’arbre se compose (de EXTRÊMEMENT PRÉCIEUX !
manière simplifiée) de deux parties
principales : l’épiderme (la ‘’peau’’) Comme l’essentiel des plantes pré-
et la mésophylle (‘’l’intérieur’’). sentes sur la Terre, les arbres res-
L'épiderme est la couche de cellules pirent, de jour comme de nuit. Durant
externes des feuilles. Cette couche la journée, leurs feuilles effectuent
est généralement transparente et cou- cependant la photosynthèse. Pour
verte par une protection (‘’cuticule’’) ce faire, ils absorbent du dioxyde
d'aspect cireux et imperméable, de carbone présent dans l’atmos-
permettant de limiter les pertes en phère et rejettent de l’oxygène  : ce
eau lors de trop fortes chaleurs. ‘’déchet’’ résultant du processus de
L'épiderme inférieur de la feuille la photosynthèse revêt une impor-
est percé de pores appelés les ‘’sto- tance capitale pour la Vie sur notre
mates’’. Ceux-ci permettent à l’oxy- planète, puisque la quasi-totalité

27
des créatures vivantes en dépendent végétale, animale, fongique (= pro-
pour pouvoir vivre ! venant des champignons) et micro-
bienne des forêts tempérées font de
Durant la nuit, le processus de la pho-
celles-ci les ‘’puits de carbone’’ les
tosynthèse s’interrompt, par manque
plus importants pour les terres émer-
de lumière solaire. Les arbres se
gées de notre planète. Le carbone
‘’contentent’’ uniquement de respirer,
séquestré par les arbres représente
et ce faisant, ils absorbent de l’oxy-
en moyenne quelque 20 % du poids
gène et rejettent du gaz carbonique.
de ceux-ci (jusqu’à 50 % dans le
Globalement, les arbres consomment cas d’arbres à bois dense des forêts
beaucoup plus de dioxyde de car- tropicales).
bone qu’ils en rejettent, et rejettent
Lorsque l'arbre meurt, il est décom-
beaucoup plus d’oxygène qu’ils en
posé par des bactéries, champi-
consomment.
gnons et invertébrés, qui recyclent
son carbone sous forme de bio-
LES FORÊTS : PRÉCIEUX masse  : la forêt continuera donc à
‘’PUITS DE CARBONE’’ stocker ou recycler ce carbone via la
régénération naturelle (semis spon-
Un ‘’puits de carbone’’ est un réser-
tané). Cependant, des incendies
voir naturel ou artificiel absorbant
répétés peuvent leur faire perdre
le carbone de l’atmosphère  : avec
en quelques heures une grande
l’augmentation exponentielle récente
partie du carbone stocké durant des
de la concentration (notamment)
décennies ou siècles par la forêt.
en dioxyde de carbone dans l’at-
Le mode d’exploitation forestière
mosphère terrestre suite à certaines
importe également  : une très jeune
activités humaines, il s’avère capital
forêt plantée sur une coupe rase
de protéger –  voire même augmen-
peut avoir un bilan-carbone négatif
ter  – les puits de carbone naturels.
les dix ou douze premières années,
La photosynthèse des plantes est le
perdant plus de carbone qu'elle n'en
mécanisme naturel de ‘’capture’’ ou
stocke. La coupe rase favorise l'éro-
‘’séquestration’’ du dioxyde de car-
sion des sols et la perte du carbone
bone (CO2) de l’atmosphère.
qu'ils contenaient, perte qui peut être
Le bois des arbres, mais aussi le sol importante dans les régions tempé-
et une partie de la matière morte rées et froides. ■

Les arbres
transpirent…
comme nous !
Les arbres doivent réguler leur
température pour adapter
celle-ci en fonction des condi-
tions climatiques qui prévalent.
Comme pour nous, une telle
régulation est surtout nécessaire
pendant les chaleurs estivales.
L’objectif principal de l’éva-
potranspiration est de favoriser
la circulation de la sève dans
l’arbre. La photosynthèse
consommant moins de 5 % de
toute l’eau apportée par la sève
brute, les 95  % restants s’éva-
porent dans l’atmosphère  ! Ce
processus favorise également
un meilleur refroidissement des
feuilles.

