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eral Srl 1| Lire un texte et dégager un projet de lecture Le commentaire est un travail e'écriture intégralement rédigé qui analyse, de fagon organisée, les moyens littéraires mis en ceuvre par auteur pour exprimer un sens. ETAPE M4@MM Faire une premiére lecture + Lisez entidrement le texte et son paratexte (chapeau introductif, nom d'auteur, date, ttre). avis sur les personnages, ete). Effectuer des repérages, ———————$—$$|_ . dans Voyage ou bout de fa nuit de UF. Colin récit est narté ala 1" personne par le héras Bardamu—+ récit, subject 'Ex.: dans ¢ Le Pain » de F. Ponge (p. 414): absence de «je», présence tres discrete du poate & travers le pronom « nous »,, Fimpératt « brisons »—+ impression d objectivité,refus du lyrism Ex : dans Le Cid de P. Coreilie, 8 la scene & de Facte |p. 281 Te monologue de Rodrigue permet de révéler le diemme du personage Ex: dans Discours sur fe bonheur &mile du Chatelet (p- 465}, 'auteure marque son engagement par emploi du ar les modalsateurs Ex.: suggere le bouleversement antith@ses —» tourments nés du sentiment amoureux + Tonaltéls)? + Types de phrases, structure, articulation? + Registe(s de langue? «Figures de style? ETAPE MM Dégager un projet de lecture et formuler une problématique —— + Ces repérages vont vous permettre de dégager les enjeux du texte : ses caractéristiques, ‘et son eriginalité par rapport aux autres textes du méme genre ou sur le méme theme. + Résumer.ces points dans une phrase de quelques lignes qul va constituer votre « projet de lecture ». Ex. : projet de lecture pour Phere de Racine, acte V scene 6 (> p. 280) Le récit de Théraméne détaille avec précision et Emotion la mort Hippobte. La terreur etl pilé susctées révelentelors la grandeur GpiquecttragiquedufisdeThésée == Pave treve eer sfagit de la question & laquelle votre comment »ou «en quol2, idées, trees ce lecture, qul serviront plus tard de parties Tape MM Analyser et interpréter — :tC J + Vous devez 4 présent justifier vos hypothéses de lecture, = peceeeetoer lecture par des analyses précises qui combinent : ls @ "identification du procedé employé ; i © Finterprétation des effets produits. [ez + Chaque hypothése peut étre étudiée a l'aide d'un tat nat By coe pein i in beau analyte. tout slr blayerle texte Bla recherche eéiimente (A Ex.: Idée 1 Un récit spectoculaire. et terifiont : ana (faite de langue, figures de styl, lexique.) Le fot tugissements(. 7), en mugissont v.18), wok (22), cle (28) joignage Indirect, souci dexhaustiv + Les remarques consignées dans le tableau d'analyse peuvent étre regroupées en pistes (A, B, C c-dessus) qul vous serviront 8 détallierte plan. ETapE MM Construire un plan de commentaire ————_——__ + Le développement c'un commentaire contlent deux ou trois grandes parties (ou axes) ul correspondent aux enjeux dégagés dans 'étape 3. + Av'intérieur de ces axes, organisez vos remarques en trois ou quatre sous-parties qui regroupent les analyses dégagées dans 'étape 4. Ex.:plan de commentaire pour Phere de Racine, acte V.scéne 6 (> p. 280) > Are Un tableau spectaculaire t teint A. La montée deta tension dramatique Une scene donnée avoir les analyses de Métape 3 | C, Uncombat qui suscie a terteur + progression logique des —— Ee I. Hippolyte, un héros 8 fa fos énique et tragique a rexceplionnel.. Rédiger l’introduction et la conclusion introduction et la conclusion sont respectivement placées au début et & la fin du comment Elles se préparent au broullion. INTRODUCTION ° Présenter le texte, annoncer la problématique et le plan Lintroduction doit répondre & quatre objectts: présentorles axes de lecture. Elle conditionne ta premiére Impression du correcteur, Vous devez donc la rédiger avec soin. le se compose de quatre étapes qui Viennent éclairer le texte étudié. Ex : introduction pour Phedre de Racine, acte V, scéne 6 (> p. 280) les régles de bienséonce, imposées par le thédtre classique au XVI" siecle, obligent & respecter te sensibiité du pubic ot interdsent tout exces de violence. Aussi la mort éHippolyte, pro- ‘yoquée per son pire Thésée a la fin de la tagédie Pheare de Racine, nestelle pes montrée mais cacontée par Théramne & lo Scéne 6 de Facte V Encore bouleversé parle combat dont ila 6 ]| @ Ln présentation du texte et de ss enjeur témoin, Théraméne narce a Thésée les détalls du trépas de son fs. Noi pours ers nus demande comment cect, 80 © La romaine vif et terion, contribue 8 foire d'Hippolye un héros épique et trax] —+ sous forme de question drecte ou indirecte ique. A travers un tableau spectacular et efrayant, le témoignage poignant de Théraméne exhausse le jeune prince au rang de figure tragiqus, @Lemorce présente le contexte (auteur, titre, date) + informations en lien avec le texte © Lannonce du plan (one | = xe 1) * Pour vous alder & formuler 'amorce, vous