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MONSEIGNEUR , Un de vos prédécesseurs avait daigné agréer la dédicace de ma Dissertation sur Uapostolat de saint Martial : Votre Grandeur voudra bien accueillir avec la méme bienveillance Yhommage de ces Docwments inédits, qui sont un supplément ‘& ma Dissertation. , Cest une gloire pour votre siége épiscopal de so rattacher par son origine aux temps apostoliques, et @avoir pour fondateur un disciple, un contemporain de Jésus-Christ, un envoyé de saint Pierre. Pendant que saint Thomas ‘préchait dans Y'cxtréme Oricat, saint Martial semait la divine parole dans les régions occidentales du monde romain, Ainsi; dis le 1 slecle, | | NNONNN5S42R71 f+ Vivangile était pudlié jusqu'eux oxtrémités de Ia terre, et saint Paul pouvait dire aux premiers chrétiens : « Je rends grice & Dicu de eo que votre foi est annoncée dans I'univers entier ». a Quelques critiques des deux derniers sitcles avaient youlu révogiier en doute, cette mission apostolique de saint Martial, que nousavait transmise fdélement Ja tradition ‘ aujourd'hui, mieux: éclairée, Ja science doit inscrire de nouveau ce falt dans. Whistoire. Les discussions contemporaines sur les origines chrétiennes de Ia Goule mfauront pas été sans résultat ; et, comme le disait Hinemar de Reims : « Plus on discute la vérité, plus on fait’ jaillir Ja Tumlere’ = cerifas, sopius agitate magis splendescit in tucem (1) ». (1) Mgeun. Rania. . Epist SKIL, nocuMENTS INEDITS LAPOSTOLAT DB SAINT MARTIAL ‘ "ge sur vanniquint DES BGLISES DE FRANCE, nc . INTRODUCTION. la grande question ‘historique de Yorigine des Eglises de France, qui fut, au xvure sidcle ‘et au commencerient dn siécle dernier, le-sujet d'une con— troverse si savante ct de débats si passionnés, a repris de nos jours sinon les mémes proportions, au moins la méme importance, La critique rigoriste du xvi siécle, qui avait cru porter la lumidre dans l'histoire en faisant table rase des légendes, ct en répndiant comme des croyances puériles les’ traditions des ages pré- cédents, a perdu Je prestige dont elle était environnée, et i] est évident qu'une forte réaction s’opére de nds a jours, dans le monde savant, on faveur des traditions et des Iégendes, relativement A la question des origines chrétiennes de la Gaule..Au moyen age, et, — de laveu de tous, — dit 1x¢ au xvi‘ sitcle, — on avait cru que nos principales Figlises ‘avaient été fondées du temps des apoti eS; au XVII" siécle, esprit de réforme s'étant introduit dans la science historique, _ on sétaya d'un texte de Grégoire de Tours et de deux lignes de Siipice-Sévere’pour reculer de deux siécles Vétablissement du christianisme dans la majeure partie des Gaules, Mais on était loin @avoir porté sur ce sujet une lumitre définitive, et la science contem- poraine devait s’élever contre cette décision. Déja plusieurs protestations ‘isolées s'étaient for- mnulées d'une maniére plus ov moins hardie lorsque , en 1848, M. Vabbé Faillon, dans ses Monuments inédits sur lapostolat de sainte Madeleine en Provence , doina. le premier signal d'une réaction sériense. L’analyse, pleine de critique et de sagacité , que ce savant fit du texte de Grégoire de Tours porta au systtme historique qui s'appuie sur cet écrivain le coup le plus fort qu’il edt jnmais: recu!, D'autres érudits le suivirent dans la yoie nouvelle gn’il avait frayée. En 1851, un béné- dictin deSolesmes, D. Piolin, dans son Introduction é Uhistoire, de. VEglise’ du Mans, protesta de nouveau contre Ja critique réformiste du xvir sidcle, et ajouta _des documents nouveanx aux documents.inédits déja publiés par M.,Vabbé “Faillon. Depuis la.publication de notre Dissertation stir Paposiolat de saint Martial, et Ja,décision-de la congrégation des’ Rites en favour de cet, apostolat (1854); .1e mouvement réactiounaire ; loin de se ralontir, n’a fait qne s accroftre. La question des | PRs od TF 2404 DOCUMENTS INEDITS . . SUR L’APOSTOLAT * DE SAINT MARTIAL ” er sur Vantiquiré DES EGLISES DE FRANCE. : x PAR L'ABBE ARBELLOT CCLECARIUIPUETH DE RUGILECKOUATID, CHANOINE KOXOLAIRE ne EEMnaEs . PARIS | LIMOGES: Jacques LECOFERE, uname | LEBLANC er Ci, cineanys’ Nae do Views-Cplonier, 29 fue, Cruche-de oraégub) ose? origines chrétighnes de ‘iuld'a pris’ de Vimpor- ténée : M. de-Caumont: Ta mise & Vordre dw jour dais le Congres archéolo'gique tenu, en 1835, & Chélons' (Ay Vannée suivante, cette miéme ‘question a été discutée dans 1é Congrtés de’ Nantes (2); le Congrés scientifiqi de Lr. Rothate (4886) et le Congrés archiéologique” ‘de Mende (1836) ° Votit” insérée dans’ leur programme : - il étain aot qwelle figurat dans le programme du Congrés scientifique de Limoges, & cause du premier évéque de cette ville, saint Martial, un des hommes apostoliques les plus célébres de la Gaule. se Ce n'est pas, nous l’avouons, sans un vif sentiment de satisfaction personnelle que nous avons’ vil “un certain nombre de savants et d'écrivains, convaincus pa? nos preuves,- revenir ‘a Vantique tradition’ de Vorigine apostolique des principales églises de France. Plusieurs traités spéciaux ont été composés depuis, et la méme these s' 'y trouve développée avec'‘autant-de critique que d’érudition. M. Ravenez, dans ses *Re- cherches ‘sir les origines des Eglises de Reims ,*de Soissons et de Chdlons ; M: Tabbé ‘Robitaille, chanoitie d’Atras, dans la dissertation qu'il a ajoutéo & la Vie de saint Paul dé Narboine; M. Pabbé de Lutho, -vicaire général de Bourges, dans son introduction 4 la, Vie de saint Ursin, apotre du Berry; M. Vabbé Dion, professeur au” séminaire de Périgueux, dans son Apostolat de saint Front au 1°" siécle; M. Vabbé Charbonnel, dans’ son (1) Congrés archéologigue de France, xxue session, tenue & p. 41-51. . 2) Congrés arckéologique de France, xxuie session, lene @ Nantes ¢n 1896, p. 42-50.” ” recherches de M. Arbellot ont onvironnée de tant de lui —-6— ouvrage intitulé : Origine de Veglise de Mende; le P. Gaydon, de la compagnie de Jésus, dans ses Blades critiques sur Vorigine de VEglise de-Mende et. ses premiers évéques (1); M. Pabbé Brugibre, dans une série d'ar- ticles ‘sur: Saint-Front*de Périgneua, publiés dans le Chroniqueur du Périgord, ont soutenu'avec autant de science que de talent lorigine apostolique de leurs Belises respectives. , + D'autres écrivains, d'un -savoir incontestable, ‘ont adopté nos conclusions, et donné ume entigre appro- bation & notre ouvrage. Ainsiun historien dont M. le chanoine Bourassé avait pu revendiquer’ en sa faveur le témoignage dans Varticle qu'il a fait contre notre Dissertation, M. le baron. Henrion, dans sa nouvelle édition de l'Histoire’ générale de PEglise, nous a fait Vhonneur de nous.emprunter le tiers de notre volume, et de s’appuyer sur nos: preuves et sur nos docu ments (2); M. de Chergé, ancien président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, dans sa Vie de saint Martial, qui sert d'entrée.en snatitve aux Vies des Saints du Poitou, a pris notre Dissertation pour | base de son travail (8); M. Vabbé Barrére, dans son Histoire (1) « La décision que VBglise de Limoges vient de provoquer sur ce point (Uepostolat de saint Martial), et qye les patientes eres; > semble n’avoir rien laissé & dire sur cette grande cause : ia, du moins, Mautorité et la science semblent avoir dit leur dernicr mot : i] ne parait, plus permis de douter que la mission du saint apdtre de rAquitaine ne remonte aux temps aposto~ liqnes » (p. 2). (2) Histoire générale de Uogtise, T. 1X, p. SA0-534, 548, AD, 1354, 1356, ete, T. X, passin. (3) Vies des Saints du Poitow, p. 2. - . Jon religieuse-ef monumentale du diotese d’Agen , fixe comme nous la mission de saint Martial au 1 sitele (4); M. Yabbé Le-Guennec, supérieur du séminaire de Cahors, dans une Notice sur le pilerinage de Notre-Dame de Roc-Amadour (2); M. labbé Auber, dans ses Vies des Saints de VE glisé de Poitiers; ont embrassé 1a meme opinion -sur saint Martial; M. Coudert de La Villate, dans son ouvrage intitulé : Toudl et Ahun : le christia— nisme dans lAquitaine , s'appuie entitrement sur notre Dissertation; un certain nombre de revues et de Journaux ; les Annales archéologiques de M. Didron ; ? Univers (3); M. Bonnetty, dans l'Université catho— lique (4); M. Maximin Deloche, dans ’Unton corré- sienne (5) , etc., ont patroné notre ouvrage, et donhé une adhésion pleine et entire & nos conclusions. Ce n’est pas tout. Quelques savants dont le nom et les écrits font autorité ont bien voulu nons écrire pour nous faire connaitre Ieurs sympathies en faveur de la grande cause historique dont nous étions Vhum— . ble champion. ‘C'est ainsi que M. Augustin Thierry, dont Je monde savant pleure la. perte, nous écrivait , dans nine lettre que nous conservons précieusement : « Jai lu avec un vif intérét votre Mémoité sur la date de Vapostolat de saint Martial. Je crois que vous aves pleinement raison, et qu’en ce (1) Histoire religieuse et monumentale du diocése d'Agen,'T. 1, peav: ” (2) Notice sur te pélerinage de Notre-Dume de Roc-Amadour, p. 9. (3} Numéro du 12 aott 1855. (4) Juillet 1855, p. 94-100. 