28
La ‘’matière
verte’’ des feuilles
Le processus biochimique de
la photosynthèse n’est pas
possible sans la présence de la
chlorophylle dans les feuilles
des arbres. La chlorophylle est
un pigment assimilateur de la
lumière solaire, qui intercepte
l’énergie lumineuse pour la
convertir en énergie chimique  :
celle-ci va permettre d’absorber
le CO2 contenu dans l’atmos-
phère et le transformer en sucres
en faisant intervenir l’eau et
les sels nutritifs prélevés par les
racines de l’arbre dans le sol.
La chlorophylle absorbe les
composantes rouge et bleue de
la lumière  ; la longueur d'onde
la moins absorbée étant le vert,
c'est donc cette couleur qui est
perçue dans la lumière réfléchie
vers l'œil par la feuille.
La chlorophylle est présente à
haute concentration dans ce que
l’on appelle les ‘’chloroplastes’’
des feuilles, grandes cellules où
a lieu la photosynthèse.

29
C HAPITRE 5

VIVRE VIEUX
▼ CONÇUS POUR AFFRONTER LES SIÈCLES…

Pour nos normes humaines, les ILS GRANDISSENT


arbres atteignent toujours des âges AVANT DE GROSSIR…
vénérables  ! Même les espèces les
plus éphémères, à croissance rapide Les arbres ne grandissent pas de
et dont la durée de vie est courte, manière uniforme tout au long de leur
vivent à peu près toutes plus long- vie. A part chez certaines espèces
temps que les individus les plus âgés particulières, la croissance a lieu
de notre espèce… Les plus célèbres d’abord en hauteur : très importante
sans doute de nos arbres, les chênes, lorsque l’arbre est jeune, elle dimi-
peuvent vivre des centaines et des nue par la suite avant d’atteindre un
centaines d’années  : certains des point limite à partir duquel l'arbre se
plus vieux spécimens connus actuel- développe plutôt en largeur, sa hau-
lement en Belgique étaient déjà de teur ne se modifiant plus. L'activité
beaux arbres à l’heure de l’indépen- de l'arbre tend alors vers sa conso-
dance de notre pays ! lidation : le tronc, les branches et les
racines grossissent.
Le rythme de croissance varie consi-
dérablement d’une espèce à l’autre.
On distingue des arbres à croissance
rapide, dont le bois est généralement
plus tendre, et d’autres à croissance
lente, au bois en général plus dur.

  Les bouleaux, arbres à croissance


rapide par excellence dans nos régions.

  Certains chênes, dans nos régions, peuvent atteindre plusieurs siècles.

31
LA PÉRIODE ANNUELLE
DE CROISSANCE

Le grossissement annuel moyen en


circonférence du tronc d’un arbre
dans nos régions se situe en général
aux alentours de 2,5 cm à 3 cm: c’est-
à-dire qu’en un an, la circonférence
du tronc près du pied de l’arbre (à
environ 1,5 m du sol) augmente dans
cette proportion (moyenne influencée
par de nombreux paramètres…).
L’arbre ne grandit pas en hauteur et
ne grossit pas en circonférence tout
au long de l’année. Etonnement,
son développement annuel en hau-
teur s'effectue sur un laps de temps
très court, qui dépasse rarement
un mois, au printemps  : chez la
plupart des espèces feuillues, le
mécanisme de croissance en hauteur
débute avec l'éclosion du bourgeon.
L’accroissement de la circonférence
du tronc, quant à lui, se poursuit
pendant toute la période d'activité
végétative, soit de la feuillaison à la
chute des feuilles.

