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Microéconomie

S2 Sciences Economiques et de Gestion


Ensembles: 5
[ Partie I/Chapitre II ]

Professeur : Tarik QUAMAR

Année universitaire 2020-2021

1
Chapitre 2

Les coûts de production

2
Plan du chapitre II
I. La mesure des coûts : quels coûts prendre en compte ?
1. La mesure des coûts selon les facteurs de production :
coûts fixes et coûts variables
2. La mesure des coûts : coût marginal et coût moyen
II. Les coûts de court terme
III. Les coûts de long terme
1. Les coûts de long terme: le choix de la technologie
de production
2. Les coûts de long terme: la droite de l’isocoût
3. Le choix optimal du producteur
3
Introduction du chapitre II:

Au chapitre précédent, on a vu que :

⚫ la technologie de production mesure la relation


entre facteurs de production (inputs) et produit
(output) ;

⚫ la technologie de production ainsi que les prix des


facteurs de production déterminent les coûts de
production de l’entreprise .

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Introduction du chapitre II:

Dans ce chapitre, on verra :

⚫ qu’il existe un choix optimal des inputs qui


minimisent les coûts ;

⚫ que les coûts d’une entreprise dépendent de son


niveau de production et sont susceptibles de
varier avec le temps (court terme vs. long terme).

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I. La mesure des coûts : quels coûts prendre
en compte ?

➢ On doit différencier coûts de :


 court terme ;
 long terme.

➢ Ensuite, Il faudra distinguer entre:


 coût marginal ;
 coût moyen.
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1. La mesure des coûts selon les facteurs de
production : coûts fixes et coûts variables
 Certains coûts varient avec le niveau de production, alors que
d’autres restent inchangés tant que l’entreprise produit.
 Le coût total peut être décomposé en :

 Le coût fixe. Ce coût ne varie pas avec le niveau de


production. La seule façon d’éliminer un coût fixe est
d’arrêter de produire.
 Le coût variable. Ce coût varie avec le niveau de
production.
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Les coûts fixes et variables

 La production totale est une fonction des inputs fixes et


variables.

 Par conséquent, le coût total de production est égal à la


somme du coût fixe (le coût des inputs fixes) et du coût
variable (le coût des inputs variables) :

CT = CF + CV
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Les coûts fixes et variables
 Le caractère fixe ou variable d’un coût dépend de l’intervalle
de temps que l’on considère.

 Sur une très courte période (un mois par exemple), la


plupart des coûts sont fixes.

 Sur une plus longue période, de nombreux coûts sont


variables.

 Pour déterminer comment des variations de production vont


affecter les coûts, il faut différencier les coûts fixes et
variables. 9
Les coûts fixes et variables
Exemple : La compagnie aérienne KLM veut savoir comment ses
coûts évolueraient si elle réduisait le nombre de ses vols de 10%.
La réponse varie selon que l’on se place à court terme ou à long
terme.
A court terme (6 mois): le planning est déjà fixé, et il est difficile de
licencier des employés. Il en résulte que la plupart des coûts de KLM
sont des coûts fixes, et ne seront pas réduit significativement par une
réduction des vols.
A long terme (2 ans ou plus), KLM aura suffisamment de temps
pour vendre ou louer ses avions qui ne seront plus nécessaires, et
réduire son personnel. Dans ce cas, la plupart des coûts de KLM sont
variables.
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2. La mesure des coûts : coût marginal et coût moyen

Le coût marginal (Cm) est l’accroissement du coût correspondant


à la production d’une unité supplémentaire.

ΔCT ΔCV
Cm = =
Δq Δq
CT CV
Cm = =
q q

NB: Les coûts fixes n’ont pas d’effet sur le Cm.


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Les coûts marginaux

Supposons que le salaire w est fixe par rapport aux nombres de


salariés.

Puisque les coûts variables sont égaux au salaire w multiplié


par la quantité de travail L, le coût marginal Cm est égal à :

CV wL
Cm = =
q q
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Les coûts marginaux

En se souvenant que :
Q
Pm L =
L
On peut conclure qu’une productivité marginale du travail
PmL faible implique un coût marginal élevé Cm et vice
versa :

w
Cm =
Pm L
Les coûts marginaux
 En présence d’un seul facteur variable, le coût marginal est égal au prix de
ce facteur divisé par sa productivité marginale.

 Supposons que, et le taux de salaire est de 30 euros à l’heure.

Une heure de travail augmentera la production de 3 unités, c’est à


dire, la production d’une unité supplémentaire nécessitera 1/3 d’heure
additionnelle, et coûtera 10 euros.