pouvez écrire au brouillon « Le texte étuaié est extralt de...» Puls compléter la phrase avec vos connaissances. Ensuite, t&chez de trouver une formulation plus souple. + Uilisez des connecteurs logiques pour souligner ia progression de Introduction. Ex. dons le modéle plus haut, on emploie « Aussi », « dés iors», « A travers », Vous pouvez également ‘employer « d‘abord » et « puis 2, notamment dans annonce du plea. * Dans la probiématique sous forme de question indirect n'y a pas d'inversion sujet-verbe ni de point d'nterrogation, CONCLUSION * Répondre a la problématique et élargir La conclusion doit répondre a deux objectifs: * formuler la réponse a la problématique, avec concision ; + Gargir la réflexion par une question d’ordre littéraire, sans généralisation excessive. Rédigezla en deux Stapes. "Ex. : conclusion pour Phédre de Racine, octe V, scéne 6 (> p. 280) @ La synthase du développement > réponse A la problématique ne comme une poignante oraison funébre, révélant T fi Det lesconvaiies Hes ou y / sae, FICHE | | Rédiger un paragraphe de commentaire Dens un commentaire, chaque partie ou ane contien deux ols pare ‘ensemble des paragraphes forme le développement. baabiaiatges CCalutcl rend compte du travel analyse ot se récge dvectement sur la cope, TAPE GB Annoncer le contenu de la partie + Commencer chaque partie (ou axe) en annongant son contenu dans une phrase entre, + Colle-l reprendra le tire Indlqué sur vetre pla. " x :ennonce pour un paragrophe de commentaire de Phisdre de Racine, octeV,scéne 6 0» p. 280) SUANHONGE REDIGEE ‘Axe |. Un tableau spectacular et teriiant La trade de Théraméne peint la mort du héros de maniere & {A La montée de Ta tension éramatique ‘rapper le public, Par les effets que le récit ménage, tient en 8. Une scene donngeavor haleine le spectateur invté 8 se représenter le terble combat CC. Un combat qui suscite la tereeur entre Hippolyie etlemonstre. ETAPE MAD Rédiger un paragraphe (ou sous-partie) « Chaque sous-partie ou pate) donne leu & un peregraphe rédig6. + Celutcldévetoppe ios aalycos du tableau et se compose de 'énoncs dea piste Suc, tne ustiteation pr analyse etune phrase de concuzion. Ex. : paragraphe de commentaire (I. 8) de Phedre de Racine, acte V, scéne 6 (> p. 280) ‘Témoin oculare du tiépas dHiopolye, Théraméne s'atache 8 fale 3 rere eee ar ee Te eee oa vu (v.33), quifaltécho & la généralisation «on a vu v.25), soulione ia foi qu'on peut accorder a son témolgnage en méme temps qu'elle inatste sur la dimension vsuelle, confimée parle substan < Image» (v.30. Les couleurs, & propos des « écalles aunissantes >.) ou du mors que ies cheveux < rougissent » v. 24), précisent le tableau ; le fracas du combat est également rendu sensible parles détaisauditis || @ ta justifeation par : = une citation, {els Tes < longs muglssements > (v7) ou la s voix» (¥ 22). Lessieu, ppersonnifié,«ctie etse rompts \, 28): le craquement est alors signi || — {ié par Falitération en (RI. Les mouverents eux-mémes sont comme rmimés parle vers : dans expression «sa croune se recourbe>(¥. 6), assonance en [u] souligne le mouvement de epi tandis que Tate: ration en [Rl rend compte de la volence a feauvre, De plus, empoi du présent permet de rencie la narration plus immediate et donne 8 Tauatteur Fimpression de vivre fa scene au moment méme ol elle se déroule, De la Sorte, par des procédés variés, Théraméne anime le) @ La phrase de conclusion récit du terrfant spectacle euquel le assisté. = rappele Venjeu de la sous-partic oa * Les citaions doivent éte correctomentinsérées: signalées par des guilemets ctintégrées dens la rédaction, + Structurez votre paragraphe par des connecteurslogiques,notarnment de cause (caren effet, puisque, etc) et de consequence (done, par conséquent,aussh, ainsi, etc) c vee .LA CONTRACTION ET L’ESSAI | 2.LA DISSERTATION 5.POUR ALLER PLUS LOIN | 4.L'ORAL eee EXEMPLE1 Sujet de commentaire Vous ferez le commentaire du texte dilbert Cohen ci-dessous en vous aidant du parcours de lecture suivant 1: Vous montrerez que ce texte est une confession douloureuse. 2, Vous montrerez que ce texte est aussi une réflexion sur l'amour filial. f mmm Albert Cohen évaque sa mare défunte dans ce texte autobiographique. 