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Explication de texte n°2 : extrait de l’acte II scène 8

du Malade imaginaire de Molière (1673)


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INTRODUCTION

- Présentation en entonnoir :
> Contexte : Le XVIIe siècle est une époque marquée par le mouvement littéraire du classicisme, apparu en
réponse au baroque et intimement lié au règne fastueux de Louis XIV. Monarque absolu, ce dernier met l’art au
service de la politique. Il est au centre des attentions, organise des fêtes qui célèbrent son pouvoir et règne sur une
société hiérarchisée et patriarcale dans laquelle le monarque tient son pouvoir de Dieu et où les hommes, chefs
de famille notamment, exercent leur autorité.
> Auteur : Molière, dramaturge célèbre, connaît bien les enjeux de la société de son époque mais n’hésite pas
à la tourner en dérision dans ses comédies. En effet, il a bien compris d’une part l’importance d’être dans les
faveurs des puissants de l’époque : il a ainsi pour mécènes Philippe d’Orléans, Monsieur, frère du roi, puis
Louis XIV en personne. Il va créer pour ce dernier, avec l’aide de son ami Lully, le sous-genre de la comédie-
ballet.
> Œuvre (date, sous-genre et résumé) : Le Malade imaginaire est la dernière comédie-ballet de Molière. Créée
en 1673, la pièce repose sur une intrigue simple : Argan, patriarche bourgeois et hypocondriaque, veut marier
sa fille Angélique à un jeune médecin afin d’avoir un professionnel à son service et à moindres frais. Mais ce
projet n’est ni du goût d’Angélique, amoureuse de Cléante, ni de la servante Toinette qui va défendre ses
intérêts. Au cours de la pièce, le jeune médecin Thomas Diafoirus, promis à Angélique, va être ridiculisé tandis
qu’Argan va être confondu aussi bien par les deux jeunes amants que par sa servante et son frère ; que ce
soit lors d’une leçon de musique ou de la scène d’intronisation farcesque finale. A la fin, le malade imaginaire est
témoin des manigances de sa femme Béline et du dévouement de sa fille. Il autorise alors le mariage des deux
amants en se laissant persuader qu’il ne lui reste plus qu’à devenir médecin. La pièce constitue en ce sens une
belle illustration du topos baroque du teatrum mundi en même temps qu’une satire féroce à plusieurs titres :
Molière se moque aussi bien des médecins charlatans et des patients naïfs qui croient en leurs compétences, que de
la société patriarcale de l’époque.

- Situer le passage : Le passage que nous allons expliquer est extrait de l’acte II scène 8.

- Lecture expressive du passage : Nous allons procéder à la lecture du passage. Conseils de lecture :
> Lire une seule fois le nom de chaque personnage qui prend la parole.
> Ne pas oublier de lire les didascalies externes en adoptant un ton neutre.
> Mettre en évidence le rythme rapide et entraînant de la scène (cf. stichomythies), sa dimension comique (cf.
jeu exagéré des deux personnages == > métathéâtre) ainsi que les émotions ou états de chaque personnage (ton
naïf puis supplicatoire de Louison, ton autoritaire et paternaliste puis éploré d’Argan).

- Résumer le passage : dans la scène précédente, Argan a appris de sa femme Béline qu’elle a vu un homme
sortir de la chambre d’Angélique. Elle précise au chef de famille que sa fille cadette, Louison, a été témoin de
la scène. Argan compte donc bien dans cet extrait interroger Louison et lui faire avouer ce qu’elle a vu afin de
pouvoir confondre Angélique et son amant. Autoritaire, il la questionne mais celle-ci joue d’abord
l’innocente. Argan perd alors patience et menace de la fouetter. Louison joue alors un second rôle, celui de la
fille craintive. Pour ne pas avouer, attendrir et faire peur à son tour à son père, elle va jusqu’à jouer la morte.
Argan, pour la confondre à son tour, joue alors le père éploré. L’extrait se termine par la comédie du petit
doigt jouée par Argan. Louison est alors sur le point d’avouer.

