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Chapitre V

LES MESURES HYDRAULIQUES

5.4. Les orifices

5.4.1. Définitions

- Un orifice est une ouverture pratiquée dans la paroi ou dans le fond d’un récipient et à
travers laquelle s’écoule le liquide contenu dans le récipient (figure 5. 10).

- L’orifice est dit en mince paroi lorsque la veine liquide ne touche que le bord intérieur de
l’orifice (voir fig. 5. 11, 5. 12)

Figure 5.10

- Le jet est le courant liquide qui sort de l’orifice


- La charge est la hauteur d’eau qui provoque la sortie du liquide (h sur la fig.5.11)

Remarque

A l’intérieur du récipient, le mouvement du liquide ne devient sensible qu’à une faible


distance de l’orifice (fig. 5. 12a). C’est pour cela qu’on considère le liquide comme étant au
repos dans le reste du récipient, surtout à la surface libre lorsque le niveau d’eau dans le
récipient reste pratiquement constant.

Un orifice peut être noyé ou non noyé suivant que, sur sa face aval, la côte du niveau de la
surface libre est supérieure ou non à celle de l’orifice (figure 5. 10).

5.4.2 Orifices de dimensions faibles : formule de Torricelli

Dans un orifice en mince paroi pratiquée dans le fond d’un récipient et dont les dimensions
son faibles par rapport à la charge, le jet a la forme suivante :
La vitesse de sortie dans la section où les filets liquides sont parallèles est donnée
théoriquement par la formule de Torricelli :

V = 2 g (h +  ) [5.12]

Cette section s’appelle la section contractée Sc. Dans les sections circulaires pratiquées dans
le fond des réservoirs,  = 0. Il existe une perte de charge à la sortie de l’orifice et dont il faut
tenir compte en multipliant la vitesse théorique par un coefficient de vitesse Cv. L’expression
de la vitesse du jet sortant de l’orifice prend finalement la forme.

 h+
V =  Cv  2 gh
 [5.13]
 h 
Pour développer l’expression de la perte de charge, considérons la figure 5.12 b.

Le point I’ est à la surface libre où la vitesse est pratiquement nulle. Le point G’ est sur l’axe
de référence z = 0 et dans le plan de la section contractée du jet à l’air libre.
Figure 5.12

Le point I’ est à la surface libre où la vitesse est pratiquement nulle. Le point G’ est l’axe de
référence z = 0 et dans le plan de la section contractée du jet à l’air libre.

L’application du théorème de Bernoulli entre A et B donne :

H A = H B + H [5.14]

Ou bien

PI ' VI2' PG ' V2


+ zI ' + = + Z G ' + G ' + H I ' G ' [5.15]
 2g  2g

Comme Pr = PG’ = 0 (pression atmosphérique)

Zr = H ≈ h

ZG’ = 0 (niveau ou surface de référence)

Vr = 0 (vitesse pratiquement nulle à la surface libre)

On a alors

VG2
h= + H
2g

Or h = Cv2 h + H [5.16]

VG2 = Cv2 (2 gh )

H = (1 − Cv2 ) h=( 1 − Cv2 )2 gC


VG2
2
[5.17]
v

H = (1 − Cv2 )  1  VG2
h =  2 − 1 [5.18]
 Cv  2g

On appelle coefficient de contraction Cc, le rapport de la section contractée Sc à la section de


l’orifice S.
Sc
Cc = [5.19]
S
Dans la pratique, l’influence du coefficient de vitesse Cv, du coefficient de contraction Cc et
de la distance  est traduite par un seul coefficient appelé ‘’ coefficient de débit’’  et dont
l’expression est :

h+
 = Cv Cc [5.20]
h
En effet, Q =VCSC [5.21]

h+
Q = CV 2 gh Cc S
h

Q =  S 2 gh

D’une façon générale,  est négligeable pour des charges élevées. Le débit à travers les
orifices se calcule en pratique par la forme :

Q = S 2 gh [5.22]

Avec  = CvCc= coefficient de débit ≈ 0,6. Le coefficient de débit  varie généralement


entre 0,59 et 0,63 ; il peut atteindre 0,7 pour des charges très faibles. (des tables donnent les
valeurs du coefficient  ).