En utilisant la formule précédente, on obtiendra le même résultat:


Les coûts moyens

 Le coût total moyen (CTM) est le coût total par unité de


production. Le CTM est aussi égal à la somme du coût fixe
moyen (CFM) et du coût variable moyen (CVM) :

CT CF CV
CTM = = + = CFM + CVM
q q q

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II. Les coûts de court terme
Niveau de Coût Fixe Coût Coût Total Coût Coût Fixe Coût Coût Total
production (€ par an) Variable (€ par an) Marginal Moyen Variable Moyen
(unités par (€ par an) (€ par an) (€ par an) Moyen (€ par an)
an) (€ par an)
(CF) (CV) (CT) (Cm) (CFM) (CVM) (CTM)
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)
0 50 0 50 — — — —
1 50 50 100 50 50 50 100
2 50 78 128 28 25 39 64
3 50 98 148 20 16,7 32,7 49,3
4 50 112 162 14 12,5 28 40,5
5 50 130 180 18 10 26 36
6 50 150 200 20 8,3 25 33,3
7 50 175 225 25 7,1 25 32,1
8 50 204 254 29 6,3 25,5 31,8
9 50 242 292 38 5,6 26,9 32,4
10 50 300 350 58 5 30 35
11 50 385 435 85 4,5 35 39,5

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Les coûts de court terme

 Les données du tableau ci-dessus indiquent la façon dont


les coûts variables et les coûts totaux augmentent avec le
niveau de production dans le court terme.

 Le rythme d’augmentation de ces coûts dépend de la


nature du processus de production et en particulier du fait
que la production induit des rendements marginaux
décroissants pour les facteurs variables ( voir l’évolution
du coût marginal).

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Les déterminants des coûts de court terme

Si la productivité marginale du travail décroît au fur et


à mesure de son utilisation, on devra dépenser plus
pour produire à un taux plus élevé, et les coûts
variables et totaux vont augmenter.

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Les déterminants des coûts de court terme
À partir du tableau, on observe que :
- Le Cm décroît initialement avec des rendements
croissants :
 De 0 à 4 unités de production.

- Le Cm croît avec des rendements décroissants :


 Lorsque le niveau de production ˃ 4 unités de production.

Le graphique suivant montre comment les coûts varient avec la


production (CT/CV/CF).
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Les courbes de coûts : CT/CV/CF

CT
Coût Le coût total CT
400 est la somme
(euros par an)
de CF et de CV. CV

300 Le coût variable augmente


avec la production.

200

100 Le coût fixe ne varie


pas avec la production.
50 CF

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Output

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Les courbes de coûts
D’après le graphique, on peut constater que:
- Le coût fixe CF ne varie pas avec le niveau de production (il
est représenté par une droite horizontale à 50 euros);

- Le coût variable CV est nul quand la production est nulle, puis


augmente de manière continue avec l’augmentation de la
production;

- La courbe de coût total CT est obtenue par l’addition


verticale des courbes de CF et CV. Comme le CF est constant,
la distance verticale entre les courbes de CT et CV est
toujours de 50 euros. 21
Les courbes de coûts : Cm/CTM/CVM/CFM

120
100
Cm
Coût (€/unité)

80
60
CTM
40
CVM
20
CFM
0
0 2 4 6 8 10 12
Output (unités/an)
Les courbes de coûts
D’après la figure ci-avant, il est à constater que:
• La courbe de coût fixe moyen, CFM, décroît continûment de 50 € lorsque la
production est d’une unité, et se rapproche de 0 pour des niveaux de
production élevés ;
• Comme le CTM est la somme du CVM et CFM, et que ce dernier décroît
continûment , la distance verticale entre les courbes CTM et CVM diminue
lorsque la production augmente;
• Le Cm=CVM au minimum du CVM, et que Cm=CTM au minimum de ce
dernier.
• Comme CTM est toujours plus grand que CVM et que le Cm est croissant,
donc le minimum de la courbe CTM doit se situer plus haut et à droite du
minimum de la courbe CVM ;
• Lorsque la courbe de Cm se situe au-dessous de la courbe de CM (total ou
variable), le coût moyen diminue / et lorsque la courbe de Cm se situe au-
dessus de la courbe de CM (total ou variable), le coût moyen augmente.
III. Les coûts de long terme

Le coût moyen de long terme (CMLT) :


C’est la relation entre l’échelle à laquelle opère l’entreprise et les
quantités de facteurs qui minimisent ses coûts qui détermine la
forme des courbes de coût moyen et marginal de long terme.

1- Rendements d’échelle constants :


Lorsque tous les facteurs sont doublés, la production double.
Le CMLT est constant à tout niveau de production.

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Les coûts de long terme

2- Rendements d’échelle croissants :


Lorsque tous les facteurs sont doublés, la production fait
plus que doubler.
Le CMLT diminue avec le niveau de production.

