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Sens d'origine.
• action ou faculté de juger
• action de choisir, choix, élection
• action de séparer, d'où dissentiment, contestation;
• action de décider d'où décision, jugement; ce qui décide de quelque
chose (issue, dénouement, résultat)
• phase décisive d'une maladie.
en latin :
1. acception médicale > "crise de foie, crise cardiaque...": état soudain,
intense qui n'est pas censé s'inscrire dans la durée. phase grave d'une
maladie
2. peut plus généralement renvoyer à une période critique, un moment
décisif.
au XVIIème siècle:
Avec le temps, le mot évolue (dictionnaire universel Furetière, XVIIème siècle)
propose trois entrées pour ce mot :
1. jugement qu'un médecin fait d'une maladie par quelque symptôme qui
arrive au plus fort du mal; la crise est un soudain changement de la
maladie, qui se tourne à la santé ou à la mort.
2. se dit aussi d'un accident causé par la nature
3. se dit figurément en choses morales. "Cette intrigue est dans sa crise,
nous en verrons bientôt le dénouement..."
synthèse : on peut en déduire que le terme crise est à lier aux notions plus
générales de rupture, de soudaineté, de brièveté, de trouble, de conflit.
(Souvent les synonymes proposés en relation avec ces termes sont : attaque,
accès, poussée.)
Dès le prologue, Louis laisse percevoir un trouble que le public peut identifier,
lié à l'approche imminente et inéluctable de sa propre mort.
-Il revient sur le bouleversement qui s'est fait en lui, qui a introduit une rupture
dans sa vie et l'a poussé à changer radicalement de comportement: Ne plus
oser bouger, d'abord .
- visiter le monde entier, jouer un rôle ensuite, se résigner , enfin (I, 10)
-La crise le pousse à prendre une décision ("je décidai de retourner les voir,"
prologue)
(sens étymologique grec de "décider, prendre une décision") : annoncer sa
mort prochaine à sa famille.
Son retour à la maison va être source d'une autre crise, familiale, celle-ci. Il
faudra envisager la crise personnelle comme la cause de la crise familiale
(conséquence)
Louis se définit d'abord par sa place dans le réseau des relations familiales : il
est un frère et un fils. Son retour inattendu dans sa famille va révéler la
complexité de chacun de ses liens.
(question 3 : quelles sont les relations entre frères et soeur : Louis/ Suzanne;
Louis/ Antoine? )
• Elle lui reproche non pas d'être parti, mais de n'avoir envoyé que des
cartes postales "elliptiques"(I,3), donc de ne pas avoir donné les signes
d'un amour réciproque. Lors du départ de Louis dans la deuxième partie,
elle tente par tous les moyens de le faire rester. Elle chercher à
reconstituer une sorte de famille idéalisée, enfin réunie et harmonieuse,
ce que démentiront les scènes de dispute (scène 9) de la première partie
où le repas dominical, symbole de la famille traditionnelle, tourne au
pugilat.
• Suzanne incarne alors l'enfant qui n'a jamais grandi; contrairement à
Louis qui est parti, elle est restée dans la maison familiale, dans sa
propre chambre, et a fait de la chambre de Louis un débarras, pièce
dévolue à conserver les objets du pasé auxquels personne ne touche.
• La crise familiale pour Suzanne est l'impossibilité de retrouver cette
famille idéale appartenant à un passé révolu, dont elle refuse de voir qu'il
n'a en fait jamais existé.
2. Antoine/ Louis, les frères ennemis.( relisez les scènes concernant les
deux personnages)
Le topos des frères ennemis est un thème de la tragédie antique, motif
biblique également, littéraire, récurrent.
• A l'amour inconditionnel de Suzanne semble s'opposer la jalousie
d'Antoine, source de son amertume qui se manifeste dès le début de la
pièce.
• Catherine cherche à expliquer cette attitude par le sentiment d'infériorité
sociale dont souffrirait Antoine, alors que Louis exerce une profession
intellectuelle et évolue dans des milieux cultivés, incarne un certain
raffinement. Antoine, lui, construit "des outils" , effectue "de toutes
petites opérations".
• Antoine et Louis sont deux figures antithétiques bien qu'ils soient frères
et sensiblement d'un âge proche. Louis est cependant l'aîné : lorsque
dans le prologue, il annonce son retour, on pense au motif du retour du
fils prodigue qui sucitera forcément la jalousie ou provoquera le trouble
au sein de la famille.
• Antoine, dans son soliloque final fournit des clés de lecture plus
profondes, qui remontent à un sentiment de constamment devoir se
sacrifier pour combler le désir d'amour insatiable de son frère.
• Par petites touches, il reconstitue un récit d'enfance pathétique,
suggérant aussi que sa jalousie provient aussi de la beauté de Louis, par
opposition à sa propre laideur :
"Ce que je veux dire,
tu ne manquais de rien et tu ne subissais rien
de ce qu'on appelle le malheur.
Même l'injustice de la laideur ou de la disgrâce et
les humiliations qu'elles apportent
Tu ne les as pas connues et tu en fus protégé"
• Antoine a quitté la maison, fondé sa propre famille, mais reste comme
suzanne, prisonnier des traumatismes de l'enfance.
• La crise familiale d'Antoine relève d'un sentiment permanent d'une
injustice irréparable.
Il n'y a pas une, mais deux mères dans Juste la fin du Monde, dont l'une montre
des correspondances avec l'autre.
1. Catherine constitue, sur le plan dramaturgique un double de la Mère :
elle tente elle aussi d'expliquer les choses, de faire communiquer les
personnages entre eux comme dans la scène 6, I. Elle se réfugie souvent
dans des clichés, des formules toutes faites, et semble comme vouloir
s'effacer, rester absente de la pièce, par peur qu'une crise n'éclate par sa
faute. Elle mesure chaque mot, chaque propos qu'elle reprend, corrige,
par peur de se tromper.
• Elle est mère de deux enfants dont un garçon prénommé Louis. ainsi, en
arrière-plan de la pièce se dessine le fantôme d'une famille parfaite, telle
qu'Antoine s'imagine que les autres se la représentent : celle dans
laquelle il y aurait un garçon de moins, où lui-même, Antoine, n'existerait
pas, laissant Louis recevoir tout l'amour des autres.
A- L'impossible appartenance.
-de plus, le troisième Louis, fils d'Antoine est Catherine n'est pas le fils de
Louis. La filiation par ce prénom ne se transmet donc pas de père en fils
puisque comme le rappelle Catherine à Louis : "vous n'aurez pas de fils" . (en
1990, cela peut-être une allusion à l'homosexualité du personnage; les familles
homoparentales sont encore rares et Catherine ne l'envisage pas ) Ainsi la
filiation est aussi bien brisée en amont qu'en aval.