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INTRODUCTION À LA GENÈSE

Le titre du premier livre de la Bible signifie « origine » ou « commencement ». Ce titre nous


vient de la Bible grecque. Ce livre répond aux questions essentielles de l’origine au sens large. La
Genèse relate les actes ou les paroles créatrices d’un Dieu personnel qui crée et organise le
monde et s’intéresse particulièrement à l’être humain, homme ou femme, créé à son image et à sa
ressemblance.
Les chapitres 1 à 11 présentent les récits de l’origine de notre monde visible et de l’humanité,
de l’origine du péché et de ses conséquences (1–3), du premier meurtre (4:1-16), de la
descendance d’Adam et d’Eve (4:17 à 5:32), de la corruption du genre humain suivie du
châtiment divin par le déluge (6–8), de la première alliance de Dieu avec Noé, et de la postérité
des peuples (10) ainsi que de l’origine du pluralisme linguistique (11). La narration biblique sur
les origines occupe ainsi les onze premiers chapitres. On y trouve les problèmes éternels du sens
de la vie, du mal, de la souffrance, de la mort et de l’espérance. Certains thèmes abordés dans ces
pages primordiales sont:
- La création développée sur le plan spatio-temporel, avec le couple adamique comme gérant
mandaté par Dieu (1:1–2:3):
- L’origine de la vie, de l’agriculture, du couple et du langage humain, de l’hostilité de la
nature, de la douleur et de la mort, dues à la transgression de la loi divine (2:4–3:24).
- L’irruption de la violence et l’apparition de la civilisation urbaine (Caïn et Abel, 4:1-16).
- La racine du mal dans le cœur de l’être humain et le châtiment divin par le déluge (6:1–8:22).
- L’alliance avec Noé, la table des peuples et la tour de Babel (9–11).
- Les chapitres 12 à 50 exposent le plan du salut de Dieu pour toute l’humanité dans une série
de traditions patriarcales. Après la dispersion des peuples sur la terre (10), liée à la confusion de
Babylone (11), ces chapitres décrivent le portrait de plusieurs figures essentielles d’Israël qu’on
appelle les patriarches. En effet, Dieu choisit un homme du nom d’Abraham avec sa femme Sara
(12:1–25:18). Il leur donne dans leur vieillesse le fils de la promesse Isaac (24 à 27). Dieu préfère
son fils Jacob à son frère jumeau Esaü et le renomme Israël (27:1–37:1). Un des douze enfants
d’Israël du nom de Joseph devient l’instrument divin pour le salut de sa famille et de tout le
peuple d’Israël en Égypte (37:2–50:26).
Les cycles d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, voire de Joseph, servent à l’instruction du peuple de
Dieu, pour le convaincre qu’il appartient toujours, des siècles plus tard, à un grand dessein.
La Genèse nous renseigne sur ce que l’Éternel a fait. Dieu est le créateur de tout l’univers qui
lui est soumis. Ce livre insiste sur l’histoire de l’humanité quant à son origine, son attitude devant
le Dieu créateur, juge bon et miséricordieux. Dieu prépare la délivrance de l’humanité déchue en
choisissant Abraham comme patriarche d’un peuple nomade. Dieu reste le personnage principal à
travers ce livre. Il demande en retour à toute personne, la foi en ses promesses et l’obéissance à
ses ordres et ses recommandations.

INTRODUCTION À L’EXODE

(Ps 103:7. Né 9:9-20.)

Le terme «Exode», titre de ce livre, signifie «sortie», sens dérivé d’Exode 20:2: «Je suis
l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude.» Dieu libère
les enfants d’Israël et leur donne des lois d’amour et de vie résumées dans les dix paroles ou
commandements.
Le livre de l’Exode est donc la mémoire vivante d’un peuple qui se comprend comme peuple
de Dieu. C’est une sorte d’«évangile de l’Ancien Testament»: la bonne nouvelle de la libération
de la maison de servitude.
Cette mémoire de l’exode jalonne toute l’histoire de l’Israël biblique. Elle fonde sa conscience
nationale.
Les chapitres 1:1–15:12 présentent un Dieu libérateur qui choisit un Hébreu comme instrument
de libération des Hébreux souffrants. Cet homme est Moïse, assisté par son frère Aaron. Dieu
voit la souffrance de son peuple (1–2), se révèle à Moïse (3 à 4:17), l’envoie en Égypte vers le
Pharaon (4:18–6). C’est par des fléaux que Dieu contraint les Égyptiens à laisser partir Israël (7–
11).
Le signe de leur libération est la pâque (12–13:16). Le peuple libéré traverse miraculeusement
la mer Rouge (13:17–14:31) en partance pour la terre promise.
Ces chapitres mettent en exergue le rôle éminent des femmes ou des sages-femmes, la vocation
de Moïse, le feu inextinguible, le Pharaon obstiné, la fête de la Pâque, l’agneau et son sang
protecteur.
Les chapitres 15:22 à 40 relatent la marche et le séjour du peuple d’Israël au désert pendant 40
ans. Dieu conclut avec lui une alliance ayant comme clauses les dix commandements en
particulier, et des lois multisectorielles en général (19:1–24:18). C’est au désert que Moïse reçoit
des indications très détaillées pour la construction du tabernacle (25–31).
Entre-temps, le peuple d’Israël viole les clauses de l’alliance en représentant Dieu sous la
forme d’un veau d’or. Grâce à l’intercession de Moïse, Dieu pardonne au peuple après l’avoir
châtié, et rétablit l’alliance (32–34). L’Exode se termine par le récit de la construction minutieuse
du tabernacle où la présence divine se manifeste perpétuellement (35–40).
Ces chapitres mettent en lumière le passage de la mer des joncs, l’obstination funeste du
Pharaon, Jéthro, l’organisation de type militaire du peuple, l’alliance conclue, violée à cause du
culte au veau d’or, l’alliance restaurée et la demeure de Dieu.
Selon l’Exode, la souffrance et l’oppression multiformes peuvent durer parfois des siècles,
mais l’Éternel, le Dieu des pères des Hébreux, est celui qui voit, qui entend, qui descend vers les
opprimés, et qui suscite et équipe les libérateurs à l’instar de Moïse, le grand prophète. Dieu
libère les opprimés qui lui doivent obéissance et fidélité. Dieu livre cependant en spectacle les
oppresseurs qui, au lieu de se repentir, lui résistent. On ne s’attaque pas impunément à ce qui
appartient à l’Éternel.

INTRODUCTION AU LÉVITIQUE

(Éz 20:11. De 33:10.)

Le terme « lévitique » dérive de la tribu sacerdotale de Lévi, sans territoire qui lui soit propre,
chargée de veiller à la mise en pratique de toutes les lois divines dans les autres tribus d’Israël.
Ce livre a été éclipsé, dans la tradition chrétienne, par la richesse narrative de la Genèse et de
l’Exode. Les lois qui le composent auraient été données au Sinaï, en l’espace d’un mois et vingt
jours, au début de la deuxième année à compter de la sortie d’Égypte.
Les chapitres 1 à 7 décrivent les différents types de sacrifices ainsi que toutes leurs règles. Il
est spécifiquement question de l’holocauste (1), de l’offrande végétale (2), des sacrifices de paix
(3), d’expiation (4–5:13), de culpabilité (5:14-26), de la part des sacrificateurs dans les différents
sacrifices (6:1–7:21), voire de la part de ceux qui n’exercent pas cette fonction (7:22-38).
Les chapitres 8 à 10 parlent de l’investiture des premiers prêtres, à savoir Aaron et ses fils (8),
de leurs premiers sacrifices offerts (9) et des précisions concernant le sacerdoce.
Malheureusement, dès le début de leur ministère, deux jeunes sacrificateurs sont châtiés (10:1-7),
et les autres se voient interdire l’alcool avant d’entrer dans le tabernacle (10:8-11), bref avant tout
service cultuel. Ils ont une rémunération (10:12-20).
Les chapitres 11 à 18 énumèrent toutes les lois sur la pureté, en précisant les impuretés que
chaque membre du peuple doit éviter. Ces lois concernent les animaux purs et impurs (11), la
purification de la femme après l’accouchement (12), la lèpre (13–14), les impuretés sexuelles
(15), le jour de l’expiation (16), le sang (17) et les unions illicites (18).
Les chapitres 19 à 25 précisent les lois de sainteté. Elles concernent le rituel et l’éthique (19),
les peines relatives aux unions illicites et à la participation aux cultes étrangers (20), les devoirs
de sainteté des sacrificateurs (21), les sacrificateurs et les offrandes (22), les fêtes (23), le service
du sanctuaire et le nom divin (24), enfin les années sabbatiques et le jubilé (25).
En effet, le Dieu d’Israël est le Dieu saint qui veut sanctifier son peuple et être sanctifié par
lui: «Soyez saints, car je suis saint, moi, l’Éternel, votre Dieu.» Cette sanctification est à la fois
physique, morale et spirituelle.
Les sanctions spécifiques liées aux règles ci-dessus incitent chaque Israélite à connaître la
volonté de Dieu: «Je suis l’Éternel, votre Dieu. Vous observerez mes lois et mes ordonnances:
l’homme qui les mettra en pratique vivra par elles. Je suis l’Éternel.»
Le livre du Lévitique regorge de lois multisectorielles parfois surprenantes. Ces lois mettent en
évidence le fait qu’une communion harmonieuse avec Dieu, avec les autres et avec
l’environnement, est régie par des règles scrupuleuses. Le Lévitique nous instruit toujours au
sujet des sacrifices, de la consécration, de ce qui est pur ou impur, de rituels, et de lois sociales
encore valables de nos jours.

INTRODUCTION AUX NOMBRES

(De 8:15; 32:9-14. Né 9:19-21.)


Une bonne partie du livre des Nombres est consacrée aux recensements des Israélites, aux
énumérations des tribus et aux arbres généalogiques. C’est tout cela qui lui a valu le titre de
«Nombres».
Ce livre raconte l’histoire théologique du séjour des Hébreux dans le désert pendant les
quarante années qui précédèrent l’installation en terre promise. Il s’agit d’une sorte de mémoire
d’avenir, marquée par des échecs et des contestations. Ses récits sont particulièrement riches en
incidents qui mettent en exergue l’action de Dieu et le rôle de Moïse. Le deuxième recensement
montre la rigueur de la sanction appliquée à l’incrédulité (14:26-35) puisque, parmi ceux qui
furent dénombrés par Moïse et Éléazar dans les plaines de Moab, il n’y avait aucun de ceux qui
avaient été recensés.
Les chapitres 1:1 à 10:10 relatent la vie des Israélites au pied du mont Sinaï. Ils se préparent à
se mettre en route pour le pays promis. Il y est question des recensements et de l’organisation
militaire de la première communauté en vue de la longue marche (1–4), des compléments aux
lois rituelles sur la pureté, le vol et la jalousie conjugale (5), du naziréat (6:1-21), de la formule de
bénédiction (6:22-27), du train des équipages (7:1-9), des objets pour le culte (7:10 à 8), de la
date de la Pâque (9:1-14), de la nuée qui guide le peuple (9:15-23) et des sonneries des trompettes
(10:1-10).
Les chapitres 10:11 à 21:35 racontent la marche des Israélites de Kadès-Barnéa au pays de
Moab, à l’est de la mer Morte. Ce pèlerinage est caractérisé par la providence divine pour les
Israélites, survenant dans un climat de doute, de murmures, de révolte mais aussi de châtiments
divins terrifiants.
Le peuple est en route vers Moab (10:11-36). C’est un parcours jalonné de crises, de feu de
Dieu avec la contestation de Moïse (11–12), la mission des douze éclaireurs (13), le défaitisme,
puis quarante ans de punition pour incrédulité (14), les offrandes végétales, l’expiation des fautes
involontaires, le sabbat et les franges (15), la nouvelle contestation de Koré (16–17), le statut des
sacrificateurs et des lévites (18), la vache rousse (19), la querelle de Meriba, la mort de Myriam
(Marie) et d’Aaron (20), un succès militaire à Horma (21:1-4), les protestations, l’incident du
serpent d’airain (21:5-9).
Les chapitres 21:10 à 36:13 racontent la conquête de la Transjordanie. Cette conquête est
marquée par le succès militaire à Hesbon (21:10-35), le livret de Balaam (22–24), l’affaire de
Baal-Peor (25), le recensement dans le désert (26), le projet de répartition du pays (27:1-11),
l’investiture de Josué comme successeur de Moïse (27:12-22), l’agenda liturgique de tous les
sacrifices périodiques (28–29), les femmes et les vœux (30), le succès militaire contre les
Madianites (31), les dispositions pour le partage du pays (32–35), et de nouvelles précisions
relatives à l’héritage des femmes (36). Le pays promis est partagé d’avance et c’est par le pays de
Moab que les Israélites entreront à Canaan.
Le livre des Nombres nous révèle l’importance des statistiques dans la marche avec Dieu. Il
montre le peuple de Dieu dans tous ses états d’âme: doute et confiance, soumission et révolte,
espérance et désarroi. Tout cela rehausse le contraste entre la marche vers la terre promise et le
pays encore à conquérir. La médiation humaine comme celle de Moïse est un ministère
doublement exigeant, risqué et ingrat. Dans cette relation entre l’humanité et Dieu, Moïse est ici
un modèle de messager qui, tout en ayant une intimité exceptionnelle avec Dieu libérateur, reste
un intercesseur, le défenseur inlassable d’un peuple très enclin à l’infidélité.

INTRODUCTION AU DEUTÉRONOME

(Ps 119:1, 2. Ec 12:15.)

Le terme «Deutéronome» signifie «la seconde loi» ou «la répétition de la loi». Faisant suite à
celui des Nombres, ce livre charnière clôt et couronne l’ensemble formé des cinq premiers livres
de la Bible, d’une part, et amorce la grande section composée de Josué, Juges, Samuel et Rois,
d’autre part. Il est à la fois tourné vers le passé (souviens-toi, 8:2) et ouvert sur l’avenir
(L’Eternel, ton Dieu, te fera entrer dans le pays, 6:10; 8:7; 30:1-5).
Dans ce livre, Moïse s’adresse à un auditoire un peu différent de celui des 40 premières années
de libération du peuple israélite. Il le fait dans trois grands discours (1:1–4:43; 4:44–28:68;
28:69–30:20).
Le premier discours de Moïse (1:1–4:43) est une série de souvenirs et d’exhortations;
souvenirs des conquêtes, des guerres et des souffrances endurées; souvenirs de l’amour de Dieu,
de sa protection pluridimensionnelle, de l’exhortation à garder les clauses de l’alliance conclue au
Sinaï afin d’éviter la colère du Dieu jaloux.
Le deuxième discours de Moïse (4:44–28:68) rappelle les dix commandements (5), et donne le
credo au peuple d’Israël: «Écoute, Israël! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel» (6:4-5). Ce
peuple a une obligation: aimer le Seigneur son Dieu, ne pas l’oublier et lui rester fidèle, car c’est
par grâce qu’il est choisi parmi d’autres nations. Cette foi en un seul Dieu doit se caractériser par
l’observance stricte et quotidienne des lois de l’Éternel (12–28:68).
Le troisième discours de Moïse (28:69–30:20) insiste sur ce que Dieu a fait pour Israël. Le
peuple, à son tour, doit prendre au sérieux l’alliance avec Dieu. Les infidélités futures du peuple
laissent toujours une possibilité de retour à Dieu. Que faire donc concrètement? «J’ai mis devant
toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta
postérité » (30:19).
Les derniers chapitres (31–32) constituent une sorte de discours d’adieu de Moïse. Il fortifie
son successeur Josué avec l’ordre de lire publiquement la loi tous les sept ans (31). En effet,
comment ne pas chanter des louanges à son Dieu après une si grande aventure (32)? Comment ne
pas bénir ce peuple aimé de Dieu (33)? Après avoir contemplé de loin le pays promis, Moïse
meurt, âgé de 120 ans (34).
Le Deutéronome apparaît donc comme une pressante revendication de Dieu sur le peuple
d’Israël, justifiée par le fait qu’il était et reste son libérateur. Dieu est un, c’est-à-dire indivisible
et fidèle à lui-même en toute occasion et en tout lieu, comme à Baal-Peor (Nb 25:3, Deut 4:3),
Sichem (Jg 8:33) ou au mont Carmel (1R 18:21). À ce Dieu un doit répondre un peuple unanime.
Le Deutéronome rappelle que le bonheur auquel toute personne aspire se trouve
essentiellement dans l’obéissance constante au Dieu libérateur. Cette vie d’obéissance perpétuelle
a des repères tels que le décalogue, le credo ou « shema » et « le livre de la loi », sources
d’inspiration quotidienne.

INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ

Ps 111:6. (1 Ti 6:12. Hé 4:1-11.)

Ce livre de la Bible a pour titre le nom d’une personne. Il s’agit du successeur de Moïse. Ce
dernier changea son nom Osée ou Hoshéa (il sauve, il donne la victoire ou il libère) en Josué ou
Yehoshoua (le Seigneur est le sauveur ou celui qui donne la victoire, le libérateur). Tout un
programme! Le livre raconte en détail la conquête du pays de Canaan et l’installation des tribus
israélites au prix de guerres et de violences multiples.
Les chapitres 1 à 12 relatent la traversée du Jourdain et la conquête de Canaan. Josué est, en
quelque sorte, un général d’armée de l’Éternel, placé à la tête du peuple (1). Après le rapport des
deux espions (2), les Israélites traversent miraculeusement le fleuve Jourdain (3–4). Les signes de
l’alliance, à savoir la circoncision et la Pâque, sont remémorés dans les plaines de Jéricho (5).
Après une défaite inaugurale (6–7), la conquête commence avec toutes les armes de l’époque, y
compris la ruse, telle que celle des Gabaonites (9). Ce qu’il faudra faire de tous les pays vaincus
est ensuite précisé (8–12).
Les chapitres 13 à 22 fournissent des détails sur le partage de Canaan. Ce partage tient compte
de chacune des douze tribus d’Israël (13–19), des dix villes de refuge (20) et des quarante-huit
villes des Lévites (21:1-45).
Les chapitres 22 à 24 relatent les derniers événements et les ultimes avertissements de Josué.
Un autel-témoin des Rubénistes symbolise l’unité des tribus de part et d’autre du fleuve (22). Il y
a aussi une sorte de testament de Josué (23) appuyé par son engagement personnel: « Moi et ma
maison, nous servirons l’Éternel » Le livre se termine par l’alliance, le pacte ou la dernière
assemblée à Sichem (24), des souvenirs nationaux, des promesses du peuple de servir
exclusivement l’Éternel, et surtout des exhortations finales de Josué, fils de Nun, serviteur de
l’Éternel. Seule l’infidélité du peuple peut le déposséder de temps à autre de ce don divin.
Josué rappelle la fidélité de l’Éternel à ses promesses conditionnelles. Son peuple doit y
répondre par un engagement solennel et une obéissance sans faille de peur de retomber dans de
nouvelles infidélités.

INTRODUCTION AU LIVRE DES JUGES

(Ps 106:34-36. Ac 13:20. Jé 50:6.)

Le terme « Juges » désigne des hommes ou des femmes saisis par l’Esprit de Dieu, chargés de
gouverner les Israélites et de délivrer une ou plusieurs tribus des ennemis permanents que sont les
peuples voisins.
Ce sont les exploits de ces héros qui donnent à ce livre son titre. Il s’agit pour la plupart de
grands guerriers charismatiques, sauveurs que Dieu suscite pour son peuple repentant. On traite
donc de quelques actions notoires de certaines tribus d’Israël, et non pas de l’histoire de ses
douze tribus prises dans leur ensemble.
Les chapitres 1:1 à 2:10 évoquent les événements qui ont marqué l’installation des Israélites en
Canaan jusqu’à la mort de Josué. «Toute cette génération fut recueillie auprès de ses pères, et il
s’éleva après elle une autre génération, qui ne connaissait point l’Éternel, ni ce qu’il avait fait
en faveur d’Israël» (2:10). Josué est mort, certes (1:1), mais avant, il y a eu des conquêtes sur
plusieurs fronts (1:1–2:5). Josué renvoya chacun dans son héritage et le peuple servit l’Éternel
(2:6-9). L’avertissement de 2:6–3:6 développe une théologie de l’histoire. Il dénonce les
errements du peuple saint qui n’en finit pas de se laisser séduire par les idoles. Le livre des Juges
raconte surtout la période qui va donc de la mort de Josué à l’établissement de la royauté.
Les chapitres 2:11 à 16:31 relatent les récits de la libération périodique du peuple repentant par
le Dieu de ses pères. Cette libération suit l’articulation suivante: « Les enfants d’Israël firent
alors ce qui déplaît à l’Éternel, et ils servirent les Baals… La colère de l’Éternel s’enflamma
contre Israël. Il les livra entre les mains des pillards. Les enfants d’Israël crièrent à l’Éternel, et
l’Éternel leur suscita un libérateur qui les délivra » C’est ce cycle de péché – châtiment,
repentance – libération qui constitue la toile de fond du livre.
Les chapitres 17 à 21 mettent en évidence le désordre qui régnait en Israël avant l’instauration
de la royauté. C’est une sorte d’anarchie caractérisée par l’idolâtrie, la débauche et les guerres
tribales. «En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait
bon» (21:25). Ces juges viennent de plusieurs tribus d’Israël: Othniel de Juda, Éhud et Jaël de
Benjamin, Schamgar et Barak de Nephthali, Gédéon, dit Jerubbaal de Manassé, Débora,
Abimélec et Abdon d’Ephraïm, Thola d’Issacar, Jaïr et Jephthé de Galaad, Ibtsan et Elon de
Zabulon, et Samson de Dan.
Le livre des Juges expose les vicissitudes d’une vie sans loi ni roi et loin du vrai Dieu.
L’anarchie sous toutes ses formes conduit aux désordres dans le domaine social et en politique,
ainsi qu’à l’idolâtrie. Cet état de choses occasionne le châtiment divin; mais toute repentance
sincère ouvre la porte à la libération, au pardon et à l’envoi d’un libérateur.

INTRODUCTION AU LIVRE DE RUTH


(Ro 9:25, 26. Ac 10:35.) Ro 14:7. 1 Ti 5:4, 14. Ps 113:5-9.

Ce livre de la Bible a pour titre le nom d’une femme d’une loyauté exemplaire, une moabite,
Ruth. Ce récit se déroule logiquement en quatre parties (1:6-18; 2:1-17; 3:1-5; 4:1-12) précédées
d’une introduction (1:1-5) et suivies d’une conclusion (4:18-22); trois intermèdes servent de
transitions (1:19-22; 2:18-23; 3:16-18).
Chaque étape du récit met en évidence les qualités de cette jeune fille: dans l’adversité, elle ne
se résout pas à abandonner Naomi, sa belle-mère (1); elle entreprend courageusement de glaner
dans le champ de Boaz, un parent de Naomi, pour assurer leur survie à toutes les deux (2); elle
met tout en œuvre pour demander le mariage (3), ce qui procurera subsistance et pérennité pour la
famille (4). Ruth devint ainsi bisaïeule du roi David, dont la généalogie constitue l’épilogue de
l’ouvrage.
Le chapitre 1:1-8 pourrait s’intituler: de Bethléhem de Juda au pays de Moab, récit d’un aller et
retour. Une famille israélite composée du père Élimélec, de la mère Naomi, et de leurs fils
Machlon et Kiljon, s’exile au pays de Moab suite à « une famine dans le pays » (1:1).
Ayant perdu tous les membres de sa famille, Naomi décida à rentrer à Bethléhem. De ses deux
belles-filles Orpa et Ruth, seule la dernière se décida à rentrer avec elle en lui disant: « Où tu iras
j’irai, où tu demeureras je demeurerai; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu;
où tu mourras je mourrai, et j’y serai enterrée » (1:16).
Les chapitres 1 à 4 relatent le processus du mariage léviratique providentiellement conduit par
le Dieu d’Israël, mariage entre Ruth et Boaz. Par ce mariage, Ruth, une étrangère, modèle de
piété, aïeule du roi David, figure dans la généalogie du Messie selon Mt 1:5. C’est Naomi qui
initie la rencontre de Ruth avec le riche et puissant Bethléhémite Boaz. Cette belle-mère a eu un
but très louable pour sa belle-fille: «Ma fille, je voudrais assurer ton repos, afin que tu fusses
heureuse» (3:1).
Boaz procède sans ambages à ce mariage (4:1-12) et prend officiellement Ruth pour femme.
De cette union naquit Obed, père d’Isaï, père de David (4:17). Tel fut donc le dénouement
heureux et surtout la consolation pour Naomi et Ruth.
Ce qui compte pour le Dieu d’Israël c’est la foi en lui seul et l’observance de ses préceptes,
non l’ethnie du fidèle. La fidélité persévérante est toujours récompensée.
INTRODUCTION AU PREMIER LIVRE DE SAMUEL

(Os 13:11.)

Ce premier livre est intitulé du nom du prophète Samuel, dernier juge en Israël. Il assumait
aussi une fonction politico-religieuse dans les temps de crise. Personnage hors du commun issu,
comme le juge Samson, d’une naissance miraculeuse, Samuel est lui aussi un nazir, mis à part dès
la jeunesse, pour le service de Dieu. A l’instar d’Éli, le sacrificateur-juge de Silo, il sera serviteur
du Seigneur. Il est en plus voyant ou prophète.

Les chapitres 1 à 7 relatent les faits liés à la vie du peuple d’Israël avant l’instauration de la
royauté. Le Dieu libérateur envoyait toujours des juges à son peuple. Le juge Samuel naquit
d’une femme stérile comme réponse à sa prière (1:10-23), d’où son nom qui signifie «Dieu a
exaucé». Samuel fut prêté ou consacré à l’Éternel dès l’enfance avec louange par ses parents
Anne et Elkana (1:24–2:21). Après que Samuel eut servi sous l’autorité du prêtre Éli, châtié avec
sa famille (2:22–3:1), Dieu l’établit comme prophète (3:2–4:1), puis, à l’issue d’une victoire sur
les Philistins, comme chef d’Israël (7).

Les chapitres 8 à 10 inaugurent la royauté dans l’histoire d’Israël. Le peuple dit à


Samuel: «Voici, tu es vieux, et tes fils ne marchent point sur tes traces; maintenant, établis sur
nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations» (8:5). Israël est informé des
droits royaux (8:10-22). Saül est donc choisi et oint roi sur Israël à cet effet (9–10).

Les chapitres 11 à 15 racontent le règne du premier roi d’Israël, Saül. Il remporta la victoire sur
les ennemis d’Israël, à savoir les Ammonites et les Philistins. Son rejet de la parole de Dieu le
priva de l’onction royale et il apprit à ses dépens la leçon suivante: «Puisque tu as rejeté la
parole de l’Éternel, il te rejette aussi comme roi» (15:23).

Les chapitres 16 à 30 montrent le déclin progressif de Saül devenu haineux et vengeur à


l’égard de son gendre David. David fut oint par Samuel (16), vainqueur de Goliath (18) et ami de
Jonathan, fils de Saül. David évita à plusieurs reprises de tuer l’oint de l’Éternel, Saül. Ce dernier
succombera au combat avec ses fils après sa vaine poursuite de David (31).

Le livre de Samuel montre comment les projets humains diffèrent des dispositions de Dieu: le
brillant Samuel ne sera ni le roi attendu, ni davantage le sacrificateur fidèle qui assurera la
succession d’Éli. Mais il reste pour l’histoire celui par qui sont faits les rois.
1 Samuel insiste sur une réalité à savoir: seul Dieu est le vrai roi de son peuple. Il peut
déléguer son autorité à qui il veut, pourvu que le roi humain sache se soumettre aux exigences
divines. Chaque responsable insoumis à Dieu est démis d’office.

INTRODUCTION AU SECOND LIVRE DE SAMUEL

Le deuxième livre de Samuel fait suite au premier. Il raconte le règne de David, roi d’Israël.

