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Mission 1 : La société Altho et ses parties prenantes (annexes 1 à 5)

1.1 Identifier les finalités de la société Altho.

L’activité essentielle de la société Altho est la production de chips. Celles-ci sont vendues par des
marques de distributeur (MDD) et à travers la marque propre de l’entreprise : Bret’s. Altho se
distingue par sa démarche éthique » : l’huile de palme a été totalement remplacée par l’huile de
tournesol en 2010, le taux de sel dans les recettes a été diminué de 25 % en 2012. L’année suivante,
les arômes artificiels ont été totalement supprimés au profit d’arômes naturels. Tous les
développements produits se passent d’exhausteurs de goût et d’édulcorants de synthèse. En outre,
Altho affiche une volonté forte d’être exemplaire du point de vue de sa responsabilité sociale et
environnementale. Ainsi, la société impose la limitation de l’usage de produits phytosanitaires dans
les champs, une consommation d’eau divisée par deux grâce à la filtration et à la réutilisation de
l’eau, une valorisation optimale des déchets grâce à la maîtrise intégrale du cycle de production, des
économies d’énergie importantes avec un méthaniseur permettant de satisfaire 30 % des besoins en
gaz. Au final, en 10 ans, le bilan carbone de l’entreprise a été réduit de 35 %.
Par ailleurs, Altho a remporté beaucoup de prix d’innovation pour ses recettes et ses techniques de
fabrication : snacking d’or, prix Isogone catégorie usage et innovation et catégorie saveurs, prix coup
de cœur produit en Bretagne, etc.

1.2 Distinguer les parties prenantes de la société Altho et leurs attentes respectives.
Il y a tout d’abord les chaînes de la grande distribution qui vendent les chips d’Altho à travers leurs
marques de distributeur. Pour elles, il faut que ces chips soient du meilleur rapport qualité/prix. En
tout cas, pour être compétitives, elles imposent forcément un cahier des charges exigeant dans le
but de réduire les coûts de production.
Ensuite, il y a les agriculteurs qui fournissent les pommes de terre, matière première de la fabrication
de chips. Ils souhaitent légitimement que leur travail soit rémunéré dignement. Quant aux
fournisseurs d’huile de tournesol, ils doivent actuellement, étant donné le contexte géopolitique,
faire face à des défis logistiques énormes et il leur est très difficile de répondre à toutes les
demandes. En conséquence, le prix de l’huile de tournesol s’envole et c’est toute l’industrie de la
chips, dont Altho, qui est impactée.

1.3 Présenter les enjeux économiques pour la société Altho de confier la production de pommes de
terre à des partenaires extérieurs.
Depuis sa création en 1995, l’entreprise a sans cesse noué des partenariats avec des agriculteurs. La
fourniture de matières premières est évidemment un enjeu décisif. Rien ne serait pire que de ne
pouvoir honorer les commandes en raison d’un manque de pommes de terre.
Aujourd’hui, 265 agriculteurs bretons, tous situés à moins de 170 km de l’usine de production,
assurent 80 % des approvisionnements. Cela permet une démarche localiste, mais le danger est
qu’en cas d’événement climatique exceptionnel touchant la Bretagne, l’usine se retrouve à devoir
faire face à un manque de matière première. Toujours est-il que la question de l’origine des pommes
de terre se situe au cœur de la démarche éthique d’Altho.

Les liens entretenus avec les agriculteurs de la région permettent de sécuriser au maximum les
approvisionnements. En outre, l’entreprise offre une stabilité des prix contractualisée par récolte.
Mission 2 : La société Altho et son développement (annexes 3 à 7)
2.1 Montrer que l’innovation de la société Altho dans un méthaniseur est source d’externalités.

L’usine de chips Altho de Saint-Gérand, dans le Morbihan, bénéficie désormais d’une unité de
méthanisation. Celle-ci utilise les épluchures de légumes pour produire du biogaz. L’enjeu est énorme
puisque près d’une chips consommée en France sur trois provient de cette usine. Ce sont ainsi
quelque 22 000 tonnes de déchets par an qui sont transformés en biométhane. Cela permet de
fournir 30 % des besoins en gaz de l’usine.

En économie, une externalité désigne le fait qu’un agent économique crée, par son activité, un effet
externe en procurant à autrui, sans contrepartie monétaire, une utilité ou un avantage de façon
gratuite, ou au contraire une nuisance, un dommage sans compensation (coût social, coût
écosystémique, pertes de ressources pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement
renouvelables…). Par conséquent, un agent économique peut impacter consciemment ou
inconsciemment la situation d’autres agents, sans que ceux-ci soient parties prenantes à la décision.
En l’occurrence, la création de l’unité de méthanisation impacte notamment les fournisseurs de gaz
et d’électricité tels que GRDF et EDF.