  Les cernes de croissace permettent LES CERNES DE CROISSANCE :


de déterminer l’âge d’un arbre.
BIEN UTILES…

En regardant attentivement la section


d’une souche d’arbre tronçonné par
les forestiers, on peut, plus ou moins
  Cernes de croissance (tronc d’épicéa). aisément selon les cas, estimer quel
était l’âge de l’arbre au moment où
celui-ci a été coupé, en comptant
les cercles concentriques (‘’cernes’’)
que l’on aperçoit sur la surface de
la coupe. Chaque cerne correspond
à l’accroissement annuel du tronc.
Estimer l’âge d’un arbre vivant est
moins évident : les forestiers utilisent à
cet effet un instrument leur permettant
d’extraire une ‘’carotte’’ de bois de
l’intérieur du tronc, ou bien se livrent
à des calculs un rien compliqués en
se basant sur la circonférence du
tronc près du pied de l’arbre.
Chaque année, les arbres ajoutent
une enveloppe de nouveau bois
autour de celles des années pré-
cédentes, et cet accroissement se
traduit par un nouveau cerne sur
la section d’un arbre coupé. On
distingue, pour chaque cerne, une
partie plus claire et une partie plus
foncée  : la première correspond à

32
la croissance du bois au printemps ‘’ARBRES REMARQUABLES’’ ou encore dans des collections. Les
(croissance plus rapide de bois plus & ‘’plus beaux’’ arbres de différentes
tendre), la seconde correspond à ‘’CHAMPIONS DE BELGIQUE’’ espèces présents sur notre territoire
la croissance du bois en automne ont été classés et bénéficient de la
(croissance plus lente de bois plus Dans un pays comme la Belgique, protection de la loi  : il s’agit des
dur). La limite du cerne correspond où plus de 99 % des forêts sont arbres remarquables. Certains
à la limite de la croissance du bois des forêts dites ‘’de production’’, d’entre eux sont également identifiés
au début de l’hiver, lors de l’arrêt les arbres séculaires sont devenus comme ‘’Champions de Belgique’’,
annuel de croissance. rares  : les rythmes de rotation des lorsque leur circonférence est la plus
coupes d’exploitation ne permettent importante de tous les spécimens de
Les caractéristiques – et notamment la
tout simplement plus aux arbres de leur espèce présents dans notre pays.
taille – de chaque cerne dépendent
profiter de la vie pendant des cen- L’Arboretum de Rendeux abrite au
de conditions climatiques telles que
taines et des centaines d’années…
la température, l’ensoleillement, les total non moins de 30 arbres remar-
précipitations, etc. En comptant les Les très vieux arbres se retrouvent quables et 29 arbres ’’Champions
années (les cernes) à rebours au généralement dans les campagnes de Belgique’’.  ■
départ du bord de la souche vers le
centre de celle-ci, et en comparant la
taille des différents cernes, on pourra
parfois déterminer les années ayant
connu des conditions climatiques
plus favorables (cernes plus larges)
ou moins favorables (cernes plus
étroits).

  Un majestueux pin de l’Oregon, un des nombreux arbres ‘’Champions de Belgique’’


présent dans l’Arboretum de Rendeux.