D’abord le roi David entonna un cantique funèbre sur la mort de son ennemi Saül et de son ami
Jonathan (1). Il devint ensuite roi de Juda pendant qu’un des fils de Saül, Isch-Boscheth, était roi
d’Israël. Une guerre civile éclata et se solda par l’assassinat de ce dernier (2 à 4). David devint
alors roi sur toutes les tribus avec résidence à Jérusalem (5). L’accession de David au pouvoir se
passa sur fond d’intrigue politique: Abner, cousin de Saül et général en chef de son armée,
installa d’abord sur le trône un fils de ce dernier au curieux nom d’Isch-Boscheth. Entre-temps,
Akisch, le prince philistin de Gath, utilisait David contre la maison de Saül.

Ensuite David fit transporter l’arche à Jérusalem (6), il projeta de bâtir un temple à l’Éternel,
qui s’y opposa et lui promit une royauté perpétuelle (7). Ce roi guerrier dut combattre
successivement les Philistins, les Moabites, les Édomites, les Ammonites et leurs alliés (8 à 10).

David, resté à Jérusalem, enleva Bath-Schéba, femme du vaillant soldat Urie tué par la suite
sur ordre royal (11). Malgré la repentance de David (12), son adultère ouvrit les portes à plusieurs
péchés dans sa famille: l’inceste (13:1-22), le fratricide (13:23-39), les intrigues de succession
(14), la révolte filiale, le coup d’État (15), la prise du pouvoir, la guerre civile (15–19).

De retour à Jérusalem, David, humilié, continua à essuyer l’affront des ennemis de l’extérieur
tels que Schéba le Benjaminite, le vengeur Joab (20). Il fit aussi face à une famine de trois ans et
à la guerre contre les Philistins (21).

Enfin, au crépuscule de sa vie, le roi David exécuta un cantique de délivrance (23) et prononça
ses dernières paroles (24:1-7). Ce livre se termine par une liste de vaillants hommes de David
(23:8-39) et par une peste causée par un certain recensement général sur ordre royal (24).

2 Samuel présente sans complaisance la vie d’une autorité: le bien-aimé de l’Éternel, le roi
David. Ce livre nous montre la puissance, la gloire et la grandeur de David, et présente aussi ses
faiblesses personnelles, familiales et nationales. Malgré une royauté tourmentée, David reçoit de
Dieu par son prophète Nathan la promesse d’avoir toujours un descendant comme roi après lui.

INTRODUCTION AU PREMIER LIVRE DES ROIS

(De 32:15-18. Os 10:1; 4:15.)

Le premier livre des Rois, comme son nom l’indique, raconte le règne des premiers rois
d’Israël précédant et suivant le schisme survenu après le règne de Salomon.
Les chapitres 1:1 à 2:12 traitent de la succession du roi David. Il y est question d’une course au
pouvoir royal. David devenu très vieux, Adonija, un de ses fils, aspira à la royauté. A l’instigation
du prophète Nathan, Bath–Schéba intervint auprès de son vieux mari, qui confirma sa promesse
de faire de leur fils, Salomon, le roi d’Israël (2:32-53).
En effet les quatre premiers versets du livre ont une portée politique. La question est de savoir
si le roi David est encore capable de gouverner. L’échec de la prescription des gens de la cour est
patent: le roi ne recouvre pas sa chaleur vitale et Abischag, la Sunamite, l’«infirmière» introduite
dans le harem royal, ne sera jamais véritablement épouse (2:13-22).
Alors l’aîné des fils survivants de David, Adonija, se considère comme l’héritier présomptif de
la couronne. Il est soutenu par le sacrificateur Abiathar de Nod, personnage très influent. Mais
c’est un sacre manqué. C’est plutôt le prophète Nathan qui interviendra auprès du vieux David
pour que ce soit Salomon, fils de Bath-Schéba, qui devienne roi dans une sorte de corégence.
Les chapitres 2:13 à 11:42 abordent en détail le règne du troisième roi d’Israël, Salomon. En
application des dernières instructions de son père, le jeune roi fit mettre à mort son frère Adonija,
le chef de l’armée Joab et Schimeï, ennemi public de David. Il destitua Abiathar de ses fonctions
de sacrificateur et l’éloigna de Jérusalem (2). Salomon épousa beaucoup de femmes (3), établit
des hauts fonctionnaires (4), reçut de Dieu la sagesse, la prospérité, la gloire et surtout la grâce de
construire le temple de l’Éternel qu’il dédicaça au cours d’une cérémonie solennelle (5–10). À la
fin de sa vie, l’idolâtrie de ses femmes détourna son cœur de Dieu, qui divisa ou déchira le
royaume en deux (11).
Les chapitres 12 à 22 relatent la vie des rois depuis la division du royaume jusqu’à Josaphat,
roi de Juda, et Achab, roi d’Israël. Dès le schisme, Jéroboam, premier roi du royaume du Nord,
assura son autonomie religieuse en érigeant comme symboles de Dieu deux veaux d’or (13). Des
prophètes fustigèrent cette idolâtrie déguisée (14–19), en particulier le prophète de feu Élie, et,
par la suite, son successeur Élisée (17–22).
L’évolution de chaque règne est conditionnée par l’attitude du roi vis-à-vis des dieux étrangers.
Sa fidélité avec son peuple était récompensée par la sécurité et la postérité. Les infidélités étaient
sanctionnées par la sécheresse, la famine, des exécutions, des assassinats ou des coups d’État.
Tout roi et tout responsable du peuple doit rester fidèle à Dieu. Une telle fidélité des dirigeants
est toujours source de bénédiction et de prospérité nationale. Mais la désobéissance et surtout
l’idolâtrie conduisent inévitablement à la catastrophe. L’Éternel, dans sa bonté, envoya de temps
en temps des prophètes, à l’instar d’Élie, pour rappeler aux rois et aux chefs du peuple les
exigences divines.

INTRODUCTION AU SECOND LIVRE DES ROIS

(De 29:18-28. 1 S 12:25.) (Éz 23.)

Le deuxième livre des Rois fait suite au premier. Il raconte la vie des monarques des royaumes
de Juda et d’Israël. En effet le bonheur ou le malheur du peuple est tributaire de la relation
qu’entretient chaque monarque avec le Dieu de ses pères et les dieux étrangers.
Les chapitres 1 à 17 évoquent des faits historiques qui vont de la période de Josaphat, roi de
Juda, et de la mort d’Achazia, roi d’Israël, jusqu’à la destruction du royaume d’Israël. Chaque
règne est influencé soit par le ministère prophétique, soit par le sacerdoce. Le prophète Élie
termine son ministère sous le roi Achazia (1) et est enlevé au ciel après avoir laissé son manteau à
Élisée (2). Ayant reçu une double onction spirituelle après plusieurs miracles dans le royaume du
Nord, Élisée moururt paisiblement (3–13). Entre-temps, un certain Jéhu tua les rois d’Israël et de
Juda et inaugura l’ère des assassinats politiques.
Une reine, Athalie, usurpa le pouvoir et fut exécutée sans pitié. Osée, le dernier roi d’Israël, vit
sa capitale, Samarie, assiégée par Salmanasar, et un autre roi assyrien assiégea Jérusalem (18)
mais son armée fut détruite et Jérusalem sauvée (19). Ézéchias fut gratifié de 15 années
supplémentaires après sa guérison (20) et donna naissance à un fils, Manassé, qui conduisit le
peuple dans l’apostasie totale. Le roi réformateur Josias restaura la vraie religion, mais tout
s’écroula après sa mort. Les habitants du royaume de Juda furent emmenés en captivité à
Babylone sous Nebucadnetsar. En somme la chute du royaume d’Israël vers 721 av. J.-C. est
suivie par celle de Juda vers 587 av. J.-C.
Ce livre insiste toujours sur le fait que la prospérité, la sécurité, la bénédiction et le sort du
peuple de Dieu sont très liés à l’attitude de ses dirigeants envers l’Éternel. L’apostasie d’un
dirigeant de ce peuple peut entraîner sa destruction et même sa déportation. On n’est pas roi pour
soi-même.

INTRODUCTION AU PREMIER LIVRE DES CHRONIQUES

Le premier livre des Chroniques ne fait qu’un seul ouvrage avec le second. Ce premier est, en
quelque sorte, une genèse de l’histoire de l’humanité en général et d’Israël en particulier.
L’auteur utilise des sources qui lui sont antérieures telles que les livres de Samuel et des Rois,
avec l’orientation propre à quelqu’un qui est théologien plutôt qu’historien.
L’ouvrage répond au projet cohérent d’un auteur qui révèle aussi bien les parties originales de
l’œuvre (généalogies, discours) que les modifications apportées aux sources qu’il utilise. Le
Chroniste renvoie aussi à des écrits historiques qui ne nous sont pas parvenus, comme le livre des
rois d’Israël (1 Ch 9:1; 2 Ch 20:34), les chroniques du roi David (1 Ch 27:24), le commentaire du
livre des rois (2 Ch 24:27), l’histoire des rois d’Israël (2 Ch 33:18), enfin le livre des rois de Juda
et d’Israël (2 Ch 16:11).
Les chapitres 1 à 9 relatent l’histoire de l’humanité, une histoire très succincte allant d’Adam à
David, roi fidèle et bien-aimé de Dieu. Cette partie met en exergue une série de listes
généalogiques: les dix patriarches d’Adam à Noé, les fils de Noé et leurs descendants, les dix
patriarches de Sem à Abraham, les fils d’Abraham et leurs descendants (1), les douze fils de
Jacob et les descendants de Juda (2), de David (3), d’autres descendants de Juda et de Siméon (4),
de Ruben, de Gad et de Manassé (5), de Lévi (6), d’Issacar, de Benjamin, de Nephthali,
d’Éphraïm et d’Aser (7), les descendants de Benjamin héritant Jérusalem (8) et surtout les
habitants de Jérusalem après le retour de la captivité (9). Il s’agit, dans cette partie, d’un résumé
de plusieurs siècles d’histoire qui par la suite se focalise sur le personnage de David.
Les chapitres 10 à 29 racontent des épisodes choisis de la vie du roi David, successeur du roi
Saül tombé au champ de la bataille (10). Reconnu roi par tous les hommes de guerre, David fut
intronisé (12). Son règne fut marqué par des actions concrètes: le retour de l’arche à Jérusalem
(13–16), le projet de construction du temple (17), les victoires sur les nations ennemies (18–20),
les dénombrements tantôt sanctionnés (21–22) tantôt approuvés (23), l’organisation du personnel
du sanctuaire (24–26) et de l’administration sociale et politique (27). Après avoir communiqué
les instructions à son fils héritier Salomon (28), David donna aussi son offrande pour le temple à
construire, pria et mourut dans une blanche vieillesse. Quelle fin heureuse pour un guerrier
chevronné!
Ce livre insiste sur l’importance de la généalogie. C’est une sorte de deuxième genèse qui,
d’une façon succincte, rappelle toute l’histoire d’Adam à David. On y retrouve ensuite une
biographie du roi David.

INTRODUCTION AU SECOND LIVRE DES CHRONIQUES

Ce livre se concentre sur l’histoire de Salomon et sur celle du royaume du Sud: Juda.
Les chapitres 1 à 9 constituent une chronique royale basée sur Salomon, fils de David. Devenu
roi, Salomon reçut de Dieu la sagesse et la gloire (1). Il s’attela à la construction du temple, et
l’équipa de tous les ustensiles sacrés (2–4). C’est avec une solennité particulière que ce temple
fut dédicacé et approuvé par Dieu (5–7). Salomon construisit aussi des villes (8) et reçut la visite
d’hôtes de marque, notamment de la reine de Saba. Le roi richissime mourut après 40 ans de
règne dans la paix.
Les chapitres 10 à 36 racontent le règne des descendants de Salomon dans le royaume de Juda
jusqu’à la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar et l’exil à Babylone. Le royaume de Juda était né
d’un schisme (10). Roboam affermit son règne malgré l’idolâtrie et l’invasion de Schischak
d’Égypte (11–12). En dépit de la guerre entre les deux royaumes (13), qui avaient recours à des
alliés (14–15), ils se concertaient parfois pour lutter contre les ennemis de l’extérieur (17–20).
Les autres rois de Juda eurent à combattre plusieurs ennemis: les Syriens, les Moabites, les
Ammonites, les Édomites, les Assyriens, les Égyptiens et finalement les Babyloniens, qui mirent
le feu au royaume du Sud.
Cette histoire de guerre laisse cependant apparaître celle de l’idolâtrie, des attentats et des
crimes politiques et religieux, celle des abus de pouvoir et de la phallocratie avec la reine
malheureuse Athalie, assassinée après six ans de règne (22:10-12). Le roi Ézéchias, grand
réformateur, purifia le temple, rétablit le culte véritable (29), célébra solennellement la Pâque et
régularisa la fonction cléricale. Ces actes de fidélité à Dieu, y compris ceux de Josias, n’ont pas
empêché le châtiment divin de s’abattre sur le peuple idolâtre. Seule la déportation à Babylone
semblait l’issue à cette situation. Mais le Seigneur libérera son peuple par Cyrus (36:1-23).
Ce livre est, d’une part, une biographie du roi Salomon et, d’autre part, l’histoire de ses
descendants royaux dans le royaume de Juda jusqu’à la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar et
l’exil à Babylone.

INTRODUCTION AU LIVRE D’ESDRAS

(Ps 85:2-4.)

Ce livre a pour titre le nom d’un prêtre réformateur: Esdras. Il raconte en détail le retour des
Juifs de Babylone sous Zorobabel et Esdras, la reconstruction du temple de Jérusalem et la
restauration du culte.
La chute de Jérusalem vers 587 av. J.-C. fut une grande catastrophe nationale. Cependant,
l’identité d’Israël demeura et se renforça même. En 538, l’empereur perse Cyrus, nouveau maître
du monde, autorisa la reconstruction du temple.
Les livres d’Esdras et de Néhémie ne formaient à l’origine qu’un seul livre donnant l’histoire
officielle de cette nouvelle époque. Or, il n’y avait plus de roi en Israël, et donc, plus
d’historiographie royale. Ces deux livres réunissent les mémoires de deux figures marquantes des
réformes politiques, sociales et religieuses de l’ère nouvelle.
Les chapitres 1 à 6 constituent une première partie qui traite des points essentiels: l’édit de
Cyrus, roi de Perse, suivi du retour des Juifs de la captivité de Babylone (2), leur dénombrement
(2), la pose des fondations du temple, ainsi que le rétablissement de l’autel des holocaustes (3),
l’interruption des travaux de construction du temple (4) et leur reprise (5), le deuxième édit de
Darius suivi de la dédicace du temple (6).
Les chapitres 7 à 10 traitent de l’arrivée de Babylone d’Esdras, scribe versé dans les Écritures
(7) avec ses compagnons (8). Esdras fut dans la désolation à cause des mariages de certains juifs
avec des femmes étrangères, sources perpétuelles d’idolâtrie. Il pria (9) et renvoya ces femmes à
l’issue d’une assemblée solennelle (10). L’exogamie a toujours eu une relation avec les dieux
étrangers et, partant, avec l’idolâtrie, cause première de plusieurs châtiments divins, et surtout, de
la déportation. Une liste indicative des Juifs fautifs clôt le livre d’Esdras.
Le message de ce livre rappelle l’importance de la foi et d’une vie pure dans la relation de
l’homme avec l’Éternel. La détermination et le courage du prêtre réformateur Esdras restent une
leçon pour le clergé de tous les temps.

INTRODUCTION AU LIVRE DE NÉHÉMIE

(És 58:12.)

Ce livre est intitulé du nom d’un laïc, important fonctionnaire à la cour d’Artaxerxès, empereur
de Perse. Néhémie (Dieu console) est un restaurateur politique et socio-économique de sa patrie.
Ce livre contient plusieurs souvenirs de Néhémie lui-même et s’articule en quatre sections.
La première section (chapitres 1–7) contient l’histoire de Néhémie à Babylone et de ses douze
années de gouvernement en Judée. Cette section est écrite à la première personne du singulier.
Néhémie intercéda pour les enfants d’Israël (1). Il arriva à Jérusalem et inspecta les ruines (2). Il
engagea tout le peuple à la répartition des murailles de Jérusalem (3). Les travaux furent
poursuivis malgré les obstacles suscités par des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur (4). Le
désintéressement de Néhémie lui permit d’apaiser les plaintes du peuple contre la cupidité des
grands (5). Après d’autres obstacles surmontés par Néhémie et les siens (6), une liste des
Israélites rentrés au pays de Juda sous la conduite de Zorobabel est donnée (7).
La deuxième section (chapitres 8–10), écrite à la troisième personne, relate les événements
auxquels Esdras et Néhémie prirent part, notamment la lecture solennelle de la loi et la
célébration de la fête des Tabernacles (8). Tout le peuple pleura et confessa ses péchés, et des
résolutions cultuelles furent prises (10).
La troisième section (chapitres 11–12:26) contient six listes importantes des Juifs revenus de
l’exil. La généalogie permet de retrouver l’authenticité parentale et tribale de chaque Juif.
La quatrième section (chapitres 12:27–13:31) parle de la dédicace des murailles de Jérusalem,
du rétablissement des revenus des sacrificateurs et des lévites (12:27) et du zèle de Néhémie
contre les transgresseurs de la loi de Dieu (13). «Souviens-toi favorablement de moi, ô mon
Dieu», conclut-il.
Le portrait de Néhémie qui se dégage de ce livre nous révèle un homme soucieux de la cause
nationale, honnête, courageux, entreprenant, un homme d’action dont toutes les activités sont
soutenues par un recours constant aux jeûnes et aux prières.
INTRODUCTION AU LIVRE D’ESTHER

(Ps 7:15-17; 37:34; 124. 2 Pi 2:9.)

Ce livre a pour titre le nom d’une femme, Esther (qui veut dire étoile), héroïne grâce à laquelle
les Juifs en exil échappent à une extermination préméditée à Babylone. L’histoire se passe sous la
domination des Perses, dans un vaste territoire qui s’étendait de l’Inde à l’Éthiopie sur cent vingt-
sept provinces. Le cadre de l’action est bien défini: l’histoire se déroule pendant le règne du roi
Assuérus, ou, selon l’histoire antique, le roi Xerxès 1er (486-465). Le lieu est Suse, ancienne
capitale d’Élam, choisie comme ville de résidence par Darius 1er, père de Xerxès. Dans l’histoire
biblique, les événements racontés s’insèrent entre l’époque du premier retour à Jérusalem conduit
par Zorobabel et Josué (Esd 1–6 à l’exception de 4:6-23), sous le règne de Cyrus (538-530), et
celle de Néhémie, qui exerça son activité sous le successeur de Xerxès, Artaxerxès 1er (465-424).
C’est un récit pathétique: à travers les péripéties vécues par les deux héros Esther et Mardochée,
c’est le sort même de tout un peuple qui se joue.
La reine Vasthi fut disgraciée après sa désobéissance publique à son époux ivre, le roi
Assuérus (1). Une Juive, fille de l’oncle de Mardochée, fut choisie d’entre plusieurs «jeunes filles
vierges et belles de figure» comme nouvelle reine. Mardochée déjoua entre-temps un attentat
contre le roi (2).
Haman, favori du roi, Amalécite nourrissant des rancunes à l’égard de la race juive, usa d’un
subterfuge pour que le roi signe contre les Juifs un édit relatif à leur extermination (3); ce fut la
consternation et le jeûne parmi les Juifs (4). Que faire concrètement?
Dans les coulisses du pouvoir, Mardochée incita Esther à entreprendre des démarches auprès
du roi. Haman chercha alors à faire périr Mardochée (5). Providentiellement le roi décida de
récompenser le dénonciateur de l’attentat contre lui: c’est Mardochée qui reçut des honneurs
royaux au détriment de Haman, humilié.
Dénoncé par la reine Esther, Haman fut mis à mort (7). Un édit en faveur des Juifs fut signé
par le roi (8), les appelant à se défendre et à se venger de leurs ennemis. Une fête perpétuelle,
celle des Purim, immortalise cette histoire (9), et le Juif Mardochée, «le premier après le roi
Assuérus», devient une sorte de héros national à l’étranger (10).
Le livre d’Esther met en valeur l’importance de la providence dans la vie d’un individu et
d’une nation. Il y a aussi le nationalisme et le désir de légitime défense ou de vengeance des Juifs
menacés d’extermination. Le racisme, le tribalisme ou ethno-fascisme et d’autres rejets entraînent
en général des réactions presque identiques à celles de ce livre. Bref, la haine appelle la haine et
la violence conduit à la violence.

INTRODUCTION AU LIVRE DE JOB

(Ps 73. Ec 8:14. Jn 9:3. Ro 9:20. 1 Co 4:3 à 5:9.)

Ce livre a pour titre le nom de son personnage central, à savoir Job. Le livre de Job pose
presque toutes les questions essentielles et existentielles de la vie d’un croyant irréprochable,
comblé de biens mais victime des vicissitudes de la vie: pourquoi les hommes et surtout les justes
sont-ils voués à la souffrance? Pourquoi un Dieu de puissance et d’amour permet-il le malheur?
Qui est vraiment ce Dieu? Ce livre présente une quête longue et difficile sur le véritable visage de
Dieu, quête née presque inévitablement dans la détresse d’un malheur inexplicable. Quel est ce
Dieu qui semble rester silencieux et laisser faire? Pourquoi s’acharner sur le malheureux Job qui
n’en peut plus?
Les chapitres 3 à 31 relatent la condition de Job, de sa famille, et son dialogue avec ses trois
amis venus de Théman, de Schuach et de Naama. Job est dans l’adversité à la suite d’un dialogue
entre Dieu et Satan. Il reçoit la visite de ses trois amis consolateurs (12). En raison de ses plaintes
(3), Éliphaz (4–7), puis Bildad (8–10), et enfin Tsophar (11–14) dialoguent avec lui. Ces trois
amis interviennent à tour de rôle une seconde fois (15–31).
Les chapitres 32 à 37 contiennent le dialogue entre Job et un jeune homme, Élihu de Buz, qui
s’indigne des arguments traditionnels des trois vieux amis de Job. Ils semblent conforter Job dans
sa prétendue innocence et ne peuvent prouver sa culpabilité.
Les chapitres 38 à 42:6 traitent de l’intervention de Dieu lui-même. Au lieu de dialoguer avec
Job, Dieu ne répond à aucune des questions fondamentales posées par les hommes. C’est une
sorte de silence qui est imposé à tous. Les questions restent sans réponses précises. Le livre
s’achève par un récit (42:7-17) dans lequel Dieu affirme que seul Job a correctement parlé de lui.
Job doit donc intercéder pour ses amis. Dieu lui rend le double de ce qu’il avait matériellement
perdu. C’est l’heureux dénouement de la vie d’un croyant à la suite d’un défi entre le Dieu
créateur et Satan, une créature.
Qui est vraiment Dieu? Quelle est la relation entre lui et Satan? Quelle est la finalité des
multiples souffrances de Job, homme pieux et juste devant l’Éternel et devant les hommes? Ces
questions et bien d’autres restent présentes dans tout le livre, qui semble surtout faire ressortir ce
que Dieu n’est pas. Il nous invite à ne plus confondre Dieu avec les images que nous nous
forgeons de lui. Face au livre de Job, nos idées sur Dieu s’estompent. Le cas de Job est une sorte
de paroxysme du juste souffrant: on peut rester croyant même après avoir tout perdu.

INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES

(Né 9:5. Ép 5:19. Hé 13:15.)

Le titre de ce livre, «Psaumes», évoque des louanges ou des cantiques. C’est un recueil de 150
poèmes destinés à être chantés, parfois avec accompagnement musical. Il s’agit en quelque sorte
d’une petite Bible dans la grande.
Il est divisé en cinq livres (1 à 41; 42 à 71; 72 à 89; 90 à 106; 107 à 150). Chaque Psaume
traite d’un ou plusieurs thèmes dominants, d’où la classification indicative et non exhaustive ci-
après:
1. Les hymnes qui célèbrent la grandeur et la bonté de l’Éternel: Ps 8; 19; 33; 103; 105; 111;
113; 114; 117; 135; 136; 145; 149.
2. Les cantiques de la royauté divine qui affirment que l’Éternel est roi: Ps 47; 93; 96; 99.
3. Les Psaumes de la royauté humaine; prière d’un roi ou pour un roi: Ps 2; 18; 20; 45; 72; 89;
101; 110; 144.
4. Les Psaumes de procession pour entrer au temple: Ps 15; 24.
5. Les cantiques des pèlerins israélites se rendant à l’une des trois grandes fêtes annuelles
(Pâque, fête des semaines, fête des huttes): Ps 84; 91; 121; 122.
6. Les Psaumes de Sion, célébrant les privilèges de ce lieu choisi par l’Éternel pour son temple
à Jérusalem: Ps 46; 48: 76; 87; 132.
7. Les cantiques instructifs contenant des recommandations et des avertissements divins: Ps 14;
50; 53; 75; 81; 95.
8. Les Psaumes comportant un enseignement: Ps 1; 37; 49; 73; 78; 112; 119; 127; 133.
9. Les Psaumes du peuple en détresse: Ps 12; 44; 58; 60; 74; 79; 80; 83; 85; 90; 94; 106; 108;
123; 126; 137.
10. Les Psaumes de supplications personnelles en cas de malheur: Ps 5–7; 13; 17; 22; 25; 26;
28; 31; 35; 38; 39; 41–43; 51; 54; 57; 59; 61; 63; 64; 69–71; 86; 88; 102; 109; 120; 130; 140–
143.
11. Les Psaumes d’action de grâces ou de reconnaissance à Dieu après une délivrance ou un
pardon: Ps 9–10; 30; 32; 34; 40; 92; 107; 116; 118.
12. Les Psaumes d’assurance exprimant la joie et la paix du fidèle: Ps 3; 4; 11; 16; 23; 62; 131;
139.
Le psautier peut aussi être classé selon les différents titres: le titre «mizmor» (= psaume) y
revient 57 fois, celui de «shir» (= chant) trente fois, celui de «shir hamaalot» (= chant des
montées) 15 fois, celui de «maskil» (= poème) 13 fois, celui de «mitkam» (= hymne) 6 fois, celui
de «tephilla» (= prière) 5 fois, et celui de «shiggayon» (= complainte) une fois.
Le psautier est le recueil de prières d’Israël et de tous les fidèles à travers l’histoire. Chaque
Psaume reste d’actualité ou actualisable pour tous ceux qui, en toutes circonstances, cherchent le
secours de l’Éternel.

INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES

(És 33:6. 1 Ti 4:8.)