5) 23 aoiit 1855, reproduit dans le Bullelin archéologiyve di Litaousin (T. V1, no le, — 8— point la tradition locale prévaut réellement “contre Vhistoire. La méthode que vous ‘appliquez' 4 cette démonstration me semble irréprochable... Je né doute pas qu'elle ne soit.appréciée par tous Jes vrais éru- dits (4). » — « Le temps n’est ‘plus, nous écrit D: Gué- ranger, oa l'on pouvait penser et écrire ‘que le moyen fige ne vivait que de fables, et que les traditions dont il n'était que lVintermédiaire ne remontaient pas au- dela du xu* ou du x1 siécle. Les monuments anté- tieurs se révélent, et, pour votre part, thonsieurl'abbé, permettez-moi de vous faire compliment de votre - précienx texte de Fortunat (2} ». Plusieurs prélats @une haute érudition : Mer Cousseau , évéque.d’An- gouléme (3), Mgr Berteand, évaque de Tulle, etc., nous ont écrit que nos preuves ‘les’ avaient satistaits; d'autres. dignitaires de Vépiscopat francais, le car- .dinal-archevéque de Bordeaux (4); Mer Sibour, arche- veque de Paris (3), enfin le souverain pontife lui- (2) Lettre du 17 mai 1835, (2) Lettre du 22 septembre 1855. () « Votre cause, ou platét la cause dé nos Eglises, me partit gagnée. Saint Martial a. été envoyé par saint Pierre; il a préché le foi dans notre Aquitaine dés le if siicle..... Comme évéque d'Angouléme, je vous remercie d’avoir assuré & mon Eglise cette vénérable antiqhité, puisqu'on n'a jamais douté qne saint Ausone ne fit disciple de saint Martial, Comme Poitevin, je sis ausst bien heureux du parti que vous avez su tirer de notre Fortunat pour établir votre these. Votre note sur l'authenticité de’ ces vers cst une anglyse démons- trative. 1l y a surtout un cluens {mot bizarre) qui est con- eluant. » (Lettre du 2] feorier 1855. } (4) Lettre du 29 juin 1855. {3) Lettre du 23 avril 1895. —9 — _ méme (1), ont daigné bénir et cncourager nos. efforts. Toutefois nouns ‘né devons pas dissinuler ‘que, si notre Dissertation a trouvé des approbateurs ‘et de. chauds partisans dans les'rangs les plus élevés' de la science, elle a trouvé aussi des contradicteurs dont le inérite et le talent ne peuvent étre mis én question. Aingi M. Bourassé, chanoine de Tours , a voulu venger ‘Véveque-historien qui fait la ‘gloire de’ son Hglise des attaques que nous avons. dirigées contre lui; et ila publié, dans la Bibliographie catholique, une critique habile de notre ouvrage. M.d'Ozoaville, ancien sous- préfet de Chéteau-Gonthier,: dans son livre, intitulé Ovigines chréliennes de la Gaule, a combatti l'abbé Faillon et D. Piolin, et a consacré son dernier chapitre {1} « Litteris tuis obsequentissimis munus offerre maximo pontifici voluisti ejus Dissertationis, quam ad elogium et cultum ut apostoli, primi Lemovicensium episcopi, Martialis, novissime absede apostolica recognitum et probatum’, magis a¢ magis vindicandum et propugnandum, edidisti in Iucem. Et, licet maximus idem pontifex nihil quidquim de ca, tantis ut est curis et occupationibus distentus, adhue potuerit degustare, adhibitam tanien a'te sedulitatew ac studium in eodem pertractando argumento laudavit non parum, ac tibi meis verbis pro oblato libri munere meritas, illustrissime ae reverende Domine, persolvit gratias. Adjunxit etiam certis~ simum patern caritatis pignus apostoticam benedietionem,. ° qua ipsum te donavit ex corde. . » Superest ut sensus ego tibi profitear obsequii mei, illmeac rnde Dhe, cui fausta ac salutaria omnia enixe precor a Domino, ete. Dat. Rom, die 10 mat 1856.” » DoMiNiGus FIOnAMON » Ssini. D. N. ab Bpistolis letinis. » — 10 — 4, réfuter nos conclusions sur ta mission apdstolique le saint Martial (4). M. Yabbé Salvan, dans une dissertation qui précdde U Histoire générale de UV Eglise de Toulouse, s'est donné la peine d'analyser. nos docu— ments, mais ne les a réfutés qu’avec des traits d'’esprit qu'aurait dédaignés Clémence'Isaure (2). M. l’abbé Pascal, chanoine horioraire de Mende, dans sa Discus- Sion historique et impartiale sur Uépoque de Vétablissement de la foi. chrétienne dans les Gaules, » reproduit, pour ~ nous’ réfuter, Jes vieux arguments de lécole de Launoy , en ajoutant aux erreurs de ses devanciers de nouvelles inexactitudes (3). Un adversaire plus sérieux, M. Quicherat, professeur &l’Eicole des Chartes, tout en veconnaissant que nous avons «.cent fois raison quand nous réduisons |’assertion de Grégoire de Tours A la valeur d'une pure hypothése », avoue que notre’ Dissertation ne l'a pas convaincu (4). ‘ MM: Bourassé, d’Ozouville et Quicherat s'accordent sur les deux points suivants : — les vers de Fortunat (1) M. @'Ozouville est’ mort au commencement, de Yannée | derniére (1859). (2) Par ‘exemple, dans la série des témoignages traditionnels favorablés h Tapostolat de saint Martial, nous citons le P. Saturnin-de-tons-les-Saints (1650), que M. Galvan résume ainsi : « Saint Pierre consacra évéque saint Martial dans le maison de saint Pudens, » —et-il ajoute : « Quelle impudence (sie!) @avancer sérieusement de pareilles choses!... » (T. J, p. 138.) Nous forons remurquer & M. Salvan que cctte chose a até avancée par Mer Gerbet dans son Baguisse de Rome chr¢- ficnne, T.1, p. 452. Que M. Salvan se défie de sa facilité pour le calembour ! (3) M. Tabbé Pascal est mort deptiis cette publication: (4) Lettre du 26 mars 1835. . —Mao sur Ja vie de saint Martial ne sont pas: autheutiques; — la légende-dufaux Aurélien ne mérite aucun orédit, et les traditions qu'elle renferme ne remontent pas av vir sidcle. — « Rien ne prouve, dit Mr Bourassé, ghe ces ‘vers de~ Fortunat soient de l’évéqué. de~Poi- tiers (4) ».... «Quant aux Actes du faux Aurélidii, ajoute-t-il, les Bollandistes ont été fort séveres , et avec raison, pour ces ‘Actes, qu’ils disent avoit été maladroitement fabriqués, et dans lesquels on Uécou- vre une foule d@anachronismes (2}. » Si nous en croyons M. d‘Ozonville, « saint. Fortunat de Poitiers n’eut jamais rien & déméler avec ces vers. Puisque esprit de parti:, Vesprit-de clocher local s'est oublié au point de leur donner naissance, cest & quelqu'un semblable au moine Adémar, et A la paitie ja plus nébuleuse du xr siécle, qu'il faut les laisser... La légende de saint Martial parait étre Tune de celles dont la fausseté et Vineohérence éclatent le plus : on Vattribue au xt sidcle (3) »- _M Quicherat nous écrit : « Vous montres trop bien quelle a été, depuis l’'an mil, la vivacité du débat pour qu’on ne’ suspecte pas TYanthenticité de cette pitce , qui manque dans Jes wuvres de Fortunat, (1) Rien ne Je prouve? Le titre que portent ces vers sur un manuserit du xne sitcle ne prouve rion? La conformité du style de ce poeme avec le style de Fortunat ne prowve rien? Lautorité des savants de Rome, qui ont trouvé cette pitce sur in manuserit dui 1x¢ sivele, cf qui, sans hésiter, l’ont ndmise parmi les aves de Fortunat, ue prouye yien? | 12) Bishagraghic catholique, wit 1855, p70. . _ (@) Ovigines clrdticnnes do ta Gaule + Laltres aw Rap, violin, p. 227, 228. : . — 12 — cenvres recueillies avec beaucoup de soin par lni- méme, et.ot ila mis toutes ses préfaces, tous ses envois,. méme les inscriptions composées ‘par ‘Ju pour. des tombeaux: ou. pour’ des tableaux - (1). '‘D'ailleurs la légende que précédent ces vers de Fortunat s’éloigne tellement par son caractire des légendes antiques ; méme de celles que Fortunat et Grégoire de. Tours nous’ ont laissées, que ce’ qu’ons pent faire de plug favorable & son antiquité est d’en-placer Ja composition au 1x" sidcle (2) 9. ot . : A propos de ces vers de Fortunat, ‘M. l'abbé Pascal se-conterite de dire « qu'ils ne sont pas universellément admis comme émanés de sa plume » yo que « de trés- savants‘philologues les ont ¢liminés des ceuvres attri- buées & Fortunat (3) »; que, «si l'on tient A ce témoi- _ Shage, il demande qu'il Jui scit permis @’y trouver de Pexagération(§) ». Quant’A M. Salvan, il reconnatt Lanthenticitéde ces vers de Fortunat! maisil pretend, chose étonnante! que ces yers ne Frouvent rien, et, chose plus étomnante encoré! que ces vers n’ont pas été composés sur Ia légende d’Aurélien dont ils (1) Mais alors comment se fait-il que les diverses ditions de Fortunat’ se soient successivement acerues de nombreuses pitces, éparses ch et 18, et dont authenticité n'a jomais été mise en doute? Comment se fuit-il que 'édition Ja plus réeente et la plustcomplete, celle du cardinal Luchi, ne renferme pas tout, puisguc le savant Guérard ja publié dés vers inddits de Fortunat d'aprés des manuscrits de Ja Bibliotheque royale. puisque Ie cardinal Mai en ainséré dans le Spicilége romain? (2) Lettre du 26 mars 1855, (3) Comment les auraient-ilséliminés avant de les connaitre ? (i) Discussion, historique ct impartiate sur Uétablissement de lu foi chrdtionne dans les Gaules , ete, p. 30. 