- Projet de lecture : nous allons montrer dans quelle mesure cette scène d’interrogatoire est résolument
comique et métathéâtrale.

- Mouvements : pour cela, nous nous appuierons sur les trois mouvements qui structurent le passage : le premier
qui va du début du passage à « Assurément. » ; le 2ème qui va de « Oh çà ! je m’en vais vous faire voir quelque
chose, moi. » à « Allons, allons. » ; enfin le 3ème qui va de « Louison. – Ah ! mon papa, vous m’avez blessée. » à
la fin du passage).

DEVELOPPEMENT

I. La scène prend tout d’abord la forme d’un interrogatoire truqué donc comique (du début du passage à
« Assurément »).

1 – Les répliques du père Argan et de sa fille cadette, Louison, le montrent. Procédés et citations : en effet,
leurs répliques sont courtes (stichomythies). Effet : et renforcent la vivacité de l’échange. Argan assaille sa
fille de questions. Nous avons donc un jeu de questions-réponses comique car si Argan est déterminé à faire
avouer sa fille, cette dernière fait tout d’abord mine de ne pas comprendre : « Qu’est-ce que vous voulez mon
papa ? », « Quoi mon papa ? », « Quoi ? ». Le début de la scène est donc fondé sur un comique aussi bien de
situation que de répétition. Effet : Il renforce la tension dramatique (Louison va-t-elle avouer ? Jusqu’où va
aller la détermination et le jeu d’Argan) et le comique, bien sûr, de la scène.

2 – Si Louison ment avec aplomb en faisant semblant de ne pas savoir de quoi il retourne, Argan n’est pas
dupe pour autant. Il tente d’affirmer son autorité à chaque prise de parole, essayant de soumettre sa fille à
son interrogatoire et de la faire avouer. Nous le voyons dans le passage par l’utilisation Procédés et citations : de
cinq impératifs successifs dans la 1ère réplique (« venez çà, avancez là. Tournez-vous, levez les yeux, regardez-
moi »), d’interjections qui dynamisent l’échange en même temps qu’elle rappelle l’énergie d’Argan (« Eh ! »
ligne 2, « Ah ! » ligne 11, « Oh çà » ligne 25), de phrases assertives qui montrent à quel point le chef de famille
veut s’imposer dans le dialogue (lignes 2, 9, 11) puis de phrases interro-négatives (lignes 15, 19, 21) qui sont
rhétoriques ; enfin de marques d’insistance comme « çà » et là » (ligne 2), la reprise de l’adverbe « là » dans
la suite de l’échange, de « bien » (ligne 11) « tout » (ligne 15) et « Assurément ? » (ligne 23). Effet : ces procédés
renforcent la dimension comique de la scène ainsi que la satire de la figure du père autoritaire, et de façon
plus générale, de la société patriarcale étant donné que Louison ne se plie pas à l’autorité de son père et ne
semble pas impressionnée.

3 – Dans ce 1er mouvement du passage, les deux personnages jouent donc un rôle : Louison, celui de la petite
fille innocente, et Argan, celui du père autoritaire. Comme pour Argan, les répliques de Louison mettent en
évidence son jeu. Elle détourne pour ainsi dire son rôle d’indicateur et met en place diverses stratégies pour
amadouer son père et ne pas avouer. Nous pouvons relever en ce sens Procédés et citations : le fait que ses
répliques sont globalement courtes et répétitives (cf. reprises syntaxiques comme « Quoi ? » lignes 3, 5, 10 et
14 ou « Oui, mon papa. » lignes 16 et 18 et « Non, mon papa. » lignes 20 et 22) ; que pour détourner le sujet
de l’entrevue, elle fait référence à un conte et une fable (ligne 7 : « Je vous dirai, si vous voulez, pour vous
désennuyer, le conte de Peau d’Âne, ou bien la fable du Corbeau et du Renard, qu’on m’a apprise depuis peu ») avec
des termes qui appartiennent au champ lexical de la fiction et rappelle qu’elle joue un rôle – celui de la petite
fille innocente qui respecte et aime son papa (cf. hypocoristique « mon papa » répété de nombreuses fois). Cette
stratégie de la petite fille innocente avait d’ailleurs été annoncée par Toinette à l’acte I scène 5. Suite procédés
et citations : nous pouvons ensuite relever les adverbes et d’adjectifs d’insistance qui sont autant de marques
d’insistance utilisées par Louison pour prouver sa bonne foi (« tout » ligne 18 et « Assurément » ligne 19). Effet
: les réponses de la jeune fille rappellent la dimension métathéâtrale de la scène et créent ainsi un effet de mise
en abyme. Enfin, elles renforcent la satire d’Argan donc le ridicule du patriarche qui tente de faire avouer sa
fille mais n’y parvient pas.