Ce livre est une collection de plusieurs récits, proverbes ou enseignements relatifs à la sagesse.
C’est le premier mot du livre qui est reflété dans le titre: Maximes (= proverbes) de Salomon. Le
mot hébreu « mashal » traduit par maxime peut être rendu par fable (17:2; 24:3). Les allégories,
prosopopées, épigrammes sont de son ressort. Ce vocable peut s’appliquer à des poèmes
d’envergure tels que le plaidoyer de Job (27:1–29:1) ou les oracles de Balaam (Nb 23:7, 18). Ce
livre traite la question de la sagesse d’une manière qui touche tous les êtres humains sans
connotation nationale. Le livre peut être subdivisé en trois grandes parties:
La première partie (chapitres 1 à 9) est une sorte d’introduction à la sagesse définie,
recommandée et personnifiée. Le but du livre est de mettre en garde contre les mauvais enfants et
de lancer un appel à la sagesse (1). Cette sagesse est comme un trésor caché qui préserve du mal
(2), permet de craindre Dieu, d’aimer son prochain (3). Elle est donc à acquérir à tout prix (4) car
elle nous préserve du dévergondage (5). Cette sagesse nous incite au travail et nous préserve de
l’adultère (6–7). Elle est personnifiée et invite, aussi bien le sceptique que le sage, à fuir la folie
(9).
Dans le prologue (1–9) alternent la forme habituelle de l’instruction paternelle ou magistrale («
mon fils ») et celle, plus originale, de l’appel lancé à l’homme par une sagesse personnifiée
(1:20-33; 8:1–9:18).
La deuxième partie (chapitres 10–29) constitue le cœur du livre. Certains recueils sont
attribués au roi Salomon et d’autres aux sages (10:1–22:16; 25:1–29:27; 22:17–24:22 et 24:23-
34). Cette collection de proverbes concerne tous les domaines de la vie et toutes les couches
sociales. L’opposition entre le sage, le paresseux et le travailleur, le riche et le pauvre est mise en
valeur.
La troisième partie (chapitres 30 à 31) regroupe les paroles de sagesse d’Agur, fils de Jaké, des
proverbes numériques inspirés en grande partie de la gent animale (30), des conseils à un roi du
nom de Lemuel et une description du caractère de la femme vertueuse (31).
À la collection principale s’en sont ajoutées d’autres plus réduites portant des titres distincts:
maximes de Salomon transmises par les gens d’Ézéchias (25:1); paroles d’Agur, fils de Jaké
(30:1); paroles du roi Lemuel (31:1). Les formules de 22:17 et 24:23 signalent des collections
distinctes.
Le livre des Proverbes nous fait connaître une partie précieuse de l’expérience des Israélites. Il
nous apprend comment les sages ont considéré des situations et des problèmes humains. Ce livre
enseigne chaque personne, avant tout, en lui proposant une sagesse essentiellement tirée de
l’expérience pratique et quotidienne. La sagesse des Proverbes est avant tout basée sur une
science d’observation.
INTRODUCTION AU LIVRE DE L’ECCLÉSIASTE

(És 40:6-8. 1 Jn 2:17. Jn 4:13. 2 Co 4:18.)

Ce livre, encore appelé Qohéleth, est un recueil de réflexions sur la vie et surtout sur la
perplexité et le sens du bonheur humain. Selon l’auteur et son expérience, tout est précaire sous le
soleil.
«Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi d’Israël» : ainsi se présente l’auteur de cette série de réflexions
réalistes frisant parfois le pessimisme, l’épicurisme, le fatalisme et la révolte contre tout objet de
foi.
La vie n’a pas de sens, confesse ce roi après son bilan négatif de l’expérience vécue (1–2). Il y
a un temps pour toutes choses et tout se termine par la mort (3). Il note cependant l’existence de
certaines différences: mieux vaut être mort que vivant dans certaines situations. Mieux vaut le
repos que le travail. Mieux vaut être à deux que tout seul (4). Il faut cependant éviter les abus de
la parole de l’autorité, même si on est riche (5). À quoi sert une longue vie sans bonheur: soyons
sages (6–7)!
Au regard de cette sagesse humaine, l’on est limité devant le roi et son pouvoir, face à l’avenir
et au regard du mystère de l’œuvre de Dieu (8). En substance, chaque lecteur est invité à faire
preuve de sagesse, d’humilité et de prudence dans tous les domaines de la vie terrestre.
Un même sort attend tous les êtres vivants. Le malheur arrive à tous à l’improviste. La sagesse
est le plus souvent méconnue. Cependant, il faut jouir de la vie comme d’un don de Dieu (9–10).
Il importe donc de savoir prendre des risques, de jouir de la vie avec discernement (11) et d’être
conscient que la mort est imminente pour tous. Que faire alors? «Crains Dieu et observe ses
commandements. C’est là ce que doit faire tout homme» (12:15).
En somme, ce livre remet en cause les prétendues évidences concernant le travail (1:12–2:11),
la sagesse (2:12-13), la vie humaine (3:18-22; 8:1-8), la justice (3:16s; 8:14), les biens matériels
(5:7–6:12) et même la religion traditionnelle (4:17–5:6).
Qohéleth (en hébreu) est particulièrement favorable à la formule traditionnellement rendue par
«vanité des vanités, tout est vanité». Cette tournure superlative en hébreu signifie
littéralement «buée, vapeur, haleine». L’expression habél habélim hakol habél serait mieux
rendue par précarité des précarités, tout est précaire.
Le livre de l’Ecclésiaste nous rappelle qu’il n’y a pas de vraie foi en Dieu sans un regard lucide
et objectif sur la condition humaine. Nous avons ici une sorte d’investigation sur ce que se passe
sur la terre: l’impossibilité de connaître les plans de l’Éternel pour le monde, inhérente à la
condition humaine, l’insécurité causée par la menace constante de la mort qui survient à
l’improviste. Précarité des précarités, tout est précaire!

INTRODUCTION AU LIVRE DU CANTIQUE DES CANTIQUES

(Ro 8:38, 39. 2 Co 11:2, 3. Pr 1:17.)

Ce livre, attribué à Salomon, est un recueil de chants d’amour d’un bien-aimé et d’une bien-
aimée qui s’apprécient sans fausse pudeur. Le langage très érotique de ce livre a amené plusieurs
savants au cours de l’histoire à proposer de comprendre le Cantique des Cantiques comme un
poème symbolique et même typologique, décrivant les relations entre Dieu et son peuple.
Cependant rien dans le texte n’exige pareille lecture.
Le recours au vocabulaire de la tendresse physique a souvent choqué. C’est un des livres de la
Bible qui a fait couler beaucoup d’encre. Rien que dans la littérature de la synagogue, on a
recensé 49 commentaires officiels le concerrant. Toutefois, c’est un précieux poème d’amour
humain, véritable don de Dieu, et il doit être pris comme tel. Sept poèmes articulent ce livre du
Cantique des Cantiques:
Chapitres 1:2 à 2:7: le dialogue amoureux entre Elle et Lui, thème du poème.
Chapitre 2:8-17: l’arrivée du bien-aimé: le voici, il vient. C’est le chant de la bien-aimée.
Chapitres 3:1 à 5:1: elle rêve qu’elle le cherche et le trouve.
Chapitres 5:2 à 6:3: elle lui ouvre sa porte mais trop tard. C’est le cauchemar de la rencontre
manquée.
Chapitres 6:4 à 7:11: le bien-aimé fait le portrait de sa fiancée. C’est le duo amoureux.
Chapitres 7:12 à 8:5: c’est un bonheur que d’être aimé.
Chapitre 8:6-14: l’amour est aussi fort que la mort. C’est aussi le rapport aux frères, aux amis
et à Salomon.
En somme, telles sont les grandes articulations de ce poème qui valorise le portrait physique de
toute personne aimée. S’aimer et aimer son conjoint, c’est surtout savoir s’apprécier non
seulement sur le plan moral mais aussi sur le plan physique.
L’amour est un don de l’Éternel pour tout couple. Ce livre contient les dialogues d’un homme
et d’une femme qui se cherchent, se trouvent, se perdent et se recherchent. Des voix étrangères
interrompent parfois ces dialogues; ces interférences humaines entravent l’harmonie du couple
qui souhaiterait vivre un amour continu. Ces personnages qui interfèrent sont: les frères (1:6; 8:8-
9), Salomon, mentionné à six reprises (1:1, 5; 3:7, 11; 8:11, 12), les filles de Jérusalem, évoquées
sept fois (1:5; 2:7; 3:5, 11; 5:8, 16; 8:4) et les gardes (3:3; 5:7). En somme, l’amour est une
flamme du Seigneur que même les grandes eaux ne peuvent éteindre.

INTRODUCTION AU LIVRE D’ÉSAÏE

(Jé 25:4-6. 1 Pi 1:10, 11, 15, 16. Ap 15:4.)

Ce livre est intitulé «Ésaïe» (Dieu sauve ou libère), du nom du prophète intransigeant, porteur
de messages bouleversants pour le royaume de Juda et pour les pays étrangers. Ce livre est un
ensemble de trois parties diachroniques. En effet, le rouleau d’Ésaïe porte sur trois périodes
distinctes: la première est celle du prophète, autour de 740-700 av. J.-C. La seconde, située deux
siècles plus tard, transporte le lecteur à Babylone, vers la fin de l’exil. La troisième enfin projette
l’espérance vers l’accomplissement dernier évoqué dans la description des cieux nouveaux et de
la nouvelle terre (65:17).
La première partie (chapitres 1 à 39) nous situe dans une période de crises internationales.
Ésaïe, fils d’Amots, reçoit la prophétie sur «Juda et Jérusalem, au temps d’Ozias, de Jotham,
d’Achaz, d’Ézéchias, rois de Juda» (1:1).
Ces quatre règnes sont cités au début du livre pour déterminer le cadre chronologique de
l’activité du prophète: Ozias (781-740), Jotham (740-736), Achaz (736-716), Ézéchias (716-687).
Israël s’est détourné des voies de Dieu et le pays vit dans la corruption totale, même le culte est
bafoué. Jérusalem doit donc être purifié. Le Seigneur fait un procès aux dirigeants et à chaque
catégorie sociale. Cette partie comprend des messages contre l’Assyrie, Babylone, la Philistie,
Moab, la Syrie, l’Égypte, Édom, l’Arabie, Tyr et Samarie. Tout n’est pas que menaces, on
retrouve aussi des promesses de délivrance, des cantiques et des passages remplis d’espérance.
La deuxième partie (chapitres 40 à 55) met en exergue la consolation des Judéens installés à
Babylone depuis la chute de Jérusalem en 587/8. Le Dieu d’Israël est unique en son genre,
différent des idoles. Il a de vrais serviteurs et confie une mission à Cyrus son serviteur. L’appel,
les reproches, les promesses, sont adressés à Israël, qui se doit d’être la lumière des nations. Le
Seigneur va revenir à Sion et réconforter son peuple de retour d’exil.
La troisième partie (chapitres 56 à 66) relate des faits situés pendant la période post-exilique.
Le temple de l’Éternel est une maison de prière pour tous les peuples. Une mise en garde est faite
aux chefs indignes, aux idolâtres, à ceux qui jeûnent par pur formalisme, et à ceux qui s’éloignent
de Dieu. Le salut, la gloire et la délivrance de l’Éternel seront l’expérience de son peuple. En
effet, Israël et les nations fidèles à l’Éternel seront rassemblés à Jérusalem dans l’attente des
nouveaux cieux et d’une nouvelle terre. L’Éternel sera donc le Père et le Sauveur des vrais
fidèles.
La foi doit toujours se traduire dans des actes, dans le domaine cultuel, social et politique et
dans les relations interpersonnelles. Garder confiance en l’Éternel en croyant en ses promesses et
en observant ses préceptes en toutes circonstances, tel est le message de ce livre.
INTRODUCTION AU LIVRE DE JÉRÉMIE

(La 3:1. Ac 9:16.) De 32:15-43. (2 Ch 36:13, etc. Né 9:29-31. So 3:1-4. Za 7:11, etc.)

Ce livre est intitulé «Jérémie» (élevé par Dieu), du nom du jeune prophète qui exerça un
ministère de près de quarante années. Il prophétisa pendant les règnes de plusieurs rois, Josias
entre autres. Sa mission prophétique eut lieu pendant la période la plus troublée du peuple de
Dieu: il se trouvait parfois seul contre tous. Cependant il resta fidèle jusqu’au bout à son Dieu,
certes avec un parcours jalonné de plaintes légitimes (11:18–12:6; 15:10-21; 17:14-18; 18:18-23;
20:7-18).
Le message de Jérémie se réfère à l’actualité nationale et internationale. Dieu le fait prophète
des nations (1:5).
Les chapitres 1 à 25 relatent le ministère prophétique de Jérémie. Appelé dès son jeune âge
(1:4-9) par Dieu, il avait l’obligation de prêcher la repentance à un peuple, toutes catégories
confondues, endurci par les souffrances ou le bien-être. Jérémie utilisa à cet effet des gestes
symboliques et des métaphores tels que: les citernes fissurées (2), la prostituée obstinée (3),
l’olivier abattu (11), la ceinture pourrie (13), la visite du potier (18), la cruche brisée (19).
Jérémie ne reçut du peuple qu’humiliations, menaces et persécutions.
Les chapitres 26 à 45 retracent certains épisodes de la vie de Jérémie grâce à la plume de son
secrétaire Baruc. Le message de Jérémie rencontra une violente opposition de la part du peuple
apostat. Un des collègues de Jérémie, nommé Urie, fut même exécuté. Un autre prophète, nommé
Hanania, agressa publiquement Jérémie à l’instigation du pouvoir en place (26 à 28).
Néanmoins une lettre destinée aux exilés leur donna la conduite à tenir malgré les messages
contradictoires du prophète Schemaeja en exil. Le peuple fut invité à se soumettre aux méchants,
qui furent à leur tour détruits. Le roi Sédécias consulta Jérémie, qui eut le courage de lui répéter
le même message divin: Jérusalem doit être prise, c’est décidé!
Les chapitres 46 à 52 regroupent tous les autres messages adressés aux nations avec une
insistance sur la destruction prochaine de Babylone. Mais au fait, comment se passera
concrètement la prise de Jérusalem? Le chapitre 52 fournit tous les détails de l’événement.
Peut-on remplir une mission difficile quand on est seul ou presque dans un contexte
d’adversité, de persécution et de menace constante de mort? Ce livre répond par l’affirmative en
nous présentant le prophète Jérémie en mission. Messager fidèle, agressé, persécuté, exilé de
force en Égypte, Jérémie annonça constamment et fidèlement ce que l’Éternel lui avait révélé.
Seul le retour à Dieu pouvait préserver le peuple de la catastrophe imminente. Mais hélas, ce
peuple opta pour la désobéissance perpétuelle.

INTRODUCTION AU LIVRE DES LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE

(Jé 8:21, 22; 9:1. Ps 74; 79; 88; 137.)

Ce livre, attribué au prophète Jérémie, est un recueil de cinq lamentations conçues comme des
poèmes inspirés par un seul événement: la destruction de Jérusalem par l’armée babylonienne
vers 587 av. J.-C. Cette ruine marque la fin du royaume de Juda et à vues humaines, elle dément
la promesse faite autrefois au roi David en ces termes: un de tes descendants régnera toujours
après toi, ton trône sera pour toujours affermi (voir 2 Sam 7:16).
La première lamentation (chapitre 1:1-22) traite des malheurs qui se sont abattus sur Jérusalem
la grande ville: «Jérusalem a multiplié ses péchés, c’est pourquoi elle est un objet d’aversion…
L’Éternel est juste, car j’ai été rebelle à ses ordres» (1:8, 18).
La deuxième lamentation (chapitre 2:1-22) aborde la question de Jérusalem ruinée: «Le
Seigneur a été comme un ennemi; il a dévoré Israël, il a dévoré tous ses palais, il a détruit ses
forteresses; il a rempli la fille de Juda de plaintes et de gémissements» (2:5).
La troisième lamentation (chapitre 3:1-66) évoque une série de souffrances et de consolations.
Souffrances dues au silence de Dieu: «J’ai beau crier et implorer du secours, Dieu ne laisse pas
accès à ma prière» (3:8). La consolation est due au fait que Dieu a vu toutes les atrocités des
ennemis de son peuple et qu’il répliquera (3:59-66).
La quatrième lamentation (chapitre 4:1-22) campe l’auteur se lamentant sur le sort de tout le
peuple, du plus petit au plus grand, du laïc au clergé. En fait, chacun est frappé.
La cinquième lamentation (chapitre 5:1-22) présente les maux actuels et les douloureux
souvenirs conduisant aux questionnements du genre: «Pourquoi nous oublierais-tu pour
toujours?… Nous aurais-tu entièrement rejetés, et t’irriterais-tu contre nous jusqu’à
l’excès?» (5:20-22).
Le livre des Lamentations de Jérémie insiste sur un fait: malgré l’évidence du désarroi de son
peuple, «les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées… que ta fidélité est grande!» (3:22-23).
Face aux catastrophes marquant la fin du royaume de Juda, le peuple vaincu reconnaît son tort
même si son Dieu, dans sa colère, se serait comporté en ennemi pour Israël.
En somme, le message du livre se découvre d’abord dans l’attitude et la démarche du poète.
Sous le choc de la catastrophe qui a frappé toutes les catégories de la population et provoqué des
scènes horribles (4:10), celui-ci ne se laisse pas engloutir par la souffrance; il ne reste pas prostré,
anéanti de stupeur; il ne se contente pas de s’apitoyer sur soi-même. Il assume, il discerne et il
prie. Il appelle ses compatriotes à faire de même. Il discerne dans la ruine la punition des crimes:
la nation de Juda a failli à sa vocation de nation sainte et de peuple élu. Dieu reste cependant le
Dieu de l’espérance du livre: «Fais-nous revenir vers toi, ô Éternel, et nous reviendrons!» (5:21).

INTRODUCTION AU LIVRE D’ÉZÉCHIEL

(Ex 29:43-46. Lé 20:22-24, 26. Ap 21:3.)

Ce livre s’intitule «Ézéchiel» (qui contemple Dieu), du nom du prophète de l’exil à Babylone.
Ézéchiel, fils du sacrificateur Buzi, est lui-même un sacrificateur devenu prophète (1:3). Il a une
vision de la gloire de Dieu sur les rives du fleuve Kebar (1:1-3, 15). Son message s’adresse aux
Juifs déportés et à ceux qui sont restés à Jérusalem. Il veut extirper les faux espoirs des exilés. Le
prophète est la sentinelle (3:17), ce n’est pas le moment de donner des conseils. Il faut parfois
rester muet (3:26), voire immobile (4:4-8). Sa personne ne fera qu’un avec son message. Il n’est
plus avec des frères, mais au milieu de ronces et de scorpions (2:6). Par son comportement, il
devient un présage pour eux (12:6; 24:24). Sa douleur personnelle sert de signe: la mort de sa
femme devient ainsi l’annonce de la chute de Jérusalem (24:16-22). Il lui faut une ténacité à toute
épreuve, «un front comme un diamant, plus dur que le roc» (3:9).
Ce livre présente ainsi des paroles de consolation et d’espérance suite à la destruction du
temple de Jérusalem vers 587.
Les chapitres 1 à 24 recensent les reproches et menaces adressés aux Israélites avant le second
siège de Jérusalem. Grâce aux visions, le prophète avait perçu la gloire de Dieu en contraste avec
l’impureté de Jérusalem. En effet, cette ville allait être détruite à cause de son idolâtrie et ses
crimes. Pour s’être prostitué à la manière de Samarie, Israël allait être châtié.
Les chapitres 25 à 32 annoncent que le jugement divin tombera aussi sur les nations étrangères
qui ont trompé Israël. Ce sont: Ammon, Moab, Édom, la Philistie, Tyr, Sidon, l’Égypte. Le roi de
Babylone est présenté comme l’instrument de Dieu à cette fin.
Les chapitres 33 à 39 traitent des messages de réconfort pour Israël après la chute de
Jérusalem. Ézéchiel, sentinelle, prononça la ruine d’Israël symbolisée par les ossements
desséchés dans une vallée. Heureusement ces ossements allaient reprendre vie et les ennemis du
peuple de Dieu être châtiés.
Les chapitres 40 à 48 décrivent le futur temple perçu dans des visions. Ici le nouveau temple
est décrit dans les moindres détails; les règles rituelles sont fixées et la gloire de Dieu viendra y
résider.
Chaque fois que Dieu parle, c’est un événement dont le prophète doit rendre compte. Ce sont
l’injustice et l’idolâtrie qui amènent le Seigneur à quitter la ville et le temple. Ézéchiel ose dire ce
qu’aucun prophète n’a déclaré auparavant: l’histoire d’Israël est impure dès la sortie d’Égypte
(20:6-8).
L’injustice est inséparable de l’idolâtrie (8:17). Jérusalem mérite le nom de ville sanguinaire
(22:2; 24:6-9), nom que Nahum avait donné à Ninive (Na 3:1). Elle est le théâtre de la violence
(7:11). Toutes les élites de la nation, prophètes, sacrificateurs, dirigeants, grands propriétaires,
ont failli à leur mission (22:25-30). L’oppression et l’exploitation des plus faibles sont partout
(18:7). Ainsi, Ézéchiel est contraint de dire que sans Dieu, Israël n’est pas viable et n’a plus de
raison d’être.
Le livre d’Ézéchiel met en évidence certaines vérités essentielles dans la relation de l’humanité
avec l’Éternel: l’importance du temple, la responsabilité individuelle primant sur la responsabilité
collective, le renouvellement de la vie spirituelle personnelle et l’importance des visions divines
pour un futur meilleur.

INTRODUCTION AU LIVRE DE DANIEL

(Ps 25:14. 1 Co 4:2. Hé 11:2.) Jé 33:3.

Ce livre a pour titre «Daniel» (Dieu juge). Jeune homme membre d’une famille de
l’aristocratie judéenne, Daniel assista à la défaite de Jojakim, roi de Juda. Avec ses compagnons,
il fut exilé à Babylone par le roi Nebucadnetsar. Dans ce livre est raconté le récit de l’héroïsme de
ces quatre juifs à Babylone: Daniel (Beltschatsar), Hanania (Schadrac), Mischaël (Méschac) et
Azaria (Abed-Nego).
Comme Esdras, le livre de Daniel est bilingue: son début et sa fin sont écrits en hébreu, mais la
section centrale (2:8–7:28) est en araméen.
Les chapitres 1 à 6 contiennent six récits indépendants les uns des autres. Cette partie est
essentiellement narrative. Daniel et ses compagnons étaient à Babylone: le roi Nebucadnetsar fit
un songe et reçut de Daniel l’explication de ses visions (1–2). Un ordre imposa l’adoration de la
statue d’or. Ses compagnons refusèrent. Ils furent jetés dans la fournaise ardente et Dieu les sauva
(3). Le roi reçut de Daniel l’interprétation d’un second songe qui se réalisa.
Au festin du roi, Daniel décrypta une mystérieuse écriture murale annonçant la prise de
Babylone (5). Les ennemis de Daniel lui tendirent un piège en rapport avec sa vie de prière, mais
son Dieu le délivra de la fosse aux lions (6).
Les chapitres 7 à 12 comportent des visions divines reçues par Daniel. Cette partie est
résolument apocalyptique. Ces visions révèlent l’histoire du peuple juif dominé par plusieurs
nations étrangères.
La première concerne quatre bêtes, la deuxième un bélier, la troisième un homme vêtu de lin.
Chacune est suivie d’une interprétation. Cette partie annonce aussi la guerre entre les rois du
Midi et du Nord. Un chapitre sur l’angoisse et la résurrection finale termine ce livre.
Le livre de Daniel insiste sur la fidélité à Dieu à une époque où des compromissions de toutes
sortes menacent la foi. Dieu reste le maître de l’histoire malgré un déferlement de violence et de
persécution. Le croyant doit se tenir en éveil et désirer la connaissance: ceux qui auront eu le
discernement brilleront (12:3).
Le livre de Daniel encourage les fidèles à suivre les préceptes de l’Éternel même au milieu des
incroyants. Les fidèles se doivent aussi de persévérer dans la foi quelles que soient les épreuves et
les persécutions à affronter. Tout pouvoir temporel, malgré son apparente indépendance, est sous
le contrôle de l’Éternel qui est prêt à intervenir pour honorer la foi des siens.

DANIEL INTRODUCTION

Introduction
Le livre de Daniel raconte d'abord comment quatre jeunes Juifs, emmenés parmi d'autres en
exil par Nabucodonosor, demeurèrent inébranlablement fidèles à leur Dieu. La première partie
(chap. 1–6) contient six récits assez indépendants les uns des autres, montrant à quels types de
pressions, de menaces ou de châtiments les Juifs pouvaient être soumis par leurs persécuteurs.
C'est ici, par exemple, qu'on retrouvera le fameux récit de Daniel dans la fosse aux lions
(chap. 6).

La seconde partie (chap. 7–12) raconte quatre visions accordées par Dieu à Daniel. Ces visions
dévoilent l'histoire du peuple juif, placé sous la domination de plusieurs nations étrangères,
jusqu'à ce que Dieu le rétablisse et instaure son royaume.

Par son genre et son style ce livre ressemble beaucoup au livre de l'Apocalypse, à la fin du
Nouveau Testament. L'un et l'autre visent essentiellement à encourager les croyants de tous les
temps à persévérer dans la foi, quelles que soient les épreuves et les persécutions à affronter. Ce
sont des écrits de résistance.

Société biblique française – Bibli'O, 2004

INTRODUCTION AU LIVRE D’OSÉE

Pr 21:3. (És 1:3. Jn 17:3. 1 Co 15:34. Tit 1:16.) 2 Ti 2:13.

Ce livre a pour titre « Osée » (salut), du nom du prophète, fils de Beéri, qui exerça son
ministère sous le règne de Jéroboam, roi d’Israël, et d’Ozias, Jotham, Achaz et Ézéchias, tous
successivement rois de Juda. Les chapitres 1 à 3 relatent l’expérience conjugale d’Osée et le
message qui en découle.
Sur ordre de l’Éternel, Osée épousa une prostituée. Ce couple donna naissance à Jizreel (signe
de châtiment de la maison de Jéhu pour le sang versé à Jizreel), Lo-Ruchama (celle dont on n’a
pas pitié) et Lo-Ammi (pas mon peuple) (1). Pourtant, Dieu allait accueillir de nouveau son
peuple: Israël était comme une épouse infidèle. Néanmoins Dieu voulait reconquérir son cœur
(2). C’est dans le même but que le prophète Osée épousa Gomer et la mit à l’épreuve (3).
Les chapitres 4 à 9:9 décrivent la situation d’Israël et sa signification spirituelle. C’est une
situation de crise. Dieu y est en procès avec son peuple, et les prêtres sont accusés. À cause
d’eux, un esprit de prostitution règne dans tout le pays (4). Tous, y compris le roi, furent avertis
de la part de Dieu, d’ailleurs une guerre entre Israël et Juda pointait déjà à l’horizon (5). Dieu
était très déçu et même trahi par Israël (6). Les complots contre les rois, l’ingratitude du peuple et
l’agression du prophète s’accompagnèrent d’un esprit de prostitution (9).
Les chapitres 10 à 14:1 relatent les causes lointaines de l’infidélité du peuple de Dieu. Les
cultes idolâtriques et la royauté devaient cesser (10) car Dieu était comme un père déçu par son
fils. Son amour l’emportera néanmoins (12). Face à la ruine imminente, Israël fut invité à
abandonner le mensonge et l’imposture (12 à 14:1). Le chapitre 14:2-10 insiste sur le fait que
l’amour de l’Éternel pour son peuple sera de plus en plus fort. Le peuple guérira de son infidélité.
Le prophète Osée comprend et présente de manière originale la relation entre Dieu et son
peuple. Les images du père et du fils (11:1-4, 10) et surtout celle de l’époux (2:4-15) expriment
cette alliance unique entre Dieu et Israël. Courtiser Baal, c’est commettre un adultère (2:4), c’est
se prostituer (1:2; 2:7; 3:3s; 6:10). Les faux dieux sont des amants (2:7, 9, 12, 14, 15), des rivaux
du Seigneur. Tout effort de Dieu va donc viser à combattre l’infidélité de son peuple (2:8, 11, 15)
et à conquérir son cœur (2:9, 16-19, 21s).
Osée nous révèle que Dieu peut parfois choisir les expériences humaines même tristes et
choquantes pour transmettre son message à son peuple. L’Éternel, à travers son porte-parole
Osée, se sert d’un drame conjugal pour faire savoir à son peuple la souffrance que lui cause son
infidélité.

INTRODUCTION AU LIVRE DE JOËL

(Os 6:1-3. Hé 12:10, 11. Ap 21:3-6.)