1 | Dans ma solitude, je me chante la berceuse duce, sidouce, que ma mére me chantait, ma mere | sur quila morta pose ses doigts de glace et je me dis, avee dans la gorge un sanglot see qui ne | veut pas sory je me dis que ses» cont plus chaudes et que jamais plus je ne les + porterai douces 4 mon front, Plus jamais je connattrai ses maladroits baisers & peine posés. Plus » | jamais, glas des endeuillés, chants des morts que nous avons aimes. Je ne la reverrai phisj ‘et jamais je ne pourrai eflacer mes indifferences ou mes coléres. de cee ‘absurde seéne que je fis. Et pourquoi? Parce que, inquiéte ce ne pas me voir rentrer, ne pow- Je fas méchant avec elle, une fois, et elle ne le méritait pas. Cruawté des fils. Cruaut vant jamais vendormir avant que son fils ft te ait téléphoné, A quatre heures du 1 | matin, 2'mes mondains inviteurs qui ne la valaient certs pas. Elle avait élephoné pour étre | rassurée, pour étre sire que rien de mal ne m’était arrivé. De retour chez moi, je luk avais fat | cette alficuse scene. Elle est tatougée dans mon corus, ceite scene. Je la revois, si humble, ma sainte, devant mes stupidles reproches, bouleversante d siconsciente de sa faute, de ce agu'elle etait persuade étre une faut. Si comvaincue de sa culpabilit 17 | faitde mal. Ellesanglotait, ma petite enfant. Oh, ses pleurs que je ne pourrai jamais n'ayoir pas, fait couler. Oh, ses petites mains désespérées oti des taches blewes étaient apparues. Cherie, tx vos, je tache de me racheter en avouant. Combien nous pouvons faire souffrir coux qui nous nent ct quel afficux pouvoir de mal nous avons sur eux. Et comme nouls faisons usage de ce pouvoir Et pourquoi cette indigne coltre ? Peut-tre parce que son accent tranger ct ses faites de francais en téléphonant & ces erétins culivés m'avaient géné. Je ne les entendrai pls jamais, ses fates de frangais et son accent étranger. Vengé de moi-méme, je me dis que Cest bien iit et est juste que je soulfre, moi qui a fait, cette anuiclA, soufitir une maladroite sainte, une vraie saintc, qui ne savait pas qu’elle était unc sainte, Fréres humains, fréres en mistre et en superficialté, ’est du propre, notre amour filial, Je me suis fich¢ cone elle parce qu'elle m'aimait trop, parce qu'elle wait le ccvur riche, 'émoi rapide ‘ec qu'elle craignait trop pour son fils. Je Yentends qui me rassure:Tu as raison, maman, je n'ai été # méchant qu'une fois avec toi et je ai demanclé un pardon que tu aecordas avec tant de joie. Ta sis, nestce pas, je Vai totalement aimée. Comme nous étions bien ensemble, quels bavards ‘complies et intarissables amis. Mais aurais pu Caimer plus encore et tous les jours vécrite et. ‘ous les jours te donnerce sentiment dimportance que seul je savas te donner et quite rendait i fire, toi humble et méconnue, ma géniale, Maman, ma petite fille cherie, Albert Cohen, Zc Litre de ma were © Editions Gallimard, 1954, REDACTION DU COMMENTAIRE Parents est un theme récurrent dans les récitsautoblographiques :en ee eee Cestie ces du réct Cienega ae th recent le de ouvrage. Le chapltre X part el rs, ‘0 Cohen s'est montré injuste et la défunte. Cohen sinscrit : ooete eet Diembiée, le nerratour se présente comme un homme en prote 8 Ia porte tebe ineucable, mats auss conve uli Soupebe SaIea Se aoe ‘ouleur causes par absence de sa mare, Le choix Je a personne teu resent de aed me et du presont de Mnclcate imerques du dscours, les groupes nominoux « Dans ma seltuce sf.) etcle conglot eos, ne veut pas sort» (. 2-3) confére au texte une tonatte éigieque’ at lwigue, te as semeleN redeventt enfant quila 6: Fempioi du verbe pronominal sJeme chente roa presen altecho ‘eu verbe « chantal » (8 Fimparat avec pour sujet «ma mere» monte le harateur come condarne ase répéter seul fa berceuse de on enfance. albert Chen exprime il ss nose sue ‘node Vie m trae cu gark Galle ws ee ec eae répéition de Facet « douce» enforce par rintensi« si» (1), pr le symbole defo chaleur {es mains qui désormats «no sont plus chavdes» (21 Cest pourquol la personmifeation ela ‘mort contenue dans expression « 2 posé ses dogts do glace» 2) endear cantaste Sastant oie efrayent avec ia igure maternele Le detcsse du naateu est Guta Ta palpsole st Temouvante exclamation « Oh, ses pees moins.» (1) résonne comme un verte senglol, De pus, le narateur a conscience que la cispartion de sa mére est une parte indictable ‘Cette \dée est taculte par ta mulipicaton des fourmures négatvos x plus jamatss, ears lus, qui ponctuent le eébut du texte de manitre anephorique. Elles sont sulves Ge verbes 2u ftur:« Plus jamais je ne connail ses moladrts alse » 4), «Jen les entencrel plus Jams, ses fautes de francs et son accent etranger >, 20-2 :celaconfere au texte un accont pathétique et ragiqve, Le narrateur commente daileusce« plus mais» en lal apposont deux métaphares (5): «las des endeuilé » et «chant des morts que nous avons simés >. Ces iétaphores, qui relevent la ois du champ lexical ce la musique et de celui du Geui sont ‘exorimes au passé composé. Or ce temps verbal, dans le cadre du ciscour, dvoquo un moment a james tévolu. La perte que le neroteur subi est done bien défntve Enfin, le chagrin 'accompagne de remords, que le nerateur exprime en rapportant une anecdote qu prend a forme dune confession. Le ffs avoue avoir Se « méchant avec ele, Une fois (7 acopte ain un vocabulaire enfantn, employant raectif< méchant » pour désigner Lune injustice commige & régard de fa mere, Cette idée dinjustce est renforcée parla remarque'} « ele ne le mésitalt pas» (7) Le narateur recon alors une scene «ttouge dans (son coeur» (12), done inoublabe, et présente son réct comme une tentative expaton:il« tiche de {se} racheter en avouant» (17), Sa delresse et sa cuipabité sont sensbles 8 travers les termes peéloratfs« Crueuté > (7), « absurde scene » (8), . 