Orthod Fr 2020;91:35–40

© SFODF, 2020
https://doi.org/10.1684/orthodfr.2020.4 Article original

Une nouvelle classification en parodontologie

(Chicago 2017). Impact en orthodontie
Solen NOVELLO1,2*, Lucas FERRI2, Damien BRÉZULIER1,2, Sylvie JEANNE1,2
1
UFR d’Odontologie de Rennes, Bâtiment 15, 2 avenue du Professeur Léon Bernard, Campus Santé, 35043 Rennes cedex, France
2
Pôle Odontologie, CHU Rennes, 2 rue Henri Le Guilloux, 35000 Rennes, France

MOTS CLÉS : RÉSUMÉ - Introduction : En 2018, une nouvelle « Classification des Maladies
Classification / et Conditions Parodontales et Péri-implantaires » a été adoptée par l’Académie
Diagnostic / Américaine de Parodontologie et la Fédération Européenne de Parodontologie. De
Orthodontie / nombreux travaux, ces dernières années, ont permis d’améliorer la compréhension
Maladie parodontale des maladies parodontales et de leurs facteurs de risque, conduisant à une mise à jour
de la classification de 1999. Parmi les modifications majeures, on peut noter le déve-
loppement d’une classification des parodontites en différents stades et grades et la
notion de santé parodontale, prérequis indispensable au traitement orthodontique.
Matériels et méthodes : En s’appuyant sur l’analyse des 24 articles publiés, ce travail
apporte des explications concernant les principaux changements auxquels peuvent
être confrontés les orthodontistes. Résultats : La classification de Chicago définit
de façon précise la santé parodontale et propose notamment un nouveau système de
caractérisation en stades et grades des parodontites. Celle-ci devient alors une aide
précieuse pour l’orthodontiste dans la détection du risque et le dépistage parodontal.
Conclusion : La connaissance de cette nouvelle classification est indispensable pour
une communication fiable entre dentistes, parodontistes et orthodontistes, afin de
garantir le succès du traitement orthodontique.

KEYWORDS : ABSTRACT- A new classif ication in Periodontology (Chicago 2017). Impact in Orthodontics.
Classification / Introduction: In 2018, a new « Classification of Periodontal and Peri-implant Diseases and
Diagnosis / Conditions » was adopted by the American Academy of Periodontology and the European Federation
Orthodontics / of Periodontology. Numerous studies in recent years have improved the understanding of periodontal
Periodontal disease diseases and their risk factors, leading to an update of the 1999 classification. Among the major changes
is the development of a classification of periodontitis into different stages and grades and the notion of
periodontal health, an essential prerequisite for orthodontic treatment. Materials and methods: Based
on the analysis of the 24 published articles, this work provides explanations regarding the main changes
that orthodontists may face. Results: The classification of Chicago precisely defines periodontal health and
proposes a new system for characterizing periodontitis in stages and grades. It then becomes a valuable aid
for the orthodontist in risk detection and periodontal screening. Conclusion: The knowledge of this new
classification is essential for reliable communication between dentists, periodontists and orthodontists, in
order to guarantee the success of orthodontic treatment.

1. Introduction de résister aux remaniements associés aux dépla-

La présence d’une maladie parodontale contre-
indique la mise en place d’un traitement orthodon-
tique. Le bon déroulement de celui-ci ne peut être
assuré qu’en présence d’un parodonte sain, capable
* Correspondance : solen.novello@univ-rennes1.fr
cements dentaires6. Cela implique de réaliser des
examens clinique et radiographique approfondis
au préalable, pour dépister une éventuelle maladie
parodontale puis poser un diagnostic précis5. Ainsi,
il est plus facile de communiquer entre praticiens et
de mettre en œuvre une thérapeutique adéquate.