Ce livre a pour titre «Joël», nom qui signifie «son Dieu est l’Éternel». Le premier verset ne
nous apprend rien sur la personne et l’époque du prophète. Ce dernier apporta à Israël un message
portant sur le thème du jour où le Seigneur manifestera sa puissance et jugera les nations en
fonction de leur attitude vis-à-vis d’Israël, son peuple.
Le chapitre 1 traite des signes précurseurs du jour du Seigneur et de la réaction du peuple et du
prophète Joël, fils de Pethuel. La venue de ce jour du jugement y est caractérisée par une invasion
de sauterelles, la sécheresse et l’incendie. Que faire donc? Le peuple est invité à se repentir et à
supplier l’Éternel (1:10-14) et le prophète lui-même intercède en faveur de son peuple (1:19-20).
Le chapitre 2 signale le jour du Seigneur comme proche, et l’urgence de sa venue est soulignée
(2:1-11). C’est vraiment le moment de revenir à l’Éternel avec des jeûnes et des lamentations
(2:12-13). Ce moment est déjà là. Tous sont concernés: «les vieillards, les enfants et les
nourrissons» (2:15-17). C’est à ce prix que viendra la réponse de Dieu à son peuple (2:18-27)
avec la présence de l’Esprit de l’Éternel en action sur toute chair, avec des visions et des songes.
Le chapitre 3 porte sur le jugement des nations. Le procès de Dieu contre les nations qui ont
dispersé Israël sera terrible. Il y aura une sorte de combat final et de jugement dans la vallée de
Josaphat ou vallée de décision (3:9-17). Enfin viendra de nouveau la prospérité multiforme pour
le peuple. Dans le livre de Joël, Israël est jugé en fonction de son attitude à l’égard de son Dieu,
les peuples étrangers l’étant, répétons-le, en fonction de leur attitude à l’égard d’Israël.
Le livre de Joël annonce avec beaucoup de détails le jour où l’Éternel manifestera sa puissance
et jugera les peuples. La situation de pénurie et de dépouillement du peuple précède l’abondance
matérielle et surtout la présence de Dieu et l’effusion de son Esprit sur ses serviteurs et ses
servantes.

INTRODUCTION AU LIVRE D’AMOS

(És 58:1. Mi 3:8.)

Ce livre a pour titre le nom «Amos», qui est celui d’un prophète originaire de Tekoa. Il partit
de là pour Béthel, dans le royaume de Juda, porter un message très dur à un peuple insouciant. Il
annonça la fin du peuple élu, même si le pays vivait dans une sorte d’harmonie et que les cultes
étaient solennels. Le Judéen Amos fit entendre un message très sévère dans le royaume rival. Il
dérangea l’ordre social, religieux et politique établi. Son intervention fut ressentie comme une
intrusion étrangère. Amos fut mal perçu en Israël et finit par être expulsé de Béthel (7:10-13). Il
fut le contestataire contesté.
Les chapitres 1 à 2 relatent les reproches sévères et spécifiques que l’Éternel adressa au
royaume d’Israël et aux pays voisins. Sont concernés: la Syrie, la Philistie, Édom, Ammon,
Moab, et Juda-Israël. Toutes ces nations ont participé activement ou implicitement au culte
idolâtrique.
Les chapitres 3 à 6 donnent les détails sur la nature du conflit qui opposait Dieu à son peuple.
L’élection n’excluait pas le châtiment. Israël devait rendre compte à l’Éternel de ses iniquités.
Amos fut chargé de le leur dire avec véhémence. Dans le pays, il y avait beaucoup de désordres,
d’oppression, de violence et de rapine (3). Certaines femmes riches opprimaient les misérables,
écrasaient les indigents et dominaient avec dureté leurs maris. Sur le plan cultuel, les sacrifices
étaient dérisoires malgré leur quantité et leur régularité, car ils étaient offerts dans un esprit
impénitent (4). Israël était donc menacé de deuil et de désolation. Que faire? «Cherchez-moi, et
vous vivrez» (5:4b), dit l’Éternel. C’était le moment de revenir à Dieu au lieu d’attendre son jour
dans une atmosphère cultuelle qui déplaisait à l’Éternel (6).
Les chapitres 7 à 9 décrivent l’intervention imminente de Dieu. Cinq visions contiennent ces
messages divins. D’abord, les sauterelles, le feu, le fil à plomb. Puis la corbeille de fruits et le
sanctuaire ébranlé. Entre les deux ensembles, on voit comment Amos est expulsé de Béthel. En
somme, l’Éternel est le Seigneur de l’univers, il châtiera les coupables et restaurera le royaume de
David.
Dans son message, le prophète Amos tourne son regard vers le présent et vers l’avenir. Vers le
présent d’abord, en ce qu’il critique vigoureusement le désordre qui sévit en Israël dans le
domaine économique, social et politique. L’avenir est donc chargé de lourdes menaces pour tous,
mais plus particulièrement, pour le peuple qui déclare appartenir au Dieu vivant. Parmi ces
menaces, la plus inattendue est le jour du Seigneur. Amos annonce que ce jour sera une nuit
sombre.
Le livre d’Amos met en évidence le caractère parfois révolutionnaire du message de l’Éternel.
Chaque personne devrait pouvoir vivre en paix parmi ses semblables. Pour cela Dieu institue un
droit. Or ce droit est constamment bafoué par le plus fort ou les grands. Ici Dieu apparaît comme
le défenseur intraitable du droit des faibles.

INTRODUCTION AU LIVRE D’ABDIAS

(Ps 137:7. La 4:21, 22. Joë 3:18, 19. So 2:10, 11. Za 14:9.)
Intitulé «Abdias» (serviteur de Dieu), c’est le livre le plus court de l’Ancien Testament.
Aucune indication ne nous est donnée sur la personne du prophète ou sur l’époque où le texte a
été écrit. Il s’agit d’un message prophétique qui s’adressa à tous les ennemis d’Israël et
particulièrement à Édom pour leur annoncer le châtiment divin imminent. Dans ce livre, l’auteur
s’adresse aussi à ses compatriotes déportés à Babylone après la destruction du royaume de Juda.
Le livre a trois articulations: l’annonce du châtiment d’Édom (= Ésaü, v. 1-9), suivie de
l’indication des causes du châtiment (v. 10-16), à savoir l’attitude d’Édom à l’égard d’Israël (=
Jacob); enfin l’annonce du rétablissement et de la conquête du territoire d’Israël (v. 17-21).
Il présente un message venant du Seigneur (1:1) annonçant la ruine d’Édom. En effet, lors du
siège et de la destruction du royaume de Juda, les Édomites, voisins d’Israël, s’étaient évertués à
aider les Babyloniens. Ils avaient même participé au pillage, bref, à leur départ en exil. Le
message du prophète laisse cependant une note d’espoir: Israël prendra sa revanche sur Édom.
Même les territoires voisins seront reconquis. En somme, dit Abdias: «À l’Éternel appartiendra
le règne» (1:21).
Le livre d’Abdias présente les nations comme ne devant pas se réjouir quand l’Éternel châtie
son peuple. Les ennemis du peuple de Dieu seront aussi châtiés, et l’Éternel réconfortera les
siens. En somme, Dieu aura le dernier mot et viendra juger tous les peuples.

INTRODUCTION AU LIVRE DE JONAS

(És 42:19; 55:7-11. Jé 18:7, 8. Éz 18:23. Mt 12:40, 41.)

Ce livre est intitulé «Jonas» (colombe), du nom d’un prophète missionnaire malgré lui. Il
raconte les aventures de cet homme de Dieu, parti d’Israël vers Tarsis et de la mer vers Ninive.
C’est un récit plein d’humour et signe de l’amour du Dieu du ciel et de la terre, à qui personne ne
peut échapper, et devant qui nul ne peut se dérober.
Ce livret renvoie à un personnage bien réel, celui de Jonas, fils d’Amitthaï. En effet il est bien
question d’un Jonas, fils d’Amitthaï, en 2 Rois 14:25, un prophète de Gath-Hépher, en Galilée.
Le chapitre 1 identifie la mission, la démission et les contraintes du prophète. Jonas, fils
d’Amitthaï, fut envoyé en mission vers la grande et méchante ville de Ninive, capitale de
l’Assyrie. D’ailleurs, Israël venait juste d’être victime du pillage des Assyriens. Pourquoi ne pas
laisser Ninive sans la bonne nouvelle de Dieu afin qu’elle soit aussi détruite? Réaction humaine
mais surpassée par l’amour d’un Dieu universel. Grâce à la tempête, Jonas fut saisi et jeté par-
dessus bord par des marins craignant Dieu.
Le chapitre 2 concerne la prière fervente du prophète. Jonas fut aussitôt avalé par un grand
poisson, sur l’ordre de Dieu. Au lieu d’essayer de fuir Dieu, le prophète le pria. L’Éternel exauça
sa prière et ordonna au poisson de le vomir à terre.
Le chapitre 3 traite de la mission accomplie sans conviction. Jonas connaissait la miséricorde
de son Dieu, qui est prêt à pardonner. Que faire? Proclamer la destruction de Ninive au lieu
d’inviter sa population à la repentance: «Encore quarante jours, et Ninive est détruite!» Voilà le
message radical qui produisit l’effet inattendu par le prophète. Tous les Ninivites se repentirent,
des hommes jusqu’aux animaux, du roi jusqu’au plus petit sujet. «Alors Dieu se repentit du mal
qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas» (3:10).
Le chapitre 4 retrace le mécontentement de Jonas et les reproches que lui fit l’Éternel. «Fais-tu
bien de t’irriter à cause du ricin» qui a séché? Jonas répondit par l’affirmative. «Et moi n’aurais-
je pas pitié de Ninive» qui s’est repentie? dit l’Éternel. La leçon fut assimilée et la mission
continua.
C’est l’histoire d’un nationaliste impénitent qui voulait que Dieu châtie l’ennemi de son peuple
et qui refusa, de ce fait, de lui annoncer la paix. Pas de bonne nouvelle pour Ninive, d’où la
conclusion de Jonas: «Je savais que tu es un Dieu compatissant… C’est ce que je voulais
prévenir en fuyant à Tarsis» (4:2).
Le livre de Jonas exprime quelques vérités essentielles: notre mission est d’une grande
importance. Elle est impérative et non indicative. Le Dieu de la mission ne réserve pas
exclusivement son amour et son salut à ceux qui croient déjà en lui, mais aussi aux étrangers
repentants de tous les temps. L’Éternel est le maître de l’univers. Il peut utiliser n’importe quel
élément du cosmos, la tempête, le poisson ou le ricin, pour atteindre son objectif de salut. Il est le
maître de la vie et de la mort.

INTRODUCTION AU LIVRE DE MICHÉE

Ps 85:11. Pr 21:3. És 32:17, 18.


Ce livre a pour titre «Michée» (Qui est comme l’Éternel?), du nom du prophète qui s’adressa
aux habitants du royaume de Juda vivant sous la menace de l’armée assyrienne. Le prophète est
de Moréscheth, une bourgade de Juda. Il s’en prend aux désordres sociaux. Le règne de
l’injustice ne peut bénéficier de la bienveillance de Dieu. C’est pourquoi Michée s’en prend aux
riches qui accaparent les terres (2:1-5), recourent à la fraude et à la violence (6:9-12). Leur
voracité est sans limites (3:1-4; 7:2-6) et d’ailleurs les pauvres en font la douloureuse expérience.
Il s’en prend aussi à la vénalité des sacrificateurs et des prophètes attitrés du temple (3:5-11).
Ce livre a deux séries de messages qui s’entrecroisent. Dieu fait dire par Michée qu’il va juger
et corriger son peuple (chapitres 1–3; 6:1-7), mais il lui promet aussi le salut par l’entremise d’un
chef descendant du roi David (5:1-4).
Les chapitres 1 à 3 relatent les menaces de l’Éternel contre Israël et Juda. En raison des péchés
de la maison d’Israël et des hauts lieux de Juda, le châtiment divin était inévitable. Bref,
l’idolâtrie est la cause de ces menaces.
Les chapitres 4 à 5 comportent des promesses de libération. Dieu promit une sorte de
restauration sociale et religieuse aux enfants d’Israël. Et la ville de Bethléem devait recevoir le
descendant qui allait être glorifié jusqu’aux extrémités de la terre (5:3).
Les chapitres 6 à 7:7 constituent un autre procès de l’Éternel avec son peuple, qu’il entendait
rendre conscient de la situation par des questions comme les suivantes: «Mon peuple, que t’ai-je
fait? En quoi t’ai-je fatigué? Réponds-moi» (6:3). «Est-on pur avec des balances fausses, et avec
de faux poids dans le sac?» (6:11).
Le chapitre 7:8-20 présente des paroles manifestant la miséricorde de Dieu. «Il ne garde pas
sa colère à toujours, car il prend plaisir à la miséricorde» (v. 18). Cependant, cette miséricorde
est conditionnelle. Qu’en est-il du croyant? Qu’il marche humblement avec son Dieu et pratique
la justice!
En somme, Michée de Moréscheth exerça son ministère prophétique au temps de Jotham,
d’Achaz, d’Ézéchias, rois de Juda. Son message s’adressait à Samarie et à Jérusalem, aux deux
royaumes.
Selon Michée, l’Éternel allait juger et corriger son peuple, puis le sauver, le rétablir et le placer
sous l’autorité d’un conducteur fidèle. Le châtiment divin alterne ainsi avec son pardon et sa
grâce. Tout dépend de l’attitude de chaque fidèle et de chaque nation.
INTRODUCTION AU LIVRE DE NAHUM

(No 10:35. Ps 68.) (És 10:5; etc.; 33:1-5; 29:5-8. So 2:13.)

Ce livre est intitulé «Nahum» (le consolé, celui qui est apaisé, satisfait ou vengé), du nom du
prophète originaire d’Elkosch, qui prononça par anticipation la chute de Ninive, capitale de
l’Empire assyrien. Les Israélites étaient alors assujettis aux Assyriens. Le livre comporte trois
parties.
La première partie introduit l’oracle sur Ninive (1:1-8). Dieu est puissant, il domine sur toute la
création, il juge le monde et doit se venger de ses adversaires.
La deuxième partie évoque la manifestation vindicative de Dieu (1:9–2:3): Ninive allait être
détruite. Les ennemis d’Israël allaient être «ivres de leur vin, consumés comme la paille sèche,
moissonnés». Bref les Ninivites allaient être éliminés et les habitants de Juda allaient être libérés.
La troisième partie (2:4 à 3:19) décrit et célèbre dans les détails la ruine de Ninive. Selon le
contexte politique de Nahum, tout était comme déjà exécuté. Cette ville orgueilleuse, sanguinaire,
débauchée et idolâtre était tombée sous le pouvoir du Dieu de l’univers.
Nahum présente la destruction de Ninive comme la conséquence d’un jugement de Dieu. Ville
orgueilleuse, criminelle et débauchée, Ninive est le symbole permanent d’un pouvoir humain
construit sur des bases appelées à disparaître. Il évoque la chute de Ninive comme un véritable
reportage: les lions, emblèmes de la puissance de la cité, de sa domination cruelle et de sa
rapacité politique, sont passés au fil de l’épée (2:12-14); les uniformes cramoisis et les boucliers
rouges des troupes d’élite se heurtent, l’éclat des armes, le fracas des roues des chars et l’agilité,
comme l’éclair, de leurs mouvements, forcent l’imagination (2:4; 3:1). La statue d’Ishtar, déesse
de la guerre, est brisée: les faux dieux sont donc anéantis. La bonne nouvelle de Nahum est celle
du rétablissement de la justice et de la paix, à la suite de la défaite de l’ennemi héréditaire
d’Israël.

INTRODUCTION AU LIVRE D’HABACUC

(Mi 4:10; 7:7-10. Lu 18:7.)


Ce livre est intitulé «Habacuc», du nom du prophète qui livra son message en temps de crise.
Ce livre dépeint les conquérants (1:6-11) comme des animaux prédateurs (1:8), le filet (1:14-16)
ou un gosier insatiable (2:5s). Les chefs d’accusation contre ces ennemis chaldéens sont clairs:
extorsion des biens d’autrui (2:6-8), profit malhonnête (2:9-11), violence politique (2:12-17) et
idolâtrie (2:19s).
Le prophète souffrit à cause de la déchéance de son peuple, dénonça le mal, invoqua Dieu et se
réjouit de l’exaucement divin. La réponse de Dieu est pour tous les temps: être fidèle à Dieu afin
de vivre (2:4), et savoir attendre avec confiance l’intervention de Dieu (3).
Au premier appel d’Habacuc, Dieu lui répondit en confirmant qu’il y aurait l’invasion des
Chaldéens (1:1-11). Au deuxième appel, la réponse de Dieu concernait le juste et l’oppression
(1:12–2:6).
Cinq mises en garde solennelles suivirent ces appels du prophète. Ces avertissements
présageaient le malheur imminent et concernaient:
1. Quiconque augmente le fardeau de ses dettes.
2. Quiconque amasse pour sa maison des gains iniques.
3. Quiconque bâtit une ville avec du sang et fonde une ville avec l’iniquité.
4. Quiconque enivre son prochain afin de voir sa nudité.
5. Quiconque dit au bois «Lève-toi», et à une pierre muette «Réveille-toi» (2:6-20).
Habacuc, comblé de joie par les réponses divines, psalmodia au Dieu qui intervient. Il chanta
sur le mode des complaintes avec des instruments à corde (3:1-19).
Le livre d’Habacuc met à notre disposition des paroles certaines et réconfortantes dans les
temps difficiles. La fidélité de l’être humain doit être persévérante même dans des situations de
crises multiformes. Habacuc y pose des questions essentielles en temps de crise: «Jusqu’à quand,
ô Éternel? J’ai crié, et tu n’écoutes pas!» Jusqu’à quand (1:2, 6) et pourquoi (1:3, 13) sont les
deux questions de la complainte biblique.

INTRODUCTION AU LIVRE DE SOPHONIE

(Lu 19:41-44. De 30:1-10. Ha 3:18.)


Ce livre est intitulé «Sophonie» (Dieu le protège), du nom du prophète inspiré à l’époque où
Josias, fils d’Amon, était roi de Juda. Sophonie était fils de Cuschi et arrière-petit-fils d’Ézéchias.
La question ici est celle de savoir si Dieu s’intéresse vraiment aux hommes et mène encore
l’histoire. Le prophète répond à cette double interrogation à un moment dramatique de l’histoire
de Juda.
Les chapitres 1:1 à 2:3 annonçaient que Dieu viendrait juger les habitants de Jérusalem en
particulier, et de Juda en général. Les autres êtres vivants et même l’environnement en seraient
concernés. Le châtiment divin toucherait toutes les catégories sociales de Juda. Elles s’étaient
détournées de Dieu.
Jérusalem ne cherchait pas le Seigneur (1:6; 3:6). C’était là son péché. Il en résulta de
multiples compromissions religieuses telles l’idolâtrie (1:4, 8), une suffisance orgueilleuse (3:11),
une confiance futile dans les richesses (1:11, 18) et l’incrédulité (1:12). Les responsables du
peuple devinrent des traîtres par rapport à la mission initiale.
Le chapitre 2:4-15 montre que Dieu allait détruire aussi les nations voisines de Juda. Les
raisons étaient multiples: arrogance, outrage, agression et oppression du peuple de Dieu. Étaient
concernés: Gaza, Askalon, Ékron, Canaan, Moab, Ammon, l’Éthiopie, l’Assyrie entre autres.
Au chapitre 3, le Dieu restaurateur fait savoir qu’il laissera un peuple humble dans le pays.
Certes Jérusalem n’avait pas écouté l’appel de Dieu (3:1-8). Cependant, les humbles déjà appelés
(2:1-8) se convertiront (3:9-10) et constitueront le reste d’Israël (3:11-13). Enfin, Dieu restaurera
Jérusalem. Il résuma sa volonté en ces termes: «Je ferai de vous un sujet de louange et de
gloire…» (3:19-20). Il s’agit bien des humbles du pays (2:3; 3:12).
Sophonie annonce aux humbles de tous les temps la tendresse divine dont ils sont l’objet.
L’Éternel s’en prend à tous ceux qui font passer leurs intérêts personnels avant ses exigences.

INTRODUCTION AU LIVRE D’AGGÉE

(Mt 6:33. Mal 3:10.)

Ce livre a pour titre «Aggée» (nom qui signifie en fête), d’après le nom du prophète inspiré
pour encourager les Juifs de retour de l’exil de Babylone à reconstruire le temple de Jérusalem. Il
prophétisa la deuxième année du règne de Darius, le premier jour du sixième mois (1:1).
Aggée dénonça le manque de passion spirituelle du peuple de Dieu, cause de récoltes
désastreuses. Malgré cet état de faillite, après dix-sept ans de négligence, le temps était venu de
rebâtir le temple.
Le chapitre 1 traite du moment de rebâtir le temple. Les Juifs revenus d’exil étaient découragés
au regard de l’état de ruine du temple, en particulier, et du pays en général. «Le temps n’est pas
venu, le temps de rebâtir la maison de l’Éternel» (1:2). Cependant chacun poursuivait assidûment
ses activités. L’Éternel adressa alors la parole à Aggée (1:1), qui par son message réveilla l’esprit
du gouverneur Zorobabel et du souverain sacrificateur Josué. Tout le peuple se mobilisa alors
pour la reconstruction du temple.
Le chapitre 2 insiste sur la splendeur du nouveau temple, appréciée par le peuple, et décrit la
réaction de Dieu, qui encouragea les responsables et le peuple au travail. Il leur annonça que le
nouveau temple serait rempli de gloire et plus grand que le premier (2:1-9). Le peuple en état
d’impureté devait donc se purifier, être désormais attentif à Dieu et recevoir la bénédiction
perpétuelle (2:10-19). Des promesses spéciales furent faites à Zorobabel (2:20-23). Ce fut un
heureux dénouement.
Aggée nous révèle une grande vérité: ajourner sans cesse une œuvre éventuelle de l’Éternel et
réaliser exclusivement des projets personnels au détriment de ceux de l’Éternel peuvent être des
causes réelles de graves crises dans tous les domaines de la vie du peuple de Dieu ou d’une
nation.

INTRODUCTION AU LIVRE DE ZACHARIE

(1 S 12:22. Ag 2:5-9. Ro 11:11, 26-29.)

Ce livre est intitulé «Zacharie» (celui dont Dieu se souvient), d’après le nom du prophète de
l’espérance. Ce fils de Bérékia annonça à Israël le temps où Dieu règnera sur la terre entière. Le
livre est composé de deux parties distinctes.
La première partie (chapitres 1 à 8) contient des messages sous forme de visions. Dieu invite le
peuple à revenir à lui. Suivent alors les visions sur: les chevaux (1), les cornes et les forgerons, le
cordeau à mesurer (2), le grand-prêtre Josué (3), le chandelier et les oliviers (4), le livre qui vole,
le boisseau (5), les quatre chars avec le couronnement prophétique de Josué (6). Il y a aussi le
jeûne commémorant la ruine de Jérusalem (7), enfin la paix et la bénédiction promises par Dieu
(8).
Le genre apocalyptique des chapitres 1 à 8 s’exprime par une série de huit visions qui illustrent
un aspect du plan divin. Dans cet ensemble, la prédication de Zacharie jette les bases d’un
renouveau de ferveur au sein de la communauté judéenne issue de la captivité de Babylone:
l’avènement d’un germe messianique est annoncé (3:8; 6:12).
La deuxième partie (chapitres 9 à 14) donne les traits particuliers de celui qui instaurera le
règne de l’Éternel. Cette personne sera tour à tour comme un roi humble et victorieux, un berger,
ou un envoyé mis à mort.
Avant l’arrivée de ce Messie humble et porteur de paix, les peuples voisins d’Israël seront
purifiés, les captifs seront libérés (9). Ce sera une sorte de nouvel exode: les prières seront
adressées à l’Éternel et non aux idoles (10), les grandes puissances seront abattues dans un
contexte où s’opposent le bon berger et le berger insensé (11). Jérusalem sera cependant assiégée
et tout le pays sera en deuil (12), Dieu éliminera les idoles et les faux prophètes (13). La bataille
finale précédera l’arrivée de l’Éternel, et dans le temple tout sera consacré au Seigneur (14).
Le livre de Zacharie met en évidence la liberté de l’Éternel d’utiliser le pouvoir temporel
(Zorobabel) et le pouvoir religieux (Josué) pour reconstruire un peuple ou un pays. Il suffit aux
deux pouvoirs en question de se soumettre aux directives divines.

INTRODUCTION AU LIVRE DE MALACHIE

(Mi 6:2. És 40:10. Ro 10:21.)

Ce livre est intitulé «Malachie» (envoyé ou messager de Dieu), du nom du prophète qui porta
son message à un peuple de retour d’exil, en proie au découragement et à l’indifférence. Le livre
nous situe dans un contexte de crise généralisée chez les Israélites. Le croyant y pose certaines
questions capitales auxquelles le prophète répond.
Le chapitre 1:1-14 aborde les questions de l’élection et de l’indignité. À la question: «En quoi
nous as- tu aimés?», la prophétie répond en évoquant l’exemple troublant de la préférence de
Dieu pour Jacob (= Israël) au détriment d’Ésaü (= Édom). En effet le Seigneur déclara qu’il
aimait Jacob plus que son frère jumeau Ésaü (1:1–5).
Mais le culte était négligé par ces descendants de Jacob (1:6-14): Dieu était trompé, ses
sacrifices avilis et parfois volés, bref la table de l’Éternel était méprisable, disaient certains
fidèles. À la question: «C’est en vain que l’on sert Dieu; qu’avons-nous gagné à observer ses
préceptes?», la prophétie répondait par l’énumération des tricheries du peuple et de ses
sacrificateurs dans l’exercice du culte.
Le chapitre 2:1-16 dépeint un clergé indigne et deux manières de trahir l’alliance. Avec des
offrandes défectueuses et des sacrificateurs infidèles, Lévi renia l’alliance de paix que Dieu avait
conclue avec lui pour le sacerdoce (2:4-8). À la question de savoir pourquoi l’Éternel «n’a plus
égard aux offrandes?», la prophétie répondit en plaçant le débat sur le plan de la conduite
individuelle en matière matrimoniale. Exogamies et répudiations caractérisaient le laxisme
spirituel des déçus de la restauration.
L’Éternel avertit sévèrement les prêtres. En effet, s’ils continuaient à déshonorer l’Éternel, il
les maudirait, ainsi que leurs descendants. Il maudirait aussi leurs bénédictions. Dieu rappela le
portrait d’un vrai serviteur (2:4-8). Avec la complicité des prêtres, le peuple trahit l’alliance
divine: d’abord certains rompirent l’alliance avec Dieu en bafouant sa parole, ensuite d’autres
rompirent l’alliance conjugale en divorçant puis en épousant des femmes étrangères idolâtres.
Dans les chapitres 2:17 à 4:6, le plan d’action de l’Éternel est exposé. À la question: «Où est le
Dieu de la justice?» (2:17), la prophétie répondit que le jour du jugement viendra, terrible et
soudain (3:1s). Le Seigneur allait envoyer son messager (2:17–3:1-5) qui inviterait le peuple à
revenir à Dieu (3:6-12). À la question: «En quoi devons-nous revenir à Dieu?» (3:7), la prophétie
répondit en évoquant une sécheresse et une invasion de sauterelles comme conséquences des
fraudes commises à l’égard de l’impôt du temple (3:10). En effet, aucune action ou parole ne
pouvait rester secrète devant l’Éternel qui allait révéler sa justice en son temps (3:13-18; 4:1-3).
Le peuple devait être dans l’attente. Élie reviendrait (4:4-6): «Il ramènera le cœur des pères à
leurs enfants et le cœur des enfants à leurs pères» (4:6). À la question: «Qu’avons-nous gagné à
observer ses préceptes et à marcher avec tristesse?»  (3:14), la prophétie répondit que ceux qui
honorent le nom du Seigneur ne seront pas oubliés: un livre conservera leur souvenir (3:6).
Malachie s’élève avec force contre la dégradation de la vie religieuse et morale de son temps.
Il prépare une communauté croyante et fidèle à l’alliance à rencontrer l’Éternel. Cette mission de
Malachie est aussi la nôtre aujourd’hui et demain, jusqu’à ce que celui qui doit venir vienne. La
conclusion générale du livre (3:22-24) exhorte à observer la loi de Moïse et désigne Élie, le
prophète, comme héraut de la justice à venir et agent d’une conversion massive du peuple.