33
C HAPITRE 6

CYCLE ANNUEL
DE L’ARBRE
▼ LES QUATRE SAISONS DE L’ARBRE

Les arbres qui poussent dans les ou dans les zones arides saturées de stockées dans ses racines, va renaître
différentes régions du monde ne chaleur. Sous nos climats, le cycle à la vie après plusieurs mois de tor-
connaissent pas partout un cycle annuel des arbres est profondément peur. La sève se remet à circuler à
annuel uniforme et semblable. Dans marqué par le rythme immuable des l’intérieur du tronc et des branches.
les forêts des régions tropicales quatre saisons de l’année. Les bourgeons gonflent puis éclatent,
et équatoriales, où été et hiver donnant naissance à des feuilles ou
n’existent pas et où les températures PRINTEMPS des fleurs  ; en quelques semaines
moyennes demeurent plus ou moins tout au plus, l’arbre s’habille d’un
pareilles tout au long de l’année, le Dès le retour du printemps, avec manteau de feuilles  : la photosyn-
cycle annuel des arbres est fort dif- les jours qui à nouveau allongent et thèse va pouvoir reprendre, l’arbre
férent de celui des arbres poussant l’élévation des températures, l’arbre, grandir et s’épaissir.
dans les régions boréales froides, utilisant les réserves énergétiques
De nouveaux bourgeons se déve-
loppent déjà, sans attendre : généra-
lement, ils seront déjà complètement
formés dès le début de l’été… mais
ne s’ouvriront qu’en avril ou en mai
de l’année suivante, après avoir
passé l’hiver ‘’en dormance’’.

Les différentes
‘’couches’’ du tronc
Vu de l’extérieur, il serait sans
doute bien difficile d’imaginer
qu’à l’intérieur du tronc de
l’arbre existent différentes par-
ties aux fonctions bien définies.
Le tronc d’un arbre est constitué
de cinq parties principales, à
savoir l’écorce, le phloème, le
cambium, l’aubier et le ‘’bois de
cœur’’. Le phloème est une forme
  Arbre fruitier au printemps. de tissu qui sert à conduire la sève
élaborée (ou ‘’sève organique’’)
des feuilles vers toutes les parties
de l’arbre. Le cambium, pour sa
part, est l’endroit où se créent
de nouvelles cellules : c’est donc
une partie vitale pour l’arbre.
La partie vivante de l’arbre,
l’aubier, sert à envoyer la sève
brute (ou sève ‘’minérale’’) des
racines vers le haut : il est géné-
ralement plus clair que le ‘’bois
de cœur’’ (aussi appelé ‘’bois
parfait’’ ou encore ‘’duramen’’)
que l’on trouve au centre du
tronc. Ce ‘’bois parfait’’ est en
quelque sorte la partie ‘’morte’’
de l’arbre : les cellules mortes lui
donnent une couleur plus foncée.

35
  Les chevreuils et les cerfs
L’écorce consomment volontiers les feuilles
tendres des arbustes et des arbres.
protectrice
Le tronc et les branches des
arbres sont entourés d’une
couche de cellules mortes, que
les scientifiques appellent le ‘’rhy-
tidome’’, mais que l’on connaît
mieux sous le nom d’écorce de
l’arbre.
ETÉ
L’écorce protège la partie vivante
des branches et du tronc contre Durant tout l’été, la machine interne
les agressions extérieures (gel,
de l’arbre tourne à plein rendement,
chaleur excessive, attaques de
pour assurer le transport de la sève
parasites…). Elle peut être une
vers le haut puis vers le bas, les
simple fine pellicule, ou être au
contraire très épaisse. En géné- échanges gazeux (par la photo-
ral, plus l’arbre vieillit, plus son synthèse), la production de masse
écorce devient dure et épaisse. (croissance de l’arbre), la production
Chez les séquoias géants âgés, de fruits en prévision de l’automne,
l’écorce peut ainsi être épaisse la production d’organes de réserve
de quelque 30 cm ! pour affronter l’hiver.

  Ecorce d’un jeune sapin de Douglas âgé d’une dizaine d’années et d’un spécimen
centenaire de la même espèce.

