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Langage mathématique
Eric Dumas, Emmanuel Peyre et Bernard Ycart
Ce chapitre vous explique la règle du jeu mathématique. Rien n’est vraiment nou-
veau ni compliqué. Pour donner des exemples d’énoncés, nous ferons appel à quelques
notions de base sur les nombres entiers, que vous connaissez depuis longtemps.
2 Entraînement 27
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3 Compléments 52
3.1 La quantification des prédicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.2 Ces longues chaînes de raisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3 Le Docteur Illuminé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.4 Ramener l’infini au fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.5 Lettres à une Princesse d’Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.6 Froid dans le dos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.7 Le rêve de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.8 La langue universelle de Peano . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.9 Les cardinaux infinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.10 Ensembles quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.11 Démonstrations non constructives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.12 L’ensemble de tous les ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
18 juillet 2015
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1 Cours
1.1 Assertions
On peut voir le langage mathématique comme un jeu de construction, dont le
but est de fabriquer des énoncés vrais. La règle de base de ce jeu est qu’un énoncé
mathématique ne peut être que vrai ou faux. Il ne peut pas être « presque vrai » ou
« à moitié faux ». Une des contraintes sera donc d’éviter toute ambiguïté et chaque
mot devra avoir un sens mathématique précis.
Selon le cas, un énoncé mathématique pourra porter des noms différents.
• assertion : c’est le terme que nous utiliserons le plus souvent pour désigner une
affirmation dont on peut dire si elle est vraie ou fausse.
• théorème : c’est un résultat important, dont on démontre ou on admet qu’il est
vrai, et qui doit être connu par cœur.
• proposition : nous utiliserons ce terme pour désigner un résultat démontré, moins
important qu’un théorème.
• lemme : c’est un résultat démontré, qui constitue une étape dans la démonstra-
tion d’un théorème.
• corollaire : c’est une conséquence facile d’un théorème ou d’une proposition.
Dans ce cours les démonstrations se terminent par un carré blanc, plutôt que par le
célèbre CQFD (« ce qu’il fallait démontrer »). Pour écrire formellement des énoncés
mathématiques, on utilise des lettres représentant des concepts (nombres, ensembles,
fonctions, vecteurs, matrices, polynômes. . . ) avec des symboles logiques et des relations.
Le but de ce chapitre étant d’illustrer la manipulation du langage, il ne comportera
aucune difficulté mathématique. Nous en resterons à des énoncés très simples, que l’on
prendra soin de toujours traduire en langage courant pour bien les comprendre. Dans ce
qui suit les lettres m et n désignent des entiers naturels (0, 1, 2, . . .). Nous n’utiliserons
que les symboles de comparaison (<, >, 6, >) et de divisibilité ( | ). Rappelons que
m | n (« m divise n ») si n est égal au produit km pour un certain entier k.
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Le « ou » est toujours inclusif : A ou B signifie que l’une au moins des deux assertions
est vraie (peut-être les deux). Par opposition, le « ou exclusif » est vrai quand l’une
des deux assertions est vraie mais pas les deux. Voici quelques assertions composées et
leur traduction.
¬(n < 5) l’entier n n’est pas strictement inférieur à 5.
(n < 5) ∧ (2 | n) l’entier n est strictement inférieur à 5 et divisible par 2.
(2 | n) ∨ (3 | n) l’entier n est divisible par 2 ou par 3.
Observez l’usage des parenthèses qui permettent d’isoler des assertions simples au sein
d’une assertion composée.
À partir des connecteurs de base, on en fabrique d’autres, dont les plus importants
sont l’implication et l’équivalence. Par définition, l’implication A =⇒ B est vraie soit
si A est fausse soit si A et B sont vraies toutes les deux. L’écriture A =⇒ B est donc
une notation pour
(¬A) ∨ B (« non A ou B »). L’équivalence A ⇐⇒ B est une double
implication : (A =⇒ B) ∧ (B =⇒ A) (« A implique B et B implique A »). Voici
les tables de vérité des implications et de l’équivalence entre deux assertions A et B.
Constatez que l’équivalence A ⇐⇒ B est vraie quand A et B sont toutes les deux
vraies, ou bien toutes les deux fausses.
A B A =⇒ B B =⇒ A A ⇐⇒ B
V V V V V
V F F V F
F V V F F
F F V V V
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A =⇒ B
A implique B
A entraîne B
si A est vrai alors B est vrai
B est vrai si A est vrai
A est vrai seulement si B est vrai
pour que B soit vrai il suffit que A le soit
A est une condition suffisante pour B
pour que A soit vrai il faut que B le soit
B est une condition nécessaire pour A
Pour bien comprendre l’implication, reprenez chacune des formulations en remplaçant
A par « n > 3 » et B par « n > 2 ».
A ⇐⇒ B
A est équivalent à B
A équivaut à B
A entraîne B et réciproquement
si A est vrai alors B est vrai et réciproquement
A est vrai si et seulement si B est vrai
pour que A soit vrai il faut et il suffit que B le soit
A est une condition nécessaire et suffisante pour B
Pour bien comprendre l’équivalence, reprenez chacune des formulations en remplaçant
A par « n > 3 » et B par « n > 2 ».
Les principales propriétés des connecteurs sont résumées dans le théorème suivant.
Théorème 1. Soient A, B et C trois assertions. Les équivalences suivantes sont tou-
jours vraies.
• Commutativité :
A ∧ B ⇐⇒ B ∧ A . (1)
« A et B » équivaut à « B et A ».
A ∨ B ⇐⇒ B ∨ A . (2)
« A ou B » équivaut à « B ou A ».
• Associativité :
A ∧ (B ∧ C) ⇐⇒ (A ∧ B) ∧ C . (3)
« A et (B et C) » équivaut à « (A et B) et C ».
A ∨ (B ∨ C) ⇐⇒ (A ∨ B) ∨ C . (4)
« A ou (B ou C) » équivaut à « (A ou B) ou C ».
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• Distributivité :
A ∧ (B ∨ C) ⇐⇒ (A ∧ B) ∨ (A ∧ C) . (5)
« A et (B ou C) » équivaut à « (A et B) ou (A et C) ».
A ∨ (B ∧ C) ⇐⇒ (A ∨ B) ∧ (A ∨ C) . (6)
« A ou (B et C) » équivaut à « (A ou B) et (A ou C) ».
• Négations :
¬(¬A) ⇐⇒ A . (7)
A ∧ (B ∨ C) ⇐⇒ (A ∧ B) ∨ (A ∧ C) .
L’équivalence est vraie car dans la table ci-dessous, les colonnes correspondant aux
deux assertions sont identiques.
A B C (B ∨ C) A ∧ (B ∨ C) (A ∧ B) (A ∧ C) (A ∧ B) ∨ (A ∧ C)
V V V V V V V V
V V F V V V F V
V F V V V F V V
V F F F F F F F
F V V V F F F F
F V F V F F F F
F F V V F F F F
F F F F F F F F
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Nous laissons au lecteur le soin de vérifier de même chacune des autres équivalences.
Rares sont les démonstrations mathématiques qui utilisent explicitement les tables
de vérité. Une démonstration typique est un enchaînement d’implications ou d’équiva-
lences, partant des hypothèses pour aboutir à la conclusion. Ces enchaînements utilisent
la transitivité de l’implication et de l’équivalence.
Démonstration : Nous utilisons (une dernière fois) les tables de vérité, pour vérifier
que quelles que soient les valeurs de vérité de A, B et C, l’implication (10) est vraie.
Notons
• I1 l’assertion A =⇒ B,
• I2 l’assertion B =⇒ C,
• I3 l’assertion A =⇒ C.
A B C I1 I2 I1 ∧ I2 I3 (I1 ∧ I2 ) =⇒ I3
V V V V V V V V
V V F V F F F V
V F V F V F V V
V F F F V F F V
F V V V V V V V
F V F V F F V V
F F V V V V V V
F F F V V V V V
Nous utiliserons des enchaînements d’équivalences pour démontrer le résultat sui-
vant, qui décrit le comportement de l’implication par rapport à la négation.
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1.
¬(A =⇒ B) ⇐⇒ A ∧ (¬B) . (11)
L’équivalence (11) est la méthode habituelle que l’on utilise pour démontrer qu’une
implication est fausse : il suffit d’exhiber une situation où A est vraie et B fausse pour
infirmer l’implication A =⇒ B. Par exemple, l’implication « (n 6 3) =⇒ (n | 3) » est
fausse, car on peut trouver un entier n tel que (n 6 3) soit vrai et (n|3) soit faux : 2 est
inférieur ou égal à 3 mais ne divise pas 3. On appelle cela « trouver un contre-exemple ».
L’équivalence (12) est aussi une technique de démonstration classique. L’implication
« (¬B) =⇒ (¬A) » (« non B implique non A ») s’appelle la contraposée de l’implication
A =⇒ B. Par exemple, la contraposée de « (n > 3) =⇒ (n > 2) » est « (n 6 2) =⇒
(n 6 3) ». Il est parfois plus facile pour démontrer une implication de démontrer sa
contraposée, nous y reviendrons.
1.2 Ensembles
Un ensemble peut être vu comme une collection d’objets mathématiques, appelés
éléments, comme l’ensemble N des entiers naturels. Contentez-vous pour l’instant de
l’idée intuitive d’un paquet d’éléments possédant une propriété commune, sur lequel on
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a mis une étiquette rappelant cette propriété. Un ensemble n’est bien défini que si on
peut dire sans ambiguïté si un élément appartient ou non à l’ensemble. Les sommets
des Alpes ne forment pas un ensemble (comment décider qu’un endroit particulier est
un sommet ?). Par contre l’ensemble des sommets cotés sur une carte donnée est bien
défini. Deux ensembles sont égaux si et seulement si ils contiennent les mêmes éléments.
Le fait qu’un élément x appartienne à un ensemble A se note x ∈ A, et son contraire
√
x∈ / A (« x n’appartient pas à A »). Par exemple 2 ∈ N (2 appartient à N) et 2 ∈ /
N (racine de 2 n’appartient pas à N). Certains ensembles souvent utilisés ont une
notation propre, comme l’ensemble N des entiers naturels, l’ensemble R des nombres
réels, l’ensemble C des nombres complexes. Pour les autres, on utilise une définition,
que l’on écrit entre accolades pour dire qu’il s’agit de l’ensemble des éléments vérifiant
cette définition. On peut écrire un ensemble en extension, en donnant la liste de ses
éléments. Voici deux définitions de l’ensemble des entiers naturels strictement inférieurs
à 5.
{ n ∈ N ; n < 5 } = { 0, 1, 2, 3, 4 } .
Cet énoncé se lit « ensemble des n appartenant à N tels que n < 5 » ou « ensemble des
entiers strictement inférieurs à 5 ». Voici deux définitions de l’ensemble des diviseurs
de 12.
{ n ∈ N ; n | 12 } = { 1, 2, 3, 4, 6, 12 } .
On peut aussi définir des ensembles en extension par une liste infinie. Le plus souvent,
celle-ci se déduit de N. Par exemple l’ensemble des entiers supérieurs ou égaux à 5 :
{n ∈ N ; n > 5} = {n + 5 ; n ∈ N} ,
{n ∈ N ; 2 | n } = { 2n ; n ∈ N} ,
Les ensembles que nous définirons seront des sous-ensembles ou parties d’un ensemble
plus grand (comme l’ensemble des entiers N dans les exemples précédents).
Définition 1. On dit qu’un ensemble A est un sous-ensemble ou une partie d’un
ensemble E si tout élément de A est aussi élément de E.
Si A et E sont deux ensembles, on note E \ A l’ensemble formé des éléments de E
qui ne sont pas dans A.
E \ A = { x ∈ E ; x 6∈ A } .
Lorsque A est un sous-ensemble de E, on dit que E \ A est le complémentaire de A
dans E. On le note aussi cA lorqu’il n’y a pas d’ambiguïté.
Si E est l’ensemble de référence (l’ensemble des entiers dans nos exemples), l’en-
semble des parties de E se note P(E). Il contient toujours E lui-même, ainsi que
l’ensemble vide, noté ∅. Si A est un sous-ensemble (une partie) de E, on dit aussi que
A est inclus dans E, et on note A ⊂ E. On note aussi E ⊃ A pour « E contient A ».
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Voici l’écriture en extension de P({0, 1, 2}), qui est l’ensemble des parties de l’ensemble
à trois éléments {0, 1, 2}.
P({0, 1, 2}) = ∅, {0}, {1}, {2}, {0, 1}, {0, 2}, {1, 2}, {0, 1, 2} .
Un ensemble qui ne contient qu’un seul élément, comme {0}, est un singleton. L’en-
semble P({0, 1, 2}) contient 8 éléments, dont chacun est lui-même un ensemble.
Il est fréquent (et souvent utile) de passer d’un ensemble A à l’assertion x ∈ A (vraie
ou fausse). Les connecteurs logiques entre assertions (« non », « et », « ou ») se tra-
duisent par des opérations ensemblistes : complémentaire, intersection, réunion. Nous
utiliserons cette correspondance comme définition des opérations ensemblistes.
ensembles assertions
A, B (x ∈ A), (x ∈ B)
complémentaire négation (« non »)
c
A x ∈ cA ⇐⇒ ¬(x ∈ A) ⇐⇒ x ∈ /A
intersection (« inter ») conjonction
(« et »)
A∩B (x ∈ A ∩ B) ⇐⇒ (x ∈ A) ∧ (x ∈ B)
réunion (« union ») disjonction
(« ou »)
A∪B (x ∈ A ∪ B) ⇐⇒ (x ∈ A) ∨ (x ∈ B)
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• Associativité :
A ∩ (B ∩ C) = (A ∩ B) ∩ C . (15)
A ∪ (B ∪ C) = (A ∪ B) ∪ C . (16)
• Distributivité :
A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C) . (17)
A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C) . (18)
E \ (E \ A) = A , (19)
E \ (A ∪ B) = (E \ A) ∩ (E \ B) , (20)
E \ (A ∩ B) = (E \ A) ∪ (E \ B) . (21)
Nous nous placerons toujours dans le cas où tous les ensembles considérés sont
des parties d’un ensemble de référence E. Le complémentaire d’une partie A est alors
implicitement défini comme l’ensemble des éléments de E qui n’appartiennent pas à A.
Moyennant cette convention, le résultat d’une opération ensembliste quelconque sur des
parties de E est encore une partie de E. Il est commode de visualiser E par un rectangle
et les sous-ensembles de E par des « patates » hachurées dessinées dans ce rectangle.
Le résultat s’appelle un diagramme de Venn, plutôt qu’un sac de patates (figure 1).
Nous conseillons au lecteur de visualiser les égalités ensemblistes du théorème 2 sur
des diagrammes de Venn.
complémentaire
intersection réunion
E E E
B B
A A A
Il existe d’autres manières utiles de combiner des ensembles entre eux pour en
former de nouveaux. Nous utiliserons plusieurs fois le produit cartésien.
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A × B = { (a, b) ; a ∈ A et b ∈ B } .
1.3 Quantificateurs
Les quantificateurs sont les deux symboles ∀ « quel que soit » et ∃ « il existe ». On
les utilise pour des énoncés du type :
∀n ∈ N , ∃m ∈ N ; n<m. (22)
Cette formule se lit : quel que soit n appartenant à N, il existe m appartenant à N tel
que n < m. Soit encore : pour tout entier n, il existe un entier m strictement plus grand
que n. Il est crucial de retenir que dans ce cas l’entier m peut dépendre de l’entier n.
Cette assertion est vraie : pour tout n, le nombre m = n + 1 vérifie bien n < m.
L’ordre dans lequel on écrit les quantificateurs est très important. Echangeons dans
(22) les deux quantificateurs.
∃m ∈ N ; ∀n ∈ N , n<m.
Cette assertion se lit : il existe un entier m tel que tout entier n vérifie n < m (ce qui
est faux).
Pour écrire la négation d’une assertion comportant des quantificateurs on change
les ∀ en ∃ et les ∃ en ∀, puis on écrit la négation de l’assertion qui suit la liste des
quantificateurs. Ceci est tout à fait conforme à l’intuition. La négation de « tout les x
vérifient A » est bien « il existe un x qui ne vérifie pas A ». La négation de « il existe
un x qui vérifie A » est bien « aucun x ne vérifie A » soit encore « tous les x vérifient
¬A ». Ecrivons par exemple la négation de l’assertion (22).
∃n ∈ N ; ∀m ∈ N , (n > m) .
Il existe un entier n supérieur ou égal à tout entier m (ce qui est faux).
Attention, les quantificateurs ne sont pas toujours distributifs par rapport à « et » et
« ou ». Par exemple, « il existe un entier supérieur à 7 et inférieur à 6 » (faux) n’est
pas équivalent à « il existe un entier supérieur à 7 et il existe un entier inférieur à
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6 » (vrai). De même « tout entier est inférieur ou égal à 6, ou bien supérieur ou égal
à 7 » (vrai) n’est pas équivalent à « tout entier est inférieur ou égal à 6 ou tout entier
est supérieur ou égal à 7 » (faux).
Nous commettrons souvent l’abus de notation consistant à regrouper des quantifi-
cateurs de même nature. Par exemple :
∀n ∈ N , ∀m ∈ N , m+n∈N,
∀(n, m) ∈ N2 , m+n∈N,
1.4 Applications
Les fonctions et les applications sont des correspondances entre ensembles. Pour
définir une fonction f , il faut d’abord un ensemble de départ E (la source) et un
ensemble d’arrivée F (le but). Il faut ensuite un sous-ensemble Γ du produit cartésien
de E × F , c’est-à-dire un ensemble de couples (x, y) où x ∈ E et y ∈ F . L’ensemble Γ
s’appelle le graphe de la fonction. La règle de base est qu’un élément de E ne peut pas
correspondre à deux éléments de F . Ceci s’écrit :
((x, y) ∈ Γ) ∧ ((x, z) ∈ Γ) =⇒ y = z .
f
E −→ F
x 7−→ f (x)
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f (A) = { y ∈ F ; ∃x ∈ A , f (x) = y } .
f −1 (B) = { x ∈ E ; f (x) ∈ B } .
Attention à la notation f −1 : elle ne signifie pas que f est inversée. C’est une
convention pour désigner un sous-ensemble de l’espace de départ. Un élément x de E
tel que f (x) = y s’appelle un antécédent de y. D’après la définition 3, l’ensemble des
antécédents de y est f −1 ({y}).
Soit E = {0, 1, 2, 3} et F = {0, 1, 2}. Considérons l’application qui à un nombre
associe le reste de sa division euclidienne par 2 : 0 s’il est pair, 1 s’il est impair. Le
graphe de cette application est :
f g
E −→ F −→ G
x 7−→ f (x) 7−→ g ◦ f (x) = g(f (x)) .
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0
0
1
1
2
3
∀y ∈ F , ∃x ∈ E ; f (x) = y .
Une application bijective, ou bijection, est donc à la fois injective et surjective (voir
figure 3).
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1.5 Cardinaux
Nous allons utiliser la notion de bijection pour définir le cardinal d’un ensemble fini.
Intuitivement, deux ensembles ont le même nombre d’éléments si et seulement si on
peut définir une bijection entre ces ensembles. Les définitions qui suivent formalisent
cette intuition.
Définition 5. Soient E et F des ensembles. On dit que E et F ont le même cardinal
s’il existe une bijection de E sur F .
Soient E un ensemble et n un entier. On dit que E est de cardinal n si E et
{1, . . . , n} ont le même cardinal.
Soit E un ensemble. On dit que E est fini s’il existe un entier n tel que E soit de
cardinal n.
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f : {1, . . . , m} −→ {1, . . . , n} ,
alors m 6 n.
f : {1, . . . , m} −→ {1, . . . , n} ,
g : {1, . . . , m − 1} −→ {1, . . . , n − 1}
f (i) si f (i) < f (m),
i 7−→
f (i) − 1 si f (i) > f (m).
Card({a, a + 1, . . . , b − 1, b} = b − a + 1 .
En effet l’application
f : {a, . . . , b} −→ {1, . . . , b − a + 1}
x 7−→ x − a + 1
est bijective.
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X −→ Φ(X)
x 7−→ Φ(x) ,
est également bijective. Quitte à remplacer X par Φ(X), il suffit de traiter le cas où
E = {1, . . . , n}.
On raisonne alors par récurrence sur le cardinal de E. Si n = 0, alors E = X = ∅
et le résultat est valide. Supposons le résultat démontré pour les ensembles de cardinal
n − 1, et montrons le pour E = {1, . . . , n}. Si X = E, alors Card(X) = Card(E) et les
assertions a), b) et c) sont vérifiées. Si X 6= E, il nous suffit de montrer que X est fini
de cardinal inférieur ou égal à n − 1. Mais dans ce cas, il existe i ∈ {1, . . . , n} tel que
i 6∈ X. On considère alors l’application
f : {x ∈ E ; x 6= i} −→ {1, . . . , n − 1}
x si x < i,
x 7−→
x − 1 si x > i.
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g : E −→ f (E)
x 7−→ f (x)
g est bijective. Donc E et f (E) ont même cardinal. Donc Card(E) = Card(f (E)) 6
Card(F ). L’application f est bijective si et seulement si f (E) = F ce qui est équivalent
à Card(E) = Card(F ) par ce qui précède.
Supposons f surjective, c’est-à-dire telle que
∀y ∈ F, ∃x ∈ E, f (x) = y.
∀y ∈ F, f (g(y)) = y.
A \ B = { x ∈ A ; x 6∈ B } .
Φ1 : B −→ {1, . . . , p}
et
Φ2 : A \ B −→ {p + 1, . . . , p + q}
L’application
Φ : A −→ {1, . . . , p + q}
Φ (x) si x ∈ B,
1
x 7−→
Φ2 (x) si x ∈ A \ B
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i. A = A1 ∪ · · · ∪ Ar ;
ii. ∀i, j ∈ {1, . . . , r}, i 6= j ⇒ Ai ∩ Aj = ∅
Alors r
X
Card(A) = Card(Ai ).
i=1
Card(f −1 ({y})) .
X
Card(E) =
y∈f (E)
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a) Card(E × F ) = Card(E)Card(F ) ;
b) Card(E F ) = Card(E)Card(F ) ;
c) Card(P(E)) = 2Card(E) .
est bijective.
1.6 Relations
Dans ce cours, une relation R établit une correspondance entre deux éléments d’un
même ensemble. Elle est définie par l’ensemble E sur lequel elle opère, et par son
graphe Γ, qui est un sous-ensemble du produit cartésien E × E. Le fait qu’un couple
(x, y) appartienne au graphe Γ est noté xRy (x est en relation avec y). Considérons
par exemple la relation « divise » sur l’ensemble E = {1, 2, 3, 4, 5, 6}. Son graphe est :
Γ = { (1, 1), (1, 2), (1, 3), (1, 4), (1, 5), (1, 6),
(2, 2), (2, 4), (2, 6), (3, 3), (3, 6), (4, 4), (5, 5), (6, 6) } .
Ses éléments sont visualisés par des flèches sur la figure 4.
Les propriétés intéressantes que l’on attend d’une relation sont les suivantes.
Définition 8. On dit qu’une relation R sur un ensemble E est :
1. réflexive si tout élément est relié à lui-même
∀x ∈ E , xRx ;
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3
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1
5 4
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Donc si xRy est fausse, alors l’une des deux relations xRz, zRy est fausse. Donc
un élément z de E ne peut pas appartenir à la fois à clR (x) et à clR (y) : leur
intersection est vide.
Tout élément de E appartient à sa propre classe d’équivalence car la relation est
réflexive, et à aucune autre d’après le théorème précédent. On dit que l’ensemble des
classes d’équivalences constitue une partition de E (figure 5).
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deux à deux, on dit que l’ordre est total. C’est le cas pour « 6 » et « > » mais pas pour
la relation « divise » sur N, qui est une relation d’ordre partiel. Si E est un ensemble,
l’inclusion est une relation d’ordre partiel sur P(E).
Voici un autre exemple. Supposons que E soit un alphabet, pour lequel on a choisi
un ordre total, noté 6 : l’alphabet latin dont les lettres sont rangées de « A » à « Z »,
E = {0, 1} avec 0 6 1, etc. . . Les éléments de E n sont des n-uplets de lettres, donc
des mots de longueur n. Comment les ranger ? On peut bien sûr définir une relation
d’ordre coordonnée par coordonnée :
(x1 , . . . , xn )R(y1 , . . . , yn ) ⇐⇒ (x1 6 y1 ) ∧ . . . ∧ (xn 6 yn ) .
C’est bien une relation d’ordre, mais il n’est que partiel. On obtient un ordre total en
donnant la précédence à la première coordonnée, puis à la seconde en cas d’égalité sur
la première, etc. . .
(x1 , . . . , xn )R(y
1 , . . . , yn ) ⇐⇒
L’ordre est maintenant total. Compliqué ? Pas tellement : c’est l’ordre dans lequel les
mots sont rangés dans un dictionnaire : on l’appelle ordre lexicographique.
1.7 Raisonnements
Il ne s’agit pas de proposer ici une théorie du raisonnement mathématique. Nous
allons simplement donner quelques exemples de démonstrations, pour illustrer trois
types de raisonnements : par contraposée, par l’absurde et par récurrence.
Raisonnement par contraposée
Il consiste, plutôt que de démontrer l’implication A =⇒ B, à démontrer sa contraposée
(¬B) =⇒ (¬A). Il est difficile de donner une règle générale d’utilisation de ce raison-
nement. Un bon conseil avant de se lancer dans la démonstration d’une implication,
est d’écrire d’abord sa contraposée. Avec un peu d’expérience, on arrive vite à sentir
laquelle des deux est la plus facile à démontrer. Si le résultat désiré est B, on cherche
les conséquences de ¬B pour arriver aux bonnes hypothèses. Notre premier exemple
est un résultat facile, mais très utile.
Proposition 9. Soit x un nombre réel tel que pour tout ε > 0, x 6 ε. Alors x 6 0.
23
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Ecrivons sa contraposée :
(x > 0) =⇒ ∃ε > 0 ; x>ε .
« Si x est strictement positif, alors il existe ε > 0 tel que x > ε ». C’est vrai : il suffit
de choisir ε = x/2.
Comme deuxième exemple, nous allons reprendre un des points de la démonstration
du théorème 3.
Proposition 10. Soit R une relation d’équivalence sur un ensemble E. Soient x et y
deux éléments de E qui ne sont pas reliés. Alors l’intersection des deux classes d’équi-
valence de x et y est vide.
Sa contraposée est :
(clR (x) ∩ clR (y) 6= ∅) =⇒ (xRy) .
Soit z un élément de clR (x) ∩ clR (y) (il y en a au moins un car l’intersection est non
vide. Par définition des classes d’équivalence, x est relié à z, et z est relié à y. Par
transitivité, x est relié à y.
Démonstration : Supposons qu’il n’en existe qu’un nombre fini, et soit N le plus grand
d’entre eux. Considérons le nombre P = N ! + 1. Il est strictement supérieur à N , donc
il n’est pas premier, par définition de N . Si on effectue la division euclidienne de P
par un nombre quelconque entre 2 et N , le reste est 1, par définition de la factorielle
(produit de tous les entiers de 1 à N ). Donc le nombre P n’est divisible par aucun
nombre entre 2 et N donc par aucun nombre premier : il est donc premier, d’où la
contradiction.
Voici un autre résultat classique.
√
Proposition 12. Le nombre 2 est irrationnel.
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2q 2 = p2 .
Le nombre p2 = 2q 2 est pair, donc p est également pair. Mais si p est pair, alors p2 est
multiple de 4. Donc q 2 est multiple de 2, donc q est pair. Mais alors 2 est un facteur
commun à p et q, ce qui est une contradiction.
Pour notre troisième exemple, nous revenons encore une fois sur :
La négation de B s’écrit :
Soit encore : il existe deux éléments x et y tels que les classes clR (x) et clR (y) ne soient
ni égales ni disjointes. Si c’est le cas, il existe un élément z qui est dans l’une et pas
dans l’autre, et un élément t qui est dans les deux. Supposons que z soit dans clR (x),
mais pas dans clR (y). Donc xRz, donc zRx, car R est symétrique. Mais aussi xRt et
tRy car t appartient aux deux classes de x et y. Donc puisque R est transitive, zRy.
Donc z est dans la classe de y, ce qui est une contradiction.
Proposition 13. Pour tout entier n > 1, la somme des entiers de 1 à n vaut n(n+1)/2.
25
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2. Hérédité. Soit n un entier quelconque. Supposons que H(n) est vraie. Ecrivons :
n+1 n
!
X X
k= k + (n + 1) .
k=1 k=1
On peut être amené, pour démontrer H(n + 1) à utiliser H(m) pour m ∈ {0, . . . , n},
ce qui ne change rien au principe de la récurrence.
∀n ∈ N , (∀m ∈ {0, . . . , n} , H(m) ) =⇒ H(n + 1) .
Pour deviner quelle est la bonne hypothèse H(n), on doit souvent essayer plusieurs
valeurs successives de n : n = 0, puis n = 1, n = 2,. . . C’est parfaitement inutile
pour la démonstration. Attention, ce n’est pas parce qu’une propriété est vraie pour
quelques valeurs de n qu’elle est vraie pour tout n. Voici deux exemples.
1. Les nombres 31, 331, 3 331,. . . , 33 333 331 sont tous premiers. Mais 333 333 331 =
17 × 19 607 843 ne l’est pas.
2. Pour toutes les valeurs de n allant de 0 à 39, le nombre n2 + n + 41 est premier.
Mais le nombre 402 + 40 + 41 = 412 ne l’est pas.
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Parmi les assertions suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont faus-
ses et pourquoi ?
1. (2 < 3) ∧ (2 | 4).
2. (2 < 3) ∧ (2 | 5).
3. (2 < 3) ∨ (2 | 5).
4. (2 < 3) ∧ (¬(2 | 5)).
5. (¬(2 < 3)) ∨ (2 | 5).
6. (2 < 3) ∧ (2 | 4) ∨ (3 | 6).
7. (2 < 3) ∧ (2 | 4) ∨ (3 | 5).
8. (2 < 3) ∧ (2 | 4) ∧ (3 | 5).
9. (2 < 3) ∧ (2 | 5) ∨ (3 | 6) ∧ (3 < 6) .
10. (2 < 3) ∧ (2 | 5) ∨ (3 | 6) ∧ (3 > 6) .
Vrai-Faux 2. Soit n un entier naturel quelconque. Parmi les implications suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. (n > 5) =⇒ (n > 3).
2. (n > 5) =⇒ (n > 6).
3. (n > 5) =⇒ (n 6 6).
4. (n < 1) =⇒ (2 | n).
5. (n < 1) =⇒ (n | 2).
6. (n < 2) =⇒ (n2 = n).
7. (n > 0) =⇒ (2n > n).
8. (n > 0) =⇒ (2n > n).
9. (n > 0) =⇒ ((n + 1) > n).
Vrai-Faux 3. Soit n un entier naturel quelconque. Parmi les équivalences suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. (n > 5) ⇐⇒ (n > 4).
2. (n > 5) ⇐⇒ (n > 4).
3. ((n > 5) ∧ (n | 12)) ⇐⇒ (n = 6).
4. ((n > 6) ∧ (n | 12)) ⇐⇒ (n = 12).
5. ((3 | n) ∧ (4 | n)) ⇐⇒ (12 | n).
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(4 | n) =⇒ (2 | n) ,
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Vrai-Faux 8. Parmi les assertions suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont faus-
ses, et pourquoi ?
1. Si Napoléon était chinois, alors 3 − 2 = 2.
2. Soit Cléopâtre était chinoise, soit les grenouilles aboient.
3. Soit les roses sont des animaux, soit les chiens ont 4 pattes.
4. Si l’homme est un quadrupède, alors il aboie.
5. Les roses ne sont ni des animaux, ni des fleurs.
6. Paris est en France ou Madrid est en Chine.
7. La pierre ponce est un homme si et seulement si les femmes sont des sardines.
8. Les poiriers ne donnent pas des melons, et Cléopâtre n’était pas chinoise.
9. Il est faux que si les grenouilles n’aboient pas alors 3 × 2 = 7.
10. Si les champignons sont des animaux ou le Cid était espagnol, alors la longueur
d’une circonférence est le double de son rayon.
11. Une condition nécessaire et suffisante pour que dans un jeu de 40 cartes il y
ait 45 as est que le cuir soit végétal.
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Vrai-Faux 10. Parmi les ensembles d’entiers suivants, lesquels sont égaux au singleton
{0}, lesquels sont différents et pourquoi ?
1. { n ∈ N ; n 6 1 }.
2. { n ∈ N ; n < 1 }.
3. { n ∈ N ; (n 6 1) ∧ (2 | n) }.
4. { n ∈ N ; 1 + n > 0 }.
5. { n ∈ N ; 1 + n = 1 }.
6. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , n 6 m }.
7. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , n < m }.
8. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , n | m }.
9. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , m | n }.
Vrai-Faux 11. Un entier est un nombre premier s’il est non nul et divisible seulement
par 1 et par lui-même. Parmi les ensembles suivants, lesquels sont égaux à l’ensemble
des nombres premiers, lesquels sont différents et pourquoi ?
1. { n ∈ N ; (n > 0) ∧ ((m | n) =⇒ (m = n)) }.
2. { n ∈ N ; (m | n) =⇒ (m ∈ {1, n}) }.
3. { n ∈ N ; (m | n) =⇒ (1 6 m 6 n) }.
4. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , ((m = 1) ∨ (m = n)) ∧ (¬(m | n)) }.
5. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , ((m = 1) ∨ (m = n)) ∨ (¬(m | n)) }.
6. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , (1 < m < n) =⇒ (¬(m | n)) }.
7. { n ∈ N ; ∀m ∈ N , (n > 0) ∧ ((1 < m < n) =⇒ (¬(m | n))) }.
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Vrai-Faux 18. Soit H(n) un énoncé dépendant de l’entier n. Les assertions suivantes
entraînent-elles que H(n) est vraie pour tout n ∈ N (oui ou non et pourquoi) ?
1. H(0) ∧ ∀n ∈ N , H(n) =⇒ H(n + 1) .
2. H(1) ∧ ∀n ∈ N , H(n) =⇒ H(n + 1) .
3. H(0) ∧ ∀n ∈ N , H(n + 1) =⇒ H(n) .
4. H(0) ∧ ∀n ∈ N , H(n) =⇒ H(n + 2) .
5. H(0) ∧ ∀n ∈ N , H(n) =⇒ H(n + 2) ∧ ∀n ∈ N , H(n + 1) =⇒ H(n) .
6. H(0) ∧ ∀n ∈ N , H(n) =⇒ H(2n) ∧ ∀n ∈ N , H(n + 1) =⇒ H(n) .
7. (H(0)∧H(1))∧ ∀n ∈ N , H(n) =⇒ H(2n) ∧ ∀n ∈ N , H(n+1) =⇒ H(n) .
2.2 Exercices
Exercice 1. Soient A, B, C trois assertions. Pour chacune des assertions suivantes :
A ∧ (¬B) A ∨ (¬B)
A ∨ (B ∧ C) A ∧ (B ∨ C)
A =⇒ (¬B) A ⇐⇒ B
(¬(A ∨ B)) =⇒ C (A ∧ B) ⇐⇒ (¬C)
(A ∧ (¬B)) =⇒ C A ∨ (¬B) =⇒ (¬C)
1. Ecrire sa négation.
2. Traduire l’assertion et sa négation en langage courant, en remplaçant A par « je
mange », B par « je bois » et C par « je fume ».
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1. A =⇒ (B =⇒ C) ⇐⇒ (A ∧ B) =⇒ C .
2. (A ∨ B) =⇒ C ⇐⇒ (A =⇒ C) ∧ (B =⇒ C) .
3. (A ∧ B) =⇒ C ⇐⇒ (A =⇒ C) ∨ (B =⇒ C) .
4. A =⇒ (B ∧ C) ⇐⇒ (A =⇒ B) ∧ (A =⇒ C) .
5. A =⇒ (B ∨ C) ⇐⇒ (A =⇒ B) ∨ (A =⇒ C) .
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Exercice 6. Trois commerçants habitent dans 3 maisons situées aux numéros 21, 23
et 25 de la même rue. Le boucher habite dans la maison jaune, qui est à côté de la
rouge mais qui n’est pas à côté de la verte. L’épicier, qui n’est pas suisse, habite à côté
du Français. L’Italien habite au numéro 21 et sa maison n’est pas jaune. Quelle est la
nationalité du pharmacien, quelle est la couleur de sa maison, et où habite-t-il ?
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Exercice 13. (D’après Lewis Caroll). Parmi les combattants d’une grande bataille, au
moins 70% ont perdu un œil, au moins 75% une oreille, au moins 80% un bras, et
au moins 85% une jambe. Quelle est la proportion minimale des combattants qui ont
perdu les 4 ?
Exercice 14. Un centre de langue propose des cours d’Albanais, de Bantou et de Chi-
nois. Sur 93 élèves, 54 étudient l’Albanais, 51 le Bantou ou le Chinois, 27 le Chinois
mais pas le Bantou, 3 ni l’Albanais ni le Chinois, et 12 étudient les 3 langues.
1. Combien d’élèves étudient à la fois le Bantou et le Chinois ?
2. Combien d’élèves étudient l’Albanais ou le Bantou mais pas le Chinois ?
3. Combien d’élèves n’étudient ni le Bantou ni le Chinois ?
4. Combien d’élèves étudient une seule langue ?
5. Combien d’élèves étudient exactement deux langues ?
Exercice 16. On note N l’ensemble des entiers naturels, A l’ensemble des nombres pairs,
et B l’ensemble des nombres premiers. Exprimer sous forme symbolique les phrases
suivantes.
1. Tout nombre pair est divisible par 2.
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Exercice 17. On note N l’ensemble des entiers naturels, A l’ensemble des nombres
pairs, et B l’ensemble des nombres premiers. Ecrire en langage courant et comprendre
la signification des expressions logiques suivantes.
1. ∃n ∈ A ; n ∈ B.
2. ∀n ∈ A , ∃m ∈ B ; m | n.
3. ∀n ∈ N , n ∈ A =⇒ (n ∈
/ B) ∨ (n = 2) .
4. ∀n ∈ A , (n = 2) ∨ ∃(m, p) ∈ A × B ; n = mp .
5. ∃n ∈ N ; ∀(m, p) ∈ A × B , (n 6= m) ∧ (n 6= p).
6. ∀n ∈ N , ∃m ∈ A ; m|n =⇒ (n ∈ A).
7. ∀n ∈ N , (n ∈ A) ∨ ∃m ∈ A ; m+1=n .
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1. f : x 7→ x + 1.
2. f : x 7→ 2x.
3. f : x 7→ x2 .
4. f : x 7→ x3 .
q
5. f : x 7→ |x|.
6. f : x 7→ √x si x 6= 0 , f (0) = 0.
|x|
7. f : x 7→ ex .
8. f : x 7→ x3 − 3x.
2x
Exercice 23. Soit f l’application de R dans R définie par f (x) = .
1 + x2
1. f est-elle injective ? surjective ?
2. Montrez que f (R) = [−1, 1].
3. Montrez que la restriction
[−1, 1]→ [−1, 1]
g:
x → f (x)
f: R2 → R2
(x, y) 7→ (x + y, xy)
g: C2 → C2
(x, y) 7→ (x + y, xy)
Montrez que
(
y = α−x
g(x, y) = (α, β) ⇔
x2 − αx + β = 0
39
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Exercice 29. Ecrire chacune des assertions suivantes comme une implication.
Ecrire et démontrer sa contraposée.
1. Aucun nombre impair n’est la somme de deux nombres impairs.
2. Tout nombre premier strictement supérieur à 2 est impair.
3. Soient m et n deux entiers impairs tels que m divise 2n. Alors m divise n.
4. Soient m et n deux entiers tels que m divise n. Alors m et n + 1 sont premiers
entre eux (ils n’ont aucun diviseur commun autre que 1).
5. Si le produit de deux entiers strictement supérieurs à 1 est le carré d’un entier
alors chacun des deux est le carré d’un entier ou bien ils ont un diviseur commun
autre que 1.
Exercice 31. Soient E un ensemble fini non vide et x un élément fixé de E. On considère
les relations R définies par les assertions suivantes.
• ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ A = B.
• ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ (A ∩ B = ∅) ∨ (A ∪ B 6= ∅) .
c c
• ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ (x ∈ A ∩ B) ∨ (x ∈ A ∩ B) .
Pour chacune de ces relations.
1. Montrer que R est une relation d’équivalence sur P(E).
2. Décrire l’ensemble quotient P(E)/R.
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9. Démontrer par récurrence que le cardinal de l’ensemble des parties d’un ensemble
à n éléments est 2n .
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question
1.
A (4 < 2) ∧ (2 | 4) ∧ (4 | 8) ∧ (4 < 8) .
B (4 < 2) ∨ (2 | 4) ∧ (4 | 8) ∧ (8 < 4) .
C (4 < 2) ∧ (2 | 4) ∨ (4 | 8) ∧ (4 < 8) .
D (4 < 2) ∨ (2 | 4) ∧ (4 | 8) ∨ (4 < 8) .
E (8 < 2) ∧ (2 | 8) ∨ (2 | 4) ∧ (4 < 2) .
Question 2. Soit n un entier naturel quelconque.
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43
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C ∃n ∈ N , ∀m ∈ N ; n 6 m.
D ∃n ∈ N , ∀m ∈ N ; m 6 n.
E ∃n ∈ N , ∃m ∈ N ; n + m + 1 = 0.
Question 10. Soit H(n) un énoncé dépendant de l’entier n. L’assertion entraîne que
H(n) est vraie
pour tout n > 1.
A H(1) ∧ ∀n > 1 , H(n) =⇒ H(n + 1) .
B H(1) ∧ ∀n > 1 , H(n) =⇒ H(n + 2) .
C H(1) ∧ ∀n > 2 , H(n) =⇒ H(n + 1) .
D H(1) ∧ ∀n > 1 , H(n + 1) =⇒ H(n) .
E H(1) ∧ ∀n > 1 , H(n) =⇒ H(2n) ∧ ∀n > 4 , H(n) =⇒ H(n − 1) .
Réponses : 1–CD 2–AB 3–BD 4–AE 5–AD 6–BE 7–AC 8–BE 9–BE 10–AE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soient E et F deux ensembles. Soit f une application de E
dans F . Soit A un sous-ensemble de E et B un sous-ensemble de F .
44
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(A ∨ B) =⇒ (A ∨ C) .
(A ∧ B) =⇒ (A ∧ C) .
3. Utiliser les tables de vérité des deux questions précédentes pour démontrer que
l’équivalence suivante est toujours vraie.
(A ∨ B) =⇒ (A ∨ C) ∧ (A ∧ B) =⇒ (A ∧ C) ⇐⇒ B =⇒ C .
Exercice 2 :
1. Soient A1 et A2 deux assertions. Ecrire à l’aide des symboles ∧, ∨, ¬ l’assertion :
« de deux choses l’une, soit A1 est vraie, soit A2 est vraie, mais pas les deux ».
On notera désormais (A1 Xor A2 ) cette assertion.
45
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2. Démontrer à l’aide des tables de vérité que l’implication suivante est toujours
vraie.
A1 Xor A2 ∧ ¬A1 =⇒ A2 .
3. On considère les propositions suivantes : B : « je bois », C :« je conduis », F :
« je vais voir un film », M : « je marche », R : « je vais au restaurant ». Ecrire
sous forme symbolique les assertions suivantes.
A1 : « de deux choses l’une, soit je conduis, soit je marche ».
A2 : « de deux choses l’une, soit je vais voir un film, soit je vais au restaurant,
et dans ce cas je bois ».
A3 : « si je conduis, alors je ne bois pas ».
A4 : « je ne marche pas ».
4. On suppose que les assertions A1 , A2 , A3 , A4 sont vraies. Démontrer que l’asser-
tion F est vraie. Vous écrirez votre raisonnement sous forme symbolique, et en
langage courant.
Exercice 3 : Soit R la relation définie sur l’ensemble des réels R par :
∀x, y ∈ R , xRy ⇐⇒ x2 − y 2 = x − y .
3. Démontrer que la relation S est réflexive, transitive, mais qu’elle n’est ni symé-
trique ni anti-symétrique.
4. Soit I l’ensemble des réels supérieurs ou égaux à 1/2. Soit S 0 la relation définie
sur I par :
∀x, y ∈ I , xS 0 y ⇐⇒ x2 − y 2 6 x − y .
Montrer que S 0 est une relation d’ordre sur I.
5. Démontrer que :
∀x, y ∈ I , xS 0 y ⇐⇒ x6y .
46
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∀y ∈ F , ∃x ∈ E ; f (x) = y .
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L’application f n’est pas injective car −1 et 1 ont la même image. Elle n’est pas
surjective car −1 n’a pas d’antécédent.
f −1 (f (A)) = {−1, 1} =
6 A et f (f −1 (B)) = {1} =
6 B.
Exercice 1 :
1. Notons I l’assertion proposée.
I= (A ∨ B) =⇒ (A ∨ C) .
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E E E A
C A
C B C B
A B
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(A ∩ B) ⊂ (A ∩ C) ⇐⇒ A ∧ B =⇒ A ∧ C ,
B⊂C ⇐⇒ B =⇒ C .
3. A1 : C Xor M
A2 : F Xor (R ∧ B)
A3 : C =⇒ (¬B)
A4 : ¬M
4.
(C Xor M ) ∧ (¬M ) =⇒ C
C =⇒ (¬B)
(¬B) =⇒ ¬(R ∧ B
F Xor (R ∧ B) ∧ ¬(R ∧ B) =⇒ F .
50
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• transitive :
2 2 2 2
∀x, y, z ∈ R , x −y = x−y ∧ y −z = y−z =⇒ x2 −z 2 = x−z .
Donc c’est une relation d’équivalence.
2.
∀x, y ∈ R2 , xRy ⇐⇒ x2 − y 2 = x − y
⇐⇒ (x − y)(x + y − 1) = 0
⇐⇒ (x − y = 0) ∨ (x + y − 1 = 0)
⇐⇒ (y = x) ∨ (y = 1 − x) .
3. La relation S est :
• réflexive :
∀x ∈ R , x2 − x2 6 x − x ,
• transitive :
∀x, y, z ∈ R , x2 − y 2 6 x − y ∧ y 2 − z 2 6 y − z =⇒ x2 − z 2 6 x − z ,
• non symétrique :
02 − 22 6 0 − 2 mais 22 − 02 > 2 − 0 ,
• non anti-symétrique :
02 − 12 6 0 − 1 et 12 − 02 6 1 − 0 .
4. La relation S 0 est réflexive et transitive, comme la relation S (car ce qui est vrai
sur R reste vrai sur un sous-ensemble de R). Nous devons démontrer qu’elle est
anti-symétrique. Soit I l’ensemble des réels supérieurs ou égaux à 1/2.
∀x, y ∈ I , xS 0 y ∧ yS 0 x =⇒ x2 − y 2 = x − y
=⇒ (y = x) ∨ (y = 1 − x) ,
d’après la question 2. Or si x > 1/2, alors 1 − x < 1/2, et si x = 1/2, alors
1−x = 1/2. Donc si x et y sont à la fois éléments de I et tels que xS y ∧ yS 0 x ,
0
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3 Compléments
3.1 La quantification des prédicats
Voici ce qu’un élève de Hamilton écrivait en 1846, au terme d’un exposé sur la
quantification du prédicat.
Nous ne pouvons pas finir, sans exprimer la véritable joie que nous ressen-
tons (que la force de ce sentiment serve d’excuse à notre témérité) de ce que
cette découverte a été faite dans notre pays et dans notre temps. Nous nous
réjouissons de savoir qu’il s’est élevé un homme capable de comprendre et
de compléter le plan du grand architecte, Aristote, de placer la dernière
pierre au monument dont les fondations étaient posées depuis deux mille
ans, par la main puissante du philosophe de Stagire, et qui après les efforts
de tant de générations d’ouvriers. . .
Sir William Stirling Hamilton (1788–1856) n’est pas le Sir William Rowan Hamilton
des quaternions et du hamiltonien, et il est beaucoup moins célèbre. Pour quelqu’un
censé avoir « complété le plan du grand architecte », n’est-ce pas quelque peu injuste ?
Et pour commencer, quelle est cette fameuse « dernière pierre au monument » ?
Voici un énoncé, suivi de sa démonstration par contraposée.
Soient A et B deux ensembles non vides. Alors :
∀x ∈ A , x ∈ B =⇒ ∃x ∈ B , x ∈ A .
En effet,
¬ ∃x ∈ B , x ∈ A ⇐⇒ ∀x ∈ B , x ∈
/A .
Or,
∀x ∈ B , x ∈
/A =⇒ ∀x ∈ A , x ∈
/B .
Enfin :
∀x ∈ A , x ∈
/B =⇒ ¬ ∀x ∈ A , x ∈ B
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et que, pourvu seulement qu’on s’abstienne d’en recevoir aucune pour vraie
qui ne le soit, et qu’on garde toujours l’ordre qu’il faut pour les déduire les
unes des autres, il n’y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne
parvienne, ni de si cachées qu’on ne découvre. Et je ne fus pas beaucoup
en peine de chercher par lesquelles il était besoin de commencer : car je
savais déjà que c’était par les plus simples et les plus aisées à connaître ; et
considérant qu’entre tous ceux qui ont ci-devant recherché la vérité dans les
sciences, il n’y a eu que les seuls mathématiciens qui ont pu trouver quelques
démonstrations, c’est-à-dire quelques raisons certaines et évidentes, je ne
doutais point que ce ne fût par les mêmes qu’ils ont examinées ; bien que
je n’en espérasse aucune autre utilité, sinon qu’elles accoutumeraient mon
esprit à se repaître de vérités et ne se point contenter de fausses raisons.
Pascal (1623-1662), De l’esprit géométrique
Je ne puis faire entendre la conduite qu’on doit garder pour rendre les
démonstrations convaincantes, qu’en expliquant celle que la géométrie ob-
serve, et je n’ai choisi cette science pour y arriver que parce qu’elle seule
sait les véritables règles du raisonnement, et, sans s’arrêter aux règles des
syllogismes qui sont tellement naturelles qu’on ne peut les ignorer, s’arrête
et se fonde sur la véritable méthode de conduire le raisonnement en toutes
choses, que presque tout le monde ignore, et qu’il est si avantageux de sa-
voir, que nous voyons par expérience qu’entre esprits égaux et toutes choses
pareilles, celui qui a de la géométrie l’emporte et acquiert une vigueur toute
nouvelle.
Je veux donc faire entendre ce que c’est que démonstrations par l’exemple
de celles de géométrie, qui est presque la seule des sciences humaines qui
en produise d’infaillibles, parce qu’elle seule observe la véritable méthode,
au lieu que toutes les autres sont par une nécessité naturelle dans quelque
sorte de confusion que seuls les géomètres savent extrêmement connaître.
Condillac (1715-1780), La langue des calculs
L’algèbre est une langue bien faite, et c’est la seule : rien n’y paraît arbi-
traire. L’analogie qui n’échappe jamais, conduit sensiblement d’expression
en expression. L’usage n’a ici aucune autorité. Il ne s’agit pas de parler
comme les autres, il faut parler d’après la plus grande analogie pour arriver
à la plus grande précision ; et ceux qui ont fait cette langue, ont senti que
la simplicité du style en fait toute l’élégance : vérité peu connue dans nos
langues vulgaires.
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a été attribué à Ramón Lull (1232–1316). La traduction littérale est donc tout à fait
trompeuse. Quoique. . .
Né dans l’île de Mallorca, récemment reconquise par les chrétiens, Lull 3 avait com-
mencé par mener la vie de dissolue de courtisan à laquelle les hauts faits d’armes de
son père pendant la reconquête, et les récompenses qu’il y avait gagnées lui donnaient
droit. Jusqu’à ce que, à l’âge de 30 ans, l’apparition réitérée du Christ en croix lui fasse
tout quitter pour dédier sa vie à la conversion des « infidèles ». Songez que c’était en
ce temps-là la tâche la plus méritoire que l’on puisse entreprendre. Pensez aussi qu’elle
était habituellement menée à grand renfort d’assassinats (« tuez-les tous, Dieu recon-
naîtra les siens » : le massacre de Béziers a été perpétré en 1209), de croisades (celles de
Louis ix datent de 1248 et 1270) et de bûchers (l’Inquisition a été instaurée en 1213).
L’approche de Lull est donc plutôt originale pour l’époque : il commence par se donner
neuf ans de réflexion au cours desquels il peaufine quelques milliers de pages d’argu-
mentaires théologiques. Il apprend même l’arabe pour étudier l’Islam et la philosophie
musulmane et mieux convaincre plus tard ses interlocuteurs. Supposer que sa volonté
de dialogue pacifique ait pu aller jusqu’à la tolérance serait un anachronisme. Pour
apprendre l’arabe, il avait acheté un esclave Maure. Entendant un jour celui-ci jurer en
insultant le nom du Dieu des chrétiens, il le rosse de manière suffisamment humiliante
pour que l’esclave tente de l’assassiner par vengeance. La tentative ayant échoué, Lull
intervient pour que l’esclave ne soit pas immédiatement mis à mort mais seulement em-
prisonné en attendant son jugement. L’esclave aura l’élégance de se suicider en prison,
épargnant ainsi à Lull le dilemme d’avoir à faire appel d’une condamnation inévitable.
Il n’y avait qu’une seule vérité possible pour Lull, celle de sa religion ; il était prêt
à tout pour elle, priant Dieu de lui accorder la grâce de périr en martyr. Il n’est pas
interdit de considérer qu’il faisait ce qu’il fallait pour. Au cours de plusieurs voyages à
Bejaïa ou à Tunis, il se mettait régulièrement à haranguer la foule en plein marché :
« La loi des Chrétiens est sainte et vraie, et la secte des Maures est mauvaise et fausse,
et c’est ce que je vais vous démontrer ! ». Après avoir été sauvé à plusieurs reprises de
groupes furieux d’être ainsi provoqués, ce qu’il souhaitait arriva finalement et il mourut
lapidé à Bejaïa, à l’âge respectable de 83 ans.
Lull savait bien que dans ses argumentaires, certains shémas de pensée revenaient
systématiquement. Il eut l’idée de mécaniser sa méthode par un dispositif de cercles
concentriques, qu’il livrait en appendice à son Ars Magna. Ayant lu en particulier Aver-
roès et Avicenne, il connaissait la logique d’Aristote et de ses continuateurs musulmans :
celle-ci n’était sans doute pas étrangère à son invention 4 .
En fait ce qui est sans doute le plus important est que cette formalisation
correspondait également à des aspects de la méthode polémique musulmane
et que c’est dans cet héritage que s’enracine la fécondité ultérieure de la
méthode combinatoire. Le coup de génie de Lull est d’avoir vu qu’il pouvait
3. E.A. Peers, Ramon Lull : a biographyLondon (1929)
4. D. Urvoy, Les musulmans pouvaient-ils comprendre l’argumentation lullienne ? Estudi General
9, p. 159–170(1989)
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la somme des n premiers entiers, des n premiers carrés et cubes. Francesco Maurolico
(1475–1575) démontre que la somme des n premiers entiers impairs est n2 .
La première formulation claire du principe du raisonnement apparaît en 1654 dans
le Traité du triangle arithmétique de Blaise Pascal (1623-1662). Voici son texte.
Quoique cette proposition ait une infinité de cas, j’en donnerai une démons-
tration bien courte, en supposant deux lemmes.
Le premier, qui est évident de soi-même, que cette proportion se rencontre
dans la seconde base [. . . ]
Le second, que si cette proportion se trouve dans une base quelconque, elle
se trouvera nécessairement dans la base suivante.
D’où il se voit qu’elle est nécessairement dans toutes les bases : car elle est
dans la seconde base par le premier lemme ; donc par le second elle est dans
la troisième base, donc dans la quatrième, et à l’infini.
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ces détails élémentaires des sciences acquièrent une sorte de grandeur par
le rapprochement qu’on en fait avec la gloire et le génie de l’homme qui les
a tracés.
Autre extrait d’éloge, par Nicolas Fuss devant l’Académie des Sciences de Saint-Péters-
bourg :
Pour ce qui regarde son contenu, il suffit de remarquer que, comme il est à
la portée d’un plus grand nombre de lecteurs, et même à la portée du beau
sexe, il n’a pas peu contribué à répandre le nom illustre de son auteur, et
à le rendre cher à ceux qui n’ont pu le juger que d’après ses Lettres à une
Princesse d’Allemagne.
. . . « et même à la portée du beau sexe » : l’exploit n’était pas mince ! De fait le succès
populaire fut immense : traduites en russe, en anglais et en allemand, plusieurs fois
rééditées, ces lettres ont servi d’initiation scientifique et philosophique à des milliers
d’amateurs éclairés au siècle des lumières et plus tard. Quant à la jeune princesse, on
ignore le bénéfice qu’elle en tira, outre celui de passer à la postérité grâce à Euler : elle
vécut l’essentiel de sa vie dans un couvent.
Entre le 14 février et le 7 mars 1761, les lettres 102 à 108 traitent de logique. Euler
y détaille avec sa clarté habituelle les fondements du raisonnement rigoureux, sous une
forme remarquablement proche de la logique propositionnelle qui vous a été exposée
dans ce chapitre. Il n’y est pas question d’ensembles, néanmoins les nombreuses figures
par lesquelles il illustre son exposé traduisent bien les notions d’implication, conjonc-
tion, disjonction etc. Les propositions y sont représentées par des cercles, disjoints,
concentriques, ou intersectés, assez proches des diagrammes de Venn que nous utili-
sons encore. En plus des figures, Euler illustre les différentes formes de syllogismes par
de nombreux exemples, avec parfois quelque malice.
Nul homme vertueux n’est pas médisant
Or quelques hommes médisans sont savans
Donc quelques savans ne sont pas vertueux.
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à l’homéopathie où elle revient avec insistance sur le traitement par le froid du refroi-
dissement. Outre la définition de l’homéopathie reproduite ci-dessus, voici ce qu’on y
lit.
The treatment for chronic coldness of the feet may consist, if the patient is
strong, in making him walk for a few minutes on rough gravel in a brook ;
if he is delicate and weakly, you should at bed-time first get the feet tho-
roughly warm by some antipathic means, and then give a shock of cold
water followed by rubbing.
[. . . ]
Thus you have a child whose circulation is defective, and who is constantly
chilly. How will you correct this evil state of thing ? Plunge him roughly
into ice-cold water regardless of his screams ? Send him out fasting after his
morning bath to creep along for an hour as best he may, with benumbed
limbs and a more benumbed heart, through snow and wind and early fog ?
keep him half the day in a fireless room insufficiently clad, by way of har-
dening him ? and punish him for temper when he cries in sullen misery ?
That would be homeopathic treatment, certainly, after a fashion ; and a
good deal of such was practised in the early days of homeopathy and the
water-cure ; and even under the eyes of the founders of both systems.
[. . . ]
If the vital energy has been by any chance overtaxed, the patient should
be treated, for a time, not with homeopathic but with antipathic remedies.
Thus, rubbing with snow is sufficient treatment for a frozen limb ; but a man
who is suffering from general exposure to cold, or chilly from over-fatique
and hunger, needs warmth.
Ça fait froid dans le dos, vous ne trouvez pas ?
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en plus écrits dans cette langue, qu’il utilisait aussi pour son enseignement oral. Ajou-
tez à cela qu’il se moquait éperdument de suivre un programme ! Le mathématicien
italien le plus célèbre de son temps était devenu vers la fin de sa carrière un réel pro-
blème pour son université. On décida de lui retirer tous les cours classiques, et on créa
spécialement un cours de « Compléments de Mathématiques » où il pourrait enseigner
ce qu’il voudrait. Il en fut si content qu’il accepta pour une fois d’enseigner en Italien
plutôt qu’en « Latine Sin Flexione ».
Mais peut-être auriez vous aimé l’avoir comme professeur : voici ce qu’il écrivait
dans un journal de Turin en 1912 sous le titre « Contre les examens ».
C’est un crime contre l’humanité. On ne doit pas torturer les étudiants avec
des examens destinés à établir si oui ou non ils connaissent des notions qui
sont inconnues de la plus grande partie du public éduqué.
Définition 12. Un ensemble infini est dit dénombrable s’il existe une application in-
jective de cet ensemble vers N.
Il peut paraître paradoxal que Q soit dénombrable. C’est pourtant le cas, car il
existe une application injective de Q vers Z × N (à un rationnel p/q on associe le
couple (p, q)), et une application bijective de Z × N dans N : on compte les éléments
de Z × N, en commençant par (0, 0), puis (1, 0), (0, 1), (−1, 0), puis (2, 0), (1, 1), (0, 2),
(−1, 1), (−2, 0), . . . Plus généralement, on démontre que le produit et la réunion de
deux ensembles dénombrables sont eux-mêmes dénombrables.
Démonstration : Nous allons démontrer par l’absurde que l’intervalle [0, 1] n’est pas
dénombrable. Supposons que l’on puisse compter les éléments de [0, 1], donc les mettre
en bijection avec N. Nous aurions [0, 1] = {xn , n ∈ N}. À l’élément xn , nous associons
un développement décimal :
où les an,k sont des entiers compris entre 0 et 9. Pour tout n, fixons bn ∈ {1, . . . , 8}, tel
que bn 6= an,n . Considérons le réel x dont le développement décimal est
x = 0.b1 b2 b3 . . .
Ce réel est différent de xn pour tout n, par construction. Il n’a donc pas pu être compté.
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p p0
∀p ∈ Z , ∀q ∈ N∗ = 0 ⇐⇒ pq 0 = qp0
q q
Oublions maintenant les rationnels et supposons que nous ne connaissions que l’en-
semble E = Z × N∗ . Considérons la relation R définie sur E de la façon suivante.
Il est facile de vérifier qu’elle est réflexive, symétrique et transitive : c’est une rela-
tion d’équivalence. L’ensemble quotient E/R est précisément l’ensemble des rationnels.
Mais pour que cette définition soit utilisable, il faut la compléter par les opérations dont
nous avons besoin : addition, multiplication, ordre total.
1. addition : considérons l’application de E × E vers E qui à deux couples (p, q)
et (r, s) associe le couple (ps + rq, qs). C’est bien ce que nous attendons de
l’addition des rationnels : p/q + r/s = (ps + rq)/qs. L’application que nous
avons définie « passe au quotient » : si (p0 , q 0 )R(p, q) et (r0 , s0 )R(r, s), alors (p0 s0 +
r0 q 0 , q 0 s0 )R(ps+rq, qs) (vérifiez. . . !). Si on la transporte sur l’ensemble quotient,
cette application définit l’addition des rationnels.
2. multiplication : considérons l’application de E × E vers E qui à deux couples
(p, q) et (r, s) associe le couple (pr, qs). C’est ce que nous attendons de la mul-
tiplication des rationnels : (p/q)(r/s) = (pr)/(qs). Comme ci-dessus, si on la
transporte sur l’ensemble quotient, l’application définit la multiplication des
rationnels.
3. ordre : considérons la relation O sur E définie par :
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L’hypothèse est vide : aucun entier n’est supérieur à tous les autres.
Une grande partie de l’activité mathématique consiste à démontrer que des hypo-
thèses ne sont pas vides, c’est-à-dire qu’il existe au moins un objet qui les vérifie. On
appelle cela un « théorème d’existence ». Il est très possible de démontrer l’existence
d’un objet sans être capable de l’exhiber, ni même de donner un algorithme permettant
de le calculer. Voici un exemple célèbre.
Proposition 14. Il existe deux nombres irrationnels x et y tels que xy soit rationnel.
√
√ √ 2
Démonstration : Nous avons vu que le nombre 2 est irrationnel. Essayons 2 : il
est soit rationnel, soit irrationnel.
√ √2 √
• Si 2 est rationnel, la proposition est démontrée, puisque x = y = 2
convient.
√ √2 √ √2 √
• Si 2 est irrationnel, posons x = 2 , et y = 2. Alors
√ √ √2 √
y 2 2
x = 2 = 2 =2∈Q,
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A = {x ∈ E ; x∈
/ x} .
ou bien
D’autres notions, apparemment claires, ne sont pas définies parce qu’elles condui-
sent à une contradiction. Par exemple :
Le plus petit nombre qu’on ne puisse pas définir en moins de vingt mots
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Structures algébriques
Didier Piau et Bernard Ycart
L’expérience indique que l’étude abstraite des structures algébriques peut se révéler
fascinante ou épuisante selon la personnalité de chacun. Un inconvénient, peut-être
inévitable, de cette étude est qu’il est difficile de mettre immédiatement en relief l’utilité
des résultats démontrés ; il faut passer un certain temps dans la théorie, puis de nouveau
un certain temps dans des chapitres plus concrets où les résultats accumulés seront
recyclés.
Tentons cependant de rassurer le lecteur grâce à la constatation suivante (à moins
que cette constatation ne l’effraie encore plus) : une bonne part des résultats énoncés sur
les groupes finis (concept d’ordre, théorème de Lagrange, etc.) aura l’occasion d’être
mise en application dès le chapitre d’arithmétique. En effet, une première utilité de
la théorie des groupes est de formaliser et systématiser les calculs usuels qu’on sait
pratiquer sur les ensembles de nombres.
L’autre point de vue sur lequel on peut insister est celui des groupes formés de
bijections, mais malheureusement on aura peu l’occasion de les voir vraiment appliqués
dans la suite de ce cours de première année. En revanche, on peut affirmer que des
connaissances sur les groupes de permutations (groupes de bijections des ensembles
finis) sont bien utiles de ci de là, en informatique par exemple. Et de toutes façons
l’investissement sera rentabilisé dès que le lecteur apprendra plus de géométrie, ce qui
reste un cadre idéal d’usage des groupes de transformations.
2 Entraînement 27
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
8 novembre 2011
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2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3 Compléments 46
3.1 Le programme d’Erlangen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.2 Hamilton et les quaternions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.3 Les idéaux d’Emmy Noether . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
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1 Cours
1.1 Relations
Vous avez déjà rencontré cette notion dans votre cursus ; rappelons qu’intuitive-
ment, une relation sur un ensemble E est la description de liens entre certains éléments
de E. Donnons des exemples avant même la définition.
Exemple 1. 1) La relation « est inférieur ou égal à » sur l’ensemble R des réels : pour
deux réels x et y, on peut avoir x 6 y ou non.
2) La relation « est inclus dans » sur l’ensemble des parties d’un ensemble : pour deux
parties A et B, on peut avoir A ⊂ B ou B ⊂ A ou aucun des deux.
3) La relation « a le même cardinal que » sur l’ensemble des parties d’un ensemble fini.
4) Plus exotique : la relation « coïncide en au moins un point avec » pour des fonctions
définies sur un même ensemble.
Définition 1. Le graphe d’une relation R sur un ensemble E est l’ensemble des couples
(a, b) de E × E tels que aRb.
Sermon
Attention à bien lire cette définition, qui, comme toutes ses consœurs de la suite de
ce cours, peut être mal retenue par de jeunes âmes peu scrupuleuses mathématique-
ment parlant. Il est facile de retenir que le graphe de R a un rapport avec aRb. Mais
soulignons que le graphe est un ensemble.
Profitons en pour signaler dès l’abord que les divers objets qui sont définis dans
ce cours entrent dans un petit nombre de catégories : souvent des ensembles, assez
souvent des applications, souvent des n-uplets (qui ne sont rien d’autres que des ap-
plications particulières, sauriez-vous préciser pourquoi ?), souvent aussi des nombres
(entiers, réels ou autres), plus rarement des relations, etc. Il n’est pas difficile de savoir
dans quelle catégorie ranger les graphes : ce ne sont manifestement pas des triplets, ni
des nombres complexes ! Le plus important est de ne pas oublier de les ranger quelque
part. Savoir à quelle catégorie appartient un objet permet d’éviter les bourdes les plus
monumentales : ainsi, le symbole ∩ aura un sens entre deux ensembles, pas entre deux
réels, et réciproquement pour le symbole +. On profitera du fait que la première phrase
de cette section contient les mots « élément » et « ensemble » pour vérifier qu’on ne
confond pas les deux.
C’était la fin de notre sermon d’aujourd’hui.
Voici maintenant quatre définitions rébarbatives, mais incontournables.
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Quelques commentaires sur la dernière condition, qui est sans doute la plus difficile
à bien mémoriser des quatre : c’est, comme son nom l’indique, en gros le contraire de
la propriété de symétrie. La symétrie exige que quand deux éléments sont liés dans un
sens, ils le sont aussi dans l’autre. L’anti-symétrie, c’est approximativement demander
que si deux éléments sont liés dans un sens, ils ne le sont pas dans l’autre. Mais cette
condition empêcherait un élément d’être lié à lui-même, ce qui ne serait pas désespérant
en soi mais ne serait pas conforme à l’usage. De fait, l’usage s’est fait de compliquer la
définition afin de garder la permission pour un élément d’être lié à lui-même.
On comprendra peut-être un peu mieux la définition en écrivant la contraposée de
l’implication qu’elle contient.
Autre formulation de la définition de l’anti-symétrie Une relation R sur un
ensemble E est anti-symétrique lorsque pour tous éléments a et b distincts de E, on ne
peut avoir simultanément aRb et bRa.
Comme nous sommes encore débutants, faisons l’effort d’expliciter une autre façon
de présenter la même notion.
Autre formulation de la définition de l’anti-symétrie Une relation R sur un
ensemble E est anti-symétrique lorsque pour tous éléments a et b distincts de E, aRb
est faux ou bRa est faux.
Bien évidemment, ce genre de liste de formulations équivalentes n’est surtout pas
à « savoir par cœur ». Ce qui est par contre indispensable, c’est de se familariser avec
les petites manipulations qui permettent de passer de l’une à l’autre, selon les besoins.
En pratique, les relations qui pourront nous intéresser dans ce cours ne seront
jamais bien compliquées ; le vocabulaire que nous avons dû ingurgiter depuis le début
de ce chapitre n’a d’utilité que pour savoir reconnaître deux types très particuliers de
relations : les relations d’ordre, auxquelles cette section est consacrée, puis, dans la
section prochaine, les relations d’équivalence.
Définition 3. Une relation est une relation d’ordre lorsqu’elle est simultanément ré-
flexive, transitive et anti-symétrique.
Exemple 2. La relation « 6 » sur E = R est une relation d’ordre. Pour tout ensemble
A fixé, la relation « ⊂ » sur E = P(A) est une relation d’ordre. La seconde est sans
3
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6
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doute plus compliquée à maîtriser que la première dans la mesure où deux parties de A
ne sont pas forcément comparables l’une à l’autre.
Le morceau est plus sérieux pour les relations d’équivalence que pour les relations
d’ordre, car on ne va pas se contenter de donner une définition, mais on va aussi voir le
lien avec un autre concept. Pour expliquer intuitivement ce qui va suivre, une relation
d’équivalence est une relation qui peut raisonnablement s’appeler « est de la même
catégorie que » et une partition est une répartition en catégories.
Définition 4. Une relation est une relation d’équivalence lorsqu’elle est simultanément
réflexive, symétrique et transitive.
Exemple 3. L’égalité sur n’importe quel ensemble E fixé. La relation « a même parité
que » sur l’ensemble N des entiers naturels. La relation « est confondue avec ou parallèle
à » sur l’ensemble des droites d’un plan affine.
Avalons encore trois définitions de plus en plus indigestes mais ce n’est pas gratuit,
les concepts serviront plus loin, notamment en arithmétique.
{x ∈ E | aRx}.
Avec des mots, la classe d’équivalence de a est l’ensemble formé des éléments de la
même catégorie que a.
4
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On abrège souvent clR (a) en cl(a). Une autre notation pour la classe d’équivalence
de a est ȧ mais nous l’utiliserons rarement dans ce cours. Par contre, nous désignerons
souvent les relations d’équivalence par le signe ∼.
Sans commentaires, car il y en aura plus loin, un objet plus étrange :
Définition 6. Soit ∼ une relation d’équivalence sur un ensemble E. On appelle
ensemble-quotient de E par la relation ∼ l’ensemble :
{ cl(a) | a ∈ E }.
Attention tout de même ! Comme cl(a) est une partie (et non un élément) de E,
l’ensemble-quotient est un ensemble de parties de E. Ce n’est pas une partie de E mais
une partie de P(E). Ce n’est pas si compliqué, mais il ne faut pas s’y perdre.
Notation 2. L’ensemble-quotient de E par ∼ est noté E/ ∼.
On remarquera qu’en général, chaque élément c de l’ensemble quotient E/ ∼ peut
s’écrire comme c = cl(a) pour de nombreux éléments a différents de E : très précisément,
c s’écrit c = cl(a) pour un élément a de E tel que a ∈ c, et aussi c = cl(b) pour tous
les éléments b de E tels que a ∼ b.
Définition 7. Une partition d’un ensemble E est un ensemble Q de parties de E
vérifiant les trois propriétés suivantes :
(i) L’ensemble vide n’est pas un élément de Q.
(ii) Deux éléments distincts de Q sont disjoints.
(iii) Tout élément de E appartient à un élément de Q.
C’est dur à avaler parce qu’on rentre inévitablement dans le monde des ensembles
dont les éléments sont eux-mêmes des ensembles. Les éléments de Q sont des parties
de E et doivent donc être pensés comme des groupes d’éléments de E vérifiant une
condition commune. Et Q ⊂ P(E) : une partition de E est une partie de l’ensemble
des parties de E (ouf !).
Exemple 4. En notant I ⊂ N l’ensemble des entiers impairs et P ⊂ N l’ensemble des
entiers pairs, {I, P } est une partition de N.
Tentons maintenant de commenter les conditions de la définition 7. La condition
(i) est sans grand intérêt et juste là pour que les énoncés marchent bien. La condition
(ii) nous assure qu’on n’a inscrit aucun élément de E dans deux catégories à la fois.
La condition (iii) signifie qu’on n’a oublié d’inscrire personne : tout élément de E est
dans un groupe.
On remarquera qu’on peut regrouper les deux conditions significatives, ce qui donne
l’énoncé suivant.
Autre formulation de la définition d’une partition Une partition d’un ensemble
E est un ensemble Q de parties de E vérifiant les deux propriétés (i) et (iv) ci-dessous :
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Complément Toute partition de A peut s’obtenir ainsi comme quotient par une rela-
tion d’équivalence de E et cette relation d’équivalence est unique.
La preuve du complément est laissée au lecteur.
Démonstration : Vérifions successivement les trois propriétés définissant une partition.
Vérification de (i) : Soit A un élément de E/ ∼. Par définition de E/ ∼, il existe un
élément a de E tel que A = cl(a). Comme ∼ est réflexive, a ∼ a, donc a appartient à
cl(a) = A. Ainsi A n’est pas réduit à l’ensemble vide.
Vérification de (ii) : Soient A et B deux éléments de E/ ∼. On peut trouver des
éléments a et b de E tels que A = cl(a) et B = cl(b). On doit montrer que si A et B
sont distincts, ils sont alors disjoints, et on va procéder par contraposition, c’est-à-dire
en montrant que si A et B ne sont pas disjoints, ils sont égaux.
Supposons donc A et B non disjoints. L’objectif est de prouver que A = B, on va
montrer successivement les inclusions A ⊂ B et B ⊂ A.
Par l’hypothèse qu’on vient de faire, on peut prendre un élément c de E qui appar-
tient simultanément à A et à B.
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3. On dit qu’un élément e de E est élément neutre pour ∗ lorsque pour tout élément
a de E,
a ∗ e = e ∗ a = a.
Définition 10. Soit ∗ une loi de composition sur un ensemble E admettant un élément
neutre noté e et soit a un élément de E. On dit qu’un élément b de E est symétrique
(ou inverse) de a lorsque
a ∗ b = b ∗ a = e.
Maintenant que nous savons manipuler une loi de composition sur un seul ensemble,
apprenons à évoluer d’un ensemble muni d’une loi de composition vers un autre.
f (a ∗ b) = f (a) · f (b).
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et enfin que σ ◦ σ ◦ σ ◦ σ est tout simplement l’identité de E, que l’on note désormais e.
Pour abréger les calculs qui suivent, introduisons une notation.
Notation 4. Pour tout élément a d’un ensemble E muni d’une loi de composition ∗
et pour tout entier n > 1, notons a∗n la composition de a avec lui-même n fois. Ainsi,
a∗1 = a puis, pour tout n > 1, a∗n+1 = a∗n ∗ a. Si la loi de composition ∗ est munie
d’un neutre e, on notera aussi a∗0 = e. Enfin, on abrège souvent a∗n en an .
En utilisant cette notation, on peut très facilement calculer tous les produits deux à
deux des bijections introduites ici ; par exemple %◦τ = σ 3 ◦σ 2 = σ 5 = σ 4 ◦σ = e◦σ = σ.
On considère alors l’ensemble S = {e, σ, τ, %} et on voit que ◦ est une loi de compo-
sition sur ce sous-ensemble de E E , qui sera agréablement décrite par le tableau suivant,
que l’on appelle une table de composition.
◦ e σ τ %
e e σ τ %
σ σ τ % e
τ τ % e σ
% % e σ τ
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que la multiplication des nombres complexes définit une loi de composition sur F , dont
la table est donnée ci-dessous.
◦ 1 i −1 −i
1 1 i −1 −i
i i −1 −i 1
−1 −1 −i 1 i
−i −i 1 i −1
Visuellement, on retrouve la même table, seuls les noms des éléments ont changé.
C’est signe qu’il y a un isomorphisme camouflé. On le détectera facilement ; c’est bien
sûr l’application g de E vers F définie par :
Exemple 6. Soit R l’ensemble des rotations de centre (0, 0) dans le plan, et soit U
le cercle-unité de C, c’est-à-dire l’ensemble des nombres complexes de module 1. Les
lois de composition respectivement envisagées sur R et sur U sont la composition des
applications et la multiplication. On définit une application f : R → U en envoyant la
rotation d’angle θ sur le nombre eiθ .
Il faut tout d’abord se soucier de vérifier que cette définition n’est pas ambiguë, car
elle n’est pas loin de l’être ! Une rotation peut en effet être caractérisée par plusieurs
angles (tourner d’un quart de tour dans le sens trigonométrique, c’est aussi tourner de
trois quarts de tour dans le sens des aiguilles d’une montre), mais deux angles distincts
θ1 et θ2 correspondant à la même bijection diffèrent d’un multiple entier de 2π ; il existe
donc un entier k ∈ Z tel que θ2 = θ1 + 2kπ. Les valeurs eiθ1 et
Montrer que f est bijective n’est pas difficile ; on en conclut que f est un isomorphisme,
en d’autres termes que l’étude des nombres complexes de module 1 nous instruira sur
le fonctionnement des rotations.
Exemple 7. Voici enfin un morphisme qui n’est pas un isomorphisme et qui est pour-
tant une simple variante du précédent. Considérons l’application F de R (muni de
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l’addition) vers U (le même qu’à l’exemple précédent, muni de la multiplication) dé-
finie par F (θ) = eiθ . On voit facilement que F est un morphisme, mais comme, par
exemple, F (0) = F (2π), F n’est pas une bijection donc pas un isomorphisme.
À l’évidence (et c’est sans doute ce que vous fîtes au lycée), on peut voir F comme
l’application qui « enroule » de façon régulière une corde (la droite R) sur une roue (le
cercle U), encore et encore.
1.3 Groupes
Définition 13. Soit G un ensemble muni d’une loi de composition ∗. On dit que G
est un groupe lorsque les trois conditions suivantes sont réalisées :
(i) La loi de composition ∗ est associative.
(ii) La loi de composition ∗ possède un élément neutre.
(iii) Tout élément de G possède un symétrique pour ∗.
Définition 14. Un groupe G est dit abélien (ou commutatif) lorsque sa loi de compo-
sition est commutative.
Avant de donner des exemples, quelques remarques d’ordre purement calculatoire
sur les groupes. Comme promis plus haut, on utilise désormais la notation multiplica-
tive, donc ab désigne le composé des éléments a et b d’un groupe G.
Proposition 4. Soit G un groupe. Alors pour tous éléments a, b et x de G :
1) Si ax = bx, alors a = b.
2) Si xa = xb, alors a = b.
3) Le symétrique de ab est b−1 a−1 .
Démonstration : Il n’y a que des vérifications simples et basées sur l’associativité ; pour
(1), si on suppose ax = bx, en multipliant à droite par x−1 on obtient (ax)x−1 = (bx)x−1
et donc a(xx−1 ) = b(xx−1 ), c’est-à-dire a = b. On prouve (2) de la même façon en
multipliant à gauche par x−1 . La preuve du (3) se réduit à deux calculs élémentaires :
et
(b−1 a−1 )(ab) = b−1 (a−1 a)b = b−1 b = e,
ce qui conclut la démonstration.
Remarque Au fait, pourquoi faut-il effectuer les deux calculs élémentaires ci-dessus ?
Un seul ne suffirait-il pas ? La réponse est non ; on rappelle que y est le symétrique de
x si xy et aussi yx valent e.
Maintenant que l’on sait calculer dans les groupes, il est temps de donner les
exemples les plus élémentaires : regardons les lois de composition que nous connaissons
le mieux, elles concernent les ensembles de nombres usuels.
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Additions : elles sont associatives, ont un élément neutre noté 0. Dans N, le symé-
trique peut faire défaut ; ainsi 2 n’a pas d’opposé. Dans Z (puis dans les ensembles
usuels bien connus), l’opposé existe. Ainsi Z est un groupe pour l’addition.
Multiplication : 0 n’a jamais d’inverse, donc les ensembles de nombres bien connus
ne sont jamais des groupes pour la multiplication. En revanche, si on considère le
sous-ensemble formé des éléments non nuls, la multiplication y est bien définie, elle est
associative et elle possède un élément neutre noté 1. Le point à problème est l’existence
du symétrique (de l’inverse en notation multiplicative). Dans Z∗ , il fait défaut à la plu-
part des éléments, ainsi 2 n’a pas d’inverse ; Z∗ n’est donc pas un groupe. En revanche,
dans Q∗ (l’ensemble des fractions non nulles) ou R∗ ou C∗ , l’existence de l’inverse ne
pose pas de problème. Tous ces ensembles sont donc des groupes multiplicatifs.
Encore quelques propriétés de bon sens, mais qu’il ne coûte rien d’énoncer. Elles
paraissent évidentes si on comprend qu’un morphisme est moralement une application
qui transporte la structure ; si elle transporte la loi de composition, elle doit aussi
transporter ses caractéristiques, telles que l’élément neutre et le symétrique.
Proposition 5. Soit f un morphisme d’un groupe G, d’élément neutre e, vers un
groupe G0 , d’élément neutre e0 .
Alors f (e) = e0 et, pour tout élément a de G, [f (a)]−1 = f (a−1 ).
Zn = {0, 1, . . . , n − 1},
Démonstration : Le seul point notable est que l’inverse de 0 vaut 0 et celui d’un élément
i 6= 0 vaut n − i.
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On verra plus tard une présentation plus intrinsèque des groupes Zn comme quo-
tients du groupe Z muni de l’addition. Profitons tout de même du moment pour intro-
duire une définition.
Définition 16. Soit G un groupe de loi de composition ∗ et de neutre e et soit a un
élément de G. L’ordre de a est le plus petit entier k > 1, s’il existe, tel que a∗k = e.
Sinon on dit que l’ordre de a est infini.
Bien sûr, l’ordre du neutre vaut toujours 1 et l’ordre de tout élément d’un groupe
fini de cardinal fini n est fini et inférieur ou égal à n. Nous verrons bientôt que c’est
forcément un diviseur de n.
Outre les groupes Zn , les groupes les plus directement utilisables sont sans doute
ceux qui interviennent en géométrie. Ce sont des groupes de transformations « res-
pectant » telle ou telle propriété ; ainsi les isométries, qui conservent les distances,
ou les similitudes, qui conservent les angles. Et ils constituent notre deuxième classe
d’exemples.
Tous ces groupes ont le point commun d’avoir pour loi de composition ◦, la com-
position des applications, et d’être formés de bijections.
Fondamentale (quoique très facile) sera donc l’affirmation suivante.
Proposition 7. Soit E un ensemble. L’ensemble des bijections de E dans lui-même
forme un groupe pour la composition.
Démonstration : Tout est très simple. On vérifie que, pour toute bijection f de E, la
bijection réciproque est un symétrique de f ; que la composée de deux bijections est
une bijection, par exemple parce que g −1 ◦ f −1 se révèle un inverse de f ◦ g ; que la
composition est associative ; et enfin que idE est son neutre. On a déjà fini !
Notation 5. Soit E un ensemble. L’ensemble des bijections de E dans lui-même est
noté S(E).
On utilise souvent (au moins en mathématiques, en informatique et en analyse du
génome) le cas particulier du groupe des bijections d’un ensemble fini. L’archétype d’un
tel ensemble fini étant {1, . . . , n}, cela justifie d’introduire une toute spéciale notation.
Notation 6. Pour tout entier n > 1, on note Nn = {1, 2, . . . , n}. L’ensemble des
bijections de Nn s’appelle le groupe des permutations sur n éléments. On le note Sn .
Tentons de découvrir comment fonctionne le groupe des permutations Sn pour n
pas trop gros ; il vaut même mieux prendre n franchement petit, car Sn possédant n!
éléments, on serait vite débordé.
Pour n = 1, le groupe n’a qu’un élément ; sa table est vite tracée.
◦ e
e e
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Pour n = 2, il y a deux bijections de {1, 2} : celle qui échange les deux éléments,
qu’on notera τ , et l’identité.
La table du groupe est donc la suivante.
◦ e τ
e e τ
τ τ e
À partir de n = 3, les calculs complets seraient nettement plus fastidieux. On va
en profiter pour introduire des notations et énumérer les ensembles Sn .
Définition 17. Une orbite d’une permutation s élément de Sn est une partie
Définition 18. Un cycle s est un élément de Sn qui possède exactement une orbite de
longueur différente de 1.
Pour tout cycle s de longueur k > 2, il existe donc une partie S ⊂ Nn de cardinal
k telle que s(i) = i pour tout élément i de Nn \ S. De plus, on peut numéroter les
éléments de S comme suit :
s = (i1 i2 . . . ik ).
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Fin de l’avertissement.
Il est à présent facile d’énumérer les éléments de S3 : outre l’identité, que l’on va
noter e, il y en a trois d’apparence identique : l’un, que je noterai t, échange 1 et 2
en laissant 3 fixe ; un autre, que je me garderai astucieusement de noter, échange 2
et 3 en laissant 1 fixe ; le dernier échange 3 et 1 en laissant 2 fixe. Enfin deux autres
jouent aussi des rôles voisins : l’un, que je noterai a, fait « tourner » les trois éléments
de {1, 2, 3} en envoyant 1 sur 2, 2 sur 3, et 3 sur 1 ; l’autre, dont je remarquerai que
c’est le carré de a, les fait « tourner » dans l’autre sens. Ainsi,
! ! !
1 2 3 1 2 3 2 1 2 3
t = (12) = , a = (123) = , a = (132) = .
2 1 3 2 3 1 3 1 2
◦ e a a2 t
e e a a2 t
a a a2 e
a2 a2 e a
t t e
e
e
C’est le bon moment pour glisser une remarque importante : dans la table de com-
position d’un groupe on trouve chaque élément du groupe une fois et une seule dans
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chaque ligne, et dans chaque colonne. Sauriez-vous le démontrer ? Sinon, cher lecteur,
nous vous conseillons d’arrêter votre lecture et de chercher une démonstration.
Le produit at ne peut être présent deux fois dans la colonne a, ni deux fois dans
la ligne t. Il est donc distinct des éléments qui y figurent déjà, c’est-à-dire de e, de a,
de a2 et de t. C’est donc un cinquième élément, qu’on peut alors faire figurer dans la
cinquième ligne et la cinquième colonne du tableau. On calcule au passage sans mal
(a2 )(at) = (a3 )t = et = t, et (at)t = a(t2 ) = ae = a.
◦ e a a2 t at
e e a a2 t at
a a a2 e at
a2 a2 e a t
t t e
at at a e
e
Puis à son tour, a2 t ne peut déjà figurer dans la ligne a2 ni dans la colonne t :
c’est donc le sixième élément. On peut l’ajouter au tableau en complétant par quelques
calculs évidents.
◦ e a a2 t at a2 t
e e a a2 t at a2 t
a a a2 e at a2 t t
a2 a2 e a a2 t t at
t t e
at at a e
a2 t a2 t a2
e
En utilisant toujours l’astuce selon laquelle il ne peut y avoir deux fois la même
valeur dans une ligne ni dans une colonne, on arrive à calculer (at)(a2 t) et (a2 t)(at)
par simple élimination de cinq valeurs impossibles.
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◦ e a a2 t at a2 t
e e a a2 t at a2 t
a a a2 e at a2 t t
2
a a2 e a a2 t t at
t t e
at at a e a2
a2 t a2 t a2 a e
Surprise ! On vient de montrer avec une étonnante économie de calculs que le groupe
n’est pas commutatif ; en effet (at)(a2 t) 6= (a2 t)(at).
Le même truc des répétitions interdites permet de compléter le coin inférieur droit
du tableau.
◦ e a a2 t at a2 t
e e a a2 t at a2 t
a a a2 e at a2 t t
a2 a2 e a a2 t t at
t t e a2 a
at at a e a2
a2 t a2 t a2 a e
Dernier obstacle inattendu, alors que nous avions presque fini, avec la méthode,
maintenant classique pour nous, de remplir les cases par élimination, cette méthode est
insuffisante pour remplir les six misérables cases laissées blanches ! Il faut une nouvelle
astuce pour passer cet obstacle. Concentrons-nous sur la case correspondant au produit
ta. Pour calculer ce produit, bidouillons un peu : ta = tae = ta(t2 ) = [t(at)]t = a2 t.
Une nouvelle case est remplie :
◦ e a a2 t at a2 t
e e a a2 t at a2 t
a a a2 e at a2 t t
a2 a2 e a a2 t t at
t t a2 t e a2 a
at at a e a2
a2 t a2 t a2 a e
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Cette étape franchie, il est désormais très facile de finir de remplir la table en
utilisant l’idée simple : pas plus d’une apparition par ligne ou par colonne.
◦ e a a2 t at a2 t
e e a a2 t at a2 t
a a a2 e at a2 t t
a2 a2 e a a2 t t at
t t a2 t at e a2 a
at at t a2 t a e a2
a2 t a2 t at t a2 a e
On a donc obtenu la table complète de la loi de composition ◦ sur S3 , en n’utilisant
que des techniques élémentaires.
1.5 Sous-groupes
Maintenant que nous connaissons ce que nous avons pompeusement appelé les
exemples fondamentaux, il reste à apprendre à tirer de ces exemples trop fondamentaux
pour être vraiment utiles des exemples plus concrets.
Pour cela, introduisons une nouvelle notion.
Avant de commenter ce que ça veut dire, donnons tout de suite une proposition
très simple, et utile en pratique pour vérifier qu’un sous-ensemble d’un groupe est un
sous-groupe.
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Le théorème de Lagrange est un résultat simple et élégant, proposé ici surtout pour
le plaisir de faire une démonstration agréable.
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f (h) = ha.
Vérifions tout d’abord que f est bien une application. La difficulté vient ici de ce que
la formule ha possède certes un sens, mais qu’il faudrait savoir que ha appartient bien
à cl(a). Heureusement, la question est plus facile à résoudre qu’à poser ! C’est en effet
une simple vérification : a(ha)−1 = aa−1 h−1 = h−1 ∈ H ; donc a ∼ ha ; en d’autres
termes ha appartient à cl(a).
Vérifions que f est une bijection. Soit b un élément de G tel que b ∈ cl(a). Cherchons
les antécédents de b. Un élément h de H est antécédent de b par f si et seulement si
b = ah, c’est-à-dire si et seulement si h = ba−1 . Il y a donc au plus un antécédent, à
savoir ba−1 , et comme en outre b ∼ a, l’élément ba−1 est dans H et il y a exactement
un antécédent.
Ceci montre que f est une bijection, et cl(a) compte donc exactement autant d’élé-
ments que H.
Étape 3. Il ne reste plus qu’à conclure. On dispose d’une relation d’équivalence
∼, donc d’un ensemble-quotient G/ ∼, qui constitue une partition de G. Chacune des
parties de G figurant dans cette partition possède exactement card(H) éléments ; le
nombre total d’éléments de G est donc égal au produit de card(H) par le nombre
de parties de G figurant dans la partition G/ ∼ et est en particulier un multiple de
card(H).
1.6 Noyaux
Une petite définition, à l’usage pratique pour prouver des injectivités. Pour le reste,
une section courte sans guère de commentaires.
Définition 20. Soit f un morphisme de groupes, allant d’un groupe G vers un groupe
G0 , dont l’élément neutre est noté e0 . Le noyau de f est par définition l’ensemble des
éléments x de G tels que f (x) = e0 .
Notation 9. Le noyau de f est noté Ker(f ) (parce que Ker est l’abréviation de l’alle-
mand « Kern »).
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Définition 21. Soit a un élément d’un groupe et n un entier relatif. On appelle puis-
sance n-ième de a l’élément an défini comme valant aa . . . a} si n > 1, comme valant
| {z
n fois
l’inverse de a−n si n 6 −1 et comme valant l’élément neutre si n = 0.
Proposition 12. Soit a un élément d’un groupe et n et m deux entiers ; alors am+n =
am an et (am )n = amn .
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Démonstration : C’est très simple à voir avec des points de suspension, en n’oubliant
pas de distinguer plein de cas selon les signes des divers entiers des formules, la définition
dépendant de ce signe. Comme c’est à la fois très facile et très fastidieux, on va oublier
discrètement de le faire.
On en déduit aussitôt la très élémentaire
Définition 22. Soit a un élément d’un groupe, dont le neutre est noté e. Si pour tout
n > 1, an 6= e on dit que a est d’ordre infini. Sinon on appelle ordre de a le plus petit
entier n > 1 tel que an = e.
Afin de tenter de prévenir les confusions, introduisons un autre sens du mot « ordre »,
pas du tout synonyme du précédent et un peu superflu mais tellement passé dans les
usages qu’on ne peut l’éviter.
Théorème 3. Soit a un élément d’un groupe. L’ordre de a est égal au nombre d’élé-
ments de hai.
Démonstration : La preuve étant plus longue que la moyenne, essayons de dégager des
étapes intermédiaires avec des énoncés précis, qui nous permettront de souffler quand
ils seront atteints. On notera e l’élément neutre du groupe considéré.
Étape intermédiaire 1 : si l’ordre de a est fini, noté n,
b = ak = anq+r = (an )q ar = eq ar = ar ,
23
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En d’autres termes, dans le cas particulier d’un sous-ensemble d’un groupe fini
(et seulement dans ce cas !) on peut faire des économies et éviter de travailler sur les
ennuyeux symétriques pour examiner un potentiel sous-groupe.
Pour enfoncer le clou sur la nécessité de l’hypothèse selon laquelle G est fini, on
pensera au cas G = Z et H = N.
Démonstration : La seule difficulté est évidemment de vérifier la propriété (iii) de la
définition des « sous-groupes ». Prenons donc un élément a de H. On commence par
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traiter à part le cas stupide où a = e, et où il est clair qu’on a aussi a−1 = e ∈ H. Pour
le cas sérieux où a 6= e, considérons le sous-groupe hai de G. Ce sous-groupe est fini,
puisqu’inclus dans G. On déduit donc du théorème précédent (en fait de sa partie la
plus facile, l’étape 3 de sa preuve) que a est d’ordre fini. Notons n l’ordre de a ; comme
a 6= e, on a l’inégalité n > 2 et donc n − 1 > 1 ; écrivons l’identité an−1 = an a−1 = a−1 ,
et revenons dans cette formule à la définition de an−1 : on obtient a−1 = aa | .{z
. . aa}
n−1 fois
comme produit d’un nombre positif d’exemplaires de a ; par la propriété 2 de l’énoncé
de la proposition, on en déduit que a−1 ∈ H.
L’archétype de l’anneau est l’ensemble Z des entiers relatifs ; dans un anneau quel-
conque on peut calculer « comme » dans Z. Méfiance sur un seul point toutefois :
la définition n’exigeant pas que la multiplication soit commutative, certaines formules
peuvent être un peu plus perverses ; par exemple (a+b)2 se développe en a2 +ba+ab+b2 ,
mais ne peut pas dans un anneau trop général être regroupé en a2 + 2ab + b2 puisque
ab n’a aucune raison d’être égal à ba.
Voici un autre exemple.
Proposition 15. Soit E un espace vectoriel. L’ensemble des applications linéaires de
E vers E, noté L(E), est un anneau pour l’addition et la composition.
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Définition 25. Soit A un anneau et n > 1 un entier. L’anneau des matrices carrées
de taille n à coefficients dans A, noté Mn (A), est défini par les lois de composition
suivantes. Si M = (ai,j )16i,j6n et N = (bi,j )16i,j6n sont deux éléments de Mn (A),
n
X
M + N = (ai,j + bi,j )16i,j6n , M × N = (ci,j )16i,j6n avec ci,j = ai,k bk,j .
k=1
Le neutre de Mn (A) pour l’addition est la matrice nulle, dont tous les coefficients
valent le neutre de l’addition de A. Le neutre de Mn (A) pour la multiplication est la
matrice identité, dont tous les coefficients valent le neutre de l’addition de A sauf ceux
de la diagonale qui valent le neutre de la multiplication de A.
Définition 26. Un anneau est dit commutatif quand sa multiplication est commuta-
tive.
Une classe particulière d’anneaux est celle des anneaux tels que la deuxième loi (la
multiplication) fournit aussi une structure de groupe (sur l’anneau privé de son zéro).
26
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soit E = {0, 1, 2}. Les graphes suivants définissent-ils une relation d’é-
quivalence sur E (oui ou non et pourquoi) ?
1. Γ = { (0, 0), (0, 1), (1, 0), (1, 1) }
2. Γ = { (0, 0), (0, 1), (1, 0), (1, 1), (2, 2) }
3. Γ = { (0, 0), (0, 1), (1, 0), (1, 1), (1, 2), (2, 2) }
4. Γ = { (0, 0), (0, 1), (1, 0), (1, 1), (1, 2), (2, 1), (2, 2) }
5. Γ = { (0, 0), (0, 1), (0, 2), (1, 0), (1, 1), (1, 2), (2, 0), (2, 1), (2, 2) }
Vrai-Faux 2. Soit E = {0, 1, 2}. Les graphes suivants définissent-ils une relation d’ordre
sur E (oui ou non et pourquoi) ?
1. Γ = { (0, 0), (0, 1), (1, 1), (2, 2) }
2. Γ = { (0, 0), (0, 1), (1, 0), (1, 1), (2, 2) }
3. Γ = { (0, 0), (0, 1), (0, 2), (1, 1), (2, 2) }
4. Γ = { (0, 0), (0, 1), (1, 1), (1, 2), (2, 2) }
5. Γ = { (0, 0), (0, 1), (0, 2), (1, 1), (1, 2), (2, 2) }
Vrai-Faux 3. Soient E un ensemble fini non vide et x un élément fixé de E. Les relations
∼ définies ci-dessous sont-elles des relations d’équivalence sur P(E) (oui ou non et
pourquoi) ?
1. ∀A, B ∈ P(E) , A ∼ B ⇐⇒ A = B
2. ∀A, B ∈ P(E) , A ∼ B ⇐⇒ A ⊂ B
3. ∀A, B ∈ P(E) , A ∼ B ⇐⇒ (A ∩ B = ∅)
4. ∀A, B ∈ P(E) , A ∼ B ⇐⇒ (A ∩ B = ∅) ∨ (A ∪ B 6= ∅)
5. ∀A, B ∈ P(E) , A ∼ B ⇐⇒ (x ∈ A ∪ B)
c c
6. ∀A, B ∈ P(E) , A ∼ B ⇐⇒ (x ∈ A ∩ B) ∨ (x ∈ A ∩ B)
Vrai-Faux 4. Soient E un ensemble fini non vide et x un élément fixé de E. Les relations
R définies ci-dessous sont-elles des relations d’ordre sur P(E) (oui ou non et pourquoi) ?
1. ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ A = B
2. ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ A ⊂ B
3. ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ (x ∈ (A ∩ cB))
4. ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ (x ∈ (A ∪ cB))
c
5. ∀A, B ∈ P(E) , ARB ⇐⇒ (A = B) ∨ (x ∈ A ∩ B)
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Vrai-Faux 5. Les relations R définies ci-dessous sont-elles des relations d’ordre sur R
(oui ou non, et pourquoi) ?
1. ∀x, y ∈ R , xRy ⇐⇒ x < y
2. ∀x, y ∈ R , xRy ⇐⇒ ex 6 ey
3. ∀x, y ∈ R , xRy ⇐⇒ |x| 6 |y|
4. ∀x, y ∈ R , xRy ⇐⇒ (x − y) ∈ N
5. ∀x, y ∈ R , xRy ⇐⇒ (x − y) ∈ Z
Vrai-Faux 7. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. La soustraction est une loi de composition interne dans Z.
2. 0 est élément neutre de la soustration dans Z.
3. La soustraction dans Z est associative.
4. 0 est élément neutre pour l’addition dans N.
5. L’addition est associative dans N.
Vrai-Faux 8. Les ensembles suivants, munis de l’addition des réels sont-ils des groupes
(oui ou non et pourquoi) ?
n o
1. a/10n , a ∈ Z , n ∈ N
n o
2. a/2n , a ∈ Z , n ∈ Z
n √ o
3. a 2 , a ∈ Z
n √ o
4. a 2 , a ∈ N
n √ √ o
5. a 2 + b 3 , a, b ∈ Z
n √ √ o
6. a 2 + b 3 , a ∈ Z , b ∈ N
Vrai-Faux 9. Les ensembles suivants, munis de la multiplication des réels sont-ils des
groupes (oui ou non et pourquoi) ?
n o
1. 1, −1
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n o
2. 1, −1, 1/2, 2
n o
3. 2n , n ∈ Z
n o
4. a2n , a = ±1 , n ∈ Z
n √ o
5. a + b 2 , a, b ∈ Q∗
n √ o
6. a + b 2 , a, b ∈ Q \ {0}
2.2 Exercices
Exercice 1. On considère les relations suivantes sur R.
• ∀x, y , xRy ⇐⇒ x 6 y
• ∀x, y , xRy ⇐⇒ x2 6 y 2
• ∀x, y , xRy ⇐⇒ bxc 6 byc
• ∀x, y , xRy ⇐⇒ bxc = byc
• ∀x, y , xRy ⇐⇒ sin(x) = sin(y)
• ∀x, y , xRy ⇐⇒ y − x ∈ N
Pour chacune de ces relations R :
29
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Montrer que ∗ est commutative, non associative, et que 1 est élément neutre,
2. On munit R+∗ de la loi de composition interne ∗ définie par :
q
∀x, y ∈ R+∗ , x∗y = x2 + y 2
Montrer que ∗ est commutative, associative, et que 0 est élément neutre. Montrer
que aucun élément de R+∗ n’a de symétrique pour ∗.
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4. Soit {e, a, b, c} , ∗ un groupe à 4 éléments, d’élément neutre e.
(a) Montrer qu’il existe au moins un élément, autre que l’élément neutre, qui
est son propre symétrique. On suppose désormais que b est son propre sy-
métrique.
(b) On suppose a ∗ c = c ∗ a = e. Remplir la table de composition du groupe.
Montrer qu’il est isomorphe aux groupes suivants.
Z4 ; {1, i, −1, −i} , ×
n o
(1, 2, 3, 4), (2, 3, 4, 1), (3, 4, 1, 2), (4, 1, 2, 3) , ◦
( ! ! ! !) !
1 0 0 −1 −1 0 0 1
, , , ,×
0 1 1 0 0 −1 −1 0
(c) On suppose a ∗ a = c ∗ c = e. Remplir la table de composition du groupe.
Montrer qu’il est isomorphe aux groupes suivants.
Z2 × Z2 ; P({x, y}) , 4
n o
1 2 3 4 , 1 2 4 3 , 2 1 3 4 , 2 1 4 3 ,◦
( ! ! ! !) !
1 0 0 1 −1 0 0 −1
, , , ,×
0 1 1 0 0 −1 −1 0
(d) Vérifier que l’on est toujours dans le cas de la question (4b) ou dans le cas
de la question (4c).
5. Vérifier que tous les groupes de cet exercice sont abéliens.
Exercice 8. On considère les éléments suivants de S5 .
! !
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
σ= et % =
3 4 2 5 1 5 4 1 2 3
Calculer les puissances successives et déterminer l’ordre de σ et %, ainsi que de σ%, %σ,
σ%−1 et %−1 σ.
Exercice 9. On considère un pentagone régulier : pour fixer les idées, l’ensemble des
points du plan complexe dont des sommets ont pour affixes les racines cinquièmes de
l’unité, soit n o
P = e2ikπ/5 , k = 0, 1, 2, 3, 4 .
Le but de l’exercice est d’étudier le groupe (pour la composition des applications) des
isométries du plan complexe qui laissent invariant ce pentagone. On notera % la rotation
de centre l’origine et d’angle 2π/5, et σ la symétrie qui à un nombre complexe associe
son conjugué.
% : z 7−→ ze2iπ/5 ; σ : z 7−→ z
32
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Montrer que ∼ est une relation d’équivalence sur G. Montrer que chaque classe
d’équivalence a deux éléments.
5. On définit la loi ∗ sur l’ensemble-quotient G/ ∼ par :
Montrer que ∗ est une loi de composition interne sur G/ ∼, et que G/ ∼ muni de
∗ est un groupe abélien, dans lequel chaque élément est son propre symétrique.
6. On suppose que G est fini. Déduire des questions précédentes que le cardinal de
G est une puissance de 2.
Exercice 13. Soient (E, ∗) et (F, ·) deux groupes. On munit l’ensemble produit E × F
de la loi de composition definie par :
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Exercice 14. Montrer que les ensembles suivants d’applications de C dans C, munis de
la loi de composition des applications, sont des groupes.
n o
1. z 7→ z + t , t ∈ Z
n o
2. z 7→ z + t , t ∈ C
n o
3. z 7→ eiθ z , θ ∈ R
n o
4. z 7→ sz + t , s ∈ C∗ , t ∈ C
az + b
5. z 7→ , (a, b, c, d) ∈ C4 , ad − bc 6= 0
cz + d
Exercice 15. Soit G un sous-groupe additif de (R, +). On suppose que G 6= {0}.
1. Montrer que G ∩ R+∗ possède une borne inférieure, que l’on notera b.
2. Montrer que b ∈ G.
3. On suppose b > 0. Montrer que G = bZ.
4. On suppose b = 0. Montrer que si x et y sont deux réels tels que x < y, l’intervalle
]x, y[ contient au moins un élément de G (on dit que G est dense dans R).
√
5. Montrer que l’ensemble { m + n 2 , (n, m) ∈ Z2 } muni de l’addition
√ est un sous-
groupe de (R, +), et qu’il est dense dans R (on rappelle que 2 est irrationnel).
Exercice 16. Soit n > 1 un entier. On définit une multiplication ⊗ sur Zn en convenant
que i ⊗ j est l’unique entier 0 6 k 6 n − 1 tel que ij − k est divisible par n.
1. Montrer que (Zn , ⊕, ⊗) est un anneau.
2. Montrer que (Zn , ⊕, ⊗) est un corps si et seulement si n > 2 et n est premier.
Exercice 17. Montrer que l’application de C dans C qui à un nombre complexe associe
son conjugué est un isomorphisme de corps : c’est une bijection, et un morphisme à la
fois pour l’addition et la multiplication.
√
Exercice 18. On note Z[ 2] l’ensemble de réels suivant :
√ n √ o
Z[ 2] = m + n 2 , m, n ∈ Z .
√
1. Montrer que Z[ 2], muni de l’addition et de la multiplication des réels, est un
sous-anneau de R.
√ √
2. On considère l’application φ, de Z[ 2] dans lui-même, qui à m + n 2 associe
√ √
φ(m + n 2) = m − n 2.
√
Montrer que φ est un automorphisme de l’anneau (Z[ 2], +, ×) (c’est une bijec-
tion, et un morphisme pour chacune des deux lois).
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√
3. Pour √tout x ∈ Z[ 2], on pose N (x) = xφ(x). Montrer que N est une application
de Z[ 2] dans Z, qui est un morphisme pour la multiplication.
√
4. Démontrer que x est un élément inversible de Z[ 2] si et seulement si N (x) = ±1.
√ √ √
5. Vérifier que 3 + 2 2 et −3 + 2 2 sont inversibles dans Z[ 2].
Exercice 19. On considère les deux matrices suivantes.
! !
0 1 0 0
U= et V = .
0 0 1 0
1. Calculer les produits U V et V U .
2. En déduire que M2 (R) est un anneau non commutatif et non intègre.
3. Étendre ce résultat à l’anneau Mn (A) des matrices de taille n > 2 sur un anneau
A quelconque.
Exercice 20.
1. Soit S un ensemble de cardinal au moins 2 et E = {0, 1}S l’ensemble des appli-
cations de S dans {0, 1}. On munit E de l’addition modulo 2 des images et de
leur multiplication : pour tout f, g ∈ E, f ⊕ g et f ⊗ g sont les applications de S
dans {0, 1} définies par :
( (
1 si f (x) 6= g(x), 1 si f (x) = g(x) = 1,
f ⊕ g(x) = et f ⊗ g(x) =
0 si f (x) = g(x), 0 sinon.
Montrer que (E, ⊕, ⊗) est un anneau commutatif.
2. Soit I l’application constante égale à 1. Soit f une application non constante de
S dans {0, 1}. Calculer f ⊗ (I ⊕ f ). En déduire que (E, ⊕, ⊗) n’est pas un anneau
intègre.
3. Soit F = P(S) l’ensemble des parties de S. On munit F de la différence symé-
trique et de l’intersection ensemblistes. On considère l’application φ de F dans
E qui à une partie de S associe sa fonction indicatrice :
φ : A ∈ P(S) 7−→ IA ,
où, pour tout x ∈ S, IA (x) = 1 si x ∈ A et IA (x) = 0 sinon. Montrer que φ est
un isomorphisme de (E, ⊕) vers (F, 4), et également un isomorphisme de (E, ⊗)
vers (F, ∩). En déduire que (F, 4, ∩) est un anneau commutatif non intègre.
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
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Question 3.
A La division est une loi de composition interne dans R∗ .
B La division ne possède pas d’élément neutre dans R∗ .
C La division est associative dans R∗
D La division est commutative dans R∗
E Tout élément de R∗ est son propre inverse pour la division.
Question 5. On
√ considère des ensembles de réels, munis de l’addition.
A ({a + b 5 , a, b ∈ N}, +) est un groupe.
√
B ({a + b 5 , a, b ∈ Z}, +) est un groupe.
√
C ({5a + b 5 , a, b ∈ Z}, +) est un groupe.
√
D ({5(a + b 5) , a, b ∈ N}, +) est un groupe.
√
E ({a + b 5 , a ∈ Z , b ∈ N}, +) est un groupe.
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2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soit G un groupe fini et H un sous-groupe de G.
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∀a, b ∈ G , a ∼ b ⇐⇒ ab−1 ∈ H .
r s
C −→ C C −→ C
z 7−→ r(z) = iz z 7−→ s(z) = z .
{e, r, r2 , r3 , s, s ◦ r, s ◦ r2 , s ◦ r3 } ,
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40
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• symétrique :
Soient a et b deux éléments de G. Supposons a ∼ b. Alors ab−1 appartient à H.
Donc l’inverse de ab−1 appartient aussi à H. Or cet inverse est (ab−1 )−1 = ba−1 .
Donc b ∼ a.
• transitive :
Soient a, b, c trois éléments de G. Supposons a ∼ b et b ∼ c. Les deux éléments
ab−1 et bc−1 appartiennent à H, donc leur produit aussi. Ce produit est :
(ab−1 )(bc−1 ) = ac−1 ). Donc a ∼ c.
Donc ∼ est une relation d’équivalence sur G.
2. L’inverse de ha est a−1 h−1 . Donc a(ha)−1 = (aa−1 )h−1 = h−1 ∈ H. Donc a ∼ ha.
3. Si a ∼ b, ab−1 ∈ H. Notons h l’inverse de cet élément : h = (ab−1 )−1 = ba−1 . Il
appartient aussi à H. On a bien ha = ba−1 a = b.
4. D’après la question 2, pour tout a ∈ G, a ∼ ha, donc f (h) ∈ cl(a). Soit b un
élément de cl(a), c’est -à-dire tel que a ∼ b. D’après la question 3, il existe h ∈ H
tel que b = ha, donc b = f (h) : l’application f est surjective.
Montrons que f est injective. Soient h1 et h2 deux éléments de H tels que f (h1 ) =
f (h2 ). Alors h1 a = h2 a, donc h1 aa−1 = h2 aa−1 , soit h1 = h2 .
L’application f est donc une bijection de H dans cl(a).
5. S’il existe une application bijective entre deux ensembles finis, alors ces deux
ensembles ont même cardinal. D’après la question 4, pour tout a ∈ G, le cardinal
de cl(a) est égal au cardinal de H. Or l’ensemble des classes d’équivalence pour ∼
constitue une partition de E. Donc le cardinal de E est la somme des cardinaux
des classes d’équivalence, qui sont tous égaux au cardinal de H. Le cardinal de
E est donc un multiple entier du cardinal de H.
Exercice 1 :
1. Soit O l’origine du plan complexe.
• r est la rotation de centre O et d’angle π/2.
• r2 est la rotation de centre O et d’angle π.
• r3 est la rotation de centre O et d’angle 3π/2 (ou −π/2).
• s est la symétrie par rapport à l’axe horizontal.
• s ◦ r est la symétrie par rapport à la droite d’équation y = −x (seconde
bissectrice).
• s ◦ r2 est la symétrie par rapport à l’axe vertical.
• s ◦ r3 est la symétrie par rapport à la droite d’équation y = x (première
bissectrice).
2. Pour montrer que G est un groupe, il suffit de vérifier que c’est un sous-groupe
de l’ensemble S(C) des bijections du plan complexe dans lui-même. L’ensemble
proposé est non vide. Observons ensuite que r et r3 sont inverses l’un de l’autre,
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et que chacun des autres éléments de G est son propre inverse. La table de
composition ci-dessous montre que le produit de deux éléments quelconques de
G est encore dans G. Donc G est un sous-groupe de S(C). Dans cette table, nous
omettons les signes ◦ par souci de clarté.
◦ e r r2 r3 s sr sr2 sr3
e e r r2 r3 s sr sr2 sr3
r r r2 r3 e sr3 s sr sr2
r2 r2 r3 e r sr2 sr3 s sr
r3 r 3
e r r2 sr sr2 sr3 s
s s sr sr2 sr3 e r r2 sr3
sr sr sr2 sr3 s r3 e r r2
sr2 2
sr sr 3
s sr r 2
r 3
e r
sr3 sr3 s sr sr2 r r2 r3 e
3. Nous le montrons pour {e, r2 }, le raisonnement est identique pour les 4 autres.
Dans la mesure où r2 est son propre inverse, {e, r2 } est bien un sous-groupe de
G. L’application qui à e associe 0 et à r2 associe 1 est une bijection, et c’est un
morphisme pour la loi ◦ au départ, et pour l’addition modulo 2 à l’arrivée. Il
suffit pour cela de s’assurer que les tables de composition correspondent.
◦ e r2 + 0 1
e e r2 0 0 1
r2 r2 e 1 1 0
4. Ici encore, le plus simple est de définir la bijection, puis de vérifier que c’est
un morphisme pour les deux lois en comparant les tables de composition. Re-
marquons que l’existence d’un isomorphisme entre un sous-ensemble de G et un
groupe connu, nous dispense de montrer que ce sous-ensemble est effectivement
un sous-groupe. Comme bijection nous choisissons l’application ϕ, définie par :
◦ e s r2 sr2 + 00 01 10 11
e e s r2 sr2 00 00 01 10 11
s s e sr2 r2 01 01 00 11 10
r2 r2 sr2 e s 10 10 11 00 01
sr2 2
sr r 2
s e 11 11 10 01 00
5. Même technique ; la bijection est définie par :
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◦ e r r2 r3 + 0 1 2 3
e e r r2 r3 0 0 1 2 3
r r r2 r3 e 1 1 2 3 0
r2 r2 r3 e r 2 2 3 0 1
r3 r3 e r r2 3 3 0 1 2
6. Vérifions-le pour r et pour s.
r(A1 ) = A2 , r(A2 ) = A3 , r(A3 ) = A4 , r(A4 ) = A1 .
s(A1 ) = A4 , s(A2 ) = A3 , s(A3 ) = A2 , s(A4 ) = A1 .
Puisque r et s laissent invariant l’ensemble {A1 , A2 , A3 , A4 }, c’est aussi le cas pour
toute transformation du plan composée de r et s, donc pour tous les éléments du
groupe G.
7. Soient f et g deux éléments du groupe G. Soient σ et τ les deux permutations
de S4 telles que pour tout i = 1, 2, 3, 4 :
f (Ai ) = Aσ(i) et g(Ai ) = Aτ (i) .
Alors, pour tout i = 1, 2, 3, 4,
f ◦ g(Ai ) = f (g(Ai )) = f (Aτ (i)) = Aσ(τ (i)) = Aσ◦τ (i) .
Donc ϕ(f ◦g) = σ◦τ = ϕ(f )◦ϕ(g). Donc ϕ est un morphisme pour la composition
des applications dans G au départ, et pour la composition des permutations à
l’arrivée.
8. Voici le tableau donnant l’image par ϕ des éléments de G.
f ϕ(f ) f ϕ(f )
e (1, 2, 3, 4) s (4, 3, 2, 1)
r (2, 3, 4, 1) sr (3, 2, 1, 4)
r2 (3, 4, 1, 2) sr2 (2, 1, 4, 3)
r3 (4, 1, 2, 3) sr3 (1, 4, 3, 2)
9. Puisque ϕ est un morphisme, H est un sous-groupe de G. Le tableau de la question
précédente liste tous les éléments de H, qui sont tous distincts. Donc la restriction
de ϕ à H à l’arrivée est une bijection : ϕ est donc un isomorphisme de G sur H.
10. Les deux ensembles {B1 , B2 , B3 , B4 } et {A1 , A2 , A3 , A4 } sont les mêmes. Les deux
sont invariants par G. Le raisonnement pour montrer que ϕ est un morphisme
est identique. Par contre les permutations images des éléments de G ne sont pas
les mêmes.
f ϕ(f ) f ϕ(f )
e (1, 2, 3, 4) s (3, 4, 1, 2)
r (4, 2, 3, 1) sr (2, 1, 3, 4)
r2 (2, 1, 4, 3) sr2 (4, 3, 2, 1)
r3 (3, 2, 4, 1) sr3 (1, 2, 4, 3)
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3 Compléments
3.1 Le programme d’Erlangen
Le programme d’Erlangen est un programme de recherche publié par le mathémati-
cien allemand Felix Klein en 1872 dans un mémoire intitulé Vergleichende Betrachtun-
gen über neuere geometrische Forschungen, c’est-à-dire Étude comparée de différentes
recherches récentes en géométrie.
Felix Klein (1849-1925) naît le 25 avril 1849 à Düsseldorf en Rhénanie alors sous do-
mination prussienne, pendant des journées d’émeutes anti-prussiennes. Il sera toujours
très fier d’avoir pour date de naissance trois carrés de nombres premiers (52 , 22 et 432 ).
En juillet 1870, après avoir voulu faire des études de physique, Klein est déjà docteur en
mathématiques et il se trouve à Paris mais la guerre franco-allemande l’oblige à retour-
ner en Allemagne. Il sert un temps dans l’armée prussienne avant d’être nommé lecteur
à Göttingen en 1871. En 1872 (à l’âge de 23 ans !), Klein devient professeur à Erlangen
grâce à l’aide providentielle d’Alfred Clebsch (1833-1872, il était temps. . . ) qui voit
en lui l’un des futurs plus grands mathématiciens de son temps. En 1875, il épouse
Anne Hegel, la petite-fille du philosophe Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831).
Installé à Göttingen de 1886 jusqu’à sa mort, Klein s’y consacre en particulier à faire
de la revue Mathematische Annalen un des journaux de mathématiques les plus connus
au monde. Par ailleurs, grâce à ses efforts et à ceux de quelques autres, les femmes sont
admises à Göttingen à partir de 1893. Klein supervise lui-même le premier doctorat
obtenu par une femme dans une université allemande, toutes disciplines confondues,
en l’occurrence la thèse de mathématiques de Grace Chisolm Young (1868-1944), une
étudiante anglaise d’Arthur Cayley (1821-1895) qui lui rendra hommage à sa mort.
Voici comment elle décrit ses rapports avec Klein au début de sa thèse :
Professor Klein’s attitude is this, he will not countenance the admission
of any woman who has not already done good work, and can bring proof
of the same in the form of degrees or their equivalent [. . . ] and further he
will not take any further steps till he has assured himself by a personal
interview of the solidity of her claims. Professor Klein’s view is moderate.
There are members of the Faculty here who are more eagerly in favour of
the admission of women and others who disapprove altogether.
Les premières découvertes importantes de Klein datent de 1870. En collabora-
tion avec le mathématicien norvégien Sophus Lie (1842-1899) qui lui avait présenté
le concept de groupes, Klein étudie les propriétés fondamentales des lignes asymp-
totiques sur la surface de Kummer. Klein et Lie en viennent ainsi à s’intéresser aux
courbes invariantes sous un groupe de transformations projectives.
En 1871, Klein montre que les géométries euclidienne et non-euclidienne sont des
cas particuliers d’une géométrie définie sur une surface projective. Un corollaire est que
les axiomes de la géométrie non euclidienne sont consistants si et seulement si ceux de
la géométrie euclidenne le sont, ce qui met fin à une controverse persistante autour des
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aiment mais que Felix Klein n’aime pas. À quelle catégorie Felix Klein
appartient-il ?
Les étudiants étaient terrorisés par un tel sacrilège et aucun d’eux ne sut répondre. La
réponse de Zermelo était pourtant simple :
Felix Klein n’est donc pas un mathématicien.
La fin de l’anecdote est que Zermelo n’obtint jamais de poste de professeur à Göttingen.
Ce point de vue a été développé en 1835 par William Hamilton. Par la suite, il essaya
longuement et sans succès de multiplier des triplets de nombres réels de façon satis-
faisante mais il finit par réussir à multiplier des quadruplets, inventant ainsi en 1843
l’ensemble des quaternions, noté H en son honneur.
Sir William Rowan Hamilton (1805-1865), né à Dublin, fut à la fois un enfant
adopté et un enfant surdoué. À 13 ans, il parlait autant de langues que le nombre de
ses années : bien sûr la plupart des langues européennes mais aussi les langues persane,
arabe, hindoue, malaise, et le sanskrit. Il resta toute sa vie au Trinity College de Dublin,
où il avait été nommé professeur d’astronomie à l’âge de 22 ans. Calculateur génial,
il semble avoir pris grand plaisir toute sa vie durant à effectuer des multiplications
monstrueuses. À 10 ans, il découvre par accident une copie en latin des Éléments
d’Euclide et à 12 ans il dévore les Principia de Newton. Pendant l’été 1822, à 17 ans, il
étudie de manière systématique la Mécanique céleste de Laplace et y trouve une faute
sérieuse, qu’il réussit à corriger. Hamilton décide alors de se consacrer principalement
aux mathématiques, ce qui ne l’empêchera pas de fournir également d’importantes
contributions en optique et en mécanique.
Le but de Hamilton était donc d’étendre les propriétés des nombres complexes à des
dimensions supérieures, essentiellement sans succès. D’ailleurs Frobenius démontrera en
1877 qu’une telle structure ne pouvait pas exister pour l’ensemble des triplets. Hamilton
racontera plus tard que, dans la soirée du 16 octobre 1843, il marchait le long du Canal
royal de Dublin avec sa femme, en route vers une soirée, quand la solution pour des
quadruplets lui apparut soudain, sous la forme
i2 = j2 = k2 = ijk = −1,
et qu’il grava aussitôt ces équations au couteau dans une pile du pont le plus proche,
Broom Bridge. Depuis 1989, la National University d’Irlande organise un pèlerinage
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Cette découverte démontra la nécessité de travailler aussi avec des lois non commuta-
tives, une avancée radicale pour l’époque. Il faut se rappeler que vecteurs et matrices
faisaient encore partie du futur, mais Hamilton venait en quelque sorte d’introduire
avant l’heure le produit vectoriel et le produit scalaire des vecteurs.
On sait à présent que bien avant Hamilton, en 1748, le mathématicien et physicien
suisse Leonhard Euler (1707-1783) connaissait la règle de multiplication des quater-
nions, sous la forme du théorème des quatre carrés, ainsi que le mathématicien, astro-
nome et physicien allemand Carl Friedrich Gauss (1777-1855) en 1819. Hamilton quant
à lui passa le reste de sa vie à explorer cette notion car il pensait que sa découverte
allait révolutionner la physique mathématique. La postérité démentit ce pronostic et
porta un regard souvent sévère sur son invention. D’après le physicien mathématicien
et ingénieur écossais William Thomson alias Lord Kelvin (1824-1907) par exemple (oui,
le Kelvin des degrés Kelvin) :
Quaternions came from Hamilton after his really good work had been done,
and though beautifully ingenious, have been an unmixed evil to those who
have touched them in any way.
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où les rk sont les racines p-ièmes de l’unité. En 1847, Lamé annonça avoir démontré le
théorème de Fermat, mais il supposait que tous les entiers cyclotomiques possédaient
une décomposition unique. Or en 1844, Kummer avait montré que ce n’était pas le cas.
Interprétant le fait que la décomposition ne soit pas unique comme l’absence de certains
facteurs premiers, il eut l’idée de les rajouter en les baptisant « nombres idéaux ». La
théorie des idéaux, formalisée plus tard par Dedekind, vise donc à étendre dans un
anneau quelconque la notion de facteur premier dans Z. Qu’est-ce qu’un idéal I dans
un anneau commutatif A ? C’est un sous-groupe pour l’addition, possédant en plus une
propriété de stabilité :
∀a ∈ A , ∀x ∈ I , ax ∈ I .
Dans Z, les idéaux sont les ensembles de multiples d’un même nombre. Petit à petit les
propriétés des anneaux permettant d’étendre les opérations de l’arithmétique prirent
forme, et la théorie des idéaux permit de généraliser à des ensembles de nombres quel-
conques les outils de l’arithmétique.
Emmy Noether 1 naît à Erlangen en 1882, d’un père mathématicien. Elle fait ses
études à Erlangen et y soutient une thèse sur la théorie des invariants en 1907. Après
sa thèse, personne ne s’oppose à ce qu’elle enseigne à Erlangen. . . à condition que ce
soit sous le nom de son père et sans recevoir de salaire ! Au printemps 1915, Hilbert
et Klein la font venir à Göttingen pour travailler sur les problèmes mathématiques
liés à la théorie de la relativité générale d’Einstein. Elle réfléchit aussi à des questions
d’algèbre plus théoriques, qui conduisent en 1921 à la publication de sa « Théorie des
idéaux dans les anneaux ». Elle y atteint une généralité, une simplicité, une efficacité
exceptionnelles, et ouvre la voie à une foule de travaux ultérieurs, au point qu’elle est
considérée comme la mère de l’algèbre moderne. Sa capacité exceptionnelle à abstraire
et à généraliser pour simplifier en se débarrassant des détails inessentiels allait de pair
avec une caractéristique profonde de sa personnalité. Elle ne s’est jamais préoccupée ni
de sa condition sociale, ni de ses revenus, ni de son confort matériel, ni même semble-
t-il de son aspect extérieur. À Göttingen, Hilbert et Klein étaient bien convaincus
que Emmy Noether méritait un poste de professeur. Hilbert disait : « Je ne vois pas
en quoi le sexe d’un candidat pourrait être un argument contre son recrutement en
tant qu’enseignant ; après tout, nous sommes une université, pas un établissement de
bains ! » Il fallut trois tentatives et l’intervention d’Albert Einstein lui-même, pour
qu’on lui accorde en 1922 le titre de plus bas niveau que l’on ait pu inventer, celui de
« professeur non officiel et extraordinaire », avec un salaire minimal. Certains glosèrent
1. Paul Dubreil : Emmy Noether Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques 7, pp. 15–27
(1986)
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Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Arithmétique
Didier Piau et Bernard Ycart
2 Entraînement 23
2.1 Vrai ou Faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3 Compléments 39
3.1 Abacistes contre algoristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2 Des grains de sable dans l’univers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.3 Les comptes binaires de l’Empereur de Chine . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.4 Chasles contre Libri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.5 Ils sont amicaux, parfaits. . . voire excessifs . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.6 Le Théorème des Restes Chinois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.7 Le Théorème de Ibn al-Haytham . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.8 Diophante et Hypathie, tous deux d’Alexandrie . . . . . . . . . . . . . 52
3.9 Le Dernier Théorème de Fermat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.10 Quatre siècles avant Fermat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.11 Le grand plan de Sophie Germain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.12 Le Théorème de Fermat-Wiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
13 février 2013
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1
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1 Cours
1.1 Nombres premiers
On appelle entier (ou entier relatif, c’est-à-dire positif ou négatif) tout élément de
n o
Z= . . . , −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, . . .
Définition 1. On dit qu’un entier a est un multiple d’un entier b, ou que b est un
diviseur de a lorsqu’il existe un entier k tel que a = kb.
Définition 2. On dit qu’un entier p ≥ 2 est premier lorsqu’il possède pour seuls
diviseurs positifs 1 et lui-même.
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a = bq + r et 0 6 r < b.
3
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Théorème 3. Soit a > 1 et b > 1 deux entiers. Alors il existe un unique entier m > 1
tel que pour tout entier c > 1,
Théorème 4. Soit a > 1 et b > 1 deux entiers. Alors il existe un unique entier d > 1
tel que pour tout entier c > 1,
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vérifier qu’il marche. La preuve est en deux parties : d’abord l’existence de m (partie
significative) puis son unicité (partie très facile).
Existence de m
Introduisons l’ensemble A formé des entiers strictement positifs simultanément mul-
tiples de a et de b. L’ensemble A n’est pas vide, puisqu’il contient l’entier ab. Il admet
donc un plus petit élément m. On va vérifier que cet entier m convient.
Pour faire cette vérification, soit un entier n > 1 ; nous avons désormais à montrer
une équivalence, distinguons méthodiquement les deux sens.
• Preuve de l’implication directe : Supposons donc que n est un multiple commun
de a et b, et montrons que n est un multiple de m. Pour ce faire, effectuons la division
euclidienne de n par m, soit n = mq + r, avec 0 6 r < m. Comme n et m sont des
multiples de a, r = n − mq aussi ; de même avec b. Ainsi r est un multiple commun
de a et b. Si r était un entier strictement positif, vu l’inégalité r < m il contredirait la
minimalité de m. C’est donc que r = 0 et donc que n est un multiple de m.