INTRODUCTION À L’ÉVANGILE SELON MATTHIEU

(És 40:1-9. Za 9:9. Jn 18:37. Lu 24:44.)

L’Évangile selon Matthieu est le premier livre du Nouveau Testament. Cette place de choix se
justifie du fait que, mieux que tous les autres, il présente Jésus, le personnage central de ce
Testament, comme celui qui réalise les promesses de l’Ancien Testament et l’espérance d’Israël.
Matthieu présente Jésus-Christ comme le Messie, Fils du roi David (Matt 1:1-20; 9:27; 12:23),
donc celui qui, selon les promesses de l’Ancien Testament, vient sauver Israël. Jésus-Christ
accomplit l’histoire d’Israël.
Les trois premiers évangiles suivent un plan commun. À ce titre, l’Évangile selon Matthieu
présente le ministère de Jésus d’abord en Galilée, puis hors de Galilée, et enfin à Jérusalem, avec
les événements majeurs que sont sa mort et sa résurrection. Mais auparavant, il aborde sa
naissance et son enfance. Voici du reste les articulations de cet évangile:
1. Généalogie, naissance et enfance de Jésus-Christ 1:1–2:23
2. Prédication de Jean-Baptiste et baptême de Jésus 3:1-17
3. Tentation de Jésus et commencement de son ministère 4:1-25
4. Le Sermon sur la montagne 5:1–7:29
5. Le ministère de Jésus en Galilée 8:1–13:58
6. Le ministère de Jésus hors de Galilée et en route vers Jérusalem 14:1–20:34
7. Le ministère de Jésus à Jérusalem (sa passion et sa résurrection) 21:1–28:15
8. Conclusion: apparition de Jésus aux disciples et leur envoi jusqu’à la fin du monde 28:16-20
L’auteur de cet évangile serait Matthieu lui-même. Il rapporte son appel par Jésus, 9:9-13.
Marc (2:13-17) et Luc (5:27-32) l’appellent Lévi. Marc précise qu’il est le fils d’Alphée. Avant
de suivre Jésus, Matthieu était un péager (voir Matt 5:46; 9:10; 10:3), fonctionnaire romain
chargé de percevoir les impôts et les droits de douane. Les Juifs méprisaient cette classe
d’employés qu’ils trouvaient corrompus. Ils les associaient aux pécheurs, aux païens et aux
prostitués. L’appel de Matthieu par Jésus et le festin que celui-ci a organisé chez lui en son
honneur montrent que Jésus a plutôt témoigné beaucoup d’attention à cette classe de personnes.
Ce qui ne pouvait que scandaliser les Juifs zélés tels que les pharisiens, et accentuer leur haine à
l’égard de Jésus.
En écrivant son évangile, Matthieu s’adresse essentiellement aux Juifs sortis du judaïsme, qui,
comme lui, croyaient désormais que Jésus était véritablement le Christ, Fils de David, et Fils de
Dieu. D’où l’abondance, dans ce livre, de citations et références à l’Ancien Testament et aux
coutumes juives (5:21, 23, 27, 31, 33, etc.).
Jésus est la manifestation du Royaume des cieux en personne. Il l’inaugure en fondant l’Église,
son Église par laquelle il accomplit l’alliance de Dieu avec Israël. L’Église que le peuple chrétien
perpétue depuis des siècles est et reste intimement liée à Jésus. Elle représente ainsi le nouveau
peuple élu composé à la fois de Juifs et de non-Juifs.
«Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les
portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle» (16:17-18, voir aussi 18:17).
L’Évangile selon Matthieu se présente comme un manuel de pastorale, destiné aux dirigeants
de communautés chrétiennes pour l’enseignement et la formation catéchétique. Ses procédés
littéraires correspondent aux modèles didactiques des rabbins de l’époque de sa rédaction.
L’interprétation des textes de loi de l’Ancien Testament en est une illustration: «Vous avez
entendu qu’il a été dit aux anciens… mais moi, je vous dis…». Le Jésus de Matthieu montre ainsi
qu’il est venu non pour abolir cette loi, mais pour l’accomplir (Matt 5:17ss).
Voici la liste des miracles de Jésus rapportés par Matthieu

1. la guérison d’un lépreux 8:1-4

2. la guérison du serviteur d’un centenier 8:5-13

3. la guérison de la belle-mère de Pierre 8:14-17

4. la tempête apaisée 8:23-27

5. la guérison de deux démoniaques 8:28-34

6. la guérison d’un paralytique 9:1-8

7. la résurrection de la fille de Jaïrus 9:18-19, 23ss

8. la guérison d’une femme malade depuis douze ans 9:20-22


9. la guérison de deux aveugles (1fois) 9:27-31

10. la guérison d’un démoniaque muet 9:32-33

11. la guérison de l’homme à la main sèche 12:9-13

12. la multiplication des pains (1fois) 14:15-21

13. la marche sur les eaux 14:22-33

14. la guérison de la fille d’une Cananéenne 15:21-28

15. la multiplication des pains (2fois) 15:32-39

16. la guérison du fils lunatique 17:14-21

17. le statère dans le poisson 17:24-27

18. la guérison de deux aveugles (2fois) 20:29-34

19. le figuier desséché 21:17-22

Également la liste des paraboles de Jésus rapportées par Matthieu

1. la maison bâtie sur le roc 7:24-27

2. le semeur 13:3-23

3. l’ivraie 13:24-43

4. le grain de sénevé 13:31-32

5. le levain 13:33

6. le trésor caché 13:44

7. la perle de grand prix 13:45-46

8. le filet 13:47-50

9. la brebis égarée 18:12-14


10. le serviteur impitoyable 18:23-25

11. les ouvriers loués à différentes heures 20:1-16

12. les deux fils 21:28-32

13. les vignerons 21:33-41

14. les noces 22:1-4

15. le figuier 24:32

16. les dix vierges 25:1-13

17. les talents 25:14-30

Jésus enseigna en paroles et en actes de puissance. Il chargea ses disciples de continuer cette
œuvre: «Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations
mes disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à
observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du
monde» (Matt 28:18-20).

INTRODUCTION À L’ÉVANGILE SELON MARC

(És 42:1. Ac 10:38. Ph 2:7.)

L’auteur de l’Évangile selon Marc est le seul qui donne à son livre le titre de: «Évangile de
Jésus-Christ, Fils de Dieu» (1:1). Pour cette raison, on peut le considérer comme le créateur de ce
genre littéraire. Autrement dit, il serait le premier à mettre par écrit la tradition sur la personne, la
vie et l’œuvre de Jésus-Christ qui, jusque-là, circulait sous une forme orale. L’Évangile à ses
débuts était prédication, Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ. Avec la disparition des témoins
oculaires de la vie de Jésus, la préservation par écrit de ce qui se disait sur sa personne et son
œuvre s’imposa. Marc serait le premier dans cette entreprise. Le canevas de cet évangile est donc
le suivant:
1. Prédication de Jean-Baptiste, baptême et tentation de Jésus-Christ 1:1-13
2. Commencement du ministère et ministère de Jésus en Galilée 1:14–7:23
3. Jésus dans les territoires de Tyr et de Sidon; ministère de Jésus hors de Galilée et en route vers
Jérusalem 7:24–10:52
4. Entrée de Jésus à Jérusalem et ministère jérusalémite de Jésus avec les événements majeurs
que sont sa passion et sa résurrection 11:1–16:20
Le titre: «Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu» résume le contenu de Marc. Pour lui, Jésus
est le Fils de Dieu, l’homme en qui et par qui Dieu se manifesta au monde. En Jésus et en Jésus
seul, Dieu se fait connaître, il s’incarne pour permettre aux hommes de le reconnaître comme
Dieu, de croire en lui et de recevoir la vie véritable. De tous les quatre évangiles, celui de Marc
est le plus court. Il contient donc l’essentiel de ce que la tradition a voulu préserver au sujet de la
vie et de l’œuvre de Jésus-Christ.
Le nom de l’auteur ne se trouve pas dans le texte de l’évangile, toutefois la tradition l’attribue
à Marc. Il s’agirait de Jean Marc (Act 12:25; 13:5; 15:37), fils de Marie (Act 12:12) et cousin de
Barnabas (Col 4:10), compagnon de Paul (Phm 24, 2 Tim 4:11), disciple de Pierre (1 Pi 5:13). Il
s’agirait donc d'un personnage suffisamment renseigné sur Jésus grâce aux apports de Pierre et de
Paul, mais aussi à ses connaissances personnelles de chrétien probablement encore très jeune lors
des événements de la passion de Jésus. Marc 14:51-52 apparaît comme une signature anonyme de
l’auteur qui a voulu laisser une marque de son souvenir personnel.
Les destinataires de Marc sont des chrétiens d’origine païenne. En effet, quand on lit Marc, on
se rend facilement compte qu’il prend soin, chaque fois que cela s’avère nécessaire, d’expliquer
les usages des Juifs. C’est le cas en 7:3: «Or, les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans
s’être lavé soigneusement les mains, conformément à la tradition des anciens; et, quand ils
reviennent de la place publique, ils ne mangent qu’après s’être purifiés» (voir aussi 3:7; 5:4; 7:11;
14:12; 15:42, etc.).
L’Évangile de Marc est comme un drame plutôt qu’un enseignement. Il se déroule autour de la
personne de Jésus par rapport aux relations qu’il a entretenues avec les hommes, que l’on peut
facilement classer en trois catégories: ses propres intimes, ses opposants et, entre ces extrêmes,
les foules.
Le message dramatique de Marc est que Jésus, pendant sa carrière terrestre, est resté incompris
et, à la limite, mystérieux pour tous ceux qui l’entouraient, aussi bien ses opposants que ses
propres disciples. Malgré ses enseignements en paroles et en actes, ses miracles et ses guérisons
spectaculaires, le secret de sa messianité ne sera connu de tous qu’après sa mort et sa
résurrection.
«Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a éte crucifié; il est ressuscité,
il n’est point ici… Allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée: c’est là que
vous le verrez, comme il vous l’a dit» (Mc 16:6-7).
La pédagogie de Marc consiste à rendre son lecteur participant de l’événement qui survient à
l’écoute de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Le titre qu’il donne à son livre «l’Évangile de
Jésus-Christ, Fils de Dieu» (1:1), comparativement à celui qu’il donne à la prédication de Jésus
«la bonne nouvelle» (1:15) interroge le lecteur sur la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus et sur
celle le concernant. Il ne faudrait donc pas confondre ce que Jésus a été réellement avec ce que
les témoins de sa vie rapportent sur lui. Chacun a procédé à une sélection des événements de sa
vie. S’agissant de Marc, voici les miracles et paraboles qu’il a trouvé utile de rapporter.
Les miracles de Jésus

1. la guérison d’un démoniaque 1:23-36

2. la guérison de la belle-mère de Pierre 1:29-31

3. la guérison d’un lépreux 1:40-45

4. la guérison d’un paralytique 2:1-12

5. la guérison de l’homme à la main sèche 3:1-6

6. la tempête apaisée 4:35-41

7. la guérison d’un démoniaque 5:1-20

8. la résurrection de la fille de Jaïrus 5:22-43

9. la guérison de la femme malade depuis douze ans 5:25-34

10. la multiplication des pains (1fois) 6:35-44

11. la marche sur les eaux 6:45-52

12. la guérison de la fille de la Syro-Phénicienne 7:24-30

13. la guérison d’un sourd-muet 7:31-37


14. la 2multiplication des pains 8:1-9

15. la guérison d’un aveugle 8:22-26

16. la guérison d’un démoniaque 9:14-29

17. la guérison d’un aveugle 10:46-52

18. le figuier desséché 11:12-24

Les paraboles de Jésus

1. le semeur 4:1-30

2. la croissance secrète de la semence 4:26-29

3. le grain de sénevé 4:30-32

4. les vignerons 12:1-9

5. le figuier 13:28

6. le maître et ses serviteurs 13:34-37

Marc a sélectionné les éléments de la tradition sur Jésus dans le but louable de démontrer ce
que signifie «être disciple». Le mystérieux titre du «Fils de l’homme» que Jésus se donne (2:10;
8:29; 14:61, etc.) n’aura pas permis à ses contemporains de reconnaître sa véritable identité. Bien
qu’ayant vu en lui le Christ/Messie (8:27-33), ils ne savaient de quel genre de Messie il s’agissait.
Alors comment être disciple de Jésus?
«Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et
qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause
de moi et de la Bonne Nouvelle la sauvera» (8:34-35).

INTRODUCTION À L’ÉVANGILE SELON LUC

(Da 7:13. Ph 2:8. Hé 2:17.) (Ro 10:12. Ga 3:28, 29.)


L’Évangile selon Luc commence par une dédicace, à l’honorable Théophile (1:1-4), liant ce
livre à celui des Actes des Apôtres, où l’auteur fait appel aux mêmes personnages (Act 1:1). Ces
deux livres se présentent donc comme deux tomes d’un ouvrage initialement unique mais qui,
pour des raisons précises, a dû être séparé en deux parties. La première partie, l’Évangile de
Jésus-Christ, relate la vie et l’œuvre de Jésus présenté comme Fils de Dieu, et sauveur du monde.
La deuxième partie, les Actes des Apôtres, relate la vie et l’œuvre de ses apôtres après lui. Il
s’agit de savoir comment ces derniers ont continué la mission que Jésus a entreprise.
De tous les auteurs des évangiles, Luc est aussi le seul qui explique clairement les raisons qui
l’ont conduit à écrire le sien et surtout la manière dont il a procédé pour la collecte des
informations (1:1-4). Ce faisant, il confirme qu’au moment où il écrivait son texte, des textes
similaires, à l’exemple de l’Évangile de Marc (cf. introduction à cet évangile), existaient déjà, et
qu’il a dû s’en servir. Luc écrit son évangile pour parfaire ce que les autres ont commencé. Il
reprend et améliore la structure de Marc:
1. Introduction 1:1-56
2. Naissance de Jean Baptiste et de Jésus-Christ 1:57—2.40
3. Jésus à l’âge de douze ans: enfance et généalogie de Jésus-Christ 2:41—3.38
4. Tentation de Jésus-Christ et ministère de Jésus en Galilée 4:1—9.50
5. Ministère de Jésus hors de Galilée et en route vers Jérusalem 9:51—19.28
6. Entrée de Jésus à Jérusalem, son ministère là-bas, avec les événements majeurs que sont sa
passion, sa résurrection et son ascension 19:29—24.53
Mais Luc, comme Matthieu et plus que lui, complète ce schéma avec les récits plus développés
de la naissance, de l’enfance et de la généalogie de Jésus (1:1 à 3:38). Luc fait remonter la
généalogie de Jésus non pas à Abraham, comme Matthieu 1:1-17, mais à Adam et même au-delà
à Dieu (3:23-38). Il fait ainsi le lien de Jésus non pas seulement avec Israël mais avec toute
l’humanité. L’Évangile de Jésus chez Luc est la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour tous
les hommes qui reconnaissent leurs péchés et qui se repentent. Luc illustre cette Bonne Nouvelle
par une sélection rigoureuse des miracles et des paraboles de Jésus. La parabole du fils retrouvé
15:11-32 est un exemple frappant, à lire et à relire.
Le nom Luc indique un païen converti au christianisme. Selon Col 4:14, il était médecin et
compagnon de l’Apôtre Paul (voir aussi Phm 24; 2 Tim 4:11; Act 16:10-17; 20:5-21; 27:1-28).
Luc est porteur d’un message unique, qui commence dans son évangile et s’achève dans le
livre des Actes. Il s’agit de l’histoire du salut qui s’accomplit dans la personne de Jésus-Christ.
Jésus est à la fois solidaire des hommes et tourné vers eux. Il révèle ainsi aux hommes la bonté
et la tendresse de Dieu et leur apprend la vraie vie de disciple dans la pratique concrète, qui se
caractérise notamment par le partage des biens, le pardon des offenses, la patience dans les
épreuves. La bonté de Dieu est ainsi à la portée de tous: hommes et femmes, riches et pauvres,
Juifs et non juifs. Toutes les paraboles de Luc 15:1-32 veulent répondre aux pharisiens qui
s’indignent de la bienveillance que Jésus réserve aux péagers et aux pécheurs:
«Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne
suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs» (Lc 5:31-32).
Voici la liste des miracles de Jésus rapportés par Luc:

1. la guérison d’un démoniaque 4:33-36

2. la guérison de la belle-mère de Pierre 4:38-39

3. la pêche miraculeuse 5:1-11

4. la guérison d’un lépreux 5:12-15

5. la guérison d’un paralytique 5:17-26

6. la guérison d’un homme à la main sèche 6:6-11

7. la guérison du serviteur d’un centenier 7:1-19

8. la résurrection du fils de la veuve de Naïn 7:11-16

9. la tempête apaisée 8:22-25

10. la guérison d’un démoniaque 8:26-39

11. la résurrection de la fille de Jaïrus 8:41-56

12. la guérison d’une femme malade depuis douze ans 8:43-48

13. la multiplication des pains 9:12-17

14. la guérison du fils lunatique 9:37-42


15. la guérison d’un démoniaque muet 11:14

16. la guérison d’une femme infirme 13:10-17

17. la guérison d’un hydropique 14:1-6

18. la guérison de dix lépreux 17:11-19

19. la guérison d’un aveugle 18:35-43

20. la guérison de l’oreille du serviteur 22:49-51

Voici également la liste des paraboles de Jésus dans Luc:

1. la maison bâtie sur le roc 6:48-49

2. les deux débiteurs 7:41-43

3. le semeur 8:5-15

4. le bon Samaritain 10:30-37

5. l’ami importun 11:5-8

6. le riche insensé 12:16-21

7. les serviteurs attendant leur maître 12:41-48

8. le figuier stérile 13:6-9

9. le grain de sénevé 13:18-19

10. le levain 13:20-21

11. le grand souper 14:16-24

12. la brebis égarée 15:2-7

13. la drachme perdue 15:8-10

14. l’enfant prodigue 15:11-32

15. l’économe infidèle 16:1-9


16. le mauvais riche et Lazare 16:19-31

17. le juge inique et la veuve importune 18:1-8

18. le pharisien et le publicain 18:9-14

19. les mines 19:11-27

20. les vignerons 20:9-16

21. le figuier 21:29

En conclusion, ce qui singularise l’Évangile de Luc est sa théologie de l’amour de Dieu pour
les personnes victimes de la ségrégation et de la marginalisation de la part des pharisiens et des
Juifs fidèles à la synagogue. Jésus réserve un bon accueil aux pauvres, aux pécheurs. Mais Luc
porte aussi un intérêt particulier aux femmes. Il est le seul à montrer clairement qu’elles faisaient
partie du groupe itinérant de Jésus au même titre que les hommes (Lc 8:1-3).

INTRODUCTION À L’ÉVANGILE SELON JEAN

(Hé 1:1-3. 1 Jn 1:1, 2; 5:13.)

L’Évangile selon Jean présente des différences notables avec les trois premiers (Matthieu,
Marc et Luc). En quoi consiste cette différence?
1. Jean commence son évangile par une introduction sur la Parole faite chair (1:1-18). Il ne
mentionne ni la généalogie de Jésus-Christ, ni sa naissance.
2. Jésus y commence son ministère comme un disciple de Jean-Baptiste qui se sépare de son
maître pour former son propre groupe (1:19-51), bien que dans cet évangile ne figure pas le récit
de son baptême par Jean, ni celui de sa tentation dans le désert.
3. L’appel des premiers disciples par Jésus rapporté par exemple dans Marc 1:16-20 est
pratiquement inconnu chez Jean.
4. Après un premier signe à Cana en Galilée (2:1-12), Jésus commence son ministère par la
purification du temple de Jérusalem (2:13-25).
Pour Marc et les autres, le ministère de Jésus s’est déroulé principalement en Galilée, dans les
territoires environnants et lors de son voyage vers Jérusalem. Jésus n’est descendu qu’une seule
fois à Jérusalem pour y accomplir son sacrifice suprême comme sauveur du monde. Pour Jean, le
ministère de Jésus s’est déroulé principalement à Jérusalem et en Judée. Il se retirait de temps en
temps de la ville sainte parce que les Juifs avaient résolu de le faire mourir (7:1; 11:54). La
dernière partie de l’évangile, la plus développée, rapporte le ministère de Jésus à Jérusalem, y
compris les récits de sa mort et de sa résurrection (12:12–21:25).
Jean a sélectionné et rapporté sept des miracles de Jésus auxquels il donne le caractère de
signes. Chaque miracle est un signe qui a pour but de traduire un enseignement précis sur la
manifestation du règne de Dieu. Le nombre symbolique de sept est une marque de plénitude. Les
sept signes (voir 2:1-12; 4:43-54; 5:1-18; 6:1-15; 6:16-21; 9:1-41; 11:1-54) sont ainsi rapportés
pour montrer que Jésus est le Fils de Dieu, qu’il faut croire en lui pour recevoir la vie véritable
(20:31).
L’auteur se présente en filigrane à la fin de son écrit (21:24). Il serait le disciple que Jésus
aimait, et que l’on identifie à l’apôtre Jean, frère de Jacques et fils de Zébédée qui, selon Marc
1:19-20, avait été appelé par Jésus dès le début de son ministère.
Voici la structure de cet évangile:
1. La Parole faite chair 1:1-18
2. Témoignage de Jean-Baptiste et premiers disciples de Jésus 1:19-51
3. Premier miracle de Jésus 2:1-12
4. Jésus à Jérusalem: les vendeurs chassés du temple 2:13—3.21
5. Jésus en terre de Judée: nouveau témoignage de Jean-Baptiste 3:22-36
6. Jésus en Samarie, en route vers la Galilée: la Samaritaine 4:1-42
7. Retour de Jésus en Galilée: guérison du fils de l’officier du roi 4:43-53
8. Jésus à Jérusalem: guérison d’une malade 5
9. Jésus en Galilée: multiplication des pains et marche sur les eaux 6:1—7:9
10. Jésus à Jérusalem: projet d’arrestation 7:10—10:39
11. Jésus au-delà du Jourdain 10:40-42
12. Jésus à Béthanie: résurrection de Lazare 11:1-53
13. Jésus à Éphraïm 11:54-57
14. Jésus de retour à Béthanie: parfum répandu sur ses pieds par Marie 12:1-11
15. Entrée à Jérusalem et ministère sacrificiel, y compris la passion et la résurrection 12:12—
21.25
Le message de Jean traite de la manière dont Dieu se fait connaître aux hommes: «Au
commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… La Parole a
été faite chair, et elle a habité parmi nous…» (Jn 1:1-18).
Jésus est cette Parole qui était au commencement Dieu, et qui a été faite chair, agneau
sacrificiel de Dieu pour sauver le monde par la foi de quiconque croit (Jn 3:16).
Jésus se donne plusieurs épithètes qu’il colle à la formule «je suis», pour indiquer aux hommes
les diverses voies par lesquelles ils peuvent le reconnaître afin de recevoir la vie éternelle: Je suis
le pain de vie 6:35; la lumière du monde 8:12; la porte 10:7; le bon berger 10:11; la résurrection
et la vie 11:25; le chemin, la vérité et la vie 14:6; la vraie vigne 15:1-5.
L’auteur de l’Évangile de Jean rapporte une tradition insolite et particulièrement singulière:
«Les Grecs demandent de voir Jésus» (12:20-26). Le contexte de ce récit ne permet pas de
confondre ces Grecs aux Juifs de la diaspora de l’époque. Il s’agit fort probablement de Grecs
prosélytes et adeptes ou sympathisants du judaïsme. Le livre des Actes des Apôtres rapporte que
cette catégorie de personnes existait. Mais ils venaient adorer à Jérusalem. C’est le cas du haut
fonctionnaire eunuque d’Éthiopie (Act 8:26-40). Ce dernier étant venu adorer, à Jérusalem, s’est
converti au christianisme.
Cette tradition insolite amène à poser la question de savoir si dans l’entourage de Jésus se
retrouvaient des Grecs. La suite de ce récit ne permet pas de répondre de manière satisfaisante à
cette question puisque Jésus ne donne aucune réponse à cette demande. Toutefois, il n’est pas
superflu de relever que les disciples de Jésus auxquels ces Grecs s’étaient adressés portent tous
deux des noms grecs: Philippe et André.
Par ailleurs, l’Évangile de Jean ignore l’enseignement de Jésus en parabole, du fait qu’il n’en
rapporte pas comme les synoptiques. Les miracles sont chez lui des signes. Toutes ces raisons
militent en faveur du fait que la communauté destinataire de l’évangile johannique vivait hors de
Jérusalem et des synagogues juives. Ce que confirment les mentions répétées de l’exclusion des
disciples de Jésus (voir 9:22; 12:42; 16:2 notamment). La théologie johannique semble elle aussi
se situer nettement en dehors du christianisme des apôtres basé à Jérusalem sous le leadership de
Pierre et Jacques (Gal 1:18).
Voici du reste comment Jean rapporte les miracles et les paraboles de Jésus. Les
miracles/signes, au nombre symbolique de sept, sont rapportés «… afin que vous croyiez que
Jésus est le Christ, le Fils de Dieu…»:

1. la transformation de l’eau en vin 2:1-12

2. la guérison du fils de l’officier royal 4:43-54

3. la guérison d’un malade à la piscine de Béthesda 5:1-8

4. la multiplication des pains 6:1-15

5. la marche sur les eaux 6:16-21

6. la guérison d’un aveugle 9:1-34

7. la résurrection de Lazare 11:1-44

Les paraboles de leur côté sont remplacées par des enseignements destinés à faire découvrir la
foi en Jésus:

1. l’enseignement sur la nouvelle naissance 3:1-33

2. l’enseignement sur le pain du ciel que seul Jésus donne 6:22-59

3. l’enseignement sur le bon berger 10:1-16

4. l’enseignement sur le cep et les sarments 15:1-6

INTRODUCTION AU LIVRE DES ACTES DES APÔTRES

(Lu 24:47. Jn 14:12. És 49:6.)

