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Support de cours :
Elaboré par :
Pr Ag Henda Mustapha
Figure 5 : Aspect des spermatozoïdes sur frottis après coloration à l‘éosine nigrosine
Tableau I : Les valeurs seuil de référence des paramètres spermatiques selon les
normes de l’OMS 2010 et 2021.
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Les étiologies de l’infertilité masculine sont nombreuses et peuvent être classées en :
■ Causes pré-testiculaires : les troubles endocriniens, les troubles du coït…
■ Causes testiculaires : les anomalies congénitales (tel que la cryptorchidie), les
anomalies génétiques (tel que le syndrome de Klinefilter), varicocèle, l’exposition à des
substances reprotoxiques…
■ Causes post-testiculaires : obstructives (présence d’obstacles au niveau des voies
génitales masculines), immunologiques (anticorps anti-spermatozoïdes), infectieuses.
2. Exploration clinique
2.1. Interrogatoire
Histoire reproductive
- L’âge de des deux partenaires, la durée et le type de l'infertilité
- La fertilité antérieure du couple et des deux partenaires
- L'histoire sexuelle incluant : les troubles sexuels, la fréquence des coïts et leur
calendrier, les infections sexuellement transmises.
Antécédents personnels
- Les pathologies de l'enfance et l'histoire du développement pubertaire (cryptorchidie,
troubles de la différenciation sexuelle).
- Les pathologies de système (diabète, obésité), cancers, maladies génétiques
(chromosomiques, mucoviscidose…), affections neurologiques, respiratoires et ORL.
- Les antécédents chirurgicaux notamment inguino-scrotales (cryptorchidie, hernie
inguinale).
- Notion de torsion du cordon spermatique ou traumatisme (bassin, organes génitaux
externes, périnée).
- Infections urogénitales (orchi-épididymites dans un contexte d'IST, orchite ourlienne,
urétrite, prostatite, infections urinaires, tuberculose génitale).
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Habitudes de vie
- Tabagisme, alcool, cannabis, stupéfiants, consommation de stéroïdes anabolisants.
- Exposition à des facteurs délétères pour la spermatogenèse (chaleur, perturbateurs
endocriniens).
Antécédents familiaux
- Notion d'infertilité/ hypofertilité dans la famille (avec enquête familiale et constitution
de l'arbre généalogique).
- Pathologies de la sphère génito-urinaire (cryptorchidie, cancer du testicule).
- Recherche de pathologies génétiques familiales (mucoviscidose, malformations
infantiles et handicaps, mortalité périnatale).
- Notion de consanguinité (chez les parents du patient ou dans le couple).
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la palpation des testicules : mensuration, estimation de la consistance et
recherche systématique d'un nodule testiculaire,
la présence et la consistance des déférents et épididymes (recherche des
signes obstructifs de la voie génitale).
la recherche d'une varicocèle clinique réalisée en position debout et en
manoeuvre de Valsalva.
* Un toucher rectal (prostate, vésicules séminales) : recommandé en cas
d'antécédent infectieux, d'hypospermie, d'anomalie du plasma séminal, de suspicion
de déficit androgénique, ou si l'âge du patient justifie la recherche d'un cancer de la
prostate.
3. Spermogramme - spermocytogramme
Le spermogramme – spermocytogramme est le bilan de première intention à
demander systématiquement lors de l'exploration du couple infertile. C'est l’examen
clé de l'évaluation de la fertilité masculine. On estime qu'environ 10 à 15% des
hommes présentent des anomalies spermatiques.
L'examen de sperme est le reflet de :
la spermatogenèse testiculaire
la maturation et le stockage épididymaires
les fonctions des glandes annexes : Prostate et Vésicules Séminales
la perméabilité des 2 voies séminales
le désir, plaisir, érection, éjaculation
3.1. Prélèvement
3.1.1. Conditions de recueil
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3.1.2. Modalité du prélèvement
3.2.2. Aspect
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3.2.3. Viscosité
3.2.4. Volume
Le volume de l’éjaculat est mesuré à l'aide d'une pipette calibrée (de 5 ou 10 ml) ou
d'un tube gradué. L'estimation du volume par pesée est également possible surtout
pour les échantillons très visqueux en utilisant des réceptacles de prélèvement pré-
pesés (en considérant que la densité du sperme est égale à 1).
3.2.5. pH
Le pH doit être mesuré impérativement dans l'heure qui suit le prélèvement, à l'aide
d'un papier pH calibré de 6,1-10 ou d'un pH-mètre.
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3.3.2. Evaluation de l’agglutination ou l’agrégation
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Figure 4 : Trajectoire des spermatozoïdes dans un champ microscopique après un
intervalle de temps ∆t.
La vitalité des spermatozoïdes peut être évaluée par 2 tests : le Test à l'éosine
Négrosine ou le Test Hypo-osmotique.