36
La ‘’poussée de sève’’
Au printemps, la sève se remet à
circuler à l’intérieur de l’arbre  :
nos aïeux connaissaient bien ce
phénomène, et en profitaient
pour prélever la sève ‘’fraîche’’
d’arbres comme les bouleaux ou
  Feuilles d’érable en automne. les érables, pour préparer des
boissons (tisanes, jus) aux pro-
AUTOMNE
priétés alimentaires ou médici-
En automne, la sève cesse progressi- nales depuis longtemps connues.
vement de circuler dans l’arbre. Les Ces pratiques sont aujourd’hui
feuilles jaunissent puis brunissent, tombées quelque peu dans l’ou-
bli, mais n’ont pas entièrement
puisqu’elles ne peuvent plus pour-
disparu, et à chaque printemps,
suivre le processus de la photosyn-
dans les campagnes, des habi-
thèse. et l’arbre s’en débarrasse ! Par tants continuent à forer de petits
manque d’irrigation, elles dessèchent trous dans l’écorce (principa-
et finissent par tomber. L’arbre pro- lement des bouleaux) pour en
duit une petite couche isolante à la extraire, à l’aide de pailles ou
base des feuilles : celle-ci empêche d’autres petits cylindres, le pré-
la sève de passer, la feuille dépérit cieux liquide vital de l’arbre.
et tombe au bout de quelques jours   Aiguilles de mélèzes
en automne.
ou semaines, sans laisser de blessure
ouverte.
Les persistants,
Les fruits secs des arbres (glands, cas à part
faînes, noix…) sont arrivés à matu-
Les arbres dits ’’persistants’’,
rité et tombent sur le sol, permettant
dont la plupart des conifères,
à de nombreux oiseaux et animaux
gardent leurs ‘’feuilles’’ et
de se gaver, afin de constituer des restent verts en hiver, égayant la
réserves énergétiques précieuses en froide saison de leurs couleurs,
prévision des privations de l’hiver même sombres. Dans la tradi-
qui, déjà, s’annonce. Les fruits des tion chrétienne avec le sapin
conifères (les cônes ou ‘’pommes de de Noël, mais aussi dans celles
pin’’) sont déjà mûrs en automne, de bien d’autres peuples des
mais les écailles protégeant les régions froides, les conifères
petites graines qu’ils contiennent ne symbolisaient la survie face aux
s’ouvriront qu’au printemps, pour rigueurs de l’hiver.
permettre à celles-ci de se disperser. Comment réalisent-ils un tel
prodige  ? Les ‘’feuilles’’ des
L’arbre va bientôt protéger, en pré-
conifères sont très particulières :
vision de l’hiver qui s’annonce, ses les aiguilles : des feuilles de très
  Collecte de sève de bouleau.
organes fragiles qui auront à affron- petites dimensions et couvertes
ter la froide saison, comme les bour- HIVER d’une sorte de cire protectrice.
geons ou les jeunes rameaux. Ces feuilles spéciales, de même
En hiver, l’arbre survit comme en
qu’un ‘’antigel’’ naturel contenu
attente. Il a stocké des réserves dans dans la sève (la résine), per-
les racines, et a déjà préparé les mettent aux conifères de rester
bourgeons pour le printemps suivant. verts en hiver sans subir de dégâts
Le tapis de feuilles mortes qui couvre dus au gel (bien que leur crois-
le sol garde l’humidité, et protège les sance soit malgré tout ralentie en
racines du froid et surtout du gel. Les hiver). On dit que leurs aiguilles
feuilles se transformeront petit à petit sont ‘’pérennes’’, contrairement
en humus, sous l’action des ‘’décom- aux feuilles des feuillus qui sont,
poseurs’’ (vers de terre, insectes, bac- elles, ‘’caduques’’.
téries…), humus qui viendra à son Dans nos régions, le mélèze est
tour nourrir les racines de l’arbre. La le seul conifère à perdre ses
  Les sangliers consomment boucle est bouclée… et l’arbre n’at- aiguilles en automne, à la façon
abondamment glands et faînes tend que le retour du printemps pour des arbres feuillus.
en automne. recommencer le cycle ! ■