Le livre des Actes des Apôtres est la deuxième partie d’un ouvrage unique dont la première
partie est l’Évangile de Luc (voir introduction à cet évangile), comme permet de le constater la
lecture de Luc 1:1-4, et Actes 1:1-2. Ces deux livres ont le même auteur, et le même destinataire,
Théophile.
L’auteur rapporte dans cette partie de son livre les actes des apôtres de Jésus-Christ, autrement
dit, ce que les apôtres à la suite de leur Maître ont fait de la mission qu’il leur a confiée avant de
les quitter. En voici la trame:
1. Introduction: Ascension de Jésus, retour des apôtres à Jérusalem et remplacement de
Judas 1:1-26
2. Effusion du Saint-Esprit: les premiers chrétiens 2:1-47
3. Actes des apôtres Pierre et Jean: de Jérusalem en Samarie, jusqu’aux extrémités du
monde 3:1–8:40
4. Conversion et entrée en scène de Paul dans le ministère des apôtres 9:1–12:25
5. Actes de l’apôtre Paul: voyages missionnaires et fondation des Églises 13:1–21:16
6. Paul à Jérusalem, arrestation à Jérusalem et captivité à Césarée puis à Rome 21:17–28:16
7. Captivité et prédication de Paul à Rome pendant deux ans 28:17-31
On le voit, les apôtres Pierre et Jean du groupe des douze sont d’abord les principaux acteurs
(1:1 à 8:40); puis l’apôtre Paul occupe pratiquement les 2/3 du livre (9 à 28). Les disciples de
Jésus qui, au début, étaient des Juifs vont se heurter à leurs chefs religieux. Puis, ils iront un peu
partout: partant de Jérusalem, de la Judée, de la Samarie jusqu’aux extrémités de la terre. La
Bonne Nouvelle de Jésus-Christ passera ainsi des Juifs aux non Juifs.
Le livre des Actes des Apôtres résume la formation et l’organisation de l’Église et du
christianisme. L’auteur souligne qu’il y a une continuité entre l’activité de Jésus et celle de ses
apôtres après lui. On comprend donc que c’est dans cette partie de son écrit qu’il fait appeler les
partisans de Jésus-Christ pour la première fois les «chrétiens», ce qui veut dire: «ceux du Christ»
ou «ceux appartenant au Christ» (Act 11:26; 26:28). Ainsi naît l'Église et l'identité chrétienne.
L’auteur du livre des Actes des Apôtres, le même que celui de l’Évangile de Luc, continue et
achève l’histoire du salut en Jésus-Christ dans cette seconde partie de son écrit. Le christianisme
est désormais répandu dans presque tout l’Empire romain. Ce livre montre le processus de cette
expansion. Il ne s’agit pas d’une rupture avec le judaïsme mais précisément d’un changement
d’héritage. L’humanité qui était représentée par les Juifs est désormais entièrement impliquée
dans l’histoire du salut de Dieu comme acteur. Ceci résulte de la bonté et de l’amour de Dieu
dont Luc avait commencé la présentation dans son évangile. Soulignons que ce sont des Juifs
précisément que Dieu a choisis pour prêcher cette Bonne Nouvelle aux non Juifs: Pierre, Jean, et
surtout Paul, l’apôtre des païens dont l’œuvre missionnaire traduit la bonté de Dieu pour cette
catégorie de personnes (Gal 1:15-16; Ro 11:13; Act 9:15).
La principale préoccupation de l’auteur du livre est donc d’expliquer comment on devient
chrétien et membre de l’Église naissante. C’est de ce point de vue qu’il rapporte les récits en
démontrant que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans les paroles et les actes des apôtres de Jésus.
Voici quelques-uns de ces actes, jalons importants pour ce livre:
Les prédications apostoliques:

De Pierre: devant une foule 2:14-36

dans le temple de Jérusalem 3:11-26

devant le sanhédrin 4:8-12

chez Corneille 10:34-43

De Paul: à Antioche de Pisidie 13:13-41

à Athènes 17:19-34

aux anciens d’Éphèse 20:17-38

après son arrestation dans le temple de Jérusalem 22:1-21

devant le sanhédrin 23:1-11

devant le gouverneur Félix 24:1-11

devant le gouverneur Agrippa 26:1-32

D’Étienne: après son arrestation 7:1-53

De Philippe: en Samarie 8:5-23

sur le chemin de Jérusalem 8:26-40

Les miracles apostoliques:

De Pierre: un boiteux 3:1-16

Ananias et sa femme 5:1-11


des malades 5:15-16

Énée 9:32-35

Dorcas (résurrection) 9:36-43

De Paul: Élymas 13:6-12

un impotent 14:8-18

une possédée (exorcisme) 16:16-18

opérés à Éphèse 19:11-20

Eutychus (résurrection) 20:7-12

sauvé de naufrage 27:13-32

multiplication des pains pour 276 personnes 27:33-44

maîtrise d’une vipère 28:3-6

père de Publius 28:7-10

De Philippe: exorcisme 8:6-13

D’Ananias: sur l’apôtre Paul 9:10-19

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS

(Ha 2:4. Ac 26:17, 18.)

L’Épître de Paul aux Romains résume, plus que toutes les autres, le message évangélique de
l’apôtre. Cela résulte des circonstances de sa rédaction. Paul, en effet, écrit cette lettre à un
moment où ses activités multiples sont au ralenti. Il pense avoir achevé sa mission en Orient
(15:19-20) et se propose de se tourner du côté de l’Occident, où il voit Rome en Italie puis
l’Espagne (15:23-24).
Dans cette période de calme relatif, Paul profite de sa tranquillité d’esprit pour développer
certains thèmes qu’il avait déjà traités dans ses précédentes épîtres de circonstance, dont celle aux
Galates. Voici la trame de la présente épître:
1. Adresse, salutations et expression d’amour de Paul à l’adresse des chrétiens de Rome 1:1-15
2. Sujet de l’épître: la justification par la foi 1:16-17
3. L’état de péché et la condamnation de l’humanité 1:18–3:20
4. La justification par la foi en Jésus-Christ et ses fruits 3:21–6:23
5. Le chrétien est affranchi de la loi 7:1–8:39
6. Les Juifs rejetés: le salut aux païens puis conversion et salut des Juifs 9:1–11:36
7. Exhortations éthiques 12:1-21
8. La soumission aux autorités 13:1-7
9. Amour, vigilance et pureté 13:8-14
10. Préceptes de tolérance 14:1–15:13
11. Recommandations, salutations et vœux 16:1-27
La thèse fondamentale est résumée au chapitre 1, versets 16 et 17: « Car je n’ai point honte de
l’Évangile: c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement,
puis du Grec, parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu’il
écrit: Le juste vivra par la foi.» C’est à partir de cette thèse fondamentale que Paul explique les
aspects les plus importants:
- L’universalité de la désobéissance dans l’état de péché et de condamnation de l’humanité
sans exclusivité.
- La justification par la foi et le rôle de la loi.
- Le cas du peuple d’Israël et les relations judéo-chrétiennes, dans l’économie du salut en
Jésus-Christ.
- L’éthique dans la vie nouvelle en Christ.
L’Épître aux Romains est la première du Nouveau Testament. Elle inaugure la catégorie des
écrits didactiques par rapport aux écrits narratifs que sont les évangiles et le livre des Actes des
Apôtres. Ces écrits ne sont pas des traités de théologie systématiques. Il s’agit de lettres de
circonstance qui traitent des questions que se posaient des communautés. Le but de leurs auteurs
est de donner la position à prendre et le comportement à tenir devant chaque cas évoqué, pour
que les chrétiens se conforment à l’Évangile.
Il faut reconnaître honnêtement qu’il est difficile, voire impossible, de résumer sans le trahir le
contenu de l’Épître de Paul aux Romains. Pour aborder son message en quelques mots, il suffit de
souligner les principaux thèmes qui fondent l’exposé de l’auteur.
Selon le prophète Habacuc: « Le juste vivra par sa foi » (2:4). Cette formule, reprise et
commentée par Paul dans Romains 1:16-17, est souvent considérée comme le thème central du
message de l’épître. Mais cette vision des choses ne devrait pas faire minimiser les autres
développements fort importants comme ceux de la vie en Christ (5 à 8), du salut de tous, Juifs et
Grecs (9 à 11), et de bien d’autres thèmes qui font de l’Épître aux Romains le traité le plus
complet et le plus construit de toute la littérature de Paul.
Une longue liste de salutations 16:1-27 conclut l’Épître aux Romains. Elle pose la question de
savoir comment Paul connaît autant de personnes dans une communauté qu’il ignore au moment
où il leur écrit. Concernant la communauté chrétienne de Rome, au temps de l’apôtre Paul, il faut
l’envisager dans le cadre de l’installation des Juifs de Rome au premier siècle. Le christianisme a
dû être introduit dans la capitale de l’Empire par les judéo-chrétiens, des Juifs convertis au
christianisme, en provenance de l’Orient pour des raisons diverses.
Paul semble ainsi louer la foi des chrétiens de Rome qui ne sont pas le produit d’une activité
missionnaire classique issue de la prédication apostolique accompagnée de signes miraculeux.
Paul s’adresse à une communauté qu’il ignore. L’épître a les traits d’un traité-circulaire destiné à
être lu de communauté en communauté. Au moment où Paul écrit, il se trouve probablement à
Corinthe (Ro 16:23; 1 Cor 1:14).
L’épître est provoquée par le projet de Paul d’aller en Espagne en passant par Rome (1:9-15;
15:24, 28). Mais son arrestation à Jérusalem va contrecarrer ce projet. Elle résulterait par ailleurs
des besoins de la communauté. En tant qu’apôtre de Jésus-Christ, Paul a voulu partager le
«condensé de son Évangile» aux Juifs de Rome qui avaient cru en Christ en insistant sur le fait
que «l’Évangile de Jésus-Christ est puissance de Dieu pour le salut tant pour les Juifs que pour
les non Juifs» (1:16; 9:1—11.36).

INTRODUCTION À LA PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

(Ac 18:1-18; 20:3.) (1 Ti 3:14-16.)


La ville de Corinthe est située sur l’isthme qui porte le même nom, entre la Grèce continentale
et le Péloponnèse. Au milieu du premier siècle, cette ville était cosmopolite avec des activités
économiques et commerciales très développées.
C’est à cette époque que l’apôtre Paul y fonda l’Église, au cours de son deuxième voyage
missionnaire. Selon Act 18:1-18, il y aurait séjourné pendant environ un an et demi.
La communauté chrétienne que Paul créa à Corinthe était composée en majorité de païens de
conditions sociales assez modestes. Mais ce n’est pas de ce sujet qu’il traite. Paul adressa
plusieurs épîtres à l’Église de Corinthe. Le Nouveau Testament ne nous en présente que deux,
mais tout porte à croire qu’il y en a eu plus. Une lecture attentive de celles qui sont disponibles
montre que Paul avait écrit plus de deux lettres. Il est donc probable que certaines soient perdues,
ou se retrouvent fusionnées avec les deux existantes.
Dans la première épître qui nous concerne ici, Paul traite de questions diverses. On en
distingue de trois sources:
1. Questions relevant des informations reçues des gens de Chloé 1:10–6:20
- Appel à l’union contre les divisions dans l’Église 1:10–4:21
- État moral de l’Église et censure des désordres 5:1–6:20
2. Questions relevant des informations reçues par écrit 7:1–11:1
- Sur le mariage 7:1-40
- Sur les viandes sacrifiées aux idoles 8:1–11:1
3. Questions relevant enfin de lui personnellement: Paul profite de sa réponse aux Corinthiens
pour aborder d’autres problèmes de vie chrétienne.
- La tenue des femmes dans les assemblées religieuses 11:2-16
- La célébration du repas du Seigneur 11:17-34
- Les dons spirituels 12:1-31
- La charité 13:1-13
- Don des langues et don de prophétie 14:1-40
- La résurrection 15:1-58
- Collecte pour les chrétiens de Jérusalem, projet de voyage et informations diverses 16:1-12
Le caractère épistolaire de l’écrit ressort au début par les adresses et les salutations (1:1-9); et à
la fin par des exhortations (16:13-24).
1 Corinthiens n’a pas un message précis. Cette épître répond plutôt à plusieurs problèmes de
communauté, en particulier les divisions provoquées par les coteries résultant des préférences
portées sur tel ou tel prédicateur (Paul, Apollos, Céphas, etc.). Paul souligne que tous les
prédicateurs sont des serviteurs du Christ, à qui seul revient la gloire. C’est dans cette même
perspective qu’il apporte des réponses aux diverses questions qui se posaient dans l’Église de
Corinthe (voir ci-dessus).
1 Corinthiens rapporte sous une forme catéchétique la substance de la Bonne Nouvelle que
Paul confirme avoir reçue et qu’il transmet en 15:1-4. Le condensé de cette Bonne Nouvelle, le
voici: «Christ est mort pour nos péchés… Il a été enseveli… Il est ressuscité… Il est apparu à
Céphas… aux douze… à plus de cinq cents frères… ensuite à Jacques… à tous les apôtres. Après
eux tous, il m’est aussi apparu à moi…»
Sachant que Paul aurait écrit cette épître à Éphèse (16:8) entre 56 et 57, c’est-à-dire avant la
rédaction des évangiles, on peut conclure que son Évangile est de la source orale, à savoir la
tradition des premiers chrétiens relative à la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, qu’ils se
transmettaient de bouche à oreille, de communauté en communauté, de génération en génération.
La mort et la résurrection de Jésus-Christ constituaient donc le cœur de la Bonne Nouvelle et
partant, le centre de la foi chrétienne. C’est autour de ces événements que les premiers chrétiens
vont bâtir les affirmations fondamentales de la proclamation évangélique à partir desquelles ils
combattaient les erreurs et les hérésies de ceux qui niaient la résurrection des morts. C’est tout à
fait ce que Paul fait dans cette épître (voir chapitre 15).

INTRODUCTION À LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

(Ps 69:10. Ac 9:16.)

La deuxième épître de Paul aux Corinthiens est liée à la première parce que les deux
s’adressent à la même communauté et ont le même auteur. Il faut donc se référer à l’introduction
de la première épître pour d’autres détails importants.
L’auteur développe sa lettre dans une dynamique conforme à la littérature épistolaire:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Consolation de Paul au milieu de ses souffrances 1:3–2:4
3. Ministère de l’apôtre Paul, succès remporté; motifs de confiance 2:5–7:16
4. Recommandations au sujet de la collecte pour les chrétiens de Jérusalem 8:1–9:15
5. Paul défendant son ministère 10:1–12:21
6. Derniers avertissements et salutations finales 13:1-13
Comme la première, la seconde épître de Paul aux Corinthiens ne comporte pas de message
précis. Elle répond elle aussi à des problèmes de communauté. Deux cas méritent d’être évoqués:
1. La collecte pour les chrétiens de l’Église de Jésus-Christ: Paul tire de cette question un
enseignement sur les offrandes chrétiennes dans l’Église (2 Cor 9:6-8).
2. La défense que Paul fait de son apostolat (chapitres 10 à 13). Ce long développement
cohérent est une leçon pratique pour tous les disciples engagés comme témoins, missionnaires et
apôtres de Jésus-Christ.
«Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. Car ce n’est pas celui qui se
recommande lui-même qui est approuvé, c’est celui que le Seigneur recommande» (2 Cor 10:17-
18). Cette seule suprême recommandation est la source de l’autorité de l’apôtre.
Dans la deuxième épître aux Corinthiens, il y a des ruptures dans la construction littéraire
incitant à y discerner plusieurs fragments d’épîtres dont nous avons parlé (voir 1 Corinthiens,
introduction).
1. La première se trouverait en 2 Cor 6:14–7:1: elle comporte des exhortations pressantes. Par
exemple: «Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger…» (6:14).
2. La seconde se trouverait en 2 Cor 10 à 13. Elle est souvent appelée «l’épître dans les
larmes». Paul y défend son ministère: «Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes
faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les
faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour
Christ» (12:9-10).
Toutefois, on ne saurait nier pour cela l’unité de l’épître. Elle repose sur la défense soutenue
par l’apôtre Paul de son ministère et, partant, du ministère évangélique en général (2 Cor 2:5 à
7:12). Cette défense résulte des attaques injurieuses dont il avait été l’objet (voir 2:5: «Si
quelqu’un a été une cause de tristesse, ce n’est pas moi qu’il a attristé, c’est vous tous, du moins
en partie, pour ne rien exagérer»).
On l’a déjà souligné, une lecture attentive des deux épîtres aux Corinthiens suggère que Paul
en a écrit plusieurs à cette communauté chrétienne. Entre ces différentes correspondances,
plusieurs événements avaient eu lieu. Paul avait effectué un premier voyage à Corinthe au cours
duquel il croyait avoir donné des réponses satisfaisantes aux questions qui se posaient.
Cependant, cette visite semble n’avoir pas été concluante. Paul avait donc dû retourner en Asie,
en raison de l’attachement des Corinthiens à l’apôtre Paul, le fondateur de leur communauté.
Celui-ci s’appuie donc sur cette marque de confiance dont il bénéficie pour justifier son apostolat
devant les attaques dont il était victime. C’est ce qui explique le caractère polémique de l’épître
(voir 10 à 13).
La catéchèse doctrinale qui résulte de cette légitime défense que Paul fait de son ministère
apostolique est donc claire. Il établit par là ce que doit être de façon générale l’autorité
apostolique et pastorale dans l’Église (3:1—6:13).
La lecture de 2 Cor 10 à 12 laisse apparaître un autre groupe d’adversaires de Paul: «…ceux
qui cherchent un prétexte, afin qu’ils soient trouvés tels que nous dans les choses dont ils se
glorifient. Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de
Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de
lumière…» (11:12-14).
Qui furent tous ces adversaires de l’apôtre? Il est difficile de le savoir avec précision. Mais il
est fort possible que dans les communautés qu’il avait créées, se trouvaient certains membres qui
proféraient des injures contre lui, ou se comportaient tout simplement d’une manière non
conforme (voir 2:5, aussi 1 Cor 5:1-13; 2 Cor 11:13).

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE AUX GALATES

(Ac 15:1,10. Ro 7:1-4, 6; 8:3-4.)

Les Galates auxquels l’apôtre Paul adresse cette épître, probablement d’Éphèse vers 54, sont
les habitants des deux provinces d’Asie Mineure appelées Galatie du Nord. Paul avait évangélisé
cette région au cours de son deuxième voyage missionnaire et y avait probablement fondé des
Églises (voir Act 16:6). Au cours de son troisième voyage missionnaire, il leur rendit encore
visite (Act 18:23).
L’Épître aux Galates occupe une place de choix parmi les épîtres de Paul. Elle est la plus
ancienne des 4 grandes épîtres, les 3 autres étant: les deux épîtres aux Corinthiens, puis celle aux
Romains. L’Épître aux Galates paraît représenter l’élaboration du message évangélique de
l’apôtre Paul développé dans l’Épître aux Romains (voir l’introduction à cette épître). En voici
les grandes articulations:
1. Adresse et salutations 1:1-5
2. Inconstance des Galates: entraînés par de faux docteurs, ils s’éloignent du pur Évangile 1:6–
2:21
3. La loi et la foi 3:1–5:12
La loi est impuissante pour assurer le salut. Elle doit conduire à la foi en Jésus-Christ.
La foi, quant à elle, affranchit de la loi et procure la liberté évangélique.
4. Exhortations à vivre, non selon la chair, mais selon l’Esprit: distinction œuvres de la chair –
fruit de l’Esprit 5:13-26
5. Exhortations finales: support mutuel, libéralité 6:1-17
6. Doxologie finale 6:18
Le grand thème de l’Épître aux Galates sur lequel Paul reviendra d’ailleurs dans son épître aux
Romains porte sur les rapports entre LA LOI et LA GRÂCE. Ce thème n’est pas un fait du hasard
puisque les épîtres traitent précisément de questions qui se posent dans les communautés.
La circonstance chez les Galates est la suivante: l’apôtre Paul, au cours de son voyage
missionnaire chez les Galates, a annoncé l’Évangile de la grâce de Dieu en Jésus-Christ qui
s’obtient par la foi seule. Mais après son passage, certains autres missionnaires, non identifiables,
sont venus à leur tour annoncer un contre-message selon lequel l’Évangile ne résulte pas de la
grâce mais du mérite dû à l’observation et au respect de la loi et des traditions juives comme la
circoncision.
Le but de la lettre est donc de rappeler les chrétiens de Galatie à la fidélité à l’Évangile
vrai: «Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la
grâce de Christ, pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y
a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Évangile de Christ» (1:6-7).
Le vrai Évangile que l’apôtre rappelle consiste en ce qu’il n’y a pas d’autre Évangile que celui
de la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ. C’est seulement par cette grâce attestée par le
Saint-Esprit que l’homme, quel qu’il soit, est conduit à l’accomplissement de la loi de Dieu.
Paul a écrit l’Épître aux Galates en situation de contestation et de polémique. C’est dans cette
perspective qu’il faut comprendre le message de cette épître. La polémique porte sur d’importants
problèmes de communauté, en particulier l’opposition entre le rôle de la loi et celui de la foi dans
l’économie du salut en Jésus-Christ. Paul insiste sur la thèse suivante: la foi en Christ libère des
œuvres de la loi. La loi est un pédagogue qui dénonce le péché, mais elle ne le supprime pas.
Toutefois la liberté que le chrétien obtient par la foi ne doit pas produire un dérèglement moral
car, comme Paul, le chrétien doit toujours se dire: «J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce
n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi» (Gal 2:20).
La crise galate résulte de ceux qu’il convient d’appeler les fauteurs de troubles favorables aux
traditions et lois du judaïsme. Ne sachant pas très bien dans quel camp il fallait se ranger, les
chrétiens se référaient à eux.
Qui étaient-ils? La lettre ne les nomme pas. Elle en parle toutefois comme s’il s’agissait de
prédicateurs occasionnels et de passage. Quant à la nature de leur message, les données de
l’épître laissent supposer qu’il était opposé au discours libérateur de la Bonne Nouvelle que Paul
avait annoncée. À cet effet, l’évocation de l’incident d’Antioche qui opposa les apôtres Pierre et
Paul est très significative (2:11-14): «Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens… porquoi
forces-tu les païens à judaïser?»

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE AUX ÉPHÉSIENS

(Jn 1:16. Col 2:9,10.)

L’Épître aux Éphésiens fut écrite quand Paul était en prison à cause de l’Évangile (3:1; 4:1;
6:20). Elle peut être divisée en deux grandes parties:
La première partie se concentre sur l’Église, que Paul présente comme le corps du Christ. En
elle, Christ détruisit le mur de la haine et de la séparation de manière que tous ceux qui croient en
lui, Juifs ou non Juifs, deviennent unis et frères (Éph 1:1–4:16). Voici la structure de cette partie:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Bénédictions de Dieu en Jésus-Christ, auteur de notre rédemption et chef de l’Église 1:3-23
3. Le salut par la grâce, où païens et Juifs sont unis par la croix du Christ 2:1-22
4. Mystère de la vocation des païens et unité de la foi 3:1–4:16
La deuxième partie (Éph 4:17–6:24) est un ensemble d’exhortations qui appellent tous les
membres de l’Église à vivre dans la paix, l’unité et la fraternité, en gardant la foi en Jésus-Christ.
En voici la structure:
5. Sainteté chrétienne opposée aux mœurs corrompues des païens 4:17–5:21
6. Les devoirs domestiques 5:22–6:9
7. Les armes spirituelles du chrétien 6:10-20
8. Recommandations et salutations finales 6:21-24
Dans cette partie, l’auteur insiste particulièrement sur les relations dans les familles
chrétiennes:
a. que les femmes soient soumises à leurs maris et que les maris, eux, aiment leurs femmes;
b. que les enfants obéissent à leurs parents et que les parents, eux, n’irritent pas leurs enfants;
c. que les serviteurs obéissent à leurs maîtres et que ceux-ci sachent qu’ils ont avec leurs
serviteurs le même Seigneur, qui ne fait pas acception de personnes.
Paul séjourna trois ans à Éphèse (Act 19:1–20:1). Il est donc possible que l’épître soit plutôt
une circulaire destinée à être lue de communauté en communauté tout comme celle aux
Colossiens (4:16).
Le message central de l’Épître aux Éphésiens est ecclésial: le thème dont traite l’auteur porte
sur l’Église de Jésus-Christ, qui en est le chef suprême (Éph 1:22-23), d’où les images des
rapports de la tête avec le corps, et de l’époux avec l’épouse, pour caractériser cette réalité. Cette
unité de l’Église, corps, affirme l’offre gracieuse du salut à tous, Juifs et non Juifs (païens).
L’autre message important de l’Épître aux Éphésiens a trait à la vie nouvelle en Christ. La
vocation de l’Église et de ses membres est l’unité dans la foi en Christ et la vie de sainteté sur le
plan individuel et sur le plan communautaire. Pour y parvenir, l’auteur indique les armes dont les
chrétiens peuvent se servir: «Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir
ferme contre les ruses du diable… la vérité, la justice, le zèle, la foi, la Parole de Dieu et la
prière…» (Éph 6:11-20).
Certains manuscrits anciens omettent les mots «à Éphèse» qui se trouvent en 1:1. La question
s’est donc posée de savoir si l’épître s’adresse effectivement aux Éphésiens. Vers 140, l’hérétique
Marcion rapprochait l'Épître aux Éphésiens et celle aux Laodicéens qu’évoque l’épître aux
Colossiens en ces termes: «Lorsque cette lettre aura été lue chez vous, faites en sorte qu’elle soit
aussi lue dans l’Église des Laodicéens et que vous lisiez également à votre tour celle qui vous
arrivera de Laodicée» (4:16).
Ainsi, ces épîtres (aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Laodicéens) apparaissent bien comme
des circulaires destinées à être lues d’une communauté à une autre. Par contre, en nous en tenant
aux épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, entre lesquelles il existe une parenté littéraire, on
pourrait bien conclure de l’absence des mots «à Éphèse» que celle qui nous concerne serait celle
provenant de Laodicée.

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS

(Ga 2:20.) (2 Co 8:9; 9:8. 1 Th 5:16-18.)

La ville de Philippes en Macédoine était importante, mais elle ne comportait qu’une petite
colonie juive (Act 16:31).
L’Église de Philippes à laquelle Paul écrivit fut fondée par Paul lui-même vers 50 ap. J.-C. au
cours de son deuxième voyage missionnaire en compagnie de Silas (Act 16:11-40). Paul a de
nouveau rendu visite à la communauté de Philippes au cours de son troisième voyage. Il
entretenait donc des liens particulièrement affectueux avec les membres de cette Église.
L’authenticité paulienne de l’épître ne souffre pas de contestation. Toutefois, la date et le lieu
de sa rédaction ne font généralement pas l’unanimité. Ces données de rédaction s’élaborent sur le
fait que Paul la rédigea en prison (1:7, 13, 14), raison pour laquelle on pense aux différents lieux
de détention. Certains pensent que l’épître fut composée entre 59 et 60 à Césarée, d’autres, entre
56 et 57 à Éphèse, d’autres enfin, en 61 à Rome.
L’épître, en elle-même, présente une allure majestueuse. Paul y aborde de grands thèmes tels:
Christ est ma vie (1:12-26); la vie en Christ avec, en prime, l’hymne christologique (1:27—2:18);
le projet de la rencontre (2:19 — 3:1). Voici du reste la structure du livre:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Sentiments affectueux de Paul pour les Philippiens 1:3-11
3. La captivité de Paul est utile au progrès de l’Évangile 1:12-26
4. Exhortation à la persévérance 1:27-30, et surtout à l’humilité et la sainteté 2:1-17
5. Projet d’envoi de Timothée et Épaphrodite aux Philippiens 2:19-30
6. Se tenir en garde contre de faux docteurs, s’attacher au Christ comme Paul 3:1–4:1
7. Recommandation d’actions et exhortations diverses 4:2-9
8. Remerciements et salutations finales 4:10-23
On pourrait trouver le motif de l’épître dans ce que Paul dit pratiquement à la fin: «J’ai
éprouvé une grande joie dans le Seigneur de ce que vous avez pu enfin renouveler l’expression
de vos sentiments pour moi; vous y pensiez bien, mais l’occasion vous manquait. Ce n’est pas en
vue de mes besoins que je dis cela, car j’ai appris à être content de l’état où je me trouve» (4:10-
11). Il s’agirait donc des remerciements de l’apôtre à ses correspondants pour une offrande en sa
faveur.
Paul introduit son épître en disant entre autres aux Philippiens: «Je ne cesse dans toutes mes
prières pour vous tous de prier avec joie» (1:4). Il adressa donc aux Philippiens un message de
joie, même si on pouvait y retrouver quelques mises en garde contre les faux docteurs.
Dans la joie, Paul exhorte les chrétiens de Philippes à faire preuve d’amour mutuel et surtout
d’humilité en prenant l’exemple sur le Christ lui-même, «existant en forme de Dieu, n’a point
regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en
prenant une forme de serviteur» (2:6-11).
Le Christ se trouve ainsi au centre de l’espérance, thème principal de la lettre. C’est cette
espérance ferme qui motive et qui fonde l’humilité et la grandeur du Christ (2:1-11). Il est ainsi le
modèle à partir duquel les chrétiens de Philippes doivent briller comme des flambeaux dans leur
ville et partant dans l’Empire romain (2:12-18) en accordant leur style de vie aux prescriptions de
la Bonne Nouvelle.
L’Épître aux Philippiens est dite de la captivité: elle fait partie des lettres dans lesquelles
l’auteur mentionne qu’il se trouve dans les chaînes au moment où il écrit (1:7, 13-14; voir aussi
Éph 3:1; 4:1; Col 4:3, 10; Phm 9).
Elle a donc été rédigée dans des circonstances défavorables. Toutefois, si l’apôtre Paul est en
prison, il garde le courage par la foi et l’espérance. Il est serein et joyeux dans les chaînes.
L’hymne à l’humilité du Christ dont il est l’apôtre traduit l’esprit qui l’anime.