II. Dans le deuxième temps du passage, l’échange entre les deux personnages devient une mise en scène
résolument comique : celle de la punition (de « Oh çà ! je m’en vais vous faire voir quelque chose, moi. » à
« Allons, allons. »).

1 – Argan continue à jouer le rôle du père autoritaire et menace de fouetter Louison Procédé et citations :
comme l’indique la didascalie externe qui ouvre ce 2ème mouvement « Il va prendre une poignée de verges. ».
Molière reprend ici le motif de la bastonnade cher à la commedia dell’arte. D’autres procédés mettent en
évidence la colère du personnage : les exclamations et les interjections ligne 28 (« Ah ! ah ! »), les phrases
assertives (lignes 28-29, 31, 34, 38 avec des tournures impersonnelles qui sont autant de marques d’insistance
comme « Voici qui » ou « Il faut premièrement que ») ; enfin, la question rhétorique des lignes 28-29 (« vous
ne me dites pas que vous avez vu un homme dans la chambre de votre sœur ? »),

2 – Pourtant cette colère est feinte et participe du jeu du personnage : Argan joue le rôle du Père Fouettard
(2ème rôle) mais à aucun moment, ne fouette véritablement sa fille. Ceci est mis en évidence dans les répliques
du personnage par Procédés et citations : la formulation initiale « je m’en vais vous faire voir quelque chose
moi » (Argan ne dit pas « je m’en vais vous fouetter ; les verges ont donc une fonction proprement théâtrale dans
la mesure où le personnage insiste davantage sur le caractère ostentatoire donc spectaculaire de son geste, fait
pour être vu, plutôt que sur le châtiment), les répétitions comiques des lignes 28 (« Ah ! ah ! ») et 36 (« Non,
non. »), l’absence d’exclamation à partir de la ligne 29 ainsi que l’utilisation du terme « masque » à la ligne
28. Ce terme peut être considéré tout d’abord comme une insulte. Il désigne en effet une jeune fille effrontée et
insolente. Pourtant, il fait aussi référence au masque que portent les comédiens au théâtre. Molière joue donc
sur la polysémie du terme. « Masque » qui est donc une sorte de clin d’œil d’Argan à sa fille (niveau
intradiégétique : c’est comme s’il lui disait à couvert qu’il a très bien compris qu’elle joue un jeu) et un clin d’œil
de Molière au lecteur-spectateur (niveau extradiégétique : le dramaturge lui rappelle que la scène est un véritable
jeu théâtral entre les deux personnages. Argan comme Louison jouent en effet des rôles : le père Fouettard et
la petite fille à son papa Procédés et citations : comme le montrent la reprise des hypocoristiques par Louison,
les connecteurs logiques qui structurent les propos d’Argan et sont comme les différents actes de la comédie
du père et de sa fille (« premièrement » et « puis » ligne 34). Enfin, la phrase « après nous verrons au reste »
confirme qu’Argan joue un jeu : il repousse le moment où il va fouetter sa fille, précisément parce que ce
n’est pas son but. L’objectif est seulement de lui faire peur pour mieux la faire avouer et ce, pour le plaisir
du lecteur-spectateur.