S = section de l’orifice

h = charge au dessus de l’orifice

S’il y a une vitesse d’amenée V0 dans le réservoir, le débit est donné par la formule

 V 2
Q =  S 2 g  h + 0  =  S 2 gH
 [5.23]
 2 g 
Avec

V02
H =h+ = Charge totale [5.24]
2g

(LENCASTRE ; 1976 ; page 153)


5.4.3 Orifice à veine moulée (paroi épaisse)

Lorsque les parois intérieures de l’orifice épousent la forme de la veine liquide jusqu’à
contenir la section contractée Sc et si l’on peut mesurer cette section Sc à l’extérieur de
l’orifice, alors, il n’y a plus de contraction à l’aval de cette section ; le coefficient de
contraction Cc est dans ce cas égal à 1. Il subsiste toutefois une légère perte de charge et on
peut écrire :

Q = Cv S 2 gh

Avec CV ≈ 0,98 [5.25]

On peut obtenir le même résultat en arrondissant les bords intérieurs de l’orifice lorsque
l’épaisseur de la paroi est au moins égale à la moitié de la plus petite dimension transversale
de l’orifice.

Exemples

D
Section circulaire : e ≥
2
C
Section carrée e 
2

Section rectangulaire e 
2
5.4.4 Orifice à contraction incomplète

Entre l’écoulement par orifice en mince paroi pour lequel le coefficient de débit  est de
l’ordre de 0,62 et l’écoulement par une veine moulée, pour lequel le coefficient de débit 
est égal à 1 ; il y a tous les intermédiaires. On dit pour eux, qu’il y a contraction incomplète.

La valeur du coefficient de débit  varie de 0,62 à 1.


En général, l’écoulement à travers les vannes est comparable à l’écoulement à travers les
orifices. Des abaques (ou des formules appropriées) donnent les valeurs de  pour les
vannes.
Figure 5.14

5.4.5 Les orifices noyés

Figure 5.15

Un orifice est dit noyé lorsque sur sa face aval, la côte du niveau de la surface libre du liquide
est supérieure à celle de l’orifice (figure 5.15)

D’une façon générale, le débit à travers les orifices noyés est donné par la formule
(application du principe de Bernoulli) :


Q =  ' S V2 + 2 gh + V12 − V22  [5.26]

Qui pour V1 et V2 négligeables, donnent :

Q =  ' S 2 gh [5.27]

D’après Weisbach :  '= 0,986 . Des tables et abaques donnent également les valeurs de
.
5.4.6 Les ajutages

Un ajutage est un orifice dont les parois sont prolongées sur une longueur de deux à trois fois
le diamètre de l’orifice. Il peut également être une ouverture ménagée dans un récipient à
paroi relativement épaisse.

L’adaptation d’un ajutage à un orifice, modifie les conditions de l’écoulement à la sortie du


jet. Suivant sa position par rapport au sens de l’écoulement, l’ajutage (généralement
cylindrique ou conique) peut être intérieur ou rentrant, extérieur ou sortant.
a) Ecoulement par un ajustage sortant b) Ecoulement par un ajustage rentrant
à veine adhérente
Figure 5.16

D’une façon générale, l’adaptation d’un ajutage modifie l’effet de contraction et il ya


augmentation du débit. Les coefficients de débit sont donc plus élevés. Les coefficients de
débit de certains ajutages vont jusqu’à 0,98.

Remarques

- Dans la résolution des problèmes d’ajutage, la section du jet (la veine liquide)
correspond à l’ouverture extérieure de l’ajutage ; la section contractée se trouve à
l’intérieur de l’ajutage.
- L’étude de l’écoulement par les ajutages est beaucoup plus complexe ; la notion
abordée dans le présent document ne constitue qu’une notion élémentaire pour
essentiellement attirer l’attention de l’élève sur la différence entre les orifices et les
ajutages.

5.4.7 Quelques applications de la théorie de l’écoulement à travers les orifices et des


ajutages

5.4.7.1 Vidange d’un réservoir muni d’un orifice

Figure 5.17

Soit un réservoir non alimenté, rempli jusqu’en AB, à une hauteur H du centre de gravité de
l’orifice.

Le débit à travers l’orifice est :

Q = S 0 2 gh (h variant de H à 0)

Pendant un intervalle de temps dt, on aura comme volume vidé :


Qdt = -Shdh [5.28]

Ou S o 2 gh dt = -Shdh (la variation du volume est négative)

Donc

dh
S o 2 g dt = − S h [5.29]
h
Ou bien

1 dh
dt = Sh [5.30]
S 0 2 g h

Le temps nécessaire pour que le niveau d’eau passe du niveau H au niveau H1 est égale :

H0
1 Sh
I=
S 0 2 g
 h
dh [5.31]
H1

Le temps nécessaire pour la vidange complète du réservoir est :

H
1 Sh
T=  dh [5.32]
S 0 2 g 0 h

 Sh 
L’intégration dépend de l’expression de   , c’est-à-dire la forme géométrique du
 h
réservoir