• Preuve de l’implication réciproque : Supposons ici que n est un multiple de m.
Comme m est lui-même multiple de a, n est à son tour multiple de a ; de même avec
b. C’est réglé.
Unicité de m
Soit m et m0 vérifiant les hypothèses du théorème. Comme m est un multiple de m
(eh oui !), c’est un multiple commun de a et b, donc un multiple de m0 . De même, m0
est un multiple de m. Cela implique que m et m0 sont forcément égaux au signe près.
Comme ils sont tous deux strictement positifs, ils sont égaux. Fin de la démonstration.
Voici maintenant une première démonstration de l’existence (et l’unicité) du pgcd,
qui l’obtient à partir du ppcm. Cette démonstration a le confort d’être dépourvue
d’idée subtile et l’avantage de prouver le Complément 1. Elle a l’inconvénient de ne pas
prouver le Complément 2 et de ne pas fournir une méthode rapide de calcul du pgcd.
Première démonstration du théorème 4
Existence de d
On note m le ppcm de a et b et on pose d = ab/m. Remarquons que ce nombre d
est bien un entier : en effet, ab étant un multiple commun évident de a et b, c’est un
multiple de leur ppcm. Reste à prouver qu’il convient.
Pour faire cette vérification, soit n > 1 un entier ; nous avons désormais à montrer
une équivalence, distinguons méthodiquement les deux sens.
• Preuve de l’implication directe : supposons que n est un diviseur commun de a
et b. On peut donc introduire deux entiers k et ` tels que a = kn et b = `n. Pour
travailler sur ce sur quoi nous avons des informations, à savoir les multiples de a et b,
introduisons le nombre n0 = ab/n. Ce nombre n0 vaut aussi (a/n)b = kb et (b/n)a = `a.
C’est donc un entier, et même un multiple commun de a et b. C’est donc un multiple
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de m. Il existe donc un entier c tel que n0 = cm, soit ab/n = c ab/d, donc d = cn. On
a bien prouvé que n divise d.
• Preuve de l’implication réciproque : puisque a = d (m/b) où m/b est un entier, d
divise a ; symétriquement puisque b = d (m/a), d divise b. Supposons maintenant que
n divise d. On voit alors aussitôt que n divise a et b.
Unicité de d
C’est exactement le même principe que pour le ppcm, on laisse donc cette partie
de la démonstration en exercice (très) facile.
Preuve du Complément 1 : Il tombe immédiatement au vu de la formule qui donne
d à partir de m. Fin de la démonstration.
Comme promis, voici maintenant une deuxième démonstration du théorème 4, très
différente dans son esprit, et qui permet pour guère plus cher de montrer simultanément
le Complément 2.
Deuxième démonstration du théorème 4
La démonstration est une récurrence sur b ; techniquement, on gagne sérieusement
en confort si on autorise b à être nul, ce que l’on n’a pas fait, volontairement, en énonçant
le théorème dans l’espoir qu’il soit plus clair. On montrera donc légèrement mieux que
l’énoncé de la page précédente, puisqu’on prouvera le résultat sous l’hypothèse « a > 1
et b > 0 ».
Avant de se lancer dans la récurrence proprement dite, on va donner un « résumé
de la preuve » sous forme de programme informatique récursif.
Début du programme
* pgcd(a, 0) = a.
* Soit r le reste de la division euclidienne de a par b.
Les diviseurs communs de a et b sont les diviseurs communs de b et r.
D’où : pgcd(a, b) = pgcd(b, r).
Fin du programme
Ce résumé de démonstration convaincra peut-être les esprits les plus agiles, mais à
notre niveau d’entraînement, il est plus prudent de faire ce qui est derrière les formu-
lations récursives : une bonne vieille récurrence.
On va démontrer par « récurrence forte » sur b > 0 l’hypothèse (Hb ) suivante :
(Hb ) Pour tout entier a > 1, il existe deux entiers (relatifs) s et t tels que,
pour tout n > 1, n divise a et b si et seulement si n divise sa + tb.
Vérifions (H0 ).
Soit a un entier avec a > 1 ; tout entier n > 1 qui divise a divise aussi b = 0 puisque
0n = 0. Pour tout n > 1, on a donc : n divise a et 0 si et seulement si n divise a.
Prenons alors s = 1 et t = 0. On a donc bien pour tout n > 1 : n divise a et 0 si et
seulement si n divise sa + t × 0.
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Soit b un entier fixé, avec b > 1. Supposons la propriété (Hc ) vraie pour tout c avec
0 6 c < b et montrons (Hb ).
Soit a un entier avec a > 1. Notons a = bq + r la division euclidienne de a par b
(qu’on peut réaliser puisque b > 1).
Vérifions l’affirmation intermédiaire suivante : pour tout n > 1, n est un diviseur
commun de a et b si et seulement si n est un diviseur commun de b et r. C’est-à-dire,
avec des mots peut-être plus lisibles : « les diviseurs communs de a et b sont les mêmes
que ceux de b et r. »
Soit n un diviseur commun de a et b, alors n divise aussi r = a−bq ; réciproquement
soit n un diviseur commun de b et r, alors n divise aussi a = bq + r.
L’affirmation intermédiaire est donc démontrée.
On peut alors appliquer l’hypothèse de récurrence (Hr ) (puisque précisément 0 6
r < b) sur l’entier b > 1.
On en déduit qu’il existe deux entiers relatifs s0 et t0 tels que pour tout n > 1, n
divise b et r si et seulement si n divise s0 b + t0 r.
Remarquons enfin que s0 b + t0 r = s0 b + t0 (a − bq) = t0 a + (s0 − q)b, et qu’ainsi, si on
pose s = t0 et t = s0 − q, on a bien prouvé que, pour tout n > 1, n divise a et b si et
seulement si n divise sa + tb.
(Hb ) est donc démontrée.
On a donc bien prouvé (Hb ) pour tout b > 0, donc a fortiori pour tout b > 1, ce
qui prouve le théorème 4 et son Complément 2.
En fait, il reste à prouver l’unicité de d, pour laquelle on renvoie à la démonstration
précédente (où on écrivait qu’on la laissait en exercice).
Fin de la démonstration.
À présent, donnons un petit exemple sur des vrais nombres concrets, pour nous
soulager l’esprit après tant de lettres.
Calcul du pgcd de 137 et 24
On fait des divisions euclidiennes successives et on écrit dans la colonne de droite
les conséquences de ces divisions.
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1 = −7 × 137 + 40 × 24.
– Et voilà !
Voici un autre exemple.
Calcul du pgcd de 141 et 24
Voici les divisions euclidiennes successives et leurs conséquences en termes de pgcd.
Définition 5. On dit que deux entiers a > 1 et b > 1 sont premiers entre eux lorsque
leur seul diviseur commun positif est 1.
On veillera à ne pas confondre cette notion avec celle de nombre premier. (Par
exemple, les calculs ci-dessus montrent que 137 et 24 sont premiers entre eux mais 24
n’est pas premier.)
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Démonstration : Puisque a est premier avec c, le pgcd de a et c est 1, donc il existe des
entiers relatifs s et t tels que sa + tc = 1. Multiplions cette identité par b : on obtient
b = asb + tbc. Mais dans cette écriture, asb est évidemment multiple de a tandis que
tbc l’est parce que bc est multiple de a. On en déduit que b, somme des deux multiples
de a que sont asb et tbc, est lui-même un multiple de a.
Théorème (énoncé approximatif) Tout entier n > 2 peut être écrit de façon unique
comme produit de facteurs premiers.
L’énoncé est approximatif car il n’est pas si clair de savoir ce que signifie « unique » :
on peut écrire 6 = 2 × 3 = 3 × 2 mais il faut évidemment considérer que c’est la même
chose. Pour pouvoir comprendre voire utiliser le théorème, cet énoncé suffira bien ; mais
pour le démontrer, il faut être plus précis.
Théorème 5 (énoncé précis). Tout entier n > 2 peut être écrit comme produit de
facteurs premiers. De plus, si on dispose de deux écritures
dans lesquelles k > 1, i > 1, les entiers p1 < p2 < . . . < pk et q1 < q2 < . . . < qi sont
tous premiers et rangés en ordre croissant, les exposants α1 , α2 , . . . , αk et β1 , β2 , . . . ,
βi sont tous des entiers strictement positifs, alors ces deux écritures sont les mêmes au
sens précis suivant : k = i et pour tout j avec 1 6 j 6 k = i, pj = qj et αj = βj .
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β β
et comme pk est premier avec qj+1 j+1
, pk divise q1β1 q2β2 · · · qj j . Mais ceci contredit l’hypo-
thèse (Hj00 ). L’hypothèse (Hj+1
00
) est donc vraie.
On a donc montré (Hj00 ) pour tout j entre 1 et i ; en particulier on a montré (Hi00 ),
à savoir que pk est premier avec q1β1 q2β2 · · · qiβi = n. Mais pourtant pk figure dans l’autre
décomposition en facteurs premiers de n (ce n’est pas une illusion d’optique, puisqu’on
a pris soin de supposer αk > 1), donc pk divise n. D’où contradiction. Ouf !
On ne peut donc avoir pk > qi . En échangeant les rôles des coefficients p et q, on
voit qu’on ne peut pas non plus avoir qi > pk . On en déduit donc que qi = pk .
Fin de la première étape
Deuxième étape On va profiter de ce tout petit morceau d’égalité pour arriver à
utiliser l’hypothèse de récurrence et faire tomber toutes les autres égalités requises en
cascade.
Notons N = n/pk = n/qi , on a ainsi :
De plus N est strictement inférieur à n, et N est strictement plus grand que 1 car
on a fort opportunément supposé n non premier. On va donc appliquer l’hypothèse
de récurrence (HN ) à ces deux écritures de N en facteurs premiers. Si on n’est pas
méticuleux, on oubliera de s’assurer que tous les exposants sont strictements positifs,
et on aura fini tout de suite ; ce sera faux, mais de peu. Hélas, un enseignant scrupuleux
ne peut se le permettre et doit donc veiller à ce petit détail, qui nous force à distinguer
deux sous-cas.
Premier sous-cas : αk = 1. Dans ce cas, la première écriture de m se lit en réalité,
après effacement du p0k qui l’encombre :
α
N = pα1 1 pα2 2 · · · pk−1
k−1
.
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vérifient bien les hypothèses du théorème. Elles sont égales, donc k = i et chaque
coefficient p est égal au coefficient q correspondant, avec le même exposant.
Fin de la deuxième étape
(Hn ) est donc prouvée.
La récurrence est donc terminée, et avec elle la démonstration.
soit,
D= 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 10 , 12 , 15 , 20 , 30 , 60
Démonstration : Soit
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δi = min{αi , βi } et γi = max{αi , βi }
Quitte à admettre des puissances nulles, nous pouvons écrire la décomposition sur les
mêmes facteurs.
Donc :
pgcd(m, n) = 20 31 50 72 110 130 = 31 72 = 147,
et
ppcm(m, n) = 23 32 52 74 111 131 = 618017400.
Démonstration : Posons :
d = pδ11 pδ22 · · · pδkk .
On vérifie facilement que d est bien un diviseur commun de m et de n. Réciproquement,
soit d0 un diviseur commun de m et n. Tout facteur premier p de d est aussi un facteur
premier de m et de n. Si pδi divise n et m, alors δ 6 αi et δ 6 βi , donc
δ 6 δi = min{αi , βi }.
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pgcd(m, n) ppcm(m, n) = m n.
1.5 Sous-groupes de Z
Notation 3. Soit b un entier. On note bZ l’ensemble des multiples de b.
Démonstration : Il y a deux choses à démontrer : que les ensembles bZ sont des sous-
groupes, et que tout sous-groupe est un ensemble bZ.
Commençons donc par vérifier (c’est très facile) que pour b > 0 fixé, bZ est un
sous-groupe de Z.
• 0 est multiple de b, donc bZ n’est pas vide.
• Soit x et y deux éléments de bZ, c’est-à-dire deux multiples de b. Il est clair que
x − y est aussi un multiple de b, donc appartient à bZ.
C’est fait. Pour les amateurs d’abstraction, on pouvait remarquer que bZ = hbi (le
sous-groupe engendré par b), ce qui est camouflé par la notation additive de l’opération.
Soit maintenant H un sous-groupe de Z, montrons qu’il existe un entier b > 0 tel
que H = bZ. On distinguera deux cas.
Premier cas : Si H = {0}, on remarque que H = 0Z et on a fini.
Second cas : Si H 6= {0}, H possède au moins un élément non nul x, donc au moins
un élément strictement positif y (on prendra y = x ou y = −x selon le signe de x).
Si on introduit l’ensemble B = H ∩ N∗ , B est donc un ensemble d’entiers positifs non
vide. Il possède un plus petit élément b. On va montrer que b convient.
Il semble raisonnablement clair que bZ ⊂ H. (Hum, est-ce si clair ou est-ce un petit
moment de paresse du rédacteur ? Le lecteur est invité à se forger par lui-même une
opinion sur cette épineuse question.)
Réciproquement soit a un élément de H. Si on fait la division euclidienne de a par
b, soit a = qb + r, on en déduit que r = a − bq est aussi un élément de H. Comme
r < b, r 6∈ B, et comme r ∈ H ∩ N la seule possibilité est que r = 0. On en déduit donc
que a = bq ∈ bZ. Ceci prouve l’inclusion H ⊂ bZ.
On a donc montré que H = bZ.
On a donc montré, dans les deux cas, que H est de la forme bZ.
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1.6 Congruences
Juste quelques notations pratiques. La section se réduit à quasiment rien.
Définition 6. Soit a et b des entiers relatifs et n > 1 un entier strictement positif. On
dit que a est congru à b modulo n lorsque b − a est un multiple de n.
Il est tellement évident de vérifier que, pour n fixé, la relation « est congru à » est
une relation d’équivalence sur Z que cet énoncé n’aura pas même l’honneur d’être
qualifié de proposition.
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a ≡ b [n].
Exemple 1. On repère les jours de l’année par leur numéro de 1 à 365 ou 366 selon
les cas. Alors les numéros de tous les lundis sont congrus les uns aux autres modulo 7.
L’intérêt des congruences est d’être compatibles avec l’addition et la multiplication,
au sens suivant :
Proposition 3. Soit n > 1 fixé et soit a, b et c trois entiers relatifs. Alors :
12345 ≡ 14 + 2 · 13 + 3 · 12 + 4 · 1 + 5 = 1 + 2 + 3 + 4 + 5 = 15,
et
12345 ≡ 1 · 10 + 5 ≡ 1 · 1 + 5 = 1 + 5 = 6,
donc la réponse est 6. Et par 11 ? Ici, on utilise le fait que 10 ≡ −1 [11], donc
et la réponse est 3.
Exercice : Formaliser les règles de calcul des congruences modulo 9 et modulo 11
utilisées dans l’exemple 2.
Exercice : Montrer qu’une règle de calcul possible pour calculer des congruences
modulo 7 est la suivante. On décompose l’écriture de n en base 10 en groupes de 3
chiffres consécutifs en commençant par le chiffre des unités. Si un bloc vaut B = abc,
on note s(B) = 2a + 3b + c. Puis on effectue la somme alternée s(n) des s(B) en
commençant par le bloc du chiffre des unités. Alors n et s(n) sont congrus modulo 7.
Par exemple, si n = 12345678, les blocs sont B3 = 012, B2 = 345 et B1 = 678.
On calcule s(B3 ) = 2 × 0 + 3 × 1 + 1 × 2 = 5, s(B2 ) = 2 × 3 + 3 × 4 + 1 × 5 = 23,
s(B1 ) = 2 × 6 + 3 × 7 + 1 × 8 = 41, puis
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1.7 Z/nZ
En apparence, cette section est consacrée à un formalisme assez gratuit consistant
à remplacer l’écriture :
a ≡ b [n],
par l’écriture équivalente :
Démonstration : Montrons tout d’abord que Z/nZ = {cl(0), cl(1), . . . , cl(n − 1)}, d’où
on déduit aussitôt que Z/nZ possède au plus n éléments.
Soit x un élément de Z/nZ ; il existe alors a ∈ Z tel que x = cl(a). Effectuons
la division euclidienne de a par n, soit a = nq + r ; on voit alors que a ≡ r [n] ou
encore que x = cl(a) = cl(r). Mais 0 6 r < n, donc on a bien prouvé que x était dans
l’ensemble proposé.
Montrons maintenant que ces n éléments sont deux à deux distincts, prouvant ainsi
que Z/nZ possède au moins n éléments.
Soit a et b deux entiers distincts avec 0 6 a < n et 0 ≤ b < n. Des inégalités 0 6 a
et b < n on déduit que −n < b − a ; des inégalités a < n et 0 6 b on déduit que
b − a < n et de l’hypothèse a 6= b on déduit que b − a 6= 0. On en conclut que a 6≡ b [n],
c’est-à-dire que cl(a) et cl(b) sont deux éléments distincts de Z/nZ.
On a donc bien prouvé que Z/nZ possède exactement n éléments.
Définition 8. Soit cl(a) et cl(b) deux éléments de Z/nZ. On définit la somme de cl(a)
et cl(b) par cl(a) + cl(b) = cl(a + b) et leur produit par cl(a) × cl(b) = cl(ab).
Prudence ! Cette définition est aussi innocente en apparence que celles qui l’ont pré-
cédée. Et pourtant, elle pourrait n’avoir rigoureusement aucun sens.
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+ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇ × 0̇ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇
0̇ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇ 0̇ 0̇ 0̇ 0̇ 0̇ 0̇
1̇ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇ 0̇ 1̇ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇
2̇ 2̇ 3̇ 4̇ 0̇ 1̇ 2̇ 0̇ 2̇ 4̇ 1̇ 3̇
3̇ 3̇ 4̇ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇ 0̇ 3̇ 1̇ 4̇ 2̇
0̇ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇ 0̇ 0̇ 0̇ 4̇ 3̇ 2̇ 1̇
Après la présentation de l’objet, un peu de théorie à son sujet.
Démonstration : Elle est d’un ennui mortel, et ne présente aucune difficulté. Pour en
faire un tout petit bout, montrons que l’addition est associative : soit x, y et z trois
éléments de Z/nZ. On peut les écrire sous forme x = cl(a), y = cl(b), z = cl(c). Vu la
définition de l’addition dans Z/nZ, on a alors (x + y) + z = (cl(a) + cl(b)) + cl(c) =
18
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24x + 5 ≡ 0 [137].
19
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On peut traiter cet exemple avec ou sans usage de Z/137Z. Faisons les deux successive-
ment ; on constatera que les énoncés simples sur les propriétés algébriques de Z/137Z
remplacent avantageusement les techniques, il est vrai elles aussi simples, d’arithmé-
tique classique.
Première résolution (sans Z/137Z)
Remarquons que 137 est premier, et donc que 137 et 24 sont premiers entre eux ;
cherchons à écrire une identité de Bézout entre 137 et 24 ; en utilisant l’algorithme
décrit plus haut, on découvre que :
1 = 40 × 24 − 7 × 137,
5 = 200 × 24 − 35 × 137.
qui signifie que 137 divise 24(x + 200), donc, en utilisant le lemme de Gauss puisque
137 et 24 sont premiers entre eux, que 137 divise x + 200. Finalement, x est solution si
et seulement si x + 200 ≡ 0 [137], c’est-à-dire x ≡ −200 [137], c’est-à-dire x ≡ 74 [137].
Deuxième résolution (avec Z/137Z)
Remarquons que 137 est premier, et donc que Z/137Z est un corps commutatif.
Faisons tous les calculs dans ce corps.
L’équation proposée se réécrit cl(24)cl(x) + cl(5) = cl(0), soit cl(24)cl(x) = −cl(5),
soit cl(x) = −cl(5)(cl(24))−1 .
Calculons donc (cl(24))−1 ; pour cela nous connaissons la bonne méthode : écrire
une identité de Bézout entre 24 et 137, à savoir
1 = 40 × 24 − 7 × 137,
puis redescendre aux classes d’équivalence dans Z/137Z : cl(1) = cl(40) · cl(24), soit :
(cl(24))−1 = cl(40).
On en conclut que l’équation proposée équivaut à :
20
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x4 ≡ 81 [73].
Là aussi, écrire deux solutions serait possible, mais celle utilisant Z/73Z est tellement
plus agréable à écrire que l’on s’en contentera.
Tout d’abord, l’équation s’écrit x4 − 81 ≡ 0 [73] et, dans Z,
soit cl(x) = cl(3) ou cl(x) = cl(8) ou cl(x) = cl(65) ou cl(x) = cl(70), car Z/73Z est un
corps commutatif, donc intègre.
Les solutions de l’équation proposée sont donc
x17 ≡ 3 [19].
x ≡ 13 [19].
21
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x14 ≡ 1 [19].
Ce sont les mêmes idées que dans l’exemple précédent qui font marcher cet exercice,
en un peu plus astucieux encore.
Comme dans l’exemple prédédent, on commence par passer dans Z/19Z, où l’équa-
tion s’écrit dès lors : cl(x)14 = cl(1). On note a = cl(x), on remarque que cl(0) n’est
pas solution, et on décide donc de résoudre a14 = cl(1) dans (Z/19Z) \ {cl(0)}.
Maintenant, on remarque que pour tout a de (Z/19Z) \ {cl(0)}, dire que a14 = cl(1)
équivaut à dire que l’ordre de a divise 14. Par ailleurs, comme dans l’exemple précédent,
pour tout élément a de (Z/19Z)\{cl(0)}, l’ordre de a divise 18. Ainsi, l’ordre de a divise
14 si et seulement s’il divise 14 et 18, donc si et seulement s’il divise pgcd(14, 18) = 2.
On a donc montré que pour tout a de (Z/19Z) \ {cl(0)}, a14 = cl(1) si et seulement
si a2 = cl(1).
Cette nouvelle équation est alors très facile à résoudre : a2 = cl(1) si et seulement
si (a + cl(1))(a − cl(1)) = cl(0) si et seulement si a = cl(1) ou a = −cl(1) = cl(18).
Les solutions de l’équation initiale sont donc
x ≡ 1 [19] ou x ≡ 18 [19].
22
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou Faux
Vrai-Faux 1. Étant donnés cinq nombres entiers consécutifs, on trouve toujours parmi
eux (vrai ou faux et pourquoi) :
1. au moins deux multiples de 2.
2. au plus trois nombres pairs.
3. au moins deux multiples de 3.
4. exactement un multiple de 5.
5. au moins un multiple de 6.
6. au moins un nombre premier.
Vrai-Faux 2. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses et pourquoi ?
1. 60 a plus de diviseurs que 100.
2. 60 a moins de diviseurs que 90.
3. 60 a moins de diviseurs que 120.
4. si un entier divise 60, alors il divise 120.
5. si un entier strictement inférieur à 60 divise 60, alors il divise 90.
6. si un nombre premier divise 120, alors il divise 60.
Vrai-Faux 3. On veut constituer la somme exacte de 59 e seulement à l’aide de pièces
de 2 e et de billets de 5 e. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies,
lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Il y a au plus 27 pièces de 2 e.
2. Il peut y avoir exactement 10 pièces de 2 e.
3. Il peut y avoir exactement 12 pièces de 2 e.
4. Il peut y avoir un nombre pair de billets de 5 e.
5. Il y a au moins un billet de 5 e.
Vrai-Faux 4. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses et pourquoi ?
1. Si un nombre est divisible par 9, alors il est divisible par 6.
2. Si un nombre est divisible par 100, alors il est divisible par 25.
3. Si un nombre est divisible par 2 et par 3, alors il est divisible par 12.
4. Si un nombre est divisible par 10 et par 12, alors il est divisible par 15.
5. Si un nombre est divisible par 6 et par 8, alors il est divisible par 48.
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24
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2.2 Exercices
Exercice 1. Soit n un entier supérieur ou égal à 2.
√
1. Démontrer que si n n’est divisible par aucun entier inférieur ou égal à n, alors
n est premier.
2. Démontrer que les nombres n! + 2, n! + 3,. . . , n! + n ne sont pas premiers.
3. En déduire que pour tout n, il existe n entiers consécutifs non premiers.
Exercice 2. On choisit un nombre entier, on le divise par 7 et on trouve un reste égal
à 5. On divise à nouveau le quotient obtenu par 7, on trouve un reste égal à 3 et un
quotient égal à 12. Quel était le nombre de départ ?
25
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r1 = r2 et q2 = q1 + 1
A = 15a + 4b et B = 11a + 3b
26
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au + bv = pgcd(a, b) .
3. Démontrer par récurrence que pour tout n, an et bn sont premiers entre eux.
4. Démontrer que an est premier avec bn+1 , pour tout n.
5. Démontrer que bn est premier avec an+1 et avec bn+1 , pour tout n.
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Exercice 18. Calculer le reste de la division par 3, par 4, par 5, par 6, par 7, des
nombres suivants.
Exercice 19.
1. Montrer que 7 divise 22225555 + 55552222
2. Montrer que 11 divise
10 5
105 510
105 510
5 + 10
Exercice 21. Démontrer que chacune des relations suivantes est vraie pour tout n ∈ N.
1. 5 divise 22n+1 + 32n+1
2. 6 divise n3 − n
3. 6 divise 5n3 + n
4. 6 divise 4(42n − 1)
5. 7 divise 32n+1 + 2n+2
6. 8 divise 5n + 2 × 3n−1 + 1
29
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7. 9 divise 4n − 1 − 3n
8. 11 divise 3n+3 − 44n+2
9. 11 divise 26n+3 + 32n+1
10. 16 divise 5n − 1 − 4n
11. 17 divise 26n+3 + 34n+2
12. 17 divise 27n+1 + 32n+1 + 510n+1 + 76n+1
13. 18 divise 22n+2 + 24n + 14
14. 19 divise 23n+4 + 33n+1
6n+2
15. 19 divise 22 +3
4n+1
16. 21 divise 2 +5
Exercice 22. Déterminer l’ensemble des entiers relatifs x, solutions des équations sui-
vantes.
1. 35x − 7 ≡ 0 [4]
2. 22x − 33 ≡ 0 [5]
3. 2x + 3 ≡ 0 [7]
4. 9x + 5 ≡ 0 [8]
5. x2 + x + 7 ≡ 0 [13]
6. x2 ≡ 1 [16]
7. x4 ≡ 7 [11]
8. x2 + x + 7 ≡ 0 [13]
9. x2 − 4x + 3 ≡ 0 [12]
10. x2 + (x + 1)2 + (x + 3)2 ≡ 0 [10]
Exercice 23. Déterminer l’ensemble des entiers naturels x, solutions des équations
suivantes.
1. 22x + 2x + 1 ≡ 0 [21]
2. 22x + 2x + 1 ≡ 0 [7]
3. 3x + 4x + 1 ≡ 0 [8]
4. 1x + 2x + 3x + 4x ≡ 0 [5]
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Exercice 25.
1. Écrire l’ensemble des multiples de cl(x) dans Z/5Z, pour x = 0, . . . , 4.
2. Écrire l’ensemble des multiples de cl(x) dans Z/6Z, pour x = 0, . . . , 5.
3. Écrire l’ensemble des multiples de cl(x) dans Z/8Z, pour x = 0, . . . , 7.
4. Soient n et x deux entiers naturels. Démontrer que les trois propositions suivantes
sont équivalentes.
(a) cl(x) admet un inverse pour la multiplication dans Z/nZ.
(b) x et n sont premiers entre eux.
(c) tout élément de Z/nZ est multiple de cl(x) dans Z/nZ.
5. Calculer l’inverse de cl(4) dans Z/9Z.
6. Calculer l’inverse de cl(8) dans Z/15Z.
7. Soit n un entier non premier. Montrer qu’il existe deux éléments de Z/nZ dont
le produit est cl(0). En déduire que (n − 1)! est divisible par n.
8. Soit p un entier premier. Montrer que pour tout entier x = 2, . . . , p − 2 il existe
un entier y = 2, . . . , p − 2, différent de x, tel que le produit xy soit congru à 1
modulo p. En déduire que (p − 1)! + 1 est divisible par p. (Bravo ! vous venez de
démontrer le Théorème de Wilson.)
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
31
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Question 4.
A Si un nombre est divisible par 6 et par 9, alors il est divisible par 12.
B Si un nombre est divisible par 6 et par 4, alors il est divisible par 24.
C Si un nombre est divisible par 9 et par 4, alors il est divisible par 36.
D Si un nombre est divisible par 36 alors il est divisible par 24.
E Si un nombre est divisible par 24, alors il est divisible par 12.
32
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Question 9.
A Si un entier est congru à 0 modulo 12, alors, il est divisible par 9.
B Si le produit de deux entiers est congru à 0 modulo 12, alors l’un des deux au
moins est pair.
C Si le produit de deux entiers est congru à 1 modulo 12, alors l’un des deux au
moins est pair.
D Si le produit de deux entiers est congru à 1 modulo 12, alors ces deux entiers
sont congrus entre eux modulo 12.
E Si on divise par 12 le produit de 7 et d’un entier quelconque, on n’obtient jamais
un reste égal à 1.
Question 10.
A Si un entier est congru à 6 modulo 7, alors sa puissance troisième est congrue
à 1 modulo 7.
B Aucun entier n’est tel que son carré soit congru à −3 modulo 7.
C La puissance troisième de tout entier est congrue à 0 ou 1 modulo 7.
D Si le produit de deux entiers est congru à 0 modulo 7, alors l’un des deux au
moins est multiple de 7.
E Si un entier est congru à 2 modulo 7, alors sa puissance neuvième est congrue
à 1 modulo 7.
Réponses : 1–BD 2–BC 3–AD 4–CE 5–AC 6–AD 7–CE 8–CE 9–BD 10–DE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
1. Soit a un entier. Montrer que l’ensemble des multiples entiers de a, noté aZ est
un sous-groupe de Z.
33
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3. Démontrer par récurrence que pour tout n, an et bn sont premiers entre eux.
4. Démontrer que pour tout n ∈ N, bn et bn+1 sont premiers entre eux.
5. Démontrer que pour tout n ∈ N, soit an et bn+1 sont premiers entre eux, soit
leurs diviseurs communs sont 1 et 2.
Exercice 2 : On pose a = 960 et b = 528.
1. Calculer pgcd(a, b) par l’algorithme d’Euclide, et en déduire une identité de Bé-
zout. Calculer ppcm(a, b).
2. Déterminer l’ensemble des couples (u, v) d’entiers relatifs tels que :
au + bv = pgcd(a, b) .
34
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G = { sa + tb , s, t ∈ Z } .
Observons que G n’est pas réduit à {0} car a et b sont non nuls. Soient s, s0 , t, t0
4 entiers :
(sa + tb) − (s0 a + t0 b) = (s − s0 )a + (t − t0 )b ∈ G .
Donc G est bien un sous-groupe de Z. Donc G = dZ, où d est le plus petit élément
strictement positif de G.
4. Soit k un diviseur commun à a et b : k divise tout entier de la forme sa + tb, donc
tout élément de G, en particulier d. Donc d est le pgcd de a et b.
5. Si a et b sont premiers entre eux, leur pgcd est 1 et le groupe G de la question 3
est Z tout entier. Donc il existe deux entiers s et t tels que sa+tb = 1. Multiplions
les deux membres par c : sac + tbc = c. Or a divise ac et bc, donc sac + tbc. D’où
le résultat.
Exercice 1 :
1. La propriété est vraie pour n = 0 : a0 = 2 et b0 = 1. Supposons-la vraie pour
n ∈ N.
√ √ √
(2 + 3)n+1 = (2 + 3)(an + bn 3)
√
= (2an + 3bn ) + (an + 2bn ) 3 .
35
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(2u − v)an+1 + (2v − 3u)bn+1 = (2u − v)(2an + 3bn ) + (2v − 3u)(an + 2bn )
= uan + vbn .
{ (5 + 11k, −9 − 20k) , k ∈ Z } .
3. On trouve :
a = 26 × 3 × 5 et b = 24 × 3 × 11 .
4. De la décomposition de a et b en facteurs premiers, on déduit :
36
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Exercice 3 :
1. Le résultat est vrai pour n = 0. Il est vrai aussi pour n = 1, car 82 = 64 =
63 + 1 ≡ 1 [21]. Supposons-le vrai pour n ∈ N. Alors :
82(n+1) = 82 82n ≡ 1 × 1 ≡ 1 [21] .
Donc pour tout n ∈ N, 82n ≡ 1 [21].
2. Observons que pour tout entier n :
n+1 n n
n+1 −4n
n
n
n
n
24 − 24 = 24 24 − 1 = 24 23×4 − 1 = 24 84 − 1 .
n
Or pour n > 1, 84 est une puissance paire de 8, qui d’après la question pré-
n+1 n
cédente, est congrue à 1 modulo 21. Donc pour n > 1, 24 ≡ 24 [21]. Or
24 + 5 = 21 ≡ 0 [21]. Le résultat s’ensuit, par récurrence.
3. On déduit de la première question que :
2 2
84 84
6416 = 82×16 ≡ 1 [21] .
On déduit de la deuxième question que :
42 42
168 42×8
2 =2 ≡ −5 [21] .
Or : 2 2 2
84 84 84
6416 = 216 3216 .
4 2
168
Donc le reste de la division par 21 de 32 est l’entier r compris entre 0 et 20
tel que −5r ≡ 1 [21], à savoir r = 4.
Exercice 4 :
1. Observons que 18 ≡ 4 [7] et 31 ≡ 3 [7]. Le tableau suivant donne les valeurs de
4x quand x parcourt Z/7Z.
x 0 1 2 3 4 5 6
4x 0 4 1 5 2 6 3
L’ensemble des solutions de l’équation 18x − 31 ≡ 0 [7] est l’ensemble des entiers
congrus à 6 modulo 7.
2. Procédons de même, en observant que −11 ≡ 3 [7].
x 0 1 2 3 4 5 6
4x2 0 4 2 1 1 2 4
3x 0 3 6 2 5 1 4
4x2 − 3x 0 1 3 6 3 1 0
Donc l’ensemble des solutions de l’équation proposée est l’ensemble des entiers
congrus à 2 ou à 4 modulo 7.
37
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3. On procède comme dans les questions précédentes, après avoir ramené l’équation
proposée à 4x3 + 4x2 + 4x ≡ 3 [7].
x 0 1 2 3 4 5 6
x2 0 1 4 2 2 4 1
x3 0 1 1 6 1 6 6
3 2
4x + 4x + 4x 0 5 0 2 0 4 3
38
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3 Compléments
3.1 Abacistes contre algoristes
Dans toutes les civilisations ayant développé un système d’écriture, une notation
pour les nombres est apparue. La majorité de ces systèmes de numération étaient
décimaux (en base 10) à l’exception notable des Babyloniens (base 60 : il nous en
reste des traces dans notre manière de diviser les heures et les minutes) et des Mayas
(base 20). Quelle que soit la base, le système de notation par chiffres que nous utilisons
actuellement ne s’imposait aucunement. Les Babyloniens, les Égyptiens, les Grecs et
les Romains avaient des notations différentes pour chaque puissance de la base. Vous
connaissez sans doute la notation en chiffres romains : I pour un, V pour cinq, X pour
dix, C pour cent, D pour cinq cent, M pour mille. Mais l’écriture de très grands nombres
était vite limitée.
Parallèlement aux systèmes de notation des chiffres, des outils de calcul, permettant
de réaliser les opérations usuelles sont également apparus très tôt. On les désigne sous
le nom générique d’abaques (qui vient d’un mot grec signifiant « table à poussière »).
Le principe commun est de constituer des colonnes dans lesquelles on place de petits
cailloux (calculus en latin, d’où le mot « calcul ») ou des jetons. Chaque colonne est
associée à une puissance de dix : le nombre de jetons dans la colonne de droite indique
le chiffre des unités, dans la colonne suivante le chiffre des dizaines, etc. Les bouliers
sont des abaques dont les colonnes sont remplacées par des tiges le long desquelles
on fait descendre les jetons. Pour passer d’un abaque à la numération de position, il
fallait d’une part avoir l’idée de représenter par un symbole chacune des 9 quantités
de jetons que l’on pouvait trouver dans une colonne, et aussi inventer un symbole pour
noter une colonne vide. Ce passage a été effectué en Inde, semble-t-il dès les premiers
siècles de notre ère. Mais noter ainsi un nombre en calquant sa représentation sur un
abaque, ne signifiait pas pour autant que l’on sache effectuer des calculs sans abaque,
en écrivant seulement des nombres. Il fallait pour cela accepter de considérer le symbole
de la colonne vide, le zéro, comme un nombre ayant ses propres règles de calcul. Il est
difficile de dater précisément l’apparition du zéro. La première trace indiscutable se
trouve dans l’œuvre du mathématicien-astronome Āryabhata, en 499 après J.-C. On y
trouve explicitement énoncée la notion de position. Voici le début de son poème, écrit
en strophes de deux vers.
Ayant rendu hommage à Brahma, à la Terre, à la Lune, à Mercure, à Vénus,
au Soleil, à Mars, à Jupiter, à Saturne et aux constellations, Āryabhata en la
Cité des Fleurs (Pataliputra), expose comme suit les éléments de la science
très vénérable.
Eka (unités), daçan (dizaines), çata (centaines), sahasra (milliers), ayuta
(dix-milliers), niyuta (cent milliers), prayuta (millions), kôti (dix-millions),
arbuda (cent millions), et vārnda (milliards) sont, de place en place, dé-
cuples l’un de l’autre.
39
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La première mention des chiffres indiens hors de l’Inde est due à Sévère Sebôkht, figure
de proue de l’Église nestorienne en Syrie au viie siècle.
J’éviterai toute discussion sur la science des Indiens, [. . . ] sur leurs décou-
vertes subtiles en astronomie, découvertes qui sont plus ingénieuses que
celles des Grecs et des Babyloniens, sur leurs méthodes de calcul de grande
valeur qui dépassent la description. Je désire seulement dire que leurs cal-
culs sont faits au moyen de neuf signes. Si ceux qui croient, parce qu’ils
parlent Grec, qu’ils sont arrivés aux limites de la science, lisaient les textes
indiens, ils seraient convaincus bien qu’un peu tard, que d’autres savent des
choses de valeur.
Ces « méthodes de calcul de grande valeur » convainquirent les savants musulmans, qui
se mirent à les diffuser. Al-Khawarizmi écrit son livre « sur le calcul avec les nombres
Hindous » en 825, puis al Kindi publie quatre tomes sur le même sujet en 830. Ces
livres furent responsables de la diffusion du système de numération indien dans le
monde islamique, puis finalement en occident. Le mot algorithme s’est d’abord écrit
algorizme en l’honneur d’al-Khawarizmi puis a changé d’orthographe sous l’influence
du grec. Son sens a beaucoup varié au cours des siècles. L’Encyclopédie de Diderot et
40
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41
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Il est des personnes, ô roi Gélon, qui pensent que le nombre des grains de
sable est infini. Je ne parle point du sable qui est autour de Syracuse et qui
est répandu dans le reste de la Sicile, mais bien de celui qui se trouve non
seulement dans les régions habitées, mais encore dans les régions inhabitées.
Quelques-uns croient que le nombre des grains de sable n’est pas infini, mais
qu’il est impossible d’assigner un nombre plus grand. Si ceux qui pensent
ainsi se représentaient un volume de sable qui fût égal à celui de la terre, qui
remplît toutes ses cavités, et les abîmes de la mer, et qui s’élevât jusqu’aux
sommets des plus hautes montagnes, il est évident qu’ils seraient bien moins
persuadés qu’il pût exister un nombre qui surpassât celui des grains de sable.
Quant à moi, je vais faire voir par des démonstrations géométriques aux-
quelles tu ne pourras refuser ton assentiment, que parmi les nombres dé-
nommés par nous dans les livres adressés à Zeuxippe, il en est qui excèdent
le nombre des grains d’un volume de sable égal non seulement à la grandeur
de la terre, mais encore à celui de l’univers entier.
[. . . ]
Telles sont les suppositions que nous faisons. Mais je pense qu’il est néces-
saire à présent d’exposer les dénominations de nombres ; si je n’en disais
rien dans ce livre, je craindrais que ceux qui n’auraient pas lu celui que j’ai
adressé à Zeuxippe ne tombassent dans l’erreur. On a donné des noms aux
42
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nombres jusqu’à une myriade et au-delà d’une myriade, les noms qu’on a
donné aux nombres sont assez connus, puisqu’on ne fait que répéter une
myriade jusqu’à dix mille myriades.
Que les nombres dont nous venons de parler et qui vont jusqu’à une my-
riade de myriades soient appelés nombres premiers, et qu’une myriade de
myriades des nombres premiers soit appelée l’unité des nombres seconds ;
comptons par ces unités, et par les dizaines, les centaines, les milles, les
myriades de ces mêmes unités, jusqu’à une myriade de myriades. Qu’une
myriade de myriades des nombres seconds soit appelée l’unité des nombres
troisièmes ; comptons par ces unités, et par les dizaines, les centaines, les
milles, les myriades de ces mêmes unités, jusqu’à une myriade de myriades ;
qu’une myriade de myriades des nombres troisièmes soit appelée l’unité des
nombres quatrièmes ; qu’une myriade de myriades de nombres quatrièmes
soit appelée l’unité des nombres cinquièmes, et continuons de donner des
noms aux nombres suivants jusqu’aux myriades de myriades de nombres
composés de myriades de myriades des nombres troisièmes.
Bon, vous avez compris, Archimède sait compter jusqu’à beaucoup !
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à 20 ans professeur de physique mathématique à Pise, il part dès l’année suivante pour
une année sabbatique en France, où ses origines et ses connaissances lui permettent
de se lier avec les plus grands scientifiques de l’époque. De retour en Italie, ses idées
libérales et son activisme politique le compromettent vite, et il doit s’exiler. Revenu
en France, sa réputation scientifique grandit. Il est naturalisé français en 1833 et est
élu la même année à l’Académie des Sciences. Il obtient une chaire de professeur à la
Sorbonne puis au Collège de France, et reçoit la Légion d’Honneur. Il est même nommé
Inspecteur Général des Bibliothèques en 1841. Les doutes des bibliothécaires sur les
coïncidences entre ses visites et des disparitions de manuscrits, conduisent à sa mise en
accusation. Il est expulsé de l’Académie en 1847 par un billet laconique.
Monsieur, vous ignorez sans doute la découverte qui a été faite du rap-
port judiciaire concernant votre inspection dans les bibliothèques publiques.
Croyez-moi, épargnez à la Société Nouvelle des réactions qui lui répugnent ;
ne venez plus à l’Institut.
Il a la sagesse de suivre le conseil, et quitte Paris pour l’Angleterre avant d’être
condamné par contumace à 10 ans de réclusion par la cour d’assise du département
de la Seine en 1850. On trouve dans le jugement des détails impressionnants sur la
masse de livres et de manuscrits que Libri avait accumulés : 17 caisses saisies chez lui,
sans compter tous ceux qu’il avait réussi à expédier à l’étranger, en tout une collection
estimée à 30 000 documents. On y trouve aussi quelques détails savoureux.
Le jeune Abry aurait déclaré à deux témoins qu’il avait travaillé chez Libri ;
que pendant quinze jours ou trois semaines il avait été employé à gratter
et à faire disparaître des cachets et timbres sur les livres ; que Libri avait
voulu se mêler de ce travail mais qu’il avait dû l’abandonner parce qu’il s’en
acquittait mal et qu’il faisait des trous dans le papier.
Libri se défend vigoureusement depuis Londres dans un long plaidoyer, intitulé « Lettre
à M. De Falloux, Ministre de l’Instruction Publique et des cultes contenant le récit d’une
odieuse persécution et le jugement porté sur cette persécution par les hommes les plus
compétents et les plus considérables de l’Europe. » Elle commence ainsi.
On ne me taxera pas l’impatience. Il y a aujourd’hui un an, que le
Moniteur Universel, obéissant aux ordres de mes ennemis personnels, me
calomniait officiellement au nom du Gouvernement provisoire de la Répu-
blique française ! Cette publication a rencontré le blâme général : ce Rapport,
à l’aide duquel on avait espéré me perdre, est devenu la risée de l’Europe,
et pourtant je n’ai encore vu mettre un terme à aucune des mesures ex-
ceptionnelles qui ont été prises contre moi. Tous mes biens saisis et mal
protégés ; ma bibliothèque, mes travaux scientifiques, ma correspondance
la plus intime, tous mes papiers, livrés sans inventaire, sans aucune forme
protectrice à mes ennemis devenus maîtres absolus chez moi [. . . ]
Rien n’y fera : malgré le soutien de quelques amis, dont Prosper Mérimée qui ira même
en prison pour une défense un peu trop vigoureuse, son procès ne sera pas révisé et il
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prétendue géométrie de position des Arabes et sur le peu de cas que l’on
doit faire de l’inexactitude de Delambre.
Qu’avait donc affirmé Chasles qui prête autant à controverse ? Il avait publié en 1836 à
Bruxelles un mémoire « sur le passage du premier livre de la géométrie de Boèce relatif
à un nouveau système de numération »
De ce qui précède nous croyons pouvoir conclure que le système de numéra-
tion exposé par Boèce est le système décimal, dans lequel les neuf chiffres,
dont il se sert prenaient des valeurs de position, croissant en progression
décuple de droite à gauche.
Boèce (480-524) est bien l’auteur d’une « Institution Arithmétique » dans laquelle il
traduit en Latin et commente les œuvres de Nicomaque de Gérase, il a peut-être écrit
un traité de géométrie commentant l’œuvre d’Euclide, mais celui-ci n’a jamais été
retrouvé. La « Géométrie » que Chasles lui attribue est un faux. Le bibliophile averti
qu’est Libri n’a aucune peine à tailler en pièces le mémoire de Chasles. La controverse
a eu au moins deux suites heureuses : l’étude des sources mathématiques arabes en a
été ravivée, et Chasles, après la condamnation de Libri a finalement obtenu comme il
le souhaitait depuis si longtemps son siège à l’Académie. Mais le manuscrit de Boèce
n’était qu’un galop d’essai : trente ans plus tard, Chasles réalisera son coup de maître
en achetant à un certain Vrain-Lucas des milliers de faux grossiers dont il tirera encore
quelques communications retentissantes à l’Académie des Sciences.
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troisième assez loin dans les centaines, 496 ; quant au quatrième, dans le
domaine des mille, il est voisin de dix mille, c’est 8128. Ils ont un carac-
tère commun, c’est de se terminer par un 6 ou par un 8, et ils sont tous
invariablement pairs.
Il n’y a bien que 4 nombres parfaits inférieurs à 10000 : 6, 28, 496 et 8128. La Proposition
IX.36 des Éléments d’Euclide affirme que tous les nombres de la forme 2k−1 (2k −1) pour
k ∈ N sont parfaits si 2k − 1 est premier : sauriez-vous le démontrer ? Le problème de
la réciproque (tous les nombres parfaits sont-ils de cette forme ?) a été posé par Thabit
ibn Qurra au ixe siècle, Ibn al-Haytham vers l’an 1000, puis par Descartes en 1638 dans
une lettre à Mersenne, puis par Franz van Schooten en 1658 dans une lettre à Fermat.
Ce n’est qu’en 1732 qu’Euler montre qu’il n’y a pas d’autre nombre parfait pair. On
ignore toujours s’il y en a une infinité, et s’il existe des nombres parfaits impairs : aucun
n’a été trouvé jusqu’à 10300 , mais qui sait ? De même, on ignore toujours s’il existe des
nombres quasi-parfaits. Le plus petit nombre abondant impair est 945 mais il en existe
une infinité : tout multiple strict d’un nombre parfait ou abondant est abondant.
Deux nombres n et m tels que s(n) = m et s(m) = n sont dits amicaux ou amiables.
Les nombres amicaux sont depuis très longtemps chargés d’une forte connotation sym-
bolique. Dans la Bible, Jacob donne deux cent chèvres et vingt boucs, et autant de
brebis et de béliers à son frère aîné Ésaü (pour éviter que celui-ci le tue. . . ) ; pourquoi
220 ? On rapporte que Pythagore aurait qualifié un ami d’« un autre lui, comme le
sont 220 et 284 ». Ce couple de nombres amicaux était apparemment le seul connu des
Grecs, mais les Arabes en trouvèrent bien d’autres. Thabit ibn Qurra (826-901) ouvrit
la première voie systématique, en démontrant le résultat suivant.
Soit n un entier supérieur à 1, et soient a = 3(2n ) − 1, b = 3(2n−1 ) − 1 et c =
9(2 2n−1
) − 1. Si a, b et c sont premiers, alors 2n (ab) et 2n (c) sont amicaux.
Al-Farisi (1260-1320) découvrit le couple (17 296 , 18 416), Muhammad Baqir Yazdi
le couple (9 363 584 , 9 437 056). Comme souvent, ces résultats furent ignorés puis re-
découverts par les Européens, et c’est ainsi que le couple d’Al Farisi porte le nom de
Fermat, celui de Yazdi le nom de Descartes, les nombres de la forme 2n − 1 sont les
nombres de Mersenne. Les nombres de la forme 3(2n )−1 ont tout de même été nommés
« nombres de Thebit », en l’honneur de Thabit ibn Qurra.
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Le Sunzi suanji n’a pas pu être daté précisément : probablement entre le iiie et le
vie siècle. Voici le problème 26, chapitre 3 1 .
Soit des objets dont on ignore le nombre. En les comptant 3 par 3 il en
reste 2 ; en les comptant 5 par 5, il en reste 3 et en les comptant 7 par 7, il
en reste 2. Combien y a-t-il d’objets ?
Réponse : 23.
Règle : « En comptant par 3, il en reste 2 » : poser 140 ; « En comptant par
5, il en reste 3 » : poser 63 ; « En comptant par 7, il en reste 2 » : poser 30.
Faire la somme de ces 3 nombres, obtenir 233. Soustraire 210 de ce total,
d’où la réponse.
En général : pour chaque unité restante d’un décompte par 3, poser 70 ;
pour chaque unité restante d’un décompte par 5, poser 21 ; pour chaque
unité restante d’un décompte par 7, poser 15. Si la somme ainsi obtenue
vaut 106 ou plus, ôter 105 pour trouver la réponse.
Si vous avez bien compris le théorème, vous ne devriez pas avoir de peine à retrouver les
nombres que Sunzi recommande de « poser », et à reconnaître le produit 3×5×7 = 105.
Tant que vous y serez, renseignez le cuisinier sur son bateau de pirates :
Dix-sept pirates s’emparent d’un lot de pièces d’or toutes identiques. Leur
loi exige un partage à égalité : chacun doit recevoir le même nombre de
pièces d’or et, s’il en reste, elles sont attribuées au cuisinier de bord. Dans
le cas présent, la part du cuisinier serait de trois pièces, mais les pirates se
querellent et six d’entre eux sont tués, ce qui porte la part du cuisinier à
quatre pièces. Au cours d’une terrible tempête, le bateau fait naufrage et ne
survivent que six pirates et le cuisinier. Par bonheur, le butin est sauvé. La
part du cuisinier est maintenant de cinq pièces. Que peut espérer gagner le
cuisinier lorsqu’il décide d’empoisonner le reste de l’équipage, sachant que
c’est la plus petite des solutions possibles ?
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encore plus tard les Européens, ait été en fait un de ses « commentaires ». Finalement
la seule chose certaine à propos d’Hypathie est qu’elle est la première femme a avoir
laissé un nom dans l’histoire des mathématiques.
L’édition europénne la plus célèbre de l’Arithmétique de Diophante est une traduc-
tion latine datée de 1621, due à Gaspard Bachet de Méziriac, natif de Bourg-en-Bresse.
À part cette traduction, Bachet de Méziriac est aussi connu pour un ouvrage intitulé
« Problèmes plaisans et délectables qui se font par les nombres », et pour être le premier
découvreur (européen) de l’identité de Bézout. Pourquoi cette édition de 1621 est-elle
si célèbre ? Parce que Pierre de Fermat en possédait une copie, dont il griffonnait les
marges de ses réflexions. Le livre fut plus tard réédité par son fils Samuel en incluant
les remarques du père, dont celle-ci :
Cubum autem in duos cubos, aut quadratoquadratum in duos quadrato-
quadratos et generaliter nullam in infinitum ultra quadratum potestatem in
duos eius-dem nominis fas est dividere cuius rei demontrationem mirabilem
sane detexi. Hanc marginis exiguitas non caperet.
Mmh . . . « aucune puissance jusqu’à l’infini ». . . « j’en ai découvert une démonstration
merveilleuse ». . . « Cette marge est trop étroite pour la contenir ». . . hein ? Voici ce
qu’en pensait Legendre en 1825.
Les dernières paroles de cette note autorisent à croire que la démonstration
dont parle Fermat, n’aurait occupé qu’un petit nombre de pages, s’il les
avait eues à sa disposition. Cette démonstration était donc beaucoup plus
simple que celle dont nous nous servons dans cet écrit pour prouver seule-
ment que la solution, s’il y en avait une dans quelque cas, ne pourrait être
donnée que par des nombres d’une grandeur prodigieuse. Mais ne poussons
pas trop loin des observations qui nous induiraient à penser que Fermat a
pu se méprendre sur l’exactitude ou la généralité de sa solution.
La « merveilleuse démonstration » de Fermat est un élément tellement central de l’his-
toire des mathématiques des trois derniers siècles qu’elle mérite bien qu’on lui consacre
quelques sections, non ?
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∃(a, b, c) ∈ N∗ , a4 − b4 = c2 (P2)
(
∗ a2 + b 2 = c 2
∃(a, b, c, d) ∈ N , (P3)
a2 − b2 = d2
(
∗ a2 + 2b2 = c2
∃(a, b, c, d) ∈ N , (P4)
a2 + b 2 = d 2
(
∗ a2 + 2b2 = c2
∃(a, b, c, d) ∈ N , (P5)
(a2 )2 + (2b2 )2 = d2
Observez que si a4 − b4 = c2 n’a pas de solution (problème (P2)), alors x4 + y 4 = z 4
n’en a pas non plus. Les cinq premières affirmations disent respectivement :
1. (P1) =⇒ (P2)
2. (P2) =⇒ (P3)
3. (P3) =⇒ (P4)
4. (P4) =⇒ (P5)
5. (P5) =⇒ (P3)
Vous pouvez chercher vous-mêmes les démonstrations de ces implications, qui ne sont
pas immédiates. Les deux principaux ingrédients sont :
1. la caractérisation d’Euclide des triplets pythagoriciens,
2. le fait que si le produit de deux nombres premiers entre eux est un carré, chacun
des deux nombres est lui-même un carré (commencez par le démontrer).
Au fil des arguments revenant de (P3) à (P3) en passant par (P4) et (P5), les sommes
d’entiers concernés diminuent strictement (affirmation 6). Arrive alors l’argument mas-
sue de la « descente infinie » (affirmation 7) : si partant de 4 entiers a, b, c, d solution
d’un problème donné, on construit 4 autres entiers (a0 , b0 , c0 , d0 ) solution du même pro-
blème et vérifiant a0 + b0 + c0 + d0 < a + b + c + d, alors le problème n’a pas de solution.
Pas convaincu ? Démontrez rigoureusement par récurrence sur n qu’il n’existe pas de
solution vérifiant a + b + c + d 6 n, pour tout n. Fermat n’a pas inventé cet argument
que l’on trouve déjà chez Euclide. Mais il en a fait un usage tellement intensif et astu-
cieux qu’on l’a baptisé depuis « descente infinie de Fermat ». En 1654 il avait promis à
Pascal un traité rassemblant tous ses résultats basés sur la descente infinie ; il n’écrira
finalement cette compilation qu’en 1659. Rappelons que Pascal est le premier à avoir
formalisé le raisonnement par récurrence. . . en 1654.
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y 2 − x2 = z 2 − y 2 = 4mn(m + n)(m − n) .
Vérifiez le calcul et ayez une pensée admirative pour Fibonacci qui ne raisonnait que
sur des rapports de surfaces et de longueurs, sans utiliser notre notation littérale.
Fibonacci appelle congruum les nombres de la forme 4mn(m + n)(m − n), et étudie
leurs propriétés. Il démontre en particulier qu’ils sont forcément divisibles par 24. Plus
loin dans le même ouvrage, il démontre que si x > y, le rapport (x + y)/(x − y) n’est
jamais égal au rapport x/y (vérifiez-le vous-mêmes). De là, dit Fibonacci, on peut
démontrer qu’aucun nombre carré ne peut être un congruum. Dommage qu’il n’ait pas
dit pourquoi ! Car si un congruum n’est jamais un carré, alors avoir à la fois y 2 −c2 = x2
et y 2 + c2 = z 2 est impossible : la somme et la différence de deux carrés ne peuvent
pas être toutes deux des carrés. C’est le problème (P3) de la section précédente, dont
nous avons vu qu’il menait au cas n = 4 du Dernier Théorème de Fermat. Fibonacci
n’en était pas loin. . . plus de quatre siècles avant Fermat.
5. R. B. McClenon : Leonardo of Pisa and his Liber Quadratorum, Amer. Math. Monthly, 26(1)
(1919)
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Germain qui nous sont parvenus. Il ressort de leur étude que Sophie Germain avait un
plan d’attaque sur le théorème de Fermat bien plus ambitieux que ne le laisse croire
la place marginale à laquelle elle a été reléguée. Elle comptait, en procédant par l’ab-
surde, démontrer que s’il y avait une solution, alors nécessairement les trois nombres
x, y, z vérifiant xp + y p = z p devraient être arbitrairement grands. Dans le mémoire de
Legendre on lit un plan analogue, mais avec des méthodes de démonstration complè-
tement différentes. Pourtant, autant Legendre que Sophie Germain connaissaient les
raisons pour lesquelles leurs plans ne suffiraient pas à démontrer le théorème dans toute
sa généralité. Celui de Legendre a permis de régler de nombreux cas. Qu’en aurait-il
été si tous les travaux de Sophie Germain avaient été publiés ? On ne le saura jamais,
mais certaines de ses techniques n’ont été redécouvertes qu’au siècle suivant. Voici ce
qu’elle en dit.
Je n’ai jamais pu arriver à l’infini, quoique j’aie reculé bien loin les limites
par une méthode de tâtonnement trop longue pour qu’il me soit possible
de l’exposer ici. Je n’oserais même pas affirmer qu’il n’existe pas une limite
au-delà de laquelle tous les nombres de la forme 2N p + 1 auraient deux
résidus p-ièmes placés de suite dans la série des nombres naturels. C’est le
cas qui intéresse l’équation de Fermat.
Vous concevrez aisément, Monsieur, que j’ai dû parvenir à prouver que
cette équation ne serait possible qu’en nombres dont la grandeur effraie
l’imagination. Car elle est encore assujettie à bien d’autres conditions que
je n’ai pas le temps d’énumérer à cause des détails nécessaires pour en
établir [la véracité ( ?)]. Mais tout cela n’est encore rien, car il faut l’infini
et non pas le très grand.
La lettre dont ce passage est extrait date de 1819 et est adressée à Gauss. Il avait
un an de moins qu’elle, mais était devenu célèbre très vite. En 1801 (à 24 ans) il pu-
blie « Disquisitiones Arithmeticae », un livre très moderne dans sa manière d’aborder
l’arithmétique, que Sophie Germain étudie soigneusement. Elle écrit alors à l’auteur
pour lui faire part de ses découvertes en utilisant le même stratagème qu’avec Lagrange
quelques années plus tôt. On trouve dans la correspondance de Gauss des traces de
ce « Monsieur Leblanc » de Paris qu’il tient en haute estime. Mais à l’automne 1806,
les troupes de Napoléon envahissent la Prusse où réside Gauss. Sophie Germain, se
souvenant peut-être du sort d’Archimède lors du siège de Syracuse, avertit un ami de
la famille, le général Pernety, qu’il convient de protéger à tout prix ce grand savant.
Pernety s’acquitte de sa mission, rencontre Gauss, et lui dit à qui il doit sa recomman-
dation. Sophie Germain écrit alors à Gauss sous son vrai nom et dévoile la supercherie.
Dans la réponse (en français alors qu’il n’écrivait qu’en latin ou en allemand) que Gauss
envoie en remerciement à Sophie Germain le 30 avril 1807, on sent au-delà des formules
de politesse, une réelle admiration : le grand Gauss, connu pour son exigence et son ca-
ractère difficile, est clairement impressionné. Voici le début de cette lettre (orthographe
prove Fermat’s Last Theorem, (2010)
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de Gauss).
Votre lettre du 20 février, mais qui ne m’est parvenue que le 12 mars, a
été pour moi la source d’autant de plaisir que de surprise. Combien l’acqui-
sition d’une amitié aussi flateuse et précieuse est-elle douce à mon cœur !
L’intérêt vif, que vous avez pris à mon sort pendant cette guerre funeste,
mérite la plus sincère reconnaissance. Assurément, votre lettre au général
Pernety m’eût été fort utile, si j’avais été dans le cas d’avoir recours à une
protection spécielle de la part du gouvernement françois. Heureusement les
evenements et les suites de la guerre ne m’ont pas touché de trop près jus-
qu’ici, bien que je sois persuadé qu’elles auront une grande influence sur
le plan futur de ma vie. Mais comment vous décrire mon admiration et
mon étonnement, en voïant se metamorphoser mon correspondant estimé
M. Leblanc en cette illustre personnage, qui donne un exemple aussi brillant
de ce que j’aurois peine de croire. Le goût pour les sciences abstraites en
général et surtoût pour les mysteres des nombres est fort rare : on ne s’en
étonne pas ; les charmes enchanteurs de cette sublime science ne se decelent
dans toute leur beauté qu’à ceux qui ont le courage de l’approfondir. Mais
lorsqu’une personne de ce sexe, qui, par nos mœurs et par nos préjugés, doit
rencontrer infiniment plus d’obstacles et de difficultés, que les hommes, à
se familiariser avec ces recherches epineuses, sait neansmoins franchir ces
entraves et penétrer ce qu’elles ont de plus caché, il faut sans doute, qu’elle
ait le plus noble courage, des talens tout à fait extraordinaires, le génie su-
périeur. En effet, rien ne pourroit me prouver d’une manière plus flatteuse
et moins équivoque, que les attraits de cette science, qui ont embelli ma vie
de tant de jouissances, ne sont pas chimériques, que la predilection, dont
vous l’avez honorée.
Les notes savantes, dont toutes vos lettres sont si richement remplies, m’ont
donné mille plaisirs. Je les ai étudiées avec attention, et j’admire la facilité
avec laquelle vous avez pénétré toutes les branches de l’Arithmetique, et la
sagacité avec laquelle vous les avez su généraliser et perfectionner.
Comment les lettres et les manuscrits de Sophie Germain nous sont-ils parvenus, alors
qu’elle-même n’a jamais rien publié de ses résultats arithmétiques ? Grâce à Guillaume
Libri, qui a lui-même publié ses propres réflexions sur le théorème de Fermat, mais
qui est surtout resté dans l’histoire pour s’être constitué à force de vols dans les bi-
bliothèques publiques, une collection personnelle phénoménale. Il avait lié connaissance
avec Sophie Germain lors d’une année sabbatique passée à Paris en 1824 et se disait
son ami. La renommée mathématique de Sophie Germain était alors bien établie, et elle
siégait (comme auditrice, n’exagérons rien tout de même) à l’Académie des Sciences,
que Libri fréquentait assidument. Aujourd’hui les manuscrits de Sophie Germain sont
partagés entre la Bibliothèque Nationale à Paris et la Biblioteca Moreniana, à Florence.
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ar = aϕ(n)
Y Y Y
r≡ r [n] .
r∈P r∈P r∈P
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Il faudra un siècle d’efforts après Legendre et Gauss pour démontrer ce résultat, mais
la même année 1896, deux mathématiciens y parviennent indépendamment : Charles-
Jean de la Vallée Poussin (1866–1962) et Jacques Hadamard (1865–1965). Le second est
un des plus grands mathématiciens français 9 . Élève brillant, il avait été classé premier
aux deux concours de l’École Normale Supérieure et de l’École Polytechnique, avec
une moyenne record de 18.34 au second. D’une longévité scientifique exceptionnelle, il
écrivit son dernier livre sur les équations aux dérivées partielles à plus de 90 ans. On dit
qu’il a inspiré le personnage du « Savant Cosinus » (mais on le dit aussi d’Émile Picard).
Ce qui est sûr c’est que sa distraction a plus d’une fois fait trembler ses proches. À
l’occasion de vacances dans les Alpes en 1882, il était allé au glacier des Bossons avec
sa petite sœur Germaine, alors âgée de sept ans, ramasser des plantes pour son herbier.
De retour à la maison, sa mère lui demanda ce qu’il avait fait de Germaine. Il avoua
qu’il l’avait oubliée et il courut pour la retrouver. Le début de sa carrière d’enseignant
ne fut pas particulièrement facile. En 1892, le Vice-Recteur de l’Académie de Paris en
appelle au Ministre 10 .
Le dernier rapport bimensuel de M. le Proviseur du Lycée Buffon contient
au sujet de M. Hadamard la note suivante.
« Les classes de M. Hadamard laissent de plus en plus à désirer. Aucun
souci des intérêts moraux des élèves petits et grands. Aucune autorité sur
eux. Une discipline cassante et capricieuse. Des plaintes continuelles et des
demandes de punition faciles à éviter avec un peu de fermeté et de bonté
sérieuse. Nulle préparation pratique des classes. M. Hadamard se croit dis-
pensé de tout par ses remarquables aptitudes mathématiques. Plus nous
allons, plus nous sacrifions le bien public aux convenances personnelles de
ce jeune savant ».
9. V.G. Maz’ia, T. Shaposhnikova : Jacques Hadamard, un mathématicien universel, EDP Sciences,
2005
10. Cette lettre m’a été aimablement communiquée par Claudine Schwartz, petite-nièce de Jacques
Hadamard
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Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Tout le monde connaît les fonctions polynomiales : ce sont simplement les fonctions
comme t 7→ 4 + 5t2 + 7t3 + t5 . Les polynômes en sont une version plus algébrique, dont
les avantages peuvent paraître assez subtils la première fois qu’on les découvre ; soyez
cependant assurés qu’ils existent, y compris si on en reste à un point de vue purement
pratique. Un bagage minimum suffit pour aborder ce chapitre : un peu d’arithmétique
des entiers et quelques notions sur les espaces vectoriels, sans même que ce soit vraiment
indispensable.
2 Entraînement 28
2.1 Vrai ou Faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3 Compléments 47
3.1 Algorithme de Horner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2 Règle des signes de Descartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.3 Suites de Sturm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.4 Division suivant les puissances croissantes . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.5 Formule de Cardan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
8 novembre 2011
Maths en Ligne Polynômes et fractions rationnelles UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Anneau des polynômes
L’idée de la construction sera peut-être compréhensible si on se demande comment
stocker une fonction polynomiale de R dans R dans une mémoire de machine : stocker
toutes les valeurs de la fonction étant impossible, un bon procédé pour représenter la
fonction t 7→ 4 + 5t2 + 7t3 + t5 , par exemple, sera de stocker la suite de ses coefficients ;
on entrera donc dans la machine la suite 405701, ce qui indique que le coefficient de t0
est 4, celui de t est 0, celui de t2 est 5, etc.
Ce procédé de stockage sera tout bonnement la définition même des polynômes.
Simplement, comme un polynôme peut en théorie être de degré gigantesque, bien plus
grand que les capacités de stockage de toute machine, il faudra se résigner à stocker une
infinité de coefficients, dont seuls les N premiers seront non nuls (la métaphore technolo-
gique s’écroule alors) : ainsi notre polynôme-exemple sera stocké comme 4057010000 . . .
(puis encore une infinité de 0), occupant inutilement une infinité de cases-mémoire.
Définition 1. Soit (A, +) un groupe de neutre 0. Une suite (an )n∈N d’éléments de A
est dite à support fini, ou bien nulle à partir d’un certain rang, si le nombre d’indices
n pour lesquels an 6= 0 est fini. En d’autres termes, il existe un indice N fini tel que
an 6= 0 implique n 6 N .
et n
X
(an )n∈N · (bn )n∈N = (cn )n∈N où cn = ak bn−k .
k=0
Proposition 1. L’ensemble B muni des deux lois définies ci-dessus est un anneau
commutatif.
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Pour ce qui concerne la deuxième loi, on doit tout d’abord vérifier que (cn )n∈N est
bien une suite de B. Avec les mêmes notations que pour l’addition, pour tout indice
n > M + N , dans le calcul de
n
X N
X n
X
cn = ak bn−k = ak bn−k + ak bn−k ,
k=0 k=0 k=N +1
tous les termes de la première somme sont nuls, car les indices utilisés sont tels que
n − k > M + N − k > M donc bn−k = 0. Tous les termes de la deuxième somme sont
nuls aussi car k > N donc ak = 0. Tous les coefficients cn pour n > M + N sont donc
nuls et (cn )n∈N est bien un élément de B.
On va ensuite vérifier que pour ces formules, B est un anneau commutatif. C’est
peu engageant et il n’y a guère d’astuces. Il faut calculer brutalement.
Commutativité
Soient (ai )i∈N et (bj )j∈N deux éléments de B ; notons (ck )k∈N le produit de (ai )i∈N
k
X k
X
par (bj )j∈N . Alors pour tout k > 0, ck = ai bk−i = ak−j bj (en posant j = k − i) ;
i=0 j=0
cette expression est bien celle qu’on trouverait en faisant le produit dans l’autre sens
(en utilisant la commutativité de A).
Associativité
Soient (an )n∈N , (bn )n∈N et (cn )n∈N trois éléments de B ; notons (dn )n∈N le produit
de (bn )n∈N par (cn )n∈N . Notons (en )n∈N le produit de (an )n∈N par (dn )n∈N . Pour n > 0,
calculons
n
X n
X n−i
X X
en = ai dn−i = ai cj bn−i−j = ai bn−i−j cj ,
i=0 i=0 j=0 (i,j)
où la dernière somme porte sur tous les couples (i, j) ∈ N2 tels que i + j 6 n.
On trouverait la même chose en calculant de la même façon le produit de (an )n∈N ·
(bn )n∈N par (cn )n∈N .
Existence d’un élément neutre
La suite (1, 0, 0, 0, . . .) est neutre pour cette multiplication.
Distributivité
Encore une vérification ennuyeuse, celle-là on va l’omettre.
On a bien vérifié que B est un anneau commutatif.
(0, 1, 0, 0, . . .)
de B dont tous les termes sont nuls sauf le terme de numéro 1 qui vaut 1. On note
souvent (mais pas toujours) X l’indéterminée.
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P = ad X d + ad−1 X d−1 + · · · + a1 X + a0 .
Démonstration : Il suffit de remarquer que, pour tout n > 1, X n est la suite dont
tous les termes sont nuls sauf le terme de numéro n qui vaut 1. Ensuite, on réécrit les
définitions.
Notation 2. Si X est l’indéterminée de B, on note B = A[X] et on appelle A[X]
l’anneau des polynômes sur A.
Profitons-en pour faire quelques calculs.
Exemple 1. Soient P = X 3 − 3X 2 + 2 et Q = X 2 − X + 2. Il s’agit de calculer le
polynôme P Q.
On pourra décomposer un des deux polynômes, par exemple Q, en somme de mo-
nômes, donc X 2 , −X et 2, puis effectuer chacune des multiplications de P par ces
monômes, et enfin tout regrouper. Une présentation claire, en alignant les monômes de
mêmes degrés, est une condition nécessaire de calcul sans erreurs.
X2 × P = X 5 −3X 4 +2X 2
−X × P = −X 4 +3X 3 −2X
3 2
2×P = 2X −6X +4
Q×P = X 5 −4X 4 +5X 3 −4X 2 −2X +4
Définition 3. Pour tout élément P non nul de A[X], l’unique entier d > 0 intervenant
dans l’écriture de P en fonction de l’indéterminée dans la proposition 2 est appelé le
degré de P . Par convention, le degré du polynôme nul est le symbole −∞.
Notation 3. Le degré d’un polynôme P est noté deg P .
Définition 4. Pour P élément non nul de A[X], le coefficient dominant de P est le
coefficient ad du terme de plus haut degré dans l’écriture de P en fonction de l’indé-
terminée. Par convention, le coefficient dominant du polynôme nul est 0. Enfin, un
polynôme est dit unitaire lorsque son coefficient dominant est égal à 1.
3
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Il apparaît alors que deg(P +Q) = d = max(deg P, deg Q). Le cas où d < e est similaire.
Enfin, lorsque d = e, on a un regroupement :
P + Q = (ad + bd )X d + · · · + (a0 + b0 ).
Remarque : Pour un anneau non intègre, on a encore une inégalité, mais cela ne semble
pas indispensable à mémoriser (d’autant que la preuve en est très facile).
Démonstration : Essentiellement déjà faite.
Si P ou Q est nul, c’est évident ; sinon notons d le degré de P et e le degré de Q
puis P = ad X d + · · · + a0 et Q = be X e + · · · + b0 pour des ai et bi dans A. On a alors
Si on n’est pas convaincu par les points de suspension, on écrira plus précisément :
d+e k
!
ai bk−i X k ,
X X
PQ =
k=0 i=0
Notation 4. Le polynôme dérivé de P est noté P 0 . Par analogie avec les fonctions, on
notera ensuite P 00 la dérivée de P 0 , puis P (n) la dérivée n-ième.
(P + Q)0 = P 0 + Q0 et (P Q)0 = P 0 Q + P Q0 .
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Définition 6. Soit
P = ad X d + ad−1 X d−1 + · · · + a1 X + a0
Démonstration : Simple vérification ; on pourrait aussi énoncer 1(x) = 1 qui est évident
et complète la collection d’évidences.
La notation P (x) n’a pas que des avantages : elle incite hélas à confondre le po-
lynôme P avec la fonction qu’il n’est pas. Bien que la notation soit la même, cette
définition ne se confond pas avec celle de valeur d’une application en un point.
La définition qui suit cherche à reproduire la notion de composition des fonctions
(encore une fois, insistons sur le fait que les polynômes ne sont pas des fonctions).
Elle est utilisée une seule fois plus loin, pour écrire la formule de Taylor relative aux
polynômes.
ad Qd + ad−1 Qd−1 + · · · + a1 Q + a0
Nous terminons cette section par quelques remarques d’algèbre linéaire, valables
uniquement dans le cas où l’anneau commutatif des coefficients est un corps K. Tout
d’abord, K[X] est un espace vectoriel sur K. Le plus simple est encore de vérifier à la
main la définition des espaces vectoriels, ce que l’on va se garder de faire explicitement
ici d’autant que la démonstration sera faite dans le chapitre Espaces vectoriels.
En fait, la définition de l’anneau des polynômes devrait évoquer le concept de base,
avec son existence et unicité d’écriture comme une sorte de combinaison linéaire. La
seule différence avec les vraies combinaisons linéaires est qu’on va chercher les vecteurs
de « base » dans une famille infinie.
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an X n ,
X
P =
n∈N
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Démonstration : La famille (P0 ) est libre, car il résulte de l’hypothèse 0 6 deg P0 que
P0 n’est pas nul. Puis le système (P0 , P1 ) est libre puisque P1 , de degré strictement
plus grand que P0 , ne peut lui être proportionnel. Puis (P0 , P1 , P2 ) est libre, puisque
toute combinaison linéaire de (P0 , P1 ) est de degré inférieur ou égal à deg P1 donc P2
ne peut en être une. Et ainsi de suite (ou plus proprement on fait une récurrence sur
n).
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E = {deg R | R ∈ R},
qui est un ensemble d’entiers positifs non vide. Cet ensemble E possède donc un plus
petit élément d ; prenons un R dans R dont le degré soit d et enfin un Q tel que
A − QB = R.
Nous devons vérifier que ces choix conviennent ; l’identité entre A, B, Q et R est
claire, reste l’inégalité concernant les degrés. Vérifions-la par l’absurde, en supposant
que deg B 6 deg R ; notons e le degré de B et
Posons
rd d−e
Q1 = Q + X .
be
Remarquons qu’en écrivant cette définition, on utilise l’hypothèse deg B 6 deg R, qui
justifie que X d−e ait un sens, et simultanément le fait qu’on travaille dans un corps,
qui justifie la possibilité de diviser par be .
Considérons alors
rd d−e
R1 = A − Q1 B = A − QB − X B,
be
donc r
e e−1 d d−e
R1 = R − be X + be−1 X + · · · + b0 X .
be
Dans cette dernière écriture, on voit se simplifier les termes en X d de R et du produit
qu’on lui a soustrait, et on constate donc avoir obtenu un polynôme R1 de degré
strictement plus petit que celui de R. Mais alors le degré de R1 est dans E et contredit
l’hypothèse de minimisation qui a fait choisir d. Contradiction !
Unicité de (Q, R)
Soient (Q1 , R1 ) et (Q2 , R2 ) deux couples vérifiant les deux conditions exigées dans
l’énoncé du théorème.
On déduit de A = Q1 B +R1 = Q2 B +R2 que (Q2 −Q1 )B = R1 −R2 . Ainsi, R1 −R2
est un multiple de B. Des conditions deg R1 < deg B et deg R2 < deg B, on déduit que
deg(R1 − R2 ) < deg B.
Ainsi R1 − R2 est un multiple de B de degré strictement plus petit. La seule possi-
bilité est que R1 − R2 soit nul. On en déduit R1 = R2 , puis, en allant reprendre l’égalité
(Q2 − Q1 )B = R1 − R2 , que Q1 = Q2 .
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P = (X + 2)Q − 1.
Comme pour les entiers, plusieurs démonstrations sont possibles ; on ne donne que
celle basée sur l’algorithme d’Euclide.
Démonstration : La démonstration est une récurrence sur le degré de B.
Merveilles du copier-coller, voici de nouveau un « résumé de la preuve » sous forme
de programme informatique récursif (le même que pour l’arithmétique des entiers) :
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Début du programme
* Pour B = 0, pgcd(A, 0) = A/coefficient dominant de A.
* Soit R le reste de la division euclidienne de A par B.
Les diviseurs communs de A et B sont ceux de B et R.
D’où : pgcd(A, B) = pgcd(B, R).
Fin du programme
Et voici, toujours par les vertus du copier-coller, la preuve récurrente formelle. On
va démontrer par « récurrence forte » sur le degré d de B l’hypothèse (Hd ) suivante :
(Hd ) Pour tout polynôme A et tout polynôme B de degré d, il existe deux
polynômes S et T tels que, pour tout polynôme P , P divise A et B si et
seulement si P divise SA + T B.
Vérifions (H−∞ ).
Il s’agit donc de traiter le cas où B = 0. Soit A un polynôme ; tout polynôme P
qui divise A divise aussi B = 0 puisque 0P = 0. Pour tout P , P divise A et 0 si et
seulement si P divise A. Prenons alors S = 1 et T = 0 : on a donc bien pour tout P :
P divise A et 0 si et seulement si P divise SA + T × 0.
Soit d un entier fixé. Supposons la propriété (Hc ) vraie pour tout c strictement
inférieur à d et montrons (Hd ).
Soient A un polynôme et B un polynôme de degré d. Notons A = BQ+R la division
euclidienne de A par B (qu’on peut réaliser puisque B 6= 0).
Vérifions l’affirmation intermédiaire suivante : pour tout P , P est un diviseur com-
mun de A et B si et seulement si P est un diviseur commun de B et R. (Avec des mots
peut-être plus lisibles : « les diviseurs communs de A et B sont les mêmes que ceux de
B et R »).
Soit P un diviseur commun de A et B, alors P divise aussi R = A − BQ ; récipro-
quement soit P un diviseur commun de B et R, alors P divise aussi A = BQ + R.
L’affirmation intermédiaire est donc démontrée.
On peut alors appliquer l’hypothèse de récurrence (Hdeg R ) (puisque précisément
deg R < deg B) en l’appliquant au polynôme B.
On en déduit qu’il existe deux polynômes S1 et T1 tels que pour tout P , P divise
B et R si et seulement si P divise S1 B + T1 R.
Remarquons enfin que S1 B + T1 R = S1 B + T1 (A − BQ) = TA A + (S1 − Q)B, et
qu’ainsi, si on pose S = TA et T = S1 − Q on a bien prouvé que, pour tout P , P divise
Q et B si et seulement si P divise SA + T B.
(Hd ) est donc démontrée.
On a donc bien prouvé (Hd ) pour tout d ∈ N ∪ {−∞}.
Une fois qu’on en est arrivé là, il ne reste donc plus qu’à montrer que pour un
polynôme P (le polynôme SA + T B) il existe un unique D unitaire tel que Q divise P
si et seulement si Q divise D. L’existence est claire : comme le résumé le suggère, on
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divise P par son coefficient dominant et on obtient un polynôme D unitaire ayant les
mêmes diviseurs que P . Pour ce qui est de l’unicité, elle est évidente pour P nul ; on
supposera P non nul. Soit maintenant D1 un polynôme unitaire ayant exactement les
mêmes diviseurs que P . Alors comme P divise P , P divise D1 , et comme D1 divise D1 ,
D1 divise P . Les polynômes P et D1 se divisent donc mutuellement ; soit Q1 et Q2 les
quotients respectifs de P par D1 et de D1 par P . En utilisant la formule calculant le
degré d’un produit, on voit que forcément, P a même degré que D1 et que les polynômes
Q1 et Q2 sont de degré nul, donc des constantes λ1 et λ2 . Soit ad le coefficient dominant
de P ; le coefficient dominant de Q1 D1 = P vaut λ1 · 1 donc λ1 = ad et D1 est égal à
P/(coefficient dominant de P ), donc à D, ce qui prouve l’unicité.
Nous allons ensuite définir le pgcd d’un nombre fini de polynômes. En arithmé-
tique des entiers, cette notion n’est pas primordiale ; en revanche dans les applications
des raisonnements arithmétiques à des polynômes, on est souvent dans des cas où on
s’intéresse à des pgcds de plus de deux polynômes à la fois.
L’énoncé donné ci-dessus pour deux polynômes se généralise à un nombre fini, par
récurrence sur ce nombre.
Proposition 9. Soit K un corps commutatif, n > 1 un entier et A1 , A2 , . . . , An des
polynômes de K[X]. Il existe un unique polynôme unitaire D de K[X] tel que pour tout
P dans K[X], P divise tous les Ai de i = 1 à i = n si et seulement si P divise D.
De plus il existe n polynômes S1 , . . . , Sn tels que
D = S1 A1 + S2 A2 + · · · + Sn An
(identité de Bézout).
Démonstration : C’est une récurrence facile sur n. Le cas n = 2 est l’objet du théorème
précédent (et le cas n = 1 a été traité dans sa démonstration, ou on peut le ramener
fictivement à n = 2 en disant que les diviseurs de A1 sont les diviseurs communs de A1
et de 0).
Soit n > 2 fixé, supposons la proposition vraie pour tout ensemble de n polynômes.
Prenons n + 1 polynômes A1 , A2 , . . . , An+1 . Notons B le pgcd des n premiers, qui existe
par l’hypothèse de récurrence. Alors les diviseurs communs de A1 , A2 , . . ., An+1 sont
les diviseurs communs de B et de An+1 ; donc prendre D = pgcd(B, An+1 ) répond à
la question. L’unicité est claire : si D1 répondait aussi à la question, les diviseurs de
D1 seraient exactement les mêmes que ceux de D avec D et D1 tous deux unitaires, et
comme dans la preuve du théorème précédent (ou en appliquant le théorème précédent
à D et 0), on conclut que D = D1 . La relation de Bézout est aussi le résultat d’une
récurrence immédiate : il existe S1 , S2 , . . . , Sn tels que B = S1 A1 + S2 A2 + · · · + Sn An
et T1 et T2 tels que D = T1 B + T2 An+1 donc
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Définition 11. Soit K un corps commutatif et n > 1 un entier. On dira que n po-
lynômes de K[X] sont premiers entre eux lorsque leurs seuls diviseurs communs sont
constants (en d’autres termes, quand leur pgcd est 1).
On prendra garde à ne pas confondre « premiers entre eux » (on dit parfois « pre-
miers entre eux dans leur ensemble ») et « deux à deux premiers entre eux » : dans
R[X], les polynômes
sont premiers entre eux (dans leur ensemble) mais ils ne sont pas deux à deux premiers
entre eux.
Les polynômes irréductibles sont les analogues des nombres premiers. Toutefois les
usages étant ce qu’ils sont, il y a une petite nuance de vocabulaire un peu désagréable :
alors que le mot « nombre premier » est réservé à des entiers positifs, le mot « polynôme
irréductible » n’est pas réservé à des polynômes unitaires. On se méfiera de cette peu
perceptible nuance qui crée de légères discordances entre énoncés analogues portant les
uns sur les polynômes et les autres sur les entiers.
Définition 12. Soit K un corps commutatif. On dira qu’un polynôme P dans K[X]
est irréductible lorsqu’il possède exactement deux diviseurs unitaires.
On remarquera tout de suite que ces deux diviseurs unitaires sont alors forcément
les polynômes 1 et P/(coefficient dominant de P ).
La proposition suivante est évidente, mais donne un exemple fondamental de poly-
nômes irréductibles :
Proposition 10. Soit K un corps commutatif. Dans K[X], les polynômes du premier
degré sont irréductibles.
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dans lequel λ est le coefficient dominant de P , les Pi pour 1 6 i 6 k sont des poly-
nômes irréductibles unitaires deux à deux distincts, et les αi sont des entiers strictement
positifs.
Démonstration : À peu près la même que pour les entiers, avec un peu plus de soin
pour l’unicité.
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La dérivation des polynômes est un outil qui permet d’étudier les racines multiples.
Voilà tout d’abord un énoncé concernant les racines doubles (l’énoncé concernant les
racines d’ordre supérieur cache une petite subtilité et est reporté plus loin).
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On peut associer à chaque polynôme une fonction polynomiale, mais il n’est pas du
tout évident d’associer un polynôme à une fonction polynomiale.
f : A → A, x 7→ f (x) = a0 + a1 x + · · · + an xn .
Démonstration : Les deux premiers paragraphes sont totalement évidents : il faut juste
déplier successivement la définition de U , celle de fonction polynomiale associée à un
polynôme et celle de valeur d’un polynôme en un point.
Le paragraphe intéressant est le dernier. Puisqu’il s’agit d’une application linéaire,
on peut attaquer l’injectivité par l’étude du noyau. Soit P un élément de ker(U ). Cela
signifie que l’application polynomiale associée à P est la fonction nulle, c’est-à-dire
que pour tout a de A, P (a) = 0. Ainsi tous les éléments de K sont des racines de P .
Comme on a supposé K infini, ceci entraîne que P a une infinité de racines. Mais on
sait qu’un polynôme non nul n’a qu’un nombre fini de racines (leur nombre vaut au
plus son degré). Donc P = 0 ce qui prouve que ker(U ) est réduit à {0} donc l’injectivité
de U .
Remarque : Ce que dit en gros cette proposition, pour ceux qui la trouveraient trop
abstraite, c’est que si on ne comprend pas la différence entre les polynômes et les
fonctions polynomiales et qu’on travaille sur un corps infini, on ne s’expose pas à des
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déboires sérieux. Mais cette possibilité de relâchement ne doit pas être exploitée :
une telle confusion sur un corps fini serait irrémédiable. Pour voir un exemple simple,
contemplez le bête polynôme X + X 2 de Z/2Z[X] ; si on le code en machine comme
indiqué au début de ce chapitre, c’est la suite de bits 011, qui n’est manifestement pas
0. Pourtant si on regarde non le polynôme mais la fonction polynomiale x 7→ x + x2 ,
sa valeur en cl(0) est cl(0) + cl(0)2 = cl(0) et sa valeur en cl(1) est cl(1) + cl(1)2 = cl(0)
donc c’est bien la fonction polynomiale nulle. Ce n’est donc pas du tout de celle-ci que
l’on parle quand on évoque le polynôme X + X 2 .
Pour vérifier qu’on a compris cet exemple, on résoudra les exercices (très simples)
suivants.
Exercice 2. Soit K un corps fini. Exhiber un polynôme P non nul de K[X] tel que
P (x) = 0 pour tout x dans K.
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Voilà une famille de n + 1 vecteurs dans un espace de dimension n + 1, c’en est donc
une base, et en particulier un système générateur.
Il existe donc des coefficients c0 , c1 , . . . , cn tels que
(∗) P = c0 + c1 (X − a) + c2 (X − a)2 + · · · + cn (X − a)n .
Il reste à identifier les coefficients ck . Pour cela, appliquons tout d’abord (∗) au point
a : on obtient P (a) = c0 .
Ensuite, dérivons (∗) ; on obtient :
(∗∗) P 0 = c1 + 2c2 (X − a) + 3c3 (X − a)2 · · · + ncn (X − a)n−1 .
Appliquons (∗∗) au point a : on obtient P 0 (a) = c1 .
Dérivons (∗∗) ; on obtient :
(∗ ∗ ∗) P 00 = c2 + 6c3 (X − a) + (4 × 3)c3 (X − a)2 · · · + n(n − 1)cn (X − a)n−2 .
Appliquons (∗ ∗ ∗) au point a : on obtient P 00 (a) = 2c2 .
En écrivant formellement une récurrence on montre ainsi que pour tout k avec
1 6 k 6 n, P (k) (a) = k! ck .
P (k) (a)
Comme on est dans C, on peut diviser par k! et obtenir les relations ck =
k!
donc la formule annoncée.
Remarque : On a énoncé ce théorème pour des polynômes à coefficients complexes.
Mais si on a par exemple affaire à un polynôme réel, c’est en particulier un polynôme
complexe et la formule est donc parfaitement vraie pour ce polynôme aussi.
De cette formule, on peut tirer un énoncé un peu technique sur les racines multiples.
Proposition 14. Soit P un polynôme de C[X], a un nombre complexe et k un entier
supérieur ou égal à 1. Alors a est une racine au moins k + 1-ième de P si et seulement
si P (a) = P 0 (a) = . . . = P (k) (a) = 0.
17
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Démonstration : Elle repose sur un peu d’analyse, mais d’analyse complexe, qui n’est
pas traitée avant l’année de L3.
Corollaire 2. Dans C[X], les polynômes irréductibles sont exactement les polynômes
du premier degré.
Démonstration : On sait déjà que dans n’importe quel corps commutatif les polynômes
du premier degré sont irréductibles ; il est très facile de voir que les constantes (non
nulles) ne possèdent que 1 comme diviseur unitaire et que 0 en possède une infinité :
les constantes ne sont donc irréductibles sur aucun corps.
Soit maintenant un P de degré supérieur ou égal à 2 dans C[X]. Par le théorème
précédent, P possède au moins une racine a. Mais on sait alors expliciter trois diviseurs
unitaires de P : la constante 1, le polynôme du premier degré X − a et le polynôme P/
(coefficient dominant de P ), qui est de degré supérieur ou égal à deux. Ainsi P n’est
pas irréductible.
Définition 17. On dit qu’un polynôme est scindé lorsqu’il peut s’écrire sous forme de
produit de facteurs du premier degré.
Proposition 15. Dans R[X] les polynômes irréductibles sont exactement les polynômes
du premier degré et les polynômes du deuxième degré à discriminant strictement négatif.
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Démonstration : On sait déjà que les polynômes du premier degré sont irréductibles.
Soit maintenant P du deuxième degré ; s’il a un diviseur unitaire autre que les deux
évidents, celui-ci est du premier degré, donc P a une racine et son discriminant est
positif ou nul. Les polynômes du deuxième degré à discriminant strictement négatif
sont donc irréductibles.
Réciproquement, il est clair que les polynômes du deuxième degré à discriminant
positif ou nul sont factorisables, donc pas irréductibles. Soit enfin un polynôme P de
degré supérieur ou égal à 3. Si P admet une racine réelle a, P n’est pas irréductible de
façon quasi évidente. Sinon, considérons pendant quelques lignes P comme un poly-
nôme à coefficients complexes. Par le théorème de d’Alembert-Gauss, il admet au moins
une racine complexe a, qui n’est pas réelle puisqu’on a supposé P sans racine réelle. En
profitant de ce que le conjugué de la somme est la somme des conjugués, que le conjugué
du produit est le produit des conjugués et que chaque coefficient de P est invariant par
conjugaison, on voit qu’on a aussi P (a) = 0. Les polynômes X − a et X − a étant deux
irréductibles distincts dans C[X], le fait qu’ils divisent tous deux P entraîne que leur
produit divise P dans C[X]. Mais ce produit vaut (X −a)(X −a) = X 2 −2Re(a)X +|a|2
et est donc un polynôme B du deuxième degré à coefficients réels.
Si on est distrait, on pourra croire qu’on a ainsi trouvé en B un diviseur unitaire
non évident de P dans R[X] et conclure que P n’est pas irréductible. En réalité, on
glisserait sur un détail en affirmant ceci : on sait en effet que B divise P dans C[X]
mais il nous faut encore vérifier qu’il le divise dans R[X]. Pour ce faire, effectuons la
division euclidienne de P par B dans R[X] : elle fournit des polynômes Q et R, avec
deg R < 2, tels que P = BQ + R. Ces polynômes de R[X] peuvent aussi être vus
comme des polynômes à coefficients complexes, donc P = BQ + R est aussi la division
euclidienne de P par B dans C[X]. Mais on sait que B divise P dans C[X] et que la
division euclidienne est unique ; donc R = 0, donc P = BQ pour un Q à coefficients
réels, et on a bien montré que B divise P dans R[X] aussi.
Une fois cet obstacle franchi, on conclut comme dit au début du paragraphe précé-
dent : on a trouvé un diviseur unitaire non évident de P et celui-ci ne peut donc pas
être irréductible.
19
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P
par le couple (P, Q) qui contient à première vue la même information : ainsi la
Q
X
fraction correspondra au couple (X, X + 1). Une telle idée nous met sur la
X +1
bonne piste, mais elle se heurte à un problème : le couple (X 2 , X 2 + X) représentera
X2 X
la fraction 2 = ; la même fraction correspond donc à plusieurs couples,
X +X X +1
et l’ensemble de tous les couples (P, Q) est donc trop gros.
On pourrait penser à n’utiliser que des couples (P, Q) avec P et Q premiers entre
eux ; c’est vraisemblablement faisable, mais la preuve risque d’être extrêmement lourde,
avec des pgcd à simplifier de partout.
Non, décidément, on ne fera rien de simple si on n’a pas compris ce qu’est un
ensemble-quotient, alors que si on maîtrise cette notion, la preuve est longue à écrire,
mais sans obstacles.
Dans tout le chapitre, K désigne un corps commutatif. Notons A = K[X]. La
construction utilise simplement le fait que A est un anneau intègre, et nullement en
réalité que A est l’anneau des polynômes.
Définition 18. Soit A un anneau intègre, 0 son neutre pour l’addition, et C l’ensemble
C = A × (A \ {0}).
Sur C on introduit deux opérations + et × définies comme suit : pour tous (P1 , Q1 ) et
(P2 , Q2 ) de C, on pose
On notera qu’on utilise très discrètement l’intégrité de A pour justifier que le produit
Q1 Q2 qui intervient dans les formules n’est pas nul, donc que la somme et le produit
d’éléments de C appartiennent effectivement à C.
Signalons une fois encore que les deux formules de la définition précédente se com-
prennent aisément si on a en tête qu’un couple (P, Q) a vocation à décrire la fraction
P
(qui n’aura un sens propre qu’une fois la construction terminée) : elles sont les
Q
reproductions des formules qu’on sait bien utiliser pour multiplier ou additionner des
fractions.
L’ensemble C a une bonne tête vu de loin, mais de près il est trop gros. Pour le
faire maigrir, introduisons une relation d’équivalence R sur C.
Définition 19. Pour tous (P1 , Q1 ) et (P2 , Q2 ) de C,
Si nous savions déjà donner un sens aux barres de fractions, nous aurions écrit la
P1 P2
condition sous la forme = , la rendant ainsi compréhensible, mais comme ce
Q1 Q2
20
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symbole ne nous sera disponible qu’une fois finie la construction, on a dû donner une
forme moins limpide.
Proposition 16. La relation R est une relation d’équivalence sur C.
21
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On a donc bien construit un ensemble K(X) puis une addition et une multiplication
sur cet ensemble.
Proposition 18. L’anneau K[X] est inclus dans K(X) ; plus précisément, il existe un
morphisme d’anneaux j : K[X] → K(X) qui est injectif. Tout élément de K(X) peut
s’écrire comme j(P )j(Q)−1 pour P et Q dans K[X] et Q 6= 0.
Démonstration : Soit j l’application définie par j(P ) = cl(P, 1). Il est très facile de
vérifier que j transforme addition en addition et multiplication en multiplication ; son
injectivité peut seule interpeller. Mais puisque cette transformation est un morphisme
de groupes additifs, l’injectivité se laisse montrer à coups de noyaux ; et effectivement
si un polynôme P est envoyé sur le neutre additif de K(X) qui est la classe de (0, 1),
c’est que (P, 1)R(0, 1) et donc que P = 0 : le noyau est bien réduit au seul polynôme
nul. Enfin,
P
Notation 10. On note P/Q ou l’élément cl(P, Q) de K(X).
Q
22
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23
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Alors,
P C D E F G
= A + BX + + + + + +
Q X − 1 (X − 1)2 (X − 1)3 X − 2 (X − 2)2
H IX + J KX + L MX + N
+ + 2 + + 2 ,
X −3 X +1 2
(X + 1) 2 X +X +1
où les lettres de A jusqu’à M désignent des réels à déterminer. La théorie assure que
ces réels existent et sont uniques. Il suffirait donc de réduire tous les éléments simples
24
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25
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Le numérateur et le dénominateur sont premiers entre eux, la fraction est bien irréduc-
tible. Sa décomposition en éléments simples dans R(X) a la forme suivante.
P C DX + E FX + G
= A + BX + + + ,
Q (X − 1) (X + X + 1) (X + X + 1)2
2 2
Donc A = 1, B = −1, et :
P 2X 3
=X −1+ .
Q (X − 1)(X 2 + X + 1)2
On peut désormais ne travailler que sur la partie restante, à savoir :
2X 3 C DX + E FX + G
= + + .
(X − 1)(X + X + 1)
2 2 (X − 1) (X + X + 1) (X + X + 1)2
2 2
26
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A priori, les lettres de A jusqu’à G désignent des nombres complexes, mais le fait que
la fraction initiale ait tous ses coefficients réels simplifie quelque peu le problème : la
décomposition ne doit pas changer si on prend le conjugué des deux membres. L’unicité
de cette décomposition entraîne :
Les techniques de décomposition utilisées dans R(X) restent valables. On trouve donc
encore :
2
A = 1 , B = −1 , C = .
9
Nous laissons au lecteur le plaisir de calculer les autres coefficients. La décomposition
dans C(X) est la suivante :
√ √ √ √
2
P − 1 − i 33 1
+ i 93 − 19 + i 33 1
− i 93
=X −1+ 9 + 9 + 3 + + 3
.
Q X −1 X −j (X − j)2 X −j (X − j)2
27
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou Faux
Vrai-Faux 1. Soit P ∈ R[X] un polynôme non nul à coefficients réels, et d un en-
tier. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et
pourquoi ?
1. Si le degré de P est d, alors le degré de P 0 est d − 1.
2. Si le degré de P est d, alors celui de P (X 2 ) est 2d.
3. Si le degré de P est d, alors celui de X 2 P (X + 2) est d + 2.
4. Si le degré de P est 2, alors celui de X 2 + P est 2.
5. Si le degré de P est 4, alors celui de X 2 + P est 4.
Vrai-Faux 2. Soient P, Q ∈ R[X] deux polynômes non nuls à coefficients réels. Parmi
les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Le degré de P + Q est toujorus la somme des degrés de P et de Q
2. Le degré de P + Q est toujours égal soit au degré de P soit au degré de Q
3. Le degré de P Q est la somme des degrés de P et de Q.
4. Le degré de P Q0 est toujours égal au degré de QP 0
5. Le degré de P (X 2 )Q(X 2 ) est le double de la somme des degrés de P et de Q.
Vrai-Faux 3. Soit P ∈ R[X] un polynôme à coefficients réels. Parmi les affirmations
suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Si P est divisible par X 2 − X alors P (1) = 0.
2. Si P est divisible par X 2 − X alors P 0 (0) = 0.
3. Si P est divisible par (X − 1)2 alors P 0 (1) = 0.
4. Si P (1) = P 0 (1) = 0 alors P est divisible par (X − 1)2 .
5. Si P 0 (1) = 0 alors P est divisible par (X − 1).
6. Si P est irréductible alors P ne s’annule pas sur R.
7. Si P est irréductible alors P 0 est de degré 0 ou 1.
8. Si P ne s’annule pas sur R, alors P est irréductible.
Vrai-Faux 4. Soient P et Q deux polynômes non nuls à coefficients réels. Parmi les
affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Si P est premier avec Q, alors P est premier avec P + Q.
2. Si P ne divise pas Q, alors P ne divise pas Q2 .
3. Si P ne divise pas Q2 , alors P est premier avec Q.
4. Si P est premier avec Q, alors P 2 est premier avec Q2 .
28
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Vrai-Faux 7. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. X 2 + 4 est irréductible dans R[X]
2. X 2 + 4 est irréductible dans C[X]
3. X 2 − 4 est irréductible dans Q[X]
4. X 2 − 2 est irréductible dans Q[X]
5. X 2 − 2 est irréductible dans R[X]
6. X 2 + 1 est irréductible dans R[X]
7. X 2 + 1 est irréductible dans Z/2Z[X]
29
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P 1 X2 1 X2
= + .
Q 2 X2 − 1 2 X2 − 1
2.2 Exercices
Exercice 3. On considère les couples de polynômes (P, Q) suivants dans R[X].
• P = X, Q = X − 1
• P = X, Q = X 2 − 1
• P = X 2, Q = X 2 − 1
• P = X 2 − 1, Q = X 2 + X + 1
• P = X 2 − 2X + 1, Q = X 2 + X + 1
• P = X 2 − 1, Q = X 3 − 1
• P = X 3 − X 2 + 2X − 2, Q = X 3 − 1
Pour chacun de ces couples :
1. Écrire les polynômes P 0 et Q0 .
2. Calculer le polynôme P Q.
3. Calculer les polynômes P 0 Q et P Q0 .
4. Vérifier la formule (P Q)0 = P 0 Q + P Q0
30
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(P ◦ Q)0 = Q0 (P 0 ◦ Q) et (Q ◦ P )0 = P 0 (Q0 ◦ P )
Exercice 4.
1. Déterminer l’ensemble des polynômes P de R[X], de degrés au plus 2, tels que
P (X + 1)P (X) = −P (X 2 )
P (2X) = P 0 P 00
P (X 2 ) = (X 2 + 1)P (X)
18P = P 0 P 00
6. Montrer que pour tout n ∈ N, il existe un polynôme unique Pn de R[X] tel que
Pn − Pn0 = X n
et calculer Pn .
Exercice 5. On pose C0 = 1, C1 = X et pour n > 2, on définit le n-ième polynôme de
Chebyshev Cn par la relation de récurrence :
Cn = 2XCn−1 − Cn−2 .
1. Calculer C2 , C3 et C4 .
2. Montrer que pour tout n ∈ N, le polynôme Cn est de degré n et calculer son
coefficient dominant.
3. Montrer que pour tout n ∈ N, et pour tout θ ∈ R, cos(nθ) = Cn (cos(θ)).
4. En déduire les racines de Cn .
5. Montrer que pour tout n ∈ N,
(1 − X 2 )Cn00 − XCn0 + n2 Cn = 0 .
31
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k=0
32
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33
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1. Calculer P2 et P3 .
2. Montrer que pour tout n ∈ N, Pn est de degré n.
3. Montrer que Pn est un polynôme pair si n est pair, impair si n est impair.
4. Montrer que pour tout n ∈ N :
2
Pn+1 − Pn Pn+2 = 1.
5. En déduire que pour tout n ∈ N, les polynômes Pn et Pn+1 sont premiers entre
eux.
Exercice 13. On considère les couples de polynômes (P, Q) suivants dans R[X].
• P = X 4 − 1, Q = X 2 − 1
• P = X 6 − 1, Q = X 4 − 1
• P = X 3 + 1, Q = X 2 − 1
• P = X 3 − 2X 2 − X + 2, Q = X 3 − 6X 2 + 11X − 6
• P = X 3 − X 2 − X − 2, Q = X 3 − 1
• P = X 4 + X 3 − 2X + 1, Q = X 3 + X + 1
• P = X 4 + X 3 − 3X 2 − 4X − 1, Q = X 3 + X 2 − X − 1
• P = X 4 + X 3 + 2X 2 + X + 1, Q = X 4 − 1
• P = X 3 − X 2 − X − 2, Q = X 5 − 2X 4 + X 2 − X − 2
• P = X 5 + 5X 4 + 9X 3 + 7X 2 + 5X + 3, Q = X 4 − 2X 3 + 2X 2 + X + 1
Pour chacun de ces couples :
1. Utiliser l’algorithme d’Euclide pour calculer pgcd(P, Q).
2. Decomposer P et Q en facteurs irréductibles.
3. En déduire la décomposition en facteurs irréductibles de pgcd(P, Q) et retrouver
le résultat de la première question.
Exercice 15. Soient a et b deux nombres complexes distincts. Soit P ∈ C[X] un poly-
nôme.
1. Montrer que si P est divisible par X − a et par X − b, alors P est divisible par
(X − a)(X − b).
34
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1 X X 3 − 2X + 1
; ; ;
X(X − 1) X −1
2 X2 − 1
X(X 2 + 1)2 X3 + 1 X5 + 1
; ; ;
(X 2 − 1)2 (X − 2)4 (X 2 + 1)3
35
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X2 + 1 X3 − 2 X 3 − 2X + 1
; ; ;
(X − 2)(X − 1) X2 − 4 X3 − X
X X X4
; ; ;
(X − 1)(X − 2)
2 (X − 1)2 (X − 2) (X − 1)2 (X − 2)
2X 2 + 5 X5 + 1 X8 − X4 + 2
; ; ;
(X 2 − 1)3 X 3 (X − 2) (X 2 + X + 1)3
X3 + X X 6 − X 5 + 2X 4 + X 2 + 1
; ;
(X − 1)(X 6 + 1) X 3 (X 2 + 1)2
X 5 + 6X 4 + 17X 3 + 25X 2 + 19X + 7
.
(X + 1)2 (X 2 + X + 1)2
Exercice 20. Décomposer les fractions rationnelles suivantes, dans C(X) puis dans
R(X) :
1 X4 + 1 X
3
; 3
; ;
X +X X +X (X + 1)(X 2 + 4)
2
X3 + 1 X5 − 1 X2 + 1
; ; ;
X2 + 1 X4 − 1 X4 + 1
X −1 X −1 X2 − 1
; ; ;
X3 − 1 X3 + X (X 2 + 1)2
X X2 + 1 X2 + X + 1
; ; ;
X4 + 1 X4 + 1 X4 − 1
X3 X X2 − 1
; ; .
X4 + 1 (X − 1) (X 2 + 1)2
2 X6 − 1
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
36
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37
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2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
38
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(X n P )0 = nX n−1 P + X n P 0 .
(P Q)0 = P 0 Q + P Q0 .
(Q(P ))0 = P 0 Q0 (P ) .
39
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5. En utilisant les deux questions précédentes, montrer que pour tout n > 1 :
Exercice 2 :
1. En utilisant l’identité (X 3 − 1) = (X − 1)(X 2 + X + 1), démontrer que les
polynômes X 3 + 1 et X 2 + X + 1 sont premiers entre eux.
2. Effectuer la division euclidienne de X 3 + 1 par X 2 + X + 1.
3. Déterminer l’ensemble des couples de polynômes (U, V ) tels que :
(X 3 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = 1 .
4X 4 1 1 2
= + + 4 .
(X − 1)
4 2 2
(X + 1) 2 (X − 1)
2 2 X −1
40
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deux polynômes à coefficients réels. Soient λ et µ deux réels. Sans perte de gé-
néralité, supposons h 6 d. Quitte à poser bh+1 = · · · = bd = 0, nous pouvons
écrire :
λP + µQ = (λad + µbd )X d + · · · + (λa0 + µb0 ) .
Le polynôme dérivé est :
k=0
Or :
d d
! !
n−1 n 0 n−1 k n h−1
X X
nX P +X P = nX ak X +X hah X
k=0 h=1
d
(n + k)ak X n+k−1 .
X
=
k=0
3. Nous allons démontrer la formule par récurrence sur le degré de Q. Elle est vraie
si Q est nul ou de degré 0, puisque dans ce cas Q0 = 0 et la dérivation est linéaire
d’après la question 2. Supposons que la formule est vraie pour tout polynôme de
degré inférieur ou égal à n − 1 et soit Q un polynôme de degré n. Nous pouvons
écrire Q = bn X n + Q1 , où Q1 est un polynôme de degré inférieur ou égal à n − 1.
Écrivons :
0
(P Q)0 = (bn X n + Q1 )P
= (bn X n P + P Q1 )0
= bn (X n P )0 + (P Q1 )0 (question 1)
= bn (nX n−1 P + Xn P 0 ) + (P Q1 )0 (question 2)
n−1 0 0 0
= bn (nX P + Xn P ) + P Q1 + P Q1 (hypothèse de récurrence)
= P Q0 + QP 0 .
41
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4. C’est une autre démonstration par récurrence. La formule est vraie pour n = 0,
puisque P 0 est le polynôme constant égal à 1, dont la dérivée est nulle. Supposons-
la vraie pour n > 1.
(P n+1 )0 = (P P n )0
= P (P n )0 + P 0 P n (question 3)
0 n−1 0 n
= P (nP P ) + P P (hypothèse de récurrence)
= (n + 1)P 0 P n .
La formule est vraie pour n + 1, donc pour tout n.
5. Posons Q = bn X n + · · · + b0 . Le polynôme composé Q(P ) est :
n
bk P k .
X
Q(P ) =
k=0
k=0
k=0 k=0
Exercice 1 :
1. On trouve :
3 1 5 3
L1 = X ; L2 = X 2 − ; L3 = X 3 − X .
2 2 2 2
2. Le degré de Wn est 2n, son coefficient dominant est 1. Le degré de Ln est n, son
coefficient dominant est :
!
(2n)(2n − 1) . . . (n + 1) 1 2n
n
= n .
2 n! 2 n
42
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En divisant par 2n n! :
Exercice 2 :
1. Puisque (X 3 − 1) = (X − 1)(X 2 + X + 1), on peut aussi écrire : (X 3 + 1) − (X −
1)(X 2 + X + 1) = 2. Ceci est une identité de Bézout pour les polynômes X 3 + 1
et X 2 + X + 1 : ils sont donc premiers entre eux.
2.
X3 +1 X2 + X + 1
3 2
X +X +X X −1
−X 2 − X + 1
−X 2 − X − 1
2
On retrouve l’identité de la question précédente : (X 3 + 1) = (X − 1)(X 2 + X +
1) + 2.
3. Soient U et V deux polynômes tels que (X 3 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = 1. Puisque
(X 3 + 1)/2 − (X − 1)(X 2 + X + 1)/2 = 1, on a nécessairement :
43
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Donc :
1 1
(X 2 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = (X 3 + 1) − (X − 1)(X 2 + X + 1) = 1 .
2 2
L’ensemble des couples (U, V ) tels que (X 3 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = 1 est :
1 1
+ K(X 2 + X + 1) , (−X + 1) − K(X 3 + 1) , K ∈ R[X] .
2 2
4. On trouve :
et
X 3 − 1 = (X − 1)(X 2 + X + 1) .
Le pgcd des deux polynômes est (X − 1), leur ppcm est (X + 1)2 (X − 1)(X 2 −
X + 1)(X 2 + X + 1).
5. La division euclidienne des deux polynômes donne :
X 5 − X 3 + X 2 − 1 = (X 2 − 1)(X 3 − 1) + 2X 2 − 2 .
X 3 − 1 = X(X 2 − 1) + (X − 1) .
44
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2X 2 1 1
= + .
X4 − 1 X2 + 1 X2 − 1
Il reste à élever les deux membres au carré :
4X 4 1 1 2
= + + .
(X 4 − 1)2 (X 2 + 1)2 (X 2 − 1)2 X 4 − 1
Observons que les deux dernières identités ne sont pas des décompositions en
éléments simples.
2.
1 1
1 2 2
= − .
X2 − 1 X −1 X +1
En élevant au carré, on obtient :
1 1 1
1 4 4 2
= + − .
(X 2 − 1)2 (X − 1)2 (X + 1)2 X 2 − 1
4X 4 AX + B CX + D E F G H
= + + + + + .
(X − 1)
4 2 2
(X + 1) 2 2
X +1 (X − 1)2 X − 1 (X + 1) 2 X +1
45
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46
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3 Compléments
3.1 Algorithme de Horner
Au temps jadis, les physiciens et les astronomes devaient faire tous leurs calculs
à la main, et ces calculs pouvaient être très compliqués. Il fallait souvent évaluer des
quantités polynomiales, par exemple 5x4 −4x3 +3x2 −2x+1 pour x = 8. La façon naïve
d’arriver au résultat est de calculer x, x2 , x3 et x4 pour la valeur choisie x = 8, ce qui
représente 3 multiplications, puis 5x4 , 4x3 , 3x2 et 2x, ce qui représente 4 multiplications
supplémentaires. En ajoutant les sommes à la liste des opérations nécessaires, on obtient
en tout 7 multiplications et 4 additions. La tradition attribue au mathématicien anglais
William George Horner (1786-1837) la description en 1819 d’une méthode efficace pour
économiser des opérations, méthode encore utilisée de nos jours par les ordinateurs.
Remplaçons en effet 5x4 − 4x3 + 3x2 − 2x + 1 par l’expression équivalente
x(x(x(x × 5 − 4) + 3) − 2) + 1,
47
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tard, en 1828, que si l’on compte les racines avec leur multiplicité, alors le nombre de
racines positives a la même parité que c, donc que ce nombre vaut c ou c − 2 ou c − 4,
etc.
Donnons un premier exemple : pour P = X 7 + 2X 6 − 3X 5 − X 2 + 7X − 8, on obtient
c = 3 (remarquer les coefficients nuls), donc P possède 1 ou 3 racines positives.
Donnons un autre exemple, qui montre qu’on peut même souvent déterminer le
nombre exact de racines positives et de racines négatives en utilisant la règle des signes
et quelques remarques de bon sens. Soit Q le polynôme Q = X 3 +3X 2 −X −2. Puisque
c = 1, on sait que Q possède exactement 1 racine positive. Les racines négatives de Q
sont les racines positives du polynôme R obtenu en remplaçant X par −X dans Q, soit
R = −X 3 + 3X 2 + X − 2. Pour R, on trouve c = 2 donc Q possède 2 racines négatives
ou bien aucune. On remarque ensuite que Q(−1) = 1 (le calcul de tête est facile en
utilisant l’algorithme de Horner), donc Q(−1) est positif, et que le monôme de plus
haut degré de Q est X 3 donc Q(x) < 0 pour tout x négatif tel que |x| est suffisamment
grand. Ainsi Q possède au moins une racine inférieure à −1, ce qui montre que Q
possède 2 racines négatives. Enfin Q(0) = −2 et Q(−1) = 1 sont de signes contraires
donc Q possède une racine entre −1 et 0. On a localisé les 1 + 2 = 3 racines de Q,
en montrant que chacun des intervalles ] − ∞, −1[, ] − 1, 0[ et ]0, +∞[ en contient
exactement une.
On peut encore préciser les choses en remarquant que Q(1) = −2, donc Q(1) est
négatif, et, grâce à deux derniers petits coups de Horner, que Q(−2) = −2 et Q(2) = 42.
Donc les racines de Q sont en fait dans les intervalles ] − 2, −1[, ] − 1, 0[ et ]1, 2[ et
chacun de ces intervalles en contient exactement une.
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Ensuite, pour chaque nombre réel x, on note V (x) le nombre de changements de signes
dans la suite S(x) = (P0 (x), P1 (x), . . . , Pn (x)).
Le théorème de Sturm, démontré par Charles Sturm (1803-1855) en 1829, affirme
que le nombre de racines de P dans l’intervalle [a, b] est égal à la différence V (a)−V (b).
Un exemple, un exemple ! Soit P = X 3 + 6X 2 − 16. Sa suite de Sturm est
En particulier, S(−7) = (−65, 63, −40, 12) et il y a 3 changements de signe dans cette
suite, donc V (−7) = 3. De même, S(2) = (16, 36, 32, 12) et cette fois, il n’y a pas de
changement de signe, donc V (2) = 0. Par conséquent, V (−7) − V (2) = 3 donc les 3
racines de P sont dans l’intervalle [−7, 2]. Étonnant, non ?
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qui semble être un nombre complexe pas spécialement réel. En fait, (47i)2 = −2209
donc la formule de Cardan devient
√ √
x = 3 52 + 47i + 3 52 − 47i.
De plus, (4 + i)3 = 52 + 47i et (4 − i)3 = 52 − 47i, donc en reportant cela dans la formule
de Cardan, on obtient x = 8, qui est effectivement une solution réelle, assez simple de
surcroît !
Terminons-en avec les racines de x3 − 51x − 104 ; maintenant qu’on dispose de la
racine x = 8, on sait que x − 8 est un diviseur donc on va pouvoir calculer le quotient
par une division euclidienne puis factoriser le quotient puisqu’il est de degré 2. Dans
le détail,
x3 − 51x − 104 = (x − 8)(x2 + bx + c).
Il faut annuler le coefficient en x2 donc b = 8, et le coefficient constant vaut −104 = −8c
donc c = 13. Pour terminer dans l’esprit des contemporains de Cardan, on complète le
carré dans x2 + 8x + 13, donc on utilise la relation x2 + 8x + 13 = (x + 4)2 − 3 pour
obtenir finalement la factorisation
√ √
x3 − 51x − 104 = (x − 8)(x + 4 + 3)(x + 4 − 3),
√ √
et les racines x = 8, x = −4 − 3 et x = −4 + 3.
Le schéma général que nous avons utilisé ci-dessus pour trouver une (première)
racine de l’équation x3 = 51x + 104 a été inventé par une succession de mathématiciens
italiens au cours du xvie siècle. L’histoire de cette découverte est animée et sordide,
pleine de ressentiment, de bruit, de fureur, de mesquineries et de traits de génie. Avant
de la raconter, mentionnons que c’est bien à travers l’étude des équations du troisième
degré que ces algébristes italiens sont conduits à introduire les nombres complexes. Ils
les appelleront au début nombres « impossibles » et les utiliseront comme de simples
artifices de calcul, non rigoureux et même un peu mystérieux, mais ayant le bon goût de
toujours fournir la solution. Cette résolution des équations cubiques et quartiques peut
être considérée comme une des plus grandes contributions à l’algèbre depuis les apports
des Babyloniens qui, 4000 ans plus tôt, avaient appris à compléter le carré comme nous
l’avons fait pour x2 + 8x + 13 ci-dessus, pour résoudre les équations quadratiques.
Rappelons pour finir que seules les équations de degré au plus 4 sont résolubles par
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radicaux, c’est-à-dire que seules ces équations peuvent être résolues par des méthodes
générales donnant les solutions en fonction des coefficients du polynôme.
L’histoire qui nous intéresse, même si elle comprend de nombreux personnages, est
principalement celle de l’affrontement entre Niccolò Fontana, dit Tartaglia, et Giro-
lamo Cardano, que les Français appellent Jérôme Cardan. On peut choisir de la faire
commencer un peu plus tôt, à la toute fin du xve siècle, avec un moine franciscain
nommé Luca Paccioli (1445-1517).
En 1494, Paccioli rédige un traité d’algèbre, qu’il intitule la Summa. Il y reprend
tous les travaux des mathématiciens Arabes connus de lui, notablement ceux du mathé-
maticien, astronome et géographe Al Khwarizmi (780-850), considéré par de nombreux
historiens comme l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps. On trouve en
particulier dans la Summa de Paccioli la résolution complète des équations du premier
et deuxième degré et l’affirmation (fausse) selon laquelle les équations du troisième
degré sont insolubles par des méthodes algébriques.
En 1501 et 1502, Paccioli enseigne les mathématiques à l’université de Bologne. Il y
rencontre Scipione del Ferro (1465-1526), lui aussi professeur de mathématiques, et lui
fait part de sa conviction sur l’insolubilité des équations du troisième degré. Del Ferro
commence à s’intéresser au problème.
En 1515, del Ferro découvre une méthode algébrique de résolution des équations
cubiques x3 = px + q et x3 + q = px (à l’époque, les deux formes sont vraiment
différentes car on ne sait travailler qu’avec des nombres positifs). Plutôt que la publier,
il la note sur un carnet et la tient secrète.
En 1526, à la mort de del Ferro, son gendre Hannibal Nave, lui aussi professeur
de mathématiques (encore un), hérite du carnet. Toujours sur son lit de mort, del
Ferro confie également ses méthodes de résolution à son élève Antonio Maria Fior, peu
talentueux semble-t-il. Fior commence à se vanter d’être capable de résoudre toutes les
équations du troisième degré et, comme c’est l’usage à l’époque, il lance des défis (en
italien, disfide) sur ce thème.
Entre alors en scène Niccolò Fontana, dit Tartaglia (1505-1557), un des principaux
personnages de notre histoire. Tartaglia est né à Brescia. Son surnom provient de
tartagliare qui signifie bégayer en italien. Tartaglia avait en effet un défaut de parole,
séquelle d’une très grave blessure. Lorsque les Français saccagent la ville de Brescia en
1512, le petit Niccolò et son père se réfugient dans une cathédrale. Les soldats de Louis
XII les y découvent, ils tuent le père de Niccolò, fracturent le crâne de celui-ci et lui
ouvrent la mâchoire d’un coup de sabre. Toutefois, sa mère réussit à le sauver de la
mort.
De famille modeste, Niccolò ne peut aller à l’école mais sa mère (encore elle) éco-
nomise et elle parvient à lui payer l’école pendant deux semaines. Niccolò profite de
ce court laps de temps pour voler des livres et il continue à apprendre en autodidacte.
Adulte, il gagnera sa vie en enseignant les mathématiques dans toute l’Italie et en
participant, on y revient, à des disfide mathématiques.
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Tartaglia se consacre donc, lui aussi, à la recherche d’une méthode de résolution des
équations cubiques, et il arrive bientôt à résoudre certaines classes. En 1535, il relève
le défi de Fior et le duel s’engage entre les deux hommes. Chacun dépose une liste
de problèmes chez un notaire ainsi qu’une somme d’argent. Celui qui, sous quarante
jours, aura résolu le plus de problèmes proposés par l’autre sera désigné vainqueur et
remportera la somme. Juste avant la date limite, Tartaglia découvre une méthode qui
lui permet de résoudre tous les problèmes posés par Fior. Fior, lui, ne sait résoudre
que x3 + px = q mais les équations proposées par Tartaglia sont du type x3 + px2 = q.
Fior n’en résoud aucune ou, selon les sources, il n’en résoud qu’une seule, en tous les
cas il a perdu la disfida.
Tartaglia garde secrète sa méthode de résolution et ne la publie pas. Entre en
scène le deuxième protagoniste de notre histoire, Girolamo Cardano (1501-1576), dit
aussi Jérôme Cardan, à l’époque conférencier de mathématique à la fondation Piatti
de Milan. Cardano connaît le problème des équations cubiques et, avant le défi entre
Fior et Tartaglia, il est d’accord avec le verdict de Paccioli selon lequel leur résolution
algébrique est impossible. Cette victoire éclatante de Tartaglia intrigue tout de même
Cardano, qui tente de découvrir seul une méthode, mais en vain. Cardano contacte
alors Tartaglia et lui demande de lui confier sa méthode, en promettant de garder le
secret. Tartaglia refuse.
Cardano, qui sait que Tartaglia est pauvre, lui écrit de nouveau pour lui proposer
de le présenter au marquis del Vasto, un des plus puissants mécènes du temps — si du
moins Tartaglia accepte de lui révéler son secret. Tartaglia réalise qu’un tel appui peut
être une aide non négligeable à son ascension sociale. Il propose à Cardano d’organiser
une entrevue avec le marquis lors de sa prochaine visite à Milan.
En 1539, Tartaglia quitte donc Venise pour Milan. Mais à son grand désespoir,
l’empereur ainsi que le marquis sont absents de Milan. Tartaglia donne alors son ac-
cord pour révéler son secret à Cardano à condition que Cardano jure de ne jamais le
divulguer. Cardano jure et Tartaglia lui révèle enfin sa méthode, sous la forme d’un
poème. En contre-partie et comme promis, Tartaglia obtient de Cardano une lettre
de recommandation auprès du marquis. Mais n’osant pas se présenter seul devant le
marquis et Cardano refusant de l’accompagner, Tartaglia retourne frustré à Venise sans
même avoir vu le fameux marquis et se demandant s’il n’a pas eu tort de dévoiler son
secret.
En 1540, Cardano est amené à chercher à résoudre l’équation du quatrième degré
x4 + 6x3 + 36 = 60x. Cardano n’y arrive pas et demande de l’aide à son secrétaire
Ludovico Ferrari (1522-1565), auquel on pense devoir en fait un grand nombre des
résultats publiés par Cardano. Ferrari parvient à ramener l’équation à une équation du
troisième degré que Cardano et lui savent résoudre. Ferrari généralise alors la méthode
consistant à ramener une équation du quatrième degré à une équation du troisième
degré, procédure qui paraîtra dans un futur livre de Cardano.
En 1543, Cardano et Ferrari se rendent à Bologne et apprennent de Nave que
del Ferro avait résolu bien avant Tartaglia certaines équations cubiques. Pour le leur
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prouver, Nave leur confie le bloc-notes de feu del Ferro. Cardano décide que, bien qu’il
ait juré de ne jamais révéler la méthode de Tartaglia, rien ne l’empêche maintenant de
publier celle de del Ferro !
En 1545, Cardano publie enfin son livre Ars Magna, instantanément célèbre et
bien connu pour contenir la démonstration d’une méthode algébrique permettant de
résoudre les équations des troisième et quatrième degrés. Aujourd’hui, on appelle sou-
vent ces formules les formules de Tartaglia-Cardan.
Tartaglia est furieux car il considère que Cardano a transgressé sa promesse. S’en-
suivent des échanges de lettres d’insultes entre Tartaglia d’une part et Ferrari agissant
pour le compte de Cardano d’autre part, à l’issue desquels Ferrari défie Tartaglia.
Tartaglia, dont la vraie cible est Cardano, refuse. En 1546, il publie son propre livre,
Nouveaux problèmes et inventions, dans lequel il révèle sa version de l’histoire et le
parjure de Cardano. Mais grâce à Ars Magna, Cardano est devenu intouchable.
En 1548, Tartaglia, toujours pauvre, reçoît une importante proposition d’un poste
de conférencier à Brescia, sa ville natale. Mais pour l’obtenir, il doit répondre au défi de
Ferrari. Tartaglia se résoud donc enfin au face-à-face avec Ferrari, son concurrent et la
créature de Cardano. Le 10 août, le défi a lieu à Milan dans l’église des frères Zoccolanti
sous les yeux de toutes les célébrités milanaises de l’époque, dont Don Ferrante di
Gonzaga, gouverneur de la ville et arbitre du duel. Ferrari fait une meilleure prestation
que Tartaglia, qui va jusqu’à déclarer forfait à l’issue du premier jour, laissant Ferrari
vainqueur. Tartaglia, déconsidéré, perdra même son poste à Venise un an plus tard.
Le dernier personnage de notre histoire est Rafaele Bombelli (1526-1573) et avec
lui les choses s’apaisent. En 1572, il couronne l’œuvre des savants italiens en réalisant
dans son traité Algebra la première étude véritable des √ nombres imaginaires.
√ Dans Ars
Magna, Cardano manipulait les deux nombres 5 + −15 et 5 − −15 et constatait
que leur produit et leur somme sont tous deux des nombres positifs ordinaires : 40 et
10. Mais Cardano qualifiait lui-même ces considérations de « subtiles et inutiles ».
En 1560, donc du vivant de Cardano, et en s’inspirant parfois lourdement d’un
manuscrit de Diophante tout juste retrouvé, l’Arithmetica, Bombelli reprend l’étude
du problème. Il remarque que lorsque la formule de Cardan aboutit à un discriminant
négatif, la méthode géométrique donne une solution réelle positive. Il retrouve ainsi la
racine réelle (connue avant lui) x = 4 de l’équation x3 = 15x + 4. Bombelli arrive à la
conclusion que toute équation du troisième degré posséde au moins une solution réelle.
Mais surtout, il est le premier à utiliser dans ses calculs des racines carrées imaginaires
de nombres négatifs pour obtenir finalement la solution réelle tant recherchée, et à
poser de manière systématique des règles de calcul pour ces nombres.
Voici, pour terminer cette très libre évocation historique, le texte du poème de
Tartaglia qui décrit sa méthode de résolution.
Quando chel cubo con le cose appresso
Se agguaglia à qualche numero discreto
Trouan dui altri differenti in esso.
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Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Calcul Algébrique
Eric Dumas, Emmanuel Peyre, Bernard Ycart
2 Entraînement 16
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3 Compléments 37
3.1 Qu’on m’aille quérir M. Viète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2 L’homme qui savait tout. . . ou pas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3 Triangle de Pascal, binôme de Newton et poésie védique . . . . . . . . 39
3.4 Les formules de Ramanujan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.5 Le Rapido . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.6 Si non è vero, è bene trovato . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.7 La marquise de Tencin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.8 Equations résolubles par radicaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
27 septembre 2014
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1 Cours
1.1 Sommes et produits
Nous commençons par les sommes.
L’écriture
5
2k
X
k=0
se lit « somme pour k allant de zéro à cinq de deux puissance k ». C’est une notation
abrégée pour :
20 + 21 + 22 + 23 + 24 + 25 .
La lettre k est l’indice de sommation. On la remplace successivement par toutes les
valeurs entières comprises entre les deux bornes, qui sont 0 et 5 dans notre exemple. La
première borne, celle qui est écrite au-dessous du signe somme, sera toujours inférieure
ou égale à celle qui est au-dessus. Les bornes peuvent elles-mêmes être des variables,
mais elles sont nécessairement différentes de l’indice de sommation. Par exemple, pour
tout entier naturel n : n
2k
X
k=0
désigne la somme
20 + 21 + 22 + 23 + · · · + 2n−1 + 2n .
Rappelons que, par convention, a0 = 1 pour tout nombre réel a. Prenez l’habitude
d’écrire les sommes sous forme développée quitte à introduire des points de suspension
entre les premiers termes et les derniers. Voici quelques exemples d’égalités illustrant
la manipulation des indices et des bornes. Nous donnons sous chaque exemple une
écriture sous forme développée.
n n−1
2k = 2h+1
X X
k=1 h=0
n
1
2 + ··· + 2 = 2 0+1
+ · · · + 2n−1+1 .
L’indice de sommation peut être remplacé par n’importe quel autre : on dit que c’est
une variable muette.
n n 2n
2k + 2n+h = 2k
X X X
k=0
2n + · · · + 2n = (n + 1)2n .