12) quil emploie pour {Quolifer son attitude. I rervoie ain! de lutméme fimage dun bourteau. Maks comment se ‘acheter, se purger du mal commis une fois tre aimé dsperu 2 Pr 'érture de ce ive comme un tombeau qui ofrait cette mére tat aime, De cette meniée, Cohen se monte original carsile theme du deul est courant dons le réct de So ly ajoute idee de feute ot de remords. Ainsi,cest la voix d'un narrateur en proie & une détresse polgnante et & la culpabilté que le lecteur entend dans ce passage. Mais |e texte est aussi foccasion de réflechir sur 'amour filial En effet, Albert Cohen présente un chant d'amour pour sa mére qui youve & une réflexion ‘sur famour Bilal en général, et sur le figure de la mere, icdaisée et tant aimee, Au travers de ‘Ge texte se dessinent deux portrats contrastés: & celui de la mere répond le portalt dun fils indigne, qu n'a plus que so plume pour tenter de répererce quilsalt néanmoins ere iréparable, Temarrateur consent & expler sa faute ; en témoignent a laigne 22 les expressions « Vengé de mokméme » et «c'est juste que e souffre >. Ilse dépeintrétrospectivement comme un fs ingrat TA ta douleur lite & Tndlquer tes murméres de lignes des citations |__ Associes toujours citation, procédé, interprétation 1B. La conscience tune parte indluctable 1.6. Vexpression dun remords Employer des ~ connecteurs logiques pour Reape een des idées forsquil analyse la cause de son « indigne colée » (19) cette introspection lamene &formuler, ‘de maniéxe modalisée per fadverbe « peut-étre », hypothese selon laquelle auralt eu honte de ‘sa mere, a cause de son « accent éttanger et de ses «feutes de francals »(.21).En teléphonant chez ses hotes, la mére aural révélé origine sociale du fils, qui considéralt sans doute comme ‘un motif de honte. Cette attitude traduit une sorte de complexe social dont 'adulte désormals ‘mir mesure toute la vanité. Le narratour dénonce la superficlalté de ces valeurs, & image de ‘ses anclens hétes qu'il déprécie dans la formule oxymorique « crétins cultvés » (20). Le lecteur ppergot alnsiFautoporrlt c'un fs immature et injuste, ‘Aussi le nerrateur généralise-'l son propos & une mise en garde destinge @ tous (ests. | 1 interpelfe Te lecteur par Temple a « (35:16) Insiste,& travers la confusion des temps, sur les remords éprouvés par le {is Méme sile pardon materel ul até accordé, il éprouve & quel point injustice commise est itréversible. Seule 'écriture de.ce texte lui permet racheter cette faute et peut étre de le soulager. empiol du conditionnel passé dans laffimation « faurais pu taimer plus encore et tous les jours ‘Yéctire » (| 29) traduit ul aussi Fimpossibilte de revenie sur le passé pour le modifier expérience ‘personnelle du narrateur se donne @ lire comme un avertissement : i appelie tous ses « freres ‘humains » & montrer leur amour 8 ceux qut les entourent, tant quill est encore temps. Cest en fait une ode a une mére sacralisée qui permet ce fils desemparé de conjurer . tumble » (| 12)et « Je entends quime rassure » (6 26), toutes deux au présent <'énonciation, font surgir sous nos yeux la figure de la mere. Rassurante et « bouleversante c'humiité » (13), cette femme qui ul voue un emour absolu est levée au rang de sainte parle fils bourrelé de remords. I! soullgne sa modestie, marque de la \véritable sainteté:« une vrale sainte, qui ne savait pas qu'elle était une salnte » (23) Cadesse } la mere au discours direct, par le bials d'apostrophes telles que « maman » . 26), « Chérie » (17), « ma géniaie, Meman, me petit file chérie » 0. 32), témoigne oun amour inconditionnk idéalisé. On remarque, par Femploi de ces termes, que les codes sont bouleversés les liens parents-enfants sont inversés, Cest en effet le fils qul paral protéger,rassurer, choyer celle qu’ rearette d'avoirnéaligée de son vivant. Une complicié amicale unissait pourtant ia mere etl fils, ‘bulsque ce dernier les dépeint en « intarissables amis >. 