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DISSERTATION

L’opposition entre Régime Parlementaire et Présidentiel est-elle véritablement pertinente ?

Si la séparation des pouvoirs est depuis le XVIIIème siècle, la condition inhérente à une
société démocratique, elle n’est pas appréhendée par tous de la même façon. En effet, les
modalités de son application reviennent aux constituants qui déterminent ainsi le régime à
établir.
Classiquement, le principe de séparation des pouvoirs a été adapté en deux modèles, l’un dit
« souple » et l’autre « rigide ». Le premier a mené à l’établissement d’un régime parlementaire
comme celui de l’Angleterre. Considéré comme idéal par Montesquieu, il se caractérise une
collaboration et une dépendance réciproque entre le gouvernement et le Parlement sous
l’arbitrage plus ou moins formel du chef de l’État. L’exécutif dépend organiquement du
Parlement et a besoin d’une légitimation continue de sa part pour poursuivre son action. A
l’inverse, une séparation « rigide » des pouvoirs a abouti à la fondation du système présidentiel
où chaque pouvoir dispose d’une importante autonomie vis-à-vis des autres. C’est le cas des
États-Unis qui combinent une spécialisation fonctionnelle poussée à une irrévocabilité mutuelle.
Il y a donc il y a contrairement à la plupart des régimes parlementaires, deux expressions de la
souveraineté, données par les élections présidentielles et les élections législatives. Néanmoins,
au cours du temps, des aménagements ont été effectués au sein des différents régimes avec
par exemple la mise en place en de la procédure d’impeachment aux États-Unis. De fait, un
système de gouvernement suit rarement parfaitement le modèle théorique sur lequel il s’appuie.
L’opposition entre régime parlementaire et présidentiel est-elle alors  véritablement pertinente ?
Si en théorie, ces deux régimes s’opposent en tous points, en pratique (I) on constate une
certaine convergence (II).

I – En théorie, une nette opposition entre les deux systèmes

Théoriquement, système parlementaire et système présidentiel se distinguent


nettement. Cette opposition est avant tout fondée sur une différente conception de la séparation
des pouvoirs (A) qui entraine des dysfonctionnements propres à chacun des systèmes (B).

A – Distinction de l’organisation des pouvoirs

L’opposition entre les régimes parlementaire et présidentiel réside avant tout d’une
conception différente de la séparation des pouvoirs.

Régime parlementaire : séparation dite « souple » des pouvoirs. Cela suppose des moyens
d’actions réciproques des pouvoirs exécutif et législatif pour mettre en cause l’existence de
l’autre.
Dans le régime parlementaire, le bicéphalisme de l’exécutif s’impose :
- le chef de l’Etat qui incarne la continuité de l’Etat. Il est irresponsable politiquement. Pas de
rôle actif dans la vie politique mais influence sur la marche des affaires gouvernementales.
- le gouvernement ou cabinet, responsable devant le Parlement. Parlementaire par ses origines,
gouvernemental par ses fonctions. Le Premier ministre et les ministres sont issus du
Parlement. Possibilité de dissoudre le Parlement.
Régime présidentiel : séparation dite « stricte ou rigide » des pouvoirs. Conception selon
laquelle aucun des pouvoirs ne dispose do moyen de remettre en cause l’existence de l’autre.
L’exécutif est nécessairement monocéphale : il est confié à une seule et même personne, le
président qui cumule les attributions de chef d’Etat et de gouvernement. Il est assisté de
ministres (secrétaires) choisis en dehors du Parlement. Le président tire son autorité d’une
investiture populaire donc indépendant du Parlement qui ne peut remettre en cause sa
responsabilité politique (ni celle des secrétaires). Pas de droit de dissolution du Congrès.
Double irrévocabilité.

Ainsi à cette différente conception de la séparation des pouvoirs, s’ajoute donc une
conception différente de l’équilibre et de l’interaction des pouvoirs qui révèle des défauts
inhérents à chaque système.

B – Des défauts propres à chaque système de gouvernement

Régime Parlementaire : le cabinet ne peut gouverner qu’avec la confiance de la majorité


parlementaire. Risque d’instabilité dû à la révocabilité mutuelle
- possibilité pour les parlementaires de provoquer le retrait du gouvernement par le vote d’une
motion de censure.
-possibilité pour le cabinet de dissoudre le corps législatif.
Autre risque : forme de « tyrannie » d’une majorité parlementaire qui n’est pas en phase avec
l’opinion de la majorité des citoyens.