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Dans cet exemple la quantité à sommer ne dépend pas de l’indice de sommation : celle-
ci a pour seul effet de compter les termes. Attention, pour m 6 n, il y a n − m + 1
termes dans la somme de m à n.
n X
1 n
1 X
k+h
2k+h
X X
2 =
k=0 h=0 h=0 k=0
Une double somme est une somme de sommes, et on peut toujours intervertir les deux.
Voici un enchaînement d’égalités, montrant que la somme des puissances de 2 de 20
jusqu’à 2n vaut (2n+1 − 1) (c’est un cas particulier d’une formule à connaître que nous
verrons plus loin). Pour chaque ligne de calcul, nous donnons à droite l’écriture sous
forme développée. On rappelle que 20 = 1.
n n n
! !
k k k
X X X
2 = 2 2 − 2 = 2(20 + · · · + 2n ) − (20 + · · · + 2n )
k=0 k=0 k=0
n n
! !
k+1 k
X X
= 2 − 2 = (21 + · · · + 2n+1 ) − (20 + · · · + 2n )
k=0 k=0
n+1 n
! !
h k
X X
= 2 − 2 = (21 + · · · + 2n+1 ) − (20 + · · · + 2n )
h=1 k=0
= 2n+1 − 20 = 2n+1 − 1 .
Ce que nous venons de voir pour les sommes s’applique aussi aux produits. Le
produit des entiers de 1 à n intervient dans de nombreuses formules. C’est la factorielle
de n. Elle se note « n! ».
n
Y
n! = k = 1 2 3 · · · (n − 2) (n − 1) n .
k=1
n 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
n! 1 1 2 6 24 120 720 5040 40320 362880 3628800
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Choisir k objets parmi n (ceux que l’on garde) revient à en choisir n − k (ceux que l’on
laisse).
Voici une autre expression de nk .
1 k−1
!
n Y n (n − 1) · · · (n − k + 1)
= (n − h) = . (2)
k k! h=0 1 2 ··· k
Nous conseillons au lecteur de démontrer cette formule à partir des expressions (1)
et (2). Voici la justification combinatoire. Supposons que parmi les n objets dont k
doivent être choisis, l’un d’entre eux soit distingué (disons qu’il est rouge). Parmi
les choix possibles de k objets, certains ne contiennent
pas l’objet rouge, d’autres le
contiennent. Les premiers sont au nombre de n−1 k
, car les k objets sont choisis parmi
les n − 1 différents de l’objet rouge. Les choix contenant l’objet rouge sont au nombre
de n−1k−1
car l’objet rouge ayant été retenu, il reste k − 1 objets à choisir parmi les n − 1
n
autres. Voici, disposées en triangle, les valeurs de k
pour n allant de 0 à 6.
n\k 0 1 2 3 4 5 6
0 1
1 1 1
2 1 2 1
3 1 3 3 1
4 1 4 6 4 1
5 1 5 10 10 5 1
6 1 6 15 20 15 6 1
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Chaque valeur est la somme de celle qui est au-dessus, et de celle qui est à gauche de
celle qui est au-dessus. S’il n’est pas indispensable de connaître ce tableau par cœur, il
est souvent utile de savoir le réécrire rapidement.
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Les deux formules suivantes portent sur deux variables a et b que vous pouvez voir dans
un premier temps comme deux réels. Ces formules sont aussi valables pour des nombres
complexes, et plus généralement pour des objets quelconques que l’on peut ajouter et
multiplier de façon commutative (par exemple des polynômes ou des fonctions de R
dans R).
La première généralise l’identité remarquable a2 − b2 = (a + b)(a − b).
6
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k=0
= an+2 − bn+2
Une autre formule à connaître est celle du binôme de Newton, qui généralise (a + b)2 =
a2 + 2ab + b2 .
7
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8
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imaginaires
2i
−2+i i 2+i
réels
−3 −2 −1 0 1 2 3
−1−i −i 1−i
−2i
9
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Dans le plan complexe, le module est la longueur du segment joignant l’origine au point
représentant z. L’argument est l’angle entre l’axe des réels et ce segment, orienté dans
le sens inverse des aiguilles d’une montre (le sens trigonométrique). Le conjugué est le
symétrique par rapport à l’axe horizontal des réels (figure 3).
Observez qu’un nombre et son conjugué ont le même module et que leur produit
est le carré de ce module.
z z = |z|2 = |z|2 .
10
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z=a+ ib
z
θ
0
z=a− ib
Il est fréquent dans les calculs d’utiliser un conjugué pour simplifier le résultat et le
mettre sous la forme a + ib. Si z1 et z2 sont deux complexes, leur quotient s’écrit :
z1 z1 z2 z1 z2
= = .
z2 z2 z2 |z2 |2
Voici un exemple.
1 + 2i (1 + 2i)(1 − i) 3+i 3 i
= = = + .
1+i (1 + i)(1 − i) 2 2 2
z = a + ib = ρ(cos(θ) + i sin(θ)) .
On dit que le nombre est mis sous forme trigonométrique, ou forme polaire. Cette
écriture prend toute sa force grâce à l’exponentielle complexe.
11
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eib = ei(b+2kπ)
Ainsi,
e2kπi = 1 , e(2k+1)πi = −1 , e(π/2+2kπ)i = i , e(−π/2+2kπ)i = −i .
L’exponentielle complexe conserve la propriété fondamentale de l’exponentielle réelle
qui est de transformer les sommes en produits.
Théorème 6. Soient z et z 0 deux nombres complexes,
0 0
ez+z = ez ez .
D’autre part,
z z0
a c
ee = e cos(b) + i sin(b) e cos(d) + i sin(d)
= ea+c cos(b) + i sin(b) cos(d) + i sin(d) ,
cos(b + d) = cos(b) cos(d) − sin(b) sin(d) et sin(b + d) = sin(b) cos(d) + cos(b) sin(d) .
Si z est un nombre complexe de module ρ et d’argument θ, il est souvent commode
de l’écrire sous sa forme exponentielle :
z = ρeiθ .
z n = (ρeiθ )n = ρn einθ .
12
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Il est facile également de retrouver les racines n-ièmes d’un nombre complexe sous
forme trigonométrique, c’est-à-dire de résoudre l’équation z n = ρeiθ . Il y a n solutions
qui s’écrivent :
ρ1/n ei(θ/n+2kπ/n) , k = 0, . . . , n − 1 .
Les nombres de la forme
ei(2kπ/n) , k = 0, . . . , n − 1 ,
sont les solutions de z n = 1. On les appelle les racines n-ièmes de l’unité (figure 4).
i
e2 iπ/3 e iπ/3
5 iπ/6 iπ/6
e e
−1 1
e7 iπ/6
e11 iπ/6
4 iπ/3
e 5 iπ/3
e
−i
13
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14
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z+z
A
z zA zA zA
θ
z z zA + e iθ ( z − zA )
M(zz’) M(z’)
M(z)
M(0) M(1)
15
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soit n un entier > 2. Parmi les expressions suivantes lesquelles sont égales
à n, lesquelles sont différentes et pourquoi ?
n
X
1. 1.
k=0
n−1
X
2. 1.
k=0
Xn
3. 2k/n.
k=1
n−1
X
4. 2k/(n − 1).
k=0
Xn n−1
X
5. k− h.
k=1 h=0
Xn n−1
X
6. k− h.
k=1 h=2
n−1
X n−2
X
7. k− h.
k=1 h=2
Xn
8. 1.
k=n
Xn
9. k.
k=n
Vrai-Faux 2. Soient n et k deux entiers tels que 1 6 k 6 n. Nous conviendrons que les
entiers compris entre k et n sont k, k + 1, . . . , n − 1, n. Parmi les affirmations suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Le nombre n!/(n − k)! est entier.
2. Le nombre k!/(n!) est entier.
3. Il y a n − k entiers compris entre k et n.
4. Il y a (n − k + 1)2 couples d’entiers compris entre k et n.
n−k+1
5. Il y a 3
triplets d’entiers, différents deux à deux, et tous compris entre
k et n.
6. Il y a n−k+13
triplets d’entiers (a, b, c) tels que a < b < c, et a, b, c compris
entre k et n.
7. La somme des entiers compris entre k et n est (n − k)(n − k + 1)/2.
16
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8. La somme des entiers compris entre k et n est n(n + 1)/2 − k(k + 1)/2.
9. La somme des entiers compris entre k et n est n(n + 1)/2 − k(k − 1)/2.
10. La somme des nombres 2h pour h compris entre k et n vaut 2n+1 − 2k+1 .
11. La somme des nombres 2h pour h compris entre k et n vaut 2n+1 − 2k .
Vrai-Faux 3. Dans une course de chevaux, 10 chevaux sont au départ. Vous en choisissez
3 que vous classez pour jouer au tiercé. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Il y a 3 tiercés dans le désordre.
2. Il y a 3! tiercés, dont 1 dans l’ordre.
10
3. Il y a 3
tiercés possibles.
4. Il y a 720 ordres d’arrivée possibles.
5. Il y a plus de 3 millions d’ordres d’arrivée possibles.
6. Vous avez 720 choix différents.
7. Vous avez une chance sur 120 de gagner le tiercé dans l’ordre.
8. Vous avez une chance sur 120 de gagner, soit dans l’ordre, soit dans le désordre.
Vrai-Faux 4. Parmi les égalités suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses
et pourquoi ?
n
X
k 3n+1 − 1
1. 3 = .
k=0 2
n−1
3n − 1
3k =
X
2. .
k=1 2
n−1
3n − 3
3k =
X
3. .
k=1 2
n
!
n k
3 = 4n .
X
4.
k=0 k
n
!
n k
3 = 4n − 3.
X
5.
k=1 k
n−1
!
n k
3 = 4n − 3n .
X
6.
k=0 k
n
!
n k
3 = 4n − 1 − 3n.
X
7.
k=2 k
Vrai-Faux 5. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses et pourquoi ?
1. Tout nombre réel a pour argument 0.
17
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Vrai-Faux 6. Soit z un nombre complexe non nul. Parmi les affirmations suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Le module de z égal au module de son conjugué.
2. L’argument de z est l’opposé de l’argument de son conjugué.
3. Le produit de z par une racine n-ième de l’unité a le même module que z.
4. L’argument de −z est l’opposé de l’argument de z.
5. Si la partie imaginaire de z est positive, alors son argument est compris entre
0 et π.
6. L’argument de z 2 est le double de l’argument de z.
7. L’argument de z/z est égal à l’argument de z 2 .
q √ q √
Vrai-Faux 7. On pose z = − 2 + 2 + i 2 − 2. Parmi les affirmations suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. la partie réelle de z est l’opposé de sa partie imaginaire.
2. la partie réelle de z 2 est l’opposé de sa partie imaginaire.
3. l’argument de z 2 est −π/4.
4. l’argument de z 2 est 7π/4.
5. le module de z 2 est 16.
6. le module de z est 2.
7. z 2 = 4e−iπ/4 .
8. z = 2e−iπ/8 .
9. z = 2ei(7π/8) . q
√
10. cos(7π/8) = ( 2 + 2)/2.
q √
11. cos(π/8) = ( 2 + 2)/2.
q √
12. sin(7π/8) = ( 2 − 2)/2.
18
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2.2 Exercices
Exercice 1. Calculer les nombres suivants.
X k
3 X k
3 X
X k
3 X
X
1, h, k,
k=1 h=1 k=1 h=1 k=1 h=1
X k
3 Y k
3 Y
X k
3 X
Y
h, k, h,
k=1 h=1 k=1 h=1 k=1 h=1
Y k
3 X k
3 Y
Y k
3 Y
Y
k, h, k.
k=1 h=1 k=1 h=1 k=1 h=1
19
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P Q
Exercice 2. Soient a1 , a2 , a3 , a4 quatre variables. Ecrire à l’aide des symboles et
les quantités suivantes.
1. a1 + a2 + a3 + a4 .
2. a1 + a1 a2 + a1 a2 a3 + a1 a2 a3 a4 .
3. a1 a2 + a2 a3 + a3 a4 .
4. a1 a2 a3 + a2 a3 a4 .
5. a1 a2 + a1 a3 + a1 a4 + a2 a3 + a2 a4 + a3 a4 .
6. a1 (a1 + a2 )(a1 + a2 + a3 )(a1 + a2 + a3 + a4 ).
Exercice 4. Une entreprise veut se donner un nouveau sigle, qui soit formé d’exacte-
ment 3 lettres. De combien de façons peut-elle le faire ? Combien reste-t-il de possibilités
si on impose au sigle d’être formé de lettres distinctes ?
Exercice 5. On met dans une boîte 26 jetons de Scrabble, portant chacune des lettres
de l’alphabet. On en tire 3 à la fois. Combien de tirages différents peut-on obtenir ?
Exercice 6. Dix personnes doivent s’asseoir autour d’une table circulaire. On considère
comme identiques deux dispositions dont l’une se déduit de l’autre par une rotation.
Combien y a-t-il de dispositions possibles ? Combien en reste-t-il si deux personnes
données refusent d’être assises à côté ?
20
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n
X n(n + 1)
1. (n − k) = .
k=0 2
n
X (n + 1)(n + 2)
2. (k + 1) = .
k=0 2
n
(2k + 1) = (n + 1)2 .
X
3.
k=0
21
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n
!
n
3k/2 ik = 2n eniπ/3 .
X
8.
k=0 k
n
X n(n − 1)(n + 2)
9. (nk − 1) = .
k=1 2
Exercice 11. Calculer les sommes suivantes.
n+4
X
1. (k − 2).
k=3
n
!
X n 2k+1 n−3k
2. 3 2 .
k=0 k
Exercice 12. Soit n ∈ N et f (x) = (1 + x)n .
1. En utilisant une formule du cours, écrivez f (x) comme une somme où inter-
viennent les puissances de x.
2. La dérivée de f est f 0 (x) = n(1 + x)n−1 . L’intégrale de f sur [0, 1] vaut
#1
(1 + x)n+1 2n+1 − 1
Z 1 "
f (x)dx = = .
0 n+1 0
n+1
En utilisant la question 1. donner une autre expression de f 0 (x) et de cette inté-
grale.
3. En déduire les valeurs des expressions suivantes :
n n n
! ! !
X n X n X 1 n
, k , .
k=0
k k=0
k k=0 k + 1
k
Exercice 13. Soient n et p deux entiers naturels. Cet exercice présente une méthode
générale pour calculer nk=0 k p , sur le cas particulier p = 2.
P
1. Soit x → P (x) une fonction, donner une expression plus simple de nk=0 (P (k +
P
1) − P (k)).
2. Soit a, b, c des réels et P (x) = ax3 + bx2 + cx. Calculer P (x + 1) − P (x).
3. Déterminer a, b, c de sorte que P (x + 1) − P (x) = x2 .
4. Déduire des questions précédentes que
n
n(n + 1)(2n + 1)
k2 =
X
.
k=0 6
Exercice 14. Le but de l’exercice est de démontrer que pour tout nombre entier naturel
n non nul, et pour tout n-uplets de réels (a1 , . . . , an ) ∈ Rn , (b1 , . . . , bn ) ∈ Rn on a
l’inégalité de Cauchy-Schwarz :
n
!2 n
! n
!
a2i b2i
X X X
ai b i 6 ×
i=1 i=1 i=1
22
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n n n
a2i , b2i ,
X X X
On pose A = B= C= ai b i .
i=1 i=1 i=1
n
(ai x + bi )2 . Exprimez P (x) en fonction de A, B, C et x.
X
1. Soit P (x) =
i=1
2. Si A 6= 0, quel est le signe du trinôme du second degré P ?
3. Déduisez que C 2 6 AB.
4. Soit (a1 , . . . , an ) un n-uplet de réels strictement positifs. Montrez que
n n
! !
1
> n2
X X
ai ×
i=1 i=1 ai
23
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Exercice 20.
√
1. Calculer les racines carrées de (1 + i)/ 2. En déduire les valeurs de cos(π/8) et
sin(π/8).
√
2. Calculer les racines carrées de ( 3 + i)/2. En déduire les valeurs de cos(π/12) et
sin(π/12).
z2 + z + 1 = 0 , z2 − z + 1 = 0 , z 2 + 2z + 4 = 0 ,
4z 2 − 2z + 1 = 0 , z 2 + (1 + 2i)z + i − 1 = 0 , z 2 − (3 + 4i)z − 1 + 5i = 0 ,
z 2 + 4z + 5 = 0 , z 2 − (1 − i)z − i = 0 , z 2 − (11 − 5i)z + 24 − 27i = 0 ,
−1 + i
z3 = i , z3 = , z 3 = 2 − 2i ,
4
√
2z + 1 4
z4 = 1 , z 4 = (−1 + i 3)/2 , =1.
z−1
Exercice 22. Soit θ un réel.
n n n
eikθ . En déduire les valeurs de
X X X
1. Calculer la somme cos(kθ) et sin(kθ).
k=0 k=0 k=0
n n
! !
X n ikθ X n
2. Calculer la somme e . En déduire les valeurs de cos(kθ) et
k=0 k k=0 k
n
!
X n
sin(kθ).
k=0 k
cos2 (x) sin2 (x) , cos(x) sin3 (x) , cos3 (x) sin(x) ,
cos3 (x) sin2 (x) , cos2 (x) sin3 (x) , cos(x) sin4 (x) .
Exercice 24.
1. Déterminer l’ensemble des complexes z tels que (1 − z)/(1 − iz) soit réel.
2. Déterminer l’ensemble des complexes z tels que (1 − z)/(1 − iz) soit imaginaire
pur.
3. Déterminer l’ensemble des complexes z tels que les points d’affixe 1, z, 1 + z 2
soient alignés.
4. Déterminer l’ensemble des complexes z tels que les points d’affixe z, iz, i forment
un triangle équilatéral.
24
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5. Déterminer l’ensemble des complexes z tels que les points d’affixe z, z 2 , z 3 forment
un triangle rectangle au point d’affixe z.
6. Déterminer l’ensemble des complexes z tels que les points d’affixe z, 1/z, 1 − z
soient sur un même cercle, de centre l’origine.
Exercice 25.
1. Montrer que (1 + i)6 = −8i.
2. En déduire une solution de l’équation (E) z 2 = −8i.
3. Ecrire les deux solutions de (E) sous forme algébrique, et sous forme exponen-
tielle.
4. Déduire de la première question une solution de l’équation (E 0 ) z 3 = −8i.
5. Soit A le point d’affixe 2i. Soit B l’image de A par la rotation de centre O et
d’angle 2π/3. Soit C l’image de B par la même rotation. Ecrire les affixes des
points B et C, sous forme exponentielle, puis sous forme algébrique.
6. Vérifier que les affixes calculées à la question précédente sont solution de (E 0 ).
7. Montrer que le triangle ABC est équilatéral et que O est son centre de gravité.
Exercice 26. On note j le nombre complexe e2iπ/3 . On pose a = 8, b = 6j et c = 8j 2 .
On note A, B et C les points d’affixes respectives a, b et c. On note
• A0 l’image de B par la rotation de centre C, et d’angle π/3
• B 0 l’image de C par la rotation de centre A, et d’angle π/3
• C 0 l’image de A par la rotation de centre B. et d’angle π/3
On note a0 , b0 et c0 les affixes respectives de A0 , B 0 et C 0 .
1. Calculer a0 , b0 et c0 .
2. Montrer que les droites AA0 , BB 0 et CC 0 sont concourantes en 0.
3. Montrer que j 3 = 1 et 1 + j + j 2 = 0
4. Soit z un nombre complexe quelconque. Montrer que
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
25
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Question 1.
1
X
A 1 = 1.
k=0
X1
B k = 1.
k=0
Y1
C k = 1.
k=0
Y1
D 1 = 1.
k=0
X10
E 1 = 10.
k=0
Question 3. Soient
! n et k deux entiers.
n+k n!
A = .
n ! k!(n + k)! ! !
n+k n+k−1 n+k−1
B = + .
n ! n !
k−1 !
n+k n+k−1 n+k−1
C = + .
n ! n !
k
n+k n+k n+k−1
D = .
n ! n n !
n+k n+k n+k−1
E = .
n k n
Question 4. Un jeu de tarot comprend 78 cartes, dont 21 atouts. À cinq joueurs, chacun
reçoit 15 cartes, et! 3 cartes constituent le « chien ».
78
A Il y a chiens différents possibles.
3
26
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!
57
B Il y a chiens différents ne contenant aucun atout.
3!
78
C Il y a chiens différents contenant le « petit » (atout numéro 1).
2! !
21 57
D Il y a chiens différents contenant au moins un atout.
1! 2!
21 76
E Il y a chiens différents contenant au moins deux atouts.
2 1
Question 5. Soit n un entier naturel.
2n
2k = 4n − 2n .
X
A
k=n
n
3n+1 − 9
3k =
X
B .
k=2 2
2n
2k = 4n+1 − 8.
X
C
k=2
2n
4
4k = (16n − 1).
X
D
k=1 3
2n
3k = 3(9n ) − 3n .
X
E
k=n
Question 6. Soit
! n un entier naturel.
n
n k
2 = 3n .
X
A
k=0 k
n
!
n k
3 = 2n .
X
B
k=0 k
2n
!
2n
(−3)k = 22n .
X
C
k=0 k
2n+1
!
X 2n + 1
D (−2)k = 1.
k=0 k
n
!
n
(−2)k 3−k = 1.
X
E
k=0 k
Question 7.
A |1 + i| = 2.
π
B arg(1 − i) = − .
2
5π
C arg(−1 − i) = .
4
D |3 + 4i| = 5.
π
E arg(1 + 3i) = .
3
27
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Question 8.
A i23 = −i.
B (1 + i)9 = (1 + i).
√
C (1 + 3i)9 = 512i.
D (1 − i)10 = −32i.
√
E ( 3 + i)6 = 64.
Question 9.
A L’ensemble des points du plan complexe tels que |z − i| = |z + 1| est un cercle.
B L’ensemble des points du plan complexe tels que |z − i| = |z + i| est l’axe des
réels.
C L’ensemble des points du plan complexe tels que |z − i| = |1 + i| est une droite.
D L’ensemble des points du plan complexe tels que |z + 1| = |1 + i| est un cercle.
E L’ensemble des points du plan complexe tels que |z − i| = |2z + i| est une droite.
Question 10.
A L’application qui au point M d’affixe z associe le point M 0 d’affixe z 0 = 1 − iz
est une homothétie.
B L’application qui au point M d’affixe z associe le point M 0 d’affixe z 0 = 1 − iz
est une rotation dont le centre a pour affixe 1.
C L’application qui au point M d’affixe z associe le point M 0 d’affixe z 0 = (1 − i)z
est une rotation d’angle −π/2.
D L’application qui au point M d’affixe z associe le point M 0 d’affixe z 0 = 1 − iz
est une rotation d’angle −π/2. √
E L’application qui au point M d’affixe z associe le point M 0 d’affixe z 0 = 22 (1 −
i)z est une rotation dont le centre est l’origine du plan complexe.
Réponses : 1–BD 2–BD 3–CE 4–AB 5–BD 6–AC 7–CD 8–AD 9–BD 10–DE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soit f une fonction de N dans C∗ . Pour tout n ∈ N, on note :
n
X n
Y
Sn = f (k) et Pn = f (k) .
k=0 k=0
28
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2. Soient n et m deux entiers tels que n 6 m. Montrer que pour tout complexe z
différent de 1 : m
z n − z m+1
zk =
X
.
k=n 1−z
3. Soit n un entier naturel. Montrer que :
2n
X 3
k = n(n + 1) .
k=n 2
k=0 h=1
2. En déduire que :
n
k 2 (k + 1) − k(k − 1)2 = n2 (n + 1) .
X
k=0
3. En déduire que :
n
n(n + 1)(2n + 1)
k2 =
X
.
k=0 6
4. Redémontrer le résultat de la question précédente, par récurrence sur n.
Exercice 2 : Soit n un entier naturel et k un entier strictement positif. On appelle
partition de n en k entiers un k-uplet d’entiers (n1 , . . . , nk ) tels que n1 + · · · + nk = n.
Par exemple, (2, 3, 0, 5) est une partition de 10 en 4 entiers et (3, 5, 2, 0) en est une
autre, différente de la précédente. On note Pn,k le nombre de partitions de n en k
entiers.
1. En énumérant tous les cas possibles, montrer que pour tout n ∈ N et pour tout
k ∈ N∗ :
k(k + 1)
Pn,1 = 1 , Pn,2 = n + 1 , P0,k = 1 , P1,k = k , P2,k = .
2
29
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z 2 + 3(1 − i)z + 8i = 0 .
30
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31
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2.
n n−1 n
k 2 (k + 1) − k(k − 1)2 = n2 (n + 1) + k 2 (k + 1) − k(k − 1)2 .
X X X
D’après la question précédente, les deux sommes du membre de droite sont égales.
D’où le résultat.
3. n n n n
2 2 2 2
k = n2 (n + 1) .
X X X X
k (k + 1) − k(k − 1) = 3k − k = 3 k −
k=0 k=0 k=0 k=0
Donc :
n
!
2 1 n(n + 1) n(n + 1)(2n + 1)
n2 (n + 1) +
X
k = = .
k=0 3 2 6
4. Pour tout entier n, notons H(n) l’hypothèse de récurrence :
n
n(n + 1)(2n + 1)
k2 =
X
H(n) : .
k=0 6
Elle est vraie pour n = 0, puisque dans ce cas la somme est nulle. Supposons que
H(n) est vraie.
n+1 n
2 2
k2
X X
k = (n + 1) +
k=0 k=0
n(n + 1)(2n + 1)
= (n + 1)2 +
6
n+1
= 6n + 6 + 2n2 + n
6
(n + 1)(n + 2)(2n + 3)
= .
6
Donc H(n + 1) est vraie, donc par récurrence, H(n) est vraie pour tout n ∈ N.
Exercice 2 :
1. Le seul 1-uplet dont la somme vaut n est (n), donc Pn,1 = 1. Les couples d’entiers
dont la somme vaut n sont :
32
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Donc P1,k = k. Les k-uplets d’entiers dont la somme vaut 2 sont ceux dont une
des coordonnées vaut deux, et
tous ceux qui ont deux coordonnées égales à 1. Il
y en a k du premier type et k2 du second. :
k(k − 1) k(k + 1)
P2,k = k + = .
2 2
D’après la première question, H(0) est vraie. Supposons que H(n − 1) est vraie.
Nous allons montrer, par récurrence sur k, que H(n) est vraie. Pour n fixé, notons
H 0 (k) l’hypothèse de récurrence sur k :
!
0 n+k−1
H (k) : Pn,k = .
k−1
D’après la première question, H 0 (1) est vraie, puique Pn,1 = 1. Supposons que
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Exercice 3 :
1. Sous forme exponentielle, −i s’écrit e3iπ/2+2ikπ , pour tout k ∈ Z. Les deux nombres
dont le carré vaut −i sont e3iπ/4 et e7iπ/4 . Sous forme algébrique :
√ √ √ √
3iπ/4 2 2 7iπ/4 2 2
e =− +i et e = −i .
2 2 2 2
√ 2
2. Le nombre ∆ s’écrit ∆ = 5 2 (−i). Ses racines carrées sont celles de −i,
√
multipliées par 5 2, soit :
−5 + 5i et 5 − 5i .
3. Le discriminant de cette équation est :
2
3(1 − i) − 4(8i) = −18i − 32i = −50i = ∆ .
Les deux solutions sont :
1 1
− 3 + 3i + (−5 + 5i) et − 3 + 3i + (5 − 5i) ,
2 2
soit :
−4 + 4i et 1 − i
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A
M
O
B
4. Figure 7.
Soient zA , zB , zC les affixes respectives des points A, B, C.
zA = 2 + 2i , zB = 1 − i , zC = −4 + 4i .
35
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3 Compléments
3.1 Qu’on m’aille quérir M. Viète
Au service successivement de Charles IX, Henri III, puis Henri IV, François Viète
(1540–1603) était plus connu de son vivant comme avocat, membre du conseil du Roi,
maître des requêtes, que comme mathématicien. Pourtant il est l’un des premiers à
avoir systématisé l’usage des lettres pour symboliser des variables, ouvrant ainsi la
voie au calcul algébrique moderne. À partir de 1591, Viète commence à publier, à ses
frais et à l’usage de ses amis, l’exposé systématique de sa théorie mathématique, qu’il
nomme « logistique spécieuse » (de specis : symbole) ou art du calcul sur des symboles.
Il développe d’abord les fondements de cette nouvelle algèbre dans son « Isagoge »,
puis en donne la même année des applications essentielles dans ses « Zététiques ».
D’autres livres viendront compléter l’exposé de cette théorie, qui permet de résoudre
des familles d’équations algébriques de degré 2 à 4 en donnant un sens géométrique à ces
résolutions. Dans un premier temps, Viète recommande de noter toutes les grandeurs
en présence, ainsi que leurs relations, en utilisant son symbolisme, puis de résumer le
problème sous forme d’une équation. La notation de Viète est loin de celle que nous
utilisons : il n’avait pas de signe pour l’égalité, ni pour la multiplication, ni pour les
opérateurs de comparaison, et surtout il avait fait le choix de noter les paramètres par
des consonnes et les inconnues par des voyelles, ce qui rendait le texte peu lisible. Le
choix des premières lettres a, b, c pour les paramètres et des dernières x, y, z pour les
inconnues est celui de Descartes, un demi-siècle après Viète.
À partir de 1588, la fonction principale de Viète est de décrypter les codes secrets
ennemis, et ses succès donnent un avantage réel à la diplomatie française. Dans deux
de ses lettres à Henri IV, le mathématicien s’y déclare explicitement « interprète et
déchiffreur du Roy ». En 1590, pour des raisons diplomatiques, et sans doute avec
l’aval d’Henri IV, il publie une lettre du commandeur Moreo au Roi d’Espagne, qu’il
a déchiffrée. Furieux de voir son code découvert, Philippe II porte plainte auprès du
Pape, accusant le roi de France d’user de magie et Viète d’être un nécromant. Le Pape,
dont les services décodaient les lettres espagnoles depuis plusieurs années, s’empressa
de ne pas donner suite, et l’on rit beaucoup à la cour de France. . . Du moins est-
ce ainsi que l’on raconte l’histoire habituellement, aux dépens des espagnols. Peut-être
est-ce un peu rapide : l’homologue de Viète auprès de Philippe II, Luis Valle del Cerdo,
ne se privait pas pendant ce temps de déchiffrer les lettres d’Henri IV ! Toujours est-il
que le mémoire de Viète, adressé à Sully quelques jours avant sa mort et décrivant sa
méthode pour le déchiffrement des codes espagnols, est considéré comme un des textes
fondateurs de la cryptologie.
Une anecdote montre la haute estime en laquelle Henri IV tenait son déchiffreur ;
elle est rapportée par Tallemant des Réaux.
Du temps d’Henri IV, un Hollandais, nommé Adrianus Romanus, savant
aux mathématiques, mais non pas tant qu’il croyait, fit un livre où il mit
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Pascal n’a jamais prétendu avoir inventé son triangle, qui était connu en Europe
depuis plus d’un siècle : il apparaît entre autres dans les travaux de Apianus (1527),
Stifel (1544), Scheubel (1545), Tartaglia (1556), Bombelli (1572). Le même tableau et
son application au développement de (a+b)n , étaient connus des mathématiciens arabes
depuis al-Karaji (1000) et chinois depuis Chia Hsien (1100). Mais tous ignoraient que
les mathématiciens indiens l’avaient découvert bien longtemps avant.
Dans les poèmes en ancien Sanskrit 1 , la musique des vers provient en grande partie
de l’alternance des syllabes courtes ou longues. Pour la poésie védique, les vers pou-
vaient contenir de 1 à 13 syllabes ; se posait alors la question d’énumérer les rythmes
différents (alternances de syllabes courtes ou longues) que l’on pouvait former avec un
nombre fixé de syllabes. Dans son traité Chandrahsūtra, Pingala (iie siècle av. J.C. ?)
donne de manière assez cryptique la manière de décomposer tous les vers de n syllabes.
La voici, par son commentateur Halāyudha (xe siècle).
Ici est expliquée la règle de développement pyramidal (meru-prastāra) des
combinaisons d’une, deux etc., syllabes formées de sons courts et longs.
Après avoir dessiné un carré en haut, deux carrés sont dessinés en dessous,
de sorte que la moitié de chacun soit étendu de chaque côté. En-dessous trois
carrés, en-dessous quatre carrés sont dessinés et le processus est répété jus-
qu’à atteindre la pyramide désirée. Dans le premier carré, le symbole pour
un doit être placé. Ensuite dans chacun des deux carrés de la seconde ligne,
le chiffre un est placé. Ensuite sur la troisième ligne le chiffre un est placé
dans chacun des carrés extrêmes. Dans le carré du milieu la somme des
chiffres des deux carrés immédiatement au-dessus doit être placée. Dans la
quatrième ligne, un doit être placé dans chacun des deux carrés extrêmes.
Dans chacun des deux carrés intermédiaires, la somme des chiffres des deux
carrés immédiatement au-dessus, c’est-à-dire trois, doit être placée. Les car-
rés suivants sont remplis de cette manière. Ainsi la seconde ligne donne le
développement des combinaisons d’une syllabe ; la troisième ligne la même
chose pour deux syllabes, la quatrième ligne pour trois syllabes, et ainsi de
suite.
C’est bien la construction du triangle arithmétique. Pingala savait énumérer les ma-
nières d’écrire n syllabes courtes ou longues, ce qui représente, après le Yi Jing, la
seconde plus ancienne énumération binaire connue. Cela ne donne pas exactement la
formule du binôme de Newton, mais c’est tout de même plutôt remarquable.
À propos, que vient faire Newton dans cette affaire ? Vers 1665, il généralisa la
formule du binôme à des exposants réels quelconques (et plus seulement des entiers
positifs), en remplaçant les sommes finies par des séries infinies. Mais ceci est une
autre histoire, que nous vous raconterons un jour. . .
1. Amulya Kumar Bag : Binomial Theorem in ancient India, Indian Journal of History of Sciences
p. 68–74 (1966)
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3.5 Le Rapido
Voulez-vous calculer vos chances de gagner au Bridge, au Poker, au Loto, au Keno ?
Le procédure est à peu près la même et vous avez tous les outils en main.
Commençons par une formule générale, qui vous servira pour tous les jeux de hasard.
Soit N un entier au moins égal à 2. Soient m et n deux autres entiers inférieurs ou
égaux à N .
! min{m,n} ! !
N X m N −m
= (8)
n k=0 k n−k
On peut démontrer cette formule par récurrence, en utilisant les propriétés des coeffi-
cients du binôme, mais il est plus intéressant de la comprendre. Disons que N est un
nombre d’objets parmi lesquels vous vous apprêtez à en piocher n : N = 52 cartes et
41
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Comment en déduire vos chances d’avoir 4 as dans une main ? C’est facile, il suffit de
diviser le nombre de mains contenant 4 as par le nombre total de mains.
4 48
4 9
52
' 0.002641 .
13
Le Rapido, comme son nom l’indique, ne demande pas une réflexion très puissante,
et les résultats défilent toutes les 10 minutes sur un écran de télé. Pour jouer, vous
cochez 8 numéros parmi 20 sur la grille A, et 1 numéro parmi 4 sur la grille B. Les
« bons » numéros affichés à la télé sont choisis de même. Vous pouvez donc avoir k
bons numéros (k entre 0 et 8) sur la grille A et 0 ou 1 sur la grille B. Vos chances
d’avoir k bons numéros sur la grille A sont de :
8 12
k 8−k
20
.
8
Pour avoir vos chances d’avoir en plus le bon numéro de la grille B, multipliez par 1/4.
Voici les probabilités pour k allant de 0 à 8 et b = 0 ou 1 selon que vous avez ou non
le numéro de la grille B.
b\k 0 1 2 3 4 5 6 7 8
0 0.00295 0.03772 0.15404 0.26406 0.20630 0.07335 0.01100 0.00057 0.00001
1 0.00098 0.01257 0.05135 0.08802 0.06877 0.02445 0.00367 0.00019 0.00000
Vos chances d’avoir au moins 3 bons numéros sur la grille A sont de 74%, ce qui
vous encourage à jouer. Cependant vous ne gagnez qu’à partir de 4 bons numéros. Voici
42
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les gains en euros offerts pour 1 euro misé, pour chacune des combinaisons gagnantes.
b\k 4 5 6 7 8
0 0 2 10 50 1000
1 1 6 30 150 10000
D’après les probabilités calculées plus haut, sur 100 000 joueurs payant chacun 1 euro,
environ 6877 gagneront 1 euro, environ 7335 gagneront 2 euros, environ 2445 gagneront
6 euros, . . . Au total, la Française des Jeux reversera en moyenne 66 518 euros, pour
100 000 euros de mise empochés.
43
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45
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Voici ce que l’on appelle de manière assez injuste les « formules de Cardan ». Consi-
dérons l’équation :
(E) ax3 + bx2 + cx + d = 0 ,
avec a 6= 0. En divisant par a puis en posant z = x + b/(3a), on obtient l’équation
(E 0 ) z 3 + pz + q = 0 ,
où
3ac − b2 27a2 d − 9abc + 2b3
p= et q = .
3a2 27a3
Si 4p3 + 27q 2 > 0, La formule suivante donne une solution réelle en z :
v s v s
u u
u
3 q 1 4p3 +27q 2 u
3 q 1 4p3 + 27q 2
z0 = − + + − − . (9)
t t
2 2 27 2 2 27
Tartaglia et Cardan n’utilisaient leurs formules que pour des équations dont on
savait à l’avance qu’elles avaient des solutions réelles. Quand tout se passait bien, (9)
donnait cette solution réelle. En factorisant par (z − z0 ), on se ramenait à une équation
de degré 2 que l’on savait résoudre.
Cardan, puis Bombelli furent intrigués par l’équation x3 − 15x − 4 = 0, dont 4 est
racine. Pourtant, la formule de Cardan donne comme solution
q
3 √ q
3 √
2 + 11 −1 + 2 − 11 −1 .
En fait dans le cas général (9) définit six nombres complexes, parmi lesquels seulement
trois sont solutions de l’équation (E 0 ). En effet, si u est tel que u3 = z, les deux autres
racines cubiques de z sont ju et ju, où j = e2iπ/3 et j = j 2 = e4iπ/3 sont les deux racines
cubiques de l’unité différentes de 1. Voici la solution complète de (E 0 ).
1. Si 4p3 + 27q 2 > 0, soient u et v les deux réels tels que
s s
q 1 4p3 + 27q 2 q 1 4p3 + 27q 2
u3 = − + et v 3 = − −
2 2 27 2 2 27
Les trois solutions de (E 0 ) sont
z1 = u + v , z2 = ju + jv , z3 = ju + jv .
L’équation (E 0 ) a une solution réelle, et deux solutions complexes conjuguées.
2. Si 4p3 + 27q 2 < 0, soit u un des complexes tels que :
s
q i −4p3 − 27q 2
u3 = − + .
2 2 27
Les trois solutions de (E 0 ) sont :
z1 = u + u , z2 = ju + ju , z3 = ju + ju .
L’équation (E 0 ) a trois solutions réelles, même s’il faut passer par les complexes
pour les écrire.
46
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En 1540, un élève de Cardan, Ludovico Ferrari donne des expressions explicites pour les
solutions d’équations de degré 4, mais le problème des solutions non réelles demeure.
En 1572, Bombelli surmonte sa répulsion à l’égard des racines carrées de nombres
négatifs et écrit le nombre « più di meno », c’est-à-dire i, puis définit les règles que
vous connaissez, en particulier « più di meno via più di meno fa meno » : i × i = −1.
On constata bientôt qu’en acceptant les racines complexes et en comptant ces racines
avec leur multiplicité, toute équation de degré 2 avait 2 racines, toute équation de degré
3 en avait 3 et toute équation de degré 4 en avait 4. Ceci fut énoncé par Girard en
1629, puis Descartes en 1637.
Et les équations de degré 5 ? On chercha longtemps une « résolution par radicaux » :
une formule générale ne faisant intervenir que les opérations de C et l’extraction de
racines. Le mémoire sur la résolution algébrique des équations que Joseph Louis La-
grange (1736–1813) publia en 1772 était une avancée importante. Il proposait une
théorie ramenant le problème à l’étude des différentes valeurs que peuvent prendre cer-
taines fonctions des racines lorsque l’on permute ces racines entre elles. Il y montrait
aussi que les méthodes qui avaient conduit à la résolution des équations de degrés 2
3 et 4 ne pouvaient pas fonctionner sur une équation de degré 5 générale. Il s’écoula
encore 60 ans avant qu’Evariste Galois (1811–1832) ne comprenne que la résolubilité
par radicaux était liée aux propriétés du groupe des permutations des racines. Une
conséquence de la théorie de Galois était la démonstration du fait que les équations de
degré 5 n’étaient pas résolubles par radicaux en général. Ce n’est qu’en 1870, avec la
parution du « Traité des substitutions et des équations algébriques » de Camille Jordan
(1838–1922) que l’ampleur des conceptions de Galois fut pleinement comprise.
Il faut dire que Galois avait exposé ses idées dans des articles plutôt mal écrits,
souvent incomplets, ainsi que dans une lettre à un ami, fébrilement écrite dans la nuit
du 29 mai 1832. Elle se terminait par ces mots : « Après cela, il y aura j’espère des gens
qui trouveront leur profit à déchiffrer tout ce gâchis. Je t’embrasse avec effusion ». Le
lendemain matin, il mourait des suites d’un duel ; il avait 21 ans.
47
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Nombres réels
Bernard Ycart
Vous savez déjà compter, et vous connaissez les propriétés des réels. Une seule
nouveauté dans ce chapitre, la notion de borne (supérieure ou inférieure) d’un en-
semble. Au-delà des définitions, vous allez commencer à vous habituer aux « epsilons
strictement positifs », à comprendre comme des quantités pouvant prendre des valeurs
arbitrairement petites. À part ça, pas grand chose de neuf ni de difficile dans ce chapitre
d’introduction à l’analyse.
2 Entraînement 13
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3 Compléments 24
3.1 Papier normalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.2 La constante de Ramanujan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.3 Nombres incommensurables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.4 Les frères Banu-Musâ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.5 La numérisation des raisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.6 Les coupures de Dedekind . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.7 Point fixe d’une application croissante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
8 novembre 2011
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1 Cours
1.1 Opérations
Nous ne présenterons pas de construction axiomatique de l’ensemble R des nombres
réels. Cette section rappelle quelques notations, les propriétés des opérations (addition,
multiplication) et de la relation d’ordre.
Nous utilisons les notations classiques suivantes pour les ensembles emboîtés de
nombres N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.
Notation Ensemble Exemples
N Entiers naturels 0, 1, 2, 3, . . .
Z Entiers relatifs −2, −1, 0, 1, 2, . . .
355
Q Rationnels 1.2,
√ 1/2, 0.0012, 113 , . . .
R Réels 2, π, e, . . . √
C Complexes 1 + 2i, 1 + i 3, 2eiπ/3 , . . .
1
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• Réflexivité : ∀x ∈ R , x 6 x
• Transitivité : ∀x, y, z ∈ R , (x 6 y et y 6 z) =⇒ x 6 z
• Antisymétrie : ∀x, y ∈ R , (x 6 y et y 6 x) =⇒ x = y
• Ordre total : ∀x, y ∈ R , x 6 y ou y 6 x
Les trois premières propriétés définissent une relation d’ordre. Ici l’ordre est total car
deux réels quelconques peuvent toujours être comparés.
Pour des raisons de commodité, on utilise aussi couramment les notations >, <, > :
Notation Définition
x>y y6x
x<y x 6 y et x 6= y
x>y x > y et x 6= y
La relation d’ordre est compatible avec l’addition par un réel quelconque, et avec la
multiplication entre réels positifs.
• ∀x, y, z ∈ R , x 6 y =⇒ x + z 6 y + z
• ∀x, y, z ∈ R , x < y =⇒ x + z < y + z
• ∀x, y ∈ R , ∀z ∈ R+ , x 6 y =⇒ x z 6 y z
• ∀x, y ∈ R+∗ , ∀z ∈ R+∗ , x < y =⇒ x z < y z
Comme conséquence de ces relations de compatibilité, on obtient les règles suivantes
qui permettent de combiner des inégalités.
∀x, y, z, t ∈ R , (x 6 y et z 6 t) =⇒ x + z 6 y + t
On peut donc ajouter deux inégalités de même sens (attention : on ne peut pas ajouter
deux inégalités de sens opposés ni soustraire deux inégalités de même sens).
∀x, y ∈ R , ∀z, t ∈ R+ , (x 6 y et z 6 t) =⇒ x z 6 y t
On peut multiplier deux inégalités de même sens, si elles concernent des réels positifs ou
nuls. (attention : on ne peut pas mutiplier deux inégalités de sens opposés, ni diviser des
inégalités de même sens, ni multiplier des inégalités qui concernent des réels négatifs).
Pour se ramener à des inégalités de même sens, ou à des réels positifs, il peut être utile
de changer de signe ou de passer à l’inverse.
• ∀x, y ∈ R , (x 6 y) =⇒ (−x > −y)
• ∀x, y ∈ R+∗ , (x 6 y) =⇒ (1/x > 1/y)
2
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1.2 Bornes
Définition 1. Soit A une partie de R et M un réel. On dit que M est un majorant de
A si :
∀x ∈ A , x 6 M .
De même, m ∈ R est un minorant de A si :
∀x ∈ A , m6x.
Non seulement N n’a pas de plus grand élément mais de plus aucun réel n’est plus grand
que tous les éléments de N. Par contre, les 5 derniers ensembles du tableau ci-dessus
sont bornés au sens suivant.
Définition 2. Soit A une partie de R (un ensemble de réels). On dit que A est :
• majorée s’il existe un majorant de A,
• minorée s’il existe un minorant de A,
• bornée si A est à la fois majorée et minorée.
3
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Du fait que l’ordre des réels est total, la borne supérieure et la borne inférieure, si
elles existent, sont nécessairement uniques. Lorsque A admet un plus grand élément,
la borne supérieure de A est ce plus grand élément. Lorsque A admet un plus petit
élément, la borne inférieure de A est ce plus petit élément. On étend la définition de
sup et inf aux ensembles non majorés et non minorés par la convention suivante.
1. Si A n’est pas majorée, sup(A) = +∞
2. Si A n’est pas minorée, inf(A) = −∞
Reprenons comme exemples les 6 ensembles du tableau précédent.
Ensemble Borne inférieure Borne supérieure
N 0 +∞
Z −∞ +∞
{1/n , n ∈ N∗ } 0 1
{(−1)n (1 − 1/n) , n ∈ N∗ } −1 1
{(−1)n (1 + 1/n) , n ∈ N∗ } −2 3/2
{(−1)n + 1/n , n ∈ N∗ } −1 3/2
{(−1)n − 1/n , n ∈ N∗ } −2 1
Dans le cas où A est majorée et n’admet pas de plus grand élément, alors sup(A)
n’appartient pas à A, mais on trouve néanmoins des éléments de A arbitrairement
proches de la borne supérieure.
Démonstration : Comme sup(A) est le plus petit des majorants, sup(A)−ε ne peut pas
être un majorant. Il existe donc un élément de A supérieur à sup(A)−ε. Comme sup(A)
4
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est un majorant, cet élément est inférieur à sup(A). Le raisonnement pour inf(A) est
analogue.
Nous allons souvent rencontrer dans ce cours des réels ε strictement positifs ar-
bitrairement petits. On peut s’en faire une idée concrète en pensant ε = 0.001, ou
bien ε = 10−6 . Prenons comme exemple A = {1/n2 , n ∈ N∗ }. La borne inférieure est
inf(A) = 0. La proposition 1 permet d’affirmer que pour tout ε > 0, il existe un élément
de l’ensemble inférieur à ε. Et d’ailleurs l’équivalence ci-dessous permet de l’exhiber.
q
2
1/n 6 ε ⇐⇒ n > 1/ε .
∀ε > 0 , ∃a ∈ A , x−ε6a,
alors x = sup(A).
2. Si x est un minorant de A tel que
∀ε > 0 , ∃a ∈ A , a6x+ε,
alors x = inf(A).
Démonstration : Si
∀ε > 0 , ∃a ∈ A , x−ε6a,
alors pour tout ε > 0, x − ε n’est pas un majorant de A, donc si x est un majorant,
c’est bien le plus petit.
Le raisonnement pour inf(A) est analogue.
La borne supérieure peut donc être caractérisée de deux manières différentes.
• sup(A) est le plus petit des majorants de A
• sup(A) est le seul majorant x de A tel que pour tout ε > 0, il existe un élément
de A entre x − ε et x.
De manière analogue,
• inf(A) est le plus grand des minorants de A
• inf(A) est le seul minorant x de A tel que pour tout ε > 0, il existe un élément
de A entre x et x + ε.
En liaison avec la proposition précédente, voici pour terminer cette section une ap-
plication simple des notions de borne supérieure et inférieure, que l’on retrouve dans
beaucoup de démonstrations.
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1.3 Intervalles
Définition 4. Une partie I de R est un intervalle si, dès qu’elle contient deux réels,
elle contient tous les réels intermédiaires :
∀c, d ∈ I , ∀x ∈ R , (c 6 x 6 d) =⇒ (x ∈ I) .
Par exemple, R+ est un intervalle, car tout réel compris entre deux réels positifs
est positif. Mais R∗ n’en est pas un, car il contient 1 et −1 sans contenir 0. L’ensemble
vide et les singletons sont des cas très particuliers d’intervalles. Nous allons utiliser
sup et inf pour caractériser tous les intervalles contenant au moins deux éléments. Ils
se répartissent en 9 types, décrits dans le tableau ci-dessous. Dans ce tableau, a et b
désignent deux réels tels que a < b.
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Voici la discussion pour les intervalles bornés. Si un intervalle I est borné et contient
deux éléments, il admet une borne inférieure et une borne supérieure distinctes. Notons
a = inf(I) et b = sup(I) .
Par définition de sup et inf, tout élément x de I est entre a et b :
∀x ∈ I , a6x6b.
Nous allons montrer que tout réel x tel que a < x < b appartient à I. En effet, si
a < x < b, x n’est ni un majorant, ni un minorant de I. Il existe donc deux éléments
y et z de I tels que y < x < z. Par la définition 4, x appartient à I. Selon que a et b
appartiennent ou non à I, on obtient les 4 premiers types du tableau.
Considérons maintenant un intervalle minoré mais non majoré. Soit a la borne
inférieure. Tout élément de I est supérieur ou égal à a. Montrons que I contient tous
les réels x strictement supérieurs à a. Comme x n’est pas un minorant, I contient un
élément y < x, et comme I n’est pas majoré, il contient un élément z > x. Donc x
appartient à I. Selon que a appartient ou non à I, on obtient 2 types d’intervalles non
majorés. Les deux types d’intervalles non minorés sont analogues.
Enfin, si un intervalle I n’est ni majoré, ni minoré, pour tout réel x, on peut trouver
deux réels y et z dans I tels que y < x < z, ce qui entraîne x ∈ I. Donc I = R.
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On en déduit :
x − 1 < bxc 6 x .
La partie entière de π est 3. Attention : la partie entière de −π est −4, et non −3. On
appelle partie décimale de x et on note D(x), la différence de x avec sa partie entière.
donc,
10−n b10n xc 6 x < 10−n b10n xc + 10−n ,
Le nombre décimal dn = 10−n b10n xc est l’approximation de x par défaut à 10−n près.
Observez que dn et dn+1 coïncident jusqu’à la dernière décimale de dn :
1 = 0.99999999 . . .
∃M ∈ R , ∀x ∈ A , x6M .
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{ b10n xc , x ∈ A } .
est un ensemble d’entiers, majoré par M . Il admet donc un plus grand élément. Divisons
chacun de ses éléments par 10−n :
Dn = { 10−n b10n xc , x ∈ A } .
L’ensemble Dn est l’ensemble des approximations par défaut à 10−n près des éléments
de A. Comme le précédent, il admet un plus grand élément, que nous noterons dn . Par
construction, pour tout n ∈ N, dn+1 > dn . Nous allons démontrer par l’absurde que
Mais alors b10n xc serait supérieur ou égal à 10n dn + 1, ce qui contredit la définition de
dn . La suite (dn )n∈N est donc bien une suite d’approximations décimales et détermine
un réel unique que nous notons b. Nous voulons montrer b est la borne supérieure de
A. Montrons d’abord que c’est un majorant de A. Toujours par l’absurde, supposons
qu’il existe x ∈ A tel que x > b. Fixons n tel que 10−n < x − b. Alors
ce qui contredit la définition de dn . Il nous reste à montrer que pour tout ε > 0, il
existe x ∈ A tel que b − ε < x. Fixons n tel que 10−n < ε. Par construction, il existe
x ∈ A tel que dn = 10−n b10n xc. Donc
b − ε < b − 10−n 6 dn 6 x .
Ne nous leurrons pas : la démonstration qui précède, si elle présente l’avantage
de construire explicitement la borne supérieure, n’est pas parfaitement étanche. Vous
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soit A une partie non vide de R. Parmi les affirmations suivantes les-
quelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. A possède une borne supérieure, finie ou infinie.
2. Si A est minorée, alors A possède une borne inférieure finie.
3. Si x 6 sup(A) alors x ∈ A.
4. Si A contient au moins 2 réels distincts, alors A contient un rationnel.
5. Si A est infinie, alors A contient une infinité d’irrationnels.
6. Si A contient un intervalle de R, contenant lui-même deux points distincts,
alors A contient une infinité d’irrationnels.
7. Si A contient un intervalle de R, alors A contient une infinité de rationnels.
Vrai-Faux 2. Soit A une partie non vide de R. On note |A| = {|x| , x ∈ A}. Parmi les
affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Si A est majorée, alors |A| possède une borne supérieure finie.
2. 0 est un minorant de |A|.
3. |A| possède toujours une borne inférieure finie.
4. |A| possède toujours une borne supérieure finie.
5. A est bornée si et seulement si |A| est majorée.
6. Si A est un intervalle, alors |A| est un intervalle.
7. Si |A| est un intervalle, alors A est un intervalle.
8. Si A est un intervalle ouvert, alors |A| est un intervalle ouvert.
9. Si A est un intervalle fermé, alors |A| est un intervalle fermé.
Vrai-Faux 3. Soit a un réel quelconque. Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Si (∀ε > 0 , a < ε), alors a < 0.
2. Si (∀ε > 0 , a > 1 − ε), alors a > 1.
3. Si (∀ε > 0 , a > 1 − ε2 ), alors (∀ε > 0 , a > 1 − 2ε).
4. Si (∀ε > 0 , a > 1 − ε), alors (∀ε > 0 , a > 1 − ε2 ).
√
5. Si (∀n ∈ N∗ , a > 1/ n), alors a > 1.
√
6. Si (∀n ∈ N∗ , a < 1/ n), alors a < 0.
√
7. Si (∀n ∈ N∗ , a > 1 − 1/ n), alors (∀ε > 0 , a > 1 − ε).
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2.2 Exercices
Exercice 1. Pour chacun des ensembles de réels suivants :
2n + (−1)n
( )
n+1 2n + 1
, n∈N , , n∈N , , n∈N ,
n+2 n+2 n+2
m+n 2m + n m−n
, m, n ∈ N∗ , , m, n ∈ N∗ , , m, n ∈ N∗ .
m + 2n m + 2n m + 2n
1. L’ensemble est-il majoré ? minoré ?
2. L’ensemble admet-il un plus grand élément ? un plus petit élément ?
3. Déterminer la borne supérieure et la borne inférieure de l’ensemble.
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3. Montrer que si l’intersection A ∩ B est non vide, alors elle admet une borne
supérieure et une borne inférieure finies. Montrer que
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1. Soient x et y deux réels quelconques.
A Si x < y alors x2 6 y 2 .
B Si 0 < x < y alors 0 < 1/y < 1/x.
C Si x < y alors 1 − x > 1 − y.
D Si x < y alors x2 < xy.
E Si 0 < x < y alors xy 2 < x2 y.
Question 2. On considère l’ensemble A suivant.
n o
A = (−2)n , n ∈ Z .
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2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soit A une partie non vide et majorée de R. Soit a un réel.
1. Quand dit-on que a est un majorant de A ?
2. Quand dit-on que a est le plus grand élément de A ?
3. Quand dit-on que a est la borne supérieure de A ?
4. Quand dit-on que A est un intervalle ?
5. Démontrer que si A est un intervalle majoré, non minoré, et si a est la borne
supérieure de A, alors A =] − ∞, a [ ou bien A =] − ∞, a ].
Exercice 1 : Soit A une partie non vide de R+ et B une partie non vide de R+∗ . On
note A : B l’ensemble des quotients d’un élément de A par un élément de B.
n o
A : B = a/b , a ∈ A , b ∈ B .
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∀ε > 0 , ∃x ∈ A : B , x<ε.
∀x ∈ A , x 6 a .
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3. On dit que a est la borne supérieure de A si c’est le plus petit des majorants de
A.
4. On dit que A est un intervalle si tout point entre deux points de A est aussi dans
A.
∀x, y ∈ A , ∀z ∈ R , (x 6 z 6 y) =⇒ z ∈ A .
5. Démontrer que A =] − ∞, a [ ou bien A =] − ∞, a ] équivaut à montrer les deux
inclusions suivantes.
A ⊂ [−∞, a ] et ] − ∞, a [ ⊂ A .
x ∈]
/ − ∞, a ] =⇒ x ∈
/A.
La contraposée est :
x ∈ A =⇒ x ∈] − ∞, a] ,
ce qui équivaut à la première inclusion.
Montrons la seconde inclusion. Soit x un réel strictement inférieur à a. Puisque
A n’est pas minoré, x n’est pas un minorant. Donc il existe c ∈ A tel que c < x.
Puisque a est le plus petit des majorants de A, x n’est pas un majorant. Donc il
existe d ∈ A tel que x < d. Les deux réels c et d appartiennent à A et sont tels
que c < x < d. Comme A est un intervalle, ceci entraîne que x appartient à A.
Au total nous avons montré que
x < a =⇒ x ∈ A ,
soit ] − ∞, a [ ⊂ A.
Exercice 1 :
1. Observons que M est strictement positif, car B ⊂ R+∗ . Si m < 0, alors m/M < 0
et la propriété annoncée est vraie puisque A : B ⊂ R+ . Supposons donc m > 0.
Pour tout y ∈ B, 0 < y 6 M , donc 0 < 1/M 6 1/y. Pour tout x ∈ A, 0 6 m 6 x.
Donc :
m x
∀x ∈ A , ∀y ∈ B , 6 .
M y
Donc m/M est un minorant de A : B.
2. Soit a un élément quelconque de A. Comme B n’est pas majoré, il existe y ∈ B
tel que y > a/ε > 0. Donc x = a/y < ε, or x ∈ A : B, d’où le résultat.
3. Par hypothèse, tout élément de A : B est positif ou nul. Donc 0 est un minorant de
A : B. D’après la question précédente, pour tout ε > 0, ε n’est pas un minorant de
A : B. Donc 0 est le plus grand des minorants de A : B ; c’est la borne inférieure.
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3 Compléments
3.1 Papier normalisé
Les dimensions des feuilles de papier que vous avez sous les yeux sont irrationnelles !
La norme internationale ISO 216 définit les formats utilisés dans la plupart des pays
aujourd’hui, dont le très connu format A4. À l’origine, le standard fut adopté par la
DIN (Deutsche Institut für Normung, organisme de normalisation et standardisation
allemand) en Allemagne en 1922. Certaines grandeurs avaient été définies en France
durant la Révolution, puis oubliées. La norme ISO 216 définit trois séries de format
de papier, A, B et C. La série C est principalement utilisée pour les enveloppes. Voici
comment est définie la série A.
Si on divise en deux une feuille, on souhaite que la plus grande et la plus petite
dimension des deux moitiés restent dans le même rapport que celles de la feuille entière.
Par exemple soient L et l la plus grande et la plus petite dimension d’une feuille A0.
Quand on la divise en deux, on obtient deux feuilles A1 dont la plus grande dimension
est l et la plus petite L/2. On doit avoir :
L l
= ,
l L/2
√
soit L2 /2 = l2 . Le rapport L/l vaut donc 2. Les dimensions de la feuille A0 sont
choisies de √
sorte que sa surface soit 1 mètre carré. Exprimée en mètres, L doit donc
vérifier L / 2 = 1, soit L = 21/4 . Voici les dimensions théoriques des feuilles de papier
2
de A0 à A4.
Papier L l
A0 21/4 2−1/4
A1 2−1/4 2−3/4
A2 2−3/4 2−5/4
A3 2−5/4 2−7/4
A4 2−7/4 2−9/4
Les approximations décimales à 10−3 près de 2−9/4 et 2−7/4 sont 0.210 et 0.297 ; ce sont
bien les dimensions de vos feuilles de papier, exprimées en mètres.
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√
Les trois nombres e, π et 163 sont irrationnels. Il n’est bien sûr pas exclu qu’en
combinant des irrationnels on tombe sur des rationnels ou même des entiers. L’exemple
le plus célèbre est celui de la formule d’Euler : eiπ = −1.
Il s’en faut de très peu que l’affirmation
√ supposée de Ramanujan soit vraie. Voici
π 163
les 30 premiers chiffres significatifs de e :
√
eπ 163
= 262537412640768743.999999999999 . . .
La partie entière a 18 chiffres, et les 12 premières décimales valent 9. Mais la treizième
décimale vaut 2 et le nombre n’est pas entier. Ce fait
√ était connu bien avant Ramanujan,
par Hermite en 1859. Pourquoi alors le nombre eπ 163 porte-t-il le nom de « constante
de Ramanujan » ? À cause d’un poisson d’avril monté par M. Gardner en 1975 : on ne
prête qu’aux riches !
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partie décimale de (k + 1)nx est (k + 1)δ − 1 < δ. Ceci entraîne que l’ensemble A ne
peut pas avoir de plus petit élément. Notons a sa borne inférieure. C’est aussi la borne
inférieure de An = {D(mx) , m > n}, puisque A n’a pas de plus petit élément.
Fixons ε > 0. Il existe n tel que a < D(nx) < a+ε. Mais aussi, il existe m > n tel que
a < D(mx) < a+D(nx), donc 0 < D(nx)−D(mx) < ε. Posons δ = D(nx)−D(mx) et
k = b1/δc. Toujours parce que x est irrationnel, 1/δ ne peut pas être entier. Ecrivons :
k(m − n)x = k(bmxc − bnxc) − 1 + (1 − kδ) .
Cette écriture montre que D(k(m − n)x) = 1 − kδ < δ < ε. Comme ε est quelconque,
nous avons montré que la borne inférieure de A est 0.
Soient a et b deux réels tels que 0 < a < b, et ε < b − a. Soit n un entier tel que
D(nx) = δ < ε. Soit k le plus petit entier tel que a < kδ < b. On a a < D(knx) < b,
ce qui montre que l’ensemble A est dense dans [0, 1].
Considérons maintenant deux réels x et y incommensurables. Si z est un réel, on
notera z mod y (« z modulo y »), le réel yD(z/y), qui appartient à l’intervalle [0, y[.
Si x et y sont incommensurables, alors l’ensemble {nx mod y , n ∈ N} est dense dans
[0, y]. Ceci découle de la proposition 6 appliquée à x/y.
Par exemple, puisque π est irrationnel, 2π et 1/(2π) le sont aussi. Donc 1 et 2π
sont incommensurables. D’après ce qui précède, {n mod 2π , n ∈ N} est dense dans
[0, 2π]. On déduit de la continuité des fonctions sin et cos que {sin(n) , n ∈ N} et
{cos(n) , n ∈ N} sont denses dans [−1, 1].
25
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Maths en Ligne Nombres réels UJF Grenoble
le radical, car, comme la sphère autant que le cube et le cube autant que
la sphère, est cause de leur dissimilitude ; ainsi, de ces nombres. Mais pour
faire autre preuve par deux quantités d’un même genre de grandeur, pre-
nons le côté et diagonale d’un carré, qui sont les lignes entre elles (par la
dernière proposition du livre X d’Euclide) incommensurables, toutefois ni
diagonale, ni côté (abstrait de nombre) n’est ligne absurde ou irrationnelle,
l’incommensurance donc des quantités n’est pas l’absurdité d’icelles, mais
c’est plutôt leur naturelle mutuelle habitude.
√
Il me manque de lui expliquer quelle chose soit 8. Je lui réponds qu’il
m’explique quelle chose soit 3/4 (qui selon son dire est rationnel) et je la
lui expliquerai.
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∃a ∈ [0, 1] , f (a) = a .
Démonstration : Soit A l’ensemble des réels x dans [0, 1] tels que l’image de x dépasse
x:
A = {x ∈ [0, 1] , f (x) > x} .
Par hypothèse l’ensemble A est non vide puisqu’il contient 0, et il est majoré par 1.
Notons a sa borne supérieure. Nous allons montrer d’abord f (a) > a, puis f (a) 6 a.
Par la proposition 1, pour tout ε > 0, il existe x ∈ A tel que a − ε 6 x 6 a. Comme
x est dans A, f (x) > x, et puisque f est croissante, f (x) 6 f (a). Donc :
B = {x ∈ [0, 1] , f (x) 6 x} ,
28
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Enfin, vous allez apprendre comment définir les ensembles de nombres que vous
manipulez depuis si longtemps. Ce chapitre n’est pas indispensable au reste du cours,
mais fait néanmoins partie de la culture générale de tout mathématicien. Pour le com-
prendre, vous n’aurez besoin que d’une bonne maîtrise de la notion d’ensemble quotient,
ainsi que des notions de base sur les structures algébriques : groupes, anneaux, corps
et espaces vectoriels.
2 Entraînement 36
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3 Compléments 53
3.1 Every Texan kills a Texan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2 Les démons de Cantor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3 Pourquoi pas douze ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.4 Et après ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
27 septembre 2014
Maths en Ligne Axiomatique des nombres UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Contruction des entiers naturels
Nous allons proposer une définition axiomatique de l’ensemble N des entiers natu-
rels. Nous déduirons ensuite de cette définition axiomatique les principales propriétés
de N. En particulier nous définirons l’addition de deux entiers naturels, la relation
d’ordre sur N et la multiplication de deux entiers naturels.
Nous avons choisi d’exposer ici l’axiomatique dite de Peano. D’autres choix sont
possibles comme par exemple l’axiomatique de l’ordre, comme nous le verrons plus
loin.
Définition 1. On appelle triplet naturel un triplet (O, N , s), où N est un ensemble, O
un élément de N et s une application de N dans N qui vérifie les propriétés suivantes :
(P1 ) s est injective,
(P2 ) s(N ) = N \ {O},
(P3 ) Si A est une partie de N telle que si O ∈ A et s(A) ⊂ A alors A = N .
Les 3 propriétés (P1 ), (P2 ), (P3 ) sont les axiomes de Peano (bien qu’ils soient dus à
Dedekind). L’application s est l’application « successeur » : comprenez O =« origine »
ou « zéro », et s(n) = n + 1 ; mais ne le dites pas tout haut tant que nous n’avons pas
défini l’addition.
Il convient de s’assurer qu’il existe effectivement de tels triplets (O, N , s). . . sans
bien sûr invoquer l’ensemble des entiers que nous sommes en train de construire. On
peut en exhiber dans différents contextes, selon le langage logique que l’on suppose
connu. Puisque la notion de triplet naturel suppose la notion d’ensemble, nous pouvons
supposer au minimum que les notions d’ensemble vide et de réunion sont connues. Dans
notre premier exemple N sera un ensemble d’ensembles dont le zéro est l’ensemble vide.
Définissons l’application successeur s par s(A) = A ∪ {A}. Les premiers éléments de
N sont :
∅ , {∅} , {∅, {∅}} , {∅, {∅}, {∅, {∅}}} , {∅, {∅}, {∅, {∅}}, {∅, {∅}, {∅, {∅}}}} . . .
Ce n’est pas le plus commode pour compter, d’accord. Disons que vous soyez doté de la
notion de chaîne de caractères, et de la concaténation. Commencez par la chaîne vide,
puis définissez le successeur d’une chaîne comme la concaténation de cette chaîne avec
la chaîne composée d’un seul caractère, mettons a. Voici les premiers éléments.
Disons maintenant que vous soyez à la préhistoire, et que vos « naturels » sont des
paquets de barres, tracées sur la paroi de la caverne. L’application successeur consiste
à tracer une nouvelle barre à la suite des barres déjà écrites.
1
Maths en Ligne Axiomatique des nombres UJF Grenoble
Démonstration : Vérifions que les deux conditions (1) et (2) définissent une unique
application f12 de N1 dans N2 . Soit A l’ensemble des éléments a de N1 pour lesquels
f12 (a) est défini de manière unique. La partie A satisfait les hypothèses de l’axiome
(P3 ) et par conséquent A = N1 .
De manière analogue on définit f21 en échangeant les rôles de N1 et N2 . Montrons
que f21 ◦ f12 = IdN1 par récurrence. Pour a ∈ N1 considérons la propriété :
P(a) : f21 ◦ f12 (a) = a.
Par définition de f12 et f21 , P(O1 ) est vraie. Soit a ∈ N1 , supposons que P(a) est vraie,
c’est-à-dire f21 ◦ f12 (a) = a. Alors
f21 ◦ f12 (s1 (a)) = f21 (s2 (f12 (a)) = s1 (f21 ◦ f12 (a)) = s1 (a)
et P(s(a)) est donc vraie. De la même manière on montrerait que f12 ◦ f21 = IdN2 , ce
qui prouve que f12 est bijective.
Le Théorème 1 montre que les axiomes (P1 ), (P2 ), (P3 ) caractérisent le triplet
(O, N , s) à isomorphisme près.
On peut donc identifier tous les triplets (O, N , s) qui vérifient les axiomes (P1 ),
(P2 ), (P3 ) à un triplet modèle que l’on notera (0, N, s) et que l’on appelle ensemble des
entiers naturels.
Opérations sur les entiers
Sur l’ensemble des entiers naturels, nous allons maintenant définir l’addition, la multi-
plication et la relation d’ordre. Commençons par l’addition.
2
Maths en Ligne Axiomatique des nombres UJF Grenoble
Définition 2. On définit par récurrence sur l’ensemble N des entiers naturels, une loi
de composition interne appelée addition et notée +, en posant :
(i) ∀a ∈ N, a + 0 = a
(ii) ∀(a, b) ∈ N2 , a + s(b) = s(a + b)
Ces propriétés définissent complètement la loi +. En effet considérons la partie A
de N définie par
A = {b ∈ N | ∀a ∈ N a + b est bien défini}.
On vérifie facilement que 0 ∈ A et s(A) ⊂ A d’où A = N par (P3 ).
Traditionnellement on note 1 = s(0) et, par définition de la loi +, on a s(a) =
s(a + 0) = a + s(0) = a + 1 pour tout a ∈ N.
Proposition 2. La loi + définie ci-dessus est associative, commutative, admet 0
comme élément neutre et tout entier naturel est régulier par rapport à cette opération.
Démonstration :
– Associativité : Soient a, b, c ∈ N, on montre que (a + b) + c = a + (b + c) par
récurrence sur c, a et b étant fixés. Le cas c = 0 est une conséquence immédiate
de (i). Supposons que (a + b) + c = a + (b + c) alors
(a + b) + s(c) = s((a + b) + c) d’après (ii)
= s(a + (b + c)) par hypothèse de récurrence
= a + s(b + c) d’après (ii)
= a + (b + s(c)) d’après (ii),
d’où le résultat.
– Élément neutre : Montrons par récurrence que pour tout a ∈ N on a 0 + a = a,
d’après (i) on aura a + 0 = 0 + a = a et 0 sera donc l’élément neutre de la loi +.
Par définition de +, 0 + 0 = 0 et pour a ∈ N tel que 0 + a = a, on a 0 + s(a) =
s(0 + a) = s(a). Par conséquent si A = {a ∈ N | 0 + a = a}, 0 ∈ A et s(A) ⊂ A
et par (P3 ) A = N.
– Commutativité : Si a ∈ N est fixé, montrons par récurrence sur b que a+b = b+a.
On sait déjà que a + 0 = 0 + a, car 0 est l’élément neutre de +.
Montrons que a + 1 = 1 + a pour tout a ∈ N. C’est vrai pour a = 0 et si c’est
vrai pour un a donné, l’associativité permet d’écrire
s(a) + 1 = (a + 1) + 1 = (1 + a) + 1 = 1 + (a + 1) = 1 + s(a)
ce qui achève le raisonnement.
Supposons que a + b = b + a, alors grâce à l’associativité,
a + s(b) = a + (b + 1) = (a + b) + 1 = (b + a) + 1
= b + (a + 1) = b + (1 + a) = (b + 1) + a = s(b) + a
ce qui termine la récurrence.
3
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a + x = a + y =⇒ x = y. (3)
Proposition 4. La relation 6 est une relation d’ordre sur N compatible avec l’addition.
b + n = (a + c) + n = a + (c + n) = a + (n + c) = (a + n) + c
4
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Les propriétés (O1 ), (O2 ) et (O3 ) constituent les axiomes de l’ordre : le terme axiome
peut vous sembler inappropri’e, car ce sont autant de propositions que nous allons dé-
montrer. Il se trouve que (O1 ), (O2 ) et (O3 ), si on les prend comme axiomes, constituent
une définition alternative de N, à partir de laquelle on peut démontrer ce qui précède.
Démonstration : Puisque 0 est élément neutre de l’addition, pour tout a ∈ N on a
a = 0 + a, soit 0 6 a par définition de la relation d’ordre. L’élément 0 de N est donc
son plus petit élément.
– Axiome (O1 ) : Soit A une partie non vide de N. Si 0 ∈ N, c’est terminé, 0 est le
plus petit élément de A. Si 0 ∈ / A, l’ensemble B = {n ∈ N\A | ∀a ∈ A, n 6 a} des
minorants stricts de A est non vide puisqu’il contient 0, de plus B 6= N puisque
A 6= ∅. Il résulte alors de l’axiome (P3 ) qu’il existe b ∈ B tel que s(b) = b + 1 ∈
/ B.
Vérifions que b + 1 est un minorant de A. Puisque b ∈ B, on a b 6 a pour tout
a ∈ A. Si a ∈ A, il existe donc c ∈ N tel que a = b + c avec c 6= 0 car b 6= a et donc
c = s(d) = d + 1. Par conséquent, grâce à l’associativité et à la commutativité
de l’addition, a = b + (d + 1) = (b + 1) + d, soit s(b) = b + 1 6 a. Mais s(b) ∈ A
car sinon il serait dans B ce qui contredirait la définition de b, c’est donc le plus
petit élément de a.
– Axiome (O3 ) : Supposons que N possède un plus grand élément N . Alors s(N ) =
N + 1 vérifie N 6 s(N ), par définition de la relation d’ordre, et comme N est le
plus grand élément de N, s(N ) 6 N et donc N = s(N ), c’est-à-dire N = N + 1
et par régularité de N pour l’addition 0 = 1 = s(0), ce qui contredit (P2 ).
– Axiome (O2 ) : Soit A une partie non vide, majorée de N et B = {n ∈ N \ A | ∀a ∈
A, a 6 n} l’ensemble des majorants stricts de A. L’ensemble B n’est pas vide car
nous avons prouvé que N satisfait (O3 ), il possède donc, comme nous venons de
le montrer, un plus petit élément b 6= 0 puisque A est non vide. Grâce à (P2 ), il
existe alors c ∈ N tel que b = s(c). Vérifions que c est un majorant de A. Puisque
s(c) ∈ B, on a a 6 s(c) et a 6= s(c) pour tout a ∈ A. Si a ∈ A, il existe donc
d ∈ N∗ tel que s(c) = a + d, avec d = s(e) = e + 1 et par conséquent, grâce à
l’associativité de l’addition, c + 1 = a + (e + 1) = (a + e) + 1 et, par régularité de
1 pour +, c = a + e, soit a 6 c. Mais alors c ∈ A car sinon il serait dans B ce qui
contredirait la définition de b comme plus petit élément de B, puisque b = s(c).
Sur le même modèle que l’addition, nous allons construire une nouvelle loi de com-
position interne dans N, la multiplication.
Définition 4. On définit par récurrence sur l’ensemble N des entiers naturels, une loi
de composition interne appelée multiplication et notée ×, en posant :
(i) ∀a ∈ N, a × 0 = 0
5
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n × 1 = n × s(0) = (n × 0) + n = 0 + n = n.
0 × n = 0 et 1 × n = n.
(a + b) × s(c) = (a + b) × c + a + b = a × c + b × c + a + b
et
a × s(c) + b × s(c) = a × c + a + b × c + b = a × c + b × c + a + b
par définition de la multiplication et grâce à la commutativité de l’addition, d’où
le résultat.
– Commutativité : Montrons par récurrence sur b que pour tout a, b ∈ N on a
a × b = b × a. Fixons a quelconque dans N, si b = 0, nous avons déjà prouvé que
a × 0 = 0 = 0 × a. Supposons que a × b = b × a, alors a × s(b) = a × b + a et
s(b) × a = (b + 1) × a = (b × a) + (1 × a) = (b × a) + a grâce à la distributivité de
× par rapport à +, soit a × s(b) = s(b) × a en utilisant l’hypothèse de récurrence.
– Associativité : Montrons par récurrence sur c que pour tout a, b, c ∈ N on a
(a × b) × c = a × (b × c). Fixons a, b ∈ N, pour c = 0 nous obtenons (a × b) × 0 = 0
et a×(b×0) = a×0 = 0. Supposons que l’égalité est satisfaite pour c et calculons
6
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et
x × a = y × a =⇒ x = y. (4)
a×n=a
|
+ ·{z
· · + a} .
n fois
a × s(n) = (a × n) + a = (a
|
+ ·{z
· · + a}) + a = a
|
+ ·{z
· · + a} ,
n fois (n+1) fois
7
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8
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nous obtenons un paquet de 2 paquets, qui regroupe donc 22 éléments, plus un paquet
de 2 éléments, plus 1 élément. Le nombre d’éléments de E pourrait alors être représenté
par le triple symbole 111, le premier 1 à gauche correspondant au nombre de paquets de
paquets, le second 1 au nombre de paquets restant et le dernier 1 au nombre d’éléments
distincts.
L’algorithme se formalise de la manière suivante : écrire un nombre entier x sous la
forme
x = xn an + · · · + x1 a + x0 , 0 6 xi < a,
appelé développement de x dans la base a. Si cette écriture est unique le nombre x
pourrait alors être représenté par le multi-symbole xn . . . x1 x0 .
x = xn an + · · · + x1 a + x0 , 0 6 xi < a, 1 6 i 6 n, et xn 6= 0 .
Démonstration :
9
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Xk = xn an−k + · · · + xk+1 a + xk
déterminent par récurrence deux suites (xk )k∈N et (yk )k∈N . Nous allons prouver
que la suite (yk )k∈N est stationnaire identiquement égale à 0 à partir d’un certain
rang. Remarquons que, puisque 1 < a, la suite (yk )k∈N vérifie
2yk+1 6 ayk+1 6 yk ,
y n = xn et yn−k = xn ak + · · · + xn−k , k = 1, . . . , n,
x = y 0 = x n an + · · · + x 1 a + x 0 .
Notons que dans la base a, le nombre entier a s’écrit toujours 10 puisque a =
(1 × a) + 0.
La base communément utilisée est a = s(9), que l’on appelle la base dix, et tout
nombre entier s’écrit alors en utilisant les chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9. L’usage
courant veut que l’on écrive simplement 545 pour 545 lorsqu’il n’y a pas d’ambiguïté
sur la base choisie.
En informatique les bases a = 2 et a = s(F ) sont souvent utilisées, c’est ce qui est
appelé système de numération binaire et système de numération hexadécimale.
10
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x = x n an + · · · + x 1 a + x 0 .
x = xn+1 an+1 + y,
x < an+1 6 am 6 y,
d’où x < y.
Nous avons donc prouvé que :
Si deux entiers s’écrivent dans une même base avec un nombre de chiffres différent,
le plus petit est celui dont l’écriture possède le moins de chiffres.
11
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xi + yi = a + zi avec zi < a
et le nombre xi + yi s’écrit alors 1zi dans la base a. Par suite (xi + yi )ai = ai+1 + zi ai
et xi+1 + yi+1 doit être remplacé par xi+1 + yi+1 + 1, c’est le mécanisme de la retenue.
En conclusion, l’écriture dans la base a du résultat de l’addition de deux entiers
nécessite seulement la connaissance de la table d’addition en base a des nombres dont
l’écriture en base a ne possède qu’un seul chiffre.
• Cas de la multiplication
Grâce à la distributivité de × par rapport à + et à l’associativité de ×, on a
xy = xn (an y) + · · · + x1 (ay) + x0 y.
12
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ak y = yak = ym am+k + · · · + y0 ak
et ak y s’écrit donc
ym . . . y0 0| .{z
. . 0}.
k
car byi < a2 et le nombre byi s’écrit alors ci zi dans la base a. Par suite (byi )ai =
ci ai+1 + zi ai et byi+1 doit être remplacé par byi+1 + ci , c’est le mécanisme de la retenue.
a = b + x ou a = b × x, b 6= 0 ,
13
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14
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Proposition 13. On définit un morphisme injectif f : N → Z en posant f (a) = (a, 0)
par définition de l’addition dans Z. Montrons maintenant que f est injective. Soient a
et b dans N tels que f (a) = f (b), c’est-à-dire (a, 0) = (b, 0). Par définition de la relation
R cela signifie que a + 0 = b + 0, soit a = b, d’où l’injectivité de l’application f .
Pour simplifier les écritures on utilise les conventions de notations suivantes :
(i) Si a ∈ N, on note encore a l’élément (a, 0) de Z, identifiant ainsi N et son image
par f dans Z.
(ii) Si a ∈ N, on note −a l’élément (0, a) de Z, c’est-à-dire l’inverse de a pour
l’addition dans Z.
(iii) Si a ∈ N et b ∈ N, on écrira a − b pour a + (−b).
Remarquons également que tout élément (a, b) possède un représentant de la forme
(x, 0) ou (0, x). En effet (x, 0) ∈ (a, b) si et seulement si a = b + x dans N, ce qui
15
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Multiplication dans Z
Pour terminer nous allons définir dans Z une deuxième loi de composition interne
qui prolongera la multiplication sur N et telle que (Z, +, ×) possède une structure
d’anneau intègre.
16
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17
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après identification. La loi × prolonge donc la multiplication sur N. Par ailleurs, notons
que
x × (−y) = (x, 0) × (0, y) = (0, xy) = −(xy),
de même (−x) × y = −(xy) et
Nous retrouvons ainsi la règle usuelle des signes : le produit de deux entiers positifs ou
de deux entiers négatifs est toujours un entier positif et le produit d’un entier positif et
d’un entier négatif est toujours un entier négatif. Cette règle s’exprime également de
la manière suivante : le produit de deux entiers de même signe est toujours un entier
positif et le produit de deux entiers de signes contraires est toujours un entier négatif.
Remarquons également que −x = (−1) × x = x × (−1).
L’élément neutre ce groupe est la classe du couple (1, 1). Un élément (a, b) de
Z∗ × Z∗ /R appartient à 11 si et seulement si a × 1 = 1 × b, c’est-à-dire a = b. L’inverse
de ab est ab .
La démonstration de la proposition est analogue à celle de la Proposition 12.
18
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ad + bc
x+y = .
bd
Vérifions que cette définition a bien un sens en remarquant qu’elle est indépendante des
représentants choisis. Nous devons prouver que si (a, b)R(a0 , b0 ) et (c, d)R(c0 , d0 ) alors
(ad + bc, bd)R(a0 d0 + b0 c0 , b0 d0 ). Supposons que ab0 = a0 b et cd0 = c0 d, alors
a a a×1+0×b a
+0=0+ = = ,
b b b×1 b
−a
c’est donc un élément neutre pour l’addition. De plus si x = ab , posons −x = b
=
(−1) × x, alors
ab + (−a)b ab − ab 0
x + (−x) = = = =0.
bb bb bb
19
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Tout élément x de Q possède un inverse pour l’addition et (Q, +) est donc un groupe
abélien.
L’ensemble Q ainsi construit muni des lois + et × possède une structure de corps.
Si x et y sont dans Z, on identifie x avec x1 et y avec y1 , alors
x×1+1×y x+y
x+y = = ,
1×1 1
après identification. La loi + prolonge donc l’addition sur Z et (Z, +, ×) est un sous
anneau de Q.
20
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(∀n ∈ N) (|xn | 6 M ).
Proposition 18.
1. Toute suite convergente est de Cauchy.
2. Toute suite de Cauchy est bornée.
3. Si la suite (xn )n∈N converge vers 0 et si la suite (yn )n∈N est bornée, la suite
(xn × yn )n∈N converge vers 0.
4. Si les suites (xn )n∈N et (yn )n∈N sont de Cauchy, les suites (xn + yn )n∈N , (xn −
yn )n∈N et (xn × yn )n∈N sont de Cauchy.
5. Si la suite (xn )n∈N converge vers a et si la suite (yn )n∈N converge vers b, la suite
(xn + yn )n∈N converge vers a + b, la suite (xn − yn )n∈N converge vers a − b et la
suite (xn × yn )n∈N converge vers a × b.
6. Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy ne convergeant pas vers 0, alors il existe un
entier n0 tel que si n > n0 on a xn 6= 0 et la suite ( x1n )n>n0 est de Cauchy.
21
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Démonstration :
1. Soit (xn )n∈N une suite qui converge dans Q vers x ∈ Q, alors pour ε > 0, ε ∈ Q,
il existe Nε ∈ N tel que pour tout n ∈ N
n > Nε =⇒ |xn − x| < ε.
Par conséquent pour n > Nε/2 et p > Nε/2 on a |xp − xn | 6 |xp − x| + |xn − x| < ε
et la suite (xn )n∈N est donc de Cauchy dans Q.
2. Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans Q, alors
(∀ε > 0, ε ∈ Q) (∃Nε ∈ N) (∀p, q ∈ N) (p > Nε , q > Nε =⇒ |xp − xq | < ε).
En prenant ε = 1 on obtient que si n > N1 on a xN1 +1 − 1 < xn < xN1 +1 + 1. Par
conséquent si on pose M = max(|x0 |, . . . , |xN1 |, |xN1 +1 | + 1), pour tout n ∈ N,
|xn | 6 M et la suite (xn )n∈N est bornée.
3. Soit (xn )n∈N une suite qui converge dans Q vers 0 et (yn )n∈N une suite bornée,
alors pour ε > 0, ε ∈ Q, il existe Nε ∈ N tel que pour tout n ∈ N
n > Nε =⇒ |xn | < ε,
et il existe M > 0, M ∈ Q, tel que pour tout n ∈ N
|yn | 6 M.
On en déduit que si n > Nε/M alors
ε
|xn × yn | 6 M × |xn | < M × = ε.
M
Les assertions 4) et 5) pour les sommes et les différences de suites sont des consé-
quences immédiates de l’inégalité triangulaire et des définitions et leur démons-
tration est laissée au lecteur. Prouvons 4) pour le produit, la démonstration de
5) pour le produit est analogue. Soient (xn )n∈N et (yn )n∈N deux suites de Cauchy,
alors pour ε > 0, ε ∈ Q, il existe Nε ∈ N et Nε0 ∈ N tels que pour tout p, q ∈ N
p > Nε , q > Nε =⇒ |xp − xq | < ε et p > Nε0 , q > Nε0 =⇒ |yp − yq | < ε.
De plus, d’après 2), il existe M, M 0 > 0, M, M 0 ∈ Q, tels que pour tout n ∈ N
|yn | 6 M et |yn | 6 M.
On en déduit que, pour tout p, q ∈ N,
|xp × yp − xq × yq | = |(xp − xq ) × yp + xq × (yp − yq )| 6 M 0 |xp − xq | + M |yp − yq |.
0
Posons N = max(Nε/2M 0 , Nε/2M ), alors si p > N et q > N on a
ε ε
|xp × yp − xq × yq | < M 0 × + M × = ε.
2M 0 2M
22
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6. Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy ne convergeant pas vers 0, alors
Donc puisque (xn )n∈N est une suite de Cauchy, la suite ( x1n )n>n0 est de Cauchy.
Dans Q, il existe des suites de Cauchy non convergentes. Nous en avons vu des
exemples plus haut. En voici un autre. Considérons la suite (xn )n∈N∗ définie par
1 1
xn = 1 + + ··· + .
1! n!
Si p > q, on a
1 1
xp − xq = + ··· +
(q + 1)! p!
1 1 1
6 (1 + + ··· + )
(q + 1)! q+1 (q + 1)p−q−1
1 1 1
6 1 = .
(q + 1)! 1 − q+1 q q!
1
|xp − xq | < 6 ε.
b b!
a
Cette suite est donc de Cauchy, mais ne converge pas vers un nombre rationnel b
.
Supposons qu’elle converge vers ab . Puisque l’inégalité
1
0 < xp − xq <
q q!
23
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est valable pour tout p > q, en faisant tendre p vers l’infini on aurait
a 1
0< − xq < ,
b q q!
la première inégalité restant stricte puisque la suite (xn )n∈N∗ est croissante. Par défini-
tion de xq , si q 6 b, le nombre rationnel ab − xq peut être représenté par une fraction
de la forme q!α , α ∈ Z, et donc 0 < α 6 1q , ce qui est impossible si q > 1.
On peut également considérer la suite (yn )n∈N∗ définie par
1 1 1
yn = 1 + + ··· + + .
1! n! n!
La suite (xn )n∈N∗ est clairement croissante et la suite (yn )n∈N∗ est décroissante
puisque
1 1 1 1−n
yn+1 − yn = + − = 6 0.
(n + 1)! (n + 1)! n! (n + 1)!
De plus la suite (yn − xn = n!1 )n∈N∗ est une suite de rationnels positifs qui converge vers
0 et pour tous p, q ∈ N∗ on a xp 6 yq . Par conséquent si ces suites convergeaient leurs
limites seraient égales et cette limite l vérifierait xp 6 l 6 yq pour tous p, q ∈ N∗ .
On aimerait alors compléter Q en un nouvel ensemble ordonné de nombres dans
lequel toute suite de Cauchy serait convergente. Les deux suites (xn )n∈N∗ et (yn )n∈N∗
précédentes auraient alors une limite commune dans cet ensemble qui serait située entre
chacun des nombres rationnels xn et yn . Nous allons construire un tel ensemble.
Précisons tout d’abord les propriétés souhaitées pour le nouvel ensemble de nombres
que nous souhaitons construire.
Définition 8.
1. Un corps K est dit totalement ordonné s’il est muni d’une relation d’ordre totale
notée 6 telle que
24
Maths en Ligne Axiomatique des nombres UJF Grenoble
x + y = (xn + yn )n∈N
x × y = xy = (xn yn )n∈N .
l’élément neutre de + est (0), la suite stationnaire nulle et l’élément neutre de × est
(1) la suite stationnaire d’éléments égaux à 1.
Proposition 19. L’ensemble C0 des suites de rationnels qui convergent vers 0 est un
idéal de C.
Démonstration : R est un anneau commutatif qui admet pour unité la classe u des
suites qui convergent vers 1. Il reste à prouver que si une suite de Cauchy x = (xn )n∈N
ne converge pas vers 0, il existe une suite de Cauchy y = (yn )n∈N telle que xy converge
vers 1. Par la propriété 6) des suites de rationnels, si x ne converge pas vers 0 il existe
un entier n0 tel que la suite ( x1n )n>n0 est de Cauchy. Posons yn = 0 si n 6 n0 et yn = x1n
si n > n0 , la suite y = (yn )n∈N ainsi construite est telle que la suite xy converge vers 1.
Ainsi on a
x y = xy = u,
ce qui prouve, puisque x 6= 0 si et seulement si x ∈
/ C0 , que tout élément non nul de R
possède un inverse dans R.
Proposition 21. On définit un isomorphisme ϕ de Q sur un sous-corps de R en asso-
ciant à chaque rationnel q la classe q constituée des suites de rationnels qui convergent
vers q.
25
Maths en Ligne Axiomatique des nombres UJF Grenoble
et que x ∈ C − si et seulement si
Lemme 2. On a
C + ∩ C − = C0 et C + ∪ C − = C.
Puisque x est une suite de Cauchy, il existe n0 tel que si n > n0 et p > n0 on a
|xn − xp | < α2 . Choisissons p > n0 tel que xp > α, alors pour tout n > n0 on a
xn > α2 > 0 et donc x ∈ C + .
Démonstration : Les assertions (i) et (ii) sont des conséquences directes de la définition
de C + . Considérons l’assertion (iii) : si parmi x et y l’un est dans C0 , alors xy ∈ C0 par
les propriétés 2) et 3) des suites de rationnels et si x et y ne sont pas dans C − , pour n
assez grand on a xn > 0 et yn > 0 et donc xn yn > 0, soit xy ∈ C + , ce qui prouve (iii).
Pour l’assertion (iv) considérons le cas où x ∈ C + , le cas où x ∈ C − se traite de
manière analogue. Si x ∈ C + et si ε > 0, ε ∈ Q est donné, il existe n1 tel que xn > − 2ε
si n > n1 . Comme x − x0 ∈ C0 , il existe n2 tel que si n > n2 alors |xn − x0n | < 2ε . Ainsi
pour n > max(n1 , n2 ) on a x0n > xn − 2ε > −ε, c’est-à-dire x0 ∈ C + .
L’assertion (iv) du Lemme 3 permet de donner la définition suivante :
Définition 10. Un nombre réel est dit positif (resp. négatif) s’il est représenté par une
suite de Cauchy appartenant à C + (resp. C − ).
On note R+ = C + /C0 et R− = C − /C0 .
26
Maths en Ligne Axiomatique des nombres UJF Grenoble
Démonstration : Il suffit de prouver que pour tout a ∈ R, il existe p ∈ N tel que p > a
(si x, y ∈ R avec x > 0, en posant a = xy on aura px > y). Soit a = (an )n∈N . La suite
(an )n∈N étant de Cauchy, elle est bornée et par conséquent il existe M = mq ∈ Q tel que
|an | 6 M pour tout n ∈ N. La suite (M − an )n∈N est constituée de rationnels positifs,
elle est donc dans C + , ce qui signifie que le nombre réel M-a est positif. On a donc
m
q
> a, d’où m > a et p = m + 1 convient.
Démonstration : Puisque R est archimédien, il existe q ∈ N tel que q(y − x) > 1. Soit
E = {n ∈ Z | nq 6 x}. Comme R est archimédien et 1q > 0, il existe n0 ∈ N tel que
n0
q
> |x|, par conséquent l’ensemble E n’est pas vide car il contient −n0 et il est majoré
par n0 ; il possède donc un plus grand élément p qui vérifie
p p+1
6x< .
q q
p+1 1
Posons r = q
, alors x < r < x + q
< y par définition de q.
Lemme 5. Toute suite de Cauchy de rationnels converge dans R vers le nombre réel
qu’elle représente.
Démonstration : Soit x = (xn )n∈N une suite de Cauchy dans Q. Choisissons ε > 0,
ε ∈ Q, il existe alors Nε tel que si p > Nε et q > Nε on a |xp − xq | < ε, c’est-à-dire
xp − ε < xq < xp + ε.
Fixons p > Nε , par définition de la relation d’ordre sur R on obtient
xp − ε 6 x 6 xp + ε,
ce qui implique que la suite (xn )n∈N converge vers x dans R.
27
Maths en Ligne Axiomatique des nombres UJF Grenoble
Démonstration : Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans R. Nous allons construire une
suite y = (yn )n∈N de rationnels assez « proche » de la suite (xn )n∈N pour qu’elle soit
encore de Cauchy et nous montrerons que la suite (xn )n∈N converge vers y dans R.
Construction de la suite (yn )n∈N
Pour tout n ∈ N∗ , il résulte du Lemme 4 qu’il existe yn ∈ Q tel que
1 1
xn − < yn < xn + .
n n
ε
Pour ε > 0, ε ∈ Q donné, il existe nε tel que si p > nε et q > nε on a |xp − xq | < 3
et
donc
|yp − yq | < |yp − xp | + |xp − xq | + |xq − yq |
1 1
< + + |xp − xq |
p q
1 1 3
< + + .
p q ε
Posons mε = max(nε , 3ε ), alors si p > mε et q > mε on a |yp − yq | < ε. La suite (yn )n∈N
est donc de Cauchy dans Q.
Convergence de la suite (xn )n∈N
Il résulte de la démonstration du Lemme 5 que |y − yp | < ε si p > mε , d’où
1 4ε
|y − xp | < ε + <
p 3
et la suite (xn )n∈N converge donc vers y.
est unique. La suite (xn )n∈N s’appelle un développement décimal propre de x et il est
d’usage de le noter
x0 , x1 x2 . . . xn . . .
Lemme 6. Pour tout ε > 0 et tout x ∈ R, il existe un unique entier p ∈ Z tel que
pε 6 x < (p + 1)ε.
Démonstration : Comme R est archimédien, il existe n ∈ N tel que nε > |x|, i.e.
−nε 6 x 6 nε, donc l’ensemble P des entiers relatifs tels que pε 6 x est non vide
(−n ∈ P ) et majoré par n, il admet donc un plus grand élément p qui vérifie bien sûr
pε 6 x < (p + 1)ε.
28
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Si p0 vérifiait également p0 ε 6 x < (p0 + 1)ε, on aurait p0 ε < (p + 1)ε et pε < (p0 + 1)ε,
d’où p0 < p + 1 et p < p0 + 1 puisque ε 6= 0, soit p = p0 .
Lorsque ε = 1, l’entier p du Lemme 6 s’appelle la partie entière de x et est habi-
tuellement noté bxc. On appelle partie décimale de x la différence x − bxc. On la note
D(x), elle appartient à l’intervalle [0, 1[.
Soit d ∈ N, d > 2, prenons ε = d−n . Si x ∈ R, d’après le Lemme 6, il existe un
unique pn ∈ Z tel que
pn d−n 6 x < (pn + 1)d−n .
Le nombre rationnel ζn = pn d−n s’appelle la valeur approchée par défaut de x à d−n
près.
En remplaçant n par n + 1, on obtient pn+1 qui vérifie
pn d−n < (pn+1 + 1)d−n−1 et pn+1 d−n−1 < (pn + 1)d−n ,
d’où dpn 6 pn+1 < d(pn + 1). On peut alors définir par récurrence une unique suite
(xn )n∈N telle que x0 = p0 ∈ Z et pn = nk=0 xk dn−k avec 0 6 xk 6 d − 1 si k > 1. La
P
valeur approchée par défaut de x à d−n près est alors donnée par
n
xk d−k .
X
ζn =
k=0
n
Remarquons que, puisque d > 2, d > 1 + n(d − 1) > 1 + n par la formule du
binôme de Newton donc limn→∞ d−n = 0. La suite (ζn )n∈N des valeurs approchées
vérifie |x − ζn | < d−n et converge donc vers x quand n tend vers l’infini.
Lorsque d = 10 la suite (xn )n∈N s’appelle un développement décimal illimité de x et
on écrit
ζn = x0 , x1 . . . xn .
On dira que le développement décimal est propre si, pour tout N ∈ N, il existe n > N
tel que xn 6= 9. Les développements obtenus par la méthode développée ici sont toujours
propres. En effet si xn = 9 pour tout n > p, on aurait
n
10−k = 10−p − 10−n
X
ζn − ζp = 9
k=p+1
29
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Proposition 22. L’application δ de R dans D qui a chaque nombre réel x associe son
développement décimal illimité propre (xn )n∈N est une bijection et pour tout x ∈ R on
a n
xk 10−k .
X
x = lim (10)
n→∞
k=0
et si n < m
m m
xk 10−k 6 9 10−k = 10−n − 10−m < 10−n .
X X
0 6 ζm − ζn =
k=n+1 k=n+1
La suite de rationnels (ζn )n∈N définit donc un nombre réel x. De plus si on pose pn =
10n ζn , pn ∈ Z et pn 10−n 6 x < (pn + 1)10−n , et par conséquent δ(x) = (xn )n∈N par
construction de δ.
Notons ϕ l’application de D dans R qui à la suite (xn )n∈N associe le nombre réel x
défini par la suite (ζn )n∈N , il est clair que δ ◦ ϕ et ϕ ◦ δ sont respectivement l’application
identique de D et celle de R, ce qui prouve que δ est bijective et que δ −1 = ϕ.
La proposition suivante permet de caractériser nombres rationnels par leurs déve-
loppements décimaux.
Proposition 23. L’ensemble Q des nombres rationnels correspond au sous-ensemble
des nombres réels dont le développement décimal est périodique.
30
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La suite (rn )n∈N prenant ses valeurs dans un ensemble fini à q éléments, les nombres
r1 , . . . , rn+1 ne peuvent pas être deux à deux distincts. Si ri = rj pour 1 6 i < j 6 q +1,
la suite (xn )n∈N vérifie xp = xp+k(j−i+1) pour p > i et k ∈ N, elle est donc périodique.
De plus x0 , x1 . . . xn . . . est le développement décimal de x car
n
rn+1 −n
xk 10−k 6 x 6 ζn + 10 < ζn + 10−n
X
ζn =
k=0 q
Démonstration : Nous allons démontrer que l’intervalle [0, 1] ⊂ R n’est pas dénom-
brable. Il suffit de prouver que pour tout sous-ensemble dénombrable D de [0, 1] on
peut construire un élément de [0, 1] qui n’est pas dans D.
Soit (xn )n∈N une suite de nombres réels contenus dans l’intervalle [0, 1]. Chaque
terme de cette suite possède un développement décimal illimité propre
Définitions axiomatiques de R
Le corps R contenant Q que nous avons construit est un corps commutatif archimédien
et complet. Nous allons montrer qu’un tel corps est unique à isomorphisme près.
Notons que si K est un corps commutatif totalement ordonné on peut définir,
comme nous l’avons fait pour le corps Q, les notions de suites convergentes et de suites
de Cauchy et que les propriétés 1) à 6) restent encore valables.
31
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Définition 11. Soient A et B deux parties non vides de K, on dit que (A, B) est un
couple d’ensembles adjacents si et seulement si
(i) Pour tout (a, b) ∈ A × B, a 6 b ;
(ii) Pour tout ε > 0, ε ∈ K, il existe (a, b) ∈ A × B tel que b − a 6 ε.
33
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Démonstration : Soit A une partie non vide majorée de K, notons B l’ensemble des
majorants de A. Nous allons prouver que (A, B) est un couple d’ensembles adjacents
de K. Remarquons tout d’abord que B est non vide (puisque A est majorée) et pour
tout (a, b) ∈ A × B, a 6 b. Soit ε > 0, ε ∈ K. Fixons b0 ∈ B et posons
I = {n ∈ N | b0 − nε ∈ B}.
L’ensemble I n’est pas vide car 0 ∈ I et il est majoré. En effet soit a0 ∈ A (A est non
vide), pour tout n ∈ I on a a0 6 b0 − nε et donc n 6 b0 −a
ε
0
. L’ensemble I possède donc
un plus grand élément n0 . Posons b = b0 − nε, alors b ∈ B et b − ε ∈ / B, il existe donc
a ∈ A tel que b − ε < a, soit b − a < ε. Le couple (A, B) est donc adjacent.
D’après le lemme 7, il existe M ∈ K tel que pour tout (a, b) ∈ A × B, a 6 M 6 b.
M est alors le plus petit majorant de A donc sa borne supérieure.
34
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rfP (QR) = rP ((aX +b)(cX +d)) = rfP (acX 2 + (ad + bc)X + bd) = (ad+bc)X +bd−ac.
z + w = (x + u) + i(y + v)
zw = (xu − yv) + i(xv + yu).
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Pour chacune des définitions de O, N et s qui suivent, (O, N , s) est-il un
triplet naturel (oui ou non et pourquoi) ?
1. O = 1, N = {2n , n ∈ N}, s(n) = 2n.
2. O = 1, N = {2n , n ∈ Z}, s(n) = 2n.
3. O = 1, N = {2−n , n ∈ N}, s(n) = n/2.
4. O = {1}, N = {{n} , n ∈ N}, s(n) = {n} ∪ {1}.
5. O = ∅, N = {{1, . . . , n} , n ∈ N}, s({1, . . . , n}) = {1, . . . , n + 1}.
6. O = {0}, N = {n}, s({n}) = {n + 1}).
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√
1. Il est isomorphe à Q + 2Q.
2. C’est un corps archimédien.
3. C’est un corps complet.
4. C’est un corps isomorphe à C.
5. C’est un corps isomorphe à Q + iQ.
2.2 Exercices
Exercice 1. On considère un triplet naturel (O, N , s).
1. Montrer que (s(O), N \ {O}, s) est un triplet naturel.
2. On note s2 l’application composée s ◦ s. Soit P une propriété définie sur N telle
que P(O) est vraie, P(s(O)) fausse et :
On note N2 l’ensemble des éléments de N tels que P(a) est vraie. Montrer que
N2 est un ensemble non majoré.
3. Montrer que (O, N2 , s2 ) est un triplet naturel.
4. On note s0 l’application identique, et on définit par récurrence sn comme l’appli-
cation composée s ◦ sn−1 , pour n > 1. Définir l’application successeur σ telle que
(s0 , {sn , n ∈ N}, σ) soit un triplet naturel.
Exercice 2. On dit qu’un ensemble A est infini s’il existe une application injective de
A vers un sous-ensemble de A différent de A.
1. Montrer que N est infini.
2. Montrer que tout sous-ensemble de N non majoré est infini.
3. Soit A un ensemble tel qu’un de ses sous-ensembles soit infini. Montrer que A est
infini.
4. Soit A un ensemble infini. Montrer que le complémentaire de tout sous-ensemble
fini de A est infini.
5. Soit A un ensemble infini, et O un élément de A. Construire un sous-ensemble
N et une application s tels que (O, N , s) soit un triplet naturel.
6. Montrer qu’un ensemble A est infini si et seulement si il existe une application
injective de N dans A.
Exercice 3.
1. Écrire dans les bases 2, 3, 4, 5, 8, 16 le nombre qui s’écrit 2345816 en base 10.
2. Écrire en base 10 le nombre qui s’écrit 12345 en base 8.
3. Écrire en base 10 le nombre qui s’écrit ABCDEF en base 16.
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D = { ndm , (n, m) ∈ Z2 } .
40
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(i) A 6= ∅, B 6= ∅,
(ii) A ∩ B = ∅
(iii) A ∪ B = K
(iv) ∀x ∈ A , ∀y ∈ B , x < y
(v) A ne possède pas de plus grand élément.
1. Soit r ∈ K. On note Ar = {x ∈ K , x < r}, et Ar son complémentaire. Montrer
que le couple (Ar , Ar ) est une coupure de Dedekind.
2. Soit (A, B) une coupure de Dedekind. Montrer qu’il existe au plus un r ∈ K tel
que A = Ar .
3. Pour K = R : montrer que si (A, B) est une coupure de Dedekind, alors il existe
r ∈ R tel que A = Ar .
4. Pour K = Q : montrer que le couple (A, B) défini comme suit est une coupure
de Dedekind.
A = {x ∈ Q , x 6 0 ou x2 < 2} et B = {y ∈ Q , y > 0 et y 2 > 2} .
5. Retour au cas général : montrer que si (A, B) est une coupure de Dedekind alors
∀x ∈ K , (a ∈ A) ∧ (x 6 a) =⇒ x ∈ A ,
et
∀y ∈ K , (b ∈ B) ∧ (y > b) =⇒ y ∈ B .
42
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Exercice 7.
1. On munit R2 des deux lois de composition interne définies par :
Exercice 8. Montrer qu’il n’existe pas de relation d’ordre total sur C qui prolonge la
relation d’ordre sur R et qui soit compatible avec la somme et le produit c’est-à-dire
telle que :
• a ≤ b et c ≤ d entraîne a + c ≤ c + d, et
• a ≤ b et 0 ≤ c entraîne ac ≤ bc.
Exercice 9.
1. On considère le sous-ensemble H suivant de M2,2 (C) :
( ! )
a + bi −c + di 4
E= , (a, b, c, d) ∈ R .
c + di a − bi
Vérifier que H est un R-espace vectoriel de dimension 4, dont (1, I, J, K) est une
base.
3. Calculer I 2 , J 2 , K 2 , IJ, IK, KJ, IJK.
43
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a −b −c −d
b a −d c
M (a, b, c, d) = ,
c d a −b
d −c b a
Exercice 10. Soit K un anneau commutatif. On dit qu’un élément d de K est un carré
dans K s’il existe un élément x ∈ K tel que x2 = x × x = d. Soit K un anneau
commutatif et d un élément de K qui n’est pas un carré dans K. On note L le produit
cartésien K × K.
1. Supposons qu’il existe un anneau A contenant K dans lequel l’équation x2 = d
possède au moins une solution. Notons ω une des solutions de cette équation.
Soit f l’application de L dans A qui à (x, y) associe x + ωy. Notons A0 = Im(f ).
Montrer que A0 est un sous-anneau de A contenant K, dans lequel l’équation
x2 = d possède au moins une solution.
2. Montrer que si K est un corps, alors f est injective.
3. On définit sur L deux lois de composition interne par :
44
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Exercice 11. Soit Z[i] l’ensemble des nombres complexes de la forme a + ib avec a et b
éléments de Z.
1. Montrer que Z[i] est un sous-anneau de C.
2. Soit z un élément de Z[i]. Montrer que le conjugué z de z appartient à Z[i] et
que |z|2 appartient à N.
3. Soit z un élément de Z[i]. Montrer que z appartient au groupe Z[i]∗ des unités de
Z[i] si et seulement si |z| = 1.
4. Déterminer le groupe Z[i]∗ .
5. Montrer que pour tout z élément de C, il existe un élément z0 de Z[i] tel que
|z − z0 |2 ≤ 21 .
6. Prouver que pour tous z0 et z1 éléments de Z[i] avec z1 6= 0, il existe des éléments
a0 et a1 de Z[i] tels que z0 = a0 z1 + a1 avec |a1 | < |z1 |.
7. Montrer que Z[i] est un anneau principal.
√
Exercice 12. L’objet de cet exercice est de prouver que Z[ 10] n’est pas un anneau
principal.
1. Prouver que l’équation 10 y 2 = x2 n’a pas de solution (x, y) dans Z2 à part
x = y = 0.
2. Déterminer l’ensemble des carrés modulo 10 : un élément y de Z/10Z est un carré
modulo 10 s’il existe un élément x de Z/10Z tel que y = x2 .
3. Prouver qu’il n’existe pas de couple (x, y) dans Z2 tel que 10y 2 = x2 + 3 ou
10y 2 = x2 − 3.
√
4. Soit v = 10 tel que v 2 = 10 et A l’ensemble des x + yv pour x et y éléments de
Z. Prouver que A est un sous-anneau de K et que pour tout élément a de √ A, les
entiers x et y tels que a = x + yv sont uniques. On note souvent A = Z[ 10].
5. Soit c : A → A définie par c(x + yv) = x − yv, pour tous x et y entiers. Montrer
que c est un endomorphisme d’anneau et que les seuls points fixes de c sont les
éléments de Z.
6. Expliciter ac(a) en fonction des coordonnées (x, y) de a = x + yv. En déduire
qu’il n’existe pas d’élément a de A tel que |ac(a)| = 3.
7. Soit n : A → A définie par n(a) = ac(a). Montrer que n est à valeurs dans Z et
vérifie les propriétés suivantes : pour tous a et b éléments de A, n(ab) = n(a)n(b) ;
pour tout a élément de A, n(a) = 0 si et seulement si a = 0.
8. Soit I l’ensemble des 3a + (2 + v)b pour a et b éléments de A. Montrer que I est
un idéal de A contenant 3 et 2 + v et déduire de ce qui précède que cet idéal n’est
pas principal.
√
Exercice 13. On considère l’anneau Z[ −5]. Vérifier que
√ √
(2 + i −5)(2 − i −5) = 3.3 = 9.
√
En déduire que Z[ −5] n’est pas principal.
45
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 3.
A Toute partie non vide de Z admet un plus petit élément.
B Toute partie non vide et majorée de N admet un plus grand élément.
C Toute partie non vide et majorée de Q admet un plus grand élément.
D L’ensemble des minorants d’une partie non vide de R+ admet un plus grand
élément.
E Toute partie non vide et minorée de R admet un plus petit élément.
Question 4.
A Si un nombre entier est multiple de 16, alors son écriture en base 8 se termine
par deux zéros.
B Si l’écriture d’un nombre en base hexadécimale se termine par deux zéros, ce
nombre est une puissance de deux.
C Si un nombre s’écrit avec deux lettres en base hexadécimale, il est au moins
égal à 170.
D Si l’écriture d’un nombre en base hexadécimale ne comporte que des 8 et des
zéros, alors ce nombre est mutiple de 16.
46
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5. Soit x un réel.
Question √ √
A Si x est irrationnel, alors 4 x est irrationnel.
√ √
B Si x est rationnel, alors 3 x est irrationnel.
√ √
C Si x est irrationnel, alors 3x est irrationnel.
√
D Si x est rationnel, alors x3 est rationnel.
√ √
E Si 4 x est irrationnel, alors 3 x est irrationnel.
Question 10.
A Q est un corps archimédien.
47
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√
B Tout corps archimédien contient Q[ 2].
C Tout corps archimédien complet est isomorphe à R.
D Dans un corps archimédien, toute partie non vide et majorée possède une borne
supérieure.
E Tout corps totalement ordonné est archimédien.
Réponses : 1–DE 2–AE 3–BD 4–CE 5–AD 6–BC 7–CD 8–AB 9–BE 10–AC
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
1. Énoncer la définition d’un triplet naturel.
2. Démontrer que si (O1 , N1 , s1 ) et (O2 , N2 , s2 ) sont deux triplets naturels, il existe
une unique application bijective f12 : N1 → N2 telle que :
48
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4. On considère l’application s qui à a associe s(a). Montrer que s est une application
strictement croissante
5. Montrer que s est une bijection de N sur N \ {O}.
6. Soit A une partie de N telle que :
i) O ∈ A
ii) s(A) ⊂ A.
Montrer que A = N .
7. En déduire que (O, N , s) est un triplet naturel.
Exercice 2 : On suppose connue une définition de l’ensemble R des nombres réels,
indépendante des autres ensembles de nombres. Le but de l’exercice est d’en déduire
une définition de l’ensemble des entiers. On appelle partie inductive de R tout sous-
ensemble U de R contenant 0 et tel que :
∀u ∈ R , (u ∈ U ) =⇒ ((u + 1) ∈ U ) .
49
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s1 (f21 (y)). Considérons sur N1 la propriété f21 (f12 (x)) = x. Elle est vraie pour
x = O1 . Supposons qu’elle soit vraie pour x, alors :
f21 (f12 (s1 (x))) = f21 (s2 (f12 (x))) = s1 (f21 (f12 (x))) = s1 (x) .
Par l’axiome de récurrence, la propriété est vraie pour tout x : les applications
f12 et f21 sont réciproques l’une de l’autre et elles sont donc bijectives.
3. La relation 6 est définie à partir de l’addition par :
2
∀(a, b) ∈ N , (a 6 b) ⇐⇒ ∃c ∈ N , b = a + c .
4. La relation 6 est :
– réflexive car pour tout a ∈ N, a + 0 = a, donc a 6 a.
– antisymétrique car si a 6 b et b 6 a, alors il existe c, d ∈ N tels que b = a + c
et a = b + d. Par conséquent b = (b + d) + c et puisque + est associative et
que tout élément est régulier pour +, on en déduit d + c = 0, ce qui entraîne
c = d = 0 (propriété de l’addition), soit a = b.
– transitive car si a 6 b et b 6 c, alors il existe d, e ∈ N tels que b = a + d et
c = b + e. Par conséquent c = (a + d) + e = a + (d + e) car + est associative,
donc a 6 c.
5. Pour tout a ∈ N, 0 + a = a : il s’ensuit que 0 6 a, donc 0 est le plus petit élément
de N. Soit A une partie non vide de N. Si A contient 0, alors 0 est le plus petit
élément de A. Sinon, notons B l’ensemble des minorants de A n’appartenant pas
àA:
B = { b ∈ N \ A , b 6 a , ∀a ∈ A } .
L’ensemble B contient 0. D’après l’axiome de récurrence, si pour tout b ∈ B, s(b)
appartenait à B, alors B serait égal à N et A serait vide, ce qui est exclu. Donc
il existe b ∈ B tel que s(b) ∈ A. Nous allons vérifier que ∀a ∈ A, s(b) 6 a, ce qui
entraîne que s(b) est le plus petit élément de A. Soit a un élément quelconque
de A. Par définition de B, b 6 a, donc il existe c ∈ N tel que a = b + c. Or
c 6= 0 car b ∈/ A, donc b 6= a. Donc il existe d tel que c = s(d) = d + 1. Donc
a = b + (d + 1) = (b + 1) + d = s(b) + d, soit s(b) 6 a.
6. Supposons que N possède un plus grand élément N . Alors s(N ) = N + 1 vérifie
N 6 s(N ), par définition de la relation d’ordre, et comme N est le plus grand
élément de N, s(N ) 6 N et donc N = s(N ), c’est-à-dire N = N + 1 et par
régularité de N pour l’addition 0 = 1 = s(0), ce qui est faux car s est injective.
7. Soit A une partie non vide, majorée de N. Si b est un majorant de A, alors pour
tout a ∈ A, il existe c ∈ N tel que b = a + c, donc s(b) = a + (c + 1) : s(b) est aussi
un majorant de A. Par l’axiome de récurrence, l’ensemble des majorants de A,
contient {b+c , c ∈ N}. Or cet ensemble n’est pas majoré, car N ne l’est pas, donc
50
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B = { b ∈ N \ A , a 6 b , ∀a ∈ A } .
Puisque cet ensemble est non vide, il possède un plus petit élément : notons-le b.
Le plus petit élément de B est non nul, car A est non vide. Il existe donc c tel que
b = s(c). Nous devons montrer que c est le plus grand élément de A, c’est-à-dire
que c’est un majorant, et qu’il appartient à A. Puisque s(c) ∈ B, a 6 s(c) et
a 6= s(c) pour tout a ∈ A. Si a ∈ A, il existe donc d ∈ N∗ tel que s(c) = a + d,
avec d = s(e) = e + 1 et par conséquent, grâce à l’associativité de l’addition,
c + 1 = a + (e + 1) = (a + e) + 1 et, par régularité de 1 pour +, c = a + e, soit
a 6 c. Mais alors c ∈ A car sinon il serait dans B ce qui contredirait la définition
de b comme plus petit élément de B, puisque b = s(c).
Exercice 1 :
1. N est non vide, donc il possède un plus petit élément d’après (O1 ).
2. Pour tout (a, b) ∈ N , l’ensemble {a, b} possède un plus petit élément, d’après
(O1 ). Donc a ≺ b ou b ≺ a : l’ordre ≺ est total.
3. Considérons l’ensemble A des majorants stricts de a :
A = { b ∈ N \ {a} , a ≺ b } .
51
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52
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3 Compléments
3.1 Every Texan kills a Texan
« Aucune découverte scientifique ne porte le nom de son inventeur ». Tel est l’énoncé
de la « Loi de Stigler ». . . qui n’a pas été découverte par Stigler ! Les axiomes de Peano
ne font pas exception à la règle. Peano n’a d’ailleurs jamais prétendu être le premier :
voici ce qu’on lit dans la préface de « Arithmetices Principia nova methodo exposita »,
daté de 1889.
In arithmeticae demonstrationibus usus sum libro : H. Grassmann, Lehr-
buch der Arithmetik, Berlin 1861.
Utilius quoque niibi fuit recens scriptum : R. Dedekind, Was sind und
was sollen die Zahlen ; Braunschweig, 1888, in quo quaestiones, quae ad
numerorum fundamenta pertinent, acute examinantur.
Effectivement Grassmann, près de trente ans auparavant, donnait déjà essentiellement
la caractérisation moderne de l’ensemble des entiers, ainsi qu’une définition inductive de
l’addition de de la multiplication. Mais il ne posait pas en axiome le fait que le premier
entier ne soit le successeur d’aucun autre, ni le fait que deux nombres ne puissent avoir
le même successeur, ce qui était considéré comme allant de soi 1 . La définition de N que
nous vous avons donnée est bien, à quelques détails près, celle de Dedekind, dans « Que
sont les nombres et que signifient-ils ». Voici comment il en décrivait l’idée, quelques
années auparavant.
Je vois l’ensemble de l’arithmétique comme une conséquence nécessaire, ou
au moins naturelle du plus simple des actes arithmétiques, celui de compter,
et compter n’est rien d’autre que la création successive de la suite infinie des
nombres entiers positifs dans laquelle chaque individu est défini en termes
de celui qui le précède.
Dans une lettre de février 1890, il va plus loin.
Parlant de l’arithmétique (algèbre, analyse) comme d’une partie de la lo-
gique, je veux dire que je considère le concept de nombre comme entièrement
indépendant de notions ou d’intuitions d’espace et de temps, et que je le
considère comme un résultat immédiat des lois de la pensée.
Quelque temps avant Dedekind, de l’autre côté de l’Atlantique, un philosophe avait lui
aussi réflechi aux fondements de la notion de nombre : Charles Sanders Peirce (1839–
1914) 2 . Son article se termine par l’énoncé selon lequel une application injective d’un
ensemble sur lui-même est bijective. Son illustration est plutôt vigoureuse.
From this we deduce the validity of the following mode of inference :
1. Hao Wang : The axiomatization of arithmetics, The Journal of Symbolic Logic, (22)2, p. 145–158
(1957)
2. C.S. Peirce : On the Logic of Number, American Journal of Mathematics, 4(1), pp. 85–95, 1881
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Eh bien oui, Cantor construit les réels par les classes d’équivalence des suites de Cauchy
de rationnels, comme vous l’avez vu dans ce chapitre. Mais il ne s’arrête pas en si
bon chemin. Il définit par récurrence des systèmes de nombres d’ordre k en itérant le
procédé, pour plus tard les identifier par un axiome aux points de la droite géométrique.
Il exprime tout de même quelques scrupules par rapport au sujet de son article.
Dans une autre circonstance je reviendrai avec plus de détail sur tous ces
rapports. Ce n’est pas non plus ici le lieu d’expliquer comment les conven-
tions et les opérations dont j’ai parlé dans ce paragraphe peuvent servir à
l’analyse infinitésimale. Dans ce qui suit, en exposant le rapport des gran-
deurs numériques avec la géométrie de la ligne droite, je me bornerai presque
exclusivement aux théorèmes nécessaires, d’où l’on peut, si je ne me trompe,
déduire le reste au moyen d’une démonstration purement logique.
Ce seront encore les séries trigonométriques, et plus précisément leurs discontinuités,
qui l’amèneront à travailler sur les ensembles infinis, en commençant par donner un fon-
dement rigoureux à la notion d’ensemble. Sa réflexion sur les cardinaux infinis l’amène
à se demander s’il est si évident que cela qu’il y a plus de points dans un carré que
dans un segment. Voici ce qu’il écrit à son ami Dedekind, le 5 janvier 1874.
Est-ce qu’une surface (disons un carré incluant sa frontière) peut être ra-
menée de façon unique à une ligne (disons un segment de droite incluant
les extrémités) de sorte que pour chaque point sur la surface il y ait un
point correspondant sur la ligne et, réciproquement, pour chaque point sur
la ligne il y ait un point correspondant sur la surface ? Je crois qu’il ne
sera pas facile de répondre à cette question, malgré le fait que la réponse
semble si clairement être « non » qu’une démonstration apparaisse presque
superflue.
Quand il finit par répondre « oui » en 1877, il dit « Je le vois, mais je ne le crois pas ».
Ce résultat étonnant suscita le scepticisme de beaucoup de ses collègues, en particulier
Kronecker. Cantor était douloureusement conscient de l’opposition que ses travaux, en
particulier sur la théorie des ensembles et les cardinaux transfinis, suscitaient.
Je réalise qu’en entreprenant cela, je me place dans une certaine opposition
par rapport aux vues largement répandues sur l’infini mathématique, et
aux opinions fréquemment défendues sur la nature des nombres.
Querelles avec Kronecker, Mittag-Leffler et les autres ? Problèmes psychologiques liés
à son enfance ? À partir de 1884, Cantor connaît le premier d’une série d’épisodes de
dépression qui ne lui laissèrent que peu de répit jusqu’à son décès. Ses efforts pour
démontrer que Francis Bacon est le véritable auteur des pièces de Shakespeare ont été
moins reconnus par la postérité que sa théorie des ensembles que Hilbert considérait
comme « le plus beau produit du génie mathématique, et une des réalisations suprêmes
de l’activité humaine purement intellectuelle ».
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pour l’arithmétique, pour les mesures et pour les monnaies. Il faut dire que selon les
domaines, certains comptes se sont toujours faits tantôt en base 60 (heures, minutes et
secondes ou bien mesures angulaires), tantôt en base 12 (œufs, huîtres, . . . ). Jusqu’au
“Decimal Day” (15 février 1971), une livre britannique se composait de 20 shillings,
eux-mêmes divisés en 12 pence. Il y a toujours 12 inches dans un foot et 3 feet dans
un yard. Pour nous qui sommes habitués à la simplicité du système métrique, il est
difficile d’imaginer le casse-tête pour convertir des inches cubiques en yards cubiques.
Pour autant, des tentatives pour imposer le système métrique en Grande-Bretagne ou
aux États-Unis échouent régulièrement.
Ce système, basé sur une division en puissances de dix de toutes les unités de mesure,
a été créé sous la Révolution. Son acte fondateur est un « Rapport fait à l’Académie
des Sciences le 27 octobre 1790 sur le titre des métaux monnayés & sur l’échelle de
division des poids, des mesures et des monnaies, par MM. Borda, Lagrange, Lavoisier,
Tillet & Condorcet ». Voici ce qu’on y lit.
L’adoption de l’échelle arithmétique pour toutes les divisions, diminuera
beaucoup les embarras qui doivent naître de l’établissement des nouvelles
mesures, & tous ceux qui sauront l’arithmétique simple, pourront en cal-
culer toutes les divisions, tandis que ceux qui savent calculer les anciennes
n’éprouveront aucun embarras, puisqu’ils pourront calculer les nouvelles
avec encore plus de facilité.
On aurait pu proposer de changer aussi l’échelle arithmétique, & de prendre
l’échelle duocécimale, c’est-à -dire, celle qui emploie onze chiffres, & qui suit
la progression des puissances de douze ; mais ce changement ajouté à tous
les autres, en ôtant à ceux qui ne sont pas accoutumés au calcul, une base à
laquelle ils puissent entendre les changements & s’y conformer, en rendroit
le succès presqu’impossible. Ajoutons que non-seulement il faudroit deux
chiffres nouveaux, mais que l’arithmétique parlée a pour base l’arithmétique
décimale, ce qui obligeroit à la changer encore, de manière que les effets de
tous ces changements réunis, incommodes aux personnes les plus habituées
à réfléchir, seroient insupportables à toutes les autres.
Nous conclurons donc que l’échelle décimale doit servir de base à toutes
les divisions, & que même le succès de l’opération générale sur les poids &
mesures tient en grande partie à l’adoption de cette échelle.
Cette décision de bon sens n’alla pas semble-t-il sans quelques débats houleux, les par-
tisants de la base 12 et du changement radical étant nombreux et passionnés. Quatre
ans plus tard, quand Pierre-Simon de Laplace (1749–1827) inaugure ses leçons de Ma-
thématiques à l’École Normale par un cours d’arithmétique, on y sent pointer quelques
regrets.
Vous concevez, par les principes métaphysiques sur lesquels est fondé notre
système de numération, que rien n’obligeait de s’en tenir à dix caractères ;
on pouvait en employer plus ou moins.
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Il paraît très probable que le nombre des doigts est ce qui a déterminé
l’arithmétique décimale. Les hommes primitivement ont compté par leurs
doigts jusqu’à dix ; mais de ce que cette arithmétique était bonne dans
l’enfance des sociétés, est-elle maintenant la meilleure ? C’est ce que nous
allons examiner. [. . . ] De tous les systèmes de numération, le meilleur est
celui qui, n’employant pas un trop grand nombre de caractères, renferme
dans son échelle, le plus grand nombre de diviseurs ; et, à cet égard, le
système duodécimal me paraît mériter la préférence. Il eût suffi d’ajouter
deux caractères aux nôtres ; on aurait eu l’avantage d’exprimer le tiers et
le quart de l’unité principale, au moyen des divisions de ce système, ce qui
eût été très-commode. C’est pour cela que les divisions de presque toutes
nos mesures sont duodécimales ; ainsi le pied se divise en douze pouces, le
pouce en douze lignes, etc.
La commission des poids et mesures a balancé les avantages qu’offre le
système duodécimal, avec l’inconvénient de changer totalement, et l’arith-
métique écrite, et l’arithmétique parlée, et nos livres et nos tables formées
sur le système décimal. Elle a craint qu’en proposant le système duodécimal,
les obstacles qu’éprouverait l’introduction de ce système, ne se joignissent
à ceux que présenterait déjà l’institution du nouveau système de poids et
mesures. Elle a donc jugé à propos de conserver l’arithmétique décimale.
Il avait apparemment fallu toute l’autorité du « plus illustre géomètre du temps »,
Joseph-Louis Lagrange (1746–1813) pour emporter la décision. Jean-Baptiste Delambre
(1749–1822), qui avait durement payé de sa personne en triangulant un arc de méridien
depuis Barcelone pour établir la valeur du mètre, se souvient bien des années plus tard
de ces débats passionnés 5 .
La Révolution offrit aux savants l’occasion d’une grande et difficile innova-
tion : l’établissement d’un système métrique, fondé sur la nature, et par-
faitement analogue à notre échelle de numération. Lagrange fut un des
Commissaires que l’Académie chargea de ce travail ; il en fut un des ardents
promoteurs ; il voulait le système décimal dans toute sa pureté ; il ne par-
donnait pas à Borda l’idée qu’il avait eue de faire exécuter des quarts de
mètre. Il était peu frappé de l’objection que l’on tirait contre ce système du
petit nombre des diviseurs de sa base. Il regrettait presque qu’elle ne fût
pas un nombre premier, tel que 11, qui nécessairement eût donné un même
dénominateur à toutes les fractions. On regardera, si l’on veut, cette idée
comme une de ces exagérations qui échappent aux meilleurs esprits dans
le feu de la dispute ; mais il n’employait ce nombre 11 que pour écarter le
nombre 12, que des novateurs plus intrépides auraient voulu substituer à
celui de 10, qui fait partout la base de la numération.
5. J.B.J. Delambre : Mémoire sur la vie et les ouvrages de M. Le Comte J.-L. Lagrange in Oeuvres
de Lagrange, J.-A. Serret ed., Tome 1, Paris 1867
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Si le cœur vous en dit, n’hésitez pas à reprendre le flambeau, vous ne serez pas seuls :
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3.4 Et après ?