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE AUX COLOSSIENS


(1 Co 1:30. 1 Jn 5:12. Ép 3:8.)

La parenté de l’Épître aux Colossiens avec l’Épître aux Éphésiens exige de se reporter à
l’introduction de cette dernière pour les points communs.
Colosses tout comme Éphèse est une ville d’Asie Mineure. Mais l’épître apparaît comme une
circulaire destinée à être lue dans d’autres Églises que celle de Colosses, plus précisément celle
de Laodicée (4:16). C’est pourquoi, s’agissant de la parenté de cette épître avec celle aux
Éphésiens, cette dernière serait fort probablement celle adressée aux Laodicéens dont la lecture
fut recommandée aux Colossiens par Paul en ces termes: «Lorsque cette lettre aura été lue chez
vous, faites en sorte qu’elle soit aussi lue dans l’Église des Laodicéens, et que vous lisiez à votre
tour celle qui vous arrivera de Laodicée» (Col 4:16).
Voici la structure de cette épître:
1. Adresse, salutations et éloges sur la foi et la charité des Colossiens 1:1-8
2. Jésus-Christ, chef de l’Église 1:9-23
3. Travaux et combats de Paul dans son ministère parmi les païens 1:24–2:3
4. Avertissement contre les fausses doctrines 2:4–3:4
5. Exhortation à la sainteté, à la charité et à la piété 3:5-17
6. Devoirs domestiques 3:18–4:8
7. Envoi de Tychique et Onésime et salutations finales 4:9-18
La petite ville appelée Colosses en Phrygie occidentale jouissait d’une relative prospérité due
principalement à l’élevage des moutons. Ce qui est rapporté en 1:7 et 4:12-13 suggère que
l’Église de Colosses fut fondée par un compagnon de Paul, Épaphras, et non par lui-même. Mais
la mission de Paul dans cette région a certainement eu des retentissements.
Paul écrit quand il est en prison. Mais comme pour l’Épître aux Philippiens, on ignore le lieu
exact de son emprisonnement, ce qui a des conséquences sur sa date de rédaction.
Le but de l’épître est une mise en garde contre l’hérésie dont la communauté est menacée sur le
plan aussi bien doctrinal que moral: « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par
la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les
rudiments du monde, et non sur Christ » (2:8, voir aussi 2:10: « Vous avez tout pleinement en
Christ qui est le chef de toute domination et de toute autorité »).
Au-delà des problèmes de communauté propre à chaque épître, celle aux Colossiens a donc
une grande importance parce qu’elle expose l’œuvre universelle du Christ. En Christ et en Christ
seul s’établit le rapport entre l’histoire du salut et la création tout entière.
Une singulière parenté littéraire existe entre l’épître aux Colossiens et celle aux Éphésiens. Elle
a trait en particulier à la nature des thèmes qui sont traités dans l’une et l’autre. On peut en faire
une présentation synoptique. À titre d’exemple: Christ est la tête de l’Église qui est son corps
1:18 (voir Éph 1:22); les relations mari et femme, enfants et parents 3:18-21 (voir Éph 5:21–6:4);
les relations esclaves et maîtres 3:22 – 4:1 (voir Éph 6:5-9). On s’aperçoit ainsi que
l’ecclésiologie domine le message doctrinal des deux épîtres.
Toutefois, le vocabulaire des deux est différent. On peut donc logiquement penser, concernant
leurs auteurs, que l’une serait l’œuvre d’un rédacteur final qui aurait utilisé l’autre.
Quelques développements parallèles:

Colossiens: Éphésiens:

1:6-7 1:13-14

1:13 1:15

2:1-5 2:13

1:15 1:9

3:13 1:24-29

4:15-16 2:19

5:6 3:6

INTRODUCTION À LA PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS

(Ac 17:1-9; 18:5.) (2 Pi 3:18.)


Thessalonique est une ville de Macédoine. A l’époque où Paul y annonça l’Évangile pour la
première fois, vers 50, accompagné de Silas et de Timothée, Thessalonique était une grande ville
avec une importante colonie juive.
Les deux épîtres aux chrétiens de Thessalonique sont parmi les écrits les plus anciens du
Nouveau Testament. Elles ont été écrites à seulement quelques mois d’intervalle entre 51 et 52.
Elles traitent de l’évangélisation, de l’eschatologie et de questions éthiques du point de vue
chrétien.
Voici la structure de la première épître aux Thessaloniciens:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Succès de l’Évangile à Thessalonique 1:3-10
3. Ministère de Paul parmi les Thessaloniciens 2:1-16
4. Désir qu’éprouve Paul de revoir les Thessaloniciens 2:17–3:13
5. Exhortation à la sainteté, à la charité, sur la résurrection et l’avènement du Seigneur 4:1–5:11
6. Préceptes divers, vœux et salutations 5:12-28
L’authenticité paulienne de 1 Thessaloniciens semble hors de doute. Par contre celle de 2
Thessaloniciens souffre de contestations à cause du retour du Seigneur qui y est présenté
différemment par rapport à 1 Thessaloniciens. En effet dans cette dernière, ce retour est apparenté
à celui d’un voleur en ces termes: «Pour ce qui est des temps et des moments, vous n’avez pas
besoin, frères, qu’on vous en écrive. Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur
viendra comme un voleur dans la nuit» (5:1-2). Dans 2 Thessaloniciens par contre, ce retour
apparaît précédé de signes apocalyptiques (2:1-4).
Dans 1 Thessaloniciens, Paul commence par montrer que son message n’est pas de lui seul. Il
associe ses compagnons Silvain et Timothée comme des coauteurs de l’épître. Puis, il développe
les trois vertus théologiques, la foi, l’espérance et l’amour, appliquées dans la fermeté et
l’espérance. Paul sait que les chrétiens de Thessalonique suivent la bonne voie, et qu’ils ont
résisté à l’épreuve. Il leur recommande donc ce qui leur reste à faire: persévérer.
Dans son message, Paul cherche à les aider à se conduire d’une manière qui plaise à Dieu. À ce
sujet, il les exhorte à une vie de pureté, faite d’amour fraternel, et d’ardeur au travail de leurs
propres mains pour ne pas être à charge aux autres.
S’agissant de la résurrection et du retour du Seigneur Jésus-Christ, Paul oriente ses
exhortations en vue d’éviter à ses destinataires le triste souvenir de leurs frères morts. Pour lui, si
Jésus est ressuscité, ceux qui meurent en lui ressusciteront de la même manière. Paul va même
plus loin pour dire que ce jour viendra comme un voleur, d’où l’exhortation à la vigilance.
La première épître aux Thessaloniciens peut être qualifiée d’épître de l’espérance chrétienne
fondée sur l’attente du retour du Seigneur Jésus-Christ. C’est certainement la question de ce
retour qui était l’objet de discussion au sein de la communauté.
En effet, les premiers chrétiens attendaient le retour du Christ dans leur génération (Matt
16:28; Mc 9:1; Lc 9:27). La tension chez les Thessaloniciens portait sur la crainte que les
croyants morts ne bénéficient de l’avènement du Seigneur et par conséquent de la résurrection
finale. Cette attente étant donc très vive, l’épître a été écrite sur un ton apologétique contre ceux
qui croyaient à la venue imminente du Christ. Paul remet les pendules à l’heure (5:1-3).
Pour lui, il est clair que les morts en Christ participeront à son avènement et surtout à sa
résurrection finale (4:13–5:11) car tous ceux qui sont en Christ, vivants ou morts, sont nettement
distincts de ceux qui sont dans les ténèbres (5:4-5).

INTRODUCTION À LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS

(2 Pi 1:12.)

En raison des points communs entre les deux épîtres aux Thessaloniciens, il est recommandé
au lecteur de se référer à l’introduction de 1 Thessaloniciens pour complément d’information,
surtout pour ce qui concerne les questions d’auteur et de destinataire.
La question fondamentale à l’origine de la rédaction de ces deux épîtres a trait à leur intérêt
pour le retour glorieux de Jésus-Christ et ses conséquences, à savoir:
- le jugement prévu pour le jour de sa venue, et
- le sort alors réservé aux méchants et aux justes.
Dans la deuxième épître aux Thessaloniciens, l’intérêt porte, d’entrée de jeu, sur trois grands
thèmes: la foi, l’amour et la persévérance au milieu des épreuves et des tribulations (1:3-5). Ces
thèmes touchent étroitement le développement des questions que les Thessaloniciens se posent.
En effet, les souffrances pour le Royaume de Dieu, et à cause de ce Royaume, produiront un
jugement favorable au jour de la venue du Christ pour ceux qui les auront supportées. Voici du
reste les grandes articulations de l’épître:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Le progrès des Thessaloniciens dans la foi, l’amour et la persévérance 1:3-12
3. Sur l’avènement du Seigneur 2:1-17
4. Exhortation à la prière pour le progrès de l’Évangile 3:1-15
5. Doxologie et salutations finales 3:16-18
L’auteur évite de fixer une date précise pour la fin des temps. Il donne plutôt un éclairage qui
permet aux chrétiens de s’y retrouver et de faire preuve de persévérance dans leurs souffrances.
Le message de 2 Thessaloniciens est la suite logique de celui de 1 Thessaloniciens, surtout en
ce qui concerne la résurrection et le jour de l’avènement du Seigneur Jésus-Christ. L’apparente
contradiction entre «… vous savez que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la
nuit» (voir 1 Thess 5:1-3) et «Que personne ne vous séduise… car il faut que l’apostasie soit
arrivée auparavant…» (voir 2 Thess 2:1-4) s’expliquerait si l’auteur des deux épîtres avait le
souci de calmer les esprits de ceux qui croient que le jour du Seigneur est déjà là, empêchant les
autres de mener calmement leur vie dans la foi et l’espérance.
Mais on peut aussi supposer que l’enseignement contenu dans la première épître n’ayant pas
été bien compris, l’auteur aurait donc rédigé la seconde pour une certaine mise au point. Celle-ci
était d’autant plus urgente que les perturbateurs attribuaient à l’apôtre des paroles et des
correspondances qui n’étaient pas de lui (2 Thess 2:2).
Après les encouragements au sujet de la foi dans les épreuves et la persécution, l’auteur parle
des préliminaires à l’avènement du Christ, notamment de l’apostat et de l’impie que le Seigneur
Jésus détruira du souffle de sa bouche (2:8).
Trois leçons importantes résument les implications éthiques qui terminent l’épître:
– Le chrétien doit demeurer ferme parce que Dieu l’a choisi,
– le Dieu qui choisit mérite qu’on lui fasse confiance,
– les chrétiens peuvent donc œuvrer dans la quiétude.

INTRODUCTION À LA PREMIÈRE ÉPÎTRE À TIMOTHÉE

(Ac 20:28.)
Dans l’introduction générale au Nouveau Testament, 13 des 21 épîtres ont été attribuées à
l’apôtre Paul. Parmi elles, 4 sont adressées à des individus: 1 et 2 Timothée, Tite et Philémon.
En dehors de l’épître à Philémon qui traite d’une question particulière (voir l’introduction à
cette épître), les deux épîtres à Timothée et celle à Tite offrent un caractère commun. Elles sont
qualifiées de pastorales. Cette dénomination devenue traditionnelle depuis le XVIIIe siècle en
souligne la caractéristique d’écrits qui contiennent des directives relatives au ministère du
pasteur.
Voici la structure de 1 Timothée:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Mise en garde contre les fausses doctrines 1:3-20
3. Instruction concernant la prière et les devoirs des femmes 2:1-15
4. Les devoirs des évêques et des diacres 3:1–5:2
5. Les devoirs envers les fidèles: veuves, anciens, serviteurs 5:3–6:16
6. Recommandations conclusives 6:17-21
L’auteur, l’apôtre Paul, instruit Timothée (comme ailleurs Tite), qu’il considère comme son
fils dans la foi (1 Tim 1:2, idem pour Tite 1:4), sur la direction à encourager dans les
communautés chrétiennes dont il a la charge pastorale.
Une parenté littéraire et théologique indéniable entre les trois épîtres y fait ressortir le soucis de
l’auteur d’emmener ses ex-disciples, futurs pasteurs et chefs d’Églises, à assumer leur charge
dans la pureté doctrinale et la droiture morale en se présentant comme modèles de chrétiens dans
leurs communautés respectives. Paul s’y érige aussi contre les fausses doctrines et les faux
docteurs gnostiques (1 Tim 4:1-10, voir 2 Tim 2:14-21 et Tite 3:8-11) et le libertinage (1 Tim
6:3-10, voir 2 Tim 3:1-9 et Tite 1:10-16).
Timothée est né à Lystres, en Asie Mineure de père grec mais païen et de mère juive mais
chrétienne (Act 16:16). Il choisit la voie de sa mère, et les chrétiens de Lystre rendaient de lui un
bon témoignage. Paul se prit donc rapidement d’affection pour lui et le circoncit à cause des Juifs
(Act 16:1-4). Il en fit d’abord un disciple, puis un collaborateur, voire son représentant dans
diverses missions (Act 16:3; 20:4; Rom 16:21; 2 Cor 1:1; Col 1:1; Phm 1; 1 Th 1:1).
La particularité de 1 Timothée réside dans sa longueur: 6 chapitres (4 pour 2 Timothée et 3
pour Tite). Comme ses proches, elle traite des problèmes de communauté en général liés au
ministère pastoral. Toutefois elles se distinguent l’une de l’autre, ce qui justifie leur présence
dans le Nouveau Testament.
1 Timothée comporte des consignes adressées à un pasteur et relatives à la conduite à tenir
dans une communauté menacée par des fausses doctrines et leur propagateurs. De là, les rôles que
doivent jouer les différents protagonistes de l’Église: les apôtres et leurs délégués (évêques,
anciens ou surveillants), les diacres, les presbytres: «Déclare ces choses, et enseigne-les. Que
personne ne méprise ta jeunesse, mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en
amour, en foi, en pureté» (voir 1 Tim 4:11-22).
La question de l’auteur de cette épître et des autres pastorales se pose. Est-ce l’apôtre Paul
comme l’indiquent les titres? Il est difficile de répondre positivement à cette question en regard
des autres épîtres telles celles aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, dont l’authenticité
paulinienne est incontestée. Le ton, le style littéraire, le vocabulaire et le souci de l’accent y font
apparaître un prédicateur bondissant et retentissant, doué dans les démonstrations poignantes et
courageuses, capable de tenir tête même au plus puissant des apôtres sortis de l’entourage
immédiat de Jésus vivant (voir Gal 2:11-21).
Dans 1 Timothée et les autres épîtres pastorales par contre, on découvre un auteur qui se
montre soucieux d’ordre et de respect, un auteur qui s’exprime par des formules stéréotypées et
liturgiques qui trahissent l’image d’un ressortissant d’une Église établie sur des bases
institutionnelles.
Dès lors, il paraît probable que l’auteur des pastorales soit un disciple de Paul qui, plus tard, a
voulu préserver et honorer sa mémoire en actualisant son œuvre sous la forme d’un écrit pastoral
au sein de communautés établies.

INTRODUCTION À LA DEUXIÈME ÉPÎTRE À TIMOTHÉE

(Ac 20:24, 28-30.) (Ro 8:35-39.)

La seconde épître de Paul à Timothée ressemble dans ses grandes lignes à la première. Le
lecteur devra donc se référer à l’introduction de 1 Timothée pour un complément d’informations.
Voici la structure de l’épître qui nous intéresse:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Affection de Paul pour Timothée et encouragement à tenir ferme 1:3–2:13
3. Conduite envers ceux qui s’écartent de la saine doctrine et de la pureté chrétienne 2:14–4:5
4. Paul à la perspective de sa mort et communications sur diverses personnes 4:6-18
5. Salutation et doxologie finales 4:19-22
L’auteur dit: «Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, car il m’a
souvent consolé, et il n’a pas eu honte de mes chaînes; au contraire lorsqu’il est venu à Rome, il
m’a cherché avec beaucoup d’empressement, et il m’a trouvé»  (1:16-17). Cela laisse supposer
que la lettre a été écrite de Rome où l’apôtre Paul, à la fin de sa carrière apostolique et
missionnaire, «demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux
qui venaient le voir…» (Act 28:30).
S’agissant de la teneur de l’épître, Paul se considère comme en fin de carrière et partage ses
expériences avec son disciple appelé à continuer la mission pastorale et apostolique.
La deuxième épître à Timothée, comme les autres pastorales, traite des problèmes de
communauté liés à la charge pastorale de leur destinataire. Elle s’en distingue toutefois en ce
qu’elle insiste sur les rapports qui doivent exister entre le pasteur et celui qui l’a formé pour ce
ministère. Il en découle des exhortations très utiles concernant les difficultés à venir du pasteur,
surtout en rapport avec les derniers jours: «Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un
homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la
vérité…» (2 Tim 2:15)
Cette épître, comme les autres pastorales, illustre l’accès de la pensée de Paul à l’histoire,
surtout si on estime qu’avec ses apparentées, elles sont l’œuvre de l’un de ses disciples ou d’un
secrétaire auquel il aurait laissé une grande liberté pour la mise en forme définitive du texte. 2
Tim 4:11-13 fait penser à Luc qui est resté seul avec lui pendant un temps, alors que 1:3–2:13 a
l’allure d’un testament.
Cette seconde épître à Timothée met l’accent, plus que la première, sur les relations
personnelles qui existaient entre l’apôtre et son disciple. Les exhortations sur la conduite à tenir
face aux imposteurs des derniers temps et celles, pressantes, à continuer l’œuvre de prédicateur
de la Bonne Nouvelle en sont une nette confirmation.
INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE À TITE

(1 Ti 3:15. 1 Pi 2:15.)

L’Épître à Tite fait partie, avec les deux précédentes, du groupe des pastorales, et partage donc
avec elles certaines caractéristiques (voir l’introduction à 1 Timothée): il s’agit principalement
d’instructions sur la direction des communautés ecclésiales. Voici la structure de cette épître:
1. Adresse et salutations 1:1-40
2. Mission d’organiser l’Église de Crète: des anciens pour la lutte contre les faussaires 1:5-16
3. Exhortation des fidèles toutes catégories confondues; être exemple dans la communauté 2:1–
3:11
4. Recommandations particulières et salutations 3:12-15
Tite est d’origine inconnue. Selon Gal 2:3, il serait né païen et grec. Devenu chrétien, il ne fut
pas contraint de se faire circoncire. Tite n’est pas nommé dans le livre des Actes des Apôtres. Ce
que nous savons de lui se trouve uniquement dans les épîtres.
L’objet de la lettre est donné en 1:5ss en ces termes: «Je t’ai laissé en Crète afin que tu mettes
en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans
chaque ville…» L’auteur lui précise ainsi sa mission. C’est donc pour cette raison fondamentale
qu’il lui adresse des encouragements pour s’assurer que les choses se passent comme voulu.
L’originalité du message de l’auteur apparaît précisément dans cette mission. Bien que Tite et
Timothée soient appelés à exercer le même ministère, il incombe à Tite une tâche bien
déterminée.
Même si le message de Tite reprend les sujets déjà traités dans 1 Timothée, on notera que les
communautés tout comme les chrétiens sont différents. En effet dans la communauté crétoise il y
a des incirconcis et des rebelles. L’auteur en avertit Tite: «L’un d’entre eux, leur propre
prophète, a dit: Crétois toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux… C’est pourquoi
reprends-les sévèrement, afin qu’ils aient une foi saine…» (Tite 1:12-13).
Tite est lui aussi un fils spirituel de l’auteur comme Timothée, cela depuis leur entrevue dont
parle Gal 2:1. Cependant cette épître semble moins personnelle que celles à Timothée. Elle est
toutefois ornée de quelques passages particulièrement riches et denses. Elle comporte une
introduction théologique, un rappel de la mission d’installation d’anciens chargés de contrecarrer
les contradictions, et un résumé des exhortations aux fidèles.
INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE À PHILÉMON

(2 Co 8:21. Col 3:17.) (1 Th 2:7.)

Comme celles à Timothée et à Tite, l’épître à Philémon est adressée à un individu à titre
personnel. Elle est par ailleurs la dernière de la liste de celles attribuées à Paul. Il s’agit d’un
billet d’un seul chapitre. Elle s’adresse en premier à Philémon. Mais Paul entend toucher à travers
lui la sœur Apphia, Archippe et toute l’Église qui se réunit dans sa maison (1-3). En voici la
structure:
1. Adresse et salutations 1-3
2. Action de grâces au sujet de la foi et de la charité de Philémon 4-7
3. Intercession de Paul pour l’esclave Onésime 8-21
4. Communication personnelle et salutations finales 22-25
L’information qui se dégage des trois premiers versets amène à comprendre que Philémon est
un chrétien de Colosses, qu’il serait un personnage aisé qui avait mis sa maison à la disposition
des réunions de l’Église. La sœur Apphia serait sa propre femme, et Archippe, son fils.
Après quelques mots d’action de grâce pour la foi et la charité ambiante, Paul aborde le sujet
qui le préoccupe, à savoir son intervention pour l’esclave de Philémon: Onésime.
Celui-ci s’était rendu coupable en fuyant de chez son maître. Opportunément, il se retrouva en
prison avec l’apôtre Paul qui réussit à le convertir à la foi chrétienne. Désormais les rapports
d’Onésime avec Philémon étaient ceux d’un esclave chrétien à un maître chrétien. C’est
pourquoi, lorsque Onésime bénéficia de la liberté, l’apôtre Paul le recommanda à Philémon. Paul
invita alors Philémon à trouver désormais en Onésime, non plus un esclave coupable de délit de
fuite, mais un frère en Jésus-Christ qu’il convenait de recevoir avec bienveillance.
Le billet à Philémon traite donc des bonnes relations qui doivent exister entre les serviteurs et
leurs maîtres, surtout lorsque ceux-ci sont l’un et l’autre chrétiens.
L’auteur résume le message de cette épître en ces termes: «Je te prie pour mon enfant, que j’ai
engendré étant dans les chaînes, Onésime, qui autrefois t’a été inutile, mais qui maintenant est
utile et à toi et à moi. Je te le renvoie lui, mes propres entrailles… Peut-être a-t-il été séparé de
toi pour un temps, afin que tu le recouvres pour l’éternité, non plus comme un esclave, mais
comme un frère bien-aimé… Si donc tu me tiens pour ton ami, reçois-le comme moi-
même…» (voir 10-17).
Ce court billet de 25 versets fut probablement composé au même moment, et sans doute dans
les mêmes circonstances, que les épîtres aux Colossiens, aux Éphésiens et aux Philippiens, avec
lesquelles il forme les épîtres dites de la captivité, dans lesquelles l’auteur mentionne chaque fois
qu’il se trouve dans les chaînes (Phm 9; Col 4:3; Éph 3:1; Phil 1:7).
Onésime et Paul se sont retrouvés en prison, l’un comme malfrat, l’autre comme apôtre de la
Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Sortis de prison, Onésime s’était réfugié chez Paul, comptant
sur la protection de son autorité spirituelle. L’opportunité fut concluante puisque l’apôtre Paul
tente un arrangement à l’amiable de la situation d’Onésime. Il renvoie le malfrat converti auprès
de son maître en compagnie de Tychique, tous deux porteurs de cette courte mais magnifique
correspondance destinée à régler un conflit.

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE AUX HÉBREUX

(Ga 4:9. Jn 19:30. Col 2:10, 17.)

L’auteur de l’Épître aux Hébreux n’est pas connu. Il existe une tradition ancienne qui l’attribue
à l’apôtre Paul. Mais son style oratoire est profondément différent de celui de Paul. Il serait donc
mieux de considérer l’épître comme elle se présente. La mention «Ceux d’Italie vous saluent»
(13:24) laisse supposer que l’épître a été écrite d’Italie, probablement de Rome, ce qui fait penser
à l’apôtre. Voici d’ailleurs la structure de cette épître:
1. Le Fils par lequel Dieu s’est révélé pour sauver le monde est supérieur aux anges 1:1–2:18
2. Jésus est supérieur à Moïse; ne pas imiter l’incrédulité des anciens Israélites 3:1–4:13
3. Jésus, souverain sacrificateur au sacerdoce semblable à celui de Melchisédek et au sacrifice
parfait 4:14–10:39
4. La foi: définition et exemples tirés de l’Ancien Testament 11:1-40
5. Persévérance et sanctification dans la foi 12:1–13:17
6. Vœux et salutations finales 13:18-25
L’Épître aux Hébreux n’a ni introduction, ni conclusion selon les formules épistolaires bien
connues, munies d’indications sur l’expéditeur et les destinataires (voir Rom 1:1-7; 1 Cor 1:1-3;
Gal 1:1-5; Éph 1:1-2 par exemple). Cette lacune pose la question de la place de cet écrit parmi les
épîtres. Malgré ce défaut, son caractère pastoral et les instructions théologiques et christologiques
alternant avec des exhortations éthiques et ecclésiastiques, lui confèrent bien les marques d’une
épître.
Le terme «Hébreux» qui apparaît dans le titre permet d’identifier les destinataires sans être
d’une clarté absolue. La critique interne du livre permet de le préciser. En lisant le texte, on
comprend, sans que cela soit clairement écrit, qu’il s’adresse à des chrétiens d’origine juive, qui
correspondent logiquement à ce titre. C’est à cette catégorie de chrétiens que l’auteur applique la
quasi-totalité de son message, qui se résume ainsi: Jésus-Christ accomplit, comme le souverain
sacrificateur par excellence, tout l’ordre sacrificiel et cultuel de l’Ancien Testament.
Le message de l’Épître aux Hébreux porte donc sur l’œuvre sacrificielle du Christ. Jésus est le
souverain sacrificateur qui dépasse tous ceux de l’ancienne Alliance qui l’on précédé: «Ainsi,
puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de
Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain
sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en
toutes choses sans commettre de péché» (voir 4:14-15).
Pour étayer le message central de l’épître, l’auteur distingue le monde impérissable et éternel
des réalités célestes du monde des réalités sensibles que nous connaissons. C’est dans le monde
céleste que Christ accomplit le ministère de souverain sacrificateur. Les éléments cultuels du
temple du temps de Jésus furent des images du véritable culte et du sacrifice parfait.
On a longtemps hésité à admettre l’Épître aux Hébreux parmi les livres canoniques parce que
le style littéraire et la pensée qui s’y incarnent ne sont pas de l’apôtre Paul à qui elle est attribuée.
Les conjectures, en somme infructueuses, au sujet de l’auteur de cette œuvre ont fait dire à
Origène que Dieu seul savait qui en était l’auteur. Les caractéristiques qui en émanent permettent
de le décrire comme un chrétien cultivé, d’un esprit vif, maîtrisant la langue grecque et capable
de pratiquer l’exégèse juive de type paulinienne. Quant aux destinataires, il s’agit de Juifs
devenus chrétiens.

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE DE JACQUES


(Tit 3:8.)