1B donneat le résumé, ef qu’ils précédent on accompa- gnent: dans tous les mannscrits oi1-on les trouve (4). - ‘Rendons justice: A nos principaux contradicteurs. Ils ont parfaitement compris quel était le document qui faisait la principale force de notre Dissertation. A’ Paide des. vers de Fortunat que le cardinal Luchi a+ publiés ‘d’aprés ‘un ancien manuserit.de Flo- rence ; et que nous avons collationnés sur deux autres ‘manuscrits des biblioth¢ques de Rome, nous avions établi que la Igende de saint Martial, quoique faussement attribuée & son successeur. Aurélien » Stait néanmoins antérieure & Grégoire de Tours, et, & aide de ces vers et de cette légende, nous établissions péremptoirement.que, au commencement du vr sikcle, avant Grégoire de Tours, }a tradition du Limousin faisait remonter & saint Pierre la mission: de saint Martial. Mais. M. Bourassé n'avait pas manqué de nous’ faire cette objection sérieuse : « Pourquoi ,: si cette légende est apocryphe, si elle renferme beaucoup de cireonstances inventées par l’imagination des Peuples ou la naiveté de Vécrivain, pourquoi la . mission apostolique de saint Martial ne serait-elle pas fabuleuse comme Je reste?:» Pour” prévenir cette : bose Q} Ce passagoost curieus : citons textuellement: :«Lovsqu’on, -Vient nous dire que dans ce vers du poete: : * « Mattialis resonant hiv sonetissima gests 1» ou, si Pon veut, veracissima, ladverbe fic doit. s'entendre de Ja légonde,-ct non du potme que, Fortunat compose , c'est vou- Joi se moquer de ses Jecteurs De (itistoire penévale de VEglise de Toulouse, p. 102.) + M, Salvanest maintericiir des Jeax— Floranx. ' . — 4h objection , nons-avions montré que, relativement & la mission, de saint. Martial au temps de saint Pierre, ce fait principal de la légrende ne pouvait étre contraire 4 la.croyance publique et aux traditions populaires. du:,Limousin; que ‘d'aillenrs Paccord unanime des anciens:documents et des traditions immémoriales de Rome, ‘dejl'Italie, de VOrient, de ]’Aquitaiie, met- tait ce fait principal. hors:de cause; et nous avions pu.tirer, cette conclusion-rigourense que 14 mission apostolique de. saint Martial n’ést_ni une circonstance ‘apocryphe ,ni un détail fabuleax, mais un fait historiqué transmis par les souvenirs traditiorinels. Toutefois ,” nous devons l'avouer,' notre conscience darchéologue,: -éprouvait quelque peine de trouver, A la limite layplus.reculée de Ja tradition, une légende apocryphe aussi décri¢e que la légende-du faux Aurélien. La Providence est: venue & notre aide. Nous avions écrit, dans notre Disgeriation ,- cette phrase, dont M. Bourassé a cité malicieusement les deux premidres lignes : « Nous n’avons pas la prétention d’avoir arraché & la science son dernier mot sur cette question de V’apostolat de saint Martial : nous sommes persuadé que des recherches plus étendues et plus approfondies feront faire un nouveau progrés & cette discussion, et jetteront sur ce fait traditionnel une pleine lumiare historique; nous sommes persuadé que des recherches ultérieures faites, soit en France, dans les manuscrits de Ja" Bibliotheque: impériale, soit. dans les biblio- theqnes les ‘plus. célébres de l'Italie et de l’Angleierre, feront découvrir’ de nouveadx documents relatifs & cette question capitale des origines du christianisme —be— dans les Gaules (4) ». En effet, en fouillant dans les mannscrits de la Bibliothtque impériale, nous avons découvert la piéce qui nous manquait, le document: que nous cherchions, c’est-a-dire les anciens Actes, la Vie authentique de saint Martial : nous allons la * publier ici, avec d'autres, piéces inédites des sibcles postérieurs, pour sérvir de supplément a notre Disser- ‘tation sur lapostolat. ARTICLE PREMIER.” ANCIENNE VIE DE SAINT MARTIAL. La découverte des anciens Actes de saint Martial est venue démontrer la légitimité des conjectures que nous avions émises rélativement aux principaux faits que rapporte la Iégende d’Aurélien. Nous avions con- jecturé que cette légende, tout apocryphe qu'elle est , ne pouvait étre, dans son ensemble, une invention contraire & la croyance publique et popnlaire du Limousin au vr‘ siécle, et que, par conséquent, quant au fait dela mission de saint Martial au temps de saint Pierre, il devait étre en harmonie avec les traditions antérieures du pays. Nous avions deviné juste, et le découverte des anciens-Actes nous donne pleinement raison. Nous sommes persuadé que, si les critiques du xvi’ siécle eussent connu cette ancienne Vie, ils qeussent pas rejeté, comme. ils ont fait, 1a mission apostolique-du.premier é¥éque de Limoges. Ils ne ” (Q) Dissertation, ete., pe 114, — 16 -~ connaissaient que la légende du faux Anrélien et les deux: épitres attribuées 4 saint Martial : or les détails apocryphes qui déparent ces deux pices avaient fait rejeter avec ‘dédain non: seulement. cette légende et ces deux’ épitres, mais encore’ tontes. les traditions relatives i Vapétre de’ Aquitaine; en sorte que le’ savant écrivain des Histoires de VE Glise gallicane avait osé dire de cette légende : « A part le tom de Mar- tial , toutde reste est'un tissu de fables (jo: Fores de. nous ‘appuyer sur.une caution: si équivo- que, Dous n’étions pas exempt 4” ‘une certairie crainte : mais aujourd’hui-nous pouvons présenter nos tradi— tions avec plus assurance ; car nous avons, a la jimite la plus reculée des'monuments traditionnels, non plus une légende maladroiténent fabriquée par un écrivain Pseudonyme, mais des-Actes sincdres, un document grave, wathentiqne, ot vraiment digne de Vhistoire. “ : “existence de cette. ancienne Vie nous était révélée. par des monuments d’une haute -antiquité. Ainsi ‘le moineAdémar, dans Pépitre ott il rend rend compte de Ja discussion qu’il ‘ent, Pan 4028, avec: Benoft de Cluse sur Ja question de l'apostolat, rapporte ‘ces paroles de ‘son antagoniste : « Quelques-uns ont cou- tume de dire que son ancienne Vie (de saint Martial) périt. dans un incendie quand ce monastére fut con< sumé par les flammes (2), et que dens cette Vie il n’ 'y “ay “« “Atque, si unum Martialis_ nomen exemeris , > reliqua omnia ficta videbuntur, » (Bosquer, Histor. coc. gallic. , 0. 22, part. 1, p. 44.) (2) Le monasteére dé Saint-Martial fut ineendié en 952. (v. Abimar, Patrolog., 'T. CLL, col. 82.) ~ ATS ayait pas autre chose sinon que ; Apres ascension du Seigneur, saint Martial avait été converti, avec beaucoup d'autres patens, par la ‘prédication de saint Pierre, puis avait été instruit par Jui, et, long- temps aprés, ordonné évéque, et envoyé a la seule _ Ville de. Limoges, comme Apollinaire 4 -Ravenne, et Mare & Alexandrie (4) ». Un écrivain antérieur 4 Benoft de Clusé; ou du moins son contemporain, a décrit les caractéres de cette Vie d'une maniére si précise, si détaillée, si catégorique, qu'il est impossible de s'y méprendre : c'est Pierre le Scolastique, quia fait sur saint Martial “un potme en neuf livres, dont nous avons recueilli et publié les fragments. Dans l'article qui précéde les fragtnents de ce poéme, nous avons établi que cet écrivain florissait non pas 4 Ia fin.du xr siécle; comme Va conjecturé D. Rivet dans I'Histoire Uttératre de la France (2}, mais ala fin du x* siécle et au commen- cement du sitcle suivant. Voici en quels termes Pierre Je Scolastique parle del’ancienne Vie de saint Martial : 1 : : "« Est minus ct majus de Marciale volumen : Qui minus egit opus plane non est michi notus; Sed scio quod sancto fuerit nequissimus hostis: Propter.namque fidem, bene que dixisse videtur . (i) « Solent dicere nonnulli vitam-ejus veteranam , quando hic locus arsit, perisse ineendio, in’ qua nihil horum legebatur, nisi duntaxat quod post ascensionem Domini ad Petri praedi- cationem sit conversus , sicut alii multi éx paganis, et ab eo eruditus, et post longum tempus ordinatus episcopus, et ad solam urbem Lemovicum missus, sieut Apollinaris ad Raven- nam et Marcus in Alexandriam. » (Palrolog., T.CXL1, col. 95.) @ T. VIII, p. 508, . 