À partir des entiers naturels, nous avons construit les entiers relatifs, puis les ra-
tionnels, les réels, les complexes, chaque nouvel ensemble ainsi construit incluant les
précédents. L’histoire ne s’arrête pas là. Le corps des complexes est en même temps un
espace vectoriel de dimension 2 sur R : on appelle cela une algèbre. Existe-t-il d’autres
algèbres commutatives sur R ? Non ! La réponse a été donnée par Weierstrass en 1863 :
toute algèbre commutative de dimension finie sur R est isomorphe à C. Nous vous
avons proposé en exercice plusieurs constructions du corps des quaternions, qui est à
la fois une algèbre de dimension 4 sur R, et de dimension 2 sur C. La multiplication
des quaternions a beau n’être pas commutative, H n’en est pas moins un corps. En
existe-t-il d’autres ? Non ! La réponse a été donnée par Frobenius en 1877 : toute al-
gèbre de dimension finie sur R est isomorphe à R, C ou H. Cela n’empêche toujours
pas de continuer : les octonions sont un espace vectoriel de dimension 8 sur R, 4 sur
C et 2 sur H. On y définit une « multiplication », qui n’est pas commutative, ni même
associative. Cette multiplication permet les calculs d’inverses, donc la division. On y
étend aussi la notion de module : le produit d’un octonion par son conjugué est un réel
positif, et la racine carrée de ce réel est une norme sur l’espace vectoriel des octonions
O. On appelle cela une « algèbre de division normée ». En existe-t-il d’autres ? Non !
La réponse a été donnée par Hurwitz en 1898 : toute algèbre de division normée sur R
est isomorphe à R, C, H ou O. Alors on arrête là ? Non, toujours pas : les sedenions
sont un espace vectoriel de dimension 16 sur R, 8 sur C, etc. etc.
Ces ensembles de nombres dits hypercomplexes, datent de la première moitié du
xixe siècle. Les quaternions ont une date de naissance précise, le 16 octobre 1843. Sir
William Rowan Hamilton (1805–1865) a donné plusieurs récits de son « étincelle ».
Celui qui figure dans la lettre qu’il écrit à un de ses fils le 15 octobre 1858 est particu-
lièrement émouvant.
If I may be allowed to speak of myself in connexion with the subject, I
might do so in a way which would bring you in, by referring to an ante-
quaternionic time, when you were a mere child, but had caught from me the
conception of a Vector, as represented by a Triplet : and indeed I happen to
be able to put the finger of memory upon the year and month – October,
1843 – when having recently returned from visits to Cork and Parsonstown,
connected with a meeting of the British Association, the desire to discover
the laws of the multiplication referred to regained with me a certain strength
and earnestness, which had for years been dormant, but was then on the
point of being gratified, and was occasionally talked of with you. Every
morning in the early part of the above-cited month, on my coming down
to breakfast, your (then) little brother William Edwin, and yourself, used
59
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to ask me, “Well, Papa, can you multiply triplets” ? Whereto I was always
obliged to reply, with a sad shake of the head : “No, I can only add and
subtract them.”
But on the 16th day of the same month – which happened to be a Monday,
and a Council day of the Royal Irish Academy – I was walking in to attend
and preside, and your mother was walking with me, along the Royal Canal,
to which she had perhaps driven ; and although she talked with me now
and then, yet an under-current of thought was going on in my mind, which
gave at last a result, whereof it is not too much to say that I felt at once
the importance. An electric circuit seemed to close ; and a spark flashed
forth, the herald (as I foresaw, immediately) of many long years to come
of definitely directed thought and work, by myself if spared, and at all
events on the part of others, if I should even be allowed to live long enough
distinctly to communicate the discovery. Nor could I resist the impulse
– unphilosophical as it may have been – to cut with a knife on a stone
of Brougham Bridge, as we passed it, the fundamental formula with the
symbols, i, j, k ; namely,
i2 = j2 = k2 = ijk = −1 .
60
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Systèmes linéaires
Bernard Ycart
Si vous savez déjà résoudre un système linéaire par la méthode de Gauss, vous
n’apprendrez pas grand chose de neuf dans ce chapitre. Il est essentiellement technique,
et ne présente aucune difficulté théorique. Il vous préparera aux chapitres suivants
d’algèbre linéaire, et vous devez l’avoir bien assimilé avant de continuer.
2 Entraînement 12
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3 Compléments 27
3.1 Les formules de Cramer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.2 Tout blanc tout noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3 Les Neuf Chapitres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4 Les grands systèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
8 novembre 2011
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1 Cours
1.1 Intersection de droites et de plans
Une équation linéaire à deux inconnues, du type a1 x + a2 y = b, est l’équation
d’une droite dans le plan. Plus précisément, si a1 , a2 et b sont des réels fixés, tels que
a1 6= 0 ou a2 6= 0, l’ensemble des couples (x, y) vérifiant a1 x + a2 y = b est une droite
affine. Chercher les couples (x, y) qui vérifient plusieurs équations du même type, c’est
chercher les points communs à plusieurs droites affines. Voici trois exemples de systèmes
de 3 équations à 2 inconnues.
x −y = −1
x −y = −1
x −y = −1
x +y = 1 x +y = 1 2x −2y = −2
−x +y =
y = 2
y = 1
1
Le premier n’a pas de solution. Le second a une solution unique : la solution de ses
deux premières équations vérifie la troisième. Le troisième système a une infinité de
solutions : ses trois équations sont équivalentes.
La figure 1 donne une interprétation géométrique des trois systèmes. Dans chacun
des trois graphiques, D1 , D2 , D3 sont les droites correspondant aux trois équations
du système. Résoudre un système de m équations à 2 inconnues, c’est déterminer
D3
j D3 j j
O i O i O i
D3
D2
D1 D2 D1 D2 D1
l’intersection de m droites dans le plan. Elle peut être vide, réduite à un point, ou
égale à une droite.
Une équation linéaire à trois inconnues x, y, z est l’équation d’un plan dans l’espace.
Voici trois systèmes de deux équations à trois inconnues.
( ( (
x +y +z = 1 x +y +z = 1 x +y +z = 1
−x −y −z = −1 −x −y −z = 1 x −y +z = −1
1
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Les deux équations du premier système représentent le même plan. L’ensemble des
solutions du système est ce plan. Dans le second système, les équations sont celles de
deux plans parallèles : leur intersection est vide. Le troisième système est le cas général :
l’intersection des deux plans est une droite. Les trois cas sont illustrés par la figure 2.
P2
P2 P1
P1 P1
P2
Une solution de (S) est un n-uplet de réels qui satisfont à la fois ses m équations.
Résoudre le système (S) c’est décrire l’ensemble des solutions. L’intuition géométrique
des dimensions 2 et 3 reste valable en dimension n : l’ensemble des n-uplets de réels
(x1 , . . . , xn ) qui vérifient une équation du type
ai,1 x1 + . . . + ai,n xn = bi ,
où les ai sont non tous nuls, est un sous-espace affine de dimension n − 1 dans Rn ,
que l’on appelle un hyperplan. Résoudre un système de m équations, c’est décrire
l’intersection de m hyperplans dans Rn . Cette intersection peut être vide, mais si
elle ne l’est pas, c’est un sous-espace affine de Rn . Nous le démontrerons à la section
suivante.
2
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Les coefficients ai,j et bi sont des réels donnés. Les variables xi sont les inconnues. Il faut
comprendre (S) comme la conjonction (« et ») de m assertions portant sur les variables
(x1 , . . . , xn ). Une solution est un n-uplet de réels qui vérifie chacune des m équations.
L’ensemble des solutions est un sous-ensemble de Rn . Deux systèmes à n inconnues
sont équivalents si et seulement si leurs ensembles de solutions sont les mêmes.
Par convention, on regroupe les termes contenant les inconnues à gauche de l’égalité,
les termes constants à droite. La partie gauche s’appelle le premier membre, le m-uplet
des constantes à droite de l’égalité est le second membre. On dit d’un système qu’il
est homogène si tous les termes du second membre sont nuls. À un système (S), on
associe le système homogène (H) obtenu en conservant le premier membre de (S) et
en annulant le second membre.
a1,1 x1 + · · · +a1,j xj + · · · +a1,n xn = 0
.. .. .. ..
. . . .
(H) ai,1 x1 + ··· +ai,j xj + ··· +ai,n xn = 0
.. .. .. ..
. . . .
am,1 x1 + · · · +am,j xj + · · · +am,n xn = 0
3
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soit,
ai,1 (λx1 + µy1 ) + . . . + ai,n (λxn + µyn ) = 0 .
Le n-uplet (λx1 + µy1 , . . . , λxn + µyn ) est donc solution de (H).
Tout sous-espace vectoriel de Rn est de dimension finie, au plus égale à n. Soit
E l’espace vectoriel des solutions du système homogène (H). Il se peut que E soit
de dimension 0, si (0, . . . , 0) est la seule solution de (H). Nous verrons plus loin que
la dimension de E est au moins égale à n − m : un système homogène ayant moins
d’équations que d’inconnues a une infinité de solutions. Soit k la dimension de E, et
s1 , . . . , sk k solutions particulières, formant une base de E. Toute solution de (H) s’écrit
de façon unique comme combinaison linéaire de s1 , . . . , sk .
E = { λ1 s 1 + · · · + λk s k , λ 1 , . . . , λ k ∈ R } . (1)
Théorème 2. Soit (S) un système linéaire et (H) le système homogène associé. Notons
S l’ensemble des solutions de (S) et E l’espace vectoriel des solutions de (H). Alors,
• soit S est vide,
• soit S est un espace affine de direction E.
(0)
Démonstration : Supposons S non vide : soit s0 = (x1 , . . . , x(0) n ) une solution parti-
culière de (S). Nous allons démontrer que toute solution de (S) est la somme de s0 et
d’une solution de (H). Soit s = (x1 , . . . , xn ) une solution quelconque de (S). Pour tout
i = 1, . . . , m, les deux solutions satisfont la i-ième équation.
(0)
ai,1 x1 + . . . + ai,n x(0)
n = bi et ai,1 x1 + . . . + ai,n xn = bi .
4
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On retrouve ce même principe dans des problèmes très différents : équations de récur-
rence, équations différentielles, etc.
Le reste de ce chapitre est consacré à la méthode du pivot de Gauss qui permet de
calculer explicitement des n uplets s0 , s1 , . . . , sk , tels que s0 soit une solution particulière
de (S) et (s1 , . . . , sk ) soit une base de l’espace vectoriel des solutions de (H).
pour tout λ. Réciproquement, si λ est non nul il suffit d’appliquer ce qui précède à 1/λ
pour s’assurer que tout n-uplet solution de (4) est aussi solution de (3).
Pour le point 3, considérons les deux lignes
(
ai,1 x1 + . . . + ai,n xn = bi
(5)
ak,1 x1 + . . . + ak,n xn = bk
Si un n-uplet (x1 , . . . , xn ) vérifie (5), alors il vérifie aussi (6). Réciproquement, multi-
plions la première équation de (6) par −1 (ce qui ne change pas l’ensemble des solutions
5
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d’après le point 2 ), puis ajoutons les deux équations. D’après ce qui précède, toute so-
lution de (6) est aussi solution de (5).
Ici, une mise en garde s’impose. Lorsqu’on remplace une ligne par une combinaison
linéaire des autres, toute solution du système initial est encore solution du nouveau
système. Mais l’ensemble des solutions du nouveau peut être strictement plus grand.
Dans la démonstration ci-dessus, nous avons pris soin de vérifier les réciproques : il est
essentiel que le système transformé soit bien équivalent au système initial.
La méthode de Gauss consiste à appliquer successivement les transformations de
la proposition 1. Dans les deux sections suivantes, nous allons décrire les deux étapes
principales.
Mettre un système (S) sous forme échelonnée, c’est passer de (S) à (SE ) par les trans-
formations de la proposition 1, et une permutation éventuelle des coordonnées, de sorte
que
1. les inconnues (y1 , . . . , yn ) de (SE ) sont celles de (S), mais dans un ordre qui peut
être différent,
2. les coefficients p1 , . . . pr sont tous non nuls.
Les coefficients p1 , . . . , pr , que l’on appelle les pivots, jouent un rôle important. Pour
arriver à la forme échelonnée avec des pivots non nuls on peut être amené au cours des
calculs, à
1. permuter des variables
2. permuter des équations (application du point 1 de la proposition 1).
Le principe général consiste à utiliser une équation à pivot non nul pour annuler les
termes au-dessous du pivot dans les équations suivantes du système. Décrire formel-
lement l’algorithme dans le cas général, conduirait à des notations compliquées. Le
mieux est de comprendre son fonctionnement sur des exemples. Dans ce qui suit nous
utilisons la notation algorithmique ←, pour « prend la valeur ». A part les permuta-
tions éventuelles de variables ou d’équations, les seules transformations utilisées sont
6
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x +2y −z +t =
1
x +3y +z −t = 2
(S1 )
−x +y +7z +2t = 3
2x +y −8z +t = 4
⇐⇒
−z +t = 1
x +2y
L2 ← L2 − L1 y +2z −2t = 1
L3 ← L3 + L1
3y +6z +3t = 4
L4 ← L4 − 2L1 −3y −6z −t = 2
⇐⇒
−z +t
x +2y = 1
y +2z −2t = 1
L3 ← L3 − 3L2
+9t = 1
L4 ← L4 + 3L2 −7t = 5
⇐⇒
x +2y +t −z = 1
y −2t +2z = 1
z ←→ t
9t = 1
−7t = 5
x +2y +t −z =
1
(S1,E ) y −2t +2z = 1
9t = 1
L4 ← L4 + 97 L3
0 = 52/9
x +y −3z −4t = −1
2x +2y +2z −3t = 2
(S2 )
3x +6y −2z +t = 8
2x +y +5z +t = 5
⇐⇒
−3z −4t = −1
x +y
L2 ← L2 − 2L1 8z +5t = 4
L3 ← L3 − 3L1
3y +7z +13t = 11
L4 ← L4 − 2L1 −y +11z +9t = 7
7
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⇐⇒
x +y −3z −4t −1
=
L2 ← L4 −y +11z +9t = 7
3y +7z +13t = 11
L4 ← L2 8z +5t = 4
⇐⇒
x +y −3z −4t −1
=
−y +11z +9t = 7
L3 ← L3 + 3L2
40z +40t = 32
8z +5t = 4
⇐⇒
x +y −3z −4t −1
=
(S2,E ) −y +11z +9t = 7
40z +40t = 32
L4 ← L4 − 51 L3
−3t = −12/5
x −y +z +t
= 3
5x +2y −z −3t = 5
(S3 )
−3x −4y +3z +2t = 1
6x +y −2t = 8
⇐⇒
x −y
+z +t = 3
L2 ← L2 − 5L1 7y −6z −8t = −10
L3 ← L3 + 3L1
−7y +6z +5t = 10
L4 ← L4 − 6L1 7y −6z −8t = −10
⇐⇒
x −y
+z +t = 3
+7y −6z −8t = −10
L3 ← L3 + L2
−3t = 0
L4 ← L4 − L2 0 = 0
⇐⇒
x −y +t +z =
3
+7y −8t −6z = −10
(S3,E )
−3t = 0
0 = 0
8
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deux types d’équations. Celles dont le premier membre est nul, s’il y en a, sont les
équations de compatibilité. Le système ne peut avoir de solution que si leur second
membre est aussi nul.
Nous admettrons le théorème suivant.
Théorème 3. S’il est non vide, l’ensemble des solutions du système échelonné (SE )
est un espace affine de dimension n−r.
r ≤ min{m, n} .
x +y −3z −4t −1
=
−y +11z +9t = 7
(S2,E )
40z +40t = 32
−3t = −12/5
⇐⇒
9
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x +y −3z −4t = −1
L2 ← −L2 y −11z −9t = −7
L3 ← (1/40)L3
z +t = 4/5
L4 ← −(1/3)L4 t = 4/5
⇐⇒
L1 ← L1 + 4L4 x +y −3z
= 11/5
L2 ← L2 + 9L4 y −11z = 1/5
L3 ← L3 − L4
z = 0
t = 4/5
⇐⇒
L1 ← L1 + 3L3
x +y = 11/5
L2 ← L2 + 11L3 y = 1/5
z = 0
t = 4/5
⇐⇒
L1 ← L1 − L2
x
= 2
y = 1/5
z = 0
t = 4/5
Le système est maintenant sous forme résolue : (2, 1/5, 0, 4/5) est la seule solution.
Voici un autre exemple.
−y +t +z =
x 3
+7y −8t −6z = −10
(S3,E )
−3t = 0
0 = 0
⇐⇒
x −y +t +z = 3
L2 ← (1/7)L2 y −(8/7)t −(6/7)z = −10/7
L3 ← −(1/3)L3
t = 0
⇐⇒
x −y
+t = 3−z
y −(8/7)t = −(10/7) + (6/7)z
t = 0
⇐⇒
L1 ← L1 − L3 x −y
= 3−z
L2 ← L2 + (8/7)L3 y = −(10/7) + (6/7)z
t = 0
⇐⇒
10
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L1 ← L1 + L2
x = (11/7) − (1/7)z
y = −(10/7) + (6/7)z
t = 0
Le système est maintenant sous forme résolue. Il admet une infinité de solutions, dé-
pendant du paramètre z. L’ensemble S des solutions s’écrit
11 10 1 6
S= , − , 0, 0 + z − , , 1, 0 , z ∈ R .
7 7 7 7
C’est bien la forme prévue par le théorème 2 : S est une droite affine, passant par la
solution particulière (11/7, −10/7, 0, 0), de vecteur directeur (−1/7, 6/7, 1, 0). Evidem-
ment l’écriture de l’ensemble des solutions obtenue pas la méthode de Gauss, n’est pas
la seule possible. Dans l’exemple ci-dessus, S pourrait aussi s’écrire :
11
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. Si un système a plus d’inconnues que d’équations, alors il a une infinité de
solutions.
2. Si un système a plus d’équations que d’inconnues, alors il a au plus une solution.
3. Si le rang d’un système est égal au nombre d’équations, et strictement inférieur
au nombre d’inconnues, alors le système a une infinité de solutions.
4. Si un système a une solution unique, alors il a autant d’équations que d’incon-
nues.
5. Si un système a une solution unique, alors son rang est égal au nombre d’in-
connues.
6. Si un système n’a pas de solution, alors son second membre est non nul.
7. Si un système a un second membre nul et si son rang est égal au nombre
d’équations, alors sa solution est unique.
8. Si un système de deux équations à deux inconnues n’a pas de solution, alors
les deux équations sont celles de deux droites parallèles dans le plan.
9. Si un système de deux équations à trois inconnues n’a pas de solution, alors
les deux équations sont celles de deux droites parallèles dans l’espace.
Vrai-Faux 2. Soit (S) un système linéaire et (H) le système homogène associé. Parmi
les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Si (S) n’a pas de solution alors (H) n’a pas de solution.
2. Si (S) n’a pas de solution alors (H) a une solution unique.
3. (S) a une solution unique si et seulement si (H) a une solution unique.
4. Si (S) a une solution unique alors (H) a une solution unique.
5. Si (S) a une infinité de solutions, alors (H) a une infinité de solutions.
6. Si s0 et s1 sont deux solutions de (S) alors s0 + s1 est solution de (H)
7. Si s0 et s1 sont deux solutions de (S) alors 2(s0 − s1 ) est solution de (H)
8. Si s0 et s1 sont deux solutions de (S) alors 2(s0 − s1 ) est solution de (S)
9. Si s0 et s1 sont deux solutions de (S) alors −s0 + 2s1 est solution de (S)
Vrai-Faux 3. Soit (S) un système, que l’on résout par la méthode de Gauss. On note
(SE ) le système sous forme échelonnée. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
12
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Soit S l’ensemble des solutions de (S). Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Pour tout couple (a, b), S est un singleton.
2. Il existe (a, b) tel que S soit un singleton.
3. Si a = b alors S est l’ensemble vide.
4. Si b = −2a alors S est l’ensemble vide.
5. Si b = −2a alors S est une droite affine.
Soit S l’ensemble des solutions de (S). Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Pour tout couple (a, b), S est un singleton.
2. Il existe (a, b) tel que S soit un singleton.
3. Si a = b alors S est l’ensemble vide.
13
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Soit S l’ensemble des solutions de (S). Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Pour tout couple (a, b), S est une droite affine.
2. Il existe (a, b) tel que S soit une droite affine.
3. Il existe (a, b) tel que S soit l’ensemble vide.
4. Si b = 2a alors S est l’ensemble vide.
5. Si b = 2a alors S est une droite affine.
2.2 Exercices
Exercice 1. Déterminer, selon les valeurs du paramètre réel a, l’ensemble des solutions
des systèmes suivants.
( (
x −2y = 2 ax +y = 2
x −ay = a x +ay = 2
( (
ax +(1 − a)y = 1 ax +(1 − a)y = a
(1 − a)x −ay = a ax +ay = a
14
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3x +4y +z +2t = 3
x −2y +z +t = −2
6x +8y +2z +5t = 7 2x −y −z −t = −1
x +y +z +t = −8
9x +12y +3z +10t = 13
+2y −3z = 4
x
y +z = 5
x +3y −z = 11 x +z = 4
2x +5y −5z = 13
x +y +2z = 9
x +4y +z = 18 −x +y = 1
15
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Exercice 5. Déterminer, selon les valeurs du paramètre réel a, l’ensemble des solutions
des systèmes linéaires suivants.
2x +3y −2z = 5
x −y +az = a
x −2y +3z = 2 x +ay −z = −1
4x −y +4z = a
x +y +z = 2
x +y +(2a−1)z = 1
3ax +(3a−7)y +(a− 5)z = a−1
ax +y +z = 1 (2a−1)x +(4a−1)y +2az = a+1
x +ay +z = 3(a+1)
4ax +(5a−7)y +(2a−5)z = a−1
( x +2y −z +t = 1
2x +ay +4z = 0
x +3y +z −t = 1
x +y +2az = −3
2x +y −8z +t = a
x −2y +az = 1
ax +y +z +t = 1
3x −ay +2z = 1 x +ay +z +t = −1
ax
+y −z = 0 x
+y +az +t = 1
x −2y +z = a x +y +z +at = −1
Exercice 6. Déterminer, selon les valeurs des paramètres réels a et b, l’ensemble des
solutions des systèmes linéaires suivants.
3x +y −z = 1
ax +(b − 1)y +2z = 1
5x +2y −2z = a ax +(2b − 3)y +3z = 1
4x +y −z = b ax +(b − 1)y +(b + 2)z = 2b − 3
2x +y −z
= 2
ax +y +z +t = 1
x −y +z = 4 x +ay +z +t = b
3x +3y −z = 4a x
+y +az +t = b2
(2 − a)x +2y −2z = −2b x +y +z +at = b3
16
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1.
A Si un système a 4 équations et 2 inconnues, alors il est impossible.
B Si un système a 1 équation et 3 inconnues, alors il a une infinité de solutions.
C Si un système a 3 équations, 2 inconnues, et un second membre nul, alors il a
au moins une solution.
D Si un système a 2 équations, 2 inconnues, et un second membre nul, alors il a
exactement une solution.
E Si un système a 3 équations et 2 inconnues, et un second membre nul, alors il
a une infinité de solutions.
Question 4. Soit (S) un système, que l’on résout par la méthode de Gauss. On note
(SE ) le système sous forme échelonnée.
A Si (S) a 2 équations et 3 inconnues, alors dans (SE ) aucune équation n’a son
premier membre nul.
B Si (S) a 3 équations et 2 inconnues, alors dans (SE ) au moins une équation a
son premier membre nul.
C Si (S) a 4 équations et 3 inconnues, alors dans (SE ) exactement une équation
a son premier membre nul.
17
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D Si dans (SE ) toute équation dont le premier membre est nul a aussi un second
membre nul, alors le système (S) a au moins une solution.
E Si (S) a une solution unique, alors dans (SE ) aucune équation n’a son premier
membre nul.
Question 5. Soit (S) un système de 4 équations à 3 inconnues.
A Le rang de (S) est au moins égal à 3.
B Si (S) est de rang 3, alors (S) a une solution unique.
C Si (S) est de rang 2, alors soit (S) est impossible, soit l’ensemble des solutions
de (S) est une droite affine.
D Si (S) est de rang 1, alors l’ensemble des solutions de (S) est un plan affine.
E Si (S) est de rang 3 et si son second membre est nul, alors (0, 0, 0) est l’unique
solution de (S).
Question 6. Soient a et b deux paramètres réels. On considère le système :
(
4x −2y = a
(S)
−2x +y = b .
18
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Réponses : 1–BC 2–DE 3–AC 4–BD 5–CE 6–AE 7–AD 8–BC 9–AB 10–BE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : On considère un système (S) de m équations à n inconnues.
1. Qu’appelle-t-on système homogène associé à (S) ?
19
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2. Démontrer que l’ensemble des solutions du système homogène associé, noté (H),
est un sous-espace vectoriel de Rn .
3. En supposant que l’ensemble des solutions de (S) est non vide, démontrer que
c’est un espace affine, dont l’espace vectoriel associé est l’ensemble des solutions
de (H).
4. Qu’appelle-t-on forme échelonnée pour le système (S) ?
5. Qu’est ce que le rang du système (S) ? Comment détermine-t-on le rang à partir
de la forme échelonnée ?
Exercice 1 : Soient a et b deux paramètres réels. On considère le système :
ay +az = ab
(S) bz = a
x +y +z = 1 .
1. Mettre le système (S) sous forme échelonnée, discuter son rang selon les valeurs
de a et b.
2. Si a et b sont tous les deux non nuls, montrer que le système a une solution
unique, et donner l’expression de cette solution en fonction de a et b.
3. Pour a = 0, donner des équations paramétriques de l’ensemble des solutions de
(S).
Exercice 2 : On considère un espace affine de dimension 3, muni d’un repère (O,~ı, ~, ~k).
Soit P le plan d’équation implicite x + y + z = 1. Soient a et b deux paramètres réels.
Soit A le point de coordonnées (1, 1, a) dans le repère (O,~ı, ~, ~k) et ~u le vecteur de
coordonnées (1, 0, b) dans la base (~ı, ~, ~k). Soit D la droite passant par A, de vecteur
directeur ~u. Le but de l’exercice est d’étudier l’intersection du plan P et de la droite
D.
1. Vérifier que le vecteur ~u appartient au plan vectoriel associé à P si et seulement
si b = −1.
2. Pour b 6= −1 montrer que l’intersection de P et D est réduite à un point.
3. Pour b = −1, montrer que l’intersection de P est vide si a 6= −1, égale à D si
a = −1.
4. Vérifier que D est l’intersection des deux plans d’équations implicites bx−z = b−a
et y = 1. Ecrire le système linéaire caractérisant l’intersection de D et P.
5. Mettre ce système sous forme échelonnée.
6. Discuter le rang du système et la dimension de l’ensemble des solutions selon les
valeurs de a et b (retrouver les résultats des questions 1, 2 et 3).
7. Pour b 6= −1 donner l’expression de la solution du système en fonction de a et b.
20
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21
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soit,
ai,1 (λx1 + µy1 ) + . . . + ai,n (λxn + µyn ) = 0 .
Le n-uplet (λx1 + µy1 , . . . , λxn + µyn ) est donc solution de (H).
(0)
3. Soit s0 = (x1 , . . . , x(0)
n ) une solution particulière de (S). Nous devons démontrer
que toute solution de (S) est la somme de s0 et d’une solution de (H). Soit
s = (x1 , . . . , xn ) une solution quelconque de (S). Pour tout i = 1, . . . , m, les deux
solutions satisfont la i-ième équation.
(0)
ai,1 x1 + . . . + ai,n x(0)
n = bi et ai,1 x1 + . . . + ai,n xn = bi .
p1 y1 + c1,2 y2 + · · · + c1,j yj + · · ·
+ c1,n yn = d1
p2 y2 + · · · + c2,j yj + · · · + c2,n yn = d2
.. ..
...
. .
(SE ) pr yr + ··· +cr,n yn = dr
0 = dr+1
..
.
0 = dm
Mettre un système (S) sous forme échelonnée, c’est passer de (S) à (SE ) par
des transformations équivalentes des lignes, et une permutation éventuelle des
coordonnées, de sorte que
22
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(a) les inconnues (y1 , . . . , yn ) de (SE ) sont celles de (S), mais dans un ordre qui
peut être différent,
(b) les coefficients p1 , . . . pr sont tous non nuls.
5. Si n est le nombre d’inconnues, le rang du système est le complément à n de la
dimension de l’espace vectoriel des solutions du système homogène associé. Sur
la forme échelonnée, le rang est le nombre de pivots non nuls.
Exercice 1 :
1. Ce système est déjà sous forme échelonnée : il suffit de permuter les équations.
x +y +z = 1
(S) ay +az = ab
bz = a .
Exercice 2 :
23
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5. Pour mettre ce système sous forme échelonnée, il faut retrancher la première ligne
multipliée par b de la troisième :
x +y +z = 1
y = 1
−by −(1 + b)z = −a ,
24
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= b−a
x 1+b
y = 1
z = a−b
1+b
.
Exercice 3 :
1. Voici les étapes de la mise sous forme échelonnée.
2x +y +z +t = 0
L2 ← L2 + L1 y +2z = 1
L3 ← L3 − 2L1
y +(b + 2)z +(a − 1)t = 1
L4 ← L4 − L1 2y +(b + 4)z +(a + 2b − 1)t = a+1
⇐⇒
2x +y +z
+t = 0
y +2z = 1
L3 ← L3 − L2
bz +(a − 1)t = 0
L4 ← L4 − 2L2 bz +(a + 2b − 1)t = a−1
⇐⇒
2x +y +z +t = 0
y +2z = 1
bz +(a − 1)t = 0
L4 ← L4 − L3 2bt = a−1
L’ensemble des solutions est de dimension 2, c’est donc un plan, dont un système
d’équations paramétriques est :
− 12 + 12 λ − 12 µ
x =
y = 1 − 2λ
, λ, µ ∈ R .
z = λ
t = µ
25
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26
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3 Compléments
3.1 Les formules de Cramer
Quand un système linéaire de n équations à n inconnues est de rang n, il a une
solution unique. Il existe une formule explicite qui relie la solution (x1 , . . . , xn ) aux
coefficients. Elle est connue, au moins pour les faibles valeurs de n, depuis très long-
temps, même si elle est attribuée traditionnellement au mathématicien genevois Gabriel
Cramer (1704-1752).
Commençons par le cas n = 2.
(
a1,1 x1 + a1,2 x2 = b1
a2,1 x1 + a2,2 x2 = b2
Ce système a une solution unique si et seulement si son déterminant est non nul.
a a
∆ = 1,1 1,2
= a1,1 a2,2 − a2,1 a1,2 6= 0 .
a2,1 a2,2
Si c’est le cas, les coordonnées de la solution s’écrivent comme des rapports de déter-
minants.
b a1,2 a1,1 b1
1
b1 a2,2 − b2 a1,2 b2 a2,2 b2 a1,1 − b1 a2,1 a2,1 b2
x1 = = x2 = = .
∆ ∆ ∆ ∆
Une formule analogue permet de calculer la solution d’un système 3 × 3.
a1,1 x1 + a1,2 x2 + a1,3 x3 = b1
a x + a2,2 x2 + a2,3 x3 = b2
2,1 1
a3,1 x1 + a3,2 x2 + a3,3 x3 = b3
Ce système a une solution unique si et seulement si son déterminant est non nul.
a1,1 a1,2 a1,3
∆ = a2,1 a2,2 a2,3
6= 0 .
a3,1 a3,2 a3,3
Si c’est le cas les coordonnées de la solution s’écrivent encore comme des rapports de
déterminants.
b a1,2 a1,3 a1,1 b1 a1,3 a1,1 a1,2 b1
1
b2 a2,2 a2,3 a2,1 b2 a2,3 a2,1 a2,2 b2
b3 a3,2 a3,3 a3,1 b3 a3,3 a3,1 a3,2 b3
x1 = x2 = x3 = .
∆ ∆ ∆
La notion de déterminant s’étend à des tableaux carrés de nombres n × n pour n
quelconque. On peut en donner la définition récursive suivante.
27
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28
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2 3
5 4
Imaginez que sur chaque sommet se trouve une ampoule, et un interrupteur qui
commande non seulement l’ampoule du même sommet, mais aussi celles des sommets
voisins. Par exemple appuyer sur l’interrupteur du sommet 2 bascule l’état des am-
poules 1, 2, 3 et 5, de « éteinte » à « allumée », ou bien le contraire. La première
observation, est que l’ordre dans lequel les interrupteurs sont actionnés, n’a pas d’in-
fluence sur le résultat. Si tout est éteint et que vous actionnez l’interrupteur 1, les
ampoules 1, 2 et 5 s’allument. Si ensuite vous actionnez 2, les ampoules 1, 2 et 5
s’éteignent, et 3 s’allume. Le résultat est le même si l’interrupteur 2 est actionné avant
le 1. On peut donc parler de l’effet d’un ensemble d’interrupteurs, sans considération
de l’ordre dans lequel ils sont actionnés.
Si toutes les ampoules sont éteintes, quel ensemble d’interrupteurs faut-il actionner
pour les allumer toutes ? Ou de manière plus condensée, comment passer de « tout
noir » à « tout blanc ». De manière assez surprenante, ce problème a toujours au moins
29
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une solution quel que soit le graphe, et on peut le résoudre à l’aide de la méthode du
pivot de Gauss 1 .
Attention, les calculs ne seront pas ceux dont vous avez l’habitude : nous abandon-
nons les réels pour un ensemble de nombres beaucoup plus petit. Pour jouer le rôle
des réels, tout ensemble de nombres doit contenir au moins les éléments neutres pour
l’addition et la multiplication : 0 et 1. Le plus petit ensemble possible, celui des entiers
modulo 2, ne contient que 0 et 1. On le note Z/2Z. Voici les tables d’addition et de
multiplication.
+ 0 1 × 0 1
0 0 1 0 0 0
1 1 0 1 0 1
Sur l’ensemble des n-uplets de 0 ou de 1, les opérations de Z/2Z agissent composante
par composante. Par exemple pour n = 4 :
(0, 1, 0, 1) + (1, 0, 0, 1) = (1, 1, 0, 0) .
Cet ensemble, noté (Z/2Z)n , est un espace vectoriel sur Z/2Z, tout comme Rn est un
espace vectoriel sur R. La méthode de résolution des systèmes linéaires dans Rn , reste
valable dans Z/2Z, en n’oubliant pas que 1 + 1 = 0.
Etant donné le problème « tout blanc – tout noir » sur un graphe à n sommets,
nous allons lui associer un système linéaire de n équations à n inconnues.
a1,1 x1 + · · · +a1,j xj + · · · +a1,n xn = 1
.. .. .. ..
. . . .
(S) ai,1 x1 + ··· +ai,j xj + ··· +ai,n xn = 1
.. .. .. ..
. . . .
am,1 x1 + · · · +am,j xj + · · · +am,n xn = 1
30
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Vous pouvez vérifier que x = (1, 1, 0, 0, 1) est solution (dans Z/2Z) : actionner les
interrupteurs 1, 2 et 5 allume bien toutes les ampoules dans la figure 3.
Si le graphe est trop compliqué pour deviner la solution, comment la calculer ?
Par la méthode du pivot de Gauss bien sûr ! Ce qui a été exposé pour les matrices
à coefficients réels, vaut pour Z/2Z. Si on applique la méthode du pivot de Gauss
au système (7), on vérifie qu’il est de rang 5, donc (1, 1, 0, 0, 1) est l’unique solution.
Dans ce cas particulier, le système a une solution unique pour tout second membre.
Donc quelle que soit la configuration d’ampoules allumées et éteintes que l’on souhaite
atteindre, il y a un ensemble d’interrupteurs et un seul que l’on doit actionner pour
atteindre la configuration souhaitée.
Ce n’est pas toujours le cas. Le graphe complet à n sommets est tel que deux som-
mets quelconques sont toujours reliés par une arête. Sur un graphe complet, basculer
un interrupteur quelconque allume ou éteint toutes les ampoules à la fois. Si on com-
mence au début par toutes les ampoules éteintes, la seule autre configuration que l’on
puisse atteindre est celle où tout est allumé. Dans ce cas, tous les coefficients ai,j du
système sont égaux à 1, son rang est 1, et le système n’a de solution que si tous les
coefficients du second membre sont égaux.
Le miracle est que si tous les coefficients du second membre sont égaux à 1, le
système a toujours au moins une solution : quel que soit le graphe, il y a toujours un
ensemble d’interrupteurs à actionner pour allumer toutes les ampoules.
Théorème 5. Pour tout graphe à n sommets, le système (S) a au moins une solution.
31
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une équation dont le premier membre est nul, alors le second membre de cette même
équation est nul également. Donc le système a une solution.
Le théorème 2 entraîne que l’ensemble des solutions est en bijection avec un sous-
espace vectoriel de (Z/2Z)n . Un sous-espace vectoriel de dimension k dans (Z/2Z)n a
2k éléments. Le nombre de solutions est donc nécessairement une puissance de 2. Pour
le graphe de la figure 4, vous pouvez calculer les solutions par la méthode du pivot de
Gauss, et vérifier qu’il y en a 2.
2 5
1 4
3 6
32
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33
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Ludwig von Seidel (1821-1896) en 1874 (ce dernier avait un système de 72 équations
à résoudre). L’algorithme de Gauss-Seidel est utilisé de nos jours pour de très grands
systèmes.
où c = ρC 4λ
p
.
Il est extrêmement rare qu’une équation différentielle admette une solution explicite
comme celle-ci, et quand c’est le cas, la solution trouvée correspond à des conditions
qui ne sont pas physiquement réalistes. Il n’y a en général pas d’autre recours que de
résoudre l’équation de manière approchée par un algorithme de discrétisation. L’idée
consiste à approcher les dérivées de la fonction inconnue par ses accroissements sur un
pas de discrétisation, choisi suffisamment petit.
Pour être plus précis, nous allons prendre comme exemple l’équation de la chaleur
en dimension 1. Considérons une tige homogène, et notons f (t, x) sa température à
l’instant t et à l’abscisse x.
∂f λ ∂ 2f
= .
∂t ρCp ∂x2
Choisissons un pas de temps δt et un pas d’espace δx (petits). À l’instant t, nous
approchons la dérivée partielle en temps par le taux d’accroissement sur un intervalle
de longueur δt :
∂f 1
' f (t + δt, x) − f (t, x) .
∂t δt
34
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De même la dérivée partielle seconde en espace est approchée par une différence d’ac-
croissements, soit :
∂f 2 1
2
' (f (t, x + δx) − 2f (t, x) + f (t, x − δx) .
∂x (δx)2
On ne conserve que les instants et les abscisses qui sont des multiples entiers de δt et
δx. Posons donc, pour tout couple d’entiers i, j,
L’équation de la chaleur est remplacée par un système linéaire d’équations reliant entre
elles les inconnues fi,j :
1 λ 1
fi+1,j − fi,j = fi+1,j − 2fi,j + fi−1,j .
δt ρCp (δx)2
Pour arriver à un système lisible, simplifions encore. Prenons une barre en équilibre
thermique, dont la température est fixée à a à l’abscisse 0 et b à l’abscisse (n + 1)δx,
Calculons sa température à l’abscisse iδx, pour i = 1, . . . , n. Puisque l’équilibre ther-
mique est atteint, nous cherchons une fonction constante en temps, c’est-à-dire telle
que ∂f /∂t = 0. Notons fi la valeur approchée de la température au point iδx de la
barre. Le système dont les fi sont solution est le suivant.
2f1 − f2 = a
..
.
−fi−1 + 2fi − fi+1 = 0
..
.
−fn−1 + 2fn = b
Nous laissons au lecteur le soin de vérifier que ce système admet une solution unique,
définie pour i = 1, . . . , n par
i
fi = a + (b − a) .
n+1
Ceci correspond bien au fait qu’une fonction telle que f 00 (x) = 0 est un polynôme de
degré 1 : f (x) = αx + β.
Chacune des équations du système ci-dessus contient relativement peu de termes
non nuls : on dit que le système est creux. C’est le cas en général pour les systèmes
obtenus après discrétisation d’un problème différentiel. Ceci facilite le stockage en mé-
moire, et accélère la résolution, grâce à la mise au point d’algorithmes adaptés. Il reste
ensuite à démontrer que la solution du système linéaire approche bien la solution du
problème différentiel, en un sens qu’il faudrait préciser. Ceci fait l’objet de théorèmes
de convergence que nous n’aborderons pas.
35
Maths en Ligne Systèmes linéaires UJF Grenoble
L’équilibre thermique d’une barre n’a évidemment que peu d’intérêt pratique. Pour
un bâtiment en construction, prévoir la puissance de la chaufferie et calculer la consom-
mation d’énergie sont des problèmes nettement plus concrets. Or les volumes à chauffer
ont 3 dimensions. Pour peu qu’on souhaite 100 pas de discrétisation dans chacune des
trois dimensions, on arrive à un système certes linéaire, mais qui a déjà un million
d’inconnues. Des moyens de découper l’espace plus astucieusement que par des petits
cubes ont été inventés. On les appelle des maillages. Vous en voyez parfois dans les
« making of » des films d’animation, où ils sont utilisés pour rendre les mouvements
plus réalistes. Vous les voyez aussi sur des présentations de voitures ou d’avions : ils sont
utilisés pour calculer par l’équation de Navier-Stokes l’écoulement de l’air autour de la
carrosserie, et donc prédire la portance de l’avion ou la consommation de la voiture.
36
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Dimension finie
Bernard Ycart
2 Entraînement 27
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3 Compléments 43
3.1 La vérité est éternelle et divine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.2 Application linéaire tangente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3 Dualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.4 Codes de Hamming . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
8 novembre 2011
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1 Cours
1.1 Espaces et sous-espaces
Nous reprenons dans ce chapitre, de manière plus détaillée, la théorie des espaces
vectoriels de dimension finie. Dans la mesure où il ne sera question que de vecteurs,
abandonner les flèches au-dessus de leurs écritures ne devrait pas introduire de confu-
sion.
Un espace vectoriel est un ensemble sur lequel sont définies
• une addition interne (on peut ajouter entre eux deux éléments de l’ensemble) ;
• une multiplication externe (on peut multiplier un élément de l’ensemble par un
nombre réel).
Ces deux opérations doivent vérifier certaines propriétés de compatibilité qui sont listées
dans la définition 1.
Définition 1. On dit que E est un espace vectoriel sur R si E est muni d’une addition
et d’une multiplication
( externe vérifiant les propriétés suivantes.
E × E −→ E
• Addition :
(v, w) 7−→ v + w
1. Associativité : ∀u, v, w ∈ E , u + (v + w) = (u + v) + w
2. Elément neutre : ∃e ∈ E , ∀v ∈ E , v + e = e + v = v
3. Opposé : ∀v ∈ E , ∃v 0 ∈ E , v + v 0 = v 0 + v = e
4. Commutativité : ∀v, w ∈ E , v + w = w + v
Ces propriétés font de (E, +) un groupe commutatif.
(
R × E −→ E
• Multiplication externe :
(λ, v) 7−→ λ v
5. Associativité : ∀λ, µ ∈ R , ∀v ∈ E , λ(µ v) = (λµ) v
6. Elément neutre : ∀v ∈ E , 1 v = v
7. Distributivité (1) : ∀λ, µ ∈ R , ∀v ∈ E , (λ + µ) v = λ v + µ v
8. Distributivité (2) : ∀λ ∈ R , ∀v, w ∈ E , λ (v + w) = λ v + λ w
La proposition suivante nous autorisera à noter 0 l’élément neutre pour l’addition
(nous l’appellerons « vecteur nul ») et −v l’opposé de v.
Proposition 1. Soit E un espace vectoriel.
1. Le produit par le réel 0 d’un vecteur v quelconque est l’élément neutre pour l’ad-
dition :
∀v ∈ E , 0 v = e .
2. Le produit par le réel −1 d’un vecteur v quelconque est son opposé pour l’addition :
∀v ∈ E , v + (−1) v = e .
1
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L’exemple fondamental est l’ensemble des n-uplets de réels :
Rn = {(x1 , . . . , xn ) , x1 , . . . , xn ∈ R}
2
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∀v, w ∈ F , ∀λ, µ ∈ R , λv + µw ∈ F .
3. pour tout n > 1, F contient toutes les combinaisons linéaires de n de ses vecteurs.
n
X
∀v1 , . . . , vn ∈ F , ∀λ1 , . . . , λn ∈ R , λi vi ∈ F .
i=1
Le point 2 est H(2), et il implique H(1) (cas particulier µ = 0). Supposons que H(n)
soit vrai. Soient v1 , . . . , vn+1 n + 1 vecteurs de F et λ1 , . . . , λn+1 n + 1 réels. Ecrivons
n+1
X
λi vi = v + λn+1 vn+1 ,
i=1
3
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avec n
X
v= λi vi
i=1
Une des manières de fabriquer un sous-espace vectoriel est de partir d’un ensemble
quelconque d’éléments, puis de lui ajouter toutes les combinaisons linéaires de ces
éléments.
F = (v1 , . . . , vn )
4
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Par exemple F = ((1, 0), (0, 1)) et G = ((1, 1), (1, −1)) sont deux familles généra-
trices de R2 . Par contre ((0, 1), (0, 2)) n’est pas une famille génératrice de R2 .
Les familles suivantes sont aussi des familles génératrices de R2 .
(1, 0), (0, 1), (1, 1) ; (1, 1), (1, −1), (0, 1) ; (1, 0), (0, 1), (1, 1), (1, −1)
Par rapport à F et G, elles contiennent des vecteurs superflus. Si dans une famille de
vecteurs, un vecteur est combinaison linéaire des autres, on peut l’enlever de la famille
sans changer l’espace engendré. Une famille de laquelle on ne peut rien enlever sans
changer l’espace engendré est une famille libre.
5
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Définition 6. Soit F = (v1 , . . . , vn ) une famille finie de vecteurs. On dit que F est
une famille libre si pour tous λ1 , . . . , λn ∈ R,
n
X
λi vi = 0 =⇒ (∀i = 1, . . . , n , λi = 0) .
i=1
On dit aussi que les vecteurs v1 , . . . , vn sont linéairement indépendants quand leur
famille est libre.
Comme cas particuliers, une famille contenant le vecteur nul est liée ; une famille conte-
nant un seul vecteur non nul est libre. On utilise souvent la caractérisation suivante :
Proposition 3. Soit n un entier au moins égal à 2. Une famille de n vecteurs est liée
si et seulement si l’un des vecteurs est combinaison linéaire des autres.
Démonstration : Soit (v1 , . . . , vn ) une famille liée. Par définition, il existe une combi-
naison linéaire nulle, dont les coefficients ne sont pas tous nuls.
n
X
λi vi = 0 ,
i=1
et au moins un des λi est non nul. Observons que la propriété pour une famille d’être
libre ou liée ne dépend pas de l’ordre dans lequel on écrit les vecteurs. Sans perte de
généralité nous pouvons supposer que λn est non nul. On en déduit alors :
!
λ1 λn−1
vn = − v1 + · · · + vn−1
λn λn
vn = λ1 v1 + · · · + λn−1 vn−1
Alors :
λ1 v1 + · · · + λn−1 vn−1 − vn = 0 ,
Donc la famille (v1 , . . . , vn ) est liée.
Dans R2 , la famille ((0, 1), (0, 2)) est liée. A l’inverse, les familles F = ((1, 0), (0, 1))
et G = ((1, 1), (1, −1)) sont deux familles libres de R2 .
Dans Rn ,
(1, 0, . . . , 0) , (0, 1, . . . , 0) , . . . , (0, 0, . . . , 1)
6
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1.3 Bases
Ce chapitre ne traite que des espaces finiment engendrés.
Définition 7. On dit qu’un espace vectoriel est finiment engendré s’il est engendré par
un nombre fini de vecteurs.
est une base, que l’on appelle la base canonique. La proposition suivante nous permettra
de parler de bases en étant assurés de leur existence. Sa démonstration montrera aussi
qu’on peut extraire une base de toute famille génératrice.
Proposition 4. Dans un espace vectoriel, différent de {0} et finiment engendré, il
existe une base.
Démonstration : Soit (v1 , . . . , vn ) une famille génératrice de l’espace. Puisque cet espace
est différent de {0}, au moins un des vi est non nul. Si vi 6= 0, (vi ) est une famille
libre. Parmi les sous-familles, extraites de (v1 , . . . , vn ), considérons celles qui sont des
familles libres, et choisissons parmi elles une famille libre ayant le plus grand nombre
d’éléments. Notons m ce nombre d’éléments maximal. On peut renuméroter les vi de
sorte que (v1 , . . . , vm ) soit une famille libre. Puisque le nombre m est maximal, les
vecteurs vm+1 , . . . , vn sont des combinaisons linéaires de v1 , . . . , vm . Donc tout vecteur
est combinaison linéaire de v1 , . . . , vm . Donc (v1 , . . . , vm ) est à la fois génératrice et
libre : c’est une base.
Le résultat principal de cette section est le suivant.
Théorème 3. Dans un espace vectoriel, différent de {0} et finiment engendré, toutes
les bases ont le même nombre d’éléments.
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La dimension de l’espace engendré par une famille de vecteurs est le rang de cette
famille.
Ceci implique
n
X
(xi − yi ) bi = 0 ,
i=1
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(v1 , . . . , vl , w1 , . . . , wk )
(v1 , . . . , vl , w1 , . . . , wk , wj )
1.4 Morphismes
Une application entre deux espaces vectoriels est dite linéaire si elle envoie une
combinaison linéaire de vecteurs sur la même combinaison linéaire de leurs images.
11
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Si une application f est un isomorphisme, son application réciproque, que nous
noterons f −1 est aussi une application linéaire.
f −1 (λ w + µ w0 ) = f −1 (λ f (v) + µ f (v 0 ))
= f −1 (f (λ v + µ v 0 ))
= λ v + µ v0
= λ f −1 (w) + µ f −1 (w0 ) .
La composée de f par f −1 est l’application identique, ou identité, de E dans lui-
même. C’est un automorphisme particulier, que nous noterons IE .
IE : E −→ E , v 7−→ IE (v) = v .
Une combinaison linéaire d’applications linéaires est encore une application linéaire.
13
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O i O i O i
Les rotations et les symétries sont des automorphismes du plan vectoriel. Les projec-
tions sont des endomorphismes, mais elles ne sont pas bijectives. Observons que les
translations, par exemple (x, y) 7→ (x + 2, y − 1), ne sont pas linéaires. Ce sont des
bijections, mais pas des automorphismes du plan vectoriel.
f (A) = { f (v) , v ∈ A } ,
f −1 (B) = { v ∈ E , f (v) ∈ B } ,
14
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f : (x, y) 7−→ (x + y, x + y, x + y) .
Son image est la droite vectorielle de R3 engendrée par le vecteur (1, 1, 1). Son noyau
est l’ensemble des vecteurs (x, y) de R2 tels que x + y = 0 : c’est la droite vectorielle
de R2 engendrée par le vecteur (1, −1).
15
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Démonstration : Démontrons d’abord que si f est surjective alors l’image d’une famille
génératrice dans E est génératrice dans F . Soit (v1 , . . . , vm ) une famille génératrice dans
E. Pour tout élément w de F , il existe v ∈ E tel que f (v) = w. Le vecteur v s’écrit :
v = λ1 v1 + · · · + λm vm .
Donc :
w = f (λ1 v1 + · · · + λm vm ) = λ1 f (v1 ) + · · · + λm f (vm ) .
Tout vecteur w de F est combinaison linéaire de la famille (f (v1 ), . . . , f (vm )), qui est
donc génératrice.
Voici la réciproque. Si (f (v1 ), . . . , f (vm )) est génératrice, alors un vecteur w de F
quelconque s’écrit
w = λ1 f (v1 ) + · · · + λm f (vm ) = f (λ1 v1 + · · · + λm vm ) .
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Si f est injective, alors le seul vecteur d’image nulle est le vecteur nul, donc λ1 b1 +
· · · + λn bn = 0. Mais (v1 , . . . , vl ) est une famille libre. Donc λ1 = · · · = λn = 0.
Montrons la réciproque. Si l’image de toute famille libre est une famille libre, alors
l’image d’un vecteur non nul est un vecteur non nul. Donc Ker(f ) = {0} et f est
injective, par la proposition 7.
Pour terminer la démonstration, il suffit d’observer qu’une application est bijective
si et seulement si elle est à la fois injective et surjective ; d’autre part une famille est
une base si et seulement si elle est à la fois libre et génératrice. Le point 3 du théorème
est donc conséquence des deux précédents.
La conjonction des théorèmes 11 et 4 implique les relations suivantes entre les
dimensions des espaces de départ et d’arrivée.
La dimension est donc une forte contrainte sur la nature des applications linéaires.
On peut aussi voir cette contrainte comme suit.
Il ne peut exister un isomorphisme entre deux espaces vectoriels que s’ils ont la
même dimension. Réciproquement, si deux espaces ont la même dimension, on peut
toujours construire un isomorphisme entre eux, en envoyant une base de l’un sur une
base de l’autre. En particulier, tous les espaces vectoriels de dimension n sont iso-
morphes à Rn . Si E est de dimension n, avec une base (b1 , . . . , bn ), tous les vecteurs de
E ont une décomposition unique
n
X
v= xi b i ,
i=1
17
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B = (b1 , . . . , bk , v1 , . . . , vl )
Donc :
l
X l
X
f (v) = µj f (vj ) = f µj vj
j=1 j=1
Ceci entraîne :
l
X
f v − µj v j = 0 ,
j=1
18
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donc
l
X
v − µj vj ∈ Ker(f ) .
j=1
soit
k
X l
X
v= λi bi + µj vj .
i=1 j=1
où les xi sont les coordonnées de v dans la base (b1 , . . . , bn ). Puisque f doit être linéaire,
l’image de v ne peut être que
n
X n
X
f (v) = xi f (bi ) = xi w i .
i=1 i=1
Si on choisit une base dans l’espace d’arrivée, alors les images des vecteurs de la base
de départ ont des coordonnées dans cette base. S’il y a n vecteurs de base au départ
et m à l’arrivée, l’application linéaire est déterminée par m × n réels : m coordonnées
pour chacun des n vecteurs de base. Une matrice est la représentation sous forme de
tableau de ces m × n réels.
19
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Notons (b1 , . . . , bn ) une base de l’espace de départ, et (c1 , . . . , cm ) une base de l’espace
d’arrivée. Soit ai,j la i-ième coordonnée de f (bj ) :
m
X
∀j = 1, . . . , n , f (bj ) = a1,j c1 + · · · + ai,j ci + · · · + am,j cm = ai,j ci .
i=1
Les coordonnées des vecteurs images f (b1 ), . . . , f (bn ) sont conventionnellement notées
en colonnes. L’indice i (des vecteurs de la base d’arrivée) est l’indice de ligne, l’indice
j (des vecteurs de la base de départ) est l’indice de colonne.
départ
La base canonique de R2 est ((1, 0), (0, 1)). L’image de ces deux vecteurs est
0 2
20
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Quand l’espace d’arrivée et l’espace de départ sont les mêmes (l’application est un
endomorphisme), on choisit la même base au départ et à l’arrivée. La matrice d’un
endomorphisme a autant de lignes que de colonnes : on dit qu’elle est carrée. Voici les
matrices de trois endomorphismes de R2 , dans la base canonique.
• Rotation d’angle π/2 : (x, y) 7→ (−y, x)
!
0 −1
1 0
v = x 1 b1 + · · · + x n bn .
21
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n
X m
X
= xj ai,j ci
j=1 i=1
m
X n
X
= ai,j xj ci .
i=1 j=1
On dit que le vecteur (yi )i=1,...,m est le produit de la matrice (ai,j ) par le vecteur
(xj )j=1,...,n . Observez que ce produit n’a de sens que si le nombre de coordonnées du
vecteur est égal au nombre de colonnes de la matrice.
Il est commode, pour calculer le produit d’une matrice par un vecteur, de représenter
les xi en colonne, au-dessus et à droite de la matrice (ai,j ) (voir figure 2).
x1
.
..
xj
..
.
xn
a1,1 ··· a1,j ··· a1,n y1
. .. .. .
.. . . .
.
ai,1 ··· ai,j ··· ai,n yi
.. .. ..
..
. . . .
am,1 · · · am,j · · · am,n ym
22
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a’
b’
c’
d’
* * * *
a b c d aa’+bb’+cc’+dd’
* * * *
1 −1 x−y
Le système linéaire (H) est homogène : l’ensemble de ses solutions est un sous-espace
vectoriel de Rn . La méthode du pivot de Gauss permet de déterminer une base de
l’ensemble des solutions de (H), donc une base de Ker(f ). Nous allons voir qu’elle
permet aussi au passage de déterminer le rang de f , et même une base de Im(f ).
23
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Mettre le système (H) sous forme échelonnée, c’est passer de (H) à (H 0 ) par des
transformations de lignes consistant à ajouter à une ligne le produit d’une autre par
une constante, échanger deux lignes, permuter éventuellement des coordonnées, de sorte
que
1. les systèmes (H) et (H 0 ) sont équivalents,
2. les inconnues (y1 , . . . , yn ) de (H 0 ) sont celles de (H), mais dans un ordre qui peut
être différent,
3. les pivots p1 , . . . pr sont tous non nuls.
Au système (H 0 ) on peut associer la matrice suivante.
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i=1
Utilisant les coordonnées dans la base (c1 , . . . , cm ), les xi doivent vérifier le système :
p1 x1 +a01,2 x2 + · · · + a01,r xr = 0
p2 x2 + · · · + a02,r xr = 0
(Hr0 ) .. ..
. .
p r xr = 0
1 2 2 0
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Nous avons écrit les vecteurs en colonnes, pour souligner le fait qu’il s’agit nécessaire-
ment de vecteurs colonnes de la matrice A.
Pour trouver une base de Ker(f ), il faut continuer la résolution.
(
x +z = −2y −t
(H) ⇐⇒
z = t
⇐⇒
(
x = −2y −2t
L1 ← L1 − L2
z = t.
L’ensemble des solutions est l’ensemble des quadruplets (−2y − 2t, y, t, t), où y et t sont
deux réels quelconques. Donc :
26
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Parmi les sous-ensembles suivants de R3 , lesquels sont des sous-espaces
vectoriels, lesquels ne le sont pas et pourquoi ?
1. { (x, y, z) ∈ R3 , x = 0 }
2. { (x, y, z) ∈ R3 , x + y = 1 }
3. { (x, y, z) ∈ R3 , x = 0 et x + y + z = 0 }
4. { (x, y, z) ∈ R3 , x = 0 et x + y + z = 1 }
5. { (x, y, z) ∈ R3 , sin(x) = 0 }
6. { (x, y, z) ∈ R3 , x = y = z }
7. { (x, y, z) ∈ R3 , |x| = |y| = |z| }
8. { (x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 + z 2 = 1 }
9. { (x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 + z 2 = 0 }
Vrai-Faux 2. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses et pourquoi ?
1. L’intersection de deux sous-espaces vectoriels peut être vide.
2. Si un ensemble contient toutes les droites vectorielles engendrées par ses vec-
teurs, alors c’est un espace vectoriel.
3. Si un ensemble contient tous les plans vectoriels engendrés par deux de ses
vecteurs, alors c’est un espace vectoriel.
4. Si un ensemble contient toutes les combinaisons linéaires de 3 quelconques de
ses vecteurs, alors c’est un espace vectoriel.
5. Si un ensemble contient la somme de deux quelconques de ses vecteurs, c’est
un espace vectoriel.
27
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Vrai-Faux 7. Parmi les applications suivantes de R2 dans R2 , lesquelles sont des ap-
plications linéaires, lesquelles ne le sont pas et pourquoi ?
1. (x, y) 7→ (x, 0)
2. (x, y) 7→ (x, 1)
3. (x, y) 7→ (|x|, 0)
4. (x, y) 7→ (x + y, x − y)
5. (x, y) 7→ (y, x)
Vrai-Faux 8. Parmi les applications suivantes de R3 dans R3 , lesquelles sont des ap-
plications linéaires, lesquelles ne le sont pas et pourquoi ?
1. (x, y, z) 7→ (x, y, z − 1)
2. (x, y, z) 7→ (x + y, y + z, xz)
3. (x, y, z) 7→ (z, x, y)
4. (x, y, z) 7→ (0, 0, 0)
5. (x, y, z) 7→ (0, 0, 1)
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2.2 Exercices
Exercice 1. Parmi les sous-ensembles suivants de R3 , lesquels sont des sous-espaces
vectoriels, lesquels n’en sont pas et pourquoi ?
a) {(x, y, z) ∈ R3 , |x| = |y| = |z|}
29
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b) {(x, y, z) ∈ R3 , x = 0 ou y = 0}
c) {(x, y, z) ∈ R3 , x − 2y + 3z = 0}
d) {(x, y, z) ∈ R3 , x + y + z = 1}
e) {(x, y, z) ∈ R3 , x 6 y 6 z}
f) {(x, y, z), x = α + 2β + 3γ, y = 4α + 5β + 6γ, z = 7α + 8β + 9γ, où (α, β, γ) ∈ R3 }
Exercice 2. Donner une condition nécessaire et suffisante portant sur les paramètres
réels a et b pour que les familles suivantes soient des bases de R3 .
1. ((1, 1, 1), (0, a, 1), (0, 0, b))
2. ((1, 0, 1), (a, b, 1), (b, a, 1))
3. ((1, a, b), (a, 1, a), (b, b, 1))
4. ((a, a, b), (a, b, a), (b, a, a))
5. ((0, a, b), (a, 0, b), (a, b, 0))
Exercice 3. On considère les espaces vectoriels suivants.
E = {(x, y) ∈ R2 , x + y = 0} , E = {(x, y) ∈ R2 , x = y}
E = {(x, y, z) ∈ R3 , x + y + z = 0} , E = {(x, y, z) ∈ R3 , x = y = z}
1. Déterminer la dimension de E.
2. Donner une base de E.
Exercice 4. Compléter les familles suivantes de vecteurs de R3 en une base de R3 .
1. ((1, 1, 1))
2. ((1, 1, 0))
3. ((1, 1, 1), (1, −1, −1))
4. ((1, 1, 0), (1, −1, 0))
5. ((1, 1, 0), (1, 1, 1))
6. ((1, 1, 0), (1, −1, 1))
Exercice 5. On considère les applications suivantes de R2 dans R2 .
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g : R2 −→ R3
(x, y) 7−→ (x + y, x − y, 2x + 3y)
1. L’application f est elle injective ? surjective ?
2. L’application g est elle injective ? surjective ?
3. Déterminer g ◦ f . Est-elle injective ? surjective ?
4. Déterminer f ◦ g. Est-elle injective ? surjective ?
Exercice 7. Soient E, F et G des espaces vectoriels sur R. Soit f une application
linéaire de E dans F et g une application linéaire de F dans G.
1. Montrer que Ker(f ) ⊂ Ker(g ◦ f ).
2. Montrer que Im(g ◦ f ) ⊂ Im(g).
3. Montrer que g ◦ f est l’application nulle si et seulement si Im(f ) ⊂ Ker(g).
4. Montrer que g◦f est injective si et seulement si f est injective et Im(f )∩Ker(g) =
{0}.
5. Montrer que g ◦ f est surjective si et seulement si g(Im(f )) = G.
Exercice 8. Soit E un espace vectoriel de dimension n, et f un endomorphisme de E.
1. On suppose que f ◦ f est l’application nulle. Montrer que Im(f ) ⊂ Ker(f ).
2. On suppose que Ker(f ) = Im(f ). Montrer que n est nécessairement pair.
3. On suppose que f n’est pas l’application nulle et qu’il existe un entier k tel que
f ◦k (composée de f avec elle-même k fois) est l’application nulle (on dit que f
est nilpotente). Soit k0 le plus petit entier tel que f ◦k0 est l’application nulle.
Montrer qu’il existe un vecteur v ∈ E tel que f ◦(k0 −1) (v) 6= 0. Montrer que si
f ◦(k0 −1) (v) 6= 0, alors la famille de vecteurs (v, f (v), . . . , f ◦(k0 −1) ) est libre.
4. En déduire que si f est nilpotente, alors f ◦n est l’application nulle.
Exercice 9. Soit E un espace vectoriel de dimension finie n, muni d’une base
(b1 , . . . , bn ). Pour tout i = 1, . . . , n, on définit la i-ième application coordonnée Li
comme l’application de E dans R qui à v ∈ E associe le réel xi qui est la i-ième
coordonnée de v sur la base (b1 , . . . , bn ).
v = x 1 b1 + · · · + x i bi + · · · + x n bn
= L1 (v) b1 + · · · + Li (v) bi + · · · + Ln (v) bn .
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Exercice 13. Pour chacune des familles de vecteurs suivantes, déterminer son rang et
donner une base de l’espace vectoriel qu’elle engendre.
1. ((1, 0, 1), (−1, 0, −1), (2, 0, 2))
2. ((1, 0, 1), (−1, 0, −1), (2, 0, 2), (0, 1, 0), (1, 1, 1), (1, −2, 1))
3. ((1, 0, 1), (−1, 0, −1), (2, 0, 2), (0, 1, 0), (1, 1, 1), (1, −2, −1))
4. ((1, 0, 1, 0), (−1, 0, −1, 0), (1, 1, 1, 1), (0, 1, 0, 1), (1, 2, 1, 2))
5. ((1, 0, 1, 0), (−1, 0, −1, 0), (1, 1, 1, 1), (0, 1, 0, 1), (1, 2, 1, 0))
6. ((1, 0, 1, 0), (−1, 0, −1, 0), (1, 1, 1, 0), (0, 1, 0, 1), (1, 2, 1, 0))
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
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C Si une famille de 3 vecteurs est de rang 1, alors tous ses vecteurs sont colinéaires
à un même vecteur.
D Si une famille de 5 vecteurs est de rang 4, alors toute sous-famille de 4 vecteurs
est une base.
E Si une famille de 3 vecteurs est de rang 2, alors on peut la compléter par un
vecteur de manière à obtenir une base.
Question 7.
A L’application de R3 dans R, qui à (x, y, z) associe |x + y + z| est linéaire.
B L’application de R3 dans R2 , qui à (x, y, z) associe (x, (y + z)2 ) est linéaire.
C L’application de R3 dans R, qui à (x, y, z) associe x + y + z est linéaire.
D L’application de R3 dans R2 , qui à (x, y, z) associe (x, y + z) est linéaire.
E L’application de R3 dans R2 , qui à (x, y, z) associe (x + y, (y + z)/(x + z)) est
linéaire.
Question 8. On considère l’application f , de R3 dans R2 , qui à (x, y, z) associe (x +
y, y + z).
A L’application f est injective.
B Le noyau de f est un plan vectoriel de R3 .
C L’application f est surjective.
D L’image de f est la droite vectorielle engendrée par le vecteur (1, 1).
E Le noyau de f est la droite vectorielle engendrée par le vecteur (1, −1, 1).
Question 9. Soit f une application linéaire de R3 dans R4 .
A Si le noyau de f est une droite vectorielle, alors l’image de f est un plan
vectoriel.
B Si le noyau de f est un plan vectoriel, alors l’image de f est un plan vectoriel.
C Si le noyau de f est réduit à {0}, alors f est surjective.
D Si f est injective, alors l’image de f est un sous-espace de dimension 3 dans
R4 .
E Si l’image de f est réduite à {0}, alors f est injective.
Question 10. Soit f l’application de R4 dans R3 dont la matrice relative aux bases
canoniques de R4 et R3 est la matrice A suivante.
1 2 1 0
A= 0 0 1 1 .
1 2 1 0
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2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soient E et F deux espaces vectoriels et f une application de
E dans F . Soit n un entier strictement positif, et (v1 , . . . , vn ) une famille de vecteurs
de E.
1. On suppose que (v1 , . . . , vn ) est génératrice. Soit v un vecteur quelconque de E.
Montrer que la famille (v1 , . . . , vn , v) est génératrice.
2. On suppose que (v1 , . . . , vn ) est libre. Montrer que la famille (v1 , . . . , vn−1 ) est
libre.
3. On suppose que f est surjective et que (v1 , . . . , vn ) est génératrice dans E. Montrer
que (f (v1 ), . . . , f (vn )) est génératrice dans F .
4. On suppose que f est injective et que (v1 , . . . , vn ) est libre dans E. Montrer que
(f (v1 ), . . . , f (vn )) est libre dans F .
5. On suppose que f est bijective. Montrer que (f (v1 ), . . . , f (vn )) est une base de
F si et seulement si (v1 , . . . , vn ) est une base de E.
Exercice : Soient a et b deux réels. On considère les trois vecteurs de R3 suivants.
On note :
• (e1 , e2 , e3 ) la base canonique de R3 : e1 = (1, 0, 0), e2 = (0, 1, 0), e3 = (0, 0, 1).
• f l’application linéaire de R3 dans R3 qui à e1 associe v1 , à e2 associe v2 et à e3
associe v3 .
1. Montrer que (v1 , v2 , v3 ) est une base de R3 si et seulement si ab(a − 1) 6= 0.
2. Écrire en fonction de a et b la matrice de f dans la base canonique (e1 , e2 , e3 ).
3. Pour a = 0, montrer que les deux vecteurs v1 et v3 forment une famille libre.
4. Pour a = 0, montrer que le noyau de f est la droite vectorielle engendrée par e2 .
5. Pour a = 0, donner une base de Im(f ).
6. Pour a = 0, vérifier que f ◦ f = f .
7. Pour a = 0, montrer que (e2 , v1 , v3 ) est une base de R3 . Écrire la matrice de f
dans la base (e2 , v1 , v3 ).
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w = λ1 v1 + · · · + λn vn + 0v .
λ1 v1 + · · · + λn−1 vn−1 = 0 .
Alors :
λ1 v1 + · · · + λn−1 vn−1 + 0vn = 0 .
Si la famille (v1 , . . . , vn ) est libre, cela implique :
λ1 = . . . = λn−1 = 0 .
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λ1 f (v1 ) + · · · + λn f (vn ) = 0 .
f (λ1 v1 + · · · + λn vn ) = 0 .
Si f est injective, le seul vecteur d’image nulle est le vecteur nul. Donc :
λ1 v1 + · · · + λn vn = 0 .
λ1 = · · · = λn = 0 .
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a a 1
3. Soient α et β deux réels tels que αv1 + βv3 = 0. Pour a = 0, ce vecteur s’écrit
(α, bβ, β). Il est nul si et seulement si α = β = 0 Donc (v1 , v3 ) est une famille
libre.
4. Pour a = 0, f (e2 ) = v2 = 0. Donc tout vecteur multiple de e2 appartient au
noyau de f . La droite vectorielle engendrée par e2 est donc incluse dans le noyau
de f . Pour montrer qu’elle est égale, il suffit de montrer que le noyau de f est de
dimension 1. Pour cela, considérons les vecteurs v1 et v3 . Par définition, ce sont
deux vecteurs de l’image de f . Or ils forment une famille libre d’après la question
précédente. L’image de f contient deux vecteurs linéairement indépendants, donc
elle est de dimension au moins 2. Par le théorème du rang, la dimension du noyau
est au plus 3 − 2 = 1. Comme le noyau contient la droite engendrée par e2 , il est
de dimension 1.
5. Puisque le noyau est de dimension 1, l’image est de dimension 2, par le théorème
du rang. Les vecteurs v1 et v3 forment une famille libre, donc (v1 , v3 ) est une base
de Im(f ).
6. Puisque f est linéaire, il suffit de vérifier la relation demandée sur les éléments
d’une base, par exemple la base canonique. Pour e1 et e2 , c’est évident puisque
f (e1 ) = e1 et f (e2 ) = 0. Pour e3 :
7. Il suffit de montrer que c’est une famille libre. Soient α, β, γ trois réels tels que
αe2 + βv1 + γv3 = 0. Dans la base canonique de R3 , les coordonnées de ce
vecteur sont (β, α + bγ, γ). Les trois coordonnées sont nulles si et seulement si
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0 0 1
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11. Notons w2 = (−1, 1, 0) et w3 = (−1, 0, 1). Pour montrer que (v1 , w2 , w3 ) est une
base de R2 , il suffit de montrer que c’est une famille libre. Soient α, β, γ trois
réels tels que αv1 + βw2 + γw3 = 0. Ces trois réels sont solution du système :
α −β −γ = 0
β = 0
α +γ = 0 .
0 0 0
12. Pour montrer que l’application f est bijective, il suffit de vérifier que l’image par
f de la base canonique est une base, c’est-à-dire que les trois vecteurs (v1 , v2 , v3 )
forment une base de R3 . Pour cela, il suffit de montrer que c’est une famille libre.
Soient α, β, γ trois réels tels que αv1 +βv2 +γv3 = 0 : ils sont solution du système :
α −β −γ = 0
γ = 0
−α −β +γ = 0 .
0 2 0
41
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14. Pour écrire la matrice de l’application g ◦ f , on peut soit calculer les coordonnées
des trois vecteurs g(v1 ), g(v2 ), g(v3 ), ce qui revient à effectuer le produit de la
matrice de g par chacune des colonnes de la matrice de f .
1 −1 −1
0 0 1
−1 −1 1
1 2 −1 2 0 0
−1 0 −1
0 2 0
0 2 0 0 0 2
0 1 0
15. Nous devons calculer f (v1 ), f (v2 ) et f (v3 ) en fonction de v1 , v2 et v3 . Or pour
i = 1, 2, 3, f (vi ) = f (f (ei )) = f (f (f −1 (vi ))). Notons A la matrice de f et A−1
celle de f −1 (calculée à la question précédente). Ce qui précède montre que la
matrice de f dans la base (v1 , v2 , v3 ) est le produit matriciel (colonnes par colonne)
de A par le produit de A par A−1 . Or A(AA−1 ) = A. Donc la matrice de f dans
la base (v1 , v2 , v3 ) est la même que dans la base (e1 , e2 , e3 ).
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3 Compléments
3.1 La vérité est éternelle et divine
Je reste parfaitement confiant dans le fait que le travail que j’ai investi
dans la science présentée ici, et qui a pris une partie significative de ma
vie autant que l’application la plus acharnée de mes capacités, ne sera pas
perdu. Il est vrai que je suis conscient que la forme que j’ai donnée à cette
science est imparfaite et ne peut que l’être. Mais je sais, et je me sens obligé
d’affirmer (au risque de paraître arrogant) que même si ce travail devait
encore rester inutilisé pour encore 17 ans ou même plus, sans entrer dans le
véritable développement de la science, viendra tout de même un jour où il
sera tiré de la poussière de l’oubli, et où des idées actuellement en sommeil
porteront leurs fruits. Je sais aussi que je n’ai pas (comme je l’ai désiré
jusqu’ici en vain) attiré autour de moi un cercle de disciples, à qui j’aurais
pu transmettre ces idées, et que je pourrais stimuler pour les développer et
les enrichir encore ; pourtant viendra un jour où ces idées, peut-être dans
une forme nouvelle, renaîtront et entreront dans une communication vivante
avec les développements contemporains. Car la vérité est éternelle et divine.
Qui donc est à la fois si amer et si sûr de sa postérité ? Hermann Grassmann (1809–
1877) 1 . Et cette « vérité éternelle et divine » ? Rien moins que l’algèbre linéaire, dont
les fondements vous ont été présentés dans ce chapitre, et qui accompagnera encore
longtemps vos études de mathématiques ! Quand il écrit cela en 1862, plus de 17 ans
se sont effectivement écoulés depuis une première publication de sa « théorie de l’ex-
tension » (Ausdehnunglehre). Elle n’a pas vraiment été vraiment comprise, ni même
examinée à fond, par ses contemporains. Pourtant, on trouve dans le mémoire de 1862
les combinaisons linéaires, l’indépendance, les sous-espaces engendrés, la démonstra-
tion du fait que la dimension est indépendante de la base, les sommes de sous-espaces
vectoriels, bref, l’essentiel de ce chapitre.
Tout au long de sa carrière, Grassmann aura manqué de réussite ; il n’obtiendra jamais
de poste universitaire, et malgré ses nombreuses contributions en mathématiques et
en physique, il ne sera reconnu comme docteur que par ses études en langues. Comble
de malchance, même son travail pionnier sur les espaces vectoriels sera obscurci par
une querelle de priorité. En 1845, un an après Grassmann, Adhémar Jean Claude
Barré de Saint-Venant publie indépendamment un article sur le calcul vectoriel, dont
le contenu est proche de celui de Grassmann. Grassmann en ayant pris connaissance
en 1847, il écrit un courrier en joignant son propre article. Mais n’ayant pas l’adresse
de Saint-Venant, il adresse le courrier à Cauchy, en lui demandant de transmettre,
ce que Cauchy se garde bien de faire. Six ans ans plus tard, Cauchy publie dans les
Comptes Rendus de l’Académie de Sciences « Sur les clefs algébriques ». Grassmann
1. D. Fearnley-Sander : Hermann Grassmann and the creation of linear algebra American Mathe-
matical Monthly 86, p. 809–817 (1979)
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réagit : « Je réalisai immédiatement que les principes qui y étaient établis et les résultats
qui étaient démontrés étaient exactement les mêmes que ceux que j’avais publiés en
1844, et desquels j’avais donné en même temps de nombreuses applications à l’analysie
algébrique, la géométrie, la mécanique et d’autres branches de la physique ». Un comité
de trois membres de l’Académie des Sciences fut chargé de trancher la question de
priorité, mais ne publia jamais ses conclusions. Vous l’avez deviné : Cauchy était l’un
des trois.
où o(h) désigne une fonction telle que o(h)/h tend vers 0 quand h tend vers 0. Imaginons
que l’on souhaite approcher f au voisinage de a (pour une valeur de h petite), sans
savoir calculer f (a + h). On peut remplacer f (a + h) − f (a) par f 0 (a) h, et l’erreur
commise est négligeable devant h. Dans (3), une application linéaire de R dans R
apparaît : l’application h 7→ f 0 (a) h.
Ceci se généralise à des applications de Rn dans Rm , avec n et m quelconques.
L’application h 7→ f (a) h devient une application linéaire de Rn dans Rm : l’application
linéaire tangente. Pour ne pas compliquer les notations, nous prendrons l’exemple d’une
application de R3 dans R2
R3 −→ R2
(x, y, z) 7−→ (f (x, y, z), g(x, y, z))
Ce pourrait être par exemple l’application qui aux trois dimensions d’un parallélépipède
associe sa surface et son volume.
R3 −→ R2
(x, y, z) 7−→ (2xy + 2xz + 2yz, xyz)
x 7→ f (x, b, c)
y 7 → f (a, y, c)
z 7 → f (a, b, z)
x 7 → g(x, b, c)
y 7 → g(a, y, c)
z 7 → g(a, b, z)
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∂f df (x, b, c)
(a, b, c) = (a)
∂x dx
∂f df (a, y, c)
(a, b, c) = (b)
∂y dy
∂f df (a, b, z)
(a, b, c) = (c)
∂z dz
Pour calculer la dérivée partielle de f par rapport à x, il suffit de dériver en x l’expres-
sion de f , en traitant les autres variables comme des constantes paramétriques.
Supposons par exemple que f soit l’application qui à (x, y, z) associe la surface du
parallélépipède dont les longueurs d’arêtes sont x, y, z.
R3 −→ R
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz)
Si elles sont continues, les dérivées partielles permettent d’approcher la fonction par
une application linéaire au voisinage d’un point. Le résultat qui suit est l’analogue pour
les fonctions de plusieurs variables du théorème des accroissements finis.
Ce théorème dit que les variations de la fonction f autour du point (a, b, c) peuvent
être approchées par une application linéaire, la différentielle de f .
45
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∂f ∂f ∂f
hx (a, b, c) + hy (a, b, c) + hz (a, b, c) .
∂x ∂y ∂z
En physique, on interprète hx , hy et hz comme des petites variations des variables
x, y, et z, et on les note plutôt dx, dy et dz. Si on note df la différentielle de f , ceci
justifie l’écriture abrégée suivante.
∂f ∂f ∂f
df = dx + dy + dz .
∂x ∂y ∂z
La différentielle est plus facile à visualiser en dimension 2. Pour une fonction de deux
variables, le théorème 14 donne une approximation de f (x, y) sous la forme :
∂f ∂f
f (x, y) = f (a, b) + (x − a) (a, b) + (y − b) (a, b) + o(x, y) .
∂x ∂y
f(a,b)
(a,b)
x
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∂x ∂y ∂z
M J(Φ)(a, b, c) = (a, b, c)
∂g ∂g ∂g
∂x ∂y ∂z
On appelle différentielle de Φ au point (a, b, c) l’application linéaire de R3 dans R2 dont
la matrice dans les bases canoniques de R3 et R2 est la matrice jacobienne.
Voici la matrice jacobienne au point (a, b, c) pour la surface et le volume d’un
parallélépipède en fonction de ses trois dimensions.
!
2(b + c) 2(a + c) 2(a + b)
MJ = .
bc ac ab
3.3 Dualité
D’après le théorème 9, une combinaison linéaire d’applications linéaires est encore
une application linéaire. Donc l’ensemble des applications linéaires de E dans F est un
espace vectoriel. L’espace des applications linéaires de E dans R joue un rôle important
autant en algèbre qu’en analyse : on l’appelle l’espace dual, et on le note E ∗ .
Une application linéaire de E dans R s’appelle une forme linéaire. Plaçons-nous
d’abord en dimension finie : E est un espace vectoriel de dimension n. Sauf si celle-ci
est nulle, l’image d’une forme linéaire est R, et son rang est donc 1. D’après le théorème
du rang (théorème 12), la dimension du noyau est n − 1. Le noyau d’une forme linéaire
s’appelle un hyperplan (un plan ordinaire si E est de dimension 3).
Munissons E d’une base, (b1 , . . . , bn ). Parmi les formes linéaires définies sur E,
les applications coordonnées jouent un rôle particulier. Nous les notons b∗1 , . . . , b∗n . Pour
tout i = 1, . . . , n, b∗i est l’application qui à un vecteur de E associe sa i-ième coordonnée
dans la base (b1 , . . . , bn ).
b∗i : v = x1 b1 + · · · + xi bi + · · · + xn bn 7−→ b∗i (v) = xi .
Théorème 15. La famille (b∗1 , . . . , b∗n ) est une base de E ∗ .
En conséquence, l’espace vectoriel E et son dual E ∗ ont la même dimension.
Démonstration : Montrons d’abord que la famille (b∗1 , . . . , b∗n ) est libre. Supposons que
la forme linéaire
v ∗ = λ∗1 b∗1 + · · · + λ∗n b∗n
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est nulle, c’est-à-dire que l’image qu’elle donne de tout vecteur est 0. En particulier
l’image qu’elle donne du vecteur bi est nulle. Or,
Donc v ∗ (bi ) = λ∗i = 0. La forme v ∗ ne peut être nulle que si tous les λ∗i sont nuls.
Montrons maintenant que la famille (b∗1 , . . . , b∗n ) est génératrice. Soit v ∗ une forme
linéaire quelconque. D’après la proposition 8, v ∗ est déterminée par les images qu’elle
donne aux vecteurs de la base (b1 , . . . , bn ). Notons λ∗1 , . . . , λ∗n ces images :
∀i = 1, . . . , n , v ∗ (bi ) = λ∗i ∈ R .
Le mot « dual » évoque une certaine symétrie entre E et E ∗ : tout se passe comme
si E ∗ était une image miroir de E. On note traditionnellement par h· , ·i le crochet de
dualité, à savoir l’image d’un vecteur par une forme linéaire :
hv ∗ , vi = v ∗ (v) ∈ R .
A = (ai,j ) , i = 1, . . . , m , j = 1, . . . , n ,
la matrice de f dans ces bases. Alors la matrice de f ∗ dans les bases (c∗1 , . . . , c∗m ) (au
départ) et (b∗1 , . . . , b∗n ) (à l’arrivée) est la transposée de la matrice A, à savoir la matrice
à n lignes et m colonnes :
t
A = (aj,i ) , j = 1, . . . , n , i = 1, . . . , m .
48
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Par exemple :
1 1 !
t 1 2 1
A= 2 3 , A= .
1 3 −1
1 −1
par définition de la base duale (c∗1 , . . . , c∗m ). Notons (a∗j,i )j=1,...,n,i=1,...,m la matrice de
l’application f ∗ . On a de même :
m
hf ∗ (c∗i ) , bj i = h a∗j 0 ,i b∗j 0 , bj i = a∗j,i ,
X
j 0 =1
est encore une forme linéaire sur C0 ([0, 1]). Il y en a beaucoup d’autres : le dual de
C0 ([0, 1]) est l’espace des mesures de Radon sur [0, 1].
En dimension infinie, les duaux ont la propriété de s’emboîter à l’inverse des espaces
fonctionnels dont ils sont issus. Par exemple l’espace C1 ([0, 1]) des fonctions continues
sur [0, 1] et dérivables sur ]0, 1[ est inclus dans C0 ([0, 1]). Son dual contient le dual de
C0 ([0, 1]). Pour fabriquer un très gros espace vectoriel, qui englobe les fonctions, les
mesures, et bien d’autres objets utiles, il faut prendre le dual d’un espace fonctionnel
49
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très petit. En novembre 1944, au cours de ce qu’il décrit comme « la plus belle nuit de
sa vie » dans ses mémoires, Laurent Schwartz a eu l’idée de prendre le dual de l’espace
des fonctions indéfiniment dérivables, nulles en dehors d’un intervalle fermé et borné :
b
C∞ . Les objets de ce dual généralisent à la fois les fonctions et les mesures : ce sont les
distributions.
Un des miracles des distributions est la possibilité de les dériver à volonté, par la
formule « miroir » :
∀φ ∈ C∞b
, hf , φ0 i = −hf 0 , φi .
Prenons pour f la fonction de Heaviside :
(
0 si x < 0
f; x 7−→
1 si x > 0
Sa dérivée au sens des distributions est la masse de Dirac en 0, à savoir la forme linéaire
δ0 , définie par :
δ0 : φ 7−→ hδ0 φi = φ(0) .
Ceci n’a pas surpris les physiciens, qui depuis un quart de siècle ne se privaient pas de
dériver la fonction de Heaviside (et d’autres) chaque fois qu’ils en avaient besoin. . .
Cet ensemble, noté (Z/2Z)n , est un espace vectoriel sur Z/2Z, tout comme Rn est un
espace vectoriel sur R.
Deux éléments de (Z/2Z)n qui diffèrent en une seule coordonnée sont dits voisins.
Si on met une arête entre deux n-uplets voisins, on obtient un graphe, que l’on appelle
l’hypercube de dimension n. Pourquoi hypercube ? La figure 4 devrait vous convaincre.
L’espace vectoriel (Z/2Z)n est-il une fantaisie de mathématicien ? Pas du tout ! Les
ordinateurs ne connaissent que les 0 et les 1 (les bits), rangés en mémoire par n-uplets,
avec n = 8 (les octets ou bytes), n = 16, n = 32, n = 64, . . . Ils peuvent représenter
n’importe quel ensemble fini, pourvu que l’on ait choisi au préalable une application
50
Maths en Ligne Dimension finie UJF Grenoble
011 111
001 101
010 110
000 100
Figure 4 – Cube en dimension 3. Chaque arête joint deux triplets qui diffèrent par
une seule coordonnée.
injective de cet ensemble dans (Z/2Z)n pour un certain n. Cette application s’appelle
un code. Le plus connu est le code ASCII standard qui associe 64 caractères (chiffres,
lettres, $, %, /, . . . ) aux éléments de (Z/2Z)6 .
Les transmissions entre ordinateurs, que ce soit par câble, par ondes radio ou infra-
rouges, sont des échanges de signaux composés de paquets de 0 et de 1, qui ont été
codés par l’émetteur et seront décodés par le récepteur. Mais si dans un paquet une
erreur est commise (un 0 est changé en 1 ou le contraire), alors le paquet entier, et
peut-être tout le message, seront perdus. A moins que l’on utilise un code correcteur
d’erreurs.
Un code est « correcteur d’erreurs » si parmi les voisins dans l’hypercube d’un
élément codé, on ne trouve jamais ni un autre élément codé, ni l’un de ses voisins. De
cette façon, si un n-uplet est reçu, soit il a été transmis sans erreur et il figure dans le
code, soit une erreur a été commise, et elle sera corrigée en remplaçant le n-uplet reçu
par celui de ses voisins qui figure dans le code. Cela ne fonctionne plus si deux erreurs
ou plus ont été commises, mais on peut généraliser : il existe des codes capables de
corriger plusieurs erreurs.
Contentons nous pour l’instant de comprendre le problème en dimension 4 (cf. figure
5). Supposons que (0, 0, 0, 0) code un objet, alors aucun de ses 4 voisins ne peut être
codant ; mais si un de ces voisins est reçu, il faut pouvoir le relier à (0, 0, 0, 0) sans
ambiguïté. Donc les voisins des voisins de 0 ne peuvent pas non plus coder. Il reste 5
vecteurs codants possibles, (0, 1, 1, 1), (1, 0, 1, 1), (1, 1, 0, 1), (1, 1, 1, 0) et (1, 1, 1, 1). Si
l’un de ceux-là est codant, aucun des 4 autres ne peut l’être. Donc on ne peut utiliser
que 2 éléments, par exemple (0, 0, 0, 0) et (1, 1, 1, 1). Si une coordonnée est changée,
on pourra retrouver où est l’erreur et la corriger. Observons au passage que l’ensemble
{(0, 0, 0, 0), (1, 1, 1, 1)} est un sous-espace vectoriel de dimension 1 de (Z/2Z)4 : c’est
une « droite » vectorielle.
Nous allons présenter un exemple de code correcteur d’erreur, le code de Hamming.
Notre objectif sera surtout de relier ses propriétés aux applications linéaires sur l’espace
vectoriel (Z/2Z)n .
51
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1100 1101
1000 1001
0100 0101
0000 0001
0010 0011
0110 0111
1010 1011
1110 1111
Figure 5 – Hypercube en dimension 4. Chaque arête joint deux quadruplets qui dif-
fèrent par une seule coordonnée.
Nous considérons le problème de coder les éléments de (Z/2Z)n par ceux de (Z/2Z)m ,
donc de définir une application injective de (Z/2Z)n dans (Z/2Z)m . Evidemment, m
doit être plus grand que n. Pour les codes de Hamming, on prend m = 2k − 1, et
n = m − k, où k est un certain entier. Nous prendrons l’exemple k = 3, donc nous
coderons les 16 éléments de (Z/2Z)4 par autant d’éléments choisis dans (Z/2Z)7 (128
éléments). Dans la pratique, on utilise les codes de Hamming pour des valeurs de k
beaucoup plus élevées, et la « place perdue » n’est pas aussi importante qu’il y paraît.
Comme nous l’avons vu précédemment, si on veut pouvoir corriger une erreur, deux
mots du code ne peuvent ni être voisins, ni avoir un voisin en commun. Ils doivent
donc différer en au moins 3 coordonnées. Nous devons donc trouver une application de
(Z/2Z)4 dans (Z/2Z)7 , telle que les images de deux vecteurs quelconques diffèrent en
3 coordonnées au moins.
Dans toute la suite, les espaces vectoriels considérés sont munis de leur base ca-
nonique. Considérons l’application linéaire f , de (Z/2Z)4 dans (Z/2Z)7 , définie par la
matrice A suivante.
1 0 1 1
1 1 1 0
0 1 1 1
A= 1 0 0 0
0 1 0 0
0 0 1 0
0 0 0 1
52
Maths en Ligne Dimension finie UJF Grenoble
Notons a1 , a2 , a3 , a4 les 4 vecteurs colonnes de A. Pour vérifier que f est injective, c’est-
à-dire que son noyau est réduit au seul vecteur nul, il suffit de montrer que son image
est de dimension 4, ou encore que les vecteurs a1 , a2 , a3 , a4 forment une famille libre.
On voit immédatement que c’est le cas en examinant leurs 4 dernières coordonnées.
Les 4 vecteurs a1 , a2 , a3 , a4 codent les 4 vecteurs de la base canonique de (Z/2Z)4 .
Pour obtenir le code (l’image par f ) d’un autre vecteur de (Z/2Z)4 , il suffit de le
multiplier par la matrice A (toutes les opérations se font dans Z/2Z, c’est-à-dire modulo
2). Voici par exemple le calcul de f (v), avec v = (1, 1, 0, 1).
1
1
0
1
1 0 1 1 0
1 1 1 0 0
0 1 1 1
0
1 0 0 0
1
0 1 0 0
1
0 0 1 0
0
0 0 0 1 1
Observons que les 4 dernières lignes de la matrice A sont celles de la matrice identité
en dimension 4. Donc l’image par f d’un vecteur de 4 bits quelconque se termine par
ces mêmes 4 bits. Les trois bits de tête sont des « bits de correction ». Nous laissons
au lecteur le soin de calculer les images par f des 16 vecteurs de (Z/2Z)4 et de vérifier
que ces images diffèrent deux à deux en au moins 3 bits.
Pour comprendre comment fonctionne la correction d’erreur, il faut considérer l’appli-
cation linéaire g, de (Z/2Z)7 dans (Z/2Z)3 , dont la matrice B est la suivante.
1 0 0 1 0 1 1
B= 0 1 0 1 1 1 0
0 0 1 0 1 1 1
Remarquez que les colonnes de B sont les écritures en base 2 des entiers de 1 à 7.
53
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54
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Calcul matriciel
Bernard Ycart
2 Entraînement 16
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3 Compléments 30
3.1 Les avocats de Cambridge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.2 Diagonalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.3 Décomposition LU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
8 novembre 2011
Maths en Ligne Calcul matriciel UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Opérations sur les matrices
Etant donnés deux entiers m et n strictement positifs, une matrice à m lignes et n
colonnes est un tableau rectangulaire de réels A = (ai,j ). L’indice de ligne i va de 1 à
m, l’indice de colonne j va de 1 à n.
Les entiers m et n sont les dimensions de la matrice, ai,j est son coefficient d’ordre
(i, j). L’ensemble des matrices à m lignes et n colonnes et à coefficients réels est noté
Mm,n (R). Ce qui suit s’applique aussi, si on remplace R par C, à l’ensemble des matrices
à coefficients complexes.
L’ensemble Mm,n (R) est naturellement muni d’une addition interne (on peut ajou-
ter deux matrices de mêmes dimensions terme à terme) et d’une multiplication externe
(on peut multiplier une matrice par un réel terme à terme).
• Addition : Si A = (ai,j ) et B = (bi,j ) sont deux matrices de Mm,n (R), leur somme
A + B est la matrice (ai,j + bi,j ). Par exemple :
1 1 −3 1 −2 2
2 3 +
5 −3
= 7
0
1 −1 0 2 1 1
Observons que les opérations auraient le même effet si les matrices étaient disposées
comme des mn-uplets de réels (toutes les lignes étant concaténées par exemple). Donc
Mm,n (R), muni de son addition et de sa multiplication externe, est un espace vectoriel,
isomorphe à Rmn . La base canonique de Mm,n (R) est formée des matrices dont tous
les coefficients sont nuls, sauf un qui vaut 1.
L’opération la plus importante est le produit matriciel.
1
Maths en Ligne Calcul matriciel UJF Grenoble
Nous insistons sur le fait que le produit AB de deux matrices n’est défini que si
le nombre de colonnes de A et le nombre de lignes de B sont les mêmes. Observons
d’abord que la définition 1 est cohérente avec la définition du produit d’une matrice
par un vecteur, donnée au chapitre précédent : si p = 1, la matrice B a n lignes et 1
colonne, et le produit AB a m lignes et 1 colonne. D’autre part, appliquer la définition
1 revient à effectuer successivement le produit de A par chacune des colonnes de B.
Pour effectuer ce produit, nous conseillons d’adopter la même disposition que pour le
produit par un vecteur, en plaçant B au-dessus et à droite de A.
b1,1 · · · b1,k · · · b1,n
. .. ..
.. . .
··· bj,k · · ·
.. .. ..
. . .
bn,1 · · · bn,k · · · bn,p
a1,1 ··· ··· a1,n
..
.
c 1,1 . c1,p
.. .. ..
.
. .
..
ai,1 ··· ai,j · · · ai,n · · · · · · c
i,k
.. .. ..
. . .
am,1 · · · ··· am,n cm,1 cm,p
Posons par exemple :
1 1 !
0 1 −1 −2
A= 2 3 et B = .
−3 −2 0 1
1 −1
La matrice A a 3 lignes et 2 colonnes, la matrice B a 2 lignes et 4 colonnes. Le produit
AB a donc un sens : c’est une matrice à 3 lignes et 4 colonnes.
!
0 1 −1 −2
−3 −2 0 1
1 1 −3 −1 −1 −1
2 −9 −4 −2 −1
3
1 −1 3 3 −1 −3
Le produit matriciel a toutes les propriétés que l’on attend d’un produit, sauf qu’il
n’est pas commutatif.
2
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A(BC) = (AB)C .
Définition 2. Étant donnée une matrice A = (ai,j ) de Mm,n (R), sa transposée est la
matrice de Mn,m (R) dont le coefficient d’ordre (j, i) est ai,j .
Pour écrire la transposée d’une matrice, il suffit de transformer ses lignes en co-
lonnes. Par exemple :
1 1 !
t 1 2 1
A= 2
3 , A= .
1 3 −1
1 −1
La transposée d’un produit est le produit des transposées, mais il faut inverser l’ordre
des facteurs.
3
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0 ··· ··· 0 1
4
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En effet, elle est l’élément neutre du produit matriciel : pour toute matrice A ∈
Mn,m (R),
A In = Im A = A .
On le vérifie facilement à partir de la définition 1.
Définition 4. Soit A une matrice de Mn . On dit que A est inversible s’il existe une
matrice de Mn , notée A−1 , telle que
A A−1 = A−1 A = In .
Par exemple :
1 0 −1 1 −1 1 1 −1 1 1 0 −1 1 0 0
1 −1 0
1 −2 1
=
1 −2 1
1 −1 0
= 0 1 0
1 −1 1 0 −1 1 0 −1 1 1 −1 1 0 0 1
Nous verrons plus loin une méthode qui permet de savoir si une matrice est inversible,
et de calculer son inverse quand elle l’est. Observons que l’inverse, s’il existe, est néces-
sairement unique. En effet, soient B1 et B2 deux matrices telles que A B1 = B1 A = In
et A B2 = B2 A = In . En utilisant l’associativité, le produit B1 A B2 vaut B1 (A B2 ) =
B1 In = B1 , mais aussi (B1 A) B2 = In B2 = B2 . Donc B1 = B2 .
Il suffit de trouver une matrice B telle que A B = In pour être sûr que A est
inversible et que son inverse est B.
Théorème 1. Soit A une matrice de Mn . Supposons qu’il existe une matrice B telle
que A B = In ou bien B A = In . Alors A est inversible et B = A−1 .
5
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Les coordonnées ai,j de ces vecteurs dans la base (c1 , . . . , cm ), rangés en n colonnes,
forment la matrice de l’application f , relative aux bases considérées.
départ
6
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f −1 ◦ f = f ◦ f −1 = IE .
v = x1 b1 + · · · + xn bn = y1 c1 + · · · + yn cn .
Alors le vecteur (yj )j=1,...,n est le produit de la matrice P −1 par le vecteur (xi )i=1,...,n .
y1 x1
. ..
. = P −1
. .
.
yn xn
7
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v = y1 c1 + · · · + yn cn
= y1 φ(b1 ) + · · · + yn φ(bn ) .
Par définition, les coordonnées de φ(bj ) dans la base bi forment la j-ième colonne de la
matrice P = (pi,j ). Donc :
n n
!
X X
v = yj pi,j bi
j=1 i=1
n
X n
X
= pi,j yj bi
i=1 j=1
Comme les coordonnées dans la base (b1 , . . . , bn ) sont uniques, on en déduit, pour tout
i = 1, . . . , n :
n
X
xi = pi,j yj ,
j=1
(b1 , b2 , b3 ) = ((1, 0, 0), (0, 1, 0), (0, 0, 1)) et (c1 , c2 , c3 ) = ((1, 0, 0), (1, 1, 0), (1, 1, 1)) .
0 0 1 0 0 1
Si un vecteur v a pour coordonnées x, y, z dans la base canonique (b1 , b2 , b3 ), alors ses
coordonnées dans la base (c1 , c2 , c3 ) s’obtiennent en effectuant le produit :
1 −1 0 x x−y
0 1 −1
y = y−z
0 0 1 z z
Constatez que :
On peut appliquer ce qui précède pour trouver la matrice d’un endomorphisme quel-
conque dans la nouvelle base : c’est la formule de changement de base.
8
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(b1 , b2 , b3 ) = ((1, 0, 0), (0, 1, 0), (0, 0, 1)) et (c1 , c2 , c3 ) = ((1, 0, 0), (1, 1, 0), (1, 1, 1)) .
L’image par f du vecteur c2 = (1, 1, 0) est le vecteur (1, −1, 1) = 2c1 − 2c2 + c3 . Les
coordonnées 2, −2, 1 figurent dans la seconde colonne de P −1 AP .
B = P −1 AP .
9
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Théorème 3. Soit E un espace vectoriel, soient (b1 , . . . , bn ) et (b01 , . . . , b0n ) deux bases
de E. Soit F un autre espace vectoriel, soient (c1 , . . . , cm ) et (c01 , . . . , c0m ) deux bases de
F . Soit f une application linéaire de E dans F , et A ∈ Mm,n sa matrice relative aux
bases (b1 , . . . , bn ) et (c1 , . . . , cm ). Soit P ∈ Mn la matrice de l’application linéaire qui
à bi associe b0i , pour tout i = 1, . . . , n. Soit Q ∈ Mm la matrice de l’application linéaire
qui à ci associe c0i , pour tout i = 1, . . . , n.
La matrice de f relative aux bases (b01 , . . . , b0n ) et (c01 , . . . , c0n ) est Q−1 A P .
B = Q−1 AP .
Proposition 7. Une matrice de Mn (R) est inversible si et seulement si son rang est
n.
10
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Démonstration : Nous devons démontrer que deux matrices ayant le même rang sont
équivalentes. Soit A une matrice à m lignes, n colonnes, et de rang r. Notons a1 , . . . , an
les n vecteurs colonnes de A, qui sont des vecteurs de Rm . Le rang de A est la dimension
de l’espace engendré par (a1 , . . . , an ), qui est inférieure ou égale à n et à m. Nous allons
montrer que la matrice A est équivalente à la matrice Jr obtenue en complétant la
matrice identité Ir par des zéros, à droite et en dessous.
1 ··· r ··· n
0 ··· ··· 0 0
1 ··· 0 1
.. .. .. ..
0 1 . . . .
..
. . . . .
. .. .. . . ..
.
.
. . ..
Jr = ...
.. 1 0 .. .
r
0 ··· ··· 0 1 0 ··· 0
0
··· 0 0 ··· 0
r+1
..
.. .. .. ..
. . . . .
0 ··· 0 0 ··· 0 m
(v1 , . . . , vr , b1 , . . . , bn−r )
est une base de E : ceci a été établi dans la démonstration du théorème du rang.
11
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Dans l’espace d’arrivée F , la famille (c1 , . . . , cr ) est une famille libre car c’est une
base de Im(f ). On peut la compléter par m − 1 vecteurs cr+1 , . . . , cm de sorte que
(c1 , . . . , cr , cr+1 , . . . , cm )
soit une base de F .
Pour i = 1, . . . , r, l’image de vi est ci . Les images de b1 , . . . , bn−r sont nulles : la
matrice de f relative aux bases (v1 , . . . , vr , b1 , . . . , bn−r ) (au départ) et (c1 , . . . , cm ) (à
l’arrivée) est la matrice Jr .
Puisque A et Jr sont équivalentes, il existe deux matrices inversibles P et Q telles
que Jr = Q−1 AP , et donc A = QJr P −1 . Soit B une autre matrice de Mm,n (R),
également de rang r. Il existe deux autres matrices inversibles R et S telles que Jr =
S −1 BR. En multipliant à gauche par Q et à droite par P −1 , on obtient :
A = (QS −1 )B(RP −1 ) .
Donc deux matrices de même taille et de même rang sont équivalentes.
On déduit de la démonstration qui précède que A et tA ont le même rang.
Proposition 8. Une matrice et sa transposée ont même rang.
12
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ai,1 x1 + · · · + ai,n xn .
Le coefficient d’ordre (1, 1) est non nul, il n’y a donc pas de permutations à effectuer.
Le premier pivot est p1 = 1. Voici les transformations qui annulent la première colonne
au-dessous du pivot.
1 1 0 1
L2 ← L2 − 2L1
0 −1 1 −2
L3 ← L3 − L1 0 1 −1 0
L4 ← L4 + L1 0 1 −1 −2
13
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Le second pivot est −1. Les transformations qui annulent le bas de la seconde colonne
sont les suivantes.
1 1 0 1
0 −1 1 −2
L3 ← L3 + L2 0 0 0 −2
L4 ← L4 + L2 0 0 0 −4
Pour obtenir un troisième pivot non nul, il faut échanger les deux dernières colonnes.
1 1 1 0
0 −1 −2 1
0 0 −2 0
0 0 −4 0
Le troisième pivot est −2. Il ne reste qu’une ligne à transformer.
1 1 1 0
0 −1 −2 1
0 0 −2 0
L4 ← L4 − 2L3 0 0 0 0
Le rang de la matrice est donc 3. En n’oubliant pas que les colonnes 3 et 4 ont été
échangées, on obtient aussi que les vecteurs colonnes numéros 1, 2 et 4 de la matrice
A forment une famille libre, donc une base de l’espace engendré.
Bien que l’écriture du système soit mathématiquement superflue, elle est techniquement
plus sûre, et nous vous conseillons de la conserver.
14
Maths en Ligne Calcul matriciel UJF Grenoble
Ecrivons le système
x a
y = b ,
A
z c
soit
x −z = a
x −y = b
x −y +z = c
x −z = a
x −z = a
⇐⇒ −y +z = b − a ⇐⇒ y −z = a − b
z = c−b z = c−b
x = a−b+c x a
−1
⇐⇒ y = a − 2b + c ⇐⇒ y =A b ,
−b + c
z = z c
avec
1 −1 1
A−1 = 1 −2 1
.
0 −1 1
15
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soient A et B deux matrices. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles
sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Si le produit AB est défini, alors le produit BA est défini.
2. Si la somme A + B est définie, alors le produit AB est défini.
3. Si le produit AB est défini, alors le produit tB tA est défini.
4. Si la somme A + B est définie, alors le produit A tB est défini.
5. Si les produits AB et BA sont définis, alors la somme A + B est définie.
6. Si les produits AB et BA sont définis, alors la somme A + tB est définie.
7. Si les produits AB et tBA sont définis, alors la somme A + tA est définie.
8. Si les produits AB et tBA sont définis, alors la somme A + tB est définie.
9. Si le produit AB est défini, alors la somme A tA + B tB est définie.
10. Si le produit AB est défini, alors la somme tA A + B tB est définie.
Vrai-Faux 2. Soit A une matrice carrée. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles
sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Si A est inversible, alors A tA = tA A.
2. Si A est inversible, alors A tA est inversible.
3. Si A est inversible, alors A + tA est inversible.
4. Si A est inversible, alors A est équivalente à la matrice identité.
5. Si A est inversible, alors A est semblable à la matrice identité.
Vrai-Faux 3. Soit A une matrice carrée. On dit que A est diagonale si tous ses coef-
ficients d’ordre (i, j) avec i 6= j, sont nuls. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles
sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Si A est diagonale, alors A est inversible.
2. Si A est diagonale, alors A est symétrique.
3. Si A est diagonale et si tous ses coefficients diagonaux sont non nuls, alors A
est inversible.
4. Si A est diagonale, alors A est semblable à la matrice identité.
5. Si A est diagonale, alors A est équivalente à la matrice identité.
Vrai-Faux 4. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. Si une matrice est de rang r, alors elle est équivalente à la matrice Ir
16
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2.2 Exercices
Exercice 1. On considère les matrices suivantes.
0 1 −1 2 −2 3
1 1 0 −1 3 −1
0 1 1 0 1 2
! ! !
1 0 0 1 2 −1 −1 2 3
0 1 0 2 −1 1 2 1 −3
1 0 0 1 0 0 −2 3 −4
0 1 0 0 −1 0 3 1 −3
0 0 1 0 0 2 1 −2 0
0 0 1 1 2 3 −1 −2 0
0 1 0
3 2 1
2 1 0
1 0 0 2 1 3 −2 0 1
1 1 1 1 3 2 0 −1 2
1. Ecrire la transposée de chacune de ces matrices.
17
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0 0 1
0 0 0
18
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Exercice 6. On rappelle qu’une matrice carrée est symétrique si elle est égale à sa
transposée. On note Sn l’ensemble des matrices carrées symétriques. On dit qu’une
matrice carrée est antisymétrique si elle est l’opposée de sa transposée : tA = −A. On
note An l’ensemble des matrices carrées antisymétriques.
1. Montrer que les éléments diagonaux d’une matrice antisymétrique sont nuls.
2. Montrer que Sn et An sont des sous-espaces vectoriels de Mn .
3. Soit A une matrice carrée quelconque. Montrer que A+ tA est symétrique et A− tA
est antisymétrique.
4. Montrer que le produit de deux matrices symétriques A et B est symétrique si
et seulement si AB = BA (on dit que A et B « commutent »).
5. Montrer que le produit de deux matrices antisymétriques A et B est antisymé-
trique si et seulement si AB = −BA.
6. Soit A une matrice inversible. Montrer que tA est inversible et que son inverse est
t
(A−1 ).
7. Soit A une matrice symétrique et inversible. Montrer que son inverse est symé-
trique.
8. Soit A une matrice antisymétrique et inversible. Montrer que son inverse est
antisymétrique.
9. Montrer qu’aucune matrice de A3 n’est inversible.
Exercice 7. On appelle trace d’une matrice carrée la somme de ses éléments diagonaux.
On note tr(A) la trace de A ∈ Mn .
1. Soient A, B deux matrices de Mn . Montrer que tr(AB) = tr(BA).
2. En déduire que deux matrices carrées semblables ont la même trace.
19
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3. Soit A une matrice carrée non nulle. Montrer que les traces de A tA et tA A sont
strictement positives.
2 −3 −4 0 1 −2 1 1 2 1
3 1 5
1 −1 7
−1 2 1 −1
−1 0 −1 −2 0 −10 2 1 3 2
0 2 4 1 3 −1 0 −1 0 −1
Exercice 9. Vérifier que les matrices suivantes sont inversibles et calculer leurs inverses.
0 1 0 0 2 2 2 −1 1 1 2 0
0 0 1 −1 3 −1 1 4 −3 3 −1 1
−2 1 2 3 −3 1 1 1 0 0 1 2
20
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z 0
0 0 λ3
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1. Soient A et B deux matrices.
A Si la somme A + B est définie, alors le produit AB est défini.
B Si la somme A + B est définie, alors le produit tAB est défini.
21
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1 0 1
0 0 2
2 0 2
C L’application f ◦ f a pour matrice 0 2 0 dans la base canonique de R3 .
2 0 2
1 0 0
D La matrice A est équivalente à la matrice 0 1 0 .
0 0 0
1 0 0
E La matrice A est semblable à la matrice 0 1 0 .
0 0 0
Question 5. On considère la matrice A suivante.
!
1 1 1
A= .
1 1 1
22
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Soit f l’application linéaire de R3 dans R2 dont la matrice relative aux bases canoniques
de R3 et R2 est A.
A L’application f est surjective.
B Le noyau de f est un plan vectoriel. !
1 0 0
C La matrice A est équivalente à la matrice .
0 1 0
!
1 0 0
D La matrice A est équivalente à la matrice .
0 0 0
E La matrice A est de rang 2.
Question 6. Soit A une matrice.
A Le rang de AtA est toujours supérieur ou égal au rang de A
B Le rang de tA est toujours égal au rang de A.
C Le rang de tAA est toujours inférieur ou égal au rang de A.
D Si A a plus de lignes que de colonnes, alors le rang de A est égal à son nombre
de colonnes.
E Si le rang de A est égal à son nombre de colonnes, alors A est inversible.
Question 7. Soit A une matrice à 4 lignes, 3 colonnes, de rang 2.
A A est la matrice d’une application linéaire de R4 dans R2 .
B A est la matrice d’une application linéaire dont le noyau est un plan vectoriel.
C A est la matrice d’une application linéaire dont l’image est un plan vectoriel.
1 0 0
0 1 0
D A est équivalente à la matrice .
0 0 0
0 0 0
1 0 0
0 1 0
E A est équivalente à la matrice .
0 0 1
0 0 0
Question 8. Soit A ∈ Mn une matrice carrée inversible. Soit f l’application de Rn
dans Rn qui a pour matrice A dans la base canonique.
A A est semblable à la matrice identité de même taille que A.
B Le noyau de f est une droite vectorielle.
C A est équivalente à la matrice identité de même taille que A.
D L’image de f est Rn .
E Le système linéaire Ax = 0 admet une solution non nulle.
Question 9. On considère la matrice A suivante.
!
1 1
A= .
0 1
23
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0 1 0
Soit I la matrice identité à trois lignes et trois colonnes.
A A − I est inversible.
B A2 = A.
C A−1 = tA.
D A + A2 est de rang 2.
E I + A + A2 est de rang 1.
Réponses : 1–DE 2–BC 3–AD 4–BD 5–BD 6–BC 7–CD 8–CD 9–DE 10–CE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soit A ∈ Mn une matrice carrée. On note I la matrice identité
de dimension n. On suppose qu’il existe une matrice B telle que A B = I.
1. Soit f l’application de Mn dans Mn qui à une matrice X associe le produit XA.
Montrer que f est une application linéaire.
2. Montrer que f est injective. En déduire que f est bijective.
3. Montrer qu’il existe une matrice B∗ ∈ Mn telle que B∗ A = I. Montrer que
B∗ = B. En déduire que A est inversible.
4. Soit B ∗ une matrice telle que A B ∗ = I. Montrer que B ∗ = B.
5. Soit C ∈ Mn une autre matrice inversible. Montrer que le produit A C est inver-
sible et que (A C)−1 = C −1 A−1 .
Exercice 1 : Soient A et B les deux matrices suivantes.
1 0 0 1 0 1
A= 0 1 0
et B = 0 1 1 .
1 1 −1 0 0 1
24
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25
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(λX + µY ) A = λXA + µY A ,
car le produit matriciel est distributif par rapport à l’addition. Donc l’application
f est linéaire.
2. Pour montrer qu’une application linéaire est injective, il suffit de montrer que
son noyau est réduit à {0}. Soit X un élément du noyau de f , c’est-à-dire une
matrice telle que XA = 0 (matrice nulle). En multipliant à droite par B, et en
utilisant l’associativité du produit matriciel :
(XA) B = X(A B) = X I = X .
B∗ (A B) = B∗ I = B∗ et (B∗ A) B = I B = B .
B (A B ∗ ) = B I = B et (B A) B ∗ = I B ∗ = B ∗ .
Il existe donc une matrice qui, multipliée à droite par A C donne l’identité. Par
application de ce qui précède, la matrice A C est donc inversible et son inverse
est la matrice C −1 A−1 .
Exercice 1 :
1. La matrice A est triangulaire et ses termes diagonaux sont non nuls : elle est de
rang 3, donc inversible. On trouve A−1 = A.
26
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2. La matrice B est triangulaire et ses termes diagonaux sont non nuls : elle est de
rang 3, donc inversible. On trouve :
1 0 −1
B −1 = 0 1 −1
.
0 0 1
4.
f (b1 ) = b1 + b3 , f (b2 ) = b2 + b3 , f (b3 ) = −b3 .
f ◦ f (b1 ) = f (b1 ) + f (b3 ) = b1
f ◦ f (b2 ) = f (b2 ) + f (b3 ) = b2
f ◦ f (b3 ) = f (−b3 ) = b3 .
L’application f ◦ f coïncide avec l’application identique sur une base de R3 , donc
sur R3 tout entier. Donc f est sa propre réciproque, donc A−1 = A.
5. La matrice de l’application g −1 dans la base (b1 , b2 , b3 ) est B −1 . On en déduit :
1 1 −2
7. Soit (x, y, z) les coordonnées dans la base (b1 , b2 , b3 ) d’un vecteur de Ker(h),
z = 0
z = 0
x +y −2z = 0 .
Tout vecteur de Ker(h) s’écrit xb1 −xb2 , où x est un réel quelconque. Donc Ker(h)
est une droite vectorielle, dont une base est le vecteur b1 − b2 . L’image de f est
un plan vectoriel, dont une base est donnée par le premier et le troisième vecteur
colonne de la matrice : (b3 , b1 + b2 − 2b3 ).
8. Puisque A est inversible, l’image par f d’une base est une base. Donc (c1 , c2 , c3 )
est une base de R3 . D’après la question 4,
27
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2 2 −1
La matrice de g −1 dans la base (c1 , c2 , c3 ) est l’inverse de la précédente :
0 −1 1
−1 −1
A B A = −1 0 1
.
−2 −2 3
Exercice 2 :
1. On trouve :
1 −4 3 3
3 2 6
−3 0 −5 −1
AB = et BA = −2 −3 1
.
5 4 7 −1
1 −1
7
3 3 4 −1
x a
2. En résolvant le système P y = b , on trouve que ce système est de rang
z c
3, donc la matrice P est bien inversible. Son inverse est :
−1 −5 −2
1
P −1 = −2 −2 0
.
4
1 1 2
Les trois vecteurs colonnes de P sont linéairement indépendants, donc les trois
premiers vecteurs colonnes de A le sont aussi : la matrice A est de rang 3.
3. Les deux premières lignes de B sont linéairement indépendantes. La troisième est
la somme des deux autres. Donc la matrice B est de rang 2.
La matrice AB est celle de l’application composée f ◦ g. Puisque B est de rang
2, l’image de g est un plan vectoriel de R3 . Puisque l’application f est de rang 3,
son noyau est réduit à {0} et sa restriction à Im(g) est de rang 2. Donc l’image
de f ◦ g est un plan vectoriel : AB est de rang 2.
Le raisonnement est analogue pour BA : c’est la matrice de l’application g ◦ f .
Puisque f est de rang 3, son image est R3 , donc Im(g ◦ f ) = Im(g). Donc g ◦ f
est de rang 2, comme g. Donc la matrice BA est de rang 2.
28
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1 −2 1 0 1 −1 0 1
−1 0 −1 0
t
−2 0 1 2
Q= et Q= .
0 1 2 0 1 −1 2 0
1 2 0 1 0 0 0 1
1 0 0
0 1 0
.
0 0 1
0 0 0
3 2 6 1
−2 −3 1 −1
Q−1 ABQ = .
1 −1 7 0
0 0 0 0
29
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3 Compléments
3.1 Les avocats de Cambridge
Tous deux ont fait leurs études à Cambridge, tous deux ont exercé assez longuement
comme avocats tout en considérant cela comme un moyen accessoire de gagner leur vie,
tous deux ont fini professeurs de mathématiques. Ils étaient amis, et se sont influencés
l’un l’autre par leurs travaux respectifs, même s’il n’ont cosigné aucun article 1 . Nous
parlons de Arthur Cayley (1821–1895) et de James Joseph Sylvester (1814–1897). Voici
ce que disait le second, vers la fin de sa carrière.
Cayley, who, though younger than myself is my spiritual progenitor – who
first opened my eyes and purged them of dross so that they could see and
accept the higher mysteries of our common mathematical faith. . .
Sylvester est le premier qui a employé le mot « matrix » en 1850. L’année suivante, il
explicite l’analogie qui l’a conduit à ce terme.
I have in a previous paper defined a “Matrix” as a rectangular array of
terms, out of which different systems of determinants may be engendered,
as from the womb of a common parent.
Au début, une matrice n’était donc qu’un tableau à partir duquel étaient engendrés
des déterminants. C’est Cayley qui a le premier en 1858 traité les matrices comme
de nouveaux objets mathématiques, susceptibles d’être ajoutés et multipliés. Lisez le
début de « A memoir on the Theory of Matrices », et admirez l’élégance et la concision
du style (les notations ont légèrement changé).
The term matrix might be used in a more general sense, but in the present
memoir I consider only square and rectangular matrices, and the term ma-
trix used without qualification is to be understood as meaning a square
matric ; in this restricted sense, a set of quantities arrranged in the form of
a square, e. g.
a, b, c,
a0 , b 0 , c 0 ,
00
a , b00 c00 ,
is said to be a matrix.
[. . . ]
It will be seen that matrices (attending only to those of the same order)
comport themselves as single quantities ; they may be added, multiplied
or compounded together, &c. : the law of addition of matrices is precisely
similar to that for the addition of ardinary algebraix quantities ; as regards
their multiplication (or composition), there is the peculiarity that matrices
are not in general convertible ; it is nevertheless possible to form the powers
1. N.J. Higham : Cayley, Sylvester and early matrix theory Lin. Alg. Appl. 428 p. 39–43 (2008)
30
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3.2 Diagonalisation
Voici deux systèmes linéaires d’équations.
y +z = 1
x = 0
(a) − 12 x + 23 y − 12 z = 0 (d) −y = −1
3
− 23 y + 12 z = −1
x 2z = 0
2
Les trois problèmes, de natures très différentes, ont en commun leur écriture matricielle,
avec les deux matrices suivantes.
0 1 1 1 0 0
− 21 3
− 12
A=
2
D=
0 −1 0
3
2
− 32 1
2
0 0 2
Tous les problèmes linéaires sont plus faciles à résoudre quand la matrice est diagonale !
31
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P −1 AP = D .
Uk = Ak U0 .
Ak = P DP −1 P DP −1 . . . P DP −1 = P Dk P −1 .
32
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Donc X(t) = P −1 Y (t) est solution du système X 0 (t) = DX(t). En posant X(t) =
(x1 (t), . . . , xn (t)), ce système s’écrit
Le vecteur des conditions initiales pour le système diagonalisé est X(0) = P −1 Y (0).
Connaissant X(t), on en déduit Y (t) = P X(t).
Soit par exemple à résoudre
x0 (t) =
y(t) +z(t)
y 0 (t) = − 21 x(t) + 32 y(t) − 12 z(t) ,
z 0 (t) = 3
− 32 y(t) + 12 z(t)
x(t)
2
avec les conditions initiales x(0) = 0, y(0) = 1, z(0) = 2. Le système s’écrit sous la
forme Y 0 (t) = A Y (t), avec
x(t) 0 1 1
− 12 3
− 12
Y (t) =
y(t)
et A=
2
.
3
z(t) 2
− 23 1
2
33
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3.3 Décomposition LU
La méthode du pivot de Gauss n’est pas exactement programmée comme elle a
été présentée. Il y a plusieurs raisons à cela, dont la principale est le problème de la
précision numérique.
Voici un système de deux équations à deux inconnues, dépendant du paramètre
ε 6= 0.
1
− (2 − 1ε )/(1 − 1ε ))
εx + y = 1 εx + y = 1 x = ε
(1
⇐⇒ ⇐⇒
x+y = 2 (1 − 1ε )y = 2 − 1
y = (2 − 1ε )/(1 − 1ε )
ε
Les deux solutions sont évidemment les mêmes. Pourtant, si ε est très petit en valeur
absolue, les deux calculs ne sont pas du tout équivalents numériquement : diviser par
un petit nombre, ou multiplier par un grand nombre, augmente les erreurs d’approxi-
mation.
Telles que nous les avons présentées, les permutations de lignes et de colonnes
servent à assurer que les pivots restent non nuls. La plupart des systèmes que l’on
rencontre en pratique ont une solution unique : ce sont des systèmes de n équations
à n inconnues, de rang n. En général, on peut leur appliquer la méthode du pivot de
Gauss sans rencontrer de pivot nul. Mais on utilise quand même les permutations de
lignes et de colonnes, pour faire en sorte qu’à chaque étape, le pivot soit le plus grand
possible en valeur absolue.
Permuter les lignes d’une matrice, revient à la multiplier à gauche par une matrice
de permutation. Une matrice de permutation est la matrice de passage de la base
34
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(b1 , . . . , bn ) à la base (bσ(1) , . . . , bσ(n) ), où σ est une bijection de {1, . . . , n} dans lui-
même. Ses coefficients d’ordre (σ(i), i) valent 1, les autres 0. Permuter les colonnes
d’une matrice, revient à la multiplier à droite par une autre matrice de permutation.
En permutant les lignes et les colonnes, on remplace la matrice A par la matrice P1 AP2
où P1 et P2 sont deux matrices de permutation.
Dans sa version la plus courante, l’algorithme ne considère que des permutations de
lignes : il remplace donc la matrice A par P A, où P est une matrice de permutation.
Une fois choisi l’ordre dans lequel on traite les lignes, la i-ième étape de la méthode
consiste à ajouter aux lignes d’indice i + 1, i + 2, . . . , n la i-ième ligne multipliée par un
certain coefficient. Cela revient à multiplier à gauche par une matrice du type suivant.
1 0 ··· ··· ··· 0
. .. .. ..
0
. .
.. .. ..
. 1 . .
. . . . . . . ..
.. λi+1,i .
. .. ...
..
. 0
0 · · · λm,i 0 ··· 1
Son inverse est encore une matrice du même type : trianglaire inférieure avec des 1
sur la diagonale. On la note L (pour « lower triangular »). Le produit L−1 P A est une
matrice triangulaire supérieure, que l’on note U pour « upper triangular » : U est la
forme échelonnée de A.
L−1 P A = U ⇐⇒ P A = LU .
La décomposition LU de la matrice A est la donnée des trois matrices P, L, U telles
que P A = LU .
Si on doit résoudre le système Ax = b, on le transformera en deux systèmes trian-
gulaires, un de matrice L, l’autre de matrice U .
Ly = P b
Ax = b ⇐⇒ P Ax = P b ⇐⇒ LU x = P b ⇐⇒
Ux = y
35
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36
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Espaces vectoriels
Bernard Ycart
Vous devez vous habituer à penser en termes de « vecteurs » dans un sens très
général : polynômes, matrices, suites, fonctions, etc. Le problème est que, contrairement
à R2 ou R3 , il est difficile de visualiser des vecteurs dans un espace de dimension
infinie. . . quand ce sont des fonctions par exemple ! Avoir assimilé la théorie de la
dimension finie serait une bonne idée avant d’attaquer ce chapitre.
2 Entraînement 24
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3 Compléments 40
3.1 Kate and William : so romantic ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.2 Équations de récurrence linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.3 Équations différentielles linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.4 Polynômes de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.5 Transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1 Cours
1.1 Définition
Un espace vectoriel est un ensemble sur lequel sont définies :
• une addition interne (on peut ajouter entre eux deux éléments de l’ensemble et
cela donne un élément de l’ensemble)
• une multiplication externe (on peut multiplier un élément de l’ensemble par un
nombre réel et cela donne un élément de l’ensemble).
Ces deux opérations doivent vérifier certaines propriétés de compatibilité qui sont listées
dans la définition 1.
Définition 1. On dit que E est un espace vectoriel sur R si E est muni d’une addition
et d’une multiplication
( externe vérifiant les propriétés suivantes.
E × E −→ E
• Addition :
(v, w) 7−→ v + w
1. Associativité : ∀u, v, w ∈ E , u + (v + w) = (u + v) + w
2. Élément neutre : ∃e ∈ E , ∀v ∈ E , v+e=e+v =v
3. Opposé : ∀v ∈ E , ∃v 0 ∈ E , v + v0 = v0 + v = e
4. Commutativité : ∀v, w ∈ E , v+w =w+v
Ces propriétés font de (E, +) un groupe commutatif.
(
R × E −→ E
• Multiplication externe :
(λ, v) 7−→ λ v
5. Associativité : ∀λ, µ ∈ R , ∀v ∈ E , λ(µ v) = (λµ) v
6. Élément neutre : ∀v ∈ E , 1v = v
7. Distributivité (1) : ∀λ, µ ∈ R , ∀v ∈ E , (λ + µ) v = λ v + µ v
8. Distributivité (2) : ∀λ ∈ R , ∀v, w ∈ E , λ (v + w) = λ v + λ w
∀v ∈ E , v + (−1) v = e .
1
Maths en Ligne Espaces vectoriels UJF Grenoble
0v = 0v + e par 2.
= 0 v + (v + v 0 ) par 3.
= 0 v + (1 v + v 0 ) par 6.
= (0 v + 1 v) + v 0 par 1.
= (0 + 1) v + v 0 par 7.
= 1 v + v0 = v + v0 = e par 6.
Le singleton contenant seulement le vecteur nul est un espace vectoriel particulier.
Ce n’est pas le plus intéressant. Voici quelques ensembles, naturellement munis d’une
addition et d’une multiplication externe. Nous démontrerons plus loin que tous sont
effectivement des espaces vectoriels.
1. Nombres complexes : C = { a + ib , a, b ∈ R }.
L’ensemble des complexes est muni de l’addition et de la multiplication par un
réel, qui agissent sur les parties réelles et imaginaires.
• Addition : (2 + 3i) + (1 − 2i) = 3 + i
• Multiplication externe : (−2)(2 − 3i) = −4 + 6i
2. n-uplets de réels : Rn = { (x1 , . . . , xn ) , x1 , . . . , xn ∈ R }.
L’ensemble des n-uplets de réels (couples pour n = 2, triplets pour n = 3, . . . ) est
muni de l’addition et de la multiplication par un réel, coordonnée par coordonnée.
• Addition : (1, 2, 3, 4) + (3, −1, −2, 2) = (4, 1, 1, 6)
• Multiplication externe : (−2)(3, −1, −2, 2) = (−6, 2, 4, −4)
3. Matrices à coefficients réels : Mm,n = { (ai,j ) , ai,j ∈ R , 1 6 i 6 m , 1 6 j 6 n }.
L’ensemble des matrices à m lignes et n colonnes, à coefficients réels, est muni
de l’addition et de la multiplication
! par un réel, coefficient
! par coefficient.
!
1 −2 3 −6 5 −4 −5 3 −1
• Addition : + =
−4 5 −6 3 −2 1 −1 3 −5
! !
1 −2 3 −2 4 −6
• Multiplication externe : (−2) =
−4 5 −6 8 −10 12
4. Suites de réels : RN = { (un ) , ∀n ∈ N, un ∈ R }.
L’ensemble des suites de réels est muni de l’addition et de la multiplication par
un réel, terme à terme.
• Addition : (2−n ) + (3n ) = (2−n + 3n )
• Multiplication externe : (−2) (2−n ) = (−2−n+1 )
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∀v, w ∈ F v+w ∈F
(1)
∀v ∈ F , ∀λ ∈ R λv ∈ F
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vecteur v de E, donc pour tout vecteur de F . Comme F est non vide, il est donc dans
F . De même si v est un vecteur de F , alors son opposé, qui s’écrit (−1) v d’après le
second point de la proposition 1, est aussi dans F .
Voici une première application. Une suite (un )n∈N de réels est nulle à partir d’un
certain rang (on dit aussi à support fini) s’il existe n0 ∈ N tel que pour tout n > n0 ,
un = 0. Tout polynôme peut être identifié à la suite de ses coefficients, qui est nulle
à partir d’un certain rang (le degré du polynôme, plus 1). La proposition suivante
démontre donc du même coup que l’ensemble des polynômes, muni de l’addition et de
la multiplication externe, est un espace vectoriel.