Régime présidentiel : risque de blocage car absence du mécanisme de responsabilité politique


et de droit de dissolution. Autorité divisée. Congrès dont les moyens sont limités car :
commande mais ne peut pas surveiller l’exécution de ses ordres. Secrétaires d’Etat (pouvoir
exécutif) ne peuvent pas être gouvernés par le Congrès mais ne peuvent pas non plus mener
une politique indépendante.
Durée fixe du mandat présidentiel et de la durée du Congrès donc :
- possibilité d’un parti majoritaire au Congrès qui n’est pas celui du Président (gouvernement
divisé)
- gouvernement qui doit être conservé même si ne fonctionne pas.

Chaque système de gouvernement, qu’il soit parlementaire ou présidentiel présente des


défauts qui leurs sont propres et qui sont une conséquence directe de leur conception de la
séparation et de l’équilibre des pouvoirs.
Néanmoins, cette impossible séparation purement souple ou rigide les pousse à dépasser cette
opposition.

II – En pratique, une convergence décelable

En pratique, les deux systèmes de gouvernement convergent dans la mesure où ils


adoptent des solutions presque similaires pour pallier leurs dysfonctionnements (A) et qu’ils
s’établissent sur une base commune (B)

A – Des solutions semblables à leurs dysfonctionnements respectifs


« Influence » de l’exécutif sur la fonction législative :
- régime parlementaire : Collaboration des deux organes dans la fonction législative, partage de
l’initiative législative, droit d’amendement. La fonction législative est ainsi partagée au niveau de
l'initiative et de la sanction finale ou acceptation de la loi par le Roi qui est votée par le
Parlement.
- régime présidentiel : le président ne possédant pas le droit d’initiative des lois, au nom d’une
conception rigide de la séparation des pouvoirs, il peut émettre des suggestions et
communiquer par le message annuel sur l’état de l’Union. Il s’agit principalement du « veto »
présidentiel sur les lois votées. Intervention des deux organes dans la procédure législative, l’un
vote la loi, l’autre dispose d’un droit de veto.

Le régime présidentiel a mis en place des moyens d’actions similaires à ceux du régime
parlementaire :
- moyen d’action de l’exécutif (message présidentiel et droit de véto)
- moyen d’action du législatif (impeachment, pouvoir budgétaire, consentement aux nominations
des fonctionnaires).
(+ moyen d’action judicaire (contrôle de constitutionnalité par la Cour Suprême)).

Parallèlement dans le régime parlementaire on observe une forme de rationalisation pour pallier
son instabilité : conditions quant au rejet de confiance du gouvernement, discussion et vote
d’une motion censure pour qu’elle ne soit pas adoptée trop rapidement et facilement.

Institution de commissions parlementaires.


ex : pour combler l’absence de contrôle du congrès sur le président aux USA
ex : commission d'enquête parlementaire au Royaume-Uni

B – Existence d’une base commune

Qu’il soit présidentiel ou parlementaire, ces deux régimes s’établissent sur des bases
communes démocratiques.

- volonté d’une séparation des pouvoirs dans une logique cohérente d’équilibre entre les
pouvoirs. But : éviter la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul organe. Équilibre
notamment entre pouvoir législatif et exécutif
- système de « check and balances », freins et contrepoids présent dans les deux régimes.
- exigence de représentation : régime parlementaire, le Parlement représente le peuple et
certains diront même qu’il fait le lien entre les électeurs et le gouvernement. Régime
démocratique le Président est plus ou moins directement élu par le peuple.
- Existence d’un législatif bicaméral dans certains régimes présidentiels et parlementaires afin
que toutes les opinions et tous les intérêts soient représentés.
REPRISE

Méthode :

Attention au mélange entre concepts et cas concrets :


- application d’un concept n’est pas le concept en lui-même donc ne permet pas de l’invalider
- les régimes n’ont pas évolué (concepts) mais les pays dans lesquels ils étaient appliqués oui.
Le concept n’évolue pas ce qui change c’est la façon dont il est appliqué.
 un système de se résume pas à un pays (attention à la généralité, assimilation).
Savoir différencier le concept et une des applications de ce concept (cas concret).

ex : - concept de régime présidentiel n’a aucune réalité. Aucun régime n’applique parfaitement
la théorie dont il s’inspire (exemple du cas américain)
- critères de distinction qui ne sont pas opposé voire superposés (exemple de la France).
- dans une même famille des gouvernements différents (utilité de la classification ?)

Régime présidentiel ≠ la force du président


Régime parlementaire ≠ la force du Parlementaire.
 renvoie à des catégories de type de séparation des pouvoirs

France = régime qui se présidentialise mais pas présidentiel.


Aux USA, le fait que le système soit congressionnel ne remet en cause le régime présidentiel
c'est-à-dire la conception de la séparation dans pouvoirs.

Distinguer organique et fonctionnel dans les définitions des régimes (cf. reprise TD)

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