Test à l'éosine nigrosine
Il est basé sur l'exclusion d'un colorant vital par les spermatozoïdes vivants qui sont
caractérisés par l’intégrité de leur membrane cytoplasmique, et qui seront donc non
colorés. Au contraire, le colorant pénètre les spermatozoïdes morts ou moribonds dont
les têtes seront donc colorés en rose (Figure 5).
Figure 5 : Aspect des spermatozoïdes sur frottis après coloration à l‘éosine nigrosine
(A) Spermatozoïde non coloré = compté vivant ; (B) spermatozoïde coloré en rose au niveau de la tête
= spermatozoïde mort ; (C) spermatozoïde faiblement ou partiellement coloré en rose = spermatozoïde
mort
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Test Hypo-osmotique ou HOS test
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3.3.6. Mesure de la concentration des cellules rondes
Les cellules rondes sont les cellules épithéliales du tractus génital, les cellules
germinales immatures et les leucocytes.
Le comptage se fait au même temps que celui des spermatozoïdes, avec le même
principe de comptage et de calcul. La concentration est exprimée en 10 6/mL.
Le typage de ces cellules se fait sur un frottis coloré. La numération des leucocytes se
fait grâce à la révélation de la peroxydase des polynucléaires neutrophiles (PNN) par
la réaction à la benzidine-cyanosine, ce qui confère une coloration brune aux
leucocytes (Figure 8).
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L'examen se fait à fort grossissement x 100 à immersion et le pourcentage est calculé
sur au moins 200 spermatozoïdes.
La normalité morphologique des spermatozoïdes doit être évaluée par une méthode
de classification basée sur des critères stricts.
C’est la plus utilisée en France et en Tunisie. La valeur limite de référence est non
établie par l’OMS 2010 et 2021 (≥ 30% OMS 1999)
Il s'agit d'une évaluation multi-paramétrique prenant en considération toutes les
anomalies observées pour un même spermatozoïde. On distingue 15 anomalies
morphologiques (Figure 10) sous forme de grille à entrées multiples :
- 7 anomalies de la tête
- 3 anomalies de la pièce intermédiaire
- 5 anomalies de la pièce principale ou flagelle
Un Index d'anomalies multiples ou IAM peut être calculé. C’est in indicateur du nombre
moyen d’anomalies associées par spermatozoïde anormal.
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(A) Anomalies de la tête
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3.4. Résultats et interprétation
L’interprétation des paramètres spermatiques se base sur les valeurs de référence
disponibles dans le manuel de l’OMS pour l'examen du sperme humain dont la version
la plus récente est celle de 2021 (Tableau 1). Toutefois, il faut accorder une certaine
relativité aux seuils proposés et interpréter de façon globale l'ensemble des
caractéristiques du sperme (Nbr total des spz mobiles et normaux) en soulignant les
défauts fonctionnels (vitalité, acrosome, mobilité,...).
Tableau I : Les valeurs seuil de référence des paramètres spermatiques selon les
normes de l’OMS 2010 et 2021.
Paramètres OMS 2010 OMS 2021
spermatiques
pH ≥ 7,2 ≥ 7,2
Mobilité totale ≥ 40 % ≥ 42 %
Mobilité progressive ≥ 32 % ≥ 30 %
Vitalité ≥ 58 % ≥ 54 %
Les différentes anomalies spermatiques sont définies dans le tableau 2 ci- dessous :
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Cryptozoospermie Absence de spermatozoïdes à l’examen direct et présence
de quelques spermatozoïdes dans le culot après
centrifugation (à 3000 g pendant 15 min) examiné à fort
grossissement (concentration spermatique < 100 000
spz/ml)
Oligozoospermie Diminution du nombre des spermatozoïdes < 39 millions/
éjaculat.
Asthénozoospermie Diminution de la mobilité progressive < 32% ou totale < 40%.
Primaire : si diminution de la mobilité initiale évaluée à la 1ère
heure.
Secondaire : si diminution de la mobilité à la 4ème heure de
plus de 50% par rapport à la mobilité initiale.
Akinétozoospermie Absence totale de spermatozoïdes mobiles (100%
immobiles)
Nécrozoopermie Diminution du pourcentage des spermatozoïdes vivants <
58%
Tératozoospermie* Diminution du % de spermatozoïdes morphologiquement
typiques < 4% selon la classification stricte de L’OMS 2010.
Leucospermie Augmentation de la concentration de leucocytes ≥ 1
million/mL
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Attention : Devant toute altération des paramètres du sperme, il faut vérifier le délai
d'abstinence sexuelle et les conditions de recueil pouvant affecter certains paramètres
spermatiques ; et il faut impérativement contrôler sur un deuxième spermogramme
après 3 mois d’intervalle pour confirmer les anomalies détectées au premier examen
à cause de la modulation environnementale et de la grande variabilité intra-
individuelle. En effet, il ne faut jamais poser le diagnostic d’infertilité masculine sur les
résultats d’un seul spermogramme mais plutôt sur des spermogrammes.
4. Examens complémentaires
En cas d’anomalie détectée au cours de l’évaluation initiale de l’homme infertile
(interrogatoire, examen clinique, spermogramme) on doit réaliser un bilan
complémentaire qui sera fonction du tableau du patient.