Proposition 2. L’ensemble des suites nulles à partir d’un certain rang est un sous-
espace vectoriel de l’espace vectoriel des suites de réels.
Démonstration : Soit (un ) une suite, nulle à partir du rang n0 , et (vn ) une suite nulle
à partir du rang n1 . Alors la suite (un + vn ) est nulle, au moins à partir du rang
max{n0 , n1 } (et peut-être avant). Pour tout λ ∈ R, la suite (λun ) est nulle, au moins
à partir du rang n0 .
Le résultat suivant découle tout aussi facilement du théorème 2.
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Couples de réels
Oui Non
{ (x, y) ∈ R2 , x = 0 } { (x, y) ∈ R2 , x = 1 }
{ (x, y) ∈ R2 , 3x − 2y = 0 } { (x, y) ∈ R2 , 3x2 − 2y 2 = 0 }
{ (x, y) ∈ R2 , 2x + 3y = 0 } { (x, y) ∈ R2 , sin(3x + 2y) = 0 }
Matrices
Oui Non
t
{ A ∈ M2,2 (R) , A= A } { A ∈ M2,2 (R) , A = A2 }
{ A ∈ M2,2 (R) , A 11 = 00 } { A ∈ M2,2 (R) , A 11 = 11 }
{ A ∈ M2,2 (R) , tr(A) = 0 } { A ∈ M2,2 (R) , det(A) = 0 }
Suites de réels
Oui Non
{ (un ) , u0 = 0 } { (un ) , u0 = 1 }
{ (un ) , ∃ l lim un = l } { (un ) , lim un = +∞ }
{ (un ) , ∀n , un+1 = 2un } { (un ) , ∀n , un+1 = un + 1 }
Polynômes
Oui Non
{ P ∈ R[X] , deg(P ) 6 5 } { P ∈ R[X] , deg(P ) = 5 }
{ P ∈ R[X] , P (X) = P (−X) } { P ∈ R[X] , P 2 (X) = P 2 (−X) }
{ P ∈ R[X] , P (2) + P 0 (2) = 0 } { P ∈ R[X] , P (2) + P 0 (2) = 1 }
Fonctions de R dans R
Oui Non
{ f , f (0) = 0 } { f , f (1) = 1 }
{ f , continues en 0 } { f , |f | continue en 0 }
{ f , dérivables sur ]0, 1[ } { f , non dérivables en 0 }
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Le point 2 est H(2), et il implique H(1) (cas particulier µ = 0). Supposons que H(n)
soit vrai. Soient v1 , . . . , vn+1 des vecteurs de F et λ1 , . . . , λn+1 des réels. Ecrivons
n+1
X
λi vi = v + λn+1 vn+1 ,
i=1
avec n
X
v= λi vi
i=1
Le vecteur v appartient à F , par H(n). La combinaison linéaire v +λn+1 vn+1 appartient
à F d’après H(2), d’où le résultat.
Une des manières de fabriquer un sous-espace vectoriel est de partir d’une famille
d’éléments, puis de lui adjoindre toutes les combinaisons linéaires de ces éléments. Une
famille d’éléments de E est définie comme une application d’un ensemble d’indices I,
à valeurs dans E.
V = vi , i ∈ I
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Complexes
Famille
Espace engendré
i { z ∈ C , Re(z) = 0 }
eiπ/4 { z ∈ C , Re(z) = Im(z) }
1, i C
Couples de réels
Famille
Espace engendré
(0, 1) { (x, y) ∈ R2 , x = 0 }
(1, 1) { (x, y) ∈ R2 , x = y }
(0, 1), (1, 1) R2
Matrices
Famille! ! Espace
(
engendré
!)
0 0 0 0
0 0 !! (
0! 0 )
1 0 λ 0
, λ∈R
0 1
! !!
0 λ
1 −1 0 0 n o
, A ∈ M2,2 (R) , A 11 = 00
0 0 1 −1
Suites de réels
Famille
Espace engendré
(2n ) { (un ) , ∀n , un+1 = 2un }
(un ) , ∃ n0 , ∀n 6= n0 , un = 0 { (un ) , ∃ n0 , ∀n > n0 , un = 0 }
(un ) , ∀n , un ∈ [0, 1] { (un ) , ∃M , |un | 6 M }
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Polynômes
Famille
Espace engendréo
X { λX , λ ∈ R
1 + X, 1 − X { P ∈ R[X] , deg(P ) 6 1 }
P ∈ R[X] , P (1) = 1 R[X]
Fonctions de R dans R
Famille
Espace engendré
cos { λ cos , λ ∈ R }
cos, sin { λ cos +µ sin , λ, µ ∈ R }
f , f (0) = 1 RR
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w u
Ce sont respectivement les familles des monômes de degrés pairs, et des monômes de
degré impair. Soient F et G les espaces vectoriels engendrés respectivement par V et W.
L’espace vectoriel F contient tous les polynômes constitués uniquement de monômes
de degrés pairs : par exemple, 1+3X 2 −2X 4 . L’espace vectoriel G contient le polynôme
nul, et tous les polynômes constitués uniquement de monômes de degrés impairs : par
exemple, X + 2X 3 − X 5 . L’intersection de F et G est réduite au polynôme nul. De
plus, tout polynôme de R[X] s’écrit (de façon unique) comme somme d’un élément de
F et d’un élément de G. Par exemple :
1 + X + 3X 2 + 2X 3 − 2X 4 − X 5 = 1 + 3X 2 − 2X 4 + X + 2X 3 − X 5
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Une famille (quelconque) de vecteurs est libre si toute sous-famille finie est libre : la
seule combinaison linéaire nulle de ces vecteurs, a tous ses coefficients nuls. Observons
que si une famille est libre dans un espace vectoriel E, elle reste libre dans n’importe
quel espace vectoriel contenant E ou contenu dans E. Dans le cas contraire, elle est
dite liée.
Nous rassemblons dans la proposition suivante des exemples classiques de familles
libres, dans l’espace des polynômes, des suites, et des fonctions.
Proposition 5.
1. Dans l’espace vectoriel des polynômes, toute famille de polynômes non nuls, de
degrés distincts deux à deux, est libre.
2. Dans l’espace vectoriel des suites de réels, la famille des suites de la forme (rk )k∈N ,
pour r > 0, est libre.
3. Dans l’espace vectoriel des fonctions de R dans R, la famille des fonctions de la
forme x 7→ eαx , pour α ∈ R, est libre.
Démonstration : Pour démontrer qu’une famille est libre, nous devons montrer que
toute sous-famille finie de n vecteurs est libre, pour tout n. Les trois démonstrations
se font par récurrence sur n. Pour initialiser les récurrences, observons que la famille
formée d’un seul vecteur non nul est toujours libre, quel que soit l’espace.
1. Soient P1 , . . . , Pn des polynômes non nuls, de degrés distincts deux à deux. Sans
perte de généralité, supposons que les polynômes ont été rangés par ordre crois-
sant de leurs degrés. Si λ1 P1 + · · · + λn Pn = 0, alors le coefficient du terme de
plus haut degré est nul, donc λn = 0. D’où le résultat, par récurrence.
2. Soient r1 , . . . , rn des réels strictement positifs, distincts deux à deux. Supposons-
les rangés par ordre croissant. Supposons que la suite de terme général λ1 r1k +
· · · + λn rnk soit nulle. Puisque rn est strictement supérieur à tous les autres ri ,
1
lim k
(λ1 r1k + · · · + λn rnk ) = λn ,
n→∞ rn
donc λn = 0. D’où le résultat, par récurrence.
3. Soient α1 , . . . , αn des réels, distincts deux à deux. Supposons-les rangés par ordre
croissant. Supposons que la fonction x 7→ λ1 eα1 x +· · ·+λn eαn x soit nulle. Puisque
αn est strictement supérieur à tous les autres αi ,
1
lim (λ1 eα1 x + · · · + λn eαn x ) = λn ,
x→+∞ eα n x
donc λn = 0. D’où le résultat, par récurrence.
Par exemple :
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1. 1, 2X + 3X 2 , 3X − X 2 + X 3 est une famille de polynômes, libre dans R[X].
2. (2−k )k∈N , (2k )k∈N , (3k )k∈N est une famille de suites, libre dans RN .
3. x 7→ e−x , x 7→ 1, x 7→ ex est une famille de fonctions, libre dans RR .
Définition 7. Soit E un espace vectoriel contenant des vecteurs non nuls. On dit
que E est finiment engendré s’il est engendré par une famille finie de vecteurs. Soit
(v1 , . . . , vn ) un n-uplet de vecteurs de E. On dit que (v1 , . . . , vn ) est une base de E si
c’est à la fois une famille génératrice et libre.
Théorème 4. Dans un espace vectoriel contenant des vecteurs non nuls, finiment
engendré, il existe des bases et toutes les bases ont le même nombre d’éléments.
C’est une famille de polynômes de degrés distincts, donc par la proposition 5, c’est
une famille libre. Dans un espace de dimension 4, une famille libre de 4 éléments est
12
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Les coordonnées de 2 − X 2 + X 3 dans la nouvelle base sont donc (2, 1, −2, 1).
Dans un espace vectoriel de dimension finie, tout sous-espace est lui-même de dimen-
sion finie, inférieure ou égale à celle de l’espace. Le théorème de la base incomplète dit
que dans un espace vectoriel de dimension finie, toute famille libre peut être complétée
en une base de l’espace. On en déduit immédiatement l’existence de supplémentaires.
soit une base de E. Soit G l’espace engendré par (c1 , . . . , cn−k ). Tout vecteur de E
s’écrit :
k
X n−k
X
v= λ i bi + µ j cj
i=1 j=1
alors nécessairement tous les coefficients λi et µj sont nuls, car (b1 , . . . , bk , c1 , . . . , cn−k )
est une famille libre. D’où le résultat.
La proposition suivante relie la dimension d’une somme de sous-espaces vectoriels
à celles des composants.
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F + G = F ⊕ G0 ,
D’une application entre deux ensembles munis d’une structure (groupes, anneaux,
etc.) qui respecte les structures, on dit qu’elle est un morphisme.
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Le fait qu’une application linéaire respecte les combinaisons linéaires entraîne qu’elle
respecte aussi les sous-espaces vectoriels, au sens suivant.
Théorème 6. Soient E et F deux espaces vectoriels, et f une application linéaire de
E dans F .
1. Soit A un sous-espace vectoriel de E. Alors
f (A) = { f (v) , v ∈ A } ,
f −1 (B) = { v ∈ E , f (v) ∈ B } ,
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D
R[X] −→ R[X]
a0 + a1 X + · · · + an X n = P (X) 7−→ P 0 (X) = a1 + 2a2 X + · · · + nan X n−1 .
C’est une application linéaire. L’image de D est R[X] tout entier (D est surjective), le
noyau de D est l’ensemble des polynômes constants (D n’est pas injective). Une telle
situation, où l’espace de départ et l’image sont les mêmes tandis que le noyau est non
nul, est impossible entre espaces vectoriels de dimension finie.
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Reprenons l’exemple de la dérivation des polynômes, mais cette fois-ci vue comme
une application de l’espace Rn [X] des polynômes de degré 6 n dans lui-même. L’es-
pace est de dimension n + 1, et la base canonique est (1, X, . . . , X n ). L’application D
envoie ces n + 1 polynômes, respectivement sur 0, 1, . . . , nX n−1 . Ils engendrent l’espace
vectoriel des polynômes de degré n − 1, qui est de dimension n. Le noyau de D est
R0 [X], et l’image de D est Rn−1 [X].
En dimension finie, la dimension de l’espace de départ est la somme de la dimension
de l’image et de la dimension du noyau : c’est le théorème du rang.
Théorème 7. Soient E et F deux espaces vectoriels et f une application linéaire de
E dans F . Si E est de dimension finie, il en est de même pour Im(f ) et Ker(f ) et :
dim(Im(f )) + dim(Ker(f )) = dim(E) .
Démonstration : celle que nous donnons ici est basée sur la notion de supplémentaire.
Soit (v1 , . . . , vn ) une base de E. Donc f (v1 ), . . . , f (vn ) est une famille génératrice
de Im(f ). Donc Im(f ) est finiment engendré, et admet une base. Chacun des éléments
de cette base est image d’un vecteur de E. Notons donc (f (c1 ), . . . , f (ck )) une base
de Im(f ). La famille (c1 , . . . , ck ) est libre, car sinon son image par f serait liée. Soit
G le sous-espace de E, engendré par (c1 , . . . , ck ). Nous allons montrer que G est un
supplémentaire de Ker(f ) dans E, ce qui implique le résultat.
Soit v un vecteur quelconque de E. Comme f (v) est un vecteur de Im(f ), il s’écrit :
k
X
f (v) = λi f (ci )
i=1
Posons :
k
X
w= λi ci
i=1
Alors :
k
!
X
f (v − w) = f (v) − λi f (ci ) = 0
i=1
Donc v − w ∈ Ker(f ). Donc v = (v − w) + w est somme d’un vecteur de Ker(f ) et
d’un vecteur de G. Pour montrer que la somme est directe, nous devons montrer que
l’intersection est réduite au vecteur nul. Prenons un vecteur de G sous la forme :
k
X
w= λi ci
i=1
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p(1 + X + 3X 2 + 2X 3 − 2X 4 − X 5 ) = 1 + 3X 2 − 2X 4
La symétrie par rapport à F change le signe des termes de degré impair (transformation
X 7→ −X).
s(1 + X + 3X 2 + 2X 3 − 2X 4 − X 5 ) = 1 + 3X 2 − 2X 4 − X + 2X 3 − X 5 )
Démonstration : Si u = v + w et u0 = v 0 + w0 , alors
λ u + µ u0 = (λ v + µ v 0 ) + (λ w + µ w0 ) .
(λ v + µ v 0 ) − (λ w + µ w0 ) = λ (v − w) + µ (v 0 − w0 ) ,
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w u
p(u)
−w s(u)
F
d’où le résultat.
La projection sur F parallèlement à G a pour image F et pour noyau G. La symétrie
est une bijection de E sur lui-même : c’est un automorphisme de E. La proposition sui-
vante caractérise les projections et les symétries, indépendamment de la décomposition
en somme directe.
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où α et β sont deux réels fixés. L’exemple le plus simple est l’équation définissant les
nombres de Fibonacci, un+2 = un+1 + un . Nous notons E l’ensemble des suites de réels
qui vérifient (E). Dire que (E) est linéaire revient à dire que E est un espace vectoriel.
Proposition 12. L’ensemble E des suites de réels vérifiant (E) est un espace vectoriel
de dimension 2.
impliquent :
λun+2 + µvn+2 = α (λun+1 + µvn+1 ) + β (λun + µvn )
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Donc (λun + µvn ) vérifie (E). D’où le résultat en appliquant le théorème 2. On peut
aussi démontrer que l’application qui à une suite (un ) quelconque associe la suite de
terme général vn = un+2 −αun+1 −βun est une application linéaire. L’ensemble E est le
noyau de cette aplication. C’est donc un sous-espace vectoriel de RN , par le théorème 6.
Considérons maintenant les deux suites (bn ) et (b0n ), vérifiant (E) et telles que
b0 = 1 , b1 = 0 et b00 = 0 , b01 = 1 .
Soit (un ) une suite quelconque vérifiant (E). La suite (un ) est définie de façon unique par
la donnée de u0 , u1 ∈ R et l’équation (E). Donc la suite (un ) est égale à la combinaison
0 0
linéaire u0 (bn ) + u1 (bn ) : la famille (bn ), (bn ) est génératrice. Supposons que (un ) soit
la suite nulle. Alors u0 = u1 = 0. Donc la famille (bn ), (b0n ) est libre : c’est une base.
Pour trouver une expression explicite aux solutions de (E), nous allons trouver une
autre base. Nous commençons par écarter le cas où α = β = 0 : dans ce cas, les suites
solutions de (E) sont nulles à partir du rang 2. Nous supposons désormais que α et
β ne sont pas tous les deux nuls. Cherchons quelles suites géométriques vérifient (E).
Supposons que (rn ) vérifie (E). Alors,
∀n ∈ N , rn+2 = α rn+1 + β rn .
C’est vrai si r est nul, ou bien s’il est solution de l’équation du second degré suivante,
qu’on appelle l’équation caractéristique associée.
(ECA) r2 = α r + β .
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Les nombres de Fibonacci sont définis par (E), avec u0 = 1 et u1 = 1. Pour calculer les
coordonnées λ et µ de cette suite, il faut résoudre le système
λ+µ = 1
λφ − µ/φ = 1
(ECA) r2 = −r − 1 .
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Parmi les sous-ensembles suivants de l’espace vectoriel des suites réelles,
lesquels sont des sous-espaces vectoriels, lesquels ne le sont pas et pourquoi ?
1. Ensemble des suites bornées.
2. Ensemble des suites décroissantes à partir d’un certain rang.
3. Ensemble des suites périodiques.
4. Ensemble des suites convergeant vers 0.
5. Ensemble des suites monotones.
6. Ensemble des suites équivalentes à 1/n.
7. Ensemble des suites dominées par 1/n.
8. Ensemble des suites négligeables devant 1/n.
9. Ensemble des suites dont le terme général est 6 1 à partir d’un certain rang.
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Vrai-Faux 4. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses et pourquoi ?
1. L’intersection de deux sous-espaces vectoriels peut être vide.
2. Si un ensemble contient toutes les droites vectorielles engendrées par ses vec-
teurs, c’est un espace vectoriel.
3. Si un ensemble contient tous les plans vectoriels engendrés par deux de ses
vecteurs, c’est un espace vectoriel.
4. Si un ensemble contient toutes les combinaisons linéaires de 3 quelconques de
ses vecteurs, alors c’est un espace vectoriel.
5. Si un ensemble contient la somme de deux quelconques de ses vecteurs, c’est
un espace vectoriel.
6. Si l’intersection de deux sous-espaces vectoriels est réduite au vecteur nul, alors
leur somme est directe.
7. La somme de deux droites vectorielles est un plan vectoriel si et seulement si
cette somme est directe.
8. Dans un espace de dimension 3, la somme d’une droite vectorielle et d’un plan
vectoriel est toujours directe.
9. Dans un espace de dimension 3, la somme de deux plans vectoriels n’est jamais
directe.
Vrai-Faux 5. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses et pourquoi ?
1. C est un espace vectoriel de dimension 2 sur R.
2. L’ensemble des polynômes réels de degré 6 3 est un espace vectoriel de dimen-
sion 3 sur R.
3. L’ensemble des suites réelles, constantes ou bien périodiques de période 3, est
un espace vectoriel de dimension 3 sur R.
4. L’ensemble des polynômes à coefficients complexes de degré 6 3 est un espace
vectoriel de dimension 8 sur R.
5. L’ensemble des fonctions de R dans {0, 1} est un espace vectoriel de dimension
2 sur R.
6. L’ensemble des fonctions de {0, 1} dans R est un espace vectoriel de dimension
2 sur R.
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Vrai-Faux 6. Parmi les applications suivantes de R[X] dans R[X], lesquelles sont des
applications linéaires, lesquelles ne le sont pas et pourquoi ?
1. P (X) 7−→ P (X + 1) − P (X)
2. P (X) 7−→ P (X + 1) − X
3. P (X) 7−→ XP (X + 1) − P 0 (X)
4. P (X) 7−→ XP (X + 1) − P 0 (1)
5. P (X) 7−→ XP (X + 1) − P 2 (1)
Vrai-Faux 7. Soient E et F deux espaces vectoriels et f une application linéaire de E
dans F . Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses
et pourquoi ?
1. L’image du vecteur nul de E est le vecteur nul de F .
2. L’image de f est un sous-espace vectoriel de F .
3. L’image par f d’une famille libre dans E est toujours une famille libre dans F .
4. L’image par f d’une famille liée dans E est une famille liée dans F .
5. L’image par f d’une famille génératrice dans E est toujours une famille géné-
ratrice dans F .
6. Si F est de dimension finie alors Ker f est un sous-espace de dimension finie
de E.
7. Si E est de dimension finie alors Im f est un sous-espace de dimension finie de
F.
8. Si E et F sont de dimension finie, et dim(E) > dim(F ) alors Ker(f ) 6= {0}.
9. Si E et F sont de dimension finie, et dim(E) > dim(F ) alors f est surjective.
10. Si E et F sont de dimension finie, et dim(E) < dim(F ) alors f est injective.
Vrai-Faux 8. Soient E un espace vectoriel, F et G deux sous-espaces supplémentaires
dans E (tels que F ⊕ G = E). On note :
• p la projection sur F parallèlement à G,
• s la symétrie par rapport à F parallèlement à G,
• p0 la projection sur G parallèlement à F ,
• s0 la symétrie par rapport à G parallèlement à F ,
• I l’application identique de E.
Parmi les relations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. p + p0 = I.
2. s + s0 = I.
3. s − s0 = 2p0 .
4. p − p0 = s.
5. s − p = p0 .
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6. s + p0 = p.
7. p ◦ s0 = p.
8. p0 ◦ s0 = p0 .
9. s0 ◦ s = −I.
10. p0 ◦ p = I.
2.2 Exercices
Exercice 1. Montrer que les familles suivantes sont libres dans l’espace vectoriel des
R[X] des polynômes à coefficients réels. Décrire l’espace vectoriel que chacune engendre.
1. X , (X − 1)
2. X 2 , (X 2 − 1)
3. X 2 , (X − 1)2 , (X − 2)2
4. X 3 , (X + 1)3 , (X − 1)3
Exercice 2. Montrer que les familles suivantes sont libres dans l’espace vectoriel des
suites de réels.
1. (1) , (2n ) , (n2n )
2. (1) , (cos(nπ/4)) , (cos(nπ/2))
3. (1) , (sin(nπ/4)) , (sin(nπ/2))
4. (1) , (2n cos(nπ/4)) , (n2n cos(nπ/4))
Exercice 3. Montrer que la famille (f, g, h) est libre dans l’espace vectoriel des fonctions
de R dans R, dans les cas suivants.
1. f : x 7→ 1 , g : x 7→ x , h : x 7→ x2
q
2. f : x 7→ 1 , g : x 7→ |x| , h : x 7→ |x|
3. f : x 7→ ex , g : x 7→ cos(x) , h : x 7→ sin(x)
4. f : x 7→ sin(x) , g : x 7→ sin(2x) , h : x 7→ sin(3x)
Exercice 4. Dans l’espace vectoriel R3 [X], des polynômes de degrés au plus égal à 3,
on considère
les familles suivantes.
• (1 + X 2 ) )
• (1 + X 2 ) , (1 − X 2 ) )
• (X + X 2 + X 3 ) , (X − X 2 + X 3 ) )
• (1 + X) , (1 + X 2 ) , (1 − X 2 ) )
• (1 + X) , (1 + X 3 ) , (1 − X 3 ) )
27
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28
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x 7→ 1 + x , x 7→ x2 + 2x3 , x 7→ ex , x 7→ ex + e−2x
3. Montrer que si E est de dimension finie, alors les 4 propositions (1), (2), (3) et
(4) sont équivalentes.
4. Vérifier que pour l’application dérivation de R[X] dans lui-même, (1) et (2) sont
fausses, (3) et (4) sont vraies.
Exercice 8. Soit M2,2 (R) l’espace vectoriel des matrices carrées à deux lignes et deux
colonnes, à coefficients réels. Pour chacune des matrices A suivantes.
! ! ! !
1 1 1 1 1 −1 −2 1
, , ,
0 0 1 1 −1 1 4 −2
Soit f l’application de M2,2 (R) dans lui-même, qui à une matrice carrée X associe
f (X) = AX.
1. Montrer que f est un endomorphisme de M2,2 (R).
2. Donner une base de Im(f ) et une base de Ker(f ).
3. Reprendre l’exercice pour l’application g qui à X associe g(X) = XA.
29
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Exercice 9. Soit M2,2 (R) l’espace vectoriel des matrices carrées à deux lignes et deux
colonnes, à coefficients réels. Pour chacun des vecteurs colonnes v suivants.
! ! ! !
0 1 0 2
, , ,
0 1 1 −1
Soit f l’application de M2,2 (R) dans M2,1 (R), qui à une matrice carrée X associe
f (X) = Xv.
1. Montrer que f est une application linéaire.
2. Donner une base de Im(f ) et une base de Ker(f ).
3. Reprendre l’exercice pour l’application g qui à X associe g(X) = tvX.
Exercice 10. Pour tout entier d > 1, on munit
l’espacevectoriel Rd [X] des polynômes
de degré 6 d en la variable X, de la base 1, X, . . . , X d . On considère les applications
f suivantes.
• f : R2 [X] −→ R0 [X] , P (X) 7−→ f (P ) = P (1).
• f : R2 [X] −→ R2 [X] , P (X) 7−→ f (P )(X) = XP 0 (X) + P (X).
• f : R2 [X] −→ R2 [X] , P (X) 7−→ f (P )(X) = XP 0 (X) − P (X).
• f : R2 [X] −→ R2 [X] , P (X) 7−→ f (P )(X) = (X 2 + 1)P 0 (X) − 2XP (X).
• f : R3 [X] −→ R1 [X] , P (X) 7−→ f (P )(X) = P (1) + (X − 1)P 0 (1).
• f : R3 [X] −→ R3 [X] , P (X) 7−→ f (P )(X) = P (X + 1) + P (X − 1) − 2P (X).
• f : R3 [X] −→ R3 [X] , P (X) 7−→ f (P )(X) = 3(X + 1)P (X) − (X + 1)2 P 0 (X).
Pour chacune de ces applications :
1. Montrer que f est une application linéaire.
2. Calculer l’image par f du polynôme (X + 2)2 .
3. Donner la matrice de f , relative aux bases canoniques.
4. Donner une base de Im(f ) et une base de Ker(f ).
5. Calculer les coordonnées du polynôme (X +2)2 dans la base de l’espace de départ,
effectuer le produit du vecteur obtenu par la matrice de f , et vérifier le calcul de
la question 2.
6. Reprendre les questions 3 et 5, en remplaçant la base canonique de Rd [X] par la
base :
1 , (1 + X) , (1 + X + X 2 ) , . . . , (1 + X + · · · + X d )
Exercice 11. On considère les équations de récurrence linéaires suivantes.
3
un+2 = un+1 + 2un un+2 = u
2 n+1
+ un
un+2 = 2un+1 − 2un un+2 = −2un+1 − un
3
un+2 = u
2 n+1
− 21 un un+2 = −un
un+2 = un+1 − un un+2 = un+1 − 2un
un+2 = 4un+1 − 4un un+2 = 4un+1 + 4un
30
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
31
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D V = x 7→ 1 , x 7→ ex , x 7→ e2x , x 7→ (1 + ex )2 .
E V = x 7→ 1 , x 7→ cos(x) , x 7→ cos(2x), x 7→ (1 + cos(x)2 ) .
Question 8. On considère l’application linéaire f , de M2,2 (R) dans R qui à une matrice
2 × 2 associe sa trace (somme des deux éléments diagonaux).
A f est injective.
B La matrice identité est élément de Ker(f ).
C f est surjective.
D Im(f ) est un espace vectoriel de dimension 3.
E Ker(f ) est un espace vectoriel de dimension 3.
32
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A p(1 + 2X + X 2 ) = 2X + X 2 .
B s(1 + 2X + X 2 ) = −1 + X 2 .
C s(1 − X) = −1 + X
D p(1 + X 2 ) = −1 − 2X + X 2 .
E p(1 − X) = 0.
A L’ensemble des suites à valeurs réelles solutions de (E) est un espace vectoriel
de dimension 2 sur R.
B (E) admet des solutions non nulles qui sont des suites périodiques.
C (E) admet des solutions non nulles
qui sont dessuites convergentes.
D (E) admet pour solution la suite Re((1 + i)2n ) .
n∈N
E (E) admet des solutions non nulles qui sont des suites à valeurs entières.
Réponses : 1–BC 2–CE 3–AC 4–AC 5–BD 6–BD 7–BE 8–CE 9–BD 10–AE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
1. Quand dit-on d’une application f entre deux espaces vectoriels E et F qu’elle est
linéaire ?
2. Définir l’image d’une application linéaire f .
3. Démontrer qu’une application linéaire f entre deux espaces vectoriels E et F est
surjective si et seulement si Im(f ) = F .
4. Définir le noyau d’une application linéaire f .
5. Démontrer qu’une application linéaire f entre deux espaces vectoriels E et F est
injective si et seulement si Ker(f ) = {0}.
Exercice 1 : On considère l’espace vectoriel R2 [X] des polynômes de degrés inférieurs
ou égaux à 2. Soit f l’application de R2 [X] dans R qui à P associe P (1).
1. Montrer que f est une application linéaire.
On note F = Ker(f ). Montrer que F est un sous-espace vectoriel de dimension 2
de R2 [X].
33
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2. Montrer que X − 1, X 2 − 1 est une base de F .
3. Soit G le sous-espace vectoriel de R2 [X], engendré par le polynôme (X 2 + 1).
Montrer que G est un sous-espace vectoriel de dimension 1 de R2 [X].
4. On note B = X − 1, X 2 − 1, X 2 + 1 . Montrer que B est une base de R2 [X].
5. Ecrire la matrice de l’application f dans la base B (au départ) et (1) (à l’arrivée).
6. Déterminer les coordonnées dans la base B des polynômes 1, X et X 2 .
7. Montrer que F et G sont supplémentaires dans R2 [X].
On note p la projection sur F parallèlement à G et s la symétrie par rapport à
F , parallèlement à G.
8. Donner la matrice de p et la matrice de s dans la base B.
9. Déterminer l’image par p et par s des polynômes 1, X et X 2 . En déduire les
matrices de p et s dans la base canonique de R2 [X].
Exercice 2 : Dans RR , on considère la famille V suivante.
V = x 7→ sin(x) , x 7→ cos(x) , x 7→ sin(2x) , x 7→ cos(2x) .
34
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∀y ∈ F , ∃x ∈ E , y = f (x) .
Donc une application linéaire f entre deux espaces vectoriels E et F est surjective
si et seulement si Im(f ) = F .
4. Le noyau d’une application linéaire f est l’ensemble des vecteurs de E dont
l’image par f est le vecteur nul de F .
n o
Ker(f ) = x ∈ E , f (x) = 0 .
5. Nous avons deux implications à démontrer. Montrons d’abord que si f est injec-
tive alors Ker(f ) = {0}.
Une application entre deux ensembles est injective si deux éléments distincts de
E n’ont jamais la même image par f . Le vecteur nul de E a pour image par f ,
le vecteur nul de F . Puisque f est injective, aucun vecteur non nul de E ne peut
avoir pour image 0. Donc Ker(f ) = {0}.
Montrons maintenant la réciproque. Supposons Ker(f ) = {0}. Soient x et y
deux éléments de E tels que f (x) = f (y). Puisque f est linéaire, f (x − y) =
f (x) − f (y) = 0. Donc x − y ∈ Ker(f ), donc x − y = 0, donc x = y.
Exercice 1 :
1. Nous devons montrer que :
bX 2 + aX − (a + b) = 0 =⇒ a = b = 0 .
35
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3. Le polynôme X 2 + 1 est non nul, il forme une famille libre, donc une base de G.
4. L’espace vectoriel R2 [X] est de dimension 3. Pour montrer que B = X − 1, X 2 −
1, X 2 + 1 est une base, il suffit de montrer que c’est une famille libre. Soient
a, b, c trois réels. Supposons que :
f (X − 1) = 0 , f (X 2 − 1) = 0 , f (X 2 + 1) = 2 .
7. Puisque B est une base, pour tout polynôme P de R2 [X], il existe un triplet
unique de réels (a, b, c) tel que :
36
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0 0 0
0 0 −1
9.
1 1 1
p(1) = p 0(X − 1) − (X 2 − 1) + (X 2 + 1) = − (X 2 − 1) ,
2 2 2
1 1 1
p(X) = p 1(X − 1) − (X 2 − 1) + (X 2 + 1) = 1(X − 1) − (X 2 − 1) ,
2 2 2
1 1 1
p(X 2 ) = p 0(X − 1) + (X 2 − 1) + (X 2 + 1) = (X 2 − 1) .
2 2 2
On en déduit la matrice de p dans la base canonique de R2 [X] :
1 −1 −1
1
0 2 0
.
2
−1 −1 1
1 1 1 1
s(1) = s 0(X − 1) − (X 2 − 1) + (X 2 + 1) = − (X 2 − 1) − (X 2 + 1) ,
2 2 2 2
1 1 1 1
s(X) = s (X − 1) − (X 2 − 1) + (X 2 + 1) = (X−1)− (X 2−1)− (X 2 +1) ,
2 2 2 2
1 1 1 1
s(X 2 ) = s 0(X − 1) + (X 2 − 1) + (X 2 + 1) = (X 2 − 1) − (X 2 + 1) .
2 2 2 2
37
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−1 −1 0
Pour montrer que V est une famille libre, nous devons montrer que si f est
l’application nulle, alors a = b = c = d = 0. Pour cela, nous choisissons des
valeurs particulières pour x :
f (0) = 0 =⇒ b+d = 0
f (π) = 0 =⇒ −b + d = 0
f (π/2) = 0 =⇒ a−d √ = 0
f (π/4) = 0 =⇒ (a + b) 2/2 + c = 0.
38
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Pour montrer que D est injective, il suffit de montrer que son noyau ne contient
que l’application nulle. En reprenant les expressions de la question précédente, si
f s’écrit :
f : x 7→ a sin(x) + b cos(x) + c sin(2x) + d cos(2x)
l’image de f par D est :
3. Nous savons qu’il existe deux réels a et b tels que pour tout n ∈ N,
1
un = √ n a cos(nπ/4) + b sin(nπ/4) .
2
En reportant les valeurs de un pour n = 0 et n = 2, on trouve a = 0 et b = 2. La
suite (un ) est donc : !
2
√ sin(nπ/4) .
( 2)n n∈N
39
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3 Compléments
3.1 Kate and William : so romantic !
C’est à Sir William Rowan Hamilton 1 (1805–1865) que vous devez le terme de
vecteur, en même temps que les quaternions. Éduqué par son oncle James, ce fut un
enfant prodige. D’après la sœur de James, à 5 ans il impressionnait les visiteurs de la
famille par sa connaissance du grec.
There was a Mr. Montgomery with the Elliots the other day ; he is a curate
and takes a certain number of boys. We were there : they had been talking a
great deal of Willy to him ; however he looked on it all as nonsense, ’til after
tea Mr. Elliot got a Greek Homer and desired Mr. Montgomery to examine
him. When he opened the book, he said, “oh this book has contractions,
Mr. Elliot, of course the child cannot read it”. “Try him, sir”, said James.
To his amazement Willy went on with the greatest ease. Mr. Montgomery
dropped the book and paced the room ; but every now and then he would
come and stare at Willy, and when he went away, he told Mr. and Mrs.
Elliot that such a thing he had never heard of and that he really was seized
with a degree of awe that made him almost afraid to look at Willy. He would
not, he said, have thought as much of it had he been a grave, quiet child ;
but to see him the whole evening acting on the most infantile manner and
then reading all these things astonished him more than he could express.
À 19 ans, encore étudiant mais déjà considéré comme le meilleur mathématicien
irlandais, il rencontre Catherine Disney.
Wonderful hour ! of my sitting, irregularly, from the very first, – beside her ;
when, without a word said of love, we gave away our lives to each other. She
was, as you know, beautiful ; I was only clever and (already) celebrated.
Malheureusement, il avait à peine déclaré sa flamme, qu’il reçut la nouvelle que Cathe-
rine devait se marier avec William Barlow, de 15 ans plus âgé qu’elle. Bien des années
plus tard, marié lui-même, il n’avait toujours pas oublié Catherine.
The same remembrance has run like a river through my life, hidden seemin-
gly for intervals, but breaking forth again with an occasional power which
terrifies me – a really frightful degree of force and vividness.
Catherine non plus n’avait pas oublié : tentative de suicide, séparation, sa vie n’avait
jamais été heureuse. Un jour de 1853, presque 30 ans après leur première rencontre,
Hamilton reçut un plumier portant l’inscription « From one you must never forget, nor
think unkindly of, and who would have died more contented if we had once more met ».
Il se précipita chez Catherine, à temps pour la revoir une dernière fois : elle mourut
deux semaines plus tard.
1. F. Ó Cairbre, William Rowan hamilton (1805–1965) : Ireland’s greatest mathematician, Ríocht
na Midhe, Vol 11, p. 124–150 (2000)
40
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Pour connaître la forme des solutions de (E), il faut résoudre l’équation caractéristique
associée :
(ECA) rd = a0 + a1 r + · · · + ad−1 rd−1 .
C’est la condition pour que (un ) = (rn ) soit solution de (E).
On démontre le résultat suivant, qui généralise le théorème 8.
Théorème 9. L’ensemble des suites complexes solution de (E) est un espace vectoriel
de dimension d sur C.
Notons r1 , . . . , rk les racines (réelles ou complexes) de l’équation caractéristique
associée (ECA) et m1 , . . . , mk leurs multiplicités. Toute solution de l’équation (E).
s’écrit :
i −1
k mX
λi,j nj (ri )n ,
X
un = (3)
i=1 j=0
(ECA) r3 = 1 + r − r2 .
Elle a pour racines 1 (racine simple) et −1 (racine double). Toute solution de l’équation
de récurrence s’écrit donc :
41
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Cette équation porte aussi le nom d’équation caractéristique associée. C’est la condition
pour que y(t) = ert soit solution de (E).
Le résultat suivant est l’analogue du théorème 9 et sa démonstration est très proche.
Théorème 10. L’ensemble des solutions (réelles ou complexes) de l’équation (E) est
un espace vectoriel de dimension d sur C.
Notons r1 , . . . , rk les racines (réelles ou complexes) de l’équation caractéristique as-
sociée (ECA) et m1 , . . . , mk leurs multiplicités. Toute solution de l’équation (E) s’écrit :
i −1
k mX
λi,j tj eri t ,
X
y(t) =
i=1 j=0
42
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43
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Remplaçons X par ai . Tous les termes Lj (ai ) s’annulent, sauf Li (ai ) qui vaut 1. Donc
P (ai ) = bi . La fonction polynôme x 7→ P (x) passe par les n points (a1 , b1 ), . . . , (an , bn ) :
elle les interpole. Par exemple pour a1 = 2, a2 = 4, a3 = 5 et b1 = 3, b2 = 2, b3 = 4,
5 2 11 32
P (X) = 3 L1 (X) + 2 L2 (X) + 3 L3 (X) = X − X+ .
6 2 3
La figure 3 représente le graphe de P (x).
Le polynôme P ainsi construit est le seul polynôme de degré 6 n − 1 qui interpole les
points (a1 , bn ), . . . , (an , bn ) : on le déduit de la proposition suivante.
Proposition 13. Les n polynômes L1 (X), . . . , Ln (X) forment une base de l’espace
vectoriel des polynômes de degré 6 n − 1.
44
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Interpolation de Lagrange
y
4.2
⊕
4.0
3.8
3.6
3.4
3.2
⊕
3.0
2.8
2.6
2.4
2.2
⊕
2.0 x
1.8
1.7 2.0 2.3 2.6 2.9 3.2 3.5 3.8 4.1 4.4 4.7 5.0 5.3
Démonstration
: Comme la dimension de l’espace est n, il suffit de montrer que la
famille L1 (X), . . . , Ln (X) est libre. Considérons une combinaison linéaire, et sup-
posons qu’elle est nulle.
45
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Dans une lettre 3 à un de ses anciens professeurs d’Auxerre devenu son ami, il fait part
avec humour de son sentiment sur les accusations portées contre son action pendant la
Terreur.
C’est donc de la terreur que j’ai inspirée. Ma foi je ne vois pas que j’en
aie fait éprouver aux êtres les plus faibles, aux femmes. Et si j’en avais cru
quelques unes, elles me paraissaient fort disposées à d’énormes sacrifices.
On ne lui connaît qu’un seul véritable ami, Jacques-Joseph Champollion. Ce dernier
avait fait venir à Grenoble son jeune frère Jean-François en 1801 : il est probable que
la passion des deux amis pour les antiquités d’Égypte, ait été à l’origine de la vocation
de Jean-François, qui découvrira le secret des hiéroglyphes en 1822.
L’expédition d’Égypte a peut-être eu une autre conséquence, qui pour être plus
indirecte, n’en est pas moins fondamentale. Fourier aurait contracté en Égypte une
fièvre ou un rhumatisme chronique, qui le rendait très sensible au froid. Arago 4 , parlant
de lui vers la fin de sa vie, dit :
Pour se dérober à de légères atteintes rhumatismales, notre confrère se
vêtait, dans la saison la plus chaude de l’année, comme ne le sont même
pas les voyageurs condamnés à hiverner au milieu des glaces polaires. On
me suppose de l’embonpoint, disait-il quelquefois en riant ; soyez assuré
qu’il y a beaucoup à rabattre de cette opinion. Si, à l’exemple des momies
égyptiennes, on me soumettait, ce dont Dieu me préserve ! à l’opération de
désemmaillottement, on ne trouverait pour résidu qu’un corps assez fluet.
Je pourrais ajouter, en choisissant aussi mon terme de comparaison sur les
bords du Nil, que dans les appartements de Fourier, toujours peu spacieux
et fortement chauffés, même en été, les courants d’air auxquels on était
exposé près des portes, ressemblaient quelquefois à ce terrible Seïmoun, à
ce vent brûlant du désert que les caravanes redoutent à l’égal de la peste.
Si la relation particulière que Fourier entretenait avec la chaleur est avérée, l’hypothèse
d’une fièvre contractée en Égypte n’est pas confirmée par le passage suivant de la lettre
qu’il écrivit à son retour.
Je viens enfin, mon cher Bonard, de terminer mon voyage en Égypte, qui
ne me laisse que le plus agréable souvenir. Je suis entré il y a quelques jours
dans le port de Toulon et je suis d’une santé aussi bonne que je puis le
désirer après d’aussi longues fatigues.
Le travail que Fourier a réalisé sur la diffusion de la chaleur entre 1804 et 1807,
se basait entre autres sur une intuition géniale : toute fonction continue peut être
approchée par des polynômes trigonométriques.
3. Lettres de Joseph Fourier Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de
l’Yonne, Vol. 12, p. 105–134 (1858)
4. F. Arago, Éloge historique de Joseph Fourier, Académie des Sciences, Paris, 1833
46
Maths en Ligne Espaces vectoriels UJF Grenoble
k=−n
Le théorème suivant n’a pas été démontré par Fourier, mais par Dirichlet.
Théorème 11. Soit f une fonction dérivable sur ]0, 2π[. Pour tout x ∈]0, 2π[,
n
ck ekix .
X
f (x) = lim
n→∞
k=−n
47
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Déterminants
Luc Rozoy, Bernard Ycart
Les déterminants sont un outil indispensable de l’algèbre linéaire, que vous avez
déjà rencontré en dimensions 2 et 3. Peu de prérequis pour ce chapitre, à part les
notions de base sur les espaces vectoriels de dimension finie, les systèmes linéaires
et le calcul matriciel. Votre objectif minimal est d’apprendre les méthodes de calcul
des déterminants ; comprendre en plus les raisonnements développés ici, ne peut que
renforcer votre culture algébrique.
2 Entraînement 25
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3 Compléments 44
3.1 Les tâtonnements de Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2 L’école japonaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.3 Les excuses de Cramer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.4 Cauchy raconte l’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.5 Le dernier honnête homme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.6 La solidité des pyramides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.7 Les déterminants de Sylvester . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.8 La condensation de Dodgson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
12 septembre 2016
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Permutations
L’ensemble Sn des permutations de l’ensemble {1, . . . , n}, muni de la composition
des applications est le premier exemple de groupe non commutatif que vous ayez ren-
contré. Vous avez besoin d’en savoir un peu plus pour manipuler des déterminants. La
notion importante de cette section est celle de signature.
Soit s ∈ Sn une bijection de {1, . . . , n} dans lui-même. Nous la noterons
!
1 2 ··· n
s=
s(1) s(2) · · · s(n)
Tant qu’il reste des éléments de {1, . . . , n} hors des orbites déjà écrites
choisir le plus petit de ces éléments
1
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
Dans l’exemple ci-dessus, on commencera donc par écrire l’orbite de 1 : [1, 9, 4, 7, 11].
Le premier élément non rangé est 2. Son orbite est [2, 5]. L’élément 3 n’a pas été rangé,
son orbite est [3]. Le plus petit élément non rangé à ce stade est 6, dont l’orbite est
[6, 12, 8, 10]. Tous les éléments ont alors été rangés, et la décomposition en orbites de s
est :
[1, 9, 4, 7, 11], [2, 5], [3], [6, 12, 8, 10]
Définition 3. Soit s ∈ Sn une permutation et
[1, . . . , sk1 −1 (1)], . . . , [ih , . . . , skh −1 (ih )]
sa décomposition en orbites. On appelle signature de la permutation s et on note ε(s) :
ε(s) = (−1)(k1 −1)+···+(kh −1) ,
où k1 , . . . , kh sont les longueurs des orbites successives dans la décomposition de s.
Toujours sur le même exemple, les longueurs des orbites successives sont 5, 2, 1, 4,
la signature est donc ε(s) = (−1)4+1+0+3 = +1.
Soyons honnêtes : sachant décomposer une permutation en orbites et en déduire sa
signature, vous en savez assez pour calculer des déterminants, ce qui après tout est
bien le but de ce chapitre. Il serait dommage de vous en tenir là, car vous perdriez le
sel algébrique du groupe des permutations. Voici le résultat principal de cette section.
Théorème 1. L’application signature, de (Sn , ◦) dans ({−1, 1}, ×) est l’unique homo-
morphisme surjectif entre ces deux groupes.
La démonstration comporte plusieurs étapes, qui sont autant de résultats intéres-
sants. D’abord, nous allons enrichir les orbites pour donner un sens plus précis à la
notion de décomposition.
Définition 4. Soit k un entier supérieur ou égal à 2, et i1 , . . . , ik k éléments tous
distincts de {1, . . . , n}. On qualifiera de cycle de longueur k et on notera (i1 , . . . , ik ) la
permutation σ telle que :
σ(i1 ) = i2 , ... , σ(ik−1 ) = ik , σ(ik ) = i1 ,
et pour tout i ∈
/ {i1 , . . . , ik }, σ(i) = i .
L’inconvénient de cette notation est que plusieurs écritures différentes peuvent dési-
gner le même cycle : (1, 2, 3) et (2, 3, 1) par exemple. Comme ci-dessus, nous convenons
d’écrire en premier le plus petit élément du cycle. Ceci permet d’associer de manière
unique un cycle à une orbite. Observez que dans la décomposition en orbites du cycle
(i1 , . . . , ik ) on trouve [i1 , . . . , ik ], et n − k points fixes. La signature du cycle (i1 , . . . , ik )
est :
ε((i1 , . . . , ik )) = (−1)k−1 .
2
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sa décomposition en orbites. Alors s est la composée des cycles déduits des orbites de
longueur > 2.
0 0
s = (i1 , . . . , sk1 −1 (1)) ◦ · · · ◦ (ih , . . . , skh −1 (ih )) , k10 , . . . , kh0 > 2 .
La vérification est immédiate. Observez que deux cycles commutent si les ensembles
d’éléments qu’ils concernent sont disjoints :
Dans une décomposition en orbites, oubliez les singletons et ne conservez que les or-
bites de longueur au moins 2, que vous transformez en cycles : si kj > 2, remplacez
[ij , . . . , skj −1 (ij )] par (ij , . . . , skj −1 (ij )). Enfin, remplacez les virgules dans l’énuméra-
tion des orbites, par le signe de composition : votre permutation s est une composée
de cycles. !
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
s =
9 5 3 7 2 12 11 10 4 6 1 8
= (1, 9, 4, 7, 11) ◦ (2, 5) ◦ (6, 12, 8, 10)
!
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
=
9 2 3 7 5 6 11 8 4 10 1 12 !
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
◦
1 5 3 4 2 6 7 8 9 10 11 12 !
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
◦
1 2 3 4 5 12 7 10 9 6 11 8
Les cycles de longueur 2 jouent un rôle particulier. On les appelle transpositions. Leur
signature vaut −1. Afin de faciliter la lecture, pour i 6= j ∈ {1, . . . , n} nous noterons
τi,j = (i, j) la transposition de i et j :
3
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ε(τ ◦ s) = −ε(s) .
4
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? 1 si h = k
Les deux orbites [1, . . . , j−1] et [j, . . . , k] sont regroupées en une seule : [1, . . . , k].
Les deux termes j − 2 et k − j dans l’exposant de la signature sont remplacés
par le terme k − 1. L’exposant de la signature est augmenté de 1, et celle-ci est
encore changée en son opposée.
Nous avons maintenant tous les outils pour démontrer le théorème 1.
Démonstration : Nous commençons par démontrer que la signature est un homomor-
phisme de groupes, de (Sn , ◦) dans ({−1, 1}, ×) :
∀s, s0 ∈ Sn , ε(s ◦ s0 ) = ε(s) × ε(s0 ) .
Soient s et s0 deux transpositions quelconques. D’après la proposition 2, s est le produit
de (k1 − 1) + · · · + (kh − 1) transpositions, où k1 , . . . , kh sont les longueurs des orbites
de s. Or d’après le lemme 1, la composée d’une transposition par une permutation
quelconque mutiplie sa signature par (−1). La composée de s0 par (k1 −1)+· · ·+(kh −1)
transpositions successives multiplie la signature par (−1)(k1 −1)+···+(kh −1) = ε(s), d’où le
résultat.
Pour terminer la démonstration du théorème 1, nous devons démontrer l’unicité.
Soit s une permutation quelconque : multiplions la transposition τ1,2 à droite par s−1
et à gauche par s : on obtient la transposition τs(1),s(2) . N’importe quelle transposition
se déduit donc de τ1,2 par une opération de ce type (on dit que les transpositions sont
toutes conjuguées). Considérons maintenant un homomorphisme de groupe ϕ de (Sn , ◦)
dans ({−1, 1}, ×). Comme ϕ est un homomorphisme de groupes,
ϕ(τs(1),s(2) ) = ϕ(s ◦ τ1,2 ◦ s−1 ) = ϕ(s)ϕ(τ1,2 )(ϕ(s))−1 = ϕ(τ1,2 ) .
Toutes les transpositions, puisqu’elles sont conjuguées, doivent avoir la même image par
ϕ. Supposons que cette image commune soit 1. Dans la mesure où toute permutation
s’écrit commme un produit de transpositions (proposition 2), on obtient φ(s) = 1
pour toute permutation s. Dans ce cas, l’homomorphisme φ est constant et donc non
surjectif. Si ϕ est supposé surjectif, alors nécessairement l’image de toute transposition
doit valoir −1. Donc ϕ coïncide avec ε sur toutes les transpositions. Mais puisque
toute permutation est produit de transpositions et que ϕ et ε sont tous les deux des
homorphismes de groupes,
∀s ∈ Sn , ϕ(s) = ε(s) .
5
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6
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Alors :
X n
Y
f (v1 , . . . , vn ) = f (e1 , . . . , en ) ε(s) as(j),j ,
s∈Sn j=1
On obtient une somme de facteurs dont chacun est calculé en choisissant l’un des termes
de la somme pour chacune des coordonnées. Un tel terme est défini par une application
de {1, . . . , n} dans lui-même :
X n
Y
f (v1 , . . . , vn ) = aϕ(j),j f (eϕ(1) , . . . , eϕ(n) ) .
ϕ∈{1,...,n}{1,...,n} j=1
Mais d’après la proposition 3, parmi les termes f (eϕ(1) , . . . , eϕ(n) ) tous ceux qui com-
portent deux fois le même vecteur sont nuls. Seuls peuvent être non nuls les termes
correspondant à une application ϕ de {1, . . . , n} dans lui-même injective. Une telle
application est nécessairement bijective : c’est une permutation.
X n
Y
f (v1 , . . . , vn ) = as(j),j f (es(1) , . . . , es(n) ) .
s∈Sn j=1
Le théorème 2 montre qu’une forme n-linéaire alternée est déterminée de façon
unique par sa valeur sur une base de E.
7
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Définition 6. On appelle :
1. déterminant dans la base B l’unique forme linéaire alternée f telle que f (B) = 1 ;
on la note detB .
2. déterminant d’une famille (v1 , . . . , vn ) de n vecteurs de Rn son déterminant dans
la base canonique de Rn ;
3. déterminant d’une matrice carrée A ∈ Mn×n (R), le déterminant de la famille
de ses vecteurs colonnes dans la base canonique de Rn .
Voici comment s’effectuent les changements de base.
Proposition 4. Soient B et B 0 deux bases de E.
detB0 = detB0 (B) detB
Commencez par vérifier que cette formule coïncide bien avec celles que vous connaissez
en dimensions 2 et 3.
x x
1 2
= x1 y 2 − x2 y 1 .
y1 y2
x x2 x3
1
y1
y2 y3 = x1 y2 z3 + x2 y3 z1 + x3 y1 z2 − z1 y2 x3 − z2 y3 x1 − z3 y1 x2 .
z1 z2 z3
La règle de Sarrus est un moyen mnémotechnique d’appliquer la formule en dimension
3 (et en dimension 3 seulement). On réécrit les deux premières lignes du déterminant
en dessous de celui-ci, puis on effectue tous les produits en diagonale. On affecte du
signe + les diagonales descendantes, du signe − les diagonales montantes, et on ajoute
le tout (figure 1). Par exemple :
1 2 3
2 −1 1
= +(−2) + (−12) + (+6) − (−9) − (−2) − (+8) = −5
3 −2 2
8
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− z1 y2 x3
x1 x2 x3 − x1 z2 y3
y1 y2 y3
− y1 x2 z3
z1 z2 z3
x1 x2 x3 + x1 y2 z3
y1 y2 y3 + y1 z2 x3
+ z1 x2 y3
À part en dimensions 2 et 3, la formule (1) ne vous sera pas très utile, et vous ne
devez surtout pas la considérer comme un algorithme de calcul : elle suppose (n−1)(n!)
multiplications et n! − 1 additions, ce qui est prohibitif. Vous devez cependant retenir
les deux conséquences suivantes.
Proposition 5. Le déterminant d’une matrice est égal à celui de sa transposée.
De plus la signature d’une permutation est égale à celle de son inverse (car ε est un
homomorphisme de groupe).
n
ε(s−1 )
X Y
|A| = ai,s−1 (i) .
s∈Sn i=1
9
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Proposition 6. Le déterminant d’une matrice triangulaire par blocs est le produit des
déterminants des blocs diagonaux.
(i > k et j 6 k) =⇒ ai,j = 0 ,
de sorte que
B1 = (ai,j )i,j=1,...,k et B2 = (ai,j )i,j=k+1,...,n .
Utilisons à nouveau la formule explicite.
X n
Y
|A| = ε(s) as(j),j .
s∈Sn j=1
Soit s ∈ Sn une permutation. Le produit nj=1 as(j),j est nul s’il existe j tel que s(j) > k
Q
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= |B1 | |B2 | .
L’application la plus fréquente de la proposition 6 concerne les matrices triangu-
laires (n blocs de taille 1 sur la diagonale) : le déterminant d’une matrice triangulaire
est le produit de ses coefficients diagonaux. Comme cas particulier, le déterminant
d’une matrice diagonale est le produit des coefficients diagonaux, et le déterminant de
la matrice identité est 1.
Vous devez également retenir les conséquences suivantes de la définition 6.
Proposition 7. Quelle que soit la base B,
1. une famille de vecteurs est liée si et seulement si son déterminant est nul ;
2. on ne modifie pas le déterminant si on ajoute à l’un des vecteurs une combinai-
son linéaire des autres.
Démonstration :
1. Soit (v1 , . . . , vn ) une famille de n vecteurs de E. Dans un espace vectoriel de
dimension n, si une famille de n vecteurs est libre, alors c’est une base. Par la
proposition 4, le déterminant de cette base dans n’importe quelle autre est non
nul. Réciproquement, si la famille est liée, alors l’un des vecteurs est combinaison
linéaire des autres. Sans perte de généralité, supposons que ce soit le dernier.
En utilisant la linéarité par rapport à la dernière coordonnée :
n−1
X n−1
X
detB (v1 , . . . , vn−1 , λi vi ) = λi detB (v1 , . . . , vn−1 , vi )
i=1 i=1
Or le déterminant d’une famille de vecteurs dont deux sont égaux est nul (pro-
position 3). La somme est donc nulle.
2. Ajoutons au dernier vecteur une combinaison linéaire des autres.
n−1
X
detB (v1 , . . . , vn−1 , vn + λi vi ) = detB (v1 , . . . , vn−1 , vn )
i=1
n−1
X
+detB (v1 , . . . , vn−1 , λi vi ) .
i=1
11
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Donc
detB0 (f (v1 ), . . . , f (vn )) = detB0 (B) detB (f (v1 ), . . . , f (vn ))
= detB0 (B) detB (f (B) detB (v1 , . . . , vn ) .
12
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Mais aussi :
detB0 (f (v1 ), . . . , f (vn )) = detB0 (f (B 0 )) detB0 (v1 , . . . , vn )
= detB0 (f (B 0 )) detB0 (B) detB (v1 , . . . , vn ) .
Il s’ensuit que
detB (f (B)) = detB0 (f (B 0 )) .
La proposition 8 permet de définir le déterminant d’un endomorphisme.
Dans le cas particulier où f est un automorphisme de E, son déterminant est non
nul (l’image par f d’une base est une base). Sa composée avec l’application réciproque
f −1 est l’identité, de déterminant 1. Donc :
1
det(f −1 ) = .
det(f )
Corollaire 2.
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2. Une matrice carrée A est inversible si et seulement si son déterminant est non
nul, et alors :
−1 1
A =
|A|
|(al(i),c(j) )i,j=1,...,k | .
Nous savons déjà qu’une famille de vecteurs est libre si et seulement si son déterminant
est non nul (proposition 7), ou bien qu’une matrice est de rang maximal si et seulement
si son déterminant est non nul (corollaire 1). Les mineurs permettent de déterminer
exactement le rang d’une matrice quand il n’est pas maximal.
Proposition 9. Soit A une matrice de taille n × n. La matrice A est de rang r < n si
et seulement si :
1. il existe un mineur d’ordre r non nul et
2. tous les mineurs d’ordre r + 1 sont nuls.
14
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Au moins un des vecteurs est combinaison linéaire des autres : sans perte de généralité,
nous pouvons supposer que c’est le dernier. Considérons un mineur d’ordre r extrait de
A, en choisissant les r colonnes de la famille considérée, et r lignes quelconques. Dans
ce mineur, la dernière colonne est combinaison linéaire des autres et donc le mineur
est nul. Ce qui précède vaut pour toute famille de r vecteurs colonnes, donc tous les
mineurs d’ordre r sont nuls.
Nous montrons ensuite la contraposée de l’implication réciproque. Si le rang de A est
supérieur ou égal à r alors il existe une famille libre de r vecteurs colonnes. Choisissons
r vecteurs colonnes formant une famille libre, et considérons la matrice n × r de ces
r vecteurs colonnes, qui est donc de rang r. Les vecteurs lignes forment une matrice
de n vecteurs de Rr . Or une matrice et sa transposée ont même rang. La famille des
n vecteurs lignes est encore de rang r. On peut donc en extraire une famille libre de
r vecteurs. Les coordonnées de ces r vecteurs forment une matrice r × r de rang r,
extraite de la matrice A. Son déterminant est un mineur de taille r et il est non nul.
Les mineurs d’ordre n − 1 jouent un rôle particulier : affectés de signes alternés, ce sont
les cofacteurs.
Définition 9. Soit A = (ai,j )i,j=1,...,n une matrice carrée. Soient i et j deux entiers
compris entre 1 et n. On appelle cofacteur d’indices i et j et on note Ai,j le produit
par (−1)i+j du mineur d’ordre n − 1 obtenu en supprimant la i-ième ligne et la j-ième
colonne de A.
Ai,j = (−1)i+j |(ah,k )h6=i,k6=j | .
La matrice des cofacteurs est appelée comatrice de A et notée Ae :
Ae = (Ai,j )i,j=1,...,n .
Une première utilisation des cofacteurs est le développement suivant une ligne ou
une colonne.
Proposition 10. Soit A = (ai,j )i,j=1,...,n une matrice carrée. Soient i et j deux entiers
compris entre 1 et n.
n
X n
X
|A| = ai,k Ai,k = ah,j Ah,j .
k=1 h=1
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diagonale par blocs : la première colonne est le vecteur (e1 ). D’après la proposition 6, le
déterminant est le produit des déterminants des deux blocs diagonaux. Le premier est
|1|. Le second est le déterminant du mineur extrait de A en supprimant la ligne h et la
colonne j. Pour tenir compte des permutations effectuées sur les lignes et colonnes, il
convient de le multiplier par (−1)h−1 (−1)j−1 = (−1)h+j : on obtient bien le cofacteur
Ah,j .
Proposition 11. Pour toute matrice A de taille n,
A tAe = tAe A = |A| In ,
où Ae est la comatrice de A, tAe sa transposée, et In la matrice identité.
Pour i = j, nous avons déjà vérifié dans la proposition précédente que ces coefficients
valent |A|. Il reste à montrer qu’ils sont nuls pour i 6= j. Nous avons vu dans la
démonstration précédente, que le cofacteur Ah,i est égal au déterminant de la matrice
n × n déduite de A en remplaçant la i-ième colonne de A par le vecteur eh , dont la
h-ième coordonnée vaut 1 et les autres sont nulles. Par la n linéarité, nh=1 Ah,i ah,j est
P
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de Ab,j .
Et pour terminer, la mauvaise nouvelle : aucun des résultats de cette section n’est
algorithmiquement utile ! Pour calculer le rang d’une matrice, il est beaucoup plus
rapide d’appliquer la méthode du pivot de Gauss (le rang est le nombre de pivots non
nuls) que de calculer les mineurs. Pour calculer l’inverse d’une matrice, la méthode du
pivot de Gauss est encore la plus efficace (et de loin !) comparée à la comatrice. Et
pour résoudre un système linéaire ? Toujours le pivot de Gauss, plutôt que les formules
de Cramer. Mais au fait quel est le meilleur algorithme pour calculer un déterminant ?
Ben justement : le pivot de Gauss.
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Le coefficient d’indices (1, 1) est non nul, il n’y a donc pas de permutations à effectuer.
Le premier pivot est p1 = 1. Voici les transformations qui annulent la première colonne
au-dessous du pivot.
1 1 0 1
L2 ← L2 − 2L1
0 −1 1 −2
L3 ← L3 − L1 0 1 −1 0
L4 ← L4 + L1 0 1 −1 −2
Le second pivot est −1. Les transformations qui annulent le bas de la seconde colonne
sont les suivantes.
1 1 0 1
0 −1 1 −2
L3 ← L3 + L2 0 0 0 −2
L4 ← L4 + L2 0 0 0 −4
Pour obtenir un troisième pivot non nul, il faut échanger les deux dernières colonnes.
1 1 1 0
0 −1 −2 1
0 0 −2 0
0 0 −4 0
1 1 1 0
0 −1 −2 1
0 0 −2 0
L4 ← L4 − 2L3 0 0 0 0
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est :
n n
! !
n
X Y
D(a1 , . . . , an ) = (−1) ai ai .
i=1 i=1
donc par ajouter toutes les colonnes à la première, puis on met ni=1 ai en facteur.
P
1 a1 a2 . . . an
1 0 a2 . . . an
n
!
1 a2 0 . . . an
X
D(a1 , . . . , an ) = ai
.. .. .
. ..
i=1
.
1 a2 . . . an 0
Ce dernier déterminant est celui d’une matrice triangulaire : il est le produit des élé-
ments de la diagonale.
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est : Y
D(a1 , . . . , an ) = (aj − ai ) .
16i<j6n
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est :
n−1
Y
D(a1 , . . . , an ) = P (θk ) ,
k=0
où P est le polynôme
P (X) = a1 + a2 X + · · · + an X n−1 ,
et les θk sont les racines n-ièmes de l’unité :
∀k = 0, . . . , n − 1 , θk = ei(2πk/n) .
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est :
D(a0 , . . . , an−1 , x) = (−1)n (xn − an−1 xn−1 − · · · − a1 x − a0 ) .
1 −x . . . . . . 0
..
. .
0 .. ..
.
+(−1)n+1 a0
.. . . .. ..
. . . .
.. .. ..
. . . −x
0 ... ... 0 1
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B
C
B
O A O A
VP
E n −→ R
(v1 , . . . , vn ) 7−→ V P (v1 , . . . , vn )
(P2) Si on multiplie un des vecteurs par un réel, le volume doit être multiplié par ce
même réel.
V P (v1 , . . . , λv, . . . , vn ) = λV P (v1 , . . . , v, . . . , vn )
(P3) Si deux des vecteurs sont identiques, alors le volume est nul.
V P (v1 , . . . , v, . . . , v, . . . , vn ) = 0 .
La propriété (P1) est facile à admettre. Pensez à deux boîtes posées l’une sur l’autre :
elles ont une face en commun et la pile forme un nouveau parallélépipède, dont le
volume est bien la somme des volumes des deux boîtes. Attention, si vous l’admettez
pour v + v 0 , vous devez l’admettre aussi pour v − v 0 ; et si on peut soustraire deux
volumes, alors un volume peut être négatif. Effectivement, le volume ici est muni d’un
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signe. La valeur absolue est la mesure au sens ordinaire, le signe traduit l’orientation
du n-uplet de vecteurs. La propriété (P2) est elle aussi assez naturelle : si vous étirez un
parallélépipède dans une direction, vous multipliez son volume. Mais surtout, elle est
(presque) une conséquence de (P1) : en effet, pour tout λ entier, puis rationnel, (P2)
se déduit de (P1). Il suffit alors de faire l’hypothèse que les applications partielles sont
continues au voisinage de 0 pour en déduire la propriété pour tout λ réel. La propriété
(P3) est aussi très naturelle : si deux des vecteurs qui engendrent le parallélépipède
sont identiques, celui-ci est « aplati », c’est-à-dire qu’il est inclus dans un hyperplan.
Étant inclus dans un sous-espace de dimension inférieure, son volume n-dimensionnel
est nul.
Maintenant, relisez la section 1.2, en particulier la définition 6 et la proposition
3. L’application V P , si elle vérifie les propriétés (P1), (P2) et (P3), est une forme
multilinéaire alternée. Si de plus V P (B) = 1, alors V P est le déterminant dans la base
B. Si (v1 , . . . , vn ) est tel que detB (v1 , . . . , vn ) est non nul, alors (v1 , . . . , vn ) est une base
de E. La valeur absolue du déterminant est le volume du parallélépipède engendré,
au sens ordinaire. Son signe est positif si la nouvelle base a la même orientation que
l’ancienne, négatif dans le cas contraire.
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. La signature de la permutation proposée est +1 : vrai ou faux et pour-
quoi ?
!
1 2 3 4 5
1.
1 3 2 4 5
!
1 2 3 4 5
2.
2 1 3 5 4
!
1 2 3 4 5
3.
2 3 4 1 5
!
1 2 3 4 5
4.
4 5 3 2 1
!
1 2 3 4 5
5.
3 5 4 1 2
!
1 2 3 4 5
6.
3 2 4 1 5
!
1 2 3 4 5
7.
3 1 4 5 2
Vrai-Faux 2. Soient v1 , v2 , v3 , v4 4 vecteurs quelconques de R4 . On note det le déter-
minant dans la base canonique de R4 . Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Si v2 = −v4 alors det(v1 , v2 , v3 , v4 ) = 0.
2. Si v3 = −2v4 alors det(v1 , v2 , v3 , v4 ) = −2.
3. det(v1 , v3 , v4 , v2 ) = −det(v1 , v2 , v3 , v4 )
4. det(v1 , 2v2 , 3v4 , 4v4 ) = 24 det(v1 , v2 , v3 , v4 )
5. det(v1 + v3 , v2 , v1 + v3 , v4 ) = 2 det(v1 , v2 , v3 , v4 )
6. det(v1 + 3v3 , v2 , v3 , v4 ) = det(v1 , v2 , v3 , v4 )
7. det(v1 + 3v3 , v2 , v3 , v4 − v2 ) = det(v1 , v2 , v3 , v4 )
8. det(3v1 + v3 , v2 , v3 , v4 − v2 ) = det(v1 , v2 , v3 , v4 )
9. det(2v1 + v3 , v2 , v3 , 2v4 − v2 ) = 4 det(v1 , v2 , v3 , v4 )
Vrai-Faux 3. Soit n un entier supérieur ou égal à 2. On considère un n-uplet de vecteurs
de Rn . Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et
pourquoi ?
1. Si on remplace l’un des vecteurs par une combinaison linéaire des autres le
déterminant est inchangé.
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2.2 Exercices
Exercice 1. Pour n = 3, puis n = 4 :
1. Écrire toutes les permutations de Sn
2. Écrire la décomposition en orbites de chaque permutation
3. En déduire une décomposition en produit de cycles, puis en produit de permu-
tations.
4. Calculer la signature.
27
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3. Soit {i, j} ∈ P une paire d’éléments de {1, . . . , n}. On dit que la paire {i, j} est
en inversion pour la permutation s si i < j et s(i) > s(j). Montrer que π(s) est
égal à +1 si le nombre de paires en inversion est pair, −1 s’il est impair.
4. Montrer que si s est une transposition, alors π(s) = −1.
5. Déduire de ce qui précède que l’application s 7−→ π(s) coïncide avec la signature.
∀i = 1, . . . , n , fs (vj ) = vs(i) .
28
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1 a b ab
a b b b
1 1 1 1
1 c b cb a a b b 1 1 a b
;
;
.
1 a d ad a a a b 1 a 1 c
1 c d cd a a a a 1 b c 0
Exercice 9. Soit n > 2 un entier, et A une matrice carrée de taille n × n dont tous
les coefficients valent ±1. Montrer que le déterminant de A est un entier divisible par
2n−1 . Indication : faire apparaître des zéros dans la première colonne.
Exercice 10. Soit n > 2 un entier et a un réel. Pour chacun des déterminants d’ordre
n suivants :
1. Calculer D2 , D3 .
2. Établir une formule de récurrence reliant Dn et Dn−1
3. En déduire l’expression de Dn en fonction de n et a.
1 a a2 . . . an−2 an−1
... ...
a 1 a an−2
.. .. .. .. .. ..
. . . . . .
Dn =
.. .. ..
a2
. . . 1 a
...
an−2 ... a 1 a
an−1 an−2 . . . . . . a 1
1 1 ... ... 1 1
−1 a 0 ... ... 0
.. ..
−1 a .
0 .
Dn = .. .
.. .. .. .. .
. . . . . .
.. .. ..
. . . a 0
0 . . . . . . 0 −1 a
29
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0 . . . . . . 0 an
a
. . .. n−1
1 .. .. . a
.. . . .. ..
0 . . . .
Dn = . .
. .
.. . .
.. 0 ..
.. ... ...
.
a a2
0 ... ... 0 1 a
Exercice 11.
1. Soient a, b, c, d quatre fonctions dérivables de R dans R. On pose :
a(x) b(x)
f (x) = .
c(x) d(x)
i=1
1. Montrer que
D C
∆= .
B A
30
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Exercice 14. Soit n un entier > 2. Soit A ∈ Mn×n (R) une matrice triangulaire. Montrer
que la comatrice Ae est aussi triangulaire.
Exercice 15. Soit n un entier > 2. Soit A ∈ Mn×n (R). On note Ae la comatrice de A.
31
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
32
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!
1 2 3 4 5 6
A
1 3 2 4 6 5
!
1 2 3 4 5 6
B
3 2 6 1 5 4
!
1 2 3 4 5 6
C
4 5 3 6 2 1
!
1 2 3 4 5 6
D
3 5 2 4 6 1
!
1 2 3 4 5 6
E
3 5 6 2 1 4
Question 2. Soient v1 , v2 , v3 , v4 4 vecteurs quelconques de R4 . On note det le détermi-
nant dans la base canonique de R4 .
A det(2v1 + 3v2 , v2 , v3 , v4 ) = 6 det(v1 , v2 , v3 , v4 )
B Si v1 + v2 = v3 + v4 alors det(v1 , v2 , v3 , v4 ) = 0
C det(2v1 + 3v2 , v2 , v3 , 2v4 − 3v3 ) = 4 det(v1 , v2 , v3 , v4 )
D det(v1 + v2 , v2 + v3 , v3 + v4 , v4 + v1 ) = 4 det(v1 , v2 , v3 , v4 )
E det(v1 + v2 , v2 − v1 , v3 + v4 , v3 − v4 ) = 2 det(v1 , v2 , v3 , v4 )
Question 3. Soit n un entier supérieur ou égal à 2. On considère un n-uplet de vecteurs
de Rn .
A Si on remplace le premier vecteur par la somme de tous les autres, le détermi-
nant est inchangé.
B Si on soustrait au dernier vecteur la somme de tous les autres, le déterminant
est inchangé.
C Si on multiplie par 3 chacun des vecteurs, le déterminant est multiplié par 3.
D Si on ajoute au dernier vecteur la somme de tous les vecteurs, le déterminant
est inchangé.
E Si on soustrait au premier vecteur la somme de tous les vecteurs, le déterminant
s’annule.
Question 4. Soit A une matrice carrée de taille n × n (n > 2).
A |tA| = (−1)n |A|
B Si A est triangulaire par blocs, son déterminant est le produit des coefficients
diagonaux.
C Si on ajoute à la première ligne de A la somme de toutes les autres, le déter-
minant est inchangé.
D Si une des lignes de A est combinaison linéaire des autres, alors |A| = 0.
E Si on ajoute à la première ligne le double de la seconde, le déterminant est
doublé.
Question 5. Soient r et n deux entiers tels que 1 6 r < n. Soit A une matrice carrée
de taille n × n.
33
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C En remplaçant
la troisième ligne par la première moins la troisième :
1 2 1
D = 0 3 2
0 0 1
2 1 1
D En permutant les colonnes : D = − 3 2 0
2 0 1
E Par la règle de Sarrus : D = 0 + 0 + 4 − 3 − 4 + 0
Question 7. On considère le système linéaire
x+ 2y+ z = 2
3y+ 2z = 3
x+ 2y = 1
On note D le déterminant
du système.
2 2 1
1
A x = 3 3 2
D
1 2 0
2 1 1
1
B y=− 3 0 2
D
1 1 0
1 2 2
1
C z = − 0 3 3
D
1 2 1
2 2 1
1
D x = 0 0 1
D
0 1 0
34
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1 2 1
1
E y= 0 3 2
D
0 1 1
Question 8. Soit A = (ai,j )i,j=1,...,n une matrice de taille n × n (n > 2). Pour i, j ∈
{1, . . . , n}, on note Ai,j le cofacteur d’indices i et j.
n
X
A Si i 6= j alors ai,k Ak,j = 0
k=1
n
X
B Ai,k ak,i = |A|
k=1
n
X
C Si i 6= j alors Ai,k aj,k = 0
k=1
n
X
D ai,k Ai,k = |A|
k=1
n
X
E Si i 6= j alors ak,i Ai,k = 0
k=1
a b b
Question 9. Soit a et b deux réels. On considère le déterminant D = b a b .
b b a
A D est un polynôme de degré 3 en b
B D est nul si et seulement si a = b
C Si a = 2b, alors D = 0
D D = (a + 2b)(a − b)
E D est multiple de (a − b)2 .
1 1 1
Question 10. Soient a, b, c trois réels. On considère le déterminant D = a b c .
a2 b 2 c 2
A D est un polynôme de degré 2 en a
B Si a = −b alors D = 0
C Si a = 1 alors D = 0
D a2 − b2 divise D
E D = (a − b)(b − c)(c − a)
Réponses : 1–AD 2–BC 3–BE 4–CD 5–AD 6–BE 7–AB 2–AE 9–CD 10–AE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
35
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le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soit n un entier et A = (ai,j )i,j=1,...,n une matrice de taille n×n.
1. Donner l’expression du déterminant de A en fonction de ses coefficients.
2. Démontrer que le déterminant de la transposée de A est égal au déterminant de
A.
3. Donner la définition des cofacteurs de A.
4. Soit r un entier tel que 1 6 r < n. Démontrer que si le rang de A est strictement
inférieur à r alors tous les mineurs d’ordre r de A sont nuls.
5. Démontrer que si le rang de A est supérieur ou égal à r alors il existe un mineur
d’ordre r non nul.
Exercice 1 : Soit n > 2 un entier. Soient a, b, x1 , . . . , xn des réels. On note A la matrice
de taille n × n dont la diagonale est (x1 , . . . , xn ), les termes au-dessus sont tous égaux
à a, les termes au-dessous tous égaux à b.
x1 a ... ... a
. ..
x2 . .
b .
A=
.. .. .. .. ..
.
. . . . .
.. ... ...
. a
b . . . . . . b xn
bP (a) − aP (b)
det(A) = ,
b−a
où P désigne le polynôme P (X) = (x1 − X) . . . (xn − X).
5. En déduire que pour a = b, det(A) = P (a) − aP 0 (a).
Exercice 2 : Soit n > 1 un entier. Soient (a1 , . . . , an ) et (b1 , . . . , bn ) deux éléments de
Cn tels que
∀i, j = 1, . . . , n , ai + bj 6= 0 .
36
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1. Montrer que si
∃i 6= j , ai = aj ou bi = bj ,
alors Dn = 0.
2. Montrer que
an +b1 an +b2 an +bn
a1 +b1 a1 +b2
... ... a1 +bn
an +b1 an +b2 an +bn
a2 +b1 a2 +b2
... ... a2 +bn
1
Dn =
.. .. ..
(an + b1 ) · · · (an + bn ) . . .
an +b1 an +b2 an +bn
an−1 +b1 an−1 +b2
... ... an−1 +bn
1 1 ... ... 1
3. Montrer que
an −a1 an −a1 an −a1
a1 +b1 a1 +b2
... ... a1 +bn
an −a2 an −a2 an −a2
a2 +b1 a2 +b2
... ... a2 +bn
1
Dn =
.. .. ..
(an + b1 ) · · · (an + bn ) . . .
a −a an −an−1 an −an−1
n n−1 ... ...
an−1 +b1 an−1 +b2 an−1 +bn
1 1 ... ... 1
4. Montrer que
1 1 1
a1 +b1 a1 +b2
... ... a1 +bn
1 1 1
a2 +b1 a2 +b2
... ... a2 +bn
(an − a1 ) · · · (an − an−1 )
Dn = .. .. ..
(an + b1 ) · · · (an + bn ) . . .
1 1 1
an−1 +b1 an−1 +b2
... ... an−1 +bn
1 1 ... ... 1
37
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5. Montrer que
(an − a1 ) · · · (an − an−1 )
Dn = ×
(an + b1 ) · · · (an + bn )
bn −b1 bn −b2 bn −bn−1 1
(a1 +b1 )(a1 +bn ) (a1 +b2 )(a1 +bn )
... (a1 +bn−1 )(a1 +bn ) a1 +bn
bn −b1 bn −b2 bn −bn−1 1
(a2 +b1 )(a2 +bn ) (a2 +b2 )(a2 +bn )
... (a2 +bn−1 )(a2 +bn ) a2 +bn
.. .. ..
. . .
bn −bn−1
b −b1 bn −b2 1
(an−1 +bn1 )(an−1
+bn ) (an−1 +b2 )(an−1 +bn )
... (an−1 +bn−1 )(an−1 +bn ) an−1 +bn
0 0 ... 0 1
6. Montrer que
7. En déduire que Y
(ai − aj )(bj − bi )
16i<j6n
Dn = Y .
(ai + bj )
16i,j6n
38
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De plus la signature d’une permutation est égale à celle de son inverse (car ε est
un homomorphisme de groupe).
n
−1
X Y
|A| = ε(s ) ai,s−1 (i) .
s∈Sn i=1
39
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La somme des éléments de chaque ligne est égale à x + (n − 1)a. Ajoutons les
colonnes d’indices 2 à n à la première, et mettons x + (n − 1)a en facteur.
1 a . . . . . . a
..
.
1 x ..
.
D=
(x + (n − 1)a) .. . . . . .. .
. a . . .
.. .. . . . .
. . . . a
1 a ... a x
Soustrayons alors la première ligne de chacune des autres.
1 a ... ... a
0 x−a 0 ... 0
.. .. .. .. ..
D= (x + (n − 1)a)
. . . . .
.
.. .. ..
. . . 0
0 ... ... 0 x−a
où les Bi,j sont des cofacteurs extraits des lignes 2 à n, qui ne contiennent donc
pas X. D’où le résultat.
3. Les matrices A − aJ et A − bJ sont diagonales. Leur déterminant est le produit
des coefficients diagonaux.
n
Y n
Y
det(A − aJ) = (xi − a) et det(A − bJ) = (xi − b) .
i=1 i=1
40
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bP (a) − aP (b)
β = det(A) = ,
b−a
5. Pour a, x1 , . . . , xn fixés, la fonction qui à b associe det(A) est une fonction poly-
nomiale, donc continue. Sa valeur en b = a est la limite de l’expression trouvée
à question précédente lorsque b tend vers a.
bP (a) − aP (b) (b − a)P (a) − a(P (b) − P (a))
lim = lim = P (a) − aP 0 (a) .
b→a b−a b→a b−a
Exercice 2 :
1. Si ai = aj , les deux lignes d’indices i et j sont identiques, donc le déterminant
est nul. De même, si bi = bj , les deux colonnes d’indices i et j sont identiques
et le déterminant est nul.
2. Si on multiplie la j-ième colonne du déterminant par an + bj , le déterminant est
multiplié par an + bj , ce qui donne le résultat annoncé.
3. Le coefficient d’indices (i, j) trouvé à la question précédente est :
an + b j an − ai + ai + bj an − ai
= = +1.
ai + b j ai + b j ai + b j
On vérifie donc le résultat annoncé en soustrayant la dernière ligne aux précé-
dentes.
4. Dans le déterminant de la question précédente, on peut mettre en facteur (an −
ai ) dans tous les termes de la i-ième ligne, ce qui conduit au résultat demandé.
5. Dans le déterminant de la question précédente, soustrayons la dernière colonne
à chacune des précédentes. Pour i, j = 1, . . . , n − 1, le terme d’indices (i, j)
devient :
1 1 ai + b n − ai − b j bn − bj
− = = ,
ai + b j ai + b n (ai + bj )(ai + bn ) (ai + bj )(ai + bn )
d’où le résultat.
41
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soit Y
(ai − aj )(bj − bi )
16i<j6n
Dn = Y .
(ai + bj )
16i,j6n
42
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43
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3 Compléments
3.1 Les tâtonnements de Leibniz
S’il y a bien un fil directeur dans l’œuvre foisonnante de Leibniz (1646–1716), c’est
son souci constant d’améliorer l’« art d’inventer ». Pour lui, il convient avant tout de
désencombrer l’esprit du savant de tout ce qui peut être automatisé. D’où en particulier
les recherches que Leibniz mènera toute sa vie sur les calculateurs mécaniques. En
outre, Leibniz était parfaitement conscient de l’importance d’un choix judicieux de
notations, permettant d’automatiser les calculs avec des symboles. Il appelle cela l’« art
caractéristique », (du choix des caractères), lui-même soumis à l’art combinatoire (de
combiner ces caractères) 1 . Ce thème était déjà présent dès sa thèse, écrite en 1666
à l’âge de 20 ans : il y inventait un « alphabet de la pensée humaine ». Ce souci
d’automatiser les procédures par un choix de notations judicieux l’a conduit pour le
calcul différentiel, à définir celles que vous utilisez encore. Le même souci préside encore
à ses travaux sur la résolution de systèmes linéaires, et la détermination de solutions
communes aux équations algébriques. C’est ainsi qu’il est amené au fil des années à
développer les déterminants. Il n’est pas l’auteur de la théorie complète, mais plutôt
d’un ensemble de règles empiriques non démontrées, qui préfigurent néanmoins les
propriétés que vous avez apprises dans ce chapitre. D’ailleurs il n’existe pas de traité
publié par Leibniz sur les déterminants. Seulement un corpus de manuscrits et de lettres
en latin, adressées à quelques uns de ses 1100 correspondants recensés. Pourquoi un
tel intérêt pour les systèmes linéaires ? Leibniz pensait que n’importe quelle résolution
d’équation (algébrique, différentielle ou autre) pouvait se ramener à la résolution d’un
système linéaire. Au vu des méthodes numériques développées depuis deux siècles,
c’était singulièrement prémonitoire !
Dans le cadre de son « art caractéristique », Leibniz inventa plus cinquante manières
d’utiliser des nombres fictifs ; deux seulement furent publiées. Voici une de ses façons
d’écrire une équation linéaire quelconque :
10 + 11x + 12y = 0 .
44
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C’était trop optimiste. Son heuristique ne se généralise pas encore. Prudent, il écrit :
Ce théorème méritait d’être démontré exactement, ce qui se ferait par cette
subtile analyse-là qui prescrit les lois au calcul même sans calcul.
Voici la règle des signes en 1683.
Soit un terme quelconque positif ou négatif : les termes qui se distinguent
de ce terme par un nombre pair de coefficients sont affectés du signe opposé.
Ceux qui se distinguent par un nombre impair de coefficients sont affectés
du même signe.
Encore une autre, la même année :
Les membres qui n’ont qu’un seul coefficient commun ou un nombre impair
de tels coefficients ont des signes opposés. Ceux qui ont deux ou un nombre
pair de coefficients communs ont le même signe.
Ce n’est toujours pas ça : Leibniz essaie de deviner le résultat en décortiquant les
systèmes 2 × 2 et 3 × 3 qu’il résoud, mais la généralisation n’est pas évidente. Petit à
petit, il parvient à dégager la notion de permutation des indices.
Les permutations des indices droits ont le même signe si elles résultent
l’une de l’autre par un changement cyclique. Les autres permutations ont
un signe opposé.
Enfin en 1684, il tient son succès.
Dans cette tentative, j’ai résolu le problème tandis qu’auparavant j’avais
toujours essuyé un échec. Voici un exemple insigne de l’art combinatoire.
La règle qu’il énonce alors est bien la bonne :
Deux termes qui se distinguent l’un de l’autre seulement par un nombre
impair de transpositions des indices gauches ou droits ont des signes oppo-
sés. Ceux qui se distinguent l’un de l’autre par un nombre pair ont le même
signe.
S’il a fallu autant de temps à Leibniz pour comprendre comment développer un déter-
minant, peut-être n’est-ce pas si évident ?
45
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simultanées. Le premier déterminant a été écrit au Japon par Seki Takakazu (ou Seki
Kowa) (1642–1708) 2 3 . L’ouvrage dans lequel la notion apparaît est daté de 1683, mais il
est probable que son auteur travaillait sur les problèmes d’élimination depuis plusieurs
années. Ce que d’autres ne manquaient pas de lui reprocher.
Il existe aujourd’hui dans notre pays, des mathématiciens qui connaissent
« l’égalisation » mais qui, par goût du secret ou par réelle ignorance, nul ne
sait, ne la révèlent pas. Si bien que nous ne la trouvons dans aucun livre.
Celle-ci va être divulguée par l’école de Nakanishi pour apaiser les esprits.
Désormais les trésors de la résolution des problèmes de mathématiques se
trouveront réunis dans le seul Recueil d’égalisations.
Un des élèves de Takakazu se charge de riposter.
Ces temps derniers, des mathématiciens de la capitale et de la province se
sont mis, soit par ignorance de la subtilité des procédures de Seki, soit parce
qu’ils suspectent ce dernier de camoufler son ignorance des procédures, à le
mettre à l’essai en lui soumettant des problèmes de même nature [que ceux
de Sawagushi] ou à l’accuser de s’être trompé dans les procédures, dévoilant
ainsi leur propre incompétence.
Mais la meilleure manière de répondre est encore de publier.
Déplorant que, parmi le très grand nombre d’ouvrages chinois et japonais
consacrés aux mathématiques, il n’y en ait aucun qui ait pénétré le sens
profond du shakusa, les trois samourai [Seki et les deux frères Takebe]
tinrent conseil, puis, à partir de l’été de la troisième année de Tenna [1683],
se mirent à rédiger sous la conduite de Katahiro l’essentiel des nouveaux
résultats que chacun avait obtenus, firent le point sur les méthodes léguées,
anciennes et récentes ; le tout fut rassemblé au milieu des années Genroku
[1688-1703]. Il y avait au total douze livres, auxquels le nom de Sanpô taisei
[traité accompli de mathématiques] fut donné et que [Katahiro] commença
à mettre au propre.
Seki Takakazu a été la figure de proue des mathématiques japonaises de l’époque Edo,
et ses connaissances attiraient de nombreux disciples.
Jeune homme (à l’âge de seize ans), il [Kataaki] se tourna avec son frère
cadet Katahiro vers les mathématiques. Ils avaient abordé cet art avec une
grande détermination et s’étaient plongés dans les ouvrages chinois et japo-
nais ; et, bien qu’ils en eussent éclairci le contenu, ils ne parvenaient pas à
saisir le principe (ri) des résolutions de problèmes (kainan). Ils entendirent
à cette époque que les mathématiques de Seki Shinzuke Takakazu (vas-
sal du seigneur de Kôfu, Tsunashige) dépassaient de loin ce qui se faisait
2. A. Horiuchi : Les mathématiques japonaises à l’époque d’Edo 1600-1868 Librairie Philosophique
Vrin (1994)
3. Y. Mikami : On the Japanese theory of determinants, Isis, 2(1), pp. 9–36 (1914)
46
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
47
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
davantage. Je puis dire aux uns, que je ne crois pas avoir placé un seul
Exemple sans quelque raison particulière ; & j’ose assurer les autres que je
ne pense pas qu’ils trouvent dans les Règles aucune difficulté qui ne soit
éclaircie par quelque Exemple.
48
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
49
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
α
désignera de quelle équation est pris le coëfficient a, & le second désignera
le rang que tient ce coëfficient dans l’équation, comme on le verra ci-après.
Je suppose encore le système suivant d’abréviations, & que l’on fasse
α β α β α β
=a·b−b·a
a b
α β γ α β γ α β γ α β γ
=a· +b· +c·
a b c b c c a a b
α β γ δ α β γ δ α β γ δ α β γ δ α β γ δ
=a· −b· +c· −d·
a b c d b c d c d a d a b a b c
[. . . ]
. . . Inutile d’en reproduire plus, vous aurez compris d’une part que Vandermonde est
bien décidé à traiter par sa notation des déterminants tout à fait généraux, d’autre part
que ce ne sera pas de la tarte de comprendre ce qu’il veut dire. De fait, une fois franchi
l’obstacle des notations, le mémoire contient bien une définition des déterminants par
récurrence, et l’énoncé de leurs principales propriétés, . . . mais pas le déterminant de
Vandermonde. Du moins en apparence.
Voici comment Cauchy, dans son mémoire de 1815, présente les déterminants.
Soient a1 , a2 , . . . , an plusieurs quantités différentes en nombre égal à n. On
a fait voir ci-dessus que, en multipliant le produit de ces quantités ou
a1 a2 a3 . . . an
50
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tandis que
a1 a2 a3
b1 b2 b3 = a1 b2 c3 + b1 c2 a3 + c1 a2 b3 − c1 b2 a3 − a1 c2 b3 − b1 a2 a3 .
c1 c2 c3
Cauchy utilise abondamment cette méthode pour démontrer les propriétés des déter-
minants, et la préconise comme méthode de calcul, dans son cours d’Analyse de l’École
Polytechnique. L’algèbre linéaire étant encore inconnue, il fallait bien se débrouiller
autrement ! Loin d’être un exemple particulier (comme nous vous l’avons présenté), le
déterminant de Vandermonde était donc un moyen commode d’écrire les déterminants
généraux et d’étudier leurs propriétés. Vandermonde en était-il conscient ? Voici ce qu’il
dit dans son mémoire sur l’élimination (c’est nous qui soulignons).
Ceux qui ont connaissance des symboles abrégés que j’ai nommés types
partiels de combinaison dans mon Mémoire sur la résolution des équations,
reconnaîtront ici la formation du type partiel dépendant du second degré,
51
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
pour un nombre quelconque de lettres ; ils verront sans peine qu’en prenant
ici nos α, β, γ, δ, &c. par exemple, pour des exposants, tous les termes
de même signe, dans le développement de l’une de nos abréviations ; se-
ront aussi le développement du type partiel dépendant du second degré,
& formé d’un pareil nombre de lettres ; ce que démontrent nos opérations
précédentes.
Le Mémoire sur la résolution des équations, publié l’année précédente, a été lu à l’aca-
démie en novembre 1770, soit 2 mois seulement avant celui sur l’élimination. Vander-
monde y introduit une classification des fonctions symétriques, qu’il appelle « types
partiels ». Or que trouve-t-on à la page 4 de ce mémoire, à l’occasion d’un exemple ?
« Or (a2 b + b2 c + c2 a − a2 c − b2 a − c2 b), qui égale (a − b)(a − c)(b − c) a pour carré. . . ».
Au vu des textes, les conclusions suivantes nous semblent s’imposer.
1. Il n’y aucune méprise due à la convention d’écriture des indices ; il a au contraire
une méthode reconnue comme telle, consistant à échanger le rôle des indices et
des exposants, afin de tirer parti de la factorisation du déterminant de Vander-
monde. Cauchy en fait un usage important, tant dans son mémoire de 1812, que
dans son cours d’analyse de l’école Polytechnique de 1821.
2. Vandermonde était parfaitement conscient de cette méthode, puisqu’il le dit
explicitement dans le mémoire sur l’élimination, et qu’il donne la factorisation
dans le mémoire sur la résolution des équations.
3. Même si Cauchy a véritablement développé la théorie, et tiré toutes les consé-
quences de la méthode, il est juste de donner le nom de Vandermonde à la fois
au déterminant et à la méthode.
52
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
P = a0 + a1 X + · · · + an X n et Q = b0 + b1 X + · · · + bm X m .
5. J. Hecht : Un exemple de multidisciplinarité : Alexandre Vandermonde (1735–1796), Population,
4, pp. 641–676 (1971)
53
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
Quelle condition doivent satisfaire les coefficients pour que P et Q aient une racine
commune ? Commençons par former la matrice de Sylvester, S(P, Q), en écrivant m+n
colonnes obtenues en répétant de façon décalée les deux vecteurs de coefficients. Pour
n = 2 et m = 3 :
a0 0 0 b 0 0 0 0
a1 a0 0 b 1 b 0 0 0
a a a b b b
2 1 0 2 1 0 0
S(P, Q) =
0 a2 a1 b 3 b 2 b 1 b 0
0 0 a 2 0 b 3 b 2 b 1
0 0 0 0 0 b3 b2
0 0 0 0 0 0 b3
Théorème 4. Le degré du pgcd de P et Q et le rang de la matrice S(P, Q) sont liés
par :
deg pgcd(P, Q) = n + m − rang S(P, Q) .
Vous pouvez démontrer vous-mêmes ce résultat : il suffit de comprendre quel est
le rapport entre l’arithmétique des polynômes et le noyau de la matrice de Sylvester.
Notons R le pgcd de P et Q et supposons qu’il soit de degré supérieur ou égal à 1.
Notons A et B les quotients de P et Q par R : ils sont tels que P = AR et Q = BR,
donc BP − AQ = 0. Les polynômes A et B sont de degrés au plus n − 1 et m − 1.
Écrivons :
54
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
him, and when they do so, he will [. . . ] commit some sort of blunder, and
compromise his dignity in some way. I reckon our London cockney knows
about as much about Virginian manners and character as a horse would
about differential calculus.
Effectivement, la provocation des étudiants et la gaffe de Sylvester ne s’étaient pas
faites attendre.
The cause of his sudden abandonment of the University of Virginia is often
related by the Rev. R.L. Dabney, as follows : In Sylvester’s class were a
pair of brothers, stupid and excruciatingly pompous. When Sylvester poin-
ted out the blunders made in a recitation by the younger of the pair, this
individual felt his honor and family pride aggrieved, and sent word to Pro-
fessor Sylvester that he must apologize or be chastised.
Sylvester bought a sword-cane, which he was carrying when way-laid by
the brothers, the younger armed with a heavy bludgeon.
An intimate friend of Dr. Dabney’s happened to be approaching at the mo-
ment of the encounter. The younger brother stepped up in front of Professor
Sylvester and demanded an instant and humble apology.
Almost immediately he struck at Sylvester, knocking off his hat, and then
delivered with his heavy bludgeon a crushing blow upon Sylvester’s bare
head.
Sylvester drew his sword-cane and lunged straight at him, striking him
just over the heart. With a despairing howl, the student fell back into his
brother’s arms screaming out, “I am killed ! !” “He has killed me !” Sylvester
was urged away from the spot by Dr. Dabney’s friend, and without even
waiting to collect his books, he left for New York, and took ship back to
England.
Meanwhile, a surgeon was summoned to the student, who was lividly pale,
bathed in cold sweat, in complete collapse, seemingly dying, whispering his
last prayers. The surgeon tore open his vest, cut open his shirt, and at once
declared him not in the least injured. The fine point of the sword-cane had
struck a rib fair, and caught against it, not penetrating.
When assured that the wound was not much more than a mosquito-bite,
the dying man arose, adjusted his shirt, buttoned his vest, and walked off,
though still trembling from the nervous shock.
55
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
1. former tous les déterminants 2 × 2 possibles avec des termes contigus, que l’on
place dans un déterminant de taille (n−1) × (n−1),
2. répéter l’opération de manière à obtenir un déterminant de taille (n−2) × (n−2),
disons C = |ci,j |i,j=1,...,n−2 ,
3. diviser chaque terme ci,j par le terme ai+1,j+1 du déterminant initial.
On itère ensuite jusqu’à atteindre la taille 1 × 1, et diviser par le terme central du
déterminant 3 × 3 obtenu antérieurement : le résultat est le déterminant cherché. Vous
n’êtes pas convaincu que l’algorithme fait bien ce qui est annoncé ? Il n’est peut-être
pas utile de s’acharner à en savoir plus : il faut bien avouer qu’il n’a aucun intérêt ni
pour le calcul à la main, ni pour l’implémentation sur machine. Le nombre d’opérations,
certes plus réduit que pour le développement par lignes, reste très supérieur à celui de
la méthode du pivot de Gauss.
Charles Dodgson (1832–1898) a publié cette méthode en 1866 sous le titre « Conden-
sation of Determinants, Being a New and Brief Method for Computing their Arithme-
tical Values ». Pas plus que sa méthode, il n’a laissé de souvenir impérissable, ni comme
enseignant (il était professeur au Christ Church College d’Oxford mais avait des pro-
blèmes d’élocution), ni comme mathématicien.
An inveterate publisher of triffles [who] was forever putting up pamphlets,
papers, broadsheets, and books on mathematical topics [that] earned him no
reputation beyond that of a crochety, if sometimes amusing controversialist,
a compiler of puzzles and curiosities, and a busy yet ineffective reformer on
elementary points of computation and instructional methods. In the higher
reaches of the subject he made no mark at all, and has left none since.
Voilà ce qui s’appelle habiller quelqu’un pour l’hiver. N’y a-t-il vraiment rien d’autre
pour le sauver ? La religion ? Il n’alla pas jusqu’à être ordonné prêtre, mais il fut tout de
même diacre et il prononçait régulièrement des sermons et servait des offices religieux.
Ou bien la photographie ? Il laissa une collection de 3000 clichés. Rien de tout cela
ne suffit à expliquer pourquoi Charles L. Dodgson est plus célèbre que n’importe quel
autre mathématicien.
Vous le connaissez sous le pseudonyme de Lewis Carroll : « Alice in Wonderland »
est paru en 1865, un an avant la méthode de condensation. Profitons en pour tordre
le cou une fois de plus à une rumeur tenace, qui a commencé à circuler peu après. La
voici reprise dans une biographie datant de 1910.
A funny tale is told about Queen Victoria. It seems that Lewis Carroll sent
the second presentation copy of “Alice in Wonderland” to Princess Beatrice,
the Queen’s youngest daughter. Her mother was so pleased with the book
that she asked to have the author’s other works sent to her, and we can
imagine her surprise when she received a large package of learned treatises
by the mathematical lecturer of Christ Church College.
56
Maths en Ligne Déterminants UJF Grenoble
57
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Ceci est votre premier pas vers l’analyse spectrale qui vous accompagnera, dans ses
diverses généralisations, tout au long de vos études de mathématiques. Votre objec-
tif minimal est d’apprendre à diagonaliser les matrices carrées lorsque c’est possible,
et c’est déjà un enjeu majeur pour une foule d’applications, de la physique à l’infor-
matique, en passant par la statistique et l’analyse numérique. Vous aurez besoin des
espaces vectoriels de dimension finie, systèmes linéaires, calcul matriciel et détermi-
nants.
2 Entraînement 39
2.1 Vrai ou Faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3 Compléments 65
3.1 Tout à l’envers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.2 Racines lambdaïques ou latentes ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3 Le théorème de Perron-Frobenius . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.4 Jordan contre Kronecker . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
16 mai 2014
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Matrices diagonalisables
Toutes les matrices considérées sont des matrices carrées à n lignes et n colonnes,
à coefficients dans R ou C. Les vecteurs sont identifiés à des matrices à n lignes et 1
colonne.
Une matrice A = (ai,j )i,j=1,...,n est diagonale si tous ses coefficients en dehors de la
diagonale sont nuls.
∀i 6= j , ai,j = 0 .
Elle est donc de la forme :
λ1 0 ... ... 0
... ..
0 λ2 .
.. ... ...
.
A=
.. .. ..
. . .
.. ..
. . λn−1 0
0 ... ... 0 λn
Pour comprendre le rôle des coefficients diagonaux, supposons tout d’abord qu’ils sont
tous égaux à λ. Dans ce cas, A est proportionnelle à la matrice identité : A = λI. Pour
tout vecteur x de Rn , le vecteur Ax est proportionnel à x : Ax = λx. Multiplier le
vecteur x par la matrice A revient à le multiplier par le facteur λ. Géométriquement,
c’est effectuer une homothétie de rapport λ.
Supposons maintenant que les coefficients diagonaux soient quelconques. Considérons
une base (e1 , . . . , en ) de Rn , et examinons l’endomorphisme f de Rn , de matrice A dans
cette base. Dire que A est diagonale, c’est dire que l’image du vecteur ei de la base est
λi ei . Si on restreint f à la direction ei , f est une homothétie de rapport λi . Si x est un
vecteur quelconque de Rn , x s’écrit xi ei . Son image par f est :
P
n
X n
X
f (x) = xi f (ei ) = xi λi ei .
i=1 i=1
Les matrices diagonales sont particulièrement simples à manipuler. Voici les pro-
priétés principales :
• Le déterminant d’une matrice diagonale est le produit des coefficients diagonaux.
|A| = λ1 . . . λn .
• Multiplier à gauche par une matrice diagonale revient à multiplier la i-ième ligne
par λi : si B = (bi,j ) est une matrice quelconque, alors
AB = (λi bi,j )i,j=1,...,d .
1
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
• Multiplier à droite par une matrice diagonale revient à multiplier la j-ième co-
lonne par λj : si B = (bi,j ) est une matrice quelconque, alors
BA = (bi,j λj )i,j=1,...,d .
• Si tous les coefficients diagonaux sont non nuls, la matrice est inversible :
−1 1
0 ... 0
λ1 0 ... 0 λ
.. .. . 1 .. .. ..
. ..
0 . 0 . . .
=
.. .. .. .
. .. ..
. . . 0
. . . 0
1
0 . . . 0 λn 0 ... 0 λn
Pour une matrice A quelconque, les calculs se simplifient à partir du moment où elle est
semblable à une matrice diagonale. Deux matrices A et D sont semblables, lorsqu’elles
représentent le même endomorphisme dans deux bases différentes, ou encore, quand il
existe une matrice de passage P telle que P −1 AP = D. Par exemple :
1 1 1
0 1 1 1 −1 0 1 0 0
2 2 2
− 12 1 1
− 21 3
− 21
2 2
2
1 0 1
0 −1 0
=
− 12 1
− 12 3
− 32 1
0 1 −1 0 0 2
| {z2 }| 2
{z 2
} | {z } | {z }
P −1 A P D
Définition 1. Une matrice A est dite diagonalisable si elle est semblable à une matrice
diagonale.
L’objectif des deux premières sections de ce chapitre est d’apprendre à diagonaliser
une matrice, quand c’est possible.
2
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
P −1 AP = D ⇐⇒ A = P DP −1 .
Avi = λi vi ⇐⇒ (A − λi I)vi = 0 ,
Av = λv ⇐⇒ (A − λI)v = 0 .
|A − λI| = 0 .
D’après la forme développée d’un déterminant, PA (X) est une somme de produits
des termes de la matrice. Chaque produit est constitué de n facteurs qui sont des
termes pris dans des lignes et des colonnes différentes. Le terme de plus haut degré
3
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
PA (X) est donc de degré n : son terme de plus haut degré est (−1)n X n . Tant que nous
y sommes, observons que le terme constant de PA (X) est le déterminant de A ; c’est
aussi le produit des valeurs propres (comptées avec leurs multiplicités). Le coefficient
du terme de degré X n−1 dans PA (X) est la somme des termes diagonaux, que l’on
appelle la trace de la matrice A ; c’est aussi la somme des valeurs propres (toujours
comptées avec leurs multiplicités).
Comme les valeurs propres sont racines du polynôme caractéristique, une matrice de
dimensions n × n admet au plus n valeurs propres distinctes. Pour qu’une matrice soit
diagonalisable, il faut déjà que son polynôme caractéristique admette effectivement
n racines (comptées avec leurs ordres de multiplicité), donc qu’il soit scindé. C’est
toujours le cas dans C, pas toujours dans R.
Si λ est une valeur propre, l’ensemble des vecteurs v tels que (A−λI)v = 0, est un sous-
espace vectoriel. Par définition, il contient le vecteur nul, et tous les vecteurs propres
de A associés à λ. On l’appelle le « sous-espace propre » associé à λ.
Définition 5. Soit λ une valeur propre, on appelle sous-espace propre associé à λ
l’espace vectoriel
{ v ∈ Rn , Av = λv } = Ker(A − λI) .
Théorème 1. Soit A une matrice, dont le polynôme caractéristique PA (λ) est scindé.
Soient λ1 , . . . , λk les racines de PA (X) et m1 , . . . , mk leurs multiplicités respectives
(m1 + · · · + mk = n). La matrice A est diagonalisable si et seulement si pour tout
i = 1, . . . , k, le sous-espace propre associé à la valeur propre λi est de dimension mi .
∀i = 1, . . . , k , dim(Ker(A − λi I)) = mi .
Démonstration : Remarquons qu’un même vecteur propre ne peut être associé qu’à
une seule valeur propre. Par conséquent, deux sous-espaces propres associés à deux
valeurs propres distinctes ont une intersection réduite au vecteur nul : les sous-espaces
propres sont en somme directe.
Supposons que A soit diagonalisable : P −1 AP = D, mais aussi P −1 (A − XI)P =
(D − XI). Les propriétés générales des déterminants font que |A − XI| = |D − XI| :
le polynôme caractéristique de A et celui de D sont les mêmes :
k
PA (X) = PD (X) = (−1)n (X − λi )mi .
Y
i=1
4
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
Démonstration : Nous allons montrer par récurrence sur k que si v1 , . . . , vk sont des vec-
teurs propres associés à des valeurs propres λ1 , . . . , λk toutes distinctes, alors (v1 , . . . , vk )
est une famille libre :
k
X
αi vi = 0 =⇒ αi = 0 , ∀i = 1, . . . , k .
i=1
C’est vrai pour k = 1, puisque par définition un vecteur propre est non nul. Supposons
la propriété vraie à l’ordre k −1. Soient λ1 , . . . , λk des valeurs propres distinctes deux
à deux et v1 , . . . , vk des vecteurs propres associés. Supposons :
k
X k−1
X
αi vi = 0 ⇐⇒ αi vi = −αk vk .
i=1 i=1
Mais aussi :
k−1
X
αi λk vi = −αk λk vk .
i=1
Soit en soustrayant les deux équations :
k−1
X
αi (λi − λk )vi = 0 .
i=1
5
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Théorème 3. Soit A = (ai,j )i,j=1,...,d ∈ Mn×n (R) une matrice symétrique : A = tA.
Alors :
1. toutes les valeurs propres de A sont réelles ;
2. A est diagonalisable ;
3. on peut choisir comme base de vecteurs propres une base telle que la matrice de
passage P vérifie P −1 = tP (une telle base est dite orthonormée).
E = { u ∈ Rn , t uv = t vu = 0 } .
L’ensemble E est le noyau d’une application linéaire de rang 1 (car v est non nul).
C’est donc un sous-espace vectoriel de Rn , de dimension n−1. Soit u un vecteur de E :
t
vAu = t (t vAu) = t u tA v = t uAv = λt uv = 0 .
Donc Au ∈ E (on dit que E est stable par A). Nous admettrons ici que dans tout
espace vectoriel de dimension finie, il est possible de choisir une base orthormale (par
exemple grâce au procédé d’orthogonalisation de Gram-Schmidt, vu dans un √ autre
chapitre). Soit u1 , . . . , un−1 une base orthonormale de E. Quitte à diviser v par t vv,
on peut supposer que t vv = 1. Par construction, (v, u1 , . . . , un−1 ) est donc une base
6
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
En effet, la première colonne est nulle après le premier terme car v est un vecteur
propre associé à λ. La première ligne est nulle après le premier terme car E est stable
par A : les images de u1 , . . . , un−1 appartiennent à E. De plus :
t
(P −1 AP ) = tP tA tP −1 = P −1 AP ,
de sorte que P −1 AP est symétrique, donc B l’est aussi. D’où le résultat, par récurrence
sur n.
7
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
−X 1 1
1 3
− 21
−2
A − XI = 2
−X
3
2
− 32 1
2
−X
Il faut ensuite calculer son déterminant. Il serait maladroit d’utiliser la règle de Sarrus
pour développer le déterminant et le factoriser ensuite. Il vaut mieux le factoriser en
faisant apparaître des zéros par combinaison de lignes et de colonnes. Ajoutons d’abord
8
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
−X 1−X
1 1
1 1
=
− 12 3
− 12 3
− 12
PA (X) =
2
−X
C1 ←C1 +C2 1−X 2
−X
3
− 32 1
− 32 1
2 2
−X 0 2
−X
Les valeurs propres de A sont donc 1, −1 et 2. Comme elles sont distinctes, il suffit de
trouver un vecteur propre pour chacune.
Commençons par la valeur propre 1.
−1 1 1
− 12 1
− 12
A−I =
2
3
2
− 32 − 12
Observons que la matrice A − I est bien de rang 2, comme prévu : la somme des trois
lignes est nulle et les deux premières lignes sont indépendantes. Nous allons calculer les
cofacteurs associés à la troisième ligne. Ils valent (attention à l’alternance de signe) :
−1 −1 1
1 1 1
A3,1 = + = −1 , A3,2 = − = −1 , A3,3 = + =0.
1 − 12 − 21 − 12 − 12 1
2 2
9
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
Tous les vecteurs non nuls, proportionnels au vecteur t (−1, −1, 0) sont vecteurs propres
de A, associés à la valeur propre 1. Il est conseillé de choisir le plus simple, ici :
1
v1 =
1
0
Le choix de la troisième ligne, pour calculer les cofacteurs, est arbitraire. Il suffit que les
deux lignes qui restent ne soient pas proportionnelles (car tous les cofacteurs seraient
nuls). Voici par exemple les cofacteurs associés à la deuxième ligne.
−1 −1
1 1
1
1
A2,1 = − = −1 , A2,2 = + = −1 , A2,3 = − =0.
− 32 − 12 3
− 12 3
− 32
2 2
1 1 1
− 12 5
− 21
A − (−1)I =
2
3
2
− 23 3
2
Ici encore, nous choisirons un vecteur plus simple, proportionnel au vecteur des cofac-
teurs.
−1
v2 =
0
1
Voici le calcul pour la valeur propre 2 :
−2 1 1
1 1 1
−2 −2 −2
A − 2I =
3
2
− 23 − 32
10
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
−2 −2
1 1
1 3 1
3
A3,1 = + = 0 , A3,2 = − = − , A3,3 = + = .
− 12 − 1
− 21 − 21
2 −1 −1
2
2 2 2
0
v3 =
1
−1
1 0 0
D=
0 −1 0
0 0 2
0 −1 3 2 0 0
P =
2 −1 0
0
D= 1 0
−2 0 −3 0 0 −1
Dans l’exemple ci-dessous, la matrice A est symétrique. Pour le choix des vecteurs
propres, nous avons fait en sorte que P −1 = tP . La technique est la même. Il faut sim-
plement prendre garde à choisir des vecteurs propres tels que t vv = 1, ce qui dispensera
11
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
du calcul de P −1 .
√1 √1 − √13
1 −1 0 √1 √1 √1 0 0 0
3 3 3 2 6
√1 1
2 0 √
2
−1 2 1 √1 0 2
− √6
0 1 0
3
=
√1 − √26 − √16
6 0 1 1 − √13 √1
2
− √16 0 0 3
| {z }| {z } | {z } | {z }
P −1 A P D
Voici un exemple en dimension 2, où les valeurs propres sont des nombres complexes
(la matrice A n’est donc pas diagonalisable dans R). C’est la matrice de la rotation
vectorielle d’angle π2 dans le plan.
1 i
0 −1
2 2 1 1 i 0
=
1
2
− 2i 1 0 −i i 0 −i
| {z }| {z } | {z } | {z }
P −1 A P D
Voici maintenant un exemple où la valeur propre 1 est double. La méthode des cofac-
teurs ne s’applique pas pour trouver les vecteurs propres correspondants. Vous devez
déterminer une base de Ker(A − I), en résolvant le système par la méthode du pivot
de Gauss comme vous avez appris à le faire. Ici la matrice A − I a une ligne nulle
et deux lignes proportionnelles. Elle est donc de rang 1 et le système se réduit à une
seule équation, x = z. Les deux vecteurs non proportionnels les plus simples solution
du système sont obtenus pour x = 0, y = 1, z = 0 et x = 1, y = 0, z = 1.
0 1 0
0 0 1 0 1 1 1 0 0
1 1
2 0 2
0 1 0
1 0 0
0 1 0
=
1
2
0 − 12 1 0 0 0 1 −1 0 0 −1
| {z }| {z } | {z } | {z }
P −1 A P D
Vous vérifierez que les deux matrices suivantes, qui ont une valeur propre double, ne
sont pas diagonalisables, car le sous-espace propre associé à la valeur propre double est
de dimension 1 et non pas 2.
1 1 0
1 2
A= A=
−1 0 −1
−2 −3
0 −1 1
Que faire dans ce cas ? Les sections suivantes répondent, entre autres, à cette question.
12
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
Rappelons que le déterminant d’un endomorphisme est celui de sa matrice dans une
base quelconque de E, et qu’il ne dépend pas de la base. Pour votre culture générale,
le spectre d’un endomorphisme est l’ensemble de ses valeurs propres.
Justifions maintenant le titre de cette section.
i=0
13
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
i=0
(A − XI) t(A^
− XI) = Pf (X) I .
14
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
AC0 = a0 I
AC1 − C0 = a1 I
..
.
ACi − Ci−1 = ai I
..
.
ACn−1 − Cn−2 = an−1 I
−Cn−1 = an I
Démonstration : Mettons que vous savez déjà que R[X] est un anneau principal : les
polynômes annulateurs forment un idéal propre. Cet idéal est donc engendré par un
élément unique, fin de l’histoire.
Euh. . . vous ne seriez pas contre une démonstration élémentaire ? Considérons l’en-
semble des degrés des polynômes annulateurs non nuls :
{ deg(P ) , P ∈ R[X] , P 6= 0 , P (f ) = 0 } .
C’est une partie de N non vide : elle contient au moins n, puisque le polynôme carac-
téristique est annulateur. Soit m son plus petit élément, et considérons un polynôme
annulateur π de degré m. Montrons que tout polynôme annulateur P est multiple de
π. Pour cela considérons la division euclidienne de P par π :
P = πQ + R ,
15
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
i=1
où pour tout i = 1, . . . , k, 1 6 li 6 mi .
Or par définition πf (v) doit être nul, donc l’exposant li est bien strictement positif (s’il
était nul, πf (v) serait égal à v multiplié par un produit de termes non nuls).
Un exemple élémentaire vous aidera à comprendre la différence entre polynôme
minimal et polynôme caractéristique. Supposons que f soit l’homothétie de rapport
λ, soit f = λI. La matrice de f dans n’importe quelle base est diagonale, avec des λ
sur la diagonale. Le polynôme caractéristique de f est Pf = (λ − X)n , alors que son
polynôme minimal est πf = (X − λ), puisque f = λI. Or justement, la diagonalisation
consiste à écrire une somme directe de sous-espaces propres, pour chacun desquels la
restriction de f est une homothétie.
i=1
16
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vecteur ne peut pas être dans deux sous-espaces propres différents : les intersections
deux à deux des sous-espaces propres sont réduites à {0}, donc la somme des Ei est
directe. Nous devons simplement démontrer que tout vecteur de E est une somme de
vecteurs propres. Écrivons :
k
!
1 X 1 1
Qk = .
i=1 (X − λi ) j6=i (λi − λj ) X − λi
Q
i=1
(juste pour que vous sachiez d’où vient cette formule parachutée). En multipliant par
le dénominateur du membre de gauche :
k
!
X 1 Y
1= (X − λj ) .
j6=i (λi − λj ) j6=i
Q
i=1
Ceci est l’écriture du polynôme constant 1 sur la base des polynômes interpolateurs
de Lagrange (vous n’avez pas besoin de le savoir pour comprendre la suite, c’est beau
voilà tout). Posons alors pour tout i = 1, . . . , k :
1 Y
αi = Q et Pi (X) = (X − λj ) .
j6=i (λi − λj ) j6=i
17
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Ainsi :
k
X
1= αi Pi (X) .
i=1
Nous avons démontré que tout vecteur de E s’écrit comme somme de vecteurs des sous-
espaces propres. Donc E est la somme des sous-espaces propres. Nous savions déjà que
la somme des Ei est directe, donc E = ki=1 Ei .
L
Voici quelques exemples pour terminer cette section.
∀u ∈ E , ∃!(v, w) ∈ F × G , u=v+w .
18
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w u
p(u)
−w s(u)
F
19
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Proposition 8. Soit f un endomorphisme tel que sa matrice dans une certaine base
soit :
0 0 ... . . . 0 a0
... ... ..
1 . a1
... . . . .. ..
0 . .
A= . . .. ..
.. ..
. 0 .
. .. ..
..
. . 0 an−2
0 . . . . . . 0 1 an−1
Son polynôme caractéristique est :
20
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cache une méthode utile et puissante. Soyons réalistes : nous ne vous demanderons pas
de calculer à la main une forme réduite de Jordan en dimension supérieure à 4, il y a
des logiciels pour cela. Nous nous contenterons donc de vous indiquer la démarche sur
des exemples en dimension réduite.
Nous avons vu précédemment que les endomorphismes nilpotents ne sont pas diagona-
lisables. Le théorème suivant (admis) montre que tout endomorphisme se décompose
en une partie diagonalisable et une partie nilpotente.
C’est donc dans les endomorphismes nilpotents que réside la difficulté. Certes, ils
ne sont pas diagonalisables, mais on peut néanmoins simplifier leur forme matricielle.
La proposition suivante vous explique comment, pour le cas particulier où l’indice est
maximal.
Démonstration : Par hypothèse, f n−1 est non nul, donc il existe v ∈ E tel que f n−1 (v) 6=
0. Nécessairement les n vecteurs f n−1 (v), f n−2 (v), . . . , f (v), v sont tous non nuls. Nous
allons montrer qu’ils forment une famille libre. Soient α1 , . . . , αn des réels tels que
Prenons l’image par f n−1 , et utilisons le fait que f m = 0 pour m > n : αn f n−1 (v) = 0,
donc αn = 0. On itère alors en composant avec f n−i−1 pour obtenir que αi = 0 pour
tout i = 1, . . . , n. Les n vecteurs f n−1 (v), f n−2 (v), . . . , f (v), v forment une famille libre,
donc une base puisque l’espace est de dimension n. La matrice de f dans cette base
est bien Jn .
21
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22
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−1
1 0 1 2 1 0 1
=
2 2 −2 −3 −1 1/2 0 −1
Considérons la matrice
1 1 0
A=
−1 0 −1
0 −1 1
Son polynôme caractéristique est X(X − 1)2 . Trouver un vecteur propre v1 associé à la
valeur propre 0, puis un vecteur propre v2 associé à la valeur propre 1. Le sous-espace
23
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propre associé à 1 est de dimension 1. Pour trouver v3 , il faut chercher une solution de
(A − I)v3 = v2 , et s’assurer que (v1 , v2 , v3 ) forme bien une base.
−1 −1 −1 1 1 0 1 1 −1 0 0 0
1 1 −1
0 −1
0 −1 0 = 0
1 1 1
−1 0 −1 0 −1 1 −1 −1 0 0 0 1
4 1 −1
−2
A= 1 1
1 0 1
−1 −1 1 4 1 −1 1 1 1 2 1 0
1 0 −1
−2
1 −1 −1
1 0
= 0
2 1
1 1 0 1 0 1 1 0 1 0 0 2
1.5 Applications
Puissances d’une matrice.
Si deux matrices A et B représentent le même endomorphisme dans deux bases diffé-
rentes, alors il en est de même de An et B n , pour tout n ∈ N, et également de A−n et
B −n si cet endomorphisme est inversible.
P −1 AP = B =⇒ P −1 An P = B n , ∀n ∈ N .
24
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2A2 + A + 2I est la matrice nulle. Non seulement A3 , mais toutes les puissances de A
sont des combinaisons linéaires des trois matrices I, A, A2 . En effet :
Ainsi vous pouvez calculer de proche en proche toutes les puissances positives de A.
Mais aussi :
1
A(A2 + 2A − I) = 2I =⇒ A−1 = (A2 + 2A − I) ,
2
donc toutes les puissances négatives de A sont aussi des combinaisons linéaires de
I, A, A2 .
Algorithme de calcul du polynôme minimal.
Il y a deux manières de voir un polynôme annulateur : comme un polynôme de ma-
trices qui s’annule pour X = A, ou bien comme une combinaison linéaire nulle des
puissances de A : le théorème de Cayley-Hamilton affirme que la famille des (n + 1)
matrices (I, A, A2 , . . . , An ), considérée comme famille dans un espace vectoriel de di-
mension n2 , est une famille liée. Ceci est la base de l’algorithme de calcul du polynôme
minimal par la méthode du pivot de Gauss, qui est utilisé dans les logiciels. Toute
combinaison linéaire nulle et non triviale des matrices (I, A, A2 , . . . , An ) correpond à
un polynôme annulateur de A. Si nous effectuons cette recherche avec des puissances
de A les plus petites possibles, comme il existe un et un seul polynôme annulateur uni-
taire de degré minimal (proposition 4), nous en déduisons un moyen systématique pour
trouver le polynôme minimal de A. Une manière naturelle de procéder est de considé-
2
rer les matrices I, A . . . , An comme vecteurs de Rn , de les disposer en ordre croissant
des puissances et d’effectuer la mise sous forme échelonnée de ces (n + 1) vecteurs,
en s’interdisant de permuter des lignes, en ne s’autorisant que des permutations de
colonnes pour pouvoir avancer dans la recherche de pivots non nuls par la méthode de
Gauss. Quand la mise sous forme échelonnée est faite, la première ligne qui ne présente
que des 0, (à un coefficient scalaire multiplicatif près) contient la combinaison linéaire
des vecteurs de départ faisant intervenir les plus basses puissances possibles de A. Elle
contient donc le polynôme minimal. Pour mémoriser les opérations effectuées pendant
la mise sous forme échelonnée par la méthode de Gauss, ajoutons une dernière colonne
contenant 1, X, X 2 . . . et effectuons aussi sur cette colonne les opérations élémentaires
de la méthode de Gauss. Nous aurons alors dans cette colonne pour la première ligne
ne contenant que des 0, à un coefficient multiplicatif près, l’expression du polynôme
minimal de A, non factorisé.
Voici un exemple. Soit
0 1 0 −1 2 0 −2 3 0
2 3
A = −1 2 0
A = −2 3 0
A = −3 4 0
.
−1 1 1 −2 2 1 −3 3 1
25
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1 0 0 0 1 0 0 0 1 1
0 1 0 −1 2 0 −1 1 1 X
−1 2 0 −2 3 0 −2 2 1 X2
−2 3 0 −3 4 0 −3 3 1 X3
Dans le second tableau, des combinaisons linéaires de lignes annulent les coefficients
de la première colonne après le premier.
1 0 0 0 1 0 0 0 1 1
0 1 0 −1 2 0 −1 1 1 X
2
0 2 0 −2 4 0 −2 2 2 X +1
0 3 0 −3 6 0 −3 3 3 X3 + 2
Dans le troisième tableau, on annule les coefficients de la seconde colonne, après les 2
premiers.
1 0 0 0 1 0 0 0 1 1
0 1 0 −1 2 0 −1 1 1 X
0 0 0 0 0 0 0 0 0 (X 2 + 1) − 2X
0 0 0 0 0 0 0 0 0 (X 3 + 2) − 3X
−1 1 0 0
−1 −1
−1 et (A − I) −1 = 0. Donc ((−1, −1, −1), (1, 0, 0)) peut être choisi pour
−1 −1
constituer la base associée au bloc de longueur 2. En lui ajoutant le vecteur (0, 0, 1),
vecteur propre évident, non colinéaire à (−1, −1, −1), nous savons que dans la base
((−1, −1, −1), (1, 0, 0), (0, 0, 1)) l’endomorphisme associé à A dans la base canonique
de R3 sera représenté par
1 1 0 −1 1 0
T = P −1 AP =
0 1 0
−1 0 0 .
où P =
0 0 1 −1 0 1
26
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où Y est une fonction (inconnue) de R dans Rn , A ∈ Mn×n (R) est une matrice de réels,
carrée de taille n. Nous allons voir comment, d’abord d’un point de vue théorique.
Dans le cas particulier n = 1, la matrice est réduite à un scalaire a, et la solution de
y 0 (t) = ay(t), partant de y0 à l’instant 0 est :
y(t) = eat y0 .
On peut définir eat comme la somme de la série entière, de rayon de convergence infini,
P n n
a t /n!. Sa dérivée est :
tn−1 n X tm
am .
X
a =a
n>1 (n−1)! m>0 m!
Cette écriture formelle reste valable en dimension n. Pour trouver une solution à l’équa-
tion (E), il suffit d’écrire de manière analogue
Y (t) = ( (tn /n!)An )Y (0). Encore faut-il s’assurer que cette série entière, à coefficients
P
27
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J(A) = P −1 AP .
La matrice J(A) est une matrice diagonale par blocs. À chaque valeur propre λi de
A est associé un bloc Bi , qui est la somme de λi I et d’un bloc nilpotent Ni dont la
puissance mi -ième est nulle. Sur la définition de l’exponentielle, il est facile de vérifier
que :
exp(P M P −1 ) = P exp(M )P −1 .
De plus si M est diagonale par blocs, alors exp(M ) l’est aussi et ses blocs sont les
exponentielles des blocs de M . Ces observations montrent que les coefficients de exp(tA)
sont des combinaisons linéaires des coefficients des exp(tBi ). Or :
d’où le résultat.
Exemple 1.
Considérons la matrice A suivante :
5 1 −1
A = 1 3 −1 .
2 0 2
0 0 4
28
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e2t 0
0
exp(tJ(A)) = 0 e4t te4t
.
4t
0 0 e
Si (y1 (t), y2 (t), y3 (t)) est solution du système ci-dessous, les fonctions y1 (t), y2 (t), y3 (t)
sont nécessairement des combinaisons linéaires de e2t , e4t et te4t .
Après avoir résolu un système différentiel linéaire à coefficient constants avec une dé-
marche théorique utilisant l’exponentielle de la matrice du système, voyons comment
dans la pratique on effectue cette recherche, et refaisons le chemin sur des exemples.
(Les répétitions avec ce qui précède sont volontaires).
Exemple 2.
Nous voulons résoudre le système différentiel (réel)
(
x0 (t) = x(t) + 3y(t)
y 0 (t) = x(t) − y(t)
Comme ce polynôme caractéristique admet deux racines distinctes (de multiplicité 1),
nous savons que nous pourrons diagonaliser A.
Recherchons le sous espace propre associé à λ1 = 2. Il faut résoudre
! ! !
1−2 3 x 0
= ,
1 −1 − 2 y 0
d’où x = 3y et donc (x, y) = y(3, 1) et donc {(3, 1)} est une base de Ker(A − 2I).
29
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! = x(1, −1) et donc {(1, −1)} est !une base de Ker(A + 2I).
d’où x + y = 0 et donc (x, y)
3 1 2 0
Posons P = , alors D = P −1 AP = . En termes de système
1 −1 0 −2
différentiel :
! ! ! ! !
d x x d −1 x −1 x −1 x
=A ⇐⇒ P =P A = DP
dt y y dt y y y
! !
X −1 x
Posons donc =P :
Y y
! ! (
d X X X 0 (t) = 2X(t)
=D ⇐⇒
dt Y Y Y 0 (t) = −2Y (t)
Pour t = 0 il reste ! !
x0 k1
=P
y0 k2
et donc ! ! ! !
k1 −1 x0 1 1 1 x0
=P =
k2 y0 4 1 −3 y0
La solution du système est
3x0 + 3y0 2t x0 − 3y0 −2t
x(t) = e + e
4 4
x0 + y0 2t x0 − 3y0 −2t
y(t) =
e − e
4 4
Ou encore : ! ! !
x(t) 4
e + 41 e−2t
3 2t
4
(e − e−2t )
3 2t
x0
= .
y(t) 4
(e − e−2t )
1 2t
4
e + 34 e−2t
1 2t
y0
La matrice !