L’Épître de Jacques fait partie des épîtres dites « catholiques ». Leur universalité ressort de
leur destination, autrement dit, elles ne sont adressées ni à une communauté précise, ni à un
individu en particulier (comparer avec 1 Cor 1:2; Gal 1:2; 1 Tim 1:2).
Nous avons donc affaire ici à des lettres qui, dès leur rédaction, concernent tout le monde.
Nous excluons de ce groupe les trois épîtres de Jean comme faisant partie de la littérature
johannique avec l’Évangile de Jean et le livre de l’Apocalypse. Parmi ces épîtres figurent
Hébreux (voir 1:1-2), Jacques (voir 1:1), 1 Pierre (voir 1:1-2), 2 Pierre (voir 1:1-2) et Jude (voir
1-2). Les articulations de l’épître de Jacques sont les suivantes:
1. Brève formule épistolaire 1:1
2. Les épreuves et les tentations du croyant 1:2-15
3. Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter 1:16–2:13
4. La foi et les œuvres 2:14-26
5. La langue est un feu 3:1-18
6. Résister aux passions 4:1-12
7. Les projets des mauvais riches 4:13–5:6
8. Exhortations finales 5:7-20
La tradition chrétienne identifie Jacques, auquel est attribuée la présente épître, avec Jacques le
frère de Jésus (Mc 6:3) qui, comme les autres frères de Jésus, dut d’abord se réserver à croire en
lui (Jn 7:1-5). Mais il joua finalement un rôle important dans l’Église primitive; il fut
temporairement chef de l’Église de Jérusalem (Act 15:13; 21:18; 1 Cor 15:7; Gal 1:19).
L’épître de Jacques est une circulaire adressée aux douze tribus qui se trouvent dispersées
(1:1). Elle est construite autour d’un ensemble d’exhortations éthiques et religieuses. Elle étonne
par l’absence d’éléments du message de la Bonne Nouvelle du salut de Dieu en Jésus-Christ. On
y retrouve toutefois le nom du Seigneur Jésus comme personnage central de la correspondance.
Cette épître porte sur l’engagement pratique et concret du chrétien:
- Les épreuves de la vie en Christ doivent être un sujet de joie parce qu’elles produisent la
patience (1:2). Il faut donc être prompt à écouter mais lent à parler et surtout à se mettre en colère
car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu (1:19).
- La foi chrétienne doit nécessairement s’accompagner de bonnes œuvres qui la confirment: «
Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres? » (2:14). Ainsi
l’image du corps sans âme illustre la foi des chrétiens qui se limitent à écouter la Parole de Dieu
sans s’efforcer de la mettre en pratique.
L’Épître de Jacques est la plus juive des épîtres, malgré la pureté de la langue grecque. Elle
s’adresserait donc effectivement aux douze tribus dans la dispersion. Cette mention rappelle la
désignation des ancêtres des Juifs dans l’Ancien Testament. Il faut toutefois atténuer cette adresse
puisqu’il y est dit ailleurs que ces destinataires ont la foi au Seigneur Jésus-Christ (2:1).

INTRODUCTION À LA PREMIÈRE ÉPÎTRE DE PIERRE

(Lu 22:32.)

Les indications épistolaires données au début (1:1-2) et à la fin (5:12-14) de 1 Pierre justifie
l’appellation d’épître qu’on lui reconnaît. Le corps du texte présente lui aussi les caractéristiques
d’un écrit didactique. En effet, 1 Pierre est un traité de catéchisme dans lequel alternent des
développements doctrinaux et des applications parénétiques comme:
- des interpellations familières telles: les bien-aimés (2:11; 4:12);
- des exhortations pleines de ferveur pastorale (1:6-9; 3:15; 5:6).
Les destinataires de la lettre sont présentés dans la formule introductive: «ceux qui sont
étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie, et la Bithynie…» Cette
présentation justifie le classement de ce document parmi les épîtres catholiques (voir
l’introduction à l’épître de Jacques). Voici du reste la structure de cette épître:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. Actions de grâces et exhortations à la sainteté 1:3–3:17
3. Conduite à tenir comme exemple de Jésus-Christ 3:18–4:19
4. Exhortations aux anciens, vœux et salutations 5:1-14
L’auteur se présente d’entrée de jeu: «Pierre, apôtre de Jésus-Christ» (1:1). Il s’agit
certainement de Simon Pierre, le frère d’André, que Jésus appela au début de son ministère (Mc
1:16-20; Mt 4:18-19; Lc 5:1-11). Mais l’absence de souvenirs explicites de la vie de Jésus dans
une épître émanant du plus puissant et du plus représentatif de ses disciples étonne les lecteurs.
Toutefois Marc, disciple de Pierre, étant l’auteur de l’évangile qui porte son nom (voir
l’introduction à cet évangile), cette absence s’estompe du fait que Pierre sait que son disciple
Marc en avait déjà parlé dans son évangile dont lui-même serait une source orale.
Le nom symbolique de Babylone en 5:13 associé aux salutations de Marc, «fils» spirituel de
Pierre, suggère que l’épître fut écrite de Rome en Italie à l’approche de la persécution des
chrétiens sous l’empereur Néron. En effet la situation politique de l’époque justifierait de donner
à la ville de Rome, capitale de l’Empire, l’appellation symbolique de «Babylone» (Apoc 17:1-6,
9-19).
La première épître de Pierre porte le message de l’espérance que le chrétien doit préserver en
son salut en Jésus-Christ, dont la résurrection constitue son héritage incorruptible. De cette foi
résulte la joie de vivre, même dans les épreuves du moment (voir 1:3-9).
Cette raison d’espérer doit aussi pousser à une vie de sainteté: «Ce n’est pas par des choses
périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés… mais par le sang précieux de
Christ» (voir 1:18-23). Dans ce processus de sanctification, le chrétien doit s’inspirer de
l’exemple de Christ lui-même: «Lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il
ne s’est point trouvé de fraude; l ui qui, injurié, ne rendrait point d’injures, maltraité, ne faisait
point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement» (voir 2:22-25).
On peut faire des rapprochements entre la première épître de Pierre et l’Évangile de Matthieu
(surtout le sermon sur la montagne), et avec de nombreuses citations de l’Ancien Testament.

1 Pierre: Matthieu:

1:4 6:19-21

1:7 6:9

2:12 5:16

2:19,14 5:10

1 Pierre: Ésaïe:

1:24s 40:6

2:6 28:16

2:7 8:12s
2:9 43:20

2:22 53:6

2:3 Ps 34

Autres rapprochements avec les thèmes de l’Ancien Testament: l’exode, l’exil et la diaspora
juive (1 Pi 1:1; 2:9, 11); le sacrifice (1 Pi 1:2, 8; 2:5, 21; 3:18); le juste persécuté (1 Pi 3:9; 5:9).

INTRODUCTION À LA DEUXIÈME ÉPÎTRE DE PIERRE

(Lu 22:32. Ap 3:2.) (Jn 17:3.) (Jud 3-19.)

La seconde épître de Pierre se rapproche plus de l’épître de Jude que de la première de Pierre:
si l’auteur présumé de 1 et 2 Pierre est l’apôtre du même nom, la formule catholique suivante: « à
ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre… » (1 Pi 1:1) ayant trait aux
destinataires s’apparente plutôt à: «à ceux qui ont été appelés, qui sont aimés en Dieu le Père et
gardés pour Jésus-Christ…» (Jud 1), se rapportant aux destinataires de l’épître de Jude. Voici par
ailleurs la structure de 2 Pierre:
1. Adresse et salutations 1:1-2
2. La pratique des vertus chrétiennes 1:3-21
3. Les faux docteurs 2:1-22
4. L’avènement du Seigneur 3:1-18
La teneur de 2 Pierre et celle de Jude présentent des similitudes frappantes, si bien que l’on
peut facilement faire une lecture comparée des deux textes. En effet, le second chapitre de 2
Pierre relatif aux faux docteurs, et l’unique chapitre de Jude présentent des ressemblances
nombreuses et surtout précises, qui frisent le mot à mot. On en a conclu que les deux auteurs se
sont mutuellement utilisés, ou que l’un des deux a utilisé l’autre.
Toutefois, un aspect important de l'épître de Jude manque dans 2 Pierre: son auteur cite deux
apocryphes de l’Ancien Testament aux versets 9 et 14 (voir l’introduction à l’épître de Jude).
Le message de la seconde épître de Pierre comporte trois volets. Le premier a trait à la pratique
des vertus chrétiennes. Il s’agit de joindre à la foi la vertu, la connaissance, la maîtrise de soi, la
persévérance, la pitié, la fraternité et l’amour. Leur présence dans la vie du chrétien ne permet pas
l’oisiveté pour la connaissance du Seigneur Jésus-Christ (1:5-11).
Le second consiste en une mise en garde contre les faux prophètes et les faux docteurs, auteurs
de sectes pernicieuses. Ceux qui abandonneront la foi pour les suivre s’apparentent à des chiens
qui se retournent vers ce qu’ils ont vomi (2:1-3, 20-22).
Le dernier porte l’attention sur le jour du Seigneur qui sera marqué d’avance par la venue des
moqueurs et des railleurs avec des paroles de découragement telles: «Où est la promesse de son
avènement? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de
la création» (voir 3:1-4).
L’apôtre Pierre apparaît comme l’auteur de cette épître, comme en témoignent l’insistance en
1:1 et surtout le texte de 1:16-18 où l’auteur affirme avoir été témoin de la transfiguration du
Seigneur.
Écrite probablement après la constitution du corpus paulinien, si l’on s’en tient à la déclaration
de 3:16 au sujet des épîtres de l’apôtre Paul, il reste à savoir si l’apôtre Pierre, alors encore
vivant, était en mesure de rédiger personnellement une telle correspondance. Cela semblerait
improbable.

INTRODUCTION À LA PREMIÈRE ÉPÎTRE DE JEAN

(Jn 1:4; 17:11, 26. Ép 5:8.)

La tradition chrétienne attribue trois épîtres (1, 2, et 3 Jean) à l’apôtre Jean, l’un des disciples
de Jésus de la première heure. Frère de Jacques et fils de Zébédée, il fut identifié par l’auteur du
quatrième évangile comme le disciple que Jésus aimait le plus (Jn 21:24).
Les destinataires de cette épître ne sont pas les mêmes que ceux des deux autres. L’épître qui
nous intéresse diffère des autres par l’absence notable de la formule d’appel épistolaire classique
avec un auteur s’adressant à des destinataires précis, aussi bien au début qu’à la fin. Cette lacune
est probablement due à ce qu’il s’agit d’une épître pastorale que Jean destinait à différentes
communautés chrétiennes. Voici la structure de la première épître de Jean:
1. Prologue sur la Parole de vie 1:1-4 (voir le prologue de l’évangile de Jn 1:1-18)
2. Dieu est lumière:
- Marcher dans la lumière à la différence des antéchrists 1:5–2:27
- Vivre en enfant de Dieu à la différence des faux docteurs 2:28–4:6
3. Dieu est amour
- Aimer Dieu et aimer ses frères 4:7-21
4. La foi de Jésus-Christ et l’efficacité de la prière 5:1-21
Par sa teneur, cette épître se différencie également des deux autres du point de vue de la
longueur, avec cinq chapitres, alors que celles-ci sont petites et circonstanciées avec un seul
chapitre chacune. Au plan théologique, 1 Jean développe, à elle seule, le contenu des trois lettres.
Les deux autres quant à elles ne semblent pas présenter d’originalité. Elles confirmeraient
simplement ce qui est rapporté dans la première.
Le message de 1 Jean varie selon qu’on la considère comme épître à une communauté
particulière avec ses problèmes propres, ou comme une épître destinée à tout chrétien. Dans cette
dernière hypothèse, il s’agirait d’un simple traité de vie chrétienne, abordant essentiellement de la
foi et l’amour en Jésus-Christ. Ce dernier thème est abondamment traité: « Nous devons nous
aimer les uns les autres» (3:11-18) ou encore: «N’aimez point le monde, ni les choses qui sont
dans le monde» (2:15).
En réalité, ces thèmes sont évoqués en fonction d’événements et de problèmes de communauté
précis (voir 2:18-27), et par rapport à l’œuvre de faux frères qui se comportent en antéchrist.
L’épître apparaît donc comme une mise en garde contre ces faux docteurs (4:1-6). Les membres
de l’Église sont de Dieu. Dieu est amour. Cet amour doit avoir pour conséquence l'amour des
frères (4:7-8).
À cet égard, par rapport à l’Évangile de Jean, les ressemblances sont importantes. Toutefois, ce
caractère de polémique distingue l’épître de l’évangile. Les « antéchrists » sont combattus avec
une violence marquée. L’auteur réagit contre les menteurs qui nient que Jésus est le Christ. Mais
qui sont ces menteurs?
On peut penser, avec Irénée de Lyon, que ceux visés seraient des adeptes de l'hérésiarque de
Corinthe au premier siècle. Déjà, Jean aurait écrit son évangile contre eux. Pour ces hérétiques,
Jésus serait né de Joseph et de Marie sans être le Christ, et le Christ, être divin, serait descendu
sur lui sous la forme d’une colombe après le baptême. Dès lors, Jésus aurait prêché et fait des
miracles. Mais, avant sa mort, le Christ divin aurait quitté Jésus, qui aurait vécu seul la mort, le
Christ divin et spirituel ayant échappé à la souffrance.
INTRODUCTION À LA DEUXIÈME ÉPÎTRE DE JEAN

(Ép 4:15; 5:8, 9.)

La deuxième épître de Jean est un billet de circonstance d’un seul chapitre de treize versets qui,
selon l’indication introductrice, a pour auteur l’ancien et pour destinataire Kyria l’élue (1).
« L’ancien » est un titre que l’auteur se donne. Il utilise dans la correspondance probablement
celui qu’on lui donnait dans les Églises comme celles auxquelles il se présente (voir aussi 3 Jn 1).
Le mot grec ainsi traduit indiquait un membre du sanhédrin chez les Juifs (Matt 16:21, Lc 22:52),
mais il s’appliqua aux anciens dans l’Église (1 Tim 5:17; 1 Pi 5:5).
« Kyria l’élue » au féminin, rappelle son masculin, Seigneur. Dans ce sens, le terme évoque
l’Église, l’épouse du Seigneur. Les destinataires sont par conséquent une Église locale composée
de chrétiens considérés comme les membres du peuple de la Nouvelle Alliance avec Dieu:
l’Église universelle (1 Pi 2:9).
Voici par ailleurs la structure de cette épître:
1. Adresse et salutations 1-3
2. L’amour fraternel; contre les faux docteurs 4-11
3. Vœux et salutations de conclusion 12-13
Par sa teneur, 2 Jean confirme dans les grandes lignes le contenu théologique et pastoral
largement développé dans 1 Jean. On l’a déjà souligné (voir introduction à 1 Jean), la différence
entre les deux réside dans le caractère épistolaire classique de 2 Jean absent de 1 Jean.
Le message de la seconde comme de la troisième épître de Jean, toutes deux de véritables
billets d’un seul chapitre, est plus développé dans la première épître de Jean. Il a trait à l’amour
fraternel et à la mise en garde contre les séducteurs. Que la seconde épître soit adressée à Kyria et
à ses enfants suppose que ces préoccupations étaient les leurs d’une manière qui leur était propre.
Ainsi certaines des préoccupations auxquelles correspondent les thèmes abordés dans les trois
épîtres étaient particulièrement ressenties ici. En particulier:
- L’amour du prochain: « Et maintenant, ce que je te demande Kyria… c’est que nous nous
aimions les uns les autres. Et l’amour consiste à marcher selon ses commandements. » 5-6
- La polémique contre ceux qui nient l’incarnation effective: « Car plusieurs séducteurs sont
entrés dans le monde, qui ne confessent point que Jésus-Christ est venu en chair… Prenez garde
à vous- mêmes… Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point
Dieu… Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre
maison… » 7-10.

INTRODUCTION À LA TROISIÈME ÉPÎTRE DE JEAN

(1 Co 16:14, 24.)

La troisième épître de Jean est, comme la seconde, un billet de circonstance du même auteur
qui se donne le même titre: l’«ancien» (voir l’introduction à 1 Jean pour le problème d’auteur, et
celle à 2 Jean pour ce titre).
Elle a pour destinataire Gaïus, le bien-aimé, un des chrétiens de la communauté johannique
resté fidèle à celui à qui on donne le titre d’ancien. Ce nom est très répandu dans le Nouveau
Testament. Dans le livre des Actes des Apôtres, il s’agirait d’un des compagnons de voyage de
l’apôtre Paul (voir Act 19:29). Dans les épîtres pauliniennes, il se rapporte à un chrétien de
Corinthe qui, avec quelques autres, fait partie des chrétiens de cette Église que Paul reconnaît
avoir baptisés (voir Rom 16:23; 1 Cor 1:14). Cependant, rien ne permet d’assimiler le destinataire
de 3 Jean aux personnages mentionnés plus haut. Cette épître a quatre parties, qui sont:
1. Adresse et salutations 1-2
2. Éloge de Gaïus 3-8
3. Plainte contre Diotrèphe, éloge de Démétrius 9-12
4. Salutations finales 13-15
La teneur de 3 Jean comme celle de 2 Jean confirme, dans les grandes lignes, l’enseignement
de 1 Jean. Il s’agit d’un aperçu des grands développements que l’auteur a exposé, dans cette
première épître. Ils se résument en deux traits: l’amour fraternel qui résulte de la foi commune en
Christ Jésus, et la mise en garde contre les faux frères.
L’éloge de Gaïus, au début de l’épître, comporte deux points: Gaïus marche dans la vérité, est
charitable envers les frères, même ceux qui sont étrangers à la communauté. Cela se sait et on en
rend un témoignage qui est parvenu à l’auteur.
La plainte contre Diotrèphe comporte trois points: il aime à être le premier, tient de méchants
propos contre l’Église, ne reçoit pas les frères et en empêche ceux qui veulent le faire. De ces
deux modèles contraires de responsables résultent les exhortations.
Que 3 Jean s’adresse particulièrement à Gaïus suppose que le message central de ces trois
lettres devrait résonner de façon particulière ici. La plainte contre Diotrèphe (9-10) apporte cette
marque particulière à celle qui nous concerne.

INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE DE JUDE

(2 Pi 2. Ap 2:14, 20.)

L’Épître de Jude est un billet de circonstance comprenant un chapitre unique de 25 versets.


Son auteur se nomme Jude et se présente comme le frère de Jacques. Elle serait donc l’œuvre
d’un autre frère de Jésus qui, selon Marc (6:3), portait effectivement ce nom. Ces frères semblent
avoir hésité au début à croire en lui (Jn 7:1-9). Mais ils se sont par la suite convertis au
christianisme, à nous en tenir à leurs écrits qui ont été préservés, et sont devenus des serviteurs de
Jésus-Christ (Ja 1:1; Ju 1).
Les destinataires sont présentés comme: « Ceux qui ont été appelés, qui sont aimés en Dieu le
Père, et gardés pour Jésus-Christ » (1). Cette formule donne à cette correspondance un caractère
catholique classique (voir celle de Jacques et des deux de Pierre). Cette brève épître a trois
parties, qui sont:
1. Adresse et salutations 1-2
2. Contre les impies 3-19
3. Exhortations et doxologie finale 20-25
L’Épître de Jude apparaît comme une doublure de la deuxième épître de Pierre, surtout le
chapitre 2:1-22. Elle ne s’en distingue que par la citation de deux livres apocryphes de l’Ancien
Testament: « Or, l’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de
Moïse…» (9) et: «C’est aussi pour eux qu’Énoch, le septième depuis Adam, a prophétisé en ces
termes: Voici, le Seigneur est venu…» (14) (voir l’introduction à 2 Pierre). Cette citation de livres
apocryphes a d’ailleurs rendu difficile son admission dans le canon. Les discussions à ce sujet ont
persisté jusqu’au 5e siècle apr. J.-C.
L’épître de Jude, comme la deuxième épître de Pierre, adresse une mise en garde contre les
impies. Il s’agirait, non pas simplement de gens qui manifestent de l’indifférence à l’égard de la
foi chrétienne, mais de ceux dont la condamnation est déjà écrite, eux qui changent la grâce de
Dieu en dissolution; qui renient ostentatoirement Jésus-Christ (3-4): « Mais vous, bien-aimés,
souvenez-vous des choses annoncées d’avance par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils
vous disaient qu’au dernier temps il y aura des moqueurs, marchant selon leurs convoitises
impies…» (17-19).
La date de rédaction de l’Épître de Jude tient compte de la citation du livre d’Énoch (14)
comme un passage des Écritures Saintes. En effet, ce livre a été éliminé du canon de l’Ancien
Testament au Synode de Jamnia en 90. L’Épître de Jude daterait de ce fait d’avant la tenue de ce
Synode.
La position de cette épître après les trois à Jean ne cadre pas avec le rapport étroit qui la lie à la
seconde épître de Pierre. En effet, si les trois épîtres font bien partie de la littérature johannique,
alors la place de Jude se trouverait convenablement après 2 Pierre.

INTRODUCTION À L’APOCALYPSE

(No 24:14-17. És 26:8, 9. So 1:14-18.)

Dernier livre du Nouveau Testament et de toute la Bible, l’Apocalypse, est aussi unique en son
genre. Son auteur se nomme Jean (1:1, 4, 9; 22:8) sans autre précision exacte sur sa personne.
Malgré ce silence, on l’identifie à partir des données textuelles et littéraires avec l’auteur du
quatrième évangile qui serait aussi celui des trois épîtres porteuses du même nom (voir les
introductions à l’évangile et aux épîtres de Jean).
Une allusion est faite aux destinataires en ces termes: « … aux sept Églises qui sont en Asie
» (1:4) ou « Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à
Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée » (1:11). Le nombre sept
peut toutefois apparaître comme un symbole de plénitude. Par conséquent, l’auteur, à travers ces
communautés, adresse en fait son enseignement et son message à toutes les communautés
chrétiennes à travers le monde. Les grands développements de ce livre important sont:
1. Le titre et le sujet du livre 1:1-3
2. Les lettres aux sept Églises 1:4–3:22
3. Le trône de la majesté divine 4:1-11
4. Le livre scellé de sept sceaux: ouverture sceau par sceau 5:1–8:5
5. Les sept anges avec les sept trompettes à sonner 8:6–14:20
6. Les sept anges et les sept coupes à verser 15:1–16:21
7. La chute de Babylone, victoire sur la bête et sur le faux prophète 17:1–19:21
8. Satan lié pour mille ans, puis délié et vaincu pour toujours 20:1-10
9. Le jugement dernier: nouveaux cieux, nouvelle terre, nouvelle Jérusalem 20:11–22:5
10. Conclusion du livre 22:6-21
Le titre «Apocalypse» indique le contenu du livre. Il s’agit de la «révélation de Jésus-Christ…»
(1:1). Le mot « révélation » est la traduction en français du mot grec « apocalypses ». Il s’agit
d’un genre littéraire particulier, bien connu dans l’Église primitive, où le mot servait de terme
technique indiquant les manifestations glorieuses du Christ à la fin des temps (Rom 2:5; 1 Cor
1:7; 2 Thess 1:7; 1 Pi 1:7, 13). À partir de son étymologie en grec, il signifie: découvrir ce qui est
couvert, dévoiler ce qui est voilé. Ainsi, quand on parle de l’Apocalypse, il s’agit du dévoilement,
de la révélation des choses qui étaient jusque-là cachées. Du point de vue biblique, et en rapport
avec la divinité, il s’agit dans le livre de l’Apocalypse du dévoilement tout particulier de l’avenir
de ce que sera la fin des temps.
Le livre traite du jugement dernier: « Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son
jugement est venue » (14:7; 15:4; 16:5; 17:1; 18:10). Ce jugement est perçu à travers l’annonce
de la mort du Christ présentée comme la victoire sur Satan, l’accusateur par excellence des élus
de Dieu. Satan est définitivement battu par Jésus-Christ que Dieu a couronné roi du monde. Trois
titres sont donnés à Jésus: il est le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le prince des
rois de la terre (1:5). C’est à travers cette triple fonction que Jésus réalise la rédemption
universelle qui permet à tous ceux qui croient de vivre pour Dieu et d’entrer dans son règne
éternel en se retrouvant au-delà du jugement dernier.
L’Apocalypse de Jean n’est cependant pas le seul représentant de ce style, ni dans le Nouveau
Testament, ni dans l’ensemble de la Bible. Le genre littéraire apocalyptique fleurit dans le
judaïsme entre 150 av. J.-C. et 100 apr. J.-C. Ceux qui en ont fait usage avaient le souci et la
prétention d’apporter, par révélation, la connaissance des choses cachées du passé, du présent et
de l’avenir, connaissance qui débouche sur l’annonce de la fin. Voici quelques séquences
apocalyptiques relevées dans les autres livres du Nouveau Testament: Matt 24:1–25:46; Marc 13;
1 Cor 15:35-57; 1 Thess 4:13–5:11; 2 Thess 1:4-10; 2:1-12. En quoi ce livre est-il donc
particulier? Contrairement à ces exemples, il est entièrement consacré à ce dévoilement.

APOCALYPSE INTRODUCTION

Introduction

Jean, l'auteur du dernier livre de la Bible, présente ici une série d'événements que Jésus-Christ
lui a révélés (1.1-2) ; il raconte ce qu'il a vu après avoir été « saisi par l'Esprit Saint » (1.10). Au
moment où il écrit son livre, il se trouve dans la petite île de Patmos, à l'ouest de l'Asie Mineure
(aujourd'hui la Turquie d'Asie) ; il s'y trouve exilé parce qu'il a prêché l'Évangile (1.9), à une
période où l'empereur romain persécutait les communautés chrétiennes. Il écrit pour sept Églises
d'Asie Mineure, situées dans la région où se trouve actuellement le port turc d'Izmir (Smyrne).

Si les chrétiens sont persécutés, c'est parce qu'ils ne reconnaissent qu'un seul Seigneur, Jésus-
Christ. Dans ce temps troublé, Jean leur écrit pour fortifier leur foi et leur espérance. Son livre se
compose en grande partie de visions et de révélations exprimées dans un langage symbolique et
imagé, que les croyants, familiers de l'Ancien Testament, pouvaient plus facilement comprendre,
alors qu'il restait mystérieux pour les autres. Les visions que Jean décrit sont variées mais
reprennent les mêmes thèmes. L'interprétation de leurs détails diffère beaucoup selon les
commentateurs, mais l'affirmation centrale du livre est claire : en opposition au triomphe
momentané des forces du mal, la victoire totale et définitive sera remportée, pour Dieu et pour les
siens, par Jésus-Christ, le seul Seigneur.

Jean commence par se présenter comme le messager du Christ ressuscité (1.1-8).

– Dans la première partie de son message, il rapporte les circonstances de sa première vision, au
cours de laquelle Jésus le charge d'écrire des lettres aux sept Églises d'Asie Mineure (1.9–3.22).

– Puis Jean se voit transporté au ciel, où des visions successives s'offrent à lui : la cour céleste,
adorant Dieu et Jésus-Christ (chap. 4–5) ; le livre et ses sept sceaux (6.1–8.1) ; les sept trompettes
(8.2–11.19) ; le dragon et les deux bêtes (12.1–13.18) ; l'Agneau et les 144 000 rachetés, le
jugement annoncé par des anges (14.1-20) ; les sept coupes de la colère de Dieu (15.1–16.21) ; la
destruction de Babylone, la défaite de la bête, du faux prophète et du diable (17.1–20.10) ; le
nouveau ciel, la nouvelle terre et la nouvelle Jérusalem (21.1–22.5). Le livre s'achève sur un
avertissement solennel et sur la promesse du Ressuscité : « Je viens bientôt » (22.6-21).

Les lecteurs d'aujourd'hui comprendront mieux ce livre difficile s'ils ne cherchent pas les
détails d'un avenir catastrophique. L'intention de l'auteur n'est pas de faire peur aux croyants,
mais de leur donner du courage dans les temps difficiles. Les visions de l'Apocalypse sont
destinées à leur faire saisir toutes les conséquences de l'œuvre du Christ et de sa résurrection pour
le présent et l'avenir des siens.

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