Par ailleurs, pour les riverains, il en résulte des nuisances, notamment en raison des mauvaises
odeurs dégagées. Il y a aussi des risques d’incendie, d’explosion, d’intoxication et de pollution.

2.2 Déterminer les raisons économiques qui expliquent que la société Altho a bénéficié du soutien
des pouvoirs publics européens pour sa seconde ligne de production de chips.

Altho a créé une seconde ligne de production en Ardèche, au Pouzin. Celle-ci est très importante. En
effet, en 2020, le site du Pouzin devrait représenter 40 % de la production d’Altho. L’impact est
notamment important sur l’emploi, ce qui peut justifier des aides publiques. En effet, entre 100 et
160 personnes travaillent dans cette nouvelle unité de production. Cependant, ce qui compte surtout
du point de vue du financement par l’Union européenne, c’est la politique agricole commune (PAC).
Or, les usines de chips sont un débouché d’importance considérable pour les agriculteurs
producteurs de pommes de terre. La PAC soutient le dynamisme et la viabilité économique des zones
rurales. Tel est exactement l’enjeu avec l’unité de production ardéchoise. On est ici parfaitement
dans le cadre des objectifs des politiques européennes : renforcer la durabilité sociale,
environnementale et économique des zones rurales. De plus, Altho répond plutôt bien aux exigences
de l’UE en termes de gestion durable des ressources naturelles et d’action pour le climat.

Pour bénéficier des aides européennes, il faut œuvrer notamment aux priorités suivantes, ce que fait
assez clairement la société Altho :

promouvoir l’utilisation efficace des ressources et soutenir la transition vers une économie à faibles
émissions de carbone et résiliente au changement climatique dans les secteurs de l’agriculture, de
l’alimentation et de la foresterie ;
la restauration, la préservation et l’amélioration des écosystèmes liés à l'agriculture et à la foresterie ;
promouvoir l’inclusion sociale, la réduction de la pauvreté et le développement économique dans les
zones rurales.
2.3 Expliquer, à l’aide d’une argumentation juridique, si Laurent Cavard peut faire cesser l'utilisation
de la marque Breitz.

La société Altho a déposé la marque Bret’s, à travers laquelle elle vend une part de sa production de
chips. Comme l’explique l’article L. 711-1 alinéa 1 du Code de la propriété intellectuelle, « la marque
est un signe servant à distinguer les produits ou services d’une personne physique ou morale de ceux
d’autres personnes physiques ou morales ». Et l’article L. 714-1 d’ajouter que « l’enregistrement de la
marque confère à son titulaire un droit de propriété sur cette marque pour les produits ou services
qu’il a désignés. Ce droit s’exerce sans préjudice des droits acquis par les tiers avant la date de dépôt
ou la date de priorité de cette marque ». Le conflit entre les marques Bret’s et Breitz dépendra donc
des dates de dépôt de chacune. Si Breitz est postérieure à Bret’s, la plainte de la société Altho sera
recevable. En effet, l’article L. 713-2 du même code précise qu’« est interdit, sauf autorisation du
titulaire de la marque, l’usage dans la vie des affaires pour des produits ou des services d’un signe
identique ou similaire à la marque et utilisé pour des produits ou des services identiques ou
similaires à ceux pour lesquels la marque est enregistrée, s’il existe, dans l’esprit du public, un risque
de confusion incluant le risque d’association du signe avec la marque ». En l’occurrence, nous
sommes bien en présence d’un concurrent qui fabrique également des chips et qui, en choisissant un
nom de marque proche de Bret’s, entend profiter indûment de la notoriété de cette dernière. La
marque Breitz devrait donc être interdite et l’entreprise qui l’utilise sanctionnée.

Une action en concurrence déloyale peut être engagée en raison de la confusion dans l’esprit du
public créée par la marque Breitz, trop ressemblante à Bret’s, marque nationale à la notoriété bien
établie. Nous sommes dans une situation similaire à celle de l’arrêt de la chambre commerciale de la
Cour de cassation du 7 juillet 2004 : le nom choisi par une entreprise ressemble beaucoup à celui
d’une autre, ce qui produit une « confusion dans l’esprit d’un client d’attention moyenne. Il s’agit
bien, dans ces conditions, d’un acte de concurrence déloyale.