4
e + 14 e−2t
3 2t
(e − e−2t )
3 2t
4
R(t) =
4
(e − e−2t )
1 2t
e + 34 e−2t
1 2t
4
30
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d
vérifie dt R(t) = A R(t) et R(0) = I. C’est l’exponentielle de At. On la nomme résolvante
du problème de Cauchy consistant à trouver la solution du système connaissant sa valeur
en t = 0. Cette solution du système est donnée explicitement en fonction des conditions
initiales (x0 , y0 ). Au passage, nous avons obtenu une solution définie sur R tout entier,
et nous pourrions démontrer ainsi l’existence et l’unicité de la solution au problème de
Cauchy. Cela ne survient que parce que le système est linéaire à coefficients constants
(sinon le domaine de définition de la solution n’est pas R, a priori). Noter que les
coefficients constants interviennent de manière cruciale dans
" !# !
d x d x
P −1 =P −1
.
dt y dt y
PA (λ) = (λ − 2 − i)(λ − 2 + i)
31
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caractéristique est à coefficients réels, si un complexe est racine, alors son complexe
conjugué aussi). Cela aura comme conséquence de choisir A et B de sorte que x devienne
réel et aussi C et D de sorte que y deviennent réel. Autrement dit la solution réelle
sera de la forme (
x(t) = ae2t cos t + be2t sin t
y(t) = ce2t cos t + de2t sin t
où a, b, c et d sont des constantes réelles reliées par deux relations. (Attention a n’est
pas la partie réelle de A. . . ) Concrètement il y a deux racines complexes 2 + i et 2 − i,
il faut séparer la partie réelle donnant e2t et la partie imaginaire pure donnant cos t
et sin t). Mais je n’ai toujours pas les relations en question puisque je n’ai pas fait les
calculs, direz vous ! Oui, mais puisque nous savons que la solution sera de cette forme,
pourquoi ne pas faire les calculs à l’envers et reporter la forme ci-dessus dans le système
de départ ? Ainsi, nous aurons les relations recherchées, et nous n’aurons pas besoin
d’effectuer la diagonalisation complexe ! De fait les calculs sont beaucoup plus rapides
et simples, et conduisent bien au résultat.
Nous utilisons donc la diagonalisation complexe uniquement pour connaître la forme
de la solution, mais ce passage est crucial.
Si a, b, c et d sont 4 constantes réelles, reportons donc la forme indiquée dans le
système initial brut.
(
x0 (t) = e2t ((2a + b) cos t + (2b − a) sin t)
y 0 (t) = e2t ((2c + d) cos t + (2d − c) sin t)
devrait donner
(
x0 (t) = 2x − y = e2t ((2a − c) cos t + (2b − d) sin t)
y 0 (t) = x + 2y = e2t ((a + 2c) cos t + (b + 2d) sin t)
et nous obtenons
2a + b = 2a − c
2b − a = 2b − d
2c + d = a + 2c
2d − c = b + 2d
32
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ou encore mieux
! ! !
x(t) e2t cos t −e2t sin t x0
= .
y(t) e2t sin t e2t cos t y0
La matrice !
e2t cos t −e2t sin t
R(t) =
e2t sin t e2t cos t
vérifie dR
dt
= AR et R(0) = I. Elle est la résolvante du problème de Cauchy posé
initialement.
Comme vous l’avez constaté sur l’exemple ci dessus, la réduction à la forme diago-
nale a été cruciale pour connaître la forme de la solution d’un système réel dY
dt
= AY ,
où A est une matrice constante. Et si la matrice A n’est pas diagonalisable ? Comme
nous disposons de la réduction de Jordan et que nous avons compris théoriquement
la démarche à effectuer nous avons (sans nous en rendre compte) justifié la démarche
pratique proposée souvent par les physiciens.
Recette pratique.
Soit à résoudre dY
dt
= AY , où Y (t) = (y1 (t), . . . , yn (t) est un n-uplet de fonctions
inconnues et A est une matrice constante.
1. Trouver les valeurs propres réelles ou complexes et leurs multiplicités : mettons
λ1 , . . . , λk de multiplicités m1 , . . . , mk sont les racines du polynôme caractéris-
tique PA (x) = det(A − XI) (avec n = m1 + · · · + mk ).
2. Trouver les dimensions des sous espaces propres 1 6 si = dim Ker(A − λi I) 6 mi .
3. Séparer les valeurs propres réelles des valeurs propres complexes.
4. À une valeur propre réelle, mettons λj , on associe t 7→ eλj t Γj (t) où Γj (t) est un
polynôme réel de degré mj − sj .
5. Chaque valeur propre complexe doit être associée à la valeur propre complexe
conjuguée (qui est aussi valeur propre puisque le polynôme caractéristique est à
coefficients réels). Disons λj = aj + ibj et λj = aj − ibj : à ce couple on associe
les fonctions t 7→ (Γj (t) cos bj t + ∆j (t) sin bj t)eaj t où Γj et ∆j sont des polynômes
réels de degré mj − sj . Ce faisant on introduit trop de constantes réelles !
6. On reporte dans le système initial la somme des fonctions génériques introduites
dans 4) et 5), mais pour chaque fonction inconnue, on introduit des constantes
différentes. (Comme on ne possède pas la matrice de passage de la base cano-
nique à une base qui réduit l’endomorphisme, cela revient à prendre les coefficients
de la matrice P −1 T P où T est la forme réduite de l’endomorphisme de manière
quelconque, en ne retenant que l’idée que chaque élément sera une combinaison li-
néaire des fonctions génériques de 4) et 5) et donc chaque fonction inconnue aussi).
On en introduit donc beaucoup trop ! On constate que le nombre de constantes
introduites est bien n la dimension du système, une fois toutes les équations du
système vérifiées. La recette dit que cela marche sans expliquer pourquoi ! Il faut
33
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
pour cela résoudre les systèmes linéaires obtenus (en identifiant les coefficients
des fonctions génériques qui forment un système libre dans l’espace vectoriel des
fonctions réelles d’une variable réelle) et ramener le nombre de constantes à n.
7. On a obtenu la forme de la solution générale dépendant de n constantes réelles, on
y fait t = 0 et on extrait l’expression de ces constantes en fonction des conditions
initiales (cela peut être redoutable si n est grand, uniquement possible numéri-
quement et/ou de manière approchée !).
(fin de la recette)
Dans la recette précédente, rien n’est démontré, on affirme simplement que cela
marche, mais c’est une conséquence du théorème 8 comme expliqué au dessus ! En fait
la recette reste dans la base canonique de Rn , introduit beaucoup trop de constantes,
puis en vérifiant le système « à l’envers », calcule directement le produit P −1 T P qui
donne la solution générale, et cela dans la base canonique de Rn , sans avoir besoin
de calculer la matrice de passage P , ni T ni P −1 , ni la solution générale dans la
nouvelle base, ni le retour à l’ancienne base ! C’est pour cela que la recette est rapide
et efficace. Pour la justifier il faut simplement démonter la formule A = P −1 T P avec
T sous forme de Jordan (pensez à triangulaire supérieure avec des coefficients non nuls
uniquement sur la diagonale et sur la « diagonale juste au dessus »), puis refaire le
passage réels→complexes→réels comme expliqué dans l’exemple 3.
De plus on peut aussi sauter l’étape 2 et prendre les polynômes Γj et ∆j de degré
mj − 1 > mj − sj . On introduit alors encore d’autres constantes inutiles. Les systèmes
linéaires obtenus, de taille plus grande, vont rendre nulles ces constantes inutiles, ce qui
embrouille souvent la compréhension de ce que l’on fait. C’est souvent la méthode pré-
sentée par les physiciens. Cela revient à utiliser P −1 T P avec T sous forme triangulaire
supérieure, sans essayer à savoir si T peut être mise sous une forme plus intrinsèque,
décomposant Rn en sous espaces stables par A. Comme le comportement du système
différentiel, localement et globalement est profondément lié à cette décomposition en
sous espaces stables, décortiquer le comportement du système différentiel demande de
comprendre la décomposition de Jordan. Cela revient à décomposer le système en un
certain nombre de sous-systèmes indépendants et analyser le comportement de chacun
des sous-systèmes possibles, ceux qui correspondent à la découverte de Jordan.
Exemple 4.
On veut résoudre le problème de Cauchy, consistant à trouver
(x(t), y(t), z(t)) définies sur [0, tmax [, telles que (x(0), y(0), z(0)) = (x0 , y0 , z0 ) et
x(t) 2 2 3 x(t)
d
y(t)
= 0
2 −1
y(t)
dt
z(t) 0 0 1 z(t)
On pose
2 2 3
0 2 −1
A=
0 0 1
34
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D’une part dx
dt
= e2t (2at + 2b + a) + cet
dy
dt
= e2t (2dt + 2e + d) + f et
dz
= e2t (2gt + 2h + g) + ket
dt
d’autre part
Nous avons donc un système linéaire de trois équations. L’identification des coefficients
de et et e2t dans la troisième, puis la seconde, puis la première équation donne :
2g = g
2d = 2d − g
2a = 2a + 2d + 3g
2h + g = h 2e + d = 2e − h 2b + a = 2b + 2e + 3h
= 2f − k
k = k
f
c = 2c + 2f + 3k
On en déduit g = h = 0, (ces constantes sont nulles parce que le système initial était
triangulaire supérieur, pas parce que l’on avait sauté l’étape deux, qui donnerait ici le
même nombre de constantes) puis f = k puis d = 0 , a = 2e et c = −5k. Il vient :
Pour t = 0 on obtient
x0 = b − 5k
y0 = e + k
z0 = k
Finalement,
x(t) = e2t (2(y0 − z0 )t + (x0 + 5z0 )) − 5z0 et
y(t) = e2t (y0 − z0 ) + z0 et
z(t) = z0 e
La solution est donc
e2t 2te2t (−2e2t + 5e2t − 5et )
x(t) x0
2t
y(t) = 0 (te + e )2t
(−te2t − e2t + et ) y0 .
z(t) 0 0 et z0
35
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La matrice
e2t 2te2t (−2e2t + 5e2t − 5et )
0 0 et
vérifie dR(t)
dt
= A.R et R(0) = I. C’est la résolvante du problème posé. Difficile de faire
plus rapide pour l’obtenir !
Équations aux différences.
Pour terminer, nous allons démontrer deux résultats très proches, portant l’un sur les
équations de récurrence, l’autre sur les équations différentielles. Vous connaissez déjà
ces résultats dans le cas n = 2. Soient a0 , . . . , an−1 n réels. Notons Q le polynôme
Q = X n − (an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 ) .
Démonstration : Les deux problèmes ont en commun leur écriture matricielle. Posons
pour tout k ∈ N
36
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37
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38
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou Faux
Vrai-Faux 1. Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses et pourquoi ?
1. Toute matrice admet au moins une valeur propre, réelle ou complexe.
2. Toute matrice admet une infinité de vecteurs propres, à coordonnées réelles ou
complexes.
3. Toute matrice réelle 2 × 2 admet une valeur propre réelle.
4. Toute matrice réelle 3 × 3 admet une valeur propre réelle.
5. Toute matrice réelle 2 × 2 admet un vecteur propre à coordonnées réelles.
6. Toute matrice réelle 3 × 3 admet un vecteur propre à coordonnées réelles.
7. Si une matrice 2 × 2 n’est pas diagonalisable dans C, alors elle admet une seule
valeur propre.
8. Si une matrice est triangulaire, alors ses valeurs propres sont ses éléments
diagonaux.
9. Toute matrice a au moins deux valeurs propres distinctes.
10. Deux matrices semblables ont les mêmes valeurs propres.
11. Les valeurs propres du produit de deux matrices sont les produits des valeurs
propres des deux matrices.
12. Si un vecteur est vecteur propre pour deux matrices, il est vecteur propre de
leur produit.
13. Les valeurs propres d’une matrice et celles de sa transposée sont les mêmes.
14. Les vecteurs propres d’une matrice et ceux de sa transposée sont les mêmes.
15. Le produit d’une matrice par un de ses vecteurs propres ne peut pas être le
vecteur nul.
16. Si une matrice a toutes ses valeurs propres réelles, alors elle est diagonalisable.
17. Si une matrice n×n a n valeurs propres distinctes, alors elle est diagonalisable.
18. La somme des valeurs propres d’une matrice est égale au produit de ses élé-
ments diagonaux.
19. Le produit des valeurs propres d’une matrice est égal à son déterminant.
π
20. La matrice de la rotation vectorielle d’angle 6
dans le plan admet des valeurs
propres réelles.
21. La matrice d’une symétrie vectorielle dans le plan a pour valeurs propres +1
et −1.
39
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22. Si v est vecteur propre d’une matrice, alors −v est aussi vecteur propre de
cette matrice.
23. Si v et w sont vecteurs propres d’une même matrice, alors v + w est toujours
vecteur propre de cette matrice.
Vrai-Faux 2. Soit A une matrice de taille n et λ une de ses valeurs propres. Parmi les
affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. 0 est valeur propre de (A − λI)(A + λI).
2. 0 et 1 sont valeurs propres de A2 − A.
3. (λ2 − 1) est valeur propre de (A − I)(A + I).
4. Le rang de la matrice A − λI est égal à n − 1.
5. L’ensemble des solutions x du système (A − λI)x = 0 n’est pas réduit au
vecteur nul.
6. Le système linéaire Ax = λy admet une solution x non nulle, pour tout y.
7. Le système linéaire Ax = λx admet une solution x non nulle.
8. La matrice des cofacteurs de A − λI a toutes ses lignes proportionnelles.
9. La matrice des cofacteurs de A − λI ne peut pas être nulle.
10. Si A est diagonalisable, la dimension du sous-espace propre associé à λ est
égale à la multiplicité de λ.
11. La dimension du sous-espace propre associé à λ est 1 si et seulement si la
multiplicité de λ est 1.
12. Si la multiplicité de λ est 1, alors toutes les lignes de la matrice des cofacteurs
appartiennent au sous-espace propre de A associé à λ.
13. Si la multiplicité de λ est 1, alors toutes les lignes de la matrice des cofacteurs
sont des vecteurs propres de A associés à λ.
1
− 12 3
2 2
Vrai-Faux 3. On considère la matrice A =
− 21 1
2
1
.
Parmi les affirmations
2
0 0 2
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Les colonnes de A sont des vecteurs indépendants.
2. A admet 0 pour valeur propre.
3. A admet 2 pour valeur propre.
4. La somme des valeurs propres de A vaut 2.
5. Tout vecteur propre de A associé à la valeur propre 0 a sa troisième coordonnée
nulle.
6. La matrice A + I est de rang 2.
40
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−1
−1
9. Le vecteur 0 est vecteur propre de A.
−1
−1
1 est vecteur propre de A.
10. Le vecteur
0
0
11. Le vecteur 1 est vecteur propre de A.
0
1 0 0
12. A est semblable à la matrice 0 2 0 .
0 0 0
1 0 0
13. A est semblable à la matrice 0 2 0 .
0 0 1
0 0 0
5
14. A est semblable à la matrice 0 1 0
.
0 0 25
1
− 12 3
2 2
Vrai-Faux 4. On considère la matrice A =
− 21 1
2
− 12 .
Parmi les affirmations
0 0 1
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Les colonnes de A sont des vecteurs indépendants.
2. A admet 0 pour valeur propre.
3. A admet 1 pour valeur propre.
4. A n’admet pas d’autre valeur propre que 0 et 1.
5. Tout vecteur propre de A associé à la valeur propre 0 a sa troisième coordonnée
nulle.
6. Tout vecteur propre de A associé à la valeur propre 1 a sa troisième coordonnée
nulle.
7. La matrice A − I est de rang 2.
8. 1 est valeur propre simple de A.
9. A est diagonalisable.
41
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1
10. Le vecteur 0 est vecteur propre de A.
−1
0 0 0
11. A est semblable à la matrice 0 1 1
.
0 0 1
0 0 0
∗ n
12. Pour tout n ∈ N , A est semblable à la matrice 0 1 n .
0 0 1
1
− 12 1
2 2
Vrai-Faux 5. On considère la matrice A =
− 21 1
2
1
2 .
Parmi les affirmations
0 0 1
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Les colonnes de A sont des vecteurs indépendants.
2. A admet 0 pour valeur propre.
3. A admet 1 pour valeur propre.
4. A n’admet pas d’autre valeur propre que 0 et 1.
5. Tout vecteur propre de A associé à la valeur propre 0 a sa troisième coordonnée
nulle.
6. Tout vecteur propre de A associé à la valeur propre 1 a sa troisième coordonnée
nulle.
7. La matrice A − I est de rang 2.
8. 1 est valeur propre simple.
9. A est diagonalisable.
−1
10. Le vecteur 0 est vecteur propre de A.
−1
0 0 0
0 1 0 .
11. A est semblable à la matrice
0 0 1
∗ n
12. Pour tout n ∈ N , A = A.
!
1 −1
Vrai-Faux 6. On considère la matrice A = . Parmi les affirmations suivantes
1 1
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Le produit des valeurs propres de A est 2.
2. A admet une valeur propre réelle.
42
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!
1
3. Le vecteur est vecteur propre de A.
i
!
i
4. Le vecteur est vecteur propre de A.
1
!
−i
5. Le vecteur est vecteur propre de A.
1
π
6. 2ei 4 est valeur propre de A.
√ 7π
7. 2ei 4 est valeur propre de A.
!
2i 0
8. Le carré de A est semblable à la matrice .
0 2i
!
i
2
0
9. Le carré de l’inverse de A est semblable à la matrice .
0 − 2i
un+1 = un − vn
10. Si les suites (un ) et (vn ) sont solution du système alors
vn+1 = un + vn
elles sont périodiques, de période 8.
un+1 = un − vn
11. Si les suites (un ) et (vn ) sont solution du système alors les
vn+1 = un + vn
n/2 n/2
suites (un /2 ) et (vn /2 ) sont périodiques, de période 8.
2.2 Exercices
Exercice 1. Pour chacune des matrices A suivantes.
1. Déterminer son polynôme caractéristique.
2. Diagonaliser la matrice A.
3. Déterminer son polynôme minimal.
4. Pour n > 2, donner une expression de An en fonction de An−1 et An−2 .
! ! ! ! ! !
1 −1 1 −2 −1 2 4 1 0 1 −3 2
; ; ; ; ;
0 0 0 −1 4 1 2 5 −2 3 −4 3
43
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3 1 1 3 1 1 −1 −2 −2 1 −2 −2
2
3 2 ; 1 3
1 ; −3 −1 −3 ; 2
1 2
−2 −1 0 −1 1 1 3 2 4 −2 2 1
1 0 0 1 0 0 1 −1 −1 4 −3 −2
0 1 0
; 0 1 ; −2
0 0 ; 2 −1 −2
1
2 0 −1 2 −4 −1 2 2 1 3 −3 −1
1 −1 −1 3 −2 −1 −1 2 0 1 2 2
−1 1 1 ; 1 0 −1 ; 0 1 0 ; 0 −1 −2
1 1 1 2 −2 0 −2 2 1 0 0 1
Exercice 3. Pour chacune des matrices A suivantes.
1. Déterminer son polynôme caractéristique.
2. Diagonaliser la matrice A.
3. Déterminer le polynôme minimal de A.
4. Pour n > 4, donner une expression de An en fonction de An−1 , An−2 , An−3 , An−4 .
−2 −3 0 −3 −1 −2 0 −2 −1 −2 0 −2
3 4 −1 2
2
3 0 2
2
3 1 3
; ;
3 3 1 3 2 2 1 2 2 2 1 2
−3 −3 1 −1 −2 −2 0 −1 −2 −2 1 −2
1 −1 −1 −1 −1 1 0 1 2 1 0 −1
0 0 1 1 0 0 0 1 2 1 0 −1
; ;
0 0 −1 0 2 −2 1 0 2 −2 2 0
0 −1 −1 0 0 1 0 0 −2 1 0 3
0 1 0 0 −1 2 0 0 0 1 1 1
0 1 0 0 0 1 0 0 −2 1 2 0
; ;
3 −2 1 −1 5 −4 1 −1 1 1 0 1
−2 1 0 2 −3 2 0 2 −1 1 1 2
Exercice 4. Diagonaliser les matrices symétriques suivantes, en trouvant pour chacune
une base orthonormée de vecteurs propres.
√
0 1 0 1 0 0 2 −2 2 √ 1 − 2 0
1
0 0 ; 0
0 −1 ; −2 −1 −5 ; − 2
2 0
0 0 2 0 −1 0 2 −5 −1 0 0 0
0 0 1 3 −1 0 1 4 1 7 4 −5
0 1 0 ; −1
3 0
;
4 −2 4 ; 4 −2
4
1 0 0 0 0 −2 1 4 1 −5 4 7
44
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1 1 −1 1 0 1 1 0 1 1 −1 1
1 −1 1 1 1 0 0 −1 1
1 1 −1
; ;
−1 1 1 1 1 0 0 1 −1 1 1 1
1 1 1 −1 0 −1 1 0 1 −1 1 1
1 −1 5 −1 −1 1 3 1 1 1 1 1
−1 3 −1 3 1 −1 1 3 1 −1 1 3
; ;
5 −1 1 −1 3 1 −1 1 1 1 1 1
−1 3 −1 3 1 3 1 −1 1 3 1 −1
Exercice 6. Pour chacune des matrices A suivantes.
1. Déterminer son polynôme caractéristique.
2. Déterminer son polynôme minimal.
3. Montrer que A n’est pas diagonalisable
4. Calculer une décomposition de Jordan de A.
! ! ! ! ! !
−3 1 −1 1 3 −1 1 −1 0 −1 5 1
; ; ; ; ;
−1 −1 −1 −3 1 1 1 3 1 2 −1 3
Exercice 7. Pour chacune des matrices A suivantes.
1. Déterminer son polynôme caractéristique.
2. Déterminer son polynôme minimal.
3. Montrer que A n’est pas diagonalisable
4. Calculer une décomposition de Jordan de A.
3 1 1 0 −1 −1 0 −1 −1 1 0 0
1 2 0 ; −1 1 −1 ; 0 0 −1
; 0 0 −1
−1 0 2 2 1 3 1 2 3 0 1 2
1 1 1 2 −1 −1 −1 4 2 1 0 1
−1 0 0 ; 2 −1 −1 ; 1 −1 −1 ; 0 1 1
1 0 0 1 −1 0 0 4 1 1 −1 1
−1 0 1 3 −3 −2 2 0 1 1 −3 −2
0 −1 1 ;
1 −1 −1 ;
0 2 1 ;
1 −3 −1
1 −1 −1 0 1 1 1 −1 2 0 1 −1
Exercice 8. Pour chacune des matrices A suivantes.
1. Déterminer son polynôme caractéristique.
2. Déterminer son polynôme minimal.
3. Montrer que A n’est pas diagonalisable
45
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0 2 2 0 −2 2 2 1 −1 1 0 1
0 3 −1 1 1 1 −1 0 −2 0 −1 0
; ;
0 −2 2 −2 −4 2 4 1 3 −2 1 −1
0 −1 −1 1 1 −1 −1 0 −1 1 0 1
−1 1 1 1 0 1 3 −1 0 2 1 2
−3 2 2 1 0 1 1 −1 −2 2 0 1
; ;
2 −1 −1 0 0 −1 1 −1 3 −5 −1 −4
0 0 0 0 0 0 −2 2 −1 2 1 3
Exercice 9. On considère la matrice A suivante.
3 1 1
A = −2 0 −2
.
3 3 5
1. Diagonaliser A.
2. En utilisant la forme diagonale de A, calculer les coefficients de An pour tout
n ∈ Z.
3. Déterminer le polynôme minimal de A. En déduire l’expression de A2 et de A−1
en fonction de A et I.
4. Déduire de la question précédente l’expression de An en fonction de A et I pour
tout n ∈ Z.
Exercice 10. On considère la matrice A suivante.
1 0 −1
A= 1
1 −2
.
1 −1 0
46
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Exercice 11. Soit A une matrice 2 × 2 à coefficients dans R. On suppose que A admet
une valeur propre complexe λ ∈ C \ R.
1. Montrer que A est diagonalisable dans C.
2. On suppose qu’il existe n ∈ N et a ∈ R tel que a soit valeur propre de An .
(a) Montrer que An = aI.
2π
(b) Montrer que l’argument de λ est un multiple de n
.
Exercice 12. Soit A une matrice 2×2 à coefficients dans C. Montrer que la suite (An )n∈N
converge vers la matrice nulle, si et seulement si les modules des valeurs propres de A
sont strictement inférieurs à 1.
1. On suppose
quea = b. Montrer que A est diagonalisable dans la base formée des
1 1
vecteurs 1 et −1 .
2. On suppose a = 1, b = −1, c = i. Déterminer le polynôme caractéristique et le
polynôme minimal de A. Montrer que A n’est pas diagonalisable. Déterminer une
décomposition de Jordan de A.
47
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3. Dans le cas général, montrer que le polynôme caractéristique admet une racine
double si et seulement si c = ± a−b
2i
.
4. Pour a 6= b et c = ± a−b
2i
, montrer que la matrice A n’est pas diagonalisable.
Exercice 15. Soit A ∈ Mn×n (R) une matrice symétrique. On suppose que Ak = I,
pour un certain entier k. Montrer que A2 = I.
12 −12 4
Exercice 20. Soit A ∈ Mn,n (R) une matrice carrée inversible, différente de la matrice
identité et telle que A = A−1 .
48
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3 −a − 1 2
1. Vérifier que −1 est valeur propre de A.
2. Factoriser le polynôme caractéristique de A.
3. Si a est différent de −1 et 2, montrer que A est diagonalisable.
4. Pour a = 2, montrer que A n’est pas diagonalisable.
5. Pour a = −1, diagonaliser A.
Exercice 22. Soit a un réel. On considère la matrice A suivante.
2 0 1−a
A = −1 1 a − 1 .
a − 1 0 2a
1. Factoriser le polynôme caractéristique de A.
2. Déterminer en fonction de a la dimension du sous-espace propre associé à la
valeur propre a + 1.
3. Pour quelles valeurs de a la matrice A est-elle diagonalisable ?
Exercice 23. Soient a et b deux réels. On considère la matrice A suivante.
0 1 0
0
A= 0 1 .
ab −(a + b + ab) a + b + 1
1. Calculer le polynôme caractéristique et le polynôme minimal de A (on pourra
observer que A est la transposée d’une matrice compagnon).
2. Calculer l’image par A du vecteur dont les trois coordonnées valent 1.
3. Déterminer les valeur propres et les sous espaces propres de A.
4. Donner une condition nécessaire et suffisante portant sur a et b pour que A soit
diagonalisable.
Exercice 24. Soient a, b et c trois réels non tous nuls. On note v le vecteur t(a, b, c).
On considère la matrice A suivante.
a2 ab ac
A = ab b2 bc .
ac bc c2
Soit f l’endomorphisme de R3 représenté par la matrice A dans la base canonique.
49
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Exercice 25. Soient a, b, c, d, e, f six réels. Pour chacune des matrices A suivantes,
donner une condition nécessaire et suffisante portant sur a, b, c, d, e, f pour que A soit
diagonalisable.
1 a b c 1 a b c 1 a b c
0 1 d e 0 1 d e 0 1 d e
; ; .
0 0 1 f 0 0 1 f 0 0 2 f
0 0 0 1 0 0 0 2 0 0 0 2
50
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51
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Exercice 33. Soit E = Rn [X] l’espace vectoriel des polynômes de degré inférieur ou
égal à n. On considère l’application f qui à un polynôme P associe f (P ) = X 2 P 00 −XP 0 .
1. Montrer que f est un endomorphisme de E.
2. Pour k 6 n, quelle est l’image par f du polynôme X k ? Écrire la matrice de f
dans la base canonique de E.
3. Déterminer les valeurs propres de f .
4. On définit la suite de polynômes (Hk ) par H0 = 1, H1 = X et pour tout k > 2,
Hn = XHn−1 − (n − 1)Hn−1 . Montrer que Hk est vecteur propre de f .
5. En déduire que f est diagonalisable.
52
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Exercice 35. Soit A une matrice fixée de Mn×n (R). On considère l’application f qui à
M ∈ Mn×n (R) associe f (M ) = tr(A) M − tr(M ) A, à tr désigne la trace d’une matrice
(somme des coefficients diagonaux). Soit F l’ensemble des matrices de Mn×n (R), de
trace nulle.
1. Montrer que f est un endomorphisme de Mn×n (R).
2. Montrer que A est vecteur propre de f associé à la valeur propre 0. Montrer que
le sous-espace propres associé à la valeur propre 0 est de dimension 1.
3. Montrer que Im(f ) = F . Quelle est la dimension de F ?
4. Montrer que F est le sous-espace propre de f associé à la valeur propre tr(A).
5. En déduire que f est diagonalisable, et que c’est la composée de la projection
sur F parallèlement à la droite engendrée par A avec l’homothétie de rappport
tr(A).
Exercice 36. Soit f l’endomorphisme de Mn×n (R), qui à une matrice associe sa trans-
posée.
1. Quel est le sous-espace propre de f associé à la valeur propre 1 ? Quelle est sa
dimension ?
2. Quel est le sous espace propre de f associé à la valeur propre −1 ? Quelle est sa
dimension ?
3. Montrer que f est diagonalisable, donner son polynôme caractéristique et son
polynôme minimal.
Exercice 37. Soit A une matrice d’ordre 6, telle que A3 − 3A2 + 2A = 0
1. Vérifier que les valeurs propres de A sont 0, 1, et 2.
2. On suppose que la trace de A est 8. Quelle sont les multiplicités de chacune des
valeurs propres, quel est le polynôme caractéristique de A ?
Exercice 38. Soit n un entier supérieur ou égal à 2. On note J la matrice de taille
n × n dont tous les coefficients valent 1.
1. Montrer que J est diagonalisable.
2. Exprimer J 2 en fonction de J. En déduire le polynôme minimal de J, ainsi qu’une
base du sous-espace propre associé à la valeur propre n.
3. Pour tout i ∈ {1, . . . , n − 1}, on note vi le vecteur défini par :
1 si k = 1
vi (k) = −1 si k = i + 1
0 sinon
53
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−4 4 3
1. Diagonaliser A.
2. En déduire l’expression de An pour tout n, et de exp(At), pour t ∈ R.
3. Calculer la solution du système différentiel X 0 (t) = AX(t), où X(t) est une
application de R dans R3 , telle que X(0) = t(1, 0, −1).
4. Soit (Un )n∈N la suite définie par U0 = t(1, 0, −1) et pour tout n ∈ N, Un+1 = AUn .
Donner l’expression de Un en fonction de n.
Exercice 42. Soit (un ) une suite de réels vérifiant, pour tout n ∈ N,
54
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2. Diagonaliser A.
3. En déduire une expression de An en fonciton de n.
4. Donner l’expression de un en focntion de U0 , u1 , u2 et n.
Exercice 43. Une multinationale américaine envoie chaque année un quart de ses gains
américains en Europe, et autant au Japon. Le reste demeure aux États-Unis. Les filiales
européennes et japonaises rendent la moitié de leurs gains aux États-Unis. Pour l’année
n, on note an , en et jn la proportion des gains restant en Amérique, en Europe et au
Japon respectivement, et Un le vecteur t(an , en , jn ).
1. Écrire la matrice A telle que Un+1 = AUn .
2. Calculer les valeurs propres de A.
3. Soit v le vecteur propre associé à la valeur propre 1, à coordonnées positives, dont
la somme des coordonnées vaut 1. Calculer v.
4. Montrer que An converge vers la matrice dont toutes les colonnes sont égales à
v, et que Un converge vers v, quel que soit U0 .
Exercice 44. Doudou le hamster ne connaît que trois activités : dormir, manger, faire
de l’exercice dans sa roue. Il peut changer d’activité à chaque minute.
– Quand il dort, il a 8 chances sur 10 de ne pas se réveiller la minute suivante.
– Quand il se réveille il a autant de chances de se mettre à manger que de faire de
l’exercice.
– Chaque repas, et chaque séance d’exercice dure une minute, après quoi il s’endort.
On note dn , mn , en les probabilités qu’il a de dormir, manger et faire de l’exercice,
durant la minute n, et Un le vecteur t(dn , mn , en ).
1. Écrire la matrice A telle que Un+1 = AUn .
2. Calculer les valeurs propres de A.
3. Soit v le vecteur propre associé à la valeur propre 1, à coordonnées positives, dont
la somme des coordonnées vaut 1. Calculer v.
4. Montrer que An converge vers la matrice dont toutes les colonnes sont égales à
v, et que Un converge vers v, quel que soit U0 .
Exercice 45. On considère l’espace vectoriel E des applications continues sur [0, 1],
à valeurs dans R. À tout élément f de E, on associe l’application ϕ(f ) définie par
ϕ(f )(0) = f (0) et pour tout x ∈]0, 1] :
1Zx
ϕ(f )(x) = f (t) dt .
x 0
1. Montrer que l’application ϕ est un endomorphisme de E.
1−λ
2. Soit λ ∈]0, 1]. on considère l’application fλ : x 7−→ x λ . Calculer ϕ(fλ ).
3. En déduire que fλ est vecteur propre de ϕ associé à la valeur propre λ.
55
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4. Soit f un élément de E et λ un réel tel que ϕ(f ) = λf . Montrer que f est solution
sur ]0, 1[ de l’équation différentielle λxf 0 (x) + (λ − 1)f (x) = 0.
5. Montrer que cette équation n’admet de solution non nulle, prolongeable par conti-
nuité en 0 que pour λ ∈]0, 1].
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 3. Soit A une matrice de taille n × n (n > 2), λ une valeur propre de A et
m sa multiplicité dans le polynôme caractéristique.
A Si m = 1, alors le sous-espace propre associé à λ est une droite vectorielle.
B La dimension du sous-espace propre associé à λ est toujours égale à m.
C La matrice A − λI est de rang n − m.
D Si le sous-espace propre associé à λ est une droite vectorielle, alors m = 1.
E Le sous-espace propre de A associé à λ est inclus dans le sous-espace propre de
A2 associé à λ2 .
56
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0 0 0
A La matrice A est diagonalisable.
B La matrice A a deux valeurs propres distinctes.
C La polynôme minimal de A est X 3 − X 2 .
D Le sous espace propre associé à la valeur propre 0 est de dimension 2.
E Il existe une matrice symétrique semblable à la matrice A.
!
1 −1
Question 8. On considère la matrice A = .
1 1
A La matrice A est diagonalisable dans R
B La matrice A admet un vecteur propre à coordonnées réelles.
C La somme des valeurs propres de A est égale à leur produit.
D Si λ est valeur propre de A, la première colonne de A − λI est vecteur propre
de A associé à λ.
E Si v est vecteur propre de A associé à λ, alors v est vecteur propre de A associé
à λ.
1
− 12 1
2 2
1 1 1
Question 9. On considère la matrice A =
−2 2 2 .
0 0 1
A La matrice A a trois valeurs propres distinctes.
57
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
0 0 1
E Le polynôme minimal de A est de degré 3.
1
− 21 3
2 2
Question 10. On considère la matrice A =
− 21 1
2
− 12 .
0 0 1
A La matrice A a deux valeurs propres distinctes.
B Le sous-epace propre associé à la valeur propre
1 estde dimension 2.
1 0 0
C La matrice A est semblable à la matrice 0 0 0 .
0 0 1
D Le polynôme minimal de A est de degré 2.
0 0 0
E La matrice A est semblable à la matrice 0 1 1
.
0 0 1
Réponses : 1–AD 2–BC 3–AE 4–BC 5–BE 6–BD 7–BC 8–CE 9–BD 10–AE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soit n un entier supérieur ou égal à 1, E un espace vectoriel
de dimension n et f un endomorphisme de E.
1. Donner la définition du polynôme caractéristique de f et énoncer le théorème de
Cayley-Hamilton.
2. Donner la définition du polynôme minimal de f .
3. On suppose que le polynôme caractéristique est scindé. On note λ1 , . . . , λk ses
racines et m1 , . . . , mk leurs multiplicités respectives. Montrer que le polynôme
minimal de f s’écrit
k
(X − λi )li ,
Y
πf =
i=1
où pour tout i = 1, . . . , k, 1 6 li 6 mi .
58
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
k
Y
4. Montrer que si f est diagonalisable, alors πf = (X − λi ).
i=1
k
Y
5. Montrer que si πf = (X − λi ) alors f est diagonalisable.
i=1
d c −b a
1. Calculer A + tA, A tA, puis (A − XI)(tA − XI).
2. En déduire le polynôme caractéristique de A.
3. Montrer que A n’est pas diagonalisable sur R.
4. Calculer A2 − (2a)A + (a2 + b2 + c2 ). En déduire le polynôme minimal de A.
Montrer que A est diagonalisable sur C.
5. On
t
√ se place désormais √ dans le cas où a = 1, b = c = d = −1. Vérifier que
(i 3, 1, 1, 1) et t(−1, i 3, −1, 1) sont des vecteurs propres de A.
6. En déduire une matrice de passage P et une matrice diagonale D telles que
D = P −1 AP .
59
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
i=0
Or par définition πf (v) doit être nul, donc l’exposant li est bien strictement positif
(s’il était nul, πf (v) serait égal à v multiplié par un produit de termes non nuls).
4. Considérons le polynôme π = kj=1 (X −λj ). Soit v un vecteur propre de f , associé
Q
60
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
Ainsi :
k
X
1= αi Pi (X) .
i=1
Composons par f :
k
X
I= αi Pi (f ) .
i=1
Exercice 1 :
1. Soit si,j le coefficient d’ordre (i, j) de S. Par définition, si,j et sj,i valent 1 si
i + j = 2n + 1, 0 sinon. Donc si,j = sj,i : la matrice S est symétrique, donc
diagonalisable, comme toutes les matrices symétriques à coefficients réels.
61
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
2. Soient i, j, k trois entiers compris entre 1 et 2n. Par définition si,k sk,j vaut 1 si
i + k = j + k = 2n + 1, et 0 sinon. Or si i + k = j + k = 2n + 1, alors i = j et
k = 2n + 1 − i. Donc
2n
(
X 1 si i = j
si,j sk,j =
k=1
0 sinon.
La matrice S 2 est donc la matrice identité, donc S est son propre inverse.
3. D’après la question précédente, X 2 − 1 est un polynôme annulateur de S. Donc
le polynôme minimal divise X 2 − 1. Or il n’est égal ni à X − 1, ni à X + 1 (car
S 6= ±I). Donc le polynôme minimal de S est X 2 − 1.
4. Soit v = v(k) un vecteur quelconque de R2n . Le terme d’ordre i du produit Sv est
P
si,k v(k). Or cette somme ne contient qu’un seul terme non nul, correspondant
à i + k = 2n + 1, soit i = 2n + 1 − k : le terme d’ordre i de Sv est égal au terme
d’ordre 2n + 1 − i de v. Par définition, pour tout k, vi (k) = vi (2n + 1 − k) et
wi (k) = −wi (2n + 1 − k). Donc Svi = vi et Swi = −wi .
5. Par définition si i 6= j, les termes non nuls de vi et ceux de vj et wj sont d’indices
différents. Donc :
2n 2n
t t
X X
vi vj = vi (k)vj (k) = 0 et vi wj = vi (k)wj (k) = 0 .
k=1 k=1
Pour i = j :
2n
t
X
vi wi = vi (k)wj (k) = 1 − 1 = 0 ,
k=1
puis
2N 2N
t t
vi (k)2 = 2 et wi (k)2 = 2 .
X X
vi vi = wi wi =
k=1 k=1
QSQ = Q−1 SQ = D ,
t
62
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
A + tA = 2aI , A tA = (a2 + b2 + c2 + d2 )I ,
puis
(A − XI)(tA − XI) = (X 2 − 2aX + (a2 + b2 + c2 + d2 ))I .
2. Par définition, le polynôme caractéristique de A est PA (X) = det(A − XI). Or
le déterminant d’une matrice est égal à celui de sa transposée, et le déterminant
d’un produit de matrices est égal au produit des déterminants de ces matrices.
Donc :
det (A − XI)( A − XI) = det(A − XI) det(tA − XI) = PA (X)2 .
t
Donc :
PA (X) = ±(X 2 − 2aX + (a2 + b2 + c2 ))2 .
Le coefficient du terme en X 4 dans le polynôme caractéristique est (−1)4 = 1.
Donc :
PA (X) = (X 2 − 2aX + (a2 + b2 + c2 + d2 ))2 .
3. Notons π le polynôme X 2 − 2aX + (a2 + b2 + c2 + d2 ). Puisque PA = π 2 , Les
valeurs propres de A sont les racines de π. Par hypothèse b, c, d ne sont pas tous
les trois nuls, donc
Le polynôme π n’est pas scindé sur R : la matrice A n’est pas diagonalisable sur
R.
4. On trouve A2 − (2a)A + (a2 + b2 + c2 + d2 ) = π(A) = 0. Donc π est polynôme
annulateur de A. Par définition, le polynôme minimal de A divise π. Or π a
deux racines complexes conjuguées distinctes, qui sont valeurs propres de A,
donc racines du polynôme minimal. Donc π divise le polynôme minimal. Or c’est
un polynôme unitaire. Donc le polynôme minimal de A est π. Comme il a deux
racines simples, A est diagonalisable sur C.
63
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
√ √
5. On trouve Av = (1 − i 3)v, et Aw = (1 − i 3)w.√ Donc v et w sont des vecteurs
propres de A associés à la valeur propre 1 − i 3.
6. Puisque la matrice A est réelle :
√ √
Av = Av = (1 − i 3)v = (1 + i 3)v .
√
Donc v est un vecteur propre de A associé à la valeur propre 1 + i 3. De même,
√ √
Aw = Aw = (1 − i 3)w = (1 + i 3)w .
√
Donc w est aussi un vecteur propre de A associé à la valeur propre 1 + i 3.
On doit vérifier que (v, w, v, w) constitue une base de C4 . Pour √ cela, observons
√
que les sous espaces propres associés aux valeurs propres 1 − i 3 et 1 + i 3
sont d’intersection réduite à 0. Or les vecteurs v et w ne sont pas proportionnels.
Ils engendrent donc un sous-espace vectoriel de dimension 2. De même v et w
engendrent un sous-espace vectoriel de dimension 2. Ces deux espaces sont en
somme directe et ce sont des sous-espaces de C4 . Leur somme est donc C4 , et
donc (v, w, v, w) est une famille génératrice de C4 , donc une base. (On aurait pu
aussi vérifier que c’est
√ une famille libre en calculant le déterminant des 4 vecteurs,
qui vaut −12 + 4i 3). Soit P la matrice dont les colonnes sont (v, w, v, w). Cette
matrice est inversible, et D = P −1 AP√, où D est la matrice diagonale
√ dont les
deux premiers coefficients valent 1 − i 3, les deux suivants 1 + i 3.
7. D’après la question 4, le polynôme minimal de A est X 2 −2X +4. Or le polynôme
X 3 + 8 est multiple du polynôme minimal :
X 3 + 8 = (X 2 − 2X + 4)(X + 2) .
1 4 4
1 0 −4
U3n = (−8)n , U3n+1 = (−8)n , U3n+2 = (−8)n .
1 0 −4
1 0 −4
64
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
3 Compléments
3.1 Tout à l’envers
À partir de la définition axiomatique des espaces vectoriels, la notion de morphisme
(application linéaire) s’ensuit. Dans le cas particulier de la dimension finie, pourvu
que l’on ait choisi une base, les applications linéaires se représentent par des matrices.
Une équation dont l’inconnue est un vecteur et la donnée une matrice est un système
linéaire, que l’on peut résoudre à l’aide des déterminants. Le souci de représenter ces
mêmes applications linéaires de la façon la plus simple possible conduit ensuite à la
décomposition spectrale. Parmi les matrices admettant une décomposition spectrale
simple se trouvent les matrices symétriques.
Du moins est-ce ainsi que les choses vous ont été présentées. Mais l’histoire ne s’est
pas déroulée dans le même ordre 1 . Pour des calculs pratiques, on résoud des systèmes
linéaires depuis la plus haute antiquité : la méthode du pivot de Gauss était déjà
présente dans les « Neuf chapitres sur l’Art du calcul » en Chine au début de notre
ère. Pourtant, la notion de déterminant n’a émergé qu’à la fin du xviie siècle, et n’a
été vraiment formalisée qu’au début du xixe, trente ans après les formules de Cramer.
Que le déterminant d’un produit de matrices soit le produit des deux déterminants de
ces matrices a été démontré indépendamment par Binet et Cauchy en 1812, bien avant
qu’il soit question de multiplier des matrices ou de composer des applications linéaires.
Les mêmes calculs revenant assez souvent pour la résolution d’équations différentielles,
en particulier en astronomie, ils ont été petit à petit systématisés, et c’est ainsi que
les valeurs propres sont apparues. En 1829, Cauchy publie un article dont le titre en
dit long sur ses péoccupations algébriques : « Sur l’équation avec laquelle on détermine
les inégalités séculaires dans les mouvements des planètes ». Il y calcule les maxima et
minima d’une forme quadratique, ce qui le conduit tout droit au système
Axx x + Axy y + Axz z + . . . = sx
Axy x + Ayy y + Ayz z + . . . = sy
Axz x + Ayz y + Azz z + . . . = sx
... = ...
65
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
des matrices). Dès l’introduction de son article de 1858 « A memoir on the theory of
matrices », Cayley annonce :
I obtain the remarkable theorem that any matrix whatever satisfies an
algebraical equation of its own order, the coefficient of the highest power
being unity, and those of the other powers functions of the terms of the
matrix, the last coefficient being in fact the determinant ; the rule for the
formation of this equation may be stated in the following condensed form,
which will be intelligible after a perusal of the memoir, viz. The determinant
formed out of the matrix, diminished by the matrix considered as a single
quantity involving the matrix unity, will be equal to zero.
C’est le théorème de Cayley-Hamilton. . . sans qu’il soit question encore de valeurs
propres ! Quant aux espaces vectoriels et autres applications linéaires, ils apparaissent
vers 1840, mais la relation entre matrices et applications linéaires n’est pas explicitée.
D’ailleurs tout cela restera essentiellement confidentiel jusqu’à la fin du xixe. Il faudra
attendre le début du xxe pour que la puissance de l’algèbre linéaire soit reconnue, et
les années 1930 pour qu’apparaissent les premiers livres qui l’exposent telle qu’elle vous
est présentée.
66
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
Théorème 11 (de Perron). Soit A une matrice carrée à coeffficients réels strictement
positifs. Alors A a une valeur propre simple α qui est réelle, strictement positive et
strictement supérieure au module de toute autre valeur propre. À cette valeur propre
maximale α correspond un vecteur propre dont toutes les coordonnées sont strictement
positives.
2. C.R. MacCluer : The many proofs and applications of Perron’s theorem SIAM Review Vol.
42(3), p. 487–498 (2000)
67
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
La beauté du résultat tient d’une part à son élégance, d’autre part dans un apparent
paradoxe. La décomposition spectrale d’une matrice est liée à l’endomorphisme qu’elle
représente, et elle est donc invariante par changement de base. La conclusion du théo-
rème (existence d’une valeur propre réelle supérieure au module de toute autre valeur
propre) est liée à l’endomorphisme et non à la matrice. Or l’hypothèse (coefficients
strictement positifs) n’est pas invariante par changement de base. Pour comprendre
ce paradoxe, il faut interpréter l’hypothèse de façon géométrique. Par exemple en di-
mension 2, considérez le quart de plan formé des vecteurs à coordonnées strictement
positives. Le fait que A soit à coefficients strictement positifs entraîne que le produit
par A d’un vecteur à coordonnées strictement positives reste dans le même quart de
plan. En d’autres termes, l’endomorphisme laisse stable ce quart de plan. Il n’est donc
pas surprenant qu’il y ait dans ce même quart de plan une direction invariante.
Soit dit entre parenthèses, Perron n’en était pas à un paradoxe près :
Soit N le plus grand entier naturel. Si N > 1, alors N 2 > N , ce qui contredit
la définition. Donc N = 1.
Démonstration : D’abord quelques notations pour faciliter la lecture. Pour tous vec-
teurs u = (ui )i=1,...,n et v = (vi )i=1,...,n de Rn ,
• u 6 v signifie ∀i = 1, . . . , n , ui 6 vi ,
• u < v signifie ∀i = 1, . . . , n , ui < vi ,
• 0 désigne le vecteur nul de Rn ,
• 1 désigne le vecteur de Rn dont toutes les coordonnées valent 1.
Soit S l’ensemble des réels λ > 0 tels qu’il existe v = (vi ) ∈ Rn vérifiant :
n
X
0 6 v 6 1 et vi = 1 et λv 6 Av .
i=1
Soit λ une valeur propre de A et w = (wi ) un vecteur propre associé. Pour tout
i = 1, . . . , n, posons ui = |wi |, puis u = (ui )i=1,...,n . Par l’inégalité triangulaire :
λw = Aw =⇒ |λ|u 6 Au .
68
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
(v (n) )n∈N une sous-suite (v (nk ) )k∈N convergente. Soit v la limite de cette sous-suite. Les
coordonnées de v sont encore positives ou nulles et de somme 1 et en particulier v est
non nul. En passant à la limite en k :
λw = Aw =⇒ |λ|u 6 Au .
αw = Aw =⇒ αu 6 Au =⇒ αu = Au =⇒ u > 0 .
De sorte qu’aucun vecteur propre associé à α ne peut avoir de coordonnée nulle. Mais si
on pouvait trouver deux vecteurs propres indépendants associés à α, alors on pourrait
en former une combinaison linéaire, qui serait encore vecteur propre associé à α, et dont
par exemple la première coordonnée serait nulle. C’est impossible, donc le sous-espace
propre associé à α est de dimension 1. Nous allons utiliser cela pour démontrer que α
est racine simple du polynôme caractéristique PA (X) = det(A − XI). Considérons le
polynôme PA (α + X), qui est le déterminant de (A − αI) − XI. Son terme constant,
qui est le déterminant de A − αI, est nul. Le coefficient du terme de degré 1 est
la trace (somme des coefficients diagonaux) de la comatrice de A − αI (matrice des
mineurs d’ordre n − 1, affectés de signes alternés). Notons C cette comatrice. Comme
69
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
70
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
théorie sur un sujet apparemment différent, mais qui ressemblait beaucoup à celle de
Jordan. Ce dernier raisonnait en termes de faisceaux de substitutions linéaires, tandis
qu’à Berlin on réduisait des formes bilinéaires. Cette différence de point de vue allait
alimenter un spectaculaire dialogue de sourds par l’intermédiaire de mémoires publics
et de lettres privées, s’étendant sur toute l’année 1874 3 . La polémique commence par
un article de Jordan fin 1873, ayant pour sujet le problème déjà traité par les deux
allemands, mais utilisant ses propres méthodes « extrêmement simples ».
Le premier de ces problèmes est nouveau si nous ne nous trompons. Le
deuxième a déjà été traité (dans le cas où n est pair) par M. Kronecker, et
le troisième par M. Weierstrass ; mais les solutions données par les éminents
géomètres de Berlin sont incomplètes, en ce qu’ils ont laissé de côté certains
cas exceptionels qui, pourtant, ne manquent pas d’intérêt. Leur analyse
est en outre assez difficile à suivre, surtout celle de M. Weierstrass. Les
méthodes nouvelles que nous proposons sont, au contraire, extrêmement
simples et ne comportent aucune exception [. . . ]
Ce à quoi Kronecker réplique :
[. . . ] dans le Mémoire de M. Jordan « Sur les formes bilinéaires » (Journal
de M. Liouville, 2e série t. xix, pp. 35–54), la solution du premier problème
n’est pas véritablement nouvelle ; la solution du deuxième est manquée, et
celle du troisième n’est pas suffisamment établie. Ajoutons qu’en réalité
ce troisième problème embrasse les deux autres comme cas particuliers, et
que sa solution complète résulte du travail de M. Weierstrass de 1868 et se
déduit aussi de mes additions à ce travail. Il y a donc, si je ne me trompe,
de sérieux motifs pour contester à M. Jordan l’invention première de ses
résultats, en tant qu’ils sont corrects ; [. . . ]
Jordan très vexé écrit à l’« éminent géomètre de Berlin » :
J’ai publié il est vrai (c’était mon droit évident) sans vous consulter des
recherches qui complétaient les vôtres sur une question dont vous vous
étiez occupé, et dont vous ne m’aviez jamais entretenu. Là-dessus, sans
explication préalable, à l’instant même vous publiez une critique plus longue
que mon article, où vous me reprochez 1◦ De n’avoir rien compris à la
manière de poser la question 2◦ De n’y avoir apporté aucun élément nouveau
3◦ D’avoir pillé sans scrupule M. Weierstrass, M. Christoffel et vous.
Si au lieu de jeter brusquement ce débat dans le public, vous vous étiez
adressé à moi pour échanger des explications, comme je me voyais en droit
de l’espérer, nous nous serions sans doute entendu. Sur votre indication,
j’aurais relu plus attentivement votre mémoire de 1868 et constaté, ce que
je n’avais pas remarqué à première vue, que les formes bilinéaires non citées
3. F. Brechenmacher : Histoire du théorème de Jordan de la décomposition matricielle (1870–1930)
Revue d’Histoire des Mathématiques 2(13) p. 187–257 (2008)
71
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
72
Maths en Ligne Réduction des endomorphismes UJF Grenoble
Hermite.
Veuillez m’excuser si je prends la liberté de vous importuner encore en vous
renouvelant ma demande d’audience malgré le désir que m’aviez manifesté
de ne vous occuper de cette affaire que lorsque les cours de l’école polytech-
nique seraient terminés. J’apprends en effet de M. Fremy qu’il a l’intention
de proposer à l’Académie de pourvoir à la vacance dans les délais stricte-
ment règlementaires, c’est-à-dire très prochainement. D’autre part je n’ai
pas pu encore obtenir un soutien d’aucun des membres de la section aux-
quels je me suis adressé, bien qu’ils déclarent tous qu’ils ne sont pas au
courant de mes titres. Enfin j’apprends que l’on commence à dire ça et là
que mes travaux sont inintelligibles, et n’ont sans doute pas la portée qu’on
leur attribue. Vous m’avouerez qu’une semblable condamnation sans exa-
men serait un procédé trop commode pour se débarrasser d’un candidat.
Permettez-moi donc de faire appel à votre bienveillante équité. Vous seul
avez l’autorité nécessaire en ces sujets difficiles, pour imposer silence à ces
bruits défavorables, et me faire rendre la justice qui est due à tous. Si vous
avez la bonté de m’accorder deux heures d’entretien sérieux, je ne doute pas
qu’il me soit facile de vous édifier pleinement sur l’authenticité et la valeur
de mes découvertes. Je n’ai d’ailleurs pas besoin d’ajouter que je resterais à
votre disposition pour tous les éclaircissements ultérieurs que vous voudriez
bien me demander.
La réponse d’Hermite laisse transparaître comme un léger agacement !
L’étude de vos travaux est tellement difficile et tellement pénible que mes
devoirs présents me la rendent impossible. Votre mise en demeure de l’en-
treprendre cependant sur le champ, m’oblige de vous déclarer que si vous
récidivez à me les faire parvenir par ceux de vos amis qui sont membres
de l’Académie, j’y réponds en envoyant immédiatement ma démission de
membre de l’Institut.
Ne vous inquiétez pas, ce n’était que partie remise : Jordan a bien été élu à l’Académie
des Sciences, le 4 avril 1881.
73
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Plan et espace
Eric Dumas, Emmanuel Peyre et Bernard Ycart
Ce chapitre est pour l’essentiel une révision des programmes de géométrie de vos
années de collège et de lycée. Il a pour but de vous préparer à voir la géométrie dans
un cadre plus général que celui des dimensions 2 et 3. Au passage, nous introduirons
quelques notions importantes, en particulier pour la physique, comme les déterminants
et le produit vectoriel.
2 Entraînement 26
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3 Compléments 44
3.1 La géométrie du triangle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2 La proposition xxxii . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3 Les Sangakus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.4 La règle de Sarrus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.5 Les géodésiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.6 Le cinquième postulat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
19 novembre 2014
Maths en Ligne Plan et espace UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Points, vecteurs et coordonnées
Une des difficultés de la géométrie est de bien comprendre la différence entre les
points et les vecteurs. On vous a appris que les points sont « fixés » et les vecteurs
sont « libres » (d’être translatés n’importe où dans le plan ou dans l’espace). Cette
vision des choses est largement suffisante pour vous permettre d’effectuer des calculs,
et vous pouvez vous en contenter pour l’instant. Nous décrirons à la section suivante
le formalisme mathématique de ces notions.
Un espace vectoriel est un ensemble de vecteurs muni de deux opérations, l’addi-
tion et la multiplication par un réel. Ce sont bien celles que vous connaissez et leurs
propriétés vous sont familières (figure 1).
(3/2) v
u+v
v
−u u
1
Maths en Ligne Plan et espace UJF Grenoble
Proposition 1. Soit (~ı, ~) une base du plan vectoriel. Soient ~u et ~v deux vecteurs,
dont les coordonnées respectives dans la base (~ı, ~) sont (xu , yu ) et (xv , yv ). Soient λ et
µ deux réels quelconques. Les coordonnées du vecteur λ~u + µ~v dans la base (~ı, ~) sont
(λxu + µxv , λyv + µyv ).
D = { M = A + λ~u , λ ∈ R } .
−−→
• Le segment [A, B] est l’ensemble des points M tels que AM = λ~u, quand λ
parcourt l’intervalle [0, 1].
2
Maths en Ligne Plan et espace UJF Grenoble
La droite vectorielle
D = { λ~u , λ ∈ R } ,
est associée à la droite affine
D = {A + λ~u , λ ∈ R } .
Le plan vectoriel
P = { λ~u + µ~v , (λ, µ) ∈ R2 } ,
est associé au plan affine
Dans le plan, deux droites affines sont dirigées par une même droite vectorielle si
et seulement si elles sont parallèles (d’intersection vide) ou confondues. Par un point
donné, passe une unique droite dont un vecteur directeur est donné, et donc une unique
parallèle à une droite donnée : c’est le fameux cinquième postulat d’Euclide.
Il est possible de choisir une même origine O pour les représentants de tous les
−→
vecteurs : à chaque vecteur ~u on associe alors l’unique point A tel que OA = ~u. On
définit ainsi une bijection de l’ensemble des vecteurs vers l’ensemble des points.
−→
Si ~u = AB, la relation de Chasles justifie la notation B = A + ~u, puisqu’alors
−−→ −→ −→ −→
OB = OA + AB = OA + ~u ,
3
Maths en Ligne Plan et espace UJF Grenoble
Définition 1. Soit E un ensemble non vide. On dit que E est un espace vectoriel sur
R si E est muni d’une addition et d’une multiplication externe vérifiant les propriétés
suivantes. (
E × E −→ E
• Addition :
(~v , w)
~ 7−→ ~v + w ~
1. Associativité : ∀~u, ~v , w
~ ∈ E , ~u + (~v + w)~ = (~u + ~v ) + w
~
2. Élément neutre : ∃~e ∈ E , ∀~v ∈ E , ~v + ~e = ~e + ~v = ~v
3. Opposé : ∀~v ∈ E , ∃~v 0 ∈ E , ~v + ~v 0 = ~v 0 + ~v = ~e
4. Commutativité : ∀~v , w ~ ∈ E , ~v + w
~ =w ~ + ~v
Ces propriétés font de (E, +) un groupe commutatif.
(
R × E −→ E
• Multiplication externe :
(λ, ~v ) 7−→ λ ~v
5. Associativité : ∀λ, µ ∈ R , ∀~v ∈ E , λ(µ ~v ) = (λµ) ~v
6. Élément neutre : ∀~v ∈ E , 1 ~v = ~v
7. Distributivité (1) : ∀λ, µ ∈ R , ∀~v ∈ E , (λ + µ) ~v = λ ~v + µ ~v
8. Distributivité (2) : ∀λ ∈ R , ∀~v , w
~ ∈ E , λ (~v + w)
~ = λ ~v + λ w ~
En utilisant les propriétés de la définition, on démontre que :
1. le produit par le réel 0 d’un vecteur ~v quelconque est l’élément neutre pour
l’addition :
∀~v ∈ E , 0 ~v = ~e ,
2. le produit par le réel −1 d’un vecteur ~v quelconque est son opposé pour l’addition :
∀~v ∈ E , ~v + (−1) ~v = ~e .
En conséquence, on note ~0 l’élément neutre pour l’addition (qu’on appelle le vecteur
nul) et −~v l’opposé de ~v .
L’exemple fondamental est l’ensemble des n-uplets de réels :
Rn = { (x1 , . . . , xn ) , x1 , . . . , xn ∈ R } .
L’ensemble des n-uplets de réels (couples pour n = 2, triplets pour n = 3, . . . ), est
muni de l’addition et de la multiplication par un réel, coordonnée par coordonnée.
• Addition : (1, 2, 3, 4) + (3, −1, −2, 2) = (4, 1, 1, 6)
• Multiplication externe : (−2)(3, −1, −2, 2) = (−6, 2, 4, −4)
Le singleton contenant seulement le vecteur nul est un espace vectoriel particulier, dont
on convient qu’il est de dimension 0. Tous les espaces vectoriels considérés dans la suite
sont supposés contenir au moins un vecteur non nul.
La notion de combinaison linéaire, que nous avons rappelée dans le cas de deux
vecteurs, est l’outil de base des espaces vectoriels. Dans tout ce qui suit, n désigne
un entier strictement positif. Une combinaison linéaire de n vecteurs se définit comme
suit.
4
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Définition 2. Soient ~u1 , . . . , ~un n vecteurs dans un espace vectoriel. On appelle com-
binaison linéaire des vecteurs ~u1 , . . . , ~un tout vecteur s’écrivant :
n
X
λi ~ui = λ1~u1 + · · · + λn~un ,
i=1
2. On dit que E est de dimension finie s’il est engendré par une famille finie de
vecteurs. Un sous-espace d’un espace vectoriel de dimension finie, est lui-même
de dimension finie.
3. On dit que (~u1 , . . . , ~un ) est une famille libre si la seule combinaison linéaire nulle
a tous ses coefficients nuls.
n
λi ~ui = ~0 =⇒ (λ1 = . . . = λn = 0)
X
i=1
Deux vecteurs liés sont colinéaires, trois vecteurs liés sont dits coplanaires.
Rappelons que deux vecteurs ~u et ~v sont colinéaires si et seulement s’il existe un
nombre réel λ tel que ~u = λ~v ou ~v = λ~u. Plus généralement, si n ≥ 2, une famille
(u1 , . . . , un ) est liée si et seulement s’il existe i ∈ {1, . . . , n} tels que ui soit combinaison
linéaire de la famille (u1 , . . . , ui−1 , ui+1 , . . . , un ).
5
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Théorème 1. Dans un espace vectoriel de dimension finie, contenant des vecteurs non
nuls, il existe une infinité de bases et toutes les bases ont le même cardinal.
Par définition, le nombre d’éléments commun de toutes les bases est la dimension
de l’espace.
Les coordonnées d’un vecteur sont définies grâce au résultat suivant.
Théorème 2. Soit E un espace vectoriel de dimension n et (~u1 , . . . , ~un ) une base de
E. Pour tout ~v ∈ E, il existe un unique n-uplet de réels (x1 , . . . , xn ) tel que :
n
X
~v = xi~ui .
i=1
On appelle cette base, la base canonique. Constatez avec soulagement que les coordon-
nées du n-uplet (x1 , . . . , xn ) dans la base canonique sont les n réels x1 , . . . , xn .
1.3 Déterminants
Dans cette section, nous définissons la notion de déterminant, puis nous en dé-
duisons un critère pratique pour reconnaître une base, dans un espace vectoriel de
dimension 2 ou 3. Nous commençons par la dimension 2.
Définition 5. Soit E un espace vectoriel de dimension 2 et soit B = (~ı, ~ ) une base de
E. Soient ~u = x1~ı + y1~ et ~v = x2~ı + y2~ des éléments de E. On appelle déterminant
de (~u, ~v ) dans la base B le nombre réel :
x x2
1
DetB (~u, ~v ) = = x1 y 2 − y 1 x2 .
y1 y2
6
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c) Soient ~u, ~v et w
~ des éléments de E, λ et µ des nombres réels.
Donc, pour tout ~u de E, DetB (~u, ~u) = 0, ce qui démontre a). De même, la relation
x x1 x x
2 1 2
= x2 y1 − y2 x1 = −
y2 y1 y1 y2
= λ(x1 y2 − y1 x2 ) + µ(x1 y3 − y1 x3 )
x x x x
1 2 1 3
= λ + µ .
y1 y2 y1 y3
Reprenons les notations de l’assertion d). Soient x01 , y10 (resp. x02 , y20 ) les coordonnées
de ~u (resp. ~v ) dans la base B 0 .
Corollaire 1. Soit B = (~ı, ~ ) une base de E. Pour tous ~u, ~v de E, DetB (~u, ~v ) = 0 si
et seulement si ~u et ~v sont colinéaires.
7
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Proposition 3. Soit B = (~ı, ~, ~k) une base de l’espace vectoriel E. Le déterminant de
trois vecteurs de E vérifie les assertions suivantes :
a) Soient ~u et ~v des éléments de E.
DetB (~u, ~u, ~v ) = DetB (~u, ~v , ~u) = DetB (~u, ~v , ~v ) = 0.
b) Soient ~u, ~v et w
~ des éléments de E.
~ = −DetB (~v , ~u, w)
DetB (~u, ~v , w) ~ = DetB (~v , w,
~ ~u).
8
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− z1 y2 x3
x1 x2 x3 − x1 z2 y3
y1 y2 y3
− y1 x2 z3
z1 z2 z3
x1 x2 x3 + x1 y2 z3
y1 y2 y3 + y1 z2 x3
+ z1 x2 y3
c) Soient ~u, ~v , w
~ et ~x des éléments de E, λ et µ des nombres réels. Les relations
suivantes sont vraies.
d) Si B 0 = (~ı0 , ~0 , ~k 0 ) est une base de E, alors pour tout triplet (~u, ~v , w) ~ de vecteurs
de E,
DetB (~u, ~v , w) ~ DetB (~ı0 , ~0 , ~k 0 ) .
~ = DetB0 (~u, ~v , w)
Démonstration : Ces assertions se montrent par des calculs élémentaires comme dans
le cas du déterminant de deux vecteurs.
Corollaire 2. Soit B = (~ı, ~, ~k) une base de E. Pour tout triplet (~u, ~v , w)
~ de vecteurs
de E, DetB (~u, ~v , w)
~ = 0 si et seulement si les vecteurs ~u, ~v et w
~ sont coplanaires.
9
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−→
1. pour tout A ∈ E, l’application qui à B associe AB est bijective : pour tout ~u ∈ E,
−→
il existe un unique B ∈ E, tel que AB = ~u. On le note B = A + ~u ;
2. la relation de Chasles est vérifiée.
−→ −−→ −→
∀A, B, C ∈ E , AB + BC = AC .
A
D
~u ←→ {(A, B) ∈ E × E , B = A + ~u } .
Ceci définit une bijection entre l’ensemble quotient de E × E par la relation d’équipol-
lence, et l’espace vectoriel associé E.
À tout vecteur correspond une classe d’équivalence de couples de points équipol-
−→
lents. Etant donné un couple de points (A, B), le vecteur AB peut donc être interprété
comme la classe d’équivalence de (A, B) pour la relation d’équipollence.
10
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Passons de l’espace vectoriel à l’espace affine, c’est-à-dire des vecteurs aux points.
Dès qu’une origine O a été choisie, on peut associer à n points A1 , . . . , An et n réels
−−→
λ1 , . . . , λn le point M tel que OM soit la combinaison linéaire :
n
−−→ X −−→
OM = λi OAi .
i=1
i=1 i=1
n −−0→ n
! !
X X −−→
= λi OO+ λi OAi
i=1 i=1
i=1
11
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Le barycentre M est le seul point de l’espace tel que la combinaison linéaire des vecteurs
−−→
M Ai affectés des coefficients λi soit nulle.
Quand les coefficients λi sont tous égaux, on parle d’isobarycentre. En physique, la
notion de barycentre se réfère à des coefficients tous positifs, que l’on comprend comme
des masses placées aux points A1 , . . . , An . Le barycentre, ou centre de gravité, est un
point d’équilibre pour l’ensemble des masses. Insistons sur le fait que dans la définition
8, les coefficients sont de signe quelconque.
Proposition 5. Soient A, B deux points distincts d’un espace affine. La droite affine
passant par A et B est l’ensemble des barycentres de A et B, affectés de coefficients λ
et µ tels que λ + µ 6= 0.
Démonstration : La droite passant par A et B peut être vue comme la droite passant
−→
par A de vecteur directeur AB :
−→
D = { A + λAB , λ ∈ R } .
Proposition 6. Soient A, B, C trois points non alignés d’un espace affine. Le plan
affine contenant A, B et C est l’ensemble des barycentres de A, B, C affectés de
coefficients λ, µ, ν tels que λ + µ + ν 6= 0.
12
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c’est-à-dire :
yu x − xu y − (yu xA − xu yA ) = 0 .
La proposition suivante montre que, réciproquement, toute équation de ce type définit
bien une droite.
Proposition 7. Soient a et b deux réels, dont un au moins est non nul. Pour tout réel
c l’ensemble des points de coordonnées (x, y) telles que :
ax + by + c = 0 , (3)
est une droite dont un vecteur directeur a pour coordonnées (−b, a).
13
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soit
−−→
λAM + µ ~u = ~0 .
−−→
Réciproquement, soit M un point tel que AM et ~u sont colinéaires. Soient x et y les
coordonnées de M : il existe un réel λ tel que,
x − xA = −λb et y − yA = λa .
Ceci entraîne :
a(x − xA ) + b(y − yA ) = 0 ,
et donc :
ax + by + c = 0 .
En dimension 3 un plan est déterminé par un point A et deux vecteurs ~u, ~v non
colinéaires.
P = { A + λ~u + µ~v , λ, µ ∈ R } .
Soit (O,~ı, ~, ~k) un repère de l’espace. Les trois coordonnées d’un point du plan P
s’écrivent :
x = xA + λ xu + µ xv
y = yA + λ yu + µ yv (4)
z = zA + λ zu + µ zv .
Ce sont les équations paramétriques du plan P. Pour obtenir son équation implicite, il
faut éliminer λ et µ dans les équations paramétriques. C’est moins facile qu’en dimen-
sion 2. L’expression des trois coefficients a, b, c ci-dessous peut paraître arbitraire, mais
vous y reconnaîtrez en fait trois déterminants. Nous expliquerons plus loin leur sens
mathématique.
a = yu zv − yv zu , b = zu xv − zv xu , c = xu yv − xv yu . (5)
14
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D = { A + λ~u , λ ∈ R } ,
Les deux équations obtenues sont les équations de deux plans dont la droite D est
l’intersection. Evidemment elles n’ont rien d’uniques. Il existe une infinité de manières
d’exprimer une droite comme intersection de deux plans.
Observez que si S est symétrique, et linéaire par rapport à l’une des composantes,
elle est nécessairement linéaire par rapport à l’autre.
Soit E un espace vectoriel de dimension n, muni d’une base (~u1 , . . . , ~un ). Soient ~u
et ~v deux vecteurs de E.
n
X n
X
~u = xi ~ui et ~v = yi ~ui
i=1 i=1
15
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Il est immédiat de vérifier que le produit scalaire relatif à une base, vérifie bien la
définition 9. On démontre que si S est un produit scalaire au sens de la définition 9,
sur un espace de dimension finie, alors il existe une base B telle que S soit le produit
scalaire relatif à la base B. En dimension finie, quitte à changer de base, on se ramène
donc toujours au cas où le produit scalaire est la somme des produits deux à deux des
coordonnées. Nous noterons donc désormais ~u · ~v le produit scalaire de deux vecteurs,
comme vous en avez l’habitude.
Dans un espace vectoriel, la donnée d’un produit scalaire induit les notions d’or-
thogonalité, et de norme.
Comme conséquence du fait qu’un produit scalaire est défini positif, la norme d’un
vecteur ne peut être nulle que si ce vecteur est nul. De même, si deux vecteurs sont à la
fois orthogonaux et colinéaires alors l’un d’entre eux est le vecteur nul ; ou de manière
équivalente, si deux vecteurs non nuls sont orthogonaux, ils ne sont pas colinéaires.
Considérons un espace vectoriel de dimension n, muni d’une base (~u1 , . . . , ~un ) et
notons ~u · ~v le produit scalaire relatif à cette base.
Dans la base (~u1 , . . . , ~un ), le vecteur ~ui a toutes ses coordonnées nulles, sauf la i-
ième qui vaut 1. On vérifie donc immédiatement que ~ui a pour norme 1 et que ~ui et ~uj
sont orthogonaux pour i 6= j. On dit que la base est orthonormée.
Définition 11. Soit E un espace vectoriel de dimension n, muni d’un produit scalaire.
On dit que la base (~u1 , . . . , ~un ) est orthonormée, si les vecteurs sont orthogonaux deux
à deux, et chacun d’eux est de norme 1.
(
0 si i 6= j
∀i, j = 1, . . . , n , ~ui · ~uj =
1 si i = j .
Tel que nous l’avons défini, le produit scalaire semble dépendre de la base. La
proposition suivante montre que si on remplace la base initiale par une autre base
orthonormée, le produit scalaire garde la même écriture.
16
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x0 ~u0 · y 0 u~0j
X X
~u · ~v = i i j
i=1
j=1
n n
x0i yj0 ~u0i · ~u0j
X X
=
i=1 j=1
n
x0i yi0 ,
X
=
i=1
Voici un résultat souvent utile, l’inégalité de Cauchy-Schwarz.
soit
(~u · ~v )2 ≤ k~uk2 k~v k2 ,
17
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ce qui entraîne (8). L’égalité a lieu si et seulement si le trinôme admet une racine double
x, valeur pour laquelle x~u + ~v est le vecteur nul.
Passons maintenant à l’espace affine. Rappelons qu’un repère est constitué d’une
origine O et d’une base de l’espace vectoriel associé. Dire qu’on munit l’espace d’un
repère orthonormé, c’est supposer implicitement qu’on dispose d’un produit scalaire,
pour lequel les vecteurs de la base sont orthogonaux deux à deux, et de norme 1. Ceci
permet de définir la distance euclidienne.
Définition 12. Soit E un espace affine, muni d’un repère orthonormé. On appelle
distance euclidienne de deux points A et B, et on note d(A, B), la norme du vecteur
−→
AB.
Vous apprendrez plus tard qu’il existe de multiples manières de définir une dis-
tance dans un espace. Pour l’instant, nous n’utiliserons que celle-ci, et nous omettrons
l’adjectif « euclidienne ».
L’inégalité de Cauchy-Schwarz montre que le rapport entre le produit scalaire de
deux vecteurs non nuls et le produit de leurs normes est compris entre −1 et 1. Ce
rapport est interprété comme le cosinus de l’angle que forment les deux vecteurs.
−→ −−→
OA · OB = d(O, A)d(O, B) cos(AOB)
[ . (9)
18
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α b
c
B C
a
Définition 13. On dit que deux droites du plan affine sont orthogonales (ou perpen-
diculaires) si tout vecteur directeur de l’une est orthogonal à tout vecteur directeur de
l’autre.
La projection orthogonale utilise le fait qu’il existe une seule perpendiculaire à une
droite donnée passant par un point extérieur à cette droite (figure 5).
19
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Proposition 9. Considérons le plan muni d’un repère orthonormé (O,~ı, ~). Soit D la
droite d’équation implicite ax + by + c = 0, et A le point de coordonnées (xA , yA ). La
distance du point A à la droite D est :
|axA + byA + c|
√ .
a2 + b 2
A D
H
M
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ax + by + cz + d = 0 ,
est un plan affine, dont le plan vectoriel associé est l’ensemble des vecteurs orthogonaux
au vecteur ~n, de coordonnées (a, b, c).
21
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Définition 15. Soient ~u et ~v deux vecteurs non colinéaires. On dit du couple (~u, ~v )
qu’il est une base directe si DetB (~u, ~v ) > 0.
Observons que si (~u, ~v ) est une base directe, alors (~v , ~u) ne l’est pas, d’après le point
b) de la proposition 2.
La valeur du déterminant s’interprète géométriquement grâce à la formule suivante,
qui se déduit immédiatement de (9).
−→ −−→
Det(OA, OB) = d(O, A)d(O, B) sin(AOB)
[ .
B
O A
Nous avons déjà rencontré des déterminants pour établir l’équation implicite d’un
plan dans l’espace.
Définition 16. Dans un espace affine de dimension 3 muni d’un repère orthonormé,
considérons deux vecteurs ~u et ~v . On appelle produit vectoriel de ~u et ~v et on note
~u ∧ ~v , le vecteur de coordonnées a, b, c définies par :
a = yu zv − yv zu , b = zu xv − zv xu , c = xu y v − x v y u .
Proposition 12.
1. Le produit vectoriel est changé en son opposé si on permute les deux vecteurs
∀~u, ~v ∈ E , ~u ∧ ~v = −~v ∧ ~u ;
22
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∀~u, ~v , w
~ ∈ E , ∀λ, µ ∈ R ,
~u ∧ (λ~v + µw)
~ = λ ~u ∧ ~v + µ ~u ∧ w
~;
(λ~u + µ~v ) ∧ w
~ = λ ~u ∧ w
~ + µ ~v ∧ w
~;
3. Le produit vectoriel ~u∧~v est le vecteur nul si et seulement si ~u et ~v sont colinéaires.
Nous avons déjà observé que le vecteur ~u ∧ ~v est orthogonal à ~u et ~v (lemme 1).
Sa norme est la surface du parallélogramme construit à partir des deux vecteurs (cf.
figure 6).
Passons maintenant à la dimension 3. Soit E un espace vectoriel de dimension 3
muni d’une base orthonormée B = (~ı, ~, ~k). Nous continuons à omettre l’indice B dans
l’écriture des déterminants. La proposition suivante consiste simplement à écrire la
définition 6 à l’aide des produits scalaire et vectoriel.
Proposition 13. Soient ~u, ~v , w
~ trois vecteurs. Le déterminant de ~u, ~v , w
~ est :
~ = ~u · (~v ∧ w)
Det(~u, ~v , w) ~ .
~ = ~u · (~v ∧ w)
L’expression Det(~u, ~v , w) ~ permet de donner une interprétation géomé-
trique du déterminant en dimension 3, analogue à la dimension 2 : la valeur absolue du
−→ −−→ −→
déterminant de 3 vecteurs OA , OB, OC est le volume du parallélépipède de sommets
−−→ −→ −→ −−→ −→
O, A, B, C, A+OB, A+OC, B+OC, A+OB+OC (figure 7). Le signe est positif si les 3
vecteurs sont orientés dans le sens direct (comme sur la figure 7), négatif s’il est orienté
dans le sens indirect (rappelons que le déterminant change de signe si on permute 2
des 3 vecteurs). Le signe du déterminant permet donc d’orienter une base quelconque,
par rapport à une base de référence. L’orientation de la base de référence se fait selon
la règle du bonhomme d’Ampère, autrement nommé tire-bouchon de Maxwell.
Définition 17. Soit E un espace vectoriel de dimension 3, muni d’une base (~ı, ~, ~k).
~ trois vecteurs non coplanaires. On dit du triplet (~u, ~v , w)
Soient ~u, ~v , w ~ qu’il est une
base directe si Det(~u, ~v , w)
~ > 0.
23
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O A
est une application de R2 vers le plan. Cette application est bijective : à tout point du
plan correspond un unique couple de réels.
De même dans un espace de dimension 3 muni d’un repère (O,~ı, ~, ~k), l’application
qui à un triplet de réels (x, y, z) associe le point A tel que :
−→
OA = x~ı + y~ + z~k ,
est une bijection de R3 vers l’espace. Ces applications sont les systèmes de coordonnées
cartésiennes.
On rencontre souvent en physique des situations où les calculs s’effectuent plus sim-
plement en utilisant d’autres systèmes de coordonnées. Nous allons présenter les plus
courants : les coordonnées polaires dans le plan, les coordonnées cylindriques et sphé-
riques en dimension 3. Elles sont définies par référence aux coordonnées cartésiennes.
Les coordonnées polaires sont la traduction géométrique de la forme trigonomé-
trique des nombres complexes. Supposons le plan muni d’un repère (O,~ı, ~). Voici l’ap-
plication qui aux coordonnées polaires associe les coordonnées cartésiennes (figure 8).
R+ × [0, 2π[ −→ R2
(ρ, θ) 7−→ (x, y)
x = ρ cos θ , y = ρ sin θ .
Les réels ρ et θ sont le module et l’argument de l’affixe du point de coordonnées
cartésiennes (x, y) : ρ est la distance de l’origine au point et θ est l’angle orienté
→
−
entre le vecteur ~ı et le vecteur A . Observons que l’application ainsi définie n’est pas
(tout à fait) bijective : tout couple (x, y) a un antécédent unique, sauf (0, 0) qui a
pour antécédents tous les couples (0, θ). Si on la restreint aux valeurs de ρ strictement
positives, l’application définie ci-dessus est bien une bijection de ]0, +∞[×[0, 2π[ vers
le plan privé de l’origine.
Les coordonnées cylindriques remplacent les deux premières des trois coordonnées
cartésiennes par les coordonnées polaires correspondantes, en conservant la troisième
(figure 9)
R+ × [0, 2π[×R −→ R3
(ρ, θ, z) 7−→ (x, y, z)
x = ρ cos θ , y = ρ sin θ .
24
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y
ρ
θ
x
Cette application n’est toujours pas une bijection, puisque l’image réciproque de (0, 0, z)
est l’ensemble des triplets de la forme (0, θ, z), θ ∈ [0, 2π[.
y
ρ
θ
x
Les coordonnées sphériques suivent la même logique que les coordonnées polaires :
la première des trois est la distance de l’origine au point. Les deux autres sont deux
angles, correspondant à la longitude et la co-latitude terrestres (figure 10).
R+ × [0, 2π[×[0, π] −→ R3
(r, φ, θ) 7−→ (x, y, z)
x = r sin θ cos φ , y = r sin θ sin φ , z = r cos θ .
Cette application n’est pas plus bijective que les précédentes (la latitude et la longitude
ne sont pas définies de façon unique au centre de la terre).
25
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r
y
φ
x
2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soit ~u un vecteur non nul dans un espace vectoriel et A un point d’un
espace affine associé. On pose B = A+~u et C = A−~u. Parmi les affirmations suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
−→ −→
1. Les vecteurs AB et AC sont égaux.
−→ −→
2. Les vecteurs BA et AC sont égaux.
−→ −→
3. (A, AB, AC) est un repère affine.
−→
4. (A, AB) est un repère affine de la droite passant par B et C.
5. Le point B est le milieu du segment [AC].
6. Le point B est un barycentre de A et C.
7. Le point A est l’isobarycentre de B et C.
8. C = B + 2~u.
−−→
9. A = C + 12 CB.
−→ −→
10. AB = −~u + 2CA.
Vrai-Faux 2. Soient A, B, C trois points d’un plan affine P. Parmi les affirmations
suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
−→ −→ −→ −→
1. Si les vecteurs AB et AC forment une famille libre, alors (A, AB, AC) est un
repère de P.
−→ −→
2. Si B 6= C alors (A, AB, AC) est un repère de P.
−→ −→ −→ −→
3. Si (A, AB, AC) est un repère de P, alors (C, AB, AC) est un repère de P.
−→ −→ −−→ −→
4. Si (A, AB, AC) est un repère de P, alors (C, BC, AB) est un repère de P.
−→ −→
5. (B, AB, BA) est un repère de P.
26
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−→ −→
6. Si (A, AB, AC) est un repère de P, alors C est un barycentre de A et B.
−→ −→
7. (A, AB, AC) est un repère de P, si et seulement si C n’est pas un barycentre
de A et B.
8. L’isobarycentre de A, B, C appartient à une droite passant par C et le milieu
du segment [A, B].
9. L’isobarycentre de A, B, C appartient à une droite passant par B et le milieu
du segment [A, B].
10. L’isobarycentre de A, B, C appartient à la droite joignant B au milieu du
−→ −→
segment [A, B] si et seulement si (A, AB, AC) n’est pas un repère de P.
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Vrai-Faux 5. Dans un espace affine euclidien de dimension 3, que l’on munit d’un repère
orthonormé (O,~ı, ~, ~k), on note P le plan d’équation implicite 2x + 2y + z + 3 = 0, et H
la projection orthogonale de O sur P. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. O ∈ P.
2. le vecteur de coordonnées (2, 2, 1) appartient à l’espace vectoriel associé à P.
3. Toute droite de vecteur directeur (2, 2, 1) est perpendiculaire à P.
4. H est le point de coordonnées (2, 2, 1).
−−→
5. La distance de O à P est la norme du vecteur OH.
6. La distance de O à P vaut 1.
7. Le vecteur de coordonnées (1, 0, −2) appartient à l’espace vectoriel associé à
P.
8. La distance de O à la droite passant par H dont un vecteur directeur a pour
coordonnées (1, 0, −2) est strictement supérieure à 1.
9. Il existe une droite dans P telle que la distance de O à cette droite soit
strictement inférieure à 1.
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2.2 Exercices
Exercice 1. Soient D1 et D2 deux droites dans le plan, données par leurs équations im-
plicites ou paramétriques. Déterminer si les droites sont sécantes, parallèles ou confon-
dues. Dans le cas ou elles sont sécantes, donner les coordonnées de leur point d’inter-
section.
D1 : 3x + 5y − 2 = 0 ; D2 : x − 2y + 3 = 0 .
D1 : 2x − 4y + 1 = 0 ; D2 : −5x + 10y + 3 = 0 .
( (
x = 3 + 4λ x = 5−µ
D1 : ; D2 : .
y = 2−λ y = 2 + 3µ
( (
x = 1 + 2λ x = 3 − 4µ
D1 : ; D2 : .
y = 2 − 3λ y = −1 + 6µ
(
x = 2+µ
D1 : x − 2y + 3 = 0 ; D2 : .
y = 3 − 2µ
(
x = 1 − 4µ
D1 : 3x − 2y + 1 = 0 ; D2 : .
y = 2 − 6µ
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Exercice 2. Soit A un point du plan, donné par ses coordonnées dans un repère ortho-
normé (O,~ı, ~). Soit ~u un vecteur non nul, déterminé par ses coordonnées dans la base
(~ı, ~). On considérera les cas suivants.
A : (−1, 1) , ~u : (1, 0) .
A : (2, 1) , ~u : (−3, −1) .
A : (0, 1) , ~u : (1, 2) .
A : (−3, 1) , ~u : (1, −1) .
1. Donner des équations paramétriques et implicites de la droite D passant par A,
admettant ~u comme vecteur directeur.
2. Donner des équations paramétriques et implicites de la droite D0 passant par A,
et perpendiculaire à D.
Exercice 3. On considère trois points A, B, C non alignés d’un plan affine. On note D1
(respectivement D2 , D3 ) la droite (B, C) (respectivement (A, C), (A, B)).
−→ −→
1. Montrer que (A, AB, AC) est un repère du plan.
−→ −→
2. Donner les équations des 3 droites D1 , D2 , D3 , dans le repère (A, AB, AC).
3. Donner les équations des 3 médianes du triangle ABC dans le même repère.
4. Donner les coordonnées de l’isobarycentre de A, B, C dans le même repère, et
vérifier qu’il est le point d’intersection des trois médianes.
−→ −−→
5. Montrer que (B, BA, BC) est un repère du plan et déterminer l’ensemble des
−→ −→
points ayant les mêmes coordonnées dans les deux repères (A, AB, AC) et
−→ −−→
(B, BA, BC).
6. Soit D une droite du plan affine, dont une équation implicite dans le repère
−→ −→
(A, AB, AC) est ax + by + c. A quelles conditions portant sur les réels a, b, c la
droite D est-elle sécante avec les trois droites D1 , D2 et D3 ?
On suppose ces conditions réalisées et on note I (respectivement J, K) le point
d’intersection de D avec D1 (respectivement D2 , D3 ).
7. On appelle « diagonales » les segments [A, I], [B, J], [C, K]. Donner les coordon-
−→ −→
nées des milieux des 3 diagonales dans le repère (A, AB, AC), et vérifier que ces
trois points sont alignés.
Exercice 4. Soient A, B, C trois points du plan affine, donnés par leurs coordonnées
dans un repère (O,~ı, ~). On considérera les cas suivants.
A : (0, 0) , B : (0, 1) , C : (1, 0) .
A : (0, 3) , B : (−2, 0) , C : (0, 2) .
A : (1, 0) , B : (−1, 0) , C : (2, 3) .
A : (2, 0) , B : (−1, 4) , C : (−4, 3) .
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1. Donner des équations paramétriques et implicites des trois droites passant par
(A, B), (A, C), (B, C).
2. Donner des équations paramétriques et implicites des trois médianes du triangle
ABC et vérifier que l’isobarycentre G de A, B, C est leur point d’intersection.
3. Donner des équations paramétriques et implicites des trois hauteurs du triangle
ABC. Vérifier qu’elles sont concourantes et donner les coordonnées de leur point
d’intersection H.
4. Donner des équations paramétriques et implicites des trois médiatrices du triangle
ABC. Vérifier qu’elles sont concourantes et donner les coordonnées de leur point
d’intersection M .
−−→ −−→
5. Vérifier que les trois points G, H, M sont alignés et que M H = 3M G.
Exercice 5. Soient A, B, C, D quatre points d’un plan affine. Soient I, J, K, L, M, N les
milieux respectifs des segments [A, B], [B, C], [C, D], [D, A], [A, C], [B, D].
1. Montrer que les segments [I, K], [J, L] et [M, N ] ont le même milieu.
2. Montrer que le quadrilatère de sommets I, J, K, L est un parallélogramme.
Exercice 6. Dans un plan affine, muni d’un repère orthonormé, on considère deux
droites sécantes, D1 et D2 , données par leurs équations implicites :
a1 x + b1 y + c1 = 0 et a2 x + b2 y + c2 = 0
1. Soit M un point équidistant des deux droites D1 et D2 . Quelle équation vérifient
les coordonnées (x, y) de M ?
2. En déduire que l’ensemble des points équidistants de D1 et D2 est la réunion de
deux droites ∆1 et ∆2 , dont on donnera une équation implicite.
3. Vérifier que ∆1 et ∆2 sont orthogonales.
4. Pour i = 1, 2, soit ~ui un vecteur directeur de Di , ~vi un vecteur directeur de ∆i .
On suppose que ces 4 vecteurs ont tous la même norme. Montrer que :
|u~1 · v~1 | = |u~2 · v~1 | et |u~1 · v~2 | = |u~2 · v~2 |
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Exercice 8. On considère le triangle ABC dont les côtés ont pour équations (AB) :
x + 2y = 3, (AC) : x + y = 2, (BC) : 2x + 3y = 4.
1. Donnez les coordonnées des points A, B, C.
2. Donnez les coordonnées des milieux A0 , B 0 , C 0 de (BC), (AC) et (AB) respecti-
vement.
3. Donnez une équation de chaque médiane et vérifiez qu’elles sont concourantes.
Exercice 9. Soit A un point donné par ses coordonnées dans un repère orthonormé
(O,~ı, ~, ~k). Soit ~u un vecteur non nul donné par ses coordonnées dans la base (~ı, ~, ~k).
On considérera les cas suivants.
A : (1, 0, 0) , ~u : (1, 1, 1) .
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P1 : z = 0 ; P2 : y = 0 , A : (1, 1, 1) .
P1 : x + y = 0 ; P2 : x + z + 1 = 0 , A : (1, 1, 1) .
P1 : x + y + z + 2 = 0 ; P2 : 2x − y + 3z − 4 = 0 , A : (2, 1, 0) .
P1 : 2x + y − z − 2 = 0 ; P2 : x + 3y + 7z − 11 = 0 , A : (1, 2, 1) .
P1 : 2x − y + 1 = 0 ; P2 : 3y − z − 2 = 0 , A : (3, −1, 2) .
P1 : x + y + z − 1 = 0 ; P2 : −x + y − z + 1 = 0 , A : (1, 1, 2) .
1. Vérifier que P1 et P2 ne sont pas parallèles.
2. Donner des équations paramétriques de P1 et P2 .
3. Donner des équations paramétriques de D.
4. Donner des équations paramétriques et implicites de la droite orthogonale à P1
passant par A.
5. Donner des équations paramétriques et implicites de la droite orthogonale à P2
passant par A.
6. Donner des équations paramétriques et implicites du plan orthogonal à D passant
par A.
7. Calculer la distance de A à P1 , puis à P2 , puis à D.
Exercice 12. Soient ~u, ~v , w,
~ trois vecteurs déterminés par leurs coordonnées dans un
repère orthonormé (O,~ı, ~, ~k). On considérera les cas suivants.
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~ 0 = (1/k−
puis w →k)−
w → ~ 0.
1 w1 . Calculer les coordonnées de w
Exercice 14. Soit A un point d’un espace de dimension 3, donné par ses coordonnées
dans un repère orthonormé (O,~ı, ~, ~k). On considérera les cas suivants.
A : (1, 0, 0) , A : (0, 1, 0) ,
A : (0, 0, 1) , A : (−1, 0, 0) ,
√ √
A : (1, 0, 1) , A : (1, 1, 0) , A : (1, 1, 2) , A : (−1, 1, − 2) ,
√ √ √ √ √ √
A : (1, 1, − 6) , A : (1, 3, −2) , A : (− 3, 1, 2) , A : (− 3, 3, − 2) .
1. Donner les coordonnées cylindriques de A.
2. Donner les coordonnées sphériques de A.
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1. Soit ~u un vecteur non nul dans un espace vectoriel, et A un point dans
un espace affine associé. On pose B = A + 2~u et C = A − ~u.
A La droite passant par A de vecteur directeur ~u contient les points B et C.
B Il existe une unique droite passant par A et de vecteur directeur ~u.
C A est le milieu du segment [B, C].
D Il existe un unique plan passant par les trois points A, B et C.
−→ −→
E Le vecteur AB + 2AC est un vecteur directeur de la droite (AB).
Question 2. Soit ~u un vecteur non nul dans un espace vectoriel, et A un point dans
un espace affine associé. On pose B = A + 2~u et C = A − ~u.
A A = C − ~u.
B B = C + 3~u.
−→
C C = A + BA.
−→
D CA = ~u.
−→
E BA = 2~u.
Question 3. Soit E un espace vectoriel de dimension 3, et B = (~ı, ~, ~k) une base de E.
A DetB (~,~ı, ~k) = 1.
B DetB (~, ~k,~ı) = 1.
C DetB (~ı,~ı + 2~, ~k) = 1.
D DetB (~ı + ~k,~ı + 2~, ~k − 2~) = 0.
E Det(~ı + ~,~ı + ~k, ~ + ~k) = 0.
Question 4. Soit ~u un vecteur non nul dans un espace vectoriel, et A un point dans
un espace affine associé. On pose B = A + 2~u et C = A − ~u.
A A est le barycentre de B et C affectés des coefficients respectifs 1 et 2.
B B est le barycentre de A et C affectés des coefficients respectifs −2 et 1.
C C est le barycentre de A et B affectés des coefficients respectifs 2 et −1.
D A est l’isobarycentre de B et C.
E B est le barycentre de A et C affectés des coefficients respectifs 3 et −2.
Question 5. Dans un espace affine de dimension 3, muni d’un repère (O,~ı, ~, ~k), on
considère le plan affine P d’équation 2x − y + z = 3.
A La droite passant par le point de coordonnées (1, 2, 0), de vecteur directeur
~ı + 2~ ne coupe pas le plan P.
35
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Question 7. Dans un espace affine de dimension 3, muni d’un repère (O,~ı, ~, ~k), on
considère le point A de coordonnées (1, 0, 1) le vecteur ~u = ~ı + ~k, et le plan affine P
passant par A et de vecteurs directeur ~u et ~.
A Le plan P contient la droite passant par l’origine et par le point de coordonnées
(1, 1, 1).
x = 1+λ
B Le plan P admet pour équations paramétriques y = λ , λ∈R.
z = 1+λ
C Le plan P contient la droite passant par A, de vecteur directeur ~ı + ~.
D Le plan P ne rencontre pas la droite passant par le point de coordonnées
(0, 0, 1), et de vecteur directeur ~.
E Le plan P est parallèle au plan passant par O, de vecteurs directeurs ~ et ~k.
Question 8. Dans un espace affine de dimension 3, muni d’un repère (O,~ı, ~, ~k), on
considère le plan affine P d’équation implicite x + z = 2.
A Le plan vectoriel associé à P contient le vecteur ~.
B Le vecteur ~ı + ~k est un vecteur normal au plan P.
C Le plan P contient la droite passant par O, de vecteur directeur ~.
D Le plan contient la droite passant par le point de coordonnées (1, 0, 1), de
vecteur directeur ~ı + ~k.
E Toute droite affine de vecteur directeur ~ı − ~k est contenue dans le plan P.
36
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Question 9. Dans un espace affine euclidien de dimension 3, muni d’un repère orho-
normé (O,~ı, ~, ~k), on considère le plan affine P d’équation implicite x + z = 2.
A La distance de O au plan P vaut 1.
B Toute droite de vecteur directeur ~ı + ~k est perpendiculaire au plan P.
C La distance de O au point de coordonnées (2, 0, 0) est égale à la distance de O
à P.
D La distance de O à la droite passant par les points (2, 0, 0) et (0, 0, 2) est
strictement supérieure à la distance de O à P.
E La projection orthogonale de O sur le plan P est le point de coordonnées (1, 0, 1).
Question 10. On considère un espace affine euclidien de dimension 3, muni d’un repère
orhonormé (O,~ı, ~, ~k).
A (~ı + ~) ∧ ~ = ~k.
B (~ı + ~) ∧ (~ı − ~) = ~k.
C (~ı +~) ∧~ı = ~k.
D ~ · (~ı + ~) ∧ ~k = 1.
E ~ı · (~ı + ~) ∧ (~ı + ~ + ~k) = 1.
Réponses : 1–AB 2–BD 3–BD 4–AE 5–AD 6–BC 7–AD 8–AB 9–BE 10–AE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
1. Soient ~u = (x1 , y1 ) et ~v = (x2 , y2 ) deux vecteurs de R2 , muni de sa base canonique.
Démontrer que si ~u et ~v sont colinéaires, alors Det(~u, ~v ) = 0.
2. Soient ~u = (x1 , y1 , z1 ) et ~v = (x2 , y2 , z2 ) deux vecteurs de R3 , muni de sa base
canonique. Démontrer que si ~u et ~v sont colinéaires, alors ~u ∧ ~v = 0.
3. Soient ~u = (x1 , y1 , z1 ) et ~v = (x2 , y2 , z2 ) deux vecteurs de R3 , muni de sa base ca-
nonique. Démontrer que le vecteur ~u ∧~v est orthogonal au plan vectoriel engendré
par ~u et ~v .
~ trois vecteurs de R3 , muni de sa base canonique. En utilisant
4. Soient ~u, ~v et w
l’expression du déterminant à l’aide du produit scalaire et du produit vectoriel,
démontrer que si ~u, ~v et w
~ sont coplanaires, alors Det(~u, ~v , w)
~ = 0.
5. On pose ~u = (1, 0, −1), ~v = (1, −2, 1), w
~ = (0, 1, −1). Calculer le déterminant de
ces trois vecteurs par la règle de Sarrus, puis vérifier que chacun des trois vecteurs
est orthogonal au produit vectoriel des deux autres.
37
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Montrer que l’intersection de Γ avec P est un cercle, déterminer son centre et son
rayon.
Exercice 2 : On considére un espace affine de dimension 3, muni d’un repère ortho-
normé (O,~ı, ~, ~k). Soit A le point de coordonnées (0, 1, 1) dans le repère (O,~ı, ~, ~k). Soit
~u le vecteur de coordonnées (3, 1, 0) dans la base (~ı, ~, ~k).
1. Donner des équations paramétriques et implicites de la droite D passant par A
et admettant ~u comme vecteur directeur.
2. Donner des équations paramétriques et une équation implicite du plan P passant
par A et orthogonal à D.
3. Calculer la distance de O à P et la distance de O à D.
4. Soit P 0 le plan passant par 0 et parallèle à P. Soit A0 l’intersection de P 0 avec D.
Justifier, sans calculs, le fait que la distance de O à A0 est égale à la distance de
O à la droite D.
5. Soit I la projection orthogonale de O sur le plan P. Calculer les coordonnées de
I.
38
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6. Démontrer que les 4 points O, A, A0 , I sont dans un même plan, et que le quadri-
latère OAA0 I est un rectangle.
Si ~u et ~v sont colinéaires, alors ~ua et ~va le sont aussi, et également u~b et ~vb , ainsi
que u~c et ~vc . Donc les trois coordonnées de ~u ∧ ~v sont nulles, d’après la question
précédente.
3. Nous devons montrer que ~u ∧ ~v est orthogonal à tous les vecteurs de la forme
λ~u + µ~v , où λ et µ sont deux réels quelconques. Pour montrer que deux vecteurs
sont orthogonaux, nous devons montrer que leur produit scalaire est nul. Par la
bilinéarité du produit scalaire, il suffit de montrer que :
~u · (~u ∧ ~v ) = 0 et ~u · (~u ∧ ~v ) = 0
C’est une vérification facile.
~u · (~u ∧ ~v ) = x1 (y1 z2 − y2 z1 ) + y1 (x2 z1 − x1 z2 ) + z1 (x1 y2 − x2 y1 ) = 0 ,
~v · (~u ∧ ~v ) = x2 (y1 z2 − y2 z1 ) + y2 (x2 z1 − x1 z2 ) + z2 (x1 y2 − x2 y1 ) = 0 .
4. Si ~u, ~v et w
~ sont coplanaires, alors l’un des trois vecteurs est combinaison linéaire
des deux autres. Sans perte de généralité, nous allons supposer qu’il existe deux
réels λ et µ, tels que ~u = λ~v + µw.~ Ecrivons :
Det(~u, ~v , w)
~ = Det(λ~v + µw, ~ ~v , w)
~
= ~ + µDet(w,
λDet(~v , ~v , w) ~ ~v , w)
~
= λ~v · (~v ∧ w)
~ + µw ~ · (~v ∧ w)
~
= 0,
d’après la question précédente.
39
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Exercice 1 :
1. Nous devons d’abord vérifier que les trois points appartiennent au plan P :
2 × 3 + 2 − 2 = −4 , 2 × 1 + 2 − 2 = −4 , 2 × 4 − 2 − 2 = −4 .
Nous devons ensuite montrer que les 3 points ne sont pas alignés, ce qui se vérifie
−→ −→
par exemple en montrant que les deux vecteurs AB et AC ne sont pas colinéaires.
Il suffit pour cela de calculer leur produit vectoriel, et de vérifier qu’il est non
nul.
−→ −→
AB ∧ AC = (−2, 0, −2) ∧ (1, −4, −1) = (−8, −4, 8) 6= ~0 .
2.
−→ −→ −−→
d2 (A, B) = kABk2 = 8 , d2 (A, C) = kACk2 = 18 , d2 (B, C) = kBCk2 = 26 .
√ √ √
Donc d(A, B) = 2 2, d(A, C) = 3 2 et d(B, C) = 26. Puisque d2 (AB) +
d2 (AC) = d2 (BC), le triangle ABC est rectangle en A, d’après le théorème de
Pythagore.
3. Le plan affine P est associé au plan vectoriel P , d’équation 2x + y − 2z = 0. Cette
équation traduit le fait que tout vecteur directeur de P, de coordonnées x, y, z, est
orthogonal au vecteur ~n de coordonnées 2, 1, −2, qui est donc un vecteur normal
au plan P. En effectuant les produits vectoriels, on trouve :
−→ −→
AB ∧ AC = (−8, −4, 8) = −4~n ,
−→ −−→
BA ∧ BC = (8, 4, −8) = 4~n ,
−→ −−→
CA ∧ CB = (−8, −4, 8) = −4~n .
4. En appliquant la formule,
4 4
d(O, P) = √ = .
9 3
5. La droite D a pour vecteur directeur ~n. Tout point M , s’il appartient à D, est
−−→
tel que OM est colinéaire à ~n, dont les coordonnées x, y, z de M vérifient :
x = 2λ
y = λ , λ∈R.
z = −2λ
40
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2(2λ) + λ − 2(−2λ) = −4 ,
41
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−−→
1. Soit M un point de D. Le vecteur AM est colinéaire au vecteur ~u. Donc les
coordonnées x, y, z de M vérifient :
x = 3λ
y = 1+λ , λ∈R.
z = 1
Ce sont les équations paramétriques de la droite D. Pour obtenir des équations
implicites, il faut éliminer λ dans les équations ci-dessus :
(
x − 3y = −3
z = 1.
2. Le plan P admet ~u comme vecteur normal. Nous devons trouver deux vecteurs
non colinéaires, et orthogonaux au vecteur ~u. Par exemple : (1, −3, 0) et (0, 0, 1).
−−→
Tout point M de P est tel que AM est combinaison linéaire de ces deux vecteurs.
Ses coordonnées x, y, z vérifient donc :
x = λ
y = 1 − 3λ , λ, µ ∈ R .
z = 1+µ
Pour l’équation implicite, nous savons que ~u est un vecteur normal à P, qui admet
donc une équation du type 3x + y = d. Pour déterminer d, il suffit d’écrire que
A vérifie l’équation. On trouve ainsi l’équation 3x + y = 1.
3. La distance de O à P se calcule par la formule :
1 1
d(O, P) = √ 2 =√ .
3 +1 10
La distance de O à D peut se déduire du théorème de Pythagore, puisque
d2 (O, A) = d2 (O, P) + d2 (O, D). On trouve :
1 19
d2 (O, D) = d2 (O, A) − d2 (O, P) = 2 − = .
10 10
q
Donc la distance de 0 à D est de 19/10.
−−→
4. Par construction, le vecteur OA0 appartient au plan vectoriel associé à P, ainsi
qu’à P 0 . Il est donc orthogonal à la droite D. Donc A0 est la projection orthogonale
de O sur D, donc la distance de O à A0 est égale à la distance de O à la droite D.
5. Considérons la droite D0 , passant par O et perpendiculaire au plan P (figure 11).
Un système d’équations paramétriques de cette droite est :
x = 3λ
y = λ , λ∈R.
z = 0
La projection orthogonale de O sur P est l’intersection de la droite D0 avec le
plan P. elle a pour coordonnées 3/10, 1/10, 0.
42
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D D’
P’ A’ O
A I
P
6. Par construction, les plans P et P 0 sont parallèles. Considérons les trois points
−−→ −−→
O, A, A0 . Par construction, les vecteurs OA0 et AA0 sont orthogonaux, donc non
colinéaires. Il existe donc un unique plan passant par O, A, A0 . Ce plan contient
toute droite, passant par un de ses points, et parallèle à D, en particulier D0 . Il
−−→ −→
contient donc I. Les vecteurs A0 A et OI sont égaux, donc le quadrilatère OAA0 I
−−→ −−→
est un parallélogramme. De plus, OA0 et AA0 sont orthogonaux, donc c’est un
rectangle.
43
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3 Compléments
3.1 La géométrie du triangle
Les Éléments d’Euclide, écrits au iiie siècle avant notre ère, contenaient déjà de
nombreux résultats sur la géométrie des triangles. Les formulations d’Euclide sont très
différentes des nôtres, car il ne disposait pas des fonctions trigonométriques et raisonnait
uniquement en termes de longueurs et d’aires. De plus il n’était pas question de traiter
les quantités à ôter comme des quantités négatives à ajouter. Pour cette raison, les
propositions 12 et 13 du livre II des Éléments, séparent le cas d’un triangle obtusangle
(ayant un angle obtus) et celui d’un triangle acutangle (dont tous les angles sont aigus).
La proposition 12 est énoncée comme suit. Avec un peu de réflexion, vous devriez
pouvoir y reconnaître le théorème d’Al-Kashi.
Dans les triangles obtusangles, le carré du côté qui soutient l’angle obtus est plus
grand que les carrés des deux autres côtés, de la quantité de deux fois le rectangle formé
d’un des côtés contenant l’angle obtus, à savoir celui sur le prolongement duquel tombe
la hauteur, et de la ligne prise en-dehors entre le pied de la hauteur et l’angle obtus.
L’astronome et mathématicien Al-Battani généralisa le résultat d’Euclide à la géométrie
sphérique au début du xe siècle, ce qui lui permit d’effectuer des calculs de distance
angulaire entre étoiles. Ghiyath Al-Kashi, mathématicien de l’école de Samarcande,
mit le théorème sous une forme utilisable pour la triangulation, au cours du xve siècle.
A
Y
Z
B C
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Pourquoi les grecs ne l’avaient-ils pas trouvé ? Peut-être parce qu’il est impossible
de construire les trissectrices d’un angle à la règle et au compas. . .
Z Y
B C
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voulait le perfectionner. Par cette raison il avait fermé tous les livres qui en
traitent. Il s’abstenait d’en parler avec ses amis, en sa présence : mais cette
précaution n’empêchait pas que la curiosité de cet enfant ne fût excitée,
de sorte qu’il priait souvent mon père de lui apprendre les mathématiques.
Mais il le lui refusait en lui proposant cela comme une récompense. Il lui
promettait qu’aussitôt qu’il saurait le latin et le grec, il les lui apprendrait.
Mon frère, voyant cette résistance, lui demanda un jour ce que c’était que
cette science, et de quoi on y traitait ; mon père lui dit en général que c’était
le moyen de faire des figures justes, et de trouver les proportions qu’elles
ont entre elles, et en même temps lui défendit d’en parler davantage et d’y
penser jamais. Mais cet esprit qui ne pouvait demeurer dans ces bornes, dès
qu’il eut cette simple ouverture, que la mathématique donnait des moyens
de faire des figures infailliblement justes, il se mit lui-même à rêver, et, à
ses heures de récréation, étant venu dans une salle où il avait accoutumé
de se divertir, il prenait du charbon et faisait des figures sur des carreaux,
cherchant les moyens, par exemple, de faire un cercle parfaitement rond,
un triangle dont les côtés et les angles fussent égaux, et d’autres choses
semblables. Il trouvait tout cela lui seul sans peine ; ensuite il cherchait les
proportions des figures entre elles. Mais comme le soin de mon père avait
été si grand de lui cacher toutes ces choses qu’il n’en savait pas même les
noms, il fut contraint lui-même de s’en faire. Il appelait un cercle un rond,
une ligne une barre, ainsi des autres. Après ces noms il se fit des axiomes, et
enfin des démonstrations parfaites ; et comme l’on va de l’un à l’autre dans
ces choses, il passa et poussa sa recherche si avant, qu’il en vint jusqu’à
la trente-deuxième proposition du premier livre d’Euclide. Comme il en
était là-dessus, mon père entra par hasard dans le lieu où il était, sans que
mon frère l’entendît ; il le trouva si fort appliqué, qu’il fut longtemps sans
s’apercevoir de sa venue. On ne peut dire lequel fut le plus surpris ; ou le
fils de voir son père, à cause de la défense expresse qu’il lui en avait faite,
ou le père de voir son fils au milieu de toutes ces choses. Mais la surprise
du père fut bien plus grande lorsque lui ayant demandé ce qu’il faisait, il
lui dit qu’il cherchait telle chose, qui était la trente-deuxième proposition
du premier livre d’Euclide. Mon père lui demanda ce qui l’avait fait penser
à cela. Il dit que c’était qu’il avait trouvé telle chose. Et sur cela, lui ayant
fait encore la même question, il lui dit encore quelques démonstrations qu’il
avait faites ; et enfin en rétrogradant et s’expliquant toujours par les noms
de rond et de barre, il en vint à ses définitions et à ses axiomes.
Mon père fut si épouvanté de la grandeur et de la puissance de ce génie,
que sans lui dire un mot il le quitta et alla chez M. Le Pailleur, qui était son
ami intime, et qui était aussi très savant. Lorsqu’il y fut arrivé, il demeura
immobile comme transporté. M. Le Pailleur, voyant cela, et voyant même
qu’il versait quelques larmes, fut épouvanté, et le pria de ne lui pas celer
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Sous l’ère Edo donc, les dirigeants successifs appliquèrent une stricte politique d’isole-
ment qui permit de maintenir la paix. Commerçants chinois, missionnaires européens,
tous ces fauteurs de troubles porteurs d’idées nouvelles n’étaient pas les bienvenus.
Ceci engendra le développement de particularités culturelles originales dans tous les
domaines, du théâtre à la poésie, en passant par la musique. . . et les mathématiques.
Certains prirent l’habitude d’accrocher au fronton des temples des planches de bois
décorées exposant des énigmes mathématiques, les sangakus. Exposés aux intempéries
et à l’indifférence, beaucoup de ces sangakus du xviie au xixe siècle se sont perdus :
environ 800 seulement ont été conservés. Les auteurs viennent de toutes les classes
sociales, jeunes ou vieux, hommes ou femmes. Offrande aux Dieux, ex-voto, publicité,
ostentation ou simple amusement ? Si le sens religieux ou mystique s’est perdu, en re-
vanche l’intérêt esthétique et la signification mathématique restent parfaitement clairs.
Jusque de nos jours, des passionnés affichent encore leurs énigmes, et il en est même qui
en proposent sur le web. Ce sont en général des problèmes de géométrie euclidienne, à
base de cercles, de carrés et de triangles.
Nous vous proposons celui de la figure 14. Dans un cercle de rayon R on trace 4
cercles dans chacun des quarts du cercle initial, tangents entre eux et au grand cercle.
Entre ces 4 cercles, on considère le cercle tangent aux 4, concentrique au grand cercle.
Soit r son rayon : quel est le rapport de r à R ? Essayez de jouer le jeu : pas de logiciel
de calcul, pas d’équation algébrique, pas de nombres complexes.
√ . . Après tout peu
importe : faites comme vous voulez, mais trouvez 3 − 2 2.
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vient d’être chassé du pouvoir, et il ne fait pas bon être à la fois protestant et bona-
partiste. Sarrus, qui hésite encore entre mathématiques et médecine, va l’apprendre à
ses dépens. Pour exercer la médecine, il faut un « certificat de bonne vie et mœurs »,
qu’il demande au maire de Saint-Affrique. Voici la réponse.
Le maire pense qu’un jeune homme auteur et propagateur de chansons sé-
ditieuses, outrageantes pour le roi et la famille royale, qui avant l’interrègne
se permit d’arracher et de fouler aux pieds le ruban blanc que portait à la
boutonnière un de ses camarades, et qui, dans une autre circonstance, lui
prend la fleur de lys et fait semblant de la conspuer, ne peut être un bon
citoyen, et ne mérite pas le certificat qu’il demande.
Ce sera donc les mathématiques. Il deviendra professeur et même doyen de la Faculté
des Sciences de Strasbourg. Il est l’auteur de publications d’un nombre et d’un niveau
tout à fait respectables, et il est quelque peu injuste qu’il soit surtout connu pour sa
règle de calcul d’un déterminant d’ordre 3, qui n’est au fond qu’une astuce mnémo-
technique, et qu’il n’a probablement pas publiée lui-même. Elle apparaît en 1846 dans
les « Éléments d’Algèbre » de P.J.E. Finck, son collègue à l’Université de Strasbourg,
à propos de la résolution des systèmes linéaires 3 × 3.
Pour calculer, dans un exemple donné, les valeurs de x, y, et z, M. Sarrus
a imaginé la méthode pratique suivante, qui est fort ingénieuse. D’abord
on peut calculer le dénominateur, et à cet effet on écrit les coefficients des
inconnues ainsi
a b c
a0 b0 c0
a00 b00 c00
On répète les trois premiers a b c
et les trois suivants a0 b0 c0
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utilisés pour les calculs de longueur, tant en astronomie que pour les relevés terrestres.
Il sont la base de la triangulation, seule méthode possible pour mesurer de grandes
distances, avant le laser et les satellites.
Ses réflexions sur la gravitation universelle avaient conduit Newton à affirmer que
la Terre est un ellipsoïde aplati aux pôles (Principia Naturalis, 1687). Depuis, l’Eu-
rope savante, et en particulier l’Académie Royale des Sciences se passionnait pour
la vérification de cette affirmation. Les Cassini, père puis fils, avaient recueilli une
masse impressionnante de données en triangulant le territoire français. Leurs conclu-
sions semblaient infirmer celles de Newton. La polémique s’étend sur des centaines de
pages dans les comptes-rendus de l’Académie pour les années 1720. Arguant de consi-
dérations géopolitiques autant que scientifiques, le secrétaire de l’Académie Maurepas,
réussit à persuader le roi Louis xv de financer deux expéditions. L’une ira en Laponie
mesurer un degré de méridien au voisinage du pôle, l’autre devra mesurer un degré de
méridien à l’équateur. Si la Terre est bien aplatie, un degré de méridien au pôle doit
être plus court qu’en France, et à l’équateur il doit être plus long.
Le 16 mai 1735, l’expédition de l’équateur, composée de dix scientifiques et in-
génieurs s’embarque à La Rochelle, en direction du Pérou, une colonie espagnole qui
recouvrait la plus grande partie de la Bolivie, de l’Equateur et du Pérou actuels. Il est
impossible de décrire ici l’extraordinaire aventure scientifique et humaine que fut cette
expédition 3 . Il y eut dans la dizaine d’années que dura cette épopée, deux meurtres,
une dizaine de procès, d’innombrables maladies, un mort de fièvre jaune, un dans un
accident d’échafaudage, un disparu dans la jungle, un mariage, des affaires de cœur,
du trafic d’or et d’objets de luxe, une affaire d’espionnage.
Scientifiquement, rien ne semblait pourtant présenter de difficulté insurmontable.
Pour mesurer un degré de méridien, il faut essentiellement trois étapes. La première
consiste à mesurer, par arpentage direct sur le terrain, une base rectiligne. La seconde
est la triangulation. On construit à partir de la base un maillage, composé de triangles
dont on mesure tous les angles, et dont on calcule les longueurs des côtés. On en
déduit, par projection orthogonale, la longueur d’un arc de méridien. Il reste ensuite à
déterminer la différence des latitudes des deux extrémités de l’arc dont la longueur a
été mesurée.
Suite aux difficultés du voyage, la mesure de la base ne put pas avoir lieu avant
l’automne 1736. Une toise, spécialement amenée de Paris, sert d’étalon pour des perches
en bois, que l’on met bout à bout pour mesurer, en deux équipes indépendantes, une
étendue de terrain préalablement défriché, aplani et aménagé pour les mesures. Selon
l’heure de la journée, il faut tenir compte des variations des longueurs des perches avec
la température et l’humidité. Quand les deux équipes confrontent leurs résultats, la
différence sur plus de 12 kilomètres est de l’ordre de la dizaine de centimètres !
Forts de ce succès, les savants se lancent dans une triangulation d’envergure : 43
triangles seront mesurés sur une longueur de 354 kilomètres. La région de Quito où se
3. F. Trsytram : Le procès des étoiles, Seghers, Paris (1979)
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déroulent les mesures est montagneuse, et pour être bien visibles, les repères marquant
les extrémités des triangles sont placés en altitude. Dès la première visée, les savants
passent une nuit à 4600 mètres, sous une tempête de neige. Ce n’est que le début d’une
épreuve de trois ans, passés pour l’essentiel sur des sentiers de montagne ou dans des
campements de fortune, où ni les nombreuses maladies, ni les vols de matériel, ni la
crainte des animaux sauvages ne les empêcheront de mesurer leurs triangles, toujours
avec le souci de précision le plus extrême. Leur plan initial prévoyait trois équipes,
mesurant chacune deux angles de chaque triangle, de manière à ce que tous les angles
soient systématiquement mesurés deux fois. Même si les dissensions et les circonstances
les empêcheront de s’en tenir à un programme aussi contraignant, c’est la satisfaction
du travail bien fait qui domine fin 1739. Ils s’offrent même le luxe, nécessaire à leurs
yeux, de mesurer une deuxième base à l’autre extrémité de leur triangulation, afin de
vérifier leurs calculs en les reprenant à l’envers. Tous pensent que le plus facile reste
à faire : déterminer la latitude des deux extrémités de l’arc. Il leur faudra encore des
années de travail et de polémique pour parvenir à un résultat.
Non pas que l’enjeu scientifique soit bien grand : en 1737, une mauvaise nouvelle
leur est parvenue. Fortement aidé par l’astuce et la puissance de calcul de Clairaut,
Maupertuis, qui dirigeait l’expédition en Laponie, n’a mis que quelques mois à ramener
le résultat qu’on attendait : la Terre est bien aplatie aux pôles. Maupertuis s’est déjà fait
représenter en majesté pour la postérité, devant un globe terrestre exagérément aplati,
la main négligemment posée sur un exemplaire des Principia Naturalis de Newton !
Longtemps après cette aventure, la triangulation de la terre devait occuper encore
de nombreux mathématiciens. Enjeux scientifiques, mais aussi économiques et surtout
militaires, les raisons pour établir des cartes précises, et donc mesurer des triangula-
tions sur le terrain ne manquaient pas. Au cours des xviiie et xixe siècles, ces mesures
furent souvent confiées à des militaires, qui devaient parfois se montrer aussi bons alpi-
nistes que mathématiciens. Lors de la triangulation des Pyrénées en 1825, les officiers
géodésiens Peytier et Hossard utilisèrent pour leurs calculs le sommet du Balaïtous
(3144m). En 1865, C. Packes, pensant être le premier à réaliser l’ascension de ce pic,
fut plutôt déçu d’y trouver le repère que Peytier et Hossard avaient édifié 40 ans plus
tôt. Un sommet proche a été baptisé de leurs noms, et un autre s’appelle « pointe des
géodésiens ». Dans les Alpes, la pointe Helbronner, la pointe Dufour, la pointe Durand
portent aussi des noms de géodésiens.
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Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Coniques
Jean-Marc Decauwert
Les coniques ont été étudiées depuis l’antiquité. Ce sont, après les droites, les
courbes planes les plus simples et les plus fréquemment rencontrées. D’abord appa-
rues comme sections planes des cylindres et des cônes de révolution (d’où leur nom),
elles sont maintenant surtout considérées, d’un point de vue mathématique, comme
les courbes planes ayant une équation polynomiale du second degré. Elles jouissent de
propriétés géométriques remarquables et interviennent dans de nombreux problèmes
physiques, en particulier en cinématique (mouvement des planètes) et en optique géo-
métrique (miroirs).
2 Entraînement 23
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3 Compléments 40
3.1 Sections planes des cônes et des cylindres de révolution . . . . . . . . . 40
3.2 Les théorèmes belges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.3 Lois de Kepler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.4 Optique géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.5 L’hexagramme mystique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.6 Billards . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
12 décembre 2011
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1 Cours
Nous étudierons ici les coniques exclusivement du point de vue de la géométrie
euclidienne. Tout ce chapitre a donc pour cadre un plan affine euclidien, rapporté,
dans la plupart des cas, à un repère orthonormal (avec une exception en ce qui concerne
l’hyperbole, dont l’équation est particulièrement simple dans un repère porté par ses
asymptotes).
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Équations réduites
Nous allons chercher dans ce paragraphe un repère dans lequel l’équation de la
conique soit la plus simple possible. Une telle équation sera appelée équation réduite
de la conique.
La proposition 1 nous amène à travailler dans un repère orthonormal dont l’axe des
x est l’axe focal. Soit donc (O,~i, ~j) un tel repère, (xF , 0) les coordonnées de F , x = xD
MF
l’équation de D dans ce repère. L’équation = e équivaut à M F 2 = e2 M H 2 , soit
MH
encore :
(x − xF )2 + y 2 = e2 (x − xD )2 .
Si e = 1, cette équation s’écrit encore :
xD + xF
2(xF − xD ) x − = y2 ,
2
ce qui amène à poser xF = p/2, xD = −xF . L’équation s’écrit alors y 2 = 2px. Le réel
p > 0 est appelé paramètre de la parabole (c’est la distance du foyer à la directrice),
l’origine O sommet de la parabole (c’est le seul point de la parabole situé sur l’axe
focal).
Si e 6= 1, l’équation s’écrit :
On est alors amené à choisir l’origine O du repère de façon à avoir xF −e2 xD = 0, ce qui
revient à dire que O est barycentre du système de points pondérés [(F, 1), (K, −e2 )],
où K est le point d’intersection de la directrice et de l’axe focal. Le point O est aussi
le milieu du segment AA0 , où A et A0 sont les deux points de la conique situés sur l’axe
focal (ces points sont les barycentres des systèmes pondérés [(F, 1), (K, e)] et [(F, 1),
a
(K, −e)]). Si on appelle a et −a les abscisses de ces points, de sorte que xD = ,
e
xF = ae, l’équation s’écrit :
x2 y2
+ = 1.
a2 a2 (1 − e2 )
On constate alors que l’axe Oy est axe de symétrie et le point O centre de symétrie
de la conique. L’ellipse et l’hyperbole sont ainsi appelées coniques à centre, ce qui les
distingue de la parabole, qui ne possède pas de centre de symétrie.
Une symétrie centrale étant une isométrie, on en déduit (démonstration analogue
à celle de la proposition 1) pour ces coniques l’existence d’un second couple foyer-
directrice (F 0 , D0 ), symétrique du premier par rapport au point O (ou par rapport à
l’axe Oy).
On est ensuite amené à séparer les cas e < 1 et e > 1 :
• Si e < 1 (cas
√ de l’ellipse), l’axe Oy
√ coupe la conique en deux points B et B ,
0
2
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coordonnées (c, 0) (resp. (−c, 0)) et la directrice associée D (resp. D0 ) pour équation
x = a2 /c (resp. x = −a2 /c). L’hyperbole possède deux branches, situées respectivement
dans les demi-plans définis par les inéquations x ≥ a et x ≤ −a. Ses directrices sont
situées dans la bande séparant ces deux demi-plans.
Une parabole ou une ellipse sépare le plan en deux régions, définies par les inégalités
M F > eM H et M F < eM H. Une hyperbole sépare le plan en trois régions, dont deux
correspondent à l’inégalité M F < eM H et une (celle située en les deux branches) à
l’inégalité M F > eM H.
Remarque : on peut considérer le cercle d’équation x2 + y 2 = a2 , de centre O et de
rayon a, comme un cas limite d’ellipse, pour lequel e = 0, b = a, c = 0, les directrices
étant repoussées à l’infini et les deux foyers confondus. Il n’est néanmoins pas possible
de donner une définition du cercle par foyer et directrice dans le cadre du plan affine
euclidien.
3
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Représentation paramétrique
Parabole
La parabole d’équation y 2 = 2px admet la représentation paramétrique :
t2
x=
2p (t ∈ R) .
y = t
x2 y 2
Ellipse : L’ellipse d’équation + 2 = 1 admet la représentation paramétrique :
a2 b
x = a cos t
(
(t ∈ [0, 2π[) .
y = b sin t
x2 y2
Hyperbole : L’hyperbole d’équation 2 − 2 = 1 admet la représentation paramé-
a b
trique :
x = ±a ch t
(
(t ∈ R) .
y = b sh t
chaque choix de signe correspondant à la représentation paramétrique de l’une des deux
branches.
Elle admet aussi la représentation paramétrique :
a
x
=
π π π 3π
cos t t∈ − , ∪ , ,
y = b tan t
2 2 2 2
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b
quand t tend vers +∞ et y + x = b (sh t + ch t) = b et tend vers 0 quand t tend vers
a
−∞.
Équation polaire d’une conique de foyer l’origine
Les lois de Kepler (voir section 3.3) disent que les trajectoires des planètes sont
approximativement des ellipses dont le soleil occupe un des foyers. La démonstration
de ce résultat fait intervenir l’équation polaire d’une conique dont un des foyers est
situé à l’origine du repère. C’est ce qui fait l’importance de la proposition suivante.
Proposition 2. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormal (O,~i, ~j), D une
droite d’équation normale x cos ϕ + y sin ϕ = d, où d > 0 est la distance de O à D. La
conique d’excentricité e, de foyer O et de directrice D admet l’équation polaire :
p
ρ=
1 + e cos(θ − ϕ)
où p = ed est appelé paramètre de la conique.
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Cas de l’hyperbole
L’hyperbole se compose au contraire de deux branches extérieures à la bande ver-
ticale délimitée par ses deux directrices. Il en résulte que pour tout point M de l’hy-
perbole, on a |M F − M F 0 | = e|M H − M H 0 | = 2a. L’une des branches de l’hyperbole
est donc incluse dans l’ensemble des points M du plan vérifiant M F − M F 0 = 2a et
l’autre dans l’ensemble des points M vérifiant M F 0 − M F = 2a. Un calcul identique
à celui opéré dans le cas de l’ellipse permet ici encore de vérifier que l’hyperbole est
exactement l’ensemble des points M du plan vérifiant |M F − M F 0 | = 2a.
En résumé :
Proposition 3. Soient F et F 0 deux points distincts du plan et c = F F 0 /2 la demi-
distance entre ces deux points.
1. Pour tout réel a > c, l’ensemble des points M du plan vérifiant M F + M F 0 = 2a
est l’ellipse de foyers F et F 0 et de grand axe 2a.
2. Pour tout réel positif a < c, l’ensemble des points M du plan vérifiant |M F −
M F 0 | = 2a est l’hyperbole de foyers F et F 0 et de grand axe 2a.
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Le cercle peut apparaître ici encore comme un cas particulier d’ellipse pour laquelle
les deux foyers seraient confondus.
Application : construction de l’ellipse par le procédé dit du jardinier.
Pour tracer une ellipse de foyers F et F 0 et de longueur de grand axe 2a > F F 0
donnés, il suffit de fixer deux piquets en F et F 0 et d’y attacher les extrémités d’une
ficelle non élastique de longueur 2a. Le trajet que l’on parcourt en tournant autour de
F et F 0 tout en maintenant la ficelle tendue est l’ellipse cherchée.
Ellipse Hyperbole
x2 y 2 x2 y 2
Équation réduite + 2 =1 − 2 =1
a2 b a2 b
0<b<a
x = a cos t x = εa ch t
Représentation paramétrique y = b sin t y = b sh t
0 ≤ t < 2π ε ∈ {−1, +1}, t ∈ R
F F 0 = 2c F F 0 = 2c
Distance focale
a2 = b 2 + c 2 c2 = a2 + b2
c c
Excentricité e= e=
a a
AA0 = 2a grand axe
Longueur des axes AA0 = 2a axe focal
BB 0 = 2b petit axe
Définition bifocale M F + M F 0 = 2a | M F − M F 0 | = 2a
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Il en résulte que tout rayon lumineux parallèle à l’axe d’un miroir parabolique se
réfléchit en un rayon passant par le foyer : un miroir parabolique concentre donc la
lumière au foyer. Cette propriété est utilisée dans certains télescopes et dans les fours
solaires (voir section 3.4).
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Définition 2. Soit D une droite du plan et λ un réel non nul. On appelle affinité
orthogonale de base D et de rapport λ l’application du plan dans lui-même qui à tout
−−−→ −−→
point M associe le point M 0 défini par mM 0 = λ mM , où m est le projeté orthogonal
du point M sur la droite D.
Si on rapporte le plan à un repère orthonormé (O,~i, ~j) tel que le point O appartienne
à D et que ~i soit un vecteur directeur de D, les coordonnées du point M 0 sont données
par x0 = x, y 0 = λy, où (x, y) sont les coordonnées de M .
Une affinité orthogonale est une transformation affine. Elle conserve donc l’aligne-
ment, les milieux, le contact (ce qui signifie qu’elle transforme la tangente à une courbe
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en la tangente à la courbe image), et multiplie les aires par la valeur absolue du déter-
minant de sa partie linéaire, qui est ici le rapport de l’affinité. Elle laisse par ailleurs
fixe tout point de sa base D.
Proposition 5. L’ellipse de représentation paramétrique x = a cos t, y = b sin t dans
un repère orthonormal (O,~i, ~j) est l’image du cercle de centre O et de rayon a par
l’affinité orthogonale de base Ox et de rapport b/a. Ce cercle est appelé cercle principal
de l’ellipse.