3 – Louison, pour autant, n’est pas impressionnée par le jeu de son père. Elle fait pourtant semblant de l’être
et exagère, dans cette partie de la scène, son jeu. Son objectif est le même qu’au début : attendrir son père,
éviter les coups de verges et retarder le moment de l’aveu. Mais après la stratégie d’évitement, elle utilise une
stratégie de retardement. Son changement de ton et d’attitude est mis en évidence dans l’extrait Procédés et
citations : d’un point de vue scénique par la didascalie externe de la ligne 32 (Louison, se jette à genoux.), d’un
point de vue textuel par les interjections (« Ah ! » lignes 27 et 32) et les nombreuses exclamations, les
hypocoristiques de plus en plus longs (« mon papa » qui devient « Mon pauvre papa » ligne 37), les répétitions
notamment de l’exclamatif « pardon », les reprises syntaxiques (on voit que le contenu des répliques de Louison
est sensiblement le même et qu’elle reprend en partie les propos de son père), le chiasme ironique des lignes 31-
32 (« C’est que ma sœur m’avait dit de ne pas vous le dire ; mais je m’en vais vous dire tout. ») car Louison
prétend qu’elle va avouer alors qu’à la fin de l’extrait, elle ne l’a pas encore fait ; enfin, l’impératif et le
subjonctif présent de supplication (« ne me donnez pas le fouet » ligne 37 puis « que je ne l’aie pas » ligne 39) et
l’invocation « Au nom de Dieu ! (ligne 39) qui constitue le point culminant de la supplication.

Effet : ces différents procédés et stratégies mis en place par les deux personnages dans ce 2ème mouvement
renforcent la tension dramatique en même temps que la dimension comique et métathéâtrale de l’extrait.

III. Dans la dernière partie de l’extrait, l’échange continue à être une comédie : après la comédie de
l’interrogatoire, celle du fouet et des supplications, Louison joue celle de la fausse mort tandis qu’Argan,
après avoir fait le père éploré, joue celle du petit doigt (de « Louison. – Ah ! mon papa, vous m’avez blessée.
» à la fin du passage).

1 – La fausse mort de Louison confirme le caractère comique et métathéâtral de la scène. Elle consacre le jeu
de la petite fille qui joue pour ainsi dire une 3ème et dernière carte et est une grande source de comique dans
la mesure où cette mort est soudaine et invraisemblable. Cela est souligné dans le texte par Procédés et
citations : l’interjection initiale « Ah ! » (ligne 41) suivie de l’hypocoristique – motif du passage – « mon papa »
(c’est particulièrement comique car Louison fait mine que son père l’a fouettée alors que ce n’est pas le cas) ; les
deux phrases assertives « vous m’avez blessée » et « je suis morte » qui sont des antiphrases ironiques car
elles énoncent des faits qui ne sont ni réels ni vraisemblables (enfin, quelqu’un qui est mort ne peut pas le dire !) ;
puis le fait que les phrases s’enchaînent, accélérant ainsi le rythme du passage (effet) ; enfin, la didascalie
externe qui clôt la réplique (« Elle contrefait la morte. ») qui confirme le jeu de Louison et rappelle la
dimension métathéâtrale de la scène (effet).