Mission 3 : La société Altho et ses conditions de travail (annexes 8 à 12).


3.1 Proposer des leviers de motivation que la société Altho peut mobiliser pour fidéliser ses salariés.

Afin de motiver ses salariés, Altho pourrait s’appuyer sur différents leviers de motivation. Les uns,
suivant la théorie bifactorielle de Frederick Herzberg, se rapportent aux facteurs d’hygiène et doivent
générer une satisfaction naturelle. Les autres sont des facteurs moteurs et jouent sur la motivation.
Les facteurs d’hygiène sont la sécurité et le statut, les conditions de travail, le niveau de salaire, les
relations avec les collègues et avec les supérieurs, l’administration de l’entreprise et la politique
sociale.
Les facteurs moteurs sont le développement de soi, l’avancement de soi, la responsabilité, l’intérêt
pour le travail, la reconnaissance de la hiérarchie et l’accomplissement de soi.

3.2 Montrer les conséquences sur l’organisation du travail dans la société Altho de la mise en place
du télétravail.
Si l’on laisse de côté la rémunération, l’ambiance de travail, les échanges et les interactions avec les
collègues sont les principales motivations des salariés. Or, la mise en place du télétravail porte
largement atteinte à ces aspects. Il pourrait donc en résulter une sensible baisse de motivation des
salariés et, par suite, une réduction de la performance au travail et de la rentabilité de l’entreprise.
En même temps, cela peut être nuancé par le fait que les jeunes salariés actuels sont de plus en plus
en recherche de flexibilité concernant les horaires et le lieu de travail. D’ailleurs, une part importante
des salariés font du télétravail un critère central dans leurs recherches d’emploi.
Par ailleurs, comme l’a souligné la chambre sociale de la Cour de cassation dans un arrêt du 19
septembre 2013, « les frais qu’un salarié expose pour les besoins de son activité professionnelle et
dans l’intérêt de l’employeur doivent être supportés par ce dernier ». Les frais engagés pour les
besoins de l’activité professionnelle d’un salarié ne peuvent donc pas être laissés à la charge de
celui-ci.
Reste que le télétravail permet d’externaliser l’organisation de l’espace de travail. Cette tâche revient
alors aux salariés eux-mêmes. Dès lors, il y a un effet direct sur les marges bénéficiaires, plus ou
moins important selon le pouvoir de négociation des salariés. Quant à ces derniers, ils profitent de la
réduction de leur temps de trajet.
3.3 Analyser, à l’aide d’une argumentation juridique, la validité de cet avenant au contrat de travail.
La société Altho envisage de recourir au télétravail pour une partie de ses salariés. Pour cela, elle
propose un avenant aux contrats de travail de ces salariés concernés. Celui-ci pose quelques
difficultés juridiques.
Tout d’abord, l’article 1 relatif au passage au télétravail se borne à acter le passage au télétravail et
d’en préciser la date. Est ajouté que ce changement organisationnel n’affecte en rien la qualité de
salarié. Les droits et avantages restent les mêmes qu’en situation de travail sur site. Cet article ne
présente pas de difficulté particulière.
Concernant l’article 2, il impose au salarié de travailler toujours depuis son domicile, en précisant
l’adresse exacte. Cela pourrait éventuellement être contesté, le principe du télétravail étant de
permettre de travailler à distance, peu importe l’endroit tant qu’une connexion internet correcte est
disponible.

L’article 3 précise que la société Altho met à la disposition du salarié les équipements nécessaires au
télétravail. Depuis l’arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation du 19 septembre 2013, il
s’agit d’une obligation. Cette clause est donc bienvenue, d’autant qu’elle ajoute que ce sont tous les
systèmes informatiques, matériels et logiciels, qui seront délivrés au salarié pour ses besoins
professionnels. De plus, la société fournit au salarié un service d’appui technique, tant pour
l’installation que pour l’utilisation des systèmes mis à sa disposition. Cela est également bienvenu car
la difficile utilisation de certains matériels ou logiciels pourrait rendre pénible le télétravail, ou même
l’empêcher.

Enfin, l’article 4 de l’avenant semble lui-aussi tout à fait légal dès lors qu’il insiste sur le droit à la
déconnexion du salarié en télétravail. En effet, celui-ci ne doit être joignable que durant certains
horaires strictement délimités, fixés en concertation entre la société et son employé. La durée de
travail et les congés restent identiques à ceux prévus dans le contrat initial, ce qui est parfaitement
normal.

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