Elle est aussi l’image du cercle de centre O et de rayon b par l’affinité orthogonale
de base Oy et de rapport a/b. Ce cercle est appelé cercle secondaire de l’ellipse.
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Diamètres conjugués
On appelle corde d’une conique Γ tout segment joignant deux points de Γ et dia-
mètre d’une conique à centre toute corde passant par le centre de cette conique.
Proposition 6. Soit E une ellipse et D une droite.
1. L’ensemble des milieux des cordes de E parallèles à D est le diamètre [M M 0 ] de
E ayant pour extrémités les deux points M et M 0 de E en lesquels la tangente à
E est parallèle à D.
2. L’ensemble des milieux des cordes de E parallèles à (M M 0 ) est le diamètre [N N 0 ]
de E parallèle à D.
Les diamètres [M M 0 ] et [N N 0 ] de E sont dits conjugués.
Démonstration : Le parallélisme et les milieux sont conservés par toute affinité or-
thogonale. Il suffit donc de prendre l’image de E par l’affinité orthogonale de base le
grand axe qui transforme E en son cercle principal C et de démontrer la propriété
pour C. Mais la propriété est évidente dans le cas d’un cercle, puisque l’ensemble des
milieux des cordes d’un cercle parallèles à une droite donnée est le diamètre du cercle
orthogonal à cette droite.
On remarquera que deux diamètres conjugués d’une ellipse ne sont en général pas
orthogonaux : en effet une affinité orthogonale ne conserve pas l’orthogonalité.
Aire de l’ellipse
Proposition 7. L’aire intérieure à une ellipse de demi-axes a et b est égale à πab.
Démonstration : Une affinité orthogonale de rapport k > 0 multiplie les aires par k.
b
L’aire intérieure à l’ellipse est donc πa2 = πab.
a
Remarque : il n’existe pas de formule simple pour la longueur de l’ellipse.
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Démonstration : Si deux plans sont parallèles, le projeté orthogonal d’une figure sur
l’un se déduit du projeté orthogonal de cette figure sur l’autre par une translation.
Quitte à compléter par une translation, on peut donc supposer que le plan P passe par
le centre O de C.
Soit Q le plan de C. Le cas où P et Q sont parallèles est immédiat. Supposons
donc P et Q sécants. Soit (O,~i, ~j, ~k) un repère orthonormé de l’espace tel que ~i soit un
vecteur directeur de la droite D d’intersection de P et Q et ~j un vecteur de P . Soit
~u un vecteur unitaire de Q orthogonal à ~i ; (O,~i, ~u) est alors un repère orthonormé
−−−−→
de Q. Le cercle C admet dans ce repère la représentation paramétrique OM (t) =
14
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R cos t~i + R sin t ~u (0 ≤ t ≤ 2π). Les composantes du vecteur ~u dans la base (~i, ~j, ~k)
sont (quitte à changer le sens de ~j et ~k) (0, cos θ, sin θ). Il en résulte que M (t) a pour
coordonnées (R cos t, R sin t cos θ, R sin t sin θ) et son projeté orthogonal m(t) sur P
pour coordonnées (R cos t, R sin t cos θ, 0). Si P et Q sont perpendiculaires, cos θ = 0 et
m(t) parcourt un segment de longueur 2R. Si cos θ 6= 0, on reconnaît la représentation
paramétrique d’une ellipse dont le grand axe est le diamètre de C porté par D et le
petit axe a pour longueur 2R cos θ.
15
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x2 y2
Démonstration : Les asymptotes de l’hyperbole d’équation − = 1 dans un
a2 b2
repère orthonormal admettent comme vecteurs directeurs les vecteurs (a, −b) et (a, b).
Ces vecteurs sont orthogonaux si et seulement si a2 = b2 , ou encore c2 = 2 a2 , puisque
la demi-distance focale c vérifie c2 = a2 + b2 . Mais l’excentricité e est égale à c/a.
16
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w w
ont pour coordonnées (− , 0) et (0, − ). Les milieux des segments [M N ] et [P Q] ont
u v
donc même abscisse et sont donc confondus, puisqu’ils appartiennent tous deux à D.
a b
matrice , B le vecteur colonne de composantes (d, e), P la matrice de passage
b c
de la base (~i, ~j) à la base (~i0 , ~j 0 ) et C le vecteur colonne des coordonnées de O0 dans le
repère R.
L’équation de Γ dans le repère R s’écrit alors tXAX + 2 tBX + f = 0. Mais les
coordonnées de M dans le repère R0 sont données par X = P X 0 + C. Il en résulte que
17
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XAX + 2 tBX + f = 0 .
t
soit encore
λx02 + µy 02 + 2d0 x0 + 2e0 y 0 + f = 0 ,
!
d0
où B = 0 = tP B. Les matrices A et D étant semblables, on a
0
e
ac − b2 = det(A) = det(D) = λµ .
18
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d02 e02
où f 0 = f − − 2.
α2 β
d0 e0
!
Soit O le point de coordonnées − 2 , − 2 dans le repère R0 , R00 le repère
0
α β
(O , i , j ) et (x , y ) les coordonnées dans R d’un point de coordonnées (x0 , y 0 ) dans
0 ~0 ~ 0 00 00 00
d0 e0
R0 , de sorte que x00 = x0 + 2 , y 0 = y 00 + 2 . L’équation de Γ dans R00 s’écrit donc
α β
α2 x002 + β 2 y 002 + f 0 = 0 .
x002 y 002
+ 02 = 1 .
a02 b
On reconnaît :
– si a0 > b0 , une ellipse de grand axe l’axe O0 x00 ;
– si b0 > a0 , une ellipse de grand axe l’axe O0 y 00 ;
– si a0 = b0 , un cercle de centre O0 .
On dit, dans tous ces cas, que Γ est du genre ellipse.
Deuxième cas : ac − b2 < 0.
Les deux réels λ et µ sont de signes contraires ; on peut donc, quitte à multiplier
l’équation par -1, supposer λ > 0 et µ < 0 et poser λ = α2 , µ = −β 2 pour des réels
positifs α et β. L’équation de Γ dans le repère R0 s’écrit alors
!2 !2
d0 e0
α2 x0 + 2 − β2 y0 − 2 + f0 = 0 ,
α β
d02 e02
où f 0 = f − + 2.
α2 β
19
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d0 e0
!
Soit O0 le point de coordonnées − 2 , 2 dans le repère R0 , R00 le repère (O0 ,~i0 , ~j 0 )
α β
et (x00 , y 00 ) les coordonnées dans R00 d’un point de coordonnées (x0 , y 0 ) dans R0 , de sorte
d0 00 e0
que x = x + 2 , y = y − 2 . L’équation de Γ dans R00 s’écrit donc
00 0 0
α β
α2 x002 − β 2 y 002 + f 0 = 0 .
Trois cas se présentent :
– si f 0 = 0 l’équation s’écrit sous la forme α2 x002 − β 2 y 002 = 0, soit encore (αx00 −
βy 00 )(αx00 + βy 00 ) = 0 : Γ est donc réunion des deux droites sécantes en O0 d’équa-
tions αx00 − βy 00 = 0 et αx00 + βy 00 = 0 ; √ 0 √ 0
−f 0 −f
– si f < 0 , l’équation de Γ s’écrit, en posant a =
0 0
,b = , sous la forme
α β
x002 y 002
− 02 = 1 ;
a02 b
Γ est donc une hyperbole d’axe focal O0 x00 ; √ 0 √
f0 0 f
– si f > 0 , l’équation de Γ s’écrit, en posant a =
0
,b =
0
, sous la forme
α β
x002 y 002
− 02 + 02 = 1 ;
a b
Γ est donc une hyperbole d’axe focal O0 y 00 .
On dit, dans tous ces cas, que Γ est du genre hyperbole.
Troisième cas : ac − b2 = 0.
On a alors λµ = 0, mais un seul des deux nombres λ et µ est nul, sinon la matrice
A serait nulle et l’équation de Γ ne serait plus du second degré. On peut donc supposer
λ = 0, µ 6= 0. L’équation de Γ dans le repère R0 s’écrit µy 02 + 2d0 x0 + 2e0 y 0 + f = 0, soit
encore !2
e0
y +
0
+ 2d00 x0 + f 0 = 0
µ
d0 0 f e02
en posant d00 = , f = − 2.
µ µ µ
Quatre cas se présentent :
– si d00 = 0 et f 0 > 0, Γ est vide ; !2
e0
– si d00 = 0 et f 0 = 0, l’équation de Γ s’écrit y 0 + = 0 ; Γ est donc une droite
µ
double ;
e0
– si d00 = 0 et f 0 < 0, Γ est réunion des deux droites parallèles d’équations y 0 + =
√ µ
± −f 0 ;
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f0 e0
!
– si d00 6= 0, soit O0 le point de coordonnées − 00 , − dans le repère R0 , R00 le
2d µ
repère (O0 ,~i0 , ~j 0 ) et (x00 , y 00 ) les coordonnées dans R00 d’un point de coordonnées
f0 e0
(x0 , y 0 ) dans R0 , de sorte que x00 = x0 + 00 , y 00 = y 0 + ; l’équation de Γ dans
2d µ
R00 s’écrit y 002 + 2d00 x00 = 0 ; Γ est donc une parabole d’axe focal O0 x00 .
On dit, dans tous ces cas, que Γ est du genre parabole.
En résumé, on voit que toute courbe admettant une équation polynomiale du second
degré est soit une conique ou un cercle, soit vide ou réduite à un point, soit réunion
de deux droites, éventuellement confondues. Dans ce dernier cas, l’équation de Γ se
décompose en produit de deux équations du premier degré : on dit que la conique est
dégénérée.
ac − b2 Genre Nature
- Ellipse
- Cercle
>0 Ellipse
- Point
- Ensemble vide
- Hyperbole
<0 Hyperbole
- Deux droites sécantes
- Parabole
- Deux droites parallèles
=0 Parabole
- Une droite double
- Ensemble vide
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Ces équations (qui s’obtiennent en annulant les deux dérivées partielles par rapport à
x et à y de l’équation de Γ) sont en général celles de deux droites. Trois cas sont alors
possibles :
1. si b2 − ac 6= 0, ces droites sont sécantes, et Γ admet, si elle n’est pas vide, un
centre de symétrie et un seul ;
2. si ces droites sont parallèles et distinctes, Γ n’admet pas de centre de symétrie ;
3. si ces droites sont confondues, tout point de cette droite est centre de symétrie
pour Γ.
Dans le cas 1, Γ est appelée conique à centre. Dans les cas 2 et 3, Γ est du genre
parabole ; une parabole n’admet pas de centre de symétrie, mais une droite double ou
la réunion de deux droites parallèles admettent une droite de centres de symétrie.
Cette situation se retrouve dans le cas particulier où l’une de ces deux équations
n’est pas celle d’une droite :
– si a = b = 0 et d 6= 0 (ou b = c = 0 et e 6= 0), il n’y a pas de centre de symétrie ;
– si a = b = d = 0 (ou b = c = e = 0), on trouve une droite de centres de symétrie.
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soit P une parabole de foyer F et de directrice D, M un point quelconque
de P , H son projeté orthogonal sur D. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. La tangente en M à P est la médiatrice de [HF ].
2. La normale à P en M passe par F .
3. Le milieu du segment [HF ] appartient à la tangente au sommet de P .
4. La normale en M à P est parallèle à la droite (HF ).
5. Toute droite perpendiculaire à D rencontre P en un point et un seul.
6. Le symétrique de M par rapport à (HF ) appartient à la tangente au sommet
de P .
7. Le symétrique de F par rapport à toute tangente à P appartient à D.
Vrai-Faux 2. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. Par 4 points du plan tels que 3 d’entre eux ne soient jamais alignés, il passe
une ellipse et une seule.
2. Il passe par les sommets de tout rectangle non aplati une ellipse et une seule.
3. Soient F et F 0 deux points distincts. Par tout point du plan n’appartenant pas
au segment [F F 0 ], il passe une ellipse de foyers F et F 0 et une seule.
4. Soit E une ellipse. Pour toute droite du plan, il existe une tangente à E
parallèle à cette droite.
5. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormé, E l’ellipse de représentation
paramétrique x = a cos t, y = b sin t. Le paramètre t d’un point M de E est une
−−→
mesure de l’angle (Ox, OM ).
6. Le disque fermé délimité par le cercle principal d’une ellipse est l’unique disque
de rayon minimal contenant l’ellipse.
7. Le projeté orthogonal d’un cercle de l’espace sur un plan est un cercle si et
seulement si le plan du cercle est parallèle au plan de projection.
Vrai-Faux 3. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. Pour toute hyperbole, il existe un repère orthonormé dans lequel l’hyperbole
x2 y 2
a une équation de la forme 2 − 2 = 1.
a b
2. Pour toute hyperbole, il existe un repère orthonormé dans lequel l’hyperbole
a une équation de la forme xy = k.
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Vrai-Faux 4. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. L’image d’une hyperbole par une homothétie est une hyperbole de même ex-
centricité.
2. L’image d’une ellipse par une affinité orthogonale est toujours un cercle.
3. L’image d’une ellipse par une affinité orthogonale est une ellipse de même
excentricité.
4. L’image d’une conique par une affinité orthogonale est toujours une conique.
5. Le cercle est la seule conique à posséder plus de deux axes de symétrie ortho-
gonale.
6. Une conique non dégénérée ne peut posséder deux centres de symétrie.
7. L’image d’une parabole par une symétrie centrale est une parabole.
Vrai-Faux 5. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. Si deux ellipses ont les mêmes foyers, l’une des deux est incluse dans l’intérieur
de l’autre.
2. Si une ellipse et une hyperbole ont les mêmes foyers, elles ne se coupent pas.
3. Deux ellipses distinctes se coupent en au plus deux points.
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Vrai-Faux 6. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormal, Γ une conique non
vide et non dégénérée d’équation ax2 + 2bxy + cy 2 + 2dx + 2ey + f = 0. Parmi les
affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Si a = 0, Γ est une parabole.
2. Si Γ est une ellipse, alors ac − b2 > 0.
3. Si a = c, alors Γ est un cercle.
4. Si ac − b2 < 0, alors Γ est une hyperbole.
5. Si b = c = 0, alors Γ est une parabole.
6. Si Γ est une parabole, alors a = b = 0 ou b = c = 0.
7. Si a = c = 0, alors Γ est une hyperbole.
8. Si Γ est une ellipse, alors a et c sont de même signe.
9. Si ac − b2 6= 0, alors Γ est une conique à centre.
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2.2 Exercices
Exercice 1. Le plan est rapporté à un repère orthonormé. Écrire l’équation de la pa-
rabole P de foyer F (−1, 2) et de directrice D d’équation 3x − 2y + 2 = 0.
Exercice 4. Déterminer l’ensemble des centres des cercles passant par un point fixe F
et tangents à un cercle fixe C (on discutera selon la position de F par rapport à C).
Exercice 5. Montrer que deux coniques sont semblables si et seulement si elles ont la
même excentricité.
Exercice 6. Montrer que deux paraboles sont isométriques si et seulement si elles ont
le même paramètre.
Exercice 9. Soit M un point d’une parabole, m son projeté orthogonal sur l’axe, N
le point d’intersection de l’axe et de la normale en M à la parabole. Montrer que la
longueur mN (appelée sous-normale en M ) ne dépend pas du point M . Exprimer cette
longueur en fonction du paramètre de la parabole.
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Exercice 10. Le plan est rapporté à un repère orthonormal. Soient 0 < b < a deux
réels. Montrer que la famille des courbes Γλ d’équation
x2 y2
+ =1
a2 + λ b 2 + λ
où λ est un paramètre réel > −a2 et différent de −b2 , est exactement la famille des
coniques de foyers F et F 0 , où F et F 0 sont deux points du plan dont on précisera les
coordonnées en fonction de a et b.
Exercice 11. Soit H une hyperbole de demi-distance focale c. Montrer qu’il existe un
repère normé porté par les asymptotes de H tel que l’équation de H dans ce repère
soit 4 XY = c2 .
Exercice 12. Le plan
affine euclidien estrapporté
à un repère orthonormal. Soient T de
1 1 1
coordonnées t, , U de coordonnées u, , V de coordonnées v, trois points
t u v
distincts de l’hyperbole équilatère H d’équation xy = 1.
1. Écrire l’équation de la perpendiculaire ∆ à la droite (U V ) passant par T .
2. Déterminer les coordonnées du second point d’intersection de ∆ avec H.
3. Montrer que ce point appartient aux deux autres hauteurs du triangle T U V .
4. En déduire que l’orthocentre de tout triangle dont les sommets appartiennent à
une hyperbole équilatère appartient à cette même hyperbole.
Exercice 13. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormal, E l’ellipse d’équation
x2 y 2
+ 2 = 1.
a2 b
1. Montrer qu’une droite est tangente à E si et seulement si elle coupe E en un
point et un seul.
2. Soit M0 un point de coordonnées (x0 , y0 ) et m un réel. Donner une condition
nécessaire et suffisante pour que la droite de pente m passant par M0 soit tangente
à E.
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Exercice 15. Soit E une ellipse de foyers F et F 0 . Déterminer le lieu des images de F
par :
1. les symétries orthogonales par rapport aux tangentes à E ;
2. les projections orthogonales sur les tangentes à E.
Exercice 16. Montrer que toute tangente à une hyperbole coupe les asymptotes de
cette hyperbole en deux points distincts R et S et que l’aire du triangle ORS, où O
est le centre de l’hyperbole, ne dépend pas de la tangente considérée.
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1. Montrer que les milieux des cordes de H parallèles à D appartiennent tous à une
même droite D0 passant par O.
2. Montrer que les milieux des cordes de H parallèles à D0 appartiennent tous à D.
Exercice 18. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormé (O,~i, ~j), H l’hyper-
bole équilatère d’équation xy = 1, A0 un point de H de coordonnées (x0 , y0 ) et Ω le
symétrique de A0 par rapport à O. Le cercle de centre Ω passant par A0 recoupe en
général H en trois points A1 , A2 , A3 .
1. Écrire une équation polynomiale de degré 3 vérifiée par les abscisses x1 , x2 , x3
des points A1 , A2 , A3 .
2. En déduire, en utilisant les relations entre les coefficients et les racines d’un
polynôme, que Ω est l’isobarycentre du triangle A1 A2 A3 .
3. Soit T un triangle. On suppose que l’isobarycentre de T est aussi le centre du
cercle circonscrit à T . Montrer que T est équilatéral.
4. Que peut-on dire du triangle A1 A2 A3 ?
Exercice 19. Théorème d’Apollonius pour l’ellipse
Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormal (O,~i, ~j), E l’ellipse de repré-
sentation paramétrique x = a cos t, y = b sin t.
1. Soit M1 et M2 deux points de E de paramètres respectifs t1 et t2 , M10 et M20 leurs
symétriques par rapport à O. Donner une condition nécessaire et suffisante sur
t1 et t2 pour que les diamètres [M1 M10 ] et [M2 M20 ] de E soient conjugués.
2. Montrer que l’aire du parallélogramme construit sur deux demi-diamètres conju-
gués [OM1 ] et [OM2 ] de E est constante.
3. Montrer que la somme OM12 + OM22 des carrés des longueurs de deux demi-
diamètres conjugués [OM1 ] et [OM2 ] de E est constante.
Exercice 20. Montrer que l’image d’une ellipse ou d’un cercle par une application affine
bijective est une ellipse ou un cercle.
Exercice 21. Ellipse de Steiner d’un triangle
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Soit ABC un triangle non aplati et G son centre de gravité. Montrer qu’il existe une
ellipse tangente aux trois côtés de ce triangle en leurs milieux et passant par les milieux
des segments [GA], [GB] et [GC]. (Indication : on se ramènera par une transformation
affine au cas où le triangle est équilatéral.)
Exercice 22. Soient (a, b, c) et (a0 , b0 , c0 ) deux triplets de réels tels que ab0 − ba0 6= 0 et
k un réel non nul. Montrer que la courbe d’équation (ax + by + c)(a0 x + b0 y + c0 ) = k
est une hyperbole dont on précisera le centre et les asymptotes.
Exercice 23. Le plan est rapporté à un repère orthonormé. Montrer que la courbe
d’équation x2 −2xy + y 2 +2x −3y +3 = 0 est une parabole. Déterminer les coordonnées
de son foyer et l’équation de sa directrice.
Exercice 24. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormé, Γ la conique d’équa-
tion 5x2 + 8y 2 + 4xy + 16x − 8y = 16. Réduire l’équation de Γ. On donnera les coor-
données du centre, les équations des axes, les longueurs du grand axe et du petit axe,
les coordonnées des foyers.
Exercice 25. Soient D1 et D2 deux droites sécantes en un point O, A un point de D1
différent de O, B un point de D2 différent de O. On cherche le lieu des centres des
coniques tangentes en A à D1 et en B à D2 .
−→ −−→
1. On rapporte le plan au repère (O, OA, OB). Donner des conditions nécessaires et
suffisantes sur les coefficients a, b, c, d, e, f pour qu’une conique à centre d’équation
ax2 + 2bxy + cy 2 + 2dx + 2ey + f = 0 soit tangente en A à D1 et en B à D2 .
2. En déduire que le centre d’une telle conique appartient à une droite fixe passant
par O. Interpréter cette droite dans le triangle OAB.
3. Reprendre le problème dans le cas où les deux droites D1 et D2 sont parallèles,
A étant un point quelconque de D1 et B un point quelconque de D2 .
Exercice 26. Montrer que toute courbe de représentation paramétrique
x = a cos t + b sin t
(
(t ∈ [0, 2π[)
y = c cos t + d sin t
où a, b, c, d sont des réels, est une ellipse, un cercle ou un segment de droite de centre
l’origine (on pourra, dans le cas où la courbe n’est pas portée par une droite, en écrire
une équation cartésienne). Donner une condition nécessaire et suffisante pour que cette
courbe soit un cercle (resp. un segment de droite).
Exercice 27. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormé, Γ une conique d’équa-
tion ax2 + 2bxy + cy 2 + 2dx + 2ey + f = 0 et M0 , de coordonnées (x0 , y0 ), un point de
Γ. Montrer que l’équation de la tangente en M0 à Γ s’écrit
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormal (O,~i, ~j), P la parabole
d’équation y = x2 .
A L’axe Ox est axe de symétrie de P.
1
B Le foyer de P a pour coordonnées 0, .
2
1
C La directrice de P a pour équation y = − .
4
1
D La directrice de P a pour équation x = − .
4
1
E Le foyer de P a pour coordonnées 0, .
4
Question 2. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormé, E l’ellipse d’équation
x2 + 2y 2 = 2.
A Le demi-grand axe de E a pour longueur 1.
√
B Le demi-grand axe de E a pour longueur 2.
π
C L’aire intérieure à E est égale à .
2
D Les foyers de E ont comme coordonnées (±1, 0).
1
E La droite d’équation x = √ est une directrice de E.
2
Question 3. Soit, dans le plan rapporté à un repère orthonormal (O,~i, ~j), H l’hyperbole
d’équation xy = 1, F et F 0 ses foyers.
A Les axes de symétrie de H sont les droites d’équations y = x et y = −x.
B Les axes Ox et Oy sont axes de symétrie de H.
C La distance focale F F 0 est égale à 4.
D L’excentricité de H est égale à 2.
1 1 1 1
E Les foyers de H ont pour coordonnées , et − , − .
2 2 2 2
Question 4. Soit E l’ellipse de représentation paramétrique x = a cos t, y = b sin t
dans un repère orthonormé (O,~i, ~j), avec 0 < b < a.
A L’aire délimitée par E est égale à πab.
−→ −−→
B Le paramètre t d’un point M est une mesure de l’angle (Ox, OM ).
C Les foyers de E ont pour coordonnées (−b, 0) et (b, 0).
D E est l’image du cercle de centre O et de rayon a par l’affinité orthogonale
d’axe Oy et de rapport b/a.
31
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Question 5. A Une ellipse est entièrement déterminée par son centre et ses deux
foyers.
B Une ellipse est entièrement déterminée par ses deux foyers et un sommet de son
grand axe.
C Si deux ellipses ont la même excentricité, il existe une isométrie transformant
la première en la seconde.
D Une ellipse est entièrement déterminée par ses deux foyers et un de ses points.
E L’excentricité d’une ellipse est égale au rapport des longueurs de ses deux axes.
Question 6. Le plan est rapporté à un repère orthonormé d’origine O. Les courbes
d’équations suivantes sont des coniques de foyer O :
A ρ = cos θ ;
1
B ρ= ;
1 + cos θ
1
C ρ= ;
cos θ
D ρ(1 − 2 sin θ) = 2 ;
E 2ρ sin θ = 1.
Question 7. Le plan est rapporté à un repère orthonormé.
A La courbe d’équation (x − 1)(y − 2) = 1 est une hyperbole.
B La courbe d’équation x2 + y 2 + xy = 1 est un cercle.
C La courbe d’équation (x + 1)(y − 3) = 0 est une hyperbole.
D La courbe d’équation (x + 1)2 − y = 0 est une parabole.
E La courbe d’équation y(2x + 3) − (x + 2) = 0 est une ellipse.
Question 8. Le plan est rapporté à un repère orthonormé. Les courbes d’équations
suivantes sont des ellipses :
A x2 + 2y 2 − 2x + 4y + 5 = 0.
B x2 + 4xy + y 2 − 2x + 4y = 0.
C x2 − 2xy + 2y 2 + 2x + 6y = 0.
D 4x2 − 2xy + 4y 2 − 1 = 0.
E x2 + 2xy + y 2 + 2x + 2y − 5 = 0.
Question 9. Le plan est rapporté à un repère orthonormé. Les courbes d’équations
suivantes sont des hyperboles :
A xy + 3x − y − 5 = 0.
B xy + 3x + 2y + 6 = 0.
C 3x2 − 2xy − y 2 + x + 3y − 3 = 0.
D 3x2 − 4xy + 2y 2 − 5x + y − 8 = 0.
E 2x2 − 5xy − 3y 2 + 5x − y + 2 = 0.
32
Maths en Ligne Coniques UJF Grenoble
Question 10. Le plan est rapporté à un repère orthonormé. Les courbes d’équations
suivantes sont des paraboles :
A 9x2 − 12xy + 4y 2 − 3x + 2y − 2 = 0.
B x2 + 2xy + y 2 − 4x + 8y + 10 = 0.
C x2 + 4xy + 4y 2 − 4x + 2y − 1 = 0.
D 9x2 − 42xy + 49y 2 + 12x − 28y + 4 = 0.
E x2 − 6xy + y 2 − 3x + 2y − 4 = 0.
Réponses : 1–CE 2–BD 3–AC 4–AE 5–BD 6–BD 7–AD 8–CD 9–AC 10–BC
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
1. Donner la définition par foyer, directrice et excentricité d’une conique.
2. Rappeler quelles sont les coniques admettant deux foyers. Donner, pour ces co-
niques, une définition faisant intervenir les deux foyers.
3. Rappeler la définition d’une hyperbole équilatère. Donner une condition nécessaire
x2 y 2
et suffisante sur les réels positifs a et b pour que l’hyperbole d’équation 2 − 2 = 1
a b
dans un repère orthonormé soit équilatère.
4. Le plan est rapporté à un repère orthonormé. Donner une condition nécessaire et
suffisante sur les réels a, b, c, d, e pour que l’équation ax2 +2bxy+cy 2 +2dx+2ey =
0 soit celle d’un cercle.
5. Le plan est rapporté à un repère orthonormé. Donner la nature et une représen-
tation paramétrique de la conique d’équation x2 − y 2 = 1.
Exercice 1 : Soit p un réel positif et P la parabole d’équation y 2 = 2px dans le plan
rapporté à un repère orthonormé (O,~i, ~j).
1. Déterminer l’axe, le sommet, le foyer F et la directrice D de P .
t2
2. On considère la représentation paramétrique x = , y = t de P . Écrire l’équation
2p
de la tangente à P au point de paramètre t.
3. Soit M0 de coordonnées (x0 , y0 ) un point du plan. Écrire une équation vérifiée
par le paramètre t d’un point de P pour que la tangente à P en ce point passe
par M0 . Discuter selon la position de M0 le nombre de tangentes à P passant par
M0 .
33
Maths en Ligne Coniques UJF Grenoble
4. Donner une condition nécessaire et suffisante sur M0 pour qu’il passe par M0
deux tangentes à P perpendiculaires entre elles.
5. Soit M un point de P , H son projeté orthogonal sur D. Montrer que tout point
de la tangente en M à P est équidistant de H et F .
6. En déduire une construction à la règle et au compas des tangentes à P menées
par un point M0 du plan (dans le cas où il existe de telles tangentes). Retrouver
ainsi les résultats de la question 3.
7. Déduire de la question précédente une nouvelle démonstration du résultat de la
question 4.
d(M, F )
( )
MF
C= M| =e = M | =e .
d(M, D) MH
2. Les coniques admettant deux couples foyer-directrice sont les ellipses et les hy-
perboles.
34
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Une ellipse E de foyers F et F 0 est l’ensemble des points M du plan dont la somme
M F + M F 0 des distances à ses deux foyers est une constante 2a strictement
supérieure à la distance focale F F 0 :
3. Une hyperbole est dite équilatère si ses asymptotes sont perpendiculaires. Une
condition nécessaire et suffisante
√ pour qu’une hyperbole soit équilatère est que
son excentricité soit égale à 2.
x2 y 2
L’hyperbole d’équation 2 − 2 = 1 admet comme asymptotes les droites d’équa-
a b
x y
tions = ± . Si le repère est orthonormé, elle est équilatère si et seulement si
a b
a = b.
4. L’équation ax2 + 2bxy + cy 2 + 2dx + 2ey = 0 en repère orthonormal est celle d’un
cercle si et seulement si a = c 6= 0 et b = 0. On remarque que l’ensemble des
points vérifiant cette équation n’est jamais vide puisqu’il contient l’origine (ce
cercle est réduit à un point si d = e = 0).
5. La courbe d’équation x2 − y 2 = 1 dans un repère orthonormal est une hyperbole
équilatère de centre l’origine, d’axe focal l’axe Ox et d’asymptotes les bissectrices
des axes.
Elle admet les représentations paramétriques
• x = ε ch t, y = sh t (t∈ R,ε ∈ {−1, +1}) ;
1 π π π 3π
• x= , y = tan t t∈ − , ∪ , ;
cos
t 2 2 2 2
1 1 1 1
• x= t+ , y= t− (t ∈ R∗ ).
2 t 2 t
Exercice 1 :
1. L’axe Ox est axe de symétrie pour P , puisque si le point (x, y) appartient à P ,
le point (x, −y) appartient aussi à P .
Il en résulte que le sommet de P est l’origine O du repère.
Le foyer F a donc comme coordonnées (c, 0) pour un réel c et la directrice D
comme équation x = −c. Un point M de coordonnées (x, y) appartient à P si
et seulement si M F = M H, où H est le projeté orthogonal de M sur D, i.e. le
point de coordonnées (−c, y), d’où l’équation de P : (x − c)2 + y 2 = (x + c)2 , soit
encore y 2 = 4cx. En identifiant cette équation à celle de P , on obtient c = p/2,
d’où les coordonnées de F (p/2, 0) et l’équation de D : x = −p/2.
35
Maths en Ligne Coniques UJF Grenoble
ou encore
2ty − 2px − t2 = 0 .
3. La tangente à P au point de paramètre t passe par M0 si et seulement si
soit encore
2ty − 2px − t2 = 0
qui est l’équation de la tangente en M à P .
6. Si un point M0 du plan appartient à la tangente en M à P , le cercle de centre M0
et de rayon M0 F coupe D en H. Pour construire les tangentes à P passant par
M0 , il suffit donc de tracer le cercle de centre M0 et de rayon M0 F . Si ce cercle
ne coupe pas D, il ne passe pas par M0 de tangente à P (cette condition équivaut
à d(M0 , D) > M0 F et signifie que M0 est à l’intérieur de la parabole). S’il coupe
36
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7. Les tangentes à P menées par M0 sont donc les médiatrices des segments [F H1 ]
et [F H2 ], où H1 et H2 sont les points d’intersection du cercle C de centre M0
passant par F avec D. Ces deux tangentes sont perpendiculaires si et seulement
si les droites (F H1 ) et (F H2 ) le sont, ce qui signifie que le point F appartient au
cercle de diamètre [H1 H2 ]. Mais ce cercle n’est autre que C, puisqu’il passe par
les trois points F , H1 et H2 . Son centre M0 est le milieu de [H1 H2 ] et appartient
donc à D. Réciproquement, si M0 appartient à D, il ressort immédiatement de la
construction précédente qu’il passe par M0 deux tangentes à P perpendiculaires
entre elles. La directrice est ce qu’on appelle la courbe orthoptique de la parabole
(ensemble des points d’où l’on voit la parabole sous un angle droit).
37
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Exercice 2 :
1. Le point M de coordonnées (x, y) appartient à H si et seulement si M F 2 =
2d(M, D)2 , i.e.si et seulement si (x − 3)2 + (y − 2)2 = (x − y + 1)2 , ou encore
xy − 4x − y + 6 = 0.
2. Cette équation s’écrit encore (x − 1)(y − 4) = −2, soit, en posant X = x − 1,
Y = y − 4, XY = −2. Mais (X, Y ) sont les coordonnées du point M dans
le repère (Ω,~i, ~j), où Ω est le point de coordonnées (1, 4) dans le repère initial
(O,~i, ~j). L’équation de H dans ce nouveau repère est donc XY = −2, ce qui
montre que la symétrie centrale de centre Ω laisse H invariante. On en déduit
que Ω est le centre de l’hyperbole H.
3. Le foyer F 0 (resp. la directrice associée D0 ) est symétrique de F (resp. de D)
par rapport à Ω. La symétrie centrale de centre Ω est donnée par les formules
x0 = 2 − x, y 0 = 8 − y, où (x, y) sont les coordonnées d’un point et (x0 , y 0 ) celles de
son image. Il en résulte que F 0 a pour coordonnées dans le repère initial (−1, 6)
et D0 pour équation dans ce repère y − x − 5 = 0.
4. La courbe E d’équation 3x2 + 3y 2 + 2xy − 14x − 26y + 27 = 0 est une conique du
genre ellipse, puisque la forme quadratique (x, y) 7→ 3x2 + 3y 2 + 2xy est définie
positive. Cette courbe n’est pas vide, puisqu’elle possède par exemple deux points
d’abscisse 0, et ce n’est pas un cercle ; c’est donc une ellipse.
5. Les coordonnées du centre de E sont solution du système
6x + 2y − 14 = 0
2x + 6y − 26 = 0
obtenu en annulant les dérivées partielles de 3x2 + 3y 2 + 2xy − 14x − 26y + 27.
Ce système admet l’unique solution x = 1, y = 4.
6. En utilisant les formules de changement de repère x = X + 1, y = Y + 4, on voit
que E admet comme équation 3X 2 + 3Y 2!+ 2XY − 32 = 0 dans le repère (Ω,~i, ~j).
3 1
Des vecteurs propres de la matrice sont (1, 1) et (1, −1). Les coordonnées
1 3
(X, Y ) d’un point M dans le repère (Ω,~i, ~j) sont reliées aux!coordonnées (X 0 , Y 0 )
~i + ~j −~i + ~j
de ce point dans le repère orthonormal Ω, √ , √ déduit par rotation
2 2
de centre Ω et d’angle π/4 par
X0 − Y 0 X0 + Y 0
X= √ , Y = √ .
2 2
Il en résulte que E a comme équation 4X 02 + 2Y 02 − 32 = 0, soit encore
X 02 Y 02
+ =1
8 16
38
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de E est donnée par e = c/a = 2/2. Le grand axe de E est porté par la droite
d’équation x + y − 5 = 0 (axe ΩY 0 du nouveau repère) et le petit axe par la droite
d’équation x − y + 3 = 0 (axe ΩX 0 du nouveau repère) dans le repère (O,~i, ~j).
8. L’hyperbole H et l’ellipse E ont même centre, même axe focal, et même distance
focale. Il en résulte qu’elles ont les mêmes foyers.
39
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3 Compléments
3.1 Sections planes des cônes et des cylindres de révolution
Les mathématiciens grecs étudiaient déjà les coniques, qu’ils définissaient comme
sections planes des cônes de révolution. On attribue à Apollonius de Perge (v. 262-
v. 190 av. J.-C.) l’introduction, dans son traité en huit volumes intitulé les Coniques, de
la terminologie ellipse, hyperbole, parabole, mais ces termes étaient peut-être utilisés
avant lui et beaucoup de propriétés de ces courbes étaient déjà connues. Ménechme
(v. 380-v. 320 av.J.-C.) s’en servait pour tenter de résoudre le problème de la duplication
du cube (voir le chapitre « Géométrie euclidienne »). En effet, si on veut introduire
entre deux nombres a et b deux réels x et y tels que a, x, y, b constitue une progression
x y x b
géométrique, on a = et = , de sorte que x2 = ay et xy = ab ; on est donc
a x a y
ramené à construire l’intersection d’une parabole et d’une hyperbole ; mais on peut aussi
y b
écrire = , ou encore x2 = ay et y 2 = bx, ce qui amène à construire l’intersection
x y
de deux paraboles. C’est à Pappus (290-350) qu’on attribue la définition des foyers et
directrices, mais là encore ces notions étaient peut-être déjà connues avant lui.
De fait, l’intersection d’un cône de révolution C par un plan P ne passant pas par
le sommet S de C est :
– un cercle si P est perpendiculaire à l’axe de C ;
– une ellipse si l’intersection de C et du plan parallèle à P passant par S est réduite
à S (sans que P soit perpendiculaire à l’axe de C) ;
– une parabole si le plan parallèle à P mené par S est tangent à C le long d’une
génératrice ;
– une hyperbole si l’intersection de C et du plan parallèle à P passant par S est la
réunion de deux génératrices de C.
40
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– soit vide, soit constituée d’une ou deux génératrices si l’axe du cylindre est pa-
rallèle au plan ;
– un cercle si le plan est perpendiculaire à l’axe du cylindre ;
– une ellipse si le plan n’est ni parallèle ni perpendiculaire à l’axe du cylindre.
41
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42
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solaires (en fait, comme on ne peut orienter facilement l’axe de grands paraboloïdes vers
le soleil, les rayons lumineux sont d’abord redirigés vers le miroir parabolique principal
par des héliostats, miroirs secondaires orientables). Le grand four solaire d’Odeillo, dans
les Pyrénées-Orientales, possède un miroir parabolique d’une surface de 1830 mètres
carrés et permet d’atteindre en quelques secondes en son foyer une température de
3500°C.
43
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Il est également utilisé dans les télescopes. Un télescope réfléchit les rayons lumi-
neux et son miroir principal est un paraboloïde concave qui concentre ces rayons au
foyer. Comme l’observateur (humain ou récepteur photographique) ne peut se situer
en ce foyer, un miroir secondaire est utilisé. Dans le télescope de Newton, un mi-
roir secondaire plan détourne les rayons vers un oculaire latéral. Dans le télescope de
Schmidt-Cassegrain, un miroir secondaire hyperbolique convexe, dont un foyer coïn-
cide avec le foyer du miroir parabolique principal, concentre les rayons lumineux en
son second foyer (voir les propriétés des tangentes à l’hyperbole) ; l’oculaire est ainsi
situé dans l’axe du télescope.
44
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et (AC 0 ), (AB 0 ) et (BA0 )) se coupent en un point I (resp. J, K). Alors les six points
A, B, C, A0 , B 0 , C 0 sont situés sur une même conique non dégénérée si et seulement
si les trois points I, J, K sont alignés.
Une conséquence en est que, par cinq points en position générale, il passe une
conique et une seule. Le théorème de Pascal donne précisément un moyen de construire
point par point cette conique : si A, B, C, A0 , B 0 sont les points donnés, pour construire
un point supplémentaire C 0 de la conique, il suffit de tracer une droite D passant par
A ; si les droites (AB 0 ) et (A0 B) se coupent en K, les droites (CA0 ) et D en J, et les
droites (CB 0 ) et (KJ) en I, le point d’intersection C 0 des droites D et (BI) appartient
à la conique (en supposant bien sûr ces droites sécantes).
Ce théorème a été énoncé par Blaise Pascal (1623-1662) dans son Essai pour les
coniques, composé avant qu’il ait atteint l’âge de dix-sept ans et publié à Paris en
février 1640. La démonstration originale de Pascal n’est pas connue dans sa totalité,
mais l’idée essentielle en est qu’il suffit de démontrer le théorème pour le cercle. En
effet, on peut passer du cercle à n’importe quelle conique par une transformation géo-
métrique simple qui préserve le concours des droites et l’alignement des points. Cette
idée, développée par Girard Desargues (1591-1661) dans son Brouillon Project d’une
Atteinte aux Evènemens des Rencontres du Cone avec un Plan, paru en 1639, permet
de considérer que, du point de vue de la géométrie projective (la partie de la géométrie
qui traite justement des propriétés de concours et d’alignement), toutes les coniques
sont équivalentes, et repose sur la remarque suivante : si on considère deux sections
planes d’un même cône de révolution, on peut établir une correspondance naturelle de
l’une sur l’autre en associant à tout point de la première le point de la seconde situé
sur la même génératrice du cône.
45
Maths en Ligne Coniques UJF Grenoble
Dans le cas où trois des points donnés (et trois seulement) sont alignés, la conique
passant par les cinq points est dégénérée : il s’agit de la réunion des deux droites portant
les cinq points.
De fait, dans le cas où la conique dégénère en la réunion de deux droites, le théorème
de Pascal se réduit au théorème de Pappus :
Théorème 3. Soient dans un plan A, B, C trois points distincts alignés sur une
droite D et A0 , B 0 , C 0 trois points distincts alignés sur une droite D0 . On suppose que
les droites (BC 0 ) et (CB 0 ) (resp. (CA0 ) et (AC 0 ), (AB 0 ) et (BA0 )) se coupent en un
point I (resp. J, K). Alors les trois points I, J, K sont alignés.
3.6 Billards
Si on étudie la trajectoire d’un rayon lumineux issu de l’intérieur d’une ellipse et se
réfléchissant sur le bord suivant la loi de Descartes, le rayon réfléchi restera toujours
46
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tangent à une ellipse ou une hyperbole ayant les mêmes foyers que l’ellipse de départ.
En optique, cette courbe s’appelle une caustique (du grec kaustikos : qui brûle).
On peut aussi voir cette figure comme la trajectoire d’une boule de billard rebon-
dissant sur le bord d’un billard elliptique.
On constate en particulier qu’il y a toujours une région du billard dans laquelle la
boule ne pénétrera jamais.
47
Université Joseph Fourier, Grenoble I
Mathématiques, Informatique et Mathématiques Appliquées
Licence Sciences et Technologies 2e année
Courbes et surfaces
Boris Thibert
Les courbes et les surfaces interviennent naturellement dans divers domaines. À titre
d’exemple, la modélisation de voitures dans un logiciel de CAO (Conception Assistée
par Ordinateur) comme CATIA se fait avec des surfaces. De même, la trajectoire d’un
objet, le tracé d’une route et bien d’autres exemples encore se modélisent par des
courbes. Dans ce cours, nous allons présenter quelques notions de base qui concernent
les courbes et les surfaces qui sont dites paramétrées. Une courbe paramétrée est une
application γ : I → R3 (avec I un intervalle de R) et une surface paramétrée est une
application g : U ⊂ R2 → R3 . Ainsi, pour étudier les courbes et surfaces paramétrées,
nous utiliserons des fonctions d’une et de deux variables. Aussi, une connaissance sur
les fonctions d’une et de deux variables réelles, sur les développements limités sera
utile, même si nous rappellerons certaines des notions utilisées.
2 Entraînement 26
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3 Compléments 45
3.1 Courbes de Bézier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.2 Theorema Egregium de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.3 Surfaces développables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
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1 Cours
Dans ce cours, on se place dans un espace affine qui est de dimension soit deux, soit
trois. Un point M dans un espace de dimension d ∈ {2, 3} sera repéré par ses coordon-
nées (u1 , ..., ud ) dans un repère orthonormé (O, →
−
e1 , ..., →
−
ed ). Cet espace est naturellement
d
identifié à R . Le produit scalaire de deux vecteurs u = (u1 , ..., ud ) et v = (v1 , ..., vd )
est donné par :
d
X
u.v = ui vi .
i=1
Prenons une route allant de Grenoble à Chamrousse et modélisons la par une courbe
géométrique C ! Prenons maintenant une voiture qui part de Grenoble à un instant
t = 0 et arrive à Chamrousse à un instant t = 45 minutes. Le trajet de cette voiture
est naturellement modélisé par la courbe paramétrée γ : [0, 45] → C ⊂ R3 qui à
2
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Figure 2 – Hélice
chaque instant t, donne la position γ(t) de la voiture. Prenons maintenant un vélo qui
va parcourir ce même trajet mais en mettant bien entendu un peu plus de temps, par
exemple 180 minutes. Cela nous définit une autre paramétrisation γe : [0, 180] → C ⊂ R3
qui est différente de γ, mais qui a exactement le même support géométrique C.
De même, pour prendre un exemple "plus mathématique", considérons √ la courbe
2
paramétrée γ : [0, 1] → R donnée par γ(t) = (x(t), y(t)) = (Rt, R 1 − t ). De l’équa-
2
tion x2 (t) + y 2 (t) = R2 , on déduit que γ(t) appartient au cercle de rayon R et de centre
(0, 0). Plus précisément, le support géométrique de γ est le quart de cercle entre les
points (R, 0) et (0, R). Or ce support géométrique admet aussi une autre paramétrisa-
tion γe : [0, π2 ] → R2 donnée par γe (θ) = (R cos(θ), R sin(θ)). Ainsi, une même courbe
géométrique peut avoir plusieurs paramétrisations.
Reparamétrisation
Il est possible de reparamétrer une courbe. Pour cela, on rappelle la notion de
difféomorphisme.
Définition 2. Soient U et V deux domaines ouverts de Rd .
Une application f : U → V est un C 1 difféomorphisme si :
3
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γ(t) = γ(t0 ) + γ 0 (t0 )(t − t0 ) + (t − t0 )(t), avec lim (t) = (0, 0),
t→t0
Remarques :
— Si γ : I → Rd est régulière et si γe = γ ◦ ϕ est une reparamétrisation de γ, alors
γe est aussi régulière. En effet, comme ϕ : J → I est un C 1 -difféomorphisme, on
a
∀t ∈ J, γe 0 (t) = γ 0 (ϕ(t))ϕ0 (t) 6= 0.
4
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— Une courbe paramétrée régulière admet une tangente en tout point. La réci-
proque n’est pas vraie. Considérons la courbe paramétrée suivante :
γ(t) = (t2 , t4 ) avec t ∈ R.
La courbe géométrique associée est la parabole d’équation y = x2 qui a un
vecteur tangent horizontal au point γ(0). Pourtant γ 0 (0) est nul !
où le supremum est pris sur toutes les subdivisions a = t0 < t1 < ... < tn = b de
l’intervalle [a, b], n étant quelconque.
De plus, si l(γ) est fini, on dit que la courbe γ est rectifiable.
5
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En passant maintenant au supremum sur toutes les subdivisions, on obtient que γ est
rectifiable et vérifie : Z b
l(γ) ≤ kγ 0 (t)k dt.
a
Montrons maintenant l’égalité souhaitée. Pour cela, introduisons la fonction φ : [a, b] →
R qui donne la longueur de la courbe entre les paramètres a et t :
∀t ∈ [a, b], φ(t) = l γ|[a,t] .
6
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Les membres de droite et de gauche ont la même limite kγ 0 (t)k, ce qui implique que φ
est dérivable en t et que l’on a φ0 (t) = kγ 0 (t)k.
Exemple : La longueur de l’hélice paramétrée par γ(t) = (R cos(t), R sin(t), at) avec
γ : [0, 2π] → R3 est donnée par :
Z 2π Z 2π √ √
0
l(γ) = kγ (t)k dt = R2 + a2 dt = 2π R 2 + a2 .
0 0
l(γ|[t1 ,t2 ] ) = t2 − t1 .
7
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γe = γ ◦ s−1
t0 : J → R
d
Démonstration : Admise.
γe = γ ◦ s−1
a : [0, l] → R
d
8
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Exemple
√ : On considère la courbe paramétrée γ :]0, 1[→ R2 définie par γ(t) =
(t, 1 − t2 ). L’abscisse curviligne s0 :]0, 1[→ R est donnée par :
Z t
0
Z t
1
s0 (t) = kγ (u)kdu = √ du = arcsin(t).
0 0 1 − u2
La fonction arcsin : [0, 1[→]0, π/2[ est une bijection. La reparamétrisation γe = γ ◦ s0−1 :
]0, π/2[→ R2 est donnée par :
q
γe (s) = γ(sin s) = sin s, 1 − sin2 (s) = (sin(s), cos(s)).
det(u, v) = u1 v2 − u2 v1 .
Repère de Serret-Frenet
On définit tout d’abord le repère de Serret-Frenet. Il s’agit d’un repère orthonormé
qui varie le long d’une courbe paramétrée.
Définition 8. Soit γ : [a, b] → R2 une courbe paramétrée régulière de classe C 1 . Le
repère de Serret-Frenet de γ au point γ(t) est le repère orthonormé :
→
− →
−
(γ(t), T (t), N (t)),
→
− γ 0 (t) →
− →
−
où T (t) = kγ 0 (t)k
et ( T (t), N (t)) est une base orthonormée directe du plan affine.
→
− →
−
Le vecteur T (t) est tangent à la courbe au point γ(t) et le vecteur N (t) est un
vecteur qui est normal à la courbe en γ(t).
Remarque : La droite tangente à la courbe γ au point γ(t) ne dépend pas de la
→
−
paramétrisation. Par contre, le vecteur T (t) en dépend : si on change le sens de parcours
de la courbe, alors ce vecteur sera remplacé par son opposé. Le repère de Serret-Frenet
dépend ainsi du sens de parcours de la paramétrisation ainsi que de l’orientation du
plan affine.
9
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Courbure
Quelle est l’allure locale d’une courbe paramétrée γ : I → R2 régulière de classe
C 2 ? On peut supposer, sans restriction, que cette courbe est paramétrée par abscisse
curviligne. Pour connaître la forme, on va effectuer un développement limité de γ à
l’ordre 2 en s0 :
0 (s − s0 )2 00
γ(s) = γ(s0 ) + (s − s0 )γ (s0 ) + γ (s0 ) + o((s − s0 )2 ).
2
→
−
On sait que le vecteur T (s) = γ 0 (s0 ) est tangent à la courbe en γ(s0 ). Si γ 00 (s0 ) 6= 0,
le développement limité nous indique qu’à l’ordre deux, la courbe est "attirée" dans la
direction γ 00 (s0 ). Autrement dit, le vecteur γ 00 (s0 ) nous donne des informations sur la
forme de la courbe au voisinage de γ(s0 ). Intuitivement, on voit aussi que plus kγ 00 (s0 )k
est grand, plus la courbe est courbée. Effectivement, cette norme va nous permettre de
définir la courbure (Figure 5).
Figure 5 – Dérivée première et seconde d’une courbe paramétrée par abscisse curvi-
ligne
10
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Démonstration : Admise.
Interprétation géométrique
Si une courbe paramétrée γ : I → R2 est normale, le point γ(s) avance à la
même vitesse que son paramètre s (cela correspond au fait que la norme de la dé-
rivée est constante égale à 1). Avec cette paramétrisation, on a vu que le vecteur
→
− →
−
γ 00 (s) = κ(s) N (s) est orthogonal à T (s) et le développement limité de γ à l’ordre deux
peut se réécrire naturellement dans le repère de Serret-Frenet :
→
− (s − s0 )2 →
−
γ(s) = γ(s0 ) + (s − s0 ) T (s0 ) + κ(s) N (s0 ) + o((s − s0 )2 ).
2
En un point de paramètre s, si la courbure κ(s) est strictement positive, les vecteurs
→
− →
−
N (s) et γ 00 (s) sont égaux et le vecteur N (s) pointe vers le centre de courbure. Si la
→
−
courbure est négative, alors N (s) = 1/κ(s) γ 00 (s) pointe dans la direction opposée au
centre de courbure (Figure 6).
11
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implique
γ 0 (s−1
t0 (s))
γe 0 (s) = (γ ◦ s−1 0 0 −1 −1 0
t0 ) (s) = γ (st0 (s)) (st0 ) (s) = −1 .
kγ 0 (st0 (s))k
En dérivant une deuxième fois, on a :
γ 00 (s−1
t0 (s))
γe 00 (s) = 0 −1 + λ(s)γ 0 (s−1
t0 (s)),
kγ (st0 (s))k2
12
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1
où λ est la dérivée de la fonction s 7→ kγ 0 (s−1
. On a donc :
0t (s))k
Par ailleurs, on a :
→
− →
−
det(γe 0 (s), γe 00 (s)) = det( T (s), κ(s) N (s)) = κ(s),
Sur la Figure 6, on observe que les cercles osculateurs aux points γ(s1 ) et γ(s3 )
"épousent" bien la forme de la courbe. En fait, ils ont un contact d’ordre deux avec la
courbe : plus précisément on peut montrer que la courbe paramétrée par abscisse cur-
viligne et le cercle osculateur paramétré par abscisse curviligne ont un développement
limité qui coïncide à l’ordre deux au voisinage du point γ(si ) (avec i ∈ {1, 3}).
Formules de Serret-Frenet
Le repère de Serret Frenet est défini en chaque point d’une courbe paramétrée
régulière. Les formules de Serret-Frenet expriment la façon dont ce repère bouge le
long de la courbe. Plus précisément, elles donnent les dérivées de ce repère dans la base
de Serret-Frenet.
→
−
Démonstration : La première formule a déjà été montrée. Le vecteur N (s) étant
unitaire, on a :
→
− →
−
∀s ∈ I N (s). N (s) = 1.
13
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En dérivant, on obtient
→
−0 →
−
∀s ∈ I N (s). N (s) = 0.
→
− →
−
Le vecteur N 0 (s) est donc colinéaire à T (s). Par ailleurs, on a :
→
− →
−
∀s ∈ I T (s). N (s) = 0.
En dérivant, on obtient
→
−0 →
− →
− →
−
T (s). N (s) + T (s). N 0 (s) = 0,
→
− →
−
et donc κ(s) = − N 0 (s). T (s), ce qui permet de conclure.
γ : I → R3 .
L’étude de l’allure locale est plus compliquée que pour les courbes planes. En effet,
pour une courbe plane paramétrée régulière, il n’y a qu’une seule direction normale
en chaque point de la courbe. Pour une courbe gauche, il y a tout un plan qui est
orthogonal au vecteur tangent à la courbe en chaque point, ce qui complique un peu
son étude et introduit une nouvelle notion, celle de torsion.
κ(s) = kγ 0 (s)k.
kγ 0 (t) ∧ γ 00 (t)k
κ(t) = .
kγ 0 (t)k3
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Remarque : Comme pour les courbes planes, on peut montrer que ces définitions ne
dépendent pas de la paramétrisation de la courbe géométrique.
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kγ 00 (s)k2
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En pratique, le résultat suivant peut permettre de calculer la torsion pour une
paramétrisation générale.
Proposition 11. La torsion d’une courbe paramétrée γ : I → R3 de classe C 3 en un
point γ(t) vaut
det(γ 0 (t), γ 00 (t), γ 000 (t))
τ (t) = − .
kγ 0 (t) ∧ γ 00 (t)k2
Démonstration : Admise.
→
−
La torsion mesure comment "tourne" le vecteur B . Une interprétation géométrique
de la torsion est donnée par la proposition suivante
Proposition 12. Soit γ : I → R3 une courbe paramétrée régulière de classe C 3 dont
tous les points sont biréguliers. Alors
la courbe γ est plane ⇐⇒ ∀t ∈ I, τ (t) = 0.
Formules de Serret-Frenet
Comme pour les courbes planes, en chaque point d’une courbe gauche paramétrée
régulière, on a un repère de Serret Frenet. Ce repère bouge avec le paramètre de la
courbe. Les formules de Serret-Frenet expriment justement la dérivée de ce repère.
Proposition 13 (Formules de Serret Frenet). Soit γ : I → R3 une courbe paramétrée
normale régulière de classe C 3 et γ(s) un point birégulier. Alors on a :
→−0 →
−
→T (s) = κ(s) N 0 (s)
−0 →
− →
−
N (s) = −κ(s) T (s) − τ (s) B (s)
→−0 →
−
B (s) = τ (s) N (s)
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Reparamétrisation
Comme dans le cas des courbes, il est possible de reparamétrer les surfaces para-
métrées par des difféomorphismes. Prenons une surface paramétrée f : U ⊂ R2 → R3
de classe C 1 et ϕ : V ⊂ R2 → U un C 1 difféomorphisme. Alors
f ◦ ϕ : V → R3
est une surface paramétrée qui a exactement le même support géométrique que f . On
dit que ϕ est un changement de variable admissible et que f ◦ϕ est une reparamétrisation
de f .
Rappel sur les différentielles
Le but de cette partie n’est pas de faire un cours précis sur les différentielles, mais
de rappeler les notions utiles pour les surfaces. Pour plus de précisions, le lecteur pourra
regarder le chapitre Fonctions de plusieurs variables de Maths en L1̇gne. Prenons une
application f : U ⊂ R2 → Rn (avec n ≥ 1).
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Définition 17.
— On dira que f est une application de classe C 1 si les dérivées partielles de f
existent et sont continues.
— On appelle alors différentielle de f au point (a, b) l’application linéaire de R2
dans R, notée Df (a, b) définie par :
∂f ∂f
Df (a, b) : (hx , hy ) ∈ R2 7→ hx (a, b) + hy (a, b).
∂x ∂y
On a alors la proposition suivante :
avec hx = (x − a) et hy = (y − b).
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
hx kx (a, b) + (h k
x y + h k
y x ) (a, b) + h k
y y (a, b).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
On a alors la proposition suivante :
f ◦ γ : I → R3
est une courbe paramétrée dont le support est inclus dans le support S = f (U ) (Figure
8).
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Clairement, γx0 est une courbe paramétrée dont le support est inclus dans S = f (U ). Si
cette courbe est régulière en y = y0 cela signifie que le vecteur γx0 0 (y0 ) est tangent à la
courbe γx0 au point m0 = γx0 (y0 ). De même, on peut considérer la courbe coordonnées
γy0 (avec y0 ∈ I2 ) :
γy0 : x ∈ I1 7→ f (x, y0 ).
Si cette courbe est régulière en x = x0 cela signifie que le vecteur γy0 0 (x0 ) est tangent
à la courbe γy0 au point m0 = γy0 (x0 ). Or, par définition des dérivées partielles, nous
avons :
∂f ∂f
γx0 0 (y0 ) = (x0 , y0 ) et γy0 0 (x0 ) = (x0 , y0 ).
∂x ∂y
Ceci motive la définition d’espace tangent à une surface :
Définition 18. L’espace tangent à une surface paramétrée f : U → R3 au point
m0 = f (x0 , y0 ) est l’espace affine, noté Tm0 S (avec S = f (U )) passant par m0 et
engendré par les vecteurs ∂f∂x
(x0 , y0 ) et ∂f
∂y
(x0 , y0 ).
En pratique, l’espace tangent Tm0 S désigne aussi l’espace vectoriel qui dirige l’espace
affine défini ci-dessus à savoir donc l’espace vectoriel engendré par les vecteurs ∂f
∂x
(x0 , y0 )
∂f
et ∂y (x0 , y0 ).
Définition 19.
— La surface paramétrée f : U → R3 est dite régulière au point m = f (x, y) si les
deux vecteurs ∂f
∂x
(x, y) et ∂f
∂y
(x, y) sont libres.
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Longueur et aire
Prenons une surface paramétrée f : U ⊂ R2 → R3 de classe C 1 et γ : [a, b] ⊂
R → U une courbe paramétrée plane dont le support géométrique vit dans l’espace des
21
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paramètres U . Alors f ◦ γ est une courbe paramétrée dont le support est inclus dans
le support S = f (U ) (Figure 8). Sa longueur est donnée par :
Z b Z b
l(f ◦ γ) = k(f ◦ γ)0 (t)k dt = k(Df (γ(t)).γ 0 (t)k dt.
a a
22
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avec φ : U ⊂ R2 → R. (En fait, on peut montrer que l’on peut toujours se ramener
localement à une telle forme, et que cette hypothèse n’est pas restrictive.) D’autre part,
quitte à faire un changement de repère, on peut supposer que φ(0, 0) = 0 et que
Dφ(0, 0) = 0. Dans le nouveau repère, cela revient à avoir que la surface passe par le
point de coordonnées (0, 0, 0) et que le plan tangent en ce point est horizontal. Dans
ce cas là, le développement limité de φ en (0, 0) est :
1
φ(x, y) = D2 φ(0, 0)(x, y)2 + o((x2 + y 2 )),
2
avec
∂ 2φ ∂ 2φ 2
2∂ φ
D2 φ(0, 0)((x, y), (x, y)) = x2 (0, 0) + 2xy (0, 0) + y (0, 0).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
La forme bilinéaire symétrique D2 φ(0, 0)((x, y), (x, y)) donne ainsi des informations
sur l’allure de la surface au voisinage du point m = f (0, 0) = (0, 0, 0). Il s’agit de la
deuxième forme fondamentale.
Cas général
Dans le cas d’une paramétrisation régulière quelconque, la définition de la deuxième
forme fondamentale fait aussi intervenir la différentielle première. Rappelons que si
f : U → R3 est une surface paramétrée régulière de classe C 2 , alors les vecteurs
∂f
∂x
(x, y) et ∂f
∂y
(x, y) forment une base de l’espace tangent Tm S à S = f (U ) au point
m = f (x, y). Tout vecteur de Tm S s’exprime donc dans cette base :
∂f ∂f
∀v ∈ Tm S ∃(vx , vy ) ∈ R2 v = vx (x, y) + vy (x, y).
∂x ∂y
On note K(x, y) le vecteur orthogonal à l’espace tangent Tm S donné par :
∂f ∂f
(x, y) ∧ ∂y (x, y)
K(x, y) =
∂x
.
∂f ∂f
∂x (x, y) ∧ ∂y (x, y)
23
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Proposition 17. Soient V est un espace vectoriel de dimension deux munit d’un pro-
duit scalaire et Q : V → R une forme quadratique sur V . Alors il existe une base
orthonormée (e1 , e2 ) de V telle que :
où
Q(v) Q(v)
λ1 = min et λ2 = max .
v6=0 kvk2 v6=0 kvk2
On peut montrer que si λ1 6= λ2 , alors la base orthogonale (e1 , e2 ) dans laquelle
la forme quadratique est diagonale est unique (à l’orientation près des vecteurs). En
appliquant cette proposition à la deuxième forme fondamentale IIm au point m =
f (x, y), on sait qu’il existe une base orthonormée (e1 , e2 ) de Tm S telle que :
où
Q(v) Q(v)
λ1 = min et λ2 = max .
v6=0 kvk2 v6=0 kvk2
On définit alors :
Définition 22.
— Les directions principales de S au point m sont les vecteurs e1 et e2 .
— Les courbures principales de S au point m sont les nombres λ1 et λ2 .
— La courbure de Gauss de S au point m est le produit λ1 λ2 .
Interprétation géométrique
Pour tout vecteur v ∈ Tm S, IIm (v) est la courbure de la surface au point m dans
la direction v. En particulier, λ1 est la courbure de la surface S dans la direction e1 et
λ2 est la courbure de la surface S dans la direction e2 . Le résultat d’algèbre précédent
est assez surprenant dans la mesure où il nous dit que pour tout point de toute surface
24
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
1. Toute courbe paramétrée de classe C 2 est régulière.
2. Toute courbe paramétrée régulière a un espace tangent en tout point.
3. Si une courbe paramétrée admet une droite tangente en un point, alors elle
est régulière en ce point.
4. Toute paramétrisation de la courbe géométrique d’équation y = x2 est régu-
lière.
5. Il existe une paramétrisation régulière de la courbe géométrique d’équation
y = x2 .
q
6. Toute paramétrisation de la courbe géométrique d’équation y = |x| (avec
x ∈ R) est régulière.
7. Il q
existe une paramétrisation régulière de la courbe géométrique d’équation
y = |x| (avec x ∈ R).
Vrai-Faux 2. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
1. Pour toute courbe paramétrée, il existe une paramétrisation non régulière.
2. Toute courbe normale est régulière.
3. Si une courbe une courbure nulle alors elle est plane.
4. La tangente à une courbe en un point d’inflexion traverse la courbe.
5. La tangente à une courbe en un point d’inflexion ne traverse jamais la courbe.
6. Si m est un point d’inflexion d’une courbe, alors la coubure en ce point est
nulle.
Vrai-Faux 3. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
1. Une courbe rectifiable a une longueur finie.
2. La longueur d’une courbe paramétrée sur un intervalle [a, b] de longueur finie
est forcément finie.
3. Si une courbe est rectifiable, alors elle est de classe C 1 .
4. Si une courbe paramétrée est de classe C 1 , alors elle est rectifiable.
5. Si une courbe paramétrée est rectifable, alors il existe toujours un reparamé-
trage qui soit de classe C 1 .
6. La longueur de la courbe paramétrée γ : t ∈ [0, 4π] 7→ (R cos t, R sin t, 3) vaut
2πR.
Vrai-Faux 4. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
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y=u avec u ∈ R
z=0
4. La droite tangente à la courbe paramétrée γ : t 7→ (cos t, sin t) en t = π/4 a
pour équation ( √
x=√ − 2/2
avec u ∈ R
y = 2/2
5. La droite tangente à la courbe d’équation y = 3x3 au point (2, 24) a pour
équation (
x=2+u
avec u ∈ R
y = 24 + 36u
6. La droite tangente à la courbe d’équation y = −2x2 + 1 au point (1, −1) a
pour équation (
x=2+u
avec u ∈ R
y =4+u
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2. Toute courbe sur la sphère a une torsion qui est non nulle en au moins un
point.
3. Pour chaque courbe paramétrée régulière rectifiable, il existe une infinité de
reparamétrisation par abscisse curviligne.
4. Une courbe paramétrée a une courbure identiquement nulle si et seulement
si son support géométrique est un segment.
5. Une courbe paramétrée γ : I ⊂ R → R3 à courbure constante κ 6= 0 est
forcément inclus dans un cercle.
28
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2.2 Exercices
Exercice 1. Pour chacune des courbes paramétrées suivantes :
29
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x2 y 2
+ 2 = 1.
a2 b
1. Donner une paramétrisation de l’ellipse.
2. Calculer la longueur de l’ellipse.
3. Calculer la courbure de l’ellipse en tout point.
4. Quels sont les points les plus courbés ?
5. Que pouvez-vous dire de la torsion de l’ellipse ?
Exercice 11. Calculer la courbure et la torsion des courbes paramétrées γi : R → R3
suivantes (avec i ∈ {1, 2, 3, 4}) :
1. γ1 (t) = (t, t + 1, 1 − t2 ).
30
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Exercice 13. Soit γ : I → R2 une courbe paramétrée par abscisse curviligne, régulière
et de classe C 2 . On suppose qu’il existe une application ϕ : I → R telle que pour tout
t ∈ I γ(t) = (t, ϕ(t)).
1. Montrer que la courbure algébrique de la courbe est donnée par
ϕ00
κ= 3 .
(1 + ϕ02 ) 2
Exercice 14. Une courbe plane est souvent définie en coordonnées polaires par r = r(θ).
Autrement dit, la paramétrisation de la courbe est de la forme :
où θ appartient à un intervalle I de R.
1. Calculer la longueur d’arc en coordonnées polaires.
2. Calculer la courbure en coordonnées polaires.
31
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e0 : t 7→ 1 e1 : t 7→ t e2 : t 7→ t2 .
32
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Surfaces
Exercice 23. Trouver une équation du plan tangent pour chaque surface ci-dessous, au
point (x0 , y0 , z0 )
√
1. f : (x, y, z) 7→= (x, y, 21 − x2 − y 2 ) avec (x0 , y0 , z0 ) = (1, 2, 4).
2. f : (x, y) 7→ (15x − 2y, 3x + 17y + 9, 23x + 17y + 22) avec (x0 , y0 , z0 ) = f (2, 3)
34
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3. Une surface de révolution est obtenue en faisant tourner une courbe autour d’un
axe (voir l’exercice précédent pour une paramétrisation). Cette surface est-elle
une surface de révolution ? Si oui, donner l’axe de révolution ainsi que l’équation
d’une courbe plane qui engendre la surface.
4. Calculer la deuxième forme fondamentale.
5. Que pouvez-vous dire du signe du produit des courbures principales ?
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1.
A La longueur de la courbe γ : t ∈ [−2π, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 1) est 2πR.
B La longueur de la courbe γ : t ∈ [−2π, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2) est 4πR.
√
C La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est 2π R2 + 2.
D La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 3[7→ (t, 2t2 ) est sh(2argsh(12))
16
+ argsh(12)
8
.
E La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (t − sin t, 1 − cos t) est 10.
γ : R → R2
t 7→ (t − sh t ch t, 2ch t)
A Une abscisse curviligne est donnée par s(t) = sh2 (t) pour tout t ∈ R
B Une abscisse curviligne est donnée par s(t) = sh2 (t) si t ≥ 0 et par s(t) =
−sh2 (t) si t < 0.
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γ : R → R2
t 7→ (t2 − 2t3 , 5t3 + 1)
Question 6.
D La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2[7→ (t, 2t2 ) est sh(2argsh(4))
16
+ argsh(4)
8
.
3 3
B La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2[7→ (cos t, sin t) est 2π.
C La courbure de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est constante égale
R
à 4+R 2.
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D La torsion de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est constante égale
R
à 4+R 2.
E La développée de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est une hélice.
f : (x, y) ∈ R2 7→ (5x − 3y 2 + 3, −x + y 2 , 3x − 4y 2 )
38
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Question 9. Soit f : R×R2 ×R2 → R3 la surface paramétrée par f (x, y) = (x, y, 15x2 +
13y 3 + 7).
A Le plan tangent en f (0, 0) est horizontal.
B Le plan tangent en f (0, 0) traverse la surface.
C Les deux courbures principales en f (0, 0) sont strictement positives.
D La surface est un paraboloïde de révolution.
E Le plan tangent en f (0, 0) passe par le point (0, 0, 0).
Question 10. Soit f : R×[0, 2π] → R3 la surface paramétrée par f (t, θ) = (t cos θ, t sin θ, t).
Réponses : 1–BD 2–CE 3–BC 4–AE 5–BC 6–CE 7–AD 8–AC 9–AB 10–BE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé.
Si vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses
avec le corrigé.
Exercice 1. Montrer que les courbes planes régulières de classe C 2 à courbure constante
sont des arcs de cercle.
(On pourra considérer les paramétrisations par abscisse curviligne et montrer que le
centre de courbure est constant.)
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1. Représenter cette surface en 3D. Pourquoi, à votre avis, cette surface est-elle
dite "de révolution" ?
2. Calculer l’aire de cette surface.
3. Que représentent géométriquement les courbes C1 = {f (0, v), v ∈ [0, 2π[} et
C2 = {f (u, 0), u ∈ [0, 2π[} ?
4. Montrer que les vecteurs tangents à ces courbes au point d’intersection m =
f (0, 0) sont orthogonaux.
5. Calculer en tout point m de la surface la deuxième forme fondamentale IIm ,
ainsi que les courbures et directions principales.
6. En tout point m = f (u, v) de la surface, calculer le produit Gm des deux cour-
bures principales.
— Déterminer les points m pour lesquels Gm > 0
— Déterminer les points m pour lesquels Gm < 0
— Déterminer les points m pour lesquels Gm = 0
7. Interpréter géométriquement ces résultats.
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→
− →
−
Or les formules de Serret-Frenet indiquent que N 0 (s) = −κ(s) T (s), et donc
→
− →
−
C 0 (t) = T (s) − T (s) = 0.
Le centre de courbure C(s) est donc constant égal à C0 . Donc pour tout s ∈ I
1 →− 1
kγ(s) − C0 k = k N (s)k = .
κ κ
Le point γ(s) appartient donc au cercle de centre C0 et de rayon 1/κ. Comme l’appli-
cation γ est continue (et que I est un intervalle), le support géométrique est un arc de
cercle.
Exercice 2.
1. Le support géométrique de cette courbe est une hélice (Figure 12).
Figure 12 – Hélice
41
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→
− →
− →
−
3. Calculons le repère (γe (s), T (s), T (s), T (s)) de Serret-Frenet en tout point de
paramètre s. On a :
−R sin √ s
→
− 1 R2 +a2
T (s) = γe 0 (s) = √ 2
R cos √R2s+a2 .
R + a2
a
D’autre part, on a :
−R cos √ s
1 R2 +a2
γe 00 (s) =
−R sin √R2s+a2 .
R2 + a2
0
On en déduit que γ 00 (s) ne s’annulle jamais et que tout point est birégulier.
− cos √ s
→
− γe 00 (s) R2 +a2
N (s) = 00 = − sin √R2s+a2 .
kγe (s)k
0
√ s
a sin
→
− →
− →
− 1 R2 +a2
B (s) = T (s) ∧ N (s) = √ 2
−a cos √R2s+a2 .
R + a2
R
4. La courbure est donnée par :
R
κa (s) = kγe 00 (s)k = .
R2 + a2
On remarque que cette courbure est constante.
→
− →
−
5. La torsion est donnée par la formule τ (s) = B 0 (s). N (s). Or on a
a cos √R2s+a2
→
−0 1
a sin √ s
B (s) = 2 2
,
R +a 2
R +a2
0
ce qui donne
→
− →
− −a
τa (s) = B 0 (s). N (s) = .
R2 + a2
En passant à la limite, on a :
6.
lim κa = et lim τa = 0
a→0 a→0
On observe que la courbe γ tend vers une paramétrisation du cercle quand a
tend vers 0. On observe également que la courbure κa tend vers la courbure R1
du cercle et que la torsion τa (s) tend vers la torsion du cercle qui vaut 0.
42
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Exercice 3.
1. Cette surface est appelée surface de révolution, car elle est obtenue en faisant
tourner un cercle de rayon r paramétré par
43
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et donc on a :
− cos u cos v
K(u, v) = − cos u sin v
− sin u
On a donc :
−r cos u cos v − cos u cos v
∂ 2f
L(u, v) = 2
(u, v).K(u, v) =
−r cos u sin v − cos u sin v = r.
.
∂u
−r sin u − sin u
2 r sin u sin v − cos u cos v
∂ f
M (u, v) = (u, v).K(u, v) = −r sin u cos v . − cos u sin v = 0.
∂u∂v
0 − sin u
2 −(R + r cos u) cos v − cos u cos v
∂ f
−(R + r cos u) sin v . − cos u sin v = (R+r cos u) cos u.
N (u, v) = 2 (u, v).K(u, v) =
∂v
0 − sin u
Comme M (u, v) = 0, cela signifie que ladeuxième fondamentale II(u, v) est
diagonale dans la base ∂f ∂u
(u, v), ∂f
∂v
(u, v) . Or cette base est orthogonale car
∂f ∂f
les deux vecteurs ∂u (u, v) et ∂v (u, v) sont orthogonaux. Les deux directions
principales sont donc
∂f − sin u cos v ∂f − sin v
(u, v) (u, v)
e1 =
∂u
= − sin u sin v
et e2 =
∂v
= cos v
.
∂f
∂f
∂u (u, v)
∂v (u, v)
cos u 0
44
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On a donc
Gm > 0 ⇐⇒ cos u > 0 ⇐⇒ u ∈ [0π/2[∪[3π/2, 2π[
Gm < 0 ⇐⇒ cos u < 0 ⇐⇒ u ∈]π/2, 3π/2[
Gm > 0 ⇐⇒ cos u = 0 ⇐⇒ u ∈ {−π/2, π/2}
L’ensemble des points où la courbure s’annulle est l’union des deux cercles ho-
rizontaux de rayon R formés par les points d’altitude la plus haute z = r et la
plus basse z = −r. Cet ensemble s’écrit :
R cos v R cos v
[
, v ∈ [0, 2π[
R sin v R sin v , v ∈ [0, 2π[ .
−r
r
3 Compléments
3.1 Courbes de Bézier
Les courbes de Bézier sont des courbes paramétrées polynômiales qui ont été dé-
couvertes par l’ingénieur français Pierre Bézier (1910-1999) dans les années 60. Elles
ont joué un rôle important dans le développement des logiciels de CAO, ont donné
naissance à de nombreux objets mathématiques et sont encore utilisées dans des lo-
giciels de dessin vectoriel. Pierre Bézier (pour plus de renseignements, on peu aussi
regarder le site http://rocbo.lautre.net/bezier/pb-indus.htm) a travaillé chez
Renault toute sa carrière. Une de ses préoccupation était de créer un moyen simple de
modéliser des formes à partir de machines à commande numérique. L’idée lumineuse
qu’il a eu consiste à exprimer une courbe comme combinaison linéaire de points (ap-
pelés points de contrôles). Ceci est bien illustré sur la Figure 14 : à gauche, on a des
points (ordonnés) ; à droite, on a une courbe dont les extrémités sont deux points de
cette courbe et qui est "attirée" par les autres points.
La définition de ces courbes est assez simple et utilise les polynômes de Bernstein.
La courbe de Bézier associée à n + 1 points P0 , ..., Pn de R2 est la courbe paramétrée
45
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On peut remarquer que cette propriété implique que le point P (t0 ) dans la formule
ci-dessus est barycentre des points P0 ,...,Pn .
46
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Les courbes de Bézier forment un outil de base qui est utilisé pour définir d’autres
notions utiles en modélisation. C’est le cas par exemple des courbes B-splines, beaucoup
utilisées dans les logiciels de dessin, qui sont des courbes obtenues en mettant "bout à
bout" des courbes de Bézier.
Figure 16 – La courbure de Gauss G(p) au point p est le produit des deux courbures
principales λ1 (p) et λ2 (p) (λ1 (p) est la courbure de la courbe bleue au point p et λ2 (p)
est la courbure de la courbe rouge au même point p).
47
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Théorème 3. La courbure de Gauss d’une surface est invariante par isométrie locale.
Ce résultat nous indique que si on modifie une surface sans modifier ses longueurs,
alors sa courbure de Gauss est inchangée. La courbure de Gauss est donc une courbure
qui ne dépend pas de la forme de la surface, mais juste des distances mesurées sur cette
surface.
Ce résultat est un résultat important de géométrie différentielle. On peut essayer de
le comprendre au travers de l’exemple de l’hélicoïde et de la caténoïde. Une caténoïde et
une hélicoïde sont représentées sur la Figure 17. Il est possible transformer la caténoïde
en l’hélocoïde de manière continue et sans modifier les distance, comme illustré sur
la Figure 18. Le théorème de Gauss implique alors que ces deux surfaces (qui sont
isométriques) ont des courbures de Gauss identiques.
48
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49
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On remarque sur les exemples de la Figure 19 un fait surprenant : pour tout point
p de la surface, il existe un segment de droite Cp qui contient p et qui est inclus dans
la surface. Une surface qui vérifie cette propriété est dite réglée. Cette constatation est
en fait générale : toute surface régulière de classe C 2 à courbure de Gauss nulle est
réglée. Mais attention, la réciproque n’est pas vraie : il existe des surfaces réglées non
développables (les exemples de la Figure 21 permettent de s’en convaincre).
On peut voir sur les Figures 22 et 23 des exemples de modélisation de surfaces
basées sur les surfaces développables. Dans ces deux cas, la surface sous-jacente n’est
pas régulière de classe C 2 . Un autre domaine où les surfaces développables sont utilisées
est l’architecture. On peut par exemple citer le célèbre architecte Frank Gehry, qui les
utilise dans la conception de ses bâtiments (Figure 24).
50
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51
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Géométrie affine
Jean-Marc Decauwert
La géométrie affine est l’étude des propriétés géométriques qui sont conservées par
toute transformation affine, comme l’alignement, le parallélisme, les milieux, et plus
généralement les rapports de mesures algébriques pour des points alignés. Le cadre
naturel en est un espace affine, généralisation en dimension quelconque du plan et de
l’espace que vous avez déjà étudiés. Ses éléments sont des points et un espace vectoriel
lui est attaché, qui permet d’associer à tout couple de points un vecteur. La notion de
barycentre, issue de la mécanique, y joue un rôle essentiel, analogue à celui que joue
la notion de combinaison linéaire dans un espace vectoriel. Nous étudierons ensuite
les applications affines : ce sont celles qui conservent les barycentres. Leur importance
vient de ce que la quasi-totalité des transformations géométriques que vous avez pu
rencontrer, en particulier les isométries et plus généralement les similitudes, sont affines.
Mais l’étude des notions spécifiquement euclidiennes, comme celles de distances et
d’angles, sera abordée dans un autre chapitre.
2 Entraînement 35
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3 Compléments 58
3.1 Notations de Grassmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.2 Courbes de Bézier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
8 novembre 2011
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1
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1 Cours
1.1 Espace affine
Une fois qu’on a choisi un repère, le plan s’identifie à R2 (resp. l’espace à R3 ),
autrement dit à un espace vectoriel de dimension 2 (resp. 3) sur R muni d’une base
particulière (la base canonique de R2 ou R3 ). On pourrait donc se contenter de faire de la
géométrie dans R2 ou dans R3 . Mais cette identification repose sur le choix d’un repère
et il est souvent plus agréable et plus clair de raisonner de manière intrinsèque. De plus,
se fixer un repère une fois pour toutes n’est souvent pas la meilleure solution : il est
préférable, même quand on calcule en coordonnées, d’avoir la liberté de choisir un repère
bien adapté au problème posé. De fait, le cadre naturel pour faire de la géométrie serait
un espace homogène, dont tous les points jouent le même rôle, ce qui n’est pas le cas
dans un espace vectoriel, où le vecteur nul joue un rôle particulier et tient naturellement
lieu d’origine. Moralement, un espace affine n’est rien d’autre que cela : un espace
vectoriel dont on a oublié où se trouve l’origine. Cette définition est naturellement
beaucoup trop vague pour être utilisable telle quelle. Nous allons commencer par lui
donner un sens précis. Nous verrons alors que tout espace vectoriel est naturellement
muni d’une structure d’espace affine et que, inversement, tout espace affine s’identifie
à un espace vectoriel dès qu’on y choisit une origine (mais cette identification dépend
du choix de l’origine). Mathématiquement, la définition est la suivante :
→
−
Définition 1. Soit E un espace vectoriel sur un corps K. Un espace affine de direction
→
− −−→
E est un ensemble non vide E muni d’une application (M, N ) 7−→ M N de E × E dans
→
−
E vérifiant :
1. pour tout triplet (M, N, P ) de points de E :
−−→ −−→ −−→
M N + N P = M P (relation de Chasles) ;
−−→ →
−
2. pour tout point O de E, l’application M 7−→ OM de E dans E est bijective.
→
−
Les éléments de E s’appellent des points, ceux de E des vecteurs.
→
−
On appelle dimension de l’espace affine E la dimension de l’espace vectoriel E .
Dans le cadre de la géométrie élémentaire usuelle, le corps de base est toujours le
corps R des nombres réels. On supposera donc toujours dans ce qui suit que K = R
(cette hypothèse sera même indispensable dès qu’on abordera les notions de convexité),
mais la plupart des résultats restent vrais si K est le corps des nombres complexes ou
même un corps fini.
→
−
Exemple fondamental. Tout espace vectoriel E est muni d’une structure naturelle
d’espace affine sur lui-même.
→
−
Il suffit de prendre dans la définition E = E et de définir l’application de E × E
→
−
dans E par (~u, ~v ) 7→ ~v − ~u.
2
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→
− →
− →
−
Plus généralement, l’image F + ~v = { ~u + ~v | ~u ∈ F } d’un sous-espace vectoriel F
→
− →
−
d’un espace vectoriel E par une translation de vecteur ~v ∈ E est un espace affine de
→
−
direction F . Il suffit ici aussi de considérer l’application (~u1 + ~v , ~u2 + ~v ) 7→ ~u2 − ~u1 .
Réciproquement, le choix d’une origine permet de munir un espace affine d’une
structure d’espace vectoriel : si O est l’origine, il suffit d’identifier un point M de E
−−→
et le vecteur OM . Mais attention : cette structure dépend du choix de l’origine ; on ne
peut définir la somme de deux points d’un espace affine sans se référer explicitement à
une origine, c’est pourquoi on n’additionnera jamais des points.
3
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Translations
→
−
Soit E un espace affine de direction E . Pour tout point M de E, l’application
−−→ →
− →
−
N 7→ M N est une bijection de E sur E . Pour tout vecteur ~u de E , il existe donc un
−−→
point N de E et un seul tel que M N = ~u.
→
−
Notation 1. Pour tout point M de E et tout vecteur ~u de E , on note M + ~u l’unique
−−→
point N de E vérifiant M N = ~u.
Avec cette notation, la relation de Chasles s’écrit sous la forme suivante : pour tout
point M et tout couple (~u, ~v ) de vecteurs, on a :
(M + ~u) + ~v = M + (~u + ~v ) .
−−→ −−→
En effet, en posant N = M + ~u et P = N + ~v , on a M N = ~u, N P = ~v et
−−→ −−→ −−→
M P = M N + N P = ~u + ~v .
→
− →
−
Définition 3. Soit E un espace affine de direction E . Pour tout vecteur ~u de E , on
appelle translation de vecteur ~u, et on note t~u , l’application de E dans E qui à tout
point M associe le point M + ~u.
4
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La composée de deux translations est donc une translation, et toute translation t~u
admet une application réciproque, qui est la translation t−~u . Il en résulte que toute
translation est bijective et que T est un sous-groupe du groupe des permutations de E
(applications bijectives de E sur E).
La relation (∗) montre que l’application ~u 7→ t~u est un morphisme du groupe additif
→
−
de E sur T . Ce morphisme est surjectif par définition de T et il est injectif car son
noyau est réduit à ~0 : la translation t~u est l’identité si et seulement si ~u = ~0.
→
−
Remarque : la proposition précédente montre que le groupe additif ( E , +) opère sur
l’ensemble E au moyen des translations ; cette opération est transitive et fidèle.
Bipoints, équipollence
En géométrie élémentaire classique, on commence par introduire les points et on
définit ensuite les vecteurs à partir des points. On suit donc la démarche inverse de la
nôtre.
Dans ce cadre, les vecteurs sont introduits de la manière suivante. On appelle bipoint
un couple de deux points, i.e. un élément du produit cartésien E ×E, où E est le plan ou
l’espace. On dit que deux bipoints (A, B) et (C, D) sont équipollents si le quadrilatère
ABDC est un parallélogramme, i.e. si les bipoints (A, D) et (B, C) ont même milieu.
−→ −−→
On verra plus loin que cette condition équivaut à la relation AB = CD, qui signifie que
c’est la même translation qui transforme A en B et C en D. On montre alors que la
relation d’équipollence est une relation d’équivalence sur E × E et on définit l’ensemble
→
−
E des vecteurs comme l’ensemble quotient de E × E par cette relation d’équivalence.
Dans notre approche, il est immédiat que la relation R définie sur l’ensemble E × E
−→ −−→
par (A, B)R(C, D) si et seulement si AB = CD est une relation d’équivalence et que
→
−
l’ensemble quotient de E × E par cette relation d’équivalence est en bijection avec E :
−→
à la classe d’équivalence d’un bipoint (A, B), on associe le vecteur AB.
1.2 Barycentres
La notion de barycentre est essentielle en géométrie affine. Elle joue un rôle identique
à celui que tient la notion de combinaison linéaire en algèbre linéaire.
5
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Définition 4. Un système de points pondérés d’un espace affine E est une famille
finie (Ai , λi )i=1,...,n de couples (Ai , λi ), où, pour tout i, Ai est un élément de E et λi un
n
P
réel. Le poids total du système est le réel λi .
i=1
→
−
À tout système de points pondérés de E, on associe une fonction f~ de E dans E ,
appelée fonction vectorielle de Leibniz du système, par :
n
−−→
f~(M ) =
X
λi M A i .
i=1
Proposition 3. Soit (Ai , λi )i=1,...,n un sytème de points pondérés d’un espace affine E.
1. Si le poids total du système est nul, la fonction vectorielle de Leibniz associée est
constante.
2. Si le poids total du système n’est pas nul, la fonction vectorielle de Leibniz associée
→
−
est une bijection de E sur E . En particulier, il existe un point de E et un seul
où cette fonction s’annule.
n
λi = 0, alors f~(M ) = f~(O) pour tout point M de E. Sinon, pour
P
Il en résulte que si
i=1
→
−
tout vecteur ~u de E , il existe un unique point M de E vérifiant f~(M ) = ~u, ce point
−−→ 1 h~ i
étant défini par OM = P n f (O) − ~u .
λi
i=1
Définition 5. Soit (Ai , λi )i=1,...,n un système de points pondérés d’un espace affine E
n
λi 6= 0. On appelle barycentre de ce système l’unique point
P
de poids total non nul :
i=1
n −−→
λi GAi = ~0.
P
G de E vérifiant
i=1
Le barycentre d’un système de points pondérés n’est donc défini que si le poids
total du système n’est pas nul.
Propriétés du barycentre
6
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p ! n p n
X −−→ X −−→ X −−→ −−→ X −−→
λi GH + λi GAi = λi (GAi + Ai H) + λi GAi
i=1 i=p+1 i=1 i=p+1
n p
X −−→ X −−→
= λi GAi + λi Ai H
i=1 i=1
p
−−→
= ~0 −
X
λi HAi
i=1
= ~0
Pp
ce qui montre que G est le barycentre du système pondéré [(H, i=1 λi ), (Ap+1 , λp+1 ), . . . ,
(An , λn )].
La dernière propriété provient de la relation
n n n n
!
−−→ X −→ −−→ −→ X −−→
λi OAi = ~0 .
X X
λi GAi = λi (GO + OAi ) = λi GO +
i=1 i=1 i=1 i=1
La notion de milieu est donc purement affine et ne fait pas appel à la notion de
distance, ce qui n’empêche naturellement pas le milieu I d’un couple (A, B) de points
d’être caractérisé, en géométrie euclidienne, par la double égalité IA = IB = AB/2.
7
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Notations de Grassmann
Si (Ai , λi )i=1,...,n est un système de points pondérés d’un espace affine E de poids
n
P −→ P n −−→
total λi = 1, le barycentre G de ce système vérifie OG = λi OAi pour tout point
i=1 i=1
n
P
O de E. On le notera G = λi Ai .
i=1
On définit ainsi sans se référer à une origine un calcul sur les points qui satisfait aux
règles habituelles du calcul vectoriel. Par exemple, si G est l’isobarycentre des sommets
d’un triangle ABC, on peut écrire
1 1 1 1 2 1 1 1 2
G= A+ B+ C = A+ B + C = A + A0
3 3 3 3 3 2 2 3 3
1 1
où A0 = B + C est le milieu de BC (cette égalité ne fait que refléter l’associativité
2 2
du barycentre).
Mais attention : cette notation (parfois appelée notation de Grassmann) n’a de
sens que pour un système de points pondérés de poids total 1. L’écriture A + B ou −A
(où A est un point) n’a pas de sens.
On a par ailleurs vu, en étudiant la fonction vectorielle de Leibniz, que si (Ai , αi )i=1,...,n
n
P
est un système de points pondérés de poids total nul : αi = 0, le vecteur ~u défini par
i=1
n
P −−→ n
P
~u = αi OAi ne dépend pas du choix de O. On peut donc noter également ~u = αi Ai .
i=1 i=1
−−−→
Par exemple, si n = 2, α1 = 1 et α2 = −1, A1 − A2 est le vecteur A2 A1 . Mais une
1
expression telle que 2A − 3B, ou A + B, ou A, ne représente ni un point ni un vecteur.
2
8
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→
−
Proposition 5. Soit F = Aff(A, F ) un sous-espace affine de E. On a alors, pour tout
−−→ →
−
point B de F , {BM | M ∈ F } = F .
−→ →
− −−→
Démonstration : Puisque B appartient à F , le vecteur AB appartient à F . Or BM =
−−→ −→ −→ →
− →
− →
−
AM − AB et l’application ~u 7→ ~u − AB est une bijection de F sur F , puisque F est
→
−
un sous-espace vectoriel de E . Il en résulte que
−−→ −−→ −→ −→ →
− →
−
{BM | M ∈ F } = {AM − AB | M ∈ F } = {~u − AB | ~u ∈ F } = F .
→
− →
−
Le sous-espace vectoriel F de E ne dépend donc pas du choix de A dans F . On
l’appelle direction du sous-espace affine F . La restriction de l’application (M, N ) 7−→
−−→ →
−
M N à F × F munit F d’une structure naturelle d’espace affine de direction F . Sa
→
−
dimension dim(F ) est celle de F .
Un sous-espace affine de dimension 0 est constitué d’un point, un sous-espace affine
de dimension 1 est une droite, un sous-espace affine de dimension 2 un plan.
Définition 8. On appelle hyperplan d’un espace affine E de dimension finie tout sous-
espace affine de E de dimension dim(E) − 1.
Proposition 6. Une partie non vide F d’un espace affine E est un sous-espace affine
de E si et seulement si tout barycentre de points de F appartient à F .
9
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Parallélisme
Définition 9. Deux sous-espaces affines F et G d’un même espace affine E sont dits
→
− →
−
parallèles s’ils ont même direction : F = G .
Le parallélisme est une relation d’équivalence sur l’ensemble des sous-espaces af-
fines de E. Deux sous-espaces affines parallèles, au sens de cette définition, ont même
dimension.
→
− →
−
Si deux sous-espaces affines F et G d’un même espace affine E vérifient F ⊂ G ,
on dit que F est parallèle à G (ou parfois faiblement parallèle à G) ; cette relation n’est
naturellement pas symétrique.
Intersection, sous-espace engendré
Définition 10. Soit A une partie non vide d’un espace affine E. On appelle sous-espace
affine engendré par A l’intersection de tous les sous-espaces affines de E contenant A.
Proposition 8. Le sous-espace affine engendré par une partie non vide A d’un espace
affine E est le plus petit (au sens de l’inclusion) sous-espace affine de E contenant A.
C’est aussi l’ensemble de tous les barycentres de tous les systèmes de points pondérés
de A affectés de coefficients quelconques (de somme non nulle).
10
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1.4 Repérage
1) Coordonnées cartésiennes
Repères cartésiens
On a déjà remarqué que le choix d’une origine O permet d’identifier un espace affine
→
−
E de dimension n à sa direction E , c’est-à-dire à un espace vectoriel. Le choix d’une
→
−
base B = (~e1 , . . . , ~en ) de E permet d’identifier cet espace vectoriel à Rn . Le couple
R = (O, B) = (O, ~e1 , . . . , ~en ) est appelé repère cartésien de E. Pour tout point M de
−−→ Pn
E, il existe alors un unique n-uplet (x1 , . . . , xn ) de réels vérifiant OM = xi~ei . Ces
i=1
nombres sont appelés coordonnées cartésiennes de M dans le repère R. Si n = 2, on
notera souvent ces coordonnées (x, y) et, si n = 3, (x, y, z).
11
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Mesure algébrique
Un repère cartésien d’une droite affine D est un couple (O, ~u), où O est un point
→
−
de D et ~u un vecteur non nul de D (on dit que ~u est un vecteur directeur de D). Si
−−→ −−→
M et N sont deux points de D, le vecteur M N s’écrit de manière unique M N = λ~u
pour un réel λ. Ce réel λ est appelé mesure algébrique de M N et noté M N . La mesure
algébrique M N dépend donc du choix d’un vecteur directeur de D : si on remplace ~u
par λ~u, où λ est un réel non nul, toutes les mesures algébriques sur D sont divisées
par λ. Mais le rapport M N /P Q de mesures algébriques de couples de points de D ne
dépend pas du choix du vecteur directeur : il est donc défini de manière intrinsèque.
Equation d’un hyperplan
12
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sont confondus si (a0 , a1 , . . . , an ) et (a00 , a01 , . . . , a0n ) sont proportionnels, sinon ils sont
strictement parallèles.
13
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n
aurait λ1 = −
P
λi , d’où
i=2
n n n
−−−→ X −−−→ −−−→ −−−→
λi A1 Ai = ~0 ,
X X
λi A0 Ai = λi (A0 Ai − A0 A1 ) =
i=1 i=2 i=2
n
λi = −λ1 6= 0) et
P
ce qui montre que A1 est barycentre de A2 , . . . , An (puisque
i=2
appartient donc au sous-espace affine de E engendré par ces points. On a donc montré
par contraposition que (ii) implique (i).
Attention : un repère affine d’un espace affine E de dimension n est donc une famille
de n + 1 points de E (2 points distincts pour une droite, les sommets d’un triangle non
aplati pour un plan, les sommets d’un tétraèdre non aplati pour l’espace de dimension
3).
Proposition 12. Soit (A0 , . . . , An ) un repère affine d’un espace affine E. Pour tout
point M de E, il existe une unique famille (α0 , α1 , . . . , αn ) de réels de somme 1 telle
que M soit le barycentre de la famille pondérée (Ai , αi )i=0,1,...,n .
14
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dit parfois que les λαi constituent un système de coordonnées barycentriques homo-
gènes de M dans le repère affine (A0 , . . . , An ) ; les αi sont alors appelés coordonnées
barycentriques réduites ou normalisées de M dans ce repère.
15
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1.5 Convexité
Définition
Définition 13. Soient A et B deux points d’un espace affine E. Le segment AB, noté
[AB], est l’ensemble des barycentres de A et B affectés de coefficients tous deux positifs,
i.e. [AB] = {αA + (1 − α)B | α ∈ [0, 1]}.
Définition 14. Une partie C d’un espace affine E est dite convexe si pour tout couple
(A, B) de points de C le segment [AB] est inclus dans C.
Exemples :
– Tout sous-espace affine d’un espace affine (en particulier l’espace lui-même) est
convexe.
– Un segment, une demi-droite (ouverte ou fermée) sont convexes (si A est un
→
−
point d’un espace affine E et ~u un vecteur non nul de E , on appelle demi-
droite fermée (resp. ouverte) d’origine A et de vecteur directeur ~u l’ensemble
−−→ −−→
{M ∈ E | AM = λ~u, λ ≥ 0} (resp. {M ∈ E | AM = λ~u, λ > 0})).
– Une fonction réelle f définie sur un intervalle I de R est convexe si et seulement
si son épigraphe est convexe (on appelle épigraphe de f l’ensemble
{(x, y) ∈ I × R | y ≥ f (x)}
Proposition 14. Une partie C d’un espace affine E est convexe si et seulement si tout
barycentre de points de C affectés de coefficients tous positifs appartient à C.
16
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Définition 15. Soit A une partie non vide d’un espace affine E. On appelle enveloppe
convexe de A l’intersection de tous les convexes de E contenant A.
Proposition 16. L’enveloppe convexe d’une partie non vide A d’un espace affine E est
le plus petit convexe de E contenant A. C’est aussi l’ensemble de tous les barycentres
de points de A affectés de coefficients tous positifs.
Démonstration : Soit A une partie non vide d’un espace affine E et CA la famille de
T
tous les convexes de E contenant A. L’enveloppe convexe Conv(A) = C de A est
C∈CA
convexe comme intersection de convexes et contient A. Tout convexe C contenant A
appartient à CA et contient donc Conv(A), ce qui montre que Conv(A) est le plus petit
convexe de E contenant A.
Soit  l’ensemble de tous les barycentres de points de A affectés de coefficients
tous positifs. Tout point M de A est barycentre de la famille à un élément (A, 1) et
appartient donc à Â. Par ailleurs, Â est convexe par associativité du barycentre. Il en
résulte que Conv(A) est inclus dans Â.
Soit C un convexe contenant A. Tout point de  est barycentre à coefficients tous
positifs de points de C, donc appartient à C. Il en résulte que  est inclus dans C pour
tout C ∈ CA , et est donc inclus dans Conv(A), d’où Â = Conv(A).
17
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Ces classes sont appelés demi-espaces ouverts délimités par H. Les demi-espaces
fermés sont obtenus en prenant leurs réunions avec H. Si deux points A et B sont en
relation par R, on dit que A et B sont du même côté de H.
Démonstration : Soit (O, ~e1 , . . . , ~en ) un repère cartésien de E dont l’origine O appar-
→
−
tient à H et les vecteurs ~e1 , . . . , ~en−1 appartiennent à l’hyperplan vectoriel H . L’hy-
perplan H admet xn = 0 comme équation cartésienne dans ce repère. Soient A et
B deux points de E n’appartenant pas à H, de coordonnées respectives (a1 , . . . , an )
et (b1 , . . . , bn ) dans ce repère. On a donc an bn 6= 0. Tout point M du segment [AB]
s’écrit αA + (1 − α)B pour un α ∈ [0, 1]. Ce point appartient à H si et seulement si
αan + (1 − α)bn = 0, soit encore α(bn − an ) = bn . Cette équation en α admet une
solution dans [0, 1] si et seulement si an et bn sont de signes opposés. Le segment [AB]
rencontre donc H si et seulement si an bn < 0. Autrement dit, ARB si et seulement si
an et bn sont de même signe. Il en résulte immédiatement que la relation R est une
relation d’équivalence sur E \ H et que les deux classes d’équivalence pour R sont
{M ∈ E | xn > 0} et {M ∈ E | xn < 0}.
n
P
Si f (x1 , . . . , xn ) = a0 + ai xi = 0 est une équation cartésienne de H, ces demi-
i=1
espaces sont définis par les inéquations f (x1 , . . . , xn ) > 0 et f (x1 , . . . , xn ) < 0.
Polyèdres convexes
Définition 16. On appelle polyèdre convexe toute partie bornée non vide d’un espace
affine qui peut s’écrire comme intersection d’un nombre fini de demi-espaces fermés.
Dans le plan, on retrouve la notion usuelle de polygone convexe plein. Dans l’espace
de dimension 3, un polyèdre est un solide convexe d’intérieur non vide (s’il n’est pas
contenu dans un plan). On remarque que cette définition exclut le cas des dièdres ou
des trièdres, qui sont intersection de deux ou trois demi-espaces fermés mais ne sont
pas bornés.
On aurait pu donner une autre définition d’un polyèdre convexe, comme le montre
la proposition suivante, que nous ne démontrerons pas :
Proposition 18. Une partie d’un espace affine E est un polyèdre convexe si et seule-
ment si elle est l’enveloppe convexe d’un nombre fini de points de E.
Il résulte immédiatement de la définition que toute intersection d’un polyèdre
convexe et d’un sous-espace affine est vide ou est un polyèdre convexe (un sous-espace
affine peut s’écrire comme intersection d’un nombre fini d’hyperplans affines et un hy-
perplan affine est l’intersection des deux demi-espaces fermés qu’il limite). De même
toute intersection d’un nombre fini de polyèdres convexes est vide ou est un polyèdre
convexe.
Un exemple de polyèdre convexe en dimension quelconque est le n-simplexe
n
n+1
X
∆n = {(x0 , x1 , . . . , xn ) ∈ R | xi = 1, xi ≥ 0 pour tout i = 0, . . . , n} .
i=0
18
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n
(∆n est une partie de Rn+1 , mais il est inclus dans l’hyperplan d’équation
P
xi = 1,
i=0
si bien que sa dimension intrinsèque est n.)
Polyèdres dans l’espace de dimension 3
Théorème 1. Théorème de structure des polyèdres convexes
Pour tout polyèdre convexe d’intérieur non vide P de l’espace de dimension 3, il existe
m
Pi+ de P comme inter-
\
une écriture minimale (au sens du nombre de termes) P =
i=1
section de demi-espaces fermés. Cette écriture est unique à l’ordre près. L’intersection
de P avec chacun des plans Pi est un polygone convexe plein d’intérieur non vide dans
Pi . Ces polygones sont appelés faces du polyèdre. Les côtés de ces polygones sont appelés
arêtes du polyèdre et leurs sommets sommets du polyèdre.
Théorème 2. Formule d’Euler
Pour tout polyèdre convexe P de l’espace de dimension 3, on a :
s−a+f =2
Un tétraèdre possède 4 sommets, 4 faces et 6 arêtes. Ses faces sont des triangles. Si
ces triangles sont tous équilatéraux, le tétraèdre est dit régulier. Un tétraèdre est donc
régulier si et seulement si toutes ses arêtes ont même longueur (cette définition, comme
d’autres qui suivront, suppose l’espace affine muni d’une structure euclidienne).
Définition 18. Soit (A,~i, ~j, ~k) un repère cartésien (non nécessairement orthonormé)
de l’espace. On appelle parallélépipède (plein) construit sur ce repère l’ensemble des
points de l’espace dont les trois coordonnées dans ce repère appartiennent toutes à
l’intervalle [0, 1].
19
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Figure 2 – Parallélépipède
20
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Cette propriété peut encore s’écrire f (M + ~u) = f (M ) + f~(~u) pour tout point M
→
−
de E et tout vecteur ~u ∈ E .
L’application f~ est alors uniquement déterminée, puisque pour tout vecteur ~u de
→
− −→
E , il existe un (en fait une infinité de) couple (A, B) de points de E tel que AB = ~u.
On l’appelle application linéaire associée à f , ou partie linéaire de f .
Une application affine est entièrement déterminée par sa partie linéaire et l’image
−−−−−−→ −→
d’un point, puisque f (B) = f (A) + f (A)f (B) = f (A) + f~(AB) pour tout point B de
E.
Réciproquement, si E et F sont deux espaces affines, A un point de E, A0 un point
→
− →
−
de F et f~ une application linéaire de E dans F , il existe une (et une seule) application
affine f de E dans F de partie linéaire f~ vérifiant f (A) = A0 .
Exemples :
– toute translation est une application affine d’application linéaire associée l’iden-
tité ;
– une application f de R dans R est affine si et seulement si elle est de la forme
f (x) = ax + b, où a et b sont deux réels ; l’application linéaire associée f~ est alors
donnée par f~(x) = ax ;
– plus généralement, si E est un espace vectoriel, E est muni d’une structure natu-
relle d’espace affine sur lui-même ; toute application linéaire de E dans lui-même
21
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est alors affine, et égale à sa partie linéaire ; toute application affine de E dans
lui-même est composée d’une application linéaire et d’une translation, puisque,
si f est affine, on a f (~u) = f~(~u) + f (~0) pour tout vecteur ~u de E.
Si f est une application quelconque de E dans F , on ne peut en général pas lui
→
− →
−
associer d’application de E dans F indépendamment du choix d’une origine : en effet,
→
− →
−
on peut bien définir, pour tout point O de E, une application f~O de E dans F par
−−−−−−−→ →
−
f~O (~u) = f (O)f (M ) pour tout vecteur ~u de E , où M est l’unique point de E tel que
−−→
~u = OM , mais cette application f~O dépend en général du choix de O. Cependant, il
suffit que cette application soit linéaire pour un point O de E pour que f soit affine
comme le montre la proposition suivante :
Composition
Proposition 21. Toute composée d’applications affines est une application affine, et
−−−→
la partie linéaire de la composée est la composée des parties linéaires : g ◦ f = ~g ◦ f~.
22
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Proposition 22. Une application f d’un espace affine E dans un espace affine F est
affine si et seulement si elle conserve les barycentres, i.e. si et seulement si, pour tout
système (Ai , λi )i=1,...,n de points pondérés de E de poids total non nul, l’image f (G)
du barycentre G de ce système par f est le barycentre du système de points pondérés
(f (Ai ), λi )i=1,...,n .
Corollaire 1. L’image (resp. l’image réciproque) d’un convexe par une application
affine est un convexe.
23
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f (G) = {f (M ) | M ∈ G}
→
−
= {f (A + ~u) | ~u ∈ G }
→
−
= {f (A) + f~(~u) | ~u ∈ G }
→
−
= {f (A) + ~v | ~v ∈ f~( G )} ,
ce qui montre que f (G) est le sous-espace affine de F passant par f (A) de direction
→
−
f~( G ).
Soit H un sous-espace affine de F . Si f −1 (H) n’est pas vide, soit A un point de
f −1 (H). Un point M de E appartient à f −1 (H) si et seulement si f (M ) appartient à H,
−−−−−−−→ −−→ →
−
i.e. si et seulement si f (A)f (M ) = f~(AM ) appartient à H , ou encore si et seulement
−−→ →
− →
−
si AM appartient au sous-espace vectoriel f~−1 ( H ) de E , ce qui montre que f −1 (H)
→
−
est le sous-espace affine de E passant par A et de direction f~−1 ( H ).
En particulier :
Corollaire 2. Toute application affine conserve l’alignement et le parallélisme (les
images par une application affine de deux sous-espaces affines parallèles sont deux
sous-espaces affines parallèles).
Proposition 24. Une application affine est injective (resp. surjective, bijective) si et
seulement si sa partie linéaire l’est. Il en résulte qu’une application affine d’un espace
affine E de dimension finie dans lui-même est bijective si et seulement si elle est
injective (resp. surjective).
Démonstration : Une application affine f d’un espace affine E dans un espace affine
F est injective si et seulement si pour tout couple (A, B) de points de E, f (A) = f (B)
−−−−−−→ −→
équivaut à A = B. Mais f (A) = f (B) équivaut à f (A)f (B) = f~(AB) = ~0, i.e. à
−→ −→
AB ∈ Ker(f~) et A = B équivaut à AB = ~0. Il en résulte que f est injective si et
seulement si Ker(f~) = {~0}, i.e. si et seulement si f~ est injective.
De même f est surjective si et seulement si f (E) = F . Mais f (E) est un sous-espace
→
− →
−
affine de F de direction f~( E ) = Im(f~) ; c’est donc F si et seulement si Im(f~) = F ,
i.e. si et seulement si f~ est surjective.
24
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Changement de repère
En appliquant cette formule au cas où E 0 = E et f = idE , on obtient les for-
mules de changement de repère : si R = (O, B) = (O, ~e1 , . . . , ~en ) et R0 = (O0 , B 0 ) =
(O0 , ~e 10 , . . . , ~e n0 ) sont deux repères cartésiens de E, et si X (resp. X 0 ) est le vecteur
colonne des coordonnées d’un point M dans le repère R (resp. R0 ), on obtient X =
AX 0 + B, où A est la matrice de passage de la base B à la base B 0 et B le vecteur
colonne des coordonnées de l’origine O0 du nouveau repère R0 dans l’ancien repère R.
Il suffit pour le voir d’appliquer la formule précédente en prenant f = idE , l’espace E
étant au départ muni du repère R0 , et à l’arrivée du repère R. Les vecteurs colonnes
de la matrice de passage sont obtenus en exprimant les vecteurs de la nouvelle base B 0
→
−
de E dans l’ancienne base B.
Formes affines et hyperplans
Définition 20. On appelle forme affine (ou fonction affine) sur un espace affine E
toute application affine de E dans R.
L’application linéaire associée à une forme affine sur E est donc une forme linéaire
→
−
sur E . Une forme affine f sur E s’exprime en coordonnées cartésiennes par : f (M ) =
a0 + a1 x1 + · · · + an xn , où les ai sont des réels et les xi les coordonnées de M . Toute
forme affine non constante est surjective et l’ensemble des points où une forme affine
non constante f s’annule est un hyperplan affine H de direction l’hyperplan vectoriel
→
−
H = ker f~. Plus généralement, toutes les lignes de niveau de f sont des hyperplans
affines parallèles à H et les demi-espaces fermés (resp. ouverts) délimités par H sont les
ensembles {M ∈ E | f (M ) ≥ 0} et {M ∈ E | f (M ) ≤ 0} (resp. {M ∈ E | f (M ) > 0}
et {M ∈ E | f (M ) < 0}).
2) Repère affine
Proposition 26. Soit E et F deux espaces affines, (A0 , . . . , An ) un repère affine de
E, (A00 , . . . , A0n ) une famille de n + 1 points de F , où n = dim(E). Alors il existe
une application affine f et une seule de E dans F qui vérifie f (Ai ) = A0i pour tout
i = 0, 1, . . . , n. De plus f est bijective si et seulement si la famille (A00 , . . . , A0n ) est un
repère affine de F .
25
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26
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est alors un parallélogramme). Elle est donc vraie pour tout couple (A, B) de points
−−−−→
de E si et seulement si le vecteur Af (A) ne dépend pas du point A.
Démonstration : Soit O une origine dans E. Un point A est fixe par f si et seulement
−−−−−−→ −−−−→ −→ −−−−→ −→
si f (O)f (A) = f (O)A, i.e. si et seulement si f~(OA) = f (O)O + OA, soit encore
−→ −−−−→ −−−−→
(f~ − id−
→ )(OA) = f (O)O. Si le vecteur f (O)O n’appartient pas à l’image de f
E
~ − id−
→, f
E
−−−−→ ~
n’admet pas de point fixe. Si f (O)O appartient à l’image de f − id E , il existe un point
−
→
−−−−→ −−→
A fixe par f . Un point M de E est alors fixe par f si et seulement si Af (M ) = AM , i.e.
−−−−−−−→ ~ −−→ −−→
f (A)f (M ) = f (AM ) = AM . L’ensemble des points fixes de f est alors le sous-espace
affine de E passant par A de direction ker(f~ − id−→ ).
E
En particulier :
Proposition 30. Soit f une transformation affine d’un espace affine E. Les deux
propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) f admet un point fixe et un seul ;
(ii) 1 n’est pas valeur propre de f~.
27
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28
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Démonstration : Soit f une transformation affine de E. Pour tout vecteur non nul ~u de
→
−
E et tout point A de E, la droite de vecteur directeur ~u passant par A est transformée
par f en la droite de vecteur directeur f~(~u) passant par f (A). La condition de l’énoncé
→
−
équivaut donc à « f~ transforme tout vecteur non nul de E en un vecteur colinéaire ».
Cette condition est évidemment vérifiée si f est une homothétie ou une translation.
Réciproquement, si cette condition est vérifiée, il existe pour tout vecteur non nul
→
−
~u de E un réel λ(~u) tel que f~(~u) = λ(~u)~u. Il faut montrer que λ(~u) ne dépend pas
de ~u, autrement dit que λ(~u) = λ(~v ) pour tout couple (~u, ~v ) de vecteurs non nuls de
→
−
E . Si ~v est colinéaire à ~u, il existe un réel α tel que ~v = α~u et par linéarité de f~
f~(~v ) = αf~(~u) = αλ(~u)~u = λ(~u)~v , d’où λ(~v ) = λ(~u). Si ~u et ~v ne sont pas colinéaires,
le système (~u, ~v ) est libre et l’égalité
λ(~u + ~v )~u + λ(~u + ~v )~v = λ(~u + ~v )[~u + ~v ] = f~(~u + ~v ) = f~(~u) + f~(~v ) = λ(~u)~u + λ(~v )~v
montre que λ(~u + ~v ) = λ(~u) = λ(~v ). Le réel λ = λ(~u) ne dépend donc pas de ~u et f~
est l’homothétie vectorielle de rapport λ. Il résulte alors de la proposition 32 que f est
une homothétie si λ 6= 1 et de la proposition 33 que f est une translation si λ = 1.
Il faut bien distinguer cette propriété de la conservation du parallélisme : toute
transformation affine transforme des droites parallèles en des droites parallèles ; mais
seules les homothéties et les translations transforment toute droite en une droite pa-
rallèle à elle-même.
29
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30
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est radicalement changée (quoique son image p(E) soit toujours égale à F ). Dans
le cas des espaces affines euclidiens, on verra qu’il existe une direction privilégiée :
→
− →
− →
−
celle de l’orthogonal de F dans E ; on omettra alors de mentionner G , et on
parlera simplement de projection orthogonale. La même remarque est valable pour
les symétries et les affinités.
31
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montre que la symétrie s est affine de partie linéaire la symétrie vectorielle ~s.
La démonstration pour l’affinité est analogue.
Une projection, étant affine, conserve les rapports de mesures algébriques sur une
même droite. La partie directe du théorème de Thalès ne fait que traduire cette pro-
priété :
AB A0 B 0
= 0 0 . (∗)
AC AC
Réciproquement, soient ∆A , ∆B , ∆C trois droites distinctes d’un plan affine P
coupant deux droites D et D0 respectivement en A, B, C et A0 , B 0 , C 0 . On suppose ∆A
et ∆B parallèles, C et C 0 distincts et
AB A0 B 0
= 0 0 .
AC AC
Alors ∆C est parallèle à ∆A et ∆B .
32
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algébriques sur D0 en prenant p~(~u) comme vecteur directeur (ce vecteur n’est pas nul,
et on rappelle que les rapports de mesures algébriques sur une droite ne dépendent pas
du choix du vecteur directeur), la relation (∗) en résulte immédiatement.
Réciproquement, supposons la relation (∗) vérifiée. La parallèle à ∆A menée par
AB A0 B 0
C coupe la droite D0 en un point C 00 qui vérifie = 0 00 par la partie directe du
AC AC
A0 B 0 A0 B 0
théorème. Il en résulte 0 00 = 0 0 , d’où A0 C 00 = A0 C 0 et C 0 = C 00 , ce qui montre
AC AC
que ∆C est parallèle à ∆A .
La partie directe du théorème de Thalès ne faisant que traduire le caractère af-
fine des projections, on peut énoncer un théorème analogue en toute dimension, en
particulier dans l’espace de dimension 3 :
Théorème 4. (Théorème de Thalès dans l’espace) Soient ΠA , ΠB , ΠC trois plans
parallèles distincts de l’espace coupant deux droites D et D0 respectivement en A, B,
C et A0 , B 0 , C 0 . Alors
AB A0 B 0
= 0 0 . (∗)
AC AC
.
Mais le théorème de Thalès dans l’espace n’admet pas de réciproque analogue à
celle du théorème de Thalès dans le plan : si on suppose les plans ΠA et ΠB parallèles
et la relation (∗) vérifiée, on ne peut en déduire que ΠC est parallèle à ΠA et ΠB . On
a cependant :
Proposition 37. Soient D et D0 deux droites de l’espace, A, B, C trois points de D,
A0 , B 0 , C 0 trois points de D0 , ces six points étant supposés tous distincts. Si
AB A0 B 0
= 0 0 ,
AC AC
0 0 0
alors les trois droites (AA ), (BB ), (CC ) sont parallèles à un même plan.
33
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Démonstration : Si les droites (AA0 ) et (BB 0 ) sont parallèles, les droites D et D0 sont
coplanaires et (CC 0 ) est parallèle à (AA0 ) et (BB 0 ) par le théorème de Thalès dans le
plan.
Sinon, soient ΠA , ΠB , ΠC les plans passant respectivement par A, B, C de direction
−−→ −−→
le plan vectoriel engendré par les vecteurs AA0 et BB 0 . Ces trois plans sont parallèles et
la droite (AA0 ) (resp. (BB 0 )) est incluse dans ΠA (resp. ΠB ) de sorte que ΠA (resp. ΠB )
AB A0 B 0
coupe D0 en A0 (resp. B 0 ). Le plan ΠC coupe D0 en un point C 00 qui vérifie = 0 00
AC AC
d’après le théorème direct. Il en résulte A0 C 00 = A0 C 0 , d’où C 00 = C 0 . La droite (CC 0 )
est donc incluse dans ΠC .
34
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
→
−
Vrai-Faux 1. Soit E un espace affine et E l’espace vectoriel associé. Parmi les affir-
mations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
→
−
1. Pour tout vecteur ~v de E , il existe un couple (A, B) de points de E et un seul
−→
tel que AB = ~v .
2. Pour tout vecteur ~v de E, il existe un couple (A, B) de points de E tel que
−→
AB = ~v .
→
−
3. Pour tout point A de E et tout vecteur ~v de E , il existe un point B de E et
−→
un seul tel que AB = ~v .
→
−
4. Pour tout couple (A, B) de points de E, il existe un unique vecteur ~v de E tel
−→
que ~v = AB.
−−→ −→ −→
5. Pour tout triplet (A, B, C) de points de E, on a BC = AB − AC.
→
−
6. Pour tout point B de E et tout vecteur ~v de E , il existe un unique point A
−→
de E tel que AB = ~v .
7. Pour tout couple (A, B) de points de E, il existe un unique point C de E tel
−→ −−→
que CA = CB.
35
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−−→ −−→
3. n KG = m KH.
−−→ −−→
4. n KG + m KH = ~0.
5. H appartient à la droite (KG) (en supposant G 6= K).
6. H appartient au segment [KG].
−−→ P n −−→
7. n KG = KAi .
i=1
8. K = H si et seulement si H = G.
Vrai-Faux 4. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. Tout segment est convexe.
2. Une droite privée d’un point est convexe.
3. Un plan privé d’un point est convexe.
4. Le graphe d’une fonction convexe de R dans R est convexe.
5. Le graphe d’une fonction affine de R dans R est convexe.
6. L’enveloppe convexe de la réunion de deux droites sécantes est le plan conte-
nant ces droites.
7. L’enveloppe convexe d’une partie bornée du plan est bornée.
8. L’enveloppe convexe de la réunion de deux droites non coplanaires de l’espace
E de dimension 3 est E.
Vrai-Faux 5. Soit, dans un espace affine E, h une homothétie de centre A et de rapport
λ 6= 1 et f une transformation affine de E telle que f (A) 6= A. Parmi les affirmations
suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. f ◦ h = h ◦ f .
2. f ◦ h ◦ f −1 est une homothétie de rapport λ.
3. f ◦ h ◦ f −1 est une homothétie de centre A.
4. h−1 est une homothétie de centre A.
5. h ◦ f ◦ h−1 est une homothétie de centre A.
Vrai-Faux 6. Le cadre est un espace affine de dimension trois. Dire pour chacune des
affirmations suivantes si elle est vraie ou fausse (en justifiant votre réponse).
1. Si deux droites sont parallèles à un même plan, elles sont parallèles entre elles.
2. Si deux plans sont parallèles, toute droite qui coupe l’un coupe l’autre.
3. Si une droite D est parallèle à un plan P , tout plan non parallèle à P rencontre
D.
4. Étant donnés deux plans sécants, toute droite parallèle à ces deux plans est
parallèle à leur intersection.
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2.2 Exercices
Exercice 1. On appelle médianes d’un triangle non aplati ABC les trois droites (AA0 ),
(BB 0 ), (CC 0 ) joignant un sommet de ce triangle au milieu du côté opposé.
1. Écrire l’isobarycentre G d’un triangle ABC comme barycentre des points A et A0
(resp. B et B 0 , C et C 0 ), où A0 , B 0 , C 0 sont les milieux respectifs de [BC], [CA],
−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
[AB]. Montrer que A0 A = 3 A0 G, B 0 B = 3 B 0 G, C 0 C = 3 C 0 G.
2. En déduire que l’isobarycentre d’un triangle non aplati appartient aux trois mé-
dianes de ce triangle, qui sont donc concourantes.
Exercice 2. Soient A et B deux points d’un espace affine E et I le milieu du segment
[AB]. Pour tout point M de E, on note M 0 l’isobarycentre des trois points A, B, M .
−−→ −−→
1. Comparer les vecteurs IM et IM 0 .
2. En déduire la nature géométrique de l’application de E dans E qui à tout point
M associe le point M 0 .
Exercice 3. Triangle des milieux
Soit ABC un triangle, A0 , B 0 , C 0 les milieux des segments [BC], [CA], [AB], G
l’isobarycentre des points A, B, C.
1. Montrer que G est l’isobarycentre des trois points A0 , B 0 , C 0 .
2. En déduire que le triangle A0 B 0 C 0 (qu’on appellera triangle des milieux du triangle
ABC) est l’image du triangle ABC par une homothétie dont on précisera le centre
et le rapport.
−−→ −−→ −→ −−→ −→ −−→
3. Montrer que BC = −2 B 0 C 0 , CA = −2 C 0 A0 , AB = −2 A0 B 0 .
4. Étant donné un triangle A0 B 0 C 0 , montrer qu’il existe un triangle ABC et un seul
dont il est le triangle des milieux. Donner, dans le cas où le triangle A0 B 0 C 0 n’est
pas aplati, une construction du triangle ABC ne faisant intervenir que des tracés
de parallèles.
Exercice 4. Quadrilatère des milieux
Soit, dans un plan affine E, ABCD un quadrilatère, I, J, K, L, M , N les milieux
respectifs des segments [AB], [BC], [CD], [DA], [AC], [BD].
1. Montrer que les segments [IK], [JL] et [M N ] ont tous pour milieu l’isobarycentre
des quatre points A, B, C, D.
2. En déduire que IJKL, IM KN et JM LN sont des parallélogrammes.
−
→ −−→ −−→ −−→ −−→ −→
3. Retrouver ces résultats en exprimant les vecteurs IJ, LK, IM , N K, JM , N L
−→ −−→ −→
en fonction des vecteurs AC, BC, BA.
Exercice 5. Soit dans l’espace ABCD un tétraèdre non aplati. On appelle bimédianes
de ce tétraèdre les trois segments joignant les milieux de deux arêtes opposées et mé-
dianes les quatre segments [AA0 ], [BB 0 ], [CC 0 ], [DD0 ] joignant un sommet à l’isobary-
centre des trois autres sommets. Montrer que l’isobarycentre G des points A, B, C, D
38
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est le milieu des trois bimédianes et qu’il appartient aux quatre médianes. Comparer
−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
les vecteurs A0 G et A0 A (resp. B 0 G et B 0 B, C 0 G et C 0 C, D0 G et D0 D).
Exercice 6. Soit, dans l’espace affine de dimension 3, D1 une droite définie par un
point A et un vecteur directeur ~u et D2 une droite définie par un point B et un vecteur
directeur ~v . Montrer que D1 et D2 sont coplanaires si et seulement si les trois vecteurs
−→
~u, ~v et AB sont liés.
Exercice 7. Soit, dans l’espace affine de dimension 3 rapporté à un repère cartésien, P
un plan d’équation ax + by + cz + d = 0 et D une droite de vecteur directeur ~u(α, β, γ).
Donner une condition pour que D soit parallèle à P .
Exercice 8. L’espace de dimension 3 est rapporté à un repère cartésien. Écrire l’équa-
tion du plan passant par le point (0, 1, 0) et parallèle au plan d’équation x+y−z+3 = 0.
Exercice 9. Soit, dans l’espace affine de dimension 3 rapporté à un repère cartésien, D
la droite d’équations x + y − z + 3 = 0, 2x + z − 2 = 0. Donner l’équation du plan P
contenant D et passant par le point (1, 1, 1).
Exercice 10. Soient P1 , P2 , P3 trois plans de l’espace de dimension trois, deux à deux
non parallèles. Montrer que les trois droites D1 = P2 ∩ P3 , D2 = P3 ∩ P1 , D3 = P1 ∩ P2
sont parallèles ou concourantes.
Exercice 11. Dans l’espace affine de dimension 3 rapporté à un repère cartésien, soit
D la droite de vecteur directeur (3, −1, 1) passant par le point de coordonnées (2, 0, 1),
P le plan passant par le point (1, −1, 1) et de vecteurs directeurs (2, −3, 1) et (1, 2, 0),
P 0 le plan passant par le point (−5, 3, 0) et de vecteurs directeurs (−1, 1, 1) et (0, 3, 1).
Déterminer P ∩ D et D ∩ P 0 .
Exercice 12. 1. Montrer que trois droites D, D0 , D00 du plan affine, d’équations
respectives ax + by + c = 0, a0 x + b0 y + c0 = 0, a00 x + b00 y + c00 = 0 dans un repère
cartésien, sont concourantes ou parallèles si et seulement si
a b c
0
a b0 c0 = 0 .
00
b00 c00
a
39
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−→ −→ −−→ −→ −→ −−→
1. Montrer que det(AB, AC) = det(BC, BA) = det(CA, CB).
On appellera aire orientée du triangle ABC, l’unité d’aire étant l’aire du paral-
1 −→ −→
lélogramme construit sur les vecteurs ~i et ~j, le nombre det(AB, AC).
2
2. Soit M un point de E de coordonnées barycentriques réduites (α, β, γ) dans le
−−→ −−→
repère (A, B, C). Exprimer les vecteurs M B et M C en fonction des vecteurs
−→ −→ −−→ −−→
AB et AC. En déduire une expression de det(M B, M C) en fonction α, β, γ et
−→ −→
det(AB, AC).
3. Montrer que les médianes d’un triangle partagent ce triangle en six petits triangles
de même aire.
Exercice 14. Soient A, B, C trois points distincts d’une droite affine. Montrer que l’un,
et l’un seulement, de ces points appartient au segment défini par les deux autres.
Exercice 15. Soit (A, B, C) un repère affine du plan affine E. Montrer que trois
points M1 , M2 , M3 de E de coordonnées barycentriques réduites respectives (α1 , β1 , γ1 ),
(α2 , β2 , γ2 ), (α3 , β3 , γ3 ) dans le repère affine (A, B, C) sont alignés si et seulement si
α1 β1 γ1
α2 β2 γ2 = 0 .
α3 β3 γ3
40
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Exercice 20. Régionnement du plan par les droites portant les côtés d’un triangle
On considère dans le plan affine un triangle non aplati ABC et on note (α, β, γ) les
coordonnées barycentriques réduites d’un point M dans le repère affine (A, B, C).
1. Montrer que les droites (BC), (CA), (AB) portant les côtés du triangle ABC
ont respectivement comme équations barycentriques α = 0, β = 0, γ = 0.
2. Montrer que ces trois droites divisent le plan en 7 régions, qu’on caractérisera
par les signes des coordonnées barycentriques réduites d’un point.
Exercice 21. Régionnement de l’espace par les plans portant les faces d’un tétraèdre
On considère dans l’espace un tétraèdre non aplati ABCD et on note (α, β, γ, δ) les
coordonnées barycentriques réduites d’un point M dans le repère affine (A, B, C, D).
1. Montrer que les plans (BCD), (CDA), (DAB), (ABC) portant les faces du
tétraèdre ont respectivement comme équations barycentriques α = 0, β = 0,
γ = 0, δ = 0.
2. Montrer que ces quatre plans divisent l’espace en 15 régions, qu’on caractérisera
par les signes des coordonnées barycentriques réduites d’un point.
Exercice 22. Montrer que l’image d’un parallélogramme par une transformation affine
est un parallélogramme. L’image par une transformation affine d’un quadrilatère qui
n’est pas un parallélogramme peut-elle être un parallélogramme ?
Exercice 24. Soit, dans le plan affine, ABC un triangle, A0 , B 0 , C 0 les milieux respectifs
de [BC], [CA] et [AB], sA0 , sB 0 , sC 0 les symétries centrales de centres ces points.
Déterminer la nature géométrique des transformations sB 0 ◦ sA0 et sC 0 ◦ sB 0 ◦ sA0 (on
pourra déterminer l’image de B par ces deux transformations).
Exercice 25. Déterminer le sous-groupe du groupe affine GA(E) d’un espace affine E
engendré par les symétries centrales.