2 — 1g Presulis exccrpsit sermonibue Aureliant; Frivola vero sno deprompsit pectore tctro, Ut jubar inficerent, quod nubila euneta repellit. Ergo refutetur condempneturque malignus. © *. | At ptures alios qui composuere libellos . Sint licet ignoti, nam nusquam nomina ponunt,” Qua: bene dixerunt vigili sunt mente notanda : * Is male qua finxit penitus debent reprobari, Neve rudcs, hominum sensus malus imbust error, Sunt etiam doétis raro, numquamye legenda. * Sed que proposuit miracula sunt retinenda : Testis enim verax ipsi narraverst illa. ‘Nec tamen antiquo curavit eredere libro, Vulgari fame tribuens ea qute veferchat : Magnaque vix tangens, contendit condere lumen, Et curtus verbis animum cclare neguivit,. Ut quicumque sapit satis hune, reprohendere possit. Ergo nichil timeat, sed posse probet reprehendi , ~ Multiplicique virum ratione refellat iniquumm. Namque suis armis hostem superare valebit ; ‘Et damnabit opus quod quilibet offeret ipsi (1). » mo Ces vers ont besoin dun commentaire : nous allons essayer d’en éclaircir le sens,: « Est minus et majus de Marciale volumen ‘». 1 «lly aun petit livre et un grand livre'dela Vie de saint Martial.» — Le grand livre de la Vie de saint Martial, c’est la Jégende apoéryphe, si longue et si diffuse , que Pierre le Scolastique regardait comine Veeuvre d’Aurélien, second évéque de Limoges; — le petit livre de la Vie de saint Martial,.c’est la légende courte et succincte; ce sont-les anciens Actes, qui (1) Pane 12 Soorasture, livre FH, potine VIL, p. 35,34, — 19 — Wavaient pas été publiés jusqu’s ce jour, et que nous avons eu la. chance inespérée de découvrir. Cette seule indication de ¢ petit livre, », avait. fait soupconner 4 Nadaud l'importance de cette ancienne, Vie 2 «Les critiques, avait-il dit, qui préférent les actes Jes pins _ courts et. les plus simples & ceux. qui sont plus étendus et plus chargés regretteront, sans doute, .la perte de cette piece (4) ».. « Qui minus egit opus plane non,est michi notus. » « Celui.qui a écrit le petit Jivre m’est tout i fait inconnu, » — Pierre le Scolastique, qui ne dontait pas de J'authenticité de la légende d’Aurélien, sima- ginait connaftre Pécrivain du“« grand livre de Ja Vie de saint Martial ». ‘Quant &Vauteur du « petit livre », Pierre Je Scolastique ne le connaissait pas, attendu qu'il n’a pas songé -d se “faire. connaftre. C’éait- tm usage presque général, 2 l'époque reculée ou ces Actes ont 66 écrits, que les auteurs des légendes des saints ne mettaient pas leur nom en téte de leurs ouvrages. Ainsi, que l’on parcoure, dans la’ table du it volume de l'Histoire litteraire de la France, Ja liste des écrivaitis anonymes qui. ont composé des Vies-de saints au vit et au vité.sidcle, on en comptera plus de cent indiqués dans ce seul voluine. Et, pour citer des exemples, connait-on l'auteur.de la légende de sainte Gehevitve, écrite vers l'an 530? Les Actes de saint Saturnin de Toulouse, cités par Grégoire de Tours; ceux de saint Privat: de Mende: et de saint Ursin - de Bourges, ob le méme historien a certainement Q) Navaun, Dissert. mss swe saint Mertial, choWe, . +. — 20 — piisé ce qu'il raconte de ces deux saints, voila des documents @’une haute avtiquité : en connait-on les auteurs? Comme ces anonymes écrivaient , non dans Yespoir d’une renommée frivole, mais, uniquement pour T’édification des fidéles, et pour rendre témoi— gnage & la vérité, ils owbliaient naturellement de mettre leur nom en ttte de leur ouvrage, et cette marque de modestie est une preuve,. sinon de leur science, au moins de leur sincérité. . «Sed soio quod sanéto fuerit nequissimus hostis : Propternamque fidem , bene qua dixisse videtur, Preesulis excerpsit sermonibus Aureliani + Frivola vero suo deprompsit pectore tétro, Ut jubar inficerent, quod nubila cuncta repellit. Ergo refutetur condempneturque'malignus. » « Maisje sais que ¢’était un ennemi déclaré du saint : car ce qu'il a dit delouable et de digne de foi, il Ya extrait des écrits de l’évéque Aurélien : mais ila tiré de son fonds mauvais des choses frivoles pour obscureir ce soleil, qui défie tous les nuages. Done il faut réfuter et condamner ce méchant. » . Les invectives.que Pierre le Scolastique lance contre * auteur anonyme de Vancienne Vie sont parfaitement excusables, et cet écrivain, + qui ne doutait pas que la iégende du faux Aurélien ne fot réellement oeuvre du successeur de saint Martial, ne pouvait tenir un langage ‘différent. En effet, la Jégende d’Aurélien , entre dans des détails quisont tout @ fait & la gloire de.Vapdtre de Aquitaine ; elle Ini donne le titre dapotre et de disciple du Seigneur ; elle le fait assister aux principaux événements de la vie publique de Jésus-Christ , & la résurrection de Lazare , 2 la céne —a— et au lavement des.pieds; elle on fait un témoin de la régurréction et de Pascénsion du Sauveur ; elle lui fait recévoir l’Esprit-Saint-au jour de la Pentecdte, elle entre dans de grands, détails sur les prodiges que saint Martial avait opérés & Toul, & Ahun, & Limoges, 4 Bordeaux , & Mortagne , etc/Au contraire, l'ancienne Vie, plus sobre dé détails, se contente de dire que saint Martial fut envoyé par saint Pierre dans les ~ Gaules; qu'il ressuscita un’ de ses compaguons, comme Vatteste la tradition populatre ; qu'il convertit et haptisa une jeune fille, nommée Valérie, laquelle,. ayant refusé un. mariage’ qui lui était offert, fut, dit-on, mise 2 mort par son fiancé, encore pajen. On ne trouve dans Pancienne Vie ni lé nom du duc Btienne; ni celui de Susanne, mere de sainte Valérie; ni ceux @'Aurélien et d’André, prétres des idoles; ni ceux de Vécuyer Hortarius et d’Hildebert., fils dArcadius;’ comte de Poitiers, etc.;.on m’y trouve.ancun de ces détails chrondlogiques dont Ja légende d’Aurélien est si prodigue : par exemple, que saint Martial était entré & Rome Ja seconde année de empire de Claude; quil mourut aprés vingt-huit ans d’épiscopat, la troisikme année de l'empire de Vespasien, la. troisitme année de Ja denx.cent douzisme olympiade: rien de tout cela, mais seulement ces quelques paroles, qui offrent peu de prise a la critique : Imminente jam tempore, excimius vir migravit ad “‘Dominum. Pierre le Scolastique ne devait-il pas penser que cet écrivain anonyme du « petit livre » était an enanemi du saint, qui voulait -obscurcir Péclat de ‘cet astre, puisqu’il passait sous ‘silence leschoses glorieuses et magnifiques qu’Aurélien avait dites en I'honneuy.de son héros ? (—- Re Cos invectives que le po&te lance a Pécrivain ano- - nyme'avaicrit fait comprendre & Nadaud Vimportance fe ce petit livre : « Il étoit Vennemi du saint, remarquait- il} parce que, sans doute, il n’étoit pas partisan de tontes les puérilités de la Vie @Aurélien.