2 – La réaction d’Argan face à sa fille prétendument morte n’est bien évidemment pas sincère. Lorsqu’il ne
s’agit pas de son état de santé, Argan est tout sauf naïf. La mort subite de sa fille ne le trompe mais il rentre
dans son jeu pour la prendre à son propre piège. Ainsi, après avoir joué le rôle du père autoritaire et Père
Fouettard, il joue un 3ème rôle : celui du père éploré. Sa réaction est en ce sens brusque et exagérée. Nous
pouvons le voir dans le texte avec des procédés qui relèvent tous de l’hyperbole Procédés et citations : les
nombreuses exclamations et interrogations, les interjections « Hola ! » et « Ah ! », les répétitions qui
marquent le faux affolement du personnage (« Louison », « Ah ! », « verges », « ma pauvre »), les insultes
(« misérable ! », « Ah ! chiennes de verges. La peste soit des verges ! ») qui rappellent le caractère farcesque du
passage, les déterminants possessifs et les hypocoristiques (« ma pauvre fille » qui fait écho à « mon pauvre
papa » utilisé avant par Louison), puis les épithètes pathétiques et tragiques en incises (« malheureux », « ma
pauvre fille »). Ici Molière, à travers le personnage d’Argan, fait une parodie de la tragédie, sous-genre noble à
l’époque. Rappelons en ce sens que le dramaturge avait voulu s’illustrer dans le sous-genre tragique mais cela avait
été un échec. Il se plaira donc, ensuite, à tourner la tragédie en dérision dans ses comédies. C’est également une
façon de renforcer la satire de la figure patriarcale (effet). La stratégie du père semble fonctionner vu que
Louison ne tarde pas à arrêter son jeu : elle l’arrête, en fait, de façon tout aussi soudaine qu’elle ne l’avait
lancé. Procédés et citations : « Là, là, mon papa, ne pleurez point tant, je ne suis pas morte tout à fait. ». Nous
voyons ici toute l’ironie de la réplique à travers l’antithèse entre « tant » et « tout à fait » qui crée un effet de
contraste. La réaction d’Argan est également antithétique dans la mesure où il fait mine d’abord de
s’insurger contre la comédie de sa fille (« Voyez-vous la petite rusée ? ») pour mieux la pardonner ensuite.

3 – Dans les dernières répliques, les deux personnages continuent à jouer la comédie. Les jeux de scène
miment le rapport de force qui change d’une réplique à l’autre : Louison continue de retarder le moment de
l’aveu en s’assurant que ce dernier ne sera pas révélé tandis qu’Argan lui fait du chantage et joue la comédie
du petit doigt. Nous voyons le jeu de Louison à travers Procédés et citations : la répétition de l’hypocoristique
« mon papa » postposé ou en incises, l’interjection « Ho ! », la conjonction de coordination à valeur
adversative « Mais » suivi de l’impératif présent « ne dites pas à ma sœur ». Nous voyons de même le jeu
d’Argan à travers Procédés et citations : l’interpellation « Voyez-vous » qui est une prise à parti du lecteur-
spectateur créant une certaine complicité entre ce dernier et les personnages (effet), la proposition subordonnée
circonstancielle de condition « pourvu que » qui montre qu’Argan fait du chantage à sa fille, les marques
d’insistance ironiques comme « au moins » (ligne 49) qui s’oppose au « tout » qui suit ; puis la comédie du petit
doigt qui est personnifié (« voilà un petit doigt qui sait tout ») ; enfin, la réplique finale d’Argan / de l’extrait
dans lequel le père utilise encore, de façon tout à fait ironique, l’adverbe « Non » et qui montre qu’à coup
sûr l’aveu de Louison sera révélé. Cette réponse d’Argan fait d’ailleurs écho au « Oui, oui. » de Toinette,
insolente avec son maître, à la scène 5 de l’acte I. La servante n’accorde aucune importance à ce que lui dit
Argan. Effet : ainsi, ces procédés ainsi que les dernières stratégies adoptées par les personnages confirment le
caractère comique et métathéâtral de l’extrait.

CONCLUSION

- Reprise du projet de lecture : nous avons montré dans quelle mesure cette scène d’interrogatoire est
résolument comique et métathéâtrale.
- Reprise des mouvements : en effet, le passage prend tout d’abord la forme d’un interrogatoire truqué donc
comique puis celle d’une mise en scène, elle aussi comique, de la punition ; enfin, celle d’une scène de
manipulation fondée sur la comédie de la fausse mort par la fille et du petit doigt par le père.