29) Cette amitié érodée avec le temps, disparue avec la mort, prend Tapparence d'un paradis perdu. Finelement, c'est image d'une relation fusionnelle qui emporte, car elle répond au besoin du narrateur de redire a sa mére, ddans ce livre de sa mere, el pour sa mere: « Tu le sais, r'est-ce pas, je t'altotalement aimée » (27-28), Tout en sacralisant sa mere, le narrateur établlt avec elle un dialogue feu, ainsi que le ‘montrent la présence du « tu sete commentaire «Tu as ralson >, 26), comme sie fils entendatt la voix de le détunte. Ans la mere semble-telle revivre, parla magle de I'écriture, Dans ce passage d'autant plus émouvant quil peut toucher la sensibilité de chaque lecteur, Albert Cohen exprime sa douleur et ses remords de maniére poignante, Seule récrture autobiographique lui permet de convoquer sa mere disparue, d'avouer ses fautes pour mieux les expier et de établir un dialogue fictf avec elle. On devine dans cette page la vertu libératrice {de Fécriture de ce livre. Cette fonction est aussi celle que Ion retrouve dans le brillant homage: ‘que Charles Juliet, dans Lombeaux 1995), rend « ses méres » : sa mére biologique, internée en hopital psychiatrique quand il n'avait que quelques mois, et sa mere adoptive, quia su lui donner. tout son amour. » EXEMPLE2 Sujet de commentaire yee ferez le commentaire de lextrait d'En attendant Godot de Samuel Beckett w= Av bord tune route de campagae, deus hommes, Vicinicat Ext 2, deux hommes, Viadimir. tragon, attendent Godot un homme quis ne connaisent pas at gl me vendre peut te pes Coral so situe au début de la piéce. ee oe ‘ Use boutonne) Pas dle lasseraller dans les petites choses. ~ Qu'est-ce que tu veux que je te dise, attends toujours le dernier moment. ‘Vapi (reusrmend). ~ Le dernier moment... (mite) C'est long, mais ce sera bon, Qui disait @ + | Estracon. ~Tu ne veux pas m'aider? ‘Veapitn, ~ Des fois je me dls que ca vient quand méme, Alors je me sens tout dre, (le sou | ehpeau, regard dedas,y romene sa mai, le sou, le remet) Comment dire? Soulagé ct en miéme temps... (W cere... épouvanté. (lve enplase) E-POU-VAN-TE: (01 Se @ moore son chapanm, | regard dedens) Ga alors (Uap dessus comin por en faire tonber quelque chose, regarded nouceadedans, | deremet) Bain... (Esteagon, au prix d'an supréneefort, parint dealer sa chawsure. Il egende dedans,y | brane a main, la redaure, a scoue,cherce er lerre sien spas lombé quelque chose, me roe Fen, passe ‘a main @ nowsea dens sa chssure, les yrs vagues) Alors? Rien, —IIn'y a tien a voir © Viapmna, ~ Essaie de la remetire, Estaacox («aul cxamité son pict}. — Je vais le Inisser respirer un pe. ‘Vianna. ~ Voila "homme tout entier, sen prenant a sa chaussure alors que C'est son pied le coupable. (Uf enfiee encore une fois sn chapeau, regende dens, pass la main, le seco, tape dessus, soul 19 | deans, e ret) Ga. devient inguiétant,(Sileace. Estragan ate son pied, ex fast jouer esos fn que Very crete mew.) Un ces larrons fut sauve, (Un damp) C'est un pourcentage honnéts. (Ui emp) Gogo... | Estatcon. ~ Quoi ? ‘Vianna, ~ Sion se repentait? ~De quoi? . (I chrehe) On rfaurait pas besoin Pentrer dans les détails. | Esrmacon. — Dratre né | Vladimir part da bn rie qu'il rp austen portant a main ax bis te sage cr £ Viapmar, ~ On nose méme plus rire. | Esrragon. Tu parles d'une privation, ‘Viaomm, ~ Seulement sourire. (Sin etiage se fend dans un sorte maximum guise fie, dure an bon ‘mament, pus subitement stein.) Ce n'est pas la méme chose. Samuel Becket, Banat Gat, act 1 © Las Eins de Minuit, 1952. ands ercifis en mene temps que Jésus, Jésus promit le paras Tun deux. = REDACTION DU COMMENTAIRE DEVELOPPEMENT: = PARTIE! ‘Les conventions ‘ddrales subverti A Dewe semblables & des clowns ‘Texte thédtral — cites et exploitex les didascalies tdencifer les tonaliés 1B. Un jeu soénique ‘grotesque et répétiit ‘Marquez la progression du paragraphe par des connecteurs lagiques 1. Une illasion, de dialogue Associez toujours citation, procédé, interprétation Vilon dit = annonce da 1 ‘DEVELOPPEMENT: PARTE Il ‘U.Une image de la condition humaine ILA, Le temps de lattente et de Vennui Bee al ate ieesen Sloverictes conventions théBslen. Ce obit acta st adtSutone pours sperateursll déemivre, en gue de heros, deux personnages clownesaues, Sr arec chalets scons repeitves ctvalnes, en guse de poroe, une tusion de dalogue, a is cnt we Tecpace sotcnue,cecaarbiern tGuux shoore Ceca oe nate or staeea rowenta un vers Gowesqua ie chapeau, 1a chonsre Undee pacannaiges eu etbiedun daub lcue «Gogo» (1221 De mame les ducati: tpaiouetr un jeu Sedrque qu relbve du grotesque << Estagon cote son pied » (20) Chagas Seomrage time maconquerentTauire effecusnt les mémes gestes dans le meme orare ee oiceres mpatce decors 7 wromane sa many fe secoves (L6), pule Pa areal netecitgte tl esecn Gediimy Proms oo rata [|e eccue s Ga) Caries les comiques de tépdiion et de gestesroppeliont les codes dele comécle mals cy eG ate abscissa; crane siofiesTon tes clowns sora des clowns icles: conrartaa Bara ater outs Ce ecco tt cs hs Protea cree que cu masa Beckett remet en cause le personne go trad nel De pls, le Jou scénigue, grotesque et repel tla vaculé de Fexistence. Alors Gue le teste repose Fadtionnelement sur une inigue au avonce au Wi des dalogues et des jeux sreniquee, Becket se conterte de ronrer une gestuele forement thebialse Les gestes 3 Se 2 Cee eens Es ACieeacUstel Oca ete say chopecs!