Cas particulier d’un réservoir cylindrique vertical

D 2
Sh = cte = [5.33]
4
Le temps de vidange complète devient (en supposant  constant)

2 Sh H 2S h H
T= = [5.34]
S 0 2 g S 0 2 gH
En faisant remarquer que
V0 = S h H = volume du réservoir

Q0 = S 0 2 gH (débit initial, lorsque h = H)

On peut écrire :

2V0
T= [5.35]
Q0

C’est le double du temps nécessaire pour remplir le réservoir avec un débit constant, égal au
débit initial. On a donc :

T = 2T0 [5.36]

Si l’on désigne par T0 le temps nécessaire pour remplir le réservoir avec un débit constant Q0
égal au débit initial correspond à :

5.4.7.2 Le débitmètre Venturi

C’est un appareil qui est utilisé pour mesurer le débit d’une canalisation en charge
(figure 5.18)

Sur un conduit horizontal, on monte un convergent ABCD suivi d’une courte longueur de
conduit cylindrique CDEF appelé le col du Venturi et terminé par un divergent EFGK

On place des tubes piézométriques dans les sections 1 et 2 . En prenant l’axe des conduites
comme axe de référence, on peut appliquer le théorème de Bernoulli en supposant dans un
premier temps qu’il n’ya aucune perte de charge. On trouve alors :

V12 V22
H+ = H '+ [5.38]
2g 2g

D’où l’on peut tirer

V12 = V22 − 2 g ( H − H ' ) [5.39]


H représente ici la charge piézométrique et non la charge totale

A
La continuité donne : V1 A1 = V2 A2 = Q  V2 = V1 1
A2

 A 2 
2 
Donc V1   − 1 = 2 g (H − H ')
1
 A2  

A2
Ou V1 = 2 g  ( H − H ')
A12 − A22

A1 A2
Qth = V1 A1 = 2 g ( H − H ') [5.40]
A12 − A22

2
A D 
En posant 2 =  2  = m
A1  D1 

On peut écrire :

A2
Qth = 2g (H − H ') [5.41]
1− m 2

Pour prendre en compte les pertes de charge, on multiplie le débit théorique par un coefficient
C appelé coefficient du Venturi. Ainsi :

CA2
Q= 2g (H − H ') [5.42]
1 − m²
5.4.8 Les déversoirs

5.4.8.1 Définition

Un déversoir peut être considéré comme un orifice incomplet. C’est en fait, un orifice
superficiel, ouvert à sa partie supérieure et pratiquée dans une paroi généralement verticale
(figure 5.19)
Figure 5.19

Les déversoirs peuvent être en mince paroi lorsque les dimensions de la partie du seuil qui
touche le liquide sont négligeables par rapport à la hauteur de la nappe déversante, ou à seuil
épais dans les autres cas.

Figure 5.20

La charge h est la différence de niveau entre la surface libre du liquide en amont, loin de la
zone d’approche, et le seuil déversant.

La nappe déversante, lorsque la charge est faible, empêche le passage de l’air au-dessous
d’elle et adhère à la paroi du seuil (Figure 5.20a ; on dit alors que la nappe est adhérente) ;
lorsqu’on augmente la charge, la nappe tend à se séparer de la paroi (figure 5.20c à 5.20e).

La nappe est libre lorsque l’air peut circuler facilement sous la veine liquide et que l’air
entraîné par l’écoulement est continuellement remplacé.

Lorsque le niveau à l’aval du seuil devient supérieur à celui d seuil, la nappe devient alors
noyée.

5.4.8.2 Déversoir en mince paroi

5.4.8.2.1 Déversoir rectangulaire sans contraction latérale

C’est le type de déversoir sur lequel grand nombre d’observations ont été faites
(particulièrement par Bazin) ; il donne les valeurs les plus précises lorsqu’on s’en sert pour
mesurer le débit dans un canal.

Figure 5.21

Afin d’obtenir toute la précision possible, un certain nombre de conditions doivent être
satisfaisantes :
- Il faut éliminer complètement la contraction latérale ; pour remplir une telle condition,
le canal où l’on placera le déversoir doit avoir des parois parfaitement verticales et
bien lissées ; la longueur du seuil déversant doit être exactement égale à la largeur du
canal.
- La crête du déversoir ne doit pas être trop basse et le seuil doit être en mince paroi.
- La longueur du canal en amont doit être au moins égale à 20 h (h = charge au-dessus
du déversoir) ; la mise en place de grilles d’amortissement en bois ou en brique creuse
peut permettre d’obtenir une réparation uniforme des vitesses d’amenée au déversoir.
- L’aération de la nappe doit être complète afin de maintenir la nappe toujours libre ; on
peut obtenir ce résultat en installant, si nécessaire, des tuyaux de ventilation et
contrôler la pression sous la nappe au moyen d’un manomètre.
- La charge au-dessus du seuil doit être lue à une distance du seuil au moins égale à 5 h
(voire 10h.)