37
GLOSSAIRE
▼ BUTINEURS ▼ ESSENCE FORESTIÈRE vers le reste de la plante. Outre les
(INSECTES BUTINEURS) arbres et les arbustes, les bambous
Les forestiers, dans leur jargon,
(entre autres) sont également des
Insectes qui assurent la pollini- parlent plutôt d’essences que
plantes ligneuses.
sation des fleurs des plantes (et d’espèces pour désigner les diffé-
notamment des arbres) en trans- rents arbres. Le terme ‘’essence’’ ▼ SELS MINÉRAUX
portant du pollen (dont ils se nour- désigne alors une espèce d’arbre,
Substances naturelles provenant
rissent) lorsqu’ils visitent celles-ci mais peut aussi désigner une
de la dissolution de roches.
une après l’autre. Le pollen permet sous-espèce ou variété qui pré-
de féconder les fleurs femelles. sente un intérêt en sylviculture et ▼ SÈVE BRUTE
qui a des exigences biologiques
▼ CONIFÈRE ou des emplois particuliers. La sève brute est la sève provenant
des racines, qui contient unique-
Arbre qui porte des fruits de forme
▼ HUMUS ment de l’eau et des sels minéraux.
conique caractéristique. Egalement
Elle circule dans l’arbre unique-
appelés résineux étant donné que Matière organique résultant de la
ment dans le sens ascendant, c’est-
leur sève contient de la résine. Les décomposition des végétaux.
à-dire des racines aux feuilles.
conifères sont également appelés
▼ MONOÏQUE (PLANTE)
persistants lorsqu’ils ne perdent ▼ SÈVE ÉLABORÉE
pas leurs ‘’feuilles’’ (aiguilles) en Plante dont les fleurs mâles et
La sève élaborée est la sève
hiver  : mais tous les conifères ne femelles se trouvent sur le même
constituée d’eau et de matières
sont pas des persistants (le mélèze pied.
organiques (lipides, protides et
en est l’exemple typique dans nos
▼ MYCÉLIUM glucides) produite dans les feuilles
régions) et tous les persistants ne
au départ de la sève brute grâce
sont pas des conifères (ex. le buis, On appelle mycélium la partie
à la photosynthèse, et qui circule
le houx…). végétative des champignons (et de
dans l’arbre du haut (feuilles) vers
certaines bactéries particulières,
▼ DÉCOMPOSEURS le bas pour nourrir toutes les par-
filamenteuses), composée d'un
ties de l’arbre jusqu’aux racines.
On appelle décomposeurs les êtres ensemble de filaments plus ou
vivants qui dégradent les matières moins ramifiés (appelés hyphes) ▼ SUBSTANCE ORGANIQUE
organiques mortes (provenant de qui s’étendent dans le sol.
Une substance dite organique est
plantes ou d’animaux) et les res-
▼ PLANTATION une substance dont un des élé-
tituent à la nature sous la forme
MONOSPÉCIFIQUE ments chimiques qui la constituent
d'éléments minéraux qui peuvent
est le carbone. Les substances
à nouveau être consommés par Plantation uniquement constituée
dites inorganiques ou minérales
les plantes, qui absorbent ces élé- d’arbres d’une seule et même
sont toutes les autres substances.
ments minéraux par leurs racines. espèce.
La chaîne alimentaire peut ainsi ▼ SYMBIOSE
poursuivre son cycle sans fin. ▼ PLANTE LIGNEUSE
Association biologique durable et
Les vers de terre, de nombreux Végétal vivace dont la tige (le
réciproque entre deux organismes
champignons, d’innombrables tronc, chez les arbres) contient
vivants, et qui profite à l’un comme
bactéries… sont des décompo- du bois et qui est principalement
à l’autre de ceux-ci.
seurs typiques. composée de cellulose et de
lignine soutenant le système vas-
▼ DIOÏQUE (PLANTE) culaire transportant l'eau et les
Plante dont les fleurs mâles et les éléments nutritifs des racines vers
fleurs femelles se trouvent sur des les feuilles, et les substances issues
pieds différents. de la photosynthèse des feuilles
Ed.Resp : Brieux Quévy, Direction générale Agriculture, Ressources naturelles, Environnement - D/2019/11802/35

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