>c «Vente encofe re (ots Sor chopecas (£67,219 lec dkiaxole, récies nciuert que les personages enchelnen! dec gestes SetboUisenet fecerder Gans son chapesu Par elloue chaque action SboW4N 8 Un ores evirlonguerentess0y6 ¢enlever se chauseue, «ov pr un supreme te ftrts (10) W ne este ren caute 8 fae pour Estragon que la remetue, comme le suogtre Viecimir « Essle de la remette» (16. Ara les personages sembient t's dons une action theftrale qu lon dlvoluer dans une Intgue, reste sane effet el sans signification, Enfn, es personnages enchainent des réplques sons réellement communiquer, dans une IMusion de elafogue: Vedi etEstragon ne'se 'Spondent pas: + Gul dlsal ca ?s,< Tu ne Veur Bas nfalder? > (3-5. Ces phrases interrogates se succedent, cares personnages Nessa Fas des ocbte. Au hu de ser des lens ere Esvagon et Vedic le laiguye ls Tervaie 6 inursoltude,Poutanl ce langage mest pas dépourvi de sen. Sila parte sine, Cest por son ‘onetonnement imperial e es lines, Becket ovs monte que les mots ne pavviennent pes A camer le monde: « Comment dre”, sexclame lode (7), résumant 'eneu de la pltce Les pirates inachevées les points de suspension temoignent dela ficult ce die: «Soule at en méme temps», «Enh», < En ben.» (7-8, 10,26). Beckett subvert ans le dalogue de thre les personnoges échovent 8 communlquer entre eux et Informer le public de leur Situation, pouriant ls persistent. dre, comme si cette quéte tonal leu deisience, ‘Ainsi, dans cet « antithédtre », les personages sont grotesques, le dialogue est difficile, faction dénuée de sens, Pourtent ces personnages s‘obstinent parler et & attendre, ce qui ppousse le spectateur & sinterroger, La scene comique prend elors une dimension plus sérieuse pparhumanité qu'elle représente, En effet, Viadimir et Estragon, seuls, confrontés au vide de I’existence, nous offrent une image ‘de la condition humaine & travers leur repport au temps et leurs méditations ; ils révélent alors Fabsurdité du monde. Tout @abord, le temps dans Ta piece est celul de lattente, La didascalie -< Un temps », répétée deux fois (|. 21-22), marque un temps flou, qui Grige la répétition en regle ‘et exprime l'ennui : « C’est long », « ¢a vient quand méme a (|. 3, 6). Le but de cette attente est vaguement désigné par le démonstratif « c’ », «ca >, Ce temps prend une valeur symbolique: -Cest celul de la vie humaine : «Le dernier moment... C'est long, mals ce sera bon » (|. 3). Icl, la |, pétinhrase « le dernier moment » désigne la fin de l'existence (ou peut-étre la fin du monde), a la | fois attendue et crainte, comme le montre fantthése entre « épouvanté » et esoulagé > (6-7). Beckett propose une vision de !a vie qui nest quiatt qusttente vaine d'une fin et ennui. La misére humaine vient du felt &tre vivant, les personnages expient une erreur unique : celle «tre né> (27). ark ce re resale ta So philosophes ou deux croyants sint nt » Les repli ‘Viadimir évoquent un «combats qui semble pe le edemier eaeiead pensées: « réveusement », «il médite » (3); Estragon a «les yeux vogues> (112). La posture des deux personages évoque une quete, dérisolre, de sens. Draleurs, certaines phrases, ‘qui ressemblent a des phrases toutes faites, ont une résonnence métephysique : « C'est long, mais ce sera bon » (3). « Voila "homme tout entier» (18). Mats Ia réflexion métephysique est ridiculisée par les gostes concomitants (courier dans son chapeau), comme i Ie quotiien, répéttf et dérisoir, teomphalt maigré tout. Face a cette scéne, le spectateur ne peut multiplication des négations dit lose méme plus rire » (29). «Ce n’est pas la méme chose » (. 32) «n'y 8 rien & voir» (15). «Rien » (|, 13), Mais « rien », au sens étymologique, c'est encore « quelque chose » ce «tien» ‘occupe les personages, c'est essence méme de leur existence. Beckett exprime une vision tragique de Thomme, conscient de labsurdité de sa vie. Il est ailleurs impossible de rire pour les personages. A deux reprises, le rire se change en rictus : « Vladimir part dun bon cre quil réprime » (I. 28), le sourre «se fige> (. 31), «s'8teint » (1.32), le visage devient « crspé » (1.28), Sur scene, comique et tragique se cétoient ; Viacimir et Estragon incarnent une humanké désceuvrée et misérable, consciente de la vaculté de existence, et qui essaie cen rire. ire que le constat de Tabsurcité dé Ainsi par la représentation de personages grotesques vous & des actions vaines et répéttives, Beckett nous invite & nous Interroger sur humanite qul est représentée. C'est un des paradoxes de cette scene : en dépouilant le langage de son sens, en rendant le dielogue et intrigue absurdes et dérisoires, Beckett faltjallirle sens. Le spectateur ne peut s'empécher de chercher tne signification et de percevolr dans ces deux personages une Vision tragique de "Vhumanité, O'ailleurs, lour persévérance est frappante. Les