3- Rendements d’échelle décroissants :


Lorsque tous les facteurs sont doublés, la production fait
moins que doubler.
Le CMLT augmente avec le niveau de production.

25
Les coûts de long terme

Dans le long terme :


Les rendements d’échelle sont d’abord croissants, puis
décroissants : la courbe de CMLT a une forme en U.

La courbe de CMCT a aussi une forme en U, mais à cause


des productivités marginales décroissantes d’un facteur
de production à partir d’une quantité donnée
d’utilisation de ce dernier.

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Les coûts de long terme

Coût
(€ par unité de
production) CmLT

CMLT

Production

27
Les coûts de long terme

Les coûts moyens CM et marginaux Cm de long terme sont tels


que :

 Si CmLT < CMLT, alors, CMLT baisse.


 Si CmLT > CMLT, alors, CMLT augmente.
 Si CmLT = CMLT, alors, CMLT est à son minimum.

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Les coûts de long terme

Lorsque la production augmente, le CMLT va vraisemblablement


diminuer, au moins jusqu’à un certain point, car :
1- Si l’entreprise opère à plus grande échelle, les travailleurs
peuvent se spécialiser dans les activités dans lesquelles ils
sont les plus productifs.
2- L’échelle de production peut amener de la flexibilité : les
entreprises peuvent organiser le processus de production
de façon plus efficace.
3- L’entreprise peut acquérir certains facteurs de production à
un coût plus faible, car ils sont achetés en grandes
quantités.

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Les coûts de long terme

Cependant, à partir d’un certain niveau de production, le CMLT se


mettra à augmenter, car :
1- L’espace disponible et les équipements peuvent rendre le
travail des ouvriers moins efficace.

2- Gérer une grande entreprise peut devenir plus complexe et


inefficace lorsque le nombre de tâches augmente.

3- Les avantages de l’achat en gros peuvent disparaître lorsque


certaines quantités sont atteintes, car les stocks disponibles
de certains facteurs peuvent être limités, ce qui augmente
leurs coûts.

30
1. Les coûts de long terme: Le choix de la technologie
de production

Le coût total de production est la somme du coût du


travail wL et du coût du capital rK :

C = wL + rK

31
Les coûts de long terme: Le choix de la technologie
de production

 Le choix de la meilleur technologie de production se fera en


fonction du coût de production associée à cette technologie.

 Les déterminants du coût de production seront fonction des


prix des facteurs.
 Salaire pour le travail (PL = w)
 Coût d’usage du capital (PK = r)

32
Les coûts de long terme: Le choix de la technologie
de production
Supposons les technologies A, B, C, D, E permettant d’obtenir
le même niveau de production (output)
C = w L + r  K
Unités Unités Si w = 1€ Si w = 5€
Technologie de capital (K) de travail (L) et r = 1€ et r= 1€

A 2 10 12 € 52 €
B 3 6 9€ 33 €
C 4 4 8€ 24 €
D 6 3 9€ 21 €
E 10 2 12 € 20 €
La meilleure technologie : C E
La performance dépend des prix des facteurs
33
2.Les coûts de long terme: La droite de l’isocoût

La droite d’isocoût indique toutes les combinaisons


de capital K et de travail L qui peuvent être achetées
pour un coût donné.

34
Les coûts de long terme: La droite de l’isocoût
Définition : Combinaison de K et L pour un coût total donné.
7
Affectation des ressources à un seul facteur
Unités de capital (K)

5 C = w L + r  K
4

0 
Unités de travail (L)
35
Les coûts de long terme: La droite de l’isocoût
 En réarrangeant les termes, on obtient :
K = C/r - (w/r)L

 La pente de la droite d’isocoût est donc :


-(w/r) = - ( rapport du taux de salaire sur le coût du
capital).

 La valeur absolue de ce ratio indique le taux de


substitution du travail au capital.
36
Isoquante et droite d’isocoût
Le choix de la combinaison des facteurs se fera en fonction des prix des
facteurs.
Unités de capital (K)

La droite d’isocoût est tangente à l’isoquante

Définition du TMST au point T

T

Le point T est la technologie optimale

Unités de travail (L)


37
Isoquante et droite d’isocoût
Récapitulons :
La technologie optimale T se situe au point de tangence entre
l’isoquante et la droite d’ isocoût

Donc au point T
Pente de l’isoquante = Pente d’ isocoût

TMST Rapport des prix

À l’optimum (point T), les deux points de tangence se touchent

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3.Le choix optimal du producteur

Le producteur choisit la technologie T qui maximise sa production


en égalisant le TMST au rapport des prix des facteurs

39
Le choix optimal du producteur
 La combinaison qui minimise les coûts est telle que :

 Dans ce cas, le dernier euro alloué à chacun des facteurs de


production doit induire le même supplément de production.