Echographie endorectale : elle est indiquée chez les patients azoospermes chez
lesquels on suspecte une cause obstructive.
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spermogramme anormal, principalement une altération majeure de la numération
des spermatozoïdes (azoospermie ou oligospermie sévère) et/ou une
hypospermie.
troubles sexuels (baisse de la libido, dysfonction érectile).
Il existe deux grands types d’azoospermie selon les résultats du dosage de la FSH :
Azoospermie obstructive : normo-gonadotrope (FSH normale) due à une
obstruction des 2 voies séminales (origine post-testiculaire).
Azoospermie non obstructive : sans obstruction des voies séminales. Elle peut
être soit :
- Hyper-gonadotrope (FSH élevée) : insuffisance testiculaire primaire ou
périphérique (origine testiculaire)
- Hypogonadotrope (FSH diminuée) insuffisance testiculaire secondaire ou
centrale (origine pré-testiculaire)
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4.3. Autres examens spermiologiques
4.3.1. Spermoculture
Elle est indiquée devant une symptomatologie évocatrice d'infection génitale
masculine, en cas d'antécédents infectieux génito-urinaires et devant certaines
anomalies du spermogramme (leucospermie, nécrospermie, asthénospermie, % élevé
de flagelles enroulés). Elle est également demandée avant toute tentative d’assistance
médicale à la procréation (AMP).
Recherche des ACAS dans les liquides biologiques (sang, liquide séminal) en
utilisant le test indirect aux immunobilles.
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une absence d'éjaculation (aspermie) avec orgasme ou une hypospermie surtout
lorsqu’il y a des antécédents évocateurs (neuropathie diabétique, chirurgie du col
vésical…). Le diagnostic est simple. Il suffit d’analyser les urines recueillis après une
masturbation à la recherche des spermatozoïdes dans le culot de centrifugation
(surtout de la première fraction des urines).
4.4.1. Caryotype
Les anomalies chromosomiques (de nombre ou de structure) sont présentes chez
environ 7 % des hommes infertiles. La fréquence des anomalies du caryotype est
inversement proportionnelle au nombre de spermatozoïdes.
Les anomalies des chromosomes sexuels (dont le plus fréquent le syndrome de
Klinefelter XXY) représentent environ deux tiers des anomalies chromosomiques
observées chez l'homme infertile (en particulier en cas d'azoospermie). L'étude du
caryotype doit être proposée aux hommes qui ont :
une azoospermie non obstructive ;
une oligospermie inférieure à 10 millions de spermatozoïdes/ml
en cas d'histoire familiale d'avortement à répétition, de malformations, de retards
mentaux, un caryotype devrait être réalisé quelle que soit la concentration de
spermatozoïdes, voire en cas d'infertilité inexpliquée.
5.1. Principe
Le TMS est basé sur une séparation des spermatozoïdes à partir du liquide séminal,
accompagnée d'une sélection d'une sous population constituée en majorité de
spermatozoïdes matures, mobiles, capacités et de morphologie normale, sans
toutefois entrainer des altérations de la membrane spermatique, avec élimination des
spermatozoïdes morts, des cellules rondes, des bactéries et des débris cellulaires.
5.2. Technique
Différentes techniques peuvent être utilisées pour la préparation du sperme :
Lavage-centrifugation
Cette technique est indiquée dans les oligo-asthénozoospermies très sévères. Elle
permet seulement d'éliminer le plasma séminal et consiste à diluer le sperme dans
un milieu adéquat et de le centrifuger pendant 10 minutes à 300 ou 400g.
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5.3. Résultats et interprétation
A la fin du traitement, le nombre total de spermatozoïdes mobiles (NTSM) en trajets
directs (TD) disponibles dans la totalité de l’éjaculat sera calculé.
Le nombre, la mobilité et la morphologie des spermatozoïdes récupérés et leur survie
sont des éléments importants pour le choix de la technique d'AMP à indiquer pour le
couple : insémination intra-utérine (IIU), FIV (fécondation in vitro) classique ou ICSI.
Conclusion
L’infertilité masculine contribue par 50% des cas d’infertilité. L’exploration de l’homme
infertile nécessite une stratégie complète et structurée en commençant par les
examens de première intention.
Le spermogramme reste à l’heure actuelle l’élément clé dans l’évaluation de la fertilité
masculine. Il doit être interprété avec prudence et une certaine relativité.
Du résultat de l’analyse spermiologique dépend le choix de la technique d’AMP à
utiliser pour le couple infertile, quel que soit l’origine de l’infertilité.
Messages pédagogiques
1- Le spermogramme est l’examen clé de première intention à demander lors de
l'exploration de l’infertilité masculine après l’interrogatoire et l’examen clinique.
2- WHO laboratory manual for the examination and processing of human semen. Fifth
edition. WHO 2010.
3- WHO laboratory manual for the examination and processing of human semen. Sixth
edition. WHO 2021.
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