héros de Beckett sont dans un monde, jours, quasi enterrée et qui pourtant continue de rire, de parler et de vivre. WC. Labsurdité de Vexistence © synthise @ ouverture Indiquez clairement ce qui mative le rapprochement —— EXEMPLE3 Sujetde commentaire Vous ferez le commentaire du po&me de Guillaume Apollinaire ci-dessous. Les Colchiques' Le pr est vénéncux mais jolf en automne Tes vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur ce cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont conme cette fleurla Violdtres comme leur cerne et comme cet automne Ecma vie pour tes yeus lentement sempoisonne Les enfants de Méeoleviennent avec fracas | Veuus de hoquetonst et jouant de Pharmoni Tis cucllen es colchiques qui sont consme de Filles de leurs filles? ct sont couleur de tes pau © Qui battent comme ls fears battent a vent dément Le gardien du troupeau chante tout doncement | Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent 15 | Pour toujours ce grand pré mal fleuri par Yaucomne L Guillaume Apolinare, « Les Col iques », Atal, 1913. _ T fleurs voter cai toxiques, apparaissant en début d'automne, Leur nom vient de la Colchide, pays de la Kigendaire Médlé, magicienne et empotsonneuse amourewse du héros jason. 2. sores de tuniques. 3.allusion & une eroyance mdigvale. On pensait que les colchiques produisaient leurs graines (visibles # au printemps) avant leurs fleurs(visbles en automane) et on Jes surnomonait les fis avant le per ——= REDACTION DU COMMENTAIRE INTRODUCTION. Par en 113, e recuell cools de Gullaune Apolinareregroupe des pobmes composés © amorce || entre 1898 et 1912. Inséré dans le cycle des « Rhénanes », « Les Colchiques » évoque l'échec famoureux dApotinalre,repovseé per Annie Pleyden quia enconuée lors de son sélou en e =) Allemagne. Dans ce court poéme de 15 vers répartis en trois strophes de plus en plus bréves, a (ee ‘assocle les yeux dela ferme almée au colcique. Kent une femme & une fleur [ du texte |) est un topos ancien, de méme que le cadre du poéme (des champs oi paissent des troupecus) © problématique | - évoque le genre antique de la bucolique. On pourra das lors se demander comment l'auteur ion indirect + fenouvelle les themes lyriques tradtionnets pour exprimer son état dame, Aprés avoir monte inversion sujet-verte_{P'comment le décor champétre et la soison automnele entrent en résonance avec les sentiments "@ annonce du plan | Mmélencoliques, nous étudlerons la surprenante analogle entre Ja femme etle colchique. Le décor, posé dés le premier vers, renvole & un paysage d'automne ambivalent, @ la fols alsfe et range, Par un effet de miroir I révéle [es sentiments mélancolques du poste, spatiowempore, défi parle « pré » et (Se ee de temps «en > (1), 3 détachent peu 8 peu quelques personnages conventionnels : des vaches, jet des enfants quise livrent la cuellete des colchiques. Les précisions apportées penton de «Mhermenica» (8) fee ‘appar Mais la Iégreté hiatus entee © pre > Ensuite, les deux ad) ; etl quaterte uta epres leper conanesonan coset adversative « mais = (v. 1), soulignent rambivalence des lieux : le terme méliorat! le terme péjoratif « venéneux » constituent une antithese qui se rove oh eres SES sot imméclotement contredite par le premier vers, D'abord, les | {8 Une atmosphere Jol» et < en autornne »(v.7) perturbent Teuphonie ettendue. | Bésante retrouve en écho sonore dans |, Plusieurs procédés peuvent expression péjorative « mal leur » au P Pei fi dernier vers. Cet effet de boucle, ampiiié parla répetition 7} contribuer a un moma effet je < y paissant » (v. 2) bandonnent » (v, 14) ou « grand » {v, 15), ns premiere strophe, remplol généralisé du présent et le participe « y paissant > (v. 2) donnent Ala fn aun paragraphe en effet impression d'un temps suspendu, ce dernier est rompu par I ling. reppeler let enews, 1 ce dernier est rompu par Varrivée fracassante des Gcolers. Apres cette parenthise pleine de vie mals brutele, le retour dun rihme alongul et | SEPe@EREs de sonorités nasales dans le tercet final marque un essouffiement. confimmé parla réduetion | progressive des strophes de sept a trois vers. atmosphere bucolique d'sbord suagérée est 4 done empreinte de trstesse et effets de ssonanco, Gul fapptentTnsabine des sestneale ~ De plus. ce climat mortfére sinscrt dans le cadre de lautorne qui représente une saison sentimentale, propre & exprimer les tourments du podte. Saison associée a la mort de ls nature, Tautomne renvoie symboliquement a la fin de Ta passion, 8 'agonie des sentiments, C'est aussi la période de floraison du colchique, une plante vénéneuse dont la couleur < violétres » (6) suggere, en raison du sutfite péjoratif, une teinte déja effacée, 8 image de amour qu stole Diallleurs, celle 2 quite poete s'adresse par Tintermédiaire du déterminant possess «tes »|V. 5 et 7) semble absente, Elle