-II reste savoir dans quel sitcle cet” anonyme. plagoit saint Martial. On.ne nous dit point non plus'le sidcle de cet éctivain. Pout-étre’ cette Vie et ces: miracles appro— choient-ils dé prés la sincérité et l’authenticité qu’on demande dans de ‘telles’ piéces« ‘dul thoins “la bribveté de Vouvrage ‘et da simplioité du style le donnent & penser ‘dans ‘ce cas, nous he saurions assez déplorer ia I perte. de cette pitce (ay » ‘e Propter namque fideni, bene que dixisse videtur * 'Preegniis excerpsit sermonibus Aureliani.» . o « Ce qu'il a dit dé bonet de digne de foi, il Va tiré des -éerits de Pévéqie Aurélien. »'— Nadaud , ‘avec son instinct profond’d’antiquaire , avait fort ingénieu- sement devine, @aprés ces paroles, que « la Vie de saint Martial, “aont on-fait auteur’son successeur, avoit quelque chose de fondé dans: Vantiquité (2} », puisquielle renfermait des traits semblables a ceux de lancienne Vie; et c'est; en effet,'& l'aide dele léSende d'Aurélien que ndis ‘avons pu combler une Yacune qu’offre Je manuscrit’ incomplet. des’.anciens Actes: Le « petit livre» de Vécrivain anonyme a servi comme de fonds’ et de canevas sur lequel Je faux (1) Napaun, Afém, mgs., Te 1V. (2) Id. thid, too. . — 3— Aurélien a brodé sa poétique légende et son roman historique. : « At plures alios qui composuere Jibellos Sint lect ignoti, nam nusquam nomina ponunt, Qui bene dixerunt-vigili ‘sunt mente notanda _ Is male que finxit penitus debent reprobari , Neve rudes hominum sensus malus imbuat error, Sunt etiam doctis rare numquamve legenda. » « Plusienrs écrivains ont composé d'autres opuscules ; et, quoiqu'ils soiént inconnus, — car ils ne mettent leur nom - nulle part, — on doit noter avec soin ce quwils ont dit de bien; mais on doit réprouver tout & fait les fictions de cet anonyme, de peur qué ses erreurs ne séduisent les esprits grossiers ; et. les doctes mémes doivent ne les lire jamais ou que trés rare— ment. » — Les opuscules anonymes dont parle ici” Pierre Je Scolastique nous paraissent les divers livres . des miracles de’ saint Martial : par exemple, celui que Jes Bollandistes ont publié comme étanit du 1x° sidcle, et que nous avons trouvé manuscrit, avec quelques variantes, & la Bibliotheque impériale (1). On doit éiudier ces opuscules , quoiqu’ils soient écrits par des auteurs inconnus : Ja réprobation ne les atteint pas : elle ne doit frapper que l’écrivain anonyme dui « petit livre ». . « Sed quae proposuit miracul-sunt retinenda : * Testis enim verax ipsi nerraveratilla. » « Cependantil faut conserver le souvenir des miracles qu'il rapporte : car des témoins dignes de foi les lui (Fj Mss lal. , ancien fonds, ne 2768 (4), fol. 81-90. a avaientsracontés. » — Pour bien comprendie le sens de ces paroles, i! faut savoir que ancienne iégende de saint Martial se compose de deux parties: la premiere, qui renferme un récit court et substantiel de Ja Vie du saint; la seconde, oti sont repportés tes plus anciens miracles opérés & son tombeau. « Proscrivez cette Vie; conservez ces miracles! » avait dit Pierre Je Scolas- tique’ ’ cette recommandation a été si bien suivie qu’on né trouve plus dexemplaires de la premiére partie du « petit livre », tandis «que la seconde se trouve fréquemment, et a été publiée par les Bollan- distes sous ce titre : Antiquiora aliquot (mérucula) Palrata ad sepulcrum (4). Avanteux, le P. Bonaventure avait trouvé et mis & profit uh manuscrit de ces anciens miracles, et son contemporain .le chanoine Colin disait : ela Providence divine m’a fait ren- contrer quantité.d’anciens lambeauc d'un vieux ma- - - huscrit in-folio, parmi lesquels j'ai trouvé la fin de le Vie de saint Martial, dont le temps a consommé le commencement , et un' cayer de ces miracles que je désirois de voir avec tant de passion. Ces lambcaux paroissent avoir été écrits il _y a plus de huit cents ans (2) ». Etait-ce le temps qui avait déchiré la Vie ‘de saint Martial qui précédait ces miracles? N’étaient- ce pas plutet les disciples de Pierre le Scolastique? * Les Bollandistes qui ont publié la seconde partie de ce livre n'avaient pas trouvé non plus la premiare partie : on voit que c’était un parti pris de déchirer cette | ancienne Vie, si injurieuse a-saint Martial. Q) Acta Ss, T.V fundé,-p. 558. 2) Vie des Saints du Limousin, p. — ob — . : « Nee tamen antiquo curavit credere libro, Vulgari fame tribuens ea quar-referebat. » Ce qui étonnait Pierre le Scolastique, c'est que cet écrivain anonyme, au lieu de s‘appuyer sur Je témoi- gnage @Anrélien, ne citait le témoignage. @anenn ancien livre, mais attribuait & la tradition populaire ce qu’il rapportait. Crest 1h, en effet, ce qui caractérise les anciens “Actes de saint Martial , et ce qui prouve leur antiquité. Lécrivain anonyme dont ils sont Touvrage n'avait garde de citer le faux Aurélien, qui-n'est venu qu'aprés lui. Comme il n'y avait alors rien 'Wécrit sur saint Martial, excepté peut-ttre les. diptyques de Viiglise de Limoges oi1 figurait le nom des évéques les plus célébres, cet écrivain avait consulté ja tradition , et avait composé son récit d'aprés les souvenirs tradi- tionnels. Voila pourquoi, en parlant de la résurrection dur compagnon de saint Martial , il s'exprime ainsi : « Cequiarriva, comme Vatteste la-renommée populaire (4) »; de méme, en parlant du martyre de,sainte Valérie, il s'exprime en ces termes : « Et elle fut mise & mort, dit-on, par gon fiancé, encore paien (2) ». « Magnague vi vis tangens, contendit coudere lumen: » «lleffleure a peine les traits principaux de la Viede saint Martial, et il's'efforce denfouir cetté lumiare. » —.C’est ld le reproche capital que Pierre le Scolastique adresse & ’écrivain anonyme. On voit que tous les (i) « Quod factumn est, ub otdgi Zama, estatur, 5. (2) « Bt postea, wf ferfur, a sponso suo, adhue guntili,, itite~ * yempta fuit. » , — 6 — . gviefs dont il se plaint sont antant de traits distinetifs qui caractérisent l’ceuvre, et ne laissent aucun’ doute sur Videntité et Vantiqnité de cette pikce importante, que nous avons eu Yheureuse chance de’ retrouver aprés huit siécles d’oubli. Toutefois nous n’avons pas lespoir de | publier ces anciens Actes dans leur-intégrité primitive; car le seul et unique manuscrit que nous ayons pu trouver’ offre de nombreuses et regrettables lacunes. En dnnon- quit, dans le journal ?’ Univers, la découverte de cette ancienne Vie ‘dé saint Martial, nous ajoutions : « Malheureusement le copiste du x? siécle, qui ne ™ savait pas le latin, a fait d’énormes fautesd'orthographe, qui rendent certaines phrases inintelligibles; de plus, ila fait un mélange de divers fenillets qui augmente encore la confusion du texte. Qu’on s'imagine une inscription antique que l’on trouve en fragments : il s'agit de rapprocher ces débris épars, de les rajuster , et de combler les lacunes : c'est un travail de ce genre _ qil nous fandra entreprendre ‘pour restituer ce texte ancien dans sa ‘primitive intégrité. Et, malgré nos recherchés, nous n’avons pu trouver que ce seul exemplaire de ’ancienne Vie de saint Martial, quoique ly-Bibliothéque impériale posstde plus de vingt exem- piaires de la légende d’Aurélien (4) ». I! nous @ été facile de combler les lacunes de Ia. seconde partie de cette légende {relative aux anciens miracles opérés au tombeau de saint Martial) al’aide de L'Opuscule des anctens miracles publié par les Bollandistes an tome cinquitme de juin, opuscule qui n'est autre () Uriters, 14 septembre 1835, —~%Ww-— chose-que la seconde partie des. anciens- Actes ; quant & ja preniiére partic, nous avons comblé une lacune importante 4 Vaide de la légende du. faux Aurélien , qui paratt avoircopié ce passage du-« petit livre ». Plusieurs phrases, dans cette partie, restent mutilées quelques autres sont & peu prés.inintelligibles..Nous . avons indiqué par des, points ces mutilations et ces lacunes, lJaissant au Jecteur intelligent le soin d'y suppléer. Mais, le ‘point capital, nous’ dita-t-on,, c'est d'as- signer Ja date de cette ancienne Vie de- saint Martial ; cest d'en établir l'antiquité, et surtout Vantériorité i Grégoire de Tours. — Crest a justement, ce ane nous allons faire. © 0 ot ew “4° Ce qui montre tout dabord Yantiquité te Ja légende anonyme de -saint Martial , cest, qu’elle est antérieure & la légende:apocryphe du faux- Aurélien- Des le commencement du x1 sidcle, c'était. 1A un fait reconnu par. quelques érudits, et Benoft. de Cluse - soutenait avec raison contre le fougueux Adémar que * *ancjenne Vie de saint Martial , que lon croyait: per- due, était antérieure & la légende d’Aurélien, chau- dement patronée par son antagoniste. Ii-suffit, en effet ,, de parcourir cette ancienne Vie pour'se con— vainere , au:premier conp d’ceil , qu'elle a été composte -(apres la tradition , alors qu'il n'y avait rien d'écrit “sur saint Martial, comme :on Ie voit par ces’ paroles du texte, A. propos de la mort d’Austriclinien.: « Ce.qui arriva, comme l'atteste la renommée populair quod factum est , ut mdgi fama testatur ». —« Et ensuite , comme on le rapporig, Valérie fut mise & mort par son fiancé, encore paien : — et postea, wd fertur, (Valeria) — B&B @ sponso suo , adhuc gentili , interempta fuit. » C'est pour- quoi Pierre le Scolastique avait remarqué avec nn certain étonnement que l’auteur anonyme de Ja petite . - légende ne’ s'appuyait sur’ lautorité, d’aucun auteur ancien, mais attribuait a la tradition populaire ‘ies faits qu'il racontait : «Nee tamen antiquo curavit eredere libro : Vulgari fame tribuens ea qua referebat ». Cela he nous montre-t-il pas que les Actes de saint Martial n’étaient pas encore éorits alors que cet auteur anonyme eutreprit de les rédiger? — Du reste, i! est incontestable que cés anciens Actes ont servi de fond et de canevas, pour ainsi dire, ax, broderies légendaires du faux Aurélien. Pour peu qu'on ptenne la peine de -comparer les deux pidces, on verra que ce. n’est pas cet auteur anonyme qui a puisé ce qu'il a dit d’exact dans les écrits de l’évéque Aurélien, comme Pierre le Scolastique len accuse, ‘mais que c'est, au contraire, le faux Aurélien qui a puisé ‘dans Pauteur anonyme le fond de son thame’, qu'il a embelli en y ajoutant |” d'autres traditions populaires et des détails d'imagi- nation..D’ailleurs; en thése générale , les Actes courts sont toujours les’ plus anciens , ef c'est une remarque judicieuse de Tillemont « que, ces sortes d’ouvrages vont plutét en augmentant qu’en diminuant, comme ‘on le voit par expérience (4) ». . Orla légende d’Aurétien a été écrite au plus ‘tard dans la seconde moitié du vit siécle, comme le prouvent les vers que Fortunat a composés sur cette légende, (Q) Tittemonr, Mémoires , 'V. I, p. B51. — 9 — vers dout nous avons établi et dont nous maintenons - Yauthenticité, malgré les dires de MM.’ Bourassé, ~ Quicherat et W@Ozouville; et, comme la légende ano- nyme de saint Martial est antéricure A la légende @Aurélien, ii suit clairement qu'elle date ou de la premiére moitié du vit siécle; ou méme de Ia seconde moitié du v* siécle. . 9» Mais ce n'est pas le seul argument que nous ayons a présenter pour établir Pantiquité de Ja légende’ ‘anonyme de saint Martial ;-nous pouvons donner. & cette légende uné date ontérieure-au vit sidéle en nous appuyant de. Vautorité des Bollandistes, qui, sans s’en douter, nous ont donné sur ce point leur opinion motivée. Les Bollandistes ont publié, au tome V de juin, trois opuscules des miracles de gaint Martial, réunis dans Je méme manuscrit, mais rédigés & ‘noi époques différentes. Or le premier de ces opuscules auquel ils. ont donné ce titre’: § 4. Quelques miracles plus anciens opérés au's¢pulcre (4}, n’est autre chose que Tn seconde moitié dela légende anonyme deseint Martial, ou sont relatés les plus anciens miracles qui se firent 4 son tombeau. C'est & Vaide de ce premier opuscule, publié par les Bollandistes, que nous avons pu réparer les Jacunes et les défectuosités de la seconde partie de notre manuserit. Les deux opuscules suivants, aux- * quels les Boliandistes ont donné ce titre : Miracles écrits qua: iit, vine et 1x¢ siécles (2), renferment le récit de (Q) « Antiquiora aliquot (miracula) patrata ad sepulerum. » (Acta 8s. 'T. V juni, p. 953.) Q) « Mirncula seeulo vir, vir, 3x seripta », (Zid. ps 554.) — 30 — miracles operés depnis le commencement du vit" sitcle jusqu’en 855 , et Ie premier miracle qu'on y raconte se tattache i ]’élection desaint Loup, évéque de Limoges, qui eut lieu sous Clotaire,; en 6th. Le P. Papebroch , dans son manuserit, avait trouvé ces trois opuscules réunis sons le méme titre; mais, ayant remarqué la conclusion qui termine le premier opuscule et le'pré- ambule qui. commence: Je second, i] avait conjecturd que ces deux parties de som manuserit n'étaient pas ‘du méme auteur, ‘et-que ta premiere avait 66 écrite avant la seconde : -il avait -deving juste. En effet, en fuisant des recherches a la Bibliotheque impériale, nous avons trouvé, dans le manuscrit2768 4,.fol. 84 5 08 S@= cond opuscule, détaché du premier, et transcrit séparé- ment. Done ce‘premier opuscule, qui n’est autre chose que la ‘secondé moitié de la légende anonyme de saint Martial, est antérieur, parla date et par la rédaction, aux i.deux’ opuscules snivants, écrits, W@aprés les Bollandistes , de-645.4 855; et c'est pourquoi; avant de savoir que cet opuscule n'est qu’une moitié deLencienne légende, nous avions dit qu'il « nous paraissait avoir . eté derit au vi sidcle.(1}». Done la légende arionyme desaiht Martiat , dont ce premier opuscule n’est qu'un extrait, est antérieure & Van 644,-et le vir siecle est la date la plus récente qu'on pinisse lui assigner. 3° Du rest, en étudiant les caractéres intrinséques de cette légende , on ne‘ peut s'empécher de reconnattre quelle ressemble parfaitement aux légendes de cette époque, et notamment.a celles que Fortunat et Gré- goire deTours nous ont Jaissées. Le prologue, dont le (0) Hissertation sur Vapostotat de satat Martial, p. 37, note2. —-n- style accuse Page de transition de la période romaine i celle du moyen fige, est dans le genré des prologues de ce temps-l&; la’ conclusion’ est dans les mémes termes que plusieurs lggendes de Fortunat et de, Grégoire de Tours (1); puis, dans le récit des miracles opérés awntombean de saint Martial , les formules qui serventdétransition d'un miracle & Vatitre ressemblent exactement & celles qu’emploient ces deux écrivains , comme on. peut s’en convaincre en vérifiant les cita- tions que nous faisons & la fin de chacune de ces for- ' mules : — Nec etiam quod operce pretium” oceurrit oinittendum est (2); — Adjioiéndum est etiam et illud quod por eumdem Dominus operatus est (3)y— Jungatur opert quod presens testater auctoritas (4), — Addatur et illud quod potest adjungi mysteriis (5). — De plus, on y trouvedes expressions particuliéres l'époque romaine: pargxemple, pour désigner les reliques de saint Mar- tial, 'auteur anonyme se sert de ces termes : Beati virt memoria ; —c'est expression employée fréquemment par saint Augustin pour désigner les reliques de saint Fitienne (6). , : (yFonruxar, Légendes de saint Hilaire de Poitiers ot de saint _ Albin. (Batrolog., T-EXXXVIL, bl, 448, 486.) — GR&GoIRE PE ‘Tours, Historia septem Dormientivm, dit. Ruinart,.p. 1282. Q) Fourusar, Padrolag.,T. LEXXVI, col. 461, 462, 469, + 483, 484, 588, 546, 558.— GEG. DETOURS, éd. Ruinast , 1289, (3) Fortuna, iid, col, 587. — GREG. Be Tours, ibid, 1207. 4) Forronat, #éd., col. 300, 553, 587, 558. (5) « Adjiciatur operi res adjecta mysteri 'rouns , ibid., 1290.) — ForTUNAT, ibid. , G01, 538. (6) De Civitale Det, ib. XX, cap. VT, § 30, 12, 12, 15, 17,19, te. : » {Gric. DE 4 Cotte Ib@ende anonymie est done du vi" sidele : elle est méme antérieure & Grégoire de Tours; car elle est la soureé ot cet historien a puisé Je récit de trois miracles qu'il raconte dans son Livre des Confesseurs aprés’ les quelques mots qu'il a consacrés & saint Martial. “Et qu'on ne disepas que Je récit de cestrois miracles a été pris par lanteur anonyme. dans Grégoire de Tours ;.car il est bien plus naturel de penser que les : vies des saints et leurs miracles-ont été écrits dans les lienx .mémes ou ils avaient vécu, et ol ces miracles s‘étaient opérés. Grégoire de Tours, qui n’avait pas la science infuse; s'aidait, pour composer ses traités et ses divers recueila, des léendes des saints rédigées, sur les lieux mémes oii ils s'étaient sandtifiés : c'ést ainsi qu'il a abrégé les Actes de saint Saturnin de Toulouse, , de saint Ursin de Bourges; de saint Privat dé Mende, composés d’aprés la tradition orale dans les dioceses respectifs de ces saints évéques. Et Grégoire de Tours n’a pu parler de saint Martial que d'aprés les Actes rédigés en Limousin, c’est--dire d’apres cette Idgende anonyme olx sont rapportés les plus anciens miracles’ de saint Martial. — Mais, s'il a connu cette légende anonyme, “com,” ment n'a-t-il pas dit ce qu’on trouve dans cette légende 5 ‘sur la mission que saint Martial tenait de saint Pierre? us avons constaté, sur ce point, les contradic- , tions ét l'incertitude de Grégoire-de Tours. Induit en erreur par la lecture comparée dé deux légendes qui ine s'accordent pas, celles de saint Saturnin de Toulouse et de saint Ursin de Bourges, il dit, d'une part, que Jes sept éve eques ( ont été envoyés sous? empire de Déce ; et, d’autre part, il fait envoyer par les disciples des apdtres saint Saturnin, un de ces sept évéques, saint Ursin, unde leurs disciples, et il attribue A saint Clé- ment, discipledes apdtres , la mission de t Butrope de Saintes. Quant 4 saint Martial , aprés avoir dit, dans son Histoire des Francs, qu’il-avait été ‘envoyé sous Vempire de Déce, il dit simplememt, dans son Livre des Confesseurs , qu'il fut envoyé par les évéques de Rome. Quels évéques? il n’en sait rien. Et pourtant, la pre- miére année de empire de Dece, l'évéque de Rome était saint Fabien. Pourquoi ne pas le dire s'i] était str de son fait? Sans doute pour u’étre pas trop en contradiction avec lui-méme: il aime, mieux laisser la. _ question dans le vague. Mais n’était-ce pas fairé l'aveu de sa méprise‘ou de son ignorance? — 1 ajoute d’ail- _ leurs que saint Martial était venu d’Orient ‘avec ses deux compagnons : cette donnée, conforme A Ja tradi- tion consignée dans la légende du faux Aurélien, ne convient-elle pas mieux an 3 siécle qu’an tm"? Est-ce au rc ou au mrt siécle que l’Orient envoyalt, des disei- ples de Jésus-Christ dans l'univers? Ta légende anonyme de saint Martial est done Lexpression la plus ancienne, la plus authentique, de la tradition localesur ]’époque de la mission de Papétre, de l’Aquitaine. Or cette légende dit que saint Martial | a été envoyé, non’ pas par le siége de.Rome, mais personnellement par saint Pierre, dont elle cite les actions et Jes paroles 4 cette occasion. Donc ou lhis- toire ne doit rien dire sur la date de l'apostolat de saint Martial, ou elle doit dire que; selon la tradition locale, antérieure & tout autre récit, saint Martial a été envoyé par saint Pierre lui-méme. — 34 — Nous allons publier cette légende anonyme, malgré les défectuosités et les lacumes de notre manuserit : nous indiquerons par un simple crochet, dans Ja premiére partie, les mots que nous avons corrigés” Tous-méme, et, dans la seconde partie, ceux que les Bollandistes ont suppléés. Puis nous signalerons par ‘un double crochet, dans la premiére partie, les lacunes que nous avons comblées A Vaide de lalégende d'Auré— lien, et, dans Ja seconde partie, celles que nous avons comblées 4 l'aide du manuserit des Bollandistes. [VITA SANGTI MARTIALIS, EPISGOP! LEMOVICENSIS (1).] . [PRoxoets. ] Quicunque sanctorum beatissimas actiones cupit propriis ‘sermonibus éxplere consideret vires, ne, tanto pressus Pondere (2) quod suscopit, fatisent, ingenio : ille tamen his ‘Tebus debet dstare, quem et facundie (8) vigor attollit, ct facultatis sermo non deficit : ergo, quia hujus confessoris (4) ‘eujus nomen tituli (5) denuntiavit principium actionum‘ . seriem nitor exerere, -vercor ne magis floccipendend{us] magis. (4) 1'Y alons le imanoserit pour tie +e Incipiune mirwcala sti Moetiotis m5 (Brontor, wdaiane, oF B8Bi=A , (ol. BOBS , cararedves da x* slécle.) (2) sa + @ Tantum peessus in ponder », (5) Mss + « Fesundice », © {4} Loe mot até anol effacd, et aucdlessus on w deri: « Apastalis (B)Nss : « Momuaticuli a. . — 35 — ‘sit serfmo], potius quam paginali conloquio admittend[us): et, Nect nonnulli doctissimorum, virifbu]s et alcie] ferventes, ingenifi], quibus et doctrine norma favet, quibus suppetit et philosop[hia], adpetit ordo, recurrit rhetoric{a), (tam solerter scribant] ut actiones (1) pene equiparent dictiones; cum cceperi[m] ad tale venire propositum , excmpl[i] eorum tepescit anttorita[s] (2)... ac, si phaleratis non yaleo verbis expl{ere] quod cuyio, saltém ut qui voluerit hujus textu[s} repetere digciones inchontas (3) rei maflz] peritissimum deducat stylum. {vita inciprr.] 1. Igitur, dum adhue, apud provincias Gallaram , plurime - civitates diversorum rituum cultibus proepollerent, ‘inter quas erat tune temporis Lemovica civitas, diversoram numi- nibus referta eultuum atqué errorum cerimoniis , in tantum ut nullus eorum nomen Domini noverit invocare, nce beatis~ simi salutaris gratia consecratus,‘divinis yacaret mysteriis ; eodem tempore quo bentissimo Petro) romana Eeclesia gubernandi pontificio'fuerat commendata,, cui et populo sito in U[ni]versis urbibus sublimis cathedri ac fidei pendebat auta, . devotio interesse... (2) pro Christi nomine laborabat ut pro- vinci universw catholien: Ecclesia diseiplinis a¢ dogmatibus regerentur. Copnitoitaque tanto sacrilegio Gallias subja[cere], diversis urbibus (4) misiti cpiscopos querum doetrinis ad reli- gionem fidei populus [in] Christi nom{ine) adquireret{ur). Et, quia in jam dicta civitate m#xim{a], ut antiquitas proprifis) - in adibus auctoritatem adfirmat, nullus rei inicio factus, superbia, dominum fate{retur].... Que res, pastorali sollicitu- dine’ inquisita, pervenit ad beatissimum Potrum apos~ (4) Mss + « Motrones celam pacne equiperan dleciones. » (2) y 0 dans Ye manuseri os os, que nous a°oeon petites: as ergo quem tenn six implem[us] «(8 Awalossus de Ta ligne + « Conseeravit Marcislem ». — 36 tolum (1), romana: sublimi fastigio ‘cathedre sublimatum : quam rem molestissime ferens, eo quod tanto error{i] deditus populus subjaceret: . : . Tune @) beatus Petrus Marcialem episcopum dignu{m] Do{mino} et verum:, qui ad hoc adscitatus fuerat ut ad preedi- candum gentibus niitteretur, ad se vocavit, cui ait: « Frater sanctissime, magister noste ret dominus Jesus Christus. _ post sacram ac venerahilem resurrectionem , cum nobis non -per enigmata, sed in co habitu ac forma qu[am}de matre adsumpsit,.apparuit; hoc nobfis] priocipiens, dixit : «Data est » michi omnis potestas [in colo] et in térra: ite, docete » omnes gentes , baptizantes cos in nomine Patris ; et Fill. cb » Spifritus sancti], docontes cos servare omnia quecumque » mandawvi vobfis] ». Quod’, beatissime frater, utr[isque] nobis expedit conservare, ut procepti dominici non simus imme~ " mores. Quare age, prmstantissime , ct meis adquiesce consiliis, quod flat ut nostro particeps effic(iaris consortio}: aceinge lumbos tuos, et, absque retractione aliqua, quantocius festi- nare. [[ Ne differas, ut populum qui demoniis noscitur deser- vire-ad veram et, integram divini cultus religionem facias pervenire, ut, amoto errore gentilium J] (3), Christm valeant confiteri. » Est namqne civitas in provinciis Gattiaram (Lprofano vacans errori, nomine Lemoyvix. Hane eum adjacentibus tibi Christus commendat, ut tua predicatione ab ipso subli- metur J]. Et, quia longa tibi restat via, ne cunéteris meis parere'sermonibus , quibus coronm tu tibi magnum adsumas dravium. {[Sume tecum duos diseipulos, qui et comitatui tu intersint, et tibi obsequitm -pratbeant, t coronm prieminm non amittant (4). » J] (1) 4 ta sui (2) Co parngeaphe a pove titre :« Aus uitacea 9, (3) Logende d’Aurclien. — Aprts ces paroles : « Qaantocius festinare +, on lit dans le monuocrit : « Regfuiee retro quwv diens Cirsto ealeoat eonfteri. Eu quia longs Ubi vestat via ae deie roq[aijeu usyue bue senins », Dats vient le § 4, rele 8 Valerie le §5 yet lerécit des deux premiers miracles, (a) Ce qui est entre deux eroebets o ét€ extrait de Ia logende d'Aurélien. (Bibtiown. impér., ne 59%, A.) + Diseipalua. —37— [(Nec mora, (beatus] vir Marcialis, adjectis seeum.diobus discipulis Austricliano atque Alpiniano, iter quod ci fuerat [a * beato Petrojinjunctum arripuit. Et, cum estpti itineris matu- ritate viam conficerent, contigit ut beatus . Austriclianus , unuse comitions, migraret a s@eulo Ih loco qui Else vocatur. Quo viso, beatissimns Marcialis Romam_repedavit , nuncians beato Petro omnia qua sibi in via- acciderant. Quem ille percunctatus dixit ad cum : « Qnantocius propera, sumpto bacterio meo in mann tna. Cumque ad locum perveneris.quo fratrenr exanimem reliquisti, tange ex ipso defuncti cadaver, et ego tectm Domino fundam.orationem, stdtimque velut a somno expergiscctur, et’ continuo}] comitatui [tuo] inha- rebit. » Quod ita factum est, ut vulgi fama testat{ur). Que J ves secundum Evangelii sententiam intelligenda mihi videtur, dicente Domino discipulis snis-: « Si habueritis fidem sient _granum sinapis, dicetis huic monti : « Transi hines, et tran= sibit. » Quo tacto, membra, qua calore sanguinis. fuerant Niduata, extemplo rediviva redduntur, et Iucem, quam ami- serat moriendo, propriis copit Iuminibus intuerfi]. 1deo factum- quis ambigat, nisi ut beati Petri fides claresceret. imperantis (1), et beatissimus Mareialis his jncttaret{url exempi(is], quibus coronaret[ur] et meritis. IIL. Igitur (2) cum, in destinatis diebus, venisset ad urbem. ubi fuerat destinatus, invenit omneni multitudinem populi, diversorumm idolorum cultui () {vacantem] : qui instantfer] verbum Domini ccepit fidelibus auribus indicare; quifque] ita suis pfopulum] convertit alloquiis, ut intra paucorum dierum gpatin nullus fuerit qui non sibi salfutare] lavacr[um] vel erucis impression{em] front{i] poposceret; ubi, cam in Dfei) nomine Taboris sui fructum ‘maxime-messis in [nomine] Domini Jesu Christi, ex animabus populi, in horrea congre— ‘garet; et (4) omnis multitudo gontilis, superstitution[ibus] de{dita], suis empisset obtemperare sermonibus frequenti _ admonitiéne produs(it] gratiam. : lueesrerit imperaudum 2. (8) y a pour tire | «Alin NXX », (3) Mes: « Colturiis ». 