- Ouverture : je vous conseille de finir sur la valeur proleptique de la scène. En effet, la fausse mort de Louison,
ruse adoptée par la fille cadette d’Argan dans ce passage, sera reprise par le père et orchestrée par Toinette
aux scènes 12 et 13 de l’acte III. Argan, pour connaître les vrais sentiments de sa femme Béline et de sa fille aînée
Angélique, va feindre sa propre mort. Ce sera paradoxalement par l’illusion / le mensonge que la vérité éclatera.
OU vous pouvez faire référence à l’un des textes du parcours « Spectacle et comédie », à savoir l’extrait de La
Fausse Suivante : de la même façon qu’Argan et Louison jouent chacun un rôle pour se piéger l’un l’autre, le
Chevalier, dans la pièce de Marivaux, agit sous une fausse identité pour mieux duper Lélio tandis que ce dernier,
comme Argan, met en place des stratégies pour découvrir la vérité.

GRAMMAIRE

1. Analysez, de façon méthodique, l’interrogation et la négation dans la réplique suivante : « Argan. - N’avez-
vous rien à me dire ? ».

C’est une interrogation :


- De forme simple car il n’y a pas « est-ce que ».
- Directe car il y a un point d’interrogation à la fin de la phrase et l’inversion du sujet et du verbe.
- Totale car on peut y répondre par oui ou par non.

Précision : une seule élève a précisé que c’était une question rhétorique. Ce n’était pas attendu étant donné que
c’est une remarque stylistique et non pas grammaticale mais j’ai ajouté un bonus d’1 point.

C’est une phrase interro-négative. La négation est :


- Syntaxique car composée de deux éléments : l’adverbe « n’ », contraction de « ne », et l’adverbe forclusif « rien ».
- Partielle car elle ne porte pas sur l’ensemble de la phrase et on peut remplacer « ne… rien » par « quelque chose ».

2. Analysez la construction de la phrase suivante (phrase simple ou complexe ; identification de la proposition


principale et de la/les proposition(s) subordonnée(s) ; nature et fonction de la/les proposition(s)
subordonnée(s) : « Louison. - Je vous dirai, si vous voulez, pour vous désennuyer, le conte de Peau d’âne, ou
bien la fable du Corbeau et du Renard, qu’on m’a apprise depuis peu. »

- C’est une phrase complexe car elle comprend 3 verbes conjugués : « dirai », « voulez », « a apprise ».
- La proposition principale est : « Je vous dirai le conte de Peau d’âne, ou bien la fable du Corbeau et du
Renard. »
- Les propositions subordonnées sont : « si vous voulez » et « qu’on m’a apprise depuis peu ».
- Nature et fonction des propositions subordonnées : je n’ai pas évalué la fonction des propositions car nous ne
l’avions pas vue en classe. Vous n’avez donc pas été pénalisés si vous ne l’avez pas précisée. Je vous donne
néanmoins la correction complète.

« Si vous voulez »
- Nature : proposition subordonnée conjonctive (introduite par « si » qui est ici une conjonction de subordination).
- Fonction : CC de condition.

« Qu’on m’a apprise depuis peu »


- Nature : proposition subordonnée relative introduite par « que » qui est ici un pronom relatif car il a pour
antécédent « fable ».
- Fonction : CDN « fable ».
Attention : « Pour vous désennuyer » n’est pas une proposition subordonnée car il ne comporte pas de verbe
conjugué.
- Nature : groupe prépositionnel.
- Fonction : CC de but.

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BAREME UTILISE POUR L’EVALUATION (1ST2S1 uniquement)

[Introduction] 3,5 pts

[Développement] 15 pts

[Conclusion] 1,5 pts

[Grammaire] 10 pts

1. Interrogation totale (1pt), directe (1pt), de forme simple (1pt). Bonus de 1pt pour ceux et celles qui ont
précisé que c’était une question rhétorique. Négation syntaxique (1pt), partielle (1pt).

2. Phrase complexe (1pt), identification de la proposition principale (1pt), identification des propositions
subordonnées (1pt pour les deux), nature et fonction des propositions subordonnées (2pts).

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