n'est évoquée que par son regard dont le champ lexical est marqué parles termes < tes yeux (v.7), «leur cere » (6) ou encore « tes paupléres » (v1) Le dialogue, ‘que suggére 'empici de la 2° personne, est donc intérieur, prache du ton de la confidence et propice & Tépanchement de la métancolle. Le paysage automnal est non seulement le cadre, mais le reflet méme della tristesse du poste. ‘Alnsi le po&me définit un cadre pastoral peu & peu contaminé parune monotonie languissante, a Timage du pré menacé par la prolifération des colchiques, Apolinaire retrouve alors le motif ancien de la femme-fleur, rendu célabre au XVI siécle par Ronsard dans son ode « Mignone, allons voir si la rose >. Mals le poete a'Alcools détoume ce topos et révele le danger que le ccharme d'une telle analogle peut receler. Dans ce poéme, Apolinaire assimile la femme almée au colchique, une fleur évoquant de rombreuses légendes etassoclee au poison, dontle poBte emoureukse' le choix du colchique semble motivé par plusieurs raisons. U'une celles est mythologique : la ‘eur te son nom Ge fa Coichide, patrie de Médée, magicienne rompue & l'art du poison et mere infanticide. Le colchique se retrouve donc associé & une figure féminine amblvalente,&la fois emoureuse et sorclére, qui peut employer ses polsons 8 sauver son amant comme 8 tue’ Y ‘compris ses propres enfents. Pr alleurs, bien que «colchique »solt un nom masculin, Apoinale ‘en fait un étre féminin et insste sur son étrange fécondité aux vers 10-1: lenjembement met ‘en relief les termes « meres Filles de leurs filles», donnant impression dun cycle sans fin.olt ‘homme n’a pas sa place, Enfn,f couleur de fa leur motive [a comparaison avec es yeUx de a ‘emme, fide dans Fensemble des vers. Cette teinte vclette, cicle 3 obtenk de fagon article, futlongtempste priviége de a royauté et remplacatle noir en signe de deul avant détre portée en signe de deuil atténué, Symbole de tistesse et de mélancoll, la couleur, associée ici aux yeux de la femme, lu confere une dimension mystérieuse et accentue le pouvoir meléfique, vore mortifére de son regard. Synecdogue de latte almé, es « yeux > envottent le poéte a la mani des colchiques qui ‘empoisonnent les vaches. Ce rapprochement. annioncé par la métaphore « couleur de ceme > Wa) estemplcité parune série de comparaisons, nitiée au vers 5: ? Vambiguité syntaxique ciée alors un nouveau rapprochement. Le danger se précise encore avec la. comparaison du vers 12 ol les paupiéres « battent comme les fleurs battent au vent dément > : Jes sonortés dures, la répéiion du verbe « battre » et le personnifeation ‘vent dément > suggérent violence et lassent deviner les afftes de la passion, Mais e poison prolifére au point de contaminer le poéme luiméme. En effet, a rime isolée du vers 2 in > recomposer un alexandrin, qu'on devine scindé en deux: « Les vaches y paissant/ Lentement Sempolsonne » (23). Le forme canonique du sonnet se dessine alors, mais & image des sentiments suggérés la structure melvique est comme désariculée. Tout semble se désagréger, s‘empoisonner au contact dune femme-fleur maléfique. Enfin, sila femme est le colchique et son poison amour, fe systéme analogique mis en place Invite & associer le pobte aux vaches : empolsonné comme elles, victime du pouvoir attraction de la fémmevfeur, iL partage leur passité. Le poome narre leur errance commune, qui se Saeed Teivemertees ves 5 8 sylaes 10.1. 12,18 comme s faloxenenin traditionnel, c'abord employé de maniére régulére, s'ellongeait pour mieux accompagner le départ du toupeau. Le gardien qui apparait & la fin joue alors un r6le salvateur : en chantant, Ii parvient & éloigner les vaches, La poésie revét des lors la méme fonction et délivee des tourments de la passion. On pense dallleurs & Orphée, po&te mythique, compagnon de Jason comme Médée et qui velngut par ses chents les snes, autres figures de femmes feteles. Mals lavvictoire est relative :adjeci « grand > qulqualife le pré 15) insiste sur le vide final, dans une image de mutilation et de perte qui redouble e motif de la sépareton et de abandon, Pour un texte versifié, commentez [a métrique et les schéraas de rimes UC. La place du pote Onn Apoliinaire exprime la blessure des sentiments. Fascinante et insaisissable, la femme, & le maniére du colchique, paralyse par son regard et tend a enfermer le poate dans une passion délétére. Ce pouvoir hypnotique de la femme se retrouve dans plusieurs poemes du recuell ‘alcools : dans « La Loreley > par exemple, Apoliinaire sinspire d'une Iégende germanique qui reconte comment la belle sorciére feit pérr les hommes qui crolsent son regard. [ Ansi, en brisant les codes poétiques traditionnellement consacrés 8 révocation de l'amour, @ ouverture Indiquez clairement ce qui motive le rapprochement ondent

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