Le débit est calculé par l’expression :

2 3
Q =  'l 2 g h 2 [5.43]
3
3
Q = l 2 g h 2

3
Q = 4,429lh 2 [5.44]

Diverses formules ont été proposés pour le calcul de  ; mais, chacune d’elles a été
développée dans des conditions bien déterminées. On peut donner à titre indicatif, la formule
de Bazin (1898).

0,0045  
2
2  h 
  0,6075 +  1 + 0,55  
p 
[5.45]
3 h 
 h+ 

Avec

h = charge au-dessus du seuil


p = ‘’pelle’’ ; c’est la différence de niveau entre le seuil du déversoir et le fond du canal
d’alimentation.
Cette formule est applicable dans les limites suivantes :
0,08 m < h < 0,70 m
1 > 4h
0,2 m < p< 2m

5.4.8.2.2 Déversoir rectangulaire avec contraction latérale


Tout comme dans le cas des déversoirs rectangulaires sans contraction latérale, le débit dans
le présent cas est donné par

Q = S 2 gh [5.46]
3
Q = l 2 g h 2 [5.47]
Ici aussi, diverses formules ont été proposées pour la détermination de  pour des conditions
bien définies par les auteurs.

Comme valeurs pratiques, on peut prendre


 = 0,43 pour les déversoirs sans contraction ;
 = 0,40 pour les déversoirs avec contraction.
Ce sont là, les valeurs à considérer pour  lorsqu’on n’a aucune précision.
5.4.8.2.3 Déversoir triangulaire

Figure 5.22

La formule permettant le calcul du débit pour un déversoir triangulaire est :

8  
Q= 2 g1  tg h 5 / 2 [5.48]
15  2

La valeur de 1 varie avec le rapport  h . Pour un déversoir vertical à crête mince et à nappe
libre, on peut prendre.

Pour = 2, 1 = 0,59
h

Pour = 4 , 1 = 0,62
h
 
Lorsque = , on a = 2 et pour  = 0,59 , on obtient
2 h

5
Q = 1,394 h 2

Qui est très proche de la formule de Thompson pour = à savoir :
2
5
Q = 1,42 h 2 (d’après Lencastre)
5
Et Q = 1,40 h 2 (d’après Carlier)

3
Avec Q exprimé en m s et h en mètres.

5.4.8.2.4 Déversoir trapézoïdal (déversoir Cipolleti)

Le déversoir trapézoïdal encore appelé ‘’déversoir Cipolleti’’ a généralement la forme d’un


trapèze isocèle avec la petite base en bas.

 1 horizontal 
La pente des côtes  =  est telle que l’effet de contraction du déversoir
4 vertical 
rectangulaire est compensé..

Dans la détermination du débit, on emploie généralement ( = 0,422) :


Q = 0,422.l.h 2 gh = 1,86lh3 2 [5.49]
3
Avec Q exprimé en m s et h en mètres.

5.4.8.3 Les déversoirs à seuil épais

Figure 5.24
Un déversoir est à seuil épais lorsque les dimensions de la partie du seuil en contact avec l’eau
ne sont plus négligeables par rapport à la charge h. Parmi les déversoirs à seuil épais, le plus
utilisé comme moyen de mesure des débits est le déversoir à profil rectangulaire dit
‘’Déversoir de Bélanger’’.

D’une façon générale, le débit est donné par l’expression :

5
Q = 4,429 l h 2 [5.50]

Et la valeur moyenne de  est égale à 0,385.


Il existe des profils spéciaux (déversoirs à seuil normal) qui permettent l’évacuation des débits
assez importants. On les utilise pour de grands barrages.

5.4.9 Déversoir noyé

C’est un déversoir pour lequel la côte du niveau aval est supérieure à la côte de la crête du
déversoir. De ce fait, la cote du niveau aval intervient dans le calcul du débit dont l’expression
générale est :

Q = KlH 2 gH

Où K est fonction des charges à l’amont et à l’aval du déversoir. (voir figure 5.25)
Valeur du coefficient K pour divers types de déversoirs noyés : 1 Large seuil 2 : Barrage-toit
3 : crête mince (d’après M. Schmidt. Die Wasserwittschaft, avril 1957)

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