Exercice 26. Soit, dans le plan affine, D et D0 deux droites sécantes en un point A, et
I un point n’appartenant à aucune de ces droites. Construire un triangle ABC tel que
B appartienne à D, C appartienne à D0 et I soit le milieu de [BC] :
41
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Exercice 29. Soit f une transformation affine d’un espace affine E dont la partie
linéaire f~ est une homothétie vectorielle de rapport λ 6= 1.
1. Soit A un point quelconque de E. Montrer que le barycentre O du système de
points pondérés [(A, λ), (f (A), −1)] est fixe par f .
2. En déduire (sans utiliser la proposition 35) que f est l’homothétie affine de centre
O et de rapport λ.
Exercice 30. 1. Déterminer les droites globalement invariantes par une translation
de vecteur non nul (resp. par une homothétie de rapport différent de 1).
2. En déduire que la composée de deux homothéties de centres distincts A et B est
−→
– soit une translation de vecteur proportionnel à AB ;
– soit une homothétie dont le centre appartient à la droite (AB).
Exercice 32. Soit, dans le plan affine, (D1 , D2 , D3 ) et (D10 , D20 , D30 ) deux triplets consti-
tués chacun de trois droites distinctes concourantes en un point O (resp. O0 ). Le but
de l’exercice est de montrer qu’il existe une transformation affine du plan transformant
le premier triplet en le second.
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Soit ABCD un trapèze de bases AB et CD. On note K et L les milieux des segments
[AB] et [CD] et on suppose que les droites (AD) et (BC) se coupent en un point I et
les droites (AC) et (BD) en un point J.
IA
1. Montrer que l’homothétie hI de centre I et de rapport transforme D en A,
ID
C en B et L en K. En déduire que les points I, K, L sont alignés.
JC
2. Montrer de même, en considérant l’homothétie hJ de centre J et de rapport ,
JA
que les points J, K, L sont alignés.
3. Montrer que la composée hJ ◦ hI de ces deux homothéties est la symétrie centrale
de centre L.
4. En déduire que :
IK JL
= −1 .
IL JK
Exercice 37. Un cas particulier du théorème de Desargues
Montrer que deux triangles non aplatis du plan affine se déduisent l’un de l’autre
par une homothétie ou une translation si et seulement si leurs côtés sont deux à deux
parallèles.
On verra en compléments (section 3.4) le théorème de Desargues dans toute sa
généralité.
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P B QC RA
= 1.
P C QA RB
Indication : pour la partie directe, on pourra projeter sur une droite (par exemple BC)
dans la direction de la droite P QR.
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Soit ABC un triangle non aplati, P , Q, R trois points situés respectivement sur les
droites (BC), (CA) et (AB) et distincts des sommets A, B, C. Alors les droites (AP ),
(BQ) et (CR) sont concourantes ou parallèles si et seulement si :
P B QC RA
= −1 .
P C QA RB
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Indication : dans le cas des droites concourantes, on pourra par exemple appliquer le
théorème de Ménélaüs à des triangles et des sécantes bien choisis.
Exercice 44. Soit ABC un triangle non aplati, A0 le symétrique de A par rapport à
B, B 0 le symétrique de B par rapport à C, C 0 le symétrique de C par rapport à A. Le
but de l’exercice est de reconstruire le triangle ABC à partir du seul triangle A0 B 0 C 0 .
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x0 =y
1.
y 0 =x
x0
= −x − 2y − 2
2. 0
y = x + 2y + 1
x0
= 3x − 4
3. 0
y = 3y + 3
Exercice 48. Le plan affine est rapporté à un repère cartésien (O,~i, ~j). Donner l’ex-
pression en coordonnées des applications affines suivantes :
– la symétrie centrale de centre A(a, b) ;
– la symétrie par rapport à la droite d’équation x + y = 1, dans la direction du
vecteur ~i ;
– l’affinité de base la droite d’équation x − y − 1 = 0, de direction ~v (2, 1) et de
rapport 2.
Exercice 49. Soit, dans l’espace affine E de dimension 3 rapporté à un repère cartésien
→
−
(0,~i, ~j, ~k), P le plan d’équation 2x−3y +8z −4 = 0 et D la droite vectorielle de vecteur
directeur ~u = 3~i − 2~j − ~k. Donner l’expression en coordonnées de la projection sur P
→
− →
−
dans la direction D , puis, pour tout réel λ, de l’affinité de base P , de direction D et
de rapport λ.
Exercice 50. Soit s une application affine d’un espace affine E dans lui-même vérifiant
s ◦ s = idE .
1. Montrer que s est bijective.
2. Montrer que pour tout point M de E, le milieu du segment [M s(M )] est fixe par
s.
→
−
3. Montrer que la partie linéaire ~s de s est une symétrie vectorielle de E .
4. Conclure que s est une symétrie affine de E.
5. Montrer par un contre-exemple qu’une transformation affine de E dont la partie
→
−
linéaire est une symétrie vectorielle de E n’est pas nécessairement une symétrie
affine.
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
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Question 1. Soit ABC un triangle non aplati, A0 , B 0 , C 0 les milieux des segments [BC],
[CA], [AB].
−−→ −−→
A BC = 2 B 0 C 0 .
B Les droites (AC) et (A0 C 0 ) sont parallèles.
C Il existe une homothétie de rapport 1/2 transformant le triangle ABC en le
triangle A0 B 0 C 0 .
D Les segments [A0 B 0 ] et [CC 0 ] ont même milieu.
E Les segments [AA0 ] et [BB 0 ] ont même milieu.
Question 2. Soit ABC un triangle non aplati, A0 , B 0 , C 0 les milieux des segments
[BC], [CA], [AB], M un point de coordonnées barycentriques réduites (α, β, γ) dans
le repère affine (A, B, C).
A M appartient à la droite (BC) si et seulement si α = 1.
B M appartient à la droite (B 0 C 0 ) si et seulement si β = γ.
C M appartient à la droite (AA0 ) si et seulement si β = γ.
D M appartient à la parallèle à (BC) menée par A si et seulement si β = −γ.
E ABCM est un parallélogramme si et seulement si β = −γ.
Question 3. Soit, dans un espace affine de dimension 3 rapporté à un repère cartésien
(O,~i, ~j, ~k), P1 , P2 , P3 les trois plans d’équations respectives :
P1 : 2x − y − z = 2
P2 : y − z = 1
P3 : 3x − y − 2z = 0 .
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Q A B C D E
Il existe une transformation affine du plan transformant le carré Q en :
A A.
B B.
C C.
D D.
E E.
Question 7. Soient A et B deux points distincts d’un espace affine, sA et sB les symé-
−→
tries centrales de centres A et B, et ~u = AB.
A sA ◦ sB = t2~u .
B sA ◦ t~u = t~u ◦ sA .
C sA ◦ t~u est une symétrie centrale.
D sA ◦ sB = sB ◦ sA .
E sA ◦ t~u ◦ sA = t−~u .
f : x0 = y, y 0 = x ;
g : x0 = −x − 2y − 2, y 0 = x + 2y + 1 ;
h : x0 = 3x − 4, y 0 = 3y + 3.
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Question 10. Soit, dans l’espace affine E de dimension 3, ABCD un tétraèdre non
aplati et G l’isobarycentre de ses sommets.
A Il n’existe pas de symétrie affine par rapport à un plan conservant globalement
le tétraèdre.
B Pour toute permutation σ des quatre points A, B, C, D, il existe une transforma-
tion affine f de E et une seule vérifiant f (A) = σ(A), f (B) = σ(B), f (C) = σ(C),
f (D) = σ(D).
C Il existe une symétrie centrale et une seule conservant globalement le tétraèdre.
D Il y a exactement 6 symétries affines conservant globalement le tétraèdre.
E Toute transformation affine de E conservant globalement le tétraèdre laisse fixe
le point G.
Réponses : 1–BD 2–CD 3–CE 4–BC 5–AC 6–CD 7–CE 8–AE 9–AD 10–BE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
1. Soit ABC un triangle non aplati d’un plan affine E et M le point de coordonnées
barycentriques (1, −1, 1) dans le repère affine (A, B, C) de E. Montrer que le
quadrilatère ABCM est un parallélogramme.
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2. Soit E un espace affine de dimension n rapporté à un repère cartésien (O, e~1 , . . . , e~n ).
Donner l’équation de la direction d’un hyperplan affine d’équation a0 +a1 x1 +· · ·+
an xn = 0. Donner une condition nécessaire et suffisante pour que deux hyperplans
affines d’équations respectives a0 +a1 x1 +· · ·+an xn = 0 et a00 +a01 x1 +· · ·+a0n xn = 0
soient parallèles.
3. Donner deux caractérisations de l’enveloppe convexe d’une partie non vide d’un
espace affine.
4. Donner la nature géométrique de la composée de deux homothéties.
5. Montrer qu’une application affine f d’un espace affine E dans lui-même dont la
partie linéaire est −id−
→ est une symétrie centrale.
E
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pour tout point M de E, ce qui montre que f est la symétrie centrale de centre
O.
On pouvait naturellement aussi se contenter d’appliquer la proposition 32 au cas
particulier k = −1.
Exercice 1 :
1. Le point p(M ) est l’intersection de la droite passant par M de vecteur directeur
−−−−−→
~v et du plan Π. Il existe donc un réel t tel que M p(M ) = t~v . Les coordonnées de
p(M ) sont (x + 2t, y + t, z − 2t) et le point p(M ) appartient au plan Π, d’où la
relation 2(x + 2t) − 3(y + t) + (z − 2t) + 1 = 0. On en déduit t = 2x − 3y + z + 1
et
0
x = 5x − 6y + 2z + 2
y 0 = 2x − 2y + z + 1
0
z = −4x + 6y − z − 2 .
−4 6 −1
55
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−8 12 −3
→ et S 2 = I.
Comme s est une symétrie, s ◦ s = idE , d’où ~s ◦ ~s = id−
E
6. Par la relation de Chasles
−−−−−−−→ −−−−−−−→ −−−−−−−→ −−−−−−→
a(M )a(N ) = a(M )p(M ) + p(M )p(N ) + p(N )a(N )
−−−−−→ −−−−−−−→ −−−−→
= αM p(M ) + p(M )p(N ) + αp(N )N
−−→ −−−−−−−→ −−−−−−−→
= α(M N − p(M )p(N )) + p(M )p(N )
−−→ −−−−−−−→
= αM N + (1 − α)p(M )p(N )
−−→
→ + (1 − α)~
= [α id− p ](MN) .
E
→ + (1 − α)~
7. Il en résulte que a est affine de partie linéaire ~a = α id− p. D’où A =
E
αI + (1 − α)P .
8. De la relation P 2 = P découle
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4. a) Comme n est impair, fn est une symétrie centrale. On vient de voir que
fn (A1 ) = A1 . Il en résulte que A1 est le centre de fn , puisque le centre d’une
symétrie centrale est son seul point fixe.
L’application fn étant entièrement déterminée par les points B1 , . . . , Bn , il en
résulte que la donnée de ces points détermine A1 et, par récurrence, tous les
points Ak , puisque Ak+1 = fk (A1 ). L’application m est donc injective.
Elle est également surjective, puisque, si Ak sont les points précédemment
définis, Bk est le milieu de [Ak Ak+1 ] pour tout k = 1, . . . , n − 1, et Bn le milieu
de [An A1 ]. L’application m est donc bijective.
b) Pour construire les points Ai connaissant les points Bi , il suffit de construire
A1 , les autres points Ai s’en déduisant par les symétries successives de centres
B1 , B2 , . . . , Bn−1 . Mais A1 est le centre de la symétrie centrale fn , donc le
milieu du segment [M fn (M )] pour tout point M de E. On l’obtient donc en
choisissant n’importe quel point M de E (par exemple B1 ), en construisant
son image fn (M ) et en prenant le milieu du segment [M fn (M )].
5. a) Comme n est pair, fn est une translation de vecteur la somme des vecteurs des
P −−−−−−→
n/2
translations sB2k ◦ sB2k−1 pour k = 1, . . . , n/2, i.e. 2 B2k−1 B2k . Par ailleurs,
k=1
la relation fn (A1 ) = A1 montre que fn a un point fixe, c’est donc l’identité. Le
vecteur de la translation fn est donc nul :
n/2
−−−−−−→
B2k−1 B2k = ~0
X
2 (∗) .
k=1
b) Il en résulte que l’application m n’est pas surjective, puisque son image est
contenue dans l’ensemble des n-uplets de points (B1 , . . . , Bn ) vérifiant la rela-
tion (∗).
Soit (B1 , . . . , Bn ) un n-uplet de points vérifiant la relation (∗) et A1 un point
quelconque de E. Définissons par récurrence des points A2 , . . . , An par Ak+1 =
sBk (Ak ) pour k = 1, . . . , n − 1. Pour tout k = 1, . . . , n − 1, Bk est donc le milieu
de [Ak Ak+1 ] et il résulte de la relation (∗) que fn est l’identité, d’où fn (A1 ) =
sBn (An ) = A1 . Bn est donc le milieu de [An A1 ] et le n-uplet (B1 , . . . , Bn ) est
l’image par m du n-uplet (A1 , . . . , An ).
Il en résulte que l’image de m est exactement l’ensemble des n-uplets de points
(B1 , . . . , Bn ) vérifiant la relation (∗).
L’application m n’est pas injective puisque le choix de A1 dans la construction
précédente est arbitraire.
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3 Compléments
3.1 Notations de Grassmann
n
P n
P
Les notations M + ~u et λi Mi (pour λi = 1) sont parfois appelées notations
i=1 i=1
de Grassmann.
Le calcul barycentrique lui-même avait en fait été introduit, à peu près à la même
époque, par August Ferdinand Möbius (1790-1868) dans son livre Der barycentrische
Calcül (1827). Dans cet ouvrage, Möbius (sans doute plus connu aujourd’hui pour sa
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découverte de la bande qui porte son nom, un exemple de surface non orientable plongée
dans l’espace euclidien de dimension 3), introduisait non seulement les coordonnées
barycentriques, mais aussi, en considérant le cas d’un système pondéré où la somme
des poids est nulle, la notion de point à l’infini et les coordonnées projectives, ouvrant
ainsi la voie à l’étude des relations entre espace affine et espace projectif.
Pour simplifier, nous ne considérerons ici que le cas des courbes. Le problème d’in-
terpolation le plus simple consiste à déterminer une courbe lisse passant par des points
donnés et ayant une équation la plus simple possible. Bien sûr, s’il ne s’agit que de
relier deux points donnés, la courbe la plus simple est le segment [AB]. Ce segment est
l’ensemble des barycentres (1 − t)A + tB quand t parcourt l’intervalle [0, 1]. Quand on
veut raccorder une suite de points, il faut pouvoir contrôler les tangentes aux points
de raccordement. On ajoute pour cela un point de contrôle supplémentaire C, on note
pour tout t ∈ [0, 1], M = (1 − t)A + tC, N = (1 − t)C + tB, P = (1 − t)M + tN , de sorte
que P = (1 − t)2 A + 2t(1 − t)C + t2 B. On vérifie alors facilement que la courbe décrite
par le point P quand t parcourt [0, 1] est un arc de parabole joignant A à B, admet-
tant comme tangente en A la droite (AC) et comme tangente en B la droite (BC). Le
59
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point de contrôle supplémentaire C permet donc de contrôler les tangentes aux deux
extrémités de l’arc AB. Si on veut davantage de contrôle sur la forme de la courbe,
on peut rajouter d’autres points de contrôle et itérer la construction précédente. La
représentation paramétrique ! de la courbe obtenue fait alors intervenir les polynômes
n
de Bernstein Bn,k (t) = (1 − t)k tn−k , qui apparaissent dans le développement de
k
[(1 − t) + t]n par la formule du binôme.
Comme toute application affine conserve les barycentres, pour construire l’image
d’une courbe de Bézier par une application affine il suffit de prendre l’image des points
de contrôle de la courbe initiale par l’application affine, l’image de la courbe de Bézier
est alors la courbe de Bézier correspondant à ces points de contrôle, ce qui simplifie
beaucoup la construction de cette image.
Les courbes de Bézier sont beaucoup utilisées dans les logiciels de dessin vectoriel
et de création de polices de caractères. En particulier, le langage PostScript, dont la
format pdf est largement issu, leur a accordé une grande place.
60
Maths en Ligne Géométrie affine UJF Grenoble
Théorème 5. Soient ABC et A0 B 0 C 0 deux triangles non aplatis d’un même plan affine.
On suppose A et A0 (resp. B et B 0 , resp. C et C 0 ) distincts. Alors les droites (AA0 ),
(BB 0 ) et (CC 0 ) sont concourantes ou parallèles si et seulement si l’une des conditions
suivantes est satisfaite :
– les trois couples de droites ((BC), (B 0 C 0 )), ((CA), (C 0 A0 )) et ((AB), (A0 B 0 )) sont
constitués de droites sécantes en des points α, β, γ et les trois points α, β, γ sont
alignés (figure 7) ;
1. Jacob Steiner (1796-1863) était suisse, mais a essentiellement travaillé en Allemagne.
61
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– les trois couples de droites ((BC), (B 0 C 0 )), ((CA), (C 0 A0 )) et ((AB), (A0 B 0 )) sont
constitués de droites parallèles ;
– l’un des trois couples de droites ((BC), (B 0 C 0 )), ((CA), (C 0 A0 )) et ((AB), (A0 B 0 ))
est constitué de droites parallèles, les deux autres de droites sécantes et la droite
joignant les deux points d’intersection définis par ces couples est parallèle à la
direction commune des droites du premier couple.
Les triangles ABC et A0 B 0 C 0 sont alors dits homologiques.
En fait, cette démonstration traduit le fait que le théorème de Desargues est fonda-
mentalement un théorème de géométrie projective. Dans un plan projectif, deux droites
62
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distinctes se coupent toujours en un point et un seul (des droites parallèles dans le plan
affine se coupent en un point à l’infini) et l’énoncé du théorème prend alors la forme
beaucoup plus simple suivante :
Théorème 6. Soient ABC et A0 B 0 C 0 deux triangles non aplatis d’un même plan pro-
jectif. On suppose A et A0 (resp. B et B 0 , resp. C et C 0 ) distincts et les droites (AA0 ),
(BB 0 ) et (CC 0 ) distinctes. Alors les droites (AA0 ), (BB 0 ) et (CC 0 ) sont concourantes
ou parallèles si et seulement si les points d’intersection des trois couples de droites
((BC), (B 0 C 0 )), ((CA), (C 0 A0 )) et ((AB), (A0 B 0 )) sont alignés.
63
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projection centrale : c’est dans ce cas la pointe du style (la tige dont l’ombre indique
l’heure en se déplaçant) qui joue le rôle de l’œil de l’observateur, le plan de projection
étant celui du cadran et l’objet le soleil.
3.5 Birapport
On a vu à l’exercice 32 qu’étant donné deux triplets (D1 , D2 , D3 ) et (D10 , D20 , D30 )
de droites distinctes et concourantes d’un même plan affine, il existait toujours une
transformation affine de ce plan transformant D1 en D10 , D2 en D20 et D3 en D30 . Du
point de vue de la géométrie affine, tous les triplets de droites distinctes et concourantes
sont donc équivalents (de même que tous les triangles non aplatis le sont, puisque, étant
donné deux triangles non aplatis ABC et A0 B 0 C 0 , il existe toujours une transformation
affine du plan et une seule transformant A en A0 , B en B 0 et C en C 0 ).
Il n’en va plus de même si on considère des quadruplets de droites concourantes.
On peut en effet associer à tout tel quadruplet un nombre, appelé birapport ou rapport
anharmonique des quatre droites, qui est invariant par toute transformation affine.
On commence par définir le birapport [A, B, C, D] de quatre points distincts alignés
A, B, C, D comme le réel
AC BD
[A, B, C, D] = .
AD BC
Ce réel ne dépend pas du choix du vecteur directeur de la droite portant ces points,
mais il dépend de l’ordre des points.
Soit maintenant, dans un plan affine E, quatre droites distinctes concourantes en
un même point O et coupant deux droites ∆ et ∆0 en des points A, B, C, D et A0 ,
64
Maths en Ligne Géométrie affine UJF Grenoble
Il en résulte que
−→ −→ −−→ −−→
sin(OA, OC) sin(OB, OD)
[A, B, C, D] = −→ −−→ −−→ −→ .
sin(OA, OD) sin(OB, OC)
−−→ −−→ −→ −→
Mais sin(OA0 , OC 0 ) = εA εC sin(OA, OC), où εA (resp. εC ) vaut 1 si les points A
et A0 (resp. C et C 0 ) sont du même côté de O, −1 sinon. En écrivant des formules
analogues pour les autres termes, on en déduit que [A, B, C, D] = [A0 , B 0 , C 0 , D0 ]. Ce
nombre ne dépend donc pas de la sécante ∆. On l’appelle birapport des quatre droites
(OA), (OB), (OC), (OD). Comme toute transformation affine conserve les rapports
de mesures algébriques pour des points alignés, elle conserve a fortiori le birapport.
65
Maths en Ligne Géométrie affine UJF Grenoble
66
Maths en Ligne Géométrie affine UJF Grenoble
Figure 9 – Deux exemples de polyèdres pour lesquels la formule d’Euler est fausse.
« L’angle droit étant pris pour unité, la somme des angles de toutes les faces d’un
polyèdre convexe est égale à quatre fois le nombre de sommets diminué de 2. »
Cette relation équivaut à la formule d’Euler si on se souvient que la somme des
angles d’un polygone convexe à n sommets est (n−2)π. En effet la formule de Descartes
dit que la somme des angles de toutes les faces du polyèdre est 2π(s − 2) ; mais si on
numérote les faces de 1 à f et si on note ni le nombre de sommets (ou de côtés) de la
f f
(ni −2)π ou encore (2a−2f )π en remarquant que
P P
face i, cette somme vaut ni = 2a
i=1 i=1
(chaque arête du polyèdre est comptée deux fois dans la somme, puisqu’elle apparaît
dans deux faces), d’où 2π(s − 2) = 2π(a − f ), qui est exactement la formule d’Euler.
67
Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Géométrie euclidienne
Jean-Marc Decauwert
Ce chapitre se divise en deux parties : dans la première, nous étudierons les proprié-
tés des espaces vectoriels euclidiens, c’est-à-dire des espaces vectoriels réels de dimen-
sion finie munis d’un produit scalaire ; dans la seconde, nous appliquerons les résultats
obtenus à l’étude des configurations usuelles des espaces affines euclidiens, en particu-
lier du plan et de l’espace, et des isométries de ces espaces. La première partie ne fait
appel qu’aux notions d’algèbre linéaire étudiées en L1 et L2 ; la seconde suppose connu
le chapitre « Géométrie affine ». Nous utiliserons des notations un peu différentes dans
ces deux parties.
2 Entraînement 57
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3 Compléments 88
3.1 Constructions à la règle et au compas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
3.2 Frises et pavages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.3 Polyèdres réguliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.4 Géométrie sphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.5 Cartographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
3.6 Projection stéréographique et homographies . . . . . . . . . . . . . . . 99
12 juin 2012
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1 Cours
1.1 Espaces vectoriels euclidiens
1.1.1 Définitions
Définition 1. Un produit scalaire sur un espace vectoriel réel E est une forme bili-
néaire symétrique définie positive sur E.
On notera dans cette section hu, vi le produit scalaire de deux vecteurs u et v.
Dans la section « Géométrie affine euclidienne », dont le cadre sera un espace affine
euclidien (souvent de dimension 2 ou 3), les vecteurs seront écrits avec des flèches pour
les distinguer des points et on notera (sauf exception) ~u · ~v le produit scalaire de deux
vecteurs ~u et ~v .
Le produit scalaire de deux vecteurs est donc un nombre réel, et on a, pour tous
vecteurs u, u1 , u2 , v, v1 , v2 et tous réels a et b :
– hau1 + bu2 , vi = ahu1 , vi + bhu2 , vi (linéarité à gauche)
– hu, av1 + bv2 i = ahu, v1 i + bhu, v2 i (linéarité à droite)
– hu, vi = hv, ui (symétrie)
– hu, ui > 0 pour tout vecteur u non nul (positivité).
Attention : le produit scalaire de deux vecteurs n’est pas toujours positif (pour tout
couple (u, v) de vecteurs, les réels h−u, vi et hu, vi sont opposés).
On appellera carré scalaire d’un vecteur u le produit scalaire hu, ui du vecteur u
par lui-même. Ce nombre est toujours positif et il est nul si et seulement si u est nul.
Définition 2. On appelle espace vectoriel euclidien tout espace vectoriel réel de di-
mension finie muni d’un produit scalaire.
Exemples
– On appelle produit scalaire canonique sur Rn le produit scalaire défini par :
n
X
hx, yi = x1 y1 + · · · + xn yn = x i yi
i=1
si x = (x1 , . . . , xn ) et y = (y1 , . . . , yn ).
En identifiant tout vecteur x = (x1 , . . . , xn ) de Rn avec la matrice colonne X de
ses composantes, ce produit scalaire s’écrit encore :
hx, yi = tXY = tY X .
– Pour tout entier n ≥ 0 et tout intervalle [a, b] de R (a < b), on peut définir un
produit scalaire sur l’espace vectoriel Rn [X] des polynômes à coefficients réels de
degré inférieur ou égal à n par :
Z b
hP, Qi = P (x)Q(x) dx .
a
1
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2
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3
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A⊥ = Vect(A)⊥ .
Proposition 4. Toute famille orthogonale constituée de vecteurs non nuls est libre.
Démonstration : Soit (v1 , . . . , vn ) une famille de vecteurs non nuls deux à deux ortho-
n
gonaux : hvi , vj i = 0 pour i 6= j, et soit
P
λi vi = 0 une combinaison linéaire nulle de
i=1
ces vecteurs. Alors, pour tout j = 1, . . . , n :
n n
λi hvj , vi i = λj kvj k2
X X
0 = hvj , λi vi i =
i=1 i=1
d’où λj = 0 puisque kvj k2 > 0. Il en résulte que la famille (v1 , . . . , vn ) est libre.
Bases orthonormées
n
X
hx, yi = xi y i
i=1
v
u n
uX
kxk = t x2 . i
i=1
4
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De plus les coordonnées d’un vecteur x dans une base orthonormée (e1 , . . . , en ) sont
données par :
xi = hei , xi
pour tout i = 1, . . . , n.
Si on note, pour tout vecteur x de E, X la matrice colonne t(x1 , . . . , xn ) des
composantes de x dans la base orthonormée (e1 , . . . , en ), le produit scalaire et la norme
s’écrivent matriciellement :
Tout espace vectoriel euclidien possède des bases orthonormées. Plus précisément
le procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt permet de construire à partir de
n’importe quelle base d’un tel espace une base orthonormée.
Proposition 5. Soit E un espace vectoriel euclidien et (v1 , . . . , vn ) une base de E.
Alors il existe une base orthonormée (e1 , . . . , en ) de E telle que, pour tout k = 1, . . . , n,
l’espace vectoriel Vect(e1 , . . . , ek ) engendré par les k premiers vecteurs de cette base
coïncide avec l’espace vectoriel Vect(v1 , . . . , vk ) engendré par les k premiers vecteurs de
la base de départ.
5
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6
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Le projeté orthogonal xF sur F d’un vecteur x de E est donc caractérisé par les
deux relations xF ∈ F et hx − xF , yi = 0 pour tout y ∈ F .
Une réflexion est donc, dans le plan, une symétrie orthogonale par rapport à une
droite et, dans l’espace, une symétrie orthogonale par rapport à un plan.
Exemple : cas d’une droite, d’un hyperplan
Soit v un vecteur non nul de E, D = Rv la droite vectorielle engendrée par v et
H l’hyperplan de E orthogonal à v, i.e. le supplémentaire orthogonal de D. Le projeté
orthogonal xD d’un vecteur x de E sur D est de la forme λv pour un réel λ. En écrivant
hx, vi
que hx − λv, vi = 0, on obtient λ = , d’où :
kvk2
hx, vi
xD = v.
kvk2
hx, vi
xH = x − xD = x − v.
kvk2
7
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hx, vi
sH (x) = 2 xH − x = x − 2 v.
kvk2
2 tV X
X0 = X − t V.
VV
2
La matrice dans la base (e1 , . . . , en ) de la réflexion sH est donc In − t V tV , où
VV
In est la matrice identité d’ordre n = dim(E).
Ces matrices jouent un rôle important en analyse numérique, où elles sont appelées
matrices de Householder.
Interprétation : La propriété 1 (resp. 2) signifie que les vecteurs colonnes (resp. lignes)
de la matrice A constituent un système orthonormé pour le produit scalaire canonique
de Rn . Ainsi une matrice est orthogonale si et seulement si ses vecteurs colonnes (resp.
ses vecteurs lignes) constituent une base orthonormale de Rn pour le produit scalaire
canonique.
Autrement dit, une matrice est orthogonale si et seulement si c’est la matrice de
passage de la base canonique de Rn à une base orthonormale de Rn . Plus généralement :
Proposition 10. La transposée et l’inverse d’une matrice orthogonale sont des ma-
trices orthogonales.
8
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Démonstration : Cet ensemble n’est pas vide, puisqu’il contient la matrice identité, il
est stable par passage à l’inverse (proposition 10) et par produit, puisque si A et B
sont orthogonales d’ordre n, alors t(AB)AB = tB tAAB = tBIn B = In .
9
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de la matrice carrée d’ordre n dont les colonnes sont les coordonnées de ces vecteurs
dans la base B. Ce déterminant dépend de la base B. Plus précisément, si B et B 0 sont
deux bases de E, les déterminants d’une famille de n vecteurs de E relativement à ces
deux bases sont reliés par la relation :
Définition 11. Une application linéaire de E dans E vérifiant ces propriétés équiva-
lentes est appelée transformation orthogonale ou automorphisme orthogonal de E.
10
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d’où f (λu + µv) = λf (u) + µf (v) pour tout couple (λ, µ) de réels et tout couple (u, v)
de vecteurs de E.
11
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Groupe orthogonal
Rappel : Soit B une base orthonormée d’un espace vectoriel euclidien E de dimension
n. L’application qui à toute application linéaire bijective de E dans E associe sa matrice
dans la base B est un isomorphisme du groupe GL(E) sur le groupe GLn (R) des
matrices réelles carrées d’ordre n. La restriction de cet isomorphisme à O(E) est un
isomorphisme de O(E) sur le groupe O(n) des matrices orthogonales d’ordre n.
Le groupe orthogonal en dimension 2
Dans cette partie, E est un plan vectoriel euclidien orienté.
Proposition 18. Toute matrice orthogonale A d’ordre 2 est de l’une des deux formes
suivantes : !
a −b
– où a et b sont deux réels vérifiant a2 + b2 = 1 si det(A) = +1 ;
b a
!
a b
– où a et b sont deux réels vérifiant a2 + b2 = 1 si det(A) = −1.
b −a
!
cos θ − sin θ
Proposition 19. L’application qui à un réel θ associe la matrice Rθ =
sin θ cos θ
est un homomorphisme surjectif du groupe additif (R, +) sur le groupe multiplicatif
SO(2). Son noyau est le sous-groupe 2πZ des multiples entiers de 2π. Il en résulte que
SO(2) est isomorphe au groupe additif (R/2πZ, +) des réels modulo 2π.
Un élément de O+ (E) est appelé rotation vectorielle.
12
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Corollaire 2. Le groupe O+ (E) des rotations vectorielles planes est commutatif, iso-
morphe au groupe additif (R/2πZ, +) des réels modulo 2π.
Corollaire 3. La matrice d’une rotation vectorielle est la même dans toute base or-
thonormée directe.
Angles
On se propose dans cette partie de définir les principales notions d’angles utilisées
en géométrie plane. La notion première sera celle d’angle orienté de vecteurs ou, ce qui
revient au même, d’angle orienté de demi-droites vectorielles. En effet l’angle de deux
u
vecteurs non nuls u et v sera, par définition, l’angle des deux vecteurs unitaires et
kuk
13
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v
qui leur sont directement proportionnels ; or toute demi-droite vectorielle possède
kvk
un vecteur directeur unitaire et un seul, et tout vecteur non nul définit une demi-droite
vectorielle de manière unique. L’angle de deux vecteurs non nuls u et v, ou l’angle
des deux demi-droites vectorielles R+ u et R+ v qu’ils engendrent, sera donc simplement
u v
l’angle des vecteurs unitaires et . Dans toute la suite, nous ne considérerons
kuk kvk
donc essentiellement que des vecteurs unitaires.
Deux approches sont proposées : la première, rapide et concrète, consiste à identifier
un angle et sa mesure, c’est-à-dire à considérer un angle orienté de vecteurs comme une
classe d’équivalence de réels modulo 2π ; la seconde, plus abstraite, définit un angle
comme une classe d’équivalence de couples de vecteurs et permet de distinguer l’angle
de sa mesure (qui dépend de l’orientation du plan, alors que l’angle lui-même n’en
dépend pas). Les deux approches reposent sur la même idée : l’angle de deux vecteurs
est l’angle de l’unique rotation qui transforme le premier en le second (l’existence et
l’unicité de cette rotation sont assurées par la proposition 21).
Une remarque sur la terminologie : dans l’expression « angle orienté de vecteurs »,
« orienté » ne se réfère pas à l’orientation du plan, mais à l’ordre dans lequel sont écrits
[
les vecteurs (l’angle (v, [
u) est l’opposé de l’angle (u, v)). On verra par contre que cet
ordre est indifférent quand on parle d’angles géométriques.
Angles : première approche
14
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[
(u, \
v) + (v, \
w) = (u, w) .
[
En particulier, les angles (u, [
v) et (v, u) sont opposés.
Démonstration : Si rθ (u) = v et rθ0 (v) = w, alors w = rθ0 ◦rθ (u). La relation de Chasles
découle alors immédiatement de l’égalité Rθ0 Rθ = Rθ+θ0 ,
Démonstration :
La première propriété résulte immédiatement de la commutativité du groupe O+ (E) :
en effet, l’unique rotation r1 qui transforme u en v transforme aussi r(u) en r(v), puisque
r1 (r(u)) = r(r1 (u)) = r(v).
Pour démontrer la seconde, il suffit de remarquer que si r est une rotation et s une
réflexion, alors s ◦ r est une réflexion, d’où r−1 ◦ s = (s ◦ r)−1 = s ◦ r. Il en résulte que
si v = r(u), alors s(v) = r−1 (s(u)).
15
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Bissectrices
Pour tout couple de vecteurs unitaires u et v, il existe une et une seule réflexion
vectorielle s qui échange u et v. Son axe est une droite vectorielle appelée bissectrice du
couple (u, v) (ou du couple de demi-droites vectorielles engendrées respectivement par
u et v), dirigée par le vecteur u + v si u et v ne sont pas opposés. Un vecteur directeur
\
unitaire w de cet axe vérifie (u, \
w) = (w, [
v), ou encore (u, \
v) = 2(u, w) et cette relation
détermine w uniquement modulo π.
Pour tout couple (D1 , D2 ) de droites vectorielles, il existe exactement deux réflexions
vectorielles les échangeant. Les axes de ces réflexions sont des droites vectorielles or-
thogonales, qui sont appelées bissectrices du couple de droites.
Composée de deux réflexions vectorielles
Proposition 24. Soient s1 et s2 deux réflexions vectorielles, d’axes respectifs D1 et
\
D2 . Le composé s2 ◦s1 de ces deux réflexions est la rotation vectorielle d’angle 2(D1 , D2 )
\
(l’angle de droites (D \
1 , D2 ) est seulement déterminé modulo π, mais 2(D1 , D2 ) est bien
défini modulo 2π : c’est un angle orienté de vecteurs).
(u1 , s\ \ \ \
2 ◦ s1 (u1 )) = (u1 , s2 (u1 )) = (u1 , u2 ) + (u2 , s2 (u1 )) .
(u2\
, s2 (u1 )) = (s2 (u\ \ \
2 ), s2 (u1 )) = −(u2 , u1 ) = (u1 , u2 ) .
\
L’angle de s2 ◦ s1 est donc 2(u 1 , u2 ).
16
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On a vu (proposition 21) qu’il existe toujours une rotation r1 et une seule vérifiant
r1 (u1 ) = v1 et une rotation r2 et une seule vérifiant r2 (u2 ) = v2 ; la relation (∗) signifie
que les couples (u1 , v1 ) et (u2 , v2 ) sont en relation si et seulement si r1 = r2 .
Remarques :
1) Cette relation est tout à fait analogue à celle qui définit l’équipollence de bipoints :
si on veut définir les vecteurs à partir des points, on dit que deux couples (A, B) et
(A0 , B 0 ) de points sont équipollents si c’est la même translation qui transforme A en B
et A0 en B 0 .
2) On montre facilement, en utilisant la commutativité de O+ (E), que la relation
(∗) équivaut encore à :
[
Définition 12. On appelle angle de deux vecteurs unitaires u et v, et on note (u, v)
la classe d’équivalence du couple (u, v) pour la relation R.
\
On a donc bien (u \
1 , v1 ) = (u2 , v2 ) si et seulement si (∗) (ou (∗∗)) est vérifiée.
On a défini les angles. On voudrait maintenant définir une addition sur l’ensemble
A des angles. Il suffit pour cela de transporter sur A la loi de composition naturelle
sur O+ (E). L’ensemble A est en effet en bijection naturelle avec O+ (E) :
Proposition 26. L’application qui à une rotation r ∈ O+ (E) associe l’angle (u, \r(u))
+
ne dépend pas du choix du vecteur unitaire u ∈ U. C’est une bijection de O (E) sur A,
[
et la bijection réciproque associe à un angle (u, v) l’unique rotation r vérifiant v = r(u)
(cette rotation ne dépend pas du représentant choisi pour l’angle).
[
(u, \
v) + (v, \
w) = (u, w) .
Angles particuliers
L’angle nul est bien sûr l’élément neutre du groupe (A, +) des angles de vecteurs ;
[
c’est l’angle (u, u) pour tout vecteur unitaire u ; il correspond, dans l’isomorphisme
17
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précédent, à la rotation identité idE . Un autre angle remarquable est l’angle plat $ qui
\
est l’angle (u, \
−u) = (−u, u) pour tout vecteur unitaire u ; il correspond à la rotation
vectorielle −idE ; c’est l’unique élément d’ordre 2 du groupe (A, +) : $ + $ = 0. Le
groupe A possède en outre deux éléments d’ordre 4, qui sont les angles droits : ce sont
[
les angles (u, \
v) et (u, −v) où (u, v) est une base orthonormée quelconque de E.
Angles géométriques
Un angle géométrique doit être invariant par toute transformation orthogonale (et
non plus simplement par les seules rotations). On identifie donc cette fois deux couples
de vecteurs unitaires s’il existe une transformation orthogonale f qui transforme le
premier en le second : (u1 , v1 ) et (u2 , v2 ) sont équivalents si et seulement si il existe
f ∈ O(E) vérifiant f (u1 ) = u2 et f (v1 ) = v2 . Cela revient à quotienter A par la relation
d’équivalence pour laquelle deux angles sont équivalents s’ils sont égaux ou opposés.
Angles orientés de droites
La manière naturelle de définir l’angle de deux droites vectorielles D1 et D2 est de
prendre un vecteur directeur unitaire ui sur chacune de ces droites et de définir (D \ 1 , D2 )
comme étant (u \ 1 , u2 ). Comme une droite vectorielle possède deux vecteurs directeurs
unitaires opposés, on obtient ainsi a priori quatre valeurs, qui se réduisent en fait à
deux, puisque (−u \ \ \ \
1 , −u2 ) = (u1 , u2 ) et (−u1 , u2 ) = (u1 , −u2 ). Il faut donc identifier ces
deux valeurs, ce qui se fait, ici encore, au moyen d’une relation d’équivalence. Cette
relation consiste à identifier les angles (u \ \
1 , u2 ) et (u1 , −u2 ), ou encore un angle α et
l’angle α + $ : deux angles sont donc en relation si et seulement si leur différence
est 0 ou $. L’addition des angles est compatible avec cette relation, ce qui permet de
définir sur l’ensemble quotient A0 de A par cette relation d’équivalence une addition
qui fait de (A0 , +) un groupe abélien, appelé groupe des angles de droites. Ce groupe
n’est bien entendu rien d’autre que le groupe quotient du groupe abélien (A, +) par
son seul sous-groupe à deux éléments, constitué de l’angle nul et de l’angle plat. Il
comporte lui-même un seul élément d’ordre 2, l’angle droit, qui est la classe des deux
angles droits de vecteurs.
Mesure des angles
Rien de ce que nous avons fait jusqu’ici ne fait appel à l’orientation de E : on
peut parfaitement définir les angles et écrire, par exemple, la relation de Chasles, sans
avoir orienté le plan, et sans rien connaître non plus des fonctions trigonométriques.
Par contre, dès qu’on veut mesurer les angles, l’orientation du plan joue un rôle essen-
tiel. L’introduction de cette mesure des angles nécessite des outils d’analyse : il faut
connaître les fonctions cos et sin et leurs propriétés, ou, ce qui revient essentiellement
au même, la fonction t 7→ eit d’une variable réelle t, en particulier le fait que cette fonc-
tion définit un homomorphisme du groupe additif (R, +) sur le groupe multiplicatif
(U, ×) des nombres complexes de module 1, dont le noyau est le sous-groupe 2πZ. On
en déduit un isomorphisme naturel du groupe quotient (R/2πZ, +) sur (U, ×), et donc
18
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sur le groupe SO(2) des matrices orthogonales positives d’ordre! 2 : cet isomorphisme
cos θ − sin θ
associe à la classe du réel θ la matrice Rθ = .
sin θ cos θ
Or le choix d’une orientation du plan permet d’identifier une rotation vectorielle
r et une matrice de SO(2) : on associe simplement à r sa matrice dans n’importe
quelle base orthonormée directe (il faut se souvenir que cette matrice ne dépend pas du
choix d’une telle base). On obtient ainsi, par composition, un isomorphisme du groupe
(R/2πZ, +) sur le groupe (A, +) des angles de vecteurs, ce qui permet d’identifier un
angle et sa mesure, qui est, par définition, l’élément de R/2πZ qui lui correspond par
cet isomorphisme. On retombe ainsi sur la définition adoptée dans la première approche
de la notion d’angle orienté de vecteurs.
Cette mesure dépend de l’orientation : en effet, si une rotation vectorielle r a comme
matrice Rθ dans une base orthonormée directe, la matrice de r dans une base ortho-
normée indirecte est R−θ . Autrement dit, si un angle a pour mesure θ dans le plan
orienté, et si on change l’orientation du plan, la mesure de l’angle devient −θ.
Si on veut mesurer les angles de droites, il faut factoriser l’homomorphisme de
(R, +) dans le groupe (A0 , +) des angles de droites, de noyau πZ, ce qui revient à
identifier des réels différant d’un multiple entier de π. La mesure d’un angle de droites
est donc la classe d’équivalence d’un réel modulo π (cette mesure dépend, là encore,
du choix d’une orientation).
Angles dans l’espace
On ne peut, dans l’espace vectoriel euclidien de dimension 3, même orienté, définir
la mesure d’un angle orienté de deux vecteurs, ou de deux droites. En effet l’orientation
de l’espace n’induit pas d’orientation naturelle sur un plan de cet espace : on ne peut
donc distinguer entre un angle et son opposé (par contre, la mesure de l’angle d’une
rotation est bien définie, à condition d’avoir orienté l’axe de cette rotation : en effet
une orientation de l’axe par le choix d’un vecteur directeur unitaire u induit automati-
quement une orientation du plan vectoriel orthogonal à cet axe (une base orthonormée
(v, w) de ce plan est directe si la base (u, v, w) de l’espace est directe)). La notion la
plus utile est donc ici celle d’angle géométrique de deux vecteurs unitaires, la mesure de
l’angle de deux tels vecteurs u et v étant ici encore arccos(hu, vi). Il n’y a bien entendu
plus non plus de relation de Chasles pour ces angles.
Groupe orthogonal en dimension 3
Dans cette partie, E est un espace vectoriel euclidien orienté de dimension 3.
19
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1 0 0
de E dont le premier vecteur u appartient à D s’écrit 0 cos θ − sin θ pour un réel
0 sin θ cos θ
θ, unique modulo 2π.
On dit alors que f est la rotation vectorielle d’axe D (orienté par le choix du vecteur
unitaire u) et d’angle θ.
Démonstration : Soit A la matrice de f dans une base orthonormée directe de E. De
la relation
t
A(A − I) = tAA − tA = I − tA = t(I − A)
on déduit
det(A − I) = det( tA)det(A − I) = det( tA(A − I)) = det(I − A) = −det(A − I)
d’où det(A−I) = 0, ce qui montre que 1 est valeur propre de A. Soit u un vecteur propre
unitaire de f associé à la valeur propre 1, i.e. un vecteur unitaire fixe par f . On vérifie
que la matrice de f dans toute base orthonormée directe de E dont le premier vecteur
est u s’écrit alors sous la forme indiquée dans l’énoncé. La proposition en résulte.
0 sin θ cos θ
dans cette base, on a
kuk x x
det(u, v, f (v)) = 0
y y cos θ − z sin θ = kuk(y 2 + z 2 ) sin θ
0 z y sin θ + z cos θ
20
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0 sin θ cos θ
un réel θ, unique modulo 2π (f est une réflexion si θ ≡ 0 modulo 2π, −idE si θ ≡ π
modulo 2π ).
1.1.5 Dualité
21
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et la famille (e∗1 , . . . , e∗n ) est une base de E ∗ , appelée base duale de la base
(e1 , . . . , en ). En particulier, E ∗ et E ont même dimension : dim E ∗ = dim E.
lav+bw (x) = hav + bw, xi = ahv, xi + bhw, xi = alv (x) + blw (x)
22
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det(u, v, x) = hu ∧ v, xi
Propriétés
Nous nous intéresserons surtout au cas n = 3. C’est pourquoi nous donnerons les
propriétés du produit vectoriel dans ce cadre.
23
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hx, (af + bg)(y)i = ahx, f (y)i + bhx, g(y)i = haf ∗ (x) + bg ∗ (x), yi
24
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et la relation (f ◦ g)∗ = g ∗ ◦ f ∗ de
d’où B = tA.
Un vecteur x de E appartient au noyau de f ∗ si et seulement si f ∗ (x) = 0, i.e. si et
seulement si hf ∗ (x), yi = hx, f (y)i = 0 pour tout vecteur y de E, i.e. si et seulement si
x est orthogonal à l’image de f .
En remplaçant f par f ∗ dans la relation Ker(f ∗ ) = Im(f )⊥ , on obtient Im(f ∗ )⊥ =
Ker((f ∗ )∗ ) = Ker(f ), d’où Ker(f )⊥ = (Im(f ∗ )⊥ )⊥ = Im(f ∗ ).
Le rang d’un endomorphisme est la dimension de son image. Mais :
Les endomorphismes f et f ∗ ont donc même rang. On retrouve ainsi, dans le cas des
matrices réelles carrées, le fait qu’une matrice et sa transposée ont même rang.
Endomorphismes symétriques
Proposition 34. Soit f un endomorphisme d’un espace vectoriel euclidien E. Les
propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) hf (x), yi = hx, f (y)i pour tout couple (x, y) de vecteurs de E ;
(ii) la matrice de f dans toute base orthonormale de E est symétrique ;
(iii) il existe une base orthonormale de E dans laquelle la matrice de f est symé-
trique ;
(iv) f = f ∗ .
Un endomorphisme vérifiant ces propriétés est dit symétrique ou auto-adjoint.
25
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Démonstration : Soit p une projection sur un sous-espace vectoriel F d’un espace vec-
toriel euclidien E dans la direction d’un sous-espace G, s la symétrie par rapport à F
dans la direction G. La relation s = 2 p − idE montre que p est symétrique si et seule-
ment si s l’est. Si p est symétrique, son noyau G et son image F sont supplémentaires
orthogonaux d’après la proposition 36 : p est donc une projection orthogonale. Récipro-
quement, si p est une projection orthogonale, F et G sont supplémentaires orthogonaux
et
hp(x), yi = hp(x), p(y)i + hp(x), y − p(y)i = hp(x), p(y)i
pour tout couple (x, y) de vecteurs de E, puisque p(x) ∈ F et y − p(y) ∈ G sont
orthogonaux. En échangeant x et y, on obtient de même hp(x), p(y)i = hx, p(y)i, d’où
hp(x), yi = hx, p(y)i, ce qui montre que p est un endomorphisme symétrique.
Rappels
Une forme bilinéaire symétrique sur un espace vectoriel réel E est une application
b de E × E dans R linéaire par rapport à chacun de ses arguments et symétrique :
26
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27
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Théorème 2. Toute matrice symétrique réelle est diagonalisable dans R. Plus préci-
sément, pour toute matrice symétrique réelle A, il existe une matrice orthogonale P et
une matrice diagonale réelle D telles que A = tP D P .
Lemme 2. Tout endomorphisme symétrique d’un espace vectoriel euclidien admet au
moins une valeur propre réelle.
soit encore
t2 λkyk2 − hy, f (y)i + 2t (λhx, yi − hf (x), yi) ≥ 0
pour tout y ∈ E et tout réel t. Ce trinôme du second degré en t atteint son minimum
en t = 0, sa dérivée est donc nulle en ce point, ce qui s’écrit hf (x), yi = λhx, yi pour
tout y ∈ E, ou encore hf (x) − λx, yi = 0 pour tout y ∈ E, et implique f (x) = λx.
Remarque : on vérifie immédiatement que la valeur propre λ introduite dans cette
démonstration est la plus grande valeur propre de f .
Lemme 3. Soit E un espace vectoriel euclidien, f un endomorphisme symétrique de
E, Eλ le sous-espace propre de f associé à une valeur propre λ. Alors l’orthogonal Eλ⊥
de Eλ est stable par f .
28
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Corollaire 6. Une matrice réelle symétrique est positive (resp. définie positive) si et
seulement si toutes ses valeurs propres sont positives (resp. strictement positives).
i=1
Dans toute cette section, E désignera un espace affine euclidien de dimension finie
→
−
(souvent égale à 2 ou 3) de direction E . Les points de E seront désignés (sauf exception)
→
−
par des lettres majuscules, les vecteurs de E seront toujours notés avec des flèches pour
les distinguer des points de E. On notera ~u · ~v le produit scalaire de deux vecteurs ~u
et ~v .
Proposition 39. Un espace affine euclidien est naturellement muni d’une distance d,
appelée distance euclidienne, définie par
−→ −→ −→
q
d(A, B) = kABk = AB · AB .
|AB − AC| ≤ BC ≤ AB + AC
29
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Définition 17. Un repère cartésien (O, ~e1 , . . . , ~en ) d’un espace affine euclidien E est
→
−
dit orthonormé (ou orthonormal) si la base (~e1 , . . . , ~en ) de E est orthonormée.
→
−
Un espace affine euclidien E est dit orienté si sa direction E est un espace vectoriel
euclidien orienté.
Définition 18. Deux sous-espaces affines sont dits orthogonaux si leurs directions
sont des sous-espaces vectoriels orthogonaux.
Définition 19. Soit H un hyperplan d’un espace affine euclidien E. On appelle vecteur
normal à H tout vecteur non nul orthogonal à H.
Proposition 41. Soient D1 et D2 deux droites non parallèles de l’espace affine eucli-
dien de dimension 3. Alors il existe une droite et une seule perpendiculaire à D1 et à
D2 . Cette droite est appelée perpendiculaire commune à D1 et D2 et ses points d’in-
tersection A1 et A2 avec D1 et D2 pieds de la perpendiculaire commune. La distance
A1 A2 réalise la distance minimale entre un point de D1 et un point de D2 :
A1 A2 = min{M1 M2 | M1 ∈ D1 , M2 ∈ D2 } = d(D1 , D2 )
30
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Définition 20. Dans un espace affine euclidien de dimension 3, deux plans sont dits
perpendiculaires si leurs vecteurs normaux sont orthogonaux.
Proposition 42. Deux plans d’un espace affine euclidien de dimension 3 sont perpen-
diculaires si et seulement si un de ces plans contient une droite orthogonale à l’autre.
Démonstration : Soient P1 et P2 deux plans de l’espace, ~n1 et ~n2 des vecteurs normaux
à ces plans. Supposons que P1 contienne une droite D orthogonale à P2 . Le vecteur ~n2
est alors un vecteur directeur de D et il est orthogonal à ~n1 , puisque D est incluse dans
P1 .
Réciproquement, si ~n1 et ~n2 sont orthogonaux, pour tout point M de P1 , la droite
passant par M de vecteur directeur ~n2 est orthogonale à P2 et incluse dans P1 .
31
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M H = min{M N | N ∈ F } = d(M, F ) .
32
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33
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34
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Pour tout point Q de C, le segment [P Q] est inclus dans C, puisque C est convexe.
On a donc M P 2 ≤ M R2 pour tout point R de ce segment. Mais R appartient au
−→ −→
segment [M Q] si et seulement si il existe un réel t ∈ [0, 1] tel que P R = tP Q. On a
−−→ −→ −−→ −→
donc M P 2 ≤ (M P +tP Q)2 pour tout t ∈ [0, 1], soit encore 0 ≤ 2tM P ·P Q+t2 P Q2 pour
−−→ −→
tout t ∈ [0, 1]. En divisant par t et en faisant tendre t vers 0, on obtient 0 ≤ M P · P Q.
−−→ −−→
Si un point P 0 de C vérifie P 0 M · P 0 Q ≤ 0 pour tout point Q de C, il vérifie en
−−→ −−→ −−→ −−→
particulier P 0 M · P 0 P ≤ 0, soit encore M P 0 · P P 0 ≤ 0. En ajoutant cette inégalité à
−−→ −−→ −−→ −−→
l’inégalité P M · P P 0 ≤ 0, on obtient P P 02 = P P 0 · P P 0 ≤ 0, d’où P 0 = P .
Soient M et N deux points de E, P = p(M ) et Q = p(N ) leurs projetés sur C. On
−−→ −→ −→ −−→
a M P · P Q ≥ 0 et P Q · QN ≥ 0 d’après la propriété précédente. Il en résulte
−−→ −→ −−→
M N 2 = (M P + P Q + QN )2
−−→ −−→ −−→ −→ −→ −−→
= P Q2 + (M P + QN )2 + 2 M P · P Q + 2 P Q · QN
≥ P Q2
d’où P Q ≤ M N .
Remarque : L’application p définie dans cette proposition est une projection au sens
où elle vérifie p ◦ p = p (tout point de C est son propre projeté). Dans le cas où C
est un sous-espace affine de E, la projection p sur le convexe C n’est autre que la
projection orthogonale sur C définie précédemment. C’est le seul cas où p soit affine,
puisque l’image de E par une application affine est un sous-espace affine et que l’image
de p est C.
Corollaire 8. Soit C un convexe fermé non vide d’un espace affine euclidien E. Pour
tout point M de E n’appartenant pas à C, il existe un hyperplan affine H de E séparant
strictement M de C, i.e. tel que M appartienne à l’un des deux demi-espaces ouverts
délimités par H et que C soit contenu dans l’autre.
et
−→ −−→
IP · IM = −IP 2 < 0
ce qui montre que M appartient à un des deux demi-espaces ouverts délimités par H
et que C est inclus dans l’autre.
Corollaire 9. Tout convexe fermé d’un espace affine euclidien est l’intersection des
demi-espaces ouverts qui le contiennent.
35
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Démonstration : Tout convexe fermé C est clairement inclus dans l’intersection des
demi-espaces ouverts qui le contiennent. Si un point M n’appartient pas à C, il existe
un demi-espace ouvert contenant C et pas M .
On démontrerait de même, en considérant le couple (M, N ) de points minimisant
la distance d’un point de C1 à un point de C2 et l’hyperplan médiateur de [M N ], le
corollaire suivant :
Corollaire 10. Soient C1 et C2 deux convexes compacts disjoints d’un espace affine
euclidien E. Il existe un hyperplan H de E qui sépare strictement C1 de C2 , i.e. tel
que C1 soit inclus dans l’un des deux demi-espaces ouverts délimités par H et C2 dans
l’autre.
S(Ω, R) = {M ∈ E | ΩM = R}
des points de E dont la distance à Ω est égale à R et boule fermée (resp. boule ouverte)
de centre Ω et de rayon R l’ensemble des points de E dont la distance à Ω est inférieure
(resp. strictement inférieure) à R.
Définition 24. Deux points A et A0 d’une sphère S de centre Ω sont dits diamétrale-
ment opposés sur S s’ils sont symétriques par rapport à Ω. On dit alors que [AA0 ] est
un diamètre de la sphère S.
36
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37
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Généralités
Définition 26. Soient E et F deux espaces affines euclidiens. On appelle isométrie
de E dans F toute application f de E dans F qui conserve la distance, i.e. qui vérifie
f (A)f (B) = AB pour tout couple (A, B) de points de E.
Une isométrie est clairement injective, puisque f (A) = f (B) implique AB =
f (A)f (B) = 0 et donc A = B. Elle est bijective si E et F ont même dimension,
en particulier si E = F , ce qui sera presque toujours ici le cas, mais cela ne se voit pas
immédiatement sur la définition. Cela résultera en fait de la proposition fondamentale
suivante :
Proposition 54. Toute isométrie est une application affine.
→
− →
−
Démonstration : Soit O un point de E et f~O l’application de E dans F définie par
−−−−−−→ →
−
f~O (~u) = f (O)f (A) pour tout vecteur ~u de E , où A = O + ~u est l’unique point de E
−→ →
−
tel que ~u = OA. Si ~u et ~v sont deux vecteurs de E et A et B les points de E tels que
−→ −−→
~u = OA, ~v = OB, on a :
−−−−−−→ −−−−−−→
f~O (~u) · f~O (~v ) = f (O)f (A) · f (O)f (B)
1
= f (O)f (A)2 + f (O)f (B)2 − f (A)f (B)2
2
1
= OA2 + OB 2 − AB 2
2
−→ −−→
= OA · OB
= ~u · ~v ,
38
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ce qui montre que f~O conserve le produit scalaire et est donc linéaire d’après la propo-
sition 15. Il en résulte que f est affine, de partie linéaire f~O (qui ne dépend pas de O).
Nous nous intéresserons essentiellement ici aux isométries d’un espace affine eucli-
dien E dans lui-même.
Proposition 55. Soient E un espace affine euclidien et f une transformation affine
de E. Alors f est une isométrie si et seulement si sa partie linéaire f~ est une trans-
formation orthogonale.
−−−−−−→ −→
Démonstration : L’égalité f (A)f (B) = f~(AB) montre que f (A)f (B) = AB pour tout
−→ −→
couple (A, B) de points de E si et seulement si kf~(AB)k = kABk pour tout couple
(A, B) de points de E, ou encore si et seulement si kf~(~v )k = k~v k pour tout vecteur ~v
→
−
de E .
Proposition 56. L’ensemble des isométries d’un espace affine euclidien E est un sous-
groupe du groupe GA(E) des transformations affines de E. Ce groupe est noté Is(E)
et appelé groupe des isométries de E.
→
−
Démonstration : Cet ensemble est l’image réciproque du groupe orthogonal O( E ) de
→
− →
−
E par l’homomorphisme de groupes de GA(E) dans GL( E ) qui à toute transformation
affine f de E associe sa partie linéaire f~.
Définition 27. Une isométrie f d’un espace affine euclidien E est dite directe ou
→
−
positive si sa partie linéaire f~ est une transformation orthogonale positive de E :
→
−
f~ ∈ O+ ( E ). On dit aussi que f est un déplacement.
Une isométrie f de E est dite indirecte ou négative si sa partie linéaire f~ est une
→
− →
−
transformation orthogonale négative de E : f~ ∈ O− ( E ). On dit aussi que f est un
antidéplacement.
Les déplacements constituent un sous-groupe Is+ (E) du groupe des isométries de
E. On note Is− (E) l’ensemble des antidéplacements de E (Is− (E) n’est pas un groupe :
le composé de deux antidéplacements est un déplacement).
Décomposition en produit de réflexions
On rappelle que l’ensemble, noté Fix(f ), des points fixes d’une transformation affine
f d’un espace affine E est soit vide, soit un sous-espace affine de E.
Lemme 4. Toute symétrie orthogonale est une isométrie. En particulier, toute ré-
flexion est un antidéplacement.
39
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d’hyperplan H dans une base orthonormée dont le premier vecteur est orthogonal à H
est diagonale, de diagonale (−1, 1, . . . , 1).
Lemme 5. Soit f une isométrie de E différente de l’identité. Alors il existe une ré-
flexion s telle que dim(Fix(s ◦ f )) > dim(Fix(f )).
(Si f n’a pas de point fixe, il faut comprendre que s ◦ f a au moins un point fixe.)
Démonstration : Soit A un point de E tel que f (A) 6= A et s la réflexion par rapport
à l’hyperplan médiateur H de Af (A). Tout point fixe M de f appartient à H, puisque
M f (A) = f (M )f (A) = M A, et est donc fixe par s ◦ f . Comme A n’appartient pas à
H et est fixe par s ◦ f , Fix(s ◦ f ) est un sous-espace affine de E contenant strictement
Fix(f ).
On en déduit par récurrence sur la dimension du sous-espace des points fixes, que
les réflexions engendrent le groupe des isométries. Plus précisément :
Théorème 3. Toute isométrie f d’un espace affine euclidien E de dimension n peut
se décomposer en produit de k réflexions, avec k ≤ n − p, où p est la dimension du
sous-espace des points fixes de f (p = −1 si f n’a pas de point fixe).
On en déduit que :
40
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Lemme 6. Le produit de deux réflexions d’axes parallèles est une translation de vec-
teur orthogonal aux axes de ces réflexions. Réciproquement, toute translation peut se
décomposer en produit de deux réflexions, l’axe de l’une pouvant être choisi arbitraire-
ment parmi toutes les droites orthogonales au vecteur de la translation et l’axe de la
seconde étant alors uniquement déterminé.
Démonstration : Deux réflexions d’axes parallèles ont même partie linéaire, qui est une
réflexion vectorielle. Leur produit est donc une transformation affine de partie linéaire
l’identité, i.e. une translation. Pour trouver le vecteur de cette translation, il suffit de
connaître l’image d’un point. Soit donc s et s0 deux réflexions d’axes parallèles D et
D0 , ∆ une droite perpendiculaire à D et D0 les coupant respectivement en A et A0 . Le
point A00 = sD0 ◦ sD (A) = sD0 (A) est le symétrique de A par rapport à A0 et vérifie
−−→ −−→ −−→
donc AA00 = 2 AA0 . Il en résulte que sD0 ◦ sD est la translation de vecteur 2 AA0 . La
réciproque est immédiate (on peut choisir l’un des deux points A et A0 arbitrairement,
l’autre est alors uniquement déterminé).
→
−
La partie linéaire f~ d’un antidéplacement f est une réflexion vectorielle. Soit D son
axe.
Si f admet un point fixe A, f est la réflexion vectorielle d’axe la droite D de
→
−
direction D passant par A.
Sinon, il existe un vecteur ~u tel que t−~u ◦ f admette un point fixe et soit donc une
→
−
réflexion sD d’axe D. On décompose le vecteur ~u sous la forme ~u = ~v + w, ~ où ~v ∈ D
→
−
et w~ est orthogonal à D . On a alors f = t~u ◦ sD = t~v ◦ tw~ ◦ sD . On peut alors (lemme
6) décomposer tw~ sous la forme tw~ = sD0 ◦ sD , où D0 est une droite parallèle à D. Il en
−
→
résulte f = t~v ◦ sD0 où ~v ∈ D0 .
41
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Définition 28. Soit D une droite et ~v un vecteur non nul appartenant à la direction
de D. On appelle symétrie glissée d’axe D et de vecteur ~v le produit de la réflexion
d’axe D et de la translation de vecteur ~v .
Ce produit est commutatif : sD ◦ t~v = t~v ◦ sD . Une symétrie glissée n’admet pas de
point fixe. L’axe et le vecteur d’une symétrie glissée f sont entièrement déterminés :
en effet l’axe peut être caractérisé comme :
– l’ensemble des milieux des segments [M f (M )] ;
– l’ensemble des points M du plan tels que la distance M f (M ) soit minimale ;
−−−−−→
– l’ensemble des points M du plan tels que le vecteur M f (M ) appartienne à l’axe
de f~.
On a donc démontré :
Proposition 58. Tout antidéplacement du plan est une réflexion ou une symétrie
glissée.
42
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tout plan P orthogonal à D et sa restriction à un tel plan est une rotation de centre le
point d’intersection de P et de D et d’angle θ) ;
– soit f n’a pas de point fixe ; il existe alors un vecteur ~u tel que t−~u ◦ f admette
un point fixe et soit donc une rotation r d’axe D ; on décompose le vecteur ~u sous la
→
− →
−
~ où ~v ∈ D et w
forme ~u = ~v + w, ~ est orthogonal à D ; on a alors f = t~u ◦ r = t~v ◦ tw~ ◦ r ;
mais tw~ ◦ r laisse globalement invariant tout plan orthogonal à D et sa restriction à un
tel plan est une rotation plane d’angle θ (composée d’une translation et d’une rotation
plane) ; soit D0 la droite parallèle à D passant par le centre d’une de ces rotations ; tw~ ◦r
est alors la rotation de E d’axe D0 et d’angle θ ; il en résulte que f est produit d’une
rotation et d’une translation de vecteur un vecteur directeur de l’axe de la rotation ;
ce produit est commutatif.
Définition 29. Soit D une droite orientée, θ un réel 6≡ 0 (mod 2π) et ~v un vecteur
non nul appartenant à la direction de D. On appelle vissage d’axe D, d’angle θ et de
vecteur ~v le produit commutatif de la rotation d’axe D et d’angle θ et de la translation
de vecteur ~v .
On vérifie que cette décomposition est unique. L’axe D peut être caractérisé comme :
– l’ensemble des points M de l’espace tels que la distance M f (M ) soit minimale ;
−−−−−→
– l’ensemble des points M de l’espace tels que le vecteur M f (M ) appartienne à
l’axe de la rotation vectorielle f~.
Un demi-tour est donc simplement une symétrie orthogonale par rapport à une
droite. Les retournements sont les seuls déplacements involutifs. Leur importance vient
en particulier du fait qu’ils engendrent le groupe des déplacements, comme le montre
la proposition suivante.
Antidéplacements
La partie linéaire f~ d’un antidéplacement f est soit une réflexion vectorielle, soit une
antirotation vectorielle (isométrie vectorielle gauche). Si f~ est une réflexion vectorielle,
on montre comme dans le cas des antidéplacements du plan que f est soit une réflexion,
43
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soit une symétrie glissée (produit commutatif d’une réflexion et d’une translation de
vecteur appartenant à la direction du plan de la réflexion). Si f~ est une antirotation, 1
n’est pas valeur propre de f~ ; il en résulte que f admet un point fixe et un seul ; f est
donc encore une antirotation (produit commutatif d’une rotation et d’une réflexion de
plan orthogonal à l’axe de la rotation).
Proposition 60. Soit E un espace affine euclidien et A une partie non vide de E.
L’ensemble G des isométries f de E qui conservent A (i.e. qui vérifient f (A) = A) est
un sous-groupe du groupe Is(E) des isométries de E. L’ensemble G+ des déplacements
de E qui conservent A est un sous-groupe de G. L’ensemble G− des antidéplacements
de E qui conservent A est, soit vide, soit en bijection avec G+ . En particulier, si G+
est fini et G− non vide, G+ et G− ont le même nombre d’éléments.
44
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Proposition 61. Soit E un espace affine euclidien et A une partie finie non vide de
E. Toute isométrie de E qui conserve A laisse fixe l’isobarycentre de A. Il en résulte
que le groupe G de ces isométries est isomorphe à un sous-groupe du groupe orthogonal
→
− →
−
O( E ) de E .
Démonstration : Une isométrie est une application affine et toute application affine
conserve les barycentres. Il en résulte que l’isobarycentre O de A est fixe par toute
isométrie conservant A. L’application f 7→ f~ est un isomorphisme du groupe des iso-
→
−
métries de E laissant O fixe sur le groupe orthogonal de E ; G est donc isomorphe à
→
−
son image par cet homomorphisme, qui est un sous-groupe de O( E ).
45
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B C
Similitudes
Définition 31. On appelle similitude d’un espace affine euclidien E toute application
f de E dans E telle qu’il existe un réel k > 0 tel qu’on ait f (A)f (B) = kAB pour tout
couple (A, B) de points de E. Le nombre k est appelé rapport de la similitude.
Proposition 62. Toute similitude est une transformation affine. L’ensemble des simi-
litudes d’un espace affine euclidien E constitue un sous-groupe du groupe GA(E) des
transformations affines de E. Les homothéties et les isométries engendrent ce sous-
groupe : plus précisément, si f est une similitude de rapport k et h une homothétie de
rapport k (et de centre quelconque), f ◦ h−1 est une isométrie.
Définition 32. Une similitude f est dite directe si detf~ > 0, indirecte si detf~ < 0.
Deux figures sont dites semblables (resp. directement semblables) s’il existe une
similitude (resp. une similitude directe) transformant la première en la seconde.
46
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Proposition 63. Toute similitude qui n’est pas une isométrie admet un point fixe et
un seul.
Similitudes planes
Proposition 64. Toute similitude directe d’un plan affine euclidien qui n’est pas une
isométrie est le produit commutatif d’une homothétie de rapport positif et d’une rotation
de même centre. Cette décomposition est unique.
Une similitude directe qui n’est pas une isométrie est donc caractérisée par son
centre (son seul point fixe), son rapport et son angle (l’angle de la rotation de la
décomposition précédente).
Démonstration : Soit f une similitude plane directe de rapport k > 0 différent de 1.
D’après la proposition 63, f admet un point fixe O et un seul. Soit h l’homothétie de
centre O et de rapport k. La transformation affine g = f ◦ h−1 est une isométrie directe
laissant fixe le point O, i.e. une rotation de centre O, et on a f = g ◦ h. Comme une
homothétie de centre O commute avec toute transformation affine laissant O fixe, on
a f = g ◦ h = h ◦ g.
Si f = g 0 ◦ h0 est une décomposition de f en produit (nécessairement commutatif)
d’une homothétie de rapport k 0 > 0 et d’une rotation de même centre O0 , on a k = k 0
et O = O0 , puisque O est le seul point fixe de f , d’où h = h0 et g = g 0 , ce qui établit
l’unicité de la décomposition.
Proposition 65. Toute similitude indirecte d’un plan affine euclidien qui n’est pas
une isométrie est le produit commutatif d’une homothétie de rapport positif et d’une
réflexion dont l’axe passe par le centre de l’homothétie. Cette décomposition est unique.
Une similitude indirecte qui n’est pas une isométrie est donc caractérisée par son
centre (l’unique point fixe), son rapport et son axe (l’axe de la réflexion de la décom-
position précédente), qui est une droite passant par le centre.
Démonstration : Soit f une similitude plane indirecte de rapport k > 0 différent de
1. D’après la proposition 63, f admet un point fixe O et un seul. Soit h l’homothétie
de centre O et de rapport k. La transformation affine g = f ◦ h−1 est une isométrie
indirecte laissant fixe le point O, i.e. une réflexion d’axe passant par O, et on a f = g◦h.
Comme une homothétie de centre O commute avec toute transformation affine laissant
O fixe, on a f = g ◦ h = h ◦ g.
Si f = g 0 ◦ h0 est une décomposition de f en produit (nécessairement commutatif)
d’une homothétie de centre O0 et de rapport k 0 > 0 et d’une réflexion d’axe passant
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Un triangle ABC est dit rectangle en A si l’angle  est droit ; le côté BC est alors
appelé hypoténuse.
Il est dit acutangle si ses trois angles sont aigus, isocèle en A si les côtés AB et AC
ont même longueur, équilatéral si ses trois côtés ont même longueur.
Proposition 68. Formule d’Al Kashi
Dans tout triangle ABC, on a :
a2 = b2 + c2 − 2bc cos  .
Proposition 69. Pour tout triangle ABC, la somme des angles orientés de vecteurs
−→
\ −→ −−→
\ −→ −→
\ −−→
(AB, AC) + (BC, BA) + (CA, CB) est égale à l’angle plat. Les mesures principales de
ces trois angles (comprises entre −π et +π) ont même signe et la somme des mesures
des angles géométriques du triangle est égale à π.
−→
\ −→ −−→
\ −→ −→\ −−→
Démonstration : L’égalité (AB, AC) + (BC, BA) + (CA, CB) = π (où on a identifié
l’angle plat et sa mesure π) découle de la relation de Chasles pour les angles orientés
−−→
\ −→ −−→
\ −→ −→\ −−→ −→
\ −−→
et des relations (BC, BA) = (BC, AB) + π et (CA, CB) = (AC, BC).
−−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −−→
Les égalités det(BC, BA) = det(AC−AB, −AB) = det(AB, AC) et det(CA, CB) =
−→ −→
det(AB, AC) montrent que les sinus de ces trois angles orientés ont le même signe. Il
en résulte que la somme des mesures des angles géométriques Â, B̂, Ĉ du triangle est
égale à π.
1 −→ −→ 1 −−→ −→ 1 −→ −−→
Le réel det(AB, AC) = det(BC, BA) = det(CA, CB) est l’aire algébrique du
2 2 2
triangle orienté ABC. Sa valeur absolue est l’aire géométrique de ce triangle et s’écrit
1 1 1
aussi AB × AC × sin(Â) = BC × BA × sin(B̂) = CA × CB × sin(Ĉ).
2 2 2
Elle est aussi égale au demi-produit de la longueur d’un des côtés par la longueur de
la hauteur correspondante (distance de la droite portant ce côté au sommet opposé).
Médiatrices, cercle circonscrit
Proposition 70. Les trois médiatrices d’un triangle sont concourantes. Leur point de
concours est l’unique point du plan équidistant des trois sommets. C’est aussi le centre
de l’unique cercle du plan passant par ces trois sommets. Ce cercle est appelé cercle
circonscrit au triangle.
49
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Démonstration : Les médiatrices de deux côtés sont sécantes, sinon ces côtés seraient
parallèles et le triangle aplati. Leur point d’intersection est équidistant des trois som-
mets du triangle et appartient donc à la troisième médiatrice.
Hauteurs, orthocentre
Définition 33. On appelle hauteurs d’un triangle les droites perpendiculaires aux côtés
passant par le sommet opposé.
Proposition 71. Les trois hauteurs d’un triangle sont concourantes en un point appelé
orthocentre du triangle.
Démonstration : Les parallèles aux côtés menées par les sommets opposés déterminent
un triangle A0 B 0 C 0 . Les hauteurs du triangle initial ABC sont les médiatrices du tri-
angle A0 B 0 C 0 : elles sont donc concourantes.
50
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Proposition 72. La bissectrice intérieure en A d’un triangle ABC coupe le côté [BC]
en un point A1 (appelé pied de cette bissectrice) qui est le barycentre du système pon-
déré [(B, b), (C, c)]. La bissectrice extérieure en A est perpendiculaire à la bissectrice
intérieure. Elle ne rencontre pas l’intérieur du triangle et coupe, si le triangle n’est
pas isocèle en A, la droite (BC) en un point A01 qui est le barycentre du système pon-
déré [(B, b), (C, −c)]. Les points A1 et A01 sont donc les deux points de la droite (BC)
vérifiant :
A1 B A0 B AB
= 10 = .
A1 C A1 C AC
b c
Démonstration : Soit A1 = B+ C le barycentre du système pondéré [(B, b),
b+c b+c
(C, c)]. Le point A1 appartient au segment [BC] et les aires algébriques S1 et S2 des
triangles ABA1 et AA1 C vérifient
−→ −−→ −→\ −−→
2S1 = det(AB, AA1 ) = AB × AA1 × sin((AB, AA1 ))
−−→ −→ −−\
→ −→
2S2 = det(AA1 , AC) = AC × AA1 × sin((AA1 , AC)) .
−−→ b −→ c −→
Mais il ressort de l’égalité AA1 = AB + AC que
b+c b+c
c −→ −→ b −→ −→
2S1 = det(AB, AC), 2S2 = det(AB, AC) ,
b+c b+c
−→\ −−→ −−\
→ −→ −→\ −−→ −−\→ −→
d’où sin((AB, AA1 )) = sin((AA1 , AC)) et (AB, AA1 ) = (AA1 , AC) (on ne peut avoir
−→\ −−→ −−\
→ −→
(AB, AA1 ) + (AA1 , AC) = π sinon le triangle serait aplati). Le point A1 appartient
donc à la bissectrice intérieure en A du triangle ABC.
La démonstration est analogue pour le point A01 .
Proposition 73. Les bissectrices intérieures d’un triangle ABC sont concourantes en
un point de coordonnées barycentriques (a, b, c) dans le repère affine (A, B, C). Ce point
est centre d’un cercle tangent aux trois côtés du triangle, appelé cercle inscrit dans le
triangle ABC. Chaque bissectrice intérieure rencontre les bissectrices extérieures en les
deux autres sommets en un point qui est également centre d’un cercle tangent aux trois
côtés du triangle. Ces trois cercles sont appelés cercles exinscrits.
51
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Il y a donc exactement quatre points équidistants des trois côtés d’un triangle ;
chacun de ces points est intersection de trois bissectrices et centre d’un cercle tangent
aux trois côtés.
a b
Démonstration : Il suffit de vérifier que le point I = A+ B+
a+b+c a+b+c
c
C appartient aux trois bissectrices intérieures du triangle. Ce point est in-
a+b+c
térieur au triangle. Les points de coordonnées barycentriques respectives (−a, b, c),
(a, −b, c), (a, b, −c) sont extérieurs au triangle et appartiennent tous à deux bissectrices
extérieures et une bissectrice intérieure. Ils sont ainsi équidistants des trois droites por-
tant les côtés du triangle.
Cercles
Si OM > R (resp. OM < R), on dit que M est extérieur (resp. intérieur) au cercle.
Représentation paramétrique, équation
Dans le plan rapporté à un repère orthonormé (O,~i, ~j), le cercle de centre Ω(a, b)
et de rayon R admet la représentation paramétrique :
(
x = a + R cos t
(t ∈ [0, 2π[)
y = b + R sin t
52
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cette forme est celle d’un cercle si a2 + b2 − c ≥ 0 (si a2 + b2 − c = 0, ce cercle est réduit
à un point ; si a2 + b2 − c < 0, l’ensemble des points la vérifiant est vide).
Intersection d’une droite et d’un cercle, tangentes
Proposition 74. Soit, dans le plan affine euclidien, D une droite et C un cercle de
centre O et de rayon R. L’intersection de D et de C est :
– constituée de deux points si d(O, D) < R ;
– réduite à un point si d(O, D) = R ;
– vide si d(O, D) > R.
53
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Ce nombre permet de situer le point M par rapport au cercle. Plus précisément :
– M est extérieur au cercle si et seulement si pC (M ) > 0 ;
– M appartient au cercle si et seulement si pC (M ) = 0 ;
– M est intérieur au cercle si et seulement si pC (M ) < 0.
En particulier, si le point M est extérieur au cercle, on a pC (M ) = M T 2 = M T 02 , où
T et T 0 sont les points de contact des deux tangentes menées par M au cercle C.
Expression analytique. Le plan étant rapporté à un repère orthonormé, la puissance
du point M (x, y) par rapport au cercle C d’équation x2 + y 2 − 2ax − 2by + c = 0 est
pC (M ) = x2 + y 2 − 2ax − 2by + c.
Axe radical de deux cercles
Proposition 77. Soient C et C 0 deux cercles distincts du plan affine euclidien. L’en-
semble des points du plan ayant même puissance par rapport à C et C 0 est :
– vide si C et C 0 sont concentriques ;
– une droite perpendiculaire à la droite des centres si leurs centres sont distincts.
Cette droite est alors appelée axe radical des deux cercles.
Dans le cas où les cercles sont sécants, leur axe radical est la droite passant par
les deux points d’intersection de ces cercles. Dans le cas où ils sont tangents, leur axe
radical est leur tangente commune.
Faisceaux linéaires de cercles
Définition 36. Soient C1 et C2 deux cercles non concentriques du plan affine euclidien.
On appelle faisceau de cercles engendré par C1 et C2 l’ensemble des cercles C du plan
tels que l’axe radical de C et C1 soit égal à l’axe radical de C1 et C2 .
54
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Proposition 78. Soient C1 et C2 deux cercles non concentriques du plan affine eucli-
dien rapporté à un repère orthonormé, d’équations respectives f1 (x, y) = 0 et f2 (x, y) =
0. Le faisceau de cercles engendré par C1 et C2 est l’ensemble des cercles du plan d’équa-
tion αf1 (x, y) + (1 − α)f2 (x, y) = 0, pour α ∈ R.
On a supposé ici les équations normalisées (les coefficients de x2 et y 2 égaux à
1). L’équation f1 (x, y) − f2 (x, y) = 0 est alors l’équation de l’axe radical de deux
quelconques des cercles du faisceau.
Théorème de l’angle inscrit, cocyclicité
Proposition 79. (Théorème de l’angle inscrit).
Soient A, B et C trois points distincts d’un cercle de centre O, TB la tangente en
B à ce cercle. Alors on a les égalités d’angles orientés de vecteurs :
−−→
\ −→ \
(OB, OC) = 2(AB, AC) = 2(T\
B , BC) .
−−→
\ −→ \
L’angle (OB, OC) est un angle orienté de vecteurs, et les angles (AB, AC) et
(T\ \ \
B , BC) des angles orientés de droites ; mais 2(AB, AC) (resp. 2(TB , BC)) est alors
aussi un angle orienté de vecteurs (dont la mesure, en supposant le plan orienté, est
définie modulo 2π).
Démonstration : Soit s1 (resp. s2 ) la réflexion d’axe la médiatrice ∆1 de [AB] (resp. la
médiatrice ∆2 de [AC]). La composée s2 ◦ s1 est une rotation de centre O (puisque ∆1
−−→
\ −→
et ∆2 se coupent en O) qui transforme B en C. Son angle est donc (OB, OC) ; mais
\
c’est aussi 2(∆ \
1 , ∆2 ) d’après la proposition 24, qui est égal à (AB, AC), puisque ∆1
est orthogonale à (AB) et ∆2 à (AC).
De même, si s4 est la réflexion d’axe la médiatrice ∆ de [BC] et s3 la réflexion
d’axe (OB), la composée s4 ◦ s3 est la rotation de centre O transformant B en C, i.e. la
−−→
\ −→ −−→
\ −→ \
rotation de centre O et d’angle (OB, OC), d’où (OB, OC) = 2(OB, ∆) = 2(T\B , BC),
puisque les droites (OB) et ∆ sont respectivement orthogonales à (OB) et (BC).
55
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Remarque : l’égalité impliquant la tangente peut être vue comme le cas limite de
l’égalité précédente quand le point A tend vers le point B.
Plus précisément, ils sont alignés si et seulement si ces deux angles de droites sont
−→
\ −→ −−→
\ −−→
nuls (ce qui revient à dire que les angles de vecteurs (AB, AC) et (DB, DC) sont nuls
ou plats), cocycliques si ces angles sont égaux mais non nuls.
Démonstration : Le cas des points alignés est trivial.
Si les quatre points sont cocycliques et si O est le centre du cercle les contenant, le
−−→
\ −→ \ \
théorème de l’angle inscrit nous dit que (OB, OC) = 2(AB, AC) = 2(DB, DC) (égalité
\
d’angles orientés de vecteurs). Il en résulte que (AB, AC) = (DB,\ DC) (égalité d’angles
orientés de droites).
Réciproquement, si (AB,\ AC) = (DB, \ DC) n’est pas l’angle nul, les triangles ABC
et DBC ne sont pas aplatis. Soient alors Γ1 et Γ2 les cercles circonscrits à ces triangles,
T1 et T2 les tangentes en B à ces cercles. Il résulte de la proposition 79 que T1 = T2 .
Les deux cercles Γ1 et Γ2 ont même tangente en B et passent par les deux points B et
C : ils sont donc confondus et les points A, B, C et D sont cocycliques.
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soit E un espace vectoriel euclidien. Parmi les affirmations suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Deux vecteurs u et v sont orthogonaux si et seulement si ku+vk2 = kuk2 +kvk2 .
2. Deux vecteurs u et v sont orthogonaux si et seulement si ku−vk2 = kuk2 +kvk2 .
3. Deux vecteurs u et v ont même norme si et seulement si les vecteurs u + v et
u − v ont même norme.
4. Deux vecteurs u et v ont même norme si et seulement si les vecteurs u + v et
u − v sont orthogonaux.
5. Deux vecteurs u et v sont orthogonaux si et seulement si les vecteurs u + v et
u − v ont même norme.
6. Soient A et B deux parties de E telles que A ⊂ B. Alors B ⊥ ⊂ A⊥ .
7. Soient A et B deux parties non vides de E telles que B ⊥ ⊂ A⊥ . Alors A ⊂ B.
8. Soient A et B deux parties non vides de E telles que B ⊥ ⊂ A⊥ . Alors Vect(A) ⊂
Vect(B).
9. Soient A et B deux parties non vides de E telles que A⊥ = B ⊥ . Alors A = B.
10. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E tels que dim(F ) ≤ dim(G).
Alors dim(G⊥ ) ≤ dim(F ⊥ ).
11. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E. Alors (F + G)⊥ = F ⊥ ∩ G⊥ .
12. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E. Alors (F ∪ G)⊥ = F ⊥ ∩ G⊥ .
13. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E. Alors (F ∩ G)⊥ = F ⊥ ∪ G⊥ .
14. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E. Alors (F ⊥ ∩ G⊥ )⊥ = F ∪ G.
15. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E. Alors (F ⊥ ∩ G⊥ )⊥ = F + G.
16. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels supplémentaires de E. Alors F ⊥ et
G⊥ sont des sous-espaces vectoriels supplémentaires de E.
17. Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E tels que F + G = E. Alors
F ⊥ ∩ G⊥ = ∅.
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Vrai-Faux 5. On se place dans un plan affine euclidien. Parmi les affirmations suivantes,
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Deux rotations commutent si et seulement si elles ont même centre.
2. Le composé de deux rotations est toujours une rotation.
3. Le composé d’une rotation et d’une translation est toujours une rotation.
4. Le composé de deux réflexions d’axes parallèles est une translation.
5. Toute translation peut s’écrire comme composé de deux réflexions.
6. Le composé de deux rotations d’angles opposés et de centres respectifs O1 et
−−−→
O2 est une translation de vecteur colinéaire à O1 O2 .
7. Deux réflexions d’axes sécants commutent.
8. Deux réflexions commutent si et seulement si leurs axes sont confondus ou
perpendiculaires.
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2.2 Exercices
Exercice 1. Soit E un espace vectoriel euclidien de dimension n, (e1 , . . . , en ) une base
orthonormale de E, H un hyperplan vectoriel de E d’équation a1 x1 + · · · + an xn = 0
dans cette base. Donner la matrice dans la base (e1 , . . . , en ) des projections orthogonales
sur H ⊥ et sur H.
Exercice 2. 1) Soit v un vecteur non nul d’un espace vectoriel euclidien E de dimension
n. Exprimer en fonction de u et v le projeté orthogonal u0 d’un vecteur u de E sur
l’hyperplan orthogonal à v.
60
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1 0 0
rotation vectorielle dont on précisera l’axe et l’angle.
Exercice 9. Soit, dans un espace vectoriel euclidien
de dimension
3 rapporté à une
0 1 0
base orthonormée, f l’endomorphisme de matrice 0 0 1. Montrer que f est une
−1 0 0
antirotation dont on déterminera l’axe et l’angle.
Exercice 10. Dans un espace vectoriel euclidien de dimension 3, déterminer le produit
de deux demi-tours. Montrer que toute rotation vectorielle peut s’écrire comme produit
de deux demi-tours. Cette écriture est-elle unique ?
61
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Exercice 11. 1) Soit, dans un espace vectoriel euclidien de dimension 3, s une réflexion
vectorielle de plan P , r une rotation vectorielle d’axe D et u un vecteur directeur de
D. Montrer que si s ◦ r = r ◦ s, alors s(u) = ±u et r(P ) = P .
2) Donner une condition nécessaire et suffisante pour qu’une rotation vectorielle et
une réflexion vectorielle commutent.
62
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Exercice 15. On identifie, dans tout cet exercice, toute matrice réelle à n lignes et
p colonnes à l’application linéaire de Rp dans Rn qui lui est associée. On identifie
également tout vecteur de Rp à la matrice colonne de ses composantes.
1) Soit M une matrice à n lignes et p colonnes et X un vecteur de Rp . Exprimer
t t
X M M X en fonction de la norme euclidienne de M X.
2) Montrer que la matrice tM M est symétrique positive.
3) Comparer les noyaux, puis les rangs, de M et tM M .
4) Montrer que tM M est définie positive si et seulement si les vecteurs colonnes de
M sont linéairement indépendants.
de sa matrice de Gram.
1) Soit (e1 , . . . , en ) une base orthonormale de E et M la matrice des vecteurs
(v1 , . . . , vp ) dans cette base. Montrer que Gram(v1 , . . . , vp ) = tM M . En déduire que
G(v1 , . . . , vp ) ≥ 0.
2) Montrer que les vecteurs v1 , . . . , vp sont linéairement indépendants si et seulement
si G(v1 , . . . , vp ) > 0.
3) Soient a ∈ E, F un sous-espace vectoriel de E et (w1 , . . . , wp ) une base (non
nécessairement orthonormée) de F . Montrer que la distance d(a, F ) de a au sous-espace
vectoriel F est donnée par :
G(a, w1 , . . . , wp )
d(a, F )2 = .
G(w1 , . . . , wp )
63
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α + β + γ ≤ 2π, α ≤ β + γ, β ≤ γ + α, γ ≤α+β .
Exercice 17. Soit E un espace vectoriel euclidien de dimension n, (v1 , . . . , vn ) une base
de E, G la matrice de Gram de la famille (v1 , . . . , vn ), f un endomorphisme de E de
matrice A dans la base (v1 , . . . , vn ).
1) Exprimer en fonction de A et de G la matrice de l’endomorphisme adjoint f ∗ de
f dans la base (v1 , . . . , vn ).
2) Montrer que f est symétrique si et seulement si GA = tAG.
Exercice 19. 1) Montrer que toute matrice symétrique positive A (i.e. vérifiant tX A X ≥
0 pour tout X) possède une racine carrée symétrique positive (i.e. une matrice A1 sy-
métrique positive vérifiant A21 = A).
2) En déduire que toute matrice symétrique positive d’ordre n est la matrice de
Gram d’une famille de n vecteurs.
64
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Exercice 21. Soit A ∈ M3 (R) une matrice symétrique définie positive et V l’ellipsoïde
plein
V = {(x1 , x2 , x3 ) ∈ R3 |t XAX ≤ 1}
où X = t(x1 , x2 , x3 ). Exprimer en fonction des valeurs propres de A le rayon R de la
plus petite boule de centre l’origine contenant V et le rayon r de la plus grande boule
de centre l’origine contenue dans V .
kAU − V k = min{kAW − V k | W ∈ Rm } .
65
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Exercice 23. Soient B et C deux points d’un espace affine euclidien E et b et c deux
réels positifs vérifiant b + c = BC. Montrer qu’il existe un et un seul point A de E
vérifiant AB = c et AC = b et que ce point appartient au segment [BC]. En particulier
1
le milieu I de BC est l’unique point de E vérifiant IB = IC = BC.
2
Exercice 24. Fonction scalaire de Leibniz
Soit (Ai , λi )i=1,...,n un système de points pondérés d’un espace affine euclidien E.
n
λi M A2i .
P
On définit une fonction ϕ de E dans R par ϕ(M ) =
n
i=1
n
λi 6= 0. Montrer que ϕ(M ) = λi M G2 + ϕ(G), où G est le
P P
1) On suppose
i=1 i=1
barycentre du système pondéré (Ai , λi )i=1,...,n .
En particulier, si I est le milieu d’un segment AB, on obtient l’identité de la médiane :
AB 2
M A2 + M B 2 = 2M I 2 + 2AI 2 = 2M I 2 + .
2
n −−→
λi = 0. Montrer que ϕ(M ) = 2M N · ~u + ϕ(N ) pour tout couple
P
2) On suppose
i=1
n
P −−→
(M, N ) de points de E, où le vecteur ~u = λi N Ai ne dépend pas du point N .
i=1
3) Application : Soient A et B deux points d’un plan affine euclidien E et k un réel
non nul. Déterminer l’ensemble des points M de E vérifiant M A2 + M B 2 = k (resp.
MA
M A2 − M B 2 = k, = k).
MB
Exercice 25. Le plan est rapporté à un repère orthonormé . Donner l’expression en
coordonnées de la projection orthogonale sur la droite D d’équation x + 2y + 3 = 0,
puis de la symétrie orthogonale par rapport à cette même droite.
66
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Exercice 27. L’espace est rapporté à un repère orthonormé. Donner des équations de
la perpendiculaire commune aux droites D1 d’équations
x + y −z−1=0
2x + y + z = 0
Exercice 28. Montrer qu’un point d’un espace affine euclidien E est uniquement dé-
terminé par ses distances aux points d’un repère affine, i.e. que si (A0 , A1 , . . . , An ) est
un repère affine de E, l’application M 7→ (M A0 , M A1 , . . . , M An ) de E dans Rn+1 est
injective.
Exercice 29. Soit E un espace affine euclidien et p la projection affine sur un sous-
espace affine F de E dans la direction d’un sous-espace affine G. Montrer que p est
1-lipschitzienne (i.e. vérifie p(M )p(N ) ≤ M N pour tout couple (M, N ) de points de
→
− →
−
E) si et seulement si p est une projection orthogonale (i.e. si et seulement si F et G
→
−
sont des sous-espaces vectoriels supplémentaires orthogonaux de E ).
Exercice 30. L’espace affine euclidien de dimension 3 est rapporté à un repère or-
thonormé. Donner une condition nécessaire et suffisante pour que deux plans P et
P 0 d’équations respectives ax + by + cz + d = 0 et a0 x + b0 y + c0 z + d0 = 0 soient
perpendiculaires.
Exercice 31. Montrer que deux droites orthogonales de l’espace affine euclidien de
dimension 3 se projettent orthogonalement sur un plan P en deux droites orthogonales
si et seulement si l’une de ces droites est parallèle à P , l’autre n’étant pas orthogonale
à P.
Exercice 32. Soit, dans l’espace rapporté à un repère orthonormé, D1 la droite d’équa-
tions
x + 4y + z − 12 = 0, 2x + 2y − z − 9 = 0
et D2 la droite définie par le point B de coordonnées (2, 1, 4) et le vecteur directeur ~v2
de composantes (1, −1, 1).
1) Donner un vecteur directeur de D1 .
2) Donner un vecteur directeur de la perpendiculaire commune ∆ à D1 et D2 .
3) Donner une équation cartésienne du plan Q1 défini par D1 et ∆.
4) Donner une équation cartésienne du plan Q2 défini par D2 et ∆.
5) Donner les coordonnées des pieds de la perpendiculaire commune ∆.
6) Calculer la distance de la droite D1 à la droite D2 .
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Exercice 33. Dans l’espace affine euclidien de dimension 3 rapporté à un repère or-
thonormé d’origine O, on considère les trois points A(a, 0, 0), B(0, b, 0), C(0, 0, c), avec
abc 6= 0.
1) Ecrire l’équation du plan (ABC). Donner un vecteur normal à ce plan.
2) Montrer que le projeté orthogonal H de O sur le plan (ABC) est l’orthocentre
du triangle ABC.
3) Ecrire l’équation de la sphère circonscrite au tétraèdre OABC. Déterminer son
−→ −→
rayon et les coordonnées de son centre Ω. Comparer les vecteurs OΩ et OG, où G est
l’isobarycentre des sommets du tétraèdre.
Exercice 34. Soit ABCD un tétraèdre non aplati de l’espace affine euclidien de di-
mension 3. Montrer qu’il existe une sphère et une seule passant par les 4 points A, B,
C et D. Cette sphère est appelée sphère circonscrite au tétraèdre.
Exercice 35. Dans l’espace rapporté à un repère orthonormé, on considère les deux
sphères S1 et S2 d’équations respectives :
x2 + y 2 + z 2 − 2x + 4y − 6z − 11 = 0
et
x2 + y 2 + z 2 − 6x − 4z + 9 = 0 .
1) Donner pour chacune de ces sphères les coordonnées de son centre et son rayon.
2) Montrer que S1 et S2 sont tangentes. Donner les coordonnées de leur point de
contact et l’équation de leur plan tangent en ce point.
3) Montrer qu’il existe exactement deux homothéties transformant S1 en S2 . Donner
pour chacune de ces homothéties son rapport et les coordonnées de son centre.
Exercice 36. Soient, dans le plan affine euclidien rapporté à un repère orthonormé
(O,~i, ~j), D et D0 deux droites sécantes d’équations respectives ax + by + c = 0 et
a0 x + b0 y + c0 = 0. Ecrire l’équation de la réunion des deux bissectrices de ces droites.
Exercice 37. Soient P et P 0 deux plans de l’espace affine euclidien E de dimension 3
d’équations respectives ax + by + cz + d = 0 et a0 x + b0 y + c0 z + d0 = 0 dans un repère
orthonormé. Déterminer l’ensemble des points M de E équidistants de P et P 0 .
Exercice 38. Montrer que, dans le plan affine euclidien rapporté à un repère ortho-
normé, la tangente en M0 (x0 , y0 ) au cercle d’équation x2 + y 2 − 2ax − 2by + c = 0 a
pour équation x0 x + y0 y − a(x + x0 ) − b(y + y0 ) + c = 0.
Exercice 39. Montrer que par tout point M du plan extérieur à un cercle C de centre
O on peut mener deux tangentes à C et que ces tangentes sont symétriques par rapport
à la droite OM . Donner une construction de ces tangentes.
Exercice 40. Ecrire l’équation de l’axe radical de deux cercles donnés par leurs équa-
tions cartésiennes en repère orthonormé x2 + y 2 − 2ax − 2by + c = 0 et x2 + y 2 − 2a0 x −
2b0 y + c0 = 0. Vérifier que cet axe radical est perpendiculaire à la droite des centres.
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3) Montrer que si deux des trois couples d’arêtes opposées d’un tétraèdre sont
constitués de droites orthogonales, le troisième couple l’est aussi.
Exercice 49. Tétraèdres orthocentriques
1) Soit, dans l’espace affine euclidien de dimension 3, ABCD un tétraèdre non
aplati et A1 , B1 , C1 , D1 les projetés orthogonaux des sommets A, B, C, D sur les
faces opposées (les droites (AA1 ), (BB1 ), (CC1 ), (DD1 ) sont appelées hauteurs du
tétraèdre).
Démontrer l’équivalence des deux propriétés :
(i) les droites (AB) et (CD) sont orthogonales ;
(ii) les droites (AA1 ) et (BB1 ) sont sécantes.
2) Montrer que les quatre hauteurs d’un tétraèdre sont concourantes si et seulement
si toute arête de ce tétraèdre est orthogonale à l’arête opposée. Un tel tétraèdre est dit
orthocentrique.
3) Montrer qu’un tétraèdre régulier est orthocentrique. Donner un exemple de té-
traèdre orthocentrique qui n’est pas régulier.
Exercice 50. Cercle d’Euler
Soit dans le plan affine euclidien ABC un triangle non aplati, G son centre de
gravité, H son orthocentre, A0 , B 0 , C 0 les milieux des côtés BC, CA et AB, Γ le cercle
circonscrit au triangle ABC et O son centre.
70
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Soit ABC un triangle, P , Q, R les points de contact du cercle exinscrit dans l’angle
en A avec les côtés (BC), (CA) et (AB). Montrer que la somme AQ + AR est égale
au périmètre du triangle ABC. En déduire le théorème des trois tangentes : soit A un
point extérieur à un cercle Γ, (AQ) et (AR) les deux tangentes menées de A à Γ, P
_
un point de l’arc QR du cercle Γ situé du côté de A, B et C les points d’intersection
de la tangente en P à Γ avec les droites (AR) et (AQ) ; alors le périmètre du triangle
ABC ne dépend pas de P .
71
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Exercice 55. Montrer qu’un déplacement du plan qui admet deux points fixes distincts
est l’identité. Que peut-on dire d’un antidéplacement du plan qui admet deux points
fixes distincts ? d’une isométrie plane qui admet deux points fixes distincts ?
72
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Exercice 56. Soit (A, B) et (A0 , B 0 ) deux couples de points distincts du plan affine
euclidien vérifiant AB = A0 B 0 . Montrer qu’il existe un et seul déplacement f (resp.
un et un seul antidéplacement g) du plan vérifiant A0 = f (A) et B 0 = f (B) (resp.
A0 = g(A) et B 0 = g(B)). Construire géométriquement les éléments caractéristiques de
f et de g.
Exercice 58. Soit ABC un triangle, R le rayon de son cercle circonscrit, S son aire.
On note H le pied de la hauteur issue de A et D le point diamétralement opposé à A
sur le cercle circonscrit à ABC.
1) Montrer que les triangles AHC et ABD sont semblables.
2) En déduire la relation AB × BC × CA = 4 R S.
Exercice 60. Soit D une droite du plan affine euclidien et P et Q deux points du
plan situés d’un même côté de cette droite. Déterminer le point I de la droite D qui
minimise la somme P I + IQ.
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problème, alors les côtés du triangle ABC sont les bissectrices extérieures du triangle
P QR. En déduire que les points P , Q, R sont les pieds des hauteurs du triangle ABC.
2) Soit P le pied de la hauteur issue de A dans le triangle ABC, P1 et P2 les
symétriques de P par rapport à AB et AC. Montrer que les points P1 , R, Q et P2 sont
alignés et que le périmètre du triangle P QR est égal à P1 P2 . Exprimer ce périmètre
en fonction de AP et de l’angle en A du triangle ABC. En déduire que le problème de
minimisation admet une solution unique donnée par les pieds des hauteurs.
Exercice 63. L’espace affine euclidien E de dimension 3 est rapporté à un repère or-
thonormé. Déterminer la nature géométrique de la transformation f de E qui à un
point M de coordonnées (x, y, z) associe le point M 0 de coordonnées (x0 , y 0 , z 0 ) définies
par : √ √
0 x + y − 2z − 3 + 2
x =
√2 √
x + y + 2 z − 1 − 2
0
y =
√ √ 2 √
2 x − 2 y + 2 + 2
0
z =
2
(on précisera les éléments caractéristiques de cette transformation).
74
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Exercice 64. L’espace affine euclidien E de dimension 3 est rapporté à un repère or-
thonormé. Déterminer la nature géométrique de la transformation de E qui à un point
M de coordonnées (x, y, z) associe le point M 0 de coordonnées (x0 , y 0 , z 0 ) définies par :
x − 2y − 2z − 1
x0 =
3
−2x + y − 2z + 5
0
y =
3
−2x − 2y + z + 2
z 0 =
3
(on précisera les éléments caractéristiques de cette transformation).
Exercice 65. Soit E un espace affine euclidien de dimension 3, (O,~i, ~j, ~k) un repère
−→ −−→ −→
orthonormé de E, A, B, C les points de E définis par OA = ~i, OB = ~j, OC = ~k.
Déterminer le groupe G des isométries de E laissant globalement invariant l’ensemble
{O, A, B, C}. Préciser la nature géométrique des éléments de G et écrire les matrices
→
−
de leurs parties linéaires dans la base (~i, ~j, ~k) de E . Montrer que G est isomorphe au
groupe des permutations de trois éléments.
Exercice 66. Soit E un espace affine euclidien de dimension 3, ~i, ~j, ~k une base ortho-
normée de l’espace vectoriel E ~ associé, A et B deux points de E vérifiant − →
AB = ~k. On
note D1 la droite de vecteur directeur ~i passant par A, D2 la droite de vecteur directeur
~j passant par B, et, pour i = 1, 2, si le retournement d’axe Di .
1) Écrire les matrices des parties linéaires de s1 , s2 , s2 ◦ s1 et s1 ◦ s2 dans la base
(~i, ~j, ~k).
2) Montrer que f = s2 ◦ s1 est un vissage dont on précisera l’axe et le vecteur.
3) Calculer f 2 . Déterminer les images f (A) et f (B) de A et B par f .
4) Soit G le sous-groupe du groupe des isométries de E engendré par s1 et s2 .
Montrer qu’il existe une droite de E globalement invariante par tout élément de G.
5) Décrire géométriquement tous les éléments de G.
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(le produit des longueurs des diagonales d’un quadrilatère est inférieur à la somme des
produits des longueurs des côtés opposés).
2) Montrer qu’on a égalité dans (∗) si et seulement si les quatre points A, B, C, D
sont cocycliques ou alignés dans cet ordre.
Exercice 78. Montrer que toute application linéaire non nulle d’un espace vectoriel
euclidien dans lui-même qui préserve l’orthogonalité est une similitude.
Exercice 79. Donner une condition nécessaire et suffisante sur les affixes a, b, c de trois
points A, B, C du plan complexe pour que le triangle ABC soit équilatéral.
Exercice 81. À l’extérieur d’un triangle ABC, on construit trois carrés de bases les
côtés et de centres P , Q, R. Montrer que les segments [AP ] et [QR] (resp. [BQ] et [RP ],
[CR] et [P Q]) sont orthogonaux et de même longueur. En déduire que les droites (AP ),
(BQ) et (CR) sont concourantes.
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1. Soit E un espace vectoriel euclidien, A une partie non vide quelconque de
E, A⊥ son orthogonal.
A A = {0} si et seulement si A⊥ = E.
B (A⊥ )⊥ = A.
C A = E si et seulement si A⊥ = {0}.
D Si A est un sous-espace vectoriel de E, alors dim(A) = dim(A⊥ ).
E (A⊥ )⊥ = A si et seulement si A est un sous-espace vectoriel de E.
Question 2. Soit n ≥ 2 un entier et A une matrice carrée d’ordre n à coefficients réels.
A A est orthogonale si et seulement si det(A) = ±1.
B Si A est orthogonale, alors det(A) = 1.
C Si A est orthogonale, ses vecteurs lignes sont deux à deux orthogonaux.
D Si tA est orthogonale, alors A est orthogonale.
E Si les vecteurs colonnes de A sont deux à deux orthogonaux, alors A est ortho-
gonale.
Question 3. Soit E un espace vectoriel euclidien, (e1 , . . . , en ) une base orthonormée
de E, (v1 , . . . , vn ) une base quelconque de E, (e01 , . . . , e0n ) la base orthonormée de E
obtenue à partir de la base (v1 , . . . , vn ) par le procédé d’orthonormalisation de Gram-
Schmidt, P la matrice de passage de la base (e1 , . . . , en ) à la base (v1 , . . . , vn ), Q la
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0 0 1
0 1 1
B B = 1 0 0 ;
0 1 0
2 √0 √ 0
1
C C = 0 √2 √2;
2
0 2 − 2
0 0 1
D D = −1 0 0 ;
0 −1 0
−2 −1 2
1
E E= 2 −2 1.
3
1 2 2
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2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
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et
a2+ a02 + a002 = b2 + b02 + b002 = c2 + c02 + c002 = 1
(P2 )
ab + a0 b0 + a00 b00 = bc + b0 c0 + b00 c00 = ac + a0 c0 + a00 c00 = 0 .
82
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A⊥ = {u ∈ E | hu, xi = 0 ∀x ∈ A} .
83
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hx, f (x)i
λmax = sup = sup hx, f (x)i .
x6=0 kxk2 kxk=1
resp.
hx, f (x)i
λmin = inf = inf hx, f (x)i .
x6=0 kxk2 kxk=1
a b c
4. Soit A la matrice A = a b0 c0 . Les relations P1 (resp. P2 ) expriment que
0
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De même, le point K est le barycentre du système pondéré [(A, 1), (B, k)] et on
a, pour tout point M de E :
−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
M A + k M B = (M K + KA) + k(M K + KB) = (1 + k)M K .
−−→ −−→ −−→ −−→
3. L’orthogonalité des vecteurs M A − k M B et M A + k M B équivaut donc à l’or-
−−→ −−→
thogonalité des vecteurs M J et M K. Un point M de E appartient à Γ si et
seulement si ces vecteurs sont orthogonaux, on en déduit que Γ est le cercle de
diamètre [JK]. Son centre est le milieu de ce segment et appartient donc à la
droite (AB), puisque ces deux points sont situés sur cette droite (K appartient
au segment [AB] et J au complémentaire de ce segment dans la droite).
4. Le barycentre du système pondéré [(A, 1), (B, −k 2 )] est bien défini puisque 1 −
k 2 6= 0. On a :
−−→ −→ −−→ −−→
M A2 − k 2 M B 2 = (M G + GA)2 − k 2 (M G + GB)2
−−→ −→ −−→ −−→
= M G2 + 2 M G · GA + GA2 − k 2 (M G2 + 2 M G · GB + GB 2 )
= (1 − k 2 ) M G2 + GA2 − k 2 GB 2
−→ −−→
puisque GA − k 2 GB = ~0.
Un point M de E appartient à Γ si et seulement si M A2 − k 2 M B 2 = 0, i.e. si et
seulement si
k 2 GB 2 − GA2
M G2 =
1 − k2
ce qui montre que Γ est un cercle de centre G (Γ n’est pas vide puisqu’il contient
les deux points J et K). On pouvait vérifier directement que G est le milieu du
segment [JK], cette propriété découle aussi des deux dernières questions.
−
→ −→
5. La puissance pΓ (I) du milieu I de [AB] par rapport au cercle Γ est égale à IJ · IK,
puisque la droite (AB) coupe le cercle Γ en J et K.
En faisant M = I dans le résultat de la question 2, on obtient les relations
−
→ − → −→
(1 − k) IJ = IA − k IB
−→ − → −→
(1 + k) IK = IA + k IB .
Il en résulte
−
→ −→ −
→ −→ −→ −→
(1 − k 2 ) IJ · IK = (IA − k IB) · (IA + k IB)
= IA2 − k 2 IB 2
= (1 − k 2 ) IA2
puisque IA = IB, d’où pΓ (I) = IA2 , ce qui montre que le cercle Γ et le cercle de
diamètre [AB] sont orthogonaux.
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Exercice 2 :
1. L’isobarycentre O des sommets A, B, C, D du tétraèdre est fixe par tout élément
de G, puisqu’une isométrie est une transformation affine et qu’une transformation
affine conserve les barycentres.
2. Tout élément de G permute les sommets du tétraèdre et induit donc une permu-
tation de l’ensemble {A, B, C, D}. L’application ϕ qui associe à tout élément de
G sa restriction à l’ensemble {A, B, C, D} est un homomorphisme du groupe G
dans le groupe S des permutations de ces sommets. Cet homorphisme est injec-
tif, puisque (A, B, C, D) constitue un repère affine de E et qu’une transformation
affine est entièrement déterminée par les images des points d’un repère affine.
3. Le tétraèdre ABCD étant régulier, on a CA = CB et DA = DB, ce qui montre
que C et D appartiennent au plan médiateur du segment [AB]. Le milieu I de
[AB] appartient également à ce plan. Les trois points C, D, I ne sont pas alignés
et déterminent donc un plan, qui est le plan médiateur de [AB]. Ce plan est
perpendiculaire en I à la droite (AB) et la symétrie orthogonale par rapport à
ce plan échange les points A et B. Elle laisse fixe les points C et D et a donc
comme image par ϕ la transposition échangeant A et B.
86
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4. En procédant de même avec les autres arêtes du tétraèdre, on voit que G contient
6 réflexions de plans les plans médiateurs des 6 arêtes, dont les images par ϕ sont
les 6 transpositions que contient le groupe S. Ces transpositions engendrent le
groupe S. Comme l’image ϕ(G) du groupe G par l’homomorphisme de groupes
ϕ est un sous-groupe de S, cette image est égale à S. L’homomorphisme ϕ est
donc surjectif ; comme il est injectif, c’est un isomorphisme de G sur S.
5. Il en résulte que G, étant en bijection avec S, a même cardinal que S, i.e. 4 !=24.
G est réunion disjointe de G+ et de G− et ces deux ensembles ont le même
nombre d’éléments : en effet G− n’est pas vide, puisqu’il contient les 6 réflexions
précédemment trouvées et l’application g 7→ s ◦ g, où s est l’une quelconque de
ces réflexions, est une bijection de G+ sur G− . Il en résulte que G+ et G− ont
tous deux 12 éléments.
6. Les éléments de G+ autres que l’identité sont des déplacements de E ayant un
point fixe O, donc des rotations d’axes passant par O. Pour chaque sommet
du tétraèdre, la perpendiculaire à la face opposée à ce sommet passant par ce
sommet rencontre la face opposée au centre de gravité de cette face. Les rotations
2π
d’angles ± autour de cet axe appartiennent donc à G. Leurs images par ϕ sont
3
les 8 cycles de longueur 3 que contient S. Par ailleurs, les demi-tours d’axes les
bimédianes du tétraèdres (droites joigant les milieux de deux arêtes opposées)
appartiennent à G, puisque ces bimédianes sont perpendiculaires aux arêtes dont
elles joignent les milieux (par exemple si J est le milieu de [CD], la droite (IJ)
est incluse à la fois dans le plan médiateur de [AB] et dans le plan médiateur de
[CD]). On obtient ainsi 3 demi-tours d’axes les 3 bimédianes, dont les images par
ϕ sont les 3 produits de deux transpositions de supports disjoints que contient S.
Le groupe G+ des déplacements conservant le tétraèdre contient donc 8 éléments
d’ordre 3, 3 éléments d’ordre 2 et un élément d’ordre 1 (l’identité).
7. On a déjà vu que G− contenait 6 réflexions de plans les plans médiateurs des
arêtes du tétraèdre. L’image par ϕ d’une réflexion est un élément d’ordre 2 de S,
c’est-à-dire une transposition ou un produit de deux transpositions de supports
disjoints. G ne peut donc contenir d’autre réflexions que les 6 déjà trouvées. Les
autres éléments de G sont donc des antirotations d’axes et de plans passant par
O. Ils ont pour images par ϕ les 6 permutations circulaires des quatre sommets et
sont donc d’ordre 4 dans G. Si s ◦ r = r ◦ s est la décomposition canonique d’une
telle antirotation, avec s une réflexion et r une rotation d’axe perpendiculaire au
plan de la réflexion, (s ◦ r)2 = r2 doit être un élément d’ordre 2 de G+ , i.e. un
des trois demi-tours d’axes les bimédianes. La rotation r a donc pour axe une
π
bimédiane et pour angle ± et le plan de s est le plan perpendiculaire en O à
2
cette bimédiane, i.e. le plan médiateur du segment joignant les milieux de deux
arêtes opposées (ce plan contient les milieux des 4 autres arêtes).
87
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3 Compléments
3.1 Constructions à la règle et au compas
Pendant des siècles, les Éléments d’Euclide ont été le livre de référence en géométrie.
Ce traité, écrit vers 300 avant J.-C., constitue la première tentative connue d’une
présentation axiomatique de la géométrie. Toutes les constructions y sont effectuées à
la règle et au compas et les problèmes de construction à la règle et au compas sont restés
longtemps au cœur des problèmes de la géométrie classique, en raison non seulement
de la simplicité de ces instruments, mais aussi de la pureté mathématique des objets
qu’ils permettent de construire, les droites et les cercles.
Très vite cependant, les grecs se sont aperçus de la difficulté de tracer certaines
figures au seul moyen de ces seuls instruments. Trois problèmes classiques de la géo-
métrie grecque sont ainsi restés célèbres : celui de la quadrature du cercle, dont le
nom est passé dans le langage courant pour désigner une tâche impossible, celui de la
duplication du cube, et celui de la trisection de l’angle.
Le premier consiste à construire √ un carré de même aire qu’un disque donné (au-
trement dit à construire le nombre π), le second à construire l’arête√d’un cube de
volume double d’un cube donné (autrement dit à construire le nombre 3 2), et le der-
nier à diviser en trois angles égaux un angle donné, toutes ces constructions devant
s’effectuer à la règle et au compas seuls.
Précisons ce qu’on entend par construction à la règle et au compas : il s’agir de
construire, à partir d’un certain nombre de points donnés, d’autres points au moyen
d’une règle non graduée et d’un compas fixe (il est impossible de reporter des distances
au moyen d’un tel compas, la seule opération possible est de tracer un cercle de centre
déjà construit passant par un point déjà construit).
Un autre problème classique est celui de la construction des polygones réguliers. Il
est facile de construire à la règle et au compas un triangle équilatéral ou un carré, et,
par suite, les polygones réguliers à 6, 12, 8, 16, . . . côtés (comme la construction des
bissectrices se fait aisément à la règle et au compas, si on sait construire un polygone
régulier à n côtés, on sait construire les polygones réguliers à 2a n côtés pour tout
entier a). Pour le pentagone régulier, c’est un peu plus difficile, mais la construction
figurait déjà dans les Éléments. Le problème de la construction de l’heptagone (polygone
régulier à 7 côtés) a tenu longtemps les géomètres en échec et les grecs avaient sans
doute déjà pressenti l’impossibilité de sa construction.
Mais la démonstration de l’impossibilité de ces constructions nécessitait l’introduc-
tion d’outils mathématiques nouveaux, des outils issus de l’algèbre, en particulier la
théorie des corps, outils qui ne se sont développés qu’au début du XIXième siècle.
Il fallut en effet attendre plus de vingt siècles pour que C. F. Gauss (1777-1855)
démontre, en 1796, alors qu’il était âgé de 18 ans et encore étudiant à l’Université de
Göttingen, que l’on pouvait construire à la règle et au compas un polygone régulier à 17
côtés. Quelques années à peine plus tard, en 1801, il énonce dans son livre Disquisitiones
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n = 2r p1 . . . ps
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Démontrer la possibilité d’une telle construction est une chose, la réaliser en pra-
tique n’est pas forcément aussi simple (essayez déjà de construire par vous-mêmes au
compas seul le milieu d’un segment . . .). On attribue souvent à Napoléon le problème
de construire au compas seul le centre d’un cercle donné.
Quant aux constructions à la règle seule, on constate immédiatement qu’il n’est
pas possible de construire grand-chose si on ne se donne pas un nombre suffisant de
points au départ (si on part des seuls sommets d’un triangle, on ne peut pas construire
d’autres points). On démontre en fait le résultat suivant :
Proposition 81. Si on se donne les quatre points du plan de coordonnées (1, 0), (0, 1),
(0, 2) et (2, 0), les points constructibles à la règle seule sont exactement les points du
plan dont les deux coordonnées sont rationnelles.
Pour aller plus loin, il faut se donner plus de points au départ. On a en particulier
le théorème de Poncelet-Steiner :
Théorème 6. Tout point constructible à la règle et au compas peut être construit à la
règle seule à condition que soit donné dans le plan un cercle et son centre.
... P P P P P ...
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P P
... P P P ...
... B B B B B ...
... A A A A A ...
... S S S S S ...
A A
... A A A ...
... H H H H H ...
De même, on appelle groupe de pavage (en anglais : wallpaper group) ou groupe cris-
tallographique du plan un groupe d’isométries planes qui laisse invariant un réseau (i.e.
un sous-groupe additif de R2 engendré par deux vecteurs linéairement indépendants)
et contient deux translations de vecteurs linéairement indépendants.
Étant donné un tel groupe, on montre en effet qu’il existe un polygone plein (un
pavé de base) tel que ses images par tous les éléments du groupe recouvrent le plan
sans se chevaucher.
On montre qu’il y a 17 types de groupes de pavage. La plupart de ces groupes étaient
connus depuis fort longtemps de manière empirique par les mosaïstes et les décorateurs.
On peut ainsi en retrouver un grand nombre dans les mosaïques ornant l’Alhambra de
Grenade (la discussion est encore ouverte parmi les historiens pour savoir si ces dix-sept
groupes y sont effectivement tous représentés).
Vous pouvez télécharger aux adresses suivantes des logiciels libres vous permettant
de réaliser vous-mêmes vos propres pavages ou vos propres frises :
http://www.geom.uiuc.edu/java/Kali/welcome.html
http://www.morenaments.de/
La classification complète de ces groupes est un peu fastidieuse. Une des premières
étapes dans cette classification consiste à montrer que les seules rotations pouvant
appartenir à un tel groupe sont d’ordre 2, 3, 4 ou 6 (i.e. ont pour angle un multiple de
π/2 ou π/3). En particulier, un tel groupe ne peut contenir une rotation d’angle 2π/5.
Il existe cependant des pavages du plan invariants par une rotation d’ordre 5, mais
ces pavages ne sont pas périodiques. Les plus connus sont les pavages de Penrose (Roger
Penrose, né en 1931, est un physicien et mathématicien britannique), dont certains sont
représentés ci-dessous. Conçus au départ comme de simples jeux de l’esprit, ils sont
apparus par la suite comme un modèle possible des quasi-cristaux après la découverte
de ces derniers par les physiciens en 1984.
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(p − 2)π
q < 2π
p
soit encore qp − 2q − 2p < 0 ou (p − 2)(q − 2) < 4, puisque les angles d’un polygone
(p − 2)π
régulier convexe à p côtés ont tous pour mesure . Il en résulte facilement que
p
les faces ne peuvent être que des triangles équilatéraux, des carrés ou des pentagones
réguliers.
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Une autre démonstration repose sur la formule d’Euler pour les polyèdres convexes :
si on note s le nombre de sommets, a le nombre d’arêtes et f le nombre de faces d’un tel
polyèdre, Euler a remarqué que s − a + f = 2 pour tout polyèdre convexe de l’espace.
Chaque arête est commune à 2 faces et relie 2 sommets. On obtient ainsi, en comp-
tant de deux manières le nombre d’arêtes, les relations
2a = pf = qs .
Solide s a f
Tétraèdre 4 6 4
Cube 8 12 6
Octaèdre 6 12 8
Dodécaèdre 20 30 12
Icosaèdre 12 30 20
Une fois démontré qu’il ne peut exister plus de 5 types de polyèdres réguliers, il
faut encore les construire. C’est élémentaire pour le cube, le tétraèdre et l’octaèdre, un
peu moins pour le dodécaèdre et l’icosaèdre.
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On remarque que p et q jouent des rôles symétriques dans les formules précédentes,
ainsi que s et f . Géométriquement, cette remarque s’interprète de la façon suivante :
les centres des faces d’un de ces polyèdres réguliers sont les sommets d’un autre poly-
èdre régulier, et en réitérant l’opération on retombe sur un polyèdre homothétique au
polyèdre de départ. On obtient ainsi une dualité entre les polyèdres réguliers, le cube
étant dual de l’octaèdre et l’icosaèdre du dodécaèdre, le tétraèdre étant quant à lui son
propre dual.
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géométrie non-euclidienne satisfaisant ce premier axiome (mais pas celui des parallèles)
en identifiant les points diamétralement opposés (nous ne développerons pas ici cette
construction).
On peut étudier en géométrie sphérique la plupart des problèmes de la géométrie
euclidienne plane classique, à commencer par ceux concernant les triangles. On appelle,
sur une sphère, triangle sphérique la figure formée par trois points de la sphère (les
sommets), les côtés étant les géodésiques joignant ces points. Les angles d’un triangle
sphérique sont les angles formés par les tangentes à ses côtés en ses sommets. Les
triangles sphériques ont cependant des propriétés bien différentes des triangles usuels
de la géométrie plane.
En premier lieu, en géométrie euclidienne plane, la somme des angles d’un triangle
est toujours égale à π. En géométrie sphérique, cette somme peut varier : elle est
toujours supérieure ou égale à π, et la différence entre cette somme et π est l’aire du
triangle (en supposant que la sphère est de rayon unité). L’aire d’un triangle sphérique
est donc complètement déterminée par ses angles.
C’est la formule de Girard (Albert Girard, 1595-1632, mathématicien français ayant
travaillé principalement aux Pays-Bas) :
Proposition 82. L’aire d’un triangle sphérique ABC d’angles α, β, γ d’une sphère
de rayon 1 est donnée par
aire(ABC) = α + β + γ − π .
−→ −−→ −→
En particulier, si le repère (O, OA, OB, OC) est orthonormal, les trois angles α, β,
γ du triangle sphérique ABC sont droits. Il en résulte que l’aire d’un triangle sphérique
trirectangle est égale à π/2, ce qui était immédiat, puisque la sphère est réunion de 8
triangles sphériques isométriques au précédent et que son aire totale est 4π.
Pour démontrer cette formule, on commence par remarquer que l’aire d’un fuseau de
la sphère unité d’angles α est égale à 2απ (un fuseau d’une sphère est une des portions
de cette sphère délimitées par deux demi-grands cercles de mêmes extrémités) : en effet
cette aire est proportionnelle à α et pour α = 2π, c’est l’aire totale de la sphère.
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On construit alors à partir d’un triangle sphérique ABC trois fuseaux de sommets
A, B, C (voir figures). Ces fuseaux recouvrent la réunion d’une demi-sphère et du tri-
angle symétrique de ABC par rapport au centre de la sphère ; de plus le triangle ABC
lui-même est recouvert deux fois, si bien qu’on obtient la formule 2π+2S = 2α+2β +2γ
(où S est l’aire du triangle sphérique ABC), équivalente à la formule de Girard.
On peut également faire de la trigonométrie sur la sphère comme on en fait dans le
plan. Donnons simplement une formule qui relie les longueurs des côtés d’un triangle
sphérique aux mesures de ses angles (la longueur a du côté BC d’un triangle sphérique
ABC de la sphère unité est la mesure de l’angle au centre BOC)
\ :
3.5 Cartographie
Si on assimile la surface de la terre à une sphère (elle est en fait plus proche d’un
ellipsoïde légèrement aplati aux pôles), le problème de la cartographie est de représenter
tout ou partie du globe terrestre sur une surface plane. Or on peut montrer qu’il n’est
pas possible d’appliquer un domaine d’une sphère sur un plan sans déformation : on
ne peut conserver à la fois les distances, les aires, les angles. Il importe donc de faire
un choix.
Une projection est dite conforme si elle conserve les angles (en particulier, les pa-
rallèles et les méridiens se coupent à angle droit), équivalente si elle conserve les aires.
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Une projection quelconque ne conserve ni les aires, ni les angles, mais peut constituer
un bon compromis entre ces deux exigences.
On peut par ailleurs projeter directement la sphère sur un plan (en général un
plan tangent) ou sur une surface développable, c’est-à-dire une surface que l’on peut
développer sans déformation sur un plan (un cylindre ou un cône, en général tangent
ou presque à la sphère) et développer ensuite la figure obtenue. Le choix du centre et
du type de projection est également important. C’est ainsi que plusieurs milliers de
types de projection ont été développés par les géographes au cours du temps.
Si on veut représenter une petite surface du globe, le résultat diffère en général
peu, car la projection entraîne peu de distorsions. S’il s’agit par contre de représenter
une grande partie (voire la totalité : planisphère ou mappemonde) du globe terrestre,
les distorsions deviennent beaucoup plus importantes et des systèmes de projection
distincts mènent à des résultats radicalement différents.
Un des plus anciens systèmes de projection, encore utilisé de nos jours pour repré-
senter une grande partie du globe, est le système de Mercator, établi en 1569 par le
géographe flamand Gerardus Mercator (1512-1594).
L’idée était d’établir une représentation conforme de la terre, de sorte que les loxo-
dromies (courbes faisant un angle constant avec les méridiens) apparaissent sous forme
de droites. Ces trajets entre deux points, même s’ils ne sont pas les plus courts (les
trajets les plus courts sont, comme on l’a vu, les arcs de grands cercles, appelés ortho-
dromies en navigation), sont faciles à suivre par les navigateurs, puisqu’ils se font en
maintenant le cap constant. Par contre, la carte de Mercator ne respecte ni les distances,
ni les aires, si bien que les territoires ne sont pas représentés proportionnellement à leur
importance réelle.
Pour établir une carte en projection de Mercator, on commence par projeter le
surface de la terre sur un cylindre tangent le long de l’équateur, et on développe ensuite
ce cylindre en le découpant le long d’une génératrice. Les méridiens sont ainsi espacés
régulièrement, tandis que l’espace entre les parallèles croît à mesure que l’on s’approche
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des pôles (on ne représente en général pas toute la surface de la terre, mais on se limite
aux zones habitées).
Les formules exprimant les coordonnées (x, y) du point projeté en fonction de la
latitude θ et de la longitude ϕ d’un point de la terre sont alors
!!
θ π
x = ϕ, y = ln tan + .
2 4
Ces formules s’obtiennent en exprimant la conservation des angles (la dérivée de y par
1
rapport à θ est ).
cos θ
Naturellement, Mercator ne connaissait pas les logarithmes (la première table de
logarithmes a été publiée en 1614 par John Napier) et encore moins le calcul différentiel
(apparu seulement à la fin du XVIIième siècle avec les travaux de Newton et Leibniz).
Son approche était donc empirique, mais remarquablement précise.
M’
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2X 2Y X2 + Y 2 − 1
x= , y= , z= .
1 + X2 + Y 2 1 + X2 + Y 2 1 + X2 + Y 2
Ces formules permettent de montrer que l’image par p de tout cercle tracé sur la
sphère est une droite ou un cercle : plus précisément, c’est une droite si le cercle passe
par N et un cercle sinon.
Si on identifie le plan Oxy au corps des nombres complexes en associant à chaque
point son affixe, on obtient ainsi une bijection de la sphère privée du point N sur C.
Pour obtenir une bijection définie sur la sphère tout entière, on complète C par un
point à l’infini : en effet, quand un point M de la sphère s’approche de N , son image
p(M ) s’éloigne à l’infini.
Le plan complexe ainsi complété, noté Ĉ, est appelé sphère de Riemann et constitue
le cadre naturel pour étudier les homographies.
az + b
Une homographie est une application f : z 7→ où a, b, c, d sont des nombres
cz + d
complexes vérifiant ad − bc 6= 0 (sinon l’application serait constante). Cette application
définit, si c 6= 0, une bijection de C privé du point −d/c sur C privé du point a/c (si
c = 0, c’est une similitude directe). On la complète en une bijection de Ĉ sur Ĉ en
posant f (−d/c) = ∞ et f (∞) = a/c. Elle a la propriété de transformer une droite ou
un cercle en une droite ou un cercle.
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Cette formule rappelle celle donnant les coordonnées de l’image de M par la projection
de Mercator et ce n’est pas un hasard : en effet, si on échange les rôles de x et y dans
les formules donnant la projection de Mercator (ce qui revient à noter Ox l’axe vertical
et Oy l’axe horizontal) et si on note z = x + iy l’affixe du point (x, y), on obtient
Z = ez . La projection stéréographique comme la projection de Mercator sont en effet
des projections conformes (elles conservent les angles). Si on les restreint à la sphère
privée de ses deux pôles, elles définissent des bijections respectivement sur C∗ = C\{0}
et sur la bande {z | −π < Im(z) ≤ π} et la fonction exponentielle réalise précisément
une bijection conforme entre ces deux domaines de C.
Pour en savoir plus sur la projection stéréographique et sur d’autres sujets abordés
dans ces compléments (et sur bien d’autres choses encore), vous pouvez consulter le
site : http://www.dimensions-math.org/Dim_fr.htm qui vous fera voyager jusque
dans la quatrième dimension.
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