35
36 Orthod Fr 2020;91,35–40

De nombreuses classifications des maladies paro-
dontales se sont succédé, évoluant au fur et à
mesure des connaissances scientifiques. La classifi-
cation de 19991, utilisée jusqu’à présent, ne corres-
pondait plus aux données acquises de la science.
Une réunion de consensus regroupant 110 experts
internationaux et organisée à Chicago sous l’égide
de l’Académie Américaine de Parodontologie (AAP)
et de la Fédération Européenne de Parodontologie
(EFP) a conduit à une nouvelle « Classification
des Maladies et Conditions Parodontales et Péri-
implantaires »7 ; 24 articles publiés en juin 2018
la décrivent en détail (Journal of Periodontology et
Journal of Clinical Periodontology).
2. Les modifications majeures
Des éléments importants distinguent cette
nouvelle classification de la précédente. En premier
lieu, la notion de santé parodontale est introduite4.
Elle peut être retrouvée sur un parodonte intact,
comme sur un parodonte réduit. Trois formes de
parodontites sont identifiées : la parodontite nécro-
sante, la parodontite en tant que manifestation
de maladie systémique, et les autres sous le terme
unique de « parodontites » sans distinction entre
parodontite chronique et agressive3. Enfin, la clas-
sification de Chicago intègre les pathologies et les
conditions péri-implantaires2.
L’objectif de cet article est de détailler les éléments
d’importance pour l’orthodontiste, à savoir la santé
parodontale et le diagnostic de parodontite, afin
Tableau 1. Critères diagnostiques de la santé gingivale et de la gingivite.
qu’il puisse intégrer ces notions en complément du
diagnostic orthodontique.
3. État de santé parodontale
La classification de Chicago apporte une défini-
tion claire de la santé parodontale4. Elle peut s’ob-
server sur un parodonte intact, c’est-à-dire sans
perte d’attache clinique ni perte osseuse, ou sur un
parodonte réduit. Un parodonte réduit peut résulter
de deux situations distinctes : soit chez un patient
ayant un antécédent de parodontite, soit chez un
patient sans antécédent de maladie parodontale
(par exemple, en présence de certaines formes
de récessions gingivales ou après une élongation
coronaire). Ainsi, la santé parodontale peut être
restaurée après traitement d’une gingivite ou d’une
parodontite. Cependant, le patient traité avec succès
reste un patient à risque de récidive et nécessite un
suivi régulier, en particulier si un traitement ortho-
dontique doit être entrepris.
Au niveau clinique, la santé gingivale est définie
par l’absence d’œdème, d’érythème et de symp-
tômes décrits par le patient. Le score de saignement
au sondage doit être inférieur à 10 % et la profon-
deur de sondage ≤ 3 mm. Chez un patient parodontal
traité, des profondeurs de sondage allant jusqu’à
4 mm sont tolérées, mais seulement en l’absence de
saignement au sondage (Tab. 1).
Cet état de santé parodontale doit être retrouvé
avant tout traitement orthodontique.