40
Le choix optimal du producteur

 Si w = 10 €, r = 20 € et PmL = PmK, quel facteur un


producteur doit-il privilégier ?
 Le travail, car il est moins cher.

 Plus de travail fait baisser PmL et moins de capital fait augmenter


PmK. Le producteur doit substituer du travail au capital jusqu’à
ce que :

PmL PmK
=
w r
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Le choix optimal du producteur
 Le choix des facteurs qui minimise les coûts pour un
niveau de production donné est obtenu grâce aux
isoquantes et aux droites d’isocoût :

 La courbe d’isoquante représente l’ensemble des


combinaisons de facteurs permettant d’obtenir le même
niveau de production.
 La droite d’isocoût indique toutes les combinaisons
de capital K et de travail L qui peuvent être achetées
pour un coût donné.
42
Le choix optimal du producteur
Capital
par an Q est l’isoquante. Il y a 3 droites d’isocoût,
mais seulement 2 sont des choix possibles
au niveau Q.
K2
La droite d’isocoût C2 décrit
les quantités Q qui peuvent
être produites avec les
combinaisons (K2,L2) ou (K3,L3).
Cependant, ces combinaisons
A sont plus coûteuses que (K1,L1) de l’isocoût C1
K1 .

Q
K3

C0 C1 C2
Travail par an
L2 L1 L3
43
Le choix optimal du producteur
Les prix des facteurs de production sont fixes et donnés au
producteur.

L’isocoût est la droite qui relie toutes les combinaisons de


facteurs de production qui correspondent à un même coût
total pour l’entreprise. Evidemment, un isocoût plus éloigné
de l’origine représente un coût total plus élevé.

Le point de tangence entre l’isoquant et l’isocoût nous


donne la combinaison optimale de facteurs pour produire
une certaine quantité d’output, c’est-à-dire, la combinaison
de facteurs qui coûte le moins cher pour produire une
certaine quantité d’output.

44
Applications

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Application 1 :

 Considérons la fonction de coût total suivante:


 CT (Q) = 4000 + 5Q + 10Q2, où Q représente le volume de
production
 Quel est le CF?
 Quel est le CFM?
 Quel est le CV?
 Quel est le CVM?
 Quel est le CTM?
 Quel est le Cm?
 Quelle est la quantité qui minimise le CTM?
Correction :
Considérons la fonction de coût total suivante:
CT = 4000 + 5Q + 10Q2
a) Quel est le CF? e) Quel est le CTM?
CF = 4000
CTM = (4000 + 5Q + 10Q2)/Q
b) Quel est le CFM?
f) Quel est le Cm?
CFM = 4000/Q

c) Quel est le CV? Cm = 5 + 20Q

CV = 5Q + 10Q2 g) Quelle est la quantité qui minimise le


CTM?
d) Quel est le CVM?
La quantité qui minimise le CTM est celle qui
CVM = (5Q + 10Q2 )/Q correspond à l'intersection du CTM et du
Cm. Donc, Q = 20. 47
Application 2 :

La fonction de production d’un bien est donnée par q=100KL. Si le


prix du capital est de 120 € par jour, et celui du travail de 30 € par
jour, quel est le coût minimal de production de 1 000 unités ?

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Correction :
La combinaison de capital/travail qui minimise le coût de production
est celle où :

La productivité marginale du travail est : .

La productivité marginale du capital est : .

Ainsi le taux marginal de substitution technique est :

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Pour déterminer le rapport capital/travail optimal, égalisons le
taux marginal de substitution technique et le rapport des prix
des facteurs (taux de salaire/prix du capital) :

Substituons L dans la fonction de production et résolvons K, quand


l’input est de 1 000 unités :
1 000 =(100)(K)(4K), ou K=1,58
Comme L=4K, nous avons L=6,32
Avec ces niveaux d’inputs, le coût total est :
CT=wL+ rK=(30)(6,32) +(120)(1,58)=379,20 €

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Application 3 :
Supposez qu’une fonction soit ; que le prix du
capital soit de 10 €, et celui du travail de 15 €. Quelle est la
combinaison capital/travail qui minimise le coût de
production d’une quantité quelconque ?

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Correction :

La combinaison de capital/travail qui minimise le coût de production est celle où :

La productivité marginale du travail est :

La productivité marginale du capital est :

Égalisons le taux marginal de substitution technique et le rapport des prix des


facteurs (taux de salaire/prix du capital), pour déterminer le rapport
capital/travail optimal :

Ainsi, le ratio capital/travail doit être égal à 0,75 pour minimiser les coûts de
production d’une quantité quelconque.
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