4) Mss: a Vel ne = 38 JV. Puelia quaedam , nominc Valerie (1), nobilior fide qufam) non origine natalium, Do[mino] placuit, sed [magis} flde mcri- torum. Qué cuidam viro sponsali titulo erat consociatura conjugio : in-tantim perhibetur se Dfeo] vero assidua frequen- tatio[ne} |... proponefre?] ..... ut ad-baptismi gratiam, eo sundente, pervenisset. Et postea, ut fertur (2), pro eo ‘quod christina effecta fuisset, et noluisset se disposito conjugio Sociare, a sponso suo, adhue gentili, interempta fuit]. Que, pry amoris gyatia dicitur, eo quod vir Dei sanctus Marcial tam itinere fessus quam labore senioque confectus ,.... praofate. puella sepulturam quer suis cineribas fuerat preoparata, ut cum in Do¥ nomine beatus Marcialis de hac luce migraret ad Dominum , concessisse ut ibi beati viri membra tumu- larentur... . . Y. Quid muita? Imminente jam tempore, oximius vir migravit ad Dominum. Presbyteri qui cum eo aderant superstites remanserfunt] : ac, ubi completi sunt dies, ut et ipsi migrarent a swrculo, in eodem loco quo beatus {Marcialis] tumulariam meruit sepulturam et ipsi sepulti sunt..... (3). et ile factum ut redéuntibus populis consnete oration: vacare, invente sunt separari ab invicem sepulture : atque discrete, ut patetieret, populis, quo tumnlo pontifex claude— set[ur}, - [MIRACULA SANCTI maRcraLis. ] igitur beatissimus Mareialis, quibus se virtntibus publica~ yerit, ut michi relatio contulit manifesta, huic paginn inserendum esse videtur; quo fiat ut populus miretur atto- nitus. (1) Aprés ce mot vient le edeit du sixi¢me anirocle (seeunde partie}. #2) Mss «BA, 1 postea fertur m, . ‘ omen utrique staliont: sed non trends, hoe est non ibi patin expand potcrat , nun tunien aecerli. Quod cuan incubw tuck imoloste feereot, yadda mane accedentes ack crypt, porielibus ease lorata m. ( Dx Guana cusreseon,, ety, NXV nent supulra diversi, 17.) 2 Ruxaur y col? — 39 . 1. Puella quedam, cum maniss officio caruisset, in tantnm utungularum transfoderetur palma dcumine, sancti Marcialis sepulerum expetiit, et, ut sui misereretur, orayit. Que, fusis oracionum precibus, solotenus inhmrens pavimentum, res- peetu divino, pristins ‘manus arida meruit -recipere sani- tatem. Quod miraculum, adstantibus populis*qni’ad ejus festivitatem adfluxerant, operatuin est. “TH. In cadem namque nocte quid ibi miratili apparuerit nequaquam silendui putavi. Mutus a natiyitate sua, qui ctinm etsi ust Hinguw’caruernt, tamen corde meditatus est beati Viri memiorinin expetere; ubi illico ingressis liminibus. fusa Domino intra se oratione, rigens lingua dissolvitur; qui et colloquium statim meruit et auditum. IIL. Nec etinm quod operm preciam oceurrit omittendum est. Solet enim pertinax cervicositas populorum ut aliqua sibi objecta crimina sacrementis expiare contendat. Nam accidit ut quidam, cum ceclesie fores fuisset ingressus. ut obpo- situm sibi crimen misera Mbertate defensare deberet. quo manifestissimus habebatur, mox rigenteé lingua, ita og cjus reseratum est ut nequaquam mendacii sui potuissct exercere actionem : sed quasi balaritera ovium yocem simularet. Adve- niens autem ad: hujns confessoris timnlum, prostravit se ad orationem. Ubi, eum diutius jncnisset, tanquam si guttur + ojus aliquis tangeret ei visumi est. Qui, innitens presbytera eni ibidem offfeinin agendi fuerat cura commissa, manu ostendit ; ut guttnri ejus sigrium crucis infigeret. Quo facto, iterum prostravit se homo ille, vacans oration’. Qui, eum elevatus fuisset a pavimento, reddito vocis officio, omnia quee sibi geciderant proprio populis patefecit cloquio. 1V. Mulier quedam | dum, turpe sniserie sue ludibrium, carnale vicium exerceret, perinventa cum quo flagitii hujus causa commixta fuerat, pre facinoris sui vereeundia, basi- licam sancti Mareialis uterqno expetiere, ne’ publice a judi- cibus disciplinis subderentur addicti; et cum, a custodibns Tugitivo gradu evasissent, ct ad sepuleriin beati antistitis pervenissent, neseientes viam, intra chori elaustra reserantur, Quos nou dubiim est miscriam suam ibidem pertinaciter ereere [yoluisse]. [Qui} non reserato ostio, non parivtc —me— transfosso, ton fenestrae disrupto [[speeulo, sed nutu divine’ expulsi, in quodam aque illuvie, que vicina eminus basilicee apparebat, redeunte Ince frequentantibus populis utrique reperiuntur stantey, ita ut detecta eorum miseria apparerct, et beatissimi viri virtus ostenderetur in factis. . * : V. Adjiciéridum etiam est et illud quod per eumdem Dominus operatus est. Mulier queedam, sitis ardove perculsa nocte, ut. sitis-incendium temperarot, sine lumine vasculum in quo aquam hauserat arripuit; et, dum avidissime biberet, cum haustu ‘aque: bibit ct serpentem : quem diuturno tem— pore gestans interius, ccepit egrotare eravissime. Quie bea, tissimi viri, ut remodium sibi acquireret, ‘basilicam adii ubi cum se orationi dedisset, commotis visceribus, sorpentem vivum evomuit; quo exempto, sanitatis commoda secum! domum reportavit. Vi. Jungatur operi quod priesens testatur auctoritas. Quidam de assistentibus ‘officio (I) J) basilie sancti confos- soris, uomine Marculfus, instinct diabolieee persuasionis armatus, eéljulam in qua beati viri-clauditur [sepuljtura ingressus, erugem que super sepulcrum, ornamenti causa, pendebat, extensa [manu], clam furto substraxit..Quo res, ut claro miraculo appareret, compita diver[sarum] provin— ciarum perlugtrans, crucom -nundinariis protulit, datis pecuniis venumdandam : sed nulatenus quispiam (eam) ausus est emeré. Qui, dum diuturno tempore vaga[retur],. huc atque flue, nee quidquam sibi prolate speciei proficeret precium, in se.reversus, atque conscio pudore perculsus, crucem insuper-et senietipsnm loco de quo item’ male. blan- dientis inimici. tnsidia furti conditione ‘substraxerat, post ‘annum aut eo amplius. presentavit :.qui et prdfessione sua causam sui operis publicayit [et publice satisfaciens, Paini- tudinem admissi facinoris gessit J. VIL, Adhue recens virtutum clarescit insigne miraculum. Contigié ut quidam publica manciparetur custodiv , ct adstrictus catenaram nexibus teneretur. Oppressis ‘somno custodibus , nocte’ evasit oustodia, ot basili¢am Sancti Mar- vlistes, (Atta 8 ~HA cialis adhue vinculatus expetiit; ubi tactis liminibus, sed tamen -reseratis januis, ita vineula sunt comminuta -ut statim absolveretur adstrictus; quae etiam catenn, teste populo, appensa cernitur pariter et confracta. Simili causa alter, dum ci ligno colla fuissent constricte, ot ad custodiam carceris duceretur, ‘invocans sanctum Dej servum, illico Jignum de cervicibus manibusque ejus evulsum est, ut liber videretur a vinculo qui fuerat fortasse deputatus -mortis, eventui, - VIII. Dum ‘reliquarum virtuium facerem mentioiem, oblaia sunt michi que paginis.conscribantur. Cum sepe se vir Dei manifestis demonstrarit miraculis, hoc tamen recens testatur [auctoritas}. Venientes duo, unus a Turonorum civitate. alter bujus incola regionis, pari vocabulo utrique, nomine Domoleni, una debilifate membrorum percussi, beatissimi viri memoriam , adstrictis‘membris [ita] ut manibus magis quam pedibus ambularent, pro restituendis corporis viribus, expetierunt, [Qui] coeperunt se assidua frequentatione sanctis inferre liminibus, . precantes “ut mnervorum venaruimque connexio solveretur. Quorum pro qualitate sux fidei mem— Drorum debilitas reparatur ; et qui fuerant alienis wanibus’ vectitati gressu proprio revertuntur a tumulo. 1X. Addatur et illud quod potest aé{[jungi mysteriis. Cweus ¢ regione Bituricorum civitatis, pro restituendis sibi Inminibus, duce previo vie proficiscens, ad locum usque delatus est ubi sancti antistitis assidue Clarescunt miracula. Qui, cum snneti confessoris limina fuisset ingressus , bajulans pro luce tenebras. poposcit se exponi ad viri beatissimi tu- molam, Qui, diutissime inhwrens pavimento, Icom quam amiserat sibi reddi precibus postulavit. Cumque fietibus vacarct et gemitibus, ac sanguincis lacrymis gene essont infuse, cessantibus guttis, omne quidguid noxium fucrat: mundatur ab oculis, et lux cmco redditur. cui fuerant dies Jongo tempore pro nodtibus wstimati; eb qui alieno ducatu ad sepulerum - beati viri fuerat introductus gressu proprio est reversus ad patriam. Quantum de virtutibus beatissimi confessoris a fidelibus Dei famulis, fama promulgante, meis probavi auribus, uc si non

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