Inflammation
Santé gingivale Gingivite
gingivale
Sans parodontite Avec Sans parodontite Avec
Parodonte Parodonte parodontite Parodonte Parodonte parodontite
intact réduit traitée intact réduit traitée
Perte d’attache Non Oui Oui Non Oui Oui
Profondeur de poche ≤ 3 mm ≤ 3 mm ≤ 4 mm ≤ 3 mm ≤ 3 mm ≤ 3 mm
Saignement au sondage < 10 % < 10 % < 10 % ≥ 10 % ≥ 10 % ≥ 10 %
Alvéolyse radiographique Non Possible Oui Non Possible Oui
 Novello S, Ferri L, Brézulier D, Jeanne S. Une nouvelle classification en parodontologie (Chicago 2017). Impact en orthodontie
4. Diagnostic d’une parodontite
4.1. Critères cliniques
Le diagnostic de parodontite chez un patient se
fonde sur l’un des deux critères suivants :
– la présence d’une perte d’attache inter-dentaire
sur au moins deux dents non adjacentes,
– la présence d’une perte d’attache vestibulaire ou
linguale/palatine ≥ 3 mm associée à une profon-
deur de poche ≥ 3 mm sur au moins deux dents.
Cette perte d’attache ne doit pas être liée à l’une
des causes suivantes : 1) récession gingivale d’ori-
gine traumatique ; 2) carie cervicale ; 3) perte
d’attache en distal d’une seconde molaire et asso-
ciée à la malposition ou l’avulsion d’une troisième
molaire ; 4) lésion endodontique se drainant à
travers le parodonte marginal ; 5) fracture radi-
culaire verticale8.
4.2. Caractérisation des parodontites
Selon la nouvelle classification, un certain nombre
d’éléments sont à prendre en compte pour la clas-
sification des parodontites, tels que la sévérité, la
complexité des lésions et de leur prise en charge,
l’étendue, le taux de progression, les facteurs de
risque du patient et son statut médical8,9.
Ainsi, un cas de parodontite sera défini selon :
– un stade (1, 2, 3 ou 4) attribué selon la sévérité et
la complexité de la pathologie,
– un grade (A, B ou C) attribué selon la vitesse de
progression de la maladie et les facteurs de risque
du patient.
L’étendue (localisée/généralisée) et la distribu-
tion (incisives/molaires, maxillaire/mandibule) de
la maladie sont ajoutées comme facteur descriptif
au stade.
Une anamnèse complète, ainsi que des examens
clinique et radiographique permettent de poser le
diagnostic approprié. Les articles publiés précisent
toutefois que ce sont des lignes directrices, le
diagnostic clinique le plus approprié étant laissé à
l’appréciation clinique du praticien9.
4.3. Les stades
4.3.1. Parodontite de stade 1 : parodontite
débutante
La parodontite de stade 1 correspond aux stades
précoces de perte d’attache. La perte d’attache
inter-dentaire dans les sites les plus atteints est de
1 à 2 mm, l’alvéolyse radiographique ne dépasse pas
37
15 % du niveau osseux initial et la profondeur de
sondage ne dépasse pas 4 mm. La détection de ces
formes débutantes de parodontite permet la mise
en place d’un traitement précoce, avec un rapport
coût/bénéfice très favorable pour le patient.
4.3.2. Parodontite de stade 2 : parodontite
modérée
Le stade 2 correspond à une forme établie de
parodontite, pour laquelle un examen parodontal
minutieux permet de mettre en évidence les
dommages caractéristiques causés par la maladie.
À ce stade, la perte d’attache inter-dentaire est de
3 à 4 mm et la profondeur de sondage ne dépasse
pas 5 mm. L’alvéolyse radiographique atteint le tiers
coronaire de la racine et celle-ci est essentiellement
horizontale. Comme pour le stade 1, il n’y a pas de
lésions parodontales complexes, les lésions inter-
radiculaires sont de classe I maximum.
4.3.3. Parodontite de stade 3 : parodontite
sévère avec risque de perte dentaire
supplémentaire
La parodontite de stade 3 correspond à un
stade avancé de la maladie. En l’absence de trai-
tement, celle-ci peut conduire à la perte de dents.
On retrouve des lésions parodontales profondes
(perte d’attache inter-dentaire ≥ 5 mm, alvéolyse
radiographique atteignant la moitié de la hauteur
radiculaire et profondeur de sondage ≥ 6 mm). À
ce stade, quelques dents ont pu être perdues pour
raison parodontale (≤ 4). Le traitement pourra
être compliqué par la présence de lésions infra-
osseuses profondes ou de lésions inter-radiculaires
de classe II ou III.
4.3.4. Parodontite de stade 4 : parodontite
sévère avec risque de perte de toutes les dents
Dans le stade 4, on retrouve des lésions sévères
semblables à celles du stade 3. Cependant, la maladie
parodontale a entraîné de nombreuses pertes
dentaires (≥ 5) et une perturbation de la fonction
masticatoire. Cela se traduit notamment par une
perte du calage postérieur, des hypermobilités et la
nécessité d’une réhabilitation prothétique complexe.
4.3.5. Démarche diagnostique
Au cours de la démarche diagnostique, le stade de la
parodontite est tout d’abord déterminé selon la perte
d’attache clinique ou, à défaut, la perte osseuse radio-
graphique. Les pertes dentaires liées à la parodontite
38 Orthod Fr 2020;91,35–40

peuvent modifier le stade. Cependant, les facteurs
de complexité sont très importants et déterminent
le stade final : ils peuvent conduire à re-catégoriser la
pathologie au stade supérieur (Tab. 2).
4.4. L’étendue et la distribution
On ajoute l’étendue et/ou la distribution comme
facteur de description au stade. Ainsi, on parle de
parodontite localisée lorsque celle-ci touche moins de
30 % des dents et de parodontite généralisée si plus de
30 % des dents sont atteintes. La distribution permet
d’indiquer si les secteurs molaires et/ou incisifs sont
affectés (Tab. 2).
4.5. Les grades
4.5.1. Grade A : parodontite à progression lente
Pour une parodontite de grade A, aucune
progression de la maladie n’est mise en évidence au
cours des cinq dernières années. Le ratio pourcen-
tage d’alvéolyse/âge du patient ne dépasse pas 0,25
et on observe des quantités de plaque importantes
comparées à la faible destruction parodontale.
4.5.2. Grade B : parodontite à progression
modérée
Dans le grade B, la progression de la maladie est
modérée avec une évolution de la perte osseuse de
moins de 2 mm au cours des cinq dernières années.
Le ratio entre le pourcentage d’alvéolyse et l’âge
du patient est compris entre 0,25 et 1. Les dépôts
de plaque bactérienne sont en adéquation avec
l’avancée de la destruction parodontale. Les patients
peuvent être fumeurs (< 10 cigarettes par jour) ou
présenter un diabète équilibré (HbA1c < 7,0 %).
4.5.3. Grade C : parodontite à progression rapide
Une parodontite de grade C est une parodontite à
progression rapide. On note une évolution importante
de la perte d’attache ou perte osseuse radiographique
sur les cinq dernières années. Le ratio pourcen-
tage d’alvéolyse/âge du patient est supérieur à 1.

Tableau 2. Classification des parodontites selon les stades.

Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4

Perte d’attache
inter-dentaire au site 1 à 2 mm 3 à 4 mm ≥ 5 mm ≥ 5 mm
le plus atteint
atteint la moitié ou atteint la moitié ou
Sévérité Alvéolyse
< 15 % 15 à 33 % le 1/3 apical de la le 1/3 apical de la
radiographique
racine (> 33 %) racine (> 33 %)
Dents absentes pour
0 0 ≤4 ≥5
raison parodontale
Profondeur de
≤ 4 mm ≤ 5 mm ≥ 6 mm ≥ 6 mm
sondage
Alvéolyse Horizontale Horizontale Verticale
Verticale ≥ 3 mm
radiographique essentiellement essentiellement ≥ 3 mm

Lésions inter- Classes Classes

Non ou classe I Non ou classe I
Complexité radiculaires II ou III II ou III

Défaut crestal Non ou léger Non ou léger Modéré Sévère

Besoin en
réhabilitation Non Non Non Oui
complexe
Ajouter au stade
Étendue et Préciser si l’atteinte est localisée (< 30 % des dents) ou généralisée et concerne les incisives
comme facteur
distribution et/ou les molaires
descriptif
 Novello S, Ferri L, Brézulier D, Jeanne S. Une nouvelle classification en parodontologie (Chicago 2017). Impact en orthodontie 39

Les dépôts de plaque sont peu abondants et
disproportionnés par rapport aux destructions
parodontales observées. Certains éléments cliniques
peuvent suggérer une progression rapide et/ou
une initiation précoce de la pathologie comme une
atteinte molaire/incisive ou l’absence de réponse à
la thérapeutique étiologique classique. Sont égale-
ment classées en grade C les parodontites de patients
fumeurs (≥ 10 cigarettes par jour) ou de patients
diabétiques non équilibrés (HbA1c ≥ 7,0 %).
4.5.4. Démarche diagnostique
Comme pour le stade, le grade est initialement
choisi en fonction de la progression de la maladie,
mais les facteurs de risque sont déterminants pour
définir le grade de la parodontite.

Tableau 3. Classification des parodontites selon les grades.

Grade Grade A Grade B Grade C

Taux de progression Faible Modéré Rapide
Perte d’attache ou alvéolyse
radiographique sur les 5 Non < 2 mm ≥ 2 mm
dernières années
Ratio pourcentage d’al-
< 0,25 0,25 à 1 >1
Critères principaux véolyse/âge
(taux de progression) Faible/importante ;
Éléments cliniques
Ratio quantité de plaque/
Importante/faible Normal suggérant une progres-
destruction parodontale
sion rapide et/ou une
initiation précoce
Consommation quotidienne
Non < 10 ≥ 10
Facteurs modifiants de cigarettes
(facteurs de risque) Oui Oui
Diabète Non
HbA1c < 7,0 % HbA1c ≥ 7,0 %

Détection du risque parodontal :

anamnèse, indice de plaque,
Dépistage parodontal : indice gingival
+ -
panoramique, sondage Santé parodontale
prospectif

Gingivite Parodontite

Dentiste traitant : traitement Parodontiste : examen

gingival parodontal approfondi,
diagnostic, traitement
parodontal

Traitements complémentaires
Réévaluation - parodontaux : chirurgicaux ou
non chirurgicaux

Santé parodontale

Evaluation de la quantité et de
la qualité de gencive attachée

+ -

Traitement ODF et suivi Parodontiste

parodontal exclusif

Figure 1
Proposition d’arbre décisionnel du dépistage parodontal par l’orthodontiste.
40 Orthod Fr 2020;91,35–40
Lorsqu’elles sont disponibles, l’évolution de la
perte d’attache et de la perte osseuse radiogra-
phique doivent être utilisées en premier lieu. Sinon,
les autres critères principaux seront utilisés.
Dans la pratique, une parodontite est présumée
de grade B. La recherche d’éléments complémen-
taires précis pourra réorienter vers un grade A ou C.
Une fois le grade établi en fonction des preuves de
progression, il peut être modifié en fonction des
facteurs de risque présents (Tab. 3).
5. Implications cliniques
La figure 1 résume la démarche diagnostique et la
prise en charge à entreprendre par l’orthodontiste
avant tout traitement orthodontique.
6. Conclusion
L’assurance d’un parodonte sain est un prére-
quis indispensable au traitement orthodontique.
La nouvelle classification de Chicago, en apportant
une définition précise de la santé parodontale et
en catégorisant mieux les maladies parodontales,
devient une aide précieuse pour l’orthodontiste
dans la détection du risque et le dépistage paro-
dontal.
Liens d’intérêt
